le journal de l’éducation Biennale de l’éducation - 4ème édition - 13 et 14 décembre 2012 - www.biennaledeleducation.fr
réseaux sociaux Jeunes et animateurs Des clics et débats Quel accompagnement ?
les adolescents
10 idées reçues
S
i la question adolescente et plus globalement celle des jeunes n’appartient à personne, elle n’en demeure pas moins l’affaire de tous, et ce quel que soit le territoire. Tranche de vie spécifique comme un trait d’union entre le monde de l’enfance et celui de l’âge adulte, l’adolescence est un moment aussi fondamental que délicat, une période de vie empreinte de contradictions durant laquelle les ados sont en quête d’une personnalité et de la construction d’une identité. Dans cette étape de construction, le rapport au temps, à l’espace n’est plus le même, le champ des possibles s’avère plus large en même temps que
édito se multiplient parfois les territoires de vie (école, famille, loisirs, temps libre, espaces publics physiques, numériques…). Autant d’espaces au sein desquels il y a enjeu à construire et agir pour et avec les ados, à entendre et mieux appréhender leurs aspirations, à conduire des démarches éducatives diversifiées et complémentaires leur permettant de se repérer, de bouger, de comprendre le monde qui les entoure, de porter un regard critique, de faire des choix pour se construire pas à pas. Les pistes d’action sont multiples dont notamment : renforcer la qualité éducative de l’offre proposée, travailler, questionner les modes d’organisation proposés aux ados (sans s’enfermer dans un modèle unique), se connaître et se reconnaître entre acteurs éducatifs. Il y a là une formidable feuille de route pour l’ensemble des acteurs éducatifs sur les territoires.. • Yanick Lorée, Président des Francas de Loire-Atlantique
Le Mois de l’éducation
Paroles de territoires
Les adolescents et les adultes vivent aujourd’hui dans des contextes sociaux en perpétuelles mutations qui bousculent nos repères et nous interrogent sur le processus éducatif. Comment répondre aux envies d’activités des adolescents tout en engageant l’ensemble les acteurs éducatifs ? >>> Retrouvez dans le journal de l’éducation, des extraits des événements qui se sont déroulés en Pays de la Loire du 19 novembre au 08 décembre 2012.
Rêver ou ne pas rêver ?
c à brissa é c in u - Q
analyse | Comment les adolescents rêvent-ils leur vie ? Quel est l’idéal que
poursuivent ces ados qui fréquentent les structures de loisirs. Philippe Gutton, fondateur de la revue Adolescence, replace le rêve et ses effets chez les adolescents. Rémi Boulmer et Florent Guérif
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Militants aux Francas de Maine et Loire
es animateurs de l’association Enjeu à Brissac-Quincé (Maine et Loire) , adhérente aux Francas, se sont demandés quel est l’idéal que poursuivent les jeunes qui fréquentent leur structure. Les réponses des jeunes ont paru très pragmatiques et fonctionnelles : « je rêve d’une voiture, de gagner de l’argent, d’avoir un nouveau portable… ». Pourtant, il parait primordial de rêver de manière utopique. Dans les années 80, le monde adulte pensait que l’adolescence était une période où l’on ne rêvait pas. Par ce discours, ces mêmes adultes empêchaient les jeunes de rêver. La notion de rêve renvoie alors à la distinction entre «rêve » et « projet ». Les adolescents ne sont pas réellement intéressés par la notion de projet, ils sont déjà trop occupés par le présent. Ils ne parlent pas beaucoup de leurs rêves. Des adolescents déclarent « rêver d’une voiture » ; en ce sens il s’agit bien d’un rêve car ce n’est pas parce que l’adolescent en rêve qu’il va l’acheter. La notion de projet est plus obscure : accaparé par le présent, il est plus difficile pour l’adolescent de se
projeter. C’est l’adulte qui l’amène à se poser des questions sur le futur : « C’est ton rêve, mais est-il réalisable ? ». Pour l’adolescent, l’adulte le renvoie en permanence à une multitude de questions ; or l’adolescence est une période pendant laquelle il ne veut pas se projeter car il a peur d’être déçu. C’est une période dépressive liée à son développement. Pour le professeur Philippe Gutton, l’adolescence est une re-création de soi au moment de la puberté. Il est plus facile pour un adulte, dans son rôle d’éducateur, de considérer l’adolescence comme un ensemble de fonctionnements psychiques visant à la création de son identité mais aussi à la création de son environnement. Par exemple, sa chambre se crée et se modifie en même temps
