Mémoire de master en architecture- "L'architecture hospitalière à l'épreuve du COVID-19"

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L’architecture hospitalière à l’épreuve du COVID-19 Quelles leçons pour l’hôpital de demain ? Mémoire de master Sous la direction de Dr. Veronique Boone Meriam Gaaloul Master 2 à la faculté d’Architecture la Cambre Horta Université Libre de Bruxelles Année2021académique-2022

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 3 Je dédie ce mémoire à mon grand père et à toutes les victimes de la pandémie du COVID 19.

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L’humanité s’est retrouvée confrontée à une crise globale sans précédent.

L’ampleur exceptionnelle de la pandémie a bousculé et déstabilisé tout le monde, y compris le système sanitaire, poussant les professionnels de la santé et les architectes à développer des solutions d’urgence Au moment où toutes les activités humaines ou presque ont été suspendues ou annulées, des stratégies telles que les confinements, la distanciation sociale, les gestes barrières, la quarantaine, les masques, les tests, et la vaccination ont représenté des moyens de lutte contre la propagation de ce virus Il est clair que la pandémie du coronavirus a laissé sa marque partout et a changé nos vies à jamais. Vague après vague, elle a épuisé

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Préface La pandémie de COVID-19 qui a touché l'humanité en 2019-2021 a soulevé des interrogations chez chacun de nous, y compris les professionnels de la santé et les architectes. Après la détection des premiers cas de COVID 19 dans le monde et après deux ans de cohabitation avec cette maladie mortelle, la mise à l’épreuve de notre système de santé, y compris sa structure, est devenue une réalité. Cette crise agit comme un puissant révélateur des limites de l’espace hospitalier, tant par son manque de capacité à accueillir les patients que par son manque de préparation pour faire face à cette pandémie.

6 notre système hospitalier et notre personnel soignant. Tous les hôpitaux ont été invités à activer leur plan d’urgence hospitalier afin de gérer au mieux l’afflux des patients Le monde a vu médecins, infirmiers et architectes collaborer pour mieux gérer cette situation alarmante Les hôpitaux ont dû s’adapter aux besoins imposés par la crise.

En tant que future architecte, il est primordial pour moi d’appréhender la question de l’organisation des établissements de santé pendant la pandémie du COVID 19, d’étudier leurs adaptations et transformations et de questionner la conception de l’hôpital et sa résilience Cet ouvrage, permettra de compléter les études faites partout dans le monde sur le COVID 19 et plus précisément en Belgique. Il s’intéressera aux différents points de vue des acteurs principaux de cette crise : le corps médical qui a été en première ligne de la réponse à la pandémie et les architectes chargés de la conception de nos hôpitaux. Leur vécu de la crise sanitaire révélera les failles de ce système, mais leurs solutions et leurs gestions sera la clé pour l’hôpital de demain. Meriam Gaaloul 17/08/2022, Bruxelles

Lorsque j’ai choisi ce sujet de mémoire, la première vague de cette crise sanitaire du printemps 2020 venait d’être surmontée, mais avec beaucoup d’incertitude concernant la fin de la pandémie. Les articles étaient déjà nombreux à ce sujet et le milieu hospitalier était au centre des questionnements. Des témoignages, des études et des documentaires ont été réalisés pendant la première vague et le constat était toujours le même : la crise avait laissé un énorme impact sur les hôpitaux. Aujourd’hui, nous sommes à la fin de l’état de l’urgence sanitaire. L’hôpital a repris son activité normale et il est temps de tirer des leçons de ce qui s’est passé pendant ces deux ans, et de comprendre la manière par laquelle l’hôpital s’est transformé dans le contexte belge.

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Ce mémoire de fin de master est le fruit d’un travail de recherche qui a duré près de deux ans. Pour commencer, je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce mémoire, sans qui cela n’aurait pas été possible.

Enfin, je voudrais exprimer ma sincère gratitude à ma famille, mes parents, tous mes proches et mes amis pour leur soutien inconditionnel tout au long de la réalisation de ce travail.

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Je remercie tout d’abord Dr. Veronique Boone, ingénieur-architecte et professeur à la faculté d’Architecture la Cambre Horta à l’Université Libre de Bruxelles, d’avoir supervisé ce mémoire Merci pour votre patience, votre disponibilité et surtout pour l’intérêt que vous avez porté à mon Jetravail.tiens à remercier également tous les médecins, infirmiers et architectes qui ont accordé du temps pour répondre à mes questions, et qui m’ont donné l’opportunité de visiter leur lieu de travail et d’observer par moi même les hôpitaux post COVID

Remerciements

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Mots clés

Quelles leçons pour l’hôpital de demain ?

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Architecture hospitalière, adaptations, besoins, flexibilité, COVID 19

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Résumé La pandémie de COVID 19 a mis en évidence les limites du système sanitaire dans le monde entier poussant le cadre médical et les architectes à s’interroger sur la conception de l’espace hospitalier et à réfléchir à la manière dont les hôpitaux peuvent mieux se préparer à de telles crises sanitaires. Cette recherche autour de trois cas d’hôpitaux bruxellois vise à étudier les nouveaux besoins exprimés par le cadre médical et les architectes. Elle a également pour but l’identification des adaptations faites pendant la crise et les caractéristiques architecturales qui ont permis ou rendu difficiles les transformations nécessaires. Le recueil des données par des observations, entretiens et recherche documentaire a permis d'identifier un schéma d'adaptations lié à plusieurs facteurs dont les caractéristiques de l'architecture hospitalière en termes de taille, de flexibilité et d'adaptabilité. Plusieurs leçons peuvent être tirées des résultats obtenus permettant de faire des recommandations liées à la recherche et à la conception architecturales.

Hospital architecture under COVID-19

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Lessons learnt for future hospitals

Key

Abstract The COVID 19 pandemic has exposed the limits of the healthcare system worldwide, prompting medical professionals and architects to question the design of hospital space and to think about how hospitals can better prepare for such health crises. This study of three cases of Brussels hospitals aims to investigate the new needs expressed by the medical staff and architects. It also aims to identify the adaptations made during the crisis and the architectural characteristics that have allowed or made difficult the necessary transformations. The collection of data through observations, interviews and documentary research made it possible to identify a pattern of adaptations linked to several factors, including the characteristics of hospital architecture in terms of size, flexibility, and adaptability. Several lessons can be drawn from the results obtained to make recommendations related to architectural research and design. words Hospital architecture, adaptations, needs, flexibility, COVID 19

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 11 Table des matières AbstractRésuméRemerciementsPréface 10975 01 INTRODUCTION 1. Constats 2. Réactions 3. Problématique 4. Questions de recherche et hypothèses 5. Plan du mémoire 151718192223 02 ETAT DES LIEUX 1. Architecture hospitalière 1.1 Architecture hospitalière et évolution de l’hôpital 1.2 La flexibilité, l’extensibilité et la modularité de l’espace hospitalier 2. Architecture hospitalière et pandémies 2.1 L’impact des pandémies au fil du temps 2.2 Pandémies et adaptation de l’espace hospitalier dans le passé 3. Architecture hospitalière et COVID-19 3.1 Problèmes et défis 3.2 Besoins émergents et adaptation de l’espace hospitalier 3.3 Cadre théorique 3.3.1 Typologie des adaptations en réponse à la crise du COVID 19 3.3.2 Arrivée, triage, entrée et tests 3.3.3 Les stratégies d’isolement 3.3.4 Les espaces de soins 3.3.5 Les postes de travail 3.3.6 La circulation 3.3.7 La ventilation 3.3.8 Les matériaux 3.4 Limites des espaces hospitaliers et problèmes d’adaptabilité 3.5 Le contexte belge 575548484133333302225772248852525254545566

5.

4.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 12 03 METHODOLOGIE 1. Présentation des études de cas 1.1 Cas 1 : L’hôpital Joseph Bracops 1.2 Cas 2 : L’hôpital Saint Pierre 1.3 Cas 3 : L’hôpital Erasme 2. Collecte des données 2.1 Entretiens 2.2 Observations 2.3 Recherche documentaire 3. Analyse et traitement des données 66615922636364676768 04

ETUDES DE CAS 1. L’hôpital Joseph Bracops 1.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations 1.2 Besoins émergents 1.3 Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier 1.3.1 Modificabilité 1.3.2 Polyvalence 2. L’hôpital Saint-Pierre 2.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations 2.2 Besoins émergents 2.3 Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier 2.3.1 Extensibilité 2.3.2 Modificabilité 2.3.3 Convertibilité 3. L’hôpital Erasme 3.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations 3.2 Besoins émergents 3.3 Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier 3.3.1 Convertibilité 3.3.2 Modificabilité 3.3.3 Extensibilité Résultats d’un entretien avec un expert Discussion 12912712120118117116111111010100993929088877714544591510124

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 13 6. L’hôpital d’aujourd’hui : limites et perspectives d’évolution 136 05 CONCLUSION 1. Objectifs de ces études de cas 2. Synthèse des résultats 3. Démarche méthodologique : avantages et limites 4. Leçons tirées et perspectives 141111394141422 BibliographieBibliographie iconographique Liste des tableaux Liste des acronymes 147155157158 Annexes 159

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 15 01 INTRODUCTION

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En Belgique, la pandémie a commencé lorsque neuf belges ont été rapatriés, le 1er février 2020, de Hubei (Chine), par un des vols d'évacuation arrivant à la base aérienne de Melsbroek à Bruxelles. Ces dix personnes ont subi un test de dépistage du SARS CoV 2 : les personnes positives ont été placées en quarantaine à l'hôpital Saint Pierre de Bruxelles, tandis que les personnes négatives ont été placées en quarantaine à l'hôpital militaire Reine Astrid à Neder Over-Heembeek pendant 14 jours. Le premier cas de COVID-19 a été recensé le 4 février 2020 en Belgique (Nouvelobs, 2020). Ce n’est que le 28 décembre 2020 que la campagne de vaccination contre le COVID 19 a débuté (COVID 19, 2022).

L'un des enjeux les plus importants liés à l’effet de la pandémie de Coronavirus sur l’architecture en général et la conception de l’espace sanitaire en particulier, est la façon dont elle modifie la conception, la construction et la rénovation de cet espace afin de s'adapter aux nouvelles réalités (Megahed & Ghoneim, 2020a). Ces réalités se sont produites à la suite de la pandémie de COVID 19, décrite comme crise sanitaire majeure (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020 ; OMS, 2020) provoquée par une maladie infectieuse émergente signalée fin 2019 en Chine continentale. Cette maladie infectieuse a été décrétée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le 11 mars 2020 comme pandémie dont l'agent pathogène est le Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2). Il est responsable de la maladie infectieuse à Coronavirus (COVID-19), une infection respiratoire. L’émergence de cette pandémie du COVID 19 en décembre 2019 (OMS, 2020) a poussé toutes les autorités ainsi que les gestionnaires et le corps médical aux hôpitaux à faire face à cette crise sanitaire d’une ampleur sans précédent. Afin de combattre la propagation de la pandémie et de présenter les soins nécessaires aux patients, des solutions liées à l’espace hospitalier ont été adoptées en urgence dans différents pays. La mutation de l’hôpital est devenue une nécessité basée entre autres sur l’intervention de la recherche architecturale. En effet, les infrastructures de soins de santé se sont retrouvées débordées par l’afflux de patients positifs ou susceptibles d’avoir le COVID 19 et les hôpitaux ont atteint leurs capacités maximums. Le gouvernement chinois s’est trouvé dans le besoin de construire deux hôpitaux avec des « bâtiments préfabriqués » en un temps record afin de pouvoir accueillir le maximum de patients COVID pendant la première vague de la pandémie (Franceinfo, 2020).

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1. Constats

2. Réactions

La crise sanitaire a poussé les autorités dans un bon nombre de pays touchés par la pandémie à adopter des solutions architecturales rapides telles que des structures temporaires, propositions de réaménagement de bâtiments comme les églises et les aéroports, ainsi que la transformation de conteneurs (Harrouk, 2020b). Sur le plan architectural, plusieurs bureaux dans le monde ont proposé des alternatives pour la création de nouveaux espaces hospitaliers. Plusieurs intervenants impliqués dans le domaine sanitaire de près ou de loin ont collaboré ou tâtonné des solutions uniques et rapides afin de mieux gérer la pandémie (Booker, 2020).

18 L’épidémie s’est installée rapidement en débutant par les régions de la Wallonie, Flandre et Bruxelles. Les hospitalisations et les passages en réanimation se sont intensifiés et ont entraîné très rapidement une saturation du système hospitalier (Fallon et al., 2020). Le 11 mars 2020, le Service Public Fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement (SPF Santé publique) annonce le premier décès dû à une infection au coronavirus SARS CoV 2. Le 17 mars 2020, une mesure de confinement national est instaurée (RTBF, 2020). L’état d’urgence sanitaire est décrété le 23 mars 2020 (Bouhon el al., 2020). Pour une capacité de réponse optimale dans le contexte d’une telle pandémie, le guide technique de la Région européenne de l'OMS intitulé « Strengthening the Health System Response to COVID 19 » définit les quatre S comme étant l'espace, les fournitures, le personnel et les systèmes de coordination (World Health Organization. Regional Office for Europe, 2020) Le 1er avril 2020, les hôpitaux bruxellois, Baron Lambert, Etterbeek-Ixelles, Molière-Longchamp et Joseph Bracops, le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Brugmann, le CHU Saint Pierre, l’hôpital pour enfants (HUDERF), l'Institut Jules Bordet et l’hôpital Erasme protestent devant une situation qu'ils jugent désormais intenable et dramatique. Leurs hôpitaux seraient « en état de pénurie massive de tout le matériel de protection et des médicaments indispensables », ainsi que de masques, mais aussi notamment de seringues, et ils affirment être au bord de la saturation (Delvaux, 2020).

Au cours des deux dernières années, nous avons enregistré un intérêt croissant pour le rôle de l’architecture dans la gestion de cette crise. Il est certain que les architectes ont les compétences nécessaires pour un encadrement adéquat des adaptations pour la mutation de l'hôpital sous la crise du COVID 19 (Mortice, 2020). Les architectes ont toujours eu une capacité à concevoir

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À la suite de cette crise sanitaire sans précédent, il est important de rappeler que les mesures entreprises pour la gestion de la pandémie étaient généralement des réponses d’urgence, ce qui signifie qu'il n'y avait pas de temps ni pour planifier ni pour évaluer la résilience réelle des structures hospitalières et de trouver des solutions alternatives plus appropriées pour leurs contextes spécifiques (Setola et al., 2021). Certaines questions s’imposent concernant le point auquel les hôpitaux ont été préparés à réagir rapidement et avec flexibilité aux besoins accrus en matière d’accueil, organisation des malades et la gestion des cas les plus graves aux soins intensifs... D’une perspective architecturale, la crise actuelle peut être transformée en opportunité de recherche et d'innovation (Setola et al., 2021). La consultation de la littérature publiée au début de la pandémie permet de constater que malgré la documentation liée aux solutions pour la gestion de la crise, cette période a été généralement marquée par un manque d’informations au sujet du COVID-19 (The American Institute of Architects, 2020a). Il est important de noter que la flexibilité et l'adaptabilité de l’espace hospitalier ont été parmi les priorités des hôpitaux dès le début de cette crise (Setola et al., 2021).

Dans des pays tels que la France « évoluer leurs infrastructures pour aménager des circuits COVID aux Urgences » (Ramsay santé pôle IDF Ouest, 2020, p. 1) était une des priorités majeures. Néanmoins, ces efforts, liés à la gestion et à l’adaptation des hôpitaux pour faire face à cette nouvelle réalité sont restés parfois insuffisants ou improvisés (Booker, 2020 ; Laperrière, 2020). En effet, dès le début de cette crise sanitaire, les hôpitaux devaient changer physiquement pour répondre aux problèmes auxquels le monde était confronté. L'un des grands

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 19 des projets d’adaptation ou de rénovation en se basant sur une approche multidimensionnelle. Ces professionnels sont considérés comme agents clés ayant une vraie « responsabilité sociale » dans la création des espaces prenant en compte les besoins des patients et des soignants (The American Institute of Architects, 2020b). Pendant cette crise, le corps médical et les concepteurs ont eu une vraie opportunité pour collaborer afin de créer des solutions de conception innovantes pouvant protéger la santé des êtres humains. D’après cet institut américain, une collaboration continue des architectes avec le corps médical est nécessaire afin de mettre en œuvre les développements théoriques basés sur ce genre de collaborations et d’avoir une conception plus efficace de l’espace hospitalier.

3. Problématique

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 20 points à retenir est que le système médical, y compris son espace hospitalier, n'est pas conçu pour gérer une pandémie d’une telle ampleur. Il est donc impératif de tirer des leçons de la gestion de la crise actuelle et de transformer ces mesures en actions (Van de Voorde et al., 2020) à appliquer au long terme afin de mieux se préparer pour les futures urgences sanitaires de cette nature. Néanmoins, la relation entre l’urbanisme et la santé publique (D’Alessandro, et al., 2017) date d’il y a longtemps. Une lecture de la littérature large autour de la conception de l’espace hospitalier a démontré que cet espace n’a pas cessé d’évoluer au fil des années (D’Alessandro et al., 2017 ; Grandvoinnet, 2010 ; Wagenaar et al., 2018). D'après un bon nombre de chercheurs en architecture (e.g., Ganske, 2012 ; The American Institute of Architects, 2020b), pour la conception d'un espace hospitalier, il est important de considérer un certain nombre de caractéristiques telles que l'efficacité opérationnelle, la connectivité des différents services, les modèles de flux de travail, la sécurité des patients ainsi que la planification des catastrophes et la préparation à une pandémie notamment les espaces de quarantaine. Néanmoins, une lecture critique des publications disponibles révèle que l’intérêt porté aux épidémies, d’une perspective architecturale, n’a probablement pas pu anticiper des solutions à la crise sanitaire actuelle du COVID 19. Dans la littérature émergente post COVID (Ashley, 2020 ; Pisano, 2020), il est clair que cette pandémie a initié un vrai débat concernant les problèmes rencontrés dans le milieu hospitalier et plusieurs questions se sont imposées par rapport à l’ampleur, la nature de la maladie (contagion rapide, taux de mortalité élevé) et les nouveaux besoins qui sont apparus.

