mécénat 'en repris au secours de l'emp o· Le mécénat d'entreprise, seul ou associé à d'autres démarches partenariales, peut contribuer à l'émergence de solutions efficaces dans le cadre de l'économie sociale et solidaire ' , pour répondre aux problèmes de l'emploi, devenu le nœud gordien de la crise! Les entreprises s'y engagent en soutenant différentes initiatives: micro-entreprenariat, insertion professionnelle, accompagnement vers l'emploi ...
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'insertion par l'activité économique (lAE) occupe un champ important parmi ces initiatives. Elle s'adresse à des personnes très éloignées du marché de l'emploi: personnes sans qualification, chômeurs de longue durée, accidentés de la vie, émigrés, prisonniers, SDF, jeunes ex-délinquants ... Une population qui a besoin qu'on lui tende la main pour retourner sur un marché du travail devenu, avec la crise, encore plus sélectif. Chaque parcours de vie demande un traitement approprié, souvent long et délicat. Le but reste le même cependant: se (re)familiariser avec le monde du travail, tout en bénéficiant d'une formation et d'un accompagnement. L'objectif ul time de ce parcours d'insertion étant de maîtriser tous les atouts pour retrou ver un emploi normal sur le marché du travail ordinaire.
Godebout, chargé de l'insertion par l'activité économique après avoir été responsable du mécénat et des partenariats, a, sur les motivations des entreprises mécènes, une vision très pragmatique. « Les entreprises voient bien que, sur les territoires où elles sont implantées, se constituent des poches de pauvreté CO//lposées de publics de plus en plus déconnectés des réalités sociales et des réalités
nir pourvoyeurs de main-d'oeuvre moins chère. Les entreprises en ont conscience et elles sont vigilantes. » Dominique Boizeau, directrice de la communication de la fondation Véolia Environnement~ constate de son côté : « Nous sommes sans cesse interpellés car nous sommes supposés créer des métiers à faible qualification dans un secteur en expansion. Mais le rôle du mécé-
« Nul n'est inemployable ! » Par le biais de leur mécénat, de nombreuses entreprises se sont investies dans ce champ majeur de la solidarité, rejoignant les associations et entreprises d'insertion qui bataillent pour prouver chaque jour que « nul n'est a priori inemployable ». Ainsi, le Secours catholique a créé, en 2004, Tissons la solidarité, une fédération de 70 chantiers ou entreprises d'insertion pour femmes, centrés sur des activités de tri et de recyclage de vêtements usagés, remis en état puis revendus en boutique. Environ 1 700 salariées en insertion y sont accueillies chaque année. Vincent
Tissons la solidarité, une fédération créée par le Secours Catholique, accueille chaque année environ 1 700 femmes en insertion, pour le recyclage de vêtements usages.
de l'entreprise. Dnne peut les laisser sur le bord de la route sous peine de créer de véritables bombes sociales. » Il remarque aussi que, malgré le contexte de crise, beaucoup de métiers sont encore sous tension (bâtiment, travaux publics, restauration, métiers du tri et du recyclage ... ). « Les entreprises ont du //lai à recruter, particulièremellt concernant les personnes à basse qualification, ce qui ne veut pas dire que IIOUS al/ons deve-
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nat est complémentaire. » Il se situe en amont. En effet, la fondation sensibilise et motive les collaborateur du groupe, qui sont aussi parrains des projets. De 2004 à 20 Il , la fondation a soutenu près de 250 projets dans le domaine de l'accompagnement vers l'emploi, dont 150 dans le secteur de l'insertion par l' acti vité économique, pour un montant de près de 4 500 000 euros. L'an dernier, la fondation a évalué l'im-