se créer son identité et son monde. A contrario, l’avenir est une notion d’adulte qui ne correspond pas vraiment aux besoins de l’adolescent. C’est l’adolescent qui a son destin en main. Il est en devenir. Les questions d’adultes sur le futur sont considérées par lui comme restrictives. Selon Philippe Gutton, l’adolescent ne se crée jamais seul, il a besoin des autres pour se révéler. Il a besoin de montrer ses changements et d’être reconnu dans ce qu’il devient. Sa recherche d’originalité, toujours dans cette idée de création, ne se fera, qu’en la partageant avec d’autres. Sa quête la plus importante sera de dire à son entourage qu’il est différent. Il s’agit d’un besoin mais en même temps d’une crainte d’être confronté au regard de l’autre et qu’il ne soit pas compris. Ce désir de partage nécessite un temps long, pas suffisamment disponible au regard du temps passé sur les bancs de l’école. Phillipe Gutton conclut en expliquant que pour l’adolescent, l’adulte, quel qu’il soit, représente un « parent d’enfant ». Or il vient de quitter l’enfance et il va de l’avant dans un environnement d’adultes qui lui rappelle son passé. Cela peut être rassurant, lui apporter un sentiment de sécurité, mais également menaçant car cela l’empêche de quitter l’enfance.
l’adolescence est une re-création de soi au moment de la puberté. que l’adolescent évolue de manière rapide. Il recherche toujours la nouveauté, avec une remise en question perpétuelle. Ses repères sont sans cesse redéfinis : « J’en sais plus que mes professeurs en informatique. », « Finalement il n’y a pas que mes parents qui peuvent être parents, moi aussi… ». Il a donc besoin de rêver pour pouvoir
Les Francas sont une Fédération nationale laïque de structures et d’activités dont la vocation est indissociablement éducative, sociale et culturelle. Ils agissent pour l’accès de tous les enfants et de tous les adolescents à des loisirs de qualité, en toute indépendance, et selon le principe fondateur de laïcité. Coordonnées : Les Francas de Loire-Atlantique, 37 rue La Tour d’Auvergne. BP 36507 44265 Nantes Cedex 2 Tél. : 02 51 25 08 50 - www.francaspaysdelaloire.fr
Directeur de la publication : Sandra Maisonneuve Conception : Les Francas de Loire-Atlantique, Pascal Couffin Contributeurs : Charlotte Belhache, Rémi Boulmer, Marylin Clavère, Danièle Ferré, Florent Guérif, Sandra Maisonneuve, Yanick Lorée, Pascal Poupelin, Yann Renault, Véronique Sachot.
P e rspectiv es
Le journal de l’éducation - 13 et 14 décembre 2012
Qui sont les adolescents ? Où vont-ils ? Que cherchent-ils ? Pour comprendre les enjeux en tant qu’éducateurs, 10 représentations d’adultes à déconstruire afin d’envisager les actions éducatives à mettre en œuvre. ny à Aubig
10 idées reçues sur les adolescents 3
L’adolescence est une période de crise Les adolescents ne vivent pas tous une crise ouverte qui se manifesterait par des situations de violence physique ou morale. Cependant tous les adolescents, vivent une ou plusieurs crises (sociale, affective, physique, amoureuse…) qui peuvent générer des périodes de crise ouverte avec
Yann Renault Délégué National des Francas Les Francas de Vendée, la Mairie d’Aubigny et son office enfance-jeunesse se sont interrogés sur l’adolescence en territoire urbain, périurbain. Une occasion de revenir sur nos représentations envers les adolescents.
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la question des adolescents s’est posée en tout temps et en tout lieu. Faux. Le concept d’adolescence est une construction sociale et historique qui date du 19ème siècle. Pendant longtemps, l’individu passait directement du statut d’enfant à celui d’adulte. Aujourd’hui certaines sociétés n’identifient d’ailleurs pas cette période d’adolescence comme une période charnière. Selon Michel Fize, sociologue au CNRS, ce que nous nommons adolescence est d’abord la représentation que nous nous faisons d’elle. En effet, chaque adulte attribue à l’adolescence les traits, les caractéristiques qu’il souhaite lui donner, souvent issues de sa propre expérience et mises en miroir avec l’adolescent qu’il a été ; images d’Epinal ou images décalées de lui-même. Développer des actions en direction des adolescents, nécessite de se questionner au préalable collectivement sur nos représentations, sur les traits et les caractéristiques que nous leur attribuons.
