PREMIER MINISTRE
Pôle Stratégie, Médias et Communication Hôtel de Matignon, le 31 janvier 2014
Discours de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, Réhabilitation du Sillon de Bretagne Seul le prononcé fait foi
Permettez-moi de vous remercier de votre accueil et de vous dire combien je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui. C’est toujours un plaisir, et vous le savez. Mais aujourd’hui, c’est doublement le cas, parce que c’est un beau projet que vous avez fait aboutir. Je veux donc, à mon tour, saluer le travail effectué par tous ceux qui sont intervenu sur le projet : je pense aux élus qui l’ont porté, au bailleur social Harmonie habitat, aux services de l’Etat et à l’ANRU –l’agence nationale de rénovation urbaine-, à la Communauté urbaine de Nantes, mais aussi aux architectes, aux ingénieurs qui l’ont mis en œuvre, et bien sûr, aux habitants et à tous les acteurs qui se sont impliqués, à différents titres, sur ce projet. Tous ensemble, vous avez réussi à moderniser ce bâtiment, dans le respect de son caractère d’origine et de son esprit. Car cet immeuble n’est pas un immeuble comme les autres. Plus de 3000 personnes y vivent ou y travaillent. C’est un véritable quartier, avec une forte identité, avec une vraie fierté aussi, et c’est toujours un pari difficile d’intervenir 40 ans après sa construction sur un bâtiment au parti pris architectural aussi marqué. Mais ce pari, vous l’avez gagné, et ce que vous avez réussi ici est à l’image de ce qu’il nous faut désormais accomplir dans toute la France. C’est le pari du logement social d’abord. Des besoins considérables existent dans notre pays, et le Gouvernement est résolu à y répondre. Par un effort de construction d’abord : l’objectif est de 150.000 nouveaux logements par an à terme. Nous étions à 102.000 en 2012. En 2013, nous en avons construit 117.000. C’est 15% de plus que l’année dernière. Nous sommes donc sur la bonne voie. Cet effort de construction, c’est l’affaire de la Nation tout entière. Et notre responsabilité est de le rappeler à nos concitoyens. Demain marquera le 60ème anniversaire de l’appel de l’Abbé-Pierre, le 1er février 1954. Et je n’oublie pas qu’il a été entendu ici, dans une agglomération éprouvée par les bombardements et où les logements provisoires ont subsisté jusqu’au milieu des années soixante. C’est pour répondre à cet appel que la France a construit tant de logements sociaux, et c’est parce que les besoins restent immenses qu’il nous faut continuer à construire dans notre pays. 1 Hôtel de Matignon - 57, rue de Varenne - 75007 PARIS
Je veux ici remercier les communes qui mènent ce combat du logement pour tous, et les élus comme ceux de Nantes métropole qui, au quotidien, construisent des logements sociaux de grande qualité. En 2013, plus de 2000 nouveaux logements sociaux ont été financés sur la métropole. Ici, la loi de la République est respectée. Mais ce n’est pas le tout que de disposer d’un parc social important, il faut aussi avoir une attention permanente sur ce patrimoine, l’entretenir, le rénover. Et les Français qui vivent dans des logements sociaux y sont attentifs. Ici, à Nantes, c’est la politique qui est menée résolument depuis de nombreuses années. Non seulement la loi SRU est respectée, mais des efforts permanents sont consentis pour entretenir le parc de logements, pour que les habitants s’y sentent bien, pour que les logements s’adaptent en permanence aux nouvelles normes de confort. C’est le deuxième pari que vous avez su relever, et je salue tout particulièrement la priorité que vous avez donnée à la rénovation thermique. Vous connaissez l’engagement de mon gouvernement pour répondre à l’objectif fixé par le Président de rénover 500 000 logements chaque année. C’est un engagement pour l’environnement, un engagement pour le pouvoir d’achat des ménages et un engagement pour l’investissement dans l’économie réelle. Pour atteindre notre objectif, il nous faudra agir sur tous les logements : les maisons individuelles et les copropriétés privées, ainsi que les logements sociaux. Mon gouvernement a pris les mesures nécessaires et a mobilisé des moyens dans un grand plan de rénovation énergétique de l’habitat porté par Cécile Duflot. Les collectivités locales doivent s’impliquer, à l’image de Nantes métropole, que je sais très engagée dans ce chantier. Les bailleurs sociaux doivent également en prendre leur part et vous avez ici un bel exemple de ce qui peut être réalisé en la matière, au bénéfice du confort et du budget des habitants du Sillon. Et puis, enfin, il y a un troisième pari que vous avez su relever : c’est le pari de la participation des habitants, pour mieux prendre en compte les besoins locaux. C’était déjà notre préoccupation il y a 25 ans, lorsque nous avions conduit la première réhabilitation de l’immeuble avec la mission banlieue 89 initiée par Roland Castro et le nantais Michel Cantal-Dupart. Nous avions alors collectivement déployé beaucoup d’énergie pour améliorer la vie quotidienne de tous les habitants. Et, comme le rappelle la plaque que nous venons de dévoiler, le président de la République, François Mitterrand, nous avait alors fait l’honneur de sa présence, il y a 25 ans à quelques jours près, pour marquer la qualité du travail accompli. Comme beaucoup d’entre vous, j’avais été très touché de cette marque de confiance. Et, en revenant ici aujourd’hui, je mesure tout le chemin accompli depuis cette époque. Cela n’est pas un secret –et ceux qui m’ont précédé à la tribune l’ont dit avant moi : je connais bien cet immeuble. J’y ai habité avec mon épouse. Mes enfants y ont grandi. Et je reconnais encore parmi vous beaucoup d’anciens voisins et bien des visages familiers et amicaux. Le bâtiment, lui, a beaucoup changé –c’est vrai. Mais l’ambition est restée la même, tout comme l’attention portée aux habitants et aux salariés qui travaillent ici. A l’époque, François Mitterrand venait de lancer la politique de la ville. De grands défis ont été relevés depuis. Il faut désormais s’engager dans une deuxième étape, plus qualitative, plus adaptée aux demandes de chaque territoire. 2 Hôtel de Matignon - 57, rue de Varenne - 75007 PARIS
