JOURNAL Edition 2 / 2020
FRAGILE Suisse
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Pour les personnes cérébro-lésées et leurs proches Edition 2 / 2020 | 1
FRAGILE Suisse
Editorial
Chère lectrice, Cher lecteur, Juliana Campos Directrice Communication & Marketing
07.01.2020: un coronavirus inconnu est identifié comme cause d’une nouvelle maladie 25.02.2020: premier cas confirmé au Tessin 16.03.2020: début du confinement en Suisse 23 juin 2020: FRAGILE Suisse fête son 30e anniversaire Nous venons de passer par une période déroutante, et nous devrons sans doute vivre un certain temps avec l’incertitude. C’est dans ce contexte que FRAGILE Suisse fête son 30e anniversaire! A cette occasion, nous avions l’intention de publier un numéro spécial du Journal, mais rien ne s’est passé comme prévu. En ce moment, personne n’a le goût de participer à des festivités. C’est pourquoi, cette édition de notre publication se propose de remplir un double but: malgré la situation particulière, nous évoquons notre anniversaire et saluons la mémoire des fondatrices et fondateurs de FRAGILE Suisse. Pour autant, nous n’oublions pas de vous parler de nos activités quotidiennes. En effet, FRAGILE Suisse, ce sont aussi des collaboratrices et collaborateurs qui aident chaque jour les personnes cérébro-lésées à vivre de manière autonome; même maintenant – en cette période encore marquée par la pandémie. FRAGILE fait du bon travail, je dirais même que FRAGILE Suisse fait du très bon travail. Nous sommes là pour les personnes cérébro-lésées et leurs proches, aujourd’hui comme il y a 30 ans – plus que jamais. Cordialement,
Juliana Campos Impressum Journal FRAGILE Suisse | Edition 2 / 2020 Tirage 45 000 ex. Editeur FRAGILE Suisse, Badenerstrasse 696, CH-8048 Zurich, 044 360 30 60, info@fragile.ch, www.fragile.ch Design Rebel Communication, 8004 Zurich, www.rebelcom.ch Impression Prowema GmbH, 8330 Pfäffikon Rédaction Carole Bolliger, Sophie Roulin-Correvon, Adrienne Theimer Vente d’annonces fachmedien.ch, Zürichsee Werbe AG, 8712 Stäfa Traductions Dominique Nägeli-Gascon, Irene Bisang Compte pour les dons CCP 80-10132-0 Abonnement CHF 10.– par an, inclus dans le don ou dans la cotisation de membre.
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Actuel
Le Cybathlon ajourné «Et les enfants dans tout ça?» – lancement d’une nouvelle prestation en Suisse alémanique
FRAGILE Suisse est heureuse de présenter sa nouvelle prestation «Et les enfants dans tout ça?». Elle s’adresse aux enfants et aux adolescents dont l’un des parents est victime d’une lésion cérébrale. De courtes vidéos et des textes explicatifs leur fournissent des informations sur les lésions cérébrales et leurs conséquences ainsi que des conseils sur la manière de se comporter avec une personne cérébro-lésée. Le matériel d’information est conçu pour répondre aux interrogations et aux soucis des enfants de manière adaptée à leur âge. FRAGILE Suisse répond ainsi aux besoins croissants des familles et des enfants. La création du site Internet fragile-family.ch et la publication d’une brochure d’information pour les adultes constituent les premières étapes de ce projet. Il est prévu d’élargir l’éventail des prestations offertes. Actuellement, l’offre est disponible en allemand seulement. Une offre en français est prévue et sera disponible prochainement.