Les adolescents sont tous différents et les acteurs éducatifs doivent les prendre en compte dans leur singularité et leur diversité.
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Il n’est plus possible, aujourd’hui, de définir la tranche d’âge des ados. Il a toujours été difficile de borner l’adolescence par un âge minimum et un âge maximum. Ces bornes changent selon les époques à partir du regard que les adultes portent sur les problématiques adolescentes. De nombreux poncifs proclameraient que les individus soient adolescents de plus en plus jeunes et de plus en plus vieux. Physiologiquement les âges de la puberté et de la fin de la croissance n’ont pas changé ; ce qui nous questionne est la dissociation entre ces âges et l’âge de la maturation intellectuelle, plus précoce aujourd’hui, du fait de la massification de l’accès des individus à l’éducation, et l’âge de l’entrée dans l’autonomie sociale qui s’effectue de plus en plus tard.
Portraits
L’adolescence en questions Au fil des territoires, une cabine photomaton a circulé pour recueillir au plus près les paroles de jeunes et d’adultes sur les questions d’adolescence. Animateurs, enseignants, parents, élus, adolescents se sont prêtés au jeu. 50 portraits comme 50 regards singuliers dont voici quelques extraits.
un parent, un enseignant, ses pairs. Les adolescents sont tous différents et les acteurs éducatifs doivent les prendre en compte dans leur singularité, dans toute la diversité de leur vécu, ce qui nécessite de construire des liens entre tous les co-éducateurs pour les accompagner dans le dépassement de « leurs crises ».
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Les adolescents vont mal 90% des adolescents vont bien. Un récent sondage Ipsos pour la Fondation Pfizer auprès des 1518 ans révèle que les adolescents euxmêmes se sentent aller mieux qu’en
2012 : 73% sont satisfaits de ce qui leur arrivent en 2012. Une différence est mise en avant entre ce que disent les adolescents d’eux-mêmes et les représentations des adultes. 74% des adultes estiment que les adolescents se sentent mal dans leur peau contre 25% des adolescents. Alors comment changer nos représentations ? A quels adolescents s’adresser ? A ceux qui vont mal, à ceux que nous estimons aller mal ou à tous les adolescents ?
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L’adolescence, c’est la période du repli sur soi, sur les pairs Au contraire, les adolescents ont un fort désir d’intégration au monde des adultes et à la société ; selon le même sondage, 73% des adolescents déclarent avoir envie de devenir adultes. Et ils ont besoin des adultes pour le faire: 85% des adolescents le pensent... Ils ne sont que 25% des adultes à le penser… Les adolescents sont bien sûr en quête d’eux-mêmes. Ils veulent « être seul », mais pas trop longtemps, être avec leurs pairs, espace de sociabilité forte. Cependant ils sont aussi en recherche des adultes à une distance suffisamment « juste », qui leur permet d’expérimenter, de s’essayer, de se construire… avec des adultes vigilant à garantir leur sécurité affective, morale, physique. En tout temps les
adolescents ont vécu des rites de passage qui leur permettaient d’acquérir une utilité et une reconnaissance sociale, et ainsi intégrer le monde des adultes qui avaient eux-mêmes passé ces rites en leur temps et avait été reconnu adulte. Aujourd’hui nombre de ces rites n’existent plus ou ont perdu leur signification sociale et collective et en parallèle nous n’en avons pas inventé de nouveaux...
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Les besoins des adolescents ont changé Si nous parlons des besoins des adolescents pour se construire en tant qu’individu, en tant que personne et en tant que citoyen, non les besoins des adolescents n’ont pas changé. Ils souhaitent comprendre qui ils sont, où il vont, ce qu’ils vivent, prendre des risques, s’ouvrir au monde, recevoir de l’affection de leurs pairs... Par contre, la société, elle, a changé et donc c’est le rapport entre les besoins et capacités des adolescents et les attentes de la société qui a évolué et que l’action éducative se doit d’accompagner.