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pact de son action. Son rôle de levier pour convaincre d'autres bailleurs, et le rôle actif du parrain, qui souvent contribue à développer les collaborations avec les entreprises du groupe au niveau du terrain , sont particulièrement mis en avant: près d'un quart des structures d'IAE soutenues par la fondation ont noué un partenariat avec une filiale du groupe. L'étude" a également montré que ces structures avaient d 'autre - besoins: mécénat de compétences pour faire de la formation ou a!>surer le fonctions transverses d'une association; besoin de marchés, pour fomler et réinsérer socialement leurs bénéficiaires, tout comme une entreprise classique , ce qui peut donner lieu à des contrats de sous-traitance .. . Enfin besoin de recrutement pour organiser des sorties durables, pour leurs bénéficiaires en fin de parcours d'insertion. « Mais là, ce n'est plus le rôle de la fondation qui n 'est qu'un ambassadeur, une passerelle vers f'emreprise » souligne Dominique Boizeau . Vincent Godebout ne dit pas autre chose : « NOliS avons des viders de personnes qui som prêtes à travailler. Mais cela relève plus de la responsabilité sociétale de l'emreprise da/ls la mesure ot! son em'ironnement social est concerné. Par contre le mécénat peut procurer des fonds aux structures qui ont besoin d'in vestir, soutenir des inno\'{/tions sur de /Iou veaux métiers, et être l'ambassadeur de l'IAE en sensibilisant en imerne les directions de l'en treprise, DRH, DD, DRSE, direction.\' achats, directions dil'ersité parce que ces directions ne viennem pas spontanémem l'ers IIOUS . »
Rôle du modèle économique La fondation Financière de l'Echiquier n'a pas d 'emploi à offrir ni de grandes directions à sensibiliser ; en revanche elle e't prête à financer de projets innovant!> et économiquement durable dans le secteur de lïAE. « Dans les projets que nous choisissons, la personne qui porte le projet fait partie de IIOS critères fondamellfaux. Notre métier de banquier IIOUS a appris que pour un ÎllI'estisseur, la personnalité de l'entrepreneur est absolument primordiale » , explique ••• ·Le~ rC'Slll~t\.j
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••• Bénédicte Gueugnier, sa directrice. Ces « moutons à cinq pattes» appartiennent à deux grandes catégories. Ceux qui sont issus du monde social, travailleurs sociaux ou éducateurs de rue dont les lacunes se situeront plutôt du côté de la gestion. Ceux qui sortent des grandes écoles et se lancent dans l' entrepreunariat social, avec l'idée de mettre leur intelligence au service des plus démunis , mais doivent se familiariser avec le monde de l' exclusion ... « L"imporwnt est de réussir à trouver l/llmodèle éco/lomique, une activité qui procurera des reVell/lS , insiste Bénédicte Gueugnier. /1 s'agit de remettre les gells debout ell se servant de l'outil économique. » C'est pourquoi la fondation ne soutient les structures qu'à concurrence de trois soutiens maximum. Même si elle n' a pas une démarche de l'enture ph i1anthropy , la fondation ne consent des dons que pour des investis-
Comme la fondation Financière de l'Echiquier, le programme Entreprendre autrement vise spécifiquement à accompagner la création d'entreprises à vocation sociale. Son objectif: la duplication de modèles d 'entreprises d'insertion ou d'entreprises adaptées qui fonctionnent
Créer des emplois c'est bien. Soutenir une démarche pour y accéder c'est mieux ! bien. Il a été lancé en 2003 par le réseau Entreprendre, qui fédère les associations Entreprendre (40 en France) . Ces associations regroupent des chefs d'entreprise ouhaitant accompagner la création de petite~ entreprises sur le territoire .
Les structures d'Insertion par l'Activité Economique soutenues par la fondation Véolia Environnement ont toutes pour ambition, un partenariat avec une filiale du groupe.
sements. Quand il y a une perspective de développement, la réponse est souvent positive comme pour le projet de l'association Oasis , membre du réseau Cocagne, qui s'est lancée dans la culture de roseaux pour équiper les !>tations d' épuration. Une technique innovante peu répandue en France , mais qui a depuis longtemp fait . es preuves à l'étranger. Les résultat · ne se font pas attendre : en 2008, l'entreprise d'insertion Oasure est créée officiellement pour développer cette activité . Ou encore dans la région Nord-Pas de Calais, pour un jardin d'insertion qui s'implantait en zone d'activité. au sein même d'immeubles de bureaux, permettant par cette proximité de créer des synergies entre la commercialisation des produits et la recherche de stages et d'emplois .
Après la réalisation d'une étude de marché et la validation de la viabilité économique du projet, le réseau peut accorder un prêt d'honneur au porteur de projet (de 15 000 à 45 000 euros remboursables sur cinq ans, sans intérêt) pour l'aider à démarrer. Ensuite, un chef d'entreprise adhérent du réseau elot chargé d'accompagner le porteur de projet et de lui prodiguer aide et conseils pendant trois ans.
