Revue de la Fondation de la France Libre N°37

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FONDATION

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FRANCE LIBRE - SEPTEMBRE 2010


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de votre don à la Fondation est déductible de votre impôt sur le revenu (IRPP) (dans la limite de 20 % de votre revenu*).

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Un don de 90 € par exemple, ne vous coûte comme effort réel que 30,60 € après déduction. Pour les dons des entreprises, la réduction de 60 % du montant s’impute sur l’impôt, dans la limite de 5 % du CA hors taxes (reportable sur 5 ans). * Loi du 18 janvier 2005

Dimanche 7 novembre 2010 9h30 - Dépôt de gerbes au monument du général Brosset et pont Bir Hakeim (Quai Branly et pont Bir Hakeim) 10h15 - Rassemblement au pied de la statue du général de Gaulle au Rond Point des Champs Elysées-Clémenceau pour le dépôt d’une gerbe de fleurs. 11h00 - Messe dominicale en la chapelle St. Louis de l’École Militaire 13 place Joffre (Av. de la Motte Piquet) - 75007 Paris

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Sommaire Sommaire La Vie de la Fondation Une décennie Free French fructueuse Dans les délégations

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Chez nos amis FNFL à Londres Promotion Charles de Gaulle au Maroc

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Club Varois du 18 juin Les évadés du canton de Bagnères de Luchon Revue d’information trimestrielle de la Fondation de la France Libre Parution : Septembre 2010 Numéro 37

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Le nouveau site de l’ONAC Dernier vol du Normandie-Niemen vers le musée de l’air du Bourget

10ème cahier de la 1ère DFL Chronique

L’opération Menace et la répression vichyste (1re partie)

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Chronique littéraire

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In memoriam

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Carnet

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La vie du Club

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La France libre en guerre contre le Japon en Indochine 1940-1945 (II) Les Etablissements français de l’Inde et la France libre Des agents de la France libre en Afrique du Nord

© « BULLETIN DE LA FONDATION DE LA FRANCE LIBRE ÉDITÉ PAR LA FONDATION DE LA FRANCE LIBRE » N° commission paritaire : 0212 A 056 24 N° ISSN : 1630-5078 Reconnue d’utilité publique (Décret du 16 juin 1994) RÉDACTION, ADMINISTRATION, PUBLICITÉ : 59, rue Vergniaud - 75013 Paris Tél. : 01 53 62 81 82 - Fax : 01 53 62 81 80 E-mail : revue.fl@free.fr VERSEMENTS : CCP Fondation de la France Libre Paris CCP La Source 42495 11 Z Prix au N° : 5 Euros

Abonnement annuel : 15 Euros Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement la présente publication - loi du 11 mars 1957 - sans autorisation de l’éditeur. La conception de la croix de Lorraine pour la une de couverture est un copyright © CASALIS, gracieusement mis à la disposition de la Fondation. MISE EN PAGE, IMPRESSION, ROUTAGE : Imprimerie LA FERTOISE - 02 43 93 00 05 Dépôt légal 3ème trimestre 2010 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Georges CAÏTUCOLI CONCEPTION GRAPHIQUE : Bruno RICCI


LA VIE DE LA FONDATION

2000-2010 Une décennie Free French fructueuse C’était hier, c’était l’an 2000 C’était le 28 mai 1999, c’était à l’hôtel de ville de Paris, et c’était la dernière Assemblée générale de l’Association. La dernière ligne droite, plus de 50 ans après sa création le 31 juillet 1945 dans la paix retrouvée, sous le haut patronage du général de Gaulle. La décision de se saborder en 2000 avait été prise au congrès de Strasbourg en 1988 et la cessation des activités de l’Association fixée au 18 juin 2000 avec le transfert de ses prérogatives, de ses responsabilités, de ses charges et de ses biens à la Fondation de la France libre. Les sections deviennent des délégations avec les mêmes pouvoirs et les mêmes moyens … une page se tourne Il y avait un Comité directeur : Le général Simon en était le président, le colonel Castelneau, vice présidents Georges Caitucoli secrétaire général et Charles Pérez son adjoint, Jacques Pigneaux de Laroche, trésorier général et 25 membres qui siégeaient dans différentes commissions. Ce Comité directeur laissa la place à un Conseil d’Administration et les principaux protagonistes restèrent en poste, la Fondation fonctionnera avec une équipe restreinte. Il fallait se tourner vers l’avenir tout en célébrant le passé…

La dernière manifestation publique

de

l’Association fut la vente de solidarité les 25, 26 et 27 novembre 1999 à l’espace des Blancs-Manteaux que la ville de Paris mettait gracieusement à notre disposition.

Nous fûmes tristes de sa disparition, c’était, depuis 60 ans, un rendez-vous avant les vacances de Noël et l’on venait de partout pour être fidèle au rendez vous, même de Saint- Pierre-et-Miquelon.

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La première grande manifestation publique fut, le 18 juin 2000, l’inauguration par le Président Chirac de (notre) musée aux Invalides. Bataille difficile, l’opposition à notre implantation aux Invalides fut grande. Même son appellation posa problème et son titre « Les forces françaises libres et le général de Gaulle aux Invalides », fut modifié pour devenir : le Musée général de Gaulle, 2ème Guerre mondiale, France libre et France combattant. Georges Caïtucoli, tout en continuant d’assumer ses fonctions de secrétaire général, eut la responsabilité de réaliser ce projet en liaison avec le Musée de l’Armée et fut chargé de mission auprès du Ministre de la défense, mission qui dura quatre ans, car c’est en janvier 1996 que le Président Chirac décidait de créer au sein du musée de l’Armée – dans le cadre de sa rénovation – un espace spécifiquement consacré au général de Gaulle.

La statue Inaugurée par le Président Chirac le 9 novembre 2000 sur un emplacement exceptionnel des ChampsElysées Il y eut un concours, à partir d’un grand nombre de photographies, les artistes sélectionnés devaient s’efforcer de traduire l’élan qui portait le général de Gaulle descendant les Champs Elysées le 26 août 1944. L’emplacement choisi fut la place Georges Clemenceau, à l’angle des Champs Elysées, de l’avenue Winston Churchill et de l’avenue du général Eisenhower, (en bonne compagnie), emplacement à la mesure de l’homme qui libéra la France. Parmi les projets présentés c’est celui de Jean Cardot qui fut retenu. Il avait fait, deux ans plus tôt la statue de Churchill. Il fut financé grâce à une souscription nationale, le général Simon ayant voulu que tout les Français y participe et fut réalisé par Georges Caïtucoli, maître d’ouvrage avec la ville de Paris.


LA VIE DE LA FONDATION Le train de la France libre Du 21 mai au 8 juin 2004. Ce train-exposition sillonna la France, nous avons fait escale dans 16 villes, il était composé de cinq voitures expo, plus une voiture bar, une conférence, et une hôtel pour l’équipe. Ce train coûta très cher, il n'aurait jamais pu être réussi sans le généreux concours de l'Association des Gueules Cassées qui avait décidé de le prendre entièrement à sa charge, apportant une fois de plus son aide au devoir de mémoire des Français libres. Cette exposition itinérante ayant pour objectif de rappeler les combats menés, sur tous les fronts, sous toutes les latitudes, jusqu'à la libération de la France a été confié a l’architecte Jérôme Dourdin, qui avait aussi collaboré au musée des Invalides. Sa réussite a été totale.

dent, avait mis à notre disposition. De très nombreux historiens et témoins y participèrent. Les actes de ce colloque furent publiés aux éditions Lavauzelle.

Le Concours National de la Résistance et de la Déportation 2004 Chaque année, ce concours est organisé par l’Education nationale et une fondation. En 2004 ce fut celle de la France libre qui eut cet honneur. Le sujet retenu fut « Les Français libres ». Plus de 45000 collégiens et lycéens y participèrent. Un document pédagogique (n° 9 de notre revue) fut réalisé pour un tirage à plus 60 000 exemplaires et c’est à l’Hôtel de Lassay (encore merci Monsieur Debré) qu’eut lieu la remise des prix. François Fillon était ministre de l’Education nationale. Le concours étant départemental avant d’être national, chacun de nos délégués a pu apporter sa contribution au plan local par des conférences, des témoignages et des débats. La Fondation fit remettre des prix dans chaque établissement participant.

Site Internet

Nos passages dans ces 16 villes furent l’occasion de créer des manifestations annexes. Dîner avec les autorités locales, conférences, etc… J’ai en mémoire celle de l’Amiral de Gaulle à Reims et de Maurice Druon à Caen. Dans des styles fort différents, elles furent de véritables succès.

Colloque Les 15 et 16 juin 2004 pour le soixantième anniversaire des débarquements, à l'initiative et sous la responsabilité des Fondations de la France libre et Charles de Gaulle, un colloque international ayant pour thème : La France Libre a été organisé les 15 et 16 juin 2004 dans le cadre prestigieux de l'Assemblée nationale que Jean-Louis Debré, alors prési-

Créé à l’occasion de la préparation du Concours National de la Résistance et de la Déportation 2004, dont le thème portait sur « les Français libres », le site Internet de la Fondation de la France libre – www.france-libre.net – se veut un site de référence sur l’histoire de la France libre puis Combattante, les différentes unités des Forces françaises libres et leurs combats. Depuis 2004, la part dévolue aux témoignages des anciens de la France libre et aux documents d’époque – qu’il s’agisse de textes, de photographies ou de films – s’est fortement développée. Un forum – www.francelibre.net/forum – a également été mis en place au printemps 2010, afin de favoriser les échanges entre internautes autour de la France libre. Par ailleurs, le site consacre de nombreuses pages à la présentation de la Fondation et de ses activités, en particulier le Club de la France Libre.

Sennecey-le-Grand – 4 septembre – SAS. Pour son 65ème anniversaire, la Fondation a permis la réalisation d’un petit musée rappelant les différentes actions de toutes les unités du « Special Air Service ». En 2009, un film sur ces opérations a été réalisé pour que les visiteurs qui viennent s’incliner devant le monument aient une idée du combat mené, très apprécié par nos camarades britanniques qui, chaque année, viennent sur les lieux nombreux.

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LA VIE DE LA FONDATION Exposition itinérante

Une remarquable exposition, réalisée aux Etats-Unis par le Docteur Coigney, président de la section FFL aux USA. Après l’avoir fait voyager dans différents états américains il nous l’a offerte. Mais en raison de son volume et de son poids, elle était difficilement transportable. Grâce à l’aide du Conseil Général des Hauts de Seine, son Président étant Charles Pasqua, elle fut reproduite à 8 exemplaires en version plastifiée en avril 2004 et depuis elle tourne dans les villes et départements où nos délégués peuvent ainsi créer l’évènement et donner l’occasion aux médias régionaux de rappeler l’épopée de la France libre. En 2010, l’ONAC, prenant comme base cette exposition, en a fait reproduire une version light (23 panneaux plutôt que 42). Chaque délégation départementale de l’ONAC a reçu un exemplaire et la Fondation huit.

La mémoire des Français libres Hommes et Combats a été réalisé par la Fondation de la France libre sous la responsabilité de André Casalis, alors rédacteur en chef de la revue de la France libre, plus tard de la Fondation. Cet ouvrage est divisé en sept volumes de 500 pages chacun. Il est consacré à la reproduction des articles à caractère historique parus au fil des ans dans la revue de l'Association et de leurs illustrations. C'est donc là un outil historique incontournable. Il est complété par des index et des sommaires thématiques qui en facilitent la consultation. On y a reproduit une bande dessinée patriotique parue en son temps dans la revue. Y figure également une bibliographie des ouvrages consacrés à la France libre. La réalisation matérielle a été confiée à l'Atelier d'Impression de l'Armée de Saint Cyr-l'Ecole du ministère de la Défense. Elle a bénéficié d'une importante subvention de ce ministère. Le général d'armée Jean Simon, chancelier de l'ordre de la Libération et notre président a bien voulu préfacer l'ouvrage. Parmi les réalisations de cette période on notera la réorganisation complète des archives de la revue de la France libre. Classées par années, les exemplaires manquant ont été récupérés auprès d'anciens lecteurs qu'il faut ici remercier. Un inventaire complet en a été dressé. Par ailleurs, un embryon de photothèque a également été amorcé. 4l

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Bir Hakim Avant la guerre, l’auteur, Jean-Pierre Bénard, est journaliste au Caire. Il s’engage dans les FFL et devient correspondant de guerre. A ce titre il prend part aux opérations menées par la 1ère brigade française libre, au printemps 1942, à la limite sud des lignes occupées par la 8ème armée. Il participe aux combats de Bir Hakim du 26 mai au 11 juin et à la sortie de vive force. Ce récit, publié au Caire en 1942 de façon « très confidentielle » était resté anonyme. Il sera aussi engagé dans la bataille d’El Alamein puis continue la guerre avec la colonne Leclerc. La paix revenue, le correspondant de guerre sera diplomate, ambassadeur de France. Grâce à M. Sorlot, des Nouvelles Editions Latines, et avec l’accord de l’auteur, nous avons pu en faire une réédition.

Mémoire des Français libres « Du souvenir des hommes à la mémoire d’un pays » Cet ouvrage a été rédigé en 2006 pour la Fondation par un groupe de travail sous la coordination du contrôleur général des armées Olivier Rochereau avec le soutien de l’ONAC et de la DMPA. Cet ouvrage retrace le parcours des Français libres, des données sociologiques, l’évocation des monuments commémoratifs, fruits d’enquêtes et d’appels à témoignages. Nouveau Monde éditions.

La France au combat Edité en 2007. « de l’Appel du 18 juin à la victoire », c’est un ouvrage de référence préface de Max Gallo qui retrace de façon complète et sans exclusive les combats menés par tous, sur terre, sur mer, dans les airs ou dans la clandestinité et les maquis; publié aux Editions Perrin, c’est une œuvre collective, sa réalisation a été possible grâce à l’aide financière des Gueules Cassées, de la Fondation Bettencourt-Schuller et de la DMPA.

Le dictionnaire de la France libre Après deux dictionnaires consacrés l’un à la Résistance - aventure collective par excellence – et l’autre à Charles de Gaulle – aventure essentiellement individuelle -, la collection « Bouquins » publie, soixante-dix ans après l’Appel du 18 juin, un Dictionnaire de la France Libre retraçant « une histoire collective faite, comme la Résistance intérieure, de la conjonction de destins assumés et nourrie d’initiatives individuelles », selon la formule de Jean-Louis Crémieux-Brilhac.


LA VIE DE LA FONDATION La France Libre – prolongée par la France Combattante et le CFLN-GPRF – est d’abord l’épopée de ces « hommes partis de rien » (René Cassin) et venant de partout pour répondre à l’Appel du Général. Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Georges Caïtucoli, une présentation de Max Gallo, et le concours de deux spécialistes de l’histoire de la France Libre : François Broche, directeur d’Espoir, revue de la Fondation Charlesde-Gaulle, et de Jean-François Muracciole, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry de Montpellier, avec le concours de Jean-Louis CrémieuxBrilhac et de cent trente-cinq historiens de neuf nationalités. Nous devons encore remercier les Gueules Cassées, et les fondations Bettencourt-Schuller, Maginot et la DMPA. C’est bon d’avoir des amis …

Cassette et DVD Ce court document a été réalisé pour les jeunes des classes de troisième et du lycée qui participaient en 2004 au Concours National de la Résistance et de la Déportation, qui avait pour thème « les Français libres ». Ce film permet d’apprécier dans sa diversité le parcours des Forces françaises libres au cours de la Deuxième Guerre mondiale depuis l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 jusqu’à la victoire le 8 mai 1945. Il a été réalisé à l’initiative et sous la responsabilité de Georges Caïtucoli, secrétaire général de la Fondation avec l’aide de l’ECPAD.

Une vitrine a Londres Dans le cadre du 70ème anniversaire de l’Appel, le lycée français de Londres à inauguré dans son hall, le 11 juin, deux vitrines, exposant des souvenirs de la France libre, et deux bornes interactives, qui présentent la vie du Général et les Forces françaises libres. Cela a été réalisé grâce à notre délégué en Grande-Bretagne, Brigitte Williams initiatrice et maître d’œuvre du projet, et financé par notre Fondation.

Le Concours National de la Résistance et de la Déportation 2010 En 2010, et en raison du 70ème anniversaire de l’Appel, la Fondation de la France libre a été choisie pour organiser le concours. Les lauréats départementaux reçoivent leurs prix lors d’une cérémonie organisée au chef lieu du département. (voir les délégations, il y a plusieurs comptes-rendus). Le meilleur devoir de chaque catégorie est sélectionné pour être présenté au jury national. Les lauréats nationaux seront récompensés par d’importants prix au cours d’une cérémonie officielle le 26 novembre a Colombey-les-deux-églises.

Le Club Le siège de la rue Vergniaud est un endroit unique de rencontre à Paris, c’est le lieu indispensable pour maintenir les liens entre les Français libres, bien sûr, mais aussi avec le monde Ancien combattant pour les parisiens, lieu de rendez vous pour les assemblées générales des différentes associations et les réunions de promo.

Dîner En octobre 2005, nous avons commencé, ce qui sera une longue série, des dîners à thèmes et des dîners-débats, Le premier fut consacré à la Bretagne, normal ils sont tellement nombreux à s’être engagés… puis les autres provinces. Devant le succès, nous sommes devenus plus audacieux : une grande soirée avec la participation de l’ambassadeur de Grande Bretagne, une autre avec celui de Russie, puis il y eut le Liban, l’Argentine etc… régulièrement il y a les soirées Beaujolais, les soirées du 18 juin. Parmi les dîners-débats les plus mémorables, un dîner avec Max Gallo, le lendemain il devenait immortel … c’était en juin 2007. Nous avons aussi eu comme invité entre autre, Christine Clerc et Charles Pasqua. Beaucoup de ces soirées sont animées par notre ami Michel Anfrol.

Voyages Ce sont des voyages le plus souvent sur des lieux historiques de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi nous avons refait le parcours de la 1ère DFL, la Libye à Bir Hakim, l’Egypte à El Halamein. Sur le front russe avec des visites de Leningrad, (St Petersbourg), Moscou et Stalingrad en octobre 2003, dans quelques jours nous retournerons en Pologne… tout ces voyages (2 par an en moyenne) nous permettent de retrouver des lieux de souvenirs, mais nous avons eu aussi des voyages de découverte tel que le festival de musique d’Istanbul, la visite d’Abu Dhabi et Dubaï. En collaboration avec la spécialiste des voyages groupe d’une agence parisienne.

Les délégations Je ne voudrais pas terminer cet inventaire de nos activités sans vous parler de nos délégués qui sont le relais indispensable entre le siège et tout nos « participants » en province et à l’étranger. Leur travail est énorme. Chacun à sa façon apporte sa contribution selon ses talents, ses goûts et aussi les aides et disponibilités locales, car pour atteindre ses objectifs, la Fondation aura toujours besoin du concours désintéressé de tous ceux qui accepteront de rejoindre ses rangs, quelles que soient leurs opinions politiques, religieuses ou philosophiques. Plus le temps passe, plus la mémoire risque de s’estomper, Roland Dorgeles a écrit "On nous oubliera, le temps inexorable fera son œuvre, les soldats mourront une seconde fois" Il ne doit pas en être ainsi et la Fondation se doit d’être la gardienne de la mémoire de cette épopée Nous avons encore beaucoup de projet, l’activité du Club et cette revue maintiennent la cohésion entre les participants à la Fondation et avec les autres associations amies. Le Club et la revue sont indispensables… Glade « La perte de la mémoire du passé est sans doute la pire infortune qui puisse frapper un peuple ainsi qu'un individu ». Ferdinand Lot Septembre 2010 • N° 37

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LA VIE DE LA FONDATION

Dans les délégations Alpes Maritimes La délégation des Alpes maritimes s’est mobilisée pour le 70ème anniversaire de l’Appel historique du général de Gaulle en organisant une exposition itinérante qui retrace, par l’image et le texte, en 40 panneaux, ce que fut l’épopée de la France libre du 18 juin 1940 au 8 mai 1945.

devoir de Mémoire et évoqué, chacun avec sa sensibilité et sa vision personnelle, ce moment dramatique de l’histoire de notre pays, les combats exceptionnels du général de Gaulle menés avec les Forces Françaises libres jusqu’à la victoire finale le 8 mai 1945 pour laver l’humiliation de la défaite, rétablir l’honneur de la France et sa place dans le monde. 왎

Brésil Rio de Janerio

Pierre Morissee

Australie

Salon jaune de la mairie de Cannes, après la présentation de l’exposition par Christian Bridoux

La délégation a voulu que cet anniversaire revête un éclat particulier dans notre département, où résident encore de rares témoins Français libres, dont certains ont participé aux combats victorieux du massif de l’Authion engagés par la mythique 1ère DFL. Les modalités de présentation de l’exposition ont été négociées par Pierre Morissee, délégué départemental, avec les municipalités au cours du dernier trimestre 2009, L’exposition a été vue entre mai et octobre : - Antibes : Palais des Congrès, - Cannes : Salon Jaune en mairie, - Nice : Palais Masséna - Grasse : Palais des Congrès, - Théoule-sur-mer : en mairie, - Menton : Palais des Congrès, -Villeneuve-Loubet : Musée militaire. Le livret de présentation de l’exposition destiné aux visiteurs a été offert par le Conseil général des Alpes maritimes, les invitations faites par les municipalités accueillantes, les médias ayant la charge d’informer le public.

Quelques anciens combattants m’avaient demandé si j’avais décidé de commémorer le 18 juin bien que la délégation était dissoute. Il fut décidé que l’Appel du général de Gaulle serait commémoré au Cénotaphe de Sydney. Avec un total de six postulants, le drapeau tricolore fut hissé, faisant pendant au drapeau australien de chaque côté du monument. Seuls Français libres, le vice-président des anciens combattants et moimême avons posé notre gerbe. Une minute de silence fut observée. Le drapeau national et celui des anciens combattants saluant. Puis, j’ai lu l’Appel et nous nous sommes dispersés. Le dimanche 6 juin, nous étions allés au Garrison Church aux Rocks. Un service religieux commémorant le débarquement en Normandie y était organisé par les SAS britanniques et guards. Nous en avons profité pour nous recueillir devant la plaque de la ville de Dunkerque qui avait été offerte par le maire de Dunkerque en juin 1974. Une gerbe y avait été déposée par le fils d’un ancien commando anglais évacué de la plage et qui avait fait parti de ceux de « Ouistream ». Ici, je suis le seul de « l’opération Dynamo » quand j’étais sur l’Aviso dragueur « Quentin Roosevelt » avant les FNFL. Le 15 août, anniversaire de la fin des hostilités dans le pacifique. Les membres légionnaires se réuniront pour un déjeuner à l’Alliance française de Sydney, Australiens et Français après la cérémonie du R.S.L. au Cénotaphe. 왎 Georges Brouet

Pierre Morissee présente l’exposition.

Les maires ont chaleureusement remercié la délégation et son représentant pour ce

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Le 18 juin, nous avons commémoré le 70ème anniversaire du célèbre « Appel du 18 juin 1940 », La cérémonie s’est déroulée dans le hall du 6ème étage de la Maison de France sous la présidence de M. Gilles Barrier, consul adjoint. En préambule à la cérémonie et pour remercier la présence d’une délégation du lycée Molière, le président Roland Melo a fait Cadet d’honneur les élèves, en leur agrafant au revers l’insigne de l’AFAC. La cérémonie a débuté par un rappel émouvant, lu par M. Roland Melo, de ce moment historique du 18 juin 1940. S’en est suivi la lecture du texte officiel de l’Appel du 18 juin par 4 élèves du lycée dans un silence attendrissant.

Puis un médaillon de la Fondation de la France libre, apposé à la hauteur de la plaque des Morts pour la France de 39/45, a été inauguré par M. Moises Graziani. Une minute de silence a clôturé la cérémonie emplie d’émotion et de simplicité. Le traditionnel vin d’honneur, qui s’en est suivi, a permis de renouer les liens d’amitiés qui unissent les patriotes en cette circonstance. Un grand merci à M. Jean Stéphan, pro-


LA VIE DE LA FONDATION viseur du lycée Molière, avec lequel notre Association a signé une lettre d’intention sous l’égide du consulat général de France. Le 23 juin, à l’invitation du capitaine de vaisseau Hervé Boy, commandant la frégate defense aérienne Chevalier Paul, nous avons assisté à une sympathique réception à bord. La frégate Chevalier Paul, deuxième de ce type après le Forbin qui avait fait escale à Rio de Janeiro l’an passé, effectue cette croisière avant son intégration opérationnelle à l’escadre de méditerranée. Le capitaine de frégate Philippe Bauzon, attaché de Défense maritime est venu nous accueillir. 왎 Roland Melo

Finistère Douarnenez Notre deuxième réalisation porte sur l'Exposition « Au-delà des mers pour une France Libre » Notre but était de faire ressortir l'importance de l'implication du Finistère dans la constitution de la France Libre et de montrer l'extraordinaire densité des différents bateaux civils qui parvinrent à s'échapper de très nombreux ports tant pour répondre dès juin 1940 à l'Appel du Général, que pour s'évader durant toute l'occupation en bravant tous les risques et en parvenant à se soustraire au contrôle méticuleux des autorités d'occupation. Ce travail de recherche, qui n'avait jamais encore été réalisé à l'échelon départemental, nous le devons à notre délégué Louis Henaff, qui est parvenu non seulement à identifier la quasi totalité des bateaux, leur lieu de départ mais à reconstitué dans la majorité des cas l'identité de l'Equipage et des passagers. Pour mieux répondre à l'interrogation des visiteurs il met en outre à leur disposition différents fichiers; classant les navires par ordre alphabétique, mais aussi présentant un classement par port de départ ou par catégorie (navires civils utilisés pour les liaisons, navires marchands, navire de liaison britanniques etc.)Pour y parvenir Louis Henaff a dû assumer un travail magistral de recherche, de présentation mais aussi de financement. Il a été aidé par l'Association des Fêtes Maritimes de Douarnenez dirigé par son président Jean-Michel le Boulanger et son directeur Serge Hilber, que nous remercions chaleureusement ainsi que les membres et le personnel et particulièrement Carole Tymen; étudiante stagiaire, particulièrement chargée de la rédaction et de la présentation au public, ainsi que de la recherche et enregistrement des divers

témoignages. Le conservateur du Musée, Madame la directrice de la Médiathèque qui nous ont accueillis dans leurs locaux et mis à disposition également du matériel d'exposition, mis a disposition des lecteurs des livres dont ceux édités par la Fondation. Le soutien financier a été principalement assuré par le Conseil régional, le Conseil général, la ville de Douarnenez, L'exposition a été inaugurée le 17 juillet est visible jusqu'au 20 septembre. Compte tenu de la particulière importance des visiteurs, notamment pendant les Fêtes Maritimes de Douarnenez, Cette exposition ouvre des horizons inconnus à tous les ignorants de la France Libre et de l'occupation et leur montre la témérité, le courage, le mérite et les motivations de ceux qui, de 1940 à 1944, ont œuvré contre le nazisme pour une France libre et indépendante. Pendant les fêtes maritimes la goélette « Belle Poule » navire Français libre et le « Corbeau des Mers » monument historique, qui avaient rejoint l'Angleterre avec des sénans en juin 1940, celui ci embarqua des jeunes lauréats du Concours de la Résistance et de la Déportation. la "BELLE POULE"

Gers / lot et Garonne

Inauguration de l’exposition.

