Journal FRAGILE Suisse 03/2020

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JOURNAL Edition 3 / 2020

FRAGILE Suisse

Focu

s

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éque Cons i b le s invis

Nouvelle prestation

Soutien à long terme pour les personnes concernées et leurs familles

Interview

Quel est le principal problème soulevé par les handicaps invisibles?

Pour les personnes cérébrolésées et leurs proches


FRAGILE Suisse

Editorial

Chère lectrice, Cher lecteur, Martin D. Rosenfeld Directeur

La vie après une lésion cérébrale ressemble à un marathon. Il faut de l’endurance et du souffle pour avancer sur le chemin d’une vie nouvelle et épanouie. Traitements médicaux, thérapies, entretiens, relations avec les assurances: les différentes étapes à franchir sont astreignantes, voire épuisantes. Samuel E. en a fait l’expérience: il a tenu bon et est devenu coureur de marathon. Dans cette édition de notre journal, il raconte son histoire bouleversante. Nous vous présentons également le projet «Un guide à vos côtés»: l’accompagnement à long terme des personnes cérébrolésées et de leurs proches. Ici aussi, le lien avec l’image du marathon s’impose. En lançant ce projet, FRAGILE Suisse emprunte une voie nouvelle pour soutenir les personnes cérébrolésées. «Ce n’est pas un cent mètres, c’est un marathon», résumait le conseiller fédéral Alain Berset en mars dernier concernant la situation où nous plaçait la pandémie. Espérons que nous parviendrons nous aussi à bien terminer cette course. Je vous souhaite l’endurance dont nous avons tous besoin. Cette édition de notre journal vous promet une passionnante lecture.

Martin D. Rosenfeld Directeur

Impressum Journal FRAGILE Suisse | Edition 3 / 2020 Tirage 45 000 ex. Editeur FRAGILE Suisse, Badenerstrasse 696, CH-8048 Zurich, 044 360 30 60, info@fragile.ch, www.fragile.ch Design Rebel Communication, 8004 Zurich, www.rebelcom.ch Impression Prowema GmbH, 8332 Russikon Rédaction Carole Bolliger, Sophie Roulin-Correvon, Adrienne Theimer Vente d’annonces fachmedien.ch, Zürichsee Werbe AG, 8712 Stäfa Traductions Dominique Naegeli-Gascon, Irene Bisang Compte pour les dons CCP 80-10132-0 Abonnement CHF 10.– par an, inclus dans le don ou dans la cotisation de membre.

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Actuel

Changement à la tête du département communication et marketing

Juliana Campos

Au mois de juin, Juliana Campos, directrice du département communication et marketing, a cessé son activité professionnelle auprès de FRAGILE Suisse. Elle a contribué de manière décisive à donner une nouvelle image à l’organisation en remodelant la présentation du site Internet et du journal de l’association. Elle a aussi réservé une place croissante aux newsletters et aux réseaux sociaux. Dans le domaine de la recherche de fonds, elle a défini de nouvelles priorités et amélioré régulièrement les résultats. Nous remercions Juliana Campos de tout cœur du travail qu’elle a accompli auprès de notre organisation. Le 1er juillet 2020, Antonella Stefanelli a repris la direction du département communication, marketing et recherche de fonds, domaines où elle dispose d’une solide expérience. Elle possède des brevets fédéraux en exportation, vente et marketing ainsi que le diplôme fédéral de cheffe de vente. Elle est en outre titulaire d’un DAS en fundraising management (formation continue en gestion de la récolte de fonds) et d’un CAS en corporate communication (certificat d’études avancées en communication d’entreprise). Antonella Stefanelli a exercé des fonctions dirigeantes auprès d’organisations à but non lucratif pendant dix ans, contribuant à mettre sur pied et à professionnaliser la récolte de fonds, le marketing et la communication.

