Livret 4ème prix littéraire

Page 1


4ème Prix Littéraire de la Cité scolaire Léo Ferré L'établissement organise de Décembre à Mai 2015 le quatrième prix littéraire de la Cité scolaire Léo Ferré. Ce projet pédagogique a pour objectif de faire partager le plaisir de la lecture aux élèves de la 4ème à la Terminale, aux parents et aux adultes de la cité scolaire. Il est également ouvert à toute personne se rendant chez l'un de nos partenaires. La Médiathèque de Gourdon et la librairie de Gourdon, Des Livres et Vous sont associées à ce projet. Ces partenaires proposent en prêt ou à la vente la sélection retenue. Une présélection de 12 ouvrages a été établie. Le vote des lecteurs déterminera une sélection finale. Un jury constitué majoritairement d'élèves se réunira au mois de mai afin de désigner le lauréat. Les bulletins de votes (disponibles au CDI, dans les librairies et à la médiathèque devront être déposés dans ces mêmes lieux avant mi-avril) Le prix sera décerné à la suite de la réunion du jury, le mercredi 13 mai (journée des lycéens). N’hésitez pas à participer, commenter et à faire passer l’info. Pour tous renseignements, vous pouvez me contacter au Lycée. Bonne(s) Lecture(s)

M. Courtiol (Professeur-documentaliste)

Merci à nos différents partenaires pour leur aide et leur soutien.


Johnson, Maureen. 13 petites enveloppes bleues. Gallimard jeunesse, 2011. 328 p. ; 18 cm. Pôle fiction, 3. ISBN 9782070634347 Résumé : Ginny découvre à la mort de sa tante adorée 13 enveloppes bleues comme autant de signes dans un jeu de piste. Voici la jeune américaine partie pour un grand voyage à travers l'Europe. A Paris Londres ou Rome l'attendent la vie et l'amour.

Une critique Le roman est basé sur un voyage dont on a du mal à imaginer la vraisemblance, mais le lecteur n’a rapidement plus le temps de s’interroger, embarqué avec Ginny, courant d’une enveloppe à l’autre. La construction du roman, son rythme sont travaillés : treize chapitres, ne correspondant pas forcément aux treize missives, un début sur les chapeaux de roue, un corps dynamique, et une fin lente, narrativement plus chaotique, au cours de laquelle les sentiments de Ginny vont être bouleversés. Le parcours de Ginny raconté par un narrateur externe ne fait pas l’épargne des usages et des vicissitudes propres aux voyages : famille menant ses visites de musées tambour battant, ados (sympathiques) d’une auberge de jeunesse branchée… Mais les rencontres sont variées, apportant insensiblement chacune leur pierre à la construction d’une nouvelle Ginny, à savoir plus curieuse et moins peureuse, et ayant découvert les garçons. On marche à fond dans cette petite tragi-comédie, peu importent les trop parfaites coïncidences, l’absence de personnages opposants, le succès post-mortem miraculeux des œuvres de Peg. Les aventures nombreuses, la langue facile à lire, l’humour – naturellement souvent lié au décalage des habitudes en pays étranger (« Elle était à l’aéroport de Copenhague, les yeux fixés sur la porte, essayant de décider s’il s’agissait (a) des toilettes (b) des toilettes pour femmes. Sur la porte était inscrit un simple H. », p. 255) – font oublier le pourquoi du voyage (un décès, tout de même…) Sophie Pilaire (Ricochet. http://www.ricochet-jeunes.org)


Desarthe, Agnès. Comment j'ai appris à lire. Points, 2014. 168 p. ; 18 cm. Points, 3272. ISBN 978-2-7578-3843-3 Résumé : " Apprendre à lire a été, pour moi, une des choses les plus faciles et les plus difficiles. Cela s'est passé très vite, en quelques semaines; mais aussi très lentement, sur plusieurs décennies. Déchiffrer une suite de lettres, la traduire en sons fut un jeu, comprendre à quoi cela servait fut une traversée souvent âpre, et, jusqu'à l'écriture de ce livre, profondément énigmatique. " Comment apprend-on à lire ? Comment notre désir de lecture peut-il être entravé ? Comment l'écriture peutelle rendre meilleur lecteur ? Cheminant à travers ses souvenirs, Agnès Desarthe mène une enquête passionnante, puisant au cœur d'un secret : celui de n'avoir pas aimé lire pendant longtemps.

