Aimé Césaire

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Echanges ( (( m a g a z i n e t r i m e s t r i e l d u p e r s o n n e l m u n i c i p a l d e l a V i l l e d e F o r t - d e - F r a n c e )))

hor s s é r i e

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56 ANS D’ENGAGEMENT AUX CÔTÉS D’AIMÉ CESAIRE d o s s i e r s LE TEMPS DE RÉALISER “UNE ŒUVRE” : FORT DE FRANCE


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mot d u d g s é di t o d u d g s >

Une manière de dire merci ! - PAGE 3

Directeur de publication : Serge Letchimy <> Directeur de rédaction : Jean-Pierre Piéjos Comité de rédaction : Max Bunod, Nathalie Chillan, Manuel Chambertin, Mariza Richol, France-Line Vivies Photos : Service Communication, Nathalie Chillan, Benny <> Conception graphique : l’atelier - Agnès Brézéphin - 06 96 45 78 60 <> Impression : Mari-Jo Belson - Reprographie de la Ville de Fort-de-France

Échanges

s om m a i r e

numéro spécial

Le départ d’Aimé CESAIRE a profondément marqué la Martinique et au-delà, le monde entier. Beaucoup de martiniquais ont découvert à cette occasion la vraie dimension de l’Homme sous ses aspects les plus divers. Maire de la Ville Capitale pendant 56 ans, de 1945 à 2001, il laisse parmi ses nombreux orphelins, une catégorie un peu à part : les agents municipaux de Fort-de-France.

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dossiers 56 ans d’engagement aux côtés d’Aimé CESAIRE

Orphelins un peu à part : parce qu’ils ont eu le privilège d’avoir été sous sa direction, les acteurs de premier rang du modelage de cette ville qu’il avait prophétisée belle,

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l ’a l b u m Aimé CESAIRE : tout en images…

Parce qu’ils ont été très souvent les premiers, dans des circonstances quelquefois douloureuses à connaître de sa bonté et de son humanisme,

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z o om Au bout du petit matin…

Parce que même quand, ayant rejoint l’entreprise municipale récemment, ils ne l’ont pas connu comme patron, ils ont eu à bénéficier de sa présence permanente parmi nous : Maire honoraire depuis 2001, installé à l’Hôtel de Ville, il suivait de près tout ce qui se passait en Mairie et visitait souvent les chantiers.

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Le Balisier & Aimé CESAIRE : dernier rendez vous de la fleur et du poète… > PAGE 42 À 43

La forte implication des agents dans les manifestations d’adieu organisées en son honneur a marqué les esprits.

échanges - 2008 ( ( (3) ) )

échanges

Une manière de dire merci !

Ont participé à l’élaboration du présent numéro

Certes, chacun à son poste, a fait preuve d’un très grand professionnalisme et a voulu que la Ville soit à la hauteur d’un évènement de portée mondiale.

Remerciements à > Serge

> Jean-Pierre

PIEJOS > Max BUNOD > Marianne LAVENAIRE > Nathalie CHILAN > France-Line VIVIES > Josette DUHAMEL > Marisa RICHOL > René BARNAY > Charles André MANQUANT

LETCHIMY AMPIGNY > Renaud de GRANDMAISON > Claude LAVENAIRE > Roger TISSERAND > Henrie WILTORD > Pierre CONCY > Paul LEOPLODIE > Raymond NINEL > Équipe Interventions Mairie > Guy Albert DUPROS (photos) > Pierre ALBICY (photos) > BENNY (photos) > Martial

Mais au-delà de tout cela, il faut y voir l’expression de la gratitude et de l’amour du personnel municipal pour cet homme qui a choisi pendant 56 ans d’être la “tête de proue” de la Mairie Foyalaise.

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JEAN-PIERRE PIEJOS Directeur Général des Services à la mairie de Fort-de-France VILLE CAPITALE


“ Au bout du petit matin, cette ville plate-étalée… Et dans cette ville inerte, cette étrange foule qui ne s’entasse pas, ne se mêle pas… cette foule qui ne sait pas faire foule, cette foule, on s’en rend compte, si parfaitement seule sous ce soleil … Dans cette ville inerte, cette foule désolée sous le soleil, ne participant à rien de ce qui s’exprime, s’affirme, se libère au grand jour de cette terre sienne… Au bout du petit matin, cette ville inerte et ses au-delà de lèpres, de consomption, de famines, de peurs tapies dans les ravins, de peurs juchées dans les arbres, de peurs creusées dans le sol, de peur en dérive dans le ciel, de peurs amoncelées et ses fumerolles d’angoisse…” AIMÉ CESAIRE Cahier d’un retour au Pays natal 1939

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échanges

dossiers

56 ANS D’ENGAGEMENT AUX CÔTÉS

d’ a i m é c e s a i r e …1 9 1 3 - 2 0 0 8


t é moig nag e

QUAND L’EXODE RURAL NE LAISSE PAS D’AUTRE ALTERNATIVE QUE D’ACCUEILLIR LES FAMILLES…

EXTRAIT DU DISCOURS DE

Monsieur Léon ARNOLIN,

ANCIEN AGENT ET CONSEILLER MUNICIPAL (Fête du quartier Volga-Plage)

S’ouvrir à l’autre, s’ouvrir au monde… Les usines ferment entraînant chômage et misère dans les campagnes. Les familles martiniquaises dans un élan d’espoir affluent vers la capitale. Aimé CESAIRE ne ferme pas la porte. Au contraire, il relève le défi de donner un toit à tous ceux que la misère a conduit dans sa ville.

Le 27 mai 1945, Aimé CESAIRE est élu Maire de Fort-de-France. Alors âgé de 32 ans il succède à Victor SEVERE, se retrouvant à la tête d’une Ville où tout est à faire dans un contexte économique et social des plus morose. La population martiniquaise est encore sous les effets des traumatismes de la période de l’Amiral Robert plus communément appelée “An tan Robè” par nos aînés. Les foyalais et plus largement l’ensemble des martiniquais ont faim et soif de tout. Faim de pain, soif de savoir, faim d’assainissement, soif de dignité, faim d’humanité… Et le peuple crie sa faim et sa soif en deux mots : “vive Cézè !” Cri d’espoir d’une multitude qui apprendra à faire foule autour de celui qui conduira son peuple sur les sentiers de la conquête.

“Quand on parcourt les campagnes antillaises, le cœur se serre aux mêmes endroits où se serrait, il y a un siècle, le cœur de Victor Schœlcher : les mêmes grabats pour les mêmes lassitudes, les mêmes taches de misère et de laideur dans la splendeur du paysage, les mêmes hommes mal vêtus, les mêmes enfants mal nourris, la même misère chez les uns, la même opulence aussi chez les autres…” AIMÉ CESAIRE Commémoration du centenaire de l’abolition de l’esclavage

De 43 000 habitants en 1942 Fort-de-France passe à près de 100 000 en 1969. Ces nouveaux habitants viennent des différentes communes de l’île où règnent misère et souffrance. Un désastre dû à la fermeture des usines à sucre et à la diminution des plantations de cannes. Fuyant le chômage, les habitants des campagnes martiniquaises descendent dans la capitale où ils espèrent trouver emploi et logement.

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échanges

De 1945 à 2001, soit pendant 56 ans, Aimé CESAIRE occupe les fonctions de Maire de Fort-de-France. Année après année, les foyalais lui ont renouvelé leur confiance. Mandature après mandature, Aimé CESAIRE s’est voué entièrement à la cause de ceux et celles dont certains l’appelaient “Papa Césaire”. Un père qui a su accueillir ses enfants, leur bâtir et structurer la Ville capitale mais aussi un père qui a su les guider dans la construction de leur identité… Un leader qui a constitué une équipe à laquelle il a su insuffler ses valeurs fondamentales pour la mise en œuvre d’une politique résolument tournée vers le bien-être des martiniquais.

Mais rien n’avait préparé la Ville à recevoir cette marée humaine si ce n’est la présence d’Aimé CESAIRE à la tête de la Municipalité. CESAIRE accueille ces familles qui occupent les espaces libres de Fort-de-France. Tout se passe dans l’urgence et le volontarisme. Les rares quartiers existants se développent et d’autres se créent sans plan d’urbanisation, sans viabilisation… Chacun pare au plus urgent : un toit sur la tête. L’année 1950 voit l’installation des nouveaux arrivants sur les 50 pas géométriques de Texaco. Ils sont bientôt expulsés par le Préfet de l’époque.

Mais Aimé CESAIRE se positionne résolument auprès des familles martiniquaises démunies et obtient l’installation des expulsés de Texaco sur un terrain appartenant à la SIAG à Morne-Calebasse. Le surplus est accueilli à Trénelle en contrebas du Fort Desaix. Quelques années plus tard c’est au tour de Volga-Plage de “pousser” autour du centre ville. Les familles y arrivent par centaines avec leur lot de désespoir et encore une fois Aimé CESAIRE les accueille et la Municipalité leur apporte tout son soutien. Puis c’est à nouveau Texaco qui voit s’installer de nouvelles familles sur les 50 pas géométriques. D’autres quartiers vont s’ériger dans un plus grand souci des normes sur des habitations telles Beauséjour, Jambette, Reynal-Sarcus… mais trois quartiers foyalais marqueront à jamais la volonté farouche d’Aimé CESAIRE d’accueillir ses compatriotes, d’aller au-delà des besoins des plus démunis quitte à rogner sur les exigences des institutions : Texaco, Volga, Trénelle. “A moi, Volga, à moi Texaco, à moi Trénelle” demeurera une exclamation d’Aimé CESAIRE emblématique de la fidélité réciproque qui le liait aux habitants de ces quartiers. Les Foyalais ont trouvé leur leader, celui qu’ils pourraient suivre dans la marche vers le développement de leur ville à travers un idéal de grandeur, de dignité et d’humanisme. La gestion humaniste de l’exode rural va constituer le socle à partir duquel l’esprit municipal va se forger. Esprit de combat, de solidarité, de défis éternellement relevés, de confiance retrouvée. Ainsi commence à se bâtir cette Ville. Les défis sont nombreux et la tâche est titanesque.

