L'archipel de Penmarc'h - PFE Architecture

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L’Archipel de Penmarc’h Etude sur l’évolution du port de Saint-Guénolé à l’horizon 2100 Saint-Guénolé en Penmarc’h, Finistère Sud, France Projet de diplôme encadré par Benjamin Drossart, Ensa-Versailles, Février 2022. François Morelle

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Avant Propos

Dans un contexte où les changements climatiques occupent une place grandissante dans la conception des projets urbains et architecturaux, cette étude a pour vocation de nourrir un questionnement quant à l’avenir de nos territoires littoraux face à la montée des eaux. Il est désormais indispensable de repenser la relation entre le risque et le territoire afin de mieux l’anticiper et de préparer le vivre avec. En mesurant son impact sur le territoire et la capacité de ce dernier, non pas de résistance, mais de résilience. Il devient alors possible d’absorber le changement et de persister au-delà de la perturbation. Le littoral étant la frontière entre terres immergées et émergées, la prise en compte du risque ne doit pas être vue comme un frein au développement urbain et économique, mais comme la reconnaissance d’une fragilité due à une géomorphie particulière. Cela doit amener à un changement de regard sur l’aménagement des villes littorales qui, de par leur attractivité grandissante et le recul du trait de côte prévu d’ici 2100, doivent déjà adapter leur stratégie d’aménagement et de développement. Il existe des outils nationaux comme des cartes et des plans de prévention des risques littoraux mis en place par l’État. Ils visent à réduire les conséquences et dommages potentiels en cas de catastrophe naturelle. Est-il alors envisageable de dépasser la logique de protection en intégrant le risque comme une composante du territoire ? La protection laisserait alors place à l’anticipation et l’intégration qui s’appuieraient sur les spécificités du site.

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Sommaire

I La montée des eaux, un phénomène global et local • La montée des eaux à l’échelle planetaire pages 6 - 9 • La monté des eaux et conséquences sur les côtes françaises pages 10 - 13 • La monté des eaux et conséquences sur le littoral Bigouden pages 14 - 29 II L’archipel de Penmarc’h • Approche historique

pages 30 - 35

• Approche géologique pages 36 - 37 • Une organisation territoriale particulière: – Une aglomération de hameaux pages 38 - 39 – Les espaces naturels pages 40 - 45 – Zoning et densité d’habitats pages 46 - 49 – Les trois ports de Penmarc’h pages 50 - 63 • Un territoire rythmé par l’océan pages 64 - 73 III Un archipel de projet • Vers une nouvelle organisation territoriale pages 74 - 77 • Relocalisation et adaptation pages 78 - 79 • Un projet de déconstruction pages 80 - 81 • Habiter en zone inondable

pages 82 - 83

• Une situation insulaire inédite pages 84 - 85

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IV Le port de Saint Guénolé • Un point de départ pour une nouvelle organisation territoriale pages 86 - 87 • Un espace gagné sur la mer pages 88 - 89 • Le port comme symbole d’un territoire: résilient et productif pages 90 - 91 V Le mouvement de l’eau comme composante architecturale • Une nouvelle interface ville-port pages 92 - 95 • Un socle submersible pages 96 - 103 • Un bâtiment multi-programmatique pages 104 - 107 • Un bâtiment multi-programmatique pages 104 - 123 • Un bâtiment multi-programmatique – Une aglomération de hameaux pages 104 - 107 – Organisation du bâtiment pages 108 - 109 – Plans pages 110 - 111 – Maquette volumétrique pages 112 - 113 – Coupes pages 114 - 119 – Maquette détails pages 120 - 121 – Coupes détails pages 122 - 123 • Temporalités du bâtiment pages 104 - 123 Conclusion Biblographie Remerciements

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Scénarios de montée du niveau de la mer: • A court terme (2021-2040)

• A moyen terme (2041-2060)

• A Long terme (2061-2100)

IPCC WGI Interactive Atlas: Regional information (Advanced), Projection du model CMIP6, scénario SSP5-8.5, relatif aux données de 1995 à 2014. 6


I La montée des eaux, un phénomène global et local

De l’échelle mondiale à la Penmarc’h

A l’échelle planetaire:

La terre a toujours connu des alternances entre cycles de glaciation et périodes interglaciaires. À l’échelle humaine, le dernier maximum glaciaire date de -18000 ans. Le réchauffement climatique a ensuite entrainé une déglaciation dont la majeur partie s’est déroulée sur 5 000 ans, et qui continue encore aujourd’hui. L’époque géologique actuelle est une aire interglaciaire qui représente les 11 000 dernières années. On l’appelle l’Holocène. Les observations géologiques permettent d’affirmer que le niveau de la mer a fortement varié au cours de l’histoire de la Terre à des échelles de temps diverses. Lors du dernier maximum glaciaire, le niveau marin était de 130 mètres inférieur à celui que nous connaissons actuellement, une grande partie de l’eau terrestre se trouvant sous forme de glace continentale. Ainsi, la mer est montée rapidement jusqu’au début de l’Holocène à un taux de plusieurs dizaines de mm par an. L’élévation du niveau marin a ensuite ralenti entre -6 000 et -3000 ans. Durant les 2-3 derniers millénaires, le taux d’élévation s’est stabilisé à 0,5 mm/ an. Cependant, au cours du XXe siècle, ce rythme s’est accéléré pour atteindre 1,7 +/-0,2 mm/an sur 1900-2009 et 3,2 +/-0,4 mm/an sur 1993 - 2011, soit un rythme jusqu’à 5 fois supérieur à celui des derniers millénaires.

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L'océan contient environ 97 % de l’eau de la planète. Il est donc le principal réservoir d'eau sur Terre. L'eau douce liquide sur terre forme les eaux de surface (lacs, rivières), l'humidité du sol et les réserves d'eau souterraine. Dans l’atmosphère, on la trouve sous forme de gaz. Depuis le 18e siècle, des outils d’observation ont été mis en place. Le premier fut le service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM) au début du règne de Louis XV. Il mesure l’évolution du niveau de la mer en France et depuis les années 90, des satellites altimétriques permettent de compléter ces informations à l’échelle mondiale. Leurs données mettent en évidence 3 phénomènes : • les glaciers de montagne et les calottes polaires (appelées aussi Inlandsis) fondent, générant un apport d'eau douce plus important à l'océan. • un phénomène d'expansion thermique. Des océans plus chauds occupent un volume plus important. • la hausse des températures, de l’ordre de +0,4 et +2,6 °C à l’horizon 2050, modifie le cycle hydrologique, ce qui influe également le régime des précipitations pouvant occasionner des impacts sur les ressources en eau souterraine et sur des infrastructures du sous-sol. Ainsi, le réchauffement climatique est aujourd’hui marginalement contesté. Ce phénomène naturel à l’impact mondial se répercute dans tous les milieux, comme une réaction en chaîne. Le problème est qu’il s’accélère de façon alarmante. Les projections disponibles à l’échelle mondiale montrent une forte dispersion des résultats des différents modèles. Cela traduit une forte incertitude sur l’amplitude de l’augmentation du niveau de la mer dans une région donnée.

2021 Comment adapter le territoire à lʼintensification et lʼaccélération des aléas climatiques ?

Augmentation des évenements historiques centennaux de 2021 à 2100 8


En effet, l'évolution locale du niveau de la mer dépend de plusieurs paramètres : • la température de l'océan • la salinité • des courants marins • de la pression de surface (dépression, anticyclones) • de l’apport d’eaux continentales • de la déformation des plateaux continentaux Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'élévation pourrait atteindre globalement entre 26 centimètres et 1,1 mètre en 2100. Il existe cependant forte une incertitude quant aux conséquences de la fonte des calottes polaires. Il est projeté que les marées exceptionnelles qui se produisaient historiquement une fois par siècle (événements historiques centennaux, EHC) surviendront, au cours du XXIe siècle, au moins une fois par an en 2100 pour la plupart des régions côtières. De plus, une intensification des tempêtes serait à prévoir. Cela générerait une augmentation des houles, qui ajoutées à une hausse du niveau marin devraient avoir pour effet d'accélérer l'érosion des plages et des falaises. Les littoraux sont des systèmes dynamiques. Leur évolution résulte de différents facteurs intervenants à des échelles de temps variables. Les projections d’évolutions du réchauffement planétaire mettent en évidence, des changements abrupts et au caractère irréversible. Ses impacts sont déjà visibles sur le territoire et se manifestent de différentes manières.

