Risque d'inondation et développement urbain

Page 1

Mémoire du D.S.A. Décembre 2013, Paris Directeur de mémoire Paul Landaeur

Risque d’inondation et développement urbain Analyse de 2 situations à Nantes Francisca Burgos


Remerciements Je tiens à remercier dans un premier temps, toute l’équipe pédagogique de l’école d’architecture, de la ville et des territoires de Marne La Vallée et les intervenants professionnels responsables de la formation D.S.A. architecte-urbaniste, pour avoir assuré la partie théorique de celle-ci. Je remercie également Monsieur Paul Landaeur pour l’aide et les conseils concernant les missions évoquées dans ce rapport, qu’il m’a apporté lors des différents suivis. Je tiens à remercier et à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour l’expérience enrichissante et pleine d’intérêt qu’elles m’ont fait vivre durant ces mois au sein de l’agence Atelier de Paysage Bruel Delmar : Madame Anne-Sylvie Bruel, Monsieur Christophe Delmar, pour la confiance qu’ils m’a accordé dès mon arrivée dans l’entreprise. à Francisco Hoëcker, Sylvie Faye, Loïe Jacotey, Namguel Hubert, Benoît Gars, Elizabeth de Jesus, Bruno Barrocca, Claudio Montoni.


3

Sommaire Introduction 5 Questionner le rôle des zones inondables dans l’aménagement du territoire. Analyse de 2 situations à Nantes. Le territoire des Gohards et le territoire des Isles de Rezé. 1 La construction de logements dans certaines zones inondables comme une 13 alternative à l’étalement urbain de Nantes vers la périphérie. Est-il possible? 1.1 Projet urbain Les Gohards : portrait de l’opération 1.2 Les zones urbanisées (ZU) déjà exposées au risque. Comment agir sur le territoire pour diminuer la vulnérabilité de ces aires et envisager un développement urbain dans le secteur ? 1.3 La généalogie de la formation des risques dans le secteur Les Gohards. 1.4 Les plans d’occupation de sol versus la mutation des topographies et la variation des risques dans le temps. 2 La conception du projet urbain en fonction du risque d’inondation et sa 29 variation dans le temps. 2.1 Les potentiels des zones inondables («R » et « r ») pour le développement du projet urbain Les Gohards. 2.2 Le projet des Isles de Rezé développé par Obras architectes-urbanistes. 2.2.1 Le travail en équipe des différents acteurs impliqués et la manière d’établir une réglementation spécifique pour chaque aire de projet. 3

Le développement du territoire des Gohards 59 3.1 Quels sont les facteurs qui aideront à diminuer la vulnérabilité du territoire pour imaginer son développement? 3.1.1 Une disposition territoriale qui maximise les surfaces d’absorption et l’écoulement de l’eau. 3.1.2 La configuration du réseau hors d’eau en relation aux continuités existantes 4

4.1 4.2 4.3 4.4

De quelle manière le projet de logement est-il réalisable sur le territoire des Gohards ? Le contexte urbain: le centre bourg du Vieux Doulon et Le Grand Blottereau Les faubourgs agricoles Les territoires enchâssés Les territoires de l’eau

77

5 Conclusion 93 Annexes 1 La prévention du risque d’inondation en France. Comment agir sur un territoire 101 «gelé» par le PPRI ? 1.1 Qu’est-ce que le risque d’inondation ? 1.1.1 L’aléa de référence du PPRI de la Loire aval qui régule le territoire des Gohards. 1.1.2 Les éléments susceptibles au risque. Les CEC et les ZU. La classification des éléments susceptibles au risque au niveau territorial. 1.1.3 La réglementation du PPRI de la Loire aval. 2 Les stratégies de protection face au risque d’inondation en France. 109 Comment sommes nous arrivé à une réglementation qui se traduit par 600 kilomètres carrés de terrains «gelés» en France ?


1

1a

1b

1. L’aglomération de Nantes dans le contexte regional par rapport à l’ocean Atlantique.

1a. La localisation du territoire des Gohards à l’est de Nantes 1b. La localisation du territoire des Isles de Rezé au sud de Nantes.

Obras architectes-urbanistes, 2013.

Obras architectes-urbanistes, 2013.


Introduction

5

Introduction

Lors de ma mise en situation professionnelle au sein de l’Atelier de Paysages Bruel­­­­­–Delmar1, j’ai eu l’opportunité d’explorer et de découvrir le rôle des zones inondables2 dans l’aménagement du territoire. A travers l’étude urbaine du territoire des Gohards, à l’est de Nantes (fig.1a), sur lequel j’ai été amenée à intervenir durant 5 mois, nous sommes parvenus à démontrer que la stratégie du projet d’aménagement sur le périmètre en question, fortement contraint par les risques d’inondation, n’était faisable qu’en considérant les zones inondables comme un vecteur essentiel de la planification. Nous avons réussi à démontrer qu’il y a des manières de construire sur ces zones inondables et que le fait de les développer nous permet d’achever de différents objectifs. Nous allons vérifier comment la construction dans ces zones inondables nous permet de lutter contre l’étalement urbain de Nantes, et en même temps de diversifier les modes d’habitat et de résoudre des problèmes spécifiques (par exemple de connecter 2 zones isolées). La présentation du projet des Gohards et du projet des Isles de Rezé, développé par Obras architectes-urbanistes3 au sud de Nantes (découvert dans le cadre de cette recherche, voir fig.1b), me permettra d’exposer deux approches à la problématique de la construction de logements dans des zones soumises au risque d’inondation, donnant une alternative à l’étalement urbain de Nantes. Nous verrons que toutes les deux sont basées sur le développement d’un système de parcours hors d’eau, complémentés par un système de canalisation des eaux, sur lesquelles s’assoit l’infrastructure de logements. Les projets se distinguent toutefois quant aux problématiques qui les sous-tendent : l’équipe Bruel-Delmar s’attache à l’usage des sols libérés par les contraintes liées au risque d’inondation tandis que l’équipe d’Obras investit essentiellement l’architecture des logements, l’habitabilité devant être préservée en cas de crue de façon à éviter l’évacuation de la population. S’il est vrai que cette problématique m’a été posée dans le cadre de mon travail, il est de mon avis que l’intérêt de cette étude réside dans la compréhension et l’explication du pourquoi ces zones inondables doivent être prises en compte dans la planification urbaine. Exposer le processus qui m’a permis d’assimiler la problématique permettra de mieux comprendre le cadre de référence dans lequel nous allons l’aborder. L’esprit avec lequel Christophe Delmar m’a proposé d’approcher le sujet était simple : regarder ce qu’il arrive dans ma propre ville, Santiago du Chili, ou dans bien d’autres villes, par rapport au sujet des inondations. L’idée était d’essayer de comprendre pourquoi il existe un nombre élevé de villages affectés par ces dernières ; un fait qui est mis en évidence couramment par la presse. Dans cet exercice, j’ai réalisé qu’il s’agit d’un problème récurrent et j’ai compris pourquoi la prévention du risque d’inondation est intimement liée à la planification urbaine. À ce moment là, j’ai réalisé que la vrai question qui m’avait été posée par Christophe Delmar c’était : y-a-t-il d’autres moyens de se protéger contre le risque, d’autres moyens de l’aborder, à une autre échelle, en croissant d’autres problématiques?

1. Atelier de Paysages Bruel-Delmar est une agence créée en 1989 par Anne-Sylvie Bruel (A.S.B.à et Christophe Delmar (C.D.). http://www.brueldelmar.fr 2. Zones exposées au risque d’inondation. 3. Obras est une agence créée en 1993 par Marc Bigarnet et Frédéric Bonnet. http://www.paysages.net/


6

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

2

3

2. La situation stratégique du territoire des Gohards, en tant que champ d’expansion de crues, par rapport au risque d’inondation de l’agglomération nantaise.

3. La situation stratégique du territoire des Gohards par rapport à la succesion de tissus urbains en développement au bord de la Loire.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


Introduction

7

La mise en évidence des liens et l’influence de l’urbanisation sur l’inondabilité des territoires et la nature même des inondations m’a poussé à me questionner sur la façon dont on pourrait mieux intégrer les zones inondables dans la planification urbaine. Dans ce dessein, j’ai découvert que dans cette discipline, les zones inondables jouent un rôle dans la prévention du risque d’inondation, déterminé suivant leur situation sur le territoire (Fig.2). Dû à leur positionnement par rapport aux cours d’eau, ces zones constituent originalement les champs d’expansion de crues (CEC)4 et c’est à travers leur préservation, qu’il est possible de gérer dit risque. Ce rôle ne doit pas être affecté, mais doit persister et s’intégrer au plan de développement du territoire. L’urbanisme a donc un rôle à jouer dans la prise en compte du risque d’inondation et notamment sa diminution. L’aménagement d’un territoire exposé dépend directement de l’action qui prend en charge la préservation des zones inondables. Dans le cas où celles-ci sont envahies par l’urbanisation, il faudra les reconstituer ou créer davantage des zones destinées à conformer des champs d’expansion de crues. Par conséquent, lorsque nous sommes confrontés au développement d’une aire exposée audit risque, nous verrons comment il est cohérent de les placer au centre de la planification. Dans notre périmètre d’étude, le quartier des Gohards à Nantes, la préservation des zones inondables a été respectée presque intégralement et il en résulte un nombre important d’hectares disponibles dans le rayon urbain de Nantes. Si nous trouvons la manière d’agir sur ces terrains sans altérer leur capacité d’absorption des eaux, nous ouvrons la possibilité de développer un espace à l’intérieur de l’enveloppe de la métropole. L’intérêt du travail dans ces zones exposées au risque d’inondation réside donc dans le fait que celles-ci présentent une alternative face à l’étalement urbain de Nantes.

4. Champs d’expansion de crues : Secteurs non urbanisés ou peu urbanisés indispensables au stockage des importants volumes d’eau apportés par la crue et à la dissipation de l’énergie de celle-ci.


8

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

4

5

4. A la demande de la collectivité, les aménageurs publics étudient de nouvelles opportunités d’urbanisation pour les quinze ans à venir : renouveau de Bas-Chantenay, sud-ouest de l’île de Nantes, secteur des Gohards à l’est et de Pirmil-Iles au sud. http://www.nantes.fr/home/actualites/a-nantes-et-pas-ailleurs/

5. Le système d’écoulement des eaux du quartier de Bottière Chénaie à l’est de Nantes. Atelier de Paysage Bruel Delmar, 2012.


Introduction

9

Questionner le rôle des zones inondables dans l’aménagement du territoire. L’agglomération nantaise et son rapport au risque d’inondation. Analyse de 2 situations : le territoire des Gohards et le territoire des Isles de Rezé. L’objet de ce mémoire est d’évaluer la manière d’intégrer les zones inondables au développement du rayon urbain dans lequel elles se trouvent, de manière à éviter l’extension continue de la ville vers la périphérie. La volonté d’éviter l’expansion démesurée des villes est l’un des objectifs principaux en matière de planification urbaine et sa mission est d’accommoder une croissante population mondiale dans les centres urbains développés ou en voie de développement, tout en évitant l’artificialisation des sols5, indispensables pour maintenir l’équilibre de l’environnement. Cependant, nous nous trouvons aujourd’hui face à un développement urbain qui approuve l’implantation de nouveaux logements et l’infrastructure que cela requiert, sans prendre en compte la consommation du sol naturel. Cette forme de production urbaine, sans une planification et sans une réglementation qui protège les terrains naturels, a entraîné comme conséquence un déséquilibre dans le rapport entre le sol naturel et le sol urbain6. Nous sommes confrontés ici à une contradiction. Bien que le fait de pouvoir agir sur les zones inondables qui se trouvent dans un rayon urbain nous permettrait de satisfaire la demande de logements, tout en évitant l’étalement urbain et l’artificialisation de sols, c’est le même règlement du Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI)7, dans lequel est régie l’occupation de ces zones, qui favorise une production urbaine qui nous oblige à consommer davantage des sols agricoles dans les aires périphériques. Celles-ci ne se trouvent pas protégées et leur occupation est réalisée sans aucune restriction, ce qui entraîne le déséquilibre auparavant mentionné. Les terrains naturels, grâce à leur capacité de rétention et d’infiltration, sont en charge de diminuer l’impact des inondations sur les zones urbanisées. Bien que le risque existe a priori, ces terrains ont été consommés à un tel point que le risque d’inondation s’est vu accru. Le potentiel des terrains naturels est donné par leur perméabilité, dans le cadre de la stratégie de prévention du risque d’inondation, ainsi que par leur emplacement dans le rayon urbain, dans le cadre d’une planification qui a pour objectif d’éviter l’étalement urbain. C’est précisément depuis ce point de vue que Nantes Métropole et la ville de Nantes envisagent le développement du secteur des Gohards et des Isles de Rezé. Même s’il s’agit de terrains exposés au risque d’inondation, ces terrains disposent des deux caractéristiques auparavant mentionnées : d’un coté ce sont des terrains naturels à capacité d’absorption, et d’un autre ils se trouvent dans une aire déjà urbanisée (fig.4). Une des premières tâches réalisée par l’agence de Bruel-Delmar, afin de soutenir sa position face au besoin d’agir sur ces zones inondables, a été celle de démontrer comment la consommation de sols agricoles a directement affecté la formation des risques présents dans le secteur des Gohards. À cet effet, nous avons réalisé une analyse de l’évolution de l’occupation du sol dans le secteur. Nous allons voir comment l’étalement de la ville au détriment des terres agricoles perméables a été la principale cause d’augmentation du risque d’inondation dans cette zone. On conclura ainsi que la manière d’aborder l’emplacement et le type de construction des logements doit prioriser la maximisation des aires à capacité d’absorption, sans altérer cette propriété. D’après ce constat nous allons comprendre l’occupation mixte du sol (agriculture et 5. Zones agricoles ou naturelles qui sont transformées par l’homme en zones artificielles (lotissements, routes, zones commerciales…). Cette artificialisation conduit à une perte de ressources naturelles et agricoles, à la fragmentation des habitats naturels et à la dégradation des paysages (INSEE). 6. 40 millions de Français vivaient en ville en 1980. Ils sont 50 millions en 2010. Dans le même temps, la taille des villes a augmenté plus vite encore que leur population, l’étalement urbain grignotant chaque année 60 000 hectares de terres cultivables. Même si le rythme a ralenti ces dernières années, la ville continue de s’étendre sans qu’aucune politique ne semble capable d’enrayer cette tendance (Manuel Domergue, Alternatives Économiques n° 295 - octobre 2010) 7. Le Plan de Prévention des Risques d’inondation constitue l’outil réglementaire de référence en matière de prévention des risques depuis la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement (Loi Barnier). Le PPRI de la Loire aval dans l’agglomération nantaise a été prescrit le 5 juillet 2007.


10

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

P. P. R. I. de la Loire aval zone d’aléa fort zone d’aléa moyen zone d’aléa faible

6

Réglement zone «R» (CEC+aléa fort) zone «r» (CEC +aléa moyen et faible) zone «b» (ZU + aléa moyen et faible) enjeux

7

6. L’impact de l’aléa de référence sur le territoire des Gohards. Les trois types d’aléa: fort, moyen et faible.

7. Le zonage réglementaire du PPRI sur le territoire des Gohards

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

Dessin de F.B., 2013.


Introduction

11

logement) proposée par Bruel-Delmar. Nous allons voir que les deux projets, celui d’ Obras, de logements habitables en cas de crue de manière à éviter l’évacuation de la population, ainsi que celui de Bruel-Delmar, de logements liés à l’activité agricole suivant la qualité de terres arables du secteur des Gohards, sont fondés sur la base d’une planification dont le risque d’inondation constitue l’épine dorsale. À travers ces projets nous pourrons démontrer que l’occupation des zones inondables est faisable et donc leur intégration au développement urbain de Nantes aussi. Ces deux propositions ont été des éléments clés dans l’évolution qu’a expérimentée l’approche à la construction dans ces zones inondables développée par Nantes Métropole. Cette évolution a entraîné l’approbation de l’implantation de logements dans quelques secteurs exposés au risque d’inondation. C’est précisément cette proposition qui est en train d’être examinée au regard des conclusions du Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) de la Loire aval8 en cours de révision avec l’Etat. Le PPRI délimite les zones exposées au risque d’inondation (fig.6) et à partir de ce zonage établit un usage du sol qui régule l’installation de nouvelle population et des biens (fig. 7; voir Annexe 1: La prévention du risque d’inondation en France. Comment agir sur un territoire «gelé» par le PPRI ?, p.101). En effet, durant ma mission au sein de l’Atelier de Paysages Bruel-Delmar, j’ai pu constater les évolutions qui ont été apportées au projet de PPRI entre octobre 2011 et avril 2013 (on verra même que l’aire considérée comme constructible a augmenté entre Janvier et Avril 2013). Nous allons les présenter dans le cadre de cette étude, de façon à évaluer la manière dont le projet urbain porté par l’atelier, ainsi que d’autres projets urbains (principalement le projet des Isles de Rezé, réalisé par Obras architectes-urbanistes, voir fig.1b), ont éventuellement pu nourrir la réflexion pour une éventuelle modification du PPRI qui permettrait d’agir sur les zones inondables. Cela ne veut pas dire que les critères sous lesquels le PPRI régule les zones inondables aillent subir une déformation ou devenir plus permissives. Au contraire, c’est à partir de la faisabilité de ces projets, qui assument le facteur de risque dans leur planification, que le PPRI serait peaufiné en fonction de conditions spécifiques de chaque site et serait fiable, sans être surdimensionné, un aspect dont on parlera plus loin et qui représente l’obstacle principal pour l’intégration de ces terrains au développement urbain de Nantes. Forcément, ces projets, pour opérer en fonction du risque d’inondation, doivent respecter la topographie et hydrographie du territoire et donc son identité. Dans la mesure que l’on respect cette dernière la vulnérabilité de ces territoires exposés va diminuer. Ceci est encore un des avantages qui pourrait accompagner ce type de production urbaine. Nous verrons que les deux projets mettent un accent particulier sur cet aspect : le projet ne doit pas être inventé, sinon être conçu à partir de l’identité existante. Les deux propositions se caracterisent par leur approche géographique, marquée par un travail de reconnaissance du territoire. Le fait de comprendre le territoire nous permet d’appliquer de nouveaux principes et d’imaginer la ville en lien avec la réalité du site.

8. http://www.loire-atlantique.gouv.fr/Politiques-publiques/Risques-naturels-et-technologiques/Prevention-desrisques-naturels/Plans-Prevention-Risques-Naturels-Previsibles/Les-plans-de-Prevention-des-Risques-Inondationen-Loire-Atlantique/Plan-de-Prevention-des-Risques-Inondation-de-Nantes, Mai 2013.


12

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

8

9

8. Présentation du site des Gohards. En vert à l’intérieur du périmètre les 100 hectares classées en zone naturelle (NL). En rouge les centres urbains du Vieux-Doulon et de Sainte-Luce. Dessin de F.B., 2013.

9. Présentation du site des Gohards. En gris la zone 2AU et en vert la zone NL. En rouge les centres urbains du Vieux-Doulon et de Sainte-Luce. Dessin de F.B., 2013.


13

1. La construction de logements dans certaines zones inondables comme une alternative à l’étalement urbain de Nantes vers la périphérie. Est-il possible? 1.1Projet urbain Les Gohards : portrait de l’opération Face à la croissance démographique9, la forte demande en logement et la fuite progressive des habitants vers la périphérie (fig.1, p.4), la ville de Nantes et Nantes Métropole, dans une logique de lutte contre l’étalement urbain, souhaitent optimiser et développer les territoires urbains. Le projet urbain des Gohards y trouve naturellement sa place, puisqu’il cible l’intérieur du périphérique (fig.8). Situé à l’Est de Nantes, dans la ligne de bourgs implantés le long de la Loire (Fig.X), le territoire des Gohards s’inscrit dans la démarche d’Eco-cité Nantes-St Nazaire dont l’objectif est de « construire la ville autour du fleuve dans le respect de la nature et de l’environnement »10. Projet relais de la Z .A.C.11 Bottière-Chénaie (dont la livraison est prévue pour 2015 avec la création de 2300 logements), ce territoire de 180 ha dont 100 classés en zone naturelle (NL) 12 au Plan Local d’Urbanisme (PLU) aura cependant des objectifs différents : « il ne s’agit pas ici de créer une nouvelle centralité mais plutôt de conforter les polarités existantes et créer une extension urbaine qui viendra se greffer au quartier du Vieux-Doulon à l’ouest du périphérique, et au bourg de Sainte-Luce à l’est » 13(fig. 8). Le site en question est un territoire marqué par l’histoire des maraîchers et des cheminots entre la route de Sainte-Luce au nord, la rue du Pontereau et le parc du Grand-Blottereau à l’ouest, les installations ferroviaires (voie ferrée qui relie Nantes à Angers) au sud et la commune de SainteLuce-sur-Loire à l’est. Les 100 hectares classés en zone NL sont destinés à la création de coulées vertes, les 80 autres de la zone 2AU14 sont voués à de nouveaux aménagements, en particulier la construction de logements (fig. 9). Le potentiel de l’opération est évalué à 2 000 logements, intention qui devra être réévaluée au regard des conclusions du Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) de la Loire aval15 en cours de révision avec l’Etat. L’approbation d’une éventuelle modification est prévue fin 2013. En dehors de l’évaluation de l’implantation du projet de logement dans le secteur inondable des Gohards : pourquoi est-il nécessaire de pouvoir agir sur ces aires ? La stratégie de prévention se définit sur la connaissance et l’action sur le territoire exposé au risque dans sa totalité : aires naturelles et aires urbanisées. La stratégie consiste à rétablir ou créer un équilibre de manière à ce que les zones urbanisées existantes bénéficient de la capacité d’absorption des zones naturelles et ainsi diminuer leur vulnérabilité. Il existe donc un réel besoin de maîtriser le territoire, tout en assurant sa protection face à une possible crue, même au cas où le projet de logement ne soit pas approuvé. C’est ainsi que la stratégie de prévention se centre sur la définition des usages du sol en bénéfice de la maximisation des surfaces naturelles à capacité d’absorption d’eau. Une fois 9. Nantes Métropole comptera 100.000 habitants de plus en 2030. (Insee) 10. Présentation du projet urbain Les Gohards par Nantes Métropole et la ville de Nantes, Octobre 2011. 11. Zone d’Aménagement Concertée 12. Zone NL : Zone d’espaces naturels aménagés en vue d’activités de loisirs. 13. Présentation du projet urbain Les Gohards par Nantes Métropole et la ville de Nantes, Octobre 2011. 14. Zone 2AU: zone fermée à l’urbanisation nécessitant une procédure de modification ou révision du PLU 15. http://www.loire-atlantique.gouv.fr/Politiques-publiques/Risques-naturels-et-technologiques/Prevention-desrisques-naturels/Plans-Prevention-Risques-Naturels-Previsibles/Les-plans-de-Prevention-des-Risques-Inondationen-Loire-Atlantique/Plan-de-Prevention-des-Risques-Inondation-de-Nantes, Mai 2013.


14

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

P. P. R. I. de la Loire aval zone d’aléa fort zone d’aléa moyen zone d’aléa faible

10

P. P. R. I. de la Loire aval zone d’aléa fort zone d’aléa moyen zone d’aléa faible zones exposées à risque

11

10. L’impact de l’aléa de référence sur le territoire des Gohards. Les trois types d’aléa: fort, moyen et faible.

11. Les aires urbanisées déjà exposées au risque.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

Dessin de F.B., 2013.


15

définies les aires ayant cette qualité et celles que l’on doit créer pour diminuer le risque existant, on pourrait évaluer la localisation des 2000 nouveaux logements. Pour aborder la problématique de manière responsable, il faut considérer que ces 2000 logements seraient insérés dans une zone qui est complètement exposée au risque d’inondation. Cela est dû au fait que le périmètre défini comme inondable par la règlementation, comme on verra, est variable. Cette variabilité implique que la manière d’implanter les 2000 logements requis par Nantes Métropole et la ville de Nantes doit se concevoir à travers un usage du territoire qui diminue un risque d’inondation déjà existant et d’un risque variable « à venir ». Cela est possible à travers une planification urbaine qui se conçoit depuis son adaptation au risque d’inondation, ce qui veut dire : il faut prendre en compte que les aires exposées au risque sont variables dans le temps et que l’inondation elle même est aussi variable dans le temps ; depuis l’instant de la submersion jusqu’à l’évacuation des eaux. Nous allons présenter et expliquer comment le PPRI définit le risque d’inondation et comment est élaborée la réglementation qui établit la manière d’aborder les aires exposées (voir Annexe 1, p.101-107). De cette manière, nous allons visualiser la manière de développer le projet urbain dans le cadre d’un strict PPRI, aujourd’hui l’obstacle principal pour intégrer les zones inondables au développement prévu dans le secteur des Gohards. C’est pour cette raison, que nous nous concentrerons aussi dans les stratégies de protection face au risque d’inondation en France (voir Annexe 2, p.109-111). Nous devons connaître les différents facteurs et acteurs ayant influencé la création d’un PPRI si rigide qui se traduit aujourd’hui par 600 kilomètres carrés de terrains « gelés » sur le territoire français. C’est d’abord dans le contexte du Grand Paris16, dans la recherche de terrains disponibles dans le rayon de l’agglomération parisienne et sous le postulat de mettre fin à son expansion, que sa vocation et usage ont commencés à être questionnés : « le projet urbain enjoint en effet la création d’un million et demi de nouveaux logements d’ici 2030, mais où ? Dans sa proposition, l’architecte Roland Castro évoque 600 kilomètres carrés gelés par le risque d’inondation. Il faut relancer cette dynamique démographique qui a construit la ville autour du fleuve dont le principe de précaution l’a éloigné. Il faut conquérir les berges avec responsabilité, déclare son associé Alain Denin ».17 Notre défi pour l’agglomération de Nantes, si on suit la même ligne d’action, est celui d’intégrer ces zones dans la planification prévue dans le secteur des Gohards, dont l’objectif est fixé par la création de 2000 nouveaux logements. En prenant en compte qu’il y a des zones urbaines déjà exposées au risque (fig.11), l’étude urbaine dans le secteur des Gohards a comme premier objectif de diminuer le risque existant.

16. Consultation internationale d’architectes pour l’avenir de la métropole parisienne: Le grand pari(s) de l’agglomération parisienne. 17. Revue EK 33, Juillet 2013, page 42.


16

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

a. L’impact de l’aléa de référence

12a

d. Le zonage réglementaire du PPRI

Réglement du PPRI zone «R» (CEC+aléa fort) zone «r» (CEC +aléa moyen et faible) zone «b» (ZU + aléa moyen et faible) enjeux 8. Le parcours pour arriver au zonage réglementaire du PPRI. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

12d


17

b. L’étude des enjeux _ PLU

12b

c. Le croisement aléa - enjeux

12c


18

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

13

14

13. Projet Arkadian : la rénovation d’un friche industriel à Winnenden en Stuttgart, Allemagne.

14. Projet Arkadian : le système d’écoulement des eaux.

Atelier Dreiseitl, Revue EK Juillet 2013.

Atelier Dreiseitl, Revue EK Juillet 2013


19

1.2 Les zones urbanisées (ZU) déjà exposées au risque. Comment agir sur le territoire pour diminuer la vulnérabilité de ces aires et envisager un développement urbain dans le secteur ? Dans notre périmètre d’étude nous trouvons seulement quelques zones urbanisées «b» isolées les unes des autres. Dans ces zones soumises à un aléa moyen ou faible, c’est-à-dire à un niveau de submersion plus petit d’un mètre, plusieurs possibilités de construction sont permises suivant le cas de chaque parcelle20. La manière d’aborder le projet urbain des Gohards, ayant pour but d’implanter 2000 nouveaux logements, commence par diminuer la vulnérabilité des aires urbanisées, c’est-a-dire, des zones «b», qui sont déjà exposées au risque d’inondation (fig. 12d, p.16). Cependant, nous trouvons aussi d’autres secteurs utilisés par la population qu’il est nécessaire de prendre en compte, même s’ils ne sont pas encore classifiés en tant que zone «b», car ils correspondent à des zones exposées au risque (fig.11 p.14/fig.12d p.16). C’est en fonction de ces aires déjà urbanisées que l’on doit planifier une future occupation du sol qui assure l’absorption et l’écoulement des eaux et de cette manière diminuer le risque existant. Pour ce faire on devrait même créer des secteurs inondables, si cela s’avère nécessaire. Un bon exemple en est le projet Arkadian Winnenden21 en Stuttgart, Allemagne, réalisé par l’Atelier Dreiseitl22. À Winnenden, dans la banlieue de Stuttgart, l’atelier a transformé une friche industrielle en zone inondable et quartier résidentielle, afin de réduire la pression sur un système hydraulique surchargé. Un parc paysagé ponctué de bassins d’orage permet au site de se déconnecter à 90% du réseau d’eau pluviale. Trottoirs et parkings perméables réduisent à 30% les surfaces étanches de la voirie. Des espaces de détente et de rencontre visent à responsabiliser la population et à lui rendre le plaisir de vivre au bord de l’eau (fig.13). De même, on doit prévoir un système d’absorption et d’écoulement au niveau du périmètre sélectionné et ses alentours, qui permettent l’habitabilité de ces aires déjà exposées en cas de crue (fig. 14). Nous voyons donc que l’occupation du sol qui facilite l’absorption des eaux et du système d’écoulement qui vient le compléter est la première variable à prendre en compte pour que le projet urbain soit réellement conçu en fonction du risque d’inondation. Nous allons déterminer quel devrait être l’occupation du territoire et les mécanismes d’écoulement qui permettent l’habitabilité des zones déjà exposées, pour ainsi établir le meilleur scénario d’intervention pour l’insertion de nouveaux logements. Pour cela nous devons étudier la topographie du secteur des Gohards et analyser les facteurs qui ont augmenté le risque d’inondation, que comme nous verrons sont directement liés à la forme d’occupation du territoire.

20. Projets nouveaux : Emprise au sol limitée à 50 % de la surface inondable de l’unité foncière (sauf en sous-zone be où elle n’est pas limitée.) Extensions : 30 % d’emprise au sol ou 50 % de l’unité foncière 21. http://www.dreiseitl.com/index.php?id=53&lang=en http://www.landezine.com/index.php/2013/04/arkadien-winnenden-by-atelier-dreiseitl/ 22. http://www.dreiseitl.com/index.php?id=205&lang=en


20

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

15

15. Les unités de paysage du territoire des Gohards. Atelier de paysages Bruel Delmar, dessin d’Anne Sylvie Bruel, 2013.


21

1.3 La généalogie de la formation des risques dans le secteur Les Gohards. Les infrastructures qui au XXème siècle ont modelé le territoire amont de Nantes s’inscrivent dans la géographie, la confortent mais aussi d’une certaine façon la perturbent. La voie SNCF et sa plate-forme sont de nouvelles levées de la Loire, autour desquelles s’organisent les plate-formes des industries. Le lit majeur s’étend jusqu’à la plate-forme ferrée. La prairie de Mauves, territoire des bas-champs, demeure dans son emprise initiale depuis la Loire jusqu’à l’ancien étier aujourd’hui matérialisé par le boulevard de la prairie de Mauves, qui se comporte également comme une levée qui traverse le paysage presque sans contact. Au nord de la plateforme ferrovière le coteau entame une lente remontée qui attend la crête marquée par le rue de la Papotière (fig.15/fig.16).

16

16. Les unités de paysage du territoire des Gohards. Le travail de reconaissance du site. Atelier de paysages Bruel Delmar, dessin de Christophe Delmar (C.D.), 2012.


22

17. L’évolution de l’occupation du sol entre 1923 et 2012 Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2012.

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

17a

17b

17d 28c

17c

18a

18b

18d

18c

18. L’évolution du réseau hidraulique Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


23

L’analyse de l’évolution de l’occupation de sol en parallèle de celle de l’évolution des bassins versants et des processus d’écoulements de l’eau fournit une première approche de la situation actuelle du site. Si l’on compare la situation actuelle de l’occupation de sol (fig.17d) avec celle de 1923 (fig. 17a), on voit : - une extension non planifiée de la ville au détriment des terres agricoles perméables - l’enclavement du territoire à cause des infrastructures - une dégradation du réseau hydraulique. L’analyse de l’évolution de l’occupation de sol nous montre une dissipation du paysage agricole afin d’introduire de nouvelles activités qui deviennent le déclencheur de l’abandon des productions maraîchères et comme conséquence du développement de friches (fig.26, p. xx). La carte de 1923 (Fig.17a) nous montre une occupation agricole au parcellaire dense qui permet le contrôle et l’utilisation des eaux de ruissellement. La carte de 1956 (fig.17b) nous montre un regroupement des parcelles en raison du développement du maraîchage industriel et de la construction sur les terres agricoles23. Les cartes de 1986 et 2012 (fig.17c/d) font le point sur l’extension non planifiée de la ville au détriment des terres agricoles perméables. Néanmoins, la situation actuelle est marquée par la présence de récents développements urbains, indice d’un changement dans la façon d’agir sur le territoire (Le Parc de la Verdure et le Parc de Bottière Chénaie sont de bons exemples). Cette évolution de l’occupation de sol, accompagnée par l’arrivée des infrastructures va bouleverser la physionomie du territoire en question, au point de provoquer une dégradation hydraulique qui affecte directement sur le processus d’écoulement des eaux (fig.18). Avant l’arrivée de la voie ferrée l’eau cheminait dans les fossés suivant la pente naturelle du terrain. (fig. 19a, p.24). La création de la voie ferrée en 1877 constitue le premier barrage aux écoulements de surface provoquant l’apparition des surfaces en creux qui constituent des zones de rétention en rive de la voie ferrée (fig. 19b, p.25). Entre 1956 et 1986, l’arrivée du périphérique et du Boulevard de la Prairie des Mauves créent de nouveaux obstacles à l’écoulement. L’apparition de décharges sauvages en remblais va faire disparaître les bassins de temporisation et des zones de rétention naturelle se créent (fig.19c/d, p.24/25). L’accumulation de ces facteurs obstructifs a augmenté les risques d’inondation. À travers cette analyse nous voyons comment les formes d’occupation du sol affectent directement l’équilibre du territoire. Même si le milieu naturel ainsi que l’urbain est en constante mutation, c’est précisément à cause de notre façon d’agir qu’il est devenu plus vulnérable. Les plans d’occupation du sol n’ont pas été conçus à partir d’une vision globale qui prend en compte sa géographie et topographie. C’est à partir de ce constat que je voudrais faire le point sur la rigidité des règles à travers lesquelles on essaie de maîtriser le territoire. Néanmoins, le PPRI offre parfois une certaine souplesse dans ses règles ou dans ses possibilités de négociation, ce qui nous laisse l’opportunité de développer des alternatives à l’interdiction totale de construction.

23. « A la fin des années 60, l’urbanisation galopante repousse les tenues maraîchères à l’extérieur de l’agglomération. Les terrains ainsi libérés sont lotis les uns après les autres… » (Nantes Sud, un quartier de tenues maraîchères).


24

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

4

19a

Avant l’arrivée de la voie ferrée

5

19d

19. L’évolution des bassins versants entre 1877 et 2012 B.E.T. Groupe Etude Michlel Nicolet, dessin de Chloe Ariaux, 2012.


25

19b

L’arrivée de la voie ferrée

19c


26

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


27

1.4 Les plans d’occupation de sol versus la mutation des topographies et la variation des risques dans le temps. Dans le cas des zones inondables, c’est le PPRI qui régit l’occupation de sol. Nous nous trouvons face à un PPRI qui a pour but : «réduire la vulnérabilité sur le territoire qu’il couvre, tant du point de vue de l’urbanisation future que des modalités de construction et des usages du territoire»24. Une fois approuvé il est annexé au PLU. Une fois annexé au PLU, les bases pour délibérer sur le territoire sont lancées et les projets ne tardent pas à envahir les terrains disponibles. C’est un mécanisme délicat, si on prend en compte le fait que le milieu naturel et urbain, variables sur lesquelles repose le PPRI, sont en constante mutation. Ceci nous laisse à penser que le risque d’inondation est lui-même influencé par la mutation urbaine en plus des ses variations naturelles. Notre travail doit alors prendre en compte ces doubles variations. C’est pour cela qu’en tant qu’architectes-urbanistes nous devons anticiper et prendre en compte cette oscillation ou facteur de risque comme colonne vertébrale de la planification, tout en sachant qu’en outre l’inondation elle-même est un événement à durée variable, du moment de la submersion jusqu’à l’évacuation des eaux. Dans la suite, nous expliquerons pourquoi l’ensemble de zones exposées au risque est variable et nous devons prendre en charge cette condition. Les aires de submersion sont déterminées par un aléa de référence qui correspond à la crue de référence, définie par les Plus Hautes Eaux Connues (P.H.E.C.). Par conséquent, l’aléa de référence est variable, étant donné que les cours des fleuves et ses crues varient dans le temps et c’est pour cela que l’aire définie aujourd’hui en tant qu’inondable pourrait renfermer un rayon encore plus grand ou bien plus petit.25 La manière de s’installer sur le territoire peut aussi avoir une incidence sur l’aléa de référence et donc sur l’ensemble des zones inondables26, et c’est pour cette raison que je ne parle pas seulement de l’évolution de l’environnement naturel mais aussi de l’urbain. Si l’on tient compte des possibilités de variations du risque d’inondation, les parcelles limitrophes du périmètre du PPRI devront être traitées avec une attention particulière. C’est pour cela que même les aires hors aléa du territoires des Gohards se trouvent sous la catégorie 2AU27 du PLU (fig.9, p.12), fermée à l’urbanisation, en attente d’une éventuelle modification du PPRI pour pouvoir les aborder. Par la suite nous expliquerons comment un projet urbain peut être conçu en fonction du risque d’inondation, tout en prenant en compte la variation du risque dans le temps et les différentes étapes de l’inondation : de la submersion jusqu’à l’évacuation des eaux. Je présenterai d’abord l’estratégie de Bruel-Delmar qui trouve une opportunité d’agir sur les zones inondables du secteur des Gohards sous le postulat d’une occupation mixte des parcelles (agriculture et logement). 24. PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013. 25. Sur l’aire d’étude, les plus hautes eaux connues (P.H.E.C.) résultant des inondations de la Loire sont issues des données de la crue de 1910. Au cours du XXème siècle, des modifications sensibles du lit du fleuve, essentiellement d’origines anthropiques, ont conduit à abaisser notablement la ligne d’eau. Ainsi, les rédacteurs du PSS ont considéré que si une crue identique en débit à celle de 1910 survenait à nouveau, les niveaux qu’elle atteindrait seraient sensiblement plus bas que ceux observés en 1910. (PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013 17/73). 26. L’atlas des zones inondables de la vallée de la Loire mentionne en effet que «Le comblement des bras de la Loire dans la traversée de Nantes et le creusement des deux bras principaux dans le but de supprimer les inondations ainsi que l’aménagement de l’estuaire ont considérablement modifié les conditions d’écoulement du fleuve en période de crue. Ainsi, pour des crues relativement identiques en débit en 1910 (6 100 m3/s) et en 1982 (6 300m3/s), les niveaux atteints à Nantes par cette dernière ont été inférieurs de 1,90 m à ceux atteints en1910, le fleuve s’est écoulé entre ses rives sans dommages». 27. Zone 2AU: zone fermée à l’urbanisation nécessitant une procédure de modification ou révision du PLU.


28

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

Le secteur «R» de la zone NL et le secteur «R» de la zone 2AU

Zones «R» (CEC+aléa fort) zone NL zone «R» (CEC zone NL) zone 2AU zone «R» (CEC zone 2AU)

20a

Le secteur «r» de la zone NL et le secteur «r» de la zone 2AU

Zones «r» (CEC+aléa m et f) zone NL zone «r» (zone NL) zone 2AU zone «r» (zone 2AU)

20b


2. La conception du projet urbain en fonction du risque d’inondation et sa variation dans le temps

29

2. La conception du projet urbain en fonction du risque d’inondation et sa variation dans le temps. 2.1Les potentiels des zones inondables («R» et «r») pour le développement du projet urbain Les Gohards. Postulat: occupation mixte de parcelles. Les secteurs correspondant à la zone «R» affectées par un aléa fort, ce qui implique un niveau de submersion de plus d’un mètre, sont destinés exclusivement à jouer le rôle de champ d’expansion de crues de la Loire. C’est pour cela qu’ils ont été définis en tant qu’aires d’intérêt naturel (ils se trouvent dans la zone NL du PLU) et l’insertion de nouveaux logements dans le secteur est défendue. Leur préservation joue un rôle fondamental dans la stratégie de prévention du risque d’inondation de l’agglomération de Nantes. Il existe néanmoins un secteur «R» dans la zone 2AU du PLU que l’on devrait traiter avec le même critère (fig. 20a). Les secteurs correspondant à la zone «r» affectées par un aléa moyen ou faible, ce qui implique un niveau de submersion de moins d’un mètre, peuvent eux aussi conformer des champs d’expansion de crues de la Loire et ne sont pas adéquats pour la construction de nouveaux logements. Il est seulement possible l’extension des logements existants sous certains critères. Le logement lié aux activités agricoles, en revanche, est permis. Il existe néanmoins un secteur «r» dans la zone 2AU du PLU que l’on devrait traiter avec le même critère (fig. 20b). Comme on voit, la zone NL ainsi que la zone 2AU du PLU disposent de deux types de champs d’expansion de crues (CEC) : ceux qui n’admettent pas de logement (hauteur de submersion supérieure à 1,00 m) et ceux qui admettent un certain type de logement (hauteur de submersion inférieure à 1,00 m) (Fig. 20c).

Les secteurs «R» et «r» des zones NL et 2AU

Zones «R» et «r» zone «R» (non constructible) zone «r» (constructible) zone «R» (non constructible) zone «r» (constructible)

20c


30

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

21a

21b

21a. La zone hachurée : les aires soumises à l’aléa faible où Nantes Métropole envisage la construction de logements, Janvier 2013. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

21b. La zone hachurée : les aires soumises à l’aléa faible où Nantes Métropole envisage la construction de logements, Avril 2013. L’aire consideré comme constructible a augmenté par rapport à celui de Janvier 2013. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


31

La révision actuelle du PPRI a pour finalité de réévaluer l’usage des secteurs « r » (hauteur de submersion inférieure à 1,00 m) : ceux de la zone 2AU ainsi que ceux de la zone NL. Outre faire partie des champs d’expansion de crues de la Loire, les secteurs «r» de la zone 2AU pourraient héberger un nombre important de logements et les secteurs «r» de la zone NL pourraient se transformer en véritables aires de loisirs pour la population de l’est de Nantes (fig. 22)18. Le but est d’intégrer certains secteurs inondables au développement des centres urbains de proximité : Vieux Doulon à l’ouest du Périphérique et Sainte-Luce à l’est du Périphérique (fig. 23, p.32). Un signe de cette intégration se laisse entrevoir à partir de la transition particulièrement bien réussie entre les aires de logements de Sainte-Luce et le ruisseau de l’Aubinière, engendrée par le Parc de la Verdure. Cette trame de cheminements doux rend aujourd’hui possible de parcourir des zones soumises au risque d’inondation. Cette trame devrait être la base de la configuration des accès aux futurs logements (fig.24, p.32). La zone NL, tout comme la zone 2AU, n’est pas uniquement composée de champs d’expansion de crues (CEC) mais aussi par de secteurs hors aléa (fig. 22). Cela veut dire que dans les zones NL et 2AU, aujourd’hui fermées à l’urbanisation, il existe la possibilité d’y implanter des logements : soit liés à l’activité agricole dans les secteurs «r », soit d’une autre catégorie dans les secteurs hors aléa.

4 secteurs zone NL aléa fort aléa moyen aléa faible hors aléa 4 secteurs zone 2AU aléa fort (n/constructible) aléa moyen (n/constructible) aléa faible (constructible) hors aléa (constructible) 22. Les 4 secteurs de la zone NL et les 4 secteurs la zone 2AU. Les 3 secteurs exposés au risque et le secteur hors aléa. Dessin de F.B., 2013.

18. Comme on peut voir dans la fig. 21a, datée janvier 2013, Nantes Métropole et la ville de Nantes n’envisagent pas de logement dans la zone NL. On évalue l’implantation de logements seulement dans les secteurs r soumis à l’aléa faible et les secteurs hors aléa de la zone 2AU. Dans la Fig. 21b, datée avril 2013, la zone constructible démarquée par NM est encore plus grand, si on considère les terrains en zone d’aléa faible du secteur de la Papotière.

22


32

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

23

24

23. En blanc les secteurs à développer par rapport au centres du Vieux-Doulon et de Sainte-Luce.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

24. A gauche : le Parc de la Verdure entre le tissu à dominante d’habitat de Sainte-Luce et le bord du ruisseau de l’Aubinière. A droite : la localisation du parc entre le périmètre d’étude et Sainte-Luce. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


33

25

Par rapport à cette manière d’aborder le territoire, l’aire ayant une possibilité d’héberger des logements s’exprime dans la fig. 25. Si l’on fait un exercice rapide, assujetti à un schéma d’occupation de sol de 15% et si on considère une moyenne de 75 m 2 d’emprise au sol par logement, nous nous rendons compte qu’il y aurait une flexibilité suffisante comme pour configurer un projet de 2000 logements, tout en respectant les propriétés et les qualités de l’environnement (voir fig.25Graphique 1).

25. La faisibilité d’implanter 2000 logements dans les secteurs 1-5 de la zone 2AU, en respectant la préservation de la zone NL pour l’aménagement d’espaces de loisirs et de paysages humides. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


34

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

26

27

26. La qualité des terres: un territoire des cultures et des friches agricoles.

27. Toutes les terres constructibles sont cultivables. Ce fait permet d’envisager l’occupation mixte de parcelles (agriculture et logement) proposé par Bruel-Delmar.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


35

Du à la qualité de ces terrains (fig.26/fig.27), ayant un passé lié à l’activité agricole19 qui est encore présente dans le secteur (fig.28, voir f.29 annexe, p.115), l’équipe d’architectes-urbanistes envisage l’implantation des logements à travers un plan d’action qui cherche une meilleure intégration de l’agriculture et des fronts ruraux, couplée à de nouvelles formes urbaines et d’occupation du sol. Ce type d’approximation est intéressant du point de vue de l’usage mixte des terrains, ce qui assure la perméabilité des sols et l’absorption des eaux, mais la proposition devrait inclure des logements habitables en cas de crue, de manière à éviter l’évacuation de la population. Un bon exemple de logements habitables en cas de crue est le projet des Isles de Rezé, réalisé par Obras architectes-urbanistes, situé au sud de l’agglomération de Nantes (fig.31, p.36), duquel on discutera ci-après.

28. Occupation mixte des parcelles, route de la Loire, Nantes. Photo de F.B., 2013.

19. « Tous les murs de pierre qu’on voit lorsqu’on se balade entouraient des tenues maraîchères. Ces murs avaient une double fonction: séparation mais surtout des arbres fruitiers en espalier y étaient adossées, et ainsi protégés contre les gelées. » (Nantes Sud, un quartier des tenues maraîchères)


36

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

31

31. La localisation du projet des Isles de Rezé au sud de Nantes. La commune de Rezé est située à la confluence de la Sevrè et la Loire. Obras architectes-urbanistes, 2013

32. Le projet des Isles de Rezé. Zonage réglementaire du PPRI. Des logements habitables en cas de crue. En jaune les bâtiments dans des périmètres où la submersion es inferieure à 1 mètre (dans des zones soumises à un aléa moyen ou faible). Obras architectes-urbanistes, 2013

32


37

Après avoir défini une occupation du sol qui cherche à préserver les aires d’absorption de crues, on conçoit la forme urbaine en fonction des variables qui déterminent le risque d’inondation, c’est-à-dire, par rapport aux obstacles que présente chacune des trois zones de submersion établies par le PPRI. Les formes urbaines sont dessinées par les contraintes des aléas du PPRI. Le défi est de trouver la façon de créer plusieurs opportunités d’habitabilité par rapport aux obstacles des terrains inondables, en prenant en compte leur capacité d’absorption des eaux, dont le rôle est de diminuer le risque d’inondation des aires urbanisées déjà exposées au risque et à celui prévu par le PPRI. Le projet des Isles de Rezé mené par Obras architectes-urbanistes à Rezé, au sud de l’agglomération nantaise (fig. 31) en est un bon exemple, à la fois par la manière radicale dont il est conçu sous les contraintes des aléas du PPRI et de la réglementation spécifique qui a été créée pour ce projet en particulier, à partir d’un effort commun des architectes-urbanistes et Nantes Métropole Aménagement (N.M.A.)1, c’est-à-dire, entre les maître d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage.

2.2 Le projet des Isles de Rezé développé par Obras architectes-urbanistes. Le principe qui régit la manière avec laquelle ce projet s’adapte aux zones inondables repose sur un pré requis : que les logements doivent être vivables en cas de crues, et ainsi éviter l’évacuation. On prend une décision radicale, celle de penser le projet dans le scénario le plus critique et de considérer toutes les phases d’inondation, depuis le premier moment de la submersion jusqu’à l’évacuation de l’eau, en tenant compte du fait que la durée de submersion peut durer des mois2. En même temps, la forme de se placer sur le territoire prétend maximiser les aires à capacité d’absorption des eaux au lieu de les éliminer à travers l’artificialisation des sols. Afin d’accomplir ce dernier objectif et d’implanter des logements habitables en cas de crue, les conditions sous lesquelles se situe le projet sont les suivantes: Du point de vue de l’emplacement : • rien construire au sein des périmètres où la submersion est supérieure à un mètre (rien construire au sein des périmètres des zones «R» et «B», voir fig.32, c’est à dire rien construire au sein des périmètres des zones soumises à un aléa fort, fig.34 p.38) Légende de la carte du zonage réglementaire du PPRI (fig.32 à gauche).

1. N.M.A. est l’aménageur mandaté par Nantes Métropole pour accompagner la mutation de ces deux kilomètres carrés du sud de la Loire sur les communes de Rezé (secteur des Iles) et de Nantes (secteur de Pirmil). (Repenser l’urbanisme, La nature comme structure, une chance pour la ville, Fréderic Bonnet.) 2. « La crue de 1910 a duré un mois et demi, de mi novembre à fin décembre, engendrant une forte perturbation des activités ».


38

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

33

33. Projet des Isles de Rezé. Carte des aléas du PPRI Loire Aval de la ZAC. Périmètre de la Phase 1: Ordronneau et Colas. En jaune les bâtiments dans des périmètres où la submersion es inferieure à 1 mètre (dans des zones soumises à un aléa moyen ou faible). 34. En rouge les chemins hors d’eau qui font la liaison entre l’aléa fort et l’aléa faible. Obras architectes-urbanistes, 2013.

34


39

• disposer les bâtiments de façon à éviter de gêner les écoulements • surélever les planchers habitables au-dessus du niveau des P.H.E.C., ce qui implique une diversité d’aménagement et d’usage des RDC (fig. 35). • Les logements doivent être accessibles hors d’eau par circulation douce, ce qui implique la création de liaisons piétonnes : un système de cheminements hors d’eau qui créent un accès direct vers une partie non exposée (fig.34), c’est-à-dire un accès direct aux logements dès l’espace public structurant hors aléa (fig.36, p.suivante). L’accès par véhicules motorisés, nécessitant d’importants travaux au niveau des voies et engendrant des coûts élevés, n’est pas envisagé dans le programme. En plus cela signifierait enlever des zones d’expansion des crues, contre la volonté du projet de maximiser la capacité d’absorption des crues.

Laisser la place à la Loire de s’épandre en cas de montée des eaux

Diversité d’aménagement et d’usage des rez de chaussée 35

35. Le projet des Isles de Rezé. A gauche: une végétation importante permettra d’absorber une crue et donc de gérer les inondations. A droite: la diversité d’aménagement de RDC.«L’entrée principale est du côté Loire (les RDC) et donc totalement inondable, et puis à l’arrière à R+1 le niveau est accessible à pied en cas de crue» (Développeur urbain à la DTA Nantes Est) Obras architectes-urbanistes, 2013


40

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

36

36. Projet des Isles de Rezé. Accès aux logements à travers des chemins hors d’eau.

Obras architectes-urbanistes, 2013


41

Du point de vue de la construction : • interdire l’installation d’équipement sensibles ou de polluants en RDC. Ils seront occupés par des commerces sans matériels importants, du pilotis, du stationemment ou des pièces communes • les réseaux desservant les habitations doivent être opérationnels en cas de crues, par exemple la possibilité d’avoir des voies de réseaux aériens est en train d’être évalué pour les réseaux d’électricité • utiliser des matériaux résistants à la poussée de l’eau et séchant facilement : le positionnement adéquat des ouvertures pourra faciliter ce processus naturellement • fondations adaptées Il s’agit donc de réduire au maximum la vulnérabilité de nouveaux logements. L’emprise au sol des constructions ne devra pas excéder 50% de la superficie totale. En cas de crue centennale un jalonnement et un stationemment déporté doivent être mis en place (fig.37).

37

37. Projet des Isles de Rezé au sud de Nantes. Fonctionnalités des futurs logements de la ZAC des Isles. Extrait PowerPoint présentant le projet de la ZAC, Obras architectes-urbanistes en partenariat avec Nantes Métropole, 2013.


42

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

38

Deux phases d’intervention : Phase 1: Colas et site des abattoirs: implantation de logements, commerces, bureaux et grand équipement d’agglomération sur les terrains Colas (entre Trentemoult et l’arrière de la rue Ordronneau) et le site des abattoirs. Phase 2 : espaces PEB et rives de Loire: zone de 30 hectares en Plan d’exposition au bruit (exposée au bruit des avions) donc inconstructible mais perspectives différentes avec le futur déplacement de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

39

38. Périmètre de la Z.A.C. des Isles. Obras architectes-urbanistes, 2013.

39. Projet des Isles de Rezé. Présentation des opérations d’aménagement. Décomposer le projet d’ensemble en plusieurs secteurs d’intervention permet de penser chaque secteur comme une identité directement reliée à son contexte. Obras architectes-urbanistes, 2013


43

Portrait de l’opération L’agence Obras à été sélectionnée dans le cadre d’un appel à candidature lancée par Nantes Métropole en 2011 pour réaliser une étude urbaine, opérationnelle et économique du secteur Rezé les Isles-Pirmil, qui s’étend de Pirmil à Rezé. Le sujet d’étude est un secteur de 150 ha sur la rive sud de la Loire face à l’île de Nantes (fig.38). Le secteur des Isles présente un fort potentiel de renouvèlement urbain, majeur pour Rezé et pour l’agglomération. Il s’agit des espaces situés au nord du boulevard de Gaulle (route de Pornic), incluant le site des anciens abattoirs, les bords de Loire, le pôle commercial Atout Sud et la zone de la «Colas». La Ville de Rezé et Nantes Métropole y ont créé une zone d’aménagement concerté: Z.A.C. Pirmil- Les Isles. Ce nom est dû à l’emplacement de la future Z.A.C (fig.38). Effectivement, sur cette partie de la commune de Rezé, se situaient historiquement les îles formées par différents bras de la Loire, aujourd’hui comblés (fig. 40). “Puis, les bras de la Loire ont été comblés. Ainsi, les points hauts (non inondables), c’est-à-dire les îles formées par la Loire, sont devenus au moment des remblaiements des points bas (inondables). Une inversion complète de la valeur du foncier a donc eu lieu au moment de ce balancement. En effet, antérieurement, des zones résidentielles étaient présentes sur les points hauts, les îles, et des zones agricoles mises en valeur par l’élevage ou la pêche sur les points bas. La situation actuelle est telle que l’on retrouve sur les points hauts des zones commerciales et sur les points bas des habitations. Ainsi, aujourd’hui toutes les zones inondables sont les îles et les zones qui ont été très généreusement remblayées sont des endroits hors d’eau.»3 «A vrai dire, les cartes d’état-major d’il y à peine un siècle témoignent encore du milieu naturel extraordinaire qu’était la rive sud de la Loire : des îles en partie habitées (d’où les termes : haut Isle, basse Isle)... » (Fréderic Bonnet, Repenser l’urbanisme, Thierry Paquot, p.117).

40

40. Carte d’Etat Major du secteur de la ZAC des Isles. Les différentes îles qui étaient présentes sur le périmètre de la ZAC. Les anciens villages de pêcheurs: Trentemoult, Basse île, Haute île. Obras architectes-urbanistes, 2013.

3. D’après l’entretien de Olivier Corbineau, chargé de mission de la Z.A.C. des Isles. Une demarche de gestion du risque d’inondation : Le Plan Communal de Sauvegarde vers une Resilience urbaine ? Noémie Colomb, CharlotteThery, 2012, 2013.


44

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

41

42

41. Cohérence de deux rives. En bleu l’île de Nantes, en rouge Rezé, en jaune Pirmil, en vert Bas Chantenay. Cohérence de deux Rives, document de présentation Marcel Smets/uapS à Nantes Métropole, septembre 2012.

42. Cohérence de deux rives. Le site d’étude par rapport aux infrastructures de transport de l’agglomération de Nantes. Cohérence de deux Rives, document de présentation Marcel Smets/uapS à Nantes Métropole, septembre 2012.


45

Le territoire sélectionné pour la future ZAC, malgré sa situation priviligiée, à été préservé de l’urbanisation à cause du risque d’inondation. L’objectif est de proposer de nouveaux quartiers en coeur d’agglomération avec des modes de vie pouvant tirer parti de leur exposition à l’eau et à la nature. La mission a pour objectif de relancer l’aménagement urbain du Sud Loire. Dans le cadre d’extension du travail de l’île de Nantes par l’équipe de Marcel Smets au deux rives opposées, le secteur de Rezé est directement concerné. La «cohérence de deux rives» envisage la possibilité de requalifier des territoires au cœur de la métropole et d’anticiper les possibilités urbaines liées à l’arrivée de transports en commun (fig.41). Deux autres équipements urbains impactent la décision métropolitaine d’anticiper le renouveau urbain de ce morceau de territoire : le passage du tramway nord-sud qui relierait directement le centre ville de Nantes et Bouguenais au sud en passant par Rezé, et la volonté de créer un nouveau franchissement sur la Loire afin de désengorger le centre de l’agglomération (fig.42). Le périmètre de la ZAC des Isles s’insère directement dans ces projets métropolitains. Cette volonté de développer et de désengorger le centre ville, d’adapter la demande de transports en commun au développement futur de deux rives conduit à Nantes Métropole à envisager la capacité de développement réel du secteur Rezé les Isles. Les capacités foncières font de ce secteur un acteur du développement métropolitain. La maîtrise d’ouvrage avait dressé un programme ambitieuse au lancement du concours : une stratégie de déplacements commerciaux pour créer une zone d’activité mixte (commerce/ tertiaires/ logements) comprenant plus de 750 à 800 logements dans le secteur des anciens abattoirs. La mise en place d’un grand équipement d’agglomération. La création sur l’ensemble du périmètre d’un total de 3000 logements en lien étroit avec les spécificités géographiques et paysagères aussi que 20.000 à 30.000m2 de SHON d’activité économique.


46

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

42

43. Cohérence de deux rives. Cohérence de deux Rives, document de présentation Marcel Smets/uapS à Nantes Métropole, septembre 2012.

44. Cohérence de deux rives. Cohérence de deux Rives, document de présentation Marcel Smets/uapS à Nantes Métropole, septembre 2012.


47

45

Evaluation de deux variantes d’un éventuel franchissement ouest. Ces deux hypothèses influencent directement l’étude urbaine menée par Obras.

45

45. Cohérence de deux rives. Cohérence de deux Rives, document de présentation Marcel Smets/uapS à Nantes Métropole, septembre 2012.


48

Le prévention du risque d’inondation comme facteur de recomposition urbaine . Francisca Burgos

46

47

46/47. Projet es lsles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


49

Comprendre le territoire pour appliquer de nouveaux principes et répondre aux contraintes d’inondabilité des espaces publics

48

48. Projet es lsles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


50

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

49

49. Projet des Isles de Rezé. Coupe AA’ Obras architectes-urbanistes, 2013.


51

50

50.Projet des Isles de RezĂŠ. Obras architectes-urbanistes, 2013.


52

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

51

51.Projet des Isles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


53

2.2.1 Le travail en équipe des différents acteurs impliqués et la manière d’établir une réglementation spécifique pour chaque aire de projet. Une manière d’affronter le zonage rigide du PPRI, est de travailler en équipe entre la municipalité et l’architecte-urbaniste. On évalue en détail le risque d’inondation dans l’aire spécifique du projet, pour ainsi déterminer une forme urbaine spécialement conçue pour ce secteur. On crée alors un document et une réglementation pour ce projet spécifique que l’on annexe au PPRI. La structure du projet s’appuie sur les contraintes et potentialités du territoire et c’est à travers de cette stratégie que Fréderic Bonnet a réussi à aligner les différents acteurs autour d’une vision commune. L’agence a développé une vision partagée par l’équipe de maîtrise d’œuvre et d’ouvrage. «Il est possible ici de compléter l’urbanité plus minérale de Nantes par une urbanité verte» (Fréderic Bonnet, Extraite du comité du pilotage du 23 Mars 2013). Transformer et composer avec les contraintes: « Soit on regrette que cette présence de la nature s’accompagne de contraintes réglementaires (PPRI, les zones naturelles protégées). On attend et on espère que la contrainte s’éloigne, pour pouvoir dupliquer ici l’urbanisme minéral de l’ile et des autres projets nantais. Soit de manière à la fois plus efficace et plus ambitieuse on tire parti de ces contraintes qui sont l’expression d’une qualité réelle des lieux pour densifier autrement et construire une autre forme de ville intense, bien accessible, traversée par le transport et commun, équipée… » (Ecrite de FB pour un rapport de présentation a N.M.A.)

Phases d’étude 2003 - 2006 : étude sur le secteur des Isles (par Nantes Métropole en lien avec la Ville de Rezé) 2011 : reprise des études sur un périmètre élargi de Pirmil à Trentemoult ouest

2012 : restitution des diagnostics des études et prise en compte du projet dans le Plan de Prévention des Risques Inondation (PPRI)

2013 : Finalisé, le PPRI permet une urbanisation adaptée aux enjeux du secteur (inondabilité, mise hors d’eau, conception architecturale et urbaine adaptée dans les zones d’aléas...). Validation du projet de développement, du périmètre et des modalités de concertation préalable.


54

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

52

52.Projet des Isles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


55

53

53.Projet des Isles de RezĂŠ. Obras architectes-urbanistes, 2013.


56

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

54

54. Projet des Isles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


57

Comment l’approche d’Obras permet-elle un respect du site tout en créant des espaces publics dans un engagement respectueux du « déjà là », le seul moyen de gérer les contraintes des aléas du PPRI.

55

55. Projet des Isles de Rezé. Obras architectes-urbanistes, 2013.


58

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

56

57

56. «Agro-quartier»: une agriculture urbaine.

57. Occupation mixtes des parcelles. Logement et agriculture.

Aterlier de paysage Bruel Delmar, 2013

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de C.D. 2013


3. Le développement du territoire des Gohards

59

Ce projet, autant que l’initiative de Bruel-Delmar de construire des logements liés aux activités agricoles dans les aires affectées par l’aléa moyen, ce qui est, comme nous l’avons déjà vu, permis par le PPRI, nous ouvrent la perspective d’une intégration des zones inondables dans la planification urbaine. Bien que la volonté exprimée par Nantes Métropole n’envisage que construire dans le secteur soumis à l’aléa faible et le secteur hors aléa de la zone 2AU (fig. 21b), nous présenterons de même le potentiel de chacune des aires soumises à l’aléa. De cette manière, nous aurons une vision de l’ensemble et nous pourrons évaluer d’autres approximations au problème, comme celle que l’on vient d’examiner. Cette dernière nous permet d’imaginer de nouveaux usages pour les aires soumises à l’aléa moyen, étant donné que la proposition va au-delà du risque existant et de celui prévu.

3. Le développement du territoire des Gohards Avant de commencer une analyse plus poussée du secteur des Gohards, il me semble pertinent de faire une révision des sujets abordés jusqu’ici. Cela nous permettra de rappeler les critères que l’on doit prioriser pour affronter le développement d’un secteur figé par les contraintes d’aléas et les règles du PPRI. Il nous est déjà clair que la première mesure doit être de diminuer le risque des aires urbanisées. Bien que notre périmètre dispose des zones «b» isolées vers sa frontière, il existe d’autres secteurs utilisés par la population à tenir en compte (fig.11). Il est également nécessaire de pouvoir agir sur ces zones inondables, indépendamment de l’approbation du projet de logements. Une fois atteint cet objectif, nous pouvons penser à une future occupation du territoire en fonction de sa topographie et hydrographie. Par topographie on entend ici les pentes naturelles du terrain, ainsi que la qualité des terres agricoles que ce secteur présente. L’occupation du sol du projet sera questionnée, de manière à permettre une activité agricole envisagée à différentes échelles (fig.56). Dans ce contexte c’est que les maîtres d’œuvre proposent un « agro-quartier », qui priorise un usage mixte des parcelles, tout en assurant un équilibre entre les aires destinées aux logements et celles destinées à cette activité (fig.57). Bien que la construction sur le site ne doive pas altérer la propriété des sols, cette modalité garantie qu’un pourcentage des terrains agissent exclusivement en tant que champs d’expansion de crues (CEC). Quelques-uns de ces terrains hébergeront de même des aires vertes de récréation liées aux logements actuels et de ceux envisagés. L’idée est d’évaluer comment le projet de logement naît de l’adaptation aux trois types d’aléa. Comment les infrastructures nécessaires pour un projet de logements sont conçues à partir des obstacles et attributs que présente chaque zone. Le projet doit faire le pont entre les aires urbanisées (hors aléa) et les paysages humides (aléa fort), toujours en prenant en compte le fait que le risque d’inondation est variable dans le temps


60

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

58

58. Les bassins versants. Les sens d’écoulement des eaux. Le système de canalisation des eaux. Dessin de Francisca Burgos, 2013


61

3.1 Quels sont les facteurs qui aideront à diminuer la vulnérabilité du territoire pour imaginer son occupation ?

3.1.1 Une disposition territoriale qui maximise les surfaces d’absorption et l’écoulement de l’eau.

L’analyse de la situation actuelle des bassins versants et des systèmes de canalisation des eaux nous permet d’estimer comment réagit le territoire et comment il se comporterait en cas de crue. Nous pourrons ainsi déterminer quels sont les éléments à travailler pour diminuer le risque des aires déjà exposées et ensuite imaginer une future occupation du territoire (fig.58 ). Si l’on examine l’extrait ci-dessous, qui interprète les plans élaborés pour cartographier les zones inondables de notre périmètre d’étude (fig.6,p.10), nous commençons à comprendre la figure 58, où on exprime le sens d’écoulement des eaux, et comment celles-ci sont dérivées et dirigées par différents systèmes de canalisation (la canalisation des eaux usées, la canalisation des eaux pluviales, les canaux, les fossés), pour finalement, être soit absorbées par les terrains naturels, soit accueillies par les réservoirs. « Dans la commune de Nantes, une partie de la plaine alluviale de la Loire est occupée par des remblais. La plupart de ces zones se trouvent hors d’eau pour la crue de référence. Par contre il existe plusieurs secteurs dans la plaine alluviale inondable de la Loire (niveau terrain naturel) situés derrière ces remblais ou les liaisons hydrauliques avec la Loire se font par les réseaux pluviaux, les ruisseaux souterrains, les canalisations et les remontées de la nappe. A partir du pont de Bellevue (en rive droite), la Loire reçoit le ruisseau de l’Aubinière. Pour la crue de référence, le remous de la Loire va remonter dans le ruisseau de l’Aubinière et son affluent les Gohards pour inonder tout le secteur de la Papotière, le bas de Chaupières, la Noë Garreau. Comme une partie de la plaine en rive droite est occupée par les voies ferroviaires en remblai, les eaux sont déviées vers les quartiers de la Clarière, de la Bonnetière, puis vers le chemin du Bas pour rejoindre la Loire au niveau du lieu dit San Francisco. Dans le secteur de Vieux Doulon et de la rue des Eucalyptus, les zones inondables de la Loire sont constituées de terrains naturels sans remblai derrière les voies ferroviaires. Les liaisons hydrauliques se font par les souterrains sous les voies ferroviaires. Lors des grandes crues, les eaux vont remonter dans ces souterrains en inondant une partie de la plaine inondable de la Loire derrière les remblais. De la même manière, les secteurs de la rue d’Allonville, Coulmiers, route de SainteLuce, boulevard Dalby et rue Broutelle vont être inondés, car la crue remonte par le Gué Robert qui passe sous Malakoff. »28 Suivant cette approche de terrain, nous comprenons comment impacte l’aléa de référence sur notre périmètre d’étude. Nous reconnaissons les zones plus et moins exposées, et par rapport à ce résultat nous pouvons aborder les tâches qui suivent : la reconfiguration du système de canalisation des eaux et la mise hors d’eau de voies et chemins ; ces deux mesures ensemble nous permettront de diminuer la vulnérabilité du secteur. Comme nous pouvons voir dans la figure 58, il existe déjà un réseau de canalisation des eaux. Celle-ci se verra consolidée par les fossés créés à partir des voies et chemins en levées.

28. PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013.


62

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

59

59a

59. Coupe AA’: rue de la Noe Garreau, état des lieux.

59a. Coupe AA’: rue de la Noe Garreau. Modification du profil de la voie. Désenclavement des parcelles soumises aux aléas.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de Francisca Burgos, 2013.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin d’’Anne Sylvie Bruel, 2013.


63

Les chemins en levées permettraient l’écoulement des eaux des crues à travers les fossés (fig.59/59a). Les noues, fossés végétalisés larges et peu profonds, naturels ou créés par l’homme recueillent les précipitations de façon provisoire avant de les laisser s’infiltrer lentement dans la terre. En même temps, ceci va assurer la circulation de la population « le long de ces voies » et par conséquent une continuité des parcours en cas de crue.

60

60. La double fonction du système de canalisation des eaux. B.E.T. Groupe Etude Michlel Nicolet, dessin de Chloe Ariaux, 2012.


64

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

61

62

61. Voies et chemins à désenclaver dans la zone hors aléa.

62. Possibles voies et chemins de désenclavement à créer comme continuation de ceux hors zone d’aléas.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de A.S.B., 2013 Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de A.S.B., 2013.


65

Lorsque je dis « le long de ces voies », je souhaite souligner qu’aujourd’hui ces parcours disposent des sections exposées au risque ainsi que des sections non exposées (fig.61), et leur libre circulation se trouverait bloquée en cas de crue. Cela veut dire qu’il existerait une rupture entre les aires hors aléa, sûres, et les aires inondées. Il en découle que la première mesure à prendre en compte est la mise hors d’eau de voies et chemins qui va assurer une connexion entre les aires hors aléa et les aires inondées. Le fait de créer une connexion entre les zones hors aléa et les zones inondables signifie que les zones inondables seraient connectées à l’espace public structurant, c’est-à-dire, au transport en commun et à l’équipement. Ceux-ci seront impliqués directement dans la configuration de ce nouveau réseau de voies circulables hors d’eau. La configuration d’un réseau de voies circulables hors d’eau demande un travail de mise hors d’eau de voies et chemins dans la zone hors aléa (fig.61), ayant la possibilité de créer de nouvelles voies hors d’eau comme continuation des mêmes (Fig.62), pour ainsi établir la connexion entre les aires hors aléa et l’aléa moyen. Cela nous permettrait d’imaginer une occupation des aires exposées à un aléa moyen et faible (fig.63), et également de diminuer le risque des aires aujourd’hui exposées.

63

63. Coupe AA’: rue de la Noe Garreau. Construction hors d’eau en secteur aléa faible. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B et A.S.B., 2013.


66

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

64

Les axes nord-sud qui parviennent à réaliser une continuité entre la rive nord et la rive sud de la voie ferrée, que nous avons désignés par les chemins de l’Erdre à la Loire, sont les suivants (d’ouest à est) : 1. Le boulevard de Doulon 2. Le chemin de Ponceau 3. La liaison à travers le parc du Grand Blottereau et la rue Vulcan 4. Le boulevard du Manoir Saint-Lô et la rue de la Rivière vers le pont des Américains, qui fourche en le chemin de la Bonnetière et le chemin de la Clairière, avec l’hippodrome abandonné entre eux 5. Le chemin du moulin des Marais 6. La rue de la Loire 64. Les continuités nord-sud: les voies et chemins de l’Erdre à la Loire(voir aussi figures en Annexe p.115-123). Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013, 2013


67

3.1.2 La configuration du réseau hors d’eau en lien avec les continuités existantes La création de ce réseau envisage en même temps de potentialiser les continuités existantes au niveau du territoire. Durant mon travail dans l’agence, j’ai aussi pu apprécier l’importance donnée au système de transport (le transport en commun et les déplacements doux) dans la planification urbaine. Pour proposer un système global de parcours, une attention particulière a été accordée aux continuités existantes à l’échelle de l’agglomération. Comme nous voyons dans la figure 64, l’occupation du territoire repose sur la mise en relation du plateau, des coteaux et des cours d’eau. Le parcellaire suit les lignes de pente, les chemins et les routes mettent en relation les grandes unités géographiques. On distingue : - les continuités nord-sud: chemins de l’Erdre à la Loire (fig. 64) L’axe 4 dispose d’un grand potentiel, étant donné qu’il relie des situations urbaines différentes depuis le quartier de la Bottière au chemin du Bas, tout en passant par le centre du VieuxDoulon. La volonté d’étendre cette continuité et accéder aux bords de la Loire permet d’imaginer le développement de l’aire entre le chemin de la Bonnetière et le chemin de la Clairière, ce qu’en même temps établit un lien entre le Vieux-Doulon et la succession d’aires vertes qui caractérisent ce bord-fleuve (fig.65). La hiérarchie de cet axe au niveau territorial permet d’envisager la création d’une gare à l’intersection de ce dernier et la voie ferrée, si on prend en compte l’emplacement de la nouvelle gare proposée par Nantes Métropole (voir fig.72, p.72).

65

65. De l’Erdre à la Loire. L’axe 4. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


68

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

42

66

- les continuités est-ouest: chemins sur des lignes de crête (fig.66) Les axes qui présentent une continuité est-ouest et sont les suivants (de sud au nord): 1. La Loire à vélo / EV 6 2. Le chemin du Bas (Fig.45) 3. Le chemin des Américains 4. La rue de la Papotière 5. La route de Sainte-Luce

66. Les continuités est-oest: les voies et chemins sur les lignes de crête (voir aussi figures en Annexe p.115-123). Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


69

L’axe à plus grand potentiel est le 4, qui parvient à mettre en relation une série de situations urbaines allant du quartier de Toutes-Aides jusqu’au quartier de Sainte-Luce, en passant par le centre de Vieux-Doulon (Fig. 44). D’autres voies d’importance par rapport aux situations urbaines existantes : 1. Le Boulevard de Seattle, marqué par la présence de la Petite Amazonie et le parc de la Rochelle. 2. Le Bd.de la Prairie de Mauves (qui rejoint la rue de la Loire), divise la Prairie de Mauves en deux secteurs à caractéristiques complètement différentes (Fig.45). Les principales enclaves qui se trouvent dans la confluence de ces axes sont celles que nous avons désignées par Grand Fiefs (Fig. 44) : 1. Le parc du Grand Blottereau, qu’en plus dispose d’un lycée horticole 2. Le chateau de La Papotière, qu’en plus dispose d’un lycée horticole

67

67. De Toutes Aides à Sainte-Luce. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


70

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

68

69

68. Les continuités existantes. La trame verte.

69. Pistes cyclables NM 2030.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


71

On reconnaît aussi une trame de déplacements doux (des pistes cyclables et des liaisons piétonnes) qui relie certaines aires vertes dans la zone NL. Quelques parcours permettent d’accéder depuis ces aires au centre du Vieux-Doulon et au centre de Sainte-Luce (Fig. 39). Dans cette configuration on fait la différence entre les continuités existantes et celles potentielles en relation avec diverses situations urbaines, ce qui détermine le schéma global de parcours proposés par l’agence, complémenté par ce que Nantes Métropole envisage à l’horizon 2030. Par conséquent, la configuration du réseau de circulation hors d’eau sera directement liée : • au réseau de transport en commun existant et celui projeté à l’horizon 2030 (Fig. 39/39a) • au réseau de pistes cyclables existant et celui projeté à l’horizon 2030 (Fig. 40/40a)

70

70. Pistes cyclables NM 2030 + Bruel Delmar. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


72

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

71

72

71. Transport en commun NM 2030.

72. Transport en commun: NM 2030 + Bruel Delmar.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


73

Comme nous l’avons déjà mentionné, nous distinguons également une série de terrains naturels, marqués par la présence de la Prairie de Mauves, qui s’étend depuis la Petite Amazonie jusqu’au Parc de la Verdure, dans la confluence entre les ruisseaux des Gohards et l’Aubinière. La majorité de ces aires fonctionnent de manière autonome dans la mesure où elles sont accessibles à la population (Fig. 41). Le système de parcours prétend créer une continuité dans la succession de ces aires de manière à constituer un parc ligérien, qui replace le quartier du Vieux-Doulon sur sa géographie, marquée par la présence de la Loire. De cette manière il y aurait de nouvelles aires de loisir accessibles pour soutenir l’infrastructure du nouveau projet de logement. (Fig. 41). Une fois atteinte, la continuité entre les aires inondables et les aires hors aléa, rends possible l’implantation de logements. Elle permet également de créer de nouveaux accès aux espaces publics structurants du futur quartier.

73

73. La consolidation de la trame verte de la zone NL. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013


23



76

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


4. De quelle manière le projet de logement est-il réalisable sur le territoire des Gohards ?

77

4. De quelle manière le projet de logement est-il réalisable sur le territoire des Gohards ? Dans les aires environnantes aux centres urbains du Vieux-Doulon et de Sainte-Luce, nous trouvons des secteurs sans risque d’inondation (ayant un risque plus petit, étant donné que le risque est variable), d’après le périmètre délimité par le PPRI. Comme nous l’avons déjà vu, ces terrains hors aléa se trouvent aussi bien dans la zone 2AU que dans la zone NL du PLU. Ceux qui se trouvent dans la zone NL sont réservés aux aires de loisir Par conséquent, les terrains de la zone 2AU hors aléa, ayant un risque d’inondation plus petit, seraient les plus propices à l’implantation du nouveau parc de logements. Pourquoi alors ne pas implanter tous les logements dans ce secteur ? S’il est vrai que tous les logements pourraient s’installer dans le secteur 2AU hors aléa, nous voyons que pour constituer un réseau de circulation hors d’eau, il est nécessaire que quelques unes des aires hors aléa accommodent la configuration de liaisons entre les zones inondables et l’espace public : le transport et l’équipement (fig. xx). Cela veut dire que quelques unes des aires hors aléa fonctionneront comme une continuité d’espaces publics structurants, conçus de manière à ce qu’ils soient un médiateur entre eux et les aires d’aléa faible qui les avoisinent (où Nantes Métropole envisage en fait l’implantation de logements, d’après ce que l’on voit sur la figure 21b d’avril 2013). Comme nous l’avions précédemment énoncé, la création du réseau de circulation hors d’eau, à partir des chemins et des voies en levées, complète le système de canalisation des eaux existant. Si on étend ce système vers l’intérieur des parcelles, l’évacuation des eaux acquiert une connotation différente (fig. xx). Bien qu’elles soient éliminées pour réduire le risque d’inondation, elles sont dirigées afin d’irriguer certains secteurs destinés à l’activité agricole. Cela semble sensé si on prend en compte le fait que tous les terrains destinés à l’implantation des logements sont des terres arables à capacité d’absorption (fig. 27). C’est ainsi que nous pourrions établir une occupation mixte des parcelles (logements et activité agricole) suivant les niveaux des sols et le sens d’écoulement des eaux. Dans ce schéma les espaces destinés aux logements se concentrent dans les secteurs les plus hauts et moins exposés au risque d’inondation ; les aires de loisirs en revanche se configurent entre ceux-là et les zones destinées à l’activité agricole, acivité envisagée dans les secteurs plus exposés au risque. Pour que le projet de logement s’établisse comme un pont entre les aires urbanisées (hors aléa) et les paysages humides (aléa fort), chacune des zones d’aléa devrait comporter des espaces à la configuration des continuités et aux systèmes de canalisation. Pour faciliter l’analyse des possibilités que le périmètre d’étude présente en vertu de cette transition, nous avons dressé une sectorisation suivant la variété de topographies et des situations urbaines présentes et à développer. De cette manière, nous distinguons 5 secteurs : • le centre bourg du Vieux Doulon (fig. 74) • le Grand Blottereau (fig.75) • les faubourgs agricoles (fig.76) • les territoires enchaussés (fig.77) • les territoires de l’eau (fig.78)


78

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

74

75

74. Le bourg du Vieux Doulon

75. Le Grand-Blottereau.

Atelier de paysage Bruel Delmar, 2013.

Atelier de paysage Bruel Delmar, 2013


79

Nous allons présenter les caractéristiques principales de chaque secteur pour ainsi déterminer les tâches à réaliser en vertu de la configuration d’un “agro-quartier”. L’occupation des zones inondables pourraient s’établir sur cette base, dans la mesure que l’environnement immédiat se trouve apte ou se prépare pour contempler cette planification. 4.1 Le centre bourg Vieux Doulon: vers une grande halle de marché permanent, un lieu de rencontre et d’échanges des produits de la terre issus de Doulon. Comme un clin d’œil au XIXéme où les maraîchers devaient faire de longs voyages pour aller vendre à Nantes leurs productions… Nous pouvons apprécier que le projet qui envisage l’atelier fasse toujours référence à une agriculture urbaine et son objectif est de repositionner le centre du Vieux-Doulon comme le grand marché de distribution des produits liés à cette activité. D’après la situation existante (fig. 74) : Le quartier-bourg est attractif mais construit autour d’un vide qui manque d’intensité et de vie. Malgré que la rénovation de la placette soit récente, la présence des RDC aveugles des immeubles SNCF persiste. Il existe une dynamique commerciale mais à travers des petits sites non reliés entre-eux (galerie, supermarché, commerces de proximités) et peu lisibles par un piéton. Il est proposé : RDC.

D’activer les pieds d’immeubles par la mise en place de jardins partagés et d’activités en

De réactiver (le petit parc et la placette routière) et créer des lieux de vie collective invitants et accueillants pour les habitants du cœur du bourg. De créer une dynamique commerciale entre Doulon, Toutes-Aides et Bottière-Chênaie D’augmenter la proportion de surfaces de pleines terres29. 4.1.1 Le Parc du Grand-Blottereau : vers une mise en valeur d’un équipement d’échelle métropolitaine. D’après la situation existante (fig. 75) : A l’échelle inter-quartier et métropolitaine (TC, liens Nantes-Est et Floralies) l’avenue Auguste Peneau constitue le faubourg qui s’est créé entre Toutes-Aides et Doulon. A l’échelle du quartier (modes doux et piétonne) : l’avenue Auguste Peneau est le lien entre le parc du Grand Blottereau et « l’épaisseur » des quartiers situés immédiatement au nord (Profil 1, p.80). Le rapport à l’échelle du quartier entre parc/avenue/habitat frontal se trouve étanche et peu mis en valeur. Les alignements de l’avenue ne laissent pas sentir la variation du tissu résidentiel qui s’étend « derrière » l’avenue : dès maisons nantaises typiques aux réalisations plus contingentes (Profil1, p.80). En dehors du parc, il existe des surfaces de pleines terres situées dans les jardins privés (Profil1, p.80). Dimension pédagogique forte à travers de l’école d’horticulture et de la présence du S.E.V.E30 29. Zones de pleine terre: elles favorisent l’infiltration des eaux pluviales et limitent les risques d’inondation. La surface de pleine terre, perméable dans son sous-sol (sol et roche mère) doit présenter le minimum d’obstacles physiques dans son intervalle (parking, horizons imperméables, installation souterraine). Le but est de favoriser l’infiltration dans le milieu des eaux de pluie en maintenant la perméabilité des sous-sols et en utilisant des matériaux poreux (ex : revêtements poreux pour les circulations, dalles alvéolées pour les parkings). 30. S.E.V.E.: Service d’espaces verts et de l’environnement de Nantes. http://www.jardins.nantes.fr/


80

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

76

76. Profil du Boulevard Auguste Peneau. Rapport entre parc/avenue/ habitat frontal Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2012.


81

Quelle qualification et quelle résonnance du parc pour le quartier ? Sur l’avenue Auguste Peneau, quel travail sur les limites et les franchissements, comment travailler les débordements de ce parc dans l’épaisseur du tissu urbain majoritairement pavillonnaire situé au nord ? Depuis l’intérieur de ce tissu d’habitat majoritairement pavillonnaire et de bâtiments collectifs en bord de voie ferrée, quelles qualifications des parcours piétons et cyclables, quels lieux de pause ? Comme on voit, les questions soulevées au regard du Parc du Grand-Blottereau sont principalement liées à la manière avec laquelle ce dernier pourrait intégrer quelques uns des parcours qui rendent possible la traversée entre les rives de la voie ferrée, et donc entre le secteur d’habitat au bord de la dernière et la suite d’aires vertes au bord de la Loire. On met également l’accent sur le travail qu’il faut réaliser aux bords du parc et de l’avenue Auguste Peneau, afin d’établir une relation plus agréable entre le parc et les logements qui se trouvent autour. Par ailleurs, on donne une importance particulière au lycée horticole, puisque depuis sa dimension pédagogique, il servira d’appui au développement d’une agriculture urbaine, qui nécessairement devra être accompagné d’une éducation de la population dans cette matière. Comme on voit, aussi bien le centre du Vieux Doulon que le parc du Grand Blottereau joue un rôle dont l’implication va au-delà d’être des pièces hiérarchiques dans une configuration spatiale à l’échelle de l’agglomération. Ledit rôle comprend l’intégration des activités liées à la culture agricole, essentielles pour mettre en œuvre une planification urbaine qui pose ses bases sur cette insertion, et qui, bien que l’on trouve des traces de son existence dans ce secteur, est entièrement nouvelle pour les générations actuelle et à venir. Pour la suite, nous allons nous centrer dans les secteurs qui hébergeront les 2000 logements. Nous allons commencer par définir les potentiels des aires hors aléa en relation aux continuités existantes, puisque ces aires sont à la base de l’implantation du système de parcours hors d’eau et aussi celles qui peuvent renfermer le plus grand nombre de logements. Nous continuerons par analyser les espaces affectés par un aléa faible de la zone 2AU où Nantes Métropole considère la possibilité de construire des logements. Il est important de mentionner encore une fois que dans la zone NL du PLU, Nantes Métropole n’envisage pas l’implantation de logements, et cela également dans les aires affectées par un aléa moyen de la zone 2AU. Dans ces espaces le PPRI permet des constructions sous certaines conditions, et par conséquent ce sont ceux qui nous permettront d’accéder aux espaces en aléa fort, à vocation de champs d’expansions de crues, aujourd’hui isolées des centres urbains du VieuxDoulon et de Sainte-Luce. C’est pour cela que ces aires devraient faire partie de l’infrastructure des logements, habilités en tant qu’aire de loisir ou de production agricole, et de cette façon à établir un lien entre l’aléa faible et l’aléa fort. Il me semble en tout cas intéressant de visualiser dans quelle mesure il serait possible de construire des logements dans les secteurs exposés à un aléa moyen de la zone 2AU, afin de devancer le besoin d’un plus grand nombre de logements à l’horizon 2050. Par la suite, nous allons réviser les aires soumises à un aléa fort, privilégiés pour la création de paysages humides a fin de palier les déséquilibres hydriques des sols, générés par l’urbanisation31. Le projet de logement pourrait s’établir comme une transition entre l’espace public existant et celui envisagé dans les aires d’intérêt naturel de l’aléa fort. Il s’appuie sur les aires déjà urbanisées qui disposent de l’existence de logements et infrastructure, pour ainsi donner lieu aux nouveaux logements entre les aires hors aléa et les aires d’aléa moyen et faible. Nous présenterons des cas dans des parcelles spécifiques, ce qui nous permettra de changer d’échelle et d’entrer dans le détail. 31. Ces espaces peuvent avoir recours à des moyens naturels de collecte et de filtration permettant la restauration des nappes phréatiques donc diminution des risques de sécheresse. Ils profitent de l’évapotranspiration par le biais de la terre et des plantes pour un recyclage de l’eau dans l’atmosphère a fin d’éviter le ruissellement.


82

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

77

77. Les faubourgs agricoles. (voir aussi figures en Annexe p.124-125) Atelier de paysage Bruel Delmar, 2013


83

4.2 Les faubourgs agricoles Ce secteur est occupé en grand partie par des terrains hors aléa de la zone 2AU. Nous trouvons aussi une zone exposée à l’aléa faible dans les environs du château de la Papotière, où en effet Nantes Métropole envisage l’implantation de logements. Cette aire est délimitée par la présence du lycée agricole de la Papotière et par des exploitations maraîchères (encore en activités pour certaines, abandonnées pour d’autres). On reconnaît l’existence de cette activité à partir du patrimoine architectural visible depuis les espaces publics (bâtisses, châteaux d’eau, murs de clôture...). Du fait de la présence des hauts murs de clôture, la condition de la rue de la Papotière en ligne de crête est peu ressentie et il est impossible pour le piéton de comprendre et d’observer la position géographique particulière. Le travail de désenclavement de voies proposé par les maîtres d’œuvre démontre comment il est possible de réaliser une occupation des zones soumises à l’aléa faible dans le secteur de la Papotière. Dans les coupes de la figure 78 (p.84-85), nous voyons les différentes possibilités de modification du profile de la voie, pour parvenir à une transition entre les aires hors aléa et celles soumises à un aléa fort. Cela permet l’accès depuis la rue de la Noe Garreau vers les terrains de la Papotière, où se trouveraient les logements. On apprécie que le niveau des planchers habitables soit fixé audessus du niveau du P.H.E.C.32, ce qui assure qu’ils soient habitables en cas de crues et permettant d’eviter l’évacuation de la population. Les zones d’aléa moyen et fort seraient destinées à préserver les champs d’expansion de crues (CEC), soit grâce à des aires vertes de récréation ou des champs de culture de dimensions différentes, suivant les possibilités données par la taille des parcelles. À partir de la qualité des terres à vocation nourricière et la présence du lycée agricole de la Papotière, l’équipe imagine la possibilité d’attirer de jeunes agriculteurs, qui grâce à l’apprentissage des techniques agricoles poseraient les bases d’une agriculture de proximité. L’introduction de cette activité se développerait en parallèle à l’implantation des logements, selon le modèle d’occupation mixte des parcelles. L’atelier propose un développement de projet sous le postulat de : • « créer l’ouverture et l’invitation au cœur de cette nouvelle « façon » d’habiter et de cultiver… » • « habiter les tenues maraîchères du XIXème ». À l’échelle des transports en commun, ces terrains se trouvent bien connectés avec le Vieux Doulon et le centre de Nantes à l’ouest et avec le centre de Sainte-Luce à l’est. Le schéma global de parcours rendra possible la connectivité au niveau de déplacements doux, ce qui permettra l’accès aux logements en aléa faible et vers les aires vertes en aléa moyen et fort. Les terrains hors aléa de la zone 2AU à l’est du périphérique bordent la route de SainteLuce par le nord et le ruisseau de l’Aubinière ainsi que le parcours qui suit son cours jusqu’au parc de la Verdure par l’est. Le développement de logements devraient garder une distance prudente face au même, tout en respectant la vocation de CEC de ses bords. De cette manière on crée en outre un espace d’intégration entre ces logements et ceux qui existent sur le bord est, qui peut avoir des connotations différentes, soit une aire de récréation commune comme expansion du parcours existant ou par exemple une succession de jardins potagers le long du ruisseau.

32. Le fait d’établir le niveau des planchers habitables par dessus le P.H.E.C., ouvre la possibilité d’implanter des logements dans les zones soumises à l’aléa aléa moyen.


84

78. Désenclavement des voies. Noe Garreau. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de A.S.B. et F.B., 2012.

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos


85


86

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

79

79. Les territoires enchâssés. (voir aussi figures en Annexe p.126-129) Atelier de paysage Bruel Delmar, 2013


87

4.3 Les territoires enchâssés Le caractère « enchâssé » du territoire a à voir avec sa situation par rapport aux liens routiers. Il se trouve contenu par le périphérique et la route de Sainte-Luce et aussi maîtrisé par une série d’impasses dont on devrait se servir comme desserte du futur quartier et les prolonger par des itinéraires piétons / cyclables. On reconnaît l’identité du site à travers la présence des restes de canaux d’irrigations, de puits et traces de murs sur ce qui est aujourd’hui un parc en cœur de tissu urbain pavillonnaire, marqué par les deux éléments structurants de la géographie et de l’hydrologie du territoire : le ruisseau des Gohards au cœur du site et celui de l’Aubinière à l’est. Sur les bords du ruisseau des Gohards nous trouvons une aire qui est composée en grand partie par des terrains qui appartiennent à la zone NL où Nantes Métropole ne considère pas l’implantation de logements. Il s’agit principalement d’une suite d’aires vertes, dont les parcours nous mènent aux équipements sportifs du quartier (publics et/ou associatifs) : les stades de Saint-Médard et J.J. Aubon. C’est à partir de ces parcours que la trame de cheminements doux se consolide, ce qui permettra la liaison vers l’ouest avec le parc de Bottière Chénaie et le grand quartier Doulon-Bottière (prolongement de la Sècherie), ainsi qu’avec le centre du Vieux-Doulon. Dans ces parcours vers le Parc de Bottière Chénaie et vers le Vieux-Doulon nous trouvons des aires hors aléa de la zone 2AU, contiguës à l’urbanisation existante. C’est dans ces terrains que les logements peuvent s’établir en relation à cette urbanisation pour ainsi destiner des espaces à l’intégration des mêmes et ceux existants vers une suite d’aires vertes en bord du ruisseau des Gohards. La prolongation de ces parcours vers l’est de la périphérie nous permet d’accéder à l’autre secteur de terrains disponibles hors aléa de la zone 2AU, dans laquelle l’implantation de logements doit contempler des espaces qui permettent une intégration des futures aires à urbaniser avec les aires vertes du Parc de la Verdure ainsi qu’au centre de Sainte-Luce. Ce secteur que l’on a appelé les territoires enchâssés, est composé de grandes surfaces de pleine terre, avec une forte proportion d’espaces arborés, que l’on doit donc préserver, et dont la propriété d’absorption doit être exploitée pour initier une agriculture inventive faisant le lien entre l’habitat résidentiel existant, celui envisagé et le ruisseau des Gohards et/ou de l’Aubinière à l’est.


88

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

80

81

80. Les territoires de l’eau.

81. Les territoires de l’eau. Les îles et les presquîles du PPRI.

Atelier de paysage Bruel Delmar, 2013

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de C.D., 2013


89

4.4 Les territoires de l’eau Ce secteur est composé en grand partie par des terrains qui appartiennent à la zone NL. Cependant, une grande partie des terrains soumis à un aléa faible de la zone 2AU a été définie comme constructible par Nantes Métropole. Cela veut dire que dans la zone 2AU il existe une aire considérable pour l’implantation des logements. Cette aire joue un rôle fondamental au niveau du système global de parcours. D’un coté il existe la possibilité de générer une continuité entre la Petite Amazonie et le Parc de la Verdure, en passant par le parc du Grand Blottereau et les stades du RACC en rive nord de la voie ferré, qui sont eux-mêmes liés avec la suite d’aires vertes de la Prairie de Mauves en rive sud de la voie ferrée. D’un autre coté l’axe nord-sud qui démarre dans le quartier de la Bottière viendrait finir aux bords de la Loire, ce qui crée un espace de confluences autour du pont des Américains. C’est pour cela que le pont des Américains se configurerait en tant qu’élément révélateur et acquiert un caractère de belvédère du nouveau quartier du Vieux-Doulon, qui se prolongerait vers la rive sud de la voie ferrée, occupant les terrains de la zone 2AU hors aléa, délimitée par la présence de l’hippodrome aujourd’hui abandonné. Si nous prenons en compte l’aire à vocation industrielle, délimitée par la présence de l’industrie de la Déchetterie, dans le quadrant délimitée par le Bd. de la Prairie de Mauves et le chemin du Bas, et entre le Bd. de Seattle et la rue Vulcan, il est bien possible d’imaginer une nouvelle gare à l’intersection de la voie ferrée et le pont des Américains. L’occupation des zones hors aléa de la zone 2AU en rive nord de la voie ferrée prétend révéler les îles et les presqu’îles du PPRI. La forme dans laquelle ce secteur est impacté par l’aléa de référence conforme une suite d’îles hors aléa ayant une possibilité d’héberger de logements, aux alentours desquelles on disposerait d’aires de loisir ou liées à l’activité agricole, qui établirait la transition entre les zones d’habitat et les paysages humides de l’aléa moyen et faible. Les îles et les presqu’îles constituent une forme singulière d’urbanisation engendrée par les contraintes d’inondation. Le travail de désenclavement de voies dans le secteur de Cottin de Melville s’apprécie dans les coupes de la fig. 82 (p.90-91), où l’on peut voir les différentes possibilités de modification du profil de la voie et la transition entre les aires hors aléa des îles et les zones d’aléa faible.


90

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

Cottin de Melville _ Etat des lieux

Construction avec stationnement niveau de sol reglé aux PHEC

82. Désenclavement des voies. Cottin de Melville. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de A.S.B. et F.B., 2012.


91

Cottin de Melville _ Circulation hors d’eau sur la parcelle

Elevation de la voie sans diminution de la surface de roulement Construction sur les parcelles hors d’eau


92

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


93

Conclusion Notre but était d’évaluer les modalités de projet qui permettent aux aires exposées au risque d’inondation de quitter leur état de «terres gelées» pour devenir des territoires d’avenir. Construire dans les zones inondables qui sont dans l’enveloppe urbaine de la métropole permet tout à la fois d’éviter de consommer des terres arables des plateaux et de faire des économies de réseaux et de voiries. C’est la raison pour laquelle Nantes Métropole évalue l’implantation de logements dans quelques secteurs exposés à un aléa faible de la zone à urbaniser (zone 2AU du PLU) du territoire des Gohards. Quels sont les conditions d’un tel développement ? Il s’agit, en premier lieu, de garantir la sécurité de la population en cas d’événement catastrophique. Il s’agit ensuite de ne pas augmenter le risque d’inondation par la forme urbaine. Il est absolument important que l’on fasse valoir l’état de préservation de zones naturelles. Cela garantit qu’il y aura une proportion de terrains non constructibles qui assurera l’équilibre entre les surfaces d’absorption et le sol imperméabilisé. Pour cette raison il m’a semblé pertinent de mettre en perspective le projet des Gohards avec celui d’Obras. Les deux approches atteignent ces deux objectifs de manière différente. Le projet d’Obras est conçu en envisageant le scénario le plus critique et propose des logements habitables en cas d’événement catastrophique, évitant l’évacuation de la population. Il respecte par ailleurs la préservation des aires à vocation de champs d’expansion de crues (CEC). L’équipe Bruel-Delmar s’attache ainsi à une occupation du sol qui maximise les aires à capacité d’absorption des eaux (grâce à un système de canalisation qui la complémente). Le type de logement lié à l’activité agricole semble judicieux dans un secteur caractérisé par des terres arables, ainsi qu’en atteste cette production dans le passé. Ce type d’occupation mixte des parcelles assure aussi un équilibre entre le sol naturel et le sol urbain, où la construction n’altère pas la capacité de stockage des zones inondables. Les deux projets proposent de diversifier les modes d’habitat en prenant en compte l’identité du site, ce qui leur permet de gérer les contraintes présentes. Néanmoins, la proposition d’Obras s’appuie essentiellement sur l’évolution du bâti (ce qui rend possible la construction dans les aires soumises à un aléa moyen) tout en gardant la qualité du milieu naturel. Cette possibilité de construire des logements dans les secteurs à vocation de CEC, soumis à un aléa moyen, existe si et seulement si l’on considère le niveau des planchers habitables au-dessus du Plus Hautes Eaux Connues (P.H.E.C.) et on établit une connexion hors d’eau avec l’espace public structurant hors aléa. Il existe alors la possibilité d’ouvrir l’usage du sol à la population, soit en tant qu’aires de récréation ou champs de culture de différentes dimensions, à condition toutefois que le sol intègre des parcours hors d’eau qui les lient avec les aires hors aléa. La situation actuelle des bassins versants et les processus d’écoulement des eaux nous permettent de comprendre comment l’aléa de référence affecte le périmètre d’étude, clé pour consolider le système de canalisation des eaux et déterminer les voies à reformuler. Il s’agit ici de créer une continuité de parcours en dehors de l’eau en cas de crue, ceci afin de rendre possible la construction de logements en aléa moyen et faible (les deux projets utilisent cette methode). Ce réseau de parcours hors d’eau, et plus précisément la connexion entre les aires hors aléa et les aires inondées, va permettre aussi d’évacuer les aires de loisirs affectées, non seulement depuis les logements mais également depuis l’espace public structurant (transport en commun


94

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


95

et équipement). Cela veut dire qu’outre l’approbation de l’installation de logements, ce réseau est nécessaire pour diminuer la vulnérabilité des aires aujourd’hui affectées par un aléa moyen et faible. Le réseau de circulation hors d’eau proposé par Bruel-Delmar fait partie d’un système global de parcours qui complète celui proposé par Nantes Métropole à l’horizon 2030, une disposition de parcelles qui obéit aux pentes naturelles du terrain et un réseau de voies et chemins qui cherche à mettre en relation les différentes unités du paysage (le projet d’Obras s’insère directement dans des projets métropolitains liés à l’arrivée de transports en commun: le passage du tramway nordsud et le nouveau franchissement sur la Loire). C’est sous ce postulat que les continuités existantes sont renforcées et qu’elles aident à déterminer les secteurs pour l’implantation des logements. À une échelle plus petite, les niveaux du terrain régulent l’occupation de la parcelle, favorisant une exposition plus petite au risque et un plus grand contrôle de l’écoulement des eaux. Ainsi, on définit l’endroit des activités, soit de loisirs ou liées à la production agricole, et l’emplacement des logements. Le système de circulation hors d’eau pénètre vers l’intérieur de la parcelle et depuis les fossés qui suivent son cours on constitue le système d’irrigation des zones agricoles. Il en ressort par conséquent que l’installation des logements dépendra d’un travail à échelle territoriale, qui commence par la définition des usages du sol au bénéfice de la préservation des aires à capacité d’absorption et de l’écoulement des eaux, qui se complété par un système de circulations hors d’eau, ce qui rend possible l’intégration des zones exposées au risque et des zones sûres hors aléa. Sans cette intégration, il n’existe aucune possibilité de construire des logements ni d’habiliter les zones inondables pour d’autres usages nécessitant des constructions. On voit ici comment les contraintes du PPRI créent une nouvelle forme urbaine. Une forme urbaine qui doit devenir la base des échanges entre l’Etat, la Collectivité et les maîtres d’œuvre. Il s’agit bien ici de substituer un vrai débat sur les perspectives de transformation du territoire qui intègre le risque inondation à une négociation qui ne porte que sur la réglementation.


96

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


Annexes

97

Bibliographie Barraqué, Gressent, La Politique de Prévention du Risque d’Inondation en France et en Angleterre : de l’action publique normative à la gestion intégrée, Mai 2004 Colomb, Thery, Une demarche de gestion du risque d’inondation : Le Plan Communal de Sauvegarde vers une Resilience urbaine ? Etude de Nantes Métropole, 2012, 2013. Degardin F., Urbanisation et inondations : de l’opposition à la réconciliation, Guillerme A., Le temps de l’eau, , Editions Champ Vallon, 1973 Holzer C., Riverscapes, Designing Urban Embankments, Regionale 2010, 2008 Miramont, G., Variations historiques de la fréquence des crues et évolution de la morphogenèse fluviale en moyenne Durance (France du Sud-Est), 1997 Paquot, T., Repenser l’urbanisme, Infolio éditions, 2013 Paskoff R., Conséquences possibles sur les milieux littoraux de l’élévation du niveau de la mer prévue pour les prochaines décennies, 1998 Préfet de la Loire-Atlantique, Plan de Prévention des Risques d’Inondation de la Loire-aval dans l’agglomération nantaise, Mai 2013 Rode S., Des inondations et des hommes. Représentation et gestion territoriale du risque d’inondation dans trois communes du Val de Loire, Grafigéo n° 14, Paris, PRODIG, 2001, 142 p. Rode S. (2006), « La gestion du risque d’inondation en Loire moyenne : une approche géographique par les représentations », Historiens & Géographes, n° 394, p. 251-262 Souchard N., L’agriculture et la cité à la recherche d’un nouveau bien commun territorialisé ? Les exemples de Rennes Métropole et de Grenoble, 2003 Unwin R., L’étude practique des plans de villes. Valy J., Le fleuve ami ou ennemi de la ville ? Exemple d’urbanisation de zones inondables en Bretagne Veyret, Laganier, Boissière, Atlas des risques en France Vischer D., Histoire de la protection contre les crues en Suisse, Des origines jusqu’au 19e siècle, 2003


98

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


Annexes

99


100

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

1

2

1. La notion de risque

2. Le risque d’inondation.

Le PPRI de la Loire aval, Mai 2013

Le PPRI de la Loire aval, Mai 2013


101

Annexe 1 En France, l’intervention des zones inondables est régulée par le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI), dans le cadre de la stratégie nationale de prévention en matière de risques naturels majeurs. La prévention du risque d’inondation en France. Comment agir sur un territoire «gelé» par le PPRI ? Pour intervenir sur un territoire régulé par le PPRI on doit comprendre : • Qu’est-ce que le risque d’inondation ? • Qu’est-ce qu’une zone inondable ? Existe-t-il différents types de zones inondables ? • Quel est le rôle que joue une zone inondable dans le développement urbain et de l’environnement ? 1.1

Qu’est-ce que le risque d’inondation ?

La notion de risque La figure 1 rappelle qu’un risque résulte du croisement d’un phénomène aléatoire (ou « aléa », en l’occurrence l’inondation) et d’un enjeu (personnes, biens matériels, activités, patrimoine) exposé à ce phénomène naturel aléatoire33. Un risque « majeur » est un risque qui se caractérise par une probabilité faible et des conséquences extrêmement graves. Le risque d’inondation. Un aléa d’inondation est une submersion plus ou moins rapide d’une zone, généralement due à une augmentation du débit d’un cours d’eau, la crue, provoquée par des pluies importantes et durables, ayant une probabilité d’occurrence donnée34 (fig.2). Par conséquent le risque d’inondation résulte du croisement de l’aléa d’inondation et des enjeux exposés à cet aléa

33. PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013 34. PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013


102

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

P. P. R. I. de la Loire aval zone d’aléa fort zone d’aléa moyen zone d’aléa faible enjeux

3

4

4. Des solutions architecturales qui sont dessinées par les contraintes des aleas. Revue EK, Juillet 2013


103

1.2 L’aléa de référence du PPRI de la Loire aval qui régule notre périmètre d’étude : le quartier des Gohards, dans l’est de la commune de Nantes, France. Le PPRI définit un aléa de référence qui correspond à la crue de référence, c’est-à-dire à l’ensemble de zones inondées par la crue de référence.35 L’ensemble de zones inondées par la crue de référence est soumis à des niveaux de submersion différents, classifiés en trois types d’aléa (fig.3) : • aléa fort : hauteur de submersion supérieure à 1,00 mètre36 • aléa moyen : hauteur de submersion comprise entre 0,50 et 1,00mètre • aléa faible : hauteur de submersion inférieure à 0,50 mètre C’est ce zonage qui est imprécis et qui prescrit une réglementation qui empêche d’envisager un développement urbain qui intègre et qui bénéficie des propriétés de zones inondables. Dans d’autres pays d’Europe on évalue chaque cas de manière spécifique dans le cadre de la prévention au niveau national. Par exemple, avec 60% de leur population vivant en zone inondable, les PaysBas ont déjà imaginé des solutions architecturales impensables en France, telle que les bâtiments flottants, amphibies ou étanches (Fig.4). Un des changements qui pourrait naître de la révision actuelle du PPRI en vigueur de la Loire aval, serait celle d’établir des critères en fonction de chaque cas particulier. Plus loin dans ce texte, nous parlerons du projet des Iles de Rezé (Fig. 1b) réalisé par Obras architectes-urbanistes, pour lequel un document spécifique a été élaboré et annexé au PPRI de la Loire aval. L’ensemble des zones inondées par la crue de référence constitue la base du PPRI. C’est à partir de ce résultat que l’on détermine les éléments susceptibles au risque d’inondation et que l’on établit la réglementation. Les éléments susceptibles au risque. Les champs d’expansion de crues (CEC) et les zones urbanisées (ZU). La classification des éléments susceptibles au risque au niveau territorial.

35. La crue de 1910 est la crue qui a atteint les niveaux les plus importants sur l’agglomération nantaise (débit de 6100 m3/s en aval de la Maine). C’est donc cette crue qui a été retenue comme référence des Plus Hautes Eaux Connues (PHEC). 36. La valeur de 1 mètre d’eau, exprimée une première fois dans la circulaire du Premier Ministre du 2 février 1994, correspond à une valeur conventionnelle significative en matière de prévention et de gestion de crise inondation : • limite d’efficacité d’un batardage mis en place par un particulier, • mobilité fortement réduite d’un adulte et impossible pour un enfant, • soulèvement et déplacement des véhicules qui vont constituer des dangers et des embâcles, • difficulté d’intervention des engins terrestres des services de secours qui sont limités à 60-70 cm d’eau.


104

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

5

P. P. R. I. de la Loire aval zone d’aléa fort zone d’aléa moyen zone d’aléa faible enjeux 5. La classification du territoire par rapport à la stratégie de prévention de risque d’inondation de l’agglomération de Nantes : Typologie V et à vocation CEC, situé dans une zone P= Projet dans le cadre de sa situation à l’intérieur du periphêrique. Le PPRI de la Loire aval, Mai 2013.

6

6. L’impact de l’aléa de référence sur les enjeux. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


105

L’analyse des éléments exposés au risque selon le niveau de submersion auquel ils seraient soumis détermine leur vulnérabilité. Suivant cette vulnérabilité, on reconnaît deux typologies : 1. Les secteurs à vocation de champ d’expansion de crues de la Loire ou pouvant héberger de grands volumes d’eau (CEC). 2. Les zones urbanisées (ZU) où une rénovation urbaine est prévue par les collectivités. Pour les aborder, une première sectorisation est proposée suivant le rôle qu’ils jouent dans l’agglomération de Nantes (Fig. 5) : • V : espaces naturels, verts et agricoles • H : habitat • A : activités • E : équipements • P : projets Ce découpage en zones homogènes les regroupe conformément à la façon dont la population les perçoit et l’usage qu’il leur est donné dans l’agglomération de Nantes. Le secteur des Gohards, bien qu’occupé en grand partie par des terrains naturels, de typologie V et à vocation CEC, se trouve inscrit dans une zone P, de projets, dû à sa position stratégique dans l’agglomération37 (fig.5). Pour comprendre la réglementation qui régit notre périmètre d’étude, nous présenterons d’abord l’incidence de l’aléa de référence sur ce périmètre, c’est-à-dire, l’ensemble des zones inondées (fig.6). Ensuite, nous allons présenter la classification de l’aire affectée selon le PLU, où nous vérifierons qu’en effet il s’agit d’un secteur concerné en grand partie par CEC (fig.7, p.109). Le croisement de l’aléa de référence avec la typologie des éléments affectés par cet aléa (PLU)-(fig.8, p.109), nous permet de comprendre le zonage imposé par la réglementation du PPRI, qui sera expliqué par la suite et que l’on peut observer dans la figure 9 (p.109).

37. Les principaux secteurs à dominante naturelle ainsi définis, dont la préservation représente un enjeu majeur de prévention du risque d’inondation sur l’agglomération, se situent majoritairement à l’aval du pont de Cheviré et également, dans une moindre proportion, à l’extrémité Est de Nantes (Prairies de Mauves, Les Gohards) et au NordEst de Saint-Sébastien-sur-Loire, dans le prolongement des zones d’expansion du PPRI Loire-amont, approuvé le 12 mars 2001. (PPRI Loire aval dans l’agglomération nantaise – Note de Présentation – Mai 2013).


106

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

7

8

7. L’étude des enjeux : Le Plan Local d’Urbanisme.

8. Le croissement de l’impact de l’aléa de référence et l’étude des enjeux.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.

Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


107

1.3

La réglementation du PPRI de la Loire aval.

La réglementation est établie en prenant en compte de la typologie de l’élément, soit CEC, soit ZU, et le niveau d’aléa auquel il se trouve exposé, soit fort, soit moyen ou faible (les zones d’aléa moyen et faible sont considérés comme une seule zone pour cette classification). « R » détermine les zones vierges ou peu urbanisés (typologie CEC), dans lesquelles on fait une distinction selon le type aléa: • Zone R : CEC + aléa fort • Zone r : CEC + aléa moyen ou faible « B » détermine les zones urbanisées (typologie ZU), dans lesquelles on fait une distinction selon le type d’aléa : • Zone B : ZU + aléa fort • Zone b : ZU + aléa moyen ou faible Comme l’on peut voir dans la fig.9, il s’agit d’un territoire où prédominent les zones R et r. En revanche, on trouve seulement quelques zones b, isolés les unes des autres. Ceci confirme que la vocation est celle d’être une aire de CEC et que l’occupation de ce territoire doit être réalisée sans altérer la capacité d’absorption de ces sols.

Réglement zone «R» (CEC+aléa fort) zone «r» (CEC +aléa m et f) zone «b» (ZU + aléa m et f) enjeux

9

9. Le zonage réglementaire du PPRI sur le territoire des Gohards Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2013.


108

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


109

Annexe 2 1 Les stratégies de protection face au risque d’inondation en France. Comment sommes nous arrivés à une réglementation qui se traduit par 600 kilomètres carrés de terrains gelés en France ? Il me semble nécessaire de faire un bref historique concernant les stratégies de protection et prévention du risque d’inondation en France. Ce sera la seule manière d’éclaircir comment nous nous sommes trouvés aujourd’hui face à un PPRI que, comme le souligne Roland Castro, se traduit par 600 kilomètre carrés de terrains gelés dans le territoire français. Comme nous verrons, cela a été le produit d’une forte réaction en réponse à un urbanisme qui cautionnait sans restriction l’occupation des zones inondables. L’histoire des rapports entre l’urbanisation et les inondations apparaît principalement dominée par l’attraction qu’ont exercée les vallées sur les concentrations humaines depuis des temps très anciens38. Cette évolution atteint son point culminant en France au cours des Trente Glorieuses (1945-1975) avec l’achèvement des grandes implantations industrielles et l’explosion des agglomérations, toutes deux fortement attirées par les fonds de vallée. Ces approches s’appuient sur des ouvrages visant à limiter les impacts de l’aléa39 (digues, barrages, modifications du lit des cours d’eau)40 et développent l’illusion de la maîtrise totale des risques d’inondation (« risque zéro »), qui est encore renforcée par l’absence de fortes crues pendant ces trois décennies. Le décret-loi relatif aux Plans de surfaces submersibles (P.S.S.) créée en 1935 était destiné à assurer les conditions d’écoulement de l’eau et préserver les champs d’expansion des crues et non à maîtriser l’urbanisation. C’est ainsi que la population résidente des zones inondables de la Loire Moyenne est par exemple passée de 30.000 habitants au milieu du XIXème siècle à 120.000 vers 1950 et 300.000 aujourd’hui. L’expansion urbaine et industrielle a donc trouvé une série de supports convergents qui a mené à un développement considérable de l’occupation des fonds de vallées inondables. Les populations et les biens se sont donc vus exposés à de grandes inondations et comme conséquence l’état a développé des stratégies de prévention et protection face au risque d’inondation. Après la création des P.S.S. en 1935, diverses lois ont été adoptées afin de réguler l’occupation des zones inondables et protéger la population et les biens dudit risque, ainsi que d’établir les systèmes d’indemnisation en cas d’évènement catastrophique. L’évolution de ces stratégies de protection a abouti à la création en 1995 du Plan de Prévention de Risques d’Inondation (P.P.R.I.), qui délimite les zones exposées au risque d’inondation (fig.3, p.104). Ce zonage établit un usage du sol qui régule l’installation de nouvelle population et des biens dans les zones inondables et se traduit aujourd’hui par 600 kilomètres carrés gelés par le risque d’inondation. 38. Ainsi, une étude menée en France en 1990 a révélé que presque toutes les unités urbaines de plus de 50.000 habitants ne se situant pas sur le littoral ont été implantées au bord d’un cours d’eau et se sont développées en zone inondable, les deux exceptions étant des villes minières, Forbach et Lens (INSEE). 39. Phénomène naturel (inondation, mouvement de terrain, séisme, avalanche...) susceptible de se produire, de façon plus ou moins importante et fréquente. Les inondations se caractérisent notamment par la vitesse de montée des eaux, la hauteur de submersion du foncier concerné, la vitesse du courant et la durée de submersion (PPRI de la Loire aval). 40. L’aménagement de la Loire est représentatif de cette démarche. Ce fleuve a été progressivement bordé de turcies avant le XIIe siècle, et de levées entre le XIIe et le XVIIe siècle. Puis des déchargeoirs ou déversoirs ont été installés au XIXe siècle, avant que ne soit mis en place des barrages au XXe siècle. Mais ces ouvrages ont rapidement montré leurs limites. Par exemple, les digues n’ont pas assuré de manière optimale la protection des populations en raison de ruptures répétées lors des fortes crues du XIXe siècle.


110

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


111

Ce zonage n’est pas suffisamment précis et se révèle de ce fait inadapté à une gestion des demandes d’occupation et d’utilisation des zones inondables. Dans ce contexte le PPRI de la Loire aval est en cours de révision, de façon à établir une procédure pertinente à chaque opération urbaine en zone inondable, en fonction de la prévention du risque d’inondation de l’agglomération nantaise et toujours dans le cadre d’objectifs de prévention nationaux.


112

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos


113

29

29. Les circuits-courts Ă Nantes. Atelier de paysages Bruel Delmar, 2012.


114

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

10

10. Continuités existantes: axe vers la Loire: chemin de la Clarière. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


Annexes

115

23

11

11. Chemins de l’Erdre à la Loire: chemin du moulin des Marais. Traversée de la voie ferrée. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


116

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

12

12. Chemins de l’Erdre à la Loire: rue de la Croix Rouge. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


Annexes

117

13

13. Chemins le long la Loire: chemin du Bas. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


118

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

14

14. Chemins le long la Loire: Boulevard Auguste Peneau. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2012.


Annexes

119

15

15. Chemins le long la Loire: rue de la Papotière. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


120

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

16

16. Chemins le long la Loire: Blvd. de la Prairie de Mauves. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


Annexes

121

17

17. Chemins le long la Loire: rue SĂŠbastien Vaillant. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


122

Risque d’inondation et dÊveloppement urbain . Francisca Burgos

18

18. Profil du Boulevard Auguste Peneau. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2012.


Annexes

123

19

19. Profil de la rue de la Rivière. Commerce et logement. Atelier de paysage Bruel Delmar, dessin de F.B., 2012.


124

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgo

21

21

20. Les faubourgs agricoles. La Papotière.

21. Les faubourgs agricoles. Le parc de la zone NL.

Photo de F.B., 2013.

Photo de F.B., 2013.


125

22

23

22. Les faubourgs agricoles. Rive ouest du ruisseau de l’Aubinière.

23. Les faubourgs agricoles. Rive est du ruisseau de l’Aubinière.

Photo de F.B., 2013.

Photo de F.B., 2013. , 2013


126

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

24

25

24. Les territoires enchâssées. Modes doux. Le parcour svers la Papotière.

25. Les territoires enchâssées. Modes doux. Le parcours vers la Papotière.

Photo de F.B., 2013. , 2013z

Photo de F.B., 2013.


Annexes

127

26

27

26. Les territoires enchâssées. Modes doux. Le parcours vers le parc de la Verdure.

27. Les territoires enchâssés. Logement et parc. Chemin des Chaupiéres.

Photo de F.B., 2013.

Photo de F.B., 2013.


128

Risque d’inondation et développement urbain . Francisca Burgos

28

29

28. Les territoires enchâssés. Le Bois des Anses.

29. Les territoires enchâssés.

Photo de F.B., 2013.

Photo de F.B., 2013.


129

30

30. Les territoires enchâssÊs. Le chemin de Bois des Anses. Atelier de paysage Bruel-Delmar, dessin de F.B., 2012.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.