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Les adolescents ne veulent rien faire ou, pire, ne faire que ce qu’ils veulent Nous souhaitons tous que l’éducation soit vectrice de plus d’autonomie, de plus d’indépendance en terme de mo-
Le journal de l’éducation - 13 et 14 décembre 2012 Extraits de Tranche d’avis, spectacle de théâtre interactif d’éducation à la citoyenneté, dans les collèges de l’Aubance et Saint-Vincent, Brissac-Quincé, le 26 novembre.
Rêver d’avoir une grosse voiture, est-ce un bon rêve ?
ège à au Coll incé u - Q brissac
« C’est normal d’en vouloir une, si on m’en offre une je la prends. Attends ! Avec une petite voiture t’es trop à l’étroit ! C’est comme les rêves, si tu rêves petit, t’auras petit ! Moi ce que je voudrais, c’est beaucoup d’argent, un yacht, une grosse maison, être PDG de Total, claquer des doigts quand j’ai faim et que l’on m’apporte tout sur un plateau d’argent. Et faut pas juger mes rêves. Eh ! Un rêve c’est ce qu’on aimerait avoir, ce n’est pas tout le temps ce qu’on a… C’est une satisfaction si on l’atteint, sinon on s’en trouve une autre.»
bilité, de réflexions, de vie intime… Dans le même temps, il semblerait que les adultes se plaignent que les adolescents fassent des choix, organisent leur propre temps libre… Les adolescents sont en quête d’eux-mêmes, en tant qu’individu, et en quête des autres, dans une transformation du rapport social, et ces quêtes demandent de l’entre soi, avec soi et avec ses pairs. Le fait d’être dans cet entre-soi, sans apparemment ne rien faire (sous l’abri bus, dans la forêt, dans un bar, chez les ami-e-s…) au regard des adultes, est déjà beaucoup pour eux et contribue à leur construction. Les adolescents construisent de plus en plus tôt une pensée autonome, argumentée, des savoir-faire et des savoir-être… Comment reconnaître leurs capacités pour aller plus loin avec eux ? En quoi leur permettons-nous de prendre des responsabilités ?
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Les adolescents refusent toute autorité Etant dans un passage vers le monde des adultes, ils questionnent leur autorité. Michel Fize nous dit d’ailleurs que « L’adolescence est l’âge de toutes les capacités, l’âge de tous les dangers pour le pouvoir des adultes. » Quel adulte ne questionne pas l’autorité d’un autre adulte si cette autorité n’est pas formalisée dans un contrat
Est-ce que selon vous l’école sert à avoir un travail ? « Voilà maintenant 2 ans que j’ai quitté la maison pour entrer à l’Ecole de la Vie. Lorsque j’ai quitté la maison, j’avais la tête pleine de métiers qui me tendaient les bras. Je me voyais tourneur fraiseur, chirurgien, caissier, vendeur de yachts ou même animateur socioculturel. Je pensais que les études m’amèneraient à un diplôme qui m’enverrait un travail dans les pattes. Et puis Oh Surprise ! L’Ecole de la Vie m’expliquait que l’école c’est avant tout pour se rencontrer, se construire, se socialiser. »
de subordination ? Cependant, les adolescents sont en recherche d’autorité. Ils souhaitent des interlocuteurs adultes qui sachent, avec eux, construire des règles, avec eux, les mettre en application et les garantir en cas de transgression et sanctionner si il y a lieu. De plus, ils ont besoin d’adultes qui font autorité, c’est à dire qui soient riches de savoirs, d’expériences, de vécus avec qui ils peuvent partager.
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Les adolescents ne veulent que des activités de consommation Les adolescents sont, comme nous tous, des consommateurs… Cependant, une question reste : est-ce que
l’action éducative doit se situer dans une logique de consommation de services ou de produits? Ou, dans une logique de prise de conscience à rechercher et à répondre à ses attentes. Ses besoins nécessitent le dépassement de contraintes et difficultés que l’action collective et l’action publique conjuguées peuvent permettre ? Les activités de consommation n’existent pas, par contre des relations consuméristes se créent automatiquement quand les acteurs se situent dans un rapport « offre de loisirs » versus « demande de loisirs », relations qui ne pourront être dépassées qu’en remettant le projet éducatif au cœur de l’action.