2100

9


Paris

Nantes

Lyon

Bordeaux Marseille

érosion

accrétion

0

Carte d’érosion des côtes françaises

10

200

400

600km

N


A l’échelle de la France: Les espaces maritimes sous juridiction française s’étendent sur plus de 10 millions de km², dont plus de 96 % sont ultramarins. Cela représente 20 000 kilomètres de côtes, recouvrant une rare richesse paysagère et écologique. Il est constitué de 44 % de côtes rocheuses et à falaises et de 39 % de côtes d’accumulation (galets, sables, vases), mais également de 17 % de côtes dites « artificialisées ». Cela représente presque 2900 km de digues côtières, perrés, épis… Bien souvent, les zones littorales sont des espaces protégés, de véritables moteurs économiques (tourisme, agriculture, etc.) et des lieux d’attractivité démographique forte. Les côtes françaises comptaient 7,8 millions d’habitants en 2009, soit 1 Français sur 8 alors que les communes littorales représentent seulement 4 % du territoire métropolitain. D’après l’Insee, Projections 2007-2040 Évolution de la population des départements littoraux, il est attendu 4,5 millions d’habitants supplémentaires sur le littoral d’ici 2040. Pourtant, en France métropolitaine, 25 % du trait de côte est concerné par l’érosion et plus de 8 communes littorales sur 10 sont sujettes aux risques naturels majeurs1. Cela représente 1 million et demi de personnes habitant dans des zones littorales potentiellement exposées au risque de submersion marine2. Les côtes sableuses évoluent plus vite que les autres. 37 % d’entre elles sont en recul. Tous les départements français littoraux sont concernés par le recul du trait de côte, mais sur des linéaires plus ou moins importants. Les plus touchés étant ceux de la façade atlantique. La Gironde, la Charente-Maritime et les Bouches-du-Rhône sont les plus impactés puisqu’ils ont chacun perdu en 50 ans presque 5 km2.

1. observatoires-littoral.developpement-durable.gouv.fr, Dossier thématique Chiffres clés, 14 avril 2021 2. nausicaa.fr, La montée des eaux en France en 2040, 8 juillet 2020 11


En plus des processus anthropogéniques directs (défenses côtières, rechargement de plage), des processus indirects (usage des sols à l'échelle des bassins versants, extractions de sédiments fluviaux et marins, travaux hydrauliques, urbanisation du littoral) participent également à l’érosion de la côte. Trois types de risques sont donc à prévoi r: • la perte de terrain • la fragilisation par érosion de défenses côtières naturelles (ex. dunes) ou artificielles (ex. digues en terre) pouvant parfois entraîner une rupture • la sape d’ouvrages de protection par affouillement Cela se traduirait par une submersion des terres basses, polders ou zones de marais, y compris à distance du littoral, ainsi que par des inondations plus fréquentes. La vulnérabilité des territoires littoraux s'en trouverait alors aggravée. En somme, de faibles variations du niveau marin pourraient ainsi avoir des conséquences socio-économiques majeures sur les populations et activités humaines. Un quart de la population mondiale vivrait aujourd’hui à moins de 100 km d’une côte et en dessous de 100 m d’altitude ; en Europe, entre 1986 et 2003, des aménagements ont été construits sur environ 950 km de côtes auparavant non bâties. En 50 ans en Europe, la population établie dans les municipalités côtières a plus que doublé pour atteindre 70 millions d’habitants en 2001, et cette tendance perdure. La stratégie souvent adoptée de maintien du trait de côte dans son état actuel représente en Europe 3,2 milliards d’Euros en 2001 (Eurosion 2004).

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Débordement:

zone d’aléa

Surverse:

zone d’aléa

Rupture:

zone d’aléa

Franchissement par paquet de mer:

zone d’aléa

niveau de la mer

niveau de la mer lors de l’aléa 13


Saint-Malo Saint-Brieuc

Brest

Rennes

Quimper Penmarc’h

Lorient Vannes

érosion

accrétion

stable

Carte d’érosion des côtes Bretonne

14

0

50

100

150 km

N


A l’échelle de la Bretagne:

La Bretagne est la région française possédant le plus important linéaire côtier grâce à sa situation péninsulaire. Il comprend 2652 km de côtes. L’alternance de roches dures, de roches plus tendres et l’ondoiement des rivières rend les côtes très découpées et leur faciès très varié. 21,9 % de ce littoral est aujourd’hui en érosion. Au cours de la dernière décennie, le phénomène s’est accru. La composition de la côte bretonne rend le phénomène d’érosion très important dans des zones localisées. Le Finistère est le département breton le plus touché. En baie d’Audierne, le recul a été estimé à plus d’1 m/an en moyenne. Certaines sources mentionnent ponctuellement un recul moyen annuel de 3 à 6 m. La côte méridionale du Pays Bigouden (de la pointe de Penmarc’h à Loctudy), est un des secteurs les plus touchés par l’érosion.

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Défenses littorales terrestres (digues, enrochement)

Cordon dunaire

Défenses littorales maritimes (épis, brise-lame)

Erosion

Inventaire du littoral Bigouden

A l’échelle du Pays Bigouden: Le Pays Bigouden Sud recense, sur environ 40 km de côtes, hors estuaire, environ 13 km de cordons dunaires. Ces cordons dunaires se situent entre la mer et des marais littoraux situés sous le niveau marin. Les zones basses qui entourent ces marais littoraux ont été en partie construites, notamment entre les années 1950 et nos jours lors du développement touristique, ou occupées par des campings. En cas de rupture des cordons dunaires, les constructions situées autour des marais, ou dans les anciens marais, peuvent être submergées sous un niveau d’eau parfois très important (> 1.5 m d’eau). On observe également une urbanisation très importante de la première frange littorale. Ces constructions sont principalement soumises à des phénomènes de submersion par franchissements par paquets de mer et parfois par débordement. Toutefois, on note des zones urbaines plus protégées et uniquement concernées par les phénomènes de débordement. Il s’agit notamment de toutes les zones urbanisées autour des ports ou dans les estuaires, qui sont, moins vulnérables. Malgré tout, les tempêtes ont également comme conséquence, associées ou non, à de grandes marées l’endommagement de structures artificielles. 16


4 D 3 2 C 1

B A 1 - zone d’accrétion ou d’érosion

A - avant-plage

2 - dune embryonnaire

B - estran

3 - dune blanche ou cordon bordier

C - dune

4 - dune grise ou dune fixée

D - vers marais littoral

Schéma de composition d’un cordon dunaire

Le littoral bigouden est une côte rocheuse granitique. Ce paysage, ponctué d’îlots rocheux émergés pouvant atteindre jusqu’à 12 mètres de haut, est séquencé par des plages et leurs cordons dunaires. Ils sont des réservoirs de biodiversité, hébergeant une faune et une flore littorale protégées. Les cordons dunaires du pays bigouden sont tous concernés par l’érosion à des niveaux d’intensité différents. La baie d’Audierne est certainement la partie la plus impactée, le recul pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres après le passage d’une tempête. Cela est dû en partie à un manque d’apport sédimentaire marin et éolien. Les activités humaines peuvent aussi accélérer ce processus comme là d’épis, de brises-lames ou d’enrochements, mais aussi la construction de barrages sur des rivières, bloquant l’apport sédimentaire, l’assèchement de petit ruisseau, le prélèvement en sable sur les plages ou encore le ramassage de la laisse de mer. 17


6 D

5

4

3

2

1

C B A 1 - parafouille

A - avant-plage

2 - pied

B - estran

3 - carapace (roches)

C - enrochement

4 - filtre

D - côte protégée

5 - noyau 5 - crête Schéma de composition d’un enrochement littoral

On retrouve généralement les enrochements là où il y a érosion. Ils permettent de contenir la matière afin de maintenir le trait de côte. Ils sont parfois utilisés sur les dunes, mais mal dimensionnés, ils participent et accentuent l’érosion des partis non protégés en aval, provocant un résultat inverse à celui escompté. De plus, il appauvrit le paysage qu’il recouvre. L’enrochement est aussi très utilisé dans les ports, pour protéger les terres-plains, les épis et les brise-lames. Dans ces cas, il sert à limiter la sape d’ouvrage par affouillement. 18


6

5

4

C

3

2 1

B A 1 - butée de pied

A - avant-plage

2 - parafouille

B - digue

3 - perré maçonné ou béton

C - côte protégée

4 - mur de couronnement 5 - crête 5 - Remblai ou corps

Schéma de compositon d’une digue

Les digues sont principalement présentes sur les partis graniteux du littoral Bigouden, autant autour des ports que sûrs de grands linéaires de côte. En cas d’aléa, elles permettent de contenir l’eau et de protéger les zones habitées menacées par les risques de submersion. En cas de tempête, les digues peuvent céder, laissant la mer rentrer dans les terres très rapidement, causant des dégâts matériels et humains importants dans les zones qu’on croyait protégées. 19


C

D

C H

B

1 2 A

1 - brise-lame

A - avant-plage

2 - enrochement

B - estran

H - sens de la houle

C - érosion D - accrétion

Schéma de d’implantation d’un brise-lames

Le brise-lame est principalement utilisé dans les ports. Comme son nom l’indique, il sert à briser la houle, limitant ainsi les chocs mécaniques des vagues sur la côte. Son utilisation provoque de l’érosion et de l’accrétion, puisque de par sa mise en œuvre, il diffracte les ondes de houle.

