Magazine Photo N째3 - juillet 2011
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édito
Nous voici déjà en août et c’est donc avec un peu de retard que sort ce troisième numéro ! Nous espérons malgré tout qu’il vous accompagnera pendant vos vacances pour une petite lecture au soleil, les doigts de pieds en éventail. Pour ce troisième numéro, nous effectuons un retour en arrière sur notre tout premier reportage datant de 2008. Nous nous étions rendus à Black Rock City aux États-Unis pour participer au Burning Man et témoigner de ce festival loufoque qui embrase le désert du Nevada chaque année à la fin du mois d’août. Il nous semblait tout à fait logique d’y revenir en cette période estivale, en espérant donner quelques idées à ceux qui ne savent pas encore où passer leurs vacances. Au programme également, deux «exposez-vous» : Maria Letizia Piantoni avec sa très belle série «Stanze», et Benjamin Engelbeens avec «Home Sweet Home». Une invitation à vous rendre à la MEP pour l’exposition «Génération de l’air», et la découverte du photographe canadien Maxyme G.Delisle’s... Sachez enfin que vous retrouverez désormais l’ensemble des articles sur fill-in.fr dans les semaines qui suivront la publication du magazine. Bonne lecture ! L’équipe Fill-in
sommaire P.03 : Reportage : Burning with the man P.26 : Exposez-vous : Maria Letizia Piantoni P.38 : Exposition : Génération de l’air P.40 : Exposez-vous : Benjamin Engelbeens P.54 : Photographe Canadien : Maxyme G Delisle’s P.62 : Coups de coeur P.64 : Les photos des lecteurs Sur la Playa, Black Rock City, Nevada - Jeremy Barré
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REPORTAGE
BURNING WITH THE MAN BLACK ROCK CITY, NEVADA
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«Mutant Vehicule» - Jeremy Barré
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haque année depuis 25 ans, durant la dernière semaine d’août, se déroule aux ÉtatsUnis, l’un des événements les plus originaux et loufoques de la planète : Le Burning Man. En 2008, nous nous étions rendus sur place pour participer à cette expérience pour le moins… extraordinaire. En cet été 2011 nous publions à nouveau ce tout premier reportage Fill-in pour ceux qui chercheraient encore la meilleure idée de voyage pour ce mois d’août ! Black Rock City : Une ville qui renaît et qui meurt chaque année en une semaine dans l’un des déserts les plus arides des États-Unis, au nord est de Reno dans le Nevada. 40 °C le jour, jusqu’à -10°C la nuit, une poussière alcaline si fine qu’elle s’introduit absolument partout en quelques minutes et assèche la peau avec une efficacité redoutable. Des tempêtes de sable aussi violentes que soudaines, 60 000 personnes venues du monde entier, et au milieu, le «Man», dieu païen dressé au centre de la cité, fier, majestueux. L’ambiance est posée… Tout commence en 1986, lorsque Larry Harvey initie la crémation festive du « Man » sur une plage de la baie de San Francisco. L’événement rassemble au début quelques amis, mais rapidement le nombre de participants augmente. Dans les années 1990, pour faire face à ce succès, l’événement est déplacé dans le désert de Black rock, Nevada. A ses origines, le festival accueillait essentiellement des américains habitant la baie, mais aujourd’hui, des burners du monde entier se retrouvent, chaque année plus nombreux, pour y participer durant la dernière semaine d’août. L’arrivée sur place se fait par Gerlach, passage obligé et dernière étape « civilisée » avant d’entrer dans l’inconnu. Situé à deux heures de route au nord de Reno, ce petit village indien de 400 habitants, perdu bien loin de tout, vit en partie au rythme de l’évènement puisque sur une semaine de festival, les quelques commerçants du village réalisent jusqu’à 30% de leurs ventes annuelles.
