NOCES D’ÉMERAUDE SÉRIE-OR
POUR ROBERT ET RAYMONDE : 40 ANS DE BONHEUR ABSOLU
SÉRIE-OR
ENTURES : LES AVAL DE INCLUS N IM N A D’U NIE COMPAG
IL ÉTAIT UNE FOIS LES BIDOCHON
I L ÉTAIT UN E FOIS
ES 100 PAGVES EXCLUSI UPLE O SUR LE CLAMOUR G LE PLUS LA BD DE SE FRANÇAI
Can. 9,50$ . Sui. 11,80FS . Bel., Lux. 6,20E . Dom 7,00E . Esp., Port. (cont.) 6,50E . TOM S: 920 XPF
Avec la participation de : BINET, LEFRED-THOURON, FRÉMION, MICHEL ONFRAY, THIRIET, PIERRE PERRET, JÉRÔME DESCHAMPS, CHARB, BRUNO MASURE, LÉANDRI, GOTLIB, MICHEL MAFFESOLI, ALEX TAYLOR, SOLÉ…
Extrait : Les Bidochon T 5, Ragots intimes
SOMMAIRE
02 BINET COMME UN ENCLUME 05 ÉDIKA LA GLACE 12 GAUDELETTE JEAN-PIERRE & SACHA 16 AURÉLIE C. & OLIVIER V. CHERS VOISINS 17 BINET LES BIDOCHON 22 BOUZARD MEGABRAS 26 à 34 FIORETTO/HAUDIQUET/LÉANDRI TOUS AU CAMPING ! 28 TRONCHET JEAN-CLAUDE TERGAL 35 DUTREIX IMPOSTURES 36 PLUTTARK LIBÉRALE ATTITUDE 37 GOOSSENS GEORGES ET LOUIS 40 FIORETTO/HAUDIQUET/LÉANDRI/ VACARO LE RANGEMENT IDÉAL D’UN SAC A DOS 41 CAMILLE EL GUIDO DEL CREVARDO 46 FIORETTO/HAUDIQUET/LÉANDRI/ REUZÉ COSTA CARAVANING 47 BLUTCH BLOTCH 52 MARTIN/BERNSTEIN/ HOUSSIN JEUX DE L’ÉTÉ
54 PIXEL VENGEUR/MO/CDM
62 LÉANDRI/BERTAIL WESTERN 64 HUGOT PÉPÉ MALIN 66 HILLMAN/LEFRED-THOURON LES LOIS LES PLUS BIZARRES DANS LE MONDE ENTIER 67 TRONCHET JEAN-CLAUDE TERGAL 68 JULIEN/MO/CDM C’EST DÉJÀ DEMAIN 72 AURÉLIE C. & OLIVIER V. CHERS VOISINS 73 DUTREIX IMPOSTURES 74 LIBON HECTOR KANON EST BEAU À CANNES 76 CALLEGARI/GINGOLD/ PIXEL VENGEUR LES PERLES DE LA PRESSE 77 LÉCROART&FABCARO CARNETS DE VACANCES 78 HUGOT LES TRUCS DE PÉPÉ MALIN 80 MARTIN/BERNSTEIN/ HOUSSIN
82 DUPUY & BERBERIAN
LES TROIS PETITS COCHONS RELOADED
IRE A M M O S TIER N A H C EN
JEUX DE L’ÉTÉ
LA FRANCE D’EN HAUT
86 LELONG CARMEN CRU 90 COYOTE LA BÊTE HUMAINE 93 BULLETIN D’ABONNEMENT 115 Arthur DE PINS/ Maïa MAUZAURETTE PÉCHÉS MIGNONS 116 ISA RETOUR CHEZ LES IMMORTELS 120 TRONCHET JEAN-CLAUDE TERGAL 121 JAMES&ZANELLO CARNETS DE VACANCES 122 MO/CDM FORBIDDEN ZONE 127 DUTREIX IMPOSTURES 128 THIRIET C’EST LE MÉTIER PTIT GARS 132 AURÉLIE C. & OLIVIER V. CHERS VOISINS 133 MARGERIN LE GÉNIE DES PLAGES 140 SOLUTIONS JEUX DE L’ÉTÉ 141 PLUTTARK LIBÉRALE ATTITUDE 142 SATTOUF PASCAL BRUTAL 146 DUTREIX IMPOSTURES 147 LA PIN-UP DE PIXEL VENGEUR 148 LEFRED-THOURON
AMOURS DE VACANCES
OURS
Éditions AUDIE S.A.S. au capital de 300 000 € R.C. Paris B 352046197. Siège social : 87, quai Panhard & Levassor, 75647 Paris cedex 13. Rédaction : 4 rue Tesson, 75010 Paris Tél. : 01 40 03 97 40. Président et Directeur de la publication : T. Capot. Journal : Directeur de conscience : Alexis. Rédacteur en chef : Y. Lindingre. Rédactrice en chef adjointe : V. Fruchart. Fabrication : C. Argouarc’h (01 40 03 97 44). Directeur artistique : Plipo [design]. Relations Presse : V. Véron (01 