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XVIIe SIE`CLE
Initiation au the´aˆtre
MOLIE`RE L’Amour me´decin, Le Sicilien ou l’Amour peintre ISBN : 9782081224261 – 2,70 € 160 pages
I. Pourquoi e´tudier L’Amour me´decin et Le Sicilien ou l’Amour peintre en Sixie`me ? L’e´dition « E´tonnants Classiques » re´unit deux courtes come´diesballets de Molie`re, L’Amour me´decin et Le Sicilien ou l’Amour peintre, dont l’e´tude est recommande´e par les nouveaux programmes de franc¸ais de Sixie`me (B.O. no 6 du 28 aouˆt 2008). Peu connues, et jusqu’alors peu e´tudie´es, ces pie`ces be´ne´ficient du regain d’inte´reˆt suscite´ depuis plusieurs anne´es par le the´aˆtre baroque et, plus particulie`rement, par la come´die-ballet. En effet, de nouvelles e´tudes sont consacre´es a` ces œuvres, qui associent the´aˆtre et musique ; elles ont notamment permis de rede´couvrir les pie`ces de Molie`re, ou plutoˆt les œuvres de Molie`re et Lully. Aujourd’hui, nombreuses sont les troupes qui s’emploient a` faire revivre ces spectacles somptueux, dans toute leur dimension, c’est-a`-dire en meˆlant the´aˆtre, danse et musique. Ainsi la compagnie des Arts florissants, mene´e par William Christie, a-t-elle porte´ nos deux pie`ces sur la sce`ne de la Come´die-Franc¸aise en 2005, associant de manie`re e´tonnante la musique originale de Lully a` des de´cors et des costumes qui rappellent l’univers des grandes come´dies musicales ame´ricaines. Peut-on conside´rer L’Amour me´decin et Le Sicilien ou l’Amour peintre comme de simples come´dies te´moignant du ge´nie L’Amour me´decin - Le Sicilien ou l’Amour peintre
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comique de Molie`re, dont la musique et la danse ne constituent qu’un ornement ? Ou faut-il au contraire conside´rer le texte de Molie`re comme une partie, ne´cessaire mais pas suffisante, d’un spectacle qu’on pourrait qualifier de « total » et qui n’existerait pas sans la musique de Lully ? Les deux, puisque Molie`re concevait presque toujours deux versions de ses come´dies-ballets : une version « pour la cour », ou` le spectacle s’inscrivait au sein de festivite´s mettant en sce`ne la grandeur de Louis XIV, et une version « pour la ville », plus sobre, ou` l’on pouvait jouer la pie`ce sans musique. Ces deux aspects sont un atout pour le professeur de franc¸ais, puisqu’ils permettent d’aborder les pie`ces de deux manie`res : comme des come´dies courtes, d’acce`s facile, caracte´ristiques de l’e´criture comique de Molie`re, mais aussi comme des te´moignages de spectacles passe´s associant tous les arts et offrant de nombreuses possibilite´s de travail interdisciplinaire.
II. Proposition de se´quence pe´dagogique Cette se´quence s’appuie principalement sur l’e´tude de L’Amour me´decin, dont la construction classique permet d’aborder les the´matiques essentielles du the´aˆtre de Molie`re. Elle propose une lecture progressive de la pie`ce par les e´le`ves et associe la de´couverte du texte de Molie`re a` celle de la musique de Lully. Le Sicilien ou l’Amour peintre y fait l’objet d’une lecture cursive. Conforme´ment aux nouveaux programmes, la se´quence accorde une place importante au travail sur le lexique et propose un exercice d’e´criture a` chaque se´ance. Les objectifs de la se´quence sont les suivants : — lire deux textes du XVIIe sie`cle et en comprendre la syntaxe et le vocabulaire ; — de´finir le genre de la come´die et les notions de sce`ne d’exposition, de de´nouement et de satire ; — de´couvrir l’alliance du the´aˆtre et de la musique dans les come´dies-ballets de Molie`re et de Lully ; — utiliser les mots justes pour de´crire un texte, un personnage, une image, une musique ; — e´crire de courtes sce`nes de come´die. 38
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III. Tableau synoptique de la se´quence Se´ances
Supports
Objectifs
1 Pre´sentation de L’Amour me´decin
– Une se´lection de re´pliques de la pie`ce – Les illustrations pre´sentes dans l’e´dition
– Pre´parer la lecture – Cerner les principales caracte´ristiques de l’œuvre
2 L’exposition de L’Amour me´decin
– Prologue et premie`re sce`ne de L’Amour me´decin – Enregistrement musical du prologue de L’Amour me´decin
– S’interroger sur le roˆle de la musique dans le spectacle – Comprendre les caracte´ristiques d’une sce`ne d’exposition – E´crire une sce`ne de come´die
Lire la pre´sentation
3 Le maıˆtre et sa servante
– L’Amour me´decin, acte I, sce`ne 6 – Les Fourberies de Scapin, acte II, sce`ne 8, dossier de l’e´dition, p. 142
– Cerner les enjeux de la sce`ne – Repe´rer un proce´de´ comique – E´crire une sce`ne de come´die
Lire les sce`nes 2 a` 5 du premier acte
4 La satire de la me´decine
– L’Amour me´decin, acte II, sce`nes 5 et 6 – Deux gravures d’Abraham Bosse, dossier de l’e´dition, p. 129, 130 – Extrait du Me´decin volant, dossier de l’e´dition, p. 128 – Extrait de Gil Blas de Santillane, dossier de l’e´dition, p. 134
– Cerner les principaux traits de la satire des me´decins – Transformer un texte narratif en sce`ne de come´die
Lire les quatre premie`res sce`nes de l’acte II, et la partie du dossier intitule´e « La me´decine au temps de Molie`re »
5 La musique et la danse dans l’acte II
– L’Amour me´decin, acte II, sce`ne 7 – Description de la musique du « chant de l’orvie´tan », dossier de l’e´dition, p. 152
– De´couvrir le vocabulaire lie´ a` la musique – De´crire une musique
6 Le de´nouement de L’Amour me´decin
– L’Amour me´decin, acte III, sce`nes 6, 7 et 8 – Enregistrement du chant final de L’Amour me´decin
– Connaıˆtre les caracte´ristiques du de´nouement d’une come´die – E´tudier l’inte´gration de la musique et de la danse a` l’intrigue
Travail de pre´paration
Lire l’acte III
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Se´ances
Supports
7 Comparaison des deux come´diesballets
– L’Amour me´decin – Le Sicilien ou l’Amour peintre
Objectifs – Comparer les deux come´dies-ballets – Faire le bilan de ce qui a e´te´ vu au cours de la se´quence
Travail de pre´paration Lire Le Sicilien ou l’Amour peintre
IV. De´roulement de la se´quence Se´ance no 1 : pre´sentation de L’Amour me´decin Objectifs → → Supports → →
Pre´parer la lecture. Cerner les caracte´ristiques principales de l’œuvre. Une se´lection de re´pliques de L’Amour me´decin. Les illustrations de l’e´dition : gravure d’une repre´sentation de La Princesse d’E´lide (p. 156) ; gravure d’une repre´sentation du Malade imaginaire (p. 158) ; photos extraites de la repre´sentation de L’Amour me´decin et du Sicilien a` la Come´dieFranc¸aise en 2005 (p. 32, p. 81 et p. 118).