La technologie permetelle de mieux vivre ? « Ouais, ouais, ouais, bon… En même temps, sans ceux d’avant, on ne serait pas ceux d’aujourd’hui. Et ceux que l’on est aujourd’hui définissent ceux qui feront demain. J’irais même jusqu’à dire que ceux de demain créeront ceux d’après-demain et ainsi de suite. Mais la technologie dans tout cela, est-elle le moteur de notre voiture ou la route sur laquelle elle roule ? Cette fameuse technologie nous construit-elle ou bien est-ce nous qui la construisons ? Bah… Je sais pas… Je vais attendre l’IPhone 7 et je regarderais sur internet pour avoir la réponse. »
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Les adolescents sont toujours insatisfaits de leur territoire de vie Des adolescents, dans leur volonté de sortir de l’enfance, vont s’ouvrir, au monde, aux autres et porter un regard critique là où ils vivent… Plus ils vont grandir, plus ils vont repousser les frontières de leur territoire de vie par la mobilité spatiale, en créant de nouvelles relations affectives et sociales, plus ils vont multiplier leurs territoires d’action… Rien que le passage d’un établissement scolaire à un autre oblige à cette ouverture. D’autres vont s’encrouter ou vont rechercher toutes les stratégies pour ne pas s’en éloigner, pour rester ici. Pour leur montrer tou-
tes les richesses comme pour les aider à s’émanciper, donnons-nous la possibilité à tous les adolescents de découvrir leurs territoires de vie et d’action ? De participer à leur transformation ? Yann Renault, Délégué national des Francas chargé du « développement des espaces éducatifs» et animateur du groupe national «adolescents»
Réseaux sociaux : des clics et débats Les usages du numérique par les adolescents sont le reflet des comportements des adultes. L’éducation au numérique doit ainsi passer par un accompagnement fondé sur l’échange et les valeurs. Danièle Ferré
Responsable Formation Francas
L
ège à au Coll te e -s rpet gaston s Nante
e web aujourd’hui est multi outils, on y accéde avec l’ordinateur, une tablette, le téléphone, les consoles de jeux et bientôt avec la télévision. Ce qui déroute quelque peu certains parents qui ne pensaient pas qu’en achetant une console de jeux, leurs enfants pouvaient accéder à internet. Le web est aussi multi-fonctions. Les chemins pour arriver sur un site sont innombrables. On ne peut dès lors pas préjuger de la façon dont les adolescents peuvent investir les différents champs. Ainsi pour comprendre « comment mon enfant accède à Internet », il est nécessaire d’avoir un échange privilégié avec lui et apprendre ensemble. Enfin, le web amène à être multi-tâches : les utilisateurs du web (adultes comme enfants) passent rapidement d’une activité à une autre. La Maison TIC de Grigny est régulièrement interpellée lorsqu’il y a des incidents, en particulier sur les réseaux sociaux comme Facebook. Or aujourd’hui, tout peut être réseau : les jeux, le tchat, les devoirs, la musique. Globalement les activités des adolescents leur permettent de construire cette dynamique de réseau, et c’est même plutôt ailleurs que sur Facebook qu’ils commencent à acquérir cette compétence. Ainsi, sur le site de bla-
blaland.com, l’entrée première est d’abord de tchater et de se faire des copains, mais ils peuvent aussi jouer, aller sur des forums… Sur ce site comme sur d’autres, les enfants peuvent y être dès 8-9 ans. Les enfants apprennent donc très tôt les premières règles de réseau. Ce qui compte en premier est donc les relations entre eux : comment se respecter, comment se parler sur internet. Internet n’est pas un monde à part sur le système des valeurs. Or aujourd’hui, comme la plupart du temps les enfants entrent dans ces espaces sans médiation adulte. D’autres sites comme habbo. com ont deux entrées. Tout d’abord la nécessité de s’inscrire, mais comment faire : vrai prénom et nom ? On peut ainsi
procéder à l’inscription avec son enfant et se poser ses questions ensemble. Ce qui est gratuit peut limiter la participation aux jeux, on peut être ainsi amené à acheter. Les modalités d’achat sont multiples : CB, Paypal, sur la facture de son opérateur internet, par SMS surtaxé, par le numéro 0 800, des cartes prépayées habbo, des tickets surf. L’argent reste réel et en même temps paraît virtuel. L’éducation à la consommation est donc essentielle et doit pouvoir intégrer ces nouveaux modes de consommation. Enfin, le web permet d’être vu : photos, informations sur soi. Mais le contrôle sur ses propres informations est difficile. Un autre enjeu est donc faire des activités avec les enfants et les jeunes. Finalement, les
enfants et les adolescents ont des comportements sur internet qui renvoient plutôt à la responsabilité des adultes. Beaucoup de jeunes disent ne pas avoir besoin de télécharger, les parents l’ayant déjà fait. Si un enfant et ses parents jouent au même jeu et que l’un de ses parents y joue pendant son travail, cet enfant le saura et aura une image particulière du travail. Des enfants ont un passé numérique avant même d’être nés ou avant de comprendre ce qu’est internet : mise en ligne de photos d’échographies ou de bébés. L’accompagnement des enfants doit commencer tôt, dès 8-9 ans. Il doit pouvoir s’appuyer sur les valeurs que les familles transmettent et sur la compréhension de ce qui se joue sur internet. Quelques sites peuvent aider à mieux comprendre et à pouvoir construire des temps d’échange avec les enfants : internetsanscrainte.fr, netpublic. fr, maison-tic.org.