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E D

C

B

CDL

A

2 1

1 - brise-lame

A - avant-plage

2 - enrochement

B - plage

CDL - courant de dérive littorale

C - accrétion D - épi E - érosion

Schéma de d’implantation d’un épi

Assez peu présents sur le littoral bigouden, les épis sont généralement mis en place afin de capter les sédiments et ainsi de limiter l’érosion en favorisant artificiellement un phénomène d’accrétion. Les sédiments portés par le courant de dérive littorale s’accumulent contre l’épi et ne se répartissent pas de façon homogène sur la plage. Par ailleurs, l’épi génère en son aval de l’érosion. Il bloque localement la répartition homogène et naturelle des sédiments. 21


Nous avons pu mettre en évidence que le littoral est un espace restreint soumis localement aux influences continentales, marines, atmosphériques et anthropiques, l’exposant ainsi à des phénomènes violents pouvant menacer des vies humaines et les habitats naturels. Il constitue l’interface terre-mer entre la lithosphère (sol), l’atmosphère (air) et l’hydrosphère (eau). De plus, sous l’essor du tourisme, le littoral français a été caractérisé par une forte pression démographique accompagnée fort logiquement, par une urbanisation intensive au cours du XXème siècle. Le littoral Bigouden n’a pas échappé à ce phénomène. D’après le Projet de plan de prévention des risques littoraux (PPRL) « Ouest Odet » de la direction départementale des Territoires et de la Mer du Finistère, la vulnérabilité croissante des territoires littoraux et rétro-littoraux est d’autant plus importante que leur population est vieillissante, bien souvent peu sensibilisée à la culture du risque littoral et bercée par le sentiment de sécurité que procure, a tort, la présence des cordons dunaire, digues ou tout autres éléments du système de défense contre les submersions. En prenant en compte les prévisions du GIEC d’augmentation du niveau moyen de la mer et des fréquences d’aléa, il apparaît indispensable d’anticiper afin de mieux prévoir et de maîtriser cette croissance urbaine. Assurer un développement durable du territoire est une priorité pour éviter que se produise des catastrophes semblables à la tempête Xynthia, illustrant le haut niveau de vulnérabilité que présente la façade atlantique.

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L’île de Ré après le passage de la tempête Xynthia, Gérard Texier, 2010.

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Submerssion du Pays bigouden Sud 2020:

Aléa fort Aléa moyen Aléa faible

24


0

1

2

25

3 km

N


Submerssion du Pays bigouden Sud en 2100:

Aléa très fort Aléa fort Aléa moyen Aléa faible

26


0

1

2

27

3 km

N


PENMARC’H

Trois pôles apparaissent comme plus impactés par la montée des eaux dans le Pays Bigouden sud. Tous ne sont pas touchés de la même manière, tant sur le point matériel que démographique. Plobannalec-Lesconil est la commune la moins impactée du Pays Bigouden sud sur le plan matériel. Elle connaît même une forte attractivité depuis 1999.

Territoires concernés: Commune

Superficie (km2)

Population (2018)

Altitude (m NGF)

Penmarc’h

16,39

5 142

1 - 23

Guilvinec

2,46

2 670

0 -17

Treffiagat

8,10

2 405

0 -25

Plobannalec - Lesconil

18,17

3 521

0 - 27

Loctudy

12,73

4 050

0 - 17

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PLOBANNALEC - LESCONIL LOCTUDY

LE GUILVINEC TREFFIAGAT

Contrairement à cette dernière, Penmarc’h est la commune ou le plus de bâtiments sont exposés à un risque d’aléa et connaît une baisse significative de population depuis 1968. De plus, elle est, de par sa localisation sur la pointe sud-ouest, la zone cumulant le plus de risques d’aléas.

Nombre de bâtiments concernés par l’aléa: Nombre de bâtiment touchés par niveau d’aléa Commune

Faible

Moyen

Fort

Très Fort

Total

Penmarc’h

535

582

459

959

2535

Guilvinec

138

80

115

4

337

Treffiagat

145

213

147

231

736

Plobannalec - Lesconil

122

91

42

67

322

Loctudy

39

82

430

250

801

29


30


II L’archipel de Penmarc’h

Composition du territoire

« La presqu'île de Penmarc'h, c'est une terre posée comme un radeau trop chargé sur la mer, et, depuis les saints jusqu'aux ivrognes, tous ses habitants doivent être marins afin d'avoir le droit d'y vivre »

Charles Géniaux, L’Océan, Paris, éditions Fasquelle, 1913

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32


Une approche historique

Autrefois, Penmarc’h était considérée comme un archipel terrestre. Entourée par la mer, et régulièrement submergée, elle a longtemps été comparée à la ville d’Is, une Atlantide Bretonne légendaire. Penmarc’h signifie en bretonne tête de cheval, une référence à la forme de sa côte, mais aussi à l’ancien nom du Pays Bigouden, Cap Caval. Occupé depuis la préhistoire, ce territoire a connu des époques de prospérité et de déclin. Au début du XVIème siècle, Penmarc’h fait partie des premiers ports de pêche européens grâce au commerce de poisson et les activités textiles et tinctoriales. À la fin du XVIème siècle, une série d’attaques provoqua la chute de Penmarc’h. La ville se relèvera seulement au XIXème siècle avec l’essor de l’industrialisation et des conserveries. Entre le XVIIIème et le XIXème siècles, suite à plusieurs tempêtes, des travaux d’assèchement et de poldérisation sont entrepris sur les palues, étangs et anciennes lagunes afin de gagner du territoire sur la mer. Ces zones firent utiliser pour l’agriculture et notamment le pâturage. Au début du XXème siècle, des canaux de drainage sont construits dans les marais pour évacuer les trop-pleins d’eau et acquérir encore plus de place pour l’agriculture. Peu à peu, Penmarc’h a perdu son statut d’archipel en modifiant son trait de côte.

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34


« Le pays de Penmarc'h, en ce temps-là, était un archipel d'îles basses entre lesquelles on circulait par des canaux. Tout au long de la Baie d'Audierne, il y avait des ports ouverts. Et c'est par la route de mer que les pèlerins arrivaient de toute part au grand pardon de Languidou. Ils venaient même de pays étrangers tant était grande la réputation du seigneur Saint-Kido, qui protégeait les hommes et les biens sur l'eau salée. (...) Et puis il vint un temps où la mer attrapa mal au ventre, on ne sait pourquoi, ni comment. (...) À force de convulsions, elle dérouta ses courants, elle bannit ses poissons au large, elle encombra ses canaux de sa vase, elle finit par dégorger; sur ses bords, les galets qui lui faisaient mal. (...) La baie de Kido se trouva polie d'un cordon de galets polis et se dessécha derrière ce mur. La rivière devint un étang et les cloches de Languidou sonnèrent le glas du grand pardon. Pendant plusieurs années encore, des navires d'outre-mer, chargés de pèlerins, se présentèrent devant la Baie d'Audierne, cherchant l'entrée de la rivière de Kido. Mais ils avaient beau croiser de Pors-Karn à Pors-Poulhan, il n'y avait plus d'entrée » La rivière de Kido, Per Jakez Hélias

Au travers de ce conte, Par Jakez Hélias, racontent les changements anthropiques effectués sur le territoire bigouden, spécialement à Penmarc’h. Ces territoires asséchés restent cependant au niveau de la mer, donc soumis à la submersion. Cela a pourtant permis au XXème siècle de répondre en partie à l’attractivité littorale et balnéaire en plein essor.

