L'engagement c'est de naissance

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L’engagement débute à la naissance ! 16 Février 1998, je m'engage dans ce monde. Après 9 mois de sérénité, à ne rien entendre sinon quelques sons flous, passés à flotter dans cette chaleur si confortable, c'est la première fois que je vois la lumière du jour. J'ai peur, je sens la main de la sage-femme sur ma peau. Elle me dépose sur la poitrine de ma mère, je découvre enfin ma famille, de laquelle j'ai entendu si souvent et vaguement les voix, ils m'appellent Vincent. Dans ce halo d'amour, je suis rassuré, ma vie commence enfin. J'ai maintenant 7 ans, je suis en CP, j'apprends à lire et à écrire. Dans la cour de récréation, on joue au foot, alors, avec les copains, on s'est tous inscrits au club de la ville. A la maison, je ne vois pas souvent maman, elle part, dans d'autres pays aider les enfants plus pauvres que moi, papa m'a expliqué, il appelle ça « missions humanitaires ». Je reste quand même frustré à chaque fois qu'elle s'en va, mais papa m'a dit qu'il fallait qu'on fasse comme au foot, quand toute l'équipe doit se réunir, pour se soutenir et gagner. 1er Septembre 2010, je rentre en sixième. Je découvre les cours de musique, et me passionne rapidement pour cette discipline. Comme mon père m'a demandé de me concentrer sur mon travail, j'ai dû choisir une seule activité périscolaire, j'ai donc arrêté le foot pour prendre des cours de guitare à l'école de musique. Ca a aussi soulagé mon père qui devait m'amener toutes les semaines un peu partout. A 16 ans, je suis au lycée. La guitare est toujours ma passion, et nous avons monté un groupe avec mes meilleurs amis. Ma mère est plus présente à la maison que quand j'étais petit, et j'ai enfin compris ses "missions". Elle m'a beaucoup parlé de ses voyages et m'a expliqué l'importance d'aider les autres. J'ai eu alors l'envie de m'engager en tant que pompier volontaire. Une fois, en pleine nuit, la caserne m'a appelé pour éteindre un feu d'une maison voisine. Cette première vraie mission où des vies sont en jeu m'a apporté de la confiance et quelque part de la fierté. J'ai obtenu mon BAC à 18 ans, je décide de prendre deux années sabbatiques. Ma mère m'a tant de fois raconté ses voyages que j'ai envie de tenter l'expérience. Je voyage donc beaucoup et fait de l'humanitaire. Je suis allé un long moment au Sénégal, où j'ai aidé des enfants dans une école, notamment à apprendre le Français. Cette partie de mon voyage m'a beaucoup touché, j'ai rencontré des gens extraordinaires, qui eux s'engagent à passer leur vie à aider les autres. Le jour de mes 20 ans, Axel, mon meilleur ami, m'emmène à la salle des fêtes de mon village, où je découvre, par surprise, que tous mes amis m'ont préparé une fête d'anniversaire. Je suis très heureux, et je me rappelle de mon arrière grand-père, qui lui, a fêté ses 20 ans, dans un blockhaus, pendant la Seconde Guerre Mondiale, avec quelques camarades et une bouteille de cidre. Je me souviens lui avoir demandé si il avait déjà tué quelqu'un, il m'avait froidement répondu "Nous n'avions pas de limites. Les Allemands avaient envahi la France, ils n'avaient rien à faire ici, nous exécutions simplement les ordres."


J'ai 23 ans nous sommes en 2021, je suis toujours pompier volontaire. Je me suis lancé dans des études de droit, pensant que cela me permettrait d’ouvrir ma carrière professionnelle sur un métier juridique, afin de venir en aide, sous différentes formes, aux autres. Après quelques années je me suis finalement rendu compte que je ne voulais pas faire du droit mon métier, cependant ma volonté d’aider mon prochain était toujours présente. J’ai passé le concours de pompier professionnel ce qui m'a comblé et m'a permis de m'épanouir. J'ai 28 ans, en parallèle de mon activité je me suis engagé dans une association contre le gaz de schiste. Je participe à une manifestation dans le but d’empêcher un forage dans le Lot. C'est un jour mémorable, car la mobilisation est exceptionnelle mais surtout, c'est là que je rencontre Hélène. Nous sommes voisins dans le cortège, c'est le coup de foudre. Dès lors nous savons que nous sommes faits l'un pour l'autre. Les choses s’enchaînent très vite, aujourd'hui le 6 juillet 2027, nous allons à la mairie pour nous marier et en 2028 nous décidons d'avoir des enfants. Neuf mois plus tard arrivent Mathieu et Julien. Nous consacrons les prochaines années à les élever. Entre nos enfants et son travail, Hélène, comptable dans une PME, a moins de temps pour ses activités syndicales. Dans l’année de mes 35 ans, ma mère meurt, et nous sommes confrontés à un dilemme, voulait-elle donner ses organes ou pas ? Ayant dû prendre cette décision pour elle, je me suis rendu compte que je n'avais entrepris aucune démarche en ce sens. C'est ce que je fis donc, en indiquant que je voulais être donneur d'organes pour pouvoir éventuellement être utile, même après ma mort. J'ai 40 ans, nous sommes en 2038, afin de m'impliquer davantage je franchis le pas du militantisme. Hélène et moi, prenons notre carte au parti. J'ai 50 ans, ma carrière de pompier touche à sa fin et maintenant que ma vie active se termine, je peux prendre plusieurs routes: est-ce que je vais faire comme 83% des jeunes retraités et me la couler douce jusqu'à la fin de mes jours, ou vais-je continuer dans mon élan en intégrant une association? Mon choix est plus tourné vers cette dernière possibilité d'autant plus qu'il y a un an, j'ai assisté à un séminaire sur la poursuite d'activité pendant la retraite, proposé par des organisations de santé et des mutuelles. Du fait de mon activité de pompier, j'étais connu d'une grande partie de la ville. Ma participation à de nombreuses manifestations et plus particulièrement aux manifestations de défense du service public (qui se délite de plus en plus dans notre ville comme dans l'espace rural en général) ainsi que mon fréquent rôle de porte parole, ont fait que j'ai été sollicité pour m'inscrire sur une liste aux élections municipales. Je me suis donc orienté dans la continuité de mes engagements politiques et je suis finalement devenu maire de ma commune, Gourdon. Beaucoup me reprochent de faire ce mandat par carriérisme et par goût du pouvoir, mais s’il y a bien une chose qu’ils ne peuvent pas me reprocher c'est de l'avoir fait pour l'argent, étant donné la maigre indemnité allouée à un maire d’une petite commune. Aujourd'hui mes enfants sont grands et ne dépendent plus de moi, ce qui me permet d'avoir plus de temps pour m'occuper de mes centres d’intérêts. Pendant une période, je me faisais du souci pour mon fils Mathieu qui c'était engagé dans Sea


Shepherd, mais entre la naissance de ses enfants et le fait qu'il trouvait que leurs méthodes était un peu extrémiste, il a préféré ne plus courir de risque en quittant l'association et en rejoignant Greenpeace qu'il juge moins violent et plus conforme à ses convictions. Je suis donc maire, j'ai 65 ans et je suis grand-père d'une fille et d'un garçon de 5 et 3 ans mais au vu des responsabilités et de ma charge de travail, même si mes nouvelles fonctions sont passionnantes, je suis beaucoup moins proche de ma famille et donc aussi de ces nouvelles têtes. Je me demande encore si mon choix était très judicieux. A la fin de mon mandat, je ne me suis pas représenté aux élections et maintenant je passe plus de temps avec ma famille, surtout pour m'occuper de Martin, mon petit fils, qui a la maladie des os de verre. Je pense qu'il a plus besoin de soutien de ma part que la ville n’a besoin de moi. J’ai 82 ans, Helène est partie l’an dernier. Ma vie touche à sa fin. Je pense avoir accompli des choses louables durant mon existence et qui lui ont donné un sens. Mes différents engagements m’ont beaucoup apporté et je suis content d’avoir transmis ce goût d’aider les autres à ma famille.

DISPO 1ère – Lycée Léo Ferré - 2015


BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE

ENCYCLOPEDIE

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LADRIERE, Jean ; LECARME, Jacques ; MOATTI, Christiane. Engagement in Encyclopédie Universalis [en ligne]. Encyclopaedia Universalis, 2014 [consulté le 9 janvier 2015]

ENQUETE

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Enquête auprès d’environ 100 élèves et trente adultes du lycée. Sur le thème de l’engagement (type d’engagement si engagement il y a, motivations, contraintes et limites…) Réalisée en janvier 2015.

INTERVIEW

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Interview de M. Michot (Résistant lors de la seconde Guerre mondiale). Musée de la Résistance de Cahors le 16 janvier 2015.

PERIODIQUES

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ION, Jacques. Bénevolat, assistance… Pourquoi s’engage-t-on ?. Sciences Humaines, 02/2011, n° 223 , p.44-46 BOUJU, Emmanuel. L’engagement, pour quoi faire ?. TDC, 05/2011, n°1015, p. 8-13 WILLIAMS, Patrick. Pourquoi ils s’engagent (et moi pas) ?. Philosophie Magazine, 10/2009, n°33, p.16-21 GIRAUD, Christophe ; SINGLY, François de. Etre en couple sans se prendre la tête. Sciences humaines, 02/2012, n° 234, p. 50-53 CAUTRES, Bruno. Le mouvement des « Indignés ». Cahiers Français, 03/2012, n°367, p. 80-85 GALEAZZI, Juliette. Les bénévoles veulent se faire plaisir. Sciences Humaines, 08/2012, n°240, p.17

SITES INTERNET

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Groupe de travail pour l’engagement bénévole des seniors, L’engagement bénévole des seniors de 50 à 65 ans, en France. CERPHI. [en ligne], consulté le 20/01/2015. www.cerphi.org/wp-content/.../Sondage-Engagement-desseniors.pdf

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BOYER, Pascal. Missions humanitaires, Sénégal. Projects Abroad. [en ligne], consulté le 27/02/2015. www.projectsabroad.fr/temoignages/?content=missions-humanitaires/senegal/pascaleboyer/


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