■ A` la de´couverte de L’Amour me´decin : entre´e par le texte La premie`re partie de la se´ance est consacre´e a` la de´couverte d’une se´lection de re´pliques, extraites de L’Amour me´decin mais pre´sente´es dans un ordre ale´atoire, sans mise en contexte. Voici un exemple de se´lection de re´pliques : — « Je la de´teste. » — « Un mari, un mari, un mari. » — « Par ma foi ! Voila` un vilain homme ; et je vous avoue que j’aurais un plaisir extreˆme a` lui jouer quelque tour. » — « Mais que veux-tu que je fasse contre l’autorite´ d’un pe`re ? » — « Monsieur, ne pleurez donc point comme cela ; car vous me feriez rire. » 40
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— « Souvenez-vous de l’homme que vous fıˆtes crever ces jours passe´s. » — « Nous vous di-sons sin-ce`-re-ment no-tre pen-se´e. » — « La gale, la rogne, la teigne, la fie`vre, la peste, la goutte, ve´role, descente, rougeole. » — « Je vous permets de me tuer, quand j’aurai recours a` vous. » — « Allons donc, la lera la la, la lera la. Que diable ! » — « Monsieur, on m’a dit que vous aviez des reme`des admirables pour faire aller a` la selle. » — « Oh ! la folle ! Oh ! la folle ! Oh ! la folle ! » Les re´pliques sont distribue´es aux e´le`ves, qui les profe`rent a` haute voix. Puis ces derniers sont invite´s a` e´mettre des hypothe`ses sur l’œuvre qui sera e´tudie´e, en s’appuyant sur ce qu’ils ont entendu. Ce travail 1 a pour but d’attiser la curiosite´ des e´le`ves, tout en leur faisant cerner d’emble´e certaines caracte´ristiques principales de la pie`ce : une come´die, centre´e sur un conflit dont l’enjeu est un mariage et qui met en sce`ne des me´decins.
■ A` la de´couverte de L’Amour me´decin : entre´e par l’image On fait ensuite de´couvrir la pie`ce aux e´le`ves en utilisant les documents iconographiques de l’e´dition. Les e´le`ves sont d’abord invite´s a` de´crire diffe´rentes images de la manie`re la plus pre´cise possible. — Une gravure de la repre´sentation de La Princesse d’E´lide lors des Plaisirs de l’Iˆle enchante´e (p. 156). Sur sce`ne, les acteurs et les danseurs en costume de ballet e´voluent dans les de´cors naturels du parc de Versailles. De nombreux lustres permettent d’e´clairer la sce`ne, car le spectacle a lieu de nuit. Devant la sce`ne, on devine le bout des instruments des musiciens de l’orchestre. Parmi les spectateurs, on remarque un personnage au centre sur un sie`ge place´ plus haut que les autres : il s’agit du roi Louis XIV. — Une gravure de la repre´sentation du Malade imaginaire lors du Grand divertissement royal de Versailles, re´alise´e par Le Pautre (p. 158). Sur la sce`ne, on voit les come´diens, dans 1. L’exercice est inspiré d’une proposition de Coups de théâtre en classe entière, par Chantal Dulibine et Bernard Grosjean, Scéren-CRDP de l’académie de Créteil, 2004.
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des de´cors somptueux : on remarque les lustres aux plafonds, les de´cors en trompe l’œil, les statues de chaque coˆte´ de la sce`ne. L’orchestre se trouve devant le plateau. Dans la salle, elle aussi de´core´e de statues, les courtisans assistent a` la repre´sentation. — Deux photographies de la mise en sce`ne de L’Amour me´decin a` la Come´die-Franc¸aise en 2005 : sur la premie`re (p. 32), Le´onie Simaga, l’actrice qui interpre`te Lucinde, est veˆtue en marie´e au centre de la sce`ne. Elle est entoure´e de danseurs. Sur la seconde (p. 81), l’ensemble des acteurs est pre´sent sur sce`ne, accompagne´ d’un orchestre visible au second plan. — Une photographie de la mise en sce`ne du Sicilien a` la Come´die-Franc¸aise en 2005 (p. 118), pre´sentant trois marins sortis tout droit d’une come´die musicale ame´ricaine. A` l’issue de ce travail, on demande a` la classe de proposer une synthe`se des e´le´ments de´couverts sur l’œuvre que l’on s’appreˆte a` e´tudier : il s’agit d’un spectacle dans lequel se meˆlent the´aˆtre, musique et chant. C’est ce qu’on appelle un « spectacle total ». On essaiera donc au cours de la se´quence de re´pondre a` deux grandes questions : – L’Amour me´decin est une come´die : quels proce´de´s d’e´criture Molie`re utilise-t-il pour faire rire les spectateurs ? – L’Amour me´decin est un spectacle qui meˆle the´aˆtre, musique et chant : comment se meˆlent ces trois disciplines ? Travail pre´paratoire pour la se´ance no 2 : lire la pre´sentation de l’e´dition.