Assemblée des délégués 2020 En raison de la situation liée au coronavirus, FRAGILE Suisse a décidé de reporter l’assemblée des délégués au vendredi 6 novembre 2020, à Berne. Toutes les informations utiles seront transmises à nos associations régionales et seront disponibles dans la rubrique «Actualités» de notre site Internet: fragile.ch/fr/actualites
ème L e t h au s s i ois du m i g n e en l
En raison de la situation liée au coronavirus, les organisateurs du Cybathlon ont décidé d’ajourner la manifestation prévue initialement début mai. Selon le communiqué officiel, ils regrettent cette décision, mais la santé et la sécurité de tous les participants, des employés, des visiteurs et des bénévoles ont la priorité absolue. Une bonne nouvelle: comme de nombreuses personnes du monde entier attendent cette manifestation avec impatience et ont déjà investi beaucoup de temps dans les préparatifs, l’EPF de Zurich n’a pas supprimé le Cybathlon, mais l’a seulement ajourné. Il aura lieu le 17 septembre 2020, et les épreuves du championnat se dérouleront du 19 au 20 septembre 2020. Informations sur: cybathlon.ethz.ch
Le Prix FRAGILE est reporté à 2021 Pour son 30e anniversaire, FRAGILE Suisse avait prévu de décerner pour la première fois le Prix FRAGILE. Il s’agit d’une nouvelle distinction qui récompense un organisme ou une personne qui s’investit de manière remarquable pour les personnes cérébro-lésées et leurs proches. En 2020, le prix aurait dû être décerné à des employeurs qui encouragent l’intégration des personnes cérébro-lésées de façon exemplaire. A cause de la crise du coronavirus, la remise du Prix FRAGILE a été repoussée à l’année prochaine. Nous diffuserons des informations à ce sujet en temps voulu.
Ce mois de juin marque l’anniversaire des 30 ans de FRAGILE Suisse. Nous avons donc réuni à cette occasion des articles, des témoignages et des citations. Vous pouvez ainsi vous replonger dans ces trois décennies d’histoire et en apprécier les anecdotes et grandes tendances. Les publications sont disponibles sur notre site Internet et communiquées via nos réseaux sociaux Facebook et Twitter. Venez jeter un œil sur: fragile.ch/30ans
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Portrait
«FRAGILE est mon filet de sécurité»
Rosella Giacomin, personne cérébro-lésée
«A 25 ans, j’ai fait une chute de cheval qui a provoqué un traumatisme cranio-cérébral ouvert, de gravité moyenne. Je suis restée trois jours dans un coma éveillé. L’hémorragie avait causé une lésion grosse comme le poing dans le lobe frontal gauche. Aujourd’hui encore, j’ai des troubles de l’équilibre et de la mémoire, et ma capacité de travail est limitée. Avant mon accident, j’étudiais le droit, car je voulais devenir avocate pour aider les autres. Malheureusement, je n’ai pas pu terminer
mes études à cause de ma lésion cérébrale. C’était il y a 21 ans - aujourd’hui, je vais super bien. J’ai accepté ma destinée et je suis très fière de tout ce que je suis parvenue à faire depuis. J’ai réussi ma reconversion comme journaliste, je fais de nouveau de l’équitation depuis quelques années, je m’investis pour FRAGILE Bâle depuis six ans comme membre du comité et depuis peu je donne aussi un cours d’écriture créative, ce qui me plaît beaucoup. Grâce au précieux soutien de FRAGILE Suisse et de FRAGILE Bâle, j’ai pu retrouver une place dans la société après mon grave accident. Je rencontre des gens qui me comprennent, qui sont comme moi, qui ont vécu la même chose que moi ou fait des expériences analogues. Toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de FRAGILE ont beaucoup de compréhension pour moi et je me sens bien en leur compagnie, tout simplement. J’ai trouvé de nouveaux amis formidables et j’ai pu atteindre d’une autre manière le but que je m’étais fixé: celui d’aider les autres. J’ai beaucoup plus d’estime pour moi-même, et ma qualité de vie s’est considérablement améliorée. FRAGILE Bâle est mon filet de sécurité.»
«Les personnes cérébro-lésées ont de nombreuses compétences à mettre en lumière.» patients sortis de l’hôpital ou transférés en réhabilitation. «Lorsque FRAGILE Suisse m’a abordée pour lancer le service de conseil en Suisse romande, j’avais enfin l’opportunité d’aider les personnes dans leur quotidien», explique Christine. Elle est désormais en contact avec les personnes et apprend à les connaître avec leur réalité et leurs besoins. Chez FRAGILE Suisse, Christine apprécie la qualité de ses conditions de travail, ainsi que la collaboration avec ses collègues, les autres services de l’association faîtière et les associations régionales.
