Livret prix littéraire 2017

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ème

Prix Littéraire

de la Cité scolaire Léo Ferré L'établissement organise de Décembre à Mai 2017 le cinquième Prix littéraire de la Cité scolaire Léo Ferré. Ce projet pédagogique a pour objectif de faire partager le plaisir de la lecture aux élèves de la 4ème à la Terminale, aux parents et aux adultes de la cité scolaire. Il est également ouvert à toute personne se rendant chez l'un de nos partenaires. La Bibliothèque Intercommunale de Gourdon et la librairie de Gourdon, Des Livres et Vous sont associées à ce projet. Ces partenaires proposent en prêt ou à la vente la sélection retenue. Une présélection de 10 ouvrages a été établie. Le vote des lecteurs déterminera une sélection finale de 4 romans. Un jury constitué majoritairement d'élèves se réunira au mois de mai afin de désigner le lauréat. Les bulletins de votes (disponibles au CDI, en librairie et à la B.I.G. devront être déposés dans ces mêmes lieux avant mi-avril) Le prix sera décerné à la suite de la réunion du jury (date à déterminer en mai) N’hésitez pas à participer, commenter et à faire passer l’info. Pour tous renseignements, vous pouvez me contacter au Lycée. Bonne(s) Lecture(s)

M. Courtiol (Professeur-documentaliste)

Merci à nos différents partenaires pour leur aide et leur soutien. Un grand merci également aux éditeurs qui nous ont soutenus en nous offrant des exemplaires de titres de la sélection. Merci à la FCPE qui soutient cette initiative depuis sa première édition.


Corenblit, Rachel. 146298 . Actes Sud Junior, 2015. 70 p. ; 21.5 cm. (D’une seule voix).ISBN : 978-2-330-05375-8 Résumé : 146298. Une suite de chiffres tatoués sur le bras de sa grand-mère. Elle les a vus toute sa vie sans leur donner plus de sens. Puis un jour, en classe, elle comprend. D'abord en colère face à ce secret de famille trop longtemps caché, elle parvient enfin à convaincre sa grand-mère de lui parler, de faire le tri dans sa mémoire défaillante : la rafle, le voyage, le camp, la faim... Les vies de la jeune fille et de la vieille femme se croisent et s'entremêlent pour se mettre au diapason.

Une Critique : Une fois n’est pas coutume pour les auteurs publiant dans la collection « D’une seule voix », Rachel Corenblit propose à son lecteur un texte qui tour à tour surprend, émeut aux larmes et finit par frustrer, dans la mesure où, lorsque le lecteur prend la mesure du geste que commet la jeune fille, il ne peut l’arrêter. Sous un angle très original, ce court texte aborde ainsi le devoir de mémoire, provoquant ainsi un réel questionnement chez un jeune lectorat. Ce questionnement auquel le texte invite sur l’Histoire mondiale est en effet ici intimement lié aux nombreuses interrogations qu’Elsa se pose sur sa propre histoire familiale et qui feront écho à celles que se pose tout adolescent à cette période charnière de sa vie. Tour à tour déclaration d’amour, cri de colère, remise en cause, le texte de Rachel Corenblit se veut un « Je me souviens » indirect et percutant qui questionne donc son lecteur pendant et après la lecture. Hélène Dargagnon (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/55250-146298)


Chabas, Jean-François. L’Arbre et le Fruit. Gallimard Jeunesse, 2016. 126 p. ; 20 cm. (Scripto). ISBN : 978-2-07-057328-8 Résumé : 1980, Portland, Oregon. Jewel ne comprend pas. Où est passée Maman ? Devra-t-elle rester avec Papa, maintenant ? Cette perspective lui fait peur. Mais il ne faut pas qu’Esther le sente. C’est sa petite sœur, elle doit la protéger. En fait, Maman est à l’hôpital psychiatrique. Parce que Papa lui fait du mal. Parce que Papa les terrorise. En grandissant, Jewel comprend peu à peu qui si son père est malfaisant, d’autres personnes sur la terre méritent qu’on les aime et qu’on se batte.

Une Critique : L’écriture précise et directe de Jean-François Chabas convient particulièrement à ce thème douloureux qui ne peut se dire, s’écrire que très pudiquement pour mieux exprimer le sordide. Alterner les points de vue de la mère et de l’enfant offre une approche globale des événements (à l’hôpital pour Grace, à la maison pour Jewel) mais aussi une maturité de lecture pour l’adolescent qui s’empare du livre. Mille et une questions se posent, à propos de la façon dont Grace est entrée dans le jeu pervers de son mari, à propos du ressenti ambigu des petites presque obligées de faire confiance à leurs parents. Nous n’en saurons pas trop sur les origines de la situation ni sur la toute petite enfance des filles. L’auteur se lance plutôt sur l’avenir incertain : peut-on se reconstruire et comment ? Chacun trouve sa voie, dramatique ou heureuse. Mais tout reste possible, en note d’espoir derrière l’angoisse et les larmes. Un magnifique et effrayant roman sur l’intime et ses dérives, qui doivent beaucoup à l’expérience personnelle de l’auteur. « Mais est-ce que William n’agit pas de la même manière, lui qui fait bonne figure devant les gens, qui va jusqu’à s’enquérir mielleusement de notre bien-être, aux filles et à moi, quand quelqu’un nous regarde, et qui réserve sa violence et sa haine pour le cercle clos de la famille ? » (p. 56, la mère, Grace) « On voudrait faire table rase, mais on ne peut accorder son pardon à quelqu’un qui ne le demande pas. Et surtout, on ne peut le faire pour le mal qu’il a fait aux autres. Il y a des gens dont il faut juste s’éloigner. » (p. 124, la fille, Jewel) Sophie Pilaire (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/56479-l-arbre-et-le-fruit)


Loyer, Anne. La Belle Rouge. Alice, 2015. 134 p. ; 21 cm. (Tertio). ISBN : 978-2-87426-267-8 Résumé : Marie est camionneuse depuis 25 ans. Avec son beau camion rouge, elle sillonne les routes. Entre lui et elle, c’est une grande histoire d’amour. Kader a 16 ans. Abandonné par sa mère à 7 ans, il a connu les familles d’accueil et les ennuis avec la justice. Aujourd’hui, il vit dans un centre pour mineurs. Mais c’est une vraie tête brûlée qui n’a qu’une envie : se faire oublier. Un jour, Kader décide de partir. Perdu sur une aire d’autoroute, il monte dans un camion rouge laissé ouvert.

Une Critique : Confortablement installés dans la cabine de la « Belle rouge », nous sommes embarqués par ce roadtrip qui ne manque pas de rebondissements. D’un côté, la livraison de cette routière qui ne peut se permettre le moindre retard, de l’autre ce jeune squatter qui fuit toute autorité et les contraintes. Anne Loyer nous montre sans fioriture la violence de la jeunesse, de la famille, du travail, de la vie, mais qu’un rêve n’a aucune limite, sauf celles qu’on lui impose ! Ces personnages, même s’ils paraissent durs de prime abord, sont très attachants dans leur révolte, leur tristesse, leur désarroi, et pourtant une étincelle d’espoir. Nous avons l’impression d’être intimement en huis clos avec la mère et le fils qui ne sont que deux simples étrangers l’un pour l’autre où le hasard de la vie les a réunis autour de secrets communs. En parallèle, une équipe du centre de détention, composée d’Amandine et Christian, se forme autour pour tenter de retrouver cet adolescent fugitif ou ce qui reste à sauver… Nous alternons dans le récit entre un côté bourru, mais plein de tendresse voire d'inquiétude et de l'autre un sentiment "rageux" désabusé par la vie. Les chapitres sont brefs précipitant un peu plus vite le lecteur vers la fin. C'est un roman qui se dévore, sous le coup d'une écriture fluide et accessible, puisque nous avons été emportés par l'envie de savoir si Kader irait de l’avant ou plutôt s’enfermerait dans cette situation "d'échec". Fred Chaussin (En Cœur des Livres, http://encoeurdeslivres.blogspot.fr/2015/11/la-belle-rouge-danneloyer.html)


Muller-Colard, Marion. Bouche cousue. Gallimard Jeunesse, 2016. 112 p. ; 20 cm. (Scripto). ISBN : 978-2-07-057329-5 Résumé : Dans la famille d'Amandana, la propreté irréprochable n'est pas qu'un métier. C'est un mode de vie. Rien qui dépasse. Dans le Lavomatique tenu par ses parents, le bruit des machines couvre celui des élans du cœur et du corps. Mais comment faire taire son attirance pour une de ses camarades de lycée ?