Se´ance no 2 : l’exposition de L’Amour me´decin Objectifs → S’interroger sur le roˆle de la musique dans le spectacle. → Comprendre les caracte´ristiques d’une sce`ne d’exposition. → E´crire une sce`ne de come´die en s’inspirant de la premie`re sce`ne de L’Amour me´decin. Supports → Enregistrement sonore du prologue de L’Amour me´decin 1. 1. Disponible dans le CD Les Comédies-ballets : L’Amour médecin, Les Plaisirs de l’Iˆle enchantée, George Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, Pastorale comique, Le Bourgeois gentilhomme, Les Amants magnifiques : Isabelle Poulenard, Agnès
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→ L’Amour me´decin prologue et acte I, sce`ne 1. → Questionnaire de lecture sur L’Amour me´decin (dossier de l’e´dition, p. 121 et p. 122).
■ Questionnaire de lecture On s’assure que les e´le`ves ont retenu les e´le´ments de la pre´sentation utiles a` la compre´hension des pie`ces en leur faisant remplir le questionnaire de lecture dans le dossier de l’e´dition (p. 121). Il s’agit d’un texte a` trous, dont nous indiquons ici les re´ponses. Dans l’ordre : Jean-Baptiste Poquelin ; tapissier du roi ; l’Illustre-The´aˆtre ; Louis XIV ; le the´aˆtre, la musique et la danse ; Lully ; L’Amour me´decin ; le Ballet des Muses.
■ E´coute du prologue musical On fait entendre aux e´le`ves un enregistrement du prologue chante´ sur la musique de Lully, en leur demandant de trouver des adjectifs pour caracte´riser cette musique : ils repe`rent son caracte`re solennel. On e´coute a` nouveau l’enregistrement, avec le texte sous les yeux. Le professeur guide l’interpre´tation des e´le`ves a` l’aide du questionnaire de lecture « Au fil des textes » (p. 122) : 1. Qui sont les personnages pre´sents sur sce`ne ? Feront-ils partie de la come´die ? Le prologue met en sce`ne trois personnages qui ne feront pas partie de l’histoire raconte´e dans la come´die. Il est cependant inte´gre´ au spectacle, parce qu’il en propose une sorte de de´finition : les trois personnages sont alle´goriques, ils symbolisent les trois composantes du spectacle : la come´die, la musique et le ballet. 2. Que signifie l’expression qui ouvre le spectacle : « Quittons, quittons notre vaine querelle » ? L’expression signifie que la Come´die, la Musique et le Ballet doivent cesser de rivaliser, et s’associer au sein d’un seul spectacle, la come´die-ballet. 3. Qui est le « plus grand roi du monde » ? Pourquoi est-il e´voque´ dans ce prologue ? L’expression le « plus grand roi du monde » de´signe Louis XIV, qui a commande´ le spectacle a` Molie`re et Lully. Cette expression sert a` flatter le roi, auquel est de´die´ le spectacle. Mellon, Gilles Ragon, Michel Verschaeve, Bernard Delettré, Michel Laplénie, Philippe Cantor, les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski, 1988.
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4. Quelles sont les fonctions de ce prologue ? Le prologue sert donc a` de´finir le spectacle : il s’agit d’une come´die-ballet, un spectacle d’un genre nouveau. Il sert e´galement de de´dicace a` Louis XIV, qui a commande´ la come´die-ballet a` Molie`re et Lully. C’est la raison pour laquelle il est accompagne´ d’une musique solennelle.
■ Lecture analytique de la sce`ne 1 On lit a` voix haute la premie`re sce`ne de la pie`ce, puis on interroge oralement les e´le`ves. L’effet produit par la lecture de la premie`re sce`ne est-il le meˆme que celui produit par l’e´coute du prologue ? Pourquoi ? On s’assure que les e´le`ves ont repe´re´ la dimension comique de la sce`ne, et le de´calage entre le ton se´rieux du prologue et le ton comique de la premie`re sce`ne. On s’aide alors du questionnaire de lecture propose´ par le dossier de l’e´dition a` propos de la sce`ne (p. 122) : — Pourquoi Sganarelle est-il soucieux ? Sganarelle a une fille qui souffre de « me´lancolie », et il veut faire tout ce qui est en son pouvoir pour la sortir de cette « tristesse e´pouvantable ». – Pourquoi refuse-t-il de suivre les conseils de M. Guillaume, de M. Josse, d’Aminte et de Lucre`ce ? Ce sont des « donneurs de conseils a` la mode », c’est-a`-dire que leurs conseils sont inte´resse´s, comme le remarque Sganarelle : M. Josse et M. Guillaume lui conseillent d’acheter des bijoux ou des tapisseries a` sa fille, parce qu’ils en vendent ; Aminte lui conseille de donner Lucinde en mariage a` un garc¸on qui a demande´ sa main, car elle craint que l’homme qu’elle aime ne soit amoureux de la jeune femme ; Lucre`ce lui conseille le couvent, parce qu’elle souhaite devenir l’unique he´ritie`re de Sganarelle. — Quels sont les principaux traits de caracte`re de Sganarelle ? Sganarelle est un pe`re aimant, mais qui semble trop attache´ a` sa fille : bien qu’elle soit en aˆge de se marier, il refuse de la voir quitter le foyer : « [...] ce n’est pas mon dessein, comme on sait, de marier ma fille avec qui que ce soit, et j’ai mes raisons pour cela. » Il se montre me´fiant envers les « donneurs de conseils a` la mode » et sait de´masquer leur intention. Il n’est donc pas facile a` berner ! Bilan : la premie`re sce`ne de la pie`ce est une sce`ne d’exposition : — elle donne des informations ne´cessaires pour comprendre l’intrigue : Sganarelle veut gue´rir sa fille ; 44
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— elle permet e´galement de pre´senter le personnage principal, Sganarelle : c’est un pe`re qui veut garder sa fille « pour lui » et qui se me´fie de tout ce qu’on peut lui dire a` son sujet ; — elle indique le ton du spectacle : en mettant en sce`ne des donneurs de lec¸on inte´resse´s mais rapidement de´masque´s, et donc ridicules, elle indique au spectateur qu’il s’agit d’une come´die.