Christian Combier Directeur de la Maison TIC
Dominique Faure Principale au Collège Gaston-Serpette
Comme nous l’explique Chritian Combier, directeur de la maison TIC de Grigny, les jeux ont désormais tous une extension sur les réseaux sociaux. Pour s’adapter à ce phénomène les parents doivent donc comprendre et maîtriser les mécanismes présents sur la toile afin de pouvoir intervenir dessus. L’école doit aussi aider les jeunes à s’approprier au mieux ces outils. Or, si ce travail se fait, l’institution scolaire ne peut explorer tous les espaces et laisse des zones de risques qui doivent être reprises par les associations. Celles-ci ont toutes leur place pour expérimenter, innover, réfléchir et accompagner les jeunes dans l’utilisation des réseaux sociaux.
Pour Dominqiue Faure, Principale du collège Gaston Serpette, à Nantes, les réseaux sociaux engendrent des problèmes quotidiens et récurrents. Ils sont à la base de différents conflits entre adolescents notamment à travers les réseaux de partage de contenus audiovisuels où ont été diffusés, l’année passée, au sein de cet établissement, des images d’agression concernant l’un des élèves. Celle-ci souhaite alors remédier à ce phénomène en mettant en place un système d’information auprès des élèves les plus jeunes ainsi qu’un atelier sur la pratique et le questionnement autour de ces réseaux auprès des élèves les plus vieux.
Le journal de l’éducation- 13 et 14 décembre 2012
La jeunesse est une période qui se définit par un grand flottement, ponctuée par des doutes, dans une recherche de soi pour se construire. ir Quelle posture pour les animateurs jeunesse dans leurs structures ? à Monto e retagn de B
Quel accompagnement ? Véronique Sachot Chargée d’études - Les Francas
individuel ou collectif. Elles croisent aussi des problématiques sensibles, en particulier celle de la participation des jeunes : participation aux actions et ermettre le développement aux décisions qui les concernent, parde l’autonomie des jeunes, ticipation active à l’apprentissage de c’est leur permettre de la citoyenneté… Nous pouvons citer construire leur identité, de l’accompagnement à l’élaboration de trouver leur place dans la société en projets à l’initiative des jeunes (projet suscitant leur sens critique et en leur de solidarité, départ en vacances…), permettant de faire des choix. Dans l’accompagnement à l’engagement un monde en mutations accélérées et dans la vie associative, l’accompagnequi peut générer des situations parfois ment à l’engagement dans la pratique de stress, de risques économiques, sosportive, culturelle, … ciaux....il existe une réelle nécessité à Néanmoins ces démarches d’accompenser la question de l’accompagnepagnement au regard des questionment des jeunes dans cette phase nements auxquels les jeunes sont intermédiaire de construction identiconfrontés conduisent à une transfortaire. mation du métier d’animateur jeune et interroge les pratiques animateurs. C’est Accompagner vient apporter des pourquoi, les animateurs du souffle à la notion jeunesses de trois organisateurs locaux d’activités d’encadrement d’activité, adhérents aux Francas c’est de l’animation… (l’Association Start’Air, l’Office Socio Culturel de Les animateurs jeunes l’ont compris, Montoir de Bretagne et l’Office Mules politiques jeunesses l’ont intégré nicipal des Jeunes de Saint Nazaire) et l’accompagnement des jeunes est se sont retrouvés le 22 novembre lors de plus en plus présent dans le travail du Mois de l’éducation pour une ford’animation. Les pratiques d’accommation sur le sujet. L’intervenante pagnement se sont d’ailleurs dévelopMaella Paul, chercheuse sur les fonpées sous forme d’accompagnement damentaux de l’accompagnement, a