35


0

1

2

36

3 km


Approche géologique:

Le granite du Pont-l’Abbé est la principale roche du PaysBigouden. La composition du sol permet d’expliquer l’implantation historique de la ville de Penmarc’h. On retrouve le granite au niveau des implantations urbaines historique. Elle est séparée par des sols sédimentaires anciens et récents, aux endroits de marais et d’anciennes lagunes.

sédiments récents sédiments récents sédiments anciens sédiments anciens sédiments anciens d’origine marine sédiments anciens d’origine marine alluvions et colluvions post-glaciaires alluvions et colluvions post-glaciaires dépot de pentes; grèze litée

dépot de pentes; grèze litée granite de Pont-L’Abbe granite de Pont-L’Abbe granite à muscovite

N

granite à muscovite

N 37


4

3

A

5

B

2

0

1

2

38

1

3 km


Une organisation territorial particulière Une aglomération de hameaux La ville de Penmarc’h est une agglomération de hameaux s’étant associés au cours de l’histoire. Les 5 142 habitants sont répartis sur 3 pôles d’habitations principaux, Kérity-Saint-Pierre, Saint-Guénolé et le Bourg de Penmarc’h. Ils sont séparés les uns des autres par des zones humides, reliés autrefois par des ponts dont certaines rues ont conservé les noms.

5

C C A B 1

(Loc’h Ar Joa) Marais de la Joie B (Loc’h Ar Joa) Le Ster Le Ster Kerity C

2

1 Saint-Pierre

3

Saint-Guenolé

4

Pors Carn

C

5

N

N 39

Marais de Lescor (Al Loc’h Vras) Marais de Lescor A (Al Loc’h Vras) Marais de la Joie

Kerity

2

Saint-Pierre

3

Saint-Guenolé

4 (ex Pors Carn Penmarc’h Tréoultré) Penmarc’h (ex Tréoultré) 5 Axe majeur Zone naturelle Axe majeur littorale Zone naturelle littorale Zone naturelle protégée Zone naturelle protégée Zone agricole Zone classée Zone agricole patrimoine naturel Zone classée patrimoine naturel


0

1

2

40

3 km


Les espaces naturels

Les espaces naturels côté littoral et marais et les espaces agricoles au nord-est contribuent à cette image d’archipel isolé qu’à Penmarc’h. Au sein des zones naturelles, on remarque des zones classées d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). On y trouve en effet plusieurs espèces protégées en France. Bien que des moyens aient été mis en place pour préserver ces milieux, en particulier sur la dune vive, la frange littorale subit une fréquentation touristique importante et une pression de l’urbanisation est très forte. Cela génère des phénomènes de surpiétinement des milieux, de la rudéralisation et des déchets.

Axe majeur Zone naturelle littorale Zone naturelle protégée Zone agricole Zone classée patrimoine naturel

N N 41

Axe majeur Zone naturelle littorale Zone naturelle protégée Zone agricole Zone classée patrimoine naturel


Marais de Lescors

Marais de la Joie

42


Marais du Ster

Plan d’eau dans le marais du Ster

43


Marais de Lescors, à la limite entre terre cultivable et marais

Marais de la Joie, entre agriculture, paturage et habitations 44


45


0

1

2

46

3 km


Zoning et densité d’habitat

Penmarc’h est une commune peu dense (31 habitant/km2). Les zones les plus denses de la ville sont généralement situées autour des centres urbains historiques. En périphérie, on retrouve des habitats moins denses. De façon générale, moins l’habitat est dense, plus les constructions sont récentes. Les zones d’urbanisation future représentent des vides dans le tissu urbain qui sont à combler. Ce sont généralement des friches ou des zones naturelles.

Zone d’urbanisation future Zone d’urbanisation future Zone d’activité Densité faible

Zone d’activité

Densité forte

Densité faible

Densité forte Centre urbain historique

N N 47

Densité forte Densité forte Centre urbain historique


Habitat dense, Pors Carn

Habitat moyennement dense, Saint-Guénolé

48


Habitat moyennement dense, Saint-Pierre

Habitat peu dense, Treguennec

49


1

2 3

0

1

2

50

3 km


Les trois ports de Penmarc’h

Penmarc’h possède trois ports. Le plus grand est celui de Saint-Guénolé au nord-ouest. C’est le cinquième port de pêche de France et le premier dans la pêche de sardine. Le port de Kerity au sud est le port de plaisance de la ville. Enfin, entre les deux, se situe le port d’échouage de Saint-Pierre. Il rassemble des équipements historiques et modernes de surveillance maritime avec notamment le phare d’Eckmühl.

Zone portuaire

N 51

1

Saint-Guénolé

2

Saint-Pierre

3

Kerity


Saint-Guénolé

Port de pêche Le port de Saint-Guénolé est le 1er port sardinier de France en 2015, 7ème port en pêche fraîche débarquée : un peu plus de 11 700 tonnes en 2015. La spécificité du port de Saint-Guénolé est la pêche à la sardine. Les sardiniers aussi appelés “bolincheurs” pratiquent une pêche de nuit, les marins débarquent le poisson pour la criée de 6 h 30. À 16 h 30, c’est au tour des bateaux côtiers de débarquer la pêche du jour : lottes, lieus, raies, turbots et bien sûr la fameuse langoustine ! À partir de 19 heures, les bateaux hauturiers livrent le produit d’une quinzaine de pêche qui sera vendue le lendemain matin. 84 mouillages sont également prévus pour les plaisanciers. On y trouve à terre principalement une conserverie, des mareyeurs et des conserveries.

25 600 m2 de

48%

surface couverte consacrée au port

6000 m

de

surface consacrée mareyeurs

aux

29%

2

de surface dédiée à la criée

de

surface consacrée conserveries

aux

5

0

100

200m

52

4

3


Laboratoire biotech Criée

canot de sauvetage

hangars de stockag matériel de pêche mareyeurs Laboratoire biotech marine 0

100

200

Criée

300m

canot de sauvetage

00

200

Laboratoire biotech marine

hangars de stockage pour matériel de pêche

Criée

mareyeurs

canot de sauvetage

conserveries

hangars de stockage pour N matériel de pêche

300m

mareyeurs conserveries N

FURIC

2

Le Panier de la Mer

OCEALLIANCE

53

conserveries N


Vue le port de Saint-Guénolé

Epis et brise-lame du port de Saint-Guénolé 54


Le port de pêche de Saint-Guénolé 55


Saint-Pierre Port d’échouage Le port de Saint-Pierre est au pied du phare d’Eckmühl. Il se présente comme au début du XXème siècle. Sa chapelle du XVème siècle servit de sémaphore du XVIIIème au XIXème siècle avant la construction de son géant de voisin par la Marine Nationale. La pointe de Penmarc’h étant l’une des plus dangereuses de Bretagne, un premier phare de 38 m de hauteur en activité de 1835 à 1897 fût construit puis en 1897 le phare d’Eckmühl, de 65 m de hauteur le remplaça. Il rend hommage au maréchal Davout à la demande de sa fille. Ce dernier nommé Prince d’Eckmühl par Napoléon après la victoire en Allemagne de la bataille d’Eggmühl en 1809. Il avait pour but de racheter les morts du champ de bataille par les vies sauvées grâce au phare. À proximité, la station de sauvetage de St Pierre, créée en 1901, a été restaurée et abrite le seul canot de sauvetage à avirons en état de naviguer de tout le littoral français, le Papa Poydenot. Aujourd’hui tout peut se visiter (sauf le sémaphore). Le port de Saint-Pierre est considéré comme un condensé de patrimoine maritime cornouaillais exceptionnel.

1520 m2

100 km

de surface couverte consacrée à la navigation

puissance du faisseau lumineux du phare d’Eckmühl

7053 m2

XVème siècle

De surface couverte par les infrastructures réservées à la navigation

date à laquelle a été constuite la chapelle de Saint-Pierre

56


canot de sauve

vieux phare de

phare d’Eckmüh sémaphore 0

100

200

300m

canot de sauvetage

N

vieux phare de Penmarc’h

100

200

300m

canot de sauvetage

phare d’Eckmühl

vieux phare de Penmarc’h

sémaphore

phare d’Eckmühl

N

sémaphore

m

N

0

100

200m

57


Saint-Pierre vu depuis Saint-Guénolé

Le port de Saint-Pierre avec son sémaphore, sa chapelle, le vieux phare et le phare d’Eckmühl

58


Le littoral habité vers Kérity

59


Kérity Port de plaisance Le port de Kérity est un ancien port de pêche artisanale devenu un port de plaisance. Il n’est accessible qu’à partir de la mi-marée montante, avec un faible tirant d’eau, puisque c’est un port d’échouage, c’est-à-dire où l’on peut échouer à marée basse. Il y avait autrefois, avant l’assèchement de l’ancienne lagune, un autre port appelé port de Bouc. La plage immédiatement à l’Est du port de Kérity a conservé ce nom. Ce port peut accueillir au maximum 185 bateaux. Il ne possède pas de capitainerie et est géré par une association, les Marins et Amis du Port de Kérity de Penmarc’h.