■ Exercice d’e´criture La dernie`re partie de la se´ance est consacre´e a` un exercice de re´criture de la sce`ne de Molie`re, avec les consignes suivantes : inspirez-vous de la premie`re sce`ne de L’Amour me´decin pour e´crire une courte sce`ne comique : « Sylvain, un garc¸on de la classe (ou Sylvie, une fille de la classe), est de´sespe´re´(e) : sa petite amie (son petit ami) est tre`s triste, et il (elle) ne parvient pas a` lui redonner le sourire. Il (Elle) se tourne vers deux de ses camarades, qui s’empressent de lui donner des conseils... inte´resse´s. » Les e´le`ves travaillent par groupe de trois et pre´sentent leur sce`ne a` leurs camarades. Travail pre´paratoire pour la se´ance no 3 : lire les sce`nes 2 a` 5 du premier acte.
Se´ance no 3 : le maıˆtre et sa servante Objectifs → → → Supports → → →
Cerner les enjeux de la sce`ne. Repe´rer un proce´de´ comique. E´crire une sce`ne de come´die. Questionnaire de lecture (dossier de l’e´dition, p. 122). L’Amour me´decin, acte I, sce`ne 6. Les Fourberies de Scapin, acte II, sce`ne 8 (dossier de l’e´dition, p. 142).
■ Questionnaire de lecture La premie`re partie de la se´ance est consacre´e aux questions propose´es par le questionnaire de lecture du dossier, « Au fil des textes », sur les sce`nes 2 a` 5 de l’acte I (questions 6 a` 9, p. 122). Re´partis en groupes, les e´le`ves re´pondent a` l’une des questions, puis pre´sentent leur travail au reste de la classe. On ve´rifie qu’ils ont releve´ les e´le´ments suivants : L’Amour me´decin - Le Sicilien ou l’Amour peintre
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6. Dans la sce`ne 2, on de´couvre que Lucinde veut se marier. Lorsque Sganarelle lui demande « Aimerais-tu quelqu’un, et souhaiterais-tu d’eˆtre marie´e ? », une didascalie indique : « Lucinde lui fait signe que c’est cela. » 7. Dans la sce`ne 3, les spectateurs de´couvrent Lisette, la « suivante » de Lucinde, c’est-a`-dire sa domestique. Elle tente de faire comprendre a` Sganarelle que la tristesse de Lucinde n’a qu’une seule cause : il refuse de la laisser se marier, alors qu’il lui faut « un mari, un mari, un mari ». 8. Dans la sce`ne 4, Lucinde avoue a` Lisette qu’elle est amoureuse d’un jeune homme qu’elle n’a vu qu’une seule fois et auquel elle n’a jamais pu parler. Lisette lui promet de l’aider. 9. Dans la sce`ne 5, Sganarelle avoue qu’il a fait semblant de ne pas comprendre ce que lui ont dit Lucinde et Lisette. Il ne veut pas que sa fille se marie, car il a peur que cela lui couˆte trop cher. Dans la socie´te´ franc¸aise du XVIIe sie`cle, le pe`re d’une jeune fille devait verser une dot a` son e´poux au moment du mariage.
■ Lecture analytique de l’acte I, sce`ne 6 On proce`de alors a` la lecture de la sce`ne 6, que l’on e´tudie en re´pondant a` la question 10 du questionnaire de lecture « Au fil des textes » (p. 122). — Comment Lisette se moque-t-elle de Sganarelle dans cette sce`ne ? Lisette commence un re´cit qui laisse croire a` Sganarelle que Lucinde, par de´sespoir, s’est jete´e par la feneˆtre, avant de conclure : « [...] elle a ferme´ tout doucement la feneˆtre, et s’est alle´e mettre sur son lit. » Elle teste ainsi la cre´dulite´ de son maıˆtre. — Graˆce a` quel personnage le ballet est-il introduit ? Le personnage de Champagne sert de lien entre la come´die et le ballet. C’est un serviteur de Sganarelle : lorsque son maıˆtre lui demande d’aller chercher des me´decins, il s’exe´cute en dansant. Les quatre me´decins apparaissent alors sur sce`ne et participent au ballet. Bilan : cette sce`ne montre que Lisette est une servante ruse´e, qui sait tendre les filets de son pie`ge. Elle permet aussi d’inte´grer habilement la danse a` la come´die, graˆce au personnage de Champagne, qui est a` la fois un acteur de la come´die et un danseur du ballet.
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■ Texte comple´mentaire : Les Fourberies de Scapin La lecture de l’extrait des Fourberies de Scapin propose´ dans le dossier (p. 142) permet : — de rapprocher les personnages de Scapin et de Lisette, qui s’inscrivent tous deux dans la tradition du valet ruse´ de la commedia dell’arte ; — de repe´rer la re´utilisation par Molie`re des meˆmes structures de pie`ce en pie`ce, dans la tradition des lazzi de la commedia dell’arte.
■ Exercice d’e´criture En vous inspirant du sche´ma de la sce`ne 6, e´crivez une courte sce`ne a` partir de la situation suivante : « Un professeur s’est absente´ quelques instants de sa classe. Un e´le`ve de´cide de lui jouer un tour et de lui faire croire que quelque chose de grave s’est passe´ en son absence. Quand le professeur entre dans la classe, l’e´le`ve fait semblant de ne pas s’apercevoir de sa pre´sence... » Les e´le`ves travaillent par deux (l’un joue le professeur, l’autre l’e´le`ve) et pre´sentent leur sce`ne a` leurs camarades. Travail pre´paratoire pour la se´ance no 4 : lire les quatre premie`res sce`nes de l’acte II, ainsi que la partie du dossier intitule´e « La me´decine au temps de Molie`re », p. 126.
Se´ance no 4 : la satire des me´decins Objectifs → Cerner les principaux traits de la satire des me´decins. → Transformer un texte narratif en sce`ne de the´aˆtre. Supports → L’Amour me´decin, acte II, sce`nes 5 et 6. → Questionnaire de lecture du dossier, p. 123. → Deux gravures d’Abraham Bosse : Le Clyste`re et La Saigne´e (dossier de l’e´dition, p. 129, 130). → Un extrait du Me´decin volant et un extrait de Gil Blas de Santillane (dossier de l’e´dition, p. 128 et p. 134).