“ …Car il faut se rappeler que ce déplacement de la population, cet exode de familles désemparées délogées de leur milieu, déstabilisées dans leur mode de fonctionnement de tous les jours a créé une forme d’angoisse dont les conséquences étaient imprévisibles sur leur santé. Ces angoisses, il fallait les gérer et les radicaliser par des moyens, des actes ou des actions à caractère humanitaire et de solidarité pendant un certain temps. Il fallait rechercher de l’aide et c’est ainsi que ce peuple s’est tourné vers la municipalité de Fort-de-France et de son maire Aimé CESAIRE. Après avoir pris contact avec notre population, Aimé CESAIRE s’est pris d’une grande amitié pour ce peuple dans un esprit de solidarité et à partir de ce jour il s’est engagé à aider ce peuple, ce quartier à se développer et à se prendre en charge. C’est ainsi que ses premières actions ont été la distribution des bons AMG, l’aide sociale, les denrées alimentaires de première nécessité, sans oublier les nombreuses aides en bons d’une certaine somme pour l’achat d’ustensile ou autre tissu pour la confection et l’habillement. Dans un deuxième temps, il s’est attaqué à l’état d’insalubrité du quartier afin d’éviter à cette population de faire les frais de maladies ou de mauvaises fièvres ; car à cette époque tous les rejets des foyers se faisaient dans la rivière et les caniveaux à ciel ouvert. Il n’y avait pas de service d’hygiène. Il fallait aussi lutter avec les nôtres pour éviter toutes formes d’épidémies et de contagion. Devant l’ampleur grandissante de la population le maire s’est attaqué aux besoins collectifs de toutes sortes. C’est d’abord la construction du bâtiment B de l’école primaire de Baie des Tourelles car le bâtiment A ne pouvait plus répondre à cette attente. C’est ensuite la construction d’une école maternelle suivie d’une crèche afin de permettre aux mères de familles de se libérer des enfants en bas âges et partir à la recherche d’un emploi quelconque pour aider la famille. Bien que les ressources financières de la ville soient très limitées, notre maire n’a pas hésité à engager les travaux de la voie principale du quartier. Les travaux ont été réalisés par l’étalement d’un nouveau produit le “tout venant” de la Pelée vendu par le sieur Gouyer proposé par l’ingénieur Concy au Maire. On est presque tenté de dire que l’histoire, le destin et le devenir de ce quartier et de sa population sont liés à l’histoire de la ville de Fort-de-France tant les besoins et l’aide de son maire Aimé CESAIRE étaient sollicités…”


t é moig nag e Monsieur Serge LETCHIMY,

ANCIEN DIRECTEUR DE L’URBANISME ET DE LA SEMAFF, DÉPUTÉ-MAIRE

Ma rencontre avec Aimé CESAIRE relève de la philosophie du hasard et de la nécessité. La première fois que nos routes se sont croisées, j’avais 10 ans et j’étais donc un tout jeune homme et un jeune homme de Trénelle. Cet instant qui n’avait pas été calculé est intervenu dans ma vie au moment où ma personnalité se construisait. Plus tard, le jeune urbaniste que j’étais entretemps devenu l’a à nouveau rencontré mais dans d’autres circonstances. J’ai dès le départ été frappé par l’humanisme profond, la grande humanité qui se dégageait de l’Homme. En face d’Aimé CESAIRE, j’étais sublimé. Cette sublimation n’était pas simplement adorative mais due au fait qu’il parvenait à restituer tant de paix, d’amour et de respect ! C’est d’ailleurs ce qui explique qu’on perdait tous ses moyens quand on se retrouvait face à lui et qu’on oubliait très vite ce pour quoi on le sollicitait.

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échanges

Au-delà du grand Poète, ce qui m’a toujours frappé chez Aimé CESAIRE, c’est son amour pour le peuple martiniquais -Un amour obsessionnel, un amour passionnel- Il avait une relation intime avec ce peuple. Et avec la population foyalaise, c’était plus encore : c’était un résistant contre la pauvreté, un soutien au petit peuple, un lutteur pour l’émancipation et le droit des opprimés. C’était un visionnaire au quotidien, un homme ouvert, tolérant, créatif. Lorsqu’est arrivé pour moi le moment de faire un choix pour mon avenir professionnel, j’étais indécis et dans ma tête foisonnaient des tas de projets de coopération dans les pays de la Caraïbe. Mais lorsqu’Aimé CESAIRE m’a proposé, au lendemain de la décentralisation de continuer à travailler auprès de lui, de l’aider à mettre en place les outils pour continuer à construire la ville, comment aurais-je pu lui dire non ?

BATIR ET STRUCTURER … CONSTRUIRE UNE VILLE

“Etre Maire de Fort-de-France, c’est une affaire de Travail, une affaire de Conscience, une affaire de Persévérance. Le programme est lourd et chargé. Il y avait un Fort-de-France aggloméré avec autour des lotissements défectueux… Il fallait donc aménager les quartiers, créer les routes, désenclaver les quartiers. L’on dit de Fort-de-France que c’est une république de quartiers. C’est vrai. Mais à partir de ces quartiers a été faite la Ville et sur la Ville a été bâtie la cité, communauté de libres citoyens. ” AIMÉ CESAIRE Séance d’installation du Conseil Municipal – Juin 1995

Pour guider notre action, nous avons une doctrine : - sur le conglomérat des quartiers, refonder la ville, - Sur le socle de la ville, édifier la cité, - L’urbain, oui. Mais tout l’urbain. L’urbain des citoyens. AIMÉ CESAIRE Les Travaux et les Jours – Octobre 1991

À l’arrivée d’Aimé CESAIRE, seul un très petit nombre de quartiers est structuré avec des voies en terre ou en pierre. Aussi, très tôt l’équipe municipale s’attaque à l’aménagement des zones habitées pour les ériger en quartiers dotés de VRD, de rues, de ponts sur les ravines, d’électricité, d’eau potable et enfin d’écoles et de crèches. Des centaines de kms de voies sont créées dans des conditions souvent difficiles et parfois scabreuses dans des lieux inaccessibles pour les rouleaux compresseurs et c’est ainsi qu’apparaissent les premières voies bétonnées de la Martinique.

LE RÉSEAU ROUTIER En 1960, la voie sud du Boulevard Général de Gaulle s’arrêtant à la Place Fénelon est prolongée jusqu’à la Place Stalingrad. Au terme d’une procédure longue et difficile avec l’Armée, la ville obtient la cession d’une bande de terrain partant du carrefour de La Folie et allant jusqu’à la Place Stalingrad, actuelle Place François Mitterrand et peut ainsi mener à bien les travaux qu’elle envisage. Puis c’est au projet de rocade, la RD 41 qu’elle s’attaque pour permettre le contournement de l’agglomération. Cette rocade est prévue pour prolonger les travaux de l’autoroute du Lamentin mise en circulationen 1963. Cette rocade ne connait un début d’exécution qu’en 1966 et le premier tronçon partant du carrefour de l’autoroute jusqu’à Redoute n’est livré à la circulation qu’en 1968. Grâce au Fonds Spécial Grands Travaux initié par le premier Ministre Mauroy et dont Aimé CESAIRE en sa qualité de Député a obtenu l’affectation pour la poursuite de la Rocade, les travaux ont pu continuer, la Ville prenant à sa charge le décasement et le recasement des personnes installées sur l’emprise de la Rocade.

LES ÉCOLES En 1945, sur le plan de la scolarité, la situation est catastrophique. 6 000 enfants d’âge scolaire ne peuvent trouver de place à la rentrée scolaire. Cette situation dure jusqu’en 1947, époque à laquelle la municipalité obtient de l’armée, l’autorisation d’installer des écoles dans les casernes de Galliéni et de Bouillé. Cette solution ne permet de créer que 25 classes quand il en faudrait une centaine. Le boom démographique des années 1950-1960 augmente considérablement le nombre d’enfants d’âge scolaire. En 1963, il faut faire fonctionner 43 classes à mi-temps, l’une le matin et l’autre l’après midi. Un bureau scolaire est alors créé pour effectuer le recensement des enfants par quartier et un planning de construction scolaire est alors mis sur pied.

Pendant 30 ans, Aimé CESAIRE se consacre à tous ces travaux de quartiers qui ne sont pas spectaculaires mais qui constituent les fondements mêmes de Fort-de-France.

1967 verra le début des constructions de classes maternelles alors même que la législation ne prévoit pas d’obligation scolaire pour les enfants de 3 à 6 ans et que ni l’Etat ni le Département ne participent au fonctionnement des classes maternelles. À la rentrée scolaire de 1968, tous les enfants inscrits sont accueillis dans les écoles de la ville et pour cela 84 classes nouvelles sont ouvertes.

Ces travaux sont réalisés dans un contexte financier des plus difficiles puisque jusqu’en 1981 la Ville est dans un isolement financier extrême, les deux instances pouvant intervenir, l’Etat et le Conseil Général, faisant tout pour détourner le peuple d’Aimé CESAIRE.

Pour cette même année scolaire, près de 27 000 élèves sont accueillis dans 808 classes. Dans les années 1970-1980, 72 écoles accueillent plus de 20 000 enfants. Il faut indiquer qu’à cette période, la ville gère les écoles primaires et maternelles mais également les collèges.

m a i l l on s de l a s ol i da r i t é … Fouillis d’hommes. Cafouillis de programmes. Tel apparait aux yeux de l’électeur moyen le spectacle qu’offre la vie politique martiniquaise à la veille de deux scrutins concernant nos assemblées locales. Gâchis ? Non ! Démocratie ! Du moins faut-il essayer d’y voir clair. Un seul moyen : penser à l’essentiel. Penser l’essentiel. Et l’essentiel, c’est bien ceci : tenir le pas gagné avec la décentralisation et aller plus avant, avec pour seul but d’assurer la survie et le développement d’une Martinique martiniquaise. Pour ce qui est de Fort de France, son cas est particulier. Voire unique. Pendant plus de trente ans, notre ville s’est vue transformée en place assiégée, victime qu’elle était du sectarisme politique des uns et par ailleurs de la vindicte préfectorale et gouvernementale. Un ghetto administratif… Je n’en garde aucune aigreur, le jeu politique étant ainsi fait. Surtout que rien n’a pu nous empêcher de faire l’essentiel de la tâche : pêle-mêle, les égouts, l’eau, l’endigage des rivières, les écoles, les crèches, la résorption de l’habitat insalubre, l’aménagement des lotissements défectueux et j’en passe. Mais pendant ces trente années, j’ai pu mesurer aussi combien pour mener à bien la tâche, sont nécessaires, sinon indispensables l’aide et le soutien. De qui les attendre ? De l’Etat ? De l’Europe ? Allons donc ! Monstres froids dont les réponses ne dénotent le plus souvent que l’incompréhension ou l’indifférence. Alors le recours ? Il ne peut être que de l’ordre de la synergie et de la solidarité. La solidarité martiniquaise, bien entendu. C’est dire combien il est important pour nous, habitants de Fort-de- France, que dans chacune de nos assemblées locales, il y ait des majorités susceptibles de nous écouter et de nous comprendre. Combien il est important pour notre avenir qu’il y ait à tous les niveaux de la représentation locale, à tous les niveaux de la décision locale, des hommes qui, pensant à Fort de France, la pensent moins comme une entité isolée que comme la capitale de la Martinique, c'est-à-dire le lieu de convergence de tous les problèmes martiniquais, le foyer aussi de toutes nos ambitions et de toutes nos espérances… … Je ne sais pas pourquoi je pense à deux vers de l’Eluard du Château des Pauvres : “Ils étaient décidés à ne jamais céder Un seul maillon de leur fraternité ” Je parodie (à peine !) Ne jamais céder un seul des maillons de notre solidarité. Notre solidarité martiniquaise. Il faut être clair : le contraire serait suicidaire. AIMÉ CESAIRE Les Travaux et les Jours - Mars 1992