Antonella Stefanelli

FRAGILE Suisse réalise un CD de yodel avec des personnes cérébrolésées Il est connu que la musique est bénéfique aux personnes cérébrolésées. FRAGILE Suisse prévoit de réaliser un CD de yodel avec des personnes concernées ainsi qu’avec deux «pros» de cette discipline: Bernhard Betschart et Natalie Huber. FRAGILE Suisse réalise et soutient de nombreux projets qui améliorent la qualité de vie des personnes cérébrolésées et favorisent leur inclusion. Le CD de yodel en fait partie. Le yodel peut revêtir une fonction thérapeutique, particulièrement pour les personnes atteintes d’aphasie. En effet, cette forme de chant peut être pratiquée sans paroles. Elle fait appel à la respiration abdominale, qui fournit de l’oxygène et de l’énergie au corps. Le yodel permet donc aux personnes cérébrolésées de

ème L e t h au s s i ois du m i g n e en l

s’exprimer sans se sentir contraintes ou stressées. En outre, le yodel entraîne la concentration et influence donc positivement la gestion du quotidien. Ce CD de yodel a pour but de faire découvrir et aimer ce chant aux personnes cérébrolésées, surtout à celles qui présentent une aphasie. Le projet entend aussi sensibiliser le public à la thématique des lésions cérébrales. Nous avons besoin de dons pour préfinancer la production de ce CD. Les recettes de sa vente reviendront à FRAGILE Suisse et aideront à financer d’autres prestations et projets ingénieux pour les personnes cérébrolésées et leurs proches. Pour obtenir des informations et savoir comment faire un don, consultez le site: www.fragile.ch/cd-yodel

Au mois d’octobre, nous attirons l’attention sur ce qui ne se voit pas, ce qui est invisible. Les conséquences invisibles d’une lésion cérébrale sont nombreuses et aussi difficiles à vivre que celles qui se voient. Nous vous expliquons quelles sont les séquelles invisibles, comment elles se manifestent et comment on peut les gérer – comme personne cérébrolésée et comme proche. Venez découvrir cette thématique sur: fragile.ch/invisible

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Portrait

«Mon rêve s’est brisé» Texte: Carole Bolliger / Photos: Ethan Oelman

Il était au fond du trou. Grâce à FRAGILE Suisse et au sport, il est sorti de l’abîme. Samuel E. a une histoire poignante et mouvementée derrière lui. Samuel E. me reçoit dans son appartement à Berne. Quand on le voit et qu’on l’écoute, on ne remarque rien. Pourtant, il est différent des autres: il lutte avec les conséquences invisibles d’une lésion cérébrale. L’un des murs de sa salle de séjour est orné de près de 60 dossards de courses et de marathons disputés ces dernières années. Une grande photo le montre en train de franchir la ligne d’arrivée. «C’était mon premier marathon», se souvient Samuel E. Cet homme de 39 ans a une histoire poignante et mouvementée derrière lui. Tout a commencé en février 1999. Après un bal de carnaval, il est brutalement agressé par un groupe de jeunes. «Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement et personne ne le sait, car il n’y avait pas de témoins», explique Samuel E. On suppose qu’il a été attaqué par un groupe néonazi. «Je n’étais absolument pas bagarreur et je ne peux pas m’expliquer ce qui est arrivé.» Il n’a plus aucun souvenir de cette soirée. Ses blessures font penser que ses assaillants l’ont non seulement roué de coups, mais lui ont aussi à plusieurs reprises donné des coups de pied à la tête avec des chaussures à embout métallique. Alors âgé de 18 ans, le jeune homme reste plusieurs jours dans le coma. Les os du crâne sont tous fracturés, seule la mâchoire est intacte. Il est atteint d’un traumatisme cranio-cérébral, d’une fracture du crâne plurifragmentaire, et de lésions aux méninges. Comme sa tête est très enflée, les médecins doivent attendre près d’une semaine pour l’opérer. A cette époque et par miracle, Samuel E. n’a pas de séquelles. Lorsque toutes ses blessures sont guéries, il peut même terminer sa formation de chauffeur de poids lourds et exercer ce métier. «Je n’avais pas de problèmes de mémoire, je pouvais parler et écrire, j’allais très bien, je n’avais aucun handicap.» Jusqu’à ses 23 ans, tout se passe bien. Devenu père de deux enfants, il est heureux avec sa petite famille et satisfait de sa vie. Mais quatre