Un état de l’art du rôle de l’architecte et de l’architecture dans la crise du COVID 19 permet de différencier deux types de littératures émergentes : une littérature non scientifique et secondaire autour des interventions d’urgence en réponse aux besoins découlant de la pandémie tels que des articles de revues d’architecture et de presse. Les auteurs identifient une partie des problèmes posés par le COVID 19 et proposent des alternatives de conception d’espaces hospitaliers (Carballo et al., 2020 ; Harrouk, 2020b). Ces propositions sont parfois le résultat

Une prise de conscience du rôle de l’architecture dans la gestion de la crise a eu lieu. Certaines des conditions de la prise en charge des patients COVID 19 ont souvent nécessité une adaptation rapide de l’infrastructure existante, d’où l’intervention d’un architecte de la médecine sans nuire au travail en cours du cadre médical est nécessaire. Hercules et al. (2020) soutiennent que l’environnement bâti est une partie essentielle des solutions à la pandémie et à la préparation aux situations d’urgence.

Enfutures.conséquence, ce travail de recherche servira à guider la reconception de l’hôpital de demain, un hôpital qui devrait être mieux préparé à des pandémies de cette envergure. La création de cet espace sera fondée sur des besoins réels basés sur des retours d’expériences du personnel de santé et architectes.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 21 d’une étude de cas effectuée pendant la crise sanitaire. Tel est le cas pour l’étude de Ariadne Labs + Mass Design Group (2020) dans un hôpital à New York et qui a pour but de repenser les espaces sanitaires afin de protéger le corps médical. La deuxième est une littérature post-COVID de chercheurs en architecture abordant spécifiquement les problèmes de l'espace sanitaire parmi d'autres constructions. Ces publications posent un certain nombre de questions quant à la façon par laquelle ces espaces pourraient optimiser les conditions de travail du cadre médical (Hercules et al., 2020 ; Megahed & Ghoneim, 2020a). Ces lectures permettent de constater que l’état des lieux de l’espace hospitalier ne répond pas suffisamment aux attentes des usagers de ce dernier. Des études dans ce milieu permettront de cerner les faiblesses actuelles et les besoins spécifiques pour une prise en charge optimale de cette crise sanitaire. Une intervention architecturale basée sur des données et méthodes triangulées pourra favoriser une meilleure préparation aux pandémies

2. Quels besoins sont exprimés par ces mêmes usagers et perçus/ identifiés par le cadre médical et les architectes ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 22 4.

Questions de recherche et hypothèses

Avant de décrire les détails de la collecte des données et la description du contexte et des participants dans cette étude, il est important de rappeler la problématique principale de ce Cettetravail.étude qualitative vise à répondre aux questions suivantes :

1. Quelles types d’adaptations ont eu lieu dans l’espace hospitalier et plus précisément des urgences et des unités de soins critiques pendant le COVID telles que décrites par le staff médical de ces hôpitaux bruxellois et les architectes ?

3. Quelles sont les limites liées à l’espace hospitalier existant et les contraintes liées à ces adaptations dans ces trois contextes ?

Pour répondre aux objectifs du travail de ce mémoire, les recherches vont se baser sur un travail d’enquête et d’observation in situ permettant de compléter l’état des lieux des trois hôpitaux choisis : l’hôpital Joseph Bracops, l’hôpital Saint-Pierre et l’hôpital Erasme. Le recueil de données sera basé sur une triangulation des méthodes et des données comprenant des données qualitatives et bibliographiques qui seront analysées et interprétées afin de répondre aux questions de recherche abordées Le chapitre trois fournira de plus amples détails sur cette démarche méthodologique. La revue de la littérature met en évidence une réflexion autour de la question de la mutation de l'espace hospitalier sous la crise du COVID 19. Cependant, peu de travaux ont été menés en architecture pour identifier les problèmes de l'espace hospitalier dans le contexte belge, les besoins du personnel médical en tant qu’usagers de cet espace, et les adaptations réelles durant la crise du COVID 19.

5. Plan du mémoire

Le présent mémoire est structuré en cinq sections, la première étant l’introduction. Le deuxième chapitre propose une lecture critique des recherches ayant porté sur les deux notions de base des adaptations de l’espace hospitalier et les besoins du cadre médical durant la crise du COVID19. Le troisième chapitre expose, quant à lui, le cadre méthodologique sur lequel repose cette recherche. La troisième partie est dédiée aux études de cas. Cette partie présentera les résultats de l’analyse thématique des entretiens, observations ainsi que l’analyse documentaire liée à chacun des cas. Le dernier chapitre est consacré à la conclusion de cette étude tout en mettant en avant les leçons tirées de cette crise en rapport avec la conception hospitalière pour une meilleure préparation aux crises sanitaires d’une telle ampleur. Cela permettra de proposer quelques nouvelles pistes de recherche.

• Troisième hypothèse : Il y a eu des limites liées à l’espace existant avant la crise et des contraintes à cause du manque de flexibilité et d’adaptabilité dans ces trois contextes.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 23 Pour cette étude, les hypothèses sont les suivantes :

• Première hypothèse : Les hôpitaux bruxellois étudiés ont subi plusieurs types d’adaptations de l’espace aux conditions de la crise sanitaire plus précisément des urgences et des unités de soins critiques ;

• Deuxième hypothèse : La crise sanitaire a engendré de nouveaux besoins en termes de l’utilisation de l’espace des urgences et des soins intensifs ;

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 25 02 ETAT DES LIEUX

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 27 1. Architecture hospitalière

1.1 Architecture hospitalière et évolution de l’hôpital

caractéristiques

études sur la conception des hôpitaux datant d’avant le COVID-19 traitent des de l’hôpital en général et des maladies infectieuses en particulier. Elles présentent des recommandations pour la conception de l’espace hospitalier afin de garantir la sécurité du corps médical et un traitement adéquat des patients. Par exemple, pour les maladies infectieuses, hautement contagieuses, la norme des soins exige des chambres individuelles à pression négative pour isoler les malades (figure 1). Ces chambres doivent être accompagnées d’antichambres ou d’un sas étanche, avec une ventilation spécifique pour éviter la sortie de l’air de la chambre et la contamination de l’hôpital. La pression négative bloque cet air et l’empêche de se répandre dans le couloir, l’air contaminé est évacué de la chambre et renouvelé un nombre de fois chaque heure En ce qui concerne les maladies qui se transmettent par contact direct tel que l’Ebola, des mesures spécifiques pour la circulation des patients et du corps médical et la désinfection des espaces sont prévues (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020).

Les établissements de santé sont des infrastructures complexes qui nécessitent plusieurs perspectives pour la bonne conception de leur espace. Actuellement, le design des établissements de soins de santé est de plus en plus basé sur le principe « Evidence Based Design (EBD) » (La conception fondée sur les preuves [traduction libre]) (Łukasik & Porębska, 2022, p. 2). Ce genre de conception fondée sur la recherche requiert la perspective de l'utilisateur. Cette approche repose sur l’idée que l'organisation et la gestion du travail du personnel de la santé peuvent contribuer de manière significative à l’amélioration des services sanitaires pendant une crise sanitaire de l’ampleur de celle du COVID 19 (Łukasik & Porębska, P2022).lusieurs

Figure 1 - Chambre d'isolement à pression négative Reproduite de « The Role of Architecture in Fighting COVID 19 : Redesigning Hospital Spaces on the Fly to Protect Healthcare Workers », par Ariadne Labs + Mass Design group, 2020, p 4 Le rôle joué par les hôpitaux dans l’accueil des patients atteints de maladies infectieuses a souvent constitué une exception. Avant la pandémie du COVID-19, et même immédiatement après le déclenchement de cette crise, l’espace architectural de plusieurs hôpitaux n’était pas nécessairement suffisant. Par conséquent, cette pandémie a suscité des réflexions de la part de plusieurs gestionnaires, médecins et architectes sur la capacité des hôpitaux existants dans l’accueil des flux et le traitement des patients COVID (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020).

Parmi les chercheurs qui traitent de la conception des hôpitaux, Wagenaar (2006) met l’accent sur l'importance de l’architecture hospitalière et des aménagements optimisés en fonction des soins fournis selon les besoins des utilisateurs. Cette architecture, exerce une influence sur le travail des soignants parmi d'autres parties prenantes. En effet, l’environnement physique impacte l’efficacité du corps médical et les soins offerts, et par conséquent, la santé des patients et le processus de leur guérison (Setola et al., 2021 ; Wagenaar, 2006 ; The American Institute of Architects, 2020b ; Verderber, 2010). Les recherches en cours mettent en avant la manière dont la conception architecturale à travers les plans et les matériaux, a un effet sur le corps médical et les patients (The American Institute of Architects, 2020b). Aujourd’hui, la conception architecturale est plus importante que jamais. En outre, la conception doit être suffisamment flexible pour s'adapter à l'évolution des demandes de soins (Langevin, 2018).

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Depuis la construction des premiers hospices au 15ème siècle, l'architecture hospitalière s'est développée plus ou moins rapidement (Grandvoinnet, 2014). Mais si cet espace associe son état d’être à chacune des grandes époques qu'il a traversé, ce n'est pas tant du fait des architectes ou de leur créativité, mais du fait de l'évolution de la société et du rapport qu'entretient l'hôpital avec elle (Brunet & Contré, 2014) En effet, cet espace n’a pas cessé d’évoluer et ce n’est qu’à l’aube du 19ème siècle que « l’univers des hospices devient réellement univers hospitalier » (Brunet & Contré, 2014). À partir de ce moment-là, l’architecture hospitalière est marquée par plus de spécificité engendrant une évolution typologique plus rapide (figure 2) Figure 2 Histoire de la typologie hospitalière. Reproduite de « Le concept du monospace : La simplexité dans la construction architecturale », par Brunet & Contré (2014).

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1.2 La flexibilité, l’extensibilité et la modularité de l’espace hospitalier La plupart des chercheurs mettent l’accent sur des bâtiments caractérisés par des configurations optimisées qui répondraient aux changements soudains et à l'évolution des besoins en temps réel (Łukasik & Porębska, 2022). Un aménagement fonctionnel d'un espace hospitalier moderne nécessite des caractéristiques telles que l’adaptabilité (Łukasik & Porębska, 2022), la flexibilité (Brambilla et al., 2021) et la réactivité La notion de la flexibilité en architecture peut être définie selon Łukasik & Porębska, 2022 (p. 2), comme « A building’s ability to adapt to changed spatial requirements over the short, medium, or long-term perspective » (La capacité d’un bâtiment à s’adapter aux exigences spatiales modifiées à court, moyen ou long terme [traduction libre]). Selon Brambilla et al., (2021), Pati et al., (2008), et HKS (2020a ; 2020b), la flexibilité de l’espace sanitaire est un critère principal qui doit être intégré dans toute la conception hospitalière. D’après Brambilla et al., (2021), les besoins inconnus imposés par des

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30 Il est clair que l’espace hospitalier est en transformation continue. Il doit être conçu pour pouvoir s’adapter aux changements rapides et pour répondre aux besoins actuels et futurs tels que les épidémies précédentes ou la crise du COVID 19 (Brambilla et al., 2021). Théoriquement, la conception de cet espace architectural nécessite la « prise en compte de l’évolution des besoins futurs de la population dans un territoire donné » (Nouvelles organisations et architectures hospitalières, 2006, p. 130). Ces besoins sont constamment redéfinis en rapport avec les évolutions des technologies médicales et les nouvelles procédures qui apparaissent chaque jour (Łukasik & Porębska, 2022). L’environnement physique ainsi que la nature des activités professionnelles dans les hôpitaux représentent un défi réel auquel les usagers de cet espace font face La littérature liée à la conception et le design des hôpitaux n’a pas cessé de rappeler les risques de pandémies tels que le SARS en 2002, la pandémie liée au N5N1 en 2009 et l’importance d’une vision claire des besoins futurs de l’espace hospitalier (Wagenaar et al., 2018). Néanmoins, une mauvaise gestion de cet espace peut avoir de sérieuses répercussions sur les soins donnés et peut augmenter le risque de transmission des maladies graves (Brambilla et al., 2021). C’est pour cette raison que la réorganisation de l’environnement bâti et des flux, l’augmentation des distances entre les patients, le personnel de santé et les visiteurs doivent être examinés afin de diminuer ces risques (The American Institute of Architects, 2020b).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 31 changements épidémiologiques à titre d’exemple, doivent être pris en compte par les concepteurs. Lorsqu'elle est appliquée aux établissements de santé résilients, la flexibilité et les adaptations désignées (Brambilla et al., 2021 ; Langevin, 2018) doivent correspondre à la complexité et aux délais spécifiques de transformation de la médecine, de la technologie et de l'organisation spatiale des hôpitaux et des établissements de santé, ainsi qu'à la variabilité des normes et des procédures (Łukasik & Porębska, 2022).

Pati et al. (2008) définissent la flexibilité sur la base de trois aspects clés : (1) l'adaptabilité, (2) la convertibilité et (3) l'extensibilité Ces notions sont liées aux perspectives professionnelles dans ce milieu. Pati et ses collègues infirmiers, à, titre d’exemple, perçoivent cet aspect essentiellement en lien avec leur performance dans ce contexte professionnel alors que les architectes la perçoivent en rapport avec la fonctionnalité de l'espace. La « flexibilité d'adaptation » ou « l'adaptabilité » (Bjørberg et Verweij, 2009) a été redéfinie comme la capacité d'adapter l'environnement à de nouvelles circonstances sans apporter de changement à l'environnement lui même tandis que la « Convertibilité ou flexibilité à convertir » est la capacité de cet espace à se transformer tout en contrôlant les dépenses liées à ces modifications exigées (Pati et al., 2008). Quant à la « Convertibilité ou flexibilité à convertir », elle est définie comme la capacité de l'infrastructure sanitaire à se convertir légèrement en fonction de l'évolution des exigences de l'établissement avec des modifications mineures de la structure existante à un coût raisonnable. D’après ces chercheurs, l'extensibilité ou la « flexibilité d'expansion » permet à l’hôpital à se développer « verticalement ou horizontalement » en fonction de nouvelles exigences en matière de soins de santé. La flexibilité doit ainsi être vue d’une perspective architecturale et gestionnaire à la fois (Brambilla et al., 2021). Pour Łukasik et Porębska (2022) l'adaptabilité comprend les paramètres des flux, l'évolutivité, la convertibilité et la modificabilité Pour eux, cette question d’adaptabilité implique l'extensibilité ou la capacité d'une structure à s'étendre tout en maintenant le fonctionnement du système, la convertibilité ou la capacité de la structure ou de l'espace à changer tout en maintenant la fonctionnalité du système, et la modificabilité ou la capacité de changer la façon dont un espace est utilisé tout en maintenant la fonctionnalité du système. L’importance de ces critères de l’espace hospitalier a entraîné une augmentation de la recherche sur l’extensibilité (Pati et al., 2008), la flexibilité (Brambilla et al., 2021 ; Łukasik & Porębska, 2022) et la modularité (Smolova & Smolova, 2021).

2.1. L’impact des pandémies au fil du temps L’histoire humaine est jalonnée de maladies épidémiques telles que la tuberculose, la grippe espagnole, le choléra, la lèpre… (figure 3). Ces maladies à caractère contagieux ont toutes affecté le monde entier tuant des millions de personnes et marquant l’humanité à jamais (Brunet & Contré, 2014 ; Fournier, 2018 ; LePan & Routley., 2020). Ces pandémies ont non seulement affecté le domaine de la santé, mais elles ont également laissé des impacts urbains et des conséquences économiques. Une pandémie est le pire scénario qui se produit lorsqu'une épidémie éclate au delà des frontières du pays (World Bank, 2020). Lorsque des épidémies, notamment respiratoires, émergent, les mesures de précaution soulignent la nécessité de l'isolement (Genon, 2007 ; Van de Voorde et al., 2020) et de la fermeture des espaces publics. Pendant longtemps, les maladies infectieuses ont existé essentiellement par leurs symptômes (Debré, 2020), et les épidémies étaient subies sans être vraiment comprises. Peste, choléra, typhus ou même syphilis, semblaient être le fruit de forces divines ou occultes, qui gouvernaient non seulement leur apparition, mais aussi leur évolution vers la guérison ou vers une issue fatale. Il a fallu attendre l’arrivée du microscope, la maîtrise de la fermentation et des milieux de culture, pour que les bactéries apparaissent autrement que comme des fruits de l’imagination : Robert Koch (1843 1910) puis Louis Pasteur (1822 1895) furent les premiers à démontrer le rôle joué par des agents infectieux (Debré, 2020). Pendant très longtemps, en pratique jusqu’à la fin du 18ème siècle, pour l’Europe, la santé publique a été dominée par la problématique des maladies transmissibles, sous forme d’endémies ou d’épidémies. De grandes épidémies, particulièrement meurtrières ont marqué notre culture collective : peste noire qui tua environ 25 millions de personnes entre 1346 et 1353, Grande peste de Marseille et de Provence (80 000 morts), entre 1720 et 1723, mais aussi épidémies de variole, de syphilis, de choléra, de typhus (Raimondeau & Carmona, 2020). En examinant l'histoire des pandémies dans le passé, de la peste d’Athènes ( 430 à 426 avant J.C.) ; la peste Antonine (165 166) à la peste noire (1347 1352) en Europe au 14ème siècle et la grippe espagnole (1918 1919), nous pouvons avoir plus d'informations sur les effets et les conséquences de la modification de la conception des hôpitaux, des lois de zonage de l’hôpital et du premier concept de quarantaine (Editors, 2021).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 32 2. Architecture hospitalière et pandémies

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 33 Figure 3 Histoire des pandémies les plus mortelles. Adaptée de « Post Pandemic Cities The Impact of COVID 19 on Cities and Urban Design », par Elgheznawy, D., & Eltarabily, S., 2020, Architecture Research, 10, p.76.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 34 La crise de la peste noire peut être prise comme exemple exposant la manière par laquelle cette pandémie a affecté la conception urbaine des sociétés européennes en appelant à l'ouverture de plus grands espaces publics qui offrent une possibilité de se connecter avec la nature et de réduire le sentiment d’isolement. En outre, les pandémies ont aidé les planificateurs à améliorer l'urbanisme radical de la Renaissance, à étendre leurs hôpitaux pour éviter la surpopulation (Mahoney & Nardo, 2017 ; Hays, 2005).

