Acrostiche Négritude

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Collège Léo Lagrange

Acrostiche du mot « NEGRITUDE » Réalisée par les élèves de la 3ème 1 du Collège Léo LAGRANGE à CharlevilleMézières(ARDENNES) présentée lors de l’exposition en hommage à CESAIRE ET RIMBAUD À la vitrine du Conseil Général Place DUCALE

Caroline PRALONG, Professeur -enseignante de français


Césaire, Rimbaud : deux poètes au destin remarquable, l’un par sa longévité, l’autre par son instantanéité, tous deux par leurs œuvres et leurs prises de position, par le regard qu’ils ont porté sur le monde et au travers duquel ils nous invitent à notre tour à regarder le monde ... Deux poètes dont cette exposition au mois de novembre 2011 offre le portrait croisé, car l’un et l’autre ont défini, ont redéfini, ont métamorphosé le mot «nègre». Aussi la notion «Négritude» est-elle le canevas sur lequel les élèves ont composé un acrostiche pour faire une synthèse de ce qu’ils ont vu, découvert, appris.

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« N » comme noir « E » comme élève, étudiant, enseignant « G » comme grand « R » comme rencontres « I » comme intellectuel engagé « T » comme théâtre « U » comme universitaire « D » comme départementalisation « E » comme élu


N

« » comme noir Présenté par les élèves : Fabien / Mickael

Une couleur, une couleur de peau, des hommes et des femmes... noirs ... devenus nègres, devenus esclaves, victimes du commerce triangulaire, déracinés d’Afrique, conduits de force en Amérique. Noir, nègre, termes connotés négativement, emprunts de racisme, de peur et d’ignorance. Rimbaud, le nègre blanc, utilise ce terme pour affirmer l’égalité fondamentale des hommes, voire la supériorité des hommes noirs sur les hommes blancs, prisonniers de leurs préjugés et de leurs prétendues connaissances. «Oui, affirme Rimbaud dans le poème «Mauvais sang», j’ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, je suis un nègre. Mais je puis être sauvé. Vous êtes de faux nègres, vous maniaques, féroces, avares. Marchand, tu es nègre ; magistrat, tu es nègre ; empereur, vieille démangeaison, tu es nègre ; général, tu es nègre : tu as bu d’une liqueur non taxée, de la fabrique de Satan. _ Ce peuple est inspiré par la fièvre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu’ils demandent à être bouillis. _ Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d’otages ces misérables. J’entre au vrai royaume des enfants de Cham. Connais-je encore la nature ? me connais-je ? _ Plus de mots. J’ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambours, danse, danse, danse, danse ! Je ne vois même pas l’heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant. Faim, soif, danse, danse, danse, danse !» Une saison en Enfer imprègne Aimé Césaire, il s’en inspire pour composer son Cahier du retour au pays natal, dans lequel la «négritude» prend corps et acquiert ses lettres de noblesse. La négritude, comme le rappelle l’un des panneaux, est l’«ensemble des valeurs culturelles et spirituelles propres aux Noirs et revendiquées par eux.» Cette notion retourne en positif ce que le terme «nègre» a de péjoratif : c’est à Césaire, c’est à Senghor, c’est à Damas que l’on doit cette notion.

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E» comme élève, étudiant, enseignant ...

«

Présenté par les élèves Déborah / Sophie

Car avant d’être le chantre de la «négritude» et pour le devenir, Aimé Césaire fut un élève exemplaire. - L’anecdote peut faire sourire, mais désireux d’apprendre, Césaire utilise son argent de poche pour acheter des livres. - Brillant, il obtient des bourses. Sortant de l’école à Basse-Pointe, il obtient une première bourse qui lui permet de poursuivre ses études au lycée de Fortde-France, auquel il descend en bateau et qu’il intègre comme interne. Du lycée de Fort-de-France, il part pour la métropole et effectue ses études supérieures au lycée Louis-le-Grand : les années de classe préparatoire littéraire le conduisent à l’Ecole Normale Supérieure. L’étudiant fonde avec d’autres le journal L’Etudiant Noir, dans lequel apparaît le mot, la notion de «négritude». Au sortir de ses études, Césaire devient professeur de lettres au lycée Schœlcher. Ce n’est pas sans regret que l’enseignant délaisse les bancs de l’école pour la politique, mais Césaire ne cessera jamais de donner des conférences.

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G

« » comme grand Présenté par les élèves Mériem / Salima

Aimé Césaire est un «grand homme» : un homme qui a fait de grandes choses pour la Martinique et pour sa métropole, mais un homme qui a su rester simple. Ainsi dit-il : «Et si demain les Martiniquais doivent garder un souvenir De moi, je souhaite que ce soit simplement Celui d’un homme qui les aimait avant toute chose, Et se sentait membre de leur communauté.». Preuve en est, si nécessaire, de la grandeur de Césaire, l’hommage national rendu au Panthéon en son honneur.