LES OPÉRATIONS D’URBANISME ET LES GRANDS TRAVAUX La première opération d’urbanisme telle que nous la définissons aujourd’hui commence en 1958 lorsqu’à l’occasion du passage d’André Malraux ministre au sein du gouvernement du Général de Gaulle, la Municipalité lance le chantier du Morne Pichevin. Il s’agit essentiellement de remplacer les cases innommables occupées par les habitants de cette zone par des logements décents. La Ville confie cette opération à la SIAG qui réalise dans un premier temps la Cité Bon Air. L’opération Morne Pichevin sera ensuite confiée à différents opérateurs : SODEM, OZANAM, SMHLM. À partir du début des années 1980, avec la mise en place des opérations de rénovation urbaine et de résorption de l’Habitat Insalubre, la Ville lance les opérations d’urbanisme des quartiers Texaco, Volga-Plage, Ravine Bouillé… Dans la décennie 1970-1980, la ville se lance dans la construction des ZAC de Chateaubœuf, de Morne Coco, du nouveau Centre Administratif… La politique des grands travaux est dans le même temps lancée avec le contrat de Ville qui a permis la réalisation de l’Hôpital de la Meynard, la Station d’épuration de Dillon, le système GERTRUDE, les travaux de la Rocade…. Avec la Décentralisation, un certain nombre de modifications sur la répartition des compétences voient le jour. C’est ainsi que les Plans d’Occupation de Sols (POS) deviennent à la charge des municipalités qui peuvent en outre, si elles le désirent, avoir la pleine maîtrise de la délivrance des permis de construire. En Martinique Fort-de-France sera la seule à avoir dès le départ opté pour la prise en charge des permis de construire.

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les chantiers d’aimé cesaire

Ce choix a pu être fait grâce aux moyens humains dont disposait la Ville à savoir une équipe compétente sous la direction d’un jeune urbaniste dynamique et qui sera plus tard à l’initiative de la SEMAFF. Et c’est avec la SEMAFF que la Municipalité a dans les débuts des années 1990 élaboré son Projet de Ville que le Député-Maire Aimé CESAIRE tenait à distinguer du contrat de ville estimant que :

“La différence entre le Contrat de Ville et le Projet de Ville est la même qu’entre le chien animal aboyant et le chien constellation céleste.”

LE LOGEMENT Conséquences de la guerre 39-45, à l’arrivée d’Aimé CESAIRE à la tête de la Municipalité, une grave crise du logement sévit alors que, commence l’exode rural. Environ 10 000 logements sont nécessaires à ce moment là. En 1956, pour trouver un début de solution à la crise du logement, la ville fait l’acquisition du domaine de Briant et passe une convention avec la Société Immobilière Antilles-Guyane (SIAG) pour la construction de la Cité de Briant. Cette cité sera malheureusement durement frappée par le cyclone Edith en 1963. En 1963, la SIAG acquiert le domaine Godissard et y construit une seconde cité. Le conseil municipal les dénommera le 30 mars 1964, Cité Floréal. La plus grande partie de la réserve foncière municipale de Trénelle et de Redoute serviront au relogement de près de 300 familles en détresse entre 1958 et 1959. La SIAG agrandit son parc en faisant en 1962, l’acquisition du Domaine de Dillon pour réaliser une nouvelle cité.


L’absence d’égouts dans le reste de la ville conduit les habitants des faubourgs à trouver une solution pour se défaire de leurs matières fécales. C’est le fameux système des tinettes enlevées par des femmes qui les transportent jusqu’à la mer moyennant une somme modique.

echanges “Ma raison est pessimiste, mon instinct est optimiste. Même quand je vois toutes les bonnes raisons de désespérer, je n’arrive pas à désespérer”. AIMÉ CESAIRE

CRÉER LES CONDITIONS DE SURVIE D’UNE POPULATION L’ASSAINISSEMENT

Les caniveaux à ciel ouvert où stagnent eaux pluviales et eaux usées sont à l’origine de fréquentes épidémies de tout genre à Fort-de-France. À force de ténacité et de persévérance, de la “perle puante” décrite par Gervasi, reporter à “Collier’s”, Aimé CESAIRE et son équipe font de Fort-de-France une ville assainie grâce à des systèmes d’évacuation des eaux usées et pluviales performants. En 1949, après de nombreuses difficultés, les travaux de construction de la station de pompage des égouts de la Pointe Simon débutent. Ils se terminent 10 ans plus tard et en 1959, les égouts fonctionnent pour le centre ville et les Terres-Sainville. ( ( (13) ) )

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Ce ramassage sera organisé plus tard par la ville avec le concours d’une entreprise mais jusqu’en 1987, la ville comptera encore 370 abonnés situés dans les quartiers mal urbanisés. Le réseau Gandillon, système fermé à dépression assurant l’évacuation des eaux usées de la ville basse et d’une partie des quartiers collinaires permet de faire de Fort de France une ville saine. Les effluents collectés par les égouts sont refoulés dans un émissaire en mer jusqu’au grand courant les emportant au large. Cette situation bien qu’en très net progrès par rapport à la précédente n’était toutefois pas satisfaisante. D’où la mise en œuvre de réseaux gravitaires dans les quartiers périphériques et l’apparition des stations de traitement Floréal, Châteaubœuf et Dillon et la Création du Syndicat d’Assainissement de Fort-de-France Ouest Schœlcher avec la Ville de Schœlcher et la création de la petite station de traitement de Pointe des Nègres.

t é moig nag e Monsieur Martial AMPIGNY,

DIRECTEUR DE LA RÉGIE DES EAUX À LA RETRAITE

“Jôdi jou ki moun ka sonjé”

“Qui se souvient de l’état d’insalubrité de Fort-de-France dans les années 1940 -1945 ? Qui se souvient de cette ville inerte, essoufflée sous son fardeau géométrique de croix éternellement recommençante, de caniveaux à ciel ouvert ? Pas de réseau d’égouts mais des caniveaux croupissants et mal odorants ! Qui se souvient des “bois jaco”, seuls équipements publics faisant office de latrines implantées sur le canal à ciel ouvert de la Levée, au niveau de la Croix Mission, du Pont Démosthène et aux environs de l’Ermitage, au Béro ?

Puis, s’est adjoint à cette Régie, le Service des Egouts en janvier 1969 pour former la Régie Autonome de l’Eau et de l’Assainissement, sous la direction de Martial Ampigny qui avant son départ à la retraite en 1999 a assuré les premiers pas de la Régie Personnalisée de l’Eau et de l’Assainissement devenue ODYSSI. Il faut saluer au passage la qualité et les efforts des hommes qui ont relevé ce challenge : Les Secrétaires Généraux : MM. Anastase Montlouis-Felicité, Auguste Acelor, Renaud de Grandmaison

Qui se souvient des tinettes, système de ramassage, à jours fixes chez l’habitant, des baquets de matières fécales déversés à la Pointe Simon, à l’embouchure de la Rivière Madame déjà polluée par les rejets fermentés de l’ancienne Brasserie Lorraine ? Qui se souvient du doum de Trénelle, des vidoirs de Volga, de Ste Thérèse, de Desclieux, de Bas Maternité, de Renéville, destinés à recevoir les matières fécales des habitants de ces quartiers ?

Les ingénieurs : MM. Kléber Catherine, Adhémar Modock, Amédée Humbert L’ Adjoint au Maire - premier Président de La Régie des Eaux : M. Faustin Rouil >> Aime Cesaire avec M. Renaud de GRANDMAISON

Qui se souvient, lors de l’hivernage, des inondations périodiques de la ville résultant du débordement de la rivière Madame, non encore endiguée ? De nos jours, pour les foyalais comme pour la plupart des martiniquais, sur un simple geste, une eau de qualité, sous pression, coule au robinet. Cela semble naturel… et c’est tant mieux ! Dans un monde sans mémoire, nombreux sont ceux qui ne se souviennent pas non plus des queues interminables et des bousculades aux bornes fontaines, aux heures de distribution de l’eau !

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Qui se souvient des conduites en fer galvanisé, plus ou moins étanches, sillonnant les chaussées et absorbant bactéries de toutes sortes aux heures creuses, la distribution d’eau n’étant pas permanente. Qui se souvient des maladies d’origine hydrique (salmonelloses, fièvres typhoïde et paratyphoïde) sévissant à l’état endémique avec leurs cortèges de décès, en étroite corrélation avec ce sous équipement ! On parlait alors du “péril fécal”. Il faut souligner l’audace et la volonté politique de la municipalité qui, le 29 décembre 1967, s’est dotée d’une régie des Eaux pour assurer une gestion cohérente de tous ces équipements.

>> Aimé CESAIRE avec M. ACELOR


t é moig nag e SORTIR LES PIEDS DE L’EAU

L’EAU POTABLE

Insuffisamment traitée, l’eau est cause de fréquentes épidémies de typhoïde. En 1948, la ville entreprend alors la construction d’une station moderne de traitement d’eau à Didier qui sera mise en service en 1951. Ne pouvant augmenter la quantité d’eau avec les captations existantes, la ville obtient en 1957, l’autorisation de capter une partie de la Rivière Blanche à la Durand à Saint Joseph. En 1962, les travaux commencent mais un éboulement qui cause la mort de 3 ouvriers, puis la tempête Beulah qui endommage une grande partie de la captation les perturbent sérieusement. C’est ensuite au tour de la tempête Dorothy en 1970 de l’ensabler à nouveau. Jusqu’en 1968 l’exploitation du réseau de production et de distribution d’eau potable de la ville est assurée sous contrat d’affermage par la Société Eaux et Assainissement, actuellement dénommée SOGEA. La Municipalité insatisfaite de la prestation, en particulier en ce qui concerne la collecte de la redevance, décide de ne pas renouveler le contrat d’affermage et de créer une régie autonome. Aujourd’hui ces prestations sont prises en charge par la CACEM et la Régie est devenue ODYSSI, établissement public industriel et commercial. D’autres stations viennent compléter celles existantes, Didier, Caféière. La station de la Durand permet la mise sous pression des réseaux de la zone Est de Fort-de-France (Coridon, Ravine Vilaine,Moutte, Morne Surey, Entraide, Fantaisie, Crozanville, Sainte Thérèse Haut).

