1
JEAN-JACQUES HETZEL
MARINES
2
Si j'osais, Je me déguiserais En bateau à voile Et j'irais sur la mer argentée.
En bonbonne de Butagaz En porte-manteau En funambule En verre à pied En bec de gaz En pompon rouge Pour surveiller la marine En crinoline En machine à sous En pièce d'un sol ...
3
Trois hirondelles, au ventre de la mer peignées de bleu, lissent leur vol et barcarollent.
L'hirondelle de mer a fini son voyage Les briques cuivrées du ciel déjà s'élèvent Et le serpent d'étoiles papillonne dans la nuit.
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La mer Sitôt née Sitôt bue par le ciel Ainsi chaque vague qui lèche le sable est absorbée par lui surface du sable sèche à mesure que se retire la vague.
5
Qui me donnera un poème assez beau pour soulever le monde ? Et toi, petite fleur de pêcher, fantasque comme une ondée de printemps, Tu m'échappes toujours, Mais toujours tu es là, flamme minuscule dans le temple de mon coeur. Je te vois dans le vent de la mer, dans les roseaux ondoyants, dans le vol audacieux et libre des mouettes. Tu es dans la jeunesse du grain de sable, dans le désespoir du soir en train de mourir, dans les fièvres de la nuit, la douceur du matin frais ... Dans le courant de la vie, tu es insaisissable, impalpable. Ton coeur est brûlant d'amour, vibrant dans l'absence, ivre de beauté : des lignes et des formes, des pierres, des couleurs, des corps et des âmes, des poèmes, des tableaux ... Quelle fée t'a marquée du sceau de la passion des êtres, du coeur des choses ? Quel dieu me condamne à ne t'aimer que de loin, malgré toi, sans baiser ni tendresse ? Toi, dont je ne sais rien, toi qui passes dans la rue sans me voir. O belle et cruelle inconnue !
6
Adorable créature,
Si je t'aime,
c'est pour tout ce qui n'est pas toi
pour ta façon de refléter le monde,
la mer, les pleurs, le velouté de l'air,
la toison et les chants,
Les lumières et les ombres
les élans et les silences.
7
Parfaite mer pour des yeux alanguis,
Secousse allongée dont le nerf me délivre
Vent du large appelant quelque armure
Un claquement de toile tendue
Un frémissement des proues
Dans le noeud de chaque vague.
8
Le chant des mers soulève le monde Et ton regard m'aspire Dans les croisillons de la houle Et les ogives du ciel J'aperçois la lumière de tes sourcils.
9
A u x b a ra q u e s d e s fo ire s , A u x b a te a u x fu m é s d e s e l A u x fe m m e s m û re s e t b e lle s A u x e n fa n ts q u i tie n d ro n t le u rs p ro m e s s e s A u x h o m m e s q u i m a rc h e n t d a n s le te m p s A c e tte fiè v re s a n s c o u ro n n e A c e s e s p o irs b ê te s m a is b e a u x, b e a u x e t b ê te s A c e le n d e m a in q u e le p ré s e n t n e c o n tie n t p a s A c e lu i q u 'il c o n tie n t tro p A l'é c a ille d e n o s ye u x d u rc is A la c ro û te d e n o s o re ille s p le in e s A la c h a n s o n d u v e n t to u jo u rs fra is e t je u n e A la fle u r to u jo u rs a im a n te
L e d e rn ie r s o u ffle d e m o n c œ u r.
10
Mes fleurs défuntes enivrées d'amour Mes fleurs d'opale se balancent La tristesse en mon coeur sourit S'éveille et irradie un peu de sa mauve chaleur.