Christine Jayet-Ryser, collaboratrice de FRAGILE Suisse
Avant d’être employée chez FRAGILE Suisse comme conseillère et responsable de cours en Romandie, Christine Jayet-Ryser travaillait dans un grand centre hospitalier. Elle y établissait des diagnostics neuropsychologiques de patients avec traumatismes crâniens ou ayant eu des accidents vasculaires cérébraux (AVC). «Au fil du temps, j’ai réalisé que nous manquions de temps pour parler et informer les familles et les patients de ce qui les attendait. Qu’en savions-nous, d’ailleurs?», se rappelle-t-elle. En effet, le contact se perd une fois les
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FRAGILE Suisse fête ses 30 ans Elle souhaite que FRAGILE Suisse puisse continuer à soutenir les personnes cérébro-lésées et leurs proches pendant les 30 prochaines années. «Les personnes cérébro-lésées et les proches qui luttent pour leurs pairs doivent être mis en lumière», affirme-t-elle. Les personnes victimes d’une lésion cérébrale ont besoin que leurs handicaps invisibles comme leurs compétences soient reconnus. En conclusion, elle observe: «La société ne met en avant que les incapacités (procédures AI, impotence, etc.), mais les personnes cérébro-lésées ont de nombreuses compétences et une forte intelligence du cœur».
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Portrait
«Les groupes de parole ont été d’un très grand soutien» contact avec l’association un an plus tard et deviennent membres. Josiane s’engage ensuite dans le comité.
Josiane Parisod, proche
Agé de trente ans, le fils de Josiane Parisod est victime d’une attaque par balle alors qu’il voyage à l’étranger. Il en réchappe, mais subit un traumatisme crânien dont les séquelles l’empêcheront de reprendre une vie normale. Ses lobes frontaux sont quasiment détruits, ce qui l’affecte au niveau du comportement et des initiatives. Josiane et sa famille doivent se relever de ce drame. «On était dans le flou total, on ne savait pas ce qu’est un traumatisme crânien», explique-t-elle. Lors de la Semaine du Cerveau, ils apprennent l’existence de l’association régionale FRAGILE Vaud. Josiane et son mari prennent
Les groupes de parole comme soutien Après l’hospitalisation, la réadaptation et les informations données par le corps médical, Josiane et son mari se sentent démunis. Et malgré le soutien important de la neuropsychologue de leur fils, ils ont besoin d’intégrer une association concernée par la problématique du TCC. «Les groupes de parole de FRAGILE Vaud ont été d’un très grand soutien», nous dit Josiane. «Pouvoir échanger et se parler de nos expériences nous permet de mieux comprendre ce qui entoure le traumatisme crânien et la vie de tous les jours avec une personne qui a beaucoup changé», explique-t-elle. Deux fois par année, des intervenants extérieurs viennent parler d’un thème défini. Ces rencontres sont toujours très intéressantes. FRAGILE Suisse fête ses 30 ans: et après? Josiane souhaite que FRAGILE Suisse continue à bien soutenir les associations régionales comme elle le fait aujourd’hui. «Il existe une association qui peut nous soutenir, nous aider. C’est tellement important», conclut-elle.