40 03 97 41). Vente au numéro : G. Ghanem (01 40 03 97 45). Distribution : Presstalis. Service abonnements : Fluide Glacial, Bureau B1369, 60643 Chantilly Cedex - tél. : 03 44 62 43 55, email : abo.fluideglacial@everial.com. Abonnements : 1 an, 12 numéros mensuels : 58, 80 € 1 an, 12 numéros mensuels + 4 numéros horssérie : 87, 20 €. Dépôt légal : septembre 2015. Imprimerie Pollina. Printed in France. ISSN 0339-7580. Commission paritaire N° 0617K81954. © Éditions AUDIE et les auteurs. redaxion@fluideglacial.com Marketing albums : M.Parisot. La reproduction des dessins, photographies et textes est interdite sans l’autorisation écrite du journal. Les documents non sollicités par le journal ne sont pas retournés.
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Édito
PAR LINDINGRE
“ Alors que je m’adonnais au shopping à Dubaï, dans la galerie VIP du Emirate Mall en compagnie de deux mannequines vedettes et que nous devisions elles et me en anglais de Wall Street devant la vitrine d’un joaillier suisse expatrié, nous fûmes littéralement assaillis, enfin surtout moi, par une meute de femmes de luxe rousses et russes vêtues de shorts, de t-shirts et de tongs en or massif. En effet, quand je prononce certains termes comme “diamonds nakelace” (rivière de diamants), ou “platinium jewelry” (parure en platine), une infinitésimale pointe d’accent français trahit mes origines hexagonales. J’ignore si ce sont ces paroles insignifiantes qui ont attiré l’attention des 8 démentes d’outre-Volga et par là même déclenché toute cette algarade que je vais vous conter, ou bien, plus probablement, ma classe naturelle “french touch”. Toujours est-il que je me retrouvai dans une bien délicate posture. Plus loin, dans l’immense galerie de marbre ornée de mille joyaux, leur propriétaire, celui des rousses, un oligarque russe cacochyme en fauteuil motorisé de chez Bentley, tentait vainement de les ramener à la raison et à ses pieds en leur tendant des croquettes au caviar. La horde de harpies surexcitées, authentique hydre cosaque à crinière de feu, me hurla à peu près ce langage : “You French ? ” “Yes”, répondis-je. “Do you know Dior, Chanel, Louis Vuitton ? ” “Figurez-vous que je connais personnellement Raymonde et Robert Bidochon », leur rétorqué-je du tac au tac dans la langue de Binet. J’assistai alors à une scène dantesque digne des premiers concerts des Four Fabs : Trois évanouissements instantanés, deux des filles qui étaient en train de fondre littéralement en larmes en s’empoignant mutuellement le visage comme pour l’empêcher de lui faire perdre forme humaine, deux autres étaient tout bonnement hagardes comme après une déflagration, quant à la dernière, elle entama bien malgré elle une combustion spontanée. Mes deux compagnonnes mannequines me lancèrent des éclairs d’œil.