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La ville va même lancer un sondage dans la plaine du Lamentin pour y rechercher des eaux souterraines et proposer de réunir les bassins versant de la rivière du Lorrain et de la Rivière Blanche afin de renforcer le débit de cette dernière en période de carême et pérenniser ainsi la capacité de traitement de la station de la Durand. Fin 1970 enfin, 25 000 m3 d’eau supplémentaires peuvent être distribués à la population.

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Monsieur Pierre CONCY, INGÉNIEUR À LA RETRAITE

Entré en mairie en 1965 jusqu’en 1967, puis de 1977 à 2001, j’ai participé à tous les grands projets de la Ville. La situation sanitaire était très délicate avec l’omniprésence de la fièvre typhoïde et les décès en nombre chez les enfants. Dans ce contexte, le problème de l’assainissement était le problème majeur et le défi à relever. Il a fallu éradiquer les “tinettes” et trouver un système adapté à la configuration de Fort-de-France. Le réseau Gandillon bien qu’étant un système rustique a apporté une solution pour l’évacuation des déchets domestiques (eaux usées et eaux vannes). Le second chantier fût de relever le défi de l’urbanisation des zones pas forcément les mieux adaptées pour cela - zones côtières (Volga plage, Texaco), zones intérieures (Trénelle, Bas maternité). À Texaco, les gens arrivaient par la mer et la Préfecture avait diligenté des CRS pour juguler cet exode. À Volga, les gens venaient de Texaco sur des “cabourets”. Dans le même temps, il fallait œuvrer à la mise hors d’eau de ces zones habitées avec un programme de canalisation des principales ravines et rivières qui quadrillent le territoire de la ville et qui l’inondaient régulièrement. On peut citer les Ravines Moreau et Bouillé, les Rivières Madame et Monsieur. Par ailleurs il faut rappeler le décès d’un enfant de 8 ans lors d’une pluie subite. Il s’est noyé à Renéville en tombant dans un canal ouvert et a été entraîné par les eaux. Le corps a été retrouvé à Sainte-Thérèse. En 1977, c’est l’installation du système de pompes de refoulement à Volga Plage pour mettre ce quartier du littoral hors d’eau.

Régulièrement à chaque saison des pluies, les rues de Fort-de-France étaient inondées. Aussi, en 1965 des travaux de dragage sont réalisés par la Régie Municipale entre la passerelle Gueydon et le Pont Viard pour permettre de résister aux crues en période de fortes pluies. Mais ces travaux demeurent insuffisants pour éviter à la ville d’être noyée sous une hauteur d’eau de 1,50 m en moyenne. L’ampleur du risque a été dévoilée de façon dramatique par les tempêtes tropicales Beulah en 1967 et Dorothy en 1970, la Rivière Madame et la Rivière Monsieur ayant quitté leur lit et ravagé l’une les Terres Sainville et le Centre Ville, l’autre la Cité Dillon engendrant des dégâts considérables et des morts. La responsabilité de l’Etat, totale en l’occurrence en sa qualité de propriétaire et par conséquent de responsable de l’entretien des cours d’eau, conduit la Municipalité à mettre le gouvernement devant ses responsabilités. Mais l’Etat refuse de jouer son rôle et signifie à la Ville une fin de non recevoir. Aussi, quand l’Etat démissionne, Aimé CESAIRE s’engage pour son peuple et amène la Municipalité à prendre en charge les travaux qu’elle confiera à la Société d’Hydraulique et de Dragages. >> Rivière Madame avant travaux

Les travaux commencent par la Rivière Madame, continuent par la Rivière Monsieur pour s’achever en vue d’une mise hors d’eau complète par la ravine Bouillé et la ravine Moreau. Au fil du temps, Aimé CESAIRE a renforcé l’action municipale en matière de protection contre les inondations, s’attaquant à l’entretien des nombreux cours d’eau se trouvant sur le territoire de la ville et s’entourant d’une équipe de techniciens compétents.

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>> Rivière Madame après travaux


LA RÉGIE MUNICIPALE ET LES TRAVAUX Tous les travaux réalisés par la ville avec une situation budgétaire asphyxiée n’auraient pu l’être sans la Régie Municipale de travaux. Il fallait inventer, imaginer. Imaginer pour accomplir cette œuvre absolument indispensable à la survie et au développement de Fort-de-France. À l’arrivée d’Aimé CESAIRE, la Régie Municipale des Travaux est déjà créée mais n’intervient que de manière limitée pour la réalisation de petits travaux. Cette situation évoluera après le recensement de 1967 qui révèle que Fort-de-France compte près de 100 000 habitats. En effet, en raison de l’augmentation de la population, la Municipalité peut disposer d’une plus grande marge de manœuvre financière bien que demeurant dans l’isolement financier. Les services municipaux se structurent avec l’embauche de nouveaux cadres et Aimé CESAIRE investit immédiatement sa nouvelle marge de manœuvre en se tournant vers la régie pour la réalisation d’un certain nombre d’opérations. C’est ainsi qu’apparaissent certaines écoles construites en bois durant les vacances par les employés municipaux. C’est le cas pour les écoles maternelles de Volga, Dillon, Rivière l’Or.

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Cette période coïncide avec une crise dans le secteur du bâtiment. De nombreux entrepreneurs Martiniquais sont au bord de la faillite. Les entreprises chargées de la construction des écoles maternelles de Coridon, Godissard, Ravine Bouillé, soient 48 classes, déposent leur bilan et arrêtent les travaux. La rentrée des classes s’annonce catastrophique mais Aimé CESAIRE réagit en embauchant les ouvriers du bâtiment mis en chômage, ce qui permet la livraison des trois écoles en temps utile. Ces chantiers terminés, une part importante des travaux d’investissement de la Ville est confiée à la Régie municipale. C’est ainsi que peu de temps après les écoles de Coridon, Godissard et Ravine Bouillé, la Ville confie à la Régie la construction de l’école primaire des Terres-Sainville qui est réalisée sans aucune subvention. Le choix de la Municipalité d’exploiter une carrière dans les hauteurs de Grosse-Roche constituera un gros avantage pour les réalisations de la Régie Travaux.

t é moig nag e Monsieur Paul LÉOPOLDIE,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SERVICES TECHNIQUES À LA RETRAITE

Entré en Mairie en 1967, j’ai participé à toutes les évolutions de la Ville de Fort-de-France. À cette époque, les services techniques devaient compter à peine 100 agents sous la responsabilité de M. Humbert détaché de la DDE. Le premier poste que j’ai occupé est celui de responsable des bâtiments avec des moyens très limités -une seule bétonnière. Ce qui a mon avis, a toujours caractérisé l’action de Monsieur Aimé CESAIRE -c’est une volonté indéfectible d’œuvrer au désenclavement de la Ville et de ses quartiers à tous les points de vue. Sur le plan éducatif, le Docteur ALIKER avait une sensibilité pour les problèmes sanitaires et portait un regard particulier sur les crèches. Il avait la volonté de doter chaque quartier d’une crèche. On peut citer les quartiers des Terres-Sainville, Religieuses, De-Briant, Sainte-Thérèse. Il en est de même pour les écoles. La volonté municipale était de doter aussi chaque quartier d’une école. Nous devons rappeler le contexte difficile dans lequel nous évoluions à cette époque -les commerçants refusaient de livrer lorsque l’on n’honorait pas ses créances. Pour s’en sortir, la ville se devait d’être autonome et s’était équipée en conséquence : elle possédait une carrière, de gros engins de travaux publics, et elle recrutait des ouvriers de grandes entreprises. À cette période, la ville est la seule à posséder un service technique. Sur le plan de l’épanouissement sportif et culturel, la ville de Fort-de-France a mené une politique de création des plateaux sportifs dans tous les quartiers : De-Briant, Coridon, Volga-Plage, Tivoli… Concernant le désenclavement des quartiers sur le plan culturel, je me rappelle qu’après le rachat de la caserne de la croix mission pour organiser les premières Floralies internationales et suite à la visite de Jean-Marie Serrault, le site a été aménagé pour en faire le foyer culturel de la Ville voire de la Martinique. Ensuite le Grand Carbet a été réalisé pour accueillir les Ballets du Sénégal. Cependant, les fréquentations demeurant encore faibles, il a été décidé de “transporter” la culture dans les quartiers ; et c’est ainsi que l’on a démarré un programme de réalisation de centres culturels.

>> L’équipe de la Régie Municipale de Travaux

t é moig nag e

Sur le plan du désenclavement des quartiers, la volonté “féroce” du Maire d’améliorer le cadre de vie des populations des quartiers a conduit à la mise en œuvre d’un vaste programme de travaux de réalisation de voies d’accès où progressivement des chemins de terre ont été transformés en voiries, des caniveaux ont été réalisés pour collecter les eaux de surface. Tous ces travaux ont été possibles grâce à l’engagement “des hommes” qui travaillaient dans des conditions inimaginables. Aimé CESAIRE était un “bâtisseur”. Il aimait bâtir, construire, faire sortir de terre. C’est pour cela qu’il était souvent sur les chantiers pour voir éclore ses projets. Cependant, les choses n’ont jamais été simples. Sans aides de l’Etat, avec des fournisseurs méfiants, la ville ne pouvait compter que sur elle-même et sur ses hommes, ce qui l’a conduite à s’équiper dans tous les corps de métiers.

Monsieur Raymond NINEL,

EMPLOYÉ MUNICIPAL À LA RETRAITE

Comme il devait paraître grand Raymond Ninel avec son mètre 96, aux côtés d’Aimé CESAIRE, lorsque tous deux arpentaient les chantiers de la Ville ! À 64 ans, plus connu sous le nom de Julo, il n’a connu qu’un seul employeur : la Ville de Fort-de-France. Entré en 1960 en tant qu’apprenti, il part pour effectuer son service militaire en Guyane. À son retour, il décide de ne pas y revenir pour disait-il : “je voulais rester chez moi en attendant de trouver mieux ailleurs car à cette époque, on n’était pas régulièrement payé ”. Ce ailleurs, c’était la COLAS, pourquoi pas ? Mais c’était sans compter sur la détermination d’Aimé CESAIRE qui avait repéré en lui un “bon élément ”, un “foyalais prometteur”. Un matin, contre toute attente, Aimé CESAIRE se trouve donc devant le domicile de la famille Ninel et demande à Julo pourquoi il n’est pas revenu à son poste. “C’est un bon chauffeur, dit-il à mes parents. Je l’attends demain matin à son travail”. L’évocation de cette anecdote ranime l’émotion de Julo qui avoue n’avoir aucun regret d’avoir fait le choix d’être à son poste le jour suivant. Au fil des ans, un profond respect mutuel et une longue amitié ont uni les deux hommes que l’on voyait discuter sur les chantiers qu’Aimé CESAIRE aimait tant visiter. Ils ne parlaient jamais de l’œuvre du poète ou de politique mais toujours de l’édification de la ville, de son évolution, de sa population. Raymond Ninel après avoir longtemps habité De Briant dans un logement qu’il avait obtenu grâce à Aimé CESAIRE vit aujourd’hui à Tartane. Aimé CESAIRE s’arrêtait toujours chez son ami ou près du terrain de pétanque où il savait pouvoir le trouver. Ces moments ne sont plus - mais il reste de formidables souvenirs.

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t é moig nag e L’HYGIÈNE ET LA SANTÉ

Aimé CESAIRE ne peut rester insensible aux dégâts causés par les nombreuses maladies infectieuses sévissant à cette époque à la Martinique. C’est ainsi que l’Hygiène et la santé deviennent une de ses principales préoccupations le conduisant même à engager un véritable bras de fer avec les autorités de tutelle qui semblaient détachées de cette question. Dès 1946, la reconstruction du Bureau d’Hygiène jusque là dirigé par le Dr MONTESTUC est envisagée. L’autorisation des autorités préfectorales n’intervient qu’en 1966 après de très longues discussions et de nombreuses délibérations du conseil municipal. Le nouveau Bureau d’Hygiène est alors provisoirement installé dans une pièce à la Mairie. En 1968 après l’exécution des travaux par les services de la ville, il est transféré dans les anciens locaux de la Police Nationale, Place Galliéni, à la Croix Mission. Il accueille dès lors les vaccinations qui s’effectuaient dans des conditions inconfortables rue du Pavé. Les enfants sont vaccinés dès l’âge de 4 mois. Il contrôle la salubrité des habitations, lutte contre les maladies contagieuses, assure la désinfection, la désinsectisation, la dératisation, la destruction des chiens errants, la chasse aux animaux en divagation, la lutte contre l’ædes ægypti, contrôle les eaux d’alimentation… Le personnel est recruté progressivement.

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CONSTRUIRE UNE IDENTITÉ, BASE DE L’EXISTENCE D’UN PEUPLE

Docteur Jeanne HUBERVICAMALOU,

MÉDECIN DIRECTEUR DE L’HYGIÈNE ET DE LA SANTÉ À LA RETRAITE

La santé devient très rapidement pour l’Edilité, une préoccupation étant donné la forte mortalité et surtout la mortalité infantile au sein de la population foyalaise. Pour cela, des actions fortes sont réalisées par les services municipaux : >> Rendre l’eau potable >> Installer un réseau d’eaux usées >> Évacuer les ordures ménagères. Le Service Communal d’Hygiène et de Santé (SCHS depuis 1985, auparavant Bureau Municipal d’Hygiène(BMH) a pratiqué : >> La vaccination obligatoire dès le plus jeune âge ; >> La lutte contre les vecteurs de maladie : désinfection, désinsectisation, dératisation. >> La lutte contre l’habitat insalubre (procédure RHI) ; >> La surveillance microbiologique des repas servis par la cuisine centrale dans les cantines scolaires et les crèches ; >> Les actions de prévention dans les écoles en partenariat avec l’Education Nationale ; >> L’information sanitaire dans les quartiers.

L’ACCÈS AU SAVOIR PAR L’ÉCOLE

La complicité et la complémentarité du tandem Aimé CESAIRE - Pierre Aliker ont fortement imprégné la politique de la Ville en matière d’enfance et d’éducation. L’humanisme d’Aimé CESAIRE qui ne pouvait tolérer aucune sorte de souffrance et d’injustice a su trouver écho dans la rigueur et la compétence de Pierre ALIKER dans ces domaines.

“Le peuple a autant faim de savoir que de pain, disaient-ils. Un savoir qui s’acquiert par l’enseignement scolaire mais qui s’inscrit dans une politique bien plus large autour de l’école, celle de l’épanouissement et du suivi de l’enfant dès son plus jeune âge. C’est ainsi que l’équipe municipale s’est attelée à créer en plus des nombreuses écoles, des structures d’accueil telles les crèches et des structures périscolaires telles les cantines et les garderies. “Antillais, Guyanais, Réunionnais, se sont précipités dans les écoles, comme ils se sont précipités dans les grandes batailles où se joue le sort de l’homme et du monde.

Aimé CESAIRE ne peut concevoir qu’un jeune ne puisse avoir accès au savoir dispensé à l’école. Bien que la Ville n’ait aucune compétence en matière d’enseignement, la municipalité conduite par Aimé CESAIRE met tous les moyens à la disposition des initiatives, ce qui se traduit par la création de l’AMEP, institution qui reçoit les jeunes n’ayant pu accéder à l’enseignement classique. Des cours d’adultes sont mis en place à partir de 1943 à l’initiative de M. Hector SAE et à leur 33e anniversaire en 1976, 20 000 personnes de 14 à 73 ans les ont fréquentés, 8 000 ont appris à lire et à écrire, 1 200 de 16 à 65 ans ont obtenu le Certificat d’Etudes, 200 le BEPC, 110 le Brevet élémentaire. Ces cours existent d’abord à Sainte Thérèse, à Pointe des Nègres, Balata, Redoute, Chateaubœuf, Godissard, Coridon, puis persistent à Sainte Thérèse et Terres Sainville En l’absence d’un plan directeur d’urbanisme, la municipalité élabore sous la direction de l’architecte Louis CAILLAT, des projets d’urgence : construction de groupes scolaires à Trénelle, Tivoli et de crèches également. Les choses se structurent progressivement avec la caisse des Écoles dont les missions sont la restauration dans les écoles, la gestion du personnel de service des écoles primaires et des cantines, des centres de loisirs associés aux écoles et du matériel pédagogique des écoles.

Et ils savent désormais qu’aucun destin ne pèse sur eux, qu’ils sont les maîtres de leur histoire pour le mal comme pour le bien.

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Et quand ils jettent un regard en arrière, ils ne sont pas tentés d’être ingrats, mais à la lumière même de ce passé, ils apprennent à considérer que la vraie émancipation n’est pas celle qui se décrète, mais celle que l’homme conquiert sur lui-même, qu’elle n’est pas derrière eux, mais qu’elle est devant eux…” AIMÉ CESAIRE Commémoration du Centenaire de l’Abolition de l’esclavage >> Aimé Cesaire avec Serge LETCHIMY et C. DORAIL


L’ACCUEIL DES JEUNES ENFANTS LES CRÈCHES, LES CANTINES, LES GARDERIES

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Aimé CESAIRE s’engage pour l’émancipation de la femme et le bien être des enfants. La création de crèches et de cantines municipales relèvent de la volonté de concilier ces deux notions. Des crèches et des cantines pour permettre aux mères de famille de travailler dans de bonnes conditions, Des crèches et des cantines pour accueillir les petits Foyalais dans des conditions favorables à leur éveil et à leur épanouissement. En 1945, 3 crèches fonctionnent à Fort-de-France : Sainte Thérèse, Tivoli et la Levée. Dans le cadre de ses projets d’urgence, la municipalité met en place de nouvelles crèches : au rez de chaussée de l’ancienne annexe de la Mairie, à la Croix Mission. Ces crèches viendront s’ajouter à celles fonctionnant déjà. En 1969, Fort-de-France est l’une des villes les mieux équipées en crèches en France. En effet, 10 crèches-garderies accueillent près de 600 enfants. 114 agents sont affectés dans ces crèches. La lingerie est réalisée en interne par 4 couturières. D’année en année, les conditions de vie de l’enfant en crèche sont améliorées. Une attention particulière est portée à la formation du personnel pour assurer un meilleur accueil de l’enfant et faire de la crèche un lieu d’éveil avant l’école.

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La politique de développement des crèches relève d’une volonté municipale guidée par le seul souci du bien être de l’enfant et des familles car les lourdes charges ne sont pas équilibrées par les recettes et entrainent un déficit pour la ville. L’organisation d’un système de restauration scolaire est l’œuvre d’Aimé CESAIRE et de son équipe. Avant 1945, quelques repas sont distribués de manière spontanée mais le système de cantine n’est pas mis en place. Progressivement toutes les écoles sont dotées de réfectoires et la cuisine de Trénelle livre les repas. A l’emplacement de l’actuel centre administratif, l’immeuble de l’Ouvroir acquis pour la construction de ce centre, sert en attendant, de réfectoire pour près de 750 enfants du centre ville qui prennent leur repas du midi à la cantine. La cuisine centrale achevée en 1969 permet de répondre à l’accroissement des demandes et de servir jusqu’à environ 11 000 repas par jour. Dans les écoles, des garderies sont mises en place pour aider les parents qui travaillent tôt. En 1989, 278 agents assurent le bien être et la sécurité des tous petits dans les écoles de la ville. Les loisirs des petits foyalais sont également une préoccupation d’Aimé CESAIRE et de son équipe. Tous les enfants doivent avoir une chance de pouvoir partir en vacances.

t é moig nag e t é moig nag e Madame Henrie WILTORD,

COORDONNATRICE DES CRÈCHES À LA RETRAITE

Il est loin le temps où les parents payaient 10 francs par mois et par enfant avec plafond de 20 francs pour les familles dont le revenu mensuel global (salaires + allocations familiales) n’excédait pas 700 francs ! Très loin, mais cette époque a bel et bien existé ! À l’arrivée d’Aimé CESAIRE en mai 1945, trois crèches fonctionnent dans la capitale. Dans son programme, il a prévu la construction de crèches supplémentaires mais les finances peu prospères dont il a hérité ne lui permettent pas de mettre tout de suite ses projets à exécution. Quand le budget de la ville est au mieux, il construit ! Ce sont 13 crèches au total qui permettront aux mères de famille de faire garder leurs enfants : Centre ville, Bas Calvaire, Terres Sainville, De Briant, Tivoli, Pointe des Nègres, Martin Luther King, Dillon, Volga Plage, Sainte Thérèse, Route des Religieuses, Coridon, Crozanville. Pour ces 700 enfants gardés, ce sont autant de mères rassurées qui peuvent aller travailler. En effet, elles se sentent en confiance en laissant leur progéniture à un personnel dévoué et compétent.