La section de la Fondation de la France libre du Gers dont Eric Foinet est le délégué a eu le devoir d’organiser les commémorations des 70 ans de l’Appel du général de Gaulle. Cela s’est fait en étroite collaboration avec le délégué du Lot-et-Garonne, Francis Ruffier Monet. Ensemble, grâce à des expositions, des conférences et des représentations (dont une commune avec le Lot-et-Garonne), où les deux délégués ont présenté la nouvelle exposition de la France libre et de l’ONAC. La presse a largement relayé ces diverses manifestations qui ont intéressé un large public y compris les écoles. Nous sommes heureux de savoir que Monsieur Chanfreau, ancien FFL, portait le drapeau de la France libre à la cérémonie à Auch sous l’égide de Monsieur Conus, préfet du Gers.

Les deux délégués de la Fondation avec le députémaire.

La délégation du Gers est récente, mais le délégué a représenté la Fondation de la France libre dans de très nombreuses cérémonies commémoratives, dont celles des combats de Castelnau le 21 juin 2010. 왎 le "CORBEAU des MERS"

Haut –Rhin De nombreuses personnalités militaires et civils visitèrent pendant les Fêtes l'exposition qui restera par la suite disponible pour être présentée en tous autres lieux où occasions. 왎 Alexis le Gall

Remise des prix du concours Le 9 juin, lors de la remise des prix qui s’est tenue dans les salon de la préfecture du Haut-Rhin, à Colmar, Jean Zurbach, président du jury, a relevé l’engouement des enseignants, l’implication de Septembre 2010 • N° 37

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LA VIE DE LA FONDATION l’inspection d’académie, représentée par Maryse Savouret, et surtout la qualité des travaux fournis par les 423 collégiens et 147 lycéens qui ont planché sur le thème : « L’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusqu’en 1945 ». A partir des circonstances et du contenu de ce texte fondateur, les candidats devaient étudier la portée de l’Appel, ainsi que les engagements qu’il a suscités en France, dans l’empire français et à l’étranger. Jean Zurbach a rappelé que sans la participation des témoins de l’époque, de moins en moins nombreux et sans le soutien des associations, le Concours n’aurait plus la même portée. Le préfet Pierre-André Peyvel a estimé qu’il faudra remplacer travail de mémoire par travail d’histoire. Le palmarès a été lu par François Scheer, directeur de l’ONAC. De nombreux prix dans les différentes catégories ont été distribués.

Haute-Savoie En ce mois de juin 2010 commémorant le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle, les Français libres et leurs amis de la Fondation de la France libre de la Haute-Savoie ont tenu leur traditionnel rassemblement annuel à Ville-la-Grand où ils ont eu le plaisir d’être chaleureusement accueillis par Raymond Bardet, vice-président du conseil général, maire de cette charmante cité des 7000 âmes, et par Michel Bauden, délégué suppléant de notre Fondation, professeur d’histoire et géographie au lycée St-François de Villela-Grand.

anciens Français libres susceptibles de répondre à l’attente des élèves intéressés par l’influence et les effets produits par l’Appel sur l’opinion et sur les événements vécus dès le 18 juin et progressivement jusqu’à la victoire, nous avons pu participer activement à 39 des 51 séances de témoignages organisées dans les lycées et collèges du département durant ce dernier hiver particulièrement neigeux et peu propice aux déplacements en pays de montagne. Chaque séance réservée à une moyenne d’une centaine d’élèves s’étalait sur 2 heures débutant par le spectacleévocation traité avec talent aussi bien sur le plan artistique qu’historique et constituant un excellent outil de réflexion pour aborder l’heure d’échange entre élèves et témoins toujours très fructueuse.

de g.à d. : E.Bonopera, J. Gilbert, R. Baudin, R. Buquin, et E. Curdy.

Remise des prix dans les salons de la Préfecture à Colmar.

A cette occasion, Roger Buquin, délégué de la Fondation et président de la séance, a notamment rendu compte de l’activité annuelle de la délégation.

Appel du 18 juin

Rapport d’activité

de g. à d. : notre délégué Roland Keidel, Mme Louis Grandchamps FFL, colonel Jean-Paul Buecher, général Jacques Neuville président de l’OMSPAC

La cérémonie du 70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 a été fêtée avec faste, malgré la pluie, au monument de la France libre et de la Résistance, place du général de Gaulle, en présence de nombreuses personnalités religieuses, militaires et civiles. Plusieurs cérémonies semblables se sont déroulées dans toute la couronne mulhousienne. Des élèves de l’école Jeanne d’Arc de Mulhouse, sous l’incitation de Nelly Geissmann, professeur d’histoire, ont rendu hommage à l’homme du 18 juin en lisant plusieurs textes. 왎

L’effort a particulièrement porté sur la préparation et la mise en œuvre de notre contribution au succès de la communication du 70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940. Compte tenu de la modestie de nos moyens humains et matériels, nous avons opté pour une concentration de notre action en direction du témoignage en milieu scolaire dans le cadre du Concours National de la Résistance et de la Déportation plutôt que de nous lancer dans l’organisation de manifestations officielles à renfort de personnalités et de discours, voire de flonflons, souvent sans lendemain.

Concours C’est ainsi que dès l’automne 2009, nous avons tenu à être étroitement associés à l’action du Service Mémoire et Citoyenneté du Conseil général, pilote du déroulement du concours et notamment chargé de sélectionner la compagnie théâtrale régionale auteur du projet le mieux adapté au thème de l’année en vue de sa présentation dans les établissements scolaires.

Témoignage Puis, grâce à la disponibilité de deux

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Visite de l’exposition par un groupe d’élèves hautssavoyards.

Exposition En complément de cette action, nous avons fait circuler l’exposition « de Gaulle et la France libre » dans le département, du 15 janvier au 15 mars, pour qu’elle puisse être visitée par les enseignants et les élèves participant au concours. Dans chaque arrondissement, la médiatisation du lancement de la semaine d’exposition a fait l’objet d’un vernissage présidé par le maire de la commune et pour pallier le manque de guide d’accueil qualifié, une fiche signalétique faisant ressortir l’impact de l’Appel au regard de chaque panneau a été adressée à chacun des établissements scolaires concernés.

Remise des prix Pour terminer, nos deux membres du jury départemental du CNRD ont pris part, le 7 avril, à la journée de travail d’évaluation des


LA VIE DE LA FONDATION devoirs produits par les candidats et, le dimanche 2 mai, la remise solennelle des prix aux lauréats du Concours a été marquée par les allocutions du délégué de la Fondation de la France libre, de l’inspecteur d’académie et du préfet de la Haute-Savoie exhortant l’auditoire à retenir les leçons de l’événement exceptionnel du 18 juin 1940 et d’en assumer la Mémoire qui est la conscience de l’Histoire. Près de cinquante articles de presse régionale ont relaté l’ensemble de nos interventions.

Hérault Le 70ème anniversaire de l’Appel a mobilisé les Français libres de l’Hérault en partenariat avec le Conseil régional, le Conseil général, l’ONAC et le rectorat.

seurs d’histoire, Monsieur Gérard Bastide qui, depuis des années, collectionnait les premiers prix du Concours. La préparation des cérémonies du 18 juin avait aussi retenu toute notre attention. Tous nos correspondants étaient à l’œuvre. Un exemple à Béziers où Yves Benoît réunissait 300 élèves des communes avoisinantes pour une vibrante

Plateau des Glières Enfin, à l’occasion de la commémoration départementale du 18 juin organisée au plateau des Glières, le protocole a inclus pour ce 70ème anniversaire la présence du délégué de la Fondation de la France libre au sein du comité d’accueil du préfet et sa participation au dépôt de gerbes. Avant de passer aux questions de l’auditoire, Roger Buquin appelle tous les membres présents à se mobiliser pour participer nombreux à la 3ème Convention générale de la Fondation de la France libre qui doit se tenir à Paris cet automne. Au titre des questions diverses, celle qui a fait particulièrement débat, c’est l’évocation par un participant du risque de voir disparaître la Fondation de la France libre comme l’annonce un article paru dans la revue « Le Point » du 16 mai 2010. En fait, il s’agit d’un projet de fusion de la Fondation de la France libre dans la Fondation Charles de Gaulle voulue par notre président malgré l’opposition de la majorité des anciens de la France libre. Et ce ne sont pas les propos du président de la Fondation Charles de Gaulle qui nous rassurent lorsqu’il parle de « solutions juridiques pour sauvegarder l’identité de la France libre au sein de sa Fondation » ou traite de « querelles ridicules » le combat légitime et respectable de ceux qui sont en droit d’estimer que le caractère parfaitement spécifique de la Fondation de la France libre exige le maintien de son autonomie. A l’unanimité des membres présents, l’idée d’un mariage ou d’une fusion de la Fondation de la France libre avec une autre Fondation, quelle qu’elle soit, est catégoriquement rejetée. Sur ce, nous avons poursuivi notre programme avec cérémonie au Monument aux Morts, Vin d’honneur offert par le Maire, Repas au restaurant du lycée St François suivi d’un exposé sur le site internet France Libre créé et très bien présenté par les élèves de terminale de Michel Bauden. 왎

Plaque n° 106 à Villeneuve les Béziers.

Document distribué dans les communes et établissement scolaires du département.

La région a financé la superbe exposition sur de Gaulle et la France libre en 25 tableaux. Vingt expositions ont été programmées du 3 mars au 5 avril dans des lycées et mairies. Le maire d’Avène m’écrit : « Nos anciens ont été émus par cette leçon d’histoire ». Cette collection vient de rejoindre le musée de la Résistance et de la Déportation à Castelneau-le-Lez pour une exposition permanente. L’ONAC, en la personne de sa directrice Madame Latapie nous a aidés dans le placement de 2000 documents sur l’Appel du 18 juin. Ceux-ci étaient illustrés, en page intérieure, de six grands Résistants de l’Hérault ayant rejoint le général de Gaulle, avec un Compagnon de la Libération, René Poitevin et Jacqueline Franklin engagée à 16 ans à Londres dans les FFL. Le Conseil général a bien voulu en faire parvenir des exemplaires aux 343 communes du département. L’inspection académique a fait de même pour les 119 collèges et lycées et 650 écoles primaires. Le challenge fixé était atteint. Mais c’est le Concours qui a le plus mobilisé. A Montpellier et Lattes, 200 élèves à chaque exposé. Le délégué a rendu visite à 38 classes. Pour couronner nos efforts dans ce domaine, nous avons eu le plaisir de voir le « Trophée de la France libre » attribué cette année à un de nos profes-

Marseillaise, Place des Fusillés devant la statue de Jean Moulin. Pour terminer, je note la reprise du dévoilement de la plaque du 18 juin. Nous sommes dans le peloton de tête avec 120 plaques, Puisserguier porte le n° 105, Villeneuve les Béziers le n° 206. Ainsi, nous restons fidèles à notre mission, conserver la mémoire de ceux qui ont fait notre histoire et transmettre leur épopée aux jeunes générations. 왎 Lucien Festor

Jura Lors de l’assemblée précédente, Marcel Gabriel, délégué de la France libre du Jura, éminent par ses titres de combat, par ses qualités humaines, engagé dans les Forces françaises libres, a voulu prendre du recul et c’est M. Bruno Raoul, âgé de 50 ans, marié, fonctionnaire territorial, qui a pris la succession comme délégué départemental de la Fondation de la France libre.

Remise des prix Le mercredi 26 mai 2010, au conseil général, lors de la remise des prix du concours de la Résistance et de la Déportation, le sujet de 2010 a été un véritable succès. Les collégiens ont été très réceptifs. Un film sur la France libre a été visionné. Tous les participants ont été impressionnés par les actes de patriotisme et par les combats qu’ils ont menés contre l’ennemi. Le prix de la Fondation de la France libre a été remis au proviseur du collège-lycée Mont-Roland de Dole, par M. Marcel Gabriel, pour l’établissement scolaire qui avait le plus de participants au concours. M. Dole a remis des prix, ainsi que M. Raoul.

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LA VIE DE LA FONDATION 18 juin à Saint Claude Le vendredi 18 juin 2010, à Saint-Claude, à 11 h.30, s’est déroulée la cérémonie de l’Appel du général de Gaulle du 18 juin, au monument aux morts, devant une assistance étoffée, pour la première fois, le drapeau de la France libre, section du Jura, a été présenté et mis à l’honneur par M. Louis Vilpini, porte-drapeau, médaille de la France libre, en présence du sous-préfet, du député, du maire de Saint-Claude, des associations combattantes et déportées. La France libre était représentée par M. Louis Vilpini et Bruno Raoul, délégué du Jura.

18 juin à Lons-le-Saunier A 18 heures, cérémonie présidée par le préfet du Jura, avec le député-maire de Lonsle-Saunier, en présence des conseillers généraux et régionaux, associations de combattants et résistants, déportés, la directrice de l’ONAC du Jura, des directeurs de services de l’Etat du Jura. La cérémonie s’est déroulée devant une assistance très nombreuse, en particulier de nombreux jeunes. M. Marcel Gabriel et Bruno Raoul, délégués, ont déposé une gerbe en croix de Lorraine, devant la stèle dédiée au général de Gaulle. M. Louis Vilpini a été porte-drapeau de la France libre. En tout, il y avait 25 porte-drapeaux. M. Marcel Gabriel a pris la parole devant l’assistance pour retracer l’histoire du 18 juin 1940 de la France libre jusqu’au 8 mai 1945. Il a fait une remarquable synthèse. Lors de la cérémonie, une stèle a été dévoilée par la préfète du Jura et le député-maire en mémoire de 10 Compagnons de la Libération, ayant un lien avec le Jura, dont le général de Larminat, prestigieux Français libre. Le Souvenir français est à l’initiative de la stèle. 왎

Metz En ce 70ème annivaisaire de l’Appel du général de Gaulle, c’est avec beaucoup d’émotion qu’au nom de la Fondation de la France libre et en mémoire des Français libres que s’est déroulée la cérémonie commémorative le 18 juin dernier au monument aux morts de Metz en présence des plus hautes autorités civiles et militaires. Monsieur le préfet de la région Lorraine et le général de corps d’armée, gouverneur militaire de Metz, commandant la région Terre nord-est ont présidé la cérémonie. Cette journée a fait l’objet d’une émission spéciale sur la radio France Bleu Lorraine nord. Invité spécial lors du journal du matin à 7 h 50, j’ai pu témoigné en direct

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de l’attachement des anciens des forces françaises libres à la mémoire du général de Gaulle et à l’esprit de résistance qui s’est manifesté partout en ce 18 juin 1940 et dans les jours et les semaines qui ont suivi. Une cérémonie présidée par le préfet de la région Lorraine, préfet de la Moselle a clôt ces célébrations et a permis de remercier des élèves de collèges mosellans et leurs enseignants et chefs d’établissement pour leur implication dans le devoir de mémoire. Cette journée me conforte dans la voie suivie par la Fondation de rester libre et indépendante et vous pouvez compter sur mon attachement et mon dévouement à la Fondation. 왎 Sébastien Agamennone

Mexico Nous avons commémoré le 70ème anniversaire de l´Appel du Général, au monument des français du Mexique morts pour la France qui se trouve dans le Cimetière Français à Mexico. Etaient présents, l´ambassadeur de France au Mexique, S.E. M. Daniel Parfait, la consule générale de France à Mexico, Mme Vera Valenza, le lieutenant-colonel Roirand, représentant le colonel Manuel Guillamo, attaché de défense près l´ambassade de France au Mexique qui était en mission en France avec le ministre mexicain de la marine, un représentant de l´Ambassade d´Angleterre, des représentants des ministères de la défense et de la marine Mexicaine, des nombreux membres de la Société d´Entraide des membres de la Légion d´honneur et de la colonie française, un clairon de l´armée mexicaine, et deux Ecossais en grande tenue avec cornemuses. Lecture de l´Appel par un membre de la Fédération des associations Patriotiques Françaises du Mexique, (FAP), ensuite, l´ambassadeur de France après un discours très émouvant, remit la cravate de Commandeur de la Légion d´honneur à André Gérard.

Andres Gérard reçoit la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.

Devant le monument des morts pour la France.

Le dépôt d´une gerbe avec la Croix de Lorraine par l´ambassadeur, la consule générale, le représentant de l´attaché de Défense et le président de la FAP fut suivi par la sonnerie aux Morts par le clairon mexicain, puis une minute de silence.la Marseillaise et l´Hymne Mexicain mirent fin à la cérémonie. Les écossais cornemuseux jouèrent et après la cérémonie, apportant des souvenirs à ceux qui ont fait des stages en Ecosse, avant d´être parachutés en France. Apres la cérémonie au Monument, l´ambassadeur offrit un cocktail à la Résidence de France où nous nous retrouvâmes très nombreux. 왎

Morbihan Vannes- le 18 juin C’est en préparant le Concours de la Résistance et de la Déportation qu’Audrey a découvert le texte de l’Appel que le général de Gaulle lança de Londres le 18 juin 1940 Après que le colonel (er) G.A. Guyot, Français libre, ait lu l’historique et rappelé les combats qui précédèrent l’armistice, c’est avec beaucoup d’émotion que la jeune lauréate du concours a lu l’Appel qui redonna espoir aux vrais patriotes. M. François Philizot, préfet du Morbihan présidait la cérémonie. Il était accompagné de M. François Goulard, député-maire de Vannes, de Mme Guilloux-Moinard, viceprésidente du Conseil Général, du colonel Schill commandant le 3e Rima, du colonel

Audrey Roulley lisant l’Appel .


LA VIE DE LA FONDATION Le Ny du groupement de gendarmerie du Morbihan, de M. Dereusme, directeur de l’O.N.A.C, de M. Philippe Couturaud, Inspecteur d’Académie, du général Michel Decourtis, président de la SEMLH, de Mme Anne-Marie Duro, présidente départementale de l’ OMN, du colonel (er) Jacques Joly, délégué général du Souvenir Français, de Pierre Oillo, délégué départemental de la Fondation de la France Libre et de nombreuses personnalités civiles et militaires.

militaire en Australie, Armel Couëdel, notre président d’honneur, qui rejoignit la colonne Leclerc à sa formation au cœur de l’Afrique, qui participa à tous les combats de la 2ème DB, qui vient d’accompagner en chantant la musique militaire qui jouait la marche de la 2ème DB. et à qui il tenait à rendre un hommage particulier en lui demandant d’accompagner monsieur le député-maire pour le dévoilement de la plaque de l’ « Allée des Français Libres ».

Allée des Français Libres

aux quelques cent mille morts de la guerre 1939-1940 par M. Dominique David, délégué du Souvenir français pour la Nouvelle Calédonie. Trempée et recueillie l’assistance a entendu la diffusion de l’Appel suivit d’un dépôt de gerbes et des honneurs funèbres. A l’issue de cette cérémonie le traditionnel cocktail de la mairie de Nouméa, précédé d’une allocution de notre président (voir photo) s’est déroulé dans une ambiance joyeuse et fraternelle. A noter qu’au même moment, notre drapeau se trouvait à Colombey les deux églises sous la garde de Michel Mourguet qui représentait la délégation de Nouvelle Calédonie en métropole et qui a participé également aux cérémonies propres à la Fondation le 20 juin à Paris. 왎 Le capitaine (er) Mourguet

Allocution de Pierre Oillo, délégué du Morbihan, en présence de M. François Goulard, député-maire de Vannes, de M. François Philizot, préfet du Morbihan, de Mme Camus conseillère régionale, de Mme GuillouxMoinard, vice-présidente du Conseil général, du colonel Pierre Schill, commandant le 3e RIMA et de personnalités du département.

A la fin de la cérémonie officielle, les autorités, la section d’honneur, les porte-drapeaux et toute l’assistance se sont mis en place près de l’entrée de l’allée centrale qui fait face au monument aux morts. A la demande de notre délégué départemental, M. François Goulard, députémaire de Vannes, avait spontanément adhéré à notre souhait de rendre hommage aux combattants de la France libre, en acceptant de donner le nom d’« Allée des Français Libres » à cette voie de l’honneur des jardins de la Garenne. les noms de Vannetais qui furent parmi les premiers à rejoindre la France Libre: Gilbert Renault (le colonel Rémy) et son frère Claude qui rejoignit la 1ère DFL, Robert Jude de la « Confrérie Notre-Dame », le général Délestraint, le commandant Guillaudot de la gendarmerie, Léopold Hulot, cadet de la France libre, Ferdinand Le Dressay qui tomba à Bir Hakeim, Gaston Daniélo, pilote de chasse des F.AFL, Louis Goudon qui, avec la compagnie du capitaine Lorotte, déserta l’armée de Pétain en Syrie, rejoignit l’Egypte et fit partie de la première unité française à reprendre le combat avec les troupes anglaises, Jean Oillic, jeune matelot à peine sorti de l’école des mousses, qui dut attendre d’avoir 17 ans pour signer son engagement dans les Forces Navales Françaises Libres, mort à 21 ans et dont le corps repose toujours dans un cimetière

Après la cérémonie, les personnalités et l’assistance se rendirent à l’hôtel de ville de Vannes pour l’inauguration de la nouvelle exposition «De Gaulle et la France Libre» réalisée par la Fondation de la France Libre avec l’Office National des Anciens Combattants et le pot de l’amitié offert par la municipalité. 왎

Nouvelle Calédonie C’est sous une pluie battante et en présence d’une grande assistance que le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle a été commémoré à Nouméa.

Paris XIVème Petit malentendu Afin de commémorer dignement le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle, le délégué de la Fondation de la France Libre pour les XIIIème, XIVème et XVème arrondissements n’a pas pu déposer de gerbe au monument aux morts du XIVème, cela lui ayant été interdit par l’adjoint au maire chargé des Anciens combattants, Hermano Sanches-Ruivo, et son collaborateur, M. Bouabbas. Curieuse façon de travailler au devoir de mémoire et de rendre l’hommage qui leur est dû à ces femmes et ces hommes qui ont tant donné pour qu’aujourd’hui nous soyons libres. En revanche, un grand merci à la mairie du XIIIème pour son accueil chaleureux. Remerciements tout particulièrement à Anne-Christine Lang, adjointe au maire, pour nous avoir permis de déposer notre gerbe. Quelle différence ! 왎 Michel Mambret

M. Yves Dassonville, Haut commissaire de la République en Nouvelle Calédonie, M. Harold Martin, président du congrès, M. Jean Legues, maire de Nouméa, le colonel de Hautecloque, représentant le général commandant des forces armées de Nouvelle Calédonie et Mr José Casaroli présidaient cette cérémonie, qui a débuté par un rappel de la « drôle de guerre » et un hommage tout particulier a été rendu

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LA VIE DE LA FONDATION Pyrénées Orientales Le 18 juin à Perpignan, la cérémonie s’est déroulée en présence de M. le préfet et de M. le maire. Le jeune Sébastien Rogie, lauréat du concours 2010 a lu l’Appel, puis M. le préfet le message du secrétaire d’Etat aux anciens combattants. Après le chant des Partisans, le dépôt de gerbes, la sonnerie aux Morts et la Marseillaise reprise en chœur, le colonel Marc Gervais, délégué de la Fondation de la France libre a, dans une allocution très applaudie, rappelé le fait historique et l’action du général de Gaulle durant le mois de juin 1940 et ses conséquences avant de déclarer ouverte une exposition sur la guerre 1939/1945.

Louis Aixmeno rappelle les évènements à Port Vendres du 15 au 24 juyin 1940.

Le 24 juin à Port-Vendres, avec l’ANORAA et la participation de quelques élèves de l’Ecole de l’air, un bel hommage a été rendu aux aviateurs français et polonais qui ont refusé l’armistice et sont partis de ce port, malgré les ordres contraires, pour continuer le combat. 왎

parmi les enseignants, avec les concours du CRDP. - Le 28 mai, même thème et même conférencier, mais cette fois avec des élèves de CM2 dans une école de la proximité d'Amiens. Des jeunes très intéressés et curieux de découvrir que leurs grandsparents avaient vécu la guerre. - Le 12 juin, notre délégation, en coopération avec l'association des Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation de Fargniers, 1 place Carnegie, près Tergnier, dans l'Aisne et en Picardie, a inauguré un buste du général de Gaulle, du sculpteur Jean-Marc de Pas, qui nous fit l'honneur d'être présent à la cérémonie. Présent également par le cœur et la pensée, notre vice-président et secrétaire général Georges Caïtucoli, premier soutien de notre projet, et que nous remercions vivement. L'invitation lancée conjointement par M. Fernand Le Blanc, président du musée, et notre délégation, devait rassembler de nombreuses autorités civiles, militaires et politiques, députés, sénateurs, dont M. Xavier Bertrand, député de l'Aisne et qui nous encouragea dans cette entreprise. Nous tenons à le remercier chaleureusement ici. Nous citerons également l'aide de la délégation départementale de l'ONAC de la Somme, des sections départementales de l'Ordre national du mérite de l'Aisne et de la Somme, du Souvenir Souvenir Français de la Somme, de nombreuses associations patriotiques (UNC, ANORAA, Anciens de Verdun etc …), des deux cents donateurs anonymes de la souscription animée par le commandant Jastrzebski, un des nôtres.

Louis Aiximeno

Somme compte-rendu d’activité. L'association départementale des « Amis de la Fondation de la France libre » de la Somme aura marqué à sa manière cette année anniversaire par plusieurs manifestations très symboliques. - Le 1er mars 2010, notre ami Jean-Pierre Prévost, ancien journaliste et avocat, aujourd'hui politologue, a tenu une conférence fort intéressante sur l'Appel du 18 juin 1940, au Centre Régional de Documentation pédagogique d'Amiens (CRDP), devant un public d'élèves, professeurs, amis, en vue d'éclairer les candidats du Concours National de la Résistance et de la Déportation, dont le thème, cette année, était l'Appel du général de Gaulle. Nous remercions au passage Monsieur Legrand, inspecteur d'académie et ses collaborateurs qui nous ont grandement facilité la tâche dans cette entreprise. La conférence fut d'ailleurs enregistrée aux fins de diffusion

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A côté du buste du Général, Daniel Bourriez délégué de la Fondation et le sculpteur Jean-Marc de Pas.