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R

« » comme rencontres Présenté par les élèves Corentin / Fatih / Baptiste

La vie d’Aimé Césaire est ponctuée de rencontres, rencontres littéraires avec des auteurs de langue française dont il aime lire les œuvres _ Rimbaud, Apollinaire et tant d’autres _ et rencontres avec des gens, des habitants de Martinique aux chefs d’Etat et sportifs. C’est à l’occasion de ses études à Paris qu’il rencontre le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon Gontran Damas ; tous trois fondent, nous l’avons déjà dit, la revue contestataire L’Etudiant Noir. Tous trois resteront amis : les destins politiques de Césaire et de Senghor, l’un en Martinique, l’autre en Afrique, ne sont pas sans se ressembler. C’est en tant que maire de Fort-de-France qu’il va à la rencontre des habitants de la ville, avec qui il discute volontiers. C’est de part sa personnalité qu’il côtoie les hommes politiques influents tout au long du XXème siècle : chefs d’Etat français _ le général de Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy _ et étrangers. Mais les sportifs se pressent aussi à Fort-de-France pour une entrevue avec Césaire, dans son bureau : l’exposition montre ainsi Nicolas Anelka, Lilian Thuram ou Sylvain Wiltord aux côtés du poète.

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I

« » comme Intellectuel engagé Présenté par les élèves Mériem / Salima Enseignant, écrivain, homme politique, Césaire est un intellectuel engagé, qui fait des mots des armes imagées, des armes pacifiques, qui parlent au cœur des hommes... « ô lumière amicale ô fraîche source de la lumière ceux qui n’ont inventé ni la poudre ni la boussole ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur ni l’électricité ceux qui n’ont exploré ni les mers ni le ciel mais ceux sans qui la terre ne serait pas la terre gibbosité d’autant plus bienfaisante que la terre déserte ,davantage la terre silo où se préserve et mûrit ce que la terre a de plus terre ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale elle plonge dans la chair rouge du sol elle plonge dans la chair ardente du ciel elle troue l’accablement opaque de sa droite patience. Eia pour le Kaïlcédrat royal ! Eia pour ceux qui n’ont jamais rien inventé pour ceux qui n’ont jamais rien exploré pour ceux qui n’ont jamais rien dompté mais ils s’abandonnent, saisis, à l’essence de toute chose ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde aire fraternelle de tous les souffles du monde lit sans drain de toutes les eaux du monde étincelle du feu sacré du monde chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde ! Tiède petit matin de vertus ancestrales Sang ! Sang ! tout notre sang ému par le cœur mâle du soleil ceux qui savent la féminité de la lune au corps d’huile l’exaltation réconciliée de l’antilope et de l’étoile ceux dont la survie chemine en la germination de l’herbe ! Eia parfait cercle du monde et close concordance Écoutez le monde blanc horriblement las de son effort immense ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures ses raideurs d’acier bleu transperçant la chair mystique écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs »

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T

« » comme théâtre Présenté par l’élève Guillaume

Homme de lettres, Césaire est connu pour son œuvre poétique : c’est en lien avec Rimbaud, dans la ville de celui-ci, que l’exposition se déploie. Mais si Césaire est poète, il est tout autant dramaturge. Césaire s’oriente vers le théâtre à partir de 1956 : les quatre pièces qu’il compose alors : Et les chiens se taisaient, La Tragédie du roi Christophe, Une saison au Congo, Une tempête aborde toutes les drames de la lutte de la décolonisation et de la conquête de l’indépendance. Petit clin d’œil de l’histoire : le théâtre est l’un des genres dans lequel l’homme de lettres s’est illustré ; un théâtre, c’est ce qu’est devenu l’édifice dans lequel Césaire avait son bureau à Fort-de-France.

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U

« » comme universitaire Présenté par l’élève Mégane

Césaire est docteur honoris causa de plusieurs universités, sur différents continents, comme en témoignent plusieurs panneaux de l’exposition, qui le présentent en habit de professeur des universités américaines et africaines. Césaire accorde une réelle importance d’abord à ses élèves du lycée Schœlcher, puis à ses étudiants, parmi lesquels Frantz Fanon et Edouard Glissant.

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D

« » comme départementalisation Présenté par les élèves Cristina / Dragos

«Les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane française sont érigées en départements français», tel est l’article 1er de la loi n° 46-451 du 19 mars 1946, loi de départementalisation adoptée à l’unanimité sur la proposition d’Aimé Césaire, le plus jeune parmi les députés d’outre-mer. C’est l’achèvement symbolique et effectif de l’intégration de ces territoires. Séparés de l’Empire colonial, ils sont désormais administrés par des préfets dépendant du ministère de l’Intérieur. Dès 1946, alors que la France est encore gouvernée par le Gouvernement provisoire de la République française, Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane deviennent donc les égales de tous les départements français.

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E

« » comme élu Présenté par les élèves Flavien/ Romaric

Aimé Césaire l’est dès son retour en Martinique ; happé par la politique, il exerce des fonctions électives jusqu’à ce qu’il décide de laisser son fauteuil, ses fauteuils à d’autres, pour limiter le cumul de mandats puis pour se retirer de la vie publique du fait de son grand âge. En 1945, pressé par les élites communistes, Césaire est élu maire de Fort-deFrance, à raison de 9645 voix pour, contre 3905 voix à son adversaire : il en reste le maire 56 ans durant. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu’il conserve sans interruption, sous la IVème puis la Vème République, jusqu’en 1993. L’homme politique est également homme de conviction : en désaccord avec le parti communiste, Césaire crée le PPM, le Parti Progressiste Martiniquais, dont le mot d’ordre, devenu réalité, est l’autonomie de la Martinique. Dans sa lettre de démission du parti communiste français, Césaire affirmait, et c’est par ses mots, à tout jamais porteurs de sens et d’idéaux, que nous conclurons notre poème : «L’heure de nous-mêmes a sonné».

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Aimé Césaire

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