TAJAN Event Romanian Modernism

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LE MODERNISME ROUMAIN

37 rue des Mathurins 75008 Paris T. +33 1 53 30 30 30 www.tajan.com


LE MODERNISME ROUMAIN EXPOSITION Espace Tajan 37 rue des Mathurins 75008 Paris - +33 1 53 30 30 30

Du mardi 20 au vendredi 23 octobre de 10h à 18h Samedi 24 et dimanche 25 octobre de 11h à 18h Lundi 26 et mardi 27 octobre de 10h à 18h

En couverture HORIA DAMIAN - PROJET D’ICONOSTASE, 1962 - ACRYLIQUE ET RÉSINE SUR TOILE - 200,5 X 150 CM

Les œuvres précédées de ce sigle seront mise en vente le lundi 26 octobre 2009 à l’Espace Tajan. Pour toute information, contacter Julie Ralli au +33 1 53 30 30 55


En tant qu’américaine d’origine roumaine, je suis honorée et fière de pouvoir présenter une exposition traitant du Modernisme Roumain, pendant la FIAC, événement d’art contemporain majeur de l’agenda culturel français. Notre exposition souhaite démontrer, au travers d’œuvres d’artistes majeurs, que l’art roumain a réussi à rester connecté aux grandes tendances esthétiques européennes pendant la dictature de Ceausescu, alors même que le pays était isolé du reste du monde. Grâce à des artistes tels que Horia Bernea, Geta Bratescu, Ion Pacea, Constantin Flondor, qui ont vécu en Roumanie, ou André Cadere, Horia Damian, Victor Roman et Paul Neagu, qui ont vécu en Occident, le modernisme roumain se révèle, de manière concentrée, dans ce qu’il a de plus spécifique : une synthèse originale entre le désir d’innovation avant-gardiste et la réappropriation d’une spiritualité forte, ancrée dans la tradition d’une culture réprimée par l’ idéologie communiste. Cette exposition s’inscrit dans la série d’événements culturels « L’Artiste et ceux qui le soutiennent » au cours de laquelle fut présenté « Romanian Art Today » qui réunissait pour la première fois la nouvelle génération d’artistes roumains. Il me semble donc naturel de revenir sur les sources inspiratrices de cette génération en rendant hommage aux fondateurs de l’avant-garde roumaine afin de le faire mieux connaître du public occidental et de l’intégrer activement dans le flux artistique international.

Rodica Seward Président du Conseil d’Administration de TAJAN SA


Il est étonnant de constater combien de noms sonores de l’avant-garde d’avant et d’après la deuxième guerre mondiale sont d’origine roumaine. De Brancusi à Tzara, de Victor Brauner à Eugène Ionesco, de Benjamin Fondane à Jacques Hérold, de Gherasim Luca à Isidore Isou e.a., l’espace littéraire et visuel de l’avant-garde occidentale fut fortement impulsé par des gestes de fronde et d’innovation provenant d’une culture moins connue, apparemment traditionnelle et pourtant en pleine modernisation accélérée. L’arrivée dramatique du communisme pour presque 50 ans n’a fait que rendre plus lent un processus inévitable qui intégrait la culture roumaine, en dépit des rudesses politiques, dans le grand giron européen. Il s’agit de toute une génération d’artistes qui, malgré les ingérences de la censure totalitaire, ont réussi à renouer avec les courants néoavant-gardistes des années 60 et 70 de l’Europe occidentale, en développant des recherches visuelles très personnelles. Les esprits les plus créatifs de cette génération se sont divisés finalement dans deux groupes : ceux qui sont restés dans le pays et ceux qui ont quitté le pays pour s’installer dans diverses capitales occidentales. Du premier groupe font partie Horia Bernea, Geta Bratescu, Constantin Flondor et Ion Pacea. Pour le deuxième groupe, des créateurs tels Isidore Isou, Horia Damian, André Cadere ou Victor Roman ont vécu à Paris, d’autres ont choisi Londres, tel Paul Neagu. Le florilège de plasticiens roumains proposés par l’exposition à la Maison Tajan a comme but de mettre en lumière, de manière concentrée, l’esprit d’innovation et de synthèse qui a « sublimé » les frontières politiques de l’époque, mais aussi l’encrage de l’art de ces artistes dans certaines caractéristiques de la sensibilité roumaine - l’articulation de l’artificiel au naturel, l’harmonisation de la tradition avec la modernité, l’ouverture du tangible vers un frisson qui le transcende et le spiritualise. De l’art néo-constructiviste et conceptuel dans une première phase autour des années 60-70, à l’art anthropocosmique et néo-byzantin dans une phase ultérieure dans les années 80-90, s’étend une large plage de proposition visuelles des plus passionnantes, qui méritent d’être redécouvertes, comprises dans leur spécificité et réintégrées au discours de l’histoire de l’art moderne européen de la fin du 20e siècle.