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Dernières retouches sur une installation artistique - Jeremy BarrÊ
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«Human Bomb» - Jeremy Barré
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A la fin du festival, une partie des matériaux récupérés est cédée à la communauté pour la construction d’infrastructures. L’avenir de ce village s’est malheureusement assombri en février 2011 lorsque la mine de gypse qui employait une centaine de personnes a mis la clé sous la porte, provoquant un début d’exode de la population.
insupportable. Dehors, la ville est déjà en ébullition, des musiciens jouent au loin, les cyclistes, déguisés, parfois nus, font leurs premiers repérages de la ville, certains goûtent déjà aux joies de la circulation en véhicules mutants. D’autres, ébahis, regardent le spectacle qui les entoure avec des yeux d’enfants. Une seule envie alors : quitter le camp et partir à la découverte de ce nouveau monde, vite, très vite !
Le premier soir du festival, sur la route, des centaines de véhicules convergent vers l’entrée du désert, créant une file continue sur plusieurs kilomètres… Trois longues heures d’attente sont généralement nécessaires avant d’entrer enfin dans Black Rock City, et participer au rituel obligatoire pour tout « virgin burner » (littéralement « Burner Vierge »): se rouler dans la poussière et sonner la cloche pour enfin devenir un Burner, un vrai !L’orientation, dans la ville est facilitée par la présence d’un quadrillage de rues rappelant les villes américaines. Trouver son camp est donc relativement simple malgré la fatigue d’une très grosse journée de route et la poussière soulevée par les véhicule.
« Dehors, la ville est déjà en ébullition, des musiciens jouent au loin, les cyclistes, déguisés, parfois nus, font leurs premiers repérages de la ville, certains goûtent déjà aux joies de la circulation en véhicules mutants. »
De tous, le premier matin est de loin le plus étrange. Il est 7 heures, les premiers rayons du soleil font grimper la température en quelques minutes, rendant la tente
Minigolf - Jeremy Barré
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Danseurs devant le temple - Jeremy BarrĂŠ
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Tellement vite d’ailleurs qu’on en oublie les protections indispensables dans le désert, lunettes de protection et foulard pour protéger le nez et la bouche… La punition est aussi rapide que vicieuse… une tempête de sable à ne plus voir devant soi au-delà d’un mètre, à rendre la respiration laborieuse, douloureuse aussi. Une correction sévère qui laissera des traces sur le corps et le matériel photo pour le reste de la semaine. Nous voilà prévenus. Dans ces conditions, la circulation dans la ville est rendue très difficile. Les choses simples comme boire ou manger deviennent vite un casse tête si l’on ne veut pas ingurgiter trop de poussière. Beaucoup se réfugient au Center Camp, havre de paix au centre de la cité où artistes et conférenciers en tous genres se relaient jour et nuit. C’est ici que les Burners viennent chercher calme et repos. C’est ici aussi que sont vendus les seuls biens payants à Black Rock City : Limonade, café, mocha… Dehors, la tempête fera rage pendant des heures, fatigante, éprouvante, décourageante parfois… mais lorsque le soleil disparaît derrière les montagnes du Nevada, le calme revient sur la playa* ; la poussière retombe, le vent se fait de plus en plus discret, la cité peut vibrer à nouveau… Les jours suivants, le temps sera heureusement bien plus clément. Aucune tempête, des températures « raisonnables » et surtout, les organismes commenceront à s’adapter à cet endroit inhospitalier. Le temps de la découverte est alors venu. Les jours sont faits de promenades dans la cité, au rythme des concerts, des pauses bars et barbecues, des installations artistiques, des conférences et autres Workshop en tous genres (politique, sexe, arts…). Ici, pas de contraintes, aucune règle régissant nos vies à l’extérieur n’est valable, à l’exceptions des simples règles de bon sens et de savoir vivre. Une idée : partager et surtout participer… Black Rock City est sans doute le seul endroit sur terre ou vous pourrez côtoyer le PDG de Google tout aussi facilement que le clochard de San Francisco, ayant économisé toute l’année pour se payer son entrée. Ici, on repart à zéro, les personnalités se révèlent, se désinhibent… si bien que la vie de certains s’en voit totalement bouleversée. Il parait qu’on ne ressort pas tout à fait le même de Black Rock City. Lorsque la nuit tombe sur le désert, les Lamplighters font leur apparition sous les acclamations des Burners. Leur rôle : éclairer la cité pour que la vie continue. 12
Installation artistique sur la Playa - Jeremy Barré
« Dehors, la tempête fera rage pendant des heures, fatigante, éprouvante, décourageante parfois… mais lorsque le soleil disparaît derrière les montagnes du Nevada, le calme revient sur la playa* ; la poussière retombe, le vent se fait de plus en plus discret, la cité peut vibrer à nouveau…» *Playa : nom donné par les Burners à l’étendue de sable qui accueille le festival
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Sailing on the Playa - Jeremy BarrĂŠ
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Autel au centre du temple - Jeremy BarrĂŠ
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Leur marche est lente et précise ; elle se fait dans un silence religieux que seules les percussions du meneur viennent perturber. Les Lifters accomplissent leur balai, libèrent les porteurs de leurs lampes, puis les hissent au sommet des lampadaires en bois installés le long des axes principaux.