0

695 m2

185

de surface couverte consacrée au port

capacité maximum d’accueil du port

100

200m 60


Locaux pour as mareyeurs capitainerie 0

100

200

300m

Locaux pour associations

N

mareyeurs Locaux pour associations 0

100

200

300m

mareyeurs

N

capitainerie 300m

N

61

capitainerie


Le port de plaisance de Kérity

Vu sur la plage du Ster et le Guilvinec depuis le port de Kerity

62


Vu vers Kerity depuis son port

63


Un territoire rythmé par l’océan

Les tempêtes L’eau organise depuis toujours le territoire Penmarchais de manière périodique et récurrente. D’abord, tous les ans, sur une période de novembre à avril, les tempêtes hivernales frappent de plein fouet la pointe de Penmarc’h. Ces phénomènes sont les plus destructeurs par grand coefficient de marée et vents violents de secteur ouest-sud-ouest. Comme nous avons pu le constater sur les cartes d’inondation marines, l’eau pénètre dans les terres et inonde en premier les zones humides asséchées au début du XXème siècle. La violence de ces événements exceptionnels peut mettre en péril la vie et les biens des habitants.

re

b cem

janvier

fév

rie

r

avril

octobre

no

rs

vem

ma

bre

ma i

bre tem

sep ao

ût

juillet

juin

Temporalité des tempètes sur le littoral Bigouden sur une année:

64


Les marées La deuxième temporalité qui rythme le territoire est celle des marées. Chaque jour se passent deux marées hautes et deux marées basses qui tous les jours se décalent d’une heure. La marée est une frontière fluctuante entre terres émergées et submergées. Le caractère mouvant de l’eau révèle une géographie éphémère changeante continuellement.

20-30 MINUTES

5-6 HEURES

20-30 MINUTES

MAREE

BASSE MER

6m PLEINE MER

5m

étale

montante ou flot

descendante ou jusant

MARGE DE SECURITE +1m

4m ALEA EXCEPTIONEL

3m MAREE HAUTE

2m

1m

0m NIVEAU MOYEN DE LA MER

-1m

-2m

-3m

-4m CHENAL

-5m

-6m FOND DU PORT

65

étale


2 février 1904 « C’est vers trois heures du matin environ que la mer s’est précipitée, avec un fracas épouvantable, sur la terre, emportant tout ce qui s’opposait à son passage, inondant les maisons, les routes et les champs, et les couvrant de sable et de gravier jusqu’à deux kilomètres de la côte. À Saint-Pierre, cinq bateaux de pêche ont été lancés à plus de cent mètres de leur point d’attache et brisés. (...) À Saint-Guénolé, le désastre n’a pas été moins grand. De nombreux murs ont été démolis, d’énormes blocs de rochers ont été transportés comme des fêtus. Les usines (...) ont subi des dégâts considérables tant dans leurs constructions que dans les diverses fournitures qu’elles contenaient. » Le Courrier du Finistère, 6 février 1904

1867

4-5 décembre 1912 28-30 octobre 1913 13 décembre 1915 6 novembre 1916 8-9 janvier 1924

12-13 Janvier 1899

4 décembre 1886 4 décembre 1898 décembre 1896

« Sur la côte de la région de Penmarch, (...) le raz de marée à sévi avec une extême violence, causant d’énormes ravages. (...) Un spéctacle lamentable s’offre à nos yeux. A la place de la route apparait une couche de sable de 20 centimètres, à laquelle se mélange des galets, des épaves de toutes sorte, des engins de pêche, des instruments divers, des barriques, etc... (...) Vers 4 heures, la mer avait inondée soudain tout le pays, pénétrant dans les maisons par les portes et les fenêtres, terrifiant la population qui se croyait perdue. » L’Ouest éclair, 10 janvier 1924

25 février 1925

1900 Evènements historiques de submersion sur la commune de Penmarc’h. 66

19


950

13 décembre 1978 10 mars 2008

« Le mardi 12 décembre, après plusieurs tentatives de remorquage, la situation est hors de contrôle. La mer de force 7 à 8 et les vents de 35 à 45 nœuds sont indomptables. Le lendemain matin, le dock flottant, livré à lui-même, continue de dériver dangereusement vers Penmarc’h. Il s’échoue finalement quelques heures plus tard entre les rochers « La tête de cheval » et « Les oreilles de lapin », à une cinquantaine de mètres du port. (...) Il est 18 h 45, ce mercredi 13 décembre 1978. Un bruit assourdissant fait trembler tout Saint-Guénolé. (...) Un navire, de près de 200 m de long et 45 m de large, vient de s’échouer. »

15 décembre 2011 17 octobre 2012 Hiver 2013 -2014

Le télégramme, 12 décembre 2018

12-13 février 1979 Novembre 1982 22 Novembre 1984 15 octobre 1987 26-27-28 décembre 1951

15-18 Décembre 1989 21-22 Janvier 1995

« On se souviendra de l’hiver 2013-2014 sur le littoral breton, notamment dans le Finistère. Dirk, Petra, Ulla, Andrea: en tout plus d’une dizaine de tempêtes et de coup de vent, associées à de fortes vagues, qui ont mis à mal le trait de côte. Sentiers, jetées, éboulement rocheux, falaises fragilisées, les dégâts sont nombreux. (...) Près de 170 communes ont bénéficié de l’état de catastrophe naturelle pour des inondations, coulées de boues ou «choc mécanique des vagues». » Le télégramme, 12 décembre 2018

8 février 2016

11-12 janvier 10 février 1974

12 janvier 2017 22 décembre 2019 28 décembre 2020 21 obctobre 2021

1967

2000 Arrêté catastrophe naturelle 67


e. art, l'observatoire du Parc Saint-Maur tré la perturbation sur un appareil moins sensible que le Galitzíne, et dont le t d'agrandisseInent est environ 250. Les s maxima enregistrées du 8 janvier, 0 9 janvier, 14 heures, ont varié d'environ 2 ns (1 micron = 1 millième de millirnètre). Le par le de marée © Le Monde I'illustré m, 8razmicrons, represente donc 8 Lamillièmes de Joie - Ferme inondée © Le Monde I'illustré e. Il se rapproche sensiblement de celui que ns mesuré, sans le moindre instrument de sur le díagramme de Strasbourg.

urain, directeur de l'Institut de Physique du Globe à l'Université de me, lui aussi, que s'il y a eu secousse sismique, elle fut très n'est pas reconnaissable. Mais il ajoute que jamais une on microsismique aussi forte n'a été enregistrée à Saint-Maur..

Raz-de-Marée de 1904, Bateau allant ravitailler les fermes inondées

○ Raz-de-Marée de 1924, Bateaux échoués devant l’usine Cassegrain

Devant l'usine Cassegrain (maintenant Océane Alimentaire) et la maison du Canot de Sauvetage 68


Tempête Johanna, mars 2008, tempête d’écume

Tempête Ulla, février 2014

69


Selon le GIEC, le scénario d’augmentation du niveau de la mer la plus probable d’ici 2100 serait d’au moins un mètre. Un mètre d’eau en plus aurait des conséquences dramatiques. Tout d’abord, cela remet en question notre niveau 0 terrestre qui est le niveau moyen de la mer. De plus, cela amplifierait la violence et la récurrence des tempêtes exceptionnelles. C’est-àdire que les marées centennales de coefficient 120 deviendront des marées annuelles.

7m 6m 5m Marnage 2020

4m hauteur du quai

3m

Coef. 120: Marée extraordinaire de vive-eau d’équinoxe

2m 1m

ALEA EXCEPTIONEL grande marée, forte houle venant du large, vent fort secteur ouest - sud-ouest

effet de surverse MAREE HAUTE

étale a marée haute

Coef. 95: marée de vive-eau Coef. 45: marée de morte-eau

0m NIVEAU MOYEN DE LA MER

-1m -2m étale à marée basse

-3m CHENAL

-4m -5m FOND DU PORT

70


Par conséquent, l’emprise des marées s’en trouverait elle aussi modifier. L’aléa exceptionnel que nous connaissons en 2020 sera l’emprise de la marée haute à Penmarc’h en 2100. À cela il faut rajouté un mètre d’aléa exceptionnel. Le recul du trait de côte redéfinit profondément le territoire administratif de la commune la manière d’y vivre puisqu’elle devient un véritable archipel.