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■ Questionnaire de lecture Pour s’assurer de la compre´hension des sce`nes 1 a` 4 de l’acte II, on utilise le questionnaire de lecture du dossier, « Au fil des textes » (questions 11 et 12, p. 123), dont voici le corrige´ : 11. Dans les sce`nes 1 et 2, Lisette reproche aux me´decins de ne pas savoir gue´rir leurs patients et, au contraire, de les aider a` mourir plus vite. C’est pourquoi, s’adressant a` Sganarelle, elle s’exclame au de´but de l’acte II : « Que voulez-vous donc faire, Monsieur, de quatre me´decins ? N’est-ce pas assez d’un pour tuer une personne ? » 12. Dans les sce`nes 3 et 4 apparaissent deux me´decins : M. des Fonandre`s et M. Tome`s. Ils s’opposent sur plusieurs points : M. Tome`s rend visite a` ses patients sur une mule, tandis que M. des Fonandre`s utilise un cheval (sce`ne 3) ; M. Tome`s pense que Lucinde a besoin d’une saigne´e, tandis que M. des Fonandre`s est persuade´ qu’il lui faut lui donner de l’e´me´tique pour la purger, c’esta`-dire qu’il faut la faire vomir (sce`ne 4). Toutefois, ils tombent tous les deux d’accord sur un point : le plus important, pour un me´decin, n’est pas de gue´rir son patient, mais de respecter les conventions (« Un homme mort n’est qu’un homme mort, et ne fait point de conse´quence ; mais une formalite´ ne´glige´e porte un notable pre´judice a` tout le corps des me´decins », sce`ne 3) !
■ Lecture des sce`nes 5 et 6 La lecture a` voix haute fait ressortir le comique de la sce`ne 5, et permet de de´gager l’importance du jeu et de la diction des acteurs. On souligne l’opposition des deux me´decins, en demandant aux e´le`ves ce que signifie la re´plique de Sganarelle « l’un va en tortue, et l’autre court la poste ». On explique ensuite aux e´le`ves la notion de satire : on parle de satire lorsque le comique sert a` condamner un comportement. C’est le cas ici : les me´decins sont ridiculise´s car ils ne re´ussissent qu’a` plonger Sganarelle dans un embarras plus profond.
■ E´tude de documents comple´mentaires (textes et images) En prenant appui sur les textes reproduits dans le dossier de l’e´dition (Histoire de Gil Blas de Santillane, p. 134, Le Me´decin 48
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volant, p. 128) et sur les gravures d’Abraham Bosse situe´es au meˆme endroit (p. 129 et p. 130), on analyse les traits re´currents de la satire des me´decins. Pour cela, la classe est divise´e en quatre groupes : le premier re´pond aux questions portant sur la gravure intitule´e Le Clyste`re ; le second aux questions accompagnant la gravure intitule´e La Saigne´e ; le troisie`me re´pond aux questions qui suivent l’extrait du Me´decin volant ; le quatrie`me a` celles qui suivent l’extrait de Gil Blas de Santillane. Chaque groupe pre´sente ensuite son travail a` la classe. On s’assure que les e´le`ves ont repe´re´ les e´le´ments suivants : Le Clyste`re, gravure d’Abraham Bosse (v. 1632-1633)
La gravure repre´sente un me´decin s’avanc¸ant plein d’assurance et une seringue a` la main vers une patiente alite´e. A` gauche, une servante apporte une chaise perce´e : le me´decin s’appreˆte a` effectuer un lavement. La seconde servante, a` la gauche du chirurgien, fait un geste pour le retenir : son attitude indique qu’elle semble craindre que l’ope´ration blesse la pudeur de sa maıˆtresse – oblige´e de se de´nuder devant son me´decin – ou lui fasse mal. Comme dans L’Amour me´decin, le me´decin est suˆr de lui, tandis que la servante doute du bien-fonde´ de son intervention. La gravure pre´sente l’ope´ration chirurgicale comme douloureuse, voire dangereuse 1. La Saigne´e, gravure d’Abraham Bosse (1632)
La gravure repre´sente une saigne´e : on remarque que le valet et la servante, a` gauche et a` droite de la gravure, apportent des ustensiles destine´s a` recueillir le sang de leur maıˆtresse. 1. Voici le texte situé sous la gravure (un ensemble de seize vers répartis sur quatre colonnes) : « I’ay la siringue en main, hastez vous donc, Madame,/ De prendre pour le mieux ce petit lauement/ Il vous rafraischira, car vous n’estes que flame,/ Et l’outil que je tiens entrera doucement.// Tout beau Monsieur, tout beau, Madame est trop modeste,/ Pour souffrir vostre abord, allez vn peu plus loing :/ Donnez moy la siringue, & je feray le reste,/ Car c’est vn instrument dont je m’ayde au besoing.// Vous faites bien du bruit, pour vn sale mystere,/ Qui me desplaist si fort qu’à regret j’y consens,/ Mais vous ne voyes pas qu’avec vostre clystère,/ Vous ne scauriez guerir la fieure que je sens.// Du mal que j’ay ceans je suis desia lassée,/ Et veux sortir d’icy malgré les Medecins ;/ Qui condemnent Madame à la chere percee,/ Et me font tous les jours nettoyer cent bassins. »
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Au centre, le me´decin retire le garrot qui a servi a` l’ope´ration et le linge qui a prote´ge´ les veˆtements de la patiente. Habille´ avec e´le´gance, le me´decin est repre´sente´ dans une posture peu naturelle : il semble prendre la pose devant son « public ». Le bras tendu et le visage tourne´ vers le me´decin, la patiente paraıˆt pleine d’espoir, mais aussi d’appre´hension. A` droite, le serviteur, lui, sans doute effraye´ par la vue du sang, a la teˆte tourne´e. La gravure d’Abraham Bosse repre´sente donc une ope´ration sanglante, dont la vue est difficile a` supporter, et qui semble dangereuse. L’attitude de la patiente rappelle celle de Sganarelle dans L’Amour me´decin, qui accorde toute sa confiance aux me´decins. Celle du me´decin e´voque celle des quatre praticiens mis en sce`ne par Molie`re : tre`s suˆr de lui, il se donne en spectacle 1. Extrait de la sce`ne 4 du Me´decin volant de Molie`re (1659)