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ans après la brutale agression dont il a été victime, il fait tout à coup sa première crise d’épilepsie. Elle sera suivie régulièrement de crises tonico-cloniques généralisées. Les médecins constatent rapidement que l’épilepsie est due aux lésions cérébrales que Samuel E. a subies quatre ans plus tôt. La situation se détériore Samuel E. sombre lorsqu’il doit renoncer à son métier de chauffeur de poids lourds. «J’avais une famille à nourrir», constate-t-il. Sa situation se détériore: ses amis lui tournent le dos, car il n’est plus le même. «Je n’avais plus rien à quoi me raccrocher, je me sentais seul et incompris.» Il est souvent irritable et se dispute avec sa compagne, la mère de ses deux enfants. Son couple se brise, c’est le coup de grâce. «J’avais toujours rêvé d’une famille heureuse, et mon rêve s’est brisé.» Il sombre encore plus bas. Il a des idées suicidaires et monte un jour sur le toit d’une maison pour passer à l’acte. Il séjourne alors quelques semaines en clinique psychiatrique, mais l’amélioration est de courte durée. A peine sorti, il n’a plus de soutien et se sent plus seul que jamais. C’est à ce moment qu’il commence à prendre de la drogue, ce qui aggrave ses crises épileptiques. Il consomme de la cocaïne, puis de l’héroïne. Le jeune homme qui vit alors dans la région du Säuliamt, non loin de Zurich, essaye à plusieurs reprises de renoncer à la drogue. «A Zurich, j’ai échoué. J’ai compris que je devais prendre un nouveau départ ailleurs», se souvient-il. Le cœur lourd, mais sachant que seule cette décision peut encore l’aider, il déménage à Berne. Il vit dans une ferme qui accueille des personnes en difficulté. «C’était dur de quitter mes enfants, mais cette décision m’a sauvé», déclare-t-il avec conviction. Peu à peu, il va mieux; les crises épileptiques s’espacent et sont moins fortes. Il a désormais une occupation, ses journées sont rythmées et organisées, et il prend ses médicaments. Samuel E. passe près de deux ans dans ce cadre et reprend pied dans la vie. Provisoirement.


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Portrait

Le sport lui donne un nouveau but Samuel E. veut récupérer son autonomie: il cherche un appartement avec un ami et trouve un emploi comme déménageur. Il veut aussi commencer un nouvel apprentissage de monteur automaticien. «Mais les médicaments me fatiguaient, j’avais besoin de plus de temps dans tout ce que je faisais», racontet-il. Il n’arrive pas à terminer sa formation; un autre échec qui le déséquilibre complètement. De nouveau, il perd pied et prend de la drogue. Sous l’effet des stupéfiants, il est impliqué dans un incident et se retrouve en clinique psychiatrique. Il y reste neuf mois, puis passe un an et demi dans un logement protégé. C’est pendant cette période qu’il acquiert la foi et découvre le sport. Il commence à courir et à faire du vélo et s’entraîne régulièrement. Il arrête de fumer. «Je savais que, professionnellement, je n’arriverais plus à rien à cause de ma maladie, mais comme sportif, j’avais encore de l’espoir.» Il a de nouveau un but: disputer des courses et des marathons et franchir à vélo tous les cols de Suisse. Depuis, il a gravi presque toutes les routes alpines et couru près de 60 courses et marathons. Il y a quelques années, il entend parler de FRAGILE Suisse. Le programme des cours, donné par un ami, aiguise sa curiosité et il s’inscrit à un cours d’escalade. Puis, il participe au brunch du dimanche de FRAGILE Berne où il se fait des amis. «Pour la première fois, je me suis senti compris. J’ai fait la connaissance de personnes qui luttent contre les mêmes problèmes ou des problèmes analogues. Enfin, je n’étais plus seul.» Il s’en est sorti «grâce au sport et à FRAGILE Suisse», dit-il convaincu. Parfois, il éprouve un pincement au cœur quand il voit passer un camion et qu’il doit s’avouer qu’il ne pourra plus jamais travailler comme chauffeur. Il souffre aussi de ne plus pouvoir aller nager. Samuel E. travaille aujourd’hui à mi-temps dans une verrerie, la «Glaswerkstatt GlasArt», de la fondation Terra Vecchia à Gümlingen (canton de Berne). Il consacre le reste de son temps au sport et à ses enfants, devenus adultes, avec qui il s’entend bien. «Le chemin a été dur, mais je suis fier de moi: j’ai remonté la pente et aujourd’hui, je vais bien.»