«FRAGILE Suisse a 30 ans – rétrospective»
Martin D. Rosenfeld, Directeur de FRAGILE Suisse
Le 1er novembre 1986, la radio DRS2 diffuse une émission sur les lésions cérébrales. Elle donne la parole au neurologue Peter Zangger, futur président et aujourd’hui membre d’honneur de FRAGILE Suisse, ainsi qu’à des proches de personnes cérébro-lésées. L’émission connaît un écho retentissant. Des groupes groupes de paroles sont constitués, permettant aux personnes concernées d’échanger leurs expériences et de s’encourager
mutuellement. En juin 1990, l’Association Suisse pour les Traumatisés Cranio-Cérébraux (ASTCC) voit le jour à Berne. Elle a pour mission de défendre les intérêts des personnes cérébro-lésées et de leurs proches. Des associations régionales sont ensuite fondées sur l’initiative de personnes cérébro-lésées et de proches. Aujourd’hui, FRAGILE Suisse est représentée dans l’ensemble de la Suisse par 11 associations régionales. A ses débuts, l’organisation étend ses prestations grâce au travail bénévole. Les cours pour les personnes cérébro-lésées et les proches revêtent déjà une grande importance. Un capital de départ alloué par la fondation Binding permet alors la création de l’Académie (notre département de formation actuel). FRAGILE Suisse crée régulièrement de nouvelles prestations, comme l’Accompagnement à domicile et la Helpline. La mission de notre organisation est reconnue par les milieux professionnels et par la société. Notre fierté est légitime, mais nous ne saurions nous reposer sur nos lauriers. Nous voulons continuer à développer les prestations qui font notre force, sans négliger d’en créer de nouvelles. Toujours d’actualité, le soutien aux personnes cérébro-lésées nécessite notre plein engagement.
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Prestations
ppen und Treffpunkte
erbildungen
hnen
Helpline
Selbsthilfegruppen und Treffpunkte
«La situation liée au coronavirus est aussi une chance» Kurse und Weiterbildungen
Texte: Juliana Campos
La période extraordinaire dans laquelle nous vivons change beaucoup de choses, également pour la prestation d’«accompagnement à domicile» de Begleitetes Wohnen FRAGILE Suisse. Julia Eugster, responsable de cette prestation, nous confie comment se déroule son quotidien dans ces circonstances particulières. Pour respecter les mesures de protection préconisées par avaient des difficultés à gérer leurs nombreux rendez-vous la Confédération, les visites à domicile sont supprimées et activités, telles que travail, thérapies, loisirs, tout en se dans la mesure du possible. Cependant, lorsque la ménageant des moments de repos. Beratung und Helpline situation l’exige, les professionnelles de l’accompagnement se rendent chez les clientes et clients. Julia Eugster, Vous vous limitez aux visites indispensables. responsable de l’«accompagnement à domicile», vient Comment faites-vous maintenant pour venir en d’effectuer une telle visite. aide aux clients? De nombreux clients doivent lutter contre l’incertitude et Julia, est-ce que ta journée te laisse une impression la peur. Les professionnelles de FRAGILE Suisse les aident différente si tu la compares aux visites que tu en leur téléphonant, en communiquant avec eux par faisais auparavant? visioconférence ou encore en leur rendant visite quand Les contacts entre la professionnelle et le client ou la c’est indispensable. Au lieu des visites régulières, nous cliente ont lieu si possible par téléphone ou visioconféproposons des conférences téléphoniques courtes mais rence. Nous rendons visite à notre clientèle uniquement plus fréquentes. Nous restons en contact par texto ou lorsque c’est indispensable. C’est arrivé, par exemple, par courriel. Ce sont les moyens que nous utilisons pour avec un client qui ne parvenait pas à suivre les instrucrassurer un peu nos clients. tions et les conseils que nous lui donnions par téléphone. Dans la situation actuelle, quel est le principal défi Qu’est-ce qui se passe différemment? pour l’accompagnement à domicile? A cause du virus, je veille à écourter mes visites et, si Parfois, les personnes cérébro-lésées n’osent pas dire ce possible, je garde une distance de deux mètres avec le dont elles ont besoin, ou alors elles se surestiment. Du client ou la cliente. Comme cette précaution ne peut fait de la distance avec les clients, il est difficile pour les pas toujours être respectée, nous portons un masque professionnelles de cerner le soutien qui leur est pendant les visites à domicile. nécessaire. Comment la clientèle réagit-elle à cette nouvelle situation? Cela dépend. Il y a des clients qui ne veulent pas que nous passions. Ils font partie de groupes à risque et veulent se protéger. Cependant, il y a aussi des personnes qui ont besoin que nous venions chez elles. Elles sont désespérées parce qu’elles ont perdu leur réseau social, leur travail, les activités qui les aidaient à structurer leurs journées. Presque tous les contacts sont suspendus, et si la professionnelle ne vient plus, ces personnes sont encore plus désemparées. Il y a aussi des clients qui me disent apprécier le calme. Avant, ils
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Est-ce que cette situation est aussi une chance? Je considère que la situation actuelle n’est pas seulement une crise, mais sans aucun doute aussi une chance. Elle contraint un peu les personnes cérébro-lésées à faire preuve de davantage d’indépendance. Les gens qui auparavant n’osaient pas téléphoner n’ont actuellement pas d’autre choix. Maintenant, ils téléphonent, alors qu’avant, ils avaient peur de le faire. Ils saisissent ainsi une occasion de progresser qui leur est offerte. Remarque de la rédaction: l’interview a été réalisée en avril par visioconférence, pendant la période de pandémie.