Avec l’aide de Sabine, qui le pre´sente comme « le plus habile me´decin du monde », Sganarelle fait croire a` Gorgibus qu’il est me´decin, affirmant : « Je suis le plus grand, le plus habile, le plus docte me´decin qui soit dans la faculte´ ve´ge´tale, sensitive et mine´rale. » Il imite l’attitude des me´decins en se re´fe´rant a` l’autorite´ de deux me´decins de l’Antiquite´, Hippocrate et Galien, et en employant un vocabulaire technique : « alte´ration » (du sang), « e´grotante », « inflammation dans les intestins ». Il pre´tend parler latin, parce que c’est la langue utilise´e par les savants ; il n’en connaıˆt toutefois que quelques mots, des expressions dont il ignore le sens mais qu’il a pu entendre a` la messe, comme Per omnia sæcula sæculorum. Il fait preuve de me´pris envers ses confre`res : « Tous les autres me´decins ne sont, a` mon e´gard, que des avortons de me´decine. » Il ressemble en cela aux me´decins de L’Amour médecin. 1. Voici le texte en vers situé sous la gravure (réparti sur quatre colonnes) : « La´ courage Monsieur vous laues enterrepris/ Je tiendray bon, frottez, serrez la ligature,/ Picquez asseurement faictes bonne ouuerture/ Ah ! Ce bouillon de sang vous a comme surpris.// Que la phlebotomie espure les Espritz/ Et descharge le sang de grande pourriture,/ O Dieux la douce main lagreable picquure ;/ Le souuenir m’en faict reuenir le soubzris.// Qu’un peu de sang tiré me rend fort allegéé/ Sur tous medicamens J’estime la saignéé/ Je me sens retourner en nouuelle vigueur/ S’y vous recognoissiez, qu’il me fut necessaire// Recommancez le coup ; jay bien assez de cœur/ J endurerays autant que vous en voudriez faire. »
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Extrait de Gil Blas de Santillane de Lesage (1715-1735)
Les deux me´decins du texte, le docteur Andros et le docteur Oquetos, utilisent un vocabulaire technique que leur patient ne peut pas comprendre : « ils convinrent tous deux que les humeurs e´taient en fougue », « elles sont dans une agitation violente de flux et de reflux », « il fallait attendre que les humeurs fussent cuites, avant que d’employer le purgatif », « il faut eˆtre prompt a` purger quand les humeurs sont en orgasme ». Comme les me´decins de Molie`re, ils se re´fe`rent a` l’autorite´ du « prince de la me´decine », Hippocrate. On peut rapprocher cette sce`ne du deuxie`me acte de L’Amour me´decin car, comme dans la pie`ce de Molie`re, les deux me´decins e´tablissent des diagnostics contraires et se disputent violemment. Don Vincent se retrouve dans le meˆme embarras que Sganarelle et ne sait plus a` quel avis se fier : « Qui des deux croire ? » En outre, confirmant les craintes exprime´es par Lisette dans la come´die de Molie`re, les deux praticiens concourent a` tuer le malade qu’ils devaient gue´rir. Bilan : traditionnellement, la satire des me´decins fait apparaıˆtre ces derniers comme des personnages arrogants, s’exprimant de manie`re a` ne pas eˆtre compris de leurs patients, invoquant toujours l’autorite´ d’Hippocrate, et plus soucieux de briller aux yeux de leurs confre`res, qu’ils me´prisent, que de gue´rir leurs patients, dont ils acce´le`rent le plus souvent la mort.
■ Exercice d’e´criture On poursuit la se´ance par l’exercice d’e´criture propose´ dans le dossier (p. 136) a` la suite du questionnaire sur l’extrait de Gil Blas de Santillane : « Transformez ce texte narratif [l’extrait de Gil Blas de Santillane] en une courte sce`ne de come´die. »
Se´ance no 5 : la musique et la danse dans l’acte II Objectifs → → Supports → →
De´couvrir le vocabulaire lie´ a` la musique. De´crire une musique. L’Amour me´decin, acte II, sce`ne 7. Description de la musique du « chant de l’orvie´tan » (dossier de l’e´dition, p. 152).
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■ Lecture de la sce`ne 7 On demande aux e´le`ves de lire en silence la sce`ne, puis on leur pose les questions suivantes, auxquelles ils re´pondent a` l’oral. — Quelle difficulte´ se pre´sente quand on veut lire la sce`ne a` voix haute ? On observe la re´partition des re´pliques parle´es (celles de Sganarelle) et chante´es (celles de l’orvie´tan, en italique). — Selon vous, quel type de musique convient a` cette sce`ne ? On encourage les e´le`ves a` utiliser un vocabulaire pre´cis.
■ E´tude du chant de l’orvie´tan On lit ensuite avec eux la description de la musique du chant de l’orvie´tan par Nathalie Berton, reproduite dans le dossier, et on leur demande de re´pondre aux deux questions qui l’accompagnent : — Ou` commence la seconde partie du chant ? Quel changement se produit dans la musique ? La seconde partie du chant commence lorsque l’ope´rateur se met a` e´nume´rer toutes les maladies que son reme`de miracle peut gue´rir. A` ce moment-la`, le rythme s’acce´le`re. — Quels aspects du discours de l’ope´rateur la musique de Lully met-elle en valeur ? La musique de Lully met en valeur deux caracte´ristiques du discours de l’ope´rateur : il est grandiloquent et tenu avec beaucoup de se´rieux – « Le rythme pointe´ confe`re une grande majeste´ a` ses propos ». Mais pour le spectateur, qui sait que l’orvie´tan est un reme`de miracle vendu par les charlatans, il est comique : le rythme rapide de l’e´nume´ration des maladies que l’orvie´tan est cense´ gue´rir la rend particulie`rement bouffonne.