Assurer la survie de l'entreprise Mais le mécénat des entreprises ne se contente pas d'aider les structures d'in!>ertion ou les entrepreneurs sociaux créant des emplois pour les personnes fragilisées . Il contribue à inventer tout un champ de projets et d'initiatives qui consolident la démarche vers l'emploi . C'est le cas de la fondation Entrepre-
neurs de la cité . Son objectif : protéger les personnes vulnérables qui créent leur entreprise grâce à des produits d'assurance hors marchés adaptés, comme la trousse première assurance . La fondation est reconnue d ' utilité publique depuis 2008 . Elle a été créée dans un esprit de partenariat privé-public par six groupes d'assurance), mutualistes ou non, et la Caisse des dépôts et consignations. Elle travaille en coordination étroite avec les grands réseaux d'aide à la création d'entreprises - les boutiques de gestion, France Active, France Initiatives -, et a noué un partenariat avec l'AGEFIPH, qui est l'opérateur central et de référence de la politique de l'emploi des personnes handicapées en France . « Quel intérêt d'assurer un stock de un million d'euros quand 011 a seulement la 000 euros de marchandises dans son local? interroge Delphine Botti , la déléguée générale. Nous proposons une multirisque professionnelle, une assurance santé, et une assurance prévoyance. » Et calibrer au plus près des besoins de micro entrepreneur~ . En cas d'arrêt de travail par exemple, il faut couvrir l'entrepreneur et s'assurer que l'entrepri ~ e va survivre ... La fondation fait aussi beaucoup d ' accompagnement dans la pédagogie juridique pour une population mal informée des problématiques de l' a surance. Elle couvre aujourd'hui 2 500 entrepreneurs, et a divers ifié son offre grâce au mécénat de compétence de Polyexpert. Ce groupe spécialisé dans la gestion et l'expertise des sinistres pour le compte de sociétés d'assurances et des entreprises propose aux assurés l' expertise gratuite de leurs locaux professionnels avant si gnature de bail. Comme Vinci (voir page 19) ou Schneider Electric, la fondation SFR s 'est engagée auprès d'Emmaüs Défi. À côté de la participation financière pour l'ouverture et le développement de nouveaux site~ comme le Marché Riquet, ce partenariat comporte la mise en place d'une offre commune de téléphonie solidaire depuis mar 2010. L'offre comprend bien évidemment de minutes de communication à tarif solidaire, mai surtout elle propose, grâce au mécénat de compétences des collaborateurs SFR, un ••• 3 Ap M """10..} Ir.:. C'lC ft r Nt t ut. .,.. ad:- Jl. ~,]5 ~
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••• véritable accompagnement et un sui i personnalisé pour faire de la pédagogie sur l'utilisation du mobile et la gestion de la consommation . « Le bllt Il 'est pas ql/e les personnes qui ont bénéficié de ce programme de viennent des clients de SFR, explique Charles-Edouard Vincent patron d'Emmaüs Défi. Mais ql/e ces personnes quand elles sortent de ce programme soient en mesure de choisir lel/r opérateur, lel/r forfait, leur type d'offre. Nous sommes dans une logique d'innovation sociale, pas de marché. » À l'heure de l'étalement urbain et des zones de recrutement de plus en plus vastes, les distances s'allongent considérablement, notamment pour les personnes occupant des emplois peu qualifiés, qui habitent dans des zones éloignée des centres-villes . L'association Voiture & Co (qui fait partie du groupe SOS, spéciali~te de l'in ertion) propose aujourd ' hui neuf « plateforme de mobilité » en France. Ces bureaux reçoi vent et accompagnent 1 000 à 1 200 per on ne en situation d'insertion socioprofessionnelle par an . Pour lever ce frein à l'insertion professionnelle qu 'est la mobilité, l'association Voiture & Co et Renault ce sont associés dans
une logique de social business. Ils ont lancé en juillet dernier un nouveau partenariat qui permettra d'animer trente nouvelle~ plateformes à l'horizon 2015 . " L'incapacité à se déplacer, à acquérir ou à entretenir un véhicule, est lin des facteurs d'exclusion pour les 8 milliollS
Quand mécénat et social business se côtoient pour le bien de tous. de personnes vivant SOIIS le seuil de pauvreté en France », explique Claire Martin, directeur de la responsabilité sociale (RSE) de Renault et directeur général de Mobiliz. « Quand on sait que la dépense moye/me d'unméllag e pour l'automobile est de 4 400 euros par an , 0/1 comprend que le colÎt du poste tramport soit lI11 frein cOllsidérable pour les familles.» Le programme Mobiliz propose donc de louer une voiture à la journée pour 5 euro~, ce qui peut permettre de contourner
- ponctuellement - la difficulté à se déplacer pour les personnes à faibles revenus. Pour financer son projet, Renault a créé une société d'investissement (Mobiliz Invest s.a.s), dotée d'une enveloppe de cinq millions d'euros attribuables à des associations ou des entreprises proposant des solutions innovantes de mobilité pour les personnes en difficulté . Les bénéfices éventuels seront réinvestis dans des projets en faveur de la mobilité solidaire, selon les principes du social busilless énoncés par Mohammed Yunus . Dans le domaine de l'insertion par l'activité économique, mécénat et social business se côtoient. Pour le plus grand profit des partenaires concernés. Et de la société en général. Ce ·t là que se vit le présent difficile des exclus de la société de consommation et s 'expérimentent des solutions fondées sur l'inventivité et la solidarité entre les individus, les entreprises et les pouvoirs publics . Ces nouveaux explorateurs se battent pour préserver l'essentiel et contribuent à préparer les citoyens que nous sommes à ce jour où nous manquerons de tout ce dont nous n'avons pas vraiment besoin .
Dominique Fox Rigaux