viennent ici pleurer leurs proches disparus, laissent un simple mot, gravent un message dans le bois, ou laissent une offrande sur l’un des nombreux autels… Ici, une personne a laissé un carton rempli de boites d’allumettes. Au dessus, un panneau explique que cette impressionnante collection appartenait à son père, disparu il y a peu, et invitant les Burners à se servir et à en « griller une ou deux en mémoire de son paternel. » Dehors, une douce voix s’élève : un chant magnifique, aérien, on jurerait entendre un ange. Le lieu, l’ambiance, cette voix, tout est si
C’est le temple qui sera éclairé en dernier : lieu de recueillement à la porte du désert, fait de bois et de matériaux de récupération qui s’entrechoquent, se frottent, offrant au lieu une atmosphère irréelle. Les Burners
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beau, si apaisant... C’est non loin de là, au milieu du désert, que nous assisterons au mariage d’un jeune vétéran d’Irak blessé au combat et devenu le plus convaincant des pacifistes, avec sa ravissante compagne, grande habituée du festival, qui rêvait de fêter l’évènement ici, au pied d’une fausse tour Eiffel dressée là par un artiste courageux. Le reste de la nuit n’est que fête, musique et performances artistiques. Les meilleurs DJ’s du moment remplissent les nombreuses boites de nuit (simple dômes de toile montés
pour l’occasion) alors qu’à l’extérieur, les véhicules mutants brillent de mille feux. Néons psychédéliques, lasers, et jets de flammes éclairent la playa. Le spectacle ne ressemble à rien de connu jusque là, comment le décrire ? Une grande fête post-apocalyptique peut être… La fête durera jusqu’au petit matin… ici, pas de pause, pas de répit, à chaque instant, il se passe des millions de choses. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, la cité vie, gronde… La fin de la semaine approche, le Man sera finalement brûlé lors de la dernière soirée qui marque l’apothéose du festival. bientôt aussi, il faudra penser à partir… quitter le désert de Black Rock pour retrouver la vie qu’on a laissé à l’extérieur. Plus le recul est grand plus l’expérience paraît sensationnelle et inoubliable. Surpris ? Oui, à chaque instant ! Y retourner ? Oui, sans aucun doute Un sentiment ? Une chose est sure : je ne suis pas ressorti tout à fait le même de Black Rock City. Jeremy Barré
« Le spectacle ne ressemble à rien de connu jusque là, comment le décrire ? Une grande fête post-apocalyptique peut être…»
Retrouvez toutes les photos du reportage sur le site itwasadream.fr/photo
Plus d’informations sur l’évènement sur www.burningman.com Center Camp - Jeremy Barré
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Burner Patriote - Jeremy BarrĂŠ
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Center Camp- Jeremy BarrĂŠ
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«no brainer» - Jeremy Barré
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EXPOSEZ-VOUS !
MARIA LETIZIA PIANTONI
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lle quitte le milieu de la photo en 1998 pour y revenir seulement dix ans plus tard avec sa série « Stanze » (shortlist du prix HSBC 2010). « Ce qui rend possible l’expérience, c’est la mémoire qui introduit le passé dans le présent et rassemble plusieurs moments du temps en une intuition unique, imprégnée à la fois de passé et de futur ».