Marnage 2100

surverse

Marnage 2100

MARGE DE SECURITE +1m

MARGE DE SECURITE +1m

ALEA EXCEPTIONEL

ALEA EXCEPTIONEL

MAREE HAUTE

MAREE HAUTE

marée haute

NIVEAU MOYEN DE LA MER

NIVEAU MOYEN DE LA MER

marée basse CHENAL

CHENAL

FOND DU PORT

FOND DU PORT

71


0

1

2

72

3 km


Submerssion et inondation:

40% de terre submergée par la mer en 2100, soit 6,5 km2

60%

se terre émergée en 2100, soit 9,9 km2

Penmarc’h est une ville particulièrement plate. Le relief est sur presque toute la bande littorale inférieure à 5 mètres. Cela est notamment dû au drainage et au comblement de certains espaces. En conséquence, aujourd’hui plus de 2500 bâtiments sont touchés par le risque de submersion dont 959 par un risque d’aléa très fort.

limite d’emprise après aléa limite d’emprise Aléa très fort après aléa Marée haute Aléa très fort Mi-marée

Marée haute

Marée basse Mi-marée N

Marée basse 73

N


III Un archipel de projets

Une nouvelle organisation du territoire Comment intégrer le risque de submersion marine à l’horizon 2100 au développement du territoire ? Comment transformer l’aléa en moteur de projet ? Le monté du niveau de la mer ainsi que l’intensification des phénomènes de submersions montre la grande vulnérabilité du territoire Penmarchais. Le recul du trait de côte transforme radicalement le faciès de la commune. Trois zones de projets apparaissent alors sur le territoire. Les zones émergées, les zones submersibles, et les zones insulaires, chacune évoluant à des temporalités différentes avec des enjeux différents. Entre densifications, relogement et adaptation face aux risques, un nouveau modèle urbain complet est à imaginer. Les principales réponses face à l’élévation des niveaux marins aujourd’hui peuvent se diviser en trois catégories. La défense face à la mer, l’adaptation et le recul stratégique. Elles présentent chacune des avantages des inconvénients et des coûts différents. Plutôt dans cette analyse nous avions mis en évidence l’impact qu’ont les défenses artificielles côtières sur le littoral qui en plus d’un appauvrissement des paysages accentuent l’érosion et représentent des coûts exorbitants. L’adaptation et le recul stratégique face au risque semblent alors les outils les plus efficace face au risque de submersion.

74


0

1

2

3 km

N

75


76


2535 bâtiments impacté par la submerssion

Le recul stratégique et l’adaptation soulèvent plusieurs problématiques sur le territoire : • la relocalisation des bâtiments et activités vulnérable en zones protégées • l’adaptation de certains bâtiments en proie aux aléas ponctuels de submersion. • la mise en place de projets de déconstruction des bâtiments vulnérables • l’appropriation de la bande littorale future située en zone inondable • l’insularité future de certains quartiers de la commune.

limite urbaine après aléa

limite urbaine après aléa

batiments impactés batiments impactés par l’aléa par l’aléa batiments conservés batiments conservés

77


Relocalisation et adaptation:

Une relocalisation planifiée est efficace s’il existe des localités d’accueil sûr par rapport à l’élévation du niveau marin. Les défis à relever dans cette stratégie sont la conciliation des intérêts découlant du déplacement des personnes, de l’emplacement d’origine à la destination. Un projet d’adaptation à la montée des eaux doit donc se concevoir comme une stratégie et reposer sur la négociation avec les populations concernées. Elle se déroule donc sur un temps long à condition d’en saisir l’opportunité dès aujourd’hui.

Adaptation:

78


Les outils possibles d’anticipation seraient la création d’un fond solidaire permettant de financer les importantes transformations territoriales et la création d’une réserve publique de foncier. Cela se traduirait par la modification du PLU actuel ainsi qu’une révision des plans de prévention des risques littoraux (PPRL).

Relocalisation:

79


Un projet de déconstruction

Dans un contexte d’épuisement des ressources et d’accumulation des déchets, le principe de déconstruction s’oppose au principe de démolition des bâtiments vulnérables à la submersion et aux inondations. Il s’agit d’une valorisation des déchets en réemployant les matériaux constructifs des bâtiments comme matière à produire. La ville serait alors éco-productive et plus autonome quant à sa consommation de ressources. Ce processus dynamique fait par ailleurs écho à l’histoire de Penmarch puisque de nombreux manoirs penmarchais ont été démonté afin de consolider et d’agrandir les ports.

80


bois

plastique

pierre / gravats

menuiseries

papier

isolation

tuiles

métaux

moquette

réemploi

recyclagge

irrécupérable

81


Habiter la zone inondable

Dans ce scénario de recul important du trait de côte et de montée des eaux, l’appropriation du nouveau littoral fait partie des principaux enjeux future. L’aménagement résilient du futur trait de côte serait un levier de sensibilisation et de responsabilisation des usagers. De plus, cela pourrait être un gain d’attractivité pour la ville au travers de programmes acceptant la submersion comme des parcours santé et biodiversité, des prés-salés, ou des interventions événementielles et éphémères. Cette nouvelle carte de visite pourrait tirer parti de projets de déconstruction afin de mettre en avant le mettre en avant sa réactivité face au risque et son aspect productif.

82


ferme sur pilotis

parcours de découverte de biodiversité et observatoires

structure éphémère en réemploi

83


Une situation insulaire inédite

L’augmentation du niveau moyen de la mer révèle le caractère insulaire de certains quartiers de Penmarc’h. Une île apparaît dans l’archipel qu’est Penmarc’h. Sa superficie est de 0,35 km2. Elle est composée de zones urbaines denses et de parcelles non bâties, représentant 37 % de sa surface totale. En terme d’évolution, l’île pourrait suivre les modifications du PLU lui permettant de se densifier petit à petit. Point de rencontre entre terres émergées, zone inondable et réserve naturelle, l’île doit devenir un nouveau pôle dans Penmarch, un espace de sensibilisation pour le public entre patrimoine, culture, et nature. Afin de renforcer les liens entre le public, les habitants, leur territoire et son contexte géographique.

84


0

200

400

600 m

85


86


IV Le port de Saint-Guénolé

Un point de départ pour une stratégie territoriale Dans ce projet d’envergure territoriale, il est nécessaire de trouver un point d’accroche, mais par où commencer ? Penmarc’h s’est développé autour d’activités portuaires, plus spécifiquement la pêche de la sardine. Aujourd’hui, le port de Saint-Guénolé est le 5ème port de pêche de France. Il est un réel moteur économique et un générateur d’emplois dans la commune, puisque autour de lui graviter des activités de mareyeurs, conserveries et poissonneries qui le font rayonner aux niveaux local et national. Les métiers liés à la mer concernent 10 % des emplois sur la commune. En plus d’être un pôle économique, le port est une frontière sur la mer et une porte d’entrée sur la ville. Il est l’interface qui lie terre émergée et submergée. Il est aussi le premier à faire face à l’aléa de submersion. Adapter le port de Saint-Guénolé en priorité permettrait de maintenir une activité économique dynamique et durable. Le projet du port amorcerait les changements profonds en cours sur un littoral vivant au rythme des marées et des aléas.

87


Port de Saint-Génolé en 1923

Port de Saint-Génolé en 1953

Port de Saint-Génolé en 1970

Port de Saint-Génolé en 1990

Port de Saint-Génolé en 2009

Port de Saint-Génolé en 2012 88


L’évolution du port Jusqu'alors, le port de Saint-Guénolé a évolué en avançant sur la mer grâce à des terre-pleins et à la mise en place de défenses littorales (digue, brise-lame, enrochement). Il s’est développé en tournant le dos à la ville au fur et à mesure que les infrastructures techniques dédiées à la pêche se sont installées sur le site.