- Suite à la dynamique de ce premier projet abouti devait naître, un peu spontanément, la seconde perspective, à savoir installer à Amiens, à l'occasion de cette année anniversaire, un buste semblable, de même facture et en même temps original car coulé par un autre fondeur. Les contacts pris avec Monsieur Michel Delpeuch, préfet de région, devaient nous permettre, dès le 18 juin, de savoir que la sculpture du général de Gaulle serait accueillie dans le hall d'honneur de la préfecture, baptisé désormais « Hall de la France libre », dès novembre

Vue d’ensemble du musée

2010, à l'occasion du quarantième anniversaire de sa disparition. 왎 Daniel Bourriez

Pyrénées Orientales La commémoration du 70ème Appel du 18 juin a eu lieu, place Tarahoi. Elle était présidée par le haut-commissaire et en présence du contre-amiral Vichot, commandant supérieur des forces armées en Polynésie. Adolphe Colrat a ouvert la cérémonie, puis a laissé place au contre-amiral Vichot pour une évocation historique. Ensuite, Diana, élève du lycée professionnel de Faa’a a fait lecture de l’Appel qui avait été lancé sur les ondes de la BBC le 18 juin 1940 par le général de Gaulle incitant les Français à ne pas cesser le combat contre l’ennemi allemand. Après le dépôt des gerbes au pied du monument, la chorale d’Emmanuelle Vidal (Te Reo Nui) a interprété une émouvante Marseillaise. Tout le monde s’est ensuite dirigé vers la résidence du haut-commissariat, où l’historien Jean-Marc Regnault a fait un récit historique de la période 39-40. Guy Brault et Marcel Meunier, anciens combattants, ont tous deux reçu un diplôme d’honneur. Cette commémoration était aussi l’occasion d’inaugurer une exposition de photographies itinérantes sur le général de Gaulle (l’ONAC). Une classe du lycée professionnel de Faa’a a participé au Concours National de la Résistance et de la Déportation cette année et a effectué un travail sur l’engagement des Polynésiens dans ce conflit. Cela débouchera sur la confection d’un calendrier qui sera édité en octobre prochain. A l’occasion de cette cérémonie, le haut-commissaire a rappelé « le besoin de mémoire concernant l’histoire (…) qui se rappelle parfois à notre bon souvenir avec brutalité. Placés dans les mêmes circonstances que nos parents ont connues, comment réagirions-nous ? 70 ans après, nous savons tout ce que nous devons à ces hommes-là ». Par ailleurs, Adolphe Colrat a regretté l’absence de John Martin qui n’a


LA VIE DE LA FONDATION pu participer à cette commémoration pour raison de santé. Il a eu une pensée émue pour le général Bigeard, dont on a appris la mort récemment. 왎

et par le traditionnel dépôt de gerbes, le tout suivi par une minute de silence et la Marseillaise. La chorale de ce même collège a interprété le Chant des Partisans. 왎

Conférences sur l'Appel

Jean-Louis Blanchet Monique Olivieri

Pyrénées Orientales Commémoration 70 ans après un Appel pas oublié Toutes les générations ou presque se trouvaient le 18 juin à midi autour de la stèle des Français libres à Tours pour commémorer le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle. Des enfants de l’école Mirabeau ont lu le discours prononcé à la BBC, puis Monsieur le préfet, Joël Fily a lu celui du ministre de la Défense, Hervé Morin. Des gerbes ont été déposées par les élus.

Vienne Concours Trois cents jeunes poitevins, lycéens et collégiens, ont participé à l’édition 2010 du Concours et à quelques jours du 70ème anniversaire de l’Appel la remise des prix prenait une densité inaccoutumée comme devait le déclarer les différents intervenants comme le préfet Bernard Tomasini et Roland Barrat délégué de la Fondation.

Le 18 mai 2010 à St Nom-la-Bretèche, de g. à d. Mme le maire Danièle Wasbat, le professeur François Boulet, conférencier, et J.M. Commeau .

St-Nom-La-Bretèche le 18 mai, Rambouillet le 12 juin, Versailles le 14 juin, Mantes-la-Jolie le 18 juin au matin, St-Germain-en-Laye en fin d'après-midi, Lycée militaire de St-Cyr-l'Ecole le 26.

Expositions

Le préfet remet le premier prix à Clarisse Veyrieras du Lycée Marcelin-Berthelot de Chatellerault.

41 panneaux à St-Nom-la-Bretèche, LePecq et St-Germain-en-Laye. Trois expositions de dix tableaux (réalisés à partir des 41 tableaux) à Rambouillet, Mantes-la-Jolie et au Lycée militaire de St-Cyr.(à Versailles c'est l'exposition ONAC qui inclut une dizaine des 41 tableaux de l'exposition de la Fondation).

Commémoration Déléguée de la Fondation de la France libre, Simone Le Dily a remercié l’assistance. 왎

A Poitiers, le parc de Blossac possède un monument de la Résistance, orné de textes du général de Gaulle. Très naturellement, les cérémonies s’y déroulent et le 18 juin,

Val-de-Marne Vincennes La commémoration du 70ème anniversaire de l’Appel historique du général de Gaulle du 18 juin 1940 a eu lieu à Vincennes en présence de représentants des autorités civiles, militaires et religieuses. Madame Monique Olivieri, déléguée duVal-de-Marne a rappelé le combat qui a été, pour les Français libres, la fierté de leur vie, exceptionnel et exemplaire. La cérémonie s’est poursuivie par la lecture de l’Appel du général de Gaulle par deux jeunes du collège Françoise Giroud de Vincennes, et de l’allocution prononcée par le général de Gaulle à Londres le 26 juin 1940

Cérémonies De très belles cérémonies ont eu lieu ce 18 juin, le matin à Mantes-la-Jolie et Versailles. J'étais à Versailles où, avec le maire, nous avons dévoilé la plaque "Appel du 18 juin". L'après-midi à Rambouillet, à St Germainen-Laye et St-Nom-la-Bretèche. J'ai assisté et participé activement aux deux cérémonies de Versailles et Rambouillet. Des gerbes en forme de croix de Lorraine ont été déposées aux monuments aux morts des villes précitées.

Remise des prix une fois encore les anciens combattants, les délégations des services publics et de la Défense, les élus ont participé au souvenir de cet Appel. C’est Aurélie Puand, jeune lauréate du Concours qui a lu l’Appel et le texte de Roland Barrat, délégué départemental de la Fondation a été lu par Geoffroy de Clercq. 왎

Yvelines Toutes les actions que nous avions prévues pour célébrer le 70ème anniversaire de l'Appel ont été menées à leurs termes: "Français libres desYvelines"Ce livre a été distribué courant mai à tous les collèges et lycées (du public et du privé), aux autorités civiles et militaires des Yvelines (voir revue n° 35).

Nous avons participé à la remise des prix au Lycée militaire de St Cyr l’Ecole le 17 juin ce fut la remise des prix du CNRS et le 25 juin le prix "Fondation de la France Libre" a été proclamé après, mais en même temps que le prix du Président de la République et de ceux des différents chefs d'Etat-Major des Armées.

Déjeuner Notre repas traditionnel du 18 juin à Versailles a réuni 42 personnes dont 4 professeurs et 12 élèves lauréats du CNRD. Je crois pouvoir dire ‘’Mission accomplie’’. 왎 Jean-Marie Commeau

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CHEZ NOS AMIS Le jour de gloire des marins FNFL

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n ce 18 juin 2010, les marins FNFL, qui étaient jusqu'ici les oubliés de la France libre, en sont devenus les

héros. En janvier 2009, l'amiral Forissier, Chef d'état-major de la marine, avait fait part de son souhait d'honorer les marins de la France libre en organisant le 18 juin 2010 à Brest une prise d'armes sur un bâtiment arborant le pavillon de beaupré à croix de Lorraine, en présence d'une délégation d'élèves de l'Ecole navale. C'est en effet des ports du Finistère que sont partis en majorité les premiers ralliés au général de Gaulle et les Bretons représentent près de 40% des marins FNFL. L'association dissoute depuis juin 2000 s'étant sublimée dans la Fondation de la France libre, l'amiral Chaline, ancien président de l'Association avait fait publier dans le numéro 31 (juin 2009) du Bulletin de la Fondation un communiqué invitant les marins FNFL, encore valides, souhaitant assister à cette commémoration à se faire connaître : 33 d'entre eux répondaient "présent". Le ministre de la Défense (DPMA), le SEDAC et le CEMM L’amiral Forissier chef d’état-major de la marine et 22 survivants FNFL sur le pont de l’Etoile à Londres le 18 juin 2010. annonçaient leur aide pour l'organisation de cette manifestation, d'autant que, compte tenu de l'âge des participants, plusieurs d'entre eux avaient besoin d'être accompagnés. Au cours du dernier trimestre 2009, l'état-major particulier du Président de la république faisait savoir à l'amiral Chaline que le Chef de l'Etat ayant prévu de célébrer avec éclat à Londres le 70ème anniversaire de l’Appel du général de Gaulle, il était par conséquent souhaitable que la commémoration envisagée par les marins ait lieu à Londres. C'est ce qui était décidé en accord avec les autorités concernées, cette commémoration devant prendre place à l'issue de la cérémonie présidée par le Président de la République. La délégation FNFL comprenait, compte tenu des annulations de dernière heure pour raisons de santé, vingt et un marins représentatifs de toutes les unités FNFL (avisos, corvettes, frégates, chasseurs, MTB, sous-marins, fusiliers-marins, marine marchande, aéronavale) et de la diversité de leurs engagements (départ de France, sur place en Grande-Bretagne et à Madagascar, bâtiments saisis par les Britanniques, désertion à Alexandrie, aux Etats-Unis, évasion par l'Espagne).Tous avaient rallié avant le 1er août 1943, c'est-à-dire étaient vraiment Français libres, mais les engagements étaient étalés dans le temps : 9 en 1940, 5 en 1941, 4 en 1942, 3 en 1943, donnant ainsi une image aussi proche que possible de la réalité. Seize accompagnateurs et une infirmière complétaient la délégation FNFL. L'après-midi du 18 juin 2010, à l'issue d'un repas pris en commun à l'Union Jack club de Londres, la délégation FNFL se retrouvait à bord de l'Etoile pour une photo de groupe prise en compagnie de l'amiral Forissier, puis la remise de la croix de chevalier de la Légion d'honneur à deux des participants : Marcel Cruveilhier par le CEMM et André Ménégaux par l'amiral Chaline. Sur le Mutin en présence de M. Gourdault-Montagne, ambassadeur de France à Londres, l'ancien président des FNFL remerciait l'amiral Forissier, CEMM et l'amiral Sir Mark Stanhope, First Sea Lord pour l'hommage qu'ils rendaient conjointement à la marine de la France libre et assistait au dévoilement de deux plaques en l'honneur des équipages des goélettes Belle Poule et Etoile qui ont servi en tant qu'annexes de l'école navale des FNFL et du cotre Mutin qui a effectué de nombreuses missions secrètes pendant la guerre. Une réception donnée à bord de la frégate Latouche Tréville en l'honneur de la délégation FNFL clôturait cette inoubliable journée et permettait à plusieurs des participants de retrouver des camarades de combat britanniques et d'évoquer leurs souvenirs de guerre avec la nouvelle génération de marins français qui leur a succédé et qui leur paraît aussi déterminé qu'euxmêmes à défendre les valeurs pour lesquelles ils se sont battus.

Visitez notre site :

www.france-libre.net 14 l

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CHEZ NOS AMIS Maroc Promotion Charles de Gaulle Le 30 juillet 2010 Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’état-major des Forces armées Royales a présidé sur la place du Mechouar du palais Royal de Tétouan, la cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des grandes écoles militaires et officiers issus des rangs. Cette promotion qui a prêté serment comprend 1523 élèves officiers, dont 197 femmes. Sa Majesté en donnant à cette promotion le nom du général de Gaulle a rappelé l’appel historique que son grand-père avait lancé pour la libération de la France et le geste du Général le faisant Compagnon de la Libération.

Club Varois du 18 juin

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ans le cadre du 70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940, le « Club Français des bibliophiles », avec le concours du Club Varois du 18 juin a présenté dans la commune de Six-Fours-les-Plages, une exposition considérée comme la plus importante de France sur l’œuvre et la vie historique du général de Gaulle : 83 panneaux. L’origine de cette exposition vient du fait que l’organisme « Club Français des bibliophiles » dont le président Monsieur Bonnet et son adjoint, Monsieur Quentin, également vice-président du Club Varois du 18 juin, diffusent depuis plus de 30 ans, les œuvres complètes de Charles de Gaulle. Tous les documents iconographiques, photos, fac-similés, pour la plupart inédits illustrent cette exposition. Lors de son inauguration le 18 juin 2010, Monsieur de Mazières, secrétaire général de la préfecture du Var ainsi que Monsieur Jean-Baptiste Vialatte, député-maire de SixFours-les Plages ont pu apprécier la qualité et la richesse de cette exposition. Commandant Louis Fiori

Bagnères de Luchon

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es Evadés de France du canton de Luchon ont dignement fêté le 70ème anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940 devant leur stèle de l’Hospice de France, avec une assistance très nombreuse et recueillie. Nous avons également inauguré l’Esplanade des Evadés de France, un espace de 2000 m2 se situant entre la stèle et le bâtiment de l’Hospice de France complètement rénové. Ce fut pour les douze Evadés survivants dans notre canton une magnifique journée après avoir reçu le diplôme des Combattants de l’Armée française.

Bertrand Cazaux Evadé de France

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CHEZ NOS AMIS Communiqué de presse Le 21 juillet 2010, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) a ouvert un nouveau site internet. La toile s’enrichi ainsi d’un nouveau site institutionnel entièrement dédié au monde combattant.

www.onac-vg.fr Outil de communication stratégique, ce site est destiné à mieux faire connaître les missions de l’ONACVG auprès d’un large public : associations d’anciens combattants, de victimes de guerre et de mémoire combattante, associations de jeunesse, élèves, étudiants mais aussi parents, militaires d’active et de réserve, partenaires institutionnels, média… Il a été conçu pour répondre au mieux aux besoins d’information de ces publics, faire connaître l’ensemble des informations sur leurs droits ainsi que la dernière actualité du monde combattant. Consultez ce site et n’hésitez pas à le faire connaître autour de vous Bonne navigation !

Dernier vol du Normandie-Niémen vers le Musée de l'Air du Bourget

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aute de visiteurs et d'argent, le Mémorial Normandie-Niémen des Andelys (Eure) va fermer à la fin de l'année pour rejoindre en 2011 le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget. Ce départ de la petite ville normande, où le Mémorial est installé depuis une vingtaine d'années, marque la fin d'une crise marquée par l'arrêt, en 2008, des subventions du ministère de la Défense et de la municipalité, selon Claude Lemée. Celui-ci préside depuis 12 ans le Mémorial de cette prestigieuse escadrille Normandie-Niémen qui combattit sur le front de l'Est au sein de l'Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale. « Nous sortons de cette crise par le haut car l'installation au Bourget permettra à beaucoup plus de gens de découvrir le Normandie-Niémen », dit Claude Lemée en soulignant que le musée des Andelys n'accueillait chaque année que 2.000 visiteurs. En 2009, le Musée de l'Air du Bourget en a reçu 280.000. Aujourd'hui, les survivants ne sont plus qu’une quinzaine (cinq pilotes et une dizaine de mécaniciens), dont Roland de la Poype, 90 ans, dernier Compagnon de la Libération et dernier Héros de l'Union soviétique de l'unité, auteur de « L'Epopée du Normandie-Niémen » (Perrin 2007). « Nous souhaitons continuer à entretenir la mémoire de l'unité et les liens d'amitié entre la France et la Russie », assure M. Lemée, qui rappelle que la « Grande guerre patriotique est au programme des élèves russes et que 140 écoles de l'ex-URSS portent le nom de Normandie-Niémen ». Le Normandie-Niémen se posera définitivement dans le hall du Musée de l'Air consacré à la Seconde Guerre mondiale et où est déjà exposé un Yak, à deux pas de la piste où atterrirent les pilotes le 20 juin 1945. 350 objets, documents, affiches, archives seront au Bourget, précise Christian Tilatti, conservateur en chef du Musée de l'Air avant l'installation définitive fin 2011 sur un espace de 250 m2.

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Parking Wurtz

10, rue Wurtz

à moins de 200 mètres du Club, face à la chapelle

2 € de l’heure (le temps d’un déjeuner ou d’un dîner)

sur présentation de la carte de participant à la Fondation ou lettre d’invitation

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CHRONIQUE

La France libre en guerre contre le Japon en Indochine 1940-1945 (II)

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n an plus tard le projet de Vichy de reconquérir la NouvelleCalédonie sur la France libre fut repris par le gouverneur général Jean Decoux. Entre-temps le Japon était entré en guerre, sans déclaration, contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (8 décembre 1941 fuseau horaire de l’Indochine et de Tokyo). Ce fut l’occasion pour la Résistance française en Indochine de montrer son efficacité et sa promptitude de réaction. Le capitaine Graille (FFL chef du réseau du même nom), le service des Phares et Balises et le réseau Tricoire repérèrent les flottes japonaises quittant la base indochinoise de Cam Ranh ou descendant du Japon, faisant route au sud. Repéré au large par un capitaine aviateur Nivelet (curieux et résistant accomplissant ses vols réglementaires). Une des formations nippones faisait manifestement route vers le nord de la Malaisie. Le capitaine Graille, après calculs, informa l’Intelligence Service de Singapour de l’opération, de sa force, de sa destination et des jours et heures de son débarquement. L’IS Singapour fut étonné, d’autant que Graille n’eut qu’une heure de retard à cause d’un orage tropical inattendu. Les forces japonaises déferlèrent rapidement vers le sud de l’actuelle Indochine, tandis que Vichy nommait l’amiral Jean Decoux haut-commissaire pour le Pacifique.

Sans spéculer sur les intentions profondes du gouverneur général de l’Indochine et haut-commissaire dans le Pacifique, on peut laisser parler les faits puisqu’ils sont avérés grâce à la série de télégrammes officiels échangés sur le sujet entre Saigon et Vichy (dont la fédération des réseaux de la Résistance en Indochine détient copie). On ne sait exactement si l’initiative vint des Japonais ou des Français, mais un précédent d’avril 1942 permet de dire que les Japonais ont su amener les Français à prendre l’initiative. La politique de collaboration entre la France de Vichy et l’Axe avait amené nos dirigeants à accorder d’avance à l’occupant ce qu’il allait demander. Ainsi pensait-on à Vichy, où se manifestait la loyauté de la collaboration. C’est ainsi que le capitaine de vaisseau Horituri, chef de la mission de la marine japonaise à Saigon, amena l’amiral Bérenger à livrer à la marine impériale la totalité de nos paquebots et cargos, une quinzaine (100 000 tonnes), avec ordre aux états-majors et équipages de servir sans commandement sous pavillon japonais, en opérations de guerre. La réaction

immédiate de l’équipage du paquebot Aramis, tout de suite suivie par les autres navires puis par les sous-officiers, évita le déshonneur à notre marine marchande en Extrême-Orient et, probablement, les « douze balles dans la peau », salaire des traîtres. La première idée pour la « reconquête » de la Nouvelle-Calédonie vint de l’amiral Bérenger, commandant la marine d’Extrême-Orient. Par télégramme, il rendit compte à l’amiral Decoux, gouverneur général, que les Japonais seraient intéressés par une opération navale française, sur la protection d’une escorte japonaise avec porte-avions. Suivit une succession de télégrammes officiels entre Bérenger et Decoux, puis l’amiral Darlan, très intéressé, à Vichy. Ces documents détaillent toutes les mesures prises ou à prendre rapidement. Tous les navires de guerre de l’hétéroclite force navale d’Indochine, devaient y participer. Elle serait renforcée par des navires de guerre stationnés à Madagascar et donc sous l’autorité du haut commissaire Jean Decoux. Après avoir franchi le détroit de la Sonde, cette armada, qui transporterait un bataillon d’infanterie, serait rejointe par une escorte japonaise chargée de la protection aérienne. Elle serait détachée par la flotte de l’amiral Kondo opérant entre les Îles Salomon et Rabaul. Vichy donna son accord.

L’amiral japonais Kondo Nobutake (US Navy).

D’après les télégrammes officiels de Saigon, tout était prêt pour appareiller sous 48 heures. L’affaire capota brutalement grâce à la Résistance française en Indochine. Les Américains furent alertés. Le président F.D. Roosevelt dépêcha son ambassadeur à Vichy auprès du maréchal Pétain. La mission du diplomate, l’amiral Leahy, fut particulièrement amère car Pétain et lui étaient des « amis de 20 ans ». Sur ordre du président des Etats-Unis, il signifia au Chef d’État français qu’il avait à ordonner sur l’heure l’abandon du projet. Il ajoutait de menacer l’AFN en ces temps où la disette en France était sévère. S’il n'était pas mis fin immédiatement à l’opération franco-japonaise contre la NouvelleCalédonie, les forces navales américaines, suivies par les Britanniques feraient le blocus des liaisons maritimes de ravitaillement entre nos concessions d’Afrique du Nord et la France. Les résultats déjà obtenus dans le Pacifique par les sousmarins US contre les Japonais montraient que la menace était réelle. Vichy donna ordre au duo Decoux-Bérenger d’abandonner le projet. Malgré deux télégrammes officiels de Decoux assurant que son armada était prête à appareiller et nécessitait la mission, Vichy maintint l’ordre de tout abandonner. A la grande satisfaction de la majorité de nos marins de « la Royale ». La Résistance française en Indochine avait démontré, à nouveau, son efficacité et sa compétence pour analyser les problèmes. L’affaire de l’opération combinée franco-japonaise d’un assaut sur Nouméa fut la plus retentissante sur le plan international, impliquant Roosevelt et Pétain. Elle assit la crédibilité de la Résistance française et concerna directement la 14th US Air Force de Chenault (les « tigres volants »). L'action de la Résistance se situe en janvier 1942, un mois après l’attaque japonaise sur Pearl Harbour. Le lieutenant Pianelli, en service à la « liaison franco-japonaise », fut informé par son homologue japonais d’un « vol d’entraînement » au voisinage de la frontière de la Chine. De l’entraînement pour les pilotes japonais surentraînés lui fut plus que suspect. Rallié à la France libre, en guerre contre le Japon, il alerta immédiatement le capitaine Guiol, du service de renseignement inter-colonial, rallié aussi à la France libre. L’information fut immédiatement répercutée à Lao Kay au capiSeptembre 2010 • N° 37

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CHRONIQUE taine Soclet, lui aussi du SRI et Français libre. Cet officier prévint l’officier chinois du poste de l’autre côté de la frontière du passage d’un raid d’une dizaine de bombardiers japonais imminent. L’officier chinois alerta la 14th US Air Force. Pendant ce temps, l’escorte de bombardiers japonais s’était envolée de la base de Ghia Lam. Les 12 avions (comparables aux Dakota) eurent à peine passé la frontière de la Chine que les fameux « Flying Tigers » de Chenault fondirent sur cette proie. Des 12 bombardiers, deux seulement réussirent à rentrer à leur base. La réputation de la Résistance était faite chez les aviateurs de la 14th US Air Force. On admirait sa rapidité de réaction et sa précision. Il y eut un autre bénéfice : des postes radios opérationnels. Cette victoire devait beaucoup au colonel Maupain, chef du SRI que l’amiral Decoux avait destitué parce qu’il n’obéissait pas à son ordre de ne plus « espionner » les Japonais. D’un autre genre, l’organisation montée par Louis Bolle fut d’une grande utilité pour l’état-major de l’amiral Lord Louis Mountbatten, commandant en chef allié pour le Sud-est asiatique. Louis Bolle, agent du SRI et Français libre de 1940, était en poste à Vientiane, au Laos, à la frontière avec la Thaïlande. Il avait épousé une princesse Thaï. Par elle et grâce à elle, il monta un réseau d’information chez les bonzes de Thaïlande. Ces bouddhistes exécutaient les féroces soldats japonais. Bolle était en liaison avec un officier britannique, en Thaïlande, le major Rawlingson, de l’Intelligence Service. Dès lors et jusqu’à la fin de 1944, Louis Bolle put fournir à l’état-major de Calcutta un « ordre de bataille » à jour des forces japonaises de l’Indochine à la Birmanie. Un objectif constant de la Résistance fut d’assurer un service météo au bénéfice des Alliés. En cette région soumise à la mousson et autres orages, les prévisions sur la météo à terre et en mer étaient très importantes, tant pour l’aviation terrestre que pour la marine, particulièrement ses porte-avions. Le général Chenault et l’amiral Hasley, qui commandèrent la 38th Task Force en mer de Chine, en ont témoigné avec reconnaissance. Ce dernier attribuait à la météo de la Résistance sa victoire de janvier 1945. La Résistance en Indochine réussit enfin à établir un lien platonique avec le général de Gaulle au milieu de l’année 1943, à Alger. Elle était depuis le début en liaison avec les missions militaires françaises en Chine et aux Indes. Après plusieurs échecs, le capitaine d’artillerie Milon, sur ordre du capitaine Levain, chef du SRI de Hanoi, réussit à sortir d’Indochine avec

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des instructions (23 mai 1943) et arriva à Alger, où était le chef de la France libre, devenue France combattante. Son compatriote breton Pleven, ministre des Colonies, lui remit les instructions du général de Gaulle pour le général commandant supérieur des troupes d’Indochine. Rentré en Indochine, Milon remit le message au capitaine Levain. Celui-ci se rendit auprès du général et lui donna le choix entre « se rallier ou passer en cour martiale ». Suffoqué car totalement ignorant de ce qu’était la Résistance en Indochine, le général Mordant se rendit à l’évidence. L’étape suivante, très tardive du fait de la nature de l’amiral Decoux, fut d’amener ce gouverneur général à la raison. Une des réussites les plus spectaculaires de la Résistance en Indochine ravit les populations du sud de l’Indochine, sans savoir que tout avait dépendu de la Résistance. Au début de janvier 1945, la 38th Task Force de l’US Navy de l’amiral Hasley croisait en se préparant à détruire tous les navires et les bases japonaises de la côte sud de l’Indochine.

braient les plages du Cap Saint Jacques et de Cam Ranh par milliers. Les Japs avaient en outre « perdu la face » devant les Indochinois. Ces quelques échantillons de l’action de la Résistance française en Indochine montrent qu’elle a pris une place réelle, importante, dans les opérations contre le Japon. Bien plus que les combats de mars 1945, à la suite du coup de force japonais, qui fit des milliers de victimes mais fut sans impact sur le déroulement de la guerre. Certes, la Résistance en Indochine ne fut pas le seul apport de la France libre, puis France combattante, à la victoire finale. Le rôle des FFL du sud Pacifique, dès 1940, et des navires de la France combattante dans la victoire britannique en Birmanie (19441945) ne doivent pas être oubliés. Ainsi, le général Leclerc, qui commanda le corps expéditionnaire français contre le Japon, était-il bien à sa place lorsqu’il signa l’acte de capitulation sans condition du Japon. Ce fut le 2 septembre 1945, en rade de Tokyo, sur le cuirassé Missouri. Leclerc signa au nom de la France après le commandant suprême allié général Douglas Mac Arthur. Dès le début, la France libre et la résistance aux puissances de l’Axe ont été insultées par l’amiral Decoux, gouverneur général de l’Indochine nommé par Vichy. J’entends encore son discours sur radioSaigon le 23 janvier 1942 à 20 h 15, largement repris par les médias d’Indochine. Il ne craint pas de s’écrier :

Les amiraux américains William Halsey et John S. Mc Cain Sr. sur l’USS Missouri peu après la signature de l’acte de capitulation japonais, le 2 septembre 1945 (US Navy).

Le mauvais temps rendait impossible l’envol des avions de ses porte-avions et il guettait les messages radio de la Résistance. Le 14 janvier 1945, un message annonça une « fenêtre météo pour le 15 ». Les Français et Indochinois présents se souviennent de ce que l’on nomma le « grand cirque aérien », qui déferla sur tout ce qui était nippon, et eurent le grand plaisir de constater que les « Japs » étaient terrorisés. Lorsque les chasseurs bombardiers regagnèrent les porte-avions, il ne restait plus un navire japonais, de guerre ou de commerce, à flot, tous les dépôts étaient ravagés et les morts flottant dans le mazout encom-

« …Profitant lâchement de ces circonstances, quelques individus, presque tous tarés, mus pas l’intérêt, l’ambition, la rancœur ou des motifs plus bas encore, ont pu par un véritable abus de confiance vous amener à la dissidence et vous incorporer parmi les ennemis de la France dans cette triste légion d’égarés qu’on nomme gaullistes. » Ces sentiments expliquent la répression et la dure application des lois d’exception de Vichy. Des vainqueurs du 2 septembre 1945, la France est la seule des « cinq grands » disposant du droit de veto à l’ONU à ne pas commémorer cette victoire sur l’Axe. Pour elle, l’Indochine semble se limiter à i n Biên Phù. René J. Poujade Secrétaire général de la Fédération des Réseaux de la Résistance en Indochine FFL-FFC 1940-1945 Délégué fédéral au Comité d’Action de la Résistance


CHRONIQUE

Les Etablissements français de l’Inde et la France libre

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Karikal et de Yanaon ont informé le Général qu’ils refusaient l’Armistice et qu’ils continuaient la guerre aux côtés des Français libres et des Anglais ».