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Prestations

Accompagnement à long terme des personnes cérébrolésées et de leurs proches Texte: Carole Bolliger

Après une lésion cérébrale, les soins aigus et la réadaptation fonctionnent bien dans la plupart des cas. Ce qui fait défaut, c’est un accompagnement régulier, assuré aux personnes cérébrolésées et aux proches pour le reste de la vie. FRAGILE Suisse veut combler cette lacune en lançant le projet «Un guide à vos côtés». Après l’événement à l’origine de la lésion cérébrale, la victime et ses proches bénéficient d’un suivi assuré par les structures hospitalières et les cliniques de réadaptation. En revanche, pendant la phase post-hospitalière ou après la sortie de l’hôpital ou de la clinique, ils sont souvent laissés à eux-mêmes. En lançant le projet «Un guide à vos côtés», FRAGILE Suisse entend combler cette lacune entre la prise en charge hautement médicalisée et un quotidien où l’absence de soutien se fait cruellement sentir. Responsable du projet, Silvia Spaar-Huber explique: «Une ou un professionnel-le de FRAGILE Suisse, exerçant la fonction de «guide», prend contact avec la personne cérébrolésée dès la phase de réadaptation.» Ainsi, les personnes cérébrolésées et les proches reçoivent des informations exhaustives sur l’appui dont ils peuvent bénéficier après la sortie de clinique. Silvia Spaar-Huber précise: «De cette manière, il leur est possible de prévoir et de définir avec le guide les décisions et les mesures qu’il faudra prendre à domicile et de se préparer en temps voulu.» Des référents à long terme Les tâches du guide sont variées: il veille à ce que la personne cérébrolésée et ses proches bénéficient d’une aide, à ce que leurs compétences personnelles et leur capacité à s’autogérer soient encouragées. Il fait aussi en sorte que les différents professionnels soient informés des conséquences des lésions cérébrales et que la coordination nécessaire à une bonne prise en charge sanitaire soit assurée. Le guide intervient aussi pour que les professionnels impliqués soient sensibilisés et formés. Dans le souci d’assurer un soutien durable, il fait également appel à des bénévoles appartenant à l’entourage de la personne concernée. «La particularité

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de ce projet réside dans le fait que le guide est un référent à long terme et qu’il épaule régulièrement la personne cérébrolésée et ses proches en fonction des besoins», explique la responsable du projet. Cette prestation repose également sur la coopération avec d’autres acteurs de la santé et du social. Pour la première phase du projet «Un guide à vos côtés», FRAGILE Suisse est épaulée par un partenaire de choix, la clinique REHAB de Bâle. Grâce à la collaboration avec cette structure, un premier contact est établi pour la préparation de la phase post-cure, avant même la sortie de la clinique. Silvia Spaar-Huber se félicite tout particulièrement de cette procédure: «A titre d’ancienne responsable du conseil social de la REHAB de Bâle, je sais combien les personnes cérébrolésées tiennent à reprendre leur vie en main à leur sortie de clinique. Mais souvent, ce n’est pas si facile», constate-t-elle. Pour les professionnels travaillant à la clinique, la transmission au guide garantit que les ressources investies aient un effet durable au quotidien, en dépit des obstacles qui peuvent se présenter. Le projet prévoit en outre une collaboration avec FRAGILE Bâle, car il est très important que l’association régionale participe à cette démarche. Le projet pilote pourra être mené jusqu’à la fin de 2021 grâce à l’appui des fondations mentionnées ci-après: Fondation Bangerter-Rhyner, Fondation Margot et Erich Goldschmidt & Peter René Jacobson, Fondation Margaret Ursula Ladurner. Dans la seconde phase du projet dès 2022, il est prévu de rechercher d’autres cliniques prêtes à collaborer à la réalisation de la prestation «Un guide à vos côtés». Le financement de la seconde phase dépendra largement du succès du projet pilote. Nous fournirons ultérieurement des informations à ce sujet.


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Trouver sa place en tant que proche et mieux comprendre la lésion cérébrale

Cours

L’automne s’ouvre avec deux cours importants pour les personnes cérébrolésées et les proches. Le cours du 26 septembre aidera les proches à accompagner au mieux la personne cérébrolésée et à trouver leur place et leur rôle. Le cours du 2 et 9 novembre permettra aux participants de mieux comprendre la lésion cérébrale et ses conséquences. Cette compréhension constitue la base essentielle pour avancer sur le long chemin de la réadaptation et de la réinsertion. Informations détaillées et inscriptions sur: fragile.ch/cours

