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Savoie. Her Voice Odile FOULON, M1 pro CREANUM, U.V.H.C. foulonodile@gmail.com
Ill 6. Odile FOULON, Savoie. Her voice…, 2009, livre, 8 x 20,5 cm, n. p. [16 pp], en ff et en angl., 8 ill. n&b, impression numérique r°/v° sur papier souple mat, broché cousu.
J'ai réalisé ce petit livre d'une dizaine de pages quelques mois après une randonnée en Savoie où il venait de tomber 50 centimètres de neige fraîche la nuit précédente. Toutes ces photographies ont été faites le même jour, sur le même lieu et ont en commun le paysage montagnard. J'ai choisi de travailler avec un format panoramique, inspiré du format du livre d’artiste Moment d’Antonio Gallego, conçu en 2002, et qui s’avère être le format le plus approprié pour les photographies de paysage. Mes photographies sont en noir et blanc pour faire ressortir les contrastes et la luminosité. La plupart des photographies sont prises à hauteur d’homme, les autres en mode macro pour laisser apparaître les cristaux de neige, ou encore en légère plongée afin de donner du dynamisme aux images et laisser une part de subjectivité dans le sujet photographié. Le titre et le texte qui accompagne les photographies renvoient aussi à la montagne, conférant une certaine unité au livre. En effet, le titre est un jeu de mots entre « Savoie » (la région), « sa voix » (le sens) et « her voice » (la traduction anglaise). La montagne est souvent perçue comme silencieuse. Pourtant au cours de cette randonnée, j'ai ressenti beaucoup de choses à travers ces paysages, comme si j'étais en communication avec celleci.
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La communication se faisant avec les mots, j'ai décidé d'établir une relation indirecte entre l'image et le mot qui se font face. Par exemple, pour le mot « trunk » qui signifie « tronc », la photographie qui lui fait face est l’ombre d’un corps sur la neige. Le lien entre l’image et le mot est alors implicite puisque l’on peut penser ou non à l’idée de tronc humain. Par contre, lorsque l’on tourne la page, le lien entre le mot au recto, donc « trunk », et la photographie au verso représentant une forêt, devient explicite puisque nous y voyons des troncs d’arbres. Les mots sont écrits en anglais car l’anglais reste pour moi subjectif comme la communication avec la montagne. Si on ne connait pas le sens du mot, on peut ou non le déduire du paysage en fonction de ce que l'on ressent à travers la photographie. Ce projet est séquentiel. Les pages du livre sont fixées de manière à ce que l’ordre des photographies et des mots ne puisse être modifié. La construction est identique pour tout le livre : au centre de la page de droite, un mot sur la page blanche laisse apparaître l'image de gauche dans chaque lettre par le système de défonce. Et ce même mot est réimprimé sur la page de gauche, à l'envers, comme si la photo et le mot se confondaient une fois le livre fermé.
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