Quand on évoque l’Empire français dans la Seconde Guerre mondiale, on parle souvent de l’Afrique occidentale française, de l’Afrique équatoriale française, de l’Afrique du Nord, des Tabors marocains, du serment de Koufra… Mais presque jamais de ces minuscules possessions des Indes que sont Pondichéry, Chandernagor, Mahé, Karikal et Yanaon.

Les Comptoirs peuvent à juste titre s’enorgueillir d’avoir été parmi les premiers territoires de l’Empire à avoir rallié le général de Gaulle. Cette attitude courageuse a été très souvent occultée. Depuis l’ouverture des hostilités le 3 septembre 1939 et jusqu’à l’occupation de la France en juin 1940, l’Inde française n’a pas subi de grands contrecoups politiques et économiques.

orsque le 10 juin 1940, la France capitule devant le IIIème Reich, un certain nombre de Français pense continuer la lutte à partir de ce que l’on a appelé l’Empire.

La seule conséquence, au début, a été la désorganisation du trafic maritime qui a entraîné un ralentissement dans la production des trois usines textiles de Pondichéry. Il faut savoir que les exportations des produits des Comptoirs (tissus, arachide, huile…) se faisaient essentiellement vers les autres territoires d’outre-mer et la métropole. Mais, à partir du 25 juin 1940, la rupture des communications avec la métropole a des conséquences importantes car elle entraîne la fermeture des trois usines textiles, la mise au chômage de 7 000 ouvriers, l’absence de nouvelles officielles et la suppression des communications postales et maritimes. Les usines textiles constituaient le principal réservoir d’emplois et de revenus et leur fermeture pose, comme on l’imagine facilement, de graves difficultés à une population aux faibles revenus. Timbre des Etablissements français des Indes frappé de la croix de Lorraine (Association « Les Comptoirs de l’Inde »).

Afin de réparer cet oubli devant l’Histoire, il est nécessaire de rappeler à la mémoire collective que le nom du gouverneur Bonvin est aussi glorieux que celui de Félix Eboué, que la valeur des soldats des Comptoirs égalait celle des troupes d’Afrique, et que la contribution de ces territoires à l’effort de guerre n’a pas été négligeable ; Philippe Barrès indique, dans son ouvrage consacré au Général de Gaulle que : « Les Etablissements Français de l’Inde, ces minuscules possessions que la France a gardées du temps où elle avait toutes les Indes, se sont ralliées les premières à la France Libre. Les vieux ports fameux de Pondichéry, de Chandernagor, de Mahé, de

Cette rupture de communication emmène un malaise et une inquiétude dans les familles qui ne reçoivent plus d’information de parents restés en métropole. Si Pondichéry n’a pas entendu l’appel du 18 juin du général de Gaulle, il faut cependant noter que dès le 13 juin, le gouverneur de l’Inde française, Louis Bonvin (affecté le 28 juillet 1938) par le télégramme n° 504 adressé au général Catroux, gouverneur de l’Indochine, lui demande le nécessaire pour 170 réservistes, pour 2 mois : sucre, vin, farine, café, haricots, lentilles. Il prend également toutes les dispositions qui s’imposent afin de rassurer la population. Il convient ici de remarquer que les liaisons entre

Pondichéry et l’Indochine seront régulières pendant toute la durée du conflit. Le 20 juin 1940, dès qu’il est informé de la signature de l’Armistice, le gouverneur Bonvin adresse le télégramme suivant au ministre des Colonies à Bordeaux où le gouvernement vient de se replier. « La France accablée par le nombre et le manque de matériel a signé l’armistice. Tout n’est pas perdu. Gardons notre confiance. L’Empire Français est intact et restera aux côtés de l’Empire Britannique jusqu’à la victoire finale. Le gouverneur fait appel au patriotisme de la population, pour garder dans les circonstances actuelles tout son calme et sa dignité. Nous vaincrons ! Vive la France ! Vive la GrandeBretagne ! ». Le même jour, le gouverneur Bonvin confirme au consul général britannique, le colonel Schomberg, sa résolution de poursuivre la lutte jusqu’à la victoire finale aux côtés des Britanniques. Le 1er juillet 1940, tous les réservistes sont rappelés et commencent un entraînement intensif pendant que d’autres jeunes se manifestent pour un engagement dans les forces françaises. Le 5 juillet 1940, le vice-roi des Indes, Lord Linlightgow, par un télégramme personnel, félicite Louis Bonvin pour sa décision de continuer la lutte aux côtés des Alliés. Le général de Gaulle lui adresse le message suivant le 12 juillet 1940 : « Je vous félicite de la fermeté et de l’esprit patriotique des mesures que vous avez prises. Je vous demande de vous joindre à moi de quelque façon que vous croiriez utile, pour contribuer à la continuation de la guerre en France et dans l’Empire. » Dès le lendemain 13 juillet, Louis Bonvin, assure le Général de son soutien et de sa collaboration. Le 14 juillet, lors de la cérémonie au monument aux morts de Pondichéry, il invite la population à continuer de servir la France. Le manque de liaison avec la métropole entraîne une certaine inquiétude dans les familles, mais la population est dans l’ensemble assez calme malgré les difficultés économiques. Il faut ici noter que durant toute cette période, la communauté française est très motivée par les événements extérieurs, et met entre parenthèses les « futilités » de la vie coloniale. C’est de cette période que

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CHRONIQUE date un véritable culte pour le général de Gaulle et sa croix de Lorraine. Le manque d’informations précises du fait de la rupture des liaisons télégraphiques maintient une certaine tension parmi la population. Ce n’est que le 28 juillet que les liaisons sont rétablies. Le traité du 30 mai 1814 interdisant à la France de maintenir une armée en Inde, Louis Bonvin va placer la sûreté des citoyens français sous la protection du gouvernement britannique. Des discussions vont s’engager avec les Anglais pour un accord économique. Le tout sera couronné par une entrevue le 2 août 1940, à Ootacamund (Sud de l’Inde) entre le viceroi des Indes et Louis Bonvin.

des Etablissements de l’Inde à la France libre. Le 8 septembre 1940, un grand office religieux est célébré à l’église Notre-Dame des Anges par Monseigneur Colas, archevêque de Pondichéry qui approuve au cours de son homélie le ralliement des Comptoirs. Le ralliement est également approuvé le 9 septembre par les administrateurs des autres Comptoirs. Ce même jour, le journal officiel de l’Inde française publie un avis à la population : « Le gouverneur des établissements français de l’Inde a l’honneur de porter à la connaissance de la population qu’il a décidé de se rallier au Comité National Français du Général de Gaulle. Il compte que toute la colonie se rangera avec lui aux côtés des libérateurs de la France et de l’Empire Britannique. Vive la France ! Vive l’Angleterre ! ». Le Général, par un télégramme du 12 septembre 1940, remercie le gouverneur Bonvin en ces termes : « Je vous félicite pour votre courageuse action et vous confirme dans vos fonctions de gouverneur des Etablissements français de l’Inde. J’attends votre rapport sur les conditions économiques des Etablissements Français. Dites aux français des 5 villes que j’apprécie à sa valeur leur ralliement. Tous ensemble et avec les alliés, pour la victoire commune ».

Louis Bonvin (Association « Les Comptoirs de l’Inde »).

Ce dernier va réunir le 7 septembre à 10 h au palais du gouverneur, tous les chefs de service, les élus et les notables afin de les informer de son ralliement à la France libre. Assistaient notamment à cette réunion : M. Gaillard, directeur de la banque de l’Indochine, M. Landrin, trésorier-payeur général, M. David, président de la commission coloniale, M. Jouveau-Dubreuil, professeur au collège colonial, le capitaine Petignot, maître Gnanou Ambroise, les industriels Valot et Ehny. Cette position est acceptée par tous les membres présents à l’exception de trois fonctionnaires qui seront rapatriés sur l’Indochine. Le même jour un télégramme informe le général de Gaulle du ralliement

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Décret Article 1er : Les quatre Etablissements français de l’Inde : Pondichéry, Karikal, Yanaon et Chandernagor sont déclarés Zone des Armées. Article 2 : Les avantages consentis à cette zone seront ceux portant sur les campagnes et l’avancement, à l’exclusion de tout autre. Article 3 : Le commissaire national à la guerre et le commissaire national à la marine sont chargés chacun en ce qui le concerne l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal Officiel de la France Libre. Londres, le 2 mai 1942 Charles de Gaulle Par le Président du Comité National Le gouverneur Bonvin, nommé membre du Conseil de défense de l’Empire français, sera fait compagnon de la Libération et médaillé de la Résistance (n° 134). Le musée de l’ordre national de la Libération de Paris possède dans une vitrine la lettre manuscrite du général de Gaulle, félicitant le gouverneur Bonvin et la population des Comptoirs pour leur participation aux efforts de la Libération de la France.

Douglas Gressieux

Le mouvement de la France libre va s’organiser rapidement à partir des cinq Comptoirs pour s’étendre dans toute l’Inde britannique. Des comités vont se constituer à Bombay, Calcutta, Delhi, Colombo. Pendant toute la durée de la guerre, des centaines de volontaires des Comptoirs s’illustreront sur les champs de bataille de Libye, d’Erythrée, de Tripolitaine, de Syrie, du Liban, de Tunisie, de France et d’Allemagne ainsi qu’à Tobrouk, ElAlamein, Bir Hakeim. Des centaines de lacks de roupies1 seront récoltés et versés à la caisse d’armement de la France libre. Des milliers de colis seront adressés à la Croix-Rouge. Par un décret signé à Londres le 2 mai 1942 et publié au Journal Officiel (page 563) de la France libre, le général de Gaulle va déclarer « Zone des Armées » les quatre Etablissements français de l’Inde situés sur la côte orientale : Pondichéry, Chandernagor, Yanaon et Karikal.

Revue de l’aviation française éditée par le SNPL

ICARE Roissy Pôle Le Dôme, Bât. 5 5, rue de la Haye BP 10955 Tremblay-en-France 95733 Roissy CDG Cedex Téléphone : 01 49 89 24 06

Le lack est une unité de compte en Perse et en Inde. Un lack de roupies équivaut à cent milles roupies. (NDLR)

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Septembre 2010 • N° 37

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10

de BIR-HACHEIM à EL ALAMEIN “ Extrait du livre “ L’Épopée de la 1ER DFL par ceux qui en étaient...” Le soir même de la sortie de Bir Hacheim, Rommel lance ses trois divisions (Ariete, DAK et 90 e Légère) vers El Adem, il espère encercler de XIIIe corps britannique qui tient encore des vestiges de la ligne Gazala. Les combats se concentrent autour du carrefour de pistes dit « Knightsbridge», dans le sud-ouest de Tobrouk.Le DAK aligne 124 chars Panzer dont les redoutables Panzer IV. Les 200 blindés britanniques des divisions DB 1 et DB 7 ne parviennent pas à garder le pivot de la défense alliée dans le sud d’Acroma, les Allemands ont détruit 120 chars en 2 jours et étrillé la 201 e brigade de la Garde. Auchinleck autorise alors un repli général dans l’ouest de Tobrouk, tandis que dans le même temps, mal inspiré, Ritchie ordonne de regagner l’Egypte en abandonnant Tobrouk. L’intervention de Churchill dans la conduite des opérations arrivait trop tard, le gros de la VIIIe armée se trouvait déjà derrière la frontière égyptienne, loin de la « forteresse » Tobrouk. Bousculant les restes épars des brigades britanniques, Rommel atteint les aérodromes de la RAF à Gambut puis, comme prévu, se retourne à l’ouest pour attaquer Tobrouk à revers. Son dessein était de faire croire qu’à la tête de son groupe de commandement, il poursuivait l’ennemi en fuite vers Bardia. Comme à son habitude, pour mieux convaincre sur la quantité d’engins mécanisés utilisés, il fait soulever des nuages de poussière le long de la via Balbia. Le 19 juin, en fin d’après-midi, à 30 Km de Bardia, Il ordonne à la DAK et à l’Ariete de faire demi-tour laissant des éléments de la 90e Légère et des unités de reconnaissance poursuivre leur chemin. Son premier assaut sur Tobrouk, précédé d’un pilonnage d’artillerie très violent, soutenu par toutes les escadrilles de stukas disponibles qui ont joint le tonnerre de leurs bombes, ouvre une brêche dans la défense portuaire commandée par le général Sud-Africain Klopper. Il est 05h20, le 20 juin. Vite exploitée par les chars, l’ouverture voit s’engouffrer les premiers éléments de la 21 e Panzer du général major von Bismarck. Le 21 juin, la garnison capitule, en faisant exploser ses soutes à munitions et à carburant. Le 22, Rommel est promu maréchal. Dans la confusion du « flap

» - retraite précipitée – Auchinleck relève Ritchie de son commandement et prend lui-même la tête de la VIIIe armée qu’il espère encore sauver. Il arrêtera le repli à El Alamein. La prise de Tobrouk livre 33 000 prisonniers dont 5 généraux et d’énormes quantités de ravitaillement.Au moment du triomphe du plus jeune maréchal de l’armée allemande, de l’autre côté de l’Atlantique, le président Roosevelt et son chef d’état-major général, le général Marshall, prennent la décision d’expédier sur le champ, 400 nouveaux chars américains « général Sherman » à l’armée anglaise du Nil.

Bataille El Alamein - zone FFL

I


Dans Tobrouk en feu, les agents de la propagande allemande, sur les talons de Rommel et de Bayerlein son chef d’état-major, photographient « le » vainqueur sous toutes les coutures. Erwin Rommel tient ici son triomphe sur les Britanniques en Afrique du Nord ; la route du Caire et du Canal de Suez lui est désormais ouverte. Du moins le croyait-il ! C’est dans cette ambiance de retraite et de défaite que la 1 e Brigade Française Libre est ramenée vers Le Caire, via El Daba où elle séjourne du 18 au 27 juin pour se regrouper et faire le constat que, dû à la situation désastreuse de son matériel, elle ne pourra reprendre sa place au combat qu’après un recomplètement total. Koenig et Larminat – surtout Larminat - ont maille à partir avec l’état-major britannique qui voyant s’effondrer son armée, décide d’affecter ultérieurement la 1 e brigade, à une cinquantaine de kilomètres dans le sud de El Alamein, à Deir el Munassib, en plein désert de rocaille, pour y organiser un « hérisson ». Après la localité d’Amriya, à 30 Km d’Alexandrie, c’est Hélouan qui accueille les Français Libres à partir de début juillet. Auchinleck qui a enfin entendu Catroux, s’est engagé à équiper les deux brigades françaises.

Automitrailleuse type Marmon-Herrington «Monkey- Harry »

(

colonne volante FFL)

La première arrivée sur place, la Brigade Koenig, rejoint à partir du 10 juillet, le camp d’El Tahag, près d’Ismaïlia, elle vient s’y « reconstruire ». Les hommes des 2 groupes de reconnaissance des Spahis marocains, rassemblés à Hélouan, ayant déjà l’expérience de longs raids dans le désert de Cyrénaïque contre les Italiens, trouvent que les automitrailleuses Marmon-Herrington alias « Monkey-Harry » que l’on veut leur confier, sont sous armées pour pratiquer efficacement une guerre du désert qu’ils connaissent. D’ingénieux bricolages faits de pièces de récupération, équiperont désormais, petit à petit, (1 sur 3 c’est à dire 1 par peloton de 3 AM) les véhicules fournis de canons français de

II

25mm. Pour le combat à grande distance, Adrien Conus et une petite équipe des groupes de reconnaissance se chargent d’équiper 12 des camions Ford avec des canons de 75mm, libres en rotation, fixés sur des tourelles de chars prises à l’ennemi. Voilà le « Conus-gun » des Français ! La Brigade Cazaud entre temps arrive à son tour au bivouac d’Hélouan, suivi de près par le groupement Bavière. Ces deux unités ont déjà beaucoup bourlingué au gré des missions successives qu’elles ont reçues de Ritchie. Venant de Beyrouth, Cazaud est arrivé aux environs de Marsa-Matrouh, le 28 avril 1942. Dès mission reçue, un détachement précurseur commandé par le lieutenant-colonel Garbay s’est dirigé vers la région de Sollum-Capuzzo, pour repérer une zone de stationnement où 3 centres de résistance devaient être installés. A peine les travaux commencés, un contre-ordre avait modifié la mission : direction Bardia pour garder les points d’eau et prévenir d’éventuels débarquements par mer. La 2 e BFL installe alors son PC en ville, non loin de celui du général Larminat. Le 24 mai, le dispositif est en place aux ordres du général Briggs de la 5 e DI : il comprend un groupement intérieur aux ordres du commandant de Bollardière chargé de la défense des aérodromes de Baheira et de Sidi-Azeiz , un groupement côtier composé du BM3, du 1 er BLE, de la 21 e CNA et d’un élément du génie pour garder le port et les installations d’eau douce. La Brigade dispersée résout ses problèmes de liaison grâce à l’utilisation de 4 véhicules radio. A partir du 26 mai, la proximité de la bataille de Gazala se faisant sentir (la Luftwaffe bombarde le PC Larminat et les emplacements portuaires gardés par le BM3), le maintien en sécurité des troupes de Bardia n’est plus possible. Le 2 juin, Cazaud passe sous contrôle du commandant de la 10 e DI, les Français sont désignés pour construire un nouvel « hérisson » dans la zone de Gambut. Le 9, le général Catroux est sur place . L’ambiance est à la retraite, le 17, l’ordre de repli est donné, le commandement britannique affecte 120 camions pour transporter la 2 e BFL. Le 18 juin, la brigade presqu’au complet se retrouve à Halfaya qu’elle occupait il y a un mois. Non loin de Gambut, l’interception d’une partie du BLE1 par une quinzaine de panzers agressifs, disperse les légionnaires, blessant le lieutenant Jean Poirel qui parvient cependant à se dissimuler près de la côte entre Bardia et Sollum. Le groupe du général Cazaud, guidé par le lieutenant de vaisseau Franchet, suit le gisement 132 qui devrait mener normalement en Egypte alors que 87 véhicules en trop mauvais état pour suivre la piste, empruntent la via Balbia encombrée. Les troupes de l’Axe talonnent les Alliés, les arrière-gardes britanniques signalent des colonnes de chars et de véhicules allemands progressant sur le Trigh Capuzzo à hauteur de


Sidi-Azeiz. Le 19, les éléments de la 2 e BFL relevés par la 5 e Brigade indienne, évacuent vers la station de chemin de fer d’Abou Haggag où ils arrivent le 23 juin, pour être aussitôt bombardés et témoins de combats aériens intenses. Le 26 survient un nouvel ordre de repli vers El Alamein, faute de véhicules, l’ordre n’est pas immédiatement exécutable par les Français. La pression allemande sur Marsa-Matrouth est telle que la voie ferrée ne peut même pas être utilisée. Il faut se résoudre à abandonner du matériel lourd et les stocks de munitions : Soit en les détruisant, soit en les enterrant après avoir fait le point de l’emplacement. Le 28, la 2 e Brigade a rejoint le Djebel Sambur où elle doit organiser une position défensive. La perte d’El Daba est l’occasion pour la 2 e BFL d’un nouvel ordre de repli. Elle doit rejoindre la 1 e BFL à Hélouan à 30 Km au sud du Caire où elle arrive le 2 juillet à 10h00, harassée par une retraite démoralisante où l’on se replie sans cesse, sans combattre et dans une situation matérielle qui se dégrade de jours en jours. Inspectée dès le 4 par le général Legentilhomme, commissaire national à la guerre, la BFL récupère son groupement Bavière (BM11 et la 23 e CNA, renforcé de détachements de l‘artillerie, du génie, des transmissions, d’intendance et de santé) qui opérait depuis plus d’un mois dans le sud profond, à proximité de l’oasis de Djarabub, pour y exécuter une mission de déception. La mission consistait à lancer une attaque fictive, à partir de Djarabub et en direction de l’oasis de Djalo. Une fausse brigade surnommée « Lion » composée d’une colonne réelle « Dencol » (groupement Bavière et un détachement britannique) devait mettre en place un vrai réseau de transmissions pour faire croire à une action de débordement par le sud avec 150 pseudo-camions, 25 faux canons et des blindés en toile peinte. Les axes de déplacements étaient bordés de caches de ravitaillement (essence, eau et vivres) qui avaient été prépositionnées par un raid spécial de LRDG (Long Range Desert Group). L’opération commencée le 10 juin avait été arrêtée le 14 ; l’avance de Rommel rendant les actions de diversion dans le sud, inutiles. Le 28, Bavière avait évacué Djarabub. Au nord la progression de la DAK maintenant en face d’El Alamein ne lui laissait plus qu’un seul itinéraire : se replier vers l’oais de Siouah puis traverser la dépression de Qattara (- 130 m), longue de 150 Km, réputée infranchissable. Les hommes et leurs 230 véhicules avaient été soumis à rude épreuve. L’alternance classique de terrain mou et de fech fech n’est rien à côté de la terrible traversée de la dépression avec sa terre pulvérulente recouverte d’une croûte qui se brise sous le poids des véhicules et forme des fondrières profondes où le treuil et la remorque seulement permettent de se tirer d’affaire. Un premier regroupement avait été organisé à Cicely Hill le 2 juillet. Le 4, la colonne se ravitaillait une dernière fois sur la piste Bahariya-Le Caire et atteignait Hélouan le 6 juillet mettant fin à une odyssée de 800 Km, menée en 8 jours dans le désert égyptien. Le groupement Bavière n’avait pas eu

l’occasion de se battre, il revenait avec la presque totalité de son matériel. Le temps de souffler, que déjà le BM11 regagne la position d’Aussim à 10 Km du Caire où le capitaine Langlois son nouveau commandant le prend en charge à partir du 19 juillet, en replacement du Chef de Bataillon Bavière appelé à l’étatmajor de la 2 e BFL. L’Afrika Korps devant la ligne El Alamein – Qattara, longue de 56 Km, est à bout de souffle. Rommel se trouve dans une impasse, il est arrivé là avec seulement 85 chars et des fantassins, harassés de fatigue, mourant de soif, brûlés par un soleil de plomb. Il est à la merçi d’un train logistique défaillant. Chacun en est conscient, El Alamein ponctue la ligne de la dernière chance pour les deux Commandants en Chef. Aux attaques non décisives de Rommel répondent celles d’Auchinleck, seulement suffisantes pour stabiliser le front. Les combats parfois noyés dans les tempêtes de sable, durent jusqu’à la mi-juillet puis s’arrêtent. Les hommes n’en peuvent plus. La 90e Légère du général Kleeman est passée de 9 000 hommes en mai, à 2 200 en ce début juillet. L’Afrikakorps de Nehring n’aligne plus que 26 panzers. Des deux côtés, l’heure de se renforcer, se ravitailler et si possible se reposer, a sonné. Les 2 BFL dans la Bataille d’El Alamein A la veille de la 3e bataille d’El Alamein, en octobre 1942, chaque camp représente en volume global 4 divisions blindées et 8 divisions d’infanterie, mais l’arrivée sur le Théâtre des nouveaux chars US « Général Sherman » fait rompre l’équilibre apparent des forces : les deux généraux en chef alignent un millier de chars pour les Alliés et 300 pour l’Axe. Les 400 chars US affectés par le général Marshall ont été expédiés par un convoi maritime spécial ; mais face au besoin pressant, tous les moteurs qui n’avaient pas été montés furent embarqués sur un même cargo. Las ! Il fut torpillé peu après son départ des Etats-Unis. Rassembler de nouveaux moteurs sur un bâtiment rapide ne fut pas une mince affaire. Enfin, le navire prit la mer sans escorte et parvint à rejoindre le convoi. C’est grâce à ce tour de force logistique que le général Montgomery pu disposer de sérieux concurrents aux panzers IV(J) à canon de 75 mm long. En août, Churchill avait placé Bernard Montgomery à la tête de la VIIIe armée et remplacé le général Auchinleck par le général sir Harold Alexander comme commandant des forces au Moyen-Orient. A la même période, le général de Gaulle était venu au Caire inspecter les 2 brigades françaises et féliciter les combattants de Bir Hacheim qui n’avaient pas revu leur chef depuis la campagne de Syrie. C’est l’occasion pour le Chef de la « France

III


Libre » de remettre la croix de la Libération à Koenig et à Amilakvari. Le général . Larminat est absent, en rentrant de visiter les positions de la 2 e brigade en poste à Wahdi Natroun, le 21 juillet, il a été victime d’un grave accident de voiture (fracture du crâne) qui lui a valu un séjour à l’ambulance Hadfield Spears du médecin colonel Vernier. Koenig prend le commandement provisoire des forces françaises qui ont été réorganisées : le bataillon du pacifique (BP) et le 1e bataillon d’infanterie de marine (1e BIM), affaiblis depuis Bir Hacheim, forment maintenant le BIMP du commandant Bouillon ; le 2 e BLE du commandant Bablon est complété par les éléments du 3 e BLE dissous ; le 1e BLE de Bollardière rentre dans le rang ; une nouvelle compagnie antichars divisionnaire voit le jour.Toute la 13e DBLE passe sous les ordres du lieutenant-colonel Amilakvari. Le BM2 qui a perdu presque la moitié de ses tirailleurs est dirigé sur Madagascar, en passant par Beyrouth où le Général décore son fanion de la croix de la Libération. La veille, leur ancien chef de corps le lieutenant-colonel De Roux est tué dans un accident d’avion près d’Alep. A la 2 e brigade, le lieutenant-colonel Alessandri remplace Cazaud désigné au Liban. En provenance du Cameroun, le BM5 du Chef de Bataillon Gardet relève le BM3 d’Allegrini qui s’ent retourne au Tchad. Les premiers soins des Britanniques vers la France Libre, ont été réservés aux unités blindés FFL. Le capitaine Divry a reçu ses chars Crusader tandis que l’équipe de Conus ajustait à sa main, l’armement des véhicules. Tous les FFL veulent en découdre, ils sont prêts. Cette attitude volontaire n’échappe pas aux autorités britanniques et dès début août, Divry et sa 1e compagnie de chars ; Morel-Deville et son 2ème escadron de spahis ; de Courcel et son peloton de Conus-guns passent sous les ordres du commandant de Kersauzon pour former une colonne volante (First French Flying Column) qui va aller opérer dans le sud d’El Alamein, au sein de la très renommée 7 e DB de Harding (les Rats du Déserts). De Kersauzon nomadise autour de Quaret el Humur et Qor el Laban et patrouille le long de la dépression de Qattara, ce qui donne lieu à quelques affrontements sans lendemain, mais c’est une certitude, l’ennemi est là. En raison de l’étendue du no man’s land, il était nécessaire de patrouiller régulièrement pour savoir si l’ennemi n’avait pas fait mouvement. Le 14 septembre Larminat reprend le commandement des deux brigades qui perdent alors leur statut de brigade indépendante et deviennent le groupement des deux divisions légères françaises libres ou Forces Françaises du Western