Station de sauvetage du port de Saint-Génolé en 1953

Station de sauvetage du port de Saint-Génolé en 2021

89


0

1

2

90

3 km


Le port comme symbole d’un territoire: résilient et productif

L’aléa remet profondément en cause l’implantation des infrastructures portuaires et des alentours immédiats du port. Avec un mètre d’eau en plus, l’interface ville-port se retrouve inappropriée face aux enjeux futurs. Pour devenir un symbole de résilience face à la montée des eaux, le port doit devenir un espace public ouvert à la ville, c’est-à-dire une accroche territoriale forte en lien entre les flux marins et humain. De plus pour préserver l’activité de la pêche et la rendre plus durable, l’adaptation de la criée, des conserveries et des mareyeurs est primordiale. Les regrouper au sein d’un même espace serait un moyen de limiter les transports d’un lieu à l’autre et de concentrer toutes les étapes de transformation du poisson, du chalutier aux consommateurs.

Aléa Marée haute

N

Marée basse

N

Aléa Marée haute Marée basse

91


0

Penmarc’h 2100

0.5

1

1.5 km

92


V Le mouvement de l’eau comme composante architecturale

Une nouvelle interface ville-port

L’objectif est simple. Permettre à Penmarc’h au travers d’une nouvelle infrastructure portuaire de pouvoir maintenir une activité économique même en cas d’aléa tout en mettant en place des stratégies applicable au reste de son territoire. Il ne s’agit plus de lutter contre les assauts des marées, mais de se servir de leurs mouvements comme composante architecturale.

Aléa Marée haute

N 93

Marée basse


0

125

250

375m

Plan masse du port de Saint-Guénolé 2100

94


Au fur et à mesure que l’eau rentre dans les terres, la délocalisation de plusieurs bâtiments d’activité et d’habitation aux alentours immédiats du port est nécessaire. Cela offre l’opportunité de venir creuser le bassin du port pour qu’il vienne chercher la nouvelle limite de la ville et de la future marée. En conséquence, une bande de terre minérale déjà artificialisée de 500 m de long (c’est-à-dire des terre-pleins), se retrouve à nu. Sa situation, aujourd’hui terrestre sera marine en 2100. Elle sert d’emprise au bâtiment.

limite d’emprise après aléa 95

Aléa très fort Marée haute


Un socle submersible

Le socle du bâtiment, est divisé en plusieurs niveaux, permettant à la mer de venir le submerger presque entièrement. Cette dalle à l’inverse d’une digue est pensée pour permettre aux flux marins de la traverser. Sa vocation n’est pas de défendre, mais de sensibiliser et éduquer les principales aux changements climatiques et au milieu marin. Son apparence est massive. En réalité, il est composé de gravats venant de la déconstruction de la ville et recouvert d’une couche de béton afin d’assurer une meilleure durabilité face à l’hostilité de son milieu. Elle s’extrude et se creuse pour accueillir des programmes publics et productifs. Ces derniers sont accessibles, ou non, en fonction des marées. Composé en trois parties séparées par l’eau, le socle s’adapte à la topographie existante et aux îles apparaissant sur le site au fur et à mesure que l’eau rentre dans les terres.

96


AUDITORIUM

7m

PISCINE

marée basse

marée basse

Aléa

marée haute

niveau le plus haut

6m

6m

5m 4m

quai insubmersible

7m

5m niveau le plus bas

4m

3m

3m

2m

2m

1m

1m

0m

0m

-1m

-1m

-2m

-2m

-3m

-3m

-4m

-4m

-5m

-5m

97

niveau le plus haut

niveau le plus bas

fond du port


ENMARCHEMENT

JARDIN D’ESTRAN

marée basse

marée basse

marée haute

marée haute

7m

7m

6m

6m

5m

5m

4m

4m

3m

3m

2m 1m

2m niveau le plus haut

1m

0m

0m

-1m -2m

quai insubmersible

-1m niveau le plus bas

-3m

-2m

niveau le plus haut

-3m

niveau le plus bas

-4m

-4m

-5m

-5m

Un socle submersible 98

fond du port


fond du port

QUAI DE DÉBARQUEMENT ET OSTRÉICULTURE

marée basse

mi marée

marée haute

Aléa

7m

7m

6m

6m

5m

5m

4m

4m

3m

3m

2m

niveau le plus haut

quai insubmersible

niveau le plus bas

2m niveau le plus haut

1m

1m

0m

0m

-1m

-1m

-2m

niveau le plus haut

-3m

niveau le plus bas

-4m

niveau le plus haut

Ostréiculture

niveau le plus bas

niveau le plus bas

-2m -3m

Quai de débarque mi marée

-4m

-5m

-5m

99

Quai de débarque marée haute

Quai de débarque aléa fond du port


Socle à marée basse

100


Socle à mi-marée

101


Socle à marée haute

102


Socle pendant l’aléa de submersion

103


104


Un bâtiment multi-programmatique

Pour limiter l’impact de la relocalisation des activités sur un foncier littoral en perdition, le bâtiment doit pouvoir accueillir plusieurs types de programmes. En l’occurrence, les programmes qu’il abrite ici sont tournés vers les métiers de la mer, dans un contexte ou une pêche plus durable accompagnée d’une consommation maîtrisée de nos ressources est nécessaire. On retrouve donc une criée de vente de poisson en proue du bâtiment, suivie d’une conserverie de poisson et des programmes en lien avec la mer à l’étage comme des commerces, une station météo, un laboratoire de biologie marine et une station de sauvetage en mer. Ces bassins d’emploi permettent à Penmarc’h de participer à la vie du territoire a l’échelle locale, régionale et nationale. Ils sont organisés de manière à suivre le circuit de vente et de transformation du poisson depuis la mer vers la terre.

105


Placés hors d’atteinte de l’aléa, les programmes habitent la structure générique composée d’une succession de portiques en acier Galvanisé et boulonnés. Elle recouvre l’ensemble du socle et fait le lien entre les programmes. Jusqu’alors les activités de la pêche étaient des typologies opaques. Des façades vitrées donnent ici de la transparence aux programmes et offrent ainsi un regard sur l’activité portuaire depuis la ville. La criée et la conserverie situées au premier niveau bénéficient

12m 11m 10m 9m

commerces

bureaux

8m 7m entrée du bâtiment marché aux poissons

6m Quai insubmersible

5m MARGE DE SECURITE +1m

4m

île

ALEA EXCEPTIONEL

3m Quai submersible aléa

territoire

auditorium

MAREE HAUTE

2m 1m 0m

Quai submersible marée haute

NIVEAU MOYEN DE LA MER

-1m -2m -3m Quai submersible marée basse

CHENAL

-4m -5m

FOND DU PORT

Organisation du bâtiment selon le marnage

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d’une double hauteur. Cette double hauteur est séquencée par les programmes des étages en simple hauteur. Les programmes du premier niveau sont reliés côtés sud à l’extérieur par une passerelle piétonne légère en caillebotis métallique. Elle dessert la conserverie et la criée. Elle est ponctuée d’escaliers afin d’accéder au niveau supérieur. Au nord, une passerelle dédiée aux marchandises au nord assure le transport des produits depuis le quai de débarque jusqu’au quai de chargement des camions dans un sens et dans l’autre.

laboratoire de biologie marine

station météo

quai insubmersible de déchargment des bateaux

conserverie

poste de sauvetage en mer

bureaux

criée

quai de déchargment des bateaux

quai de déchargment des bateaux et viviers

piscine dʼeau de mer

parc ostréicole

jardin dʼestran

107


Organisation du bâtiment chalutiers

quais

criée nettoyage du poisson / tri / pesée stockage chambre froide

déchets stockage chambre froide

vente réservée aux professionnels

évacuation par la passerelle produits

distibution des lots

prise en charge des déchets

stockage chambre froide lots en attente

envoie des commandes

mareyeurs sur place

conserverie

envoie des produits

envoie des commandes

sortie par la passerelle produits

transformation des produits

stockage chambre froide quelques heures seulement

sortie par la passerelle produits

sortie par la passerelle produits

chargement des vehicules de transport

vente en ligne

transformation des produits

vente directe / marché

envoie des commandes

bain de saumure

sortie par la passerelle produits

tri / étêtage / évisceration

chargement des vehicules de transport

lavage / séchage

chargement des vehicules de transport

cuisson dans un bain d’huile / séchage mise en conserve à la main mise en sauce

sertissage des conserves

autoclave domaine maritime contrôle produit digue programmée criée

envoie des commandes

conserverie

sortie par la passerelle produits

passerelle produit

chargement des vehicules de transport

quaie de chargement

Diagramme du circuit de vente du poisson 108

vente directe


station météo

bureau conserverie commerces

circulation verticale Laboratoire sauvetage en mer

chambre froide

circulation horizontale

criée

mareyeurs

+12

+9

+3

+9

+3

+6

+3

Organisation des programmatique du bâtiment

+0

+12

+9

+6

+0

97 109

criée

criée

sauvetage en mer

Laboratoire

circulation verticale

mareyeurs

chambre froide

bureau criée

station météo

circuit du poisson

passerelle produit

+12

+9

+3

+9

criée

+3

+6

+3

+0

+12

+9

+6

+0

bureau criée

circuit du poisson

Organisation des niveaux


Plans: A’