Magda Carneci Directeur de l’Institut Culturel Roumain


VICTOR BRAUNER (1903-1966)

Né à le Piatra Neamt en Roumanie, Victor Brauner était un peintre dadaïste puis surréaliste qui a fait partie de l'importante communauté d'artistes et intellectuels roumains de Paris avec Constantin Brancusi, Emil Cioran, Mircea Eliade, Eugène Ionesco, Panaït Istrati et Tristan Tzara. La famille Brauner s’installe pendant quelques temps à Hambourg, puis à Vienne en 1912 et revient à Bucarest en 1914 où il étudie à l'école des Beaux-Arts de 1919 à 1921. Un premier voyage à Paris, en 1925, lui fait découvrir Giorgio De Chirico et les surréalistes. Mais ce n'est qu'en 1932, installé à Paris, qu'il prend contact avec ces derniers grâce à Yves Tanguy. Il commence une série de tableaux autour du symbole de l'œil énucléé. En 1934 a lieu sa première exposition parisienne à la galerie Pierre. André Breton préface le catalogue : « Le désir et la peur président par excellence au jeu qu'il mène avec nous, dans le cercle visuel très inquiétant où l'apparition lutte crépusculairement avec l'apparence. » Après un retour à Bucarest, en 1935, il revient à Paris en 1938 et partage l'appartement d'Yves Tanguy. Puis il se réfugie dans le sud de la France pendant l'occupation. La précarité de sa vie le contraint à s'adapter et utiliser le peu de matériau dont il dispose. Il explore des techniques de fortune telles que la cire d’abeille ou le brou de noix sur des supports de bois qui orienteront sa peinture vers une forme plus singulière de primitivisme. Cette expérience le conduit à s’intéresser aux arts premiers. En 1947, il participe à l’exposition internationale surréaliste à la galerie Maeght. Après cette exposition, il quitte le groupe surréaliste. Sa peinture s'assombrit jusqu'à devenir presque monochrome tandis que les titres de ses œuvres renouent avec l'humour Dada. La découverte de la psychanalyse Jungienne en 1948 nourrira l'iconographie de ses tableaux et foisonneront dès lors dans son œuvre les figures du double, le thème du retour au ventre maternel et les thèmes liés à l'animalité jusqu'à la fin de sa vie, en 1966, où il décède à Paris.