■ Exercice d’e´criture Enfin, on propose l’exercice d’e´criture suivant : dans un court paragraphe, de´crivez la musique et la danse du premier entracte telles que vous les imaginez. On ne demandera pas aux e´le`ves d’utiliser un vocabulaire technique, mais de distinguer diffe´rents temps dans le ballet et de s’appuyer sur la satire des me´decins analyse´e a` la se´ance pre´ce´dente. On attendra, par exemple, qu’ils imaginent une musique au rythme effre´ne´ pour accompagner les mouvements rapides de Champagne (qui « frappe aux portes des quatre me´decins »), et une musique 52
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plus solennelle pour accompagner les gestes lents et manie´re´s des me´decins qui entrent « avec ce´re´monie » chez Sganarelle. Travail pre´paratoire pour la se´ance no 6 : lire l’acte III.
Se´ance no 6 : le de´nouement de L’Amour me´decin Objectifs → Connaıˆtre les caracte´ristiques du de´nouement d’une come´die. → E´tudier l’inte´gration de la musique et de la danse a` l’intrigue. Supports → L’Amour me´decin, acte III, sce`ne 6, 7 et 8. → Enregistrement du chant final de L’Amour me´decin 1.
■ Questionnaire de lecture Pour s’assurer de la compre´hension de l’acte III dans son ensemble, on s’appuie sur le questionnaire de lecture propose´ dans le dossier de l’e´dition (« Au fil des textes », questions 15 a` 19, p. 123), dont voici des e´le´ments de re´ponse : 15. Dans la sce`ne 1, M. Filerin reproche aux me´decins de s’eˆtre dispute´s devant Sganarelle : les me´decins doivent rester unis pour mieux tromper leurs patients ! 16. Dans la sce`ne 2, Lisette se moque de M. Tome`s en lui affirmant : « Je vous permets de me tuer, lorsque j’aurai recours a` vous. » Selon elle, les me´decins ne savent pas gue´rir leurs patients. 17. Dans les sce`nes 3, 4 et 5, Clitandre s’est de´guise´ en me´decin pour pouvoir approcher Lucinde. 18. Dans les sce`nes 6 et 7, Sganarelle accepte que Clitandre e´pouse Lucinde car le jeune homme fait croire au vieux pe`re qu’il s’agit d’un faux mariage, uniquement destine´ a` gue´rir Lucinde. 19. Dans la sce`ne 8, Lisette s’exclame a` propos de Sganarelle : « la be´casse est bride´e », c’est-a`-dire qu’il a e´te´ pris au pie`ge. Le mariage entre Clitandre et Lucinde, que Sganarelle croyait faux, est en fait bien re´el. Il a donc donne´ malgre´ lui son consentement au mariage de sa fille, graˆce au tour que lui a joue´ son habile servante ! 1. Dans le CD Les Comédies-ballets, op. cit.
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■ E´tude du de´nouement On demande aux e´le`ves de repe´rer dans les sce`nes 6, 7 et 8 les deux e´le´ments qui permettent un de´nouement heureux. On s’assure qu’ils ont repe´re´ : — le roˆle du de´guisement, et donc du costume, qui permet a` Clitandre de se faire passer pour un me´decin — le roˆle de Lisette, qui a imagine´ la ruse, et qui, en e´cartant Sganarelle, a permis aux deux amants de se parler. Ensuite, on identifie la manie`re dont la musique et le chant s’inte`grent a` la come´die dans la dernie`re sce`ne. La Come´die, le Ballet et la Musique, qui ouvraient le spectacle, sont devenus de vrais personnages puisqu’ils sont ici les musiciens du mariage de Lucinde et Clitandre. La dernie`re sce`ne, comme la sce`ne de l’orvie´tan, meˆle musique et danse. On termine la se´ance par l’e´coute de la musique que Lully a compose´e pour le chant final. On demande aux e´le`ves de la de´crire et de la comparer avec celle du prologue : les deux musiques sont proches. Travail pre´paratoire pour la se´ance no 7 : lire Le Sicilien ou l’Amour peintre.
Se´ance no 7 : comparaison des deux come´dies-ballets Objectifs → Comparer les deux pie`ces. → Faire le bilan de ce qui a e´te´ vu au cours de la se´quence. Supports → L’Amour me´decin. → Le Sicilien ou l’Amour peintre. → Questionnaire de lecture (dossier de l’e´dition, p. 123124).
■ Questionnaire de lecture sur Le Sicilien ou l’Amour peintre Afin de faire le point sur l’intrigue, complexe, du Sicilien ou l’Amour peintre, on demande aux e´le`ves de re´pondre au 54
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questionnaire de lecture propose´ dans le dossier de l’e´dition (p. 123-124). Les e´le`ves sont re´partis en groupe : chaque groupe prend en charge une question, puis les re´ponses sont mises en commun. 1. Adraste est amoureux d’Isidore, une jeune esclave grecque. Mais, apre`s avoir affranchi Isidore, dom Pe`dre de´sire l’e´pouser, et la tient prisonnie`re dans sa maison. 2. Valet d’Adraste, Hali se fait passer pour un musicien et, a` travers la chanson qu’il adresse a` Isidore, il parvient a` faire comprendre a` la jeune femme que son maıˆtre est amoureux d’elle. 3. Dom Pe`dre de´sire faire exe´cuter un portrait d’Isidore. Pour pouvoir approcher Isidore, Adraste se fait passer pour un peintre. 4. Hali se fait passer pour un Espagnol qui re´clame un conseil a` Dom Pe`dre au sujet d’« un fait d’honneur ». 5. Clime`ne pre´tend eˆtre la femme d’Adraste, faˆche´e avec son mari apre`s une dispute. C’est en re´alite´ la sœur d’Adraste. 6. Clime`ne pre´tend ne pas pouvoir se pre´senter a` Adraste sans un voile et se retire un instant. Cache´e sous le voile, Isidore prend sa place. 7. Dom Pe`dre croit re´concilier Clime`ne et Adraste. En re´alite´, il unit Adraste et Isidore.