Comment avais-je pu leur cacher cette amitié de luxe depuis toutes ces minutes que nous nous connaissions ? Une heure plus tard, Mohammed ben Rachid Al Maktoum, l’émir de Dubaï en personne, averti de l’embrouillamini par des agents espions, demanda à me recevoir et m’implora de le laisser me toucher les mains avec ses doigts, moi qui avais moi-même touché les Bidochon pour de vrai. Emu par son émotion légitime, je lui organisai séance tenante un dîner avec le cousin arabe de Raymond, le cheik Ben Bidochon, en vacances dans un camping du Qatar voisin, que nous fîmes quérir avec mon hélicoptère. Le soir même alors que nous nous repaissions de mille mets au bord de sa piscine en forme de merguez géante et que l’émir nous annonçait tonitruant son souhait d’inviter Kador (qu’il appelle “Tchador”) à donner une conférence (de l’influence des philosophes allemands du 19e sur l’émergence des nationalismes en Europe)… le réveil a sonné ! * Or donc ouf ! Tout cela n’était qu’un rêve ! ! ! En revanche, cher lecteur, le petit chef-d’œuvre que vous tenez entre vos mains et qui retrace en 100 pages ni plus ni moins toute l’épopée des Bidochon est tout ce qu’il y a de plus réel. Tout ce que vous avez toujours voulu bidocher sur les Bidochon sans jamais avoir osé le bicher !
*Message personnel à Edika : Tu vois, Edi, quand tu veux terminer une histoire très compliquée assez facilement, tu dis que le mec était en train de dormir. C’est des vieux trucs de scénariste.
VACARO
Il était une fois
PAR CHRISTIAN BINET
LES BIDOCHON Il était une fois une humble petite fille, vivant humblement dans une humble maison avec sa vieille maman malade (mais humble également). Afin de distraire sa vieille maman malade, l’humble petite fille venait chaque soir auprès du lit pour lui faire la lecture. La maladie de l’humble maman s’éternisant, l’humble petite fille finit par s’identifier aux héroïnes de ses livres et s’imagina dès lors être « princesse Raymonde ». Les années passèrent et l’humble petite fille sortit de sa chrysalide pour se muer en humble jeune fille. Quand elle eut vingt-cinq ans, elle coiffa Catherinette et, comme le veut la tradition, ses copines du stage de dactylo lui confectionnèrent un chapeau plein d’humbles allusions mais, disons-le franchement, pas de très bon goût. Ses humbles copines furent consternées quand elles s’aperçurent que l’humble jeune fille ne saisissait pas l’allusion et elles comprirent alors, avec stupéfaction, que Raymonde (au fait, je ne vous l’ai pas encore dit, mais il s’agit de Raymonde) était encore aussi fraîche qu’une pâtisserie du jour même.
L’arbre généalogique de Raymonde et Robert 4
Un jour, son humble vieille maman malade mourut et la princesse Raymonde se retrouva humblement seule. Pourtant, chaque soir, elle continuait à s’endormir, persuadée qu’un prince qui lui était destiné vivait quelque part dans un royaume lointain et qu’il viendrait au matin la réveiller d’un baiser. Quand elle apprit que Raymonde croyait encore au prince Charmant, Gisèle, sa meilleure amie de l’humble stage de dactylo, fut à nouveau consternée, et il y a humblement de quoi (on le serait humblement à moins). Décidée à sortir Raymonde de ses rêves puérils, Gisèle lui expliqua avec précaution que les vrais princes ne sont pas ceux des titres et des châteaux mais ceux du cœur (je ne suis pas mécontent de cette phrase).Elle lui conseilla d’avoir recours à des moyens plus modernes et plus sûrs pour trouver l’homme de son cœur. Docile, Raymonde acquiesça.
Pendant ce temps-là, mais pas tout à fait au même moment, ou, en tout cas, presque en même temps, vivait, pas trop loin mais pas trop près non plus, en fait, tout dépend si on s’y rend par le train ou en voiture étant donné que le train est omnibus alors que la voiture (à condition, toutefois, d’avoir pris soin de faire le plein avant de partir et que la voiture ne soit pas pourrie) est plus rapide et qu’à ce moment-là on y est pratiquement en même temps et au même endroit (mais pas tout à fait). Ainsi, À l’heure où l’aube succède au crépuscule, Où le soleil, de ses rayons, la terre inocule, Où les cascades se glissent entre les monticules, Où, dans les prés, s’évanouissent les renoncules, Où les papillons en rang d’oignons s’en… Enfin, bref ! Ce jour-là, Raymonde se rendit dans une agence matrimoniale pour y remplir un formulaire d’inscriptule.