Les bercements de ces opalescences, Grands et doux enchanteurs, Calment la tiède brise. Et le vent frais du ciel Levé tôt cette nuit Gai et cher et fidèle Me suit et luit sur mon sentier. Le bateau sur la mer, voilé d'or, appareille. La barque aux ciselures blanches Lève son mât royal et tend ses haubans clairs. Sur les chemins où le limon fleurit, Dont les falaises en extase prient, Je marcherai tout au long de ma vie, Et je me baignerai dans l'eau riche des fleuves. J'irai, courbé, un bâton à la main, Chenu et sec comme mes os, Où m'appelle une âme vive,
11
Mes fleurs défuntes (suite)
Où dans la flamme je me consumerai, Où, aspiré du cœur, je plongerai Dans les déserts ardents Et élevé sur des vents chauds et parfumés, J'oublierai le bruit de la terre, Les noms de amis trop gentils, Les adresses délétères, Les amitiés de vert-de-gris,
Tous ces barons, tous ces marquis, Toutes ces coques résonnantes, Tous ces idiots divinisés, Ces remuants interminables, Ces oubliettes et ces paniers percés, Ces prisons de coeurs morts, Ces froids calculateurs, Ces artistes trop savants, Ces marchands gros de cendres, Ces commères rutilantes ...
Je descendrai vers les frères anciens, Ils me diront le prix du sang, du souffle et de l'eau, Et ils me guideront vers l'astre radieux.
12
Mer, Reine solaire
Se souvient d'un long passage sur terre
Porte encore un lourd regard de ciel
L'homme entre deux escales,
Boit encore Ă l'immensitĂŠ nue et pleine,
Et lit au creux des franges glauques ou placides
Le revers de son âme.
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Mer
d'acier dur
aux longs cils verts aux lents balancements des thons aux miroitements de moire mer aux plages muettes.
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Dans un instant la mer s'ĂŠvapore Et les cieux se reforment. De chaque bond, de chaque soupir Le silence s'instruit. Calme, mon jardin, Dans le calme poussent mes plantes Calme chaque rose Et la terre ont un coeur. Dans les ailes qui se plient une tige s'incline.
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Oserais-je bézuquer dans votre cou le duvet printanier Implorer de vous un sourire moqueur Quémander de votre âme une seule pensée ? Pour un clin d'œil, rien qu'un, je donnerais Venise.
Et dans Venise qui bouge au gré de ses falots Je vois au fond de l'onde votre ombre indélébile et accrochés aux gondoles virevoltantes, Vos yeux, lanternes sourdes, Vaciller sur les flots.
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Cotre rouvre cuirassé de bonheur A la proue fantastique et vague Mer bondissante et tranquille Aux yeux de ciel Dans ta robe d'écume Te voilà mariée à la terre.
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La m er se penche c o m m e p e rve n c h e D a n s s o n b e l o u ra g a n m a rin E lle a d ĂŠ livrĂŠ d e s h u m a in s D 'u n to u rm e n t d 'e x is te n c e . C o m m e le c ie l re g a rd a it g o g u e n a rd E lle lu i a fa it u n p e tit s ig n e m a lin . le c ie l a rĂŠ p o n d u p a r u n c o u p d e to n n e rre L a m e r rip o s te p a r u n e tro m b e d 'e a u .
U n e p e tite b a rq u e s 'e n fo n c e s o u s le s flo ts .
18
Sur la mort de nos sirènes âgées, que disserterais ? Les flots bleus de la lune pimpants et lourds balancent ces rondeurs pénétrantes. O ramage d'un corps plein de vagues, O toison des prés ondulant au parfum de l'herbe mouillée habitée de grillons Océan ventru rebondi grouillant d'une vie endormie.
Lagune morte et paresseuse, qu'as-tu fait de la vie qui en toi vibrait, éclaboussait ? Face au soleil, l'ennui remplit le ciel, s'appesantit sur la terre.
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Dans les vagues de mon lit Tu es : écume bondissante sirène nacrée murène grimaçante dorade moirée silure dansante, et me savoures à petits coups de dents.