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Kurse und Weiterbildungen
Kurse und Weiterbildungen
Connaître les lésions cérébrales pour adapter l’accompagnement professionnel Begleitetes Wohnen
Cours
d’échanger entre eux et avec des personnes concernées. Celles-ci interviennent durant la formation en présentant leur parcours et les conséquences de leurs lésions cérébrales.
Begleitetes Wohnen
Une lésion cérébrale se manifeste souvent par des handicaps physiques, mais elle touche aussi le comporteBeratung und Helpline Beratung und Helpline ment, les fonctions cognitives et la personnalité. Malgré des similitudes, les troubles varient considérablement d’une personne à l’autre. Les personnes cérébro-lésées ne jouent pas la comédie et ne manquent pas de volonté. Dès cette année et pour la première fois en Romandie, Leur psychisme est atteint et les difficultés qu’elles FRAGILE Suisse offre une formation continue aux spécialistes qui accompagnent les personnes atteintes de lésions rencontrent sont les conséquences typiques de leur lésion cérébrale. cérébrales. Le cours permet aux participants de réfléchir au fonctionnement du cerveau, d’en apprendre plus sur les lésions cérébrales et leurs séquelles dans le quotidien La formation de base sur les lésions cérébrales des personnes touchées. La formation s’articule sur deux est prévue à l’automne 2020. Tous les détails jours et comprend une partie pratique et théorique. Elle et informations sur notre site Internet: pousse à une réflexion autour des attitudes et des fragile.ch/cours-de-base-sur-les-lesions-cerebrales pratiques professionnelles. Elle permet aux professionnels
Félicitations, FRAGILE Suisse!
Participez
Des personnalités suisses félicitent FRAGILE Suisse à l’occasion de son 30e anniversaire. Elles expliquent également pourquoi c’est une organisation dont on a besoin. Karim Slama, humoriste «Par mon dernier spectacle «l’évadé», je me suis plongé dans ce que pourrait être le soutien de notre force imaginaire en cas de paralysie totale (locked-in syndrome). Je suis aujourd’hui extrêmement touché par les nombreux témoignages qui confirment l’incroyable force et les ressources que notre esprit peut fournir. Pour cela, il faut soutenir le mental des patients avec un entourage courageux et des soins appropriés. Il est toujours plus simple d’encenser les plus forts. Bravo à FRAGILE Suisse de prendre soin des fragiles et de toujours y croire.» «Donner l’exemple me pousse à avancer moimême», déclare Celine van Till «Revenue à la vie suite à mon accident d’équitation en 2008, mon traumatisme crânien, un mois de coma et une tétraplégie partielle, je souhaite aider le plus de personnes possible et montrer comment rester motivé malgré les conséquences plus ou moins importantes.