Une Critique Devenue adulte, l'héroïne de ce récit arrive, comme chaque dimanche, en retard au dîner familial. «Par dévouement envers mon aînée. Pour la hisser plus haut sur son podium. J'ai admis depuis longtemps que ma médiocrité lui sert de marche pied.» Mais ce jour-là, un grain de sable est venu enrayer le fonctionnement de cette famille parfaite. Entre le fromage et le dessert, la vérité finit par éclater, révélant l'homosexualité (?) de Tom, le neveu d'Amandana. Face aux réactions virulentes des adultes, la jeune femme se remémore l'année de ses 15 ans. Se réfugiant chez elle, elle couche sa vie sur le papier, dans l'espoir d'un effet cathartique, mais aussi salvateur pour son neveu. A la lecture de cet excellent roman intimiste, on ressent bien le caractère urgent du message, comme on jette une bouteille à la mer. L'écriture, travaillée et métaphorique rend hommage à cette histoire tragique d'adolescente forcée de rester bouche cousue devant des adultes ignorants aux croyances intégristes. Espérons que ce petit pavé (de 100 pages) jeté dans la mare donne la possibilité aux adolescents concernés de vivre leur différence en plein jour. Un récit indispensable pour combattre l'ignorance et stopper la maltraitance ordinaire. Emmanuelle Pelot (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/55796-bouche-cousue)


Foenkinos, David. Charlotte. Gallimard, 2016. 256 p. ; 18 cm. (Folio). ISBN : 978-2-07-046923-9 Résumé : Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une oeuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : "C'est toute ma vie."

Une Critique Charlotte Salomon a passé son enfance à Berlin où elle a été exclue progressivement par le nazisme.Obligée de laisser son amour en Allemagne la jeune fille s’est exilée en France. C’est à ce moment qu’elle commence à mettre en place une œuvre picturale autobiographique. Alors qu’elle se rend compte qu’elle est en danger, elle laisse ses dessins à son médecin. Une très belle rétrospective sur cette jeune femme que David Foenkinos fait revivre par sa plume. Mais c'est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche. Martine Lukas (Librairie Decitre - http://www.decitre.fr/livres/charlotte-9782070469239.html)


Boyne, John ;Gibert, Catherine (Traducteur). Le Garçon au sommet de la montagne. Gallimard Jeunesse, 2016. 272 p. ; 22,5 cm. ISBN : 978-2-07066996-7 Résumé : Nazis, juifs, croix gammée... Des mots jusque-là inconnus au jeune Pierrot. Mais à la mort de sa mère, le garçon rejoint sa tante, en Allemagne, dans une maison en haut de la montagne. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une maison ordinaire. C'est le Berghof, la résidence secondaire d'Hitler. Pierrot va découvrir un nouveau monde, fascinant et monstrueux.

Une Critique : Comme dans ces précédents romans Le garçon en pyjama rayé et Mon père est parti à la guerre, John Boyne choisit un point de vue original pour évoquer les dégâts collatéraux imputables à la guerre. Ici, l'auteur irlandais montre la facilité avec laquelle on peut amener un enfant à adhérer à une idéologie raciste et antisémite. Aux côtés du Führer, le garçon orphelin se sent enfin considéré. La fin de la guerre laisse place aux remords et aux cauchemars pour cet enfant devenu adolescent. Conscient de ses actes, il essaye par tous les moyens de se racheter. Car le pire de tous les crimes, «c'est de faire semblant de ne pas savoir ce qui se passait». Un récit passionnant que l'on peine à lâcher. Emmanuelle Pelot (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/56761-le-garcon-au-sommetde-la-montagne)


Léon, Christophe. Hoax. La Rumeur est la parole des lâches… Oskar, 2016. 221 p. ; 21 cm. (la Vie). ISBN : 979-10-214-0444-1 Résumé : KekiliZunu et sa famille ont fui le Togo. Son père, avocat opposant au régime, a été pourchassé par les autorités Ils trouvent alors asile en France. La jeune fille intègre en cours d'année la classe de 1re L du lycée Olympe de Gouges. Son professeur de français, Caroline Menez, 40 ans, mariée, deux enfants, remarque tout de suite que cette élève est brillante. Afin de la préparer au mieux au Bac de français, elle lui propose de l'aider gratuitement en lui donnant des cours particuliers chez elle. Au fil des semaines, des liens d'amitié se tissent entre l'adolescente et l'enseignante. Alors que les relations sont un peu conflictuelles avec ses deux grands adolescents, Caroline, troublée, se sent proche de la jeune fille. Mais un jour, par le biais des réseaux sociaux, une rumeur se propage dans le lycée. Les relations entre Kekili et son professeur de français ne seraient pas seulement d'ordre scolaire. Une Critique : Les informations font périodiquement état de l’usage dangereux des réseaux sociaux. A partir de faits plus ou moins réels, Christophe Léon construit une histoire stressante, haletante, à laquelle on adhère. On rentre dans l’histoire par le regard d’une lycéenne qui voit la scène finale dramatique, peut-être estelle une de celle qui a fait courir la rumeur et le récit est donc construit comme l’élucidation de cette scène. La force du roman est liée à la mécanique qui s’engage mais aussi à l’ambiguïté des personnages. La professeure n’est pas vraiment sympathique, extérieurement, elle semble bien rigide. Kekili voit avec plaisir l’intérêt dont elle est l’objet. Est-ce une revanche pour elle ? Revanche sur le sort qui l’a déracinée ? Reconnaissance de ce qu’elle vaut et revanche sur les élèves de sa classe ?Un roman troublant parce que s’il est vrai comme le dit le sous-titre que « la rumeur est la parole des lâches », on lit aussi qu’il n’y a pas d’innocence, ni de culpabilité… Danielle Bertrand (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/56105-hoax-la-rumeur-est-laparole-des-laches)


Mourlevat, Jean-Claude. Mes Amis devenus. Fleuve noir, 2016. 218 p. ; 20 cm. ISBN : 978-2-265-11562-0 Résumé : Ouessant. Accoudé à l'embarcadère, un homme scrute la ligne d'horizon. Dans quelques instants, le ferry va se dessiner dans le lointain et lui apporter ses quatre amis. Le premier est comme son frère, mais il n'a pas revu les trois autres depuis quarante ans. Le vent fouette son visage ; les mouettes crient ; le jour décline. Lours' est-il toujours une force de la nature ? Luce est-elle toujours aussi folle ? Mara ressemble-t-elle encore à celle qui l'avait ensorcelé, autrefois ? Et lui-même, comment sera-t-il à leurs yeux ?

Une Critique : Humour, tendresse, amitié et douce nostalgie sont les maîtres mots de ce petit roman poignant et écrit avec beaucoup de délicatesse. Attention, une fois le livre refermé, vous risquez d’avoir envie d’embarquer pour la charmante île d’Ouessant et d’y convier ceux qui vous sont proches… Mourlevat, avec subtilité et brio, nous parle de ce qu’est une vie humaine, de l’amitié et de l’amour, des pertes et des regrets avec une belle appétence pour la vie qu’il saisit d’une plume alerte. Chaque chapitre ouvre sur un véritable microcosme avec un titre intriguant qui résume, sous forme énigmatique, les sujets abordés. Voici un roman délicat qui se savoure, que l’on a envie d’offrir et qui nous emporte. C’est la magie de l’auteur : faire d’une histoire ordinaire un moment extraordinaire dont le lecteur se délecte. C’est avec regret que l’on tourne, trop vite, la dernière page entre émotion et amusement… Anne-Sophie Poinsu (Des Livres et moi - http://www.deslivresetmoi.fr/mes-amis-devenus-jean-claudemourlevat/)


Ernaux, Annie. Regarde les Lumières mon Amour. Gallimard, 2016. 96 p. ; 18 cm. (Folio). ISBN : 978-2-07-046273-5 Résumé : Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois Fontaines situé en région parisienne. "Voir pour écrire, c'est voir autrement ", écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle.

Une Critique : Cette tentative d’écriture éclairée et lucide ne serait-elle pas en fait une métaphore du monde d’aujourd’hui, de la dureté masquée de cette société capitaliste financière ? En fait, en analysant ce phénomène particulier, l’écrivain, par la richesse de sa vision et la singularité de son écriture, ne nous oblige-t-elle pas à élargir notre réflexion à l’ensemble de la société contemporaine où l’objet est placé en signifiant maître, où la satisfaction des besoins, où le plaisir immédiat, où la rentabilité financière sont devenus pour certains les valeurs essentielles, et nous fait ainsi oublier ce qui devrait animer une société démocratique : les principes d’entraide, de convivialité et d’échange ? L’auteur, par son pouvoir d’évocation, ne nous incite-t-elle pas à sortir du rôle de simple consommateur passif qui sert à enrichir une infime minorité d’individus, et ne nous invite-t-elle pas au risque d’exercer notre imaginaire pour devenir acteur et créateur d’une société moins violente, plus solidaire ? N’est-ce pas là que réside notre vraie richesse d’humain ? C’est peut-être ce qui nous vaut le titre surprenant de ce livre, Regarde les lumières mon amour, phrase involontairement poétique énoncée par une mère à son jeune enfant, et qu’Annie Ernaux a relevée et consignée au milieu du livre peut-être pour nous envoyer comme un message d’espoir. Pierrette Epsztein. (La Cause Littéraire - http://www.lacauselitteraire.fr/regarde-les-lumieres-mon-amourannie-ernaux-2)


Kalouaz, Ahmed. Les Regards des Autres. Le Rouergue, 2016. 96 p. ; 20 cm . (DoAdo). ISBN : 978-2-8126-0995-4 Résumé : Dans son collège lyonnais, Laure s'étiole. Bonne élève, avec un milieu familial stable et quelques amis sûrs, elle a un pourtant un grave problème : des moqueries incessantes, des brimades depuis des années de la part d'une bande de filles. Certes, Laure convient qu'elle n'est pas l'unique cible. Mais, plus sensible que les autres, attachée à une sérénité et une justice, elle ne supporte plus la situation. Et notre narratrice ne voit pas de solution. En parler à des adultes lui semble inutile : au pire on ne la croirait pas, au mieux on fermerait les yeux parce que c'est trop compliqué à résoudre. Vis-à-vis de ses parents, Laure aurait presque honte. Et puis, la jeune fille estime qu'il est trop tard…

Une Critique : Ecrit à la première personne, court et percutant, le roman traduit avec beaucoup de nuances les réflexions et hésitations de Laure. Ahmed Kalouaz n'a pas voulu insister sur les manifestations des agressions dont Laure est victime, nous les laissant deviner. Le plus étonnant est peut-être le fait que l'héroïne dise qu'elle n'est pas un cas unique dans son collège. Elle laisse supposer soit un état généralisé de harcèlement dans le secondaire sur lequel les éducateurs fermeraient complètement les yeux, soit une sous-estimation de son propre cas, pour ne pas s'avouer à elle-même la gravité de son problème. Le moment où cette réservée de nature lâche prise est forcément inattendu, et forcément lié à un lieu où elle se sent apaisée – chez sa tante, dans la nature du Vercors –. Le lecteur laissera alors les faits à un stade d'ouverture : l'abcès est crevé, mais le chemin sera encore long vers la confiance en soi. Si la finalité d'un roman n'est évidemment pas son utilité, celui-ci combine finesse d'écriture et efficacité de son message. Sophie Pilaire (Ricochet - http://www.ricochet-jeunes.org/livres/livre/56424-les-regards-des-autres)


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