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permis aux participants de structurer leur réflexion sur le concept d’accompagnement. Avec les animateurs, elle a interrogé la posture de celui qui accompagne, la perception que l’on a de celui qui va être accompagné ainsi que la démarche et la dynamique engagée dans un processus d’accompagnement. Un des propos de conclusion fut de dire qu’accompagner vient apporter du souffle à la notion d’encadrement d’activité, c’est de l’animation… La qualité et la richesse de son intervention ont permis à chacun de mettre des mots sur sa pratique. En rendant les choses moins confuses elle a su motiver les animateurs pour qu’ils puissent confronter cet apport
Une boussole
Educateurs : comment apporter les repères nécessaires aux adolescents pour qu’ils construisent leur identité ? Marylin Clavère Responsable Enfance-Jeunesse
-jean à Saint eau is o b e d
Jacques Michel, Psychologue à l’école des parents rappelle que le groupe est incontournable pour l’adolescent. C’est une nécessité psychique car il peut y révéler une partie de soi même dans un espace d’expérimentation et de réalisation de soi : « A cette période, on ne sait pas trop qui on est, on se cherche en se différenciant. On est capable peu à peu de se conformer aux autres et de penser différemment. L’adolescent est un être à multiples facettes et il aura besoin d’appartenir à plusieurs groupes et réseaux d’amitié pour se sentir bien : amis, famille, club de sport… » ; Le groupe protège aussi. Pouvoir s’affirmer et savoir dire Non est essentiel
à cet âge. Yanick Lorée, directeur de l’Animation Jeunes Intercommunale à Saint-Jeande-Boiseau et ses collègues interviennent auprès de collégiens dans le cadre de missions de prévention. Leur accompagnement permet aux jeunes de réfléchir aux diverses influences qui se jouent au sein d’un groupe. Mais il existe aujourd’hui, un véritable fractionnement de l’éducation. Chacun se retrouve avec ses prérogatives et les différents éducateurs mènent leurs actions sans une réelle
Les partenaires du Mois de l’éducation : Ces événements ont été organisé par les Francas en Pays de La Loire et leurs partenaires : La Maison Pour Tous à Saint-Père en Retz, le Centre social de Paimboeuf, l’association Enjeu à Brissac Quincé, les collèges de l’Aubance et Saint-Vincent à Brissac Quincé, Gaston Serpette à Nantes, La Mairie de Saint-Jean-de-Boiseau, L’association Intercommunale Jeunesse de St-Jean-de-Boiseau, Le Pellerin, La Montagne ; L’Office Enfance-Jeunesse d’Aubigny, La Ville de Sainte-Luce-sur-Loire, l’ARPEJ Rezé, L’ACCOORD, Start’Air Jeunes, l’OSCM de Montoir de Bretagne, l’OMJ de Saint-Nazaire, la Mairie d’Aubigny, les CEMEA Pays de la Loire, Le Conseil Général de Loire-Atlantique, le Conseil Régional des Pays de la Loire, la DRJSCS Pays de la Loire, la CAF de Loire-Atlantique, le Rectorat de l’Académie de Nantes.
continuité éducative. Les éducateurs : parents, animateurs, enseignants devraient pouvoir travailler de concert pour aider les adolescents à se construire. Les parents restent des référents importants pour les ados comme « Une boussole au milieu de la tempête ». Ils doivent tenir le cap en étant sûrs de leurs choix éducatifs. Alors aider les jeunes dans leur construction en respectant leur avis, en dialoguant, en se questionnant et en posant des limites sont des attitudes à privilégier.
conceptuel à leurs pratiques quotidiennes. Echanges à travers lesquels les animateurs ont pu éprouver la difficulté à se mettre d’accord collectivement sur le sens des termes. Temps pendant lesquels les animateurs ont également pu apprécier la richesse des échanges avec des structures voisines de leur territoire. Après avoir étayé une réflexion sur le concept d’accompagnement, après avoir identifié et valorisé les pratiques d’accompagnement portées par les animateurs jeunesse, il nous reste sur cette dynamique d’échanges de pratiques à interroger les enjeux spécifiques et communs de l’accompagnement des jeunes sur chacun des territoires représentés.