IV

Desert (FFWD). A partir du 23, il établit son PC dans la villa Farouk 1 e à Agouza-Dokki. Monty l’informe là que les deux brigades rejoindront le XIIIe corps britannique du général Horrocks à Amerya. Tous les équipements que l’on attendait depuis des mois arrivent enfin, annonçant comme prochaine la montée des Français au front. Koenig est rattaché une fois encore à la 7 e DB et dès son arrivée sur zone, il prend sous ses ordres la colonne volante de Kersauzon. Alessandri est affecté à la 50 e DI et s’installe à partir du 20 octobre à Alam el Halfa. Depuis l’échec de son offensive sur le Crête d’Alam El Halfa début septembre, Rommel est acculé à la défensive, la Panzerarmee, trop affaiblie, n’a plus les moyens d’attaquer. De plus, sa santé se dégradant, il doit quitter le désert pour aller se faire soigner en Allemagne. C’est le général Stumme qui prendra le commandement. Montgomery a pris la mesure de la puissante implantation défensive de Rommel. Conscient de l’efficacité des armes antichars allemandes, sur un front statique bien organisé, « Monty » va chercher la rupture de ce barrage avant de lancer ses chars. Les préparatifs ne souffrent pas d’à peu près : la RAF doit maîtriser le ciel, le premier échelon de l’infanterie ne doit s’élancer qu’appuyé par de l’artillerie densifiée et diversifiée, enfin aucun artifice, aucune astuce ne doivent être écartés pour faire croire à l’ennemi que l’effort principal sera prononcé au sud alors qu’il le prévoit au nord de la Crête de Ruweisat. Ce sera l’honneur du général Leese du XXX e corps de pulvériser les lignes de défense de Rommel ; ce sera l’honneur des Français Libres de faire diversion (« a mucky attack » l’a qualifiée Montgomery) à une quarantaine de kilomètres dans le sud, face au piton de l’Himeimat et au plateau de Naqb Rala. Préparation de l’attaque de l’Himeimat

Piton Himeimat / Naqb Rala – observatoire des Italiens. Ref DR


Le16 octobre, Koenig accompagné de Masson, Amilakvari et de Kersauzon grimpent la butte de Qor el Laban qui ouvre la vue sur la future zone d’action qui s’étend sur 15 Km au couchant. Tous les obstacles y sont concentrés, l’inexistence de couverts, le relief inégal, le sable mou, l’exposition au soleil brûlant, au vent, à la poussière, les effondrements de terrain, les champs de mines et le piton d’Himeimat à l’allure de château-fort où sont solidement retranchés des italo-allemands dont on ignore le nombre et le type d’armement. La configuration du terrain ne permettant pas d’observer la plupart des tirs, ils devront être exécutés au jugé ! Le verdict de Koenig tombe : l’assaut sera très difficile voire impossible. Qu’importe ! Harding le 18 vient au PC de Koenig pour faire connaitre le plan de la 7 ème DB, la part de la 1 e BFL reste inchangée, c’est à prendre ou à laisser ! Le lendemain, c’est Alexander en personne qui vient s’informer de l’état physique et moral de la brigade.Il accorde quelques renforcements britanniques en blindés et en artillerie. Pour mener à bien cette mission de l’extrême, Koenig a constitué 4 groupements : groupement A (Amilakvari) chargé de l’effort principal ; groupement K (Kersauzon) qui le couvre par l’ouest et le sud ; groupement C (Laurent-Champrosay) qui l’appuie de ses feux ; groupement B (Bouillon) qui défend la base de départ de Qor el Laban et, en cas de succès, servira de réserve pour conquérir la partie occidentale de Naqb Rala. Les renseignements sur l’ennemi sont sommaires : l’Himeimat serait défendu par un régiment italien dont le dispositif est couvert par deux champs de mines partiellement localisés. Un groupement blindé allemand « Kiel », détaché de la 21e Panzer, serait également sur zone, en position indéterminée. Koenig ordonne des patrouilles de reconnaissance nocturnes pour améliorer sa connaissance de l’adversaire « d’en face », il envoie en particulier le capitaine Messmer pour préciser les contours des champs de mines au pied de l’Himeimat que des photos aériennes récentes ne permettent pas d’identifier. Finalement pour parer aux éventualités, Koenig rédige un ordre de bataille très détaillé, à la mesure des difficultés prévisibles et de l’importance de la réussite de son opération pour l’ensemble du front allié. Le groupement A est composé de la 13e DBLE (BLE 1 et 2 renforcé par la 22 e CNA), d’un détachement mixte de la colonne volante (3 auto-conus de 75mm, 3 auto-mitrailleuses et 3 chars Crusader) et 2 sections du génie (lieutenant Hurlin). Amilakvari doit, après avoir créé deux brêches dans les champs de mines qui protègent les positions italiennes, conquérir de nuit, le plateau de Naqb Rala et s’emparer au lever du jour de Qaret el Himeimat, nettoyer ses abords nord avec l’appui de la totalité de l’artillerie et prendre liaison avec la 7e DB, tout en se gardant face à l’ouest.

Le groupement K (couverture blindée) est formé de la colonne volante, soit une compagnie de chars Crusader, un escadron d’auto-mitrailleuses et d’un peloton d’auto-conus de 75mm. Il doit assurer la protection rapprochée du groupement A jusqu’à ce qu’il ait franchi le premier champ de mines, puis le couvrir vers l’ouest et le sud contre les agissements du groupe blindé « Kiel ». Kersauzon a distribué les missions particulières : -détachement centre (capitaine Morel-Deville) avec 2 pelotons d’auto-mitrailleuses, assure la protection rapprochée de A jusqu’à ce qu’il traverse le premier champ de mines et éclaire sa marche jusqu’au second champ. -détachement nord (sous-lieutenant Candy) assure la couverture de A face au NW et plus particulièrement vers le rebord sud du Qaret el Himeimat. -détachement sud (capitaine Divry) avec le reste de sa compagnie couvre l’attaque au sud et SW dans la zone des débouchés nord de la dépression de Qattara à Munqar Ralat. -détachement de réserve (CB de Kersauzon) avec 2 pelotons d’auto-mitrailleuses et un peloton d’auto-conus, pour parer à toute éventualité. Le groupement C (artillerie) rassemble le 1e RA FFL à 5 batteries – bat. 1 du capitaine Quirot, bat. 2 du capitaine Chavanac, bat.3 du lieutenant Emberger, bat.4 du capitaine Morlon et bat.5 du capitaine Marsault - et 3e RA britannique (soit 44 obusiers de 25 livres et 8 canons de 5 pouces 5 pour l’artillerie de campagne), la DCA (2 sections du 1e BFM du capitaine de corvette Amyot d’Inville, 1 section du 42 e RHA britannique, soit 12 tubes de 40 mm Bofors) et l’artillerie antichars (la 2 e CAC du capitaine Magendie et les détachements anti-chars des 2 BLE). Le tout aux ordres du lieutenant-colonel Laurent-Champrosay qui doit se porter de nuit sur le Qaret Zughailin pour y être prêt au lever du jour. Le groupement B qui est aux ordres du commandant Bouillon est formé du BIMP renforcé d’une section d’obusiers de 25 livres, d’une section de 40 Bofors et d’une section du génie. Outre la sécurité de la base de départ et du Qor el Laban, il doit garder le champ de mines « Nuts » et interdire toute infiltration le long de la dépression de Qattara. Finalement deux jours avant l’heure H, le plan Koenig est reconnu trop défensif et incompatible avec la manœuvre d’ensemble projetée. Un remaniement complet de l’implantation de ses unités est exigé. Le PC de la brigade rejoint celui de l’artillerie tandis que sont mis en place des dépôts de vivres et de munitions, à la manière LRDG. Il est alloué 3 jours de vivres et d’eau. L’impraticabilité du terrain exige la création de deux trouées dans le champ de mines « nuts » pour permettre le déplacement des 2 régiments d’artillerie.

V


Le 23 octobre à 19H00, la 7 e DB et la 1 e BFL sont sur leurs bases de départ. La lune est pleine. A 21H40, loin au nord, le ciel rougeoit des tirs d’artillerie du XXXe corps britannique qui vient de déclencher l’opération « Lightfoot ». L’attaque de l’Himeimat (23-24 octobre)

Après s’être écarté du danger des mines, Bollardière réorganise sa colonne pour bifurquer vers le nord et se placer au débouché du thalweg qui ouvre l’accès au plateau. Mais à partir d’ici, plus rien ne se passe comme prévu : la liaison radio avec Amilakvari est inopérante, une auto-mitrailleuse et 3 Brens sautent sur un dispositif de mines non repéré ; les défenseurs adverses alertés engagent alors toutes les unités par de violents tirs d’armes automatiques et d’artillerie, entraînant la dispersion de matériels précieux de la brigade, comme les mortiers et les canons de 25mm AC. Amilakvari demande des tirs d’artillerie sur le Naqb Rala à 01H15. Du fait des difficultés de liaison radio, le 1 e RA n’ouvrira le feu qu’à 02H03. A 05H15, deux fusées rouge et verte percent la nuit, objectif atteint ! L’assaut du BLE2 qui a suivi celui du BLE1 a amené les compagnies Messmer et Lalande sur l’escarpement du plateau après avoir bousculé au corps à corps le 5e bataillon italien Folgore et fait 108 prisonniers.

Assaut du Piton de l’Himeimat par groupement FFL Ref Guy Crissin

L’idée de manœuvre d’Amilakvari flanqué de ses deux capitaines adjoints Arnault et Saint-Hillier consiste à traverser, à découvert, en garde, le no man’s land rocailleux et sableux qui précède le premier champ de mines. Ensuite avant 05H00, s’emparer avec le BLE1 de la partie sud du plateau de Naqb Rala en l’abordant de flanc par son thalweg sud ouest pour y détruire en priorité, les deux batteries italiennes detectées par les reconnaissances. Le détachement blindé assure la sécurité immédiate de la colonne d’assaut et servira de réserve antichar une fois la position conquise. Le BLE2 en soutien du BLE1 vise la conquête de la partie nord du plateau. Amilakvari place sa voiture PC entre les 2 bataillons, une liaison radio est assurée avec les groupements. Le génie doit ouvrir au plus vite, un passage d’environ 20 m de large parmi le dispositif de mines. Les 2 premières heures ne permettent d’avancer que de 2,5 Km dans l’axe d’approche 275, tant les ensablements des véhicules sont fréquents et seulement dégagés par les remorques des chars. Le champ de mines est atteint peu avant 23H00, les sapeurs parviennent à y ouvrir un passage de 30 m de large qu’emprunte aussitôt le BLE1. Vers minuit au moment où le BLE2 va suivre le même chemin, il est arrosé par un tir d’artillerie qui blesse 6 hommes.

VI

A partir de 07H00, au moment où les deux BLE commencent à décrocher, le BLE2 est attaqué par 5 auto-mitrailleuses d’un groupe de reconnaissance allemand (identifié AA33, appartenant à la 15 e Panzer). Les munitions devenant rares et les fusils anti-chars s’étant enrayés, les légionnaires sont contraints de se retrancher dans les nombreux petits ravins qui entaillent le plateau. Le décrochage – sans liaison radio - des compagnies du BLE2 s’effectue avec beaucoup de difficultés sous des tirs intenses de 105, de mortiers et de mitrailleuses lourdes.Les capitaines Morel et Lalande sont blessés. Tandis que la riposte ennemie ramène le BLE2 vers sa base de départ, une seconde contre-attaque blindée appuyée par de l’artillerie est lancée contre le BLE1 au moment où ce dernier se dirige vers le PC de brigade. Bollardière a été blessé par l’explosion d’une mine. A 09h00 Amilakvari rend compte de la situation à Koenig et demande des ordres, il propose un repli sur la position des batteries au Qaret Zughailin. C’est le moment où Divry annonce qu’il est attaqué par des chars Mark IV et qu’il se replie en conséquence vers le sud, puis c’est au tour de Morel-Deville d’être engagé à l’ouest, et pour finir, c’est Bablon qui annonce que 5 chars allemands contournent le mouvement de terrain où il se trouve. A 09h25, le 24 octobre, Amilakvari est contraint de donner l’ordre de repli général. Cette action s’effectue sous de violents tirs de 105, c’est au moment d’atteindre la côte 150 vers 10H00, après le franchis-


sement du champ de mines qu’un éclat d’obus frappe à la tête le chef du groupement A, blessant en même temps le médecin lieutenant Lepoivre. Amilakvari est immédiatement chargé sur le char de l’aspirant Touny pour être dirigé vers le détachement santé, mais la blessure est mortelle. Le retrait du groupement A ne met pas fin aux combats d’arrière garde et de harcèlement. Les unités blindées de Kersauzon, le 2 ème escadron de spahis, et les chars de Divry repoussent avec l’aide du BIMP, des éléments avancés allemands dont les PanzerGrenadiere se montrent particulièrement agressifs.

L’heure est au remaniement du front Montgomery. Les deux brigades FFL se rejoignent dans la nuit du 27 au 28. Pour accentuer son effort au nord, Monty a fait prélèver des unités sur le XIII e CA. Le 30 octobre les deux BFL déplacées sont en situation : la 2 e BFL au sein de la 50 e DI défend le saillant SW de la zone minée baptisée « Great Circle » ; la 1 e DFL au sein de la 44 e DI défend la zone s’appuyant sur les champs de mines qui prolongent celui de « Rhine » au sud. La volonté agressive des Alliés se manifeste par un système de patrouilles où l’on fait des coups de main : la 2 e BFL au sud de Great Circle et notamment dans la dépression de Deir el Angar et la 1 e BFL dans le secteur de Deir el Munassib, entre les champs de mines Don et Danube. Dans ce cadre, Koenig fait monter une action sur la côte 92 dans la nuit du 31 octobre au 1 e novembre. C’est la 3 e compagnie du BIMP du capitaine Laborde qui la mènera. En dépit des précautions prises, les mouvements sur les positions tenues par le BIMP n’échappent pas aux Italiens qui bombardent à 17H00 le PC du bataillon et la 3e compagnie.

Char « Vidi » du groupement K (FFL Logez, Deschamps, Sarcelet) Ref Anciens de la Cie des chars

C’est ce même jour que Rommel en convalescence est rappelé d’urgence sur le front égyptien. Il est à pied d’œuvre dès le 25 en début de nuit. Soit 2 jours après que Montgomery eut déclenché l’opération « Lightfoot » et un jour après que le général Stumme fut mort d’une crise cardiaque lors d’une embuscade. Bien que manquant cruellement de carburant, Rommel ordonne cependant le déplacement des réserves vers le nord. La 90 e Légère, la 21 e panzer et l’Ariete apparaissent alors dans les secteurs les plus actifs où les Australiens, Néo-Zélandais et Sud-Africains « grignotent » les lignes de défense allemandes. Le 25, l’état-major de la BFL fait un premier bilan des pertes. Le bilan définitif des attaques de l’Himeimat s’élève à 23 tués dont 2 officiers et 100 blessés dont 8 officiers. La 7 e DB, au nord de l’Himeimat n’a pas réussi non plus, renouvelant pourtant ses attaques dans la nuit du 24 au 25 octobre, elle y a perdu 31 chars sans porter gravement atteinte à la ligne de défense italo-allemande du plateau.

A 22h30, la 3 e compagnie quitte sa base de départ par sections successives. Trois quarts d’heure plus tard, alors que la lune se lève, de Laborde donne le signal de l’assaut. La réaction italienne est immédiate et violente ( les italiens qui se trouvent en face de la 3 ème Cie du BIMP, se compose de parachutistes de la division « Folgore » ayant tous de nombreux sauts à leur actif) Engagées successivement, les 3 sections sont bloquées à une centaine de mètres de la côte 92. Estimant que la progression est désormais impossible, le commandant Bouillon ordonne le repli à 23H30. L’affaire coûte au BIMP, un tué (le sous lieutenant Domange) , 3 disparus dont le caporal chef Mourgues tué et enterré par les italiens sur leurs positions et dont le corps sera par la suite enterré dans la crypte du Mont Valérien, et 15 blessés. Les succès que remportent les troupes australiennes dans le nord montrent que la guerre de position risque de ne plus durer longtemps. Au cours de la nuit du 1 e au 2 novembre, dans le secteur du BM11, des tirs alliés suivis de mouvements de Bren-carriers indiquent la préparation d’une base d’attaque contre des Italiens. Ils y répondent plutôt mollement. A la poursuite de Rommel Le 2 novembre à 00 h 55 , Monty lance « Supercharge » dans la région du Tell El Aqqaqir. Dès le 3, sur le front des 2 BFL, les observatoires signalent des mouvements ennemis vers le couchant et un calme anormal sur des positions pourtant solidement tenues la veille.Le BIMP resté sur son échec, ne tarde pas à réagir en envoyant une patrouille sur la côte 92, la position est trouvée inoccupée. Koenig ordonne alors aux autres bataillons de pousser vers l’ouest.

VII


Le 4, cette fois le front craque emportant les dernières lignes de défense allemandes, les DB britanniques écrasent tout sur leur passage. Rommel a ordonné le repli général quelques heures plus tôt. L’Afrika Korps est décimée, son commandant le 2 novembre à 00H55, Monty lance « Supercharge » dans la région du Tell El général von Thoma est fait prisonnier. Le 5, la poursuite commence mais le groupement des deux brigades françaises Libres n’a pas de moyens de transports pour suivre le train des opérations de Monty. Elles doivent s’arrêter. Le 6, comme les autres unités de la 50 e DI, le BLE2 reçoit la mission de récupérer le matériel ennemi abandonné tout en ne faisant pas de déminage. La pluie aussi ralentit la progression. Dans la nuit du 7 au 8 novembre à 3000 Km à l’ouest d’El Alamein, 100 000 soldats d’un corps expéditionnaire américano-britannique débarquent sur les plages du Maroc et de l’Algérie. Le 14, Montgomery informe Larminat que ses unités ne pouvant pas être utilisées dans la phase de poursuite, il a décidé de les retirer du front et de les placer en réserve d’armée. La colonne volante qui était restée à Qor el Laban est incluse dans cet ordre.

VIII

C’est naturellement une décision qui déplaît souverainement aux Français Libres, les cadres et la troupe accueillent avec humeur la décision de Montgomery. C’est à un point tel que Catroux envisage un moment de ramener tout son monde au Levant. Lors d’un entretien avec Alexander, les deux généraux trouvent un compromis apte à faire patienter, le commandant en chef promet que les deux brigades recevront bientôt leurs moyens de transports et seront engagés. En attendant pour gage de bonne volonté, le BIMP et la colonne volante seront tout de suite poussés vers l’avant. Le 22 novembre, le BIMP est détaché à la 12 e brigade anti-aérienne, tandis que la colonne volante est réorganisée, à partir du 10 novembre, en 1e Régiment de Marche de Spahis Marocains (1 e RMSM). Le régiment est placé sous les ordres du commandant Rémy, officier rallié de Syrie. La colonne volante est mise à la disposition de la 50 e DI à partir du 4 décembre. Pas pour longtemps ! Elle reçoit bientôt l’ordre de se porter dans la région de Tobrouk pour être rattachée à la 4 e DI indienne. C’est tout ce que feront les autorités britanniques pour les Français Libres pendant de longs mois !


CHRONIQUE

Des agents de la France libre en Afrique du Nord e 1er juillet 1940, le général de Gaulle reçoit à son QG le capitaine Dewavrin, l’un des rares officiers des troupes françaises du corps expéditionnaire de Norvège ralliés à la France Libre. Polytechnicien et anglophone, celui-ci est nommé chef des 2ème et 3ème Bureaux de son état-major, chargés du renseignement et des opérations.

L

engagés. Déguisés en aviateurs polonais, ils ont embarqué clandestinement à Casablanca le 2 juillet, avec quatre autres camarades, à bord du Djebel Dersa. Arrivés à Gibraltar le 3, ils ont ensuite trouvé place à bord du cargo italien Capo Olmo, qui les a conduits à Liverpool le 17. Le lendemain, à Londres, ils se sont engagés dans les Forces françaises libres :

Très rapidement des missions sont mises sur pied. Encouragé par des témoignages qui lui font escompter l’existence d’une résistance militaire en Afrique du Nord1, de Gaulle donne la priorité à ce territoire dans les objectifs du 2ème Bureau. Le 25 juillet, Passy communique à l’Intelligence Service (IS) le souci du Général d’envoyer « des agents rapidement en Afrique du Nord » pour évaluer les dispositions des chefs militaires, la répartition des forces armées et l’activité des commissions d’armistice allemande et italienne. Les missions envisagées par Passy doivent combiner le renseignement et l’action : « formation de cadres gaullistes (en particulier, si possible, parmi les officiers des affaires indigènes) ; étude des possibilités de recrutement et d’évacuation de personnel pour la France Libre ; établissement d’un système de propagande gaulliste 2. » Le but est non seulement de créer un réseau de renseignements, mais aussi de favoriser l’évasion d’officiers et de favoriser une action armée en faveur de la reprise du combat.

•le lieutenant Alexandre Ter Sarkissoff, saint-cyrien né le 14 décembre 1911 à Paris, officier du 1er régiment étranger d’infanterie, détaché en stage à l'Ecole des observateurs en avion de Rabat en janvier 1940 ; • le lieutenant Claude Guérin, également saint-cyrien né le 6 juin 1912 à Cholet, servant au Maroc au Service des affaires indigènes et lui aussi en stage d’observateur en avion à Rabat en juin 1940 ; • le lieutenant Pierre Puech Samson, officier de réserve né le 28 décembre 1915 à Gaillac (Tarn), mobilisé à Blida en 1939 et commandant le peloton d’éclaireurs motocyclistes du 1er régiment de tirailleurs algériens ; • le lieutenant Jean Bazaugour, officier d’active né le 14 mai 1914 à Bassilac (Dordogne), breveté navigateur bombardier3.

Preuve de l’importance que leur accordent la France libre et les Britanniques, une dizaine d’agents sont prévus, dont quatre opérateurs radio. Quatre officiers de la base aérienne de Rabat ont déjà été

Passy recrute également Jacques Pécheral4, décrit par Jean Oberlé comme « un méridional de Nîmes », qui a abandonné un navire dont le commandant voulait rentrer en France et que Passy leur adjoint comme opérateur radio. Quatre autres opérateurs radio, deux Français et deux Belges, viennent compléter l’équipe : • le quartier-maître radio Jean Jouan, né le

23 mai 1917 à Trégomeur (Côtes-du-Nord), engagé le 18 juillet à Londres ; • le quartier-maître radio Camille Papin, mécanographe de profession, chef d’un service de machines statistiques, né le 19 mai 1909 à Doué-la-Fontaine (Maine-etLoire), engagé dans les Forces navales françaises libres le 29 juillet ; • André Nibelle, ingénieur des mines né le 14 juin 1903 à Mons (Belgique), installé depuis 1925 en Afrique du Nord, embarqué à bord du Capo Olmo à Marseille par le commandant Vuillemin, de ses amis, qui l’enregistre en qualité de commissaire, engagé dans les Forces françaises libres le 24 juillet 5; • Edouard Nibelle, frère du précédent. Deux équipes sont constituées. La première concerne l’Algérie et comprend Puech Samson, Bazaugour et Edouard Nibelle. La seconde, qui doit être envoyée au Maroc, est constituée de Guérin, auquel on confie plus spécifiquement le Sud marocain, Ter Sarkissoff, qui de son côté doit s’occuper du Nord marocain et de Sidi Bel Abbès, Pécheral et Jouan. Avec les deux autres opérateurs radio, Papin et André Nibelle, ces deux groupes quittent l’Angleterre le 23 août et sont conduits à Gibraltar, où ils sont pris en charge par le major anglais Cody, qui s’occupe de leur passage en Afrique du Nord. La première est déposée par un torpilleur sur une plage près d’Agadir, par une mer déchaînée, dans la nuit du 20 au 21 septembre ; la seconde débarque près de Mostaganem le 26. Mais la police est avisée quelques jours plus tard de ces opérations, suite à la découverte des canots qui avaient été amenés à terre.

1 Passy signale, dans ses Mémoires (p. 422), que de Gaulle « fut tenu au courant de l’évolution en Afrique du Nord par le capitaine Charles Luizet qui, en poste à Tanger, s’était mis à sa disposition dès la première heure. » Compagnon de la Libération, Luizet câble dès le soir du 18 juin son ralliement au général de Gaulle, qui lui donne l’ordre de rester en poste à Tanger afin d’y établir un réseau d’informations. Nommé administrateur-adjoint à Tanger, il envoie à Londres d’importants renseignements et monte un réseau de renseignements et d’action qui fonctionne jusqu’au débarquement du 8 novembre 1942. Par ailleurs, il assure la diffusion des tracts et la transmission des messages de la France libre, et organise le départ vers Londres de plusieurs personnalités, comme Gaston Palewski ou Maurice Dejean. Affecté en janvier 1941 au SR Terre à Vichy, il est nommé sous-préfet de Tiaret, dans le département d’Oran, en janvier 1942. Il est le seul chef civil d’Afrique du Nord à faciliter le débarquement anglo-américain, en novembre, en empêchant la garnison de s’y opposer. 2 Colonel Passy, Mémoires du chef des services secrets de la France Libre, Paris, Odile Jacob, 2000, p. 89. 3 Son nom est orthographié « Bazancourt » dans Envers et contre tout de Jacques Soustelle, L’Empire écartelé, 1939-1946 de Paul-Marie de La Gorce et Les Services secrets du général de Gaulle de Sébastien Albertelli ; « Bazaucourt » dans Les Fers de l’espoir de Claude Hettier de Boislambert ; « Bazaugourt » dans les Mémoires du chef des services secrets de la France Libre du colonel Passy. 4 Maurice Pasquelot le présente comme « un quartier-maître de la Marine » dans Les Dossiers secrets de la Marine : Londres-Vichy 1940-1944, p. 111. De son côté, Brooks Richards lui donne le grade de « second maître » dans Secret Flotillas : Clandestine sea operations in the Mediterranean, North Africa and the Adriatic, 1940-1944. Guy Raïssac le signale comme un journaliste parisien dans Un combat sans merci. 5 Pierre Accoce, Les Français à Londres 1940-1941, Balland, 1989, p. 73. Voir également Pierre Santarelli, « La marine marchande FNFL », Revue de la France libre, n° 270, 2e trimestre 1990 (rééd. André Casalis (éd.), La Mémoire des Français Libres – Hommes et Combats, Fondation de la France Libre, 2002, tome 5, p. 267.

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CHRONIQUE Au Maroc, Pécheral est arrêté 24 heures seulement après son arrivée6. Interrogé, il révèle – ce que Passy ignorait et qu’il ne découvrira que plus tard, en lisant les procès-verbaux de ses interrogatoires – que l’Intelligence Service l’a par ailleurs chargé d’une mission particulière7. De son côté, Claude Guérin se met immédiatement en contact avec de nombreux officiers et commence à monter un réseau de renseignements. Toutefois, il se lie avec un personnage trouble, le baron Louis Piscatory de Vaufreland, qu’il a connu par l’intermédiaire d’une amie et que les sources britanniques lui ont présenté comme un « chaud partisan de la résistance ». Mis en confiance, il finit par lui révéler sa véritable identité, l’intégralité de sa mission, ainsi que l’identité et la mission des autres agents. Or, Vaufreland le dénonce au commissaire chef de la brigade de Casablanca ; Guérin est arrêté à son tour le 21 octobre, suivi par Jouan le 22, Ter Sarkissoff le 24 et Edouard Nibelle. Une information est ouverte à leur encontre pour trahison, désertion avec complot à l’étranger en temps de guerre et atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat. En Algérie, le travail de l’équipe des Français libres est compliqué par des défauts de coordination avec les Britanniques. En septembre 1940, le commissaire André Achiary, chef de la brigade spéciale de surveillance du territoire (BST) dans le département d’Alger, a envoyé son ami, le norvégien Carl Hofgaard, à Gibraltar, afin d’établir un projet de liaison permanente entre la France libre et l’Afrique du Nord et de préparer la dissidence. Mais Cody a omis de signaler ce contact à Puech Samson. Débarqués près de Mostaganem, Bazaugour, Papin, Nibelle et Puech Samson établissent leur quartier-général aux fabriques de cigarettes Jobert, qui appartient aux parents de ce dernier, et parcourent pendant un mois l’Oranie, collectant des renseignements et entrant en contact avec plusieurs sympathisants8. Toutefois, le 10 novembre, alors qu’ils

s’apprêtent à reprendre la mer pour Gibraltar à bord d’une tartane, ils sont arrêtés sur une plage près d’Oran, à Bou Sfer. A ce moment seulement, Achiary apprend leur existence et entre en contact avec eux, lors d’un interrogatoire, bien qu’elle soit en dehors de sa juridiction. S’il ne peut empêcher la condamnation des inculpés, il s’emploie à étouffer leur affaire. De leur côté, ceux-ci lui apprennent le détail de leur mission, ainsi que l’endroit où est caché leur poste-émetteur. Il réussit à le dérober aux recherches des autorités et à s’en emparer. Achiary a constitué une équipe comprenant l’ingénieur Jean L’Hostis et Louis Lalanne, propriétaire de l’AlbertHôtel. C’est dans cet hôtel, où logent des Allemands et des Italiens des commissions d’armistice, qu’ils ont leurs réunions, dans la chambre n° 11. En novembre, L’Hostis rencontre un agent de l’Intelligence Service dénommé Thublier, dit « le Hibou », qui lui remet un code pour utiliser le posteémetteur. L’équipe d’Achiary et de L’Hostis parvient ainsi à entrer en contact avec Londres, mais sans que la France libre en soit informée. Jusqu’au débarquement de novembre 1942, les Britanniques la tiendront à l’écart des affaires d’Afrique du Nord. Incarcéré à la prison militaire d’Oran, puis à celle d’Alger le 25 novembre 1940, Puech Samson bénéficie d’appuis locaux. Jugé par le tribunal militaire d’Alger, il n’est ainsi condamné qu’à cinq ans d’emprisonnement avec sursis, le 10 septembre 1941, et libéré le même jour. Placé en résidence surveillée, il s’engage, au lendemain du débarquement angloaméricain en Afrique du Nord de novembre 1942, dans le Corps franc d’Afrique et participe, en qualité de commandant d’une compagnie d’infanterie, à la campagne de Tunisie, au cours de laquelle il est blessé, le 27 avril 1943, au Djebel El Sema, en menant ses sections de tête à l’assaut. Puis, volontaire pour le corps des Parachutistes, il est affecté en novembre

1943 au 4e bataillon d’infanterie de l’air (4e BIA), affilié à la brigade Special Air Service (SAS), qui prendra le nom de 2e régiment de chasseurs parachutistes (2ème RCP) – 4ème SAS pour les Anglais. Promu capitaine, il est parachuté en Bretagne le 9 juin 1944, dans le cadre des opérations du débarquement de Normandie, et prend part aux combats du maquis de Saint-Marcel, durant lesquels il est blessé à deux reprises à la tête d’un groupe de bataillons des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Promu commandant en août, il participe, en septembre, à des opérations de nettoyage dans le sud de la Loire et la région de Bordeaux avec le 2ème RCP, dont il prend la tête en novembre. Entre le 24 décembre 1944 et le 30 janvier 1945, son régiment intervient dans la bataille des Ardennes, en venant en aide à la 101ème division aéroportée américaine, assiégée dans Bastogne ; il est une nouvelle fois blessé le 27 janvier. Enfin, en avril 1945, lui et ses hommes sont parachutés aux Pays-Bas, où ils paralysent le trafic ferroviaire, télégraphique et électrique à l’est de la voie ferrée Groningen-Hoogeveen et mettent hors de combat le général commandant la Feldgendarmerie du pays, ainsi qu’une partie de son état-major. En ce qui concerne le capitaine Bazaugour, de retour en Grande-Bretagne le 17 juillet 19439, il reprend ses activités de renseignements au BCRA puis, à partir du 23 novembre 1944, à la Direction générale des études et recherches (DGER). Condamné le 29 avril 1941 à deux ans d’emprisonnement avec sursis pour « crimes et manœuvres contre l’unité et la sauvegarde de la patrie », André Nibelle sert quant à lui au BCRA jusqu’en juillet 1944, avant de participer à la campagne de France à partir d’août au sein de la 9ème compagnie de la 13ème demi-brigade de Légion étrangère (13ème DBLE) avec le grade de lieutenant. Transférés en France et traduits devant la cour martiale séant à Gannat (Allier), Ter

6 Selon Maurice Pasquelot (Les Dossiers secrets de la Marine, p. 111), le Centre de Renseignements Marine de Casablanca a été mis en alerte dans les premiers jours d’octobre, des petits bâtiments dont la nationalité n’avait pu être déterminée ayant été repérés au large de la côte, et le service de contreespionnage a mis en place une surveillance. Un soir, les hommes de ce service ont aperçu sur la plage de Safi une embarcation qui approchait du littoral, le moteur stoppé pour ne pas faire de bruit. Trois hommes chargés de valises et de sacs en descendent et remontent lentement jusqu’à la petite route qui borde la plage. C’est là qu’ils sont arrêtés. Il s’agit de « deux officiers des Affaires Indigènes qui se nomment Guérin et Terserkissof (sic) et un quartier-maître de la Marine, un certain Pécheral ». 7 Selon Maurice Pasquelot (Les Dossiers secrets de la Marine, p. 111-112), Pécheral avoue dans la première heure de son arrestation collaborer à l’Intelligence Service. 8 Voir Marcel Aboulker, Alger et ses complots, Les Documents Nuit et Jour, 1945, p. 60. 9 La « mission Bazaugour » est reconnue « unité combattante » du 27 août 1940 au 16 avril 1943, selon Michael R. D. Foot, SOE in France. An Account of the Work of the British Special Operations Executive in France 1940-1944, Londres, Her Majesty's Stationery Office, 1968 (rééd. Londres, Whitehall history publishing, 2004).

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CHRONIQUE Sarkissoff, Guérin et Pécheral sont condamnés le 25 février 1941 à vingt ans de travaux forcés et à la confiscation générale de leurs biens, pour crime et manœuvres contre l’unité et la sauvegarde de la patrie, la peine de Pécheral étant également alourdie de dix ans d’interdiction de séjour. Pour sa part, Jouan est condamné à dix ans de travaux forcés10. Le procureur avait requis la peine de mort à l’encontre de Guérin, celui-ci étant « chef de mission et ne manifestant aucun regret de sa trahison ». Après neuf mois d’un régime très dur de détention cellulaire dans la prison de Saint-Etienne, ils sont transférés, en décembre 1941, dans la prison de Gannat, où sont également internés plusieurs gaullistes arrêtés lors de la tentative de ralliement de Dakar, en particulier Antoine Bissagnet et Claude Hettier de Boislambert. Ce dernier raconte : « En arrivant aux douches, nous croisons un groupe qui en revient. Soudain je me rends compte que Guérin, Jouan et Ter Sarkissof font partie de ce groupe. Pâles, hâves, les côtes saillantes, les yeux immenses et fiévreux, les pommettes ressorties, ils sont méconnaissables. En quelques dixièmes de secondes je leur donne l'essentiel des nouvelles. Ils ne savent rien, semblent souffrir atrocement, mais font preuve de beaucoup de courage et de cran. Cependant, si ce régime doit durer, combien d'entre nous survivront-ils ? »11 Le 2 décembre 1942, Pécheral parvient à s’évader, avec Boislambert et Bissagnet, grâce à la complicité des autres détenus gaullistes et de la mère de Boislambert, Mme de Bonneval. Vers 17h30, au moment de regagner leurs cellules, les trois hommes se dissimulent derrière les urinoirs puis attendent la nuit pour se hisser sur le toit et, de là, grimper le mur qui sépare la cour du chemin de ronde. Puis grâce à l’aide de deux patriotes de Gannat, MM. Berthelot et Perrin, ils franchissent le mur d’enceinte de la prison – un mur de 12 mètres de haut datant du XIIème siècle – à l’aide d’une corde.

En Angleterre, Pécheral rejoint la 2ème division blindée de Leclerc et débarque avec elle en Normandie en août 1944 ; il meurt dans les combats d’Alençon12 . En représailles, les derniers prisonniers gaullistes sont transférés le 2 février 1943 à Riom, où ils rencontrent le général de Lattre de Tassigny (dont ils favorisent l’évasion, le 2 septembre suivant), condamné à dix ans de prison, et Jean Zay, condamné à la déportation perpétuelle. Le régime y est plus dur qu’à Gannat, d’autant qu’on les remet sous le régime de « droit commun ». Après deux échecs, le 31 décembre 1943, Ter Sarkissoff, Guérin et Jouan s’évadent à leur tour, en compagnie d’Edmond Louveau, administrateur de Haute Côte d’Ivoire (Haute-Volta) arrêté en août 1940 à Dakar pour avoir tenté de rallier son territoire à la France libre, avec l’aide du comptable de la prison, Krier, ainsi que des gendarmes et des hommes des groupes mobiles de réserve (GMR) appartenant à des réseaux de Résistance. La prison communique avec le Palais de Justice par un souterrain datant du Moyen Âge, qui a été remis en état en 1940, en vue du procès de Riom. Partant de la cave qui sert à entreposer les vivres, il est fermé par quatre portes, dont une blindée. Le 31 décembre, à 19 heures, quatre hommes de l’Armée secrète, conduits par un officier, « Rolland », alias le professeur René Glotz, agent du réseau français libre Brutus13 , pénètrent dans la cave, grâce à des fausses clefs. Puis l’officier passe par un soupirail étroit, dont les prisonniers ont scié les barreaux à l’aide de scies à métaux introduites grâce à la complicité des gendarmes, et pénètre dans une petite cour dont les prisonniers ont la disposition dans la journée. Puis, conduit par Krier, il ouvre la porte de leur cellule, qui se trouve au centre de la prison, au rez-de-chaussée, toujours grâce à de fausses clefs. Au retour, après la traversée du soupirail et du souterrain, les quatre prisonniers sortent du Palais de Justice par la grille de

la porte d’honneur, encore une fois grâce à une fausse clef, ainsi qu’à l’absence du concierge, occupé à préparer son réveillon. Arrivés vers 23 heures à Lapalisse, ils sont recueillis dans un hôtel. Après avoir participé plusieurs mois durant aux actions de la Résistance dans la Loire et le Puy-de-Dôme, ils reçoivent l’ordre de rejoindre Londres. Passés à la mi-mars 1944 en Espagne, ils subissent plusieurs semaines d’internement au camp de Miranda. Guérin part ensuite en avion pour la capitale britannique le 13 mai, où le colonel Hettier de Boislambert le prend comme sous-chef d’état-major de la Mission militaire de liaison administrative (MMLA). Promu capitaine, il débarque en Normandie le 22 juin prend la charge des liaisons avec les officiers détachés à la 3e armée américaine, dont il suit l’avance en Bretagne et sur Paris, où il arrive le 25 août. Après la dissolution de la MMLA, élevé au grade de commandant, il refuse son quatrième galon pour intégrer la 1re armée française, où il est affecté au 2e groupe de tabors marocains le 16 novembre. Il participe ainsi aux campagnes des Vosges, d’Alsace et d’Allemagne au sein du 47e Goum, se distinguant particulièrement dans les combats menés au sud de Sélestat, du 22 au 31 janvier 1945, où il harcèle l’ennemi par des patrouilles incessantes. Quant à Ter Sarkissoff, il parvient à Alger, par Gibraltar, en avril 1944 et intègre, au début de mai, le groupe des Commandos de France en formation à Stanoneli, prenant très vite le commandement du 2e Commando de France. Blessé en juillet dans un accident de jeep, il est hospitalisé jusqu’en octobre et ne peut participer au débarquement de Provence. Rentré en France, il obtient, en novembre, d’être affecté à la 13e DBLE, qu’il rejoint dans les Vosges. Promu capitaine, il devient l’adjoint du chef de bataillon André Lalande, commandant du 3e bataillon, et prend part à la fin de la campagne des Vosges et à la campagne d’Alsace, où il

La condamnation de Jean Jouan donne lieu à un « arrêt rectificatif d’identité » de la cour martiale en date du 13 juin 1941, les dispositions de l’arrêt rendu le 25 février 1941 sous le n° 3 s’appliquant « au nommé Jouan, Jean, François, Marie », celui-ci ayant pris un faux état-civil. Voir Guy Raïssac, Un combat sans merci. 11 Claude Hettier de Boislambert, Les Fers de l’espoir, Plon, 1978. 12 Jean Oberlé, Jean Oberlé vous parle : souvenirs de cinq années à Londres, La Jeune Parque, 1945, p. 132. 13 Selon Jean-Marc Binot et Bernard Boyet (Nom de code Brutus : histoire d’un réseau de la France libre, Fayard, 2007, p. 101), il s’agit de « René Glotz, né à Paris en 1903, docteur ès lettres, directeur littéraire d’une maison d’édition, professeur de lettres aux lycées français de Bruxelles et de Tanger avant guerre. Poète, il a publié un recueil, À mon gré, publié aux éditions Au sans pareil en 1928. Prisonnier en 1940, il s’évade de son stalag, et se retrouve sans emploi en raison du statut réservé aux juifs à cette époque. C’est un de ses amis, Ettinghausen, qui le fait entrer dans le réseau, pour s’occuper des liaisons notamment avec la Savoie. Dans la région de Grenoble, c’est un avocat, Henri Mulvidson, alias Teddy, qui a monté un groupe dans lequel entre Jacques Lutz, un Alsacien patriote, pseudonyme Léon. Une de ses missions est d’assurer le codage et le déchiffrage des messages radio entre la France et la Suisse, grâce à un émetteur clandestin installé au col du Télégraphe, en Savoie. Ancien salarié chez Hachette, Lutz est aussi chargé de nouer des contacts avec le syndicat du Livre. » 10

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CHRONIQUE effectue personnellement de nombreuses patrouilles, et, du 26 au 31 janvier 1945, lors des durs combats des Bois d’Elsenheim, où il coordonne l’attaque de compagnies de voltigeurs. Son action lors de la bataille du massif de l’Authion, dans le sud des Alpes, lui vaut d’être proposé pour une citation à l’ordre de l’Armée, à la suite de la prise de La Réole en avril 1945. Pour sa part, Jouan passe la frontière espagnole le 16 mars et arrive le 23 à Alger, où il est affecté au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), successeur du 2ème Bureau. Le 7 avril 1945, une balle le blesse à la face externe de la cuisse droite, lors d’une mission. Puech Samson a été fait compagnon de la Libération par décret du 29 décembre 1944, Ter Sarkissoff et Guérin le 20 janvier 1946.

Sources Sébastien Albertelli, Les Services secrets du général de Gaulle. Le BCRA 1940-1944, Perrin, 2009, p. 42-43 et 81-88. André Dewavrin (alias le colonel Passy), Mémoires du chef des services secrets de la France Libre, préface et notes de Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Paris, Odile Jacob, 2000. Maurice Pasquelot, Les Dossiers secrets de la Marine : Londres-Vichy 1940-1944, Nouvelles Editions Latines, 1977. Guy Raïssac, Un combat sans merci, l’affaire Pétain-de Gaulle, Albin Michel, 1966. Jacques Soustelle, Envers et contre tout, tome 1 : De Londres à Alger (1940-1942), Robert Laffont, 1947. Edmond Louveau, « Evasion de Riom », Revue de la France libre, n° 119, juin 1959 (rééd. André Casalis (éd.), La Mémoire des Français Libres – Hommes et Combats, Fondation de la France Libre, 2002, tome 3, p.1180-1182.

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CHRONIQUE

L’opération Menace et la répression vichyste (1re partie)

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e 31 août 1940, une escadre anglogaulliste quitte les ports de Scapa Flow, de la Clyde et de Liverpool. A bord des paquebots néerlandais Pennland et Westerland, se trouvent le général de Gaulle et 2350 hommes des Forces françaises libres. Leur objectif : obtenir le ralliement de Dakar, et avec elle de l’ensemble de l’Afrique occidentale française (AOF), quelques jours après les « Trois glorieuses de l’Empire » (26, 27 et 28 août 1940), qui ont vu l’essentiel des territoires de l’Afrique équatoriale française (AEF) rejoindre le giron de la France libre. Cinq jours plus tôt, un premier convoi de cargos a appareillé de Birkenhead.

breux officiers (parmi lesquels JeanClaude Laurent-Champrosay et Emile Tutenges), sous-officiers et soldats européens de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou passent en Gold Coast, ainsi que des civils.

La musique de la légion à bord du Pennland (Amicale de la 1re DFL).

contre-amiral Bourragué, ont réussi à franchir, sans la moindre réaction de la part des Britanniques, le détroit de Gibraltar, en direction de Dakar. Arrivés le 14 septembre à Freetown, Britanniques et Français libres discutent de l’attitude à adopter, devant ce renforcement des forces vichystes. Finalement, l’opération sur Dakar est maintenue, sans grandes modifications par rapport au projet initial. Dès le 16 septembre, un hydravion s’est envolé pour Bathurst (Gambie), avec à son bord deux émissaires français libres, le médecin lieutenant André Brunel1 et l’aspirant Akoum, chargés de prendre contact avec l’administrateur de la subdivision de Foundiougne (Sénégal), Marcel Campistron, qui les attend, et son adjoint Antoine Bissagnet.

Le général de Gaulle et Thierry d’Argenlieu à bord du Westerland.

Le matin du 13 septembre, des bâtiments britanniques détachés de Gibraltar les rejoignent, dont le porte-avions Ark Royal et les cuirassés Barham et Resolution. Ce qu’ils ignorent alors et n’apprendront que dans l’après-midi, à la suite d’un communiqué, diffusé sur les ondes de la BBC, c’est que, deux jours plus tôt, trois croiseurs et trois contre-torpilleurs vichystes partis de Toulon le 9, sous les ordres du

Toutefois, l’attitude de plusieurs responsables du territoire évolue, au cours du mois, au début d’août, le gouverneur général Boisson convoque Louveau à Dakar, sous prétexte de lui faire connaître sa position sur le ralliement de l’AOF, et le fait arrêter. Il est interné à l’hôpital, puis à la prison de Médina. A Dakar, le directeur de l’Ecole normale Maurice Kaouza, de retour de la base aérienne de Gao (Soudan français, actuel Mali) après sa démobilisation, établit des contacts avec d’autres partisans de la lutte, parmi lesquels Alfred Goux, maire de la ville, Turbet, président de la Chambre de Commerce, et maître Sylvandre.

La situation en AOF avant l’opération

Toutefois, après le ralliement de l’AEF, le gouverneur général met les troupes en alerte, fait surveiller les gares et les routes, et fermer les frontières. Le 1er ou le 2 septembre, sous prétexte d’aller à la chasse, Kaouza se rend à Kaolack, où il est recueilli par le président de la Chambre de Commerce, dans l’espoir de passer en Gambie. De là, il rejoint la bourgade de Koungheul, où il prend une pirogue qui le conduit jusqu’à Bathurst.

Dès juin 1940, des Français d’AOF prennent des initiatives afin de ramener ce territoire dans le combat. En Haute-Volta (Burkina-Faso), l’administrateur en chef Edmond Louveau réunit à Ouagadougou, les 19 et 20 juin, le colonel Toccanier, commandant militaire de Haute-Volta, les administrateurs, chefs de service, commerçants et anciens combattants, qui lui confirment leur volonté de poursuivre la lutte. Fort de cet appui, Louveau fait passer deux jours plus tard par la Gold Coast (Ghana) un message d’adhésion au général de Gaulle. Au début de juillet, de nom-

Là, il obtient du gouverneur britannique d’envoyer au général de Gaulle un télégramme l’informant de la situation à Dakar. Le lendemain, des milliers de tracts appelant les Français de Dakar à rallier la France libre sont imprimés le lendemain. Puis, le 5 septembre, Kaouza repart vers le Sénégal en pirogue. Toutefois, il est arrêté2 et conduit dans les bureaux de la Sûreté, à Dakar, où il prétend qu’il était parti prospecter dans la région frontalière. Bientôt libéré, il est destitué quelques jours plus tard, après une entrevue « orageuse » avec

1 Médecin militaire au Levant en 1940, André Brunel (1912-1981) passe en Palestine avec le colonel de Larminat, qu’il suit au Caire puis à Lagos. Engagé dans les Forces françaises libres sous le nom d’Arundel, il est nommé à l’état-major du général de Gaulle, à Londres. Officier de liaison à la 6e brigade indienne pendant la campagne de Syrie (juin 1941), puis haut-commissaire de France pour les territoires du Haut-Djéziré, médecin-capitaine au sein du 1er régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM) en Libye et en Tunisie, médecin-chef de la délégation de la France combattante (juillet 1943-juillet 1944), il a été fait compagnon de la Libération par décret du 7 mars 1945. 2 Le Gambien à qui ont été confiés les tracts, dissimulés sous son boubou, parvient à échapper aux policiers, selon Jacques Soustelle, Envers et contre tout, t. 1, p. 146.

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CHRONIQUE Boisson, et il reçoit l’ordre de rentrer en métropole par le premier bateau.

ments gaullistes devant le général commandant la brigade de Saint-Louis, son supérieur. A la mi-septembre, Bissagnet et Mersuey mettent au point un plan visant à s’emparer de deux navires stationnés à Kaolack et à les conduire à Bathurst. C’est à ce moment que les envoyés du général de Gaulle se présentent à Foundiougne.

La mission de Boislambert : préparer le terrain

L’un des tracts lancés sur Dakar.

De son côté, Antoine Bissagnet servait comme officier de réserve dans la garnison de Thiès, sous les ordres du colonel Pasquier, quand lui était parvenu l’ordre de démobilisation. Nommé administrateur en surnombre à Foundiougne, il est placé sous les ordres de l’administrateur Campistron, qui partage son refus de l’armistice. Ensemble, ils établissent des contacts avec les chefs autochtones et le consul général britannique Cusden, qui a quitté Dakar pour Bathurst. Ils rallient à leurs efforts l’enseigne de vaisseau de Mersuey, qui pensait passer la frontière et noue à son tour des contacts avec des gaullistes de Thiès : Louis Jacob, employé à la mairie, le sergent-chef Poupeau, du régiment mixte d’infanterie coloniale (RMIC), dont les locaux, au quartier Faidherbe, servent d’entrepôt à l’or de la Banque de France évacué au moment de la débâcle. Puis Mersuey se rend à Dakar, où il évalue le moral des marins et se renseigne sur l’attitude du commandement, avant de prendre son poste à Kaolack, dont le chef, le commandant Guillemot a été déplacé à Thiès auprès du colonel Pasquier pour avoir exprimé ses senti-

Dès le 18, Claude Hettier de Boislambert part pour Bathurst, où il retrouve Brunel et Akoum. Sa mission est d’établir une liaison avec les patriotes d’AOF, afin de favoriser l’opération de l’intérieur, et paralyser la défense vichyste en procédant à certaines destructions, afin que les batteries côtières et l’aviation – 23 canons sous tourelles fortifiées et une vingtaine de chasseurs Curtiss – ne bougent pas, non plus que les troupes coloniales – le 6e régiment d’artillerie coloniale (6e RAC) et le 7e régiment de tirailleurs sénégalais (7e RTS). De même pour le 4e RTS et la vingtaine de bombardiers Glenn Martin de la base de Thiès. Lors de leur rencontre avec Campistron et Bissagnet, les deux hommes ont pu définir objectifs et points sûrs. Avec eux,

Boislambert part pour Foundiougne, afin de mettre en œuvre le plan d’action. Dans la nuit du 20 septembre, Boislambert, Bissagnet, Campistron et Brunel se dirigent en camion en direction de Kaolack, où ils prennent contact avec Fernand Auclert3, receveur des PTT, le lieutenant Antoine Lascombe4 et l’enseigne de vaisseau de Mersuey, qui les renseigne sur la situation à Dakar. Dans l’après-midi, Boislambert, Bissagnet et Brunel se rendent en camionnette à Thiès en compagnie de Lascombe, et rencontrent le sergent-chef Alfred Dalbiez, qui les informe de l’état d’esprit des militaires : le colonel Claveau, commandant du 7e RTS, vient d’être muté au Gabon, et le commandant Forestier, à la tête de la base aérienne, est hésitant ; il ralliera, mais sans prendre d’initiative. La France Libre ne doit guère compter que sur le colonel Pasquier, mais Boislambert ne peut le rencontrer, et Brunel reste sur place afin de s’entendre avec lui pour agir sur le nouveau commandant. De son côté, Dalbiez est chargé, avec un autre sous-officier, Labroue, de se poster discrètement à proximité du terrain d’aviation avec deux sections de mitrailleuses et de faire feu le cas échéant. Enfin, le groupe de Saint-Louis doit envoyer à Thiès des hommes décidés qui auront pour mission de couper les lignes téléphoniques. Les derniers détails de l’opération sont déterminés le soir même dans la Maison forestière de Thiès, où Brunel et Bissagnet rencontrent un émissaire de Saint-Louis. Tandis que Campistron et Akoum opèrent à Thiès5, Boislambert et Bissagnet continuent en direction de Dakar, où ils arrivent le matin du 22. Reçus chez un ami de Bissagnet, Firmin Douhet, ils repèrent les points de passage des canalisations électriques et téléphoniques et des câbles de la marine et des batteries lourdes du cap Manuel et de l’île de Gorée dans la journée puis, rejoints dans la soirée par Mersuey, prennent contact avec des éléments civils et militaires.

Claude Hettier de Boislambert à Londres au printemps 1943 (MOL).

Durant la nuit, le programme de destructions entre en application. Armés de pinces, de ciseaux et de barres de fer, les hommes se mettent à percer les trottoirs

3 Né le 24 avril 1893 à Argenton-sur-Creuse, Fernand Auclert a été admis comme membre de l’Association des Français libres (n° 18 809) le 28 janvier 1947, la commission chargée d’étudier son cas considérant qu’il avait rallié la France libre, sans signer d’engagement, en septembre 1940. 4 Le lieutenant-colonel vétérinaire Antoine Joseph Lascombe (né le 27 décembre 1911 à Noailles, en Corrèze, décédé le 15 décembre 1988 en Dordogne) s’évade du Sénégal, où il servait comme sous-lieutenant vétérinaire du 6e RAC, et rejoint Bathurst, où il rallie la France libre le 15 août 1940, sans signer d’engagement. Bien qu’il ait fait l’objet d’un mandat d’amener du gouverneur général Boisson, il retourne au Sénégal en septembre 1940 pour participer à la tentative de ralliement du territoire. 5 Brunel doit quant à lui évoluer sur les deux domaines d’action, Thiès et Dakar.

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CHRONIQUE

Marcel Campistron

aux points repérés. Boislambert s’occupe ainsi, avec Douhet, du tableau de l’arsenal marine, à Hann, dans la presqu’île. Ce travail harassant n’est pas encore achevé, au matin ; la ligne qui relie l’amiral AOF à la police de navigation leur a échappé ; mais les lignes téléphoniques reliant Dakar à Saint-Louis et Thiès ont pu être coupées, ainsi que les câbles du télémètre du château d’eau commandant les batteries et plusieurs lignes de communication des divers états-majors. Reste à convaincre les militaires et la population de Dakar de s’engager en faveur du ralliement. A cinq heures du matin, Boislambert se rend à l’Hôtel du Palais, avenue Roume, où, pistolet au

poing, il réveille le colonel Chaubet, commandant l’artillerie du point d’appui, afin de le convaincre d’ordonner aux batteries côtières de ne pas ouvrir le feu sur l’escadre anglo-gaulliste. Apeuré, ce dernier lui affirme qu’il a cédé depuis quatre jours le commandement du front de mer au capitaine de frégate Moevus. En dépit de menaces, Boislambert ne parvient pas à ébranler sa passivité. Après trois quarts d’heure de discussion, furieux, il tente du moins de profiter de l’état d’abattement et de terreur de Chaubet en prétendant « que le couloir est gardé, et que toute tentative de dénonciation est non seulement impossible, mais serait cruellement réprimée ». Bien loin de suivre cet avis, Chaubet donne l’alerte à l’état-major du front de mer. Elle est répercutée à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur des troupes, et de l’amiral Landriau, commandant de la marine en AOF, qui prévient à son tour le haut-commissaire Boisson. De son côté, Bissagnet trouve un écho plus favorable parmi les populations. Il réussit particulièrement à convaincre Seydou Nourou Tall, Grand marabout de la confrérie soufie des Tidjanes, qui mobilise le quartier indigène de Médina pour une manifestation devant le palais du gouvernement général. Tandis que des milliers d’Africains défilent dans les rues, sous la conduite des marabouts, convergeant vers le palais, une délégation composée d’Alfred Goux, maire de Dakar, du président de la chambre de commerce, Turbet, et du notaire Sylvandre se rend auprès de Boisson pour lui faire connaître les sentiments de la population, euro-

péenne comme sénégalaise, et tenter de le convaincre. En réaction, l’état de siège est proclamé, des mitrailleuses mises en batterie dans les rues ; la police refoule brutalement les manifestants, et quatorze personnalités jugées peu sûres sont arrêtées6 sur ordre du directeur de la Sûreté générale, parmi lesquelles Alfred Goux, Turbet et Sylvandre, Seydou Nourou Tall, qui est envoyé d’autorité dans une localité voisine, sous prétexte d’assurer sa sécurité, le directeur de la SCOA, Barbier, et celui de la NOSOCO, Barben, Maurice Kaouza, plusieurs conseillers municipaux et de nombreux marabouts. Les attroupements cessent quand, à 11 h 05, des obus visant le port et Cap Manuel tombent sur la ville.

La tentative des aviateurs à Ouakam Vers six heures, l’escadre anglo-gaulliste se présente devant Dakar par un temps brumeux. Dix Swordfish survolent la ville et lancent des tracts rédigés par de Gaulle, sous le feu de la DCA du Richelieu. Puis deux Luciole des Forces aériennes françaises libres (FAFL) décollent du pont du porte-avion britannique HMS Ark Royal. A bord du premier appareil, se trouvent Jacques Soufflet 7 et Jules Joire 8 ; dans le second, Henri Gaillet 9 et Adonis Moulènes 10. Un Swordfish les guide jusqu’en vue du terrain de Ouakam 11, avant de rejoindre son groupe parti lancer les tracts. La mission des aviateurs est de fraterniser avec ceux de la base pour les convaincre de reprendre le combat.

6 La décision est prise à l’issue d’une réunion réunissant, peu avant 8 heures, au palais du gouverneur les amiraux Landriau et Lacroix, les généraux Barrau et Gama, l’inspecteur général des colonies Boulmer et le haut commissaire Boisson. 7 Saint-cyrien né à Lesbœufs (Somme) le 4 octobre 1912, Jacques Soufflet est, depuis sa mobilisation en septembre 1939, l’adjoint du commandant de l’école de pilotage 101, sur l’aérodrome de Saint-Cyr, quand le 17 juin 1940, refusant la défaite, il s’envole de Royan, sur un Simoun, en même temps avec Yves Ezanno, Albert Préziosi, Henri Gaillet et Robert Moizan pour rejoindre l'Angleterre, où il est nommé chef d’escadrille des Forces aériennes françaises libres au camp d’Odiham. Le 23 août 1940, le général de Gaulle le reçoit à Carlton Gardens, avec Henri Gaillet et confie aux deux hommes, en raison de leur connaissance des lieux, la mission de convaincre les aviateurs basés sur l’aérodrome de Dakar-Ouakam de reprendre le combat. Parti de Greenock le 6 septembre à bord de l’Australia, il est reçu une dernière fois par le général de Gaulle le 18 juin, lendemain de son arrivée à Freetown, à bord du Westerland. 8 Employé de banque né le 29 août 1914 à Roubaix, Jules Joire est sergent pilote à la 1re escadrille du GC 1/4 à Reims, au sein duquel il a effectué 80 missions et remporté 6 victoires durant la campagne de France. Blessé en combat aérien au-dessus de Beauvais le 25 mai, il est évacué sur Argentan puis Douarnenez. Refusant la défaite, il quitte l’hôpital, malgré sa blessure, et embarque à bord du langoustier le Trébouliste, qui évacue les moniteurs et une centaine d’élèves pilotes volontaires des écoles de pilotage 23 et 27, sous la direction du lieutenant Pinot. Parvenu à Falmouth le 22 juin, il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres. Envoyé en stage à l’Operationnal Training Unit n° 6 de Sutton Bridge, il est volontaire pour servir au Groupe mixte de Combat n°1 du lieutenant-colonel de Marmier et prend part à l’expédition de Dakar à bord du porte-avions HMS Ark Royal. 9 Né le 29 novembre 1911 à Tours, Henri Gaillet est officier pilote à l’école de pilotage 101 de Saint-Cyr, repliée à Royan, en juin 1940. Le 17 juin, il embarque avec Soufflet, Ezanno, Moizan et Préziosi à bord de trois Caudron Simoun du terrain de Royan à destination de l’Angleterre. Engagé dans les Forces aériennes françaises libres, il est affecté au Groupe mixte de combat n° 1 du lieutenant-colonel de Marmier en qualité de commandant de la 4e escadrille de Lysander et Gaillet embarque à Glasgow sur le Westerland. Lors de l’escale de Freetown, il est transféré avec deux Caudron Luciole sur le porte-avions HMS Ark Royal, d’où il s’envole le 23 septembre, à destination de Dakar. 10 Né le 28 juillet 1917, Adonis Moulènes est sergent-chef pilote d’active au GC III/7 pendant la campagne de France, au cours de laquelle il remporte deux victoires homologuées, en participation, les 11 et 12 mai 1940. Le 25 juin 1940, il s’envole de Toulouse avec le sous-lieutenant André Feuillerat et l’adjudant Albert Littolf à bord de trois Dewoitine D520 du groupe. Parvenu en Angleterre, il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres. Envoyé dans la deuxième quinzaine de juillet en stage au 6 OTU, où il s’entraîne pendant un mois sur Hurricane, et promu adjudant, il embarque à Glasgow sur le Pennland, avant d’être transféré à bord du porte-avions HMS Ark Royal, à Freetown. 11 Jacques Soufflet signale en effet, dans ses Mémoires, page 71 : « Les deux Luciole de la mission sont déjà prêts, ainsi que plusieurs Swordfish de l’HMS Ark Royal dont l’un doit nous servir de guide jusqu’à la côte car, sans compas, comment pourrions-nous nous diriger ! »

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CHRONIQUE Accueillis avec cordialité au sol par l’officier mécanicien du Potez 25 du colonel Georges Pelletier d’Oisy (qui se préparait à une partie de chasse au gibier d’eau dans la région de Kaolack), les quatre hommes déploient des panneaux indiquant que la première prise de contact est bonne. Des anciens camarades du 1/5 groupe de la 4e escadre emmènent Joire au mess boire un verre. Toutefois, alors qu’un Swordfish dépose Fred Scamaroni12, Gabriel Pécunia13 et Marcel Sallerin14, le lieutenant Minot va réveiller son chef de groupe, qui loge 500 mètres au dehors de la base. Arrivé le premier, Guy Fanneau de La Horie, commandant du GC 1/4, interpelle les sept hommes, revolver à la main, et ordonne aux avions du groupe de chasse de décoller pour abattre les appareils britanniques qui survolent Dakar en jetant des tracts. Plusieurs Curtiss P 36 s’envolent, mais s’approchent des appareils britanniques sans ouvrir le feu. Sur un signe de Soufflet, Gaillet passe derrière La Horie et le ceinture, tandis que lui-même le désarme. Comme le commandant s’agite, les Français libres l’attachent avec une corde. Puis ils replient leurs panneaux, afin d’empêcher que de nouveaux officiers et sous-officiers ne soient déposés sur le terrain.

dos. Devant le peu de zèle de l’officier chargé de la tâche, Pelletier d’Oisy s’exclame : « Et puis, n’hésitez pas à serrer, ce sont des salauds ! » A huit heures, on les transfère par camionnette dans la prison militaire du camp voisin du 5e régiment de tirailleurs sénégalais (5e RTS), sous la garde d’une quinzaine de tirailleurs. Au passage, Pelletier d’Oisy arrache l’emblème français libre du casque de Gaillet, en affirmant : « Nous sommes tous Français ici ! ».

L’ambassade de Thierry d’Argenlieu

A 6 h 05, deux vedettes appareillent de l’aviso Savorgnan de Brazza. A bord de la première, le capitaine de frégate Thierry d’Argenlieu, le chef de bataillon Pierre Gotscho, le capitaine d’aviation Jean Bécourt-Foch, l’enseigne de vaisseau Etienne Schlumberger, le capitaine Perrin, le sous-lieutenant Porgès et quatre hommes. Une seconde vedette, commandée par le lieutenant Fabre, comprend une dizaine d’hommes16. Dans leurs serviettes, la lettre que le général de Gaulle destine au gouverneur général Boisson, à l’amiral commandant la base de Dakar et au général commandant supérieur des troupes.

Quand Pelletier d’Oisy et le général Paul Gama, commandant de l’Air en AOF, arrivent sur le terrain, ils refusent de les entendre et les font arrêter par un peloton de tirailleurs sénégalais, baïonnette au canon15. Sans résister, les six hommes se laissent enfermer dans une pièce où traînent des mousquetons et des munitions. Bientôt rejoints par Joire, ils brûlent les papiers dont ils sont porteurs, hormis la lettre que de Gaulle a confié à Scamaroni pour qu’il la transmette à Boisson. Quelques instants plus tard, après une fouille, ils sont attachés les mains dans le

A l’approche des musoirs d’entrée, ils arborent le drapeau blanc des parlementaires sous le pavillon tricolore. Passant en poupe du cuirassé Richelieu, la première vedette rejoint l’escalier au fond du môle 2, la seconde demeurant dans le bassin, sans accoster, moteur au ralenti. Quand d’Argenlieu débarque, un enseigne de vaisseau a mis la garde en alerte et braque sur lui un revolver. Arrivé entre-temps, le capitaine de corvette Lorfèvre, chef de la police de navigation, envoie son second, l’enseigne de vaisseau Geoffrois demander des instructions à l’amiral Landriau. Ce dernier ordonne d’abord d’éconduire les parlementaires, puis de les arrêter. Se dégageant, ceux-ci réussissent à rejoindre les embarcations et manœuvrent pour sortir du port. Pendant ce temps, l’enseigne court vers un remorqueur amarré au même quai et fait armer la mitrailleuse axiale située sur l’avant. Toutefois, les vedettes parviennent à s’échapper – pour d’Argenlieu comme pour Schlumberger, il est évident que le servant de la pièce, peu enclin à exécuter un tirer sur des parlementaires, a engagé le chargeur de travers pour enrayer son arme – et se dirige vers la passe, doublant la poupe du Richelieu sans susciter de réaction. Soudain, les vedettes sont prises sous un tir de mitrailleuse, venant du musoir sud du port, puis de l’île de Gorée. D’Argenlieu et Perrin sont blessés, mais les vedettes parviennent à rallier le Savorgnan de Brazza.

Les premiers combats en mer

Dakar, le 23 septembre, à 6 h 15, la vedette parlementaire de Thierry d’Argenlieu (photo d’Argenlieu et Schlumberger).

Peu après huit heures, les avisos Commandant Dominé et Commandant Duboc se dirigent vers l’entrée du port pour débarquer les fusiliers marins de Détroyat qui sont à leur bord. Malgré la

12 Membre du corps préfectoral né le 24 octobre 1914 à Ajaccio, Godefroy Scamaroni est observateur dans une unité aérienne pendant la campagne de France. Blessé en combat aérien et évacué sur Caen, il combat ensuite aux côtés d’une compagnie d’infanterie, avant de retrouver sa formation à Pau. Ayant entendu l’appel lancé depuis Londres le 18 juin par le général de Gaulle, il embarque à Saint-Jean-de-Luz le 21 juin sur le croiseur polonais Sobieski. Arrivé à Londres trois jours plus tard, il s’engage dans les Forces françaises libres et rejoint les aviateurs au camp de Saint-Atham. Volontaire pour l’opération de Dakar, il est chargé de remettre en main propre au gouverneur général Boisson une lettre du général de Gaulle. Embarqué le 6 septembre à Liverpool sur le croiseur Australia, il arrive le 17 septembre à Freetown, où il est transféré à bord de l’HMS Ark Royal. 13 Né le 20 décembre 1901 à Toulon, Gabriel Pécunia est officier mécanicien d’un groupe de vedettes rapides qui a participé à la défense successive de Boulogne, Dunkerque et Cherbourg durant la campagne de France. Il s’engage comme officier de 1re classe mécanicien engagé dans les forces aériennes françaises libres avec effet du 28 juillet 1940. Affecté au Groupe mixte de combat n° 1 du lieutenant-colonel de Marmier, il embarque à Glasgow sur le Westerland, puis à Freetown sur le porte-avions HMS Ark Royal. 14 Né le 25 juillet 1917, Marcel Sallerin s’engage comme sous-lieutenant pilote dans les Forces aériennes françaises libres avec effet du 22 septembre 1940, d’après son matricule FAFL. Affecté au Groupe mixte de combat n° 1 du lieutenant-colonel de Marmier, il embarque à Glasgow sur le Westerland, puis à Freetown sur le porte-avion HMS Ark Royal. 15 Jacques Mordal indique (p. 167) que le capitaine O’Byrne, comprenant ce qui se passe en sortant d’un bâtiment voisin, court récupérer un fusil mitrailleur et rallie quatre ou cinq hommes au passage, avec lesquels il libère La Horie. 16 Se fondant sur la liste du personnel établie le 22 septembre et signée d’Argenlieu et l’ordre n° 16 du Premier bureau du 11 octobre, Segretain signale (note 6, p. 446-447) les noms des différents membres de cette mission.

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CHRONIQUE brume, la tentative est repérée et accueillie par des tirs de semonces à la mitrailleuse du poste d’entrée du port (PEP) et des salves du Richelieu. Les deux avisos coloniaux doivent faire demi-tour en émettant une épaisse fumée pour se protéger des tirs.

Sources

Le Barham.

La flotte dans la rade de Dakar.

Tandis que le dispositif défensif se met en place dans la rade, deux sous-marins vichystes, le Persée et l’Ajax, sont envoyés pour surveiller les abords et attaquer les cuirassés et les croiseurs qui s’en approcheraient de trop près. De son côté, la flotte anglo-française libre a pour mission d’empêcher toute sortie de bâtiments de la rade. A dix heures, le Barham et l’Australia subissent des tirs des batteries du Cap Manuel et de Gorée. Quand l’Ark Royal annonce la sortie des deux sous-marins, les destroyers Foresight et Inglefield sont envoyés pour contrer la menace. Le Cap Manuel touche le Foresight, tuant trois marins et en blessant treize. De son côté, avant même de plonger, le Persée attaque les destroyers à la torpille, sans parvenir à les toucher. En réponse, un canon anglais le touche : il sombre à 11 h 37, son équipage étant sauvé par l’aviso dragueur La Surprise. Tandis que l’Ajax s’échappe, le Cap Manuel touche l’Inglefield, ainsi que le croiseur léger Dragon et le croiseur lourd Cumberland, qui est mis hors de combat.

L’Inglefield.

A 11 h 05, les seize pièces de 380 du Barham et du Resolution bombardent le Cap Manuel et le Richelieu. Par ailleurs, plusieurs obus touchent la ville de Dakar, en particulier l’hôpital indigène et la caserne Borgnis-Desbordes du 6e régiment d’artillerie coloniale (6e RAC), faisant 27 morts et 45 blessés. Après dix minutes d’un feu nourri, les tirs s’espacent, puis, à 11 h 55, l’escadre se replie dans la brume. Une centaine d’obus se sont abattus sur Dakar. Mais le Cap Manuel et le Richelieu en sortent relativement indemnes, au contraire du cargo Porthos, à quai près du cuirassé, qui est gravement endommagé.

Jacques Bauche, « Opération Menace », Revue de la France libre, n° 212, aoûtseptembre-octobre 1975. Claude Hettier de Boislambert, Les Fers de l’espoir, Plon, 1978. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France Libre. De l’appel du 18 juin à la Libération, Gallimard, 1996. Patrick Papa Dramé, L’Impérialisme colonial français en Afrique : enjeux et impact de la défense, L’Harmattan, 2007. Jacques Mordal, La Bataille de Dakar, Ozanne, 1956. Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons. Histoire des Compagnons de la Libération, Perrin, 2000. Guy Raïssac, Un combat sans merci : l’affaire Pétain-de Gaulle, Albin Michel, 1966. Christian Roche, Le Sénégal à la conquête de son indépendance (19391960) : chronique de la vie politique et syndicale, de l’Empire français à l’indépendance, Karthala, 2001. Henri-Dominique Segretain, De Gaulle en échec. Dakar 1940, Michel Fontaine, 1992. Jacques Soufflet, Un étrange itinéraire. Londres-Vichy-Londres 1940-1944, Plon, 1984. Jacques Soustelle, Envers et contre tout, tome 1 : De Londres à Alger (19401942), Robert Laffont sources, 1947. « L’Expédition Menace. Les armes se forgent. Premiers combats, premiers sacrifices », Revue de la France libre, n° 29, juin 1950. « Les FAFL à Dakar », Revue de la France libre, n° 303, troisième trimestre 1998.

Sylvain Cornil-Frerrot

Pour la correspondance concernant la revue :

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CHRONIQUE LITTERAIRE

par Glade

Dictionnaire de la France Libre

La France Libre a désormais son dictionnaire. La France Libre a rassemblé, dans les territoires de l’empire et de nombreux pays, les hommes et femmes, militaires et civils, décidés à poursuivre la lutte contre l’Allemagne aux côtés des Alliés. Le Dictionnaire de la France Libre fait toute la lumière sur l’histoire collective de cette Résistance extérieure, à travers un ensemble d’entrées thématiques, biographiques et « mémorielles », rédigées par cent trente-six historiens. Publié sous l’égide de la Fondation de la France Libre, ce dictionnaire a été réalisé sous la direction de Georges Caïtucoli, vice-président de la Fondation de la France Libre, et de deux spécialistes de la France Libre : François Broche et Jean-François Muracciole, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul-Valéry de Montpellier, avec le concours de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Français libre et historien de la France Libre. Présenté par Max Gallo, de l’Académie française, et Jean-Louis CrémieuxBrilhac, il bénéficie également d’une postface de Jean-François Sirinelli, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris et directeur du Centre d’histoire de Sciences Po. Un dictionnaire qui complète le panorama de la Résistance française Après deux dictionnaires consacrés l’un à la Résistance intérieure et l’autre à Charles de Gaulle, le Dictionnaire de la France Libre « complète une trilogie et comble une lacune » (dixit Max Gallo). Chacune de ses entrées présente les grands thèmes et les principales figures de la France Libre.

Dictionnaire de la France Libre Collection Bouquins Editions Robert Laffont - 1602 p. - 35 €

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CHRONIQUE LITTERAIRE

par Glade

Des hommes libres Ou, confidences de héros. Roger Stéphane avait procédé à sa manière, journalistique, vivante il avait recueilli au début des années 60 plusieurs dizaines de témoignages de ces hommes entrés parmi les premiers dans l’aventure en juin 40, plus souvent d’ailleurs le 17, dans l’écoeurement du discours de Pétain, que le 18, jour de l’Appel du général de Gaulle. Il en a fait un livre, achevé et paru grâce à Daniel Rondeau à qui il avait confié la charge d’achever le travail entrepris par lui trois décennies auparavant. Ce livre est la somme de leurs témoignages qui furent enregistrés. Cette histoire racontée par ceux qui l’ont faite, véritable livre d’heures de la France libre, est aussi un livre d’aventures, aventures au demeurant parfois drôles et marquées au sceau de l’absurde comme dans toute guerre. Les premiers évoquent l’exode, l’humiliation, la course folle de l’armée de Lattre vers Berlin. Passy, Jacob ou Messmer parlent de Dakar, de Bir Hakeim, d’Alger. Ce livre publié en 1997 est aujourd’hui réédité. Roger Stéphane (1919-1994), fondateur de l’Observateur, a collaboré à la plupart des grands journaux français. Il a travaillé pour la télévision (Portrait-Souvenir) et publié de nombreux livres, notamment : Portrait de l’aventurier et Tout est bien. Le 19 août 1944, il avait fêté son vingt-cinquième anniversaire en libérant l’Hôtel de Ville de Paris. Daniel Rondeau est écrivain et journaliste. Il a publié des romans (les Tambours du monde), des essais politiques, littéraires (les Fêtes partagées) et autobiographiques (l’Enthousiasme).

Des hommes libres Roger Stéphane et Daniel Rondeau Editions Grasset - 450 p. - 22 €

Mémoires II C’était ma guerre, ma France et ma douleur Il y a quelques semaines, le second tome, posthume, des mémoires de Maurice Druon (Français libre) est paru. Le premier tome, paru en 2006, il traitait de son enfance et de sa vie jusqu’en 1940. Nous attendions tous avec impatience la suite. Dans ce deuxième tome de ses mémoires, Maurice Druon nous fait revivre ces années 1939-1945, qui furent pour lui, comme pour tous ceux qui les ont vécues, les années décisives au cours desquelles il découvrit, tout à la fois, l’amour de sa patrie et la douleur de la voir humiliée Après avoir fait ses classes à l’école de cavalerie de Saumur, l’aspirant Druon et quarante millions de Français reçoivent de plein fouet l’énorme choc de l’offensive allemande. C’est la débâcle. L’exode commence, mêlant civils et militaires, enfants et vieillards, ainsi que les restes d’une armée défaite, dans une indescriptible cohue. Démobilisé à Tarbes, il rejoint dans le Midi son oncle Joseph Kessel, écrit une pièce de théâtre, puis s’engage dans un réseau de Résistance, auquel appartient déjà un étudiant en médecine, Jean Bernard, qu’il retrouvera plus tard à l’Académie française. En entendant Pierre Laval déclarer à la radio, en avril 1942, qu’il souhaitait la victoire de l’Allemagne, il décide de quitter la France. Il franchit clandestinement les Pyrénées, traverse l’Espagne, arrive à Lisbonne et partage enfin, à Londres, la vie des Français libres. On ne sait jamais à quoi le sort nous destine. Le jeune Druon voulait servir par les armes, il servira par la plume. Un jour, à la demande d’Emmanuel d’Astier, il compose avec Kessel les paroles d’une chanson dont la musique date de la Révolution russe. Ce sera Le Chant des Partisans. A lire pour la grande érudition et un style incomparable. Il avait relu son manuscrit avant de mourir, mais hélas, nous n’aurons jamais ses souvenirs du Goncourt à 30 ans, de son entrée à l’Académie française à 48 ans, de ministre de la Culture du gouvernement Messmer, et du secrétaire perpétuel de l’Académie française pendant 13 ans.

Mémoires II c’était ma guerre, ma France et ma douleur Maurice Druon Plon, Editions du Fallois - 240 p. - 21 €

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par Glade

Le Gaullisme pour les nuls 40 ans après sa disparition, que reste-t-il du général de Gaulle aujourd’hui ? Si l’on fait le tour des grands hommes du XXème siècle, le général de Gaulle est toujours cité parmi les premiers. Sa notoriété est telle qu’il suffit de dire « le Général », sans plus de précision, pour savoir de qui on parle. Malgré sa mort en 1970, s’incarnent toujours en lui une certaine idée de la France et un héritage politique, social, culturel… important. Qui était au fond cet « inconnu célèbre » ? Chef de la Résistance française lançant l’Appel du 18 juin, est-il un trublion égocentrique désobéissant à la décision du chef du gouvernement français Philippe Pétain ou bien un homme providentiel, artisan du redressement moral, militaire et politique de la France ? Inspirateur des accords d’Evian, est-il un bradeur d’empire, est-il un militaire réalisant un « coup d’Etat permanent », selon les termes de son adversaire politique, ou le sauveur d’une République moribonde ? Ecrit par une spécialiste du général de Gaulle, ce livre retrace le destin de l’une des figures les plus emblématiques du siècle passé et dresse le bilan de son action. De l’Appel du 18 juin à la crise de mai 68 en passant par la Libération ou les accords d’Evian, le destin d’un homme hors du commun dont la vie et la légende, souvent se confondent. Par-delà l’anecdote biographique, il détaille les réalisations du gaullisme et dresse l’héritage considérable que le Général et ses successeurs ont légué à notre pays. Chantal Morelle, agrégée d’histoire et docteur en histoire, enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles. Elle a été chargée du service des Etudes et Recherches de la Fondation Charles-de-Gaulle entre 1991 et 1998. Auteur de De Gaulle, le gaullisme et les gaullistes et de « De Gaulle » et « La République des gaullistes » dans le Dictionnaire critique de la République.

Le Gaullisme pour les nuls Chantal Morelle First Editions - 336 p. - 22,90 €

Yvonne de Gaulle Les Français aimaient bien celle qu’ils avaient nommée « Tante Yvonne ». Restée presque inconnue jusqu’en 1958, elle fut pendant dix ans, aux côtés du Général, la première « Première dame » de la Vème République. Dans la mémoire collective, elle est restée cette femme qui n’appréciait guère les feux de la rampe, mais qui ne manquait jamais à ses devoirs officiels. Vêtue de petits tailleurs sombres et de chapeaux étranges, ne ratant pas une messe, elle n’était jamais plus heureuse qu’à Colombey, où elle se réappropriait le grand homme. Ce portrait stéréotypé d’Yvonne de Gaulle mérite d’être revisité. Quelle vie passionnante que celle de cette jeune bourgeoise de Calais, issue d’une famille élégante et avant-gardiste ! Dotée d’une force de caractère presque aussi surprenante que celle de son mari, elle s’adapte aux coups du sort sans faillir : mère d’une enfant handicapée qu’elle élève jour après jour, projetée dans les tourbillons de la Seconde Guerre mondiale, puis présidente d’une Fondation qu’elle crée de toutes pièces, Yvonne de Gaulle est sur tous les fronts. D’un calme olympien lors des attentats qui visent son mari, sûre d’elle lorsqu’elle convainc le Général de lâcher du lest sur la contraception, cette femme finit par étonner. Le livre fourmille de révélations et de découvertes issues d’archives négligées – correspondances privées, centaines de lettres de la Fondation Anne de Gaulle… Documentée, précise, sensible et nuancée, cette imposante biographie donne enfin à Yvonne de Gaulle la place qui lui revient dans la saga gaullienne : l’une des toutes premières. Frédérique Neau-Dufour, agrégée d’histoire et docteur en histoire, a été chargée de recherche à la Fondation Charles de Gaulle. Commissaire de l’exposition du mémorial de Colombey-les-Deux-Eglises, elle fut également responsable de la maison des De Gaulle (la Boisserie). Auteur d’une biographie de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, elle est depuis juin 2009 conseiller du secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants.

Yvonne de Gaulle Frédérique Neau-Dufour Fayard - 385 p. - 27 €

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CHRONIQUE LITTERAIRE

par Glade

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IN MEMORIAM Marcel Albert (FAFL)

Marcel Albert est né le 25 novembre 1917 à Paris. Son enfance se passe tout près du terrain d’aviation d’Orly. Il sollicite une bourse d'Etat et passe son brevet de pilote de tourisme. Le 24 mars 1938, il est engagé volontaire pour trois ans dans l’armée de l’Air, au titre du Bataillon de l’Air n°105 de Lyon. Il obtient son brevet de pilote militaire le 25 juillet suivant à l'école d'Istres. Il est désigné pour suivre les cours d’élève sous-officier du personnel navigant, en qualité d’élève pilote de carrière. Après plusieurs mois passés à la 5ème compagnie du Bataillon de l’Air n° 125 d’Istres, le sergent Marcel Albert est affecté, en juillet 1939, à la 1ère Escadre de chasse d’Etampes pour exercer les fonctions d’instructeur. Quand la guerre survient, il est envoyé, le 5 septembre, au Centre de formation des pilotes de chasse de Chartres, toujours comme instructeur. Mais, refusant de rester éloigné des terrains d’opérations, il demande son affectation dans une unité combattante. Le 15 février 1940, il rejoint à Reims, le G.C.I/3, premier groupe de l'armée de l'Air à être équipé de Dewoitine D 520. Au sein de la 2ème escadrille SPA 69 « Au chat », il prend part activement à la campagne de France. Le 14 mai 1940, au cours de sa première mission sur Dewoitine 520, il se distingue en abattant un Messerschmitt Bf 109, mais cette victoire n’est pas homologuée. Ardent patriote refusant à la fois la défaite et l’inactivité, Marcel Albert, le 14 octobre 1941 – jour où, ironie du sort, les galons de sergent-chef lui sont accordés – avec deux autres pilotes du G.C.I/3 (Marcel Lefèvre et Albert Durand), profite d'un exercice

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pour s'éclipser et voler en direction de Gibraltar à bord de son Dewoitine 520. Chaleureusement accueillis par les Anglais, les trois pilotes embarquent le 21 octobre sur l’aviso « Commandant Dubosc » à destination de la Grande-Bretagne. Dès son arrivée à Londres, il signe un engagement volontaire dans les FAFL, un mois après avoir été condamné à mort par contumace par le tribunal militaire d’Oran. En janvier 1942, Marcel Albert est transféré au centre d’instruction de Camberley. Il est nommé aspirant puis intègre une escadrille d’entraînement de la RAF, la 61Operational Training Unit (OTU) britannique et est affecté au groupe de chasse « Ile de France » en mai 1942. Il accomplit 47 missions de guerre au sein de cette unité, puis se porte volontaire pour aller combattre sur le front soviétique. Il rejoint le 7 octobre 1942, le G.C.III. « Normandie » alors en formation à Rayack au Liban. Viennent ensuite les préparatifs de départ et l’attente de l’obtention des visas soviétiques. Le 12 novembre, c’est le départ de pour Bagdad, Bassorah, Ahwaz et,Téhéran. Marcel Albert pose le pied sur le sol soviétique le 28 novembre 1942, en compagnie de treize autres pilotes, promu sous-lieutenant le 12 décembre 1942, Marcel Albert remporte sa première victoire en Union soviétique le 16 juin 1943, en abattant un Focke-Wulf Fw189 dans la région de Brusna-Mekovaïa. Après la disparition du lieutenant Gérald Léon, le 4 septembre 1943, Marcel Albert se voit confier le commandement de la 1ère escadrille de « Normandie ». Huit jours après, Marcel Albert est décoré de l’Ordre de la Guerre pour le Salut de la Patrie par le général Litvienko, adjoint du commandant de la 1ère Armée aérienne soviétique. Durant ce mois de septembre, il obtient 2 nouvelles victoires, puis 5 autres au cours du mois suivant. Le 12 octobre 1943, on annonce à Marcel Albert sa promotion au grade de lieutenant. La première campagne de « Normandie » est terminée et le groupe se replie à Toula pour l’hiver. Il ne reste alors que cinq pilotes survivants (dont Marcel Albert) sur les quatorze arrivés en URSS fin novembre 1942. Le 13 décembre 1943, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Le 13 janvier 1944, il est fait Compagnon de la Libération. La mi-octobre 1944 voit le déclenchement de l’offensive sur la Prusse-Orientale. En l’espace de seulement dix jours – entre le 16 et le 26 octobre – il remporte 7 nouvelles victoires officielles. Le 28 novembre 1944, deux ans après avoir posé le pied sur le sol soviétique, un télégramme lui apprend qu’il est élevé à la dignité de « Héros de l'Union Soviétique ». Dix jours plus tard, à bord d’un avion

prêté par le général de Gaulle, il quitte l’URSS avec le groupe de permissionnaires pour la France, via Le Caire et Alger. Les permissionnaires étant restés plus longtemps que prévu à Alger, l’avion part sans eux… mais n’arrivera jamais à destination !... Le capitaine Albert termine la guerre à 27 ans avec la cravate de commandeur de la Légion d’honneur. Ses 25 victoires aériennes, dont 23 homologuées, font de lui le recordman de « Normandie-Niémen » et le second « As » français de la Seconde Guerre mondiale. Marcel Albert quitte l’armée de l’Air en 1948 et émigre aux Etats-Unis où il se marie, ouvre une chaîne de restaurants et devient en quelques années un homme d'affaires très respecté. Le 12 avril 2010, Marcel Albert est élévé à la dignité de grand-croix de la légion d’honneur. Marcel Albert est décédé le 23 août 2010 à Harlingen, en Floride. En la personne de Marcel Albert, la France perd un héros, l’armée de l’Air un de ses plus grands « As », les derniers survivants de « Normandie-Niémen » et tous ceux qui ont eu la chance et le privilège de le côtoyer, bien davantage encore. Extrait de « Ceux du Normandie-Niemen » par Yves Donjon.

André Quelen

Rallié à la France libre dès juillet 1940, André Quelen est décédé le 13 août à Plougonvelin (Finistère), à l’âge de 89 ans. Ses obsèques, célébrées le 18 août, ont été suivies des honneurs militaires. Né le 10 avril 1921 à Pleyben dans une famille d’instituteurs, André Quelen pré-


IN MEMORIAM pare l’Ecole navale lorsque la guerre éclate. Son bac en poche, il quitte Brest le 18 juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre sur un charbonnier, le Mousse Le Moyec, depuis Ouessant. Engagé aux Forces Françaises libres (FFL) le 1er juillet, il est incorporé à la 1ère compagnie de chasseurs à Camberley, camp de formation militaire des FFL, dans le Surrey. Nommé aspirant le 1er mai 1941, André Quelen est affecté au Cameroun, le 1er août, au 3ème bataillon du régiment de tirailleurs. Comme chef de section, André Quelen prend part à toutes les campagnes de la 1ère DFL avec son unité : El Alamein, la Tunisie et l’Italie, où il est nommé officier de renseignements du bataillon de marche n° 5. Il se dépense alors sans compter, notamment du 17 au 25 mai 1944, assurant ses fonctions sous de violents bombardements et obtenant le maximum de rendement de ses observateurs. Après l’attaque du Rio Forma Quesa, dans la nuit du 19 au 20, il part ainsi spontanément à la recherche de son chef de corps dont on est sans nouvelles depuis plusieurs heures. Au cours de la campagne de France, le lieutenant Quelen se distingue encore pendant le franchissement de vive force de l’III, lors de l’offensive d’Alsace, le 23 janvier 1945, quand blessé grièvement par un éclat d’obus, il refuse de quitter son poste avant que les troupes aient pu franchir le fleuve. Après la guerre, André Quelen devient administrateur des colonies, puis administrateur en chef de la France d’Outremer à Conakry (Guinée) et à Brazzaville (Congo) jusqu’en 1960. Chargé de mission à l’aménagement du territoire de 1960 à 1964, il est cadre administratif au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de 1964 à 1981. Membre du Conseil de l’Ordre de la Libération André Quelen était toujours président de l’Amicale de la 1ère DFL. Membre du conseil de l’Ordre de la Libération, il était commandeur de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre 39/45 avec deux citations.

Gilbert Fabre (FNFL) Au moment de la débâcle, en juin 1940, étudiant au lycée de Toulon, il embarque sur le cargo Capo Olmo qui rallie Gibraltar et ultérieurement Liverpool où il arrive le 26 juillet. Il s’engage immédiatement dans la France libre et suit les cours de l’Ecole navale FNFL à bord du Président Théodore Tissier ; il en sort aspirant le 1er octobre 1941 et embarque sur la corvette Renoncule engagée dans la bataille de l’Atlantique de décembre 1941 à mars 1942, puis sur le Chasseur 10 pour des patrouilles en Manche de septembre à novembre. Il fera campagne de novembre 1942 à mars 1945 sur l’Aviso colonial Savorgnan de Brazza assurant patrouilles et escortes en Méditerranée, Atlantique, océan Indien, Pacifique, pratiquement sur tous les océans. Il est promu EV1 en octobre 1943. A la fin des hostilités, il a fait campagne en Indochine (1948-1950), à Madagascar (1957-1959). Il a servi sur le croiseur Jeanne d’Arc (1955-1957), il a été directeur d’études de l’Ecole des EOR. (1963-1965). Commandant en second du croiseur De Grasse (1966-1968), attaché des Forces armées à Santiago du Chili (1968-1972), chef de la mission militaire française à Norfolk (1973-1977). Il a commandé l’Ardent en Indochine (1953-1954), puis la Maurienne lors des premières expérimentations nucléaires du CEP. Promu contre-amiral en septembre 1977, il sert comme adjoint au major général de la marine (1977-1978), puis comme adjoint opérations au préfet maritime de la 2ème région (1978). Il était officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre national du Mérite, Croix de guerre 39-45 avec 2 citations, TOE avec 1 citation, chevalier du Mérité maritime. Quand il avait quitté le service actif, il avait assuré les fonctions de délégué pour la marine nationale à l’AGPM. (1979-1984).Il est décédé à Paris le 22 aoû 2010. Emile Chaline

Paul Klein (SAS) Une messe sera célébrée le 20 octobre à 10h30 en la chapelle Saint Louis de l’Ecole militaire.

Capitaine honoraire de l’Armée de l’air, officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre 39-45, de la médaille de la Résistance, de la médaille des Evadés et de nombreuses autres décorations, sous la garde de quatre parachutistes escortant son cercueil, a été incinéré le 27 juillet 2010 à l’issue d’une cérémonie religieuse ou l’ensemble du monde politique et patriotique était présent ainsi qu’une délé-

gation en armes du régiment d’infanterie de marine du pacifique. Né à Grenoble le 20 mai 1909, il fait des études d’agriculture tropicale et se retrouve au Nouvelle Hébrides à même pas 20 ans comme sous directeur de la Franco-Hébridaise Passionné d’aviation il entreprend avec son ami Henri Martinet le premier vol Nouméa/Paris sur un monomoteur Aiglon Renault de 100 chevaux. Périple extraordinaire qui s’est déroulé du 24 mars au 20 mai 1939 sur une distance de 25 000 kilomètres en 48 étapes. De retour à Nouméa, la seconde guerre mondiale éclate et Paul Klein, marié et père de deux petites filles, rejoint spontanément la France libre et le bataillon du Pacifique. Il embarque le 5 mai 1941. Il veut être pilote de chasse, il sera officier parachutiste dans les SAS. Ami d’André Zirnehld, c’est lui qui découvrira dans les effets de son ami la terrible et si émouvante prière adressée à sa mère et qui deviendra le credo du Parachutisme militaire; la Prière du Parachutiste. Fait prisonnier, Paul Klein a une furieuse tendance a aimer la liberté et ses tentatives d’évasions lui vaudront d’être interné à la forteresse de Coltiz dont il tente de s’évader, le jour de son arrivée, en se cachant dans un sac le linge appartenant a des prisonniers qui étaient transférés dans un autre camp….Brutalité et sévices lui laisseront des traces indélébiles… A la fin de la guerre, Paul Klein rejoint la Nouvelle Calédonie ou il mènera une carrière d’industriel jusqu’à sa retraite tout en s’investissant au sein du monde combattant local. Il était de ces héros qui ne parlent pas et dont l’humilité force l’admiration et le respect. Peut être est ce cela la Grandeur !... José Casaroli Septembre 2010 • N° 37

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IN MEMORIAM René Lesecq

Vous êtes né le 3 août 1920 à Douai. Engagé en novembre 1939 dans les troupes coloniales, vous êtes dirigé sur le Levant. C’est à Chypre où le 3 ème bataillon du 24ème RIC a été envoyé que vous apprenez que le maréchal Pétain a demandé l’armistice. Refusant de déposer les armes, votre bataillon gagne l’Egypte où avec d’autres volontaires il forme le 1er bataillon d’Infanterie de marine, le premier élément des « Free French ». Vous prenez part à la campagne de Libye, puis aux opérations d’Erythrée au printemps 1941. Admis au cours des élèves-officiers de Damas avec la promotion d’Estienne d’Orves, vous êtes promu aspirant en mai 1942. Affecté à la 1ère Compagnie d’Infanterie de l’air intégrée à la fameuse « Special Air Service Brigade » du major Stirling, à l’été 1942, vous participez au raid visant à s’assurer le contrôle du port de Benghazi. Le 10 décembre 1942, vous quittez l’Egypte et atteignez l’Angleterre en avril 1943. Breveté parachutiste, vous êtes promu sous-lieutenant en juin 1943 et affecté au 4ème bataillon d’Infanterie de l’air devenu le 2ème RCP rattaché à la brigade SAS en tant que 4ème SAS. Dans le cadre du débarquement, vous participez à l’opération « Dingson » et vous êtes parachuté le 12 juin 1944 dans le Morbihan. Le maquis est attaqué le dimanche 18 juin. Au cours de ces combats, vous êtes blessé à plusieurs reprises par balles. Caché et soigné pendant quelque temps dans une ferme, vous vous rétablissez et reprenez le combat ; en particulier, fin août, où votre unité est engagée sur la Loire dans l’opération « Spenser ». Promu lieutenant, vous vous distinguez à la tête de votre peloton de jeeps armées, dans la région de Pouilly, Sancerre et La Charité sur Loire.

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Fin décembre 1944, vous êtes fait Compagnon de la Libération. Vous participez à l’opération « Franklin » dans les Ardennes belges lors de la contre-offensive de Von Rundstedt. Vous êtes à nouveau grièvement blessé par balle au thorax le 7 janvier 1945. Vous décidez de rester dans l’armée et vous vous portez volontaire pour servir en Extrême-Orient. Vous débarquez à Saïgon en février 1946 avec la demi-brigade parachutiste SAS. Un autre événement important a marqué votre séjour, ce fut votre rencontre avec Mlle Christiane Coutellier que vous épousez à Saïgon en janvier 1947. De retour en France en novembre 1947, promu capitaine en octobre 1948, vous êtes affecté à Madagascar pour deux ans. En juillet 1953, vous repartez pour l’Indochine où vous prenez le commandement de la 3 ème compagnie du 1er bataillon de parachutistes coloniaux. En février 1954, largué à la tête de votre compagnie sur la garnison encerclée de Muong Saï au Laos, vous êtes grièvement blessé. En décembre 1957, vous rejoignez le 8ème régiment de parachutistes coloniaux à Philippeville en Algérie. Promu chef de bataillon, vous êtes désigné pour aller prendre le commandement du 2ème bataillon du 70ème RIMa, un groupement saharien à Fort-Lamy au Tchad. Promu colonel en juillet 1971, nommé général de brigade après trente huit ans passés au service des armes de la France, vous quittez le service actif le 4 août 1977. Ne pouvant rester inactif, vous allez œuvrer pendant une dizaine d’années au côté du général Simon au sein de l’Association des Français libres où vous êtes responsable des œuvres sociales. C’est à ce titre que vous organisez chaque année la vente de charité des Français libres à Radio-France. Vous demandez votre admission à l’Institution nationale des Invalides où vous êtes accueilli le 13 août 2008. Vous êtes Grand’Officier de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire de la Croix de guerre 1939 – 1945, de la Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures et la Croix de la Valeur militaire. Vous avez été cité à sept reprises dont cinq fois à l’ordre de l’armée. A votre épouse, à vos filles, à vos petitsenfants et arrière-petits-enfants, à tous vos proches, nos plus vives et nos plus sincères condoléances. Extraits de l’allocution prononcée par le général d’armée Bruno Cuche, gouverneur des Invalides, à l’occasion des obsèques célébrées aux Invalides, le 3 juin 2010.

Michael Mokdesse Michael Mokdesse est né à Yoroud en Syrie en 1919. Il s’est engagé dans l’armée française en 1937. Il a rejoint les Forces françaises libres en 1940, a participé aux campagnes d’Afrique du Nord en Libye (Bir Hakeim, Tobrouk, Benghazi, Tripoli d’Afrique), en Egypte (El Alamein) et en Tunisie, en 1942. Il a été cité à l’ordre de la brigade (ordre général n° 41), a été décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze (citation signée par le général Catroux le 30/10/1942), a reçu la Médaille coloniale avec agrafe Libye (certifiée par le général de Guillebon le 30/09/1942). Il venait d’être fait Chevalier de la Légion d’honneur. Michael a quitté l’armée française en 1946 avec le grade de sergentchef, s’est expatrié au Brésil où il a fondé une famille et acquit la nationalité brésilienne. Ces derniers temps, Michael vivait à Niteroï. Il nous a quittés le 26 mars dernier entouré des siens. Roland Melo

Edouard Tinsel Il avait 18 ans lorsqu'il s'engage dans la Marine en 1936. Lorsque la guerre éclate, il sert sur le transport Cuba puis sur le torpilleur Melpomène avec lequel il rejoint l'Angleterre. Il est parmi les premiers à rallier le général de Gaulle. Embarqué sur le cuirassé Courbet dès juillet 1940, en qualité de fusilier marin, il prend une part active à la défense aérienne de Portsmouth, contribuant à la destruction de 6 avions ennemis. En mars 1941, il embarque sur l'aviso La Moqueuse qui assure l'escorte de sous-marins britanniques dans le canal Saint-Georges, mission difficile car soumise aux bombardements incessants des avions allemands. A peine embarqué il se fait remarquer par sa froide détermination devant le danger en se portant avec succès, lors d'un violent bombardement en rade de Liverpool, au secours d'un cargo britannique en feu. Il servira pendant 4 ans à bord de La Moqueuse qui rallie ultérieurement la Méditerranée orientale, assurant les patrouilles le long des côtes et escortes de convois. Grenadages, sauvetage des personnels des bâtiments coulés seront son lot quotidien. Ses faits de guerre seront récompensés par la médaille militaire et la croix de guerre avec deux citations dont une palme. Rendu à la vie civile, il occupe de nombreux postes de confiance, notam-


IN MEMORIAM ment au Conseil de l'Europe à Strasbourg et à la Commission des Communautés européennes. Parallèlement, il milite en faveur des anciens combattants, prenant en toutes occasions l'initiative de mesures de solidarité envers ses camarades. Il était membre de l'AFL, des FNFL, de l'UNC, de la Fammac. De 1945 à 1958, il a assuré les fonctions de porte drapeau de la France Libre. Il était chevalier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite. Edouard Tinsel était une figure des FNFL, un homme remarquable et exemplaire sur tous les plans. Il sera unanimement regretté. Emile Chaline

L’Ordre de la Libération lance un appel au don pour la rénovation de son Musée … Le Musée de l’Ordre de la Libération, situé dans l’Hôtel national des Invalides, présente d’importantes collections consacrées à la France Libre, à la Résistance et à la Déportation, à travers l’exemple des Compagnons de la Libération. Jamais rénové depuis la création du musée il y a 40 ans, le bâtiment nécessite une restauration urgente des sols. Le coût des travaux (310 000 euros) ne permet pas à l’Ordre de la Libération de les financer. C’est pourquoi un dossier de demande de mécénat a été constitué. Si vous souhaitez soutenir cette rénovation, vous pouvez vous procurer un dossier en téléphonant au 01 47 05 28 30 ou adresser vos dons ou contributions par chèque à l’ordre de « l’agent comptable de l’Ordre de la Libération » à la Chancellerie. Chancellerie de l’Ordre de la Libération 51 bis bd de La Tour Maubourg 75700 PARIS Cedex 7 01 47 05 28 30 chancellerie@ordredelaliberation.fr

Pour la correspondance concernant la revue :

revue.fl@free.fr

En vingt minutes de projection, vous pouvez découvrir le principal des combats menés par tous ceux qui se sont battus, en répondant à l’appel du général De Gaulle, sous les plis du drapeau tricolore frappé de la croix de Lorraine.

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CARNET DECES ALBERT Marcel (FAFL) le 12 avril 2010 en Floride (USA) AUGUSTIN Henri, le 25 juin 2010 à Versailles (78) BOURDARIAS Léon, le 9 août 2010 à Pessac (33) COLLO Angelo, le 5 août 2010 à Machilly (74) CROUZET Jean, le 28 août 2010 à Biarritz (64) DEMEULEMEESTER Jean, le 9 juillet 2010 à Gisors (27) DISNAR Gérard (FNFL) le 8 septembre 2010 à St Pierre et Miquelon FARMAN Francis (FAFL), le 2 juillet 2010 à Paris (75) GALLOIS Pierre –Marie, le 23 août 2010 à Paris (75) Madame HOMBEECK (Carmen), en juin 2010 à Rio de Janeiro (Brésil)

KLEIN Paul (SAS ), le 23 juillet 2010 en Nouvelle-Calédonie.

QUELEN André, le 13 août 2010 à Plougonvelin (29)

LEDAN Jean (SAS), le 6 septembre 2010 à LaTrinité sur mer

de SAINT-PHALLE Jacques (FAFL), le 15 juin 2010 à Saint-Benin-d’Azy (58)

LOUSTAU Henry-Jean, le 10 juillet 2010 à Rouffignac-Saint-Cernin (24)

TIMSEL Edouard (FNFL), le 6 septembre 2010 en Alsace

LOÏ Louis (SAS), le 1er avril 2010 à Burs (83)

VIGUIE Yves, le 1er octobre 2010 à Damazan (47)

Madame Victor MARIE-OLIVE (Aimée), le 13 juillet à Perpignan (66)

VOIRIN André (FAFL) Le 10 septembre 2010 à Haulmé (08) YOUAN Alexandre, le 29 avril 2010 à la Martinique

MAYER Jean (SAS), le 29 août 2010 à Tres (13) Madame MOISSETTE Lucie, le 18 juin 2010 à Lachapelle-sous-Aubenas (07) MOREAU Louis, le 22 septembre 2010 à Paris (75)

Légion d’honneur :

Palmes académiques : Chevalier :

Grand Croix : Commandeur : Officier :

Pierre LEFRANC André GERARD Gabriel MEYER

Janine Boulanger-Hoctin a reçu la Légion d’honneur

des mains du colonel Grobet le samedi 4 septembre. Elle fut conductrice pour les volontaires féminines.

Francis RUFFIER-MONET

Ordre du mérite : Commandeur : Chevalier :

René MARBOT Claude VOILLERY René LEMOINE

Médaille militaire : Jean GIRAUD-VINET

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LA VIE AU CLUB

Samedi 20 novembre 2010

38 €

Parking : 10, rue Wurtz ( à côté de la chapelle, 3€ h. ) revue.fl@free.fr

Le samedi 20 novembre 2010 au dîner organisé pour fêter l’arrivée du Beaujolais 38 € par personne, tout compris

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LA VIE AU CLUB Dîner ESSEC

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Le général de division Jean-Pierre Beaulieu a reçu la médaille de l’ESSEC des mains de Mahamadou Sako, président de l’association des anciens élèves du groupe ESSEC et ancien ministre du Niger entouré de deux présidents d’honneur de cette association : Henri Bouvet, ancien député, et François Dutreil ainsi que de Daniel Chenain, directeur général honoraire d’ESSEC Alumni et officier du mérite de l’Ordre de Malte.

F. Dutreil, J.P. Beaulieu, M. Sako, H. Bouvet, D. Chenain.

Général de division (CR) Jean-Pierre BEAULIEU, Saint-Cyrien de la "promotion général de Gaulle" (1970-1972), ayant choisi l’arme blindée-cavalerie, il compte trente-six années de vie dLe général B ea e ci militaire (avec quatorze déménagements!), alternant : Nommé général de brigade en 2001, Gaullgare commulieu est un e l’ét e. ait le amateur comme adjoint au général commandant la formation de l’armée de terre, il a été en charge géné ral d e des lycées militaires, des centres d’aguerrissement et des écoles spécialisées : sport, commando, montagne et santé. Promu général de division en 2004, il a été nommé gouverneur militaire de Lille et particulièrement chargé de la participation des armées à la défense civile et à la défense opérationnelle. Ayant quitté le service actif en 2006, il est devenu en 2007 directeur des services généraux et des relations avec les associations d’étudiants (plus de 70) du groupe ESSEC. Il est titulaire d’une licence d’histoire, diplômé de l’Institut d’Études Politique de Paris, breveté de l’École Supérieure de Guerre, ancien stagiaire au Centre des Hautes Études Militaires et auditeur de la 51ème session de l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale.

Déjeuner des « EX-INVISIBLES »

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e 11 septembre, cinquante adhérents de la Délégation Ile-de-France des « Ex-Invisibles » se sont retrouvés au siège de l’association pour débattre du fonctionnement de la Délégation en présence de membres du Bureau National de l’Association. La présentation de la nouvelle organisation et du fonctionnement de la Délégation ont été appréciés par tous.

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armi les nombreuses distinctions remises par le Président en fin de réunion une médaille de Vermeil a été attribuée à Monsieur Jean Labarre, qui malgré ses 99 ans a fait le déplacement de Melun pour participer à cette réunion. Nous espérons fêter ses 100 ans avec lui en 2011. La matinée s’est terminée par un apéritif et un déjeuner de qualité servis au Club.

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Dans l’un des derniers lieux emblématiques à Paris, le Club de la France Libre organise pour vous vos déjeuners et dîners, réunions et séminaires ...

PARKING

Club de la France Libre - 59 rue Vergniaud 75013 PARIS Y 01 53 62 81 81 Contact groupe : Y 01 53 62 81 83 W 01 53 62 81 80 - e.mail : fondation.fl@free.fr


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