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Donc, pendant ce temps-là et pratiquement au même endroit mais pas tout à fait au même moment, vivait un garçon qui s’appelait Robert dont la mère ne lui trouvait que des qualités. Remarquez, il y a aussi deux trains directs par jour, mais à des horaires si peu pratiques que je ne vous en parle même pas. Pour la mère de Robert, son fils était à lui tout seul les sept merveilles du monde.
Même avec une cravate à chier et mal assortie à la veste, sa mère le trouvait encore et toujours magnifique. Je ne vous ai pas parlé des bus parce qu’ils desservent toutes les petites communes environnantes et que ça rallonge énormément le temps de parcours. Et, qui plus est, en cas de verglas ou de neige, les chauffeurs qui sont syndiqués respectent à la lettre les conventions collectives et refusent de prendre le volant. Bref, à force de s’entendre dire qu’il était le plus beau, Robert en vint à le croire et, à vingt-cinq ans, il décida qu’il n’était que temps de faire profiter de ses charmes une femme.
Certes, des filles, Robert n’en manquait pas. Particulièrement lors de ses sorties hygiéniques le samedi soir à l’hôtel de dame Froger en compagnie de son ami René. Mais Robert avait d’autres ambitions… C’est ainsi, par une coïncidence incroyable dont la vie seule a le secret, que Robert se rendit à la même agence matrimoniale que Raymonde pour y remplir, lui aussi, un formulaire d’inscriptule, et alors même qu’ils n’habitent pas la même ville (mais pas très loin). Raymonde y alla en taxi car, en plus du train et des bus, j’ai oublié de vous dire qu’on pouvait y aller également en taxi, et Robert y alla de son côté avec sa voiture pourrie.
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Extrait : Les Bidochon ont vingt-cinq ans 7
Biographie
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Christian BINET
“Je suis né à Tulle en 1947. C’est après les événements de Tulle que je relate dans L’Institution que nous sommes partis, parce que mes parents en avaient bavé ; on a atterri dans la Région parisienne, à côté d’Etampes. J’avais quatre ans. Mon père était ingénieur, il s’occupait d’une usine de presses à découper dans la région, après avoir travaillé dans la conserverie de Tulle où on avait emprisonné tous les gens arrêtés pendant la guerre.” Comme la majorité de ses collègues dessinateurs, il commence sa carrière dans les marges de ses cahiers d’école. Ses camarades et son père, son premier lecteur, reconnaissaient un début de quelque chose d’intéressant dans son trait. Il publie ses premiers dessins dans Humour magazine à l’âge de 13 ans dans la rubrique “Jeunes dessinateurs de demain” d’Arsène Brivot : “On envoyait des dessins, il les corrigeait et donnait des conseils. Jusqu’au jour où mes dessins ne sont plus revenus. On a découvert avec mon père un dessin de Brivot qui ressemblait à un des miens. On lui a envoyé une longue lettre lui disant que c’était ignoble de sa part d’utiliser des jeunes talents à son profit. Il nous a répondu en nous renvoyant un gros paquet de journaux où il travaillait. Avec le recul, je me suis rendu compte que mes dessins avaient déjà été faits trois mille fois avant ! C’était le gag des escargots qui vont tout seuls de la cuisine à la table et le client qui rouspète : “Alors, ces escargots, ça vient.” C’était une époque où la BD n’avait pas la notoriété qu’elle a aujourd’hui, bien avant l’équipe de Pilote. Tous faisaient du dessin humoristique. Les plus connus étaient Sempé, Bosc, Faizant, Bellus, etc. Pour moi, c’était pareil, je ne connaissais pas la BD.” A l’âge de 16 ans, son père l’oriente vers une école d’architecture histoire de se former avant tout à un vrai métier, mais il ne sera jamais architecte… “Quand je faisais ces dessins d’architecture, ce qui m’intéressait le plus, c’était les petits bonshommes qu’il y avait devant les façades ! Je caricaturais une grosse mémère qui allait vendre ses légumes devant un palais des congrès !” En 1965, il collabore à la Gazette de l’Ile