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De la cale au grenier, De la hune au mât de perroquet mes oiseaux volent. Le bec de mon bateau fend l'eau, murènes silures et focs Dansent leur gaillarde à l'avant Mes sirènes volant dans les gouttes qui se brisent font un cortège clair. Les gouttes de soleil éclaboussent mon bateau d'acier à la membrure qui tremble sous le choc de l'eau. Puissante, cette mer lisse, ombrageuse, cette mer d'huile, tourmentée, cette flaque dormante. Allons nous réveiller ces démons endormis et bonasses ?
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Ô les plages moribondes pour des âmes non-nées Toutes ces fièvres quarTaines pour des bornes-fontaines.
Main large comme un vent Les paroles douces partent dans le fleuve et se fondent dans la brise.
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Douce comme une bonne mère, Profonde et vaste comme un entrepôt, amusante et chère comme un petit ruisseau, telle est cette mer sur laquelle glissent des millions sans âmes, ces coques creuses vides ou pleines, ces destinées qui s'entrecroisent.
Mer précieuse comme un vide, tu mets de l'espace entre l'agitation des hommes.
Pendant que je dors, pendant que je rêve, pendant que j'erre, que je respire, que je fasse quelque chose ou ne fasse rien, mon vaillant bateau veille et fend l'eau, travaille et nous emmène. Ainsi va le monde et travaille l'Univers, que je rêve ou que je dorme.
Conscient du mouvement qui m'entraîne malgré moi, je fais un avec lui, je travaille et je coopère.
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Pleure ou s'ennuie gémissements de bonheur, étouffement, mais au large de la mer verdoie un champ de mer geint se roule se déverse sur soi pleure rit ensemble immuable destin.
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Tant de lenteur enfumée sur la berge L'homme des rives boit le vert des eaux. Mais le pêcheur qui dans le sel trempe son pain et dont les mains ont hissé les filets dans les vagues,
Ami des poissons gris et amant de la lune, le pêcheur aux aromates, parfum de l'algue et oreille de nacre, le pêcheur pétri de terre s'incruste dans la mer.
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Ravin qui sue sur les déserts Mer aux galets d’ambre Dernier sauvage à croire aux morts.
Remous au clair fanal Parfais ton ancre au dos d'émail Creuse creuse antre fatal Creuse et plante son signal.
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Arme sans clé Pôle sans chair Marée rêche au son de pierre Mer sans feu à pas de cuivre Sur son poids ferme son ventre.
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Radis vêtu de peluche Cinéma savant chien mécanisé Désert rehaussé de soleil Sable rougeoyant de délices Abstrait sommeil plat bonheur Vitre devant le silence Lion encerclé de gazelles Réponse ordonnée Réponse vécue Porte bardée de fermes pensées Fer érodant la pierre Mangé de mollusques patients maîtres du temps aux coquilles imprévisibles
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Tire des ondes paresseuses un plan net Couvre les trappes béantes Pluvier plumant les songes Marin battant les focs Ennuyeuse belle Hélène savoure les hommes captifs. Siècle enclin à souffrir de ses rêves orties de la pensée mécaniques tremblantes et ivres. Risée d'un sage, Richesses suffocantes.
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Foi d'erreur qui se condense Poids d'ombre ou de fumée Traître devenir émancipé Casuiste attardé serpente Noms de la ville inscrits dans le temps Marques des pluriels anciens Ou singulier présent, Chapeau sur la mer hirsute Vague entre dans ta liberté Elément funèbre pour qui se pense Vivant à qui se voit.
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J ‘ai vu Des cancres baleiniers Aux oreilles épluchées Croquer des rires Et des filles aux seins d'oseille Pleurer.
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Amoureux de la voile tremblante Cherchant le sac des mille tours Prisonnier d'un bras comme un cercle de feu Enroulé aux boucles de sirène Portant manteau de lys Patron des vœux de ma source lointaine.
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Chèvre dans la treille Jasmin sur l'oreiller Sur un cheveu savant se penchent Mais pervenches beaucoup mieux.
Dans la mâture liée aux étoiles Des cordes, les noeuds serrant les tours Vent ténébreux crevant la toile Oiseaux du bec aux ailes de vautour.