2.2. Pandémies et adaptation de l’espace hospitalier dans le passé Le patrimoine architectural reflète l’évolution du domaine médical ainsi que l’impact des maladies auxquelles l’être humain a dû faire face pendant des siècles. Pour Colomina (2020), « Il n'y a pas de maladie sans architecture, et pas d'architecture sans maladie ». Au 20ème siècle, la modernisation de l’architecture a été influencée par les pandémies et les épidémies (Brunet & Contré, 2014 ; Megahed & Ghoneim, 2020a). Les changements socio politiques et économiques, ainsi que les progrès de la médecine et des connaissances médicales ont tous façonné l’histoire des hôpitaux au fil des siècles pour permettre le développement d'un type de bâtiment dédié aux soins et à la guérison. Au Moyen Âge, les hôpitaux, les hospices, les aumôneries et les orphelinats gérés par les ordres chrétiens n'étaient pas seulement des œuvres caritatives religieuses, mais aussi des institutions pour soigner les malades et protéger les autres contre les maladies contagieuses (Sunder et al., 2020). Au 14ème siècle, la peste bubonique a suscité les principaux aménagements urbains de la Renaissance. Les villes ont supprimé les logements surpeuplés, mis de vastes espaces publics et créé les premières structures de quarantaine (Megahed & Ghoneim, 2020a). A partir du 15ème siècle, lorsque des vagues successives d'épidémies telles que la lèpre ou la peste ont balayé l'Europe, ces bâtiments sont devenus importants pour l'isolement et le traitement des personnes infectées. Les hôpitaux étaient généralement construits à l'extérieur des murs de la ville ou à la périphérie d'un établissement pour limiter la propagation des infections (Shiba, 2020 ; Sunder et al., 2020). Pendant le 18ème siècle, les épidémies de choléra et de la typhoïde ont été le moteur du mouvement de réforme sanitaire. Elles ont influencé le développement sanitaire, les rues ont été modifiées pour mieux évacuer les eaux usées. La transformation de toute la conception, des systèmes de canalisation jusqu’aux fondations des bâtiments a été réalisée à la suite de la troisième pandémie de peste de 1855. C’est dans les sillages mortels de ces maladies que les architectes du siècle dernier ont cherché à adapter les bâtiments de soins de santé et de les

Historiquement, en l'absence d'un traitement médical adéquat, l’une des premières méthodes de la lutte contre les maladies contagieuses était le contrôle des déplacements, une stratégie traduite plus tard pendant la crise du COVID 19 par la distanciation sociale et l’isolement des personnes malades des personnes saines. Cette stratégie était appliquée pour réduire la contamination, ainsi que la quarantaine des personnes suspectes d’être malade et le confinement (Fezi, 2020). Au fil des siècles, chaque nouvelle maladie s'est intégrée dans l'architecture formée par les maladies précédentes, dans une sorte de système archéologique des maladies (Colomina et al., 2020). Ces urgences médicales ont modelé les bâtiments de santé d’aujourd’hui. Il est donc primordial de tirer des leçons du passé pour une meilleure préparation pour le futur. L’intérêt porté à l’espace sanitaire en termes de prévention et gestion des maladies infectieuses en général est reflété dans les mesures prises avant la crise du COVID 19 (Laperrière, 2020).

Chaque pandémie a entraîné dans son sillon mortel des adaptations dans les milieux hospitaliers. Par exemple, la grippe espagnole qui a sévi dans le monde, a coûté la vie de 50 à 100 millions de personnes et a poussé les médecins de Boston à ériger des solutions d’urgence. L’hôpital de campagne Camp Brooks formé d’une douzaine de tentes en plein air a été créé en 1918 afin de lutter contre cette épidémie (Laperrière, 2020). Les sanatoriums pour tuberculeux pulmonaires, à la fin du 19ème siècle, ont été créés comme des dispositions architecturales très

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 35 faire évoluer. À titre d’exemple, la lutte contre la tuberculose est à l’origine de la naissance du mouvement des sanatoriums et l’arrivée des traitements par antibiotiques pendant les années 50 va permettre de développer cette architecture (Cremnitzer, 2005). En effet, la tuberculose ainsi que les épidémies de typhoïde, de polio et de grippe espagnole ont été les facteurs principaux de la planification urbaine et de l’hygiène (Megahed & Ghoneim, 2020a) Les architectes modernistes ont conçu les hôpitaux comme un milieu curatif et purifié des maladies (Brunet & Contré, 2014 ; Megahed & Ghoneim, 2020a). « Au delà de leur attrait esthétique, ces caractéristiques incarnent les préoccupations des modernistes quant aux effets curatifs de la lumière, de l'air et de la nature. Ces bâtiments comprenaient de grandes fenêtres, des balcons, des surfaces planes qui n'accumulaient pas la poussière, et une peinture blanche, soulignant l'apparence de propreté » (Megahed & Ghoneim, 2020a). Les hôpitaux prenaient des formes de machines à vent, radiateurs, ou avaient la forme d’un « design pneumatique ». C’était un espace qui utilisait l’architecture en tant que « machines à guérir » (Wagenaar., 2006).

D’ailleurs, il est possible de développer une ligne directrice et des standards de conception architecturale pour les services de santé sur la base des leçons tirées sous Ebola ou SRAS (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020).

Il est également indispensable de comprendre que l’architecture moderne s’est développée dans des conditions d'urgence (Colomina, et al., 2020). Pour un nombre considérable de chercheurs, « Le début de l'architecture est le début de la maladie. » (Colomina, 2022 ; Colomina et al., 2020…) Au cours des derniers siècles, des millions de personnes ont péri à cause des maladies telles que la tuberculose poussant l’architecture à devenir plus moderne (Colomina, 2020). Par exemple, « Le sanatorium était le laboratoire de l'architecture moderne » (Colomina, 2020). C’est ainsi que le corps médical a joué un rôle principal dans la transformation de l'architecture hospitalière telle que les sanatoriums (Colomina, 2020).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 36 différentes et emblématiques du Mouvement Moderne (Cremnitzer, 2005 ; Grandvoinnet, 2014) en architecture dont les qualités techniques, fonctionnelles et spatiales ont bien été documentées (Grandvoinnet, 2020). Depuis le déclin de la tuberculose après la guerre, ces sanatoriums ont été constamment transformés et réutilisés (Sapounaki Dracaki & Kyvelou, 2009, Providência 2020). Les architectes phares sont Jan Duiker, Aalvar Aalto, Tony Garnier, André Lurçat, Pol Abrahma Henry et Jacques Le Même. (Cremnitzer, 2005). Wagenaar (2006) décrit la maladie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003 comme la « première pandémie de ce siècle » marquant l’impuissance des hôpitaux et leur manque de préparation face à ce genre de maladies graves. Il est clair que les leçons tirées des maladies infectieuses et des pandémies précédentes ont poussé les chercheurs à insister sur l’importance d’une intervention pluridisciplinaire dans la gestion de telles crises sanitaires.

Les solutions adoptées à travers l’histoire pour limiter la propagation des maladies infectieuses expliquent bien ce lien fort entre l’architecture et les épidémies en général. Laperrière (2022) décrit la créativité des médecins de Boston qui ont mis en place un hôpital de campagne en plein air pendant l’épidémie de la grippe espagnole (figure 5). Barry (2017) parle de cette pandémie qui aurait commencé aux États Unis et qui a tué plus de personnes que les deux

Figure 5 L’hôpital de campagne Camp Brooks, Boston en 1918 pendant l’épidémie de grippe espagnole. (1918) [photographie] National Archives Figure 4 Camp Funston, Kansas. Hôpital d’urgence. (s.d.) [photographie]. National Museum of Health and 8.pdfhMedicinettp://www.apima.org/img_bronner/Photos_grippe_191

Copyright de l’éditeur

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 37 guerres mondiales. Pendant cette crise sanitaire, un hôpital d'urgence (figure 4) à Camp Funston, Kansas a abrité les personnes contaminées.

Une lecture historique de l’évolution de l’espace hospitalier et son rapport avec les maladies en général révèle que les mesures prises contre la propagation des maladies infectieuses ont compris des stratégies comme la quarantaine, l’isolement et le confinement. Le mouvement hygiéniste pendant la première partie du 19ème siècle pendant la lutte contre la tuberculose a constitué la base des principes actuels d'une architecture saine en matière d'ensoleillement et de ventilation (Fezi, 2020).

3.1 Problèmes et défis

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 38 3. Architecture hospitalière et COVID-19

En début de la crise sanitaire, la littérature scientifique sur le COVID 19 était déjà vaste, en particulier pour les interventions de santé publique et les techniques qui concernent l'amélioration de la Qualité de l’Air Intérieur (IAQ). Mais la perspective architecturale était quasi absente (Megahed & Ghoneim, 2020b). La plupart des articles publiés en 2020 évoquent les problèmes de la conception de l’hôpital. Parmi ces problèmes, on peut citer le problème de flexibilité (HKS, 2020a ; 2020b). Megahed & Ghoneim (2020a) ont souligné l’importance de comprendre la nature du COVID 19 et ses modes de propagation. La transmission du virus se fait par contact direct d’une personne avec une personne infectée ou avec des surfaces touchées par cette personne là. Les recherches autour du virus et des conditions de sa survie démontrent que le virus peut rester présent des heures ou des jours sur différentes surfaces ou matériaux. Il est transmis par voie

Le surgissement du COVID 19 il y a deux ans a suscité des efforts extraordinaires dans le monde entier pour lutter contre sa propagation et atténuer ses ravages. Selon l’OMS (2020), une pandémie est une maladie infectieuse dont l’ampleur géographique est sans limites. Avec un taux de contamination élevé et plus de 100 pays touchés, l’épidémie de coronavirus est devenue une pandémie le 11 mars 2020. Elle est décrite comme inédite et imprévisible obligeant tout le monde à vivre une nouvelle réalité que personne n'a anticipée Différente des catastrophes naturelles, des guerres et des événements impliquant un grand nombre de victimes, qui sont généralement plus contenus, la pandémie du COVID 19 présente une croissance rapide au niveau des flux et nécessite une flexibilité unique de la structure hospitalière (HKS, 2020a). Cette crise a suscité des débats autour de la conception des hôpitaux pour une meilleure résilience (Emmanuel et al., 2020). L’ampleur de cette pandémie a révélé le besoin urgent pour un espace de travail plus organisé et suffisant, permettant au cadre médical de fournir les soins nécessaires dans des conditions favorables. La gestion de la crise du COVID 19 ne fait que souligner le rôle crucial que joue la conception environnementale dans le contrôle des infections (Brambilla et al., 2021 ; Setola et al., 2021 ; Shiba, 2020). C’est un rôle qui doit aller plus loin que la pandémie actuelle et qui doit préparer les établissements de santé pour une meilleure gestion des crises sanitaires, aussi virulentes que le COVID 19 (Bologna et al., 2020).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 39 aérienne par le biais de gouttelettes qui peuvent rester dans l’air pendant une certaine durée et se propager sur de plus grandes distances. Le risque de contamination d’autres patients et du corps médical est donc élevé surtout que ceux ci sont souvent en contact avec des personnes infectées. Les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) recommandent une attention particulière pour les procédures générant des aérosols infectieux qui augmentent le risque de propagation du virus surtout dans les salles d’urgences, les unités de soins intensifs, les blocs opératoires, les salles d’opération et les centres de dialyse...

Bien que les établissements de soins de santé aient l’habitude de travailler avec des protocoles spécifiques pour le traitement et l’isolement des patients atteints de maladies infectieuses, les aspects uniques du COVID 19 exigent une reconsidération de ces protocoles et de la conception du milieu hospitalier (The American Institute of Architects, 2020b). La compréhension progressive de cette infection a rendu plus clair que le risque d'infection dépend fortement sur la distance à la personne infectée ainsi que le type de protection individuelle que porte le cadre médical et les interactions humaines. Mettre, enlever et jeter les équipements de protection individuelle (EPI) sont des activités particulièrement à haut risque pour la propagation du virus du SARS CoV 2. Par conséquent, les équipes de soins ont besoin plus qu’avant d’un espace suffisant durant l’utilisation de ces protections (The American Institute of Architects, 2020b). Il est clair que cette crise a éveillé la curiosité des architectes et des organismes d’architecture Aux États Unis, l’Institut américain des architectes (The American Institute of Architects, 2020b), a identifié cinq catégories différentes de patients COVID au sein de l’hôpital selon leur niveau d’acuité. La première catégorie indique que le virus a été détecté avec la présence des symptômes, il s’agit d’un patient symptomatique et qui a été testé positif au COVID-19. La deuxième catégorie indique un test en cours, le patient fait donc l’objet d’une enquête. La troisième est un virus non détecté chez un patient précédemment positif ce qui signifie un patient COVID 19 en convalescence. La quatrième catégorie est la détection du virus sans la présence des symptômes, c’est un patient asymptomatique et qui a été testé positif au COVID 19. La dernière catégorie indique un virus non détecté avec la présence de symptômes d’une autre condition médicale, il peut s’agir d’un patient souffrant d'une maladie autre que le COVID 19 ou d’une possibilité d’un test faux négatif. Ces différentes catégories de contamination des patients impliquent de différents soins et par conséquent, de différents espaces avec des de conception adéquates. Cette catégorisation des patients COVID peut changer

caractéristiques

Figure 6 - Nombre de lits de soins intensifs par 100.000 habitants par pays Adaptée de « Cura Pods », par Cura Pods team. (2020, 6 avril). Cura Pods. https://curapods.org/

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

40 en fonction des recherches continues de la transmission de la maladie (The American Institute of Architects, 2020b) Ces catégories peuvent être rassemblées selon la détection du virus ou pas. Des groupes additionnels de personnes à risque tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de troubles de comportement peuvent être ajoutés (The American Institute of Architects, 2020b) En plus de la transmission rapide du virus et des différents niveaux d’acuité de la maladie, les hôpitaux sont confrontés à un nombre de patients en augmentation exponentielle ce qui implique une pénurie de lits au niveau de ces établissements de santé (Cura Pods, 2020). La figure 6 démontre que le nombre de lits disponibles aux soins intensifs par pays pose un vrai problème pour la gestion de la crise actuelle. L’augmentation de la capacité des lits de soins intensifs dans le monde entier s’avère être une nécessité (Cura Pods, 2020).

La crise en cours a mis en évidence la fragilité du système de santé en général et l’espace hospitalier et sa structure en particulier. Cette crise sanitaire a nécessité une action rapide et une identification presque immédiate des personnes atteintes. L’ensemble du secteur de la santé a eu besoin d’une reconfiguration presque totale pour répondre à la pandémie et atténuer le risque d’effondrement du système (The American Institute of Architects, 2020b). La pandémie a engendré des actions et des interventions dans le monde entier. De nombreuses recherches ont été effectuées au regard de la gestion de la crise et certaines études ont abordé la question des adaptations réalisées au sein des établissements de santé. Ces recherches, ont identifié les différentes typologies de réponses spécifiques aux contextes locaux (Setola et al., 2021 ; HKS, 2020a ; Łukasik & Porębska, 2022). Plusieurs chercheurs ont proposé des stratégies de conception pour mieux affronter la crise (Capolongo et al., 2020 ; The American Institute of Architects, 2020b). Ces études sont le résultat des besoins immédiats imposés par le COVID Dès19. la première vague de la pandémie, plusieurs études ont été effectuées dans les hôpitaux en première ligne pour examiner la gestion de la crise sanitaire. À titre d’exemple, un groupe de chercheurs composés d’architectes et de cliniciens, a mené une étude sur trois unités de l’hôpital Mount Sinai à New York aux États Unis pendant la première vague. Ces unités ont été transformées en unités COVID. À travers des observations à distance et des entretiens avec les responsables des opérations cliniques, l’équipe de chercheurs a identifié et documenté les différentes adaptations de l’hôpital afin d’en tirer des leçons pour la conception des espaces. L’étude a duré trois semaines en utilisant des caméras et des vidéoconférences, les chercheurs ont observé à distance les cliniciens dans les unités de COVID 19 puisqu’il était impossible d’établir un travail sur terrain à cause des restrictions sanitaires (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020). Les travaux de Janowicz (2018) sont intéressants pour cette étude. Le travail de ce dernier est particulièrement intéressant, car ce chercheur a analysé la possibilité d'utiliser l'architecture pour réduire les infections hospitalières. Publié avant l'éclosion de la pandémie du COVID 19, comme la plupart des études, il se réfère principalement aux infections bactériennes les plus courantes qui, jusqu'à récemment, semblaient constituer la principale menace dans les hôpitaux.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 41 3.2

Besoins émergents et adaptation de l’espace hospitalier

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

42 Néanmoins, certaines études ont identifié les configurations spatiales qui sont les plus adaptées pour un fonctionnement en situation d’urgence (Łukasik & Porębska, 2022) Selon un rapport de l’OMS (World Health Organisation, 2020) l'espace, ou la structure, couvre les hôpitaux et les lits, mais aussi les installations qui sont soit déjà disponibles dans ces établissements ou qui pourraient être équipées pour répondre à des « besoins d'urgence spécifiques » tels que des zones pour un triage approprié des patients et des salles de cohorte avec une ventilation adéquate. L'espace comprend également la possibilité de réaffecter ou de réquisitionner des structures situées en dehors du cadre hospitalier pour faire face à l'afflux de patients. Depuis janvier 2020, les établissements de santé ont fait appel à des bureaux d'architecture pour trouver des idées de conception ou un support technique afin de répondre à la capacité de pointe (The American Institute of Architects, 2020a). Plusieurs professionnels de la santé (Minka & Minka, 2021) et de l’architecture (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020 ; The American Institute of Architects, 2020b ; HKS, 2020a) se sont également posés des questions au sujet de la réorganisation de l’espace sanitaire pour mieux affronter cette crise inédite. Des bureaux d’architecture dans différentes régions du monde ont proposé des solutions d’urgence à appliquer pour combattre la pandémie (Cura Pods, 2020 ; WTA, s.d , 2022 ; WestonWilliamson+Partners, 2020).