Donner l’exemple me pousse à avancer moi-même. Aujourd’hui, je me suis reconvertie dans l’athlétisme et m’entraîne pour les prochains Jeux paralympiques! Toujours prête à témoigner de mon vécu, j’ai participé à plusieurs reprises aux formations et à la communication de FRAGILE Suisse. Chaque personne qui est touchée par une lésion cérébrale ainsi que ses proches devraient pouvoir faire appel à FRAGILE! Bravo à FRAGILE pour son travail. Je ne peux que l’encourager et la recommander. Toutes les personnes cérébro-lésées, leurs proches et les soignants, thérapeutes et médecins méritent également d’être félicités pour leurs efforts et encouragés à continuer!»
Vous trouverez d’autres témoignages de célébrités suisses sur notre site Internet: fragile.ch/celebrites Et vous? Qu’attendez-vous de FRAGILE Suisse? Dites-le nous: fragile.ch/sondage-lecteurs
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Article scientifique
«Le retour à la normale prend du temps» Interview: Carole Bolliger
La Suisse est encore sous le choc de la pandémie due au coronavirus. La vie tourne au ralenti, et semble parfois s’arrêter. Quels sont les effets de cette situation sur les personnes cérébro-lésées? Nous avons interviewé à ce sujet la neuropsychologue Martina Hoffmann. Martina Hoffmann, la situation liée au coronavirus est une épreuve pour tout le monde. Est-elle encore plus difficile pour les personnes cérébro-lésées? On ne peut pas généraliser, car cela dépend considérablement de la situation personnelle. Les avis sont partagés: beaucoup de personnes cérébro-lésées estiment que la situation actuelle a un aspect positif. Tout est un peu plus calme, plus lent, ce qui leur convient. Elles n’ont pas de rendez-vous ni d’obligations sociales. Beaucoup ont maintenant le courage de dire comment elles se sentent. En ce moment, il est socialement admis de dire qu’on a peur, que la situation vous dépasse, qu’on a des soucis professionnels ou financiers. Il y a sans doute aussi des aspects négatifs? Bien sûr qu’il y a des aspects négatifs. Pour beaucoup de personnes cérébro-lésées, faire face à la situation actuelle est un véritable défi. Les personnes qui sont seules et qui ont besoin de contacts et d’échanges avec les autres, par exemple dans un groupe d’entraide, sont encore plus isolées. Les familles ayant des enfants d’âge scolaire et qui doivent assurer une partie de l’enseignement à domicile ont elles aussi une tâche très exigeante. C’est très difficile d’organiser la vie, et le poids à porter est très lourd. J’entends souvent certaines personnes dire qu’elles n’ont pas assez de possibilités de prendre de la distance, de se ressourcer. Beaucoup de personnes cérébro-lésées ont besoin de pauses pour pouvoir reprendre des forces et récupérer de l’énergie. Elles n’y parviennent plus en ce moment. Enfin, les personnes qui, en «temps normal», nécessitent un soutien et des structures d’accueil souffrent beaucoup de la situation actuelle.
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Quels sont les problèmes rencontrés par les personnes cérébro-lésées qui cherchent un appui auprès de votre cabinet? Le fait de ne pas savoir comment la situation va évoluer est éprouvant pour tout le monde, pas seulement pour les personnes cérébro-lésées. Cependant, elle est particulièrement difficile pour elles qui ont particulièrement besoin d’une routine, d’un quotidien réglé minutieusement. Nous voyons donc en ce moment beaucoup de personnes cérébro-lésées qui ont besoin d’aide pour mettre en place de nouvelles routines et structurer leur vie quotidienne. Comment organiser la journée, faire les achats, s’occuper des enfants, etc.? Les personnes cérébro-lésées cherchent aussi une aide pour surmonter leurs soucis et leurs craintes, par exemple au sujet de leur situation professionnelle ou de leur santé. Un jour, la situation extraordinaire prendra fin. Comment faire pour renouer le mieux possible avec la vie «normale»? Il faut savoir que le «retour à la normale» prend du temps. Le corps et l’esprit ont besoin de temps pour retrouver leur équilibre. Il est donc important de se ménager. Il peut être aussi utile et bénéfique de réfléchir à l’avenir dès maintenant: Qu’est-ce qui est important pour moi? Qu’est-ce que j’ai appris, pendant cette période, qui pourrait aussi m’aider pendant la vie «normale»? On a peut-être fait certaines découvertes dont on pourrait profiter dans la vie de tous les jours.