■ Bilan de la se´quence : comparaison des deux come´dies-ballets On fait remplir aux e´le`ves un tableau synoptique permettant de comparer les deux pie`ces. Ce travail permet de faire le bilan des connaissances acquises lors de la se´quence. Chaque groupe prend en charge un aspect de la comparaison (l’intrigue, les serviteurs, les proce´de´s comiques, le roˆle de la musique et de la danse 1) puis expose son travail au reste de la classe. La mise en commun des remarques des e´le`ves permet d’aboutir au tableau suivant :
1. Voir dossier de l’édition.
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Points communs
Diffe´rences
L’intrigue
– Un mariage, impossible au de´but de la pie`ce, re´ussit au de´nouement – Le de´guisement permet la re´solution de l’intrigue
Il y a plus de personnages, de rebondissements et de de´guisements dans Le Sicilien ou l’Amour peintre. L’intrigue est plus complexe
Sganarelle et Dom Pe`dre
– Ils s’opposent au mariage des amoureux – Ils sont ridicules
– Sganarelle est le pe`re de Lucinde ; Dom Pe`dre est l’ancien maıˆtre d’Isidore et souhaite l’e´pouser – Sganarelle est avare ; Dom Pe`dre est jaloux et vantard
Lisette et Hali
– Ce sont des serviteurs – Ils sont ruse´s – Ils aident les amoureux a` se parler et favorisent leur mariage
– Hali aide son maıˆtre, alors que Lisette trompe le sien – Lisette organise seule la ruse de bout en bout. Hali n’en imagine que la premie`re partie, puis participe au plan e´labore´ par son maıˆtre
Les proce´de´s comiques
– Les de´guisements et l’usurpation d’identite´ – Le jeu sur la prononciation ou les accents
Tre`s pre´sente dans L’Amour me´decin, la satire apparaıˆt peu dans Le Sicilien ou l’Amour peintre
La place de la musique et de la danse dans le spectacle
Tre`s pre´sents dans les deux spectacles
Surtout pre´sents dans les entractes de L’Amour me´decin, ils jouent un ve´ritable roˆle dans l’intrigue du Sicilien ou l’Amour peintre
■ Exercice d’e´criture Une fois ce bilan e´tabli, on propose aux e´le`ves le travail d’e´criture suivant, qui permet de juger leur appropriation du travail collectif mene´ en classe durant l’ensemble de la se´quence. Ce travail peut tenir lieu d’e´valuation. Vous eˆtes un metteur en sce`ne et vous avez de´cide´ de monter L’Amour me´decin et Le Sicilien ou l’Amour peintre. Un journaliste vous interroge : re´pondez a` ses questions de manie`re pre´cise. – Pouvez-vous nous pre´senter brie`vement les deux pie`ces que vous avez choisi de mettre en sce`ne ? – Vous avez choisi de repre´senter la pie`ce avec la musique et les ballets : pourquoi ? – Quelles sont les caracte´ristiques de la musique du spectacle ? – Avez-vous choisi d’utiliser des costumes et des de´cors d’e´poque, ou au contraire contemporains ? Pouvez-vous nous les de´crire ? 56
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– Selon vous, quelle est la sce`ne la plus re´ussie du spectacle ? Pourquoi ?
V. Orientations bibliographiques Livres
BEAUSSANT, Philippe, Louis XIV, artiste, Payot, « Portraits intimes », 1990. — Lully ou le Musicien du Soleil, Gallimard, 1992. CESSAC, Catherine (e´d.), Molie`re et la musique. Des E´tats du Languedoc a` la cour du Roi-Soleil, Presses du Languedoc, 2004 ; notamment : Nathalie Berton, « L’Amour me´decin ou l’union de la come´die, de la musique et de la danse », et Georgie Durosoir, « Molie`re a` Saint-Germain-en-Laye ». DURON, Jean (e´d.), Regards sur la musique... au temps de Louis XIV, E´ditions Mardaga, 2007 ; notamment Anne-Madeleine Goulet, « Les variations de la feˆte ». LA GORCE, Je´roˆme de, Jean-Baptiste Lully, Fayard, 2002. LOUVAT-MOLOZAY, Be´ne´dicte, The´aˆtre et musique. Dramaturgie de l’insertion musicale dans le the´aˆtre franc¸ais (1550-1680), Champion, 2002 ; notamment le chapitre « Molie`re et la come´die-ballet » (p. 401-440). MAZOUER, Charles, Molie`re et ses come´dies-ballets, Klincksieck, 1993. Revues
« Le baroque », TDC no 909, 1er fe´vrier 2006 ; notamment AnneMadeleine Goulet, « Les divertissements musicaux en France au XVIIe sie`cle » (p. 18-21), et Christian Bonrepaux, « Ateliersbaroque au colle`ge », (p. 50-51). Sites Internet
http://www.spectacles17e18e.org/index.htm Centre de musique baroque de Versailles : http://www.cmbv.fr Site consacre´ a` Lully : http://sitelully.free.fr Site consacre´ a` Molie`re : http://www.toutmoliere.net/index. html L’Amour me´decin - Le Sicilien ou l’Amour peintre
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Pages consacre´es a` Molie`re sur le site de la Come´die-Franc¸aise : http://www.comedie-francaise.fr/dev/institution_moliere.php Pour voir des spectacles baroques : quelques troupes
Les Arts floris sants (musique et the´aˆtre) : http://www.artsflorissants.com La Compagnie feˆtes galantes (danse) : http://www.fetes-galantes.com L’E´clat des Muses : http://leclat.des.muses.free.fr L’E´ventail : http://netoos.org/compagnie-eventail.fr La Fabrique a` the´aˆtre (the´aˆtre) : http://fabriqueatheatre.lautre.net Les Festes de Thalie (musique et danse) : http://www.festesde thalie.org/index.html Discographie
Les Comédies-ballets : L’Amour médecin, Les Plaisirs de l’Iˆle enchantée, George Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, Pastorale comique, Le Bourgeois gentilhomme, Les Amants magnifiques : Isabelle Poulenard, Agnès Mellon, Gilles Ragon, Michel Verschaeve, Bernard Delettré, Michel Laplénie, Philippe Cantor, les Musiciens du Louvre, Marc Minkowski, 1988. Claire JOUBAIRE, actuellement professeur de franc¸ais au lyce´e Virgilio, a` Rome (Italie).