L’œuvre Municipale des Colonies de Vacances créée dès 1949, organise des séjours pour pas moins de 470 colons dans différents centres de séjour dans la Martinique ! À défaut de bâtiments spécifiques, ils sont installés dans des établissements scolaires de plusieurs communes. C’est à cette période également que la ville fait l’acquisition du domaine Lafosse au Morne Rouge pour y implanter une colonie de 120 écoliers et organiser 3 séjours durant les grandes vacances. En 1986, les centres de loisirs mis en place le mercredi et pendant les petites vacances ouvrent l’accès aux loisirs et aux activités éducatives.

Monsieur Victor TISSERAND,

DIRECTEUR DE LA CUISINE CENTRALE À LA RETRAITE

J’ai eu à charge la cuisine municipale pendant une bonne partie de ma vie professionnelle. Arrivé en Mairie en 1951, j’ai quitté mon poste en 2001. Les temps étaient difficiles pour nous car nous ne recevions aucune subvention. Il faut dire que les convictions de gauche affichées par Aimé CESAIRE et son combat contre le colonialisme n’ont pas été du goût des gouvernements de droite qui se sont succédé. C’est seulement avec l’arrivée de François Mitterand que nous avons pu moderniser le matériel. En effet, le matériel devenait obsolète pour la réalisation de 12 000 repas par jour. Ces périodes de vache maigre n’ont pas entamé la détermination des différentes équipes municipales qui avaient choisi de faire du bien être des enfants foyalais, une priorité. Le premier objectif a été de faciliter l’accès à la restauration scolaire pour le plus grand nombre d’enfants et surtout à des prix très bas.

Directrice de la crèche de Floréal de 1965 à 1988 puis coordonatrice des crèches de 1988 à 2003 (année de mon départ à la retraite), je me souviens de cette époque où les choses n’étaient pas faciles car les subventions de l’Etat étaient quasiment inexistantes.

Le deuxième objectif a été la qualification du personnel. Au fil des ans, il a pu se perfectionner en partant en formation. L’hygiène et la composition des repas ont beaucoup préoccupé l’équipe municipale et Aimé CESAIRE aimait se faire expliquer les différences par exemple entre liaison froide et liaison chaude, cuisine sous vide…

C’est le Dr ALIKER qui avait la responsabilité de la Petite Enfance mais cela n’empêchait pas les mères de venir me voir en disant : “Misié Cézè voyé mwen wèw !”.

Le troisième objectif a été la modernisation du matériel obsolète pour une optimisation de la composition des repas et un service en temps et en heure.

Car si Aimé CESAIRE avait confié à son fidèle bras droit cette charge, il ne manquait pas de conseiller les familles lors de ses visites dans les quartiers et de s’enquérir des possibilités des mamans de faire garder leurs enfants pour aller travailler.

Dès que les finances le permettaient, les ustensiles de cuisine mais aussi le mobilier étaient remplacés.

Au fil des ans, les crèches ont été équipées, modernisées, pour certaines rénovées ou reconstruites. Les mères foyalaises des années 50 sont encore reconnaissantes à Aimé CESAIRE que certaines considéraient comme “Dieu le Père”.

De toutes ces années à batailler sans argent pour la population foyalaise, je retiens le dévouement d’Aimé CESAIRE pour sa ville et l’adhésion du personnel de la cantine municipale à ses ambitions pour les familles. Mais savez vous qu’Aimé CESAIRE était un excellent cuisinier ?

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echanges SATISFAIRE AU BESOIN D’IDENTITÉ PAR LA CULTURE Aimé CESAIRE ne se laisse pas dépasser par la gestion des besoins quotidiens. Il reste encore beaucoup à faire mais l’immensité du chantier ne le détourne pas de ce qu’il considère comme un besoin fondamental pour tout peuple : la Culture. Dans une ancienne crèche à la Croix Mission, est installé en 1966 le Centre Municipal des Beaux-Arts. Son but est de promouvoir la culture artistique dans tous les milieux et d’offrir à ceux qui le souhaitent, l’occasion de s’exprimer en peinture, modelage, histoire de l’art, décoration… Des cours y sont dispensés gratuitement de 18 à 20 heures, sans condition d’âge ou de niveau intellectuel. Le premier festival culturel de la ville est organisé en 1971. La naissance en 1972 de l’OMDAC (l’Office Municipal d’Action Culturelle) préfigure de la création du SERMAC (Service Municipal d’Action Culturelle) plus tard. Le Parc Galliéni est racheté à l’armée pour 550 millions d’anciens francs pour être transformé en parc floral et culturel. En 1977, le SERMAC, installé au Parc Floral a pour objectif de mettre la culture à la portée de tous : gratuité, proximité. S’y développent des activités artistiques et culturelles autour d’ateliers. 10 centres culturels complètent dans les quartiers l’activité du Parc, assurant ainsi une véritable décentralisation culturelle. Les objectifs sont clairs : démocratiser la culture, ( ( (23) ) ) c'est-à-dire mettre à la portée du plus grand nombre échanges tout ce qui peut élargir la pensée, la conscience individuelle et collective et la sensibilité et permettre à l’esprit de développer son sens critique, son goût, son jugement. >> Aimé CESAIRE, André ALIKER au Parc Floral

>> Aimé CESAIRE avec C. JOSEPH

t é moig nag e Madame Lydie BETIS, DIRECTRICE DU SERMAC

Aimé CESAIRE appréhendait l’action culturelle comme une nécessité, un impératif, un devoir. Son parcours avec la culture et avec le SERMAC a été plein, abouti mais en même temps, laborieux.

Toute l’année, le SERMAC fonctionnait. Le personnel était sollicité 72 heures par semaine pendant le festival mais l’essentiel était ailleurs : l’essentiel était dans l’apport de chacun dans ce combat contre l’aliénation car tous savaient et avaient bien conscience de prendre part à un moment de l’histoire du pays.

En raison d’un contexte budgétaire difficile, il était confronté à la question des choix stratégiques : culture ou assainissement, culture ou électrification. Il a choisi, malgré l’opposition de certains : culture et assainissement ; culture et électrification. Pendant 15 ans, les ateliers sont gratuits et le matériel est fourni par la Ville. Les centres culturels sont des relais dans les quartiers, de la politique culturelle. Depuis maintenant plus de 30 ans, le SERMAC forme les martiniquais et fait naître des vocations.

>> Aimé CESAIRE, Camille DARSIÈRES à l’atelier de musique du SERMAC

Malgré les difficultés financières de la Ville, Aimé CESAIRE investit dans la culture car il y trouve la mise en acte de la négritude c'est-à-dire “la valorisation de la culture martiniquaise par rapport à l’universel”, “la préservation de toutes les cultures particulières sans sombrer dans l’intégrisme culturel et sans se diluer dans l’universel”. C’est cet équilibre instable qu’il a su installer dans le Festival Culturel. Le SERMAC a traduit dans sa programmation deux mots d’ordre : non à l’aliénation culturelle, oui à l’ouverture au monde. Les festivals sont d’ailleurs toujours en lien avec des peuples en lutte. Aimé CESAIRE a investi et s’est investi dans la culture et le personnel aussi s’est beaucoup investi aux côtés d’Aimé CESAIRE. Certains au début ont travaillé à leur domicile, attendant l’achèvement des travaux de leur atelier. Certains ont du faire face parfois à l’hostilité de la population qu’il fallait néanmoins attirer dans les centres culturels par des stratégies de contournement. Certains spectacles ont été exportés dans des communes souvent hostiles politiquement à l’époque.

>> Aimé CESAIRE à l’atelier de sculpture du SERMAC

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t é moig nag e Monsieur Claude LAVENAIRE, UN ESPRIT SAIN DANS UN CORPS SAIN : LE SPORT POUR TOUS Après les efforts faits pour amener l’école à l’enfant, une autre idée occupe l’équipe municipale : “un esprit sain dans un corps sain”, comme aime à le dire le Dr Pierre ALIKER. Pour répondre aux besoins du plus grand nombre, la municipalité installe dans presque tous les quartiers, des maisons pour tous et des installations sportives de qualité. Se pose alors la question de l’animation et de la gestion de ces structures. La réponse est la création d’un service municipal des sports. L’effort de la ville au développement du sport porte sur deux aspects : les investissements réalisés pour la réalisation des équipements sportifs mais aussi les aides apportées aux nombreuses associations. Il ne s’agit pas tant de créer des équipements que de permettre leur utilisation en soirée. L’effort est ainsi porté sur l’éclairage d’une cinquantaine de plateaux sportifs. Le Stade municipal construit à Dillon et inauguré en 1991, dénommé aujourd’hui Stade Pierre ALIKER est l’exemple même des défis qu’Aimé CESAIRE a relevés.

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échanges

Outil de haute performance par sa capacité (18 000 places), il doit sa réalisation à la ténacité et à la conviction de l’équipe municipale. Autre évènement phare du sport à Fort-de-France, le Semi Marathon International qui est organisé pour la première fois en 1985 avec 1 200 coureurs pour atteindre plus de 3 500 participants quatre ans plus tard.

DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT ET DIRECTEUR DES SPORTS À LA RETRAITE

Si l’on me demandait un jour de souligner une chose importante qui aura marqué mon existence, je n’hésiterais pas un seul instant. Je dirais : l’incommensurable privilège que j’ai eu à “fréquenter” Monsieur Aimé CESAIRE. Je dis “fréquenter”, car au delà de le saluer, d’échanger quelques mots, il m’a été permis d’être un de ses collaborateurs à la Mairie de Fort-de-France. 14 années auprès de ce grand homme, pétri des plus hautes valeurs humanistes, m’ont permis de le découvrir, mais surtout de bénéficier des outils dont l’être humain a un indispensable besoin pour pourvoir à son développement. En effet, nommé en octobre 1987, Directeur du premier Service des Sports de la Ville de Fort-de-France, Monsieur le Maire Cesaire m’a proposé d’échanger avec lui sur les grandes idées de la pratique sportive, mais hors du cadre de son bureau.