Lire l’interview dans son intégralité: fragile.ch/fr/interview/corona Remarque de la rédaction: cette interview ayant eu lieu avant Pâques, la situation et les faits mentionnés peuvent avoir évolué en juin, date de la publication de l’article.
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Fundraising
Donatrice de la première heure
Nous pouvons compter sur de nombreux et fidèles donatrices et donateurs comme Dora Bet-Esh. Merci de tout cœur!
Dass es FRAGILE Suisse auch nach 30 Jahren noch gibt, ist unter anderem ein Verdienst all unserer treuen Spenderinnen und Spender. Eine von ihnen haben wir stellvertretend gefragt, weshalb sie uns unterstützt.
Dora Bet-Esh nous épaule depuis des décennies. Elle s’est adressée à nous après avoir lu un article dans notre journal. Il évoquait la situation d’un jeune homme, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) à 18 ans. L’AI refusait de lui payer une attelle pourtant parfaite-
Dora Bet-Esh unterstützt uns seit Jahrzehnten. Einmal sprach sie uns auf einen Artikel im «Magazin» an. Darin berichteten wir von einem jungen Mann, der mit 18 einen Schlaganfall erlitten hatte. Und auch, dass die IV
C’est grâce à ses donatrices et ses donateurs fidèles que FRAGILE Suisse existe encore aujourd’hui, 30 ans après sa fondation. Nous avons demandé à l’une de ces personnes pourquoi elle nous soutient.
ment adaptée. Madame Bet-Esh jugea ce refus injuste et nous demanda si elle pouvait participer aux frais. Madame Bet-Esh nous montre combien elle est sensible à la destinée des personnes cérébro-lésées: «Parmi mes collègues, une jeune femme sympathique avait perdu son mari prématurément, restant seule avec un jeune enfant. Un jour, son poste de travail fut transféré dans un autre quartier de la ville. Nous apprîmes peu après qu’elle était décédée subitement. Souffrant de violents maux de tête, elle avait posé la tête sur son bureau. Alertée immédiatement, la police sanitaire n’avait pu que constater son décès des suites d’une hémorragie cérébrale. Je n’ai jamais oublié la mort tragique de cette jeune femme. C’est pourquoi je lis toujours votre journal avec un grand intérêt, et je trouve excellente l’aide que vous apportez à tous les intéressés après les séjours à l’hôpital et en clinique de réadaptation.»
sich weigerte, eine für ihn perfekte Fussprothese zu bezahlen. Frau Bet-Esh fand das ungerecht und fragte uns an, ob sie sich an den Kosten beteiligen könne. Das hat uns gezeigt, wie sehr sie am Schicksal der Betroffenen Anteil nimmt. Das ist wohl auch ein Grund für ihre Treue als Spenderin, wie wir aus einem ihrer Briefe erfahren haben: «Ich hatte eine freundliche, junge Kollegin, die nach dem unerwartet frühen Verlust ihres Ehemannes allein mit einem Kleinkind zurückblieb. Nach dem Umzug ihres Arbeitsplatzes in einen anderen Stadtteil erfuhren wir nach einigen Monaten plötzlich, dass sie verstorben sei. Unter irren Kopfschmerzen habe sie den Kopf auf ihr Pult gelegt. Die sofort alarmierte Sanitätspolizei konnte nur noch ihren Tod durch Hirnblutung feststellen. Dieser tragische Tod der jungen Mutter hat mich nie mehr losgelassen. Deshalb lese ich Ihr ‹Magazin› stets mit grossem Interesse und finde Ihre Hilfestellungen für die Mitmenschen nach Spital und Reha ausgezeichnet.» So wie auf Dora Bet-Esh dürfen wir auf viele treue Spenderinnen und Spender zählen. Herzlichen Dank dafür!
Spenderin der ersten Stunde Fundraising Edition 2 / 2020 | 9
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