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stanza 12 - sud - barre 1 Maria Letizia Piantoni
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Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Actuellement, je suis une « jeune vieille » photographe. Après les études aux Beaux Arts de Florence, j’ai travaillé pendant trois ans à Paris auprès de l’Union Latine, Organisation Intergouvernementale, avant de me tourner vers la photographie. Photographe de studio pendant une dizaine d’années, j’ai cessé la photographie pendant une très longue période, avant d’y revenir seulement en 2008.
Depuis quand pratiquez-vous la photographie ? En réalité j’ai toujours photographié mentalement… Bien avant d’avoir un appareil dans les mains.
Avez-vous une anecdote concernant vos débuts dans la photo ? Je me souviens juste d’une très belle rencontre avec une créatrice que j’avais contactée pour « faire mon book » et qui est devenue ma première cliente. Si vous deviez citer UN photographe qui vous inspire particulièrement, qui serait-il ? Georges Rousse, dont le travail me touche beaucoup. Avec quel matériel travaillez-vous ? Cela dépend. Je ne suis pas une grande technicienne, mais selon le sujet et les possibilités j’aime travailler à la chambre ou en 24x36. Moins souvent en moyen format. Aujourd’hui je travaille beaucoup avec un Nikon numérique : en vraie dinosaure, il m’a fallu du temps pour l’apprécier, mais maintenant nous nous comprenons bien. Comment définiriez-vous votre travail ? L’exploration émotionnelle de la mémoire me poursuit depuis mes premiers pas en photos. Mémoire d’architectures vides ou vidées, mémoires de villes qui ne gardent du passage des hommes que des traces fantomatiques, mémoire d’instants quotidiens que l’on pense insignifiant. Tout se joue sur cette relation de présence et d’absence. Je fais de la photo « documentaire » subjective.
Retrouvez l’interview de Maria Letizia Piantoni sur : www.fill-in.fr
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stanza 19 - 1 Çtage ouest - barre2 Maria Letizia Piantoni
« L’exploration émotionnelle de la mémoire me poursuit depuis mes premiers pas en photos. Mémoire d’architectures vides ou vidées, mémoires de villes qui ne gardent du passage des hommes que des traces fantomatiques, mémoire d’instants quotidiens que l’on pense insignifiant ». 31
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stanza 13 - 3 Çtage ouest - barre2 Maria Letizia Piantoni
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Nous aimons particulièrement votre série «STANZE». Pouvez-vous nous raconter sa genèse? J’ai commencé à suivre le travail de démolition de la première barre d’une cité de l’Ile Marante, en banlieue parisienne, au printemps 2007. J’ai toujours été attirée par l’architecture et par les jeux de lumière dans des volumes clos et, dans mon parcours de photographe, après dix années en studio, ce travail a été un véritable retour aux sources. Toutes ces pièces, pareilles et différentes à chaque fois, m’ont émue et attirée. Une pièce ….. Qui contenait d’innombrables répliques d’elle-même… J’y suis retournée une infinité de fois, par tous les temps. J’ai suivi cette année la démolition du deuxième bâtiment que j’avais vu encore habité. Aujourd’hui ces deux barres n’existent plus mais je continue ma recherche sur d’autres chantiers et je retrouve souvent cet état d’apaisement et de contemplation. J’ai la chance de pouvoir prendre mon temps dans ces lieux et j’y suis presque toujours seule pendant plusieurs heures. Nous nous rencontrions avec les ouvriers lors des temps de pose, pendant lesquels on discute beaucoup, mais nous ne travaillions jamais au même étage. Pendant les premières phases de la démolition, les changements sont graduels et on a tout le temps de regarder. Mais il y a trop d’informations partout, trop de gravats qui dénaturent les lignes simples des lieux. C’est après la phase de désamiantage que les espaces deviennent réellement poétiques à mes yeux. Quand il ne reste presque plus rien, et pourtant … Un pensebête est resté accroché au mur, à côté d’un dessin d’enfant… un mobile est encore au plafond d’une chambre qui n’existe plus. Les murs de séparation ont été abattus et les volumes acquièrent une toute autre signification. Mais, dans cette phase de la démolition, tout va très vite. De l’extérieur le bâtiment est littéralement « dévoré » par grignotage. Des pièces se retrouvent ouvertes sur l’extérieur et elles disparaissent en quelques heures. Des couloirs éventrés, on est déjà dehors.
« Mais, dans cette phase de la démolition, tout va très vite. De l’extérieur le bâtiment est littéralement « dévoré » par grignotage. 34
stanza 17 - couloir sud - barre1 Maria Letizia Piantoni
Des pièces se retrouvent ouvertes sur l’extérieur et elles disparaissent en quelques heures. Des couloirs éventrés, on est déjà dehors. » 35
« Quand une porte s’ouvre « vers quelqu’un », c’est un moment d’intimité partagé et de plaisir dans cette « confiance » de l’échange. Mais, les moments de solitude et de contemplation me procurent un plaisir immense et me permettent de me retrouver. »
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Si vous deviez choisir un seul de vos clichés, lequel serait-il ? Une des images que je préfère est la « Stanza n°2 ». On m’a souvent conseillé de l’enlever de la série ….. Parce qu’il y a « trop de vide ». C’est exactement « ce vide » qui m’attire. Cette série a eu un beau succès, vous avez gagné des prix? Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect de la photographie, ses concours, ses prix? En fait, quand j’ai décidé en 2008, de reprendre mon travail de photographe, j’ai travaillé à cette série personnelle en parallèle à un travail de commande sur le même chantier. La série Stanze est volontairement « obsessionnelle », toujours frontale, toujours dans un rapport d’extérieur/ intérieur. Je n’avais jamais participé à des concours auparavant, et j’ai voulu montrer ce travail qui avait réveillé en moi une infinité de choses. Etre dans la sélection HSBC, puis recevoir le prix Roger Thérond ont été pour moi de véritables déclencheurs. C’est important de participer. On apprend beaucoup ; sur son propre travail et sur le travail des autres. On renforce sa confiance ; on rencontre d’autres photographes et des experts et un véritable échange commence. Qu’aimez-vous dans la photographie ? Quels sont vos petits plaisirs ? J’aime la lumière par-dessus tout. J’aime les histoires, les écouter et les raconter. J’aime les rencontres. Quand une porte s’ouvre « vers quelqu’un », c’est un moment d’intimité partagé et de plaisir dans cette « confiance » de l’échange. Mais, les moments de solitude et de contemplation me procurent un plaisir immense et me permettent de me retrouver. stanza 02 - 8 Çtage ouest - barre1 Maria Letizia Piantoni
Retrouvez Maria Letizia Piantoni sur son site Internet : www.mletiziapiantoni.com
Quelque chose à ajouter? Ce qui rend possible l’expérience, c’est la mémoire qui introduit le passé dans le présent et rassemble plusieurs moments du temps en une intuition unique, imprégnée à la fois de passé et de futur. Tania Koller
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EXPOSITION A LA MEP
GÉNÉRATION DE L’AIR
©Linda Tuloup
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Fondé sans l’appui d’un groupe de presse ou d’une structure financière, publié quatre fois par an, ce magazine indépendant revendique un éclectisme total dans le traitement et le choix de ses sujets. Reportages, portraits, paysages, natures mortes, mode… de l’air reflète toutes les écritures photographiques sans privilégier aucune chapelle. Il fédère des auteurs très
e magazine de l’air a été créé en 2000 à Paris. Il est né d’un désir, celui de donner à voir des photographies qui racontent les mondes d’aujourd’hui.
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Les 4 saisons au Japon Photographie publiée dans de l’air # 12, été 2002 © Bertrand Desprez
- 29 JUIN - 25 SEPTEMBRE 2011 -
connus et des très inconnus, des pontes et des pointus, des photoreporters et des plasticiens, des modeux et des humanistes, des auteurs qui sont tout à la fois… À travers cette exposition, une première pour la majorité des auteurs montrés, de l’air réunit une génération qui dépasse les clivages et passe à travers les âges. Avec elle, nous partageons un parti pris, l’envie de vivre
la photographie, selon les mots d’un collectif ami, Tendance Floue, 20 ans cette année et dont nos pas se croisent depuis 11 ans maintenant.