Etre le nègre d’une telle plume, être le nègre du Nègre Fondamental, je vous laisse imaginer mon état d’âme en cet instant. Je lui ai présenté quelques jours plus tard l’éditorial. Il y a ajouté le point qui manquait à la fin du texte et il l’a signé. Il ne me reste qu’à répéter encore une fois “Merci Monsieur Aimé CESAIRE”.

C’est ainsi que pendant plusieurs mois, nous partions certains après midi dans sa voiture, vers des lieux qu’il affectionnait : La Caravelle, l’Anse Céron, Fonds-St-Denis, etc. Au cours de ces trajets, nous évoquions les grandes orientations que nous pourrions prendre dans le domaine des activités physiques et sportives. Il tenait à ce que nos entretiens privés soient retransmis fidèlement au Président de la Commission des Sports. J’ai compris aussitôt que j’avais comme “patron” un homme franc, loyal, intègre et ouvert aux innovations. Des murs d’escalade dans quelques écoles primaires, en passant par le schéma directeur des équipements sportifs et de loisirs, l’aboutissement fut le Stade de Dillon aujourd’hui Stade Pierre ALIKER. C’est donc affirmer que Monsieur Aimé CESAIRE a favorisé la mise en place d’une politique novatrice devant permettre l’épanouissement du plus grand nombre. Je laisserai pour la fin, la décision qu’il a prise d’accepter la proposition de Monsieur Rudolf GIBUS, que la Ville de Fort-de-France prenne en charge l’organisation du Semi Marathon.

>> Pose de la 1ère pierre du Stade de Dillon avec Aimé CESAIRE

Et quand je lui ai demandé de bien vouloir me rédiger l’éditorial de la première plaquette de présentation de la manifestation, Monsieur le Maire m’a répondu avec son léger “zozotement” : “Mais LAVENAIRE, vous z’êtes mon “nègre”, rédigez donc ce texte”.

Cet événement que nous souhaitions à dimension internationale a donc été réalisé en collaboration avec tous les services publics de la Martinique et de nombreuses entreprises privées.

>> Présentation maquette du Stade de Dillon

avec Aimé CESAIRE et Pierre ALIKER

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t é moig nag e L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DU PERSONNEL MUNICIPAL L’une des préoccupations avouées d’Aimé CESAIRE est de permettre à chaque famille foyalaise de bénéficier d’au moins un salaire. Nul n’ignore que le nombre pléthorique des agents municipaux relève en partie de cette politique sociale. Il ne s’agissait pas d’embaucher pour embaucher mais de développer et de dynamiser le service public engendrant ainsi un besoin en personnel qu’il allait puiser au sein des couches les plus nécessiteuses mais les plus volontaires. Fin 1968, l’effectif est de 397 fonctionnaires, 12 auxiliaires et 642 salariés permanents. La Régie de l’Eau compte 65 salariés à temps plein et la Caisse des Écoles 292 salariés dont une partie à temps partiel pour le service des cantines. Soit un effectif global de 1 408 agents. En 1978, l’effectif est de 867 agents titulaires et 1 533 salariés permanents et auxiliaires, soit 2 400 agents. À ces agents, il faut ajouter les employés de la Régie de l’Eau et de l’Assainissement, 134 agents, le personnel de la Caisse des Ecoles, de la Cuisine Centrale et des cantines scolaires, 471 agents et enfin celui du service social, 36 agents. Soit un total de 3 041 agents. L’effectif passe ensuite à 3 005 agents. De graves difficultés financières conduisent la ville dans les années 80, à geler toutes augmentations de salaires et toutes promotions. ( ( (27) ) ) Ce plan de rigueur quoique difficile à vivre, est accepté échanges par le personnel municipal qui comprend que seule la solidarité peut permettre à la fois de garder son outil de travail mais également de poursuivre la réalisation de l’œuvre. Pour réduire les disparités existant entre personnel titulaire et personnel non titulaire, Fort-de-France innove et crée un statut particulier du personnel salarié. Le souci d’Aimé CESAIRE est de titulariser tous les agents pouvant l’être pour lever ainsi la précarité pesant sur leur situation professionnelle. Le pari est tenu. Fort-de--France fait aujourd’hui partie des villes de France comptant le plus grand nombre d’agents titulaires.

Monsieur Renaud de GRANDMAISON, DIRECTEUR GÉNÉRAL À LA RETRAITE

Entre 1945 et 1967, les cadres municipaux sont peu nombreux. Toutefois la compétence de ce personnel dirigeant est remarquable grâce au sérieux et à l’excellence de la formation diplômante acquise. Le seul universitaire titulaire d’une licence est archiviste ! À cette époque, la situation financière est extrêmement difficile, le paiement du personnel se fait en espèces de “main à main” par quinzaine et avec des retards fréquents. Cependant, tout le monde est rassemblé autour d’Aimé CESAIRE dans une véritable communion affective mêlée d’audace et d’ingéniosité.

Au début des années 90, les difficultés financières de la ville sont telles qu’un audit fera ressortir la nécessité de licencier 1 000 personnes environ, décision inacceptable pour Aimé CESAIRE ! La solidarité a alors pleinement fonctionné et le personnel municipal a fait preuve d’une impressionnante bonne volonté : les départs à la retraite n’ont pas été remplacés pendant 5 ans, les salaires ont été gelés. Un protocole de rappel de paiement des salaires fut mis en place sur 3 ans et par la suite, un plan de titularisation pour réduire la proportion de non titulaires. Le goût de l’exploit assorti d’une très grande solidarité est une forte illustration de l’état d’esprit du personnel municipal, même si dans la pratique syndicale, il reste très actif.

Je veux en tout premier lieu rendre un hommage au dévouement exceptionnel dont a toujours fait preuve le personnel municipal de Fort-de-France. Cette tradition du dévouement est exemplaire. Elle a évolué au cours du temps car les temps changent mais le réflexe de solidarité face aux évènements s’est perpétué. Parmi les actions marquantes, je veux rappeler l’intervention des équipes municipales pour la reconstruction de 4 écoles de la commune du Moule en Guadeloupe après le passage du cyclone Hugo. 48 heures avant la fin officielle prévue pour la mission, l’opération était terminée. Je suis allé sur place pour féliciter les équipes, leur annoncer que le nécessaire serait fait pour qu’elles puissent retrouver leurs familles au plus vite et qu’en attendant, elles avaient quartier libre. Plutôt que de profiter de ce temps libre, les ouvriers et techniciens ont préféré travailler à réparer la toiture d’un habitant en détresse. À partir des années 60, un effort notable d’encadrement va permettre une augmentation du personnel technique et singulièrement du Bâtiment et des Travaux publics. Vers la fin des années 70, de très grosses difficultés financières donnent malheureusement un coup d’arrêt à cet investissement et des mesures de licenciement doivent être envisagées. Le Dr ALIKER fera preuve d’un courage extraordinaire pendant cette période douloureuse. L’élection de F. Mitterand et la décentralisation permettront de sortir la ville du ghetto. Avec l’arrivée d’un jeune urbaniste, notre Maire actuel, la ville sera outillée pour délivrer les permis de construire.

>> Reconstruction d’école du Moule en Guadeloupe

après le cyclone Hugo

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Au-delà de l’exécution de simples missions, c’est à une véritable action de militantisme administratif que le parcours aux côtés d’Aimé CESAIRE nous a conduits.

t é moig nag e Monsieur Max BUNOD,

DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT, DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES

J’ai toujours été impressionné par la capacité d’anticipation de cet homme, sur la question des ressources humaines.

Aimé CESAIRE accompagné de Renaud de GRANDMAISON est venu sortir les jeunes manifestants anticolonialistes que nous étions,de la bataille avec les CRS. Sa détermination et son discours ce soir là ont renforcé mes convictions. Je pense que ma présence au sein des effectifs de la ville de Fort-de-France n’est peut être pas un hasard.

Extrait discours Elections législatives - Juin 1981

“ Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique…

Par ces actions concrètes pour gérer son personnel et surtout maintenir un revenu par famille, il nous a beaucoup appris, nous la génération Mitterand, car certains jeunes universitaires comme notre Maire Serge Letchimy, ont été recrutés à la Mairie de Fort-de-France en 1981 - 1982 pour participer à la mise en œuvre de la décentralisation.

...il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme est finie

Faire ses premiers pas professionnels auprès d’un homme de cette dimension est une chance inestimable que beaucoup de nos collègues de la fonction publique nous envient.

Que nous n’avons rien à faire au monde

Avec Aimé CESAIRE, beaucoup d’entre nous ont eu une approche anti technocratique de la gestion du personnel, en plaçant l’humain au centre de nos préoccupations, tout en ne négligeant pas la réglementation.

( ( (29) ) ) échanges

Il inspirait le respect de tous. Il nous a aussi tracé la voie du dialogue social, du partenariat avec les organisations syndicales car il savait les écouter et les syndicalistes savaient qu’ils n’étaient pas devant un patron comme les autres, mais face à un homme ayant une vision partagée et solidaire du social. Mais ma première rencontre avec Aimé CESAIRE remonte à un certain soir de novembre 1971 après l’assassinat d’un jeune lycéen Gérard NOUVET.

“ Je n’ai servi aucun prince. Je n’ai servi aucun fanatisme. J’ai servi mon peuple, avec fidélité, avec abnégation.” AIMÉ CESAIRE

Il avait toujours deux ou trois longueurs d’avance sur la législation, car il a toujours géré sa ville dans la difficulté, “dos au mur”, supportant le poids du social, l’angoisse d’une population, recherchant toujours la solution la mieux adaptée.

Un exercice difficile, mais qui a produit des innovations, des sujets d’études, de thèses pour des étudiants. Le statut du personnel salarié est une création d’Aimé CESAIRE avec la complicité stratégique de l’ancien secrétaire général Auguste ACELOR. Ce statut avait la particularité de contenir la paix sociale. Aux cotés d’Aimé CESAIRE tout devenait simple et facile, car l’Homme dégageait une telle simplicité, un tel humanisme, une telle compréhension de l’autre.

