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Dans un de ses raccourcis dont il avait le secret, Churchill résumait ainsi l’existence : « C’est un grand malheur de ne pas être révolutionnaire à vingt ans : cela veut dire que l’on n’a pas de cœur. Mais c’est encore un plus grand malheur d’être révolutionnaire à quarante, cela veut dire que l’on n’a pas de tête. » Président-fondateur de la Financière de l’Echiquier, Didier Le Menestrel a gardé la générosité de ses vingt ans. Mais dans la force de la quarantaine, il s’est donné les moyens d’être efficace. Depuis 2004, la société de gestion qu’il a créée en 1991 avec Christian Gueugnier héberge une fondation à vocation sociale. Elle est financée par le partage des frais de gestion de deux produits réservés à la clientèle sous mandat, les FCP Echiquier Excelsior. Or il faut savoir qu’une autre particularité de ces fonds, c’est d’être extrêmement performants. Depuis leur création en 2004, ils affichent une plus-value de 73,6 % ! Le mécanisme de rétrocession a déjà procuré 2 millions d’euros à la fondation, dont 800.000 ont été placés dans des projets de réinsertion. Pour les clients de la Financière, l’abondement est indolore. Mais peut-être certains particuliers ont-ils souscrit parce qu’ils savaient qu’ils contribuaient aussi à remettre debout des accidentés de la vie ! L’effort est déjà plus coûteux pour les collaborateurs de la Financière de l’Echiquier car ces sommes représentent en partie des bénéfices qui ne seront pas redistribués.
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Fondation Financière de l’Echiquier : « Donner leur chance à ceux qui n’en ont pas eu » Menestrel, serait que je puisse investir en Bourse dans une des entreprises que nous avons aidées. » Cela prouverait en effet la pertinence du modèle économique de la société, mais surtout les qualités humaines de la personne qui plaidait son dossier. Parmi les derniers coups de pouce, la fondation est particulièrement fière de l’idée lumineuse d’un haLe cœur de cible des projets soutenus est l’entrepreneuriat social (ici, Bativert). bitant de Villeneuve-d’Ascq, dans Mais loin de susciter des criLe président-fondateur de la Fi- le Nord. Il s’est rendu compte que tiques, l’initiative libère plutôt les nancière de l’Echiquier ne le cache bon nombre de demandeurs d’emimaginations en interne. Plusieurs pas : il croit aux forces de l’écono- ploi ne peuvent pas donner suite collaborateurs se sont impliqués mie de marché. Il pense aussi que aux offres qui leur sont faites car ils personnellement. Le directeur gé- l’Etat ne peut plus tout faire et ne disposent pas d’un véhicule néral, Stéphane Toullieux, et Ma- qu’en tous les cas il n’a pas le pour se rendre à leur nouveau lieu rie-Ange Verdickt, gérante de monopole de l’intérêt général. Sa de travail. Il a donc mis à profit sa plusieurs fonds vedettes de la mai- façon de démontrer le bien-fondé passion de la mécanique pour resson, surveillent notamment de de ses idées consiste à soutenir des taurer des véhicules qu’illoue5 euprès la sélection des dossiers ainsi projets d’entreprise qu’il juge ros par jour. « Il a trouvé un assuque leur suivi. viables et de mettre sa logique de re ur , ex p liq u e Bé nédi cte performance au service du bien Gueugnier, il a mis en place un Au service du bien commun commun. Il préfère procéder ainsi crédit. Nous, nous l’avons aidé, à Le cœur de cible des projets soute- avec sincérité, plutôt que de lancer hauteur de 20.000 euros, à installer nus est l’entrepreneuriat social. cyniquement, simplement parce le garage de maintenance.A l’heure « Nous voulons donner une chance que c’est à la mode, des fonds actuelle, il a pu embaucher deux à ceux qui n’en ont pas eu autant éthiques, dont la gestion, selon lui, personnes en insertion. » Seul souci, le concept a été jugé si astuque nous », expliquent ensemble se révèle parfois « pathétique ». C’est pourquoi les dossiers sont cieux par plusieurs collectivités loDidier Le Menestrel et sa sœur Bénédicte Gueugnier, déléguée examinés avec les mêmes critères cales qu’elles se sont empressées générale de la fondation. « Et puis, de sévérité que lors des comités de le copier. L’initiateur de l’idée poursuit cette dernière, le social est d’investissement des gérants. n’est pas content, bien sûr. Mais « Mon rêve, explique Didier Le c’est égal, ila d’ores et déjà démonplus conforme à notre éthique. »
tré qu’il avait la fibre entrepreneuriale. Il ne s’arrêtera sûrement pas en si bon chemin. Souci d’efficacité Dans la même mouvance de soutien aux personnes en difficulté de toutes sortes, Envie 44 récupère dans la banlieue nantaise des appareils électroménagers qu’elle revend à très bas prix après les avoir restaurés. L’entreprise n’aurait rien de très original si Envie n’était pas l’acronyme d’Entreprise Nouvelle vers l’Insertion Economique. Les 45 salariés ont tous vécu des cassures (chômage, drogue, alcool). Le but est qu’ils reprennent goût à la vie sociale en s’astreignant à un travail régulier. De surcroît, leur production permet à des ménages sans moyens d’accéder à un équipement ménager de base. L’appui de la fondation a consisté à fournir un camion destiné à la collecte. Une demi-douzaine d’autres exemples pourraient encore être cités, dont plusieurs en direction de l’éducation et de la formation. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’un jour des particuliers effectueront directement des dons à la fondation, dont ils partagent la philosophie et le souci d’efficacité. D’ores et déjà, elle est habilitée à recevoir des sommes. Pour ce qui est de l’introduction en Bourse de ces entreprises sociales et solidaires, il faudra peut-être encore patienter… F. L. B.
Fondation Financière de l’Echiquier, 53, avenue d’Iéna, 75116 Paris, tél : 01.47.23.90.90.