Je ne crois pas aux solutions standardisées en matière de rénovation urbaine. L’avenir, ce n’est pas le prêt-à-requalifier, c’est comme ici, au Sillon de Bretagne, le sur-mesure, la prise en compte des besoins locaux et de leur spécificité. Sur le territoire de la métropole, des efforts considérables ont été faits dans ce sens, pour faire émerger des projets de rénovation urbaine ambitieux. Les villes y ont mis beaucoup d’énergie et Nantes métropole s’y est engagée de manière remarquable. Mais le travail n’est pas fini et il y a encore des besoins sur certains quartiers, comme à la Bernardière ici à Saint-Herblain, ou dans les quartiers nord de Nantes. Une très bonne connaissance du terrain et des besoins des habitants est essentielle pour dessiner un beau projet. C’est ce que vous avez réussi ici, et c’est au cœur du nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, qui montera en puissance en 2014. Ce seront 5 milliards d’euros de l’ANRU qui permettront dans les dix prochaines années un investissement total d’environ 20 milliards d’euros, pour plus de 200 quartiers.
François Lamy en a porté les objectifs devant le Parlement, et tout au long du débat, il a eu à cœur de rappeler que ce nouveau Programme n’est pas la simple reconduction du précédent. Il faut, naturellement, s’appuyer sur les forces des outils actuels, en premier lieu l’ANRU, dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Mais la philosophie, la méthode, ne sont pas les mêmes. Là où la banalisation des quartiers était l’ambition, j’entends mettre en avant la prise en compte du contexte et des enjeux locaux, de l’histoire aussi, pour que des solutions sur mesure puissent être mises en œuvre. Un Projet de rénovation urbaine, ce n’est pas un quota de démolitions notifié au maire et que l’urbaniste a la charge de répartir sur un plan-masse. C’est, au contraire -et même si c’est plus exigeant-, une compréhension fine des enjeux locaux ainsi que des orientations d’aménagement partagées qui aboutissent à retenir une démolition dans tel quartier, alors qu’une réhabilitation sera plus indiquée sur tel autre parce que les besoins des habitants ne sont pas les mêmes. Pour que cela puisse fonctionner, les habitants doivent participer à la définition du projet. Je sais que François Lamy s’emploie à faire de cette co-construction l’un des piliers du nouveau Programme national de renouvellement urbain. Je veux aussi insister sur la place qui doit être faite à l’initiative privée dans les projets. Porter la mutation d’un quartier, c’est aussi susciter ou accompagner le retour des fonctions économiques. Que l’on pense aux commerces ou à l’implantation d’entreprises, on parle toujours d’emploi et de vie du quartier. Nous nous sommes donné les moyens d’y répondre, avec l’élargissement des missions de l’ANRU par exemple, mais aussi avec le plan « Entrepreneurs des quartiers » élaboré par François Lamy et Fleur Pellerin, et doté de 600 M€. Et comment ne pas parler de la qualité environnementale des projets ? Etant donné l’investissement massif de la puissance publique pour la requalification de ces quartiers – un investissement pour les décennies à venir – il serait incompréhensible que l’exigence environnementale ne soit pas la règle. Je souhaite donc que tous les quartiers qui bénéficieront de l’intervention de l’ANRU se placent dans une démarche exemplaire et, concrètement, qu’ils deviennent demain autant d’éco-quartiers.
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Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la rénovation urbaine est une composante du contrat de ville et qu’elle n’a de sens que dans un projet de territoire, qui rassemble tant l’urbain que l’humain, l’économique et le social, le centre et la périphérie. Vous l’avez compris, mon gouvernement porte une ambition élevée pour les quartiers et pour leurs habitants L’enjeu, c’est de faire aimer nos territoires, c’est que les habitants se retrouvent dans leur cadre de vie et se mobilisent pour l’améliorer. L’enjeu, c’est de replacer la politique du logement dans une stratégie globale de reconquête de l’égalité des territoires. C’est ce qui nous mobilise à travers nos politiques de santé, de service public, d’éducation ou de couverture en haut-débit. C’est une promesse de justice et d’égalité des chances que nous devons tenir et c’est la condition de la confiance des Français dans leur avenir et dans leur pays. C’est mon engagement depuis le premier jour. C’est au service de cet idéal que je me suis engagé pour la première fois en politique, ici-même et avec vous. Les convictions que nous avons défendues ensemble, ce sont elles encore qui continuent de me guider chaque jour, dans tous mes combats. Et vous pouvez compter sur mon Gouvernement, et sur chacun des ministres qui le composent, pour le mener à vos côtés, au service de la France et de tous les Français. Je vous remercie.
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