Actuel

Le projet «Ride for Stroke» continue d’avancer et a besoin de votre soutien Christian Salamin et son équipe progressent dans l’organisation du projet «Ride for Stroke». Une fondation et plusieurs entreprises soutiennent désormais le projet. C’est un début réjouissant, mais les recherches de soutiens et sponsors continuent afin de couvrir l’entier du budget. Le site Internet est désormais créé et fonctionnel et une vidéo promotionnelle a été élaborée. Enfin, une conférence de presse vient d’être organisée afin de présenter le projet aux médias et de le faire connaître de manière plus large. Christian et son équipe n’ont pas ménagé leurs efforts, malgré le fort ralentissement dû à la situation sanitaire liée au coronavirus début 2020. Parlez-en autour de vous et soutenez ce beau projet. Toutes les informations sur: vwww.rideforstroke.com

Participez

Participez à notre sondage Quand avez-vous l’impression de ne pas être perçu-e comme vous êtes réellement, qu’une partie de vous est invisible? Dites-le-nous sur: fragile.ch/sondage-lecteurs

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Article scientifique

«On surestime souvent les personnes cérébrolésées qui ont des handicaps invisibles» Interview: Carole Bolliger

De prime abord, on ne remarque souvent pas que quelqu’un a une lésion cérébrale. Interviewée, la neuropsychologue Christina OchsnerGrimm explique le principal problème que soulèvent les séquelles invisibles et énumère les handicaps les plus fréquents qu’elles provoquent. Christina Ochsner-Grimm, j’ai rencontré récemment un jeune homme victime d’une lésion cérébrale il y a quelques années. Je ne me suis d’abord aperçue de rien. Il a commencé à parler et j’ai alors remarqué quelque chose. Il m’a d’ailleurs dit: «Parfois, je préférerais être en chaise roulante.» Ce vécu est partagé par de nombreuses personnes cérébrolésées qui doivent faire face aux conséquences invisibles d’une lésion cérébrale. Quel est le principal problème soulevé par les handicaps invisibles? Je connais très bien ce genre de situations du fait de mon activité thérapeutique auprès des patients. L’un des principaux problèmes des handicaps invisibles, c’est l’acceptation par la société des difficultés causées par les lésions cérébrales. Depuis quelques années, la société démontre davantage de compréhension et d’ouverture à l’égard des handicaps visibles. En revanche, ce n’est de loin pas le cas pour les handicaps invisibles. Sûrement parce que le public en sait trop peu à ce sujet. Les personnes souffrant de handicaps et de limitations qui ne se remarquent pas sont souvent taxées de simulatrices, et leurs troubles sont considérés avec scepticisme. Il est particulièrement dur pour les personnes cérébrolésées d’entendre leurs proches leur dire: «Ne fais pas la comédie» ou «Ça n’est certainement pas aussi grave». En effet, la stigmatisation sociale est un processus qui vous use au sens littéral du terme. Quelles sont les conséquences invisibles les plus fréquentes contre lesquelles les personnes cérébrolésées doivent lutter? De manière générale, tous les troubles cognitifs (troubles du traitement de l’information) sont invisibles. C’est par exemple le cas des problèmes de mémoire. Or, ces troubles se manifestent le plus souvent de manière indirecte au

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niveau du comportement. Le patient s’égare, ne trouve pas ses mots, se répète. Les autres troubles fréquents sont ceux qui touchent l’attention ou l’adaptation: souvent, ils peuvent être à l’origine d’erreurs lourdes de conséquences dans la vie quotidienne, au travail ou dans la circulation. Mais à côté des troubles cognitifs, les personnes touchées souffrent fréquemment d’une grande fatigabilité et sont moins résistantes au stress. Ce sont des difficultés invisibles, et souvent l’entourage les interprète comme des signes de paresse, d’indolence ou d’apathie. D’autres manifestations de la lésion cérébrale peuvent aussi fortement handicaper les personnes touchées dans l’exercice de différentes activités ou dans les contacts sociaux. Citons les troubles du contrôle de la régulation des stimulations, les troubles des pulsions, des affects, de la tolérance au stress et à la frustration ou encore une distractibilité accrue. Est-ce que les personnes qui souffrent de séquelles invisibles sont plus souvent surestimées par leur entourage que celles dont les séquelles sont évidentes? Oui, c’est un fait. On surestime souvent les personnes ayant des handicaps principalement invisibles. Surtout si elles n’ont pas d’atteintes physiques évidentes ou s’il s’agit de personnes jeunes et en forme. Il faut espérer que la situation change avec la diffusion des connaissances sur les conséquences des lésions cérébrales, la sensibilisation du public et une meilleure acceptation sociale des différents types de troubles neuropsychologiques.

Lire le texte complet de l’interview: fragile.ch/interview/invisibles


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Engagement

Une entreprise de construction qui affirme sa fibre sociale Texte: Adrienne Theimer

Nebst unseren privaten Spendern tragen auch Firmen – etwa mit Weihnachtsspenden – dazu bei, die Finanzierung unserer Dienstleistungen sichern zu helfen. Zum Beispiel die Schmid Bauunternehmung.

On imagine rarement qu’une entreprise de construction puisse avoir une vocation sociale. Pourtant, l’entreprise «Schmid Baugruppe AG», située à Ebikon dans le canton de Lucerne et employant 550 collaboratrices et collaborateurs, s’est dotée d’une charte sociale il y a 15 ans. Chaque année, elle consacre 20% de son bénéfice net à des tâches sociales. La moitié de la somme est utilisée au profit du personnel, l’autre moitié est destinée à des personnes sans ressources, à des projets appartenant au secteur de la construction, tels qu’une école au Kenya, et à environ 60 organisations d’utilité publique, dont FRAGILE Suisse. Alors que d’autres entreprises se vantent de leur «corporate social responsability» (responsabilité

sociale), Hans Schmid vient en aide de façon pragmatique, là où une aide est réellement nécessaire. «Ça s’explique par mon histoire. J’ai grandi dans une famille de condition très modeste et j’ai dû travailler tôt.» Son père, souffrant d’une forme grave de polyarthrite, ne pouvait plus quitter son lit. A l’époque, la caisse-maladie ne payait que pendant un an. Sa mère, qui avait quatre enfants à élever, gérait une agence d’assurances pour laquelle Hans Schmid est allé encaisser les primes dès l’âge de douze ans. Il fallait aussi ramasser du bois et donner un bon coup de main dans le ménage et le potager. Il s’est juré que, s’il réussissait professionnellement, il en ferait profiter les autres. Quand on lui demande s’il connaît d’autres entreprises ayant la même fibre sociale que la sienne, il répond modestement: «Notre entreprise est certainement unique en son genre.» Il est heureux que son fils, qui dirige aujourd’hui l’entreprise, perpétue ces valeurs sociales.

Eine Baufirma stellt man sich gemeinhin nicht als soziale Organisation vor. Die Schmid Baugruppe AG in Ebikon im Kanton Luzern mit 550 Mitarbeitenden aber hat sich vor 15 Jahren eine Sozialcharta gegeben und schüttet jährlich 20 Prozent ihres Reingewinns für soziale Belange aus. Die Hälfte davon geht an die Mitarbeiter, die andere Hälfte

A côté de nos donatrices et donateurs privés, des entreprises contribuent – notamment par des dons de Noël – au financement de nos prestations. L’une d’entre elles est l’entreprise de construction Schmid.

Wenn andere Unternehmen vollmundig von ihrer «Corporate Social Responsability» reden, hilft Hans Schmid ganz bodenständig, wo es nötig ist. «Das hat einen familiären Hintergrund. Ich bin in sehr bescheidenen Verhältnissen aufgewachsen und musste schon früh mitarbeiten.» Sein Vater war durch eine schwere Polyarthritis arbeitsunfähig und bettlägerig, und die Krankenkasse bezahlte damals nur gerade ein Jahr lang. Die Mutter hatte vier Kinder aufzuziehen und betrieb eine Versicherungsagentur, für die Hans Schmid schon als Zwölfjähriger in der Umgebung Prämien einziehen musste. Daneben hiess es für ihn, Holz zu sammeln und im Haushalt und im grossen Gemüsegarten tatkräftig mitzuwirken. Er schwor sich, dass er bei Erfolg im Berufsleben etwas zurückgeben wolle. Hans Schmid ist zufrieden, dass sein Sohn, der heute die Firma leitet, diese sozialen Werte weiterhin unterstützt. unter anderem an bedürftige Einzelpersonen, Projekte baulicher Natur wie eine Schule in Kenia und circa 60 gemeinnützige Organisationen. Dazu gehört auch FRAGILE Suisse.

Text: Adrienne Theimer

Bauunternehmen mit Sozialcharakter Engagement FRAGILE Suisse


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