Moussaillon pansant la misaine Gardes des eaux chevaux d'amour Pans d'écoutilles à la traîne Et le foc lardant tout à tour.
Ils sont partis par flots ensemble Triturant le poisson, la toile ou la mer, Hommes aux cœurs salés fumant la terre Reviendront secs en flots discrets.
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Enserré dans tes boucles de serpent endormi par le bercement de ta marée ô océan sans fond, par l'anis qu'on respire sur tes rivages, par le parfum doux de ton immense chevelure, l'homme de bien ignore son soleil et oublie le temps de vivre.
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Chair d'ivoire Chair de lune mer cruelle Où mon souvenir rebondit Havre renouvelé où le repos m'attend Miroir de mon âme. Aux feux de la cendre Sur la nue de ton encolure Ton baiser.
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Je l'ai donné à la vue, au ruisseau Je l'ai pensé sur les fronts Je l'ai vu porter dans les bras Je le savais sûr, fort et tendre Nous l'aimions comme nous-mêmes Il nous parlait du chant même de la vie Il venait du cœur même de la vie Il comprenait le silence Il vivait dans les arbres de la mer Nous l'attendions sur les rivages Nous guettions son reflet dans les sources Le son de sa voix dans les sourires Nous pleurions au parfum même de son nom Dans le son des voix joyeuses, il accourait Derrière la vague traîtresse Malgré les bandeaux sur les yeux Pour une âme il avait tout dit Il portait haut notre respect des choses La soudaineté des ombres il la savait Les rites des jeux et des feux connaissait Nous étions égarés dans nos fumées Trahis par nos vengeances La clarté de nos sens évanouie Nos paupières séparées du monde Nos sommeils grouillant d'anges Dans ces exils visibles ou tendres Dans les éclairs de la conscience
Il se tient.
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Trente vagabonds vêtus de loques pareilles Six cents troupiers à la casaque rabattue Le nerf de la guerre mort La joue des vivants résonne. Claquant de ses six cents voiles au vent Le monde bateau ivre de silence Navigue Et rames humaines battent le flot.
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Calumet sans plume O ces eaux décharnées Extrêmes pensées creusées par les tombes Sourire d'or au gré des vagues Poupe aux armes bossues Aux flancs de chair velue Chaînon qui pense sur la rame. O cabestan mordu de fer Poids du rail Poids d'éclair Nuage sans armure Poulie creuse et strie le ciel.
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Rigoureux comme un fond d'océan Pointu comme un derrière Ainsi le réel se calque sur nos destinées.
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Regard, fidèle songe Amour, fidèle regard dans le temps, Moi regard posé sur toi Ne saurait se défaire Chair fleurie peau de rêve bras palétuviers. Langoureux méandre Et de larges oiseaux ciselés Dans une sphère chaude planent Ondoyantes couleurs enivrantes Répandues sur nos toits Parfum d'amour entre par la fenêtre La mer veille sur nous.
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Gerboise feuillure autant qu'alerte Scande tes bonds mirobolants. Arrête ta fièvre quartaine Rime ta vue au firmament Accrois tes biens immenses Et te raccroche aux pans du ciel brouillé Ciel mâtin sous les étoiles Carré dans la misaine Brinquebalant au vent d'Espagne Chante dans les haubans clairs Enroule-toi aux mâts tremblants Dans la lueur indécise du jour naissant Envole-toi sur un désir géant Eclate dans un visage neuf.
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Océan miroitant l'amarante et le soufre Chargé de souvenirs amusé sur ses amarres grinçant de rires torves fulminant de crachats lumineux chapitre de fière écume aux levantins pleureurs de fête Marbre sur mon assiette creuse Au retard de mes années chères Au plaisir d'avoir aimé un lys Sur ma pleine bonbonne d'amertume cassée mes reliquats abondants et salés Verte colombe sur mes soupers affadis Regard myosotis dans la salade Cuivre sur ma porte galbée arrière-vie dans les couloirs scellés Pleurez d'envie que nul ne les enterre.