Stéphane Brasca, Fondateur et directeur de la rédaction du magazine de l’air
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EXPOSEZ-VOUS !
BENJAMIN ENGELBEENS
HOME SWEET HOME... Kayo et Youyou se rencontrent à l’âge de 17 ans... en pleine époque punk. Ils se perdent de vue et se retrouvent plus de 20 ans plus tard. Malgré le saut des époques, ils vivent à nouveau ensemble ce qui appartenait au passé. Ils oublient parfois qu’ils sont devenus adultes, qu’ils ont chacun des enfants et que le monde qui les entoure n’est plus le même. Les nuits sont parfois longues et animées. Surtout lorsque Shief, un vieil ami zairo-americain, fils de pasteur catholique protestant, est de passage à la maison. Journaliste retraité, ses histoires vécues de par le monde immobilisent les aiguilles de l’horloge. Kayo et youyou ne s’en soucient guère... tant que l’air est hydraté...
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A 7h, c’est l’heure du réveil pour aller à l’école. La montre-réveil de Flupke sonne et enrichit l’orchestre cacophonique constant de cette maison... entre le journal télévisé d’une chaine américaine, les cris d’animaux (grand hobby de Shief), le chamaillement des chiens, les vinyles rock du Velvet aux Clash, les disputes absurdes du couple infernal...etc....etc
« Mais l’important c’était de cadrer et déclencher, même sans appareil, trouver un bon angle, c’est devenu un jeu, presqu’ une obsesion.... Un jour peut etre j’arreterai de dire que je ne suis pas photographe»
Le haut taux de décibels ne dérange que le père de Youyou lorsqu’ils vivent ensemble dans la maison familiale. Mais c’est différent quand Youyou et Flupke s’installent dans l’appartement de Kayo. Les plaintes du voisinage se multiplient... au point que presque tous se mobilisent contre leur présence dans l’immeuble.
J’arrête mon travail photographique à cette période. La dernière photo, « descente aux enfers », de cette série est aussi la dernière que j’ai prise.
Il ne faut pas longtemps pour que cette famille, décalée de la norme aux environs, soit exclue des lieux par la force... Alors pour chacun c’est le début d’une chute profonde...
Mais dans toute pénombre...une lumière brille... infiniment petite soit-elle.
Alors pour chacun c’est le début d’une chute profonde... Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Je ne suis pas photographe ou alors un photographe du dimanche peut etre, et encore.
cessé d’observer. Avec ou sans appareil, photographier fait partie intégrante de ma vie. Aujourd’hui j’ai 29 ans (1982), j’ai une famille et je travaille dans un supermarché. Je scanne et agrandis mes négatifs de temps à autre avec toujours la même passion et envie de partager ce que j’ai vu et eu la chance d’immortaliser. Un jour peut être, j’arrêterai de dire que je ne suis pas photographe.
Comment avez-vous découvert la photographie ? Mes parents m’ont offert pour mes 12 ans un appareil photo. Une surprise totale car cet objet ne m’etait pas familier, on prenait pas beaucoup de photos à la maison. Je photographiais dans la cité où j’habitais des choses, à première vue pour un petit garçon, sans importances. Des personnes inconnues, des murs, des boites aux lettres, des trous dans le sol. Gaspillage de pellicule peut etre? En effet j’ai entassé quelques rouleaux qui n’ont finalement jamais été dévellopés. Mais l’important c’était de cadrer et déclencher, même sans appareil, trouver un bon angle, c’est devenu un jeu, presqu’ une obsesion.
Avec quel matériel travaillez-vous ? Je n’ai pas de materiel à proprement dit, j’ai déjà travaillé avec un peu de tout. Du mécanique à l’électronique en passant par le plastique. Ce que je préfère c’est le 24X36 avec une optique fixe (50 ou 28mm). Je photographie principalement encore en argentique n/b et couleur, tout en faisant doucement le pas vers le numerique.