Comme mentionné auparavant, la propagation sans précédent du COVID-19 a mis les systèmes de santé et le corps médical en grand danger (The American Institute of Architects, 2020b). Aux États Unis, les directives de planification des nouveaux hôpitaux prévoient de consacrer que 15 à 20 % de l'espace aux maladies infectieuses, mais cela n’a pas semblé suffire dans la gestion d’une crise aussi importante que celle ci (Harrouk, 2020b). Le pavillon Kimmel de l'hôpital NYU Langone de New York a transformé sept étages pour des chambres de type unités de soins intensifs (USI) pour le COVID 19. Son infrastructure a permis cette conversion (Harrouk, 2020a). D’autre part, en début de la crise sanitaire, l’institut américain des architectes a préparé des outils d’évaluation afin de faciliter l’identification des espaces et des bâtiments qui sont appropriés à être transformés en établissements pour les patients COVID. Le but de ces outils est de faire participer les architectes à la sélection de ces espaces afin d’aider les responsables et le corps médical à identifier ces sites adaptés aux soins. L’American Institute of Architecture (AIA) appelle ces espaces des « Alternative Care Sites » (ACS) (The American Institute of Architects, 2020b, p. 3) qui sont des espaces destinés à une réutilisation adaptative pendant la

Whitepaper_sm_v03_FINAL.pdf

Aire ouverte Aire fermée

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 43 pandémie. Il peut s’agir de dortoirs, d’hôtels, de centres de congrès… Le guide de sélection des ACS, s’est fait dans l’objectif de choisir des espaces et des sites qui vont diminuer le risque de transmission de la maladie, augmenter le nombre de patients dans un seul établissement et trier les patients selon les besoins (The American Institute of Architects, 2020b). Cet outil a été fait dans le but de rassembler les meilleures pratiques et connaissances en termes de conception hospitalière en associant des années d’expérience en matière de soins de santé. Il s’agit d’un guide qui met l’accent sur les aspects principaux à prendre en compte afin de bien évaluer ces sites de soins alternatifs et minimiser les risques tout en assurant le bon déroulement des soins (Baldwin, 2020) La présidente du groupe de travail, le Dr Molly Scanlon a rajouté que « cet outil est orienté vers une prise de décision flexible et rapide lors d'une pandémie de santé publique » (Baldwin, 2020, p.1) L’AIA a également identifié deux types d’espaces et de bâtiments qui peuvent être transformés (tableau 1). Le premier avec une aire ouverte tels que les arènes sportives, les centres de congrès, les centres communautaire… Et le deuxième à aire fermée qui est meilleur pour l’isolement et la quarantaine comme les hôtels et les dortoirs (The American Institute of Architects, 2020a).

Arènes sportives Hôtels

Tableau 1- Types des ACS. Adapté de « COVID 19 Alternative care sites : Addressing capacity, safety, & risk challenges for our nation’s hospitals during a public health pandemic response » par The American Institute of Architects. (2020a, 6 avril). AIA. https://content.aia.org/sites/default/files/2020 04/KC20_AAH_C 19_Alt Care Sites

Dans le but de mieux transformer ces espaces pour la gestion de la crise sanitaire, l’institut américain des architectes a fourni des conseils de conception qui prennent en compte les défis spécifiques imposés par cette pandémie. Cette intervention pendant la première année de la crise a permis au personnel de la santé de suivre ces principes qui prennent en considération l’échelle de cette pandémie plutôt que les plans de santé publique disponibles dans ce contexte (The American Institute of Architects, 2020b). L’institut américain des architectes a également conçu un outil en ligne pour ressourcer et cataloguer les différentes réponses actuelles des établissements de santé aux États Unis. Il s’agit d’une carte interactive (figure 7) avec une base de données pour faciliter le partage des solutions adoptées pour les futures pandémies

Centres de congrès Dortoirs Centres communautaires

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 44 (Baldwin, 2020 ; Brown, 2020). Les réponses sont classées selon les besoins, le type d’intervention et la localisation (Brown, 2020).

En Europe, les adaptations de l’espace hospitalier ont été nombreuses. En suisse, les hôpitaux universitaires de Genève et l’ensemble du canton ont été réorganisés pour la crise sanitaire. Les patients COVID ont été admis dans des conditions optimales grâce à l’arrêt de l’activité chirurgicale élective, l’orientation des patients non COVID vers des cliniques privées et l’ajout de plus de 1000 lits (Carballo et al., 2020) En Italie, le bureau d’architecture Carlo Ratti Associati et Italo Rota ont collaboré avec une équipe internationale d’experts pour transformer des conteneurs d’expédition maritime en modules de soins intensifs. Il s'agit d'un module simple et rapide à utiliser pour étendre les installations d'urgence et soulager la pression sur les établissements de santé. Cette solution répond au Figure 7 ArchMap COVID 19 de l’Institute of Health + Wellnes Design de l’université de Kansas. Reproduit de « COVID 19 ArchMap », par Brown, M. (2020, mars 4). AIA. https://network.aia.org/blogs/maggie brown/2020/04/03/covid 19 archmap

En Chine, deux hôpitaux Huoshenshan Field Hospital et Leishenshan Hospital ont été construits en vitesse pour accueillir des patients COVID. Les ouvriers ont travaillé jour et nuit pour les réaliser et le gouvernement chinois a utilisé un budget de 39 millions euros. Ces constructions utilisent des éléments préfabriqués modulaires pour un déploiement rapide mais elles nécessitent une préparation du terrain qui a été réalisée en vitesse ce qui ne permettra certainement pas à la structure de durer dans le temps (Franceinfo, 2020).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 45 problème d’insuffisance en soins intensifs. Elle déploie des salles d’isolement pour deux personnes, qui font 15m². Ces salles sont équipées de ventilateurs avec un système de bioconfinement à pression négative qui fonctionne selon les normes émises par les autorités chinoises. Les salles présentent aussi deux fenêtres pour les médecins et les visiteurs. C’est un modèle facile à adapter (Cura Pods, 2020). Ces conteneurs ont été utilisés dans l’hôpital temporaire à Turin qui est un ancien complexe industriel reconverti en centre culturel et technologique il y a quelques années. Transformé en établissement de santé à partir du 6 avril 2020, le projet s'étend sur 8900m² et comporte 92 lits. Avec le premier prototype Connected Units for Respiratory Ailments (CURA) installé dans ses locaux, l'hôpital temporaire est doté d'unités de soins intensifs pour les patients touchés par le COVID (Cura Pods, 2020) En France, le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA) a déclaré dans un communiqué de presse qu’au lieu de construire des hôpitaux pour répondre aux nouvelles demandes comme dans le cas de Wuhan par manque d’espace capable d’accueillir le flux des patients, « il vaut mieux adapter les bâtiments potentiellement disponibles » (Batiweb, 2020, p. 1). Le CNOA a rajouté qu’il faut organiser l’espace pour contrôler les flux, modifier « des installations électriques pour les futurs appareillages, et surtout abaisser la charge virale de l’air ambiant, et contrôler les flux aérauliques en intervenant sur les systèmes de ventilation » (Batiweb, 2020, p. Au1).Royaume

Unis, le Jacon K.Javits Convention Center a été transformé en hôpital de 4000 lits dans le cadre d’une opération fédérale Au début, l’hôpital devait prendre en charge les patients non COVID, afin de soulager les hôpitaux qui étaient saturés de patients COVID Par après, le centre a changé de fonction et a commencé à accueillir les patients COVID (Yuan, 2020)

Yanzhong Huang, un expert en santé publique spécialiste des politiques sanitaires chinoises, a insisté sur le fait que contrairement aux autres pays, les mesures réactives efficaces et les

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 46 adaptations sont possibles dans les pays autoritaires où l’on peut compter sur une mobilisation générale (Franceinfo, 2020, p. 3) En effet, la Chine a été décrite comme un pays qui était capable de construire deux hôpitaux en une dizaine de jours seulement afin de faire face à la propagation de cette infection mortelle. Dans un pays comme la France, « l’action des services d’urgence et des Samu Centre 15 a été prépondérante, il était essentiel d’éviter le débordement des capacités des soins critiques » pour qu’ils puissent continuer à prendre en charge les cas COVID (p. 200). Sur la base d’un « retour d’expérience de deux structures d’urgences de centres hospitaliers généraux pendant la crise de la COVID-19 », Noizet et al. (2020) décrivent les conditions déplorables du travail du personnel de la santé pendant la crise. Les figures suivantes illustrent l’intervention d’urgence pour créer des hôpitaux temporaires pour l’optimisation des conditions de travail du cadre médical dans sa lutte contre la pandémie (figures 8 à 10).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 47 Figure 10 Washington Post (2020, 4 avril). L'hôpital temporaire Jacon K.Javits Convention Center [Photographie]. Washington Post. https://www.washingtonpost.com/national/javits center coronavirus field hospital/2020/04/04/50bdbf32 75b2 11ea 87da 77a8136c1a6d_story.html Figure 8 – Yijiu & al. (2020, janvier). Les hôpitaux Huoshenshan Field Hospital et Leishenshan [Photographies]. Franceinfo. https://www.francetvinfo. Figure 9 – Cura Pods team. (2020, 6 avril). CURA Pods dans l’hôpital temporaire de Turin [Photograohies]. Cura Pods. https://curapods.org/

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 48

3.3.1 Typologie des adaptations en réponse à la crise du COVID-19

En observant les principales transformations des établissements de santé, Setola et al. (2021) ont identifié trois types de réponses au COVID 19 en fonction des contextes locaux spécifiques. La première typologie est la reconfiguration des établissements de soins de santé existants. La deuxième typologie de réponses, est la mise en place de structures temporaires d’urgence à proximité des hôpitaux. La dernière typologie est la réutilisation de structures existantes. Une quatrième typologie de réponses a été identifiée également. Elle consiste à réutiliser des établissements de santé abandonnés mais c’est une solution qui a été rarement appliquée à cause des difficultés de la complexité de la mise en œuvre et des travaux demandés. Quant à lui, le bureau d’architecture HKS (2020a) a classifié les solutions appliquées pendant la crise sanitaire selon quatre typologies différentes. Des installations temporaires, des installations existantes, des établissements de soins alternatifs et des nouvelles constructions. D’autres chercheurs en architecture ont identifié plutôt deux réponses principales, des solutions temporaires avec des conteneurs, des systèmes gonflables, des tentes et la transformation de bâtiments existants qui n’ont pas de fonction sanitaire (Łukasik & Porębska, 2022)

Les adaptations de l'espace sanitaire sous la crise du COVID 19, que les cadres de la santé ainsi que les architectes ont identifié ou proposé, fournissent un cadre approprié à l’étude de la mutation des hôpitaux pendant la pandémie. Si l'on part du principe que les caractéristiques nécessaires pour un espace sanitaire fonctionnel sont l'adaptabilité, la flexibilité et la réactivité, alors ces caractéristiques ne peuvent être garanties que par des structures hospitalières adaptables et pouvant répondre aux besoins des usagers de cet espace en temps réel pendant les crises sanitaires.

La figure 11 montre cinq catégories d’adaptations qui ont été tirées de la littérature post COVID (HKS, 2020a) Les adaptations architecturales dans le contexte de l’espace sanitaire impliquent l’ajout, la modification, ainsi que la création d’espaces La première est la modification des hôpitaux qui consiste à faire des adaptations au niveau de l’espace, de l’organisation et de la technologie dans les hôpitaux existants pour traiter les patients COVID

3.3

Cadre théorique

89/FleXXContagion_ExternalVersion_v7.pdfhttps://static1.squarespace.com/static/5595c129e4b02838d1264c98/t/5e8ba1d106ad21646ffd18f2/15862092711Hksinc.

La troisième se résume à la transformation des espaces. Il s’agit de réutiliser de manière adaptative des espaces et des bâtiments existants qui accueillaient des activités temporaires ou qui étaient vacants pendant la crise sanitaire et qui n’ont pas été conçus pour une fonction hospitalière. Il peut s’agir de centres d’exposition, d’hôtels, de stades ou de centres de congrès... Le quatrième type d’adaptations est l’emploi de nouvelles constructions. Le cinquième type est le réemploi des anciens hôpitaux

La deuxième catégorie est celle de la mise en œuvre de constructions modulables telles que des conteneurs, des tentes ou des modules préfabriqués.

Une fois décrit, ce cadre théorique permettra l’identification et la description des adaptations établies dans l’espace hospitalier sous la crise du COVID.

Il est nécessaire dans un premier temps d’établir ce cadre théorique que l’on peut considérer comme suffisamment dense. C’est un cadre qui permet de clarifier les concepts clés tels que les adaptations et leurs types. Basées sur la typologie décrite dans la figure 11, deux typologies plus détaillées sont adoptées de HKS (2020a) et the American Institute of Architects (2020b) peuvent être considérées comme complémentaires pour l’étude des adaptations de l’espace sanitaires pendant cette crise. Comme indiqué dans le tableau ci dessous (tableau 2), ce modèle comprend deux axes principaux : (1) la nature de modification des hôpitaux existants et (2) les sites ou établissements de soins alternatifs. Figure 11 - Typologie des adaptations en réponse à la crise du COVID 19. Adaptée de « FleXX A study of flexibility contagion special edition », par HKS (2020a).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 49

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

• Les halls utilisés pour le dépistage avec des cloisons mobiles Tentes dans les parkings pour le triage • Blocs opératoires/salles de procédure mineure/ laboratoires de cathétérisme convertis en chambres d’isolement à pression négative Utilisation de cliniques de consultation externes pour le triage ou pour une expansion des salles d’urgences à faible acuité • Transformation des chambres privées pour patients à des chambres semi privées Utilisation d’équipement portable et mobile Création de voies de circulation avec mise en place de barrières physiques, marquage au sol, rubans pour séparer les flux Elimination des rideaux • Remplacement de certains matériaux par des matériaux plus faciles à nettoyer

Typologie d’adaptations

Flexibilité

• Garages hôpitauxconvertisstationnementdeen • Sections d'unités de soins unitésconvertisintensifsend'isolement Halls patientschambresconvertispublicsende

• Mise en place de cloisons pour séparer etespaceslespropressales

desModificationhôpitauxexistants Séparation du flux du public Et du flux des patients via une horizontalecirculation et existanteverticale • MorguescommefrigorifiquesCamions

07/AIA_COVID_Frontline_Perspective.pdf

COVID 19 Frontline Perspective », par The American Institute of Architects. (2020b). AIA. https://content.aia.org/sites/default/files/2020

Modification mineure avec composants mobiles Modification majeure avecd'infrastructurechangements avecDévelopper/contracterdenouvellesouuneconstructiontemporaire

• Etages convertis pour le COVID 19 • pressionHVrajoutModification/desystèmeAC(systèmeànégative)

• Des espaces vides construits avant la date prévue • Une partie des nouvelles constructions déployées avant la date prévue pour le COVID • modulHôpitaux/unitésaires Déploiement de navires hôpitaux Réouverture d'hôpitaux fermés Construction rapide d’hôpitaux temporaires Sites établissementsoudesoinsalternatifs Hôtels, isolementconfinement/etc.campingdeéglises,d'étudiants,dortoirscabaneslocation,cars,utiliséspour Hôtel/ alimentairesservicesaccruslesutiliséescommunautairesCuisinesDortoir/pourbesoinsen lesutiliséesfrigorifiquesinstallationsGrandespourmorgues Tentes dans les parkings pour le dépistage drive in Cloisons mobiles pour installer des postes de triage dans les halls d'entrée Cabines téléphoniques pop up pour des tests plus sécurisés Salles d'exposition/ de mariage comme centres de dépistage Centres hôpitauxconvertisconventiondeen Hôtels convertis en hôpitaux Stades convertis en hôpitaux Unités imprimées en 3D et déployées rapidement Hôpitaux de campagne dans des espaces publics tels que les parcs Espace vide dans des installations converties pour une expansionfuture

• Dépistage à l'entrée du parking de l’hôpital

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité physiquemodificationAucune;nouvellefonctionnalité

50 Tableau 2 - Le déploiement de la flexibilité dans une situation de pandémie Adapté de « FleXX A study of flexibility contagion special edition », par HKS (2020a). Hksinc. 9/FleXXContagion_ExternalVersion_v7.pdfhttps://static1.squarespace.com/static/5595c129e4b02838d1264c98/t/5e8ba1d106ad21646ffd18f2/158620927118et«

L’AIA a identifié les besoins uniques qui sont apparus à la suite de la pandémie du COVID 19 (tableau 3) afin de minimiser le risque de propagation de la maladie dans les établissements de soins de santé (The American Institute of Architects, 2020b). Tableau 3 Types d’interventions selon les besoins. Adapté de « COVID 19 ArchMap », par Brown, M. (2020, mars 4). AIA. https://network.aia.org/blogs/maggie brown/2020/04/03/COVID 19 archmap

Type d’intervention Besoins

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 51 En repensant à nos espaces bâtis à la suite de cette pandémie, plusieurs chercheurs en architecture (Łukasik & Porębska, 2022 ; Sagan et al., 2021 ; Waite, 2020) ont pris conscience de l’apparition de nouveaux besoins des usagers des hôpitaux qui par leurs états actuels n’ont pas toujours la capacité de s’adapter facilement aux besoins imposés par cette crise. De ce fait, Kersh (2022) appelle à des mises à jour de la conception des bâtiments de soins de santé, notamment les hôpitaux. Ces mises à jour sont possibles si les travailleurs de la santé qui se trouvent en première ligne de la pandémie fournissent aux architectes des perspectives critiques sur la façon dont la conception des hôpitaux fonctionne actuellement pendant cette crise (The American Institute of Architects, 2020b). De même, ces médecins en première ligne peuvent exprimer leurs besoins professionnels en termes des moyens nécessaires dans la lutte contre cette pandémie. Ces besoins serviront à créer de nouvelles caractéristiques de conception de l’espace hospitalier.