ETRE RÉTRACTÉ EN CHIEN I, 1950 - HUILE SUR TOILE - 54 X 65 CM

CROISSANCE, 1962 - HUILE SUR TOILE - 73 X 60 CM 8 – TA J A N

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HORIA BERNEA

Figure mythique de la peinture roumaine moderne, Horia Bernea (1938-2000) est considéré comme l’un des plasticiens roumains les plus importants du 20e siècle. Son art débute sous le signe de l’avant-garde à la fin des années 60 et le prix Stahly, obtenu à la Biennale de Paris en 1971, confirme son conceptualisme de l’époque. Suit une réconciliation avec l’image, comme disait le peintre, une redécouverte du langage figuratif classique, dans les célèbres séries des « Collines » et des « Nourritures » des années 70. A partir des années 80, Horia Bernea se réoriente vers la spiritualité chrétienne orthodoxe et réinterprète librement la richesse de la tradition post-byzantine autochtone, à travers un langage pictural qui synthétise l’abstraction et le réalisme. Devenu membre du groupe néo-byzantin « Prolog » (Prologue), à côté des autres plasticiens roumains bien connus, Bernea élabore dans les années 80 et 90 ses grande séries « Colonnes », « Intérieurs d’églises », « Cours paysannes », « Prapors » (bannières/étendards religieux), Jardins d’été, séries couronnées par des prix roumains et étrangers importants. En 1990, Horia Bernea crée le Musée du Paysan Roumain, dont il devient le directeur jusqu’à la fin de sa vie. Ce musée, qui met la culture traditionnelle roumaine dans une scénographie extrêmement novatrice et poétique, a reçu en 1996 la distinction « European Museum of the Year ». Devenu chef de file des intellectuels roumains laïques engagés après la chute du communisme dans un dialogue avec l’héritage chrétien et l’église orthodoxe roumaine, Horia Bernea a milité toute sa vie pour la préservation des valeurs spirituelles dans la modernité. En 1997, lors d’une grande rétrospective de son œuvre au Musée national d’art de Bucarest, Horia Bernea écrivait : « Il y a un danger dans lequel les Roumains sont synchrones avec les Occidentaux, la perte de l’identité, l’oubli de nos racines profondes… Devant un monde menacé par la décomposition, forcé de renier les repères fondamentaux de l’existence, l’artiste, l’homme de culture en général, doit participer au sens de sacrifice qui a sauvé le monde. Il doit sauver ». Ses œuvres ont été exposées à Paris, Glasgow, Liverpool, Budapest, Rome, Luxembourg, Bruxelles, etc. La sélection proposée à présent au public parisien provient de plusieurs collections privées de Roumanie.

AUTOPORTRAIT, 1978 - HUILE SUR TOILE - 168 X 220 CM 1 0 – TA J A N

COLONNE, 1997 - HUILE SUR TOILE - 116 X 81 CM TA J A N – 1 1


COLLINE, 1972 - HUILE SUR TOILE - 35 X 70 CM

DEAL, 1974 - HUILE SUR TOILE - 60 X 120 CM

COLONNE, 1994 - HUILE SUR TOILE - 162,5 X 129,5 CM

« Je suis intéressé par les formes axiales, ce qui m’a conduit à la Colonne. Ce type de travail lié à une forme claire, géométrique, me convient très bien, c’est comme un thème de jazz qui m’autorise assez de liberté pour m’en éloigner. Mais je m’en éloigne en tournant autour, à travers, avec. » Horia Bernea in Dilema, 408, décembre 2000 COLLINE, 1975 - HUILE SUR TOILE - 60 X 119,5 CM

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ICONOSTASE, 1991 - HUILE SUR TOILE - 81 X 65 CM

ICONOSTASE, 1988 - HUILE SUR TOILE - 100 X 60 CM

ICONOSTASE, 1988 - HUILE SUR TOILE - 130 X 97 CM

SANS TITRE, 1986 - HUILE SUR TOILE - 60 X 60 CM 1 4 – TA J A N

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« Le sujet de la Bannière est investi d’une grande liberté d’expression, ainsi que d’un caractère ouvert, indéfinissable, non déterminé et non terminé. D’une part, c’est un signe qui permet un énorme degré de liberté et, d’autre part, le signe précis de la croix, une image qui se suffit à elle-même. »

PRAPOR, 1982 - HUILE SUR TOILE - 130 X 130

PRAPOR, HOMMAGE À PAUL NEAGU (TRIPTYQUE), 1985 - HUILE SUR TOILE - 35 X 35 CM CHAQUE

« C’est une répétition et une limitation dans le sens d’un geste de vie, d’une affirmation et non d’une négation : spontanéité, vie, geste vivant. Spontanéité comme intuition des limites d’un phénomène, libérant l’action à l’intérieur : absence d’emphase, d’agressivité, soumission à ce qui est donné. »

PRAPOR, 1980 - HUILE SUR TOILE - 122 X 122

« La Bannière est un signe englobant, une structure vide, explicitement « anti iconique » ! Les vicissitudes d’un tel programme pictural résident dans la difficulté à remplir le vide, dans le manque de dynamisme du schéma et de la structure ; introduire des traits concrets est un moyen de combler la sécheresse inhérente du programme. » PRAPOR, 1986 - HUILE SUR TOILE - 98 X 98 CM

PRAPOR, 1985 - HUILE SUR TOILE - 130 X 130 CM

Horia Bernea entretien avec Anca Oroveanu, Secolul 20, 4-5-6/1985

PRAPOR, 1984-1985 - HUILE SUR TOILE - 130 X 130 CM 1 6 – TA J A N

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CONSTANTIN FLONDOR

Né en 1936, Constantin Flondor est un peintre bien connu en Roumanie, qui vit et travaille dans la ville de Timisoara. En 1969, il est co-fondateur du groupe Sigma, à côté des autres jeunes plasticiens novateurs de l’époque, qui promeuvent le constructivisme et un dialogue entre art et science. En 1972, il entreprend un voyage d’études en RDA, sous les traces du Bauhaus, ce qui lui permet de se synchroniser avec les recherches visuelles les plus expérimentales de l’époque, surtout l’art concret et le cinétisme. La participation du groupe Sigma à la Biennale de Nuremberg est remarquée entre autres par Michel Seuphor, qui l’introduit dans son panorama de l’art contemporain. A partir des années 80, Constantin Flondor fait partie du groupe Prolog, qui renoue avec la figuration classique imprégnée par une spiritualité diffuse d’inspiration post-byzantine. Il redécouvre la nature et la beauté d’une approche réaliste subtile, dont témoignent ses séries de Nuages, de Cieux, d’Arbres et de Jardins, imbues d’une religiosité panthéiste à fleur de peau. Professeur à l’Académie des Beaux-arts de Timisoara, Constantin Flondor a exposé dans d’autres pays, essentiellement dans le monde germanique, et a reçu d’importants prix artistiques en Roumanie et à l’étranger.

LIVADA, 1988 - HUILE SUR TOILE - 116 X 160 CM

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GÉOMÉTRIE VÉGÉTALE 3 X 3, 2006 - HUILE ET FUSAIN SUR TOILE - 162 X 114 CM

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VÉRANDA I, 2008 - HUILE SUR TOILE - 80 X 120 CM

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VÉRANDA II, 2008 - HUILE SUR TOILE - 80 X 120 CM

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ION PACEA (1924-1999)

Ion Pacea est considéré comme l’un des plus grands coloristes de la peinture roumaine moderne. Influencé par Matisse dans sa jeunesse, il s’est fait connaître et reconnaître par ses séries dédiées aux genres classiques de la peinture : Paysages, Natures mortes, Marines, Intérieurs d’atelier ... Il réussit l’exploit de faire ressortir une trame abstraite de l’image à partir d’un fond figuratif solide, ancré dans une profonde connaissance de l’histoire de la peinture européenne. Dans ses toiles, la brillance du coloris est soutenue par une paradoxale alliance entre les surfaces aplaties des formes, traitées de manière décorative, et une touche libre, vibrante, gestuelle. Ion Pacea a étudié à l’Académie libre « Guguianu » et à l’Institut « Grigorescu » de Bucarest, où il a eu comme professeurs des maîtres importants de la peinture roumaine de l’entre-deux-guerres, tels Camil Ressu, Jean Alexandru Steriadi et Alexandru Cicurencu. Il fait ses débuts au Salon Officiel de Bucarest en 1947. Dans les années 50-60, il réussit à résister au style réaliste-socialiste imposé par le pouvoir communiste. Il construit ensuite paisiblement et solidement sa carrière lors de plusieurs expositions personnelles et collectives, à Berlin, Prague, Dresde, Moscou, Munich, Ankara, Le Havre, Sofia, etc. Son parcours sera couronné par plusieurs prix nationaux importants.

INTÉRIEUR, CIRCA 1980 HUILE SUR PAPIER MAROUFLÉ SUR TOILE - 146,5 X 113 CM

LA CHAISE VIOLETTE, 1972 - HUILE SUR TOILE - 100 X 71,5 CM

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INTÉRIEUR, CIRCA 1980 HUILE SUR PAPIER MAROUFLÉ SUR TOILE - 146,5 X 113 CM

MARINE AU SOLEIL JAUNE, 1983 - HUILE SUR TOILE - 81 X 100 CM

SOLEIL ROUGE, 1977 - TECHNIQUE MIXTE SUR CARTON - 69,5 X 98,5 CM

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A GETA BRĂTESCU

Née en 1926, Geta Bratescu est considérée comme une personnalité marquante de l’art roumain contemporain. Sorte d’ « artiste complet », elle s’est exprimée dans presque tous les genres classiques et dans les nouveaux mediums, depuis le dessin, l’art graphique, la photographie et le collage jusqu’à l’objet-installation, au photomontage, à la performance, à la vidéo, au film d’artiste. Artiste prolifique, théoricienne et écrivain autant que plasticienne, Geta Bratescu met en œuvre une esthétique protéique, où l’exigence de la spontanéité s’articule avec une recherche du jeu et une expérimentation poussée de l’artificiel. Sa préoccupation constante pour la processualité du geste artistique se combine avec un goût surréaliste pour la combinaison des matières et des objets inattendus, ouvrant vers de riches sens métaphoriques. Dans ce sens, ses Autoportraits représentent des démonstrations pleines de virtuosité de la capacité de l’artiste à passer du sérieux à l’humour, de la gravité à la fantaisie nonchalante, de la rigueur conceptuelle à une inventivité sans limites. Dans les dernières années, Geta Bratescu a ouvert plusieurs expositions personnelles en Occident, dont la dernière à Taxispalais (Innsbruck, 2008) et a participé à plusieurs grandes expositions collectives, dont « Europa, Europa. Le siècle des avant-garde en Europe de l’Est » (Bonn, 1994), « L’Art de l’Europe de l’Est en Occident. Depuis 1960 et jusqu’au présent » (Ljubljana, 2000) et « A la recherche de Balkania » (Graz, 2002).

LA FILLE MUETTE, 1976 TECHNIQUE MIXTE ET COLLAGE SUR PAPIER - 92,5 X 69,5 CM

FEMME DÉMON, 1981 TECHNIQUE MIXTE ET COLLAGE SUR PAPIER - 47,5 X 37,5 CM

BERCEAU EN FIL MÉTALLIQUE, 1970 2 4 – TA J A N

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“To draw with my eyes closed means on the one hand to invite chance, and on the other, to challenge it. It is precisely this double relation to the haphazard that reinforces the playful nature of this experience.” Geta Bratescu, 2006

I HAVE DRAWN WITH MY EYES CLOSED, 2005 - FEUTRE ET CRAYONS DE COULEURS SUR PAPIER - 21 X 29 CM CHAQUE 2 6 – TA J A N

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PAUL NEAGU (1938-2004)

Il est considéré comme un des plasticiens d’origine roumaine les plus importants de la deuxième moitié du 20e siècle dont la carrière s’est déployée surtout en Grande Bretagne. D’abord sculpteur, il s’est manifesté aussi vigoureusement dans la peinture, le dessin et surtout la performance. A la fin des années 60, Paul Neagu commence sa carrière sous le signe des néo-avant-gardes de l’époque : il pratique l’art conceptuel, le happening et invente le eat-art. Après avoir participé à des expositions à Prague, Zurich, Paris, Turin et Hambourg, il décide en 1970 de s’installer en Grande Bretagne. Il commence une carrière d’artiste-performeur qui lui apporte une réputation et en 1974, il ouvre une première exposition personnelle au prestigieux Museum of Modern Art d’Oxford. Cette exposition sera suivie par d’autres à Londres, au ICA (Institute of Contemporary Art) en 1979, à la Serpentine Gallery en 1987, etc. A partir des années 70, Paul Neagu se dévoue surtout à la sculpture et devient un membre marquant de la « British sculpture », comme le démontrent les albums et les catalogues d’art de l’époque. Pendant de longues années, Paul Neagu crée ses fameuses séries de Hyphens (formes en tripode), de Stars (étoiles) ou Starheads (têtes d’étoile), fabriquées de matières diverses, bronze, acier, bois ou plâtre. En parallèle, il continu à peindre, à dessiner et à théoriser sur son propre art dans des textes à caractère métaphysique. Attiré par le travail monumental, Paul Neagu a réussi à voir deux de ses projets réalisés : deux monuments dédiés à la Révolution de 1989, érigés à Bucarest et à Timisoara. Depuis la fin des années 70, Paul Neagu a enseigné la sculpture à l’université de Middlesex et à Slade. Son travail et son enseignement ont inspiré plusieurs de ses étudiants qui sont devenus par la suite des artistes britanniques importants : Anish Kapoor, Antony Gormley, Tony Cragg, Rachel Whiteread et Langlands & Bell. ICON, 2003 - HUILE SUR TOILE - 132 X 64,5 CM

ICON, NEWHYPHEN, 1994 - HUILE SUR BOIS - 63,5 X 29 CM

A la fin des années 90, une bonne partie de ses œuvres a été acquise par la Tate Gallery. Dans les années 2000, quelques-unes de ses sculptures ont été mises en exposition permanente à la Tate Britain, à côté des autres sculpteurs britanniques plus récents. En 2003, est parue la monographie Paul Neagu : neuf stations catalytiques de Matei Stircea-Craciun (en roumain).

SANS TITRE, 1969 - TECHNIQUE MIXTE ET COLLAGE SUR CARTON - 79 X 79 CM 2 8 – TA J A N

OM-1 (OPEN MONOLITH) - ACIER SOUDÉ ET PATINÉ - 40 X 148 X 93 CM TA J A N – 2 9


ANDRÉ CADERE (1934-1978)

André Cadere, dont la courte existence commence en Roumanie et finit à Paris, représente le cas heureux d’un artiste à part, inclassable, presque inconnu de son vivant, mais qui fut récupéré de manière spectaculaire dans les dernières années par les institutions culturelles internationales. Après des études d’art à Bucarest, André Cadere décide de partir pour la France en 1967. Ses première peintures témoignaient d’une inspiration qui n’était pas sans rappeler Chagall ou Klee, cependant l’artiste se décide très vite pour le Op Art et entre dans le milieu foisonnant des néo-avant-gardes parisiennes des années 60-70. En pratiquant un art conceptuel sui generis, il trouve un moyen de se faire remarquer : il construit des bâtons colorés et ronds, taillés manuellement en bois, qu’il promène dans les rues, qu’il dépose dans des endroits incongrus avec l’idée commune de l’art, qu’il montre à des vernissages divers, en s’invitant subrepticement dans des lieux qui ne lui sont pas dévolus. Ses barres en bois, objets minimalistes en trois couleurs nommés par André Cadere « peinture sans fin », dont les modules sont combinés selon une logique permutationnelle précise, rappellent peut-être le principe d’agencement répétitif d’éléments simple développé dans les « Colonnes sans fin » de son prédécesseur roumain, Brancusi. Cependant, ce qui compte le plus dans sa démarche singulière c’est son désir de soustraire l’art au circuit de diffusion traditionnelle et l’idée révolutionnaire d’une délocalisation radicale de l’œuvre d’art, dont la dématérialisation et l’anonymat étaient les corolaires inévitables. « Mon idée est de montrer qu’un travail indépendant par rapport aux structures institutionnelles de la culture peut être montré n’importe où, dans un circuit complètement différent et même contraire à celui des grandes pompes officielles du Grand Palais.», affirmait l’artiste. Non-conformiste et indépendant, « énigmatique entre tous », comme écrit Catherine Millet dans L’Art contemporain en France, André Cadere n’a pas trouvé de reconnaissance auprès des structures de l’art parisiennes, même s’il fut reconnu dans son originalité par les artistes français congénères et se lia d’amitié avec le galeriste Yvon Lambert et autres. Son travail trouva plus de résonance en Belgique, en Allemagne, en Italie ou à New York. Après sa mort, ses étranges bâtons en bois rond ont commencé à être montrés de plus en plus souvent dans des expositions collectives d’envergure. En 2007, une importante exposition monographique lui fut consacrée par trois musées réunis, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Staatliche Kunsthalle Baden-Baden et Bonnefantenmuseum Maastricht. Cette exposition a été ouverte par la suite à Bucarest. En 2009, les bâtons de Cadere, devenus entre temps internationalement célèbres, ont été exposés un peu partout dans le cadre de la Biennale de Venise.