A 16 ans j’ai pris des cours, tout mon argent de poche passait dans les pellicules. Depuis je n’ai cessé d’enregistrer des scènes, des regards, des espaces,.. J’ai passé beaucoup de temps sans photographier aussi, pour des raisons financières et de temps, mais je n’ai jamais
Pouvez-vous nous dire quelles sont, vos “références” en matière de photographie ? Les premières photos qui m’ont secoué sont celles de Edouard Boubat et de W. Eugène Smith. Une repésentation de la réalité tout en poésie. C’est eux qui ont ouvert mon
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Mais dans toute pÊnombre...une lumière brille...infiniment petite soit-elle.
Benjamin Engelbeens
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horizon. A l’école j’étais plus à la bibliothèque qu’en classe, S. Salgado, HCB, S. Larrain, S. Moon, D. Marat, L. Friedlander, W. Eggleston, R. Depardon, W. Klein, S. Vanfleteren, R. Frank, ...ont faient mon éducation.
« Pour des raisons personnelles et sentimentales je ne sais pas vous parler du projet Home sweet Home, j’ai écris une introduction pour que les lecteurs aient quelques informations aù delà des images »
Si vous deviez citer un photographe qui vous inspire particulièrement, qui serait-il ? Sergio Larrain ! Ca a commencé par une image prise dans une station de métro à Londres, «Way Out», elle m’a completement bousculé. Son travail à remis en question toutes les règles que l’on m’avait enseignées et m’a donné des ailes pour oser faire ce que je ressentais. Qu’aimez-vous dans la photographie ? Quels sont vos petits plaisirs ? Photographier et dévelloper l’observation de mon environnement. Ce qui me plaît le plus dans la pratique photographique c’est de pouvoir partager quelque chose
Lire l’interview de Benjamin Engelbeens sur : www.fill-in.fr
que j’ai vu à ceux qui n’ont pas eu cette chance. Je parle pas des choses de l’autre bout du monde, mais ce petit quelque chose de simple, que l’on voit tous les jours mais qu’on oublie de regarder. Partager un instant de lumière. De manière plus personnelle, l’oeil dans le viseur, j’aime saisir les corps dans des statures éphèmeres.
« j’aime saisir les corps dans des statures éphèmeres.» Pouvez-vous nous renseigner sur Eye Sight ? (eye)SIGHT c’est un espace de cohabitation pour regards. Via un site internet, des expositions ou des publications, les différents auteurs diffusent leur travaux dans une plate forme commune. Differents styles, approches, démarches, regards cohabitent et amènent une relecture du travail propre de chacun. Pouvez-vous nous présenter votre série «home sweet home» ? les prémisses du projet, son déroulement, ses péripéties, ses attentes, son futur... Pour des raisons personnelles et sentimentales je ne sais pas vous parler du projet Home sweet Home, j’ai écris une introduction pour que les lecteurs aient quelques informations aù delà des images Pour des raisons personnelles et sentimentales je ne sais pas vous parler du projet Home sweet Home, j’ai écris une introduction pour que les lecteurs aient quelques informations aù delà des images Tania Koller
Retrouvez Benjamin Engelbeens sur Internet : http://www.eyesight.be 44
Benjamin Engelbeens
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Benjamin Engelbeens
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Vincent Goutal & Olivia Leriche © Transition
«Notre série implique aussi une interrogation sur l’image donnée. Jusqu’à quel point est-elle réelle ? L’appareil photo est-il dans la mesure de nous montrer la réalité si ce n’est la vérité ? »
www.vincentgoutal.com 48
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Retrouvez ADELAP sur sur sonso Retrouvez Maria Letizia Piantoni www.mletiziapiantoni.com www.adelap.com
Retrouvez bientôt l’intervi sur fill-in.fr
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site on siteInternet Internet : :
m
iew d’ADELAP
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PHOTOGRAPHE CANADIEN
MAXYME G. DELISLE’S
Arnaud Wacker www.1974.fr
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Je fais de la photo depuis 2007. Oeuvrant dans le monde de la mode et du portrait, je me laisse beaucoup inspirer par la nature et les fleurs. J’aime le beau, le doux et les histoires d’amours. J’aime les gens, en général et en particulier. Je fais de la photo pour vivre, et j’en fais aussi pour moi. Mes amours photos se suivent comme les saisons, mais je ne serais pas où je suis dans mon parcours sans avoir vu les photos de Nan Goldin qui m’ont appris qu’une image ne se limitait pas à ses qualités techniques et que l’émotion qu’elle transmet est toute aussi importante. Après avoir exploré quelques avenues dans mes premières années de photographie, j’ai envie de prendre mon temps, de me redéfinir et de parler de ce qui me touche sans penser à plaire aux autres.