Nouvelles constructions permanentes Soins d’urgence, soins hospitaliers, soins ambulatoires et autres

Structures temporaires Dépistages (entrées, tri des patients), soins hospitaliers, soins d’urgence et autres Conversion d’espaces non hospitaliers Soins hospitaliers, soins ambulatoires et autres Transformation de l’espace hospitalier Traitements et diagnostics, soins ambulatoires, soins hospitaliers, dépistages et autres

3.3.3 Les stratégies d’isolement Une fois que le résultat du test est confirmé, la première stratégie à suivre est l’isolement des patients positifs qui nécessitent des soins. Il est également nécessaire de prévoir une sortie directe séparée pour les patients négatifs ou les patients positifs qui vont se mettre en quarantaine chez eux (The American Institute of Architects, 2020b). Cette stratégie a été nécessaire pendant toutes les vagues de la pandémie (ASSAR Architects, 2021 ; Van de Voorde et al., 2020). 3.3.4 Les espaces de soins Les patients COVID peuvent avoir des niveaux d’acuité variables et chaque niveau nécessite des soins précis et par conséquent, des espaces de soins différents. L’AIA prévoit huit scénarios variables avec des espaces de soins différents. Des espaces pour les patients symptomatiques, des espaces pour les personnes qui font l’objet d’une enquête, des espaces pour les patients en convalescence, des espaces pour les patients positifs asymptomatique ou présymptomatique, des espaces pour les patients à risque, des espaces pour les patients qui doivent recevoir des soins de longue durée, des espaces pour les patients qui ont des maladies

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 52 3.3.2

Arrivée, triage, entrée et tests

Il est nécessaire de réorganiser le protocole d’admission des patients afin d’accueillir les patients COVID séparément. Il faut donc modifier les points d’accès à l’hôpital et prévoir des entrées et des sorties à part pour les malades hautement contagieux. Ensuite, il est nécessaire de trier et séparer les patients COVID ou les patients qui attendent de faire les tests ou qui doivent encore recevoir les résultats de leurs tests, des patients non COVID avant qu’ils ne soient placés dans les chambres d’isolement ou envoyés vers les autres services de l’hôpital Il faut donc aménager des espaces et des zones appropriées pour le tri qui sont bien ventilées : des zones d’accueil, d’attente et de test séparées et des zones de contrôle pour la prise de fièvre, les tests viraux sont nécessaires aussi. S’il n’y a pas assez de place pour le tri au sein des urgences, des installations temporaires telles que des tentes peuvent être mises à l’extérieur. Ces structures doivent être accompagnées de différents parcours de circulation avec des couloirs à sens unique pour séparer les patients, de barrières en plexiglas ou des cloisons de séparation pour limiter le contact avec l’application des mesures de distanciation physique (The American Institute of Architects, 2020b)

Pour les patients nécessitant des soins pour le COVID 19, il faut prévoir des chambres isolées et « universelles » avec des salles de bain privées. Les patients doivent rester dans la même chambre pendant tout leur séjour à l’hôpital et les portes doivent rester fermées sauf pour l’entrée ou la sortie du corps médical ou du patient. Ces chambres doivent être bien désinfectées et les transferts des patients de la chambre doivent être minimisés afin de réduire le risque de transmission du virus, d’infection, de diminuer le nombre de changement d’EPI du corps médical et le nettoyage et la désinfection des chambres. Si des procédures médicales sont nécessaires, elles doivent être effectuées dans la chambre Il faut également adapter les chambres et les espaces en cas d’augmentation du nombre de patients Les installations de désinfection des mains, d’hygiène et pour les déchets de base et les déchets dangereux ou pharmaceutiques et médicaux doivent être fournies à côté de chaque chambre. Une zone autour du lit doit être prévue pour les membres du corps médical qui vont interagir pour faire des procédures complexes, sortir et faire rentrer le matériel de réanimation, de dialyse, d’imagerie portable… si nécessaire. L’espace doit permettre le positionnement des patients et les thérapies physiques. Les chambres peuvent être partagées en fonction du nombre de patients, des ressources et des ratios de personnel Pour les soins critiques, la visibilité et l’accessibilité au patient sont des aspects importants. Il faut disposer d’un espace avec des points de vue et un accès rapide au patient et à l’équipement de surveillance et donc réduire au minimum la distance entre les postes cliniques et le lit du patient. Le personnel de santé doit pouvoir se déplacer et interagir avec les autres équipes médicales dans l’espace et entre les zones propres et sales en toute sécurité et en respectant les protocoles de contrôle des infections. Certains établissements ont déplacé les équipements médicaux à l’extérieur de la chambre pour faciliter la surveillance des soins et minimiser les déplacements vers les chambres (The American Institute of Architects, 2020b)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 53 autres que le COVID et qui doivent recevoir des interventions chirurgicales ou ambulatoires et des espaces communautaires pour l’isolement des patients positifs qui ne sont pas dans un état grave. Chaque espace implique des considérations différentes pour la conception et l’utilisation de l’espace (The American Institute of Architects, 2020b)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 54 3.3.5

3.3.6

Les postes de travail

L’emplacement et la taille des bureaux du corps médical doivent être pris en compte dans la conception des espaces. Les médecins, infirmiers et les autres membres de l’équipe médicale doivent pouvoir collaborer et discuter de l’état des patients en étant proches mais en appliquant aussi la distanciation physique d’au moins deux mètres tout en étant capables de s’entendre les uns les autres Les postes de travail doivent être placés en fonction de la distance avec les patients, des lignes d’observation et des soins. Les bureaux doivent être nettoyés et désinfectés régulièrement avant chaque changement de poste. Des cloisons peuvent être placées pour séparer le personnel La sécurité du personnel soignant est une priorité dans la conception et l’organisation de l’espace. Il faut créer des espaces pour que le personnel retire son EPI en toute sécurité puisque c’est une activité risquée pour la transmission du virus, avoir des cadres appropriés pour les soins des patients et détecter et isoler direct les personnes positives. La mise à disposition de ces espaces de protection pour le corps médical a un impact direct sur la qualité des soins (The American Institute of Architects, 2020b)

La circulation

La question des flux au sein de l’hôpital doit être bien gérée pour ne pas avoir de croisements avec les patients positifs. Il faut adapter les espaces et les couloirs en mettant en place des voies de circulations séparées et des stratégies de circulation à sens unique. Des barrières physiques, des cloisons, des marquages au sol et des rubans peuvent être installées pour guider les patients vers les zones destinées et les séparer du personnel ou des patients négatifs Il faut isoler les patients positifs dès que possible et minimiser leurs déplacements en dehors de ces chambres d’isolement au strict minimum. L’utilisation d’équipements portables et mobiles tels que des appareils de dialyse, à rayons X peut aider à limiter les déplacements des patients. La planification de la circulation peut réduire les distances parcourues et par conséquent diminuer le besoin de changer l’EPI et le risque d’exposition du personnel au virus, puisque le corps médical est toujours en déplacement entre leur bureau, les laboratoires, les banques de sang, la pharmacie et les différents services Il est important également de prendre en compte le flux des équipements et des chariots avec le personnel accompagnant. Il faut bien placer le matériel requis à proximité des chambres de patients ou dans des espaces qui ont un accès facile. Il est primordial de bien séparer les zones propres des zones sales et de prévoir des voies de déplacements directes et rapides pour le personnel de santé. Des ascenseurs séparés

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 55 peuvent être affectés pour les personnes propres ou sales (The American Institute of Architects, 2020b) 3.3.7 La ventilation Le traitement de l’air est un point important dans la gestion de la crise sanitaire. Le COVID se transmet via les gouttelettes respiratoires de l’air et la ventilation d’une pièce infectée ou sale va aider à la décontaminer et réduire le risque de propagation. L’air doit donc être échangé, filtré, nettoyé et décontaminé selon les normes pour empêcher la transmission du virus. Des facteurs tels que la taille et les activités de la pièce doivent être pris en compte dans les systèmes de ventilation. L’utilisation des salles avoisinantes et le risque de transmission d’une pièce à une autre, doivent également être considérés dans la conception de ces systèmes. La ventilation implique aussi un débit et taux de renouvellement d’air par heure appropriés, des pressions relatives entre les pièces, des points d’alimentation et d’évacuation qui doivent être bien placés. Toutes ces systèmes doivent être bien installés et entretenus et leur fonctionnement va déterminer le temps nécessaire avant de commencer la ventilation pour décontaminer la chambre et la préparer pour le patient suivant Les espaces de traitement de l’air doivent être bien placés pour ne pas permettre au virus de se propager. Des sas doivent être placés à côté des chambres pour décontaminer l’air et permettre au personnel d’enfiler et d’enlever son EPI en toute sécurité. Les systèmes de ventilation doivent pouvoir passer d’une pression négative à une pression positive selon le niveau d’acuité de chaque patient et des soins donnés. Pour les établissements qui ne disposent pas d’assez de salles à pression négative, les ingénieurs doivent pouvoir modifier les systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (HVAC) existants et avoir la possibilité d’en rajouter des nouveaux. Pour les patients COVID, il est possible de les regrouper dans une zone à pression négative par rapport aux zones environnantes et dédier tout un bâtiment ou un étage pour le COVID 19. Dans certains cas, des patients COVID peuvent nécessiter des procédures générant des aérosols, ces procédures doivent être faites avec précaution. Les salles d’opération et les espaces à pression positive sont des espaces où la transmission est un risque majeur Pour les services d’urgences, le renouvellement d’air doit être plus fréquent afin de désinfecter plus rapidement et l’air contaminé doit être évacué directement vers l’extérieur ou filtré selon les normes avant la réutilisation (The American Institute of Architects, 2020b ; HKS & Arup, 2021)

Les rapports officiels et les travaux de recherches menées après la crise du COVID suggèrent que les hôpitaux ne sont ni conçus pour affronter une crise sanitaire de cette ampleur ni prêts à s’adapter facilement aux transformations imposées par cette crise. Certains vont même jusqu’à affirmer que « La crise COVID-19 nous a douloureusement confrontés à des problèmes qui existaient déjà depuis longtemps” (Van de Voorde et al., 2020, p.47). D’après Wagenaar et al. (2018), face aux demandes urgentes d'adaptation des espaces hospitaliers, les solutions adoptées doivent être réalisables facilement et rapidement. Outre les limites de l’espace hospitalier en termes d’espace et de capacité (COVID 19 aux services des urgences : «Cela ressemblait à de la médecine de guerre» | CHIREC Pro., 2020 ; Cura Pods, 2020 ; World Health Organisation, 2020) du nombre de lits menant à des problèmes d’accueil des flux des patients, leur isolement et leur traitement, la vraie question qui se pose est celle de la préparation de ces hôpitaux à une adaptation à cette nouvelle réalité en se basant sur le retour d’expériences des usagers de cet espace. Certaines organisations ont offert des solutions (Cura Pods, 2020) et ont même établis des comparaisons entres les solutions proposées marquant des avantages et des inconvénients pour chacune d’entre elles comme dans l’exemple ci dessous (figure 12). Dans certains contextes comme le Canada, les hôpitaux les plus anciens comme Verdun ou Notre Dame, ont fait face à beaucoup plus de problèmes pendant la crise à cause de leur structure. L’« aile et corridor central avec des locaux de part et d’autre » ont compliqué la

Les matériaux

Les matériaux utilisés doivent être faciles à nettoyer tels que les matériaux antimicrobiens. L’utilisation de contrôle sans contact pour l’éclairage, la température, l’ouverture des portes et d’autres fonctionnalités de l’hôpital peut éviter la contamination via les surfaces qui sont très fréquemment touchées (The American Institute of Architects, 2020b) Les rideaux qui séparent les patients ou qui couvrent les fenêtres doivent être éliminés puisqu’ils peuvent facilement être contaminés. Ils peuvent être remplacés par du plexiglass ou du verre qui sont faciles à nettoyer. Pendant le COVID, le personnel de l’hôpital M Health Fairview Bethesda dans le Minnesota aux États Unis a couvert la moquette existante qui était difficile à nettoyer par un revêtement de sol (Bologna et al., 2020). 3.4 Limites des espaces hospitaliers et problèmes d’adaptabilité

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 56 3.3.8

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 57 situation vu que tout le monde, tous les équipements et mêmes les ordures traversent les mêmes espaces (Laperrière, 2020, p. 24).

3.5

Le contexte belge Dans le contexte local, le système belge a été décrit comme « saturé » (COVID 19, 2020 ; Gérard, 2020) notamment à partir de la deuxième vague de la pandémie. Aucune publication à l’exception de Vallaud (2020), qui a décrit brièvement la création d’un nouvel hôpital de campagne à Verviers, n’a abordé le sujet des adaptations architecturales imposées par la crise du COVID-19. Alors que d’autres disciplines ont prêté attention à la question de la gestion de cette crise (Van de Voorde et al., 2020), pratiquement aucune étude empirique n’a été élaborée afin d’examiner : si les espaces hospitaliers existants ont été prêts à faire face à cette crise, les besoins émergents des usagers de ces espaces et les adaptations faites en Belgique. Cependant, deux bureaux d’architecture ont abordé cette question importante d’une perspective architecturale (ASSAR Architects, 2021). En 2020, le docteur Philippe Devos, président de Figure 12 Comparaison des solutions. Adapté de « Cura Pods », par Cura Pods team. (2020, 6 avril). Cura Pods. https://curapods.org/

La phase d’action Niveau 1 : le service d’urgences et les soins intensifs sont Niveauréorganisés2 : une grande partie de l’hôpital doit être réorganisée.

58 l'Association belge des syndicats médicaux (Absym) a affirmé qu’il ne restait « que 106 places en USI » en Belgique « sur les quelques 2000 disponibles » durant un programme de télévision (RTL TVi ; cité par Gérard, Octobre 2020).

Dans un rapport de synthèse sur la gestion de la capacité hospitalière en Belgique durant la première vague de la pandémie de COVID 19, un plan d’urgence hospitalier a été développé afin de mieux gérer la crise (COVID 19 aux services des urgences : « Cela ressemblait à de la médecine de guerre » | CHIREC Pro., 2020 ; Van de Voorde, 2020). Comme indiqué dans le tableau suivant, une phase d’action a mis l’accent, dans un premier niveau, sur le rôle joué par les services d’urgences et soins intensifs. Un deuxième niveau d’action a fait référence à l’importance d’une réorganisation de l’hôpital en termes de capacité et d’intervention médicale. Ces questions pertinentes dans l’intervention d’urgence font sans aucun doute appel à la recherche autour d’une transformation de l’hôpital basée sur la science (tableau 4).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Tableau 4 Transformations de l’espace hospitalier pendant la crise du COVID 19 en Belgique. Adapté de « Gestion de la capacité hospitalière en Belgique durant la première vague de la pandémie de COVID 19 » par Van de Voorde et al. (2020). https://www.absym bvas.be/kce/gestion de la capacite hospitaliere en belgique durant la premiere vague de la pandemie de COVID 19.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 59 03 METHODOLOGIE

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 60

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 61

Pour répondre aux questions de recherche mentionnées précédemment et afin de mieux comprendre la nature des adaptations faites dans le milieu hospitalier pendant cette crise sanitaire, une méthodologie basée sur une étude de trois cas, qui seront décrits en détail par la suite, sera adoptée. Ces trois analyses de cas ont inclus des visites aux trois sites d’hôpitaux, des entretiens semi directifs et non directif avec un échantillon d’usagers professionnels de ces espaces sanitaires, en plus d’autres parties prenantes impliquées dans la gestion de l’espace sous cette crise. Il est également important de préciser que des données complémentaires liées à ces trois cas ont été recueillies afin de mieux interpréter les résultats de l’analyse de ces cas. Ces données comprennent des plans des unités de soins intensifs et des urgences, des photographies prises lors des visites ainsi que des documents et documentaires liés à la gestion de la crise. Ces données offrent une perspective contextuelle supplémentaire Le choix de chacun de ces trois cas, sera justifié et chacun de ces trois contextes décrits.

1. Présentation des études de cas

La crise du COVID a engendré des nouvelles réalités tout en laissant la perspective architecturale et son rôle dans le combat contre cette pandémie relativement inexplorés De ce fait, ce travail de recherche vise à analyser trois études (figure 13) de cas afin de mieux comprendre la réponse des usagers de l’espace sanitaire. La sélection de ces cas s’est basée essentiellement sur trois échelles d’hôpitaux différents situés en région de Bruxelles-Capitale en Belgique.

Chaque étude de cas, représente un contexte diffèrent vu au niveau de l’échelle, de l’implantation, du flux des patients et de la manière de gérer la crise.

Figure 13- Localisation des trois cas étudiés

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 62 1.1 Cas 1 : L’hôpital Joseph Bracops

1.2 Cas 2 : L’hôpital Saint-Pierre

Anciennement une léproserie, l’hôpital Saint Pierre est transformé en hôpital en 1784 (Genon, 2007). Il est situé dans le quartier des Marolles en plein centre de Bruxelles dans un tissu urbain dense, sur un site de trois hectares. L’hôpital fait partie des cinq hôpitaux publics de la région de Bruxelles Capitale. Il s’agit d’un CHU de proximité qui a une capacité de 582 lits comprenant deux sites : le site Porte de Hal et le site César de Paepe (https://www.stpierre bru.be/). Il sera intéressant d’analyser le site Porte de Hal puisque ce dernier détient « le service d’urgence le plus actif du réseau » : le service de réanimation, le service des urgences et le Service Mobile d’Urgences (SMUR) L’hôpital comporte aussi une unité maladies infectieuses générales et tropicales qui est reconnue au niveau national (https://www.iris hopitaux.be/fr) Il présente une architecture verticale qui tranche avec « l'approche pavillonnaire horizontale de l'hôpital Brugmann » (Allegaert, 2004, p.128).

Implanté à Anderlecht à proximité du stade et du parc Astrid, il fait partie des quatre sites qui composent le réseau Inter hospitalière Régionale des Infrastructures de Soins (IRIS) Sud qui est un réseau public d’hôpitaux situés au sud de la région de Bruxelles-Capitale (Ixelles, Forest, Anderlecht et Etterbeek) Il comprend 550 lits Il est décrit comme étant un hôpital de proximité qui accueille les patients de la même commune L’établissement comprend un service d’urgences et un service de soins intensifs (https://www.his izz.be/)

Le choix du premier type d’entretien a permis le recueil des données avec une approche participative. D’une part, ça a permis de centrer le discours des répondants autour des différentes thèmes définis au préalable en lien avec les questions de recherche abordées.