B’

A

B

Plan du R+2

Plan du R+1

Plan du socle

110


C’

C

111


Maquette volumétrique 1:333 Dimension: 1,5m x 0,13m

112


113


Coupes:

Coupe AA’ 114


115


Coupe BB’ 116


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Coupe CC’ 118


119


Maquette détail 1:100 Dimension: 0,4m x 0,45m

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Coupes détails 1 2 3 4 5

7

6 8 9

10 11

8

12

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

Détail d’assemblage structure

122

Taule ondulée (acier galvanisé) sur plots Parement rigide + Étanchéité Isolant (1) entre panes (z) Isolant rigide (2) + Pare-vapeur Bac acier intérieur thermolaqué HEA 200 (str. secondaire) HEB 400 (str. primaire) Appuis de fenêtre Châssis fixe, double vitrage tout hauteur Revêtement de sol + pare-choc Isolant rigide Plancher collaborant


1

A

B

2 C

3 4

D

5

6

A B C D

7

9

8

Détail du socle

123

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.

État 2100 projeté +5.00m (Aléa) +4.00m (marée haute) +1.00m (mi-marée) -2.00m Niveau découvert à marée basse

HEA 400 (str. primaire) Massif béton préfabriqué Platine de fixation (chaînage vertical) HEA 200 (str. secondaire) Enveloppe chape de béton Remplissage gravats (démolition) Fondation chaînage horizontal Nivellement par remblais Roches dures (type granitique)


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Temporalités du bâtiment

5 heures du matin. Alors que le jour n’est pas encore levé, le port de saint-guénolé s’active. Les premiers chalutiers s’apprêtent à débarquer dans le port de saint-guénolé. Aujourd’hui marque la fin d’une tempête. La semaine a été difficile, à cause, des grandes marées de coefficient 120 et d’un vent fort estimé à 10 beauforts par la station météo locale. Les sauveteurs en mer auront été sur le qui-vive toute la nuit. La marée est haute ce matin. Les quais de débarquement sont submergés excepté bien entendu ceux situés hors d’emprise de l’aléa. L’eau recouvre quasiment entièrement le socle du bâtiment procurant aux parties émergées un statut insulaire. Seule, dépasse la structure. Les programmes qu’elle abrite semblent flotter au-dessus de la mer. Une fois débarqué, le poisson est nettoyé, trié et pesé pour la vente de 6 h 30 à la criée. Le laboratoire de biologie marine garde un œil sur les espèces et les volumes de la pêche afin d’analyser la santé de l’écosystème marin local et d’assurer la préservation de la faune et la flore marine. Après un rapide passage en chambre froide, les mareyeurs achètent par lots. Les téléphones sonnent dans les bureaux. Une partie du poisson sera transformée sur place dans un espace dédié aux mareyeurs. Une autre sera directement envoyée vers le quai de chargement de camion pour être distribuée aux poissonneries et aux restaurants alentour. La longue passerelle de transport de marchandises fait le pont entre le quai de débarque et le quai de chargement. 8 heures. La marée commence enfin à descendre. Elle sort le bâtiment de sa situation insulaire et la relie à la ville. Les différents niveaux du socle commencent à apparaître progressivement comme l’auditorium où jouent souvent les bagads (sorte de fanfare bretonne) le soir. À l’autre bout du bassin, les navires peuvent désormais débarquer sur un deuxième quai. Les ouvriers de la conserverie se mettent au travail. Ceux de la criée repartent en empruntant la passerelle piétonne située au sud.

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Le poisson frais de la pêche du matin est transformé seulement quelques heures après achat. La spécialité est depuis toujours la boîte de sardines à l’huile. Elle est vendue directement sur place ou alors, comme le poisson, envoyée au quai de chargement des camions grâce à la même passerelle qui servait, plutôt dans la journée, à transporter la marchandise. Midi. Le marché au poisson côté ville se termine. La population alentour s’y est pressé pour avoir les meilleurs produits. La marée basse révèle alors complètement les différents niveaux du socle du bâtiment. La structure qui semblait flotter au-dessus de la mer se révèle solidement ancrée au socle par des soubassements massifs en béton. Des gens se promènent sur la dalle, d’autres sur l’île qui traversent le bâtiment ou encore profitent du restaurant qui couvre le marché. Dans les piscines d’eau de mer située sous la conserverie, nages des baigneurs téméraires. Le jardin d’estran est lui aussi découvert. Après avoir descendu quelques marches, des monolithes extrudés de la dalle jouent avec les aspérités du béton. Ils se dressent comme des menhirs. Cela a permis aux algues et aux crustacés de venir s’y loger après que l’eau soit progressivement montée d’un mètre. Les classes de primaire alentour viennent éduquer les élèves au milieu marin. Certains cherchent des bigorneaux et les connaisseurs des algues comestibles. Plus loin, à côté des quais de débarquer des bateaux, on aperçoit un parc à huîtres et les ostréiculteurs qui y travaillent. Ils profitent du niveau le plus bas du socle et des flux marin pour produire des huîtres localement. Bientôt, les coefficients de marée seront plus faibles, ce niveau se découvrira donc plus entièrement avant quelques jours. La marée est basse depuis 30 minutes et l’eau commence déjà à remonter. Les marches qui servaient à descendre vers le jardin d’estran se remplissent et forment un nouveau bassin. Les ouvriers prennent leur pause et traversent la passerelle piétonne côté sud. Depuis la passerelle et les étages, ils bénéficient d’une vue sur le territoire et l’horizon.

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Dans 6 heures, la marée sera haute et le paysage aura encore changé. Dans une semaine, les horaires des marées hautes seront ceux des marées basses. Un passage sur le quai d’en face du port nous permet de prendre toute la mesure du bâtiment. La structure s’avance sur l’eau à la manière d’une jetée. Elle fait le lien entre le plein et le vide. Entre programmes productifs, récréatifs et pédagogiques. Entre la terre et la mer. Toujours en mouvement, ce bâtiment à la topographie changeante vit au rythme des marées. En quelques décennies, il est devenu un amer, un véritable point de repère depuis la mer et dans la ville, renouant les liens entre l’architecture, l’homme et la mer. Son échelle d’envergure territoriale et marine lui procure un statut de monument : une horloge à marée. Il est l’expression de l’adaptation et du vivre avec pour la commune de Penmarc’h ainsi qu’un marqueur de sa réactivité face à l’élévation du niveau moyen des océans pour lui permettre de continuer à rayonner à l’échelle locale et nationale et préserver son bassin d’emplois.

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Conclusion

Cette stratégie mise en place pour le port de Saint-Guénolé en Penmarc’h prend le contre-pied d’une approche ponctuelle est éclaté sur le site. La dimension du bâtiment peut sembler paradoxale compte tenu du contexte écologique et territorial de 2100. Dans cette commune ou le foncier va devenir de plus en plus rare et précieux, cette réponse a pour objectif de préserver le littoral au travers de la mise en place d’un bâtiment multi-programmatique limitant la consommation foncière des activités. Pour exister, il a donc besoin d’atteindre une taille critique. Ce surdimensionnement volontaire est dû notamment à l’incertitude de l’élévation du niveau des océans. Cette construction neuve a donc un potentiel de mutation. C’est un hybride qui sera potentiellement amené à évoluer dans le futur en raison de son caractère imprévisible. Pour cela, il tire parti de sa structure générique, de son organisation, et de ses volumes capables. Certains des programmes qui habitent ici la structure ne s’y trouveront peut-être pas toujours dans 100 ans. En somme, ce bâtiment incite au travers du changement climatique et de la montée des eaux à réinterroger la manière dont nous produisons de l’architecture et aménageons les territoires littoraux.

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Remerciement

Benjamin Drossart, pour son accompagnement tout au long du semestre, Ronan, Alex, Chloé, Vianney, Ahmed, Armand, Clément, Grâce, Clara, Esther, Hippolyte, Arnaud, Lisa, Clarisse, Agathe, et toutes les petites mains qui sont venues m’aider.

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