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Mon escarcelle vidée comme un vol de sources Nuée sur ma raison froide Chant de pluie sur ma main Nos oreilles abasourdies d'amour Nos vœux multipliés Ta pensée reine se promène Endort le soir de mon sommeil. Mes pauvres riverains endormis Ces ruisseaux d'envie se profilent Ce fleuve d'horreur traverse la vie mais se noie dans l'océan d'Amour. Femme, légère statue de sel apparue à la fenêtre qui que tu sois, ton bras aérien rappelle un vol d'oiseau. Nuit amante ardente et nue profonde douceur d'un bleu velouté nuit amante lourde à mes yeux appesantit mon cœur, nuit d'amour peuplée d'yeux étoile mes années.
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Cette futaille de moineaux
Si secrète qu'un jour pût la suivre
Tendres secrets mimés des dieux
Nos vivants visages à se méprendre
Mer ébauchée où fondent les systèmes
Troubadour dans ma maison
Je voudrais être ...
Crainte rajeunie par le temps
Sauvagerie sur la brise écrite
Remarque dans la vie des rimes
Amour épris de rengaine
Dans un souffle pétri de la main.
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Mer Le poids du ciel dans ta marée chante Baiser du soleil dans ta vague lustrée ... Les hommes peuples crâneurs sous les étoiles Figurent mille songes et n'en vivent aucun. Des femmes Les seins gonflés de tendresse et la démarche balancée ... O mer Le miel de ta santé m'enivre ... Nos désirs Opaques ou fulgurants Viennent mourir sur la plage du monde Renaissent aussitôt Langue d'écume léchant le sable Vague moment fragile de bonheur... Mais toi, Océan, Désir puissant et stable Œuvre continue où la vie palpite et meurt Chant du monde Nourris et berces la pensée Œil couvant les abîmes Et le ciel s'y noie.
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Hommage à Paul Valéry
Midi le juste y compose de feu Ce toit tranquille où paissent des colombes et picorent des focs. Ma hune vieille criant à la lune A trois veilles d'encablure Sort amer Eau mangée de sel La rouille pleurant le temps vieux des pinasses.
Rame, coeur rongé de sel Roule dans la lame Rame, bras las d'enlacer Main retombée de cueillir Ce toit tranquille Où paissent nos ennuis Midi le Juste décante nos langueurs
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Hommage à Paul Valéry (suite)
Nos moules de pleurs Dans l'algue fumante Craie dans la main Poussière de temps enfoui Creux dans mon âme crue Chair saignante croquée Sous les babines frémissantes Vie croque-vie Fer croque-âme.
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Mer bâille au-dessus de moi Lame de fond me soulève Levier qui manque son appui. Rumeur grandissante dans le sable Cœur de poisson Ame de chat Tendresse de mer cuivrée. Crâne vert où la vie rembrunit Manne barissante Dans la forêt mûrie.
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Belle promesse sur ma bouche Chanson d'amour dans mon coeur Sors de tes bontés sereines Oraison de mes peines charmée Du fond de mes pleurs remontent Des larmes de rosée souriantes Senteurs parfumées sur mes vents de poupe Et toi présente au loin Douce à mon haleine Mer laiteuse Mer abruzze de corail Mer d'amour lisse Mer aux cheveux bleus et forts Mer endormie sur mon épaule Mer à mes pieds assoupie Mer de feu Mer de pierre Filigrane sur ma vie Mer aux soirs auréolés Mer plantureuse au regard tendre Mer d'amour gonflée.
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De chaque matin nouveau Goûter la saveur de l'étrange ... La proue de mon navire Fend le flot ensorceleur. Dans le tangage de mes jours qui prend le quart ? Qui là-haut dans la hune Perché sous les étoiles Voit grossir un grain Point noir au fond de l'horizon ? Ma jonque fidèle à voile rouge Imperturbable suit son cap Et trace son chemin Dans les embruns et dans la houle, Elle laisse dans la nuit un sillage clair.
J.J. HETZEL
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