2. Collecte des données

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 63 1.3 Cas 3 : L’hôpital Erasme

Il s’agit de l’hôpital académique de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), qui contrairement aux deux premiers cas est privé. Il a commencé ses activités en 1977 et a une capacité de 1048 lits. Son implantation sur le campus hospitalier et universitaire d’Erasme le distingue des deux cas d’étude précédents. Le campus se compose de la faculté de Médecine, la faculté des sciences de la Motricité et l’Ecole de Santé Publique. L’hôpital comprend huit bâtiments dont quatre avec un noyau central qui les lie. Il présente une surface bâtie de 110000m² (https://www.erasme.ulb.ac.be/fr)

La méthode qualitative permettra une analyse approfondie de chacun des cas choisis. L’avantage de cette approche adoptée est qu’elle permet d’atteindre une « connaissance émique et éthique de la réalité étudiée » (Sawadogo, 2020, chapitre 27). Elle rend possible l’exploration des expériences personnelles des acteurs dans un contexte spécifique (Sawadogo, 2020). Cette démarche fait partie de l’objectif de mieux documenter et comprendre chacun des cas en tenant compte de la complexité de chaque situation. Après avoir défini l’objectif de ce travail, deux types d’entretiens individuels ont été élaborés sur la base d’un cadre théorique lié à la littérature des adaptations dans l’espace hospitalier avant et après la crise du COVID Le premier type est un entretien semi directif qui est le plus couramment utilisé sur le terrain (Blanchet et Gotman, 2007) Il comporte trois étapes : la préparation de l’entretien, la conduite de l’entretien et sa transcription (Habchi, 2011). Et le deuxième est un entretien non directif qui est libre et basé sur une première question posée afin de guider l’intervention du répondant (Sawadogo, 2020 ; Blanchet et Gotman, 2007).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 64 En revanche, la deuxième démarche peut être justifiée par le besoin de s’adresser à l’architecte via cet entretien non directif en tant que représentant du domaine de l’architecture en toute flexibilité (Magioglou, 2008) Une fois ces instruments testés au préalable avec un intervenant dans le domaine médical, j’ai contacté les participants afin de leur expliquer le but et la démarche de cette étude et de prendre rendez vous avec eux pour les entretiens Le choix des participants s’est fait par rapport aux différents professionnels impliqués directement ou indirectement dans la gestion et l’utilisation de l’espace hospitalier : médecins, infirmiers, architectes, le service infrastructure de l’hôpital etc… Les entretiens ont été faits avec 12 intervenants sur une période de quatre mois selon la disponibilité de chaque participant avec deux à cinq personnes par cas d’étude du service des urgences ou en hospitalisation et en soins critiques (réanimation ou soins intensifs) Les entretiens ont eu lieu dans les hôpitaux où travaillaient les membres du cadre médical en question ou via appel téléphonique à distance. La durée de chaque entretien est comprise entre une vingtaine de minutes et une heure. Les entretiens recueillis ont été enregistrés, puis transcrits en détail en annexes afin de permettre leur codage (voir annexe 13) et analyse. La collecte des données a été basée sur une triangulation des sources des données (Carter et al., 2014) et des méthodes utilisées. Ceci permettra d’étudier chacune des questions de recherche abordées de plusieurs angles tout en utilisant plusieurs méthodes de recueil des données. 2.1 Entretiens Chaque interview peut être considéré comme un récit de l’expérience de chaque participant et de sa perception présentant une structure conforme à savoir une première partie dédiée aux problèmes rencontrés pendant la crise, puis une deuxième partie liée aux besoins générés, une troisième partie consacrée aux adaptations faites dans l’hôpital et une dernière partie pour les leçons tirées de cette pandémie.

Le guide d’entretien semi-directif, m’a servi à organiser chaque conversation avec le cadre médical dans chaque hôpital. Le guide pour les entretiens semi-directifs a été imprimé et utilisé durant les visites des trois hôpitaux étudiés. L’un des buts d’une méthode semi directive était

Comme expliqué précédemment, afin d’analyser les trois cas en question, les entretiens ont servi à compléter les données recueilles à travers les observations et l’analyse documentaire.

Le deuxième cas du CHU Saint Pierre comprend cinq entretiens. Le premier est avec Dr. Alain Roman, médecin de chef de clinique aux USI (Annexe 3). Le deuxième est avec Dr. Marc Decroly, médecin généraliste urgentiste et qui travaille avec le SMUR (Annexe 4). Le troisième est avec le directeur des infrastructures et des opérations de l’hôpital Saint-Pierre, Franco Carrieri (Annexe 5). Les deux derniers entretiens sont avec deux personnes qui ont participé dans la mise en œuvre des adaptations au niveau des urgences, François Vande Perre qui est architecte (Annexe 6) et Gilles Decroly qui est un ingénieur biomédical (Annexe 7)

Le troisième cas de l’hôpital Erasme comprend quatre entretiens. Un premier avec le médecin chef de service des soins intensifs, Dr. Fabio Silvio Taccone (Annexe 8), un deuxième avec Axel Herchuelz, infirmier en hospitalisation (Annexe 9), un troisième au service des urgences avec Jonayde Boucker qui est infirmier chef adjoint (Annexe 10) et le dernier avec Frédéric Trenchant, architecte responsable des chantiers au département ingénierie hospitalière de l’hôpital Erasme (Annexe 11) Ces entretiens permettront l’identification des problèmes rencontrés pendant la pandémie et les adaptations de l’espace sanitaire (tableau 5).

3. Les changements appliqués (pourquoi, comment, par qui, quand et pour combien de temps) et les contraintes d’adaptabilité et efficacité des solutions adoptés.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 65 de réaliser les entretiens à peu près de la même tout en uniformisant les thèmes des réponses afin réduire toute source de biais. Les conversations ont été entre huit et 16 questions et autour des aspects suivants : 1. Les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace

2. Les besoins imposés par la crise

4. Leur travail (accueil, flux, tri, sécurité du personnel…) Pour le premier cas de l’hôpital Joseph Bracops, deux entretiens ont été réalisés. Un premier, aux USI avec Isabelle Heulers qui est infirmière chef (Annexe 1) et le deuxième aux urgences, avec Axel Vincent Van Velthem qui est infirmier (Annexe 2).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 66 Tableau 5 - Description des entretiens

Infirmier aux urgences à l’hôpital Joseph Bracops Sur place avec visite guidée directifsemiIndividuel 20 minutes 2

3. L’hôpital Erasme Médecin chef de service des soins intensifs à l’hôpital Erasme Sur place avec visite guidée directifsemiIndividuel 46 minutes 8 Infirmier hospitalisationen à l’hôpital Erasme Par téléphone directifsemiIndividuel- 20 minutes 9

Architecte indépendant Par téléphone directifsemiIndividuel- 20 minutes 6

Directeur infrastructuresdes et des opérations à l’hôpital Saint-Pierre Sur place directifsemiIndividuel 45 minutes 5

Architecte partenaire chez AAU Sur place nIndividuelondirectif 1h minutes7 12

1. L’hôpital BracopsJoseph Infirmière chef aux soins intensifs à l’hôpital Joseph Bracops Sur place avec visite guidée directifsIndividuelemi 32 minutes 1

Architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme Par téléphone directifsemiIndividuel 41 minutes 11

Toutefois, un dernier entretien non directif autour des conséquences de la crise sur la conception des hôpitaux a été nécessaire pour compléter le travail et valider les propos du Etudecasde Répondant Entretien Type Durée totale Annexe

Ingénieur biomédical Sur place directifsemiIndividuel- 40 minutes 7

Infirmier chef adjoint aux urgences à l’hôpital Erasme médecinet urgentiste Par téléphone En groupe directifsemi 41 minutes 10

2. L’hôpital Saint-Pierre Médecin chef de clinique aux soins intensifs à l’hôpital Saint-Pierre Sur place avec visite guidée directifsemiIndividuel 1h minutes3 3 Médecin urgentistegénéralisteà l’hôpital Saint Pierre Par téléphone directifsemiIndividuel 30 minutes 4

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 67 personnel de santé. Ce dernier est réalisé avec Sylvain Beslier, de l’Atelier d’Architecture et d’Urbanisme (AAU) qui est un bureau spécialisé dans le secteur médico social (Annexe 12).

Observations

compréhension

2.2

L'observation a été effectuée et documentée au moyen de schémas architecturaux, notes et photographies. Les entretiens sur place ont été accompagnés de ces observations durant les visites aux sites des hôpitaux. Un relevé photographique des espaces et des adaptations, si celles-ci étaient encore présentes, a été établi. Mener une séance d’observation en présence des intervenants médicaux, m’a aidé à déterminer la nature de l’espace médical dans chaque cas et lier ces observations aux discours des répondants afin de construire une meilleure des adaptations, besoins et problèmes. Des notes d’observation guidées par les remarques du cadre médical ont été produites durant et immédiatement après la visite Des notes d’observations ont également été prises pendant ces visites sur terrain. Les documents recueillis lors de la visite sur terrain seront utilisés pour illustrer la situation des hôpitaux étudiés avant et après COVID. 2.3 Recherche documentaire Rappelons que notre objectif de recherche est d'examiner les adaptations dans chaque hôpital durant les différentes vagues de la pandémie du COVID-19 notamment dans deux services de premier rang dans la gestion de cette crise. Dans un premier temps, nous avons recueilli les documents décrivant la structure des hôpitaux en question. L’obtention de la plupart de ces plans a été faite à travers les personnes contactées pour les entretiens Il a été donc possible de réaliser un document étude des modes de travail, de circulation, et du flux des patients parmi d’autres éléments clés pour comprendre les aspects d’adaptabilité des espaces étudiés et comparer l’état initial de chaque structure aux transformations souhaitées et/ ou réalisées dans chaque cas.

1. Les types d’adaptations de l’espace hospitalier faites pendant le COVID telles que décrites par le staff médical de ces hôpitaux bruxellois et les architectes Entretiens semi directifs Analyse thématique photographiqueRelevé Etude et retraçage des plans Plans (Documentsnumérisésrecueillisphotos,plans … )

Tableau 6 Description des questions de recherche, données recueillies et méthodes d’analyse

Il a été également nécessaire de cartographier l’utilisation du personnel de santé de l’espace du service des urgences et soins intensifs après les visites afin d’analyser et mieux représenter les adaptations faites dans chacun des cas.

2. Les besoins exprimés par ces mêmes usagers et perçus et/ ou identifiés par les architectes Entretiens semidirectifs Analyse thématique Entretien non-directif

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 68

Les notes prises pendant la visite ont servi à mieux interpréter les propos de chaque intervenant dans chacune des études de cas. L’analyse thématique de ces deux catégories d’entretiens a commencé par leur lecture. Le premier but de cette lecture était d’identifier les thèmes relatifs aux questions de recherche de cette étude : les types d’adaptations faites pendant le COVID, les besoins, les contraintes liées à ces adaptations, et les limites de l’espace hospitalier existant. Cette étape a permis une « micro analyse » (Lejeune, 2019, p. 52) ou analyse fine (Quintin, s. d.) grâce à la transcription intégrale des entretiens Pour l’analyse des données, j'ai défini les « catégories thématiques et formelles pertinentes » (Schiltz, 2006, p269) afin de pouvoir coder le discours des participants à cette étude, les photos prises pendant les visites sur terrain ainsi que les plans numérisés et les documents recueillis (Schiltz, 2006). Ces catégories correspondent aux éléments des typologies décrites dans le cadre théorique de cette étude telles que l’analyse manuelle basée sur le codage, Question initiale de l’entretien et les plans recueillis des trois hôpitaux Analyse des plans (tableau 6).

Question de recherche Données recueillies Méthode d’analyse

3. Les difficultés et les contraintes liées à ces adaptations (adaptabilité) Entretiens semi Entretiendirectifs non directif

3. Analyse et traitement des données

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 69 En plus des photos prises lors des visites des différents services, les plans fournis par le corps médical et le personnel ont aidé à la compréhension des entretiens. L'interprétation des adaptations et des problèmes rencontrés pendant la crise sanitaire a été plus facile grâce à la visualisation de ces espaces où les changements ont été établis. La réalisation d'une série de schémas s'est également avérée nécessaire pour représenter ces adaptations, les zones dites propres et non propres et les différents flux au sein de l'hôpital (tableau 7).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 70 Tableau 7 Description des documents recueillis et réalisés Etude de cas Documents consultés et analysés Documents réalisés

2. L’hôpital Saint-Pierre - Plans recueillis du service infrastructure (Annexe 15) Documents recueillis des adaptations effectuées (Decroly, 2020) (figure 42) (Annexe 16) Photos capturées du documentaire (BX1, 2020) (figures 36, 38, 43 et 47) Photos capturées de la vidéo explicative (CHU Saint Pierre, 2020) (figure 40 et 41)

1. L’hôpital Joseph Bracops - Plans numérisés des USI, des urgences et du site (Annexe 14) - Relevé 21,COVIDavantPlans(figurependantPlans25Schémas31)26urgencespendantRelevé32USIpendantphotographiquelavisitedes(figures17,24et)photographiquelavisitedes(figures18,,27,28,29,30et(figures15et)desUSIavantetleCOVID16)desurgencesetpendantle(figures19,20,22et23)

3. L’hôpital Erasme - Documents recueillis des adaptations effectuées (Trenchant, 2020) (figures 52et 56) (Annexe 17) Photo capturée d’un reportage (RTBF, 2020) (figure 55) Photos issues d’un article (Bolcina, 2020) - Relevé PhotoUSIpendantphotographiquelavisitedes(figure54)pendantlavisite de l’hôpital (figure 58) - Schémas (figure 49 et Plan53) des USI avant le COVID (figure 50) Plan des urgences avant le COVID (figure 51)

- Relevé pendantphotographiquelavisitede l’hôpital (figure 37) Schémas (figures 34, 39 et (figurespendantPlansUSIpendantRelevé44)photographiquelavisitedes(figure35)desUSIavantetleCOVID45et46)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 71 04 ETUDES DE CAS

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 72

1. Les besoins exprimés par ces mêmes usagers et perçus/ identifiés par les architectes ; 2. Les types d’adaptations de l’espace hospitalier et plus précisément des urgences et des unités de soins critiques, faites pendant le COVID telles que décrites par le personnel médical de ces hôpitaux bruxellois et les architectes ; 3. Les difficultés et les contraintes liées à ces adaptations

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 73 L’évolution de l’hôpital résulte d’une série de facteurs qui contribuent à son amélioration, afin de mieux répondre aux besoins des usagers de cet espace. Afin de répondre aux questions de recherche abordées et déterminer les limites de la structure architecturale des hôpitaux bruxellois sous la crise du COVID 19 et les besoins perçus par le cadre médical et les architectes sous cette crise, ce chapitre expose les résultats de l’analyse qualitative. L’analyse thématique en lien avec les entretiens élaborés, les observations in situ des trois hôpitaux bruxellois ainsi que les documents recueillis dans les trois contextes étudiés. L’analyse a été effectuée en fonction des questions de recherche énoncées précédemment et qui sont les suivants :

Nombre de lits COVID : 10 Ventilation : Pas de système de ventilation Figure 14 Joseph Bracops (S.d.) [Photographie]. https://www.his izz.be/fr/hopitaux iris sud/infos pratiques et contact/joseph bracops_4

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La première étude de cas concerne l’hôpital Joseph Bracops situé à Anderlecht (figure 14). Elle se base sur deux entretiens établis avec l’infirmière chef aux soins intensifs (annexe 1) et un infirmier aux urgences (annexe 2). Les observations et les documents fournis par l’hôpital vont compléter cette analyse. L’hôpital Joseph Bracops se caractérise par sa proximité et son accueil (Buset, 2017). Il se compose d’une série de bâtiments, 16 plus précisément, qui se sont développés au fil des années de manière hétérogène pour répondre aux besoins hospitaliers qui ne cessent d’évoluer. L’accès principal à l’hôpital se fait à partir de la rue Dr Huet du côté de l’entrée des ambulances et du parking et vers le premier bâtiment qui est le bâtiment A. Celui-ci accueille le service des urgences au niveau du rez de chaussée. Le service des soins intensifs quant à lui est situé au premier étage du bâtiment adjacent qui est le bâtiment E. L’unité de soins intensifs compte 10 chambres dont deux avec sas. Seulement sept chambres sont utilisées en temps norma (figure 15). Localisation : Anderlecht Type : Hôpital public

1. L’hôpital Joseph Bracops

Urgences : Bâtiment A au rez de chaussée USI : Une unité avec 2 chambres avec sas, située dans le bâtiment E au premier étage Nombre de lits en temps normal : 7

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 75

1.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations

Figure 15 Services des urgences et des soins intensifs à l'hôpital Joseph Bracops

Rappelons d’abord que ce site représente un petit hôpital comparé aux deux cas qui vont suivre Un certain nombre de limites a été exprimé par les usagers de l’hôpital Joseph Bracops Les détails de ce site ont été observés et documentés pendant la visite au service des urgences et des soins intensifs. On peut voir que le premier répondant qui est infirmière chef au service des soins intensifs de cet hôpital décrit que l’espace aux USI « est fortement réduit » car pour elle « c’est un petit hôpital » (annexe 1) n’ayant probablement pas assez de flexibilité en termes des adaptations possibles. Cette question va être mieux développée en lien avec la description des adaptations dans ce contexte Il est important de noter que cette participante a insisté sur le « manque de flexibilité » vu qu’« ils n’ont pas suffisamment d’espace » (Annexe 1) De même, cette infirmière chef aux USI a montré pendant la visite que « deux chambres avec sas n’étaient pas assez » pendant cette crise sanitaire (Annexe 1). Elle a également mentionné le problème lié au manque de « chambres d’isolement » (en rose) dans cet hôpital (figures 16 et 17) D’après cette même personne, « il aurait fallu la totalité des chambres d’isolement avec un sas ». Elle a également évoqué que « quand on ouvre la porte il faut se déshabiller soit à l’intérieur soit à l’extérieur » de l’unité car ils n’ont pas un espace dédié pour se changer. Il est clair que cette personne était consciente des problèmes d’espace qui ont rendu la performance du staff médical difficile pendant la gestion de cette crise.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 76 Figure 16 - Plans des USI avant et pendant le COVID

L’entretien avec l’infirmier aux urgences de cet l’hôpital a également révélé des problèmes d’ordre architectural qui ont compliqué la mission du staff médical pendant cette crise. Cet infirmier considère, par exemple, que « les boxes » des soins dans ce service sont « pareillement distants », ce qui représentait un vrai problème de circulation pour le personnel soignant particulièrement dans une aussi « grande salle avec plusieurs malades ». Cet infirmier a souligné ce problème qui risque de compliquer le travail du cadre médical sur trois niveaux. Il a principalement mentionné le problème de l’intimité des patients qui selon lui « n’est pas top », les risques liés à la « transmission des bactéries », et finalement « le confort » des patients. La description de ces boxes et leur observation sur place ont montré qu’ils étaient Figure 17 Gaaloul, M. (2022, mars 29). Une des deux chambres de soins intensifs avec sas et un accès au couloir poubelles. [Photographie].

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 77

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 78 fermés et « plutôt à l’arrière » du service des urgences (figure 18). Le répondant a expliqué que ces espaces servaient à mettre les cas COVID Figure 18 - Gaaloul, M. (2022, juin 14). Boxes de soins à l’arrière des urgences. [Photographie].