Billet d’humeur Quoi d’neuf les jeunes ? Pascal Poupelin Responsable Formation Les Francas « C’est quoi être jeune aujourd’hui ?», voilà la question qui animait les participants à la matinée débat autour de Jacques Trémintin, éducateur spécialisé, au centre socioculturel de la Fontaine à St Sébastien sur Loire le 24 novembre dernier. Des jeunes qui repoussent leurs limites en se confrontant à l’autorité des adultes et en brisant les interdits, des difficultés d’insertion qui différent l’entrée dans le monde adulte, une jeunesse plurielle où l’appartenance de classe détermine l’accès à la culture, aux loisirs et à l’emploi, une mixité sociale et culturelle difficile à faire vivre au local : mais en y regardant de plus près, quoi de bien nouveau là dedans ? Certes, l’irruption des nouvelles technologies bouleverse aujourd’hui les rapports au temps, à l’espace et aux autres, notamment chez les jeunes. Mais finalement, et si c’était la place nouvelle des jeunes filles qui singularisait la jeunesse d’aujourd’hui ? Et si c’était du côté des parents qu’il fallait chercher les marqueurs de notre époque : des parents consommateurs, joueurs, sportifs, sensibles à leur image qui veulent faire, être et rester… jeunes. à SaintSébast sur Loir ien e
DRJSCS : mobilité internationale,
Quels apports à l’éducation ?
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ermettre à tous les jeunes d’évoluer dans un monde économiquement viable, écologiquement durable et socialement vivable. Pour répondre à cet enjeu, l’éducation en est l’un des moyens. Ainsi l’expérimentation pilotée par la DRJSCS a ouvert la possibilité à des jeunes ayant le moins d’opportunité de partir à la rencontre de l’autre avec une expérience de départ à l’étranger. Les politiques publiques des pays du Nord comme ceux du Sud mettent aujourd’hui la priorité sur les politiques d’éducation et de jeunesse ; si les situations sont diverses, les enjeux sont communs. Ce dispositif a permis un travail en partenariat entre plusieurs acteurs associatifs et institutionnels, par un maillage du territoire.
Il s’est traduit par la mise en oeuvre de formations pour les professionnels et les responsables associatifs accompagnateurs et les jeunes. Cette expérience menée par la DRJSCS restera unique pour les jeunes qui ont participé à l’élaboration d’un projet de départ : de la préparation à la situation vécue collectivement pour aller à la rencontre de l’autre dans le pays étranger. Ainsi les partenaires engagés dans ce parcours de mobilité internationale ont souhaité valoriser les compétences que les jeunes ont développé tout au long du projet. Les partenaires étrangers présents lors de la Biennale de l’éducation apporteront le témoignage de cette dynamique enclenchée, le vendredi matin en ouverture de journée. -père à Saint r en etz
échanges et réciprocité
Lors de la soirée-débat à la Maison Pour Tous à Saint-Père en Retz, Emmanuelle Caillée, coordinatrice de l’association Essentiel, qui agit en Guinée dans le secteur des Mutuelles de Santé, souligne qu’il est nécessaire d’établir une relation de confiance et de réciprocité pour construire un projet de solidarité internationale. « Il n’y a pas d’urgence à se précipiter. La barrière est très fine entre ce que l’on fait, pourquoi on le fait. Il est important aussi de trouver une satisfaction personnelle dans les actions quand on agit là-bas et ne pas oublier de se dire que le morceau de bois dans la rivière ne deviendra jamais crocodile. Il convient alors de ne pas se mettre et penser à leur place ; en n’omettant pas de s’interroger sur le sens de notre action dans le pays. Parfois il faut avoir la franchise de dire ce que je ne comprends plus… avec la nécessité d’agir en conscience car rien n’est préjudiciable.
Plus de ressources : www.biennaledeleducation.fr
Ministère de l’éducation nationale Ministère de la culture et de la communication
www.thuram.org
Ministère des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative