3 questions à richard turquais

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Etude Ville & Energie – Club Ville Aménagement / Agence Franck Boutté Consultants Septembre 2014

3 questions à Richard Turquais, Service Public Énergies, Ville de Rennes La ZAC Baud-Chardonnet (35 ha de friche industrielle dans l’Est de Rennes, près de la Vilaine) prévoit la construction de 2 600 logements et de 90 000 m² de surface tertiaire. La ZAC partagera son Eco-réseau de chaleur (approvisionné à 93% par de la biomasse locale) avec l’hôpital situé de l’autre côté de la rive : cette solidarité entre une opération neuve et le bâti ancien permettra d’atteindre une meilleure performance énergétique des deux côtés. L’hôpital, qui ne possédait pas les capacités d’investissement nécessaire pour rénover sa chaudière gaz bénéficiera désormais d’un approvisionnement par de la biomasse. Cette réalisation concrétise l’engagement des élus : La transition énergétique : Rennes s’engage.

Comment est venue l’idée de mutualiser le réseau de chaleur entre la ZAC et l’hôpital ? Dans son premier plan d’action énergie-climat voté fin 2004, la Ville de Rennes prévoyait de façon systématique la réalisation d’une étude de desserte énergétique sur chaque ZAC. Sur la ZAC BaudChardonnet, c’est le réseau de chaleur biomasse qui apparaissait comme la meilleure solution. Toutefois, l’échéancier posait problème : la production des logements s’étalait sur une dizaine d’années, ce qui impliquait des coûts initiaux élevés à répartir entre peu d’usagers. Nous avons donc étudié le gisement autour de la ZAC. Le centre hospitalier proche était desservi par une chaufferie gaz centrale qui avait plus de vingt ans. Son raccordement a permis de mieux répartir les coûts dès le départ et faciliter l’atteinte des minimas techniques que requièrent les chaudières biomasse ; sans cela il aurait été plus difficile de lancer l’opération de construction du réseau compte tenu des incertitudes sur l’échéancier des livraisons de bâtiments en ZAC. L’hôpital (qui n’avait pas le souhait ni la capacité d’investir) était d’accord pour améliorer son bilan environnemental avec le réseau de chaleur renouvelable de Ville, à condition que ça lui permette de diminuer de façon conséquente sa facture. Comment se passe le montage financier et juridique d’une telle opération ? C’est la Ville de Rennes qui porte l’investissement. On pouvait difficilement envisager une délégation de service public compte tenu de l’incertitude qui pesait sur les délais de livraison des logements, et donc sur l’équilibre économique d’un tel contrat. Nous avons donc opté pour une conception-réalisation-prima exploitation dans le cadre d’un appel d’offres. Le réseau sera exploité pendant trois ans grâce à un marché d’exploitation externalisé. Sur le plan financier, L’investissement est inscrit au budget annexe Réseau de Chaleur de la ville, qui reçoit aussi des aides comme le Fonds chaleur de l’ADEME et ou une participation de l’aménageur. Ensuite, les promoteurs paient des droits de raccordement, de 30 €/m² de Surface Plancher (SP). On arrive à environ 2 000 € pour un T3, soit le prix d’une chaudière gaz avec production ECS solaire. L’usager paie ensuite ce qu’il consomme (énergie + exploitation maintenance)via la facture. Nous souhaitions apporter la preuve aux promoteurs que la solution du réseau de chaleur était pertinente, aussi bien au plan environnemental qu’économique. Leurs regards sur les réseaux de chaleur a bien changé depuis deux ou trois ans. Plutôt qu’une contrainte, ils perçoivent de plus en plus le réseau de chaleur renouvelable comme un atout commercial non négligeable. Les droits de raccordement demandés ont été calibrés sur un « coût évité » pour eux : en contrepartie d’une sous-station de réseau de chaleur, ils n’ont pas de chaufferie gaz et de panneaux solaires à installer. On joue la transparence avec eux et ils voient qu’ils peuvent y gagner. 1


Etude Ville & Energie – Club Ville Aménagement / Agence Franck Boutté Consultants Septembre 2014

Il y a quand même une idée très forte dans cette réalisation : le neuf joue un rôle de levier sur l’existant et permet au tissu ancien d’être plus durable, puisque l’hôpital qui fonctionnait au gaz est maintenant approvisionné en biomasse. Oui. C’est vrai qu’on a essayé de se projeter au-delà de la ZAC, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à une échelle plus importante. On travaille à un plan de développement sur un proche périmètre qui demande une implication forte de la Ville de Rennes, puisqu’il faut réaliser beaucoup d’études en amont pour démontrer à l’usager final la pertinence ou non d’un raccordement à l’Eco réseau de chaleur de la Ville.

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