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 79 Comme nous pouvons voir sur ce plan du service des urgences de l’hôpital Joseph Bracops (figure 19). Cette figure illustre le problème décrit par l’infirmer aux services des urgences concernant l’emplacement des boxes de soins et les difficultés auxquelles le staff médical a fait face pendant la crise. Figure 19 Plan des urgences avant le COVID

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 80 L’une des plus grandes contraintes de cet espace en termes d’adaptabilité était l’impossibilité de créer « un circuit COVID et un circuit non COVID » aux soins intensifs notamment avec le flux des patients (figure 20) Figure 20 (T1) Adaptation des urgences à la première vague

Concernant tous les problèmes mentionnés par les deux répondants, il est important de rappeler une information essentielle à l’interprétation de ces problèmes en fonction non seulement de l’espace mais également le temps. En effet, selon l’infirmière chef aux soins intensifs la situation est devenue plus compliquée à partir de la deuxième vague « avec la réouverture du quartier

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 81 En tant qu’usagers de cet espace, la « sécurité du personnel [n’est] pas assurée à cause de l’organisation de l’espace… même si on a délimité les zones » (infirmier aux urgences). En d’autres termes, la séparation des deux types de patients a été clairement irréalisable (Annexe 1). Tel que décrit par l’infirmier aux urgences de cet établissement de santé, le problème le plus inquiétant de la salle de réanimation est l’emplacement des « deux boxes réservés pour les patients les plus graves » qui se sont retrouvés « dans la zone COVID » après avoir séparé l’espace des urgences en deux (Annexe 2). En termes pratiques, la difficulté était de pouvoir donner les soins demandés aux patients COVID, hospitalisés en réanimation contrairement aux autres patients COVID aux urgences. Les deux participants ont insisté, à un moment ou à un autre au cours des entretiens, sur le fait que cet hôpital est trop petit pour être préparé à une crise sanitaire d’une telle ampleur. Comme l’a rapporté le deuxième participant, infirmier aux urgences, le problème principal est qu’il n’y a pas « un vrai triage » aux urgences de Bracops. Il a expliqué que le tri des patients s’est plutôt fait directement « à l’accueil avec les ambulanciers ». Ce qui est important d’une perspective architecturale est qu’il existe « un seul couloir d’entrée pour tout le monde » comme le montre la figure 16 ci dessus. En effet, le fait d’avoir la zone COVID au fond des urgences n’est pas idéal parce que la patient COVID positif doit rentrer par l’entrée principale des urgences en passant par ce couloir et doit « traverser toutes les urgences avant d’arriver au fond » (Annexe 2). Ce couloir unique pour le passage des patients pendant la crise ne favorise pas l’isolement des cas contaminés et la protection des autres patients et leurs familles.

La zone COVID établie par le corps médical a été ajustée au fur et à mesure des vagues (figures 21, 22 et 23). Elle a reculé vers l’arrière des urgences à partir de la deuxième vague. Ils ont tout d’abord commencé à libérer le box réanimation et ils ont décalé les boxes plus dans l’arrière des urgences et le personnel a commencé à travailler des deux côtés en s’habillant pour se protéger du COVID Et chaque fois qu’ils reculaient la zone COVID, Ils ajoutaient de nouveau des séparations pour la délimiter (Annexe 2)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 82 opératoire » et le manque de personnel qui a dû reprendre ses fonctions dans d’autres services non COVID (Annexe 1) Figure 21 (T2) Adaptation des urgences à la deuxième vague

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 83 Figure 22 (T3) Adaptation des urgences à la troisième vague Figure 23 - (T4) Adaptation des urgences actuellement

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 84 1.2

Aux urgences de ce petit hôpital, les adaptations se sont révélées « pas pratiques à cause de la contrainte de l’espace » car selon l’infirmier l’espace est « limité aux quatre murs ». Malgré l’espace réduit, et avec un vrai manque de préparation à la pandémie du COVID 19, les

Quant aux urgences, les besoins ont été plus spécifiques. Ils concernent des espaces favorisant l’organisation du flux des patients en relation avec leur « arrivée, triage, [et] entrée ». (Infirmier aux urgences). Confirmant l’importance de l’espace, ce répondant évoque un besoin réel pour un espace hospitalier qui soit plus grand (Annexe 2). Il a exprimé un besoin de prévoir des solutions à long termes et non pas des solutions provisoires pour faire face à ces crises sanitaires. Il a même donné l’exemple « des espaces aux urgences pour les patients contaminés » (Annexe 2). 1.3 Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier En termes d’adaptation et de flexibilité, et en rapport avec le flux des patients, ce petit espace et la structure architecturale existante n’a pas permis « un circuit COVID et un circuit non COVID… Au service des urgences, l’infirmier a précisé que les adaptations ont été faites « au fur et à mesure des vagues et du flux » (Annexe 2). Il n’y a pas de circuit possible pour séparer les deux ». La division des urgences en zone COVID et non COVID a engendré d’autres problèmes en lien avec « les boxes fermés, stock du matériel et le box réanimation » qui étaient en zone COVID, ce qui a poussé l’hôpital à « en créer dans la zone non COVID » (Annexe 2).

Besoins émergents

Il est probablement utile de décrire les besoins créés par cette nouvelle réalité sanitaire aux soins intensifs de cet hôpital. D’après les entretiens, l’un des premiers besoins est de prévoir « la totalité des chambres d’isolement avec sas pour pouvoir s’habiller et se déshabiller pour le personnel » (l’infirmière chef). Il faut également prévoir des sorties de ces chambres vers un couloir poubelles (Annexe 1). Dans le contexte d’une telle pandémie, la ventilation et la séparation des flux d’air est une nécessité d’après la représentante du personnel médical aux soins intensifs. Le staff médical de cet hôpital a considéré qu’il était indispensable de diminuer les déplacements entre l’espace COVID et non COVID et entre les étages pour une sécurité optimisée et une performance professionnelle adéquate (Annexe 1). On peut également identifier un besoin de dédier plus d’espace à l’espace sanitaire quand elle précise qu’« il faut vraiment beaucoup plus d’espace » (Annexe 1)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 85 responsables à cet hôpital ont été obligés « de bricoler avec les moyens du bord avec des bâches, des paravents » (Annexe 2). En ce qui concerne les types d’adaptations de l’espace hospitalier pendant la crise du COVID19, Selon l’infirmier aux urgences de l’hôpital Joseph Bracops, le manque d’espace « rend difficile d’adapter et de rajouter des boxes ou créer de nouveaux espaces dans quelque chose qui est déjà limité au niveau de la structure » (Annexe 2). Cet espace réduit d’un côté, et la pression qu’a mis la crise d’un autre, ont poussé les responsables de cet espace hospitalier à faire quelques adaptations qui se résument à la séparation des urgences en deux zones différentes avec des En ce qui concerne les adaptations aux soins intensifs de l’hôpital Joseph Bracops, on peut remarquer que malgré la crise et les besoins qu’elle a imposé, il n’y a « pas eu beaucoup d’adaptations » à cause des contraintes de l’espace et la rigidité de la structure qui ne pouvait pas permettre une adaptabilité de l’espace existant (Annexe 1). Un autre type d’adaptation indirectement lié à la structure architecturale du premier service étudié consiste au changement de fonction du personnel du quartier opératoire qui a dû travailler aux soins intensifs selon la chef infirmière. Pendant les deux premières vagues de la pandémie, il y a une réorganisation de l’hôpital avec la création du service COVID. Par exemple, « dès qu’un patient va mieux aux Unités des Soins Intensifs (USI), il va au service COVID » (Annexe 1). 1.3.1 Modificabilité Durant cette crise, le personnel de l’hôpital Joseph Bracops a eu recours au « déménagement d’une salle de rangement avec du gros matériel vers la salle d’attente ». Ceci a été favorisé par l’absence de visites et la disponibilité de la salle. Après les premières vagues de la pandémie et après la fin des confinements imposés, ils ont eu besoin de recréer une salle d’attente (figure 24). Par conséquent, Ils ont laissé la salle jusqu’en mars dernier seulement et ils viennent de la reranger (Annexe 1).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 86

L’une des adaptations nécessaires et réalisables dans ce contexte était l’augmentation du nombre de lits de 7 à 10 vu qu’ils avaient la possibilité d’augmenter en interne et vu qu’ils ont 10 chambres au total (Annexe 1). Cet Example montre la façon par laquelle l’hôpital a exploité sa capacité maximale en rajoutant des lits. Dans le contexte des soins intensifs, la plupart des adaptations ont compris le déménagement de chambres et réaménagement d’autres « avec du matériel de monitoring, respirateur… ». D’après cette infirmière chef, il était possible d’adapter deux chambres supplémentaires pour faire faces aux nouvelles demandes de cette crise (Annexe 1). Avec l’utilisation d’un seul espace COVID les déplacements et la circulation entre les espaces ont été limités (figure 24). Cet espace a permis quelques modifications mineures avec des composants mobiles. Le plus gros changement qui était indispensable avec le manque de flexibilité et d’espace était de « séparer les urgences en deux espaces COVID et non COVID (presque dès l’entrée) avec des panneaux et des bâches pour la fermeture entre les 2 zones » (Annexe 2). L’infirmer des urgences a également expliqué que la création d’une zone COVID a permis de « fermer le reste derrière » tout en laissant « un seul accès et un seul médecin [avec] une infirmière qui restaient là-bas tout le temps » (figure 25 et 26).

Figure 24 - Gaaloul, M. (2022, mars 29). Matériel de la salle de rangement déplacé en salle d’attente pendant la première vague. [Photographie].

Figure 25

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 87

Principales adaptations aux soins intensifs de l'hôpital Bracops

La grande salle des urgences a été dédiée aux cas urgents non-COVID. D’après cette photo qui confirme les propos de l’infirmier, l’espace des urgences divisé provisoirement en urgence par les panneaux et les bâches a obligé le personnel de santé à « déplacer et dupliquer des salles en zones propres ». Par exemple, alors qu’ils ont créé « un box dans la salle spécialisée pour Figure 26 - Gaaloul, M. (2022, juin 14). Zone COVID et zone de tri actuelles. [Photographie].

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 88 les cas graves qui ont été intubés », ils ont aussi créé « un stock de matériel dans la zone nonCOVID » (figures 27 et 28) (Annexe 2)

Figure 27 Gaaloul, M. (2022, juin 14). Salle des urgences. [Photographie].

Figure 28 - Gaaloul, M. (2022, juin 14). Stock et salle de réanimation. [Photographie].

Figure 31 Gaaloul, M. (2022, juin 14). Indications et panneaux. [Photographie].

La figure 31 illustre des exemples de modificabilité puisque l’hôpital a eu recours à la création de voies de circulation avec mise en place de barrières physiques, marquage au sol, et panneaux pour guider les usagers du service d’urgences pendant leurs déplacements. Nous pouvons voir les indications du centre de dépistage avec des flèches en français, anglais et en néerlandais. Ceci a été accompagné par un « affichage sur les portes » en rouge comme sur la photo en bas à gauche (Annexe 2).

Figure 29- Gaaloul, M. (2022, mars 29). Zone de dépistage au parking de l’hôpital. [Photographie].

Figure 30 Gaaloul, M. (2022, juin 14). Zone de dépistage au garage des ambulances. [Photographie].

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 89

Le deuxième répondant m’a également montré les endroits où a été créé à avec chaque vague un centre de testing. Ce centre de dépistage a été créé au début de la pandémie dans les urgences mêmes puis il a été délocalisé dans le parking devant l’hôpital avec des tentes de la croix rouge. Il est important de noter qu’au moment de la visite et comme indiqué sur la photo ci dessous, des conteneurs ont été ajoutés pour remplacer les tentes de la croix rouge (figure 29). Finalement, il a été décidé placer ce centre dans le garage des ambulances avec un petit local aménagé (figure 30).

Figure 32 - Gaaloul, M. (2022, mars 29). Laboratoire de sommeil. [Photographie].

En lien avec les problèmes évoqués auparavant empêchant les autorités sanitaires d’introduire suffisamment de modifications sur l’espace hospitalier dans ce contexte, nous pouvons plutôt parler de polyvalence. Pendant la première vague en 2020 et d’après l’infirmière chef aux soins intensifs de cet hôpital, « ils ont dégagé deux chambres à l’extérieur du labo de sommeil parce qu’elles étaient libres ». L’avantage de ces chambres (figure 32) est qu’elles étaient « équipées de douches et ont été utilisées par le personnel pour se laver avant de sortir de l’hôpital ». Malgré l’absence de toute modification physique dans ce service, nous avons pu observer l’introduction d’une nouvelle fonctionnalité à un espace déjà existant pour faciliter la décontamination du staff médical et l’amélioration de leurs conditions de travail (Annexe 1).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 90 1.3.2

Polyvalence

• Séparation du service paraventsbâches,mobilescloisonsCOVIDCOVIDdeuxurgencesdesenzonesetnonavecdes«des»

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité Aucune physiquemodification;nouvellefonctionnalité Modification mineure avecmobilescomposants d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

• duDéménagementmatérielvers la salle d’attente pour libérer une chambre aux soins intensifs • Utilisation d’équipement portable et mobile supplémentaireschambresaménagerpourles

• Création de voies circulationde avec marquage au sol et panneaux Création de salles dans la zone propre des urgences

deModification l’hôpital : BracopsJoseph Utilisation de deux chambres du laboratoire de sommeil soinspersonnelvestiairescommepourledesintensifs

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 91 Le tableau 7 ci-dessous résume les différentes adaptations réalisées au niveau des soins intensifs et des urgences à l’hôpital Joseph Bracops : Tableau 8 Résumé des adaptations à l'hôpital Joseph Bracops Flexibilité

Typologie

d’adaptations

• Tentes leleconteneurspuisdansparkingpourdépistage

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 92 2. L’hôpital Saint-Pierre

La deuxième étude de cas est autour de l’hôpital Saint Pierre situé à Bruxelles (figure 33). Elle se base sur cinq entretiens établis avec un médecin chef de clinique aux soins intensifs (annexe 3), un deuxième médecin urgentiste (annexe 4), le directeur des infrastructures et des opérations de l’hôpital (annexe 5), un architecte (annexe 6) et un ingénieur biomédical (annexe 7). Les observations faites sur place et des documents réalisés par le service infrastructure de l’hôpital et qui illustrent les différentes adaptations vont compléter cette analyse. L’hôpital Saint Pierre se caractérise par son implantation au cœur de la ville. Initialement une léproserie, l’hôpital est aujourd’hui une référence en termes de traitement de maladies infectieuses. Il se compose de 10 bâtiments qui se sont développés de manière verticale au fil des années. L’hôpital dispose de trois accès principaux, l’accès vers les urgences se fait du côté de la rue Haute et le service des urgences se trouve au niveau du rez-de chaussée du bâtiment 600. Le service des soins intensifs est situé au 7ème étage du bâtiment 500 (figure 34). Il dispose de trois unités selon trois types de soins différents. Une unité de soins intensifs chirurgicaux (unité A) qui comprend 8 chambres dont deux avec sas. Une deuxième unité (unité Localisation : Bruxelles Type : Hôpital public Urgences : Bâtiment 600 au rez de chaussée USI : Trois unités avec 14 chambres avec sas à pression, situées dans le bâtiment 500 au 7ème étage Nombre de lits en temps normal : 26 Nombre de lits COVID : 30 Ventilation : Ventilation à pression négative et positive Figure 33 - Saint Pierre. (S.d.). [Photographie]. https://www.stpierre bru.be/presentation chiffres cles/

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 93 B) qui est l’unité de soins intensifs médicaux qui compte aussi 8 chambres dont deux avec sas. La dernière est une unité coronaire qui dispose de 10 chambres avec sas (unité C).

2.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations Pendant la visite guidée par un médecin chef de clinique aux soins intensifs à l’hôpital Saint Pierre, des photos ont été prises (figure 35) pour illustrer l’impact du COVID sur la structure architecturale et le travail du staff médical. D’autres photos capturées d’un documentaire sur le même hôpital et d’une vidéo explicative ont servi à compléter cette analyse. Les résultats d’analyse des données relatives au deuxième cas d’étude vont être exposés puis discutés. Ce médecin chef de clinique a indiqué au début que l’USI A a ouvert en 1996 mais que « rien n’a changé depuis… peut être la peinture une fois ou deux » et que les adaptations imposées par la crise sanitaire du COVID « ont demandé beaucoup de travail » (Annexe 3). D’après la description de l’architecture de cet hôpital (Soins intensifs (USI), 2014), « L'unité de soins Figure 34 Services des urgences et des soins intensifs à l'hôpital Saint Pierre

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 94 intensifs a emménagé dans de nouveaux bâtiments en l'an 2000. Elle bénéficie de locaux spacieux, modernes et rationnels. » Le Directeur des infrastructures et des opérations à l’hôpital a précisé également que « les adaptations doivent être incluses dans le PUH ». L’architecte interviewé a critiqué la stratégie adoptée pendant la crise en ce qui concerne les adaptations. Le problème principal était le manque de coordination avec un architecte au niveau de la conceptualisation et le plan des modifications. Pour lui, cela veut dire que ces adaptations ont été introduites sans une vraie « planification [ou] organisation ». Les entretiens ont également permis de découvrir d’autres difficultés d’une manière plus spécifique. D’après le médecin chef, malgré la disponibilité de nombreuses chambres, il est « impossible de les utiliser de manière efficiente vu que ce sont des chambres isolées » les rendant non fonctionnelles pendant cette pandémie. (Annexe 3). En termes de flux et de circulation, le médecin chef a parlé de la difficulté de performer des actes habituellement faciles tels que ramener du matériel médical et des médicaments pendant Figure 35 - Gaaloul, M. (2022, avril 11). USI actuelles. [Photographies].