Aujourd’hui, plus que jamais ses paroles prennent tout leur sens :

Que nous parasitons le monde Qu’il suffit que nous nous mettions au pas du monde

S’IL FALLAIT CONCLURE…

Le parcours que nous venons d’effectuer à travers les 56 années de mandature d’Aimé CESAIRE et de ses équipes successives n’est évidemment qu’un raccourci de toutes les actions menées. L’exercice a été difficile tellement les exemples sont nombreux. Cependant, par cette modeste contribution, nous avons voulu rappeler les grandes étapes de ce parcours, ô combien difficile au cours duquel équipes municipales élues et agents municipaux ont œuvré dans un même sens, convaincus de ce que l’avenir de Fort-de-France ne pouvait se construire qu’ensemble.

Mais l’œuvre de l’homme vient seulement de commencer et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force Et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu’a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite… » AIMÉ CESAIRE Cahier d’un retour au pays natal


>> Aimé CESAIRE avec Renaud de GRANDMAISON

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échanges

>> Aimé CESAIRE à la Pyramide des Alizés

l’album

aime cesaire

1913 - 2008

tout en images…


>> Aimé CESAIRE dans le quartier de l’Ermitage

>> Aimé CESAIRE, Claude LISE et F. CORDEMY lors d’une visite

>> Aimé CESAIRE avec Monsieur BUNOD

>> Aimé CESAIRE avec Monsieur ABOUNA

>> Aimé CESAIRE à son secrétariat

>> Aimé CESAIRE avec J. MAUGÉE et Le Préfet

>> Aimé CESAIRE, le Docteur Pierre ALIKER et

Pierre CELMA et Camille DARSIÈRES lors d’une visite à la Baie des Tourelles

>> Aimé CESAIRE, Dr HUBERVIC et Monsieur BUNOD

lors d’une séance de travail >> Aimé CESAIRE

à la pétanque >> Aimé CESAIRE

>> Aimé CESAIRE avec F. FANON

accompagné de Monsieur ALBICY

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échanges

>> Aimé CESAIRE avec Monsieur GAMESS >> Aimé CESAIRE accueille

François MITTERRAND en Martinique >> Aimé CESAIRE et le Docteur Pierre ALIKER

une complicité de longue date

>> Aimé CESAIRE avec Camille DARSIÈRES

56 ANS D’ENGAGEMENT POUR LA VILLE DE FORT DE FRANCE l ’a l b u m

aime cesaire

1913 - 2008


>> Aimé CESAIRE en compagnie de Monsieur LEBON

>> Aimé CESAIRE en visite

dans la Ville-Capitale

>> Aimé CESAIRE

dans la salle du Conseil

>> Aimé CESAIRE

avec MM. Raphael VETURY et A. PIERRE-LOUIS

>> Aimé CESAIRE

>> Aimé CESAIRE en visite

avec les joueurs de pétanque

dans Fort-de-France

>> Aimé CESAIRE avec N. LITTRÉ >> Aimé CESAIRE avec Monsieur ALBICY

lors d’une visite de chantier

>> Aimé CESAIRE en compagnie de Serge LETCHIMY

( ( (35) ) ) échanges

lors de l’hommage à V. CROISY

l ’a l b u m

>> Aimé CESAIRE avec S. LONDAS

>> Aimé CESAIRE avec Serge LETCHIMY

rencontre avec une famille de Foyal

>> Aimé CESAIRE lors de la pose de la 1ère pierre

du Stade de Dillon, aujourd’hui Stade Pierre ALIKER

>> Aimé CESAIRE

au Conseil Municipal


a i m e c e s a i r e1 9 1 3

- 2008

>> Aimé CESAIRE lors des élections municipales

>> Aimé CESAIRE sur la Place de l’Abbé Grégoire

>> Aimé CESAIRE sous le Grand Marché de la Ville de Fort-de-France

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échanges

>> Aimé CESAIRE avec Monsieur PIÉJOS

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Au bout du petit matin… avril 2008

z o om

Au matin de ce jeudi 17 avril 2008, la nouvelle que tous redoutent depuis plusieurs jours, tombe : Aimé CESAIRE, nous a quittés, à 95 ans… Le Grand Homme qui a été le Maire de la Ville Capitale pendant 56 ans laisse derrière lui un peuple attristé mais surtout une grande famille endeuillée, le personnel municipal qui ne peut s’empêcher de ressentir une tristesse unique, celle que l’on ressent lorsque l’on devient orphelin. Et la mobilisation qui avait déjà commencé à mesure que les nouvelles se voulaient moins rassurantes, se renforce. Tous les salariés, ceux qui avaient travaillé à ses côtés comme les autres qui ne l’avaient pas personnellement connu, se rassemblent pour unir leurs efforts et organiser un dernier adieu à la hauteur de leur Député Maire Honoraire. Cette mobilisation concerne tous les services de la mairie : Dès l’annonce du décès, un important dispositif de sécurité est organisé aux abords et au domicile d’Aimé CESAIRE, avant l’arrivée de la dépouille. La police municipale et les agents de médiation urbaine (AMU) se mettent immédiatement en place pour gérer la foule, venue spontanément rendre hommage. ( ( (39) ) )

échanges

Il faut réguler la circulation afin d’éviter de trop grosses perturbations. Un dispositif de déviation est donc mis en œuvre pour gêner le moins possible les riverains. Une fois les directives données par le Maire, Serge LETCHIMY et en accord avec la famille, l’administration municipale s’organise, dans l’heure qui suit pour faire face à l’évènement. Il faut réceptionner les appels venant du monde entier, donner les informations sur le déroulement des obsèques, orienter les demandes de toutes sortes, recueillir les renseignements pour le protocole... Pour cela, des équipes composées d’agents d’accueil mais aussi d’agents d’autres services municipaux vont travailler toute la journée et toute la nuit du jeudi et de 8 heures à 22 heures, du vendredi au samedi.

300 appels sont ainsi enregistrés et traités grâce à une application spécialement adaptée pour la circonstance par la Direction des Systèmes d’Information. Il s’agit de prendre en compte toutes les informations utiles afin de pouvoir organiser les veillées et la cérémonie d’hommage. L’enjeu est de taille car il faut en effet assurer trois jours de manifestations, sans discontinuer ! Le Stade Pierre ALIKER dans lequel se dérouleront les manifestations de veillée et d’hommage doit rester ouvert 24H sur 24H afin d’accueillir toute la population martiniquaise mais aussi toutes les personnalités de l’extérieur qui viendront pour se recueillir. Il faut surtout transformer un stade en un lieu d’hommage digne d’Aimé CESAIRE. On y installe des chapiteaux, des barrières. On fabrique des supports en bois pour installer le cercueil, les gerbes. On transporte des plantes, des fleurs. L’éclairage se fait soft pour respecter l’intimité que tous veulent avec Aimé CESAIRE. Une fois de plus, les équipes techniques municipales relèvent le défi et le résultat est extraordinaire. On se dépense sans compter, c’est pour M. CESAIRE et rien n’est trop pour M. CESAIRE. Il faut également réagir très vite aux nombreuses modifications du programme pour tenir compte des obligations protocolaires, des souhaits de la famille, des contraintes sur le terrain. Les réunions sont nombreuses. Chacun en sort fatigué, mais il faut tenir bon et gérer ses émotions. Tout le monde savait que l’évènement serait exceptionnel et qu’il faudrait le gérer en conséquence. Mais lorsque le Président de la République annonce que les obsèques seront nationales et que le décret est publié, il faut adapter l’organisation à toutes les exigences que cela entraine. L’autre facteur à prendre en compte est l’importance du public qui sera présent aux manifestations et qu’il faut accueillir dans les meilleures conditions possibles. Le personnel municipal une fois de plus, répond à l’appel et plus de 200 agents municipaux vont assurer l’accueil, de noir et blanc vêtus, lors des veillées et de la cérémonie d’hommage.

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z o om

Aimé CESAIRE aimait se promener dans sa ville et rencontrer la population. L’équipe du SERMAC travaille jour et nuit, à décorer tout le long parcours qui a été défini pour le passage du cortège. Il faut que ce soit beau, grandiose, exceptionnel mais il faut avant tout, que l’œuvre du poète soit là pour réconforter, accompagner, rappeler que l’Homme ne meurt pas, qu’il ne quitte pas les siens, que c’est juste un au revoir… Et puis, le SERMAC, c’est le bébé d’Aimé CESAIRE. Parmi les orphelins, ils se sentent tous tellement concernés ! Pendant deux jours, les peintres municipaux s’attèlent à redonner un visage neuf à l’hôtel de ville. Aimé CESAIRE y a rendez vous avec son personnel mais aussi tous ces anonymes massés dans les jardins et qui attendront près de 4 heures son arrivée.

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Les heures qui séparent de l’adieu sont courtes, tellement courtes pour tout gérer ! Mais ce n’est pas grave si tout n’est pas parfait, Aimé CESAIRE aimait par dessus tout la simplicité et la discrétion.


“Pa rété pies balizié Matinik encô”, c’est la phrase que l’on a souvent entendue lors de la cérémonie d’adieu consacrée à Aimé CESAIRE mais aussi lors du parcours du cortège funéraire dans les quartiers de Fort-de-France. En effet, symbole du parti politique qu’il a fondé en mars 1958, de nombreux balisiers ont été distribués à des employés municipaux, des militants ou encore utilisés pour décorer les différents lieux de passage de la dépouille d’Aimé CESAIRE. L’exploit est assez rare pour le souligner, ce sont au total 500 à 600 balisiers qui ont été coupés par une équipe d’une dizaine de personnes emmenées par Roger Saban. Séparés en deux groupes, ils ont sillonné des coins luxuriants de l’île : La Médaille, Le Morne Rouge, Saint Joseph, Ajoupa Bouillon, Le Macouba et la Route de la Trace. Tous ces lieux ont été visités afin d’y trouver celle qui, en cette triste circonstance est devenue une fleur précieuse. ( ( (43) ) )

échanges

L e leB dernier a l i s i erendez r & vous A i de m laé fleur C E SetAduIpoéte RE :

z o om

UNE PROUESSE DU SERVICE INTERVENTIONS MAIRIE

Mais les choses n’ont pas été simples. Les lieux de coupes ont été très souvent difficiles d’accès car escarpés, ou situés dans des fonds. Mais une fois les fleurs coupées, un autre travail attendait les équipes : le réacheminement vers les véhicules. À tout cela, il a fallu ajouter les risques de morsures de serpents. C’est sans hésitation que les équipes ont mené à bien la tâche, car de l’avis de tous, “Aimé CESAIRE méritait bien cela !”

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Echanges

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( (( m a g a z i n e t r i m e s t r i e l d u p e r s o n n e l m u n i c i p a l d e l a V i l l e d e F o r t - d e - F r a n c e )))

2008

hor s s é r i e

⁄⁄ 2008


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