Une critique Comment peut-on suivre une terminale littéraire et se lancer dans des études d'hypokhâgne sans lire ? A cette question qui paraît totalement incohérente, Agnès Desarthe y répond en retraçant son parcours avec un recul et de vraies réflexions. Enfant et adolescente, elle a grandi dans une famille où on lit. Mais elle ça ne l'intéresse pas. Ecrire oui mais lire non ! De son rapport à la lecture d'abord rejetée en bloc, des essais de son père pour qu'enfin elle lise par plaisir, elle se livre avec lucidité, humour et autodérision. Et il en faut car la lycéenne arrogante et rebelle laisse place à celle qui tombe dans la lecture avec amour. Un Amour (avec un grand A) des mots qui jaillit de l'écheveau familial. La découverte de Marguerite Duras puis celle des livres en version originale qui seront des invitations à se plonger dans un texte, une professeur madame B. pédagogue. C'est un ensemble d'éléments qui s'emboîtent comme des déclics pour arriver au coup de foudre ( "Je deviens chaque phase, chaque mot, la révélation ne cesse d'avoir lieu") mais surtout il y a un cheminement personnel. Et si vous doutez encore, les parties où elle parle de son travail de traductrice est fabuleux ! J'ai ressenti son humilité et sa rigueur de traductrice qui ne veut pas laisser son empreinte pour que le texte original soit pur... C'est beau. Un livre tout simplement passionnant qui rend hommage au bonheur de la lecture ! J'ai vibré, j'ai été captivée ! Clara (http://claraetlesmots.blogspot.fr/)


Pandazopoulos, Isabelle. La décision. Paris cedex 07 : Gallimard, 2013. 245 p. ; 20 cm. Scripto. ISBN 978-2-07-064796-5 Résumé : Un matin, Louise, excellente élève de Terminale S, a un malaise en plein cours de maths. Quelques instants plus tard, elle accouche seule d'un enfant dont elle ne savait rien, qu'elle n'a pas attendu encore moins désiré. Assaillie de questions, Louise, la jeune fille sans histoire croit devenir folle. Pourtant l'évidence est là : ce bébé de 3,3 kg, son fils. Comment l'accepter ? Soutenue par sa famille, ses amis et les professionnels qui l'entourent, Louise va découvrir la vérité et réapprendre à vivre.

Une critique Un matin, au lycée, la belle Louise va accoucher dans les toilettes d'un petit garçon. Rien, absolument rien ne laissait présager cette naissance clandestine, et la jeune fille est la première à ne pas y croire ; elle jure qu'elle n'a jamais eu de relations sexuelles. Intrigué, le gentil et solitaire ami Samuel va mener sa petite enquête. Parallèlement, Louise doit effectuer un choix difficile : garder le petit Noé ou continuer sa vie insouciante et ses études ? Quelques semaines dans un centre maternel vont faire insensiblement se décider la jeune fille. À sujet choquant, traitement délicat. Isabelle Pandazopoulos saisit les pensées des personnages confrontés à l'arrivée du bébé avec un naturel qui force l'admiration. Les parents complètement dépassés, les professionnels très professionnels, les autres lycéens profondément dérangés, Louise enfin, comme anesthésiée et hors de sa vie… Chacun a l'occasion de s'exprimer dans ce roman choral qui embrasse les points de vue pour faire sinon le tour de la question, au moins celui des sentiments. Le long passage au centre maternel est intense, montrant la diversité des situations entre des jeunes femmes issues de la rue et notre héroïne encore enfantine… Longtemps, le lecteur se demande quelle décision va prendre Louise. Et puis nous réalisons que cela n'a pas vraiment d'importance, et que c'est le parcours à fleur de peau de la jeune fille qui nous intéresse. De même, l'enquête de Samuel, si elle aboutit, ne nous offre qu'une satisfaction en demi-teinte. Tout se passe comme si l'auteure voulait nous montrer qu'il ne sert pas à grand chose de savoir ou de vouloir rejouer le passé (par ailleurs brutal), mais qu'il faut au contraire vivre le présent et imaginer l'avenir. Quel qu'il soit… Une lecture dérangeante abordée avec pudeur, une lecture marquante autour d'un extraordinaire qui ne l'est malheureusement pas tant que cela… Sophie Pilaire (Ricochet. http://www.ricochet-jeunes.org)


Aubrun, Claudine. Dossier Océan. Rouergue, 2014. 107 p. ; 20 cm. DoAdo. ISBN 978-2-81260621-2 Résumé : Ce jour de juin, il n'y a presque personne sur cette plage des Landes, un groupe de surfeurs, quelques pêcheurs, de rares promeneurs. Et deux pieds qui dépassent d'un parasol rouge... Comme à son habitude, Brune a sorti son téléphone pour faire des photos du paysage. Rien de compromettant a priori. Mais, en fin de journée, elle apprend qu'une femme a été étranglée dans les dunes. Plongées au cœur de l'enquête, Brune et sa famille vont se retrouver confrontées à leur passé. Quels liens avaient-elles avec cette femme ? Son oncle est arrêté. Un mystérieux agresseur la traque. La police s'intéresse de très près à ses photos. Pour comprendre ce qui s'est joué autrefois sur cette plage, la jeune fille devra démêler les fils reliant tous les personnages de son "dossier océan". Une critique La plage immense où Brune aime à venir crayonner, mitraillant son sujet pictural avant de le camper. Et puis soudain le raffut des sirènes, un corps sous un parasol planté entre les dunes, celui d’une femme, assassinée. Peut-être Brune a-t-elle croisé l’assassin ? Ou bien a-t-elle capturé son image sans même s’en rendre compte. Brune, jeune fille renfermée, le dessin pour monde après la mort de sa mère. La femme morte, elle en est sûre, elle en avait aperçu les pieds qui dépassaient sous le parasol. De retour chez elle, elle surprend une conversation entre son oncle et sa tante. Ils semblent redouter que la police, au fil de son enquête, ne ressorte de vieux dossiers qui les exposeraient. Un lourd secret s’ébauche, qu’ils n‘ont jamais osé révéler à Brune. Qui découvre que son oncle était sur la plage ce matin-là. Qu’il connaissait la morte. Plus tard, le commandant Javier surprend Brune sur cette même plage. Il apprécie le trait de ses dessins. L’interroge. Elle était là au moment du crime, à prendre des photos. Le soir, les flics embarquent son oncle. Qu’a-t-il donc à se reprocher ? Le récit devient énigmatique, croise de vieilles rancunes, des révoltes et des luttes d’une époque révolue. Il s’organise à la première personne mais dans une distance qui longtemps contient son émotion. Brune raconte comme détachée de tout. Pourtant les questions se bousculent dans sa tête. Qu’est-ce donc qui relie les siens à cette femme assassinée ? Quel est ce dossier, qui parle de sa mère, de son oncle, d’histoires qu’elle n’a pas connues ? Quel est ce poids dont Brune ne peut assumer la révélation ? Alors l’écriture s’enflamme, devient une matière sensible que l’auteure sculpte avec passion. Tantôt le souffle court, poursuivant une vérité insaisissable, tantôt le souffle coupé ou bien repris longuement tant l'oppression est grande. Et Brune qui jusque-là ne disait pas trois mots se met à parler, à se libérer d’une émotion qui l’écrasait, celle d’une passion qui n’était pas la sienne. Joël Jegouzo (http://www.joel-jegouzo.com/)


Perrignon, Judith. Les faibles et les forts. Paris : Librairie générale française, 2014. 150 p. ; 18 cm. Le Livre de poche. ISBN 978-2-253-17997-9 Résumé : Ils sont un point minuscule sur une route bordée de champs de coton. Mais les voix d'une immense fatalité américaine. Ils sont partis pique-niquer à la rivière comme presque chaque jour tant il fait chaud l'été, en Louisiane. Ils sont partis après une descente de la police qui a fouillé au corps Marcus, le fils aîné, et retourné la maison. Arrivés au bord de la Red River, les plus grands se sont jetés joyeusement à l'eau. Ils n'en sont pas ressortis vivants. Ce livre s'inspire d'un drame survenu en août 2010 à Shreveport, en Louisiane. Six adolescents sont morts noyés sous les yeux de leurs proches. Chacun voulait sauver l'autre. Aucun ne savait nager. Pourquoi les Noirs ne savent pas nager ? s'interrogeait-on à la radio le lendemain... Une critique Quelque part en Louisiane de nos jours, Mary Lee vit avec sa fille Dana et ses petits enfants, Marcus, Wes, Jonah et Deborah. La police vient juste de faire une descente chez eux, soupçonnant Marcus de faire du trafic de drogue. L’adolescent a été humilié et chaque membre de la famille a réagit à sa manière à la violence du moment. Ils vont faire bonne figure face aux voisins et faire comme d’habitude quand la chaleur est insupportable, aller au bord de la rivière Rouge pour se rafraichir. Au fil des chapitres, chaque personnage nous donne sa version de la manière dont il a vécu la présence des flics. Réunis dans la voiture familiale pour rejoindre le bord de la rivière, les plus jeunes rêvent à leur avenir, Dana aux hommes qui ne sont pas restés et Mary Lee, la grand-mère, à son frère Howard, qui des années plus tôt, a été agressé. Ce livre est une réflexion sur la situation des Noirs dans l’Amérique d’aujourd’hui, celle d’Obama. Les inégalités sont loin d’être réduites, notamment chez les plus pauvres. L’esclavagisme d’abord et le ségrégationnisme qui était encore de mise dans les années 60 ont laissés des traces et engendrés des réflexes dont on mesure toujours les conséquences. L’auteure nous décrit de façon magistrale l’état d’esprit des gens, génération après génération. Les peurs et les frustrations se transmettent de façon inconsciente. Les tragédies se reproduisent aussi. Quand la famille roule vers la rivière, une voiture de police surgit derrière eux. La tension est telle que même la fillette de 3 ans est terrorisée alors que personne ne parle. Un véritable drame va se jouer, dont l’origine se situe loin, aux début de l’esclavagisme.Ce livre est un petit bijou. On entre dans l’intimité des personnages, dans l’histoire des plus anciens aux rêves des plus jeunes pour mieux comprendre les inégalités entre blancs et noirs aux Etat-Unis. A la fois roman et critique sociale, impossible de ne pas être bouleversé. Le témoignage d’un auditeur à la radio (je n’en dis pas plus pour ne rien révéler) est réellement déchirant. Ne serait-ce que pour ce passage, un moment de grâce d’écriture, précipitez-vous. Hervé Weill (http://www.passion-bouquins.com)


Fontaine, Gilles. Les intouchables. Paris cedex 06 : Seuil, 2013. 195 p. ; 20.5 cm. ISBN 978-2-02108657-7 Résumé : Un mystérieux virus fait des ravages dans la population. Les adolescents, seuls épargnés, sont soupçonnés de transmettre la maladie. Devenus les parias d'une société en déroute, Thomas et des centaines de milliers d'autres sont montrés du doigt, rejetés puis mis à l'écart. Livrés à euxmêmes, sans adultes pour les guider, les plus forts font régner la terreur. Thomas et ses amis, eux, refusent cette fatalité et réagissent. Leur but ? Rester solidaires et justes. Rester humains.

Une critique Un beau roman initiatique, captivant, tout en tension, sans digressions pour relâcher l'atmosphère oppressante de l'ensemble. En effet, le roman est assez court et l'auteur rentre immédiatement dans le vif du sujet, sans précaution pour le lecteur, aussitôt aspiré par l'angoisse, la violence et la noirceur de la situation chaotique, tout imprégné également de la tonalité très réaliste accordée au roman. Il redoute, à l'instar des personnages, la mise en déroute de la société, la privation de libertés et l'absence de dénouement heureux. De plus, le style sec et direct amplifie l'ambiance froide et rude du récit, l'impression de désolation. Un seul regret, peut être, le manque d'explication sur le virus Zéro, sur ses origines et sa mise en sommeil. Avec ces précisions, l'histoire devenait effroyablement convaincante. Cécile Pellerin (www.actualitte.com)


Chalandon, Sorj. Le quatrième mur. Paris : Librairie générale française, 2014. 336 p. ; 18 cm. Le Livre de poche. ISBN 978-2-253-17982-5 Résumé : L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne.

Une critique Depuis le Ve siècle avant notre ère, Antigone — celle de Sophocle et d'Anouilh — est la sœur de toutes celles et tous ceux qui, à un moment, dans l'Histoire, ont dit non. Et, pour cela, ont affronté la mort. Sont morts en résistant. On ne croise pas impunément les pas d'Antigone. Georges, le personnage central du Quatrième Mur, va l'apprendre à son tour. Militant d'extrême gauche, bataillant autour de la Mutualité ou de la fac d'Assas contre les nervis d'extrême droite dans les années 1970, il avance dans la vie conduit par des convictions et aveuglé par des chimères. Sa rencontre avec Sam, un Juif grec qui a échappé au régime des colonels, lui ouvre les yeux sur nombre de sujets — les slogans des manifs sont parfois réfutés par les faits, et la lutte pour la paix demande parfois plus de courage que les plongeons dans la violence. Metteur en scène de théâtre, Sam rêve de monter l'Antigone d'Anouilh au Liban, avec des comédiens de toutes obédiences. Frappé par la maladie, il charge Georges de mener la tâche à bien. Délaissant sa femme et sa fille, Georges part, début 1982, à Beyrouth, et tente de convaincre Druzes, Palestiniens, phalangistes et miliciens de tous bords de jouer cette pièce : elle serait un répit dans la guerre, et chacun, le temps d'une représentation, devrait oublier son camp. Un pari impossible, mais aussi une lueur dans les ténèbres. Georges va se trouver au milieu de l'enfer, corps meurtri, esprit hanté par des visions d'apocalypse... Magnifique et désespéré, Le Quatrième Mur est le récit d'une utopie et une ode à la fraternité. Antigone n'y est plus une simple pièce : c'est un bloc de mots jeté dans les flaques de sang. Gilles Heuré (Télérama)


Green, John. Qui es-tu Alaska ?. Paris cedex 07 : Gallimard, 2011. 404 p. ; 18 cm. Pôle fiction. ISBN 978-2-07-069579-9 Résumé : Miles Halter a seize ans mais n'a pas l'impression d'avoir vécu. Assoiffé d'expériences, il quitte le cocon familial pour le campus universitaire : ce sera le lieu de tous les possibles, de toutes les premières fois. Et de sa rencontre avec Alaska. La troublante, l'insaisissable Alaska Young, insoumise et fascinante. Amitiés fortes, amour, transgression, quête de sens : un roman qui fait rire, et fondre en larmes l'instant d'après... Une critique Pas de demi-mesure dans ce roman miroir de l'adolescence : que du vrai, du vif, du tranchant pour décrire Miles et ses amis. Interné à seize ans au pensionnat de Cluver Creek en Alabama, le jeune garçon y découvre l'amitié fusionnelle, la transgression excitante des règles établies, et l'amour inconditionnel. Dans la bande, on fume, on fête, puis on disserte sur le sens de l'existence évoqué dans le cours de sciences des religions du "Vieux". Les relations sont intenses : on flirte avec l'interdit comme on frôle le corps follement attirant de la fascinante Alaska... jusqu'au jour du drame qui remet en cause le sentiment d'invulnérabilité des adolescents. L'"Aigle", proviseur de l'établissement, réunit les étudiants au matin pour leur annoncer l'indicible : la mort accidentelle, survenue dans la nuit, de leur amie Alaska Young. L'épreuve est intolérable et douloureuse, la perte insurmontable : "Désormais, les moments de détente étaient immanquablement suivis de moments de tristesse car, dès que la vie commençait à ressembler à ce qu'elle avait été du temps d'Alaska, on prenait conscience de son départ irrémédiable, irréversible". Edité dans la collection "Scripto" en 2007, Qui es-tu Alaska ? vient de paraître en format de poche. C'est une deuxième naissance méritée pour ce premier roman de John Green, un écrivain américain brillant et lauréat de plusieurs prix littéraires aux Etats-Unis. Ses mots peignent une jeunesse désinvolte qui vit, pense et aime avec passion et... parfois démesure. Les adolescents s'y retrouvent et s'y plaisent ! Leur soif de sensualité et leurs premiers désirs charnels sont décrits sans fard ou fausse pudeur. Par ailleurs, le bouleversement des étudiants endeuillés est traité avec profondeur. A conseiller à tous les ados et pas seulement aux demoiselles, comme pourrait le suggérer à tort la collection "Pôle fiction filles" ! Claude-Anne Choffat (http://www.ricochet-jeunes.org)