Le médecin généraliste urgentiste à l’hôpital Saint Pierre a mentionné que l’hôpital « accueillait environ 180 personnes par jour par rapport aux autres hôpitaux bruxellois en moyenne » qui n’accueillent qu’« entre 15 et 20 patients ». Il pense que cette répartition n’est pas équitable (Annexe 4). En d’autres termes, l’hôpital a fait face à une pression sans précédent excédant sa capacité à cause de la pandémie. L’architecte indépendant interviewé dans cette étude a précisé que son rôle a consisté juste à dessiner le plan d’implantation des adaptations faites pour le tri des urgences, sans qu’il n’ait

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 95 la crise sanitaire (Annexe 3). L’architecte indépendant confirme qu’il faut « éviter que les gens se croisent » (Annexe 6) car d’après le Médecin chef il y a un problème au niveau de la « Gestion des flux des patients [et un] problème de communication » (Annexe 3) De plus, il pense que l’entrée et la sortie des chambres des patients présente un défi réel car les soins intensifs demandent une surveillance continue des malades malgré les risques de contamination élevés. Le directeur des infrastructures et des opérations à l’hôpital Saint Pierre décrit les USI actuelles comme étant « bien trop petites » (Annexe 5) L’un des problèmes évoqués par le médecin chef à l’USI est que la transformation de l’unité 509 qui est une unité de pédiatrie en un espace COVID a révélé que c’était « une unité très longue ». Il s’est plaint également des chambres qui « sont trop petites » ne laissant pas suffisamment d’espace de circulation pour le staff médical surtout « dès qu’il y a du matériel ». Il précise que cet aspect entraîne des conséquences sur la performance du personnel médical car cet espace n’est pas vraiment pratique à cause de ces contraintes. Il dit, « on ne sait plus tourner autour du patient » (Annexe 3). Le directeur des infrastructures et des opérations à l’hôpital Saint Pierre fait le lien entre les problèmes rencontrés au niveau de cette unité avec le fait qu’il ne s’agit pas initialement d’une « unité pure USI ». Il explique que malgré sa correspondance aux critères demandés au niveau du traitement d’air, elle reste limitée au niveau des équipements. Le médecin chef a évoqué un autre problème lié à la visibilité à la suite des adaptations faites sur ce site. En se basant sur les caractéristiques de l’espace sanitaire en question, telles que perçues par le premier répondant, « les portes et fenêtres [sont] trop petites » dans l’unité de pédiatrie qui a été utilisée pour les cas COVID A la base, ces fenêtres servent à contrôler les patients sans l’obligation d’entrer dans leurs chambres ce qui pose un problème de visibilité des patients. Pour ce médecin chef, quand on est « dans une chambre on ne voyait pas ce qui se passe dans la chambre voisine et dans toutes les autres » (Annexe 3).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 96 eu le pouvoir de décider des adaptations à faire dans ce contexte. Des problèmes différents ont été observés et identifiés par ce professionnel qui a mis le doigt sur le problème de devoir « sortir à l’opposé du circuit » créé En effet, le circuit est un mélange d’espaces intérieurs et extérieurs. Il a comparé cet espace à une « sorte de labyrinthe ». Ses perceptions des problèmes de sa perspective en tant qu’architecte couvrent beaucoup de limites dans cet espace. Selon, le médecin urgentiste travaillant à l’hôpital Saint Pierre, le flux important des malades qui correspond à un nombre de patients « sur places [qui] a triplé » à l’hôpital pendant la crise sanitaire, a fait que le nombre de personnel a augmenté aussi. Ce facteur a entrainé un vrai déséquilibre pendant la crise. L’ingénieur biomédical qui a participé à l’élaboration des adaptations au niveau des urgences, a également évoqué l’implantation des tentes mises pendant le COVID qui étaient « collées les unes à côté de l’autre ». Il a considéré tout le parcours installé vers les urgences comme étant « bizarre ». D’après l’entretien, ses remarques ont été fondées sur des observations du flux des patients montrant que « l’arrivée des gens sur le site était particulière » pendant cette pandémie et les caractéristiques de la structure adaptée n’étaient pas adéquates à la gestion des flux des patients (Annexe 7).

Le directeur des infrastructures à cet hôpital pense que cet espace hospitalier « est vraiment encaqué dans la ville ». Il explique ce problème par son emplacement sans un milieu urbain. Donc, cet hôpital a des contraintes particulières qu’on ne trouve pas dans « les hôpitaux en bordure d’agglomération avec des surfaces disponibles… » (Annexe 5). Ce manque d’espace est visible dans l’absence « de grandes salles d’attentes » selon le directeur. Deux répondants ont parlé de la « contrainte de place » (ingénieur biomédical ; directeur des infrastructures et des opérations à l’hôpital). Ils pensent que le manque de place aux urgences rend difficile le tri qui « se fait à l’extérieur » (directeur des infrastructures et des opérations). Ce problème de tri a été également confirmé par le médecin généraliste urgentiste. Ce dernier a mis l’accent sur la question de tri (Annexe 4). Pour surmonter ce problème d’espace, l’hôpital était dans l’obligation de créer un triage devant l’hôpital pour « rediriger les gens vers les urgences zones COVID et non COVID » (ingénieur biomédical). Le directeur des infrastructures et des opérations à l’hôpital Saint Pierre a semblé être conscient du même problème quand il a déclaré que « le tri doit se faire le plus en amont possible » (Annexe 5). Pour l’ingénieur biomédical qui a aidé pendant la création des boxes de consultation à l’extérieur des urgences (figure 36), « l’hôpital n’a pas su réagir rapidement » confirmant le manque de préparation à une crise de cette ampleur. La réduction rapide de l’« utilisation des boxes parce qu’ils ont un peu

Ce qui a compliqué la situation durant les adaptations dans cet espace est qu’il « n’est pas adapté » (ingénieur biomédical) En effet, il explique que la nature de la surface de la cour des urgences n’est pas plane (Figure 37). Cette dernière personne a parlé de l’entrée des urgences qui « est un peu étriquée », donc un espace rigide et plutôt difficile à adapter. Il a également précisé que l’espace qu’ils ont pu utiliser devant les urgences pour la zone de tri était plutôt réduit. Ils n’ont pas pu utiliser la totalité de la cour, vu que celle ci est dédiée partiellement à la circulation des ambulances. En effet, il a expliqué : « On n’a pas pu mettre quelque chose à cet endroit là parce qu’ils bloquaient l’accès de toutes les ambulances ». Figure 36 - BX1. (2020, décembre 23). Système de tri des urgences [Photographie]. CHU Saint Pierre. https://www.youtube.com/watch?v=LYy Np4ypaY

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 97 surdimensionné » confirme que les premières réactions à la crise n’étaient pas bien planifiées (Annexe 7).

Figure 37 Gaaloul, M. (2022, avril 11). Cour des urgences. [Photographie].

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 98

Les adaptations faites selon le médecin chef aux soins intensifs n’ont pas toujours résolu les problèmes qu’a affronté le staff médical à cet hôpital. Ils ont fait face à des problèmes liés à d’autres facteurs tels que les équipements manquants et le personnel médical. Ce médecin est allé jusqu’à considérer l’aménagement de la salle de réveil comme « une forme d’erreur parce qu’ils n’avaient pas tout l’équipement nécessaire » (Figure 38). Pour lui, « les solutions n’ont pas été un grand succès » aux soins intensifs comme il y avait ou « trop de personnel pour très peu de patients » ou un « manque de personnel ». A titre d’exemple, et comme l’a expliqué le médecin chef de clinique aux soins intensifs à l’hôpital Saint Pierre, le défi était de trouver « du personnel en permanence pour les patients » dans les chambres de soins intensifs. Ces patients ont « besoin d’une ventilation assistée » ce qui a rendu la présence du staff médical en plus des équipements et l’espace nécessaire indispensable (Annexe 3). De cette perspective, les adaptations ne dépendent pas uniquement de la structure hospitalière mais d’autres facteurs tels que le personnel disponible et le matériel nécessaire.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 99

2.2 Besoins émergents D’après les entretiens avec 3 représentants du staff médical et les deux autres professionnels, il est possible d’identifier un bon nombre de besoins architecturaux imposés par cette pandémie. Le médecin chef de clinique aux soins intensifs à l’hôpital Saint Pierre a clairement exprimé un besoin pour plus « de place et d’espace » dans ce service (Annexe 3). Il a également insisté sur le besoin de créer deux espaces séparés COVID et non-COVID avec sas tampon pour faciliter le déplacement et le changement des EPI du staff médical entre les deux espaces en toute sécurité. L’espace USI doit également favoriser une meilleure visibilité des patients (Annexe 3) pour que le personnel de santé mène à bien sa mission tout en minimisant le risque d’un contact avec le patient contaminé. Parmi les autres besoins, en rapport avec la question d’espace supplémentaire en soins intensifs, on doit prévoir dans la conception de ce service, en particulier, des chambres plus spacieuses qui peuvent minimiser les déplacements « des patients de leurs chambres pour les procédures médicales » (Annexe 3). Autrement dit, les chambres devraient avoir la capacité de contenir le lit du patient et le matériel nécessaire pour son suivi médical tout en offrant un espace de circulation pratique pour le staff médical. La sécurité du staff médical a besoin d’être assurée également par un accès facile au stock d’après ce médecin chef de clinique aux soins intensifs.

Figure 38 BX1. (2020, décembre 23). Salle de réveil [Photographie]. CHU Saint Pierre https://www.youtube.com/watch?v=LYy Np4ypaY

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

100 De même qu’aux USI, la conception de l’espace sanitaire dans le futur devra reconsidérer un certain nombre d’aspects importants. Le médecin généraliste urgentiste à cet hôpital a évoqué la question de « circulation » qui est d’une importance particulière (Annexe 4) puisqu’il faudra « repenser les flux des gens » (Annexes 5, 6 et 7) et la question d’isolement (Annexe 4) Ce dernier aspect pourra favoriser la séparation des maladies contagieuses. L’un des objectifs principaux de l’isolement des cas contagieux est d’« éviter la contamination de la structure hospitalière » (Annexe 4). Pour assurer la sécurité du personnel médical, l’ingénieur biomédical a exprimé le besoin de l’isolement de « la partie patient et la partie médecin [en y dédiant] deux espaces séparés ». Il a même précisé qu’ils ont eu besoin de trois boxes, un de taille standard pour le médecin, et deux boxes pour les patients dont un grand pour femme avec enfant ou une personne à mobilité réduite (Annexe 7)

L’architecte indépendant a semblé avoir une vision plus générale et technique de la crise. Il a insisté sur l’importance d’anticiper bien à l’avance tous les problèmes discutés auparavant pour une meilleure préparation aux crises. Il pense qu’il est nécessaire de « penser en amont à ce genre de problème pour éviter de se trouver en dernière minute à mobiliser des tentes et des scouts pour aider à la construction » (Annexe 6). De sa perspective de professionnel dans le domaine d’architecture, il a identifié des besoins auxquels les autres intervenants n’ont pas pensé. Pour lui, il est nécessaire d’« avoir des matériaux facilement nettoyables et désinfectées [et de] ne pas utiliser des matériaux granuleux » et facilement lavables. Finalement, il est indispensable d’utiliser « une structure facile et rapide à monter »

2.3 Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier D’une manière générale la crise a engendré une « réorganisation de tout l’hôpital » surtout après l’arrêt de toutes les activités considérées moins urgentes que le COVID (Annexe 3). En d’autres termes, tout l’hôpital a dû d’une manière ou d’une autre s’adapter à la pandémie. L’analyse d’un documentaire réalisé au CHU Saint Pierre sur le COVID en mars 2020 montre que le comité de direction de l’hôpital confirme les propos de ce médecin chef. Ce comité a mis l’accent sur l’importance d’anticiper de tels événements et de « préparer l’hôpital à tous les scénarios » possibles. Pour Philippe Leroy, directeur général de l’hôpital, l’endroit « est méconnaissable, toute la structure des soins a été repensée pour s’adapter à la prise en charge des patients COVID et non COVID pour limiter les risques de contaminations ». L’analyse des plans des

En effet, “la décision d'externaliser le tri des patients (figure 39) qui arrivent aux urgences de l’Hôpital Saint Pierre a été prise pour d'une part désengorger au maximum le service des urgences et permettre de traiter un grand nombre de patients”. La description des circuits COVID et non COVID dans la vidéo nous permet de comprendre que « les patients sont dirigés depuis ce centre vers des boxes de tri », (figure 40) qui ont été créés d’après Decroly (2021) et qui ont comporté « quatre cabines de consultations avec un couloir réservé uniquement aux

La vidéo confirme les propos du médecin urgentiste pendant l’entretien. La stratégie d’adaptation des urgences de l’hôpital Saint-Pierre aux demandes de la pandémie a été décrite par le médecin urgentiste dans la vidéo et pendant un symposium présenté en février 2021 déclarant que les « centres de tri spécifiques en « DROPLETS CONTROL » ont pris en compte les aspects suivants : ▪ Externaliser ▪ Organiser un « Tri extérieur qui chasse » ▪ « Tri qui classe » intra hospitalier ▪ Protection ▪ Soignants (très largement : administratifs, nettoyage, brancardage...) ▪ Patients ▪ Blocs étanches pour la désinfection par nocolyse (Decroly, 2021)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 101 adaptations faites aux services d’urgences a servi à mieux comprendre la nature de ces adaptations. 2.3.1 Extensibilité

Une vidéo explicative (CHU Saint Pierre, 2020) du système de tri créé à l’extérieur de l’hôpital Saint Pierre a été analysée. L’analyse de cette vidéo a permis de montrer (1) les adaptations, (2) le circuit du patient avant et après le tri, (3) les espaces dédiés aux patients et au staff médical et (4) les matériaux utilisés. Dans cette vidéo explicative nous pouvons voir un certain nombre d’adaptations auxquelles la personne interviewée aux urgences a fait référence pendant l’entretien tout en me conseillant de consulter cette vidéo pour de plus amples détails. Des photos fournies par le médecin urgentiste ainsi que des captures d’écran qui ont été prises de la même vidéo ont également servi à illustrer ces adaptations.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 102 patients » et un autre réservé aux médecins seulement (figure 40). Cette adaptation a rendu possible l’isolement des cas COVID des cas non COVID assurant leur sécurité et celle du cadre soignant. Une « plaque en Plexiglas » assure cet isolement entre l’espace du patient et la cabine bien équipée du médecin pendant les consultations. Tel que décrit par le médecin urgentiste dans la vidéo et illustré sur la figure 40, « vous voyez à travers cette plaque en plexiglas le médecin à sa disposition des stéthoscopes et un tensiomètre afin d'examiner correctement le patient ». Après la consultation le patient est dirigé ou vers ou l'hôpital ou vers l'extérieur.

Figure 39 Illustration d’un box de consultation. Adapté de « Les dispositifs d’accueil aux urgences pour une meilleure prise en charge du patient COVID avéré ou suspect (triage + tests mobiles », par Decroly, M. (2021). AMUB https://www.amub learning/12/list?fbclid=IwAR3vN7E8te7S5keWlBn9faCkpmD2BLffAmzGifwenNK4eP_TfLy9nYgFjCkulb.be/e

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 103 1. Tri des patients 2 Espace d’accueil 3. Boxes de consultation 4. Couloir des patients 5. Espace de consultation 8. Sortie 6. Couloir des médecins 7. Séparation avec plexiglass Figure 40 CHU Saint Pierre. (2020, mars 26). Tri et boxes de consultation [Photographies]. CHU Saint Pierre. https://www.youtube.com/watch?v=qHmolEjANCw

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 104 D’après la vidéo (CHU Saint-Pierre, 2020), « le couloir pour le corps médical est totalement équipé avec une ligne data pour un PC si on le désire, un chauffage, un téléphone et le Plexiglas » avec un système (un macaron jaune sur la porte) permettant « de déterminer si oui ou non la cabine de consultation est infectée pour effectuer le plus rapidement possible la désinfection ». En ce qui concerne les matériaux utilisés, « ces modules sont constitués de plexiglas et de bois mélaminé afin d'en faciliter au maximum l'entretien et la désinfections ». Il était également important de construire des « blocs […] étanches pour pouvoir faire une désinfection par nocolyse » (Decroly, 2021). La figure 41 illustre la construction de 24 boxes qui ont été mis en place « en 48 heures » le 22 mars 2020 en plus des 6 Tentes sur planchers et 3 Salles d’attente Figure 41 - Construction des boxes sur planchers en bois pour aplatir le sol. Reproduit de « Les dispositifs d’accueil aux urgences pour une meilleure prise en charge du patient COVID avéré ou suspect (triage + tests mobiles », par Decroly, M. (2021). AMUB. https://www.amub learning/12/list?fbclid=IwAR3vN7E8te7S5keWlBn9faCkpmD2BLffAmzGifwenNK4eP_TfLy9nYgFjCkulb.be/e

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 105 2.3.2 Modificabilité En ce qui concerne le flux des patients, quatre circuits ont été créés (figure 42). « Le premier circuit est un circuit qui va vers les urgences classiques, […] le deuxième circuit d'un circuit qui les redirige vers des petites consultations les deux derniers circuits sont réservés aux patients suspects de COVID » Des couleurs ont été utilisés pour mieux marquer ces différents circuits (figure 43) en plus de l’utilisation d’un bus de tests PCR le 4 avril 2020 (Decroly, 2021). Le médecin urgentiste a considéré que le bus était pratique dans la gestion du flux pendant la pandémie car ils ont créé deux « flux séparés » pour les testés et les non testés. Une unité COVID a été créé aux urgences afin d’accueillir les cas COVID confirmés. Toute cette structure a été « isolée du monde extérieur afin d'éviter des contre-flux » tout en assurant une circulation facile des patients (Decroly, 2021). Figure 42 Plan du système de tri des urgences au CHU Saint Pierre. Reproduit de « Les dispositifs d’accueil aux urgences pour une meilleure prise en charge du patient COVID avéré ou suspect (triage + tests mobiles », par Decroly, M. (2021). AMUB. https://www.amub learning/12/list?fbclid=IwAR3vN7E8te7S5keWlBn9faCkpmD2BLffAmzGifwenNK4eP_TfLy9nYgFjCkulb.be/e

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 106 D’après le premier répondant (médecin chef de clinique aux soins intensifs) à l’entretien de cet hôpital l’une des adaptations était d’utiliser les chambres d’isolement situées dans les coins des unités A et B qu’on peut apercevoir en rose sur la figure 44. En effet, toutes les chambres ouvertes avec rideaux sont restées vides pendant la crise parce que leur utilisation n’était pas Figure 43 - BX1. (2020, décembre 23). Marquage au sol [Photographie]. CHU Saint Pierre. https://www.youtube.com/watch?v=LYy Np4ypaY

L’unité C a été également utilisée pour accueillir les patients COVID en plus des 4 lits disponibles aux unités A et B (figures 45, 46 et 47). La création de 14 lits dans ces unités a impliqué des modifications mineures avec des composantes mobiles. Des séparations avec des bâches ont été installées, la salle d’ascenseurs qui sont verrouillés a été utilisée comme un espace de rangement à partir du COVID. Le couloir derