PORTFOLIO
Sous les pieds de Gautier Bourgard, pratiquement mille mètres de vide. Au-dessus du Lysefjord norvégien (le fjord de lumière), ses pieds nus résistent à l’oscillation. Il a soixantedix mètres à relier. Il avance sans balancier, s’équilibre avec ses bras, repose sur une sangle de 2,5 cm de large. Parfois, et même souvent, Gautier tombe. Il est toujours assuré.
Les nouveaux funambules En anglais, « slackline ». En français, « ligne molle ». Ou comment tendre une sangle et marcher entre deux montagnes. Un collectif toulousain, Pyrénaline, est au sommet dans ce nouvel art de prendre de la hauteur. Traversées en Norvège et dans les Pyrénées.PHOTOS FRÉDÉRIC MARIE
l’Ėquipe magazine | 51
52 | l’Ėquipe magazine
Jouer les équilibristes se mérite. Quatre heures de marche d’approche pour monter le matériel au sommet. Percer la roche. Y fixer goujons et mousquetons. Tendre la sangle doublée d’une corde. S’assurer. Et, pourquoi pas, jouer au yo-yo en essayant de traverser.
l’Ėquipe magazine | 53
Tous les sommets ont été gravis, tous les vides n’ont pas été traversés. Au-dessus du cirque de Gavarnie, dans les HautesPyrénées, la brèche de Roland marque la frontière invisible entre la France et l’Espagne. Julien Millot a pourtant marché dessus. Longueur : 70 mètres. Le Californien Jerry Miszewski, lui, a passé 214 mètres, en octobre dernier, près de Sacramento.
l’Ėquipe magazine | 55
Ils sont treize. Le collectif Pyrénaline a vaincu la brèche de Roland en deux jours. L’effort est collectif. Il faut des vrais grimpeurs, des cordistes et des funambules pour mériter la courte marche sur le fil. La vue y est forcément unique. Mais ils ne sont pas tous capables d’aller au bout. « Slackliner » est un art.
56 | l’Ėquipe magazine
l’Ėquipe magazine | 57
Quand on a tendu une corde au-dessus d’un fjord, ce serait dommage de ne pas l’utiliser de toutes les façons. Les adeptes du « slackline » peuvent s’en servir pour sauter dans le vide, ça s’appelle alors le saut pendulaire, ou pour faire des figures, et ça, ça ne s’appelle pas, c’est juste du fun. Ils ont parfois le vertige.
58 | l’Ėquipe magazine