PAR GÉRARD VIRY-BABEL
de France où chaque semaine paraît “le dessin de Binet”. “Le premier dessin qui m’a été payé est paru dans Top, un journal pour les jeunes du groupe Réalités. Ils m’avaient payé 5 francs. J’étais vachement content, j’ai affiché le chèque pendant trois ans dans ma chambre avant de l’encaisser – il avait beaucoup dévalué.” A l’armée, il continue à dessiner dans les publications militaires à T.A.M. (TerreAir-Mer), puis dans la Gazette du 171e de France. A son retour il prospecte toutes sortes de publications dont France Agricole, Bretagne Magazine, des petits journaux de corporation, qui prennent plein de dessins mais payent très mal. FRANCE AGRICOLE
Enfin, un beau jour de 1968, le directeur de France Dimanche le convoque à Paris avec des dessins. Il lui en prend trois qu’il publie aussi gros que ceux de Bellus ou Faizant, avec son nom aussi gros que les leurs. La consécration ! Il y reste un an et demi mais se lasse des sujets qu’on lui propose de traiter. FRANCE DIMANCHE
Début 70, c’est par une petite annonce du Nouvel Observateur qu’il apprend que les éditions Fleurus cherchent des dessinateurs de bédé pour la création de leur nouveau journal : Formule 1. Binet y développe son premier personnage majeur : Graffiti, qui devient vite le personnage fétiche du journal. “Je leur ai refilé ce personnage que j’avais fait pour Plexus. J’en avais toute une série. J’en ai placé un seul dans Plexus, qui s’est arrêté 8
entre-temps. Quand Fleurus m’a demandé des personnages pour gosses, je l’ai repris.” Il entre plus tard chez Bayard Editions au magazine Record avec le personnage Gallagher. “Comme j’étais d’un milieu catho, j’ai prospecté les journaux catho.” Il travaille alors pour plusieurs magazines simultanément : Formule 1 et Djinn (Fleurus) et Record (Bayard). L’ambiance de ces rédactions vieillottes où il est mal payé le lasse : il claque la porte de Fleurus au bout de neuf ans et se fait virer de chez Bayard après cinq ans au milieu des années 70 après avoir créé un ultime personnage : Poupon la Peste. Entre-temps il fait le grand écart en s’essayant à la bédé “adulte” à l’éphémère Moirmoil. Présent dans les sept numéros parus en tout et pour tout, il a néanmoins du mal à s’y intégrer : “Ç’a été dur pour moi, au départ. Le fait d’avoir toujours travaillé pour les gosses, mais aussi le milieu d’où je sortais, je n’étais pas vraiment habitué à dessiner des trucs comme ça. Dans Mormoil, c’était toujours des scénarios de Mulatier ou de Rampal que je dessinais. Les trucs à moi, ils n’en ont jamais voulu, sauf La Méthode suce-croupion. J’étais complètement écrasé par tout ça. C’était encore un milieu que je découvrais, la BD adulte, dans laquelle les choses étaient poussées assez loin. Ces types qui venaient de Pilote, je ne leur arrivais pas à la cheville, ils m’ impressionnaient.” Après ces errances entre la bédé enfantine et la bédé “coquine” bordélique, c’est un coup de fil inespéré qui va enfin faire décoller sa carrière : celui de Marcel Gotlib qui l’invite à rejoindre son équipe de talentueux “Umoristes” : “Je suis arrivé peu après Léandri et Goossens. J’avais le numéro de téléphone de Gotlib, mais je n’osais pas l’appeler, pour moi c’était le Dieu. Le décollage de ma carrière, c’est à Fluide Glacial que je le dois. Sans ça, j’aurais encore gratouillé une paire d’années dans des journaux complètement inconnus…” Le premier changement lors de l’arrivée à Fluide, c’est enfin l’édition d’un album, un vrai : c’est Poupon la Peste, grâce auquel
Gotlib l’a repéré. “Fleurus n’a jamais voulu faire d’albums. Chaque fois qu’on allait à Angoulême, toute l’équipe pleurait : tout le monde signait des albums, alors que nous on dédicaçait des bouts de papelard ou des pochettes d’invendus. De chez Fleurus, il est sorti des types comme Bourgeon, Mouminoux, Binet, Lacroix, qui ont gratté là sans que personne n’aille voir ce qu’ils faisaient.” Côté magazine, la première publication de Binet, dans le numéro 11 du Fluide Glacial d’avril 1977, est Kador : Chien érudit dont les maîtres franchouillards ne se feront un nom qu’un an plus tard dans leur propre série : Les Bidochon… A l’inverse de la période Mormoil, Binet s’intègre parfaitement dans le journal au point d’y être, les premières années, quasi omniprésent. Il participe aux dossiers divers, illustre (comme les autres) les textes de Léandri, invente des jeux “à la con”, parsème le journal de strips, de quatrièmes de couvertures ou de “one shots”. Parfois il sup- plée Gotlib à l’édito et reprend même, le temps de quatre numéros, la “Gazette” de Frémion sous le nom de “Menu Enigmatique”, organisé en “entrée, plat, fromage, dessert”. Côté bédé, Kador et surtout Les Bidochon cartonnent, et Binet devient une des locomotives des ventes de Fluide. Au fil des années il publiera d’autres séries telles que Forum, Monsieur le Ministre, Histoires ordinaires, Déconfiture au petit déjeuner. S’il reconnaît qu’il y a beaucoup de luimême dans toutes ses bandes dessinées, son œuvre la plus personnelle est sans 9
aucun doute L’Institution qui raconte ses jeunes années au pensionnat où il fut placé dès l’âge de six ans : “C’est authentique. C’est une compilation de neuf années, ramassées sur un an, et de quatre lieux différents : trois pensions de la région d’Etampes et une colonie de vacances tenue par des religieuses dans les Landes. Mes parents pensaient qu’il n’y avait pas mieux qu’une formation donnée par des institutions religieuses. On passait notre semaine en pension, le week-end sous la tente avec les scouts et les deux mois de vacances en colonie chez les bonnes sœurs Mes parents étaient très pratiquants, surtout mon père. Il avait été élevé par ma grand-mère, veuve très tôt de la guerre de 14, qui avait fait de ses deux fils des ingénieurs en lavant les carrelages et en faisant des ménages. Elle avait une certaine fierté. Mon père et mon oncle lui en étaient très reconnaissants. Ils pensaient que l’éducation qu’ils avaient reçue était la bonne. Ils avaient passé leur vie en pension. Mais pour nous ce n’était pas le cas.” Quarante ans après, Christian Binet est toujours fidèle à Fluide Glacial et continue à y publier ses albums dont le succès ne se dément décidément pas…
Extrait : Casting Bidochon
NOCES D’ÉMERAUDE SÉRIE-OR
POUR ROBERT ET RAYMONDE : 40 ANS DE BONHEUR ABSOLU
SÉRIE-OR
ENTURES : LES AVAL DE INCLUS N IM N A D’U NIE COMPAG
IL ÉTAIT UNE FOIS LES BIDOCHON
I L ÉTAIT UN E FOIS
ES 100 PAGVES EXCLUSI UPLE O SUR LE CLAMOUR G LE PLUS LA BD DE SE FRANÇAI
Can. 9,50$ . Sui. 11,80FS . Bel., Lux. 6,20E . Dom 7,00E . Esp., Port. (cont.) 6,50E . TOM S: 920 XPF
Avec la participation de : BINET, LEFRED-THOURON, FRÉMION, MICHEL ONFRAY, THIRIET, PIERRE PERRET, JÉRÔME DESCHAMPS, CHARB, BRUNO MASURE, LÉANDRI, GOTLIB, MICHEL MAFFESOLI, ALEX TAYLOR, SOLÉ…