L'Homme, Erik. Le regard des princes à minuit. Paris cedex 07 : Gallimard, 2014. 138 p. ; 20 cm. Scripto. ISBN 978-2-07-065840-4 Résumé : Etre un véritable chevalier, aujourd'hui, est-ce encore possible ? A travers sept épreuves initiatiques, des jeunes gens se lancent dans aventure une expédition nocturne dans la forêt de Brocéliande, l'escalade de la façade de Notre-Dame en cordée, l'intensité d'un combat à mains nues, la découverte d'une danse oubliée avec une cavalière sensuelle... Autant de façons de vibrer, de prendre position dans la société, de dire Non.

Une critique Sept quêtes, sept aventures parmi lesquelles une randonnée nocturne dans la forêt de Brocéliande, l'escalade de la cathédrale Notre-Dame, un rendez-vous improbable pour danser la mazurka au son d'un vrai orchestre, un vrai combat à mains nues. Dans la nuit, des jeunes binômes composés toujours d'un maître et d'un apprenti cherchent la vérité. Commettant des actes souvent à la limite de la légalité mais jamais gratuits, ces jeunes vivent des expériences « extra-ordinaires ». Ils grandissent, se mettent à l'épreuve. L'honneur, la sagesse, la liberté, le courage, la droiture sont quelques-unes des valeurs auxquelles ils se frottent. Dans ce roman puzzle on passe du Moyen Âge au XXIe siècle ; des quêtes des bacheliers (futurs chevaliers) qui doivent surmonter des épreuves pour pouvoir entrer dans le saint des saints - la table ronde -, à celles des jeunes gens de maintenant qui cherchent des réponses à des questions qu'ils ne se posent pas forcément. Quand, au Moyen Âge, les bacheliers savent exactement ce qu'ils veulent et ce qu'ils doivent surmonter pour arriver à leurs fins, les jeunes gens du XXIe siècle se laissent conduire par leurs guides sans trop réfléchir ou sans trop comprendre. Ce n'est qu'à la toute fin du livre qu'est dévoilée la portée initiatique des différentes quêtes. Les héros comprennent à ce moment qu'ils sont prêts à prendre leur vie en main, à réfléchir par eux-mêmes et à ne plus suivre aveuglément leur mentor. Le talent de raconteur d'Erik L'Homme est mis au service d'un magnifique livre dont on souhaiterait qu'il soit un peu plus long tant il est riche et rafraîchissant. Valérie Meylan (http://www.ricochet-jeunes.org)


Modiano, Patrick. La ronde de nuit. Paris cedex 07 : Gallimard, 2000. 153 p. ; 18 cm. Folio, 835. ISBN 2-07-036835-1 Résumé : Comment devenir traître, comment ne pas l'être ? C'est la question que se pose le héros du récit qui travaille en même temps pour la Gestapo française et pour un réseau de Résistance.

Une critique La quête des souvenirs est essentielle dans les romans de Modiano qui va jusqu’au cas le plus extrême dans Rue des Boutiques Obscures (1978) où le narrateur amnésique a toute une vie à retrouver. Finalement, toute l’écriture de Patrick Modiano ressemble à un long souvenir lisse marqué seulement par les soubresauts d’existences fractionnaires que les personnages s’attachent à compléter, pièces par pièces. Cette quête identitaire des personnages ramène souvent Modiano à la période de l’Occupation. Même s’il est né en 1945, après la Libération, on sent de la part de l’auteur une volonté de dévoiler ces années en rendant compte de leur complexité qui tend parfois même vers l’absurde. La Place de l’Etoile par exemple, est empreint d’une rage et d’une incompréhension du narrateur, qui doit être celle de l’auteur, face à la violence et la haine des années d’Occupation. En effet, les premiers romans sont véritablement hantés par l’ombre de ces années noires qui semblent totalement inconcevables. Pour Modiano, il s’agit également de souligner les paradoxes, les incohérences de cette période, comme semble l’être pour lui, la rencontre de ses parents. Dans La Ronde de Nuit (1969), le narrateur appartenant à la fois à la Résistance et à la Gestapo est un exemple de personnage double, une de ces « destinées les plus insaisissables » que Modiano est l’un des rares à oser ainsi mettre en lumière. Anaïs Alle (http://mazemag.fr)


Mendoza, Eduardo. Sans nouvelles de Gurb. Paris cedex 06 : Seuil, 2006. 125 p.. Points, 1549. ISBN 2-02-090307-5 Résumé : Gurb a disparu dans Barcelone, dissimulé sous les traits de Madonna. Précision : Gurb est un extraterrestre. Parti à sa recherche sous une apparence moins voyante, son coéquipier tient scrupuleusement le journal de ses observations. Une satire délirante et désopilante de notre monde moderne.

Une critique Génial! Un petit roman déjanté qui prête à rire, à sourire et à penser! Écrit à la manière d'un journal qui reprend heure par heure les déplacements et les découvertes d'un jeune extraterrestre parti à la recherche de son collègue, Gurb, qui a disparu dans la circulation terrestre dissimulé sous les traits de Madonna, ce court roman est un petit bijou! C'est drôle à souhait et j'ai vraiment ri beaucoup mais ce n'est pas que son humour dévastateur qui rend ce petit roman si délectable, c'est surtout à vrai dire, la justesse et le cynisme avec lesquels Eduardo Mendoza nous fait redécouvrir Barcelone, les espagnols et l'espèce humaine en général, dans les yeux de cette créature venue d'ailleurs, qui sont jouissifs! Ça se lit vite et bien, ça fait plaisir et ça incite à méditer : que du bon! Jetez-vous dessus sans hésiter! Anja (http://www.babelio.com)


Palacio, R.J.. Wonder. Pocket jeunesse, 2014. 512 p. ; 22.5 cm. Pocket jeunesse, 2690. ISBN 978-2266-24962-1 Résumé : Né avec une malformation faciale, August, dix ans, n'est jamais allé à l'école. Aujourd'hui, pour la première fois, ses parents l'envoient au collège... Pourra-t-il convaincre les élèves qu'il est comme eux ? Une critique C'est la construction narrative qui évite à ce gros roman le piège du misérabilisme – attention, l'histoire d'Auggie est poignante, difficile à supporter. Petit bonhomme courage, il va bien sûr raconter en première ligne son quotidien avec une naïveté d'enfant choyé, ce qui n'enlève rien à ses souffrances. Les détails physiques sont là, pas trop nombreux toutefois, car Auggie a accepté sa différence et préfère nous parler de ses relations aux autres. Mais – c'est le grand intérêt du livre - il ne sera pas le seul à s'exprimer : sa sœur Olivia, des amis et parfois même des ennemis du collège nous disent aussi leur façon de côtoyer le jeune garçon. La multiplicité des points de vue replace donc le handicap dans un contexte assez large, moins consensuel (on peut ainsi citer Olivia expliquant la difficulté de passer toujours derrière ce petit frère adoré). Au centre des récits des uns et des autres revient sans cesse la question de la « normalité » d'Auggie : comment se comporter avec lui ? Est-il contagieux ? Comment respecter ses faiblesses physiques (il entend mal, se fatigue vite...) sans les stigmatiser ? Peut-on faire comme si tout allait bien ? Les réponses ne viendront pas vraiment, ou tout du moins pas facilement. La façon dont Auggie va finir par être intégré parmi ses camarades sonne bizarrement à nos yeux européens, avec cette idée d'esprit de corps d'un établissement scolaire contre un autre. Passons. Après tout, l'histoire coule aisément entre les courts chapitres et les voix qui racontent l'action, parfois lente, parfois brusque voire brutale. Et le plus important reste la sociabilisation réussie du héros. C'est donc une fin heureuse, qu'on ne peut s'empêcher malgré tout de penser provisoire : Auggie, poussé par l'amour que lui porte les siens, sûr d'avoir des enfants un jour, devra sans doute batailler pour se faire accepter à chaque changement d'environnement... L'auteure gage qu'il en aura largement le courage, et on adore la croire dans ce livre sur un fil de finesse touchante. Sophie Pilaire (Ricochet. http://www.ricochet-jeunes.org)


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.