Production finale

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Année 2015

Concours national de la Résistance et de la Déportation

Rédacteurs : Charlotte Bellanger-Gofaux, Alexis Guérin, Margaux Hochart, Victor Lorblancher, Romane Pestourie (élèves de 2° générale)

Lycée Léo Ferré – Gourdon (Lot)


« On ne pourra jamais trouver assez de mots pour relater et décrire ce que des millions de détenus ont souffert.............. Il faut que le monde sache.......... » Intervention à la BBC d'un reporter qui a visité le camp de Dachau au moment de sa libération.

« Le retour a été ….terrible, nous étions seuls, enfermés dans notre solitude d'autant plus que ce que nous avions vécu, personne ne voulait le savoir.......personne ne voulait partager ce fardeau..... »

Simone Veil - Discours prononcé à Amsterdam en 2006


SOMMAIRE - Le Contexte de 1944

…p.1

- Carte des principaux camps de concentration …p.2 - Le Système concentrationnaire nazi

…p.3

- La Libération des camps

…p.7

- Le Retour des camps

…p.11

- Et dans le département du Lot. Témoignages …p.14 Marguerite Garry

…p.15

Jean Bascle

…p.16

- Histoire et Mémoires

…p.17

- Conclusion

…p.18

- Bibliographie

…p.19


Le contexte de 1944 Le 6 juin 1944, les alliés débarquent en Normandie, puis en Provence. Le 25 août, Paris est libéré. Le bilan humain est catastrophique, la guerre a fait au moins 60 millions de morts. Les dommages matériels sont considérables. Le conflit a entraîné un traumatisme moral. La découverte des camps de concentration et d'extermination bouleverse l'opinion internationale. Pour éviter le retour d'une telle barbarie, les dirigeants hitlériens accusés de crimes contre l'humanité sont jugés par un tribunal international à Nuremberg entre 1945 et 1946.La découverte des camps nazis est un immense choc. Le retour des premiers survivants à Paris fait naître l'espoir chez certains de retrouver un proche déporté. Le retour est une période éprouvante tant pour la population qui découvre avec horreur ce qu'on vécu les rescapés, que pour ces derniers qui entament leur long et difficile retour à la vie après tant de souffrances et de privations Le retour des premiers déportés en France est repris par la presse. Les journaux locaux citent les noms des survivants rapatriés. Ces derniers, à leur retour, livrent des noms de leurs camarades décédés dans les camps et qui ne reviendront pas. La population suit cette actualité avec inquiétude et espoir, guettant dans la presse une mention de ces proches déportés dont elle est sans nouvelle

Le retour des déportés est vécu difficilement. La population effrayée par l'apparence des survivants manifeste de la méfiance ou au contraire de la compassion et de l'aide. Certains, marqués par 4 ans de guerre refusent d'entendre plus de récits d'horreurs, attitude qui pousse ainsi de nombreux déportés à taire leur expérience. D'autres au contraire viennent par centaines, accueillir les rescapés et leur rendre hommage. 1


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Le système concentrationnaire nazi Camps de concentration et camps d'extermination

Camps de concentration: camps principalement situés en Allemagne et en Autriche mais aussi dans toute l’Europe occupée. Les nazis déportent leurs « ennemis ». Les premiers camps sont ouverts en 1933 après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Certains de ces camps possèdent des chambres à gaz. Seuls les déportés capables de travailler ne sont pas tués. Les autres sont tués. Plus que des « camps de travail », ces camps de concentration sont en réalité des « camps d’extermination par le travail ». Pendant toute la seconde guerre mondiale les camps se multiplient. Les détenus travaillaient plus de 12h par jour dans des conditions inhumaines. La mortalité dans ces camps était très élevée du fait de la sous-alimentation, de l’épuisement, des conditions d’hygiène déplorables et de l’absence de repos. Les médecins dans les camps étaient sensés soigner les malades ; ce qu’ils ne faisaient pas. A contrario ils pratiquaient diverses expériences médicales pouvant conduire les prisonniers jusqu’à la mort. Le bilan des pertes dans les camps de concentration a été très lourd. On estime que 4 à 6 millions de personnes sont passées dans un camp de concentration. Après la fin de la guerre, les camps de concentration deviennent des lieux de mémoires et des musées. Le camp d’Auschwitz est actuellement inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Camps d’extermination: Pour mettre en place la solution finale, il était devenu inévitable pour les nazis de créer de nouveaux camps. On a eu alors l’idée de créer exclusivement des camps conçus pour exterminer : « les camps d’extermination ». C’est dans ces lieux que les nazis déportent les juifs et les Tsiganes. Il y avait 6 centres d’extermination tous situés en Pologne : Chelmno, Treblinka, Sobidor, Majdanek, belzec et Auschwitz-Bikernau. Ces camps sont de grands centres de détention destinés à détruire méthodiquement, industriellement les vies humaines. Les camps de mises à mort furent construit pas les nazis dans l’unique but de perpétrer des meurtres de masse contrairement 3


aux camps de concentration qui étaient surtout des centres de détention et de travail. Près de 5 millions de juifs ont été tués dans ces camps.

L'arrivée au camp

Dans les territoires occupés par les Allemands, les futurs déportés étaient rassemblés avant leur départ en convoi (les plus connus étaient Compiègne, Drancy ou encore Romainville). Les déportés étaient entassés à 80 dans des wagons cadenassés normalement réservés pour le bétail (l'équivalent d'un wagon pouvant contenir 30 ou 40 personnes), et gardés de façon à ce que les évasions soient impossibles. Le voyage durait souvent plusieurs jours, sans manger ni boire, en ayant du mal à respirer, debout, au milieu des ordures. Interdiction de parler. Pour arriver à certains camps, les déportés devaient marcher sous le soleil, dans la boue, ou dans la neige, après un long voyage en train. Arrivés au camp, lorsqu'ils n'étaient pas déjà morts, les déportés étaient "accueillis" par des cris, les coups des SS, ou encore par des chiens qui les mordaient. 4


A leur arrivée, les déportés étaient auscultés, tatoués, rasés, désinfectés, et on leur donnait des vêtements à rayures (blanches et bleues), puis ils entraient dans un block de quarantaine qui allait les initier à la vie du camp. Ils faisaient connaissance avec les autres détenus, dont la population était répartie en plusieurs catégories, distinguées par des triangles ou des étoiles de différentes couleurs, et des lettres qui indiquaient leur nationalité.

Les SS étaient les maîtres, mais ils laissaient une partie de leurs tâches et pouvoirs à des détenus (souvent d'anciens droits communs) appelés kapos, qui faisaient régner la discipline et la terreur.

Découverte des camps : Lors des offensives lancées contre l'Armée allemande en 1945, les troupes alliées, découvrent avec effroi les camps de concentration et d'extermination construits par les nazis. Cependant, la découverte des premiers camps vides n’a pas permis de comprendre les spécificités de l'univers concentrationnaire nazi. Ceci est un choc dont rendent compte la presse écrite et les actualités cinématographiques en diffusant rapidement les premiers témoignages et les premières images. Immédiatement, dans le but de préparer les procès à venir des responsables nazis, un travail de collecte de documentation est réalisé : il s’agit de comprendre l’origine et le fonctionnement du système concentrationnaire et d’expliquer la situation découverte par les Alliés. Parallèlement, est mise en évidence l’ampleur de l’extermination des juifs d’Europe, même si, dans un premier temps, toutes les victimes des crimes nazis sont prises en compte dans leur globalité. Le plus souvent, lorsque les Armées alliées pénètrent dans les camps, ceux-ci ont été précédemment évacués par les nazis qui ont entraîné les détenus dans de terribles marches de la mort au cours desquelles des milliers d'entre eux meurent 5


de faim, de froid, ou d'épuisement. Dès lors le terme souvent usité de "libération" des camps nazis s'avère impropre. En règle générale, ne demeuraient dans les camps que les plus faibles, abandonnés par les nazis à une mort jugée certaine. Ainsi, en pénétrant dans les camps, les Alliés découvrent des charniers, des amoncellements de cadavres en plein air, et quelques survivants, faméliques. Parmi ces derniers figurent certains rescapés des expériences médicales menées par les médecins nazis, allant des brûlures au phosphore, à l'injection du typhus, en passant par les vivisections. Le camp de Dachau, à l'inverse, lors des derniers mois de la guerre accueille continuellement des convois en provenance des autres camps du Reich. Dès lors, le camp conçu à l'origine pour 5 000 prisonniers, en compte plus de 30 000 lors de l'arrivée de l'Armée américaine. Les généraux alliés, même après cinq années de combats acharnés sont profondément bouleversés par la découverte des camps de concentration. Dès lors, en prévision des jugements des criminels de guerre nazis, les reporters de guerre sont chargés de recueillir le maximum de preuves et filment minutieusement les installations des camps, les rescapés et les charniers. Ainsi, si l'existence des camps de concentration et de d'extermination était connue par les Alliés pendant la guerre, ce n'est qu'avec leur découverte au cours du premier semestre 1945 que ceux-ci réalisent l'ampleur des crimes commis par les nazis.

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La Libération des camps Les camps libérés par l’Armée Rouge Les soviétiques ont été les premiers à découvrir les camps d’extermination et de concentration avec la découverte du camp de Majdanek situé en Pologne le 22 Juillet 1944. Les nazis avaient évacué le camp le 17 Juillet juste avant l’arrivée des soldats de l’Armée Rouge et avaient tenté de détruire les preuves des exterminations et des actes qui avaient eu lieu dans ce camp. Seules les chambres à gaz étaient restées intactes mais les soldats de l’Armée Rouge ne se sont pas rendus compte tout de suite de l’ampleur des actes commis ici car le camp semblait être juste un camp pour les prisonniers de guerre. Le 15 Janvier 1945, les Soviétiques libèrent le camp de Plaszow à Cracovie. Ce camp était à l’origine un camp de concentration et de travaux forcés fournissant de la main d’œuvre à différentes usines d’armement notamment celle de Oskar Schindler, un industriel ayant sauvé 1200 juifs en les faisant travailler dans ses usines.

L’évacuation se fait dans la douleur avec des milliers d’hommes et de femmes épuisés, maltraités, malades et affamés et dans des conditions climatiques hivernales extrêmement dures. Ce sont les marches de la mort. Des milliers de déportés moururent lors de ces Marches de la mort .Celles ci furent particulièrement nombreuses lors de la fin de la guerre (1944-1945) Les prisonniers n’étant plus en état d’avancer étaient exécutés par les SS.

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L’armée Rouge continue sa progression en Pologne et le 27 Janvier 1945, les troupes soviétiques arrivent et libèrent Auschwitz. Ils trouvent 7650 déportés sur les 67000déportés qui s’y trouvaient avant l’évacuation du 18 Janvier dans une marche de la mort. Les soldats de l’armée Rouge découvrent des survivants en état physique et sanitaire épouvantable ; ils sont dangereusement amaigris, vivent dans des conditions très précaires. Ce sont les plus faibles qui ont été abandonnés sans nourriture, sans soins et avec un froid glacial sur Auschwitz lors de l’évacuation du camp. Les Soviétiques découvrirent alors les preuves de l’extermination de masse. Ils découvrirent des entrepôts remplis de centaines de milliers de vêtements, plus de 38 000 paires de chaussures et 7000 kg de cheveux emballé dans des sacs papier destinés à être envoyés à des entreprises allemandes. Ils découvrirent aussi les corps de 600 prisonniers exécutés ; c’est à ce moment là que les Soviétiques découvrirent l’ampleur de cette extermination. L’armée Rouge improvise donc l’enterrement des corps. La libération des camps continue donc avec l’arrivée de l’Armée Rouge dans le camp de Gross-Rosen le 28 février 1945. Gross-Rosen fut fondé en août 1940, près du village de Gross-Rosen dans l’ouest de l’actuelle Pologne. On estime que des 120000 déportés passés par ce camp, 40000 y moururent sur place ou pendant les marches de la mort durant l’évacuation du camp. Le 22 Avril, les Soviétiques entrent dans le camp de Sachsenhausen, créé en 1936 près de la commune d’Orianenburg à 30 km de Berlin. Plus de 200000 personnes y ont été déportées et que 84000 personnes y sont mortes. On y interna de nombreux prêtres catholique, d’étrangers ( en particulier des Polonais ), des prisonniers de guerre de l’armée Rouge. Le 30 Avril 1945, l’armée Rouge libéra le camp de Ravensbruck, situé a 80 km de Berlin, ce camp fut fondée en 1938 sur décision de Himmler. Ce camp fut réservé aux femmes mais des centaines d’enfants y furent prisonniers. On estime que 132000 femmes et enfants y furent incarcérés et 92000 y périrent. Les médecins SS du camp utilisèrent les enfants pour leurs expériences scientifiques. Le jour de la capitulation du 3ème Reich, le 8 mai 1945, les Soviétiques libérèrent le camp de Theresienstadt, en Tchèquoslovaquie .

Les camps libérés par les alliés Natzweiler-Struthof, l’unique camp de concentration de France. Ce camp fut le premier camp de concentration libéré par l’armée américaine le 23 Novembre 1944. Parallèlement à l’armée Rouge qui libère les camps de l’ouest, les alliés, eux, 8


libèrent les camps situés en Allemagne et en France. Le 11 avril les américains libèrent les camps de Buchenwald et Dora près de Weimar, dans le centre de l’Allemagne. Sur les 250 000 détenus, 56 000 y sont morts. Le 15 avril, les Anglais libèrent le camp de Bergen-Belsen, ce camp fut créé en 1940 pour accueillir seulement les prisonniers de guerre. Ce fut le cas jusqu’en 1943. Ce camp avait été évacué le 4 Avril.

Le 23 Avril, les troupes américaines entrent dans le camp de Flossenburg. Ce camp fut fondé par les SS en 1938 sur ordre d’Himmler. Ce camp était particulièrement isolé car il était situé au cœur d’une forêt de Bavière. Il était considéré comme un camp dur car même les SS considéraient ce camp comme un camp à « régime sévère ». Le 29 Avril l’armée Américaine libéra le camp de Dachau. Ce camp fut le premier camp de concentration, fondée en 1933. On y interna surtout des « prisonniers politiques ». Il servit donc de modèle aux futurs camps. Il fut évacué à l’approche des américains le 26 Avril. Lors de la découverte de ce camp, les américains trouvèrent plus de 30 wagons remplis de corps humains en décomposition. Environ 188 000 personnes y furent internées et environ 41 000 personnes y furent tuées Le 5 Mai 1945, la 11ème division blindée américaine libère Mauthausen, camp situé dans le nord de l'Autriche. Ce camp fut crée en 1938 et on estime qu'à peu près 135 000 personnes y furent assassinées. Le même jour les troupes britanniques libèrent le camp de Neuengamme situé dans le nord de l'Allemagne. Ils découvrirent le camp vide de ses occupants et toutes les traces des SS étaient effacées. On estime que sur les 106 000 déportés, 55000 moururent dans le camp ou pendant l'évacuation de ce dernier. Le lendemain, l'armée américaine libéra un camp annexe de Mauthausen, le camp d'Ebensee. On le considère comme le pire camp annexe de Mauthausen du fait de la cruauté de ses dirigeants qui ne fournissaient du tabac à leurs hommes que quand ils abattaient leur quota journalier de prisonniers. Dans les dernières semaines de la guerre, le taux de mortalité avoisinait 350 morts par jour dans ce camp.Environ 20 000 hommes et femmes y moururent.

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Le 8 Mai 1945 l'Allemagne capitula sans condition, la guerre en Europe était finie. Ce que trouvèrent les Alliés dans les camps fut gravé dans la mémoire des soldats. Les camps nazis et l'extermination des juifs furent un moment les plus sombres de l'histoire du monde.

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Le retour des camps

Le rapatriement des différents déportés des camps fut pris en charge en janvier 1945 par le ministère des prisonniers déportés et rapatriés, alors dirigé par Henri Fernay, au sein du G.P.R.F (Gouvernement Provisoire de la République Française). Mais ce retour ne fut pas sans contrainte.

Le principal problème a d’abord été les cas d’épidémie chez les déportés souffrant pour la plupart du typhus ou de dysenterie. Pour résoudre ce problème, les Américains placèrent les malades en quarantaine dans les camps ou ils avaient été trouvés. Malheureusement, cette mesure provoqua un manque de ravitaillement n’améliorant pas la guérison des malades. La deuxième difficulté rencontrée par les déportés se présenta au moment de leur retour : les rapatriements pouvaient s’effectuer en camionnettes, en trains ou bien en bateau. Ces différents types de transports comportaient les mêmes cas de précarité : En effet, la surcharge de ces transports causait un manque de confort important pour les rapatriés, de plus, certains d’entre eux situés dans des zones soviétiques, effectuaient des trajets sans destination et sans aucun ravitaillement après que les soviétiques les aient abandonnés.

A leur arrivée, les rapatriés subirent la lenteur des démarches administratives qui consistaient à leur procurer une carte d’identification provisoire, en attendant la 11


reconnaissance officielle de leur identité. Une fois cette carte obtenue, les anciens détenus connurent un retour brutal dans la société. Des associations se créèrent afin de guider ces personnes dans leur réinsertion, en les aidant, par exemple, à trouver un emploi ; un logement ou simplement en leur apportant une aide psychologique.

Beaucoup de ces réfugiés hagards débarquant à Paris ont un passage obligé : l’hôtel Lutetia où des bénévoles se chargent de recenser les retours et de faire le lien avec les familles des déportés. Quand un convoi de bus arrive, déchargeant sa cargaison fantomatique, les conversations s'arrêtent net. Les revenants passent entre cette haie de douleurs muettes. «On lisait cette lueur d'espoir au fond de leurs yeux, on entendait des noms, des questions, mais les photos exhibées étaient celles d'être normaux aux visages joufflus, avec des cheveux, et nous n'avions en mémoire que des faces vides et des têtes rasées», se souvient Joseph Bialot, juif polonais de Belleville, déporté à 18 ans à Auschwitz. Dans leur fuite, les Allemands l'ont laissé dans le camp avec quelques milliers de détenus moribonds. L'armée Rouge l'a libéré le 27 janvier 1945. Ce n'est qu'en mai qu'il est rapatrié sur le Lutetia après un long périple via Odessa et Marseille.

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Effectivement, le regard gêné ou indifférent de la population sur les rapatriés aggrava leur souffrance psychologique. A cela s’ajouta la difficulté de se livrer sur la réalité des camps pour ne pas désespérer les familles attendant le retour de leurs proches, ou de ne pas être cru. Après la guerre celles-ci refusaient d’imaginer leurs proches maltraités dans les camps. Le sentiment de culpabilité était également omniprésent chez les rapatriés ainsi que l’impossibilité d’oublier toutes les atrocités qu’ils avaient vécus auparavant.

Aujourd’hui encore, il est difficile pour ces personnes revenues des camps de parler de leur expérience traumatisante, mais pour ceux ayant témoigné, ils décrivent un retour douloureux à la réalité. L’attente des familles était grande. Nombreuses sont les familles qui ont été détruites soit par la perte d’êtres chers soit par le retour de rapatriés pour qui rien ne serait plus jamais comme avant.

Des listes interminables et l’espoir qui s’amenuise

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Et dans le département du LOT : Quelques témoignages

Le département du Lot s'il n'appartient pas à un exemple généralisable fait partie de cette France rurale qui, offre des éléments d'analyse. On dit du lotois qu'il est enraciné à sa terre, peu ouvert aux idées venant de l'extérieur. Mais les lotois ne sont pas dupes, ce qu'ils recherchent avant tout, c'est défendre leur liberté. Leurs attitudes face à l'occupation, leur engagement dans la résistance prouvent qu'ils n'acceptent pas tout ce qui peut être ressenti comme contrainte ou obligation. Le bilan qui a été établi est lourd ; avec 447 déportés, dont 198 qui ne sont pas rentrés. En raison de nos racines quercynoises, nous avons fait le choix de faire le portrait de deux victimes de la déportation.

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Marguerite GARRY

Née le 12 mai 1923, à Caen a été déportée avec son mari et sa petite fille de un an.Madame Garry, veuve de celui qui fut le chef du réseau Béliard-PHONOCINEMA, est décédée le 15 janvier 20015 à Gourdon Ses obsèques ont eu lieu à Marminiac, où elle vécut ses trente dernières années et où elle avait su faire venir bien des artistes et encourager le développement des activités culturelles. La dignité et la générosité dont elle a fait preuve à Ravensbrück et tout au long de la sinistre « marche de la mort » d’avril 1945 lui avaient valu l’admiration de ses camarades de souffrance et le respect de tous. Elle était officier de la Légion d’honneur. Elle est déportée le 18 octobre 1943 à Ravenbrück. Sa petite fille et son mari, ne rentreront pas. Peu de temps avant la fin de la guerre, près de 7 000 détenues avaient pu être transportées en Suisse et en Suède, et ce grâce à l’aide de la Croix-Rouge Internationale, Suédoise et Danoise. Les SS entraînèrent sur les "routes de la mort" des dizaines de milliers de femmes restées dans le camp en direction du NordOuest. Le 30 avril 1945, l’Armée Rouge libérait les quelques 3 000 malades laissés sur place. La libération ne put mettre un terme à la souffrance de tous, femmes, hommes et enfants ; nombreux furent ceux qui moururent dans les semaines qui suivirent la libération. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui encore, souffrent des séquelles de l’internement concentrationnaire. « Je suis partie au mois d'octobre après avoir été embarquée rue de la Faisandière à Paris où je vivais. Ma déportation a duré 18 mois. J'ai été libérée en avril 1945, mais je ne suis rentrée en France et je n'ai retrouvé ma famille que 8 mois plus tard. Avant d'être rapatriée j'ai été internée pour subir des examens médicaux, j'étais squelettique incapable d'aucune émotion, atteinte de maladies liées à la malnutrition, horrible et effrayante. J'ai retrouvée, ma mère et ma sœur, ce monde auquel je n'appartenais plus. Ma famille comme tous les français étaient heureux, heureux de cette liberté retrouvée et ne comprenaient pas. Personne ne me posait de questions, j'étais incapable de parler. Seule, dans cette vie et cette ville qui n'étaient plus les miennes. J'ai repris petit à petit une activité professionnelle, je suis allée m'installer chez une amie qui avait perdu son frère en déportation ; à deux la vie était moins dure à supporter. J'avais le sentiment que la France m'avait oubliée mais je voulais aussi être oubliée. J'étais incapable de parler, expliquer, raconter, l’irracontable, les mots sont trop faibles pour pouvoir exprimer ces horreurs. Nous étions trop nombreux à être rentrés et nous dérangions. Pourquoi moi ? La culpabilité d'être en vie était ma compagne … » 15


Jean Bascle est né à Paris le 3mars 1925, il est arrivé avec ses parents dans le Lot en février 1929 et ne l'a jamais quitté. Il est arrêté le 25 février 1944, à 4 heures du matin. Détenu à la prison Saint Michel à Toulouse, puis au camp de Compiègne, il sera déporté le 30 avril 1944, dans le camp d'Auschwitz-Birkenau. En mai, il est transféré à Buchenwald, et enfin à Flossenburg. Sur 16000 détenus au départ ils n'étaient plus que 10 000 à l'arrivée. « C'est mon premier voyage à l'étranger » ironise t-il. Le cauchemar durera en tout 17 mois, Jean sera libéré le 25 avril 1945, par l'arrivée des premiers chars de la quatrième armée américaine. Le 20 avril, 16.000 détenus de Flossenbürg sont répartis en quatre colonnes puis jetés sur les routes de Bavière. Retardataires et malades sont systématiquement abattus. Le 23, les 6.000 survivants sont libérés par les Américains près de Cham, à 110 kilomètres du point de départ. "Nous suivions toute cette scène avec des visages transformés par le bonheur ; nous vivions un moment inoubliable dans un monde immatériel et irréel. Nos cerveaux étaient en feu et tout se brouillait. Il y a des sensations qu'on ne peut rendre par des mots parce qu'elles sont si complexes qu'il faut vraiment les avoir senties pour les comprendre. Et lorsque les premiers Américains arrivèrent, quelques minutes après, ce fut du délire". Cependant, la tragédie ne s'achève pas toujours avec la libération. Nombreux sont ceux qui ne pourront pas survivre à la fin de l'épreuve. Minés par la dysenterie et le typhus, affaiblis à l'extrême par les fatigues et la malnutrition, brisés par les sévices endurés, ils meurent dans les infirmeries ou dans leurs baraques. Ceux qui peuvent revenir à Paris sont accueillis à la gare d'Orsay ou à l'hôtel Lutetia. Ils passent alors une visite médicale et subissent un interrogatoire avant d'aller retrouver les leurs, qui ne reconnaissent pas toujours les inconnus qu'ils sont devenus.

Des années nous séparent des mois de la libération. La guerre et la libération ont profondément choqué les lotois. Dans ce département où « le temps est plus lent qu'ailleurs, le passé s'y défait moins vite » Les passions restent vives et l'histoire de la Libération reste amputée de sa véritable identité.

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Histoire et mémoires Le temps de la libération a été celui d'une immense espérance, avant que ne survienne, inguérissable, le choc ultime de l'épouvante face à l'innommable de la déportation. Entre 1945 et 1958, une mémoire sélective de la guerre met en avant le culte d'une France massivement résistante, c'est l'amnésie volontaire afin de rétablir l'unité nationale et la puissance de la France. Cette mémoire refoulée de « Vichy », de la déportation,est à l'origine d'un conflit mémoriel durable. Les déportés, en dépit de l'émotion suscitée par leur retour, trouve une société relativement indifférente à leurs témoignages. Cette mémoire sélective occulte ainsi la Shoah, et la confond dans le souvenir global de la déportation. C'est ainsi qu'ils se réfugient dans le silence. La IV° République a ainsi souvent choisi de taire les sujets qui fâchent, comme en 1956, lorsque la censure frappe le film « Nuit et Brouillard » d'Alain Resnais.

À partir des années 1960, l'opinion publique a été amenée à revisiter l'histoire. Face à ce passé qui ne passe pas, le réveil mémoriel rompt le silence. C'est d'abord le procès Eichmann en 1961 qui donne pour la première fois la parole aux témoins, ensuite, depuis 1964 les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles et les enfants de déportés ont atteint l'âge adulte ils se mettent à rechercher, à témoigner. Une nouvelle génération d'historiens opère un changement complet de l'histoire de la 2° guerre mondiale. La mise en histoire des mémoires va permettre aux victimes de la déportation de s'exprimer, de témoigner, de dire et écrire leur détresse face à l'incompréhensible, la barbarie, l'inaptitude de l’État à leur venir en aide. Près de quarante ans après la fin de la guerre, le travail de l'historien est en marche. Après une période d'oubli et de déni, le regard porté sur l'histoire trouble de la déportation s'impose dans l'actualité et le cinéma. Parallèlement la mémoire juive émerge et s'affirme. Le réveil mémoriel provoque la traque des derniers criminels de guerre. Depuis 1990, c'est le temps du devoir de mémoire et la mémoire de la déportation et de la Shoah sont très présentes dans la politique mémorielle de l’État. L'histoire est-elle conditionnée à la disparition d'une génération pour s'écrire en toute sérénité et objectivité ? Il nous appartient désormais à ne pas oublier « qu'il n'y a pas de liberté sans mémoire ».

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Conclusion générale Soixante dix années après le débarquement du 6 juin 1944 et la libération, la deuxième guerre mondiale n'en finit pas de troubler la mémoire des français. De l'intervention solennelle du président de la république, Jacques Chirac, le 16 juillet 1995, reconnaissant la responsabilité de la France dans les crimes commis par l’État de Vichy, aux rebondissements du procès de Maurice Papon, condamné en 1998, à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l'humanité, l'actualité alimente toujours le débat sur ce drame majeur de l'histoire de France. Car, dans la longue histoire des guerres franco-françaises, le génocide est sans doute la plus sombre et la plus violente.

Dans les années 1970, 1980 et toujours aujourd’hui, la presse et le cinéma dévoilent la réalité de la déportation : « Shoah » de Claude Lanzmann, « Holocauste» ,ou encore « La vie est belle » de Roberto Benigni convient les spectateurs pour l'essentiel nés bien après la guerre à regarder cette période de notre histoire en face.

A L'issue de ce travail, nous regardons notre histoire et notre ville d'un autre œil. Non seulement nous avons appris à ne pas céder à la facilité ou à l'indifférence face à cette période de l'histoire, mais nous avons également compris que la mémoire s'opère à différents degrés .A Gourdon par exemple le nom des rues, des places honore des patriotes, abattus, fusillés ou déportés. Nous rendons ce dossier avec une certitude : nous continuerons de chercher sur cette période terrible ou une minorité de gens ont fait triompher à force de souffrances les valeurs de la liberté et de la démocratie.

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BIBLIOGRAPHIE

LIVRES -

GLUCK WOOD, Angela. Shoah. Regards sur notre histoire. Toulouse : Milan, 2008 BRUCHFELD, Stéphane ; LEVINE, Paul A. « Dites le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945.Paris : Ramsay, 2000 GRYNBERG, Anne. La Shoah, l’impossible oubli. Paris : Gallimard, 2011 (Découvertes-Histoire)

PERIODIQUES -

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Auschwitz. 1945 : La révélation. L’Histoire. Février 1995, n° 185, p. 22-46 Le dossier Auschwitz. L’Histoire. Janvier 2005, n° 294, p. 32-69 SEMPRUN, Jorge. Mon dernier voyage à Buchenwald. Le Monde. 8 mars 2010, n° 19857, p.14 CHRISTOPHE, Francine (Interviewée) ; BOUCHERAT, Béatrice (Intervieweuse). 60ème anniversaire de la libération des camps (entretien). Inter-CDI, Octobre 2005, n° 197, p. 54-58 Auschwitz. Le Monde, 28 janvier 2015, n° 21782, p.1-4

SITES INTERNET -

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