PEINTURE SANS FIN, 1977 - HUILE SUR BOIS - 80 CM

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ETIENNE HAJDU (1907-1996)

Né à Turda en Transylvanie (Roumanie), Etienne Hajdu suit, à 16 ans, les cours de l’École technique d’Arts Décoratifs d’Ujpest à Budapest. Il arrive à Paris en 1927. Élève de Bourdelle à la Grande Chaumière, il dessine le nu pendant six mois puis entre dans l’atelier de Niclausse à l’École des Arts décoratifs. Naturalisé français, c’est au retour du service militaire en 1933 qu’il commence ses premières sculptures abstraites. De 1935 à 1937, Etienne Hajdu parcourt la France et suit des cours de biologie à l’université ouvrière du XXe arrondissement de Paris, passion qui marquera son œuvre. En 1939, il expose à la galerie Jeanne Bucher avec Vieira da Silva et Arpad Szenes. Après l’armistice, il travaille successivement dans une usine d’aluminium puis dans une marbrerie à Bagnères-deBigorre dans les Pyrénées. Il rentre à Paris en 1945 et décide de « recommencer la sculpture à zéro ». En 1946, a lieu sa première exposition personnelle chez Jeanne Bucher qui présentera régulièrement son œuvre. En 1956, Hajdu a le désir de « sculpter » le papier, créant les premières estampilles, formes creusées dans le papier repoussé, jeu subtil d’une ombre claire dans le blanc de la page. En 1965, il adaptera ce procédé à la céramique pour la Manufacture nationale de Sèvres. Les grands musées internationaux lui ont consacré de nombreuses expositions : en 1955, le MoMa révèle son œuvre aux États-Unis ; en 1961, a lieu une exposition itinérante en Allemagne aux musées de Hanovre, Dortmund, Mannheim et Leverkusen ; à Paris, au Musée national d’art moderne en 1973 et 1979 ; à Lisbonne, à la fondation Calouste Gulbenkian en 1974 ; ainsi qu’en Hongrie, Roumanie et à Tunis.

PROFIL DE FEMME, 1973 - BRONZE - CM

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HORIA DAMIAN

Né en 1922, Horia Damian, s’impose comme une des figures majeures de l’avant-garde roumaine. Officiellement reconnu dès 18 ans par le Salon Officiel qui lui remet un prix et l’invite, en 1942, au pavillon roumain de la biennale de Venise, l’artiste, soutenu par ses ainés, se voit offrir une bourse pour Paris. Arrivé en 1946, il s’inscrit à l’atelier d’André Lhote, puis deux ans plus tard, à celui de Fernand Léger. Dès lors il s’engagera pleinement dans la création d’un langage pictural qui sera sien, exprimé au travers des séries que sont les Cosmogonies, Iconostases, Pyramides, Colonnes, etc. Ce travail profond, intense et quasi métaphysique lui a valu la reconnaissance de nombreux artistes de Dali à Brancusi et la profonde amitié qui le lie à Yves Klein dont on constate l’influence maitrisée sur son œuvre. A partir du milieu des années 50, avec sa première exposition à la galerie Stadler, il travaillera principalement sur des toiles monumentales avec comme seul moyens la couleur et du polyester. Les œuvres ainsi réalisées, à mi-chemin entre peinture et sculpture, l’amèneront à une telle notoriété qu’il sera invité à exposer à la galerie Leo Castelli, New York, au Bridgestone Museum de Tokyo et au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1962. Prenant de l’assurance, Horia Damian, développera encore l’aspect sculptural et monumental de ses œuvres avec les Pyramides, les Portes et les Trônes ; l’ensemble des ses constructions seront exposées au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris à la demande de son directeur Jacques Lassaigne. Son goût pour l’expérimentation le poussera à quitter la toile pour des constructions faites de milliers de bille de couleurs tels que Colline de 1976 exposé au Musée Guggenheim de New York. Depuis, il n’a cessé de poursuivre cette quête de monumentalité architecturale comme l’envie de réaliser une œuvre si magistrale que le spectateur y serait plongé corps et âmes.

PYRAMIDE - 41 X 49,5 X 11,5 CM

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PYRAMIDE, 1962 - 38,5 X 50 X 12,5 CM

LA PORTE DORÉE, 1966 - ACRYLIQUE SUR BOIS - 200 X 190 CM

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L’ENTREPÔT, 2003 - ACRYLIQUE SUR BOIS, SACS EN TISSU ET PLÂTRE - 74,5 X 113 X 7 CM

COSMOGONIE, 1961 - ACRYLIQUE ET RÉSINE SUR TOILE - 168 X 220 CM

LE BATEAU, 2002 - ACRYLIQUE SUR BOIS, SACS EN TISSU ET PLÂTRE - 170,5 X 250 X 11 CM

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COSMOGONIE, 1961 - ACRYLIQUE ET RÉSINE SUR TOILE - 161,5 X 129,5 CM

LA COLONNE GRISE, 1986 - HUILE SUR TOILE - 114 X 146 CM

SANS TITRE, 1964 - 64 X 49 CM 3 8 – TA J A N

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PYRAMIDE OR, 1964 - 41 X 33 X 6 CM

PYRAMIDE, 1985 - 32 X 23,5 CM

PROJET D’ICONOSTASE, 1962 - ACRYLIQUE ET RÉSINE SUR TOILE - 200,5 X 150 CM

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VICTOR ROMAN (1937-1995)

Après de brillantes études et un tout aussi brillant début de carrière anticonformiste à Bucarest, il arrive à Paris en 1968 et y reste jusqu’à sa mort brutale en 1995. C’est à Paris que l’artiste sicule transylvain abandonnera le « géométrisme expressionniste » de ses débuts pour une création anthropomorphique et panthéiste de plus en plus exaltée, quoique soumise à l’ordre symétrique axial du corps humain. Entre 1983 et 1984, avec les premières maquettes de portes, s’opère le tournant décisif dans l’oeuvre de Victor Roman. L’artiste abandonne définitivement le parti pris de symétrie axiale de ses structures crucifères au profit d’une stratégie plus dynamique dans sa puissance d’intervention sur l’espace ambiant. Victor Roman renonce à son attachement à ses racines culturelles transylvaines, inscrites une fois pour toutes dans la morphologie de base de son langage, fondé sur une déclinaison des pièces constitutives de la charrue, du soc au coutre et au versoir. Son attachement au thème des portes est le reflet profond de sa mémoire des fermes transylvaines au large porche central. Roman a continué toute sa vie à utiliser les techniques et les matériaux avec lesquels il s’était familiarisé depuis sa plus tendre enfance, la terre cuite, le fer forgé et le bois. Son regard n’a cessé de combiner le sens paysan de l’observation rigoureuse de la nature avec les sollicitations impératives de l’imaginaire urbain.

LE ROI, 1971 - MARBRE - 80 X 54,5 X 20,6 CM

PHOENIX, 1995 - BRONZE - 34 X 32 X 32 CM

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Nous remercions tous ceux qui nous ont permis de réaliser cette exposition et nous ont aidé dans la conception de ce catalogue

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