Tatoo
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Tania Koller
Retrouvez Maxyme G Delisle’s sur son site Internet : www.maxyme.net 57
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COUPS DE COEUR
LES BEAUX LIVRES L’Ombre de la Guerre Un livre accompagne l’exposition : « L’ombre de la guerre, 90 photographies sur les principaux conflits internationaux pour témoigner contre la guerre ». Editions Contrasto/Maison Européenne de la Photographie / Fondation Umberto Veronesi. Texte Alessandra Mauro et Denis Curti
Éditeur : Contrasto Date de parution : 2011 Pages : 200. 90 photographies en couleurs et en blanc et noir
Watching TV, d’Olivier Culmann Avec “Watching TV” Olivier Culmann, nous fait vivre un tour du monde des téléspectateurs. Inde, France,EtatsUnis, Nigéria, Mexique, Lituanie, Chine : ce livre invite à regarder les téléspectateurs du monde plongés devant leur petit ou grand écran TV. Un très bel ouvrage, tant dans le choix des images, que dans la présentation et le sujet traité.
Éditeur : Textuel Date de parution : Mars 2011 Pages : 142 - 70 photographies Dimensions : 24.5 x 24.5 cm
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Phantom Shanghaï, Greg Girard Le plus beau livre pour vous faire voyager à travers Shanghai ? « Phantom Shanghaï » de Greg Girard, devenu un collector ! Des photos magiques et hors du temps qui vous propulsent dans les univers les plus romanesques du Paris de la Chine... Disponible sur le site : www.abebooks.fr
Éditeur : Magenta Publishing Date de parution : 2007 Pages : 224
Portraits, Patrick Rimond Patrick Rimond nous convie à des rencontres dans un face à face d’une grande nudité sociale où le sujet se livre sans fard. Le regard amené dans le présent donne toute sa force à ses portraits. C’est sur la base du volontariat que 30 personnes ont tenté l’expérience du portrait.
Éditeur : Presses de L’ENSTA Date de publication : 2009 Pages :64 Dimensions : 23 x 32.5 cm
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LES PHOTOS DES LECTEURS
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Nicolas Brulez - www.inandout-blog.com
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Karl Gillebert - www.delucine.com
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Lise Corsin - www.lisecorsin.fr
Romain Alary - www.alaryromain.com
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Ronan Coat - www.ronancoat.com
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Guillaume Flandre - www.guillaumeflandre.com/photos
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Remy Rey De Barros
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Dans le prochain numĂŠro
LE JAPON ET LE BAROQUE
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Remerciements : Maria Letizia Piantoni - www.mletiziapiantoni.com Maxyme G Delisle’s - www.maxyme.net Benjamin Engelbeens - http://www.eyesight.be
Les photographes sélectionnés Guillaume Flandre - www.guillaumeflandre.com/photos Karl Gillebert - www.delucine.com Romain Alary - www.alaryromain.com Ronan Coat - www.ronancoat.com Lise Corsin - www.lisecorsin.fr Nicolas Brulez - www.inandout-blog.com Remy Rey De Barros Un nouveau concours sera organisé pour le numéro d’octobre 2011. Surveillez la rubrique magazine !
Rédaction Fill-in : Tania Koller Baptiste Galea Jeremy Barré
Retrouvez les articles et les reportages sur fill-in.fr L’équipe Fill-in recherche des passionnés de photo qui souhaitent rejoindre le projet. Si vous êtes intéressé(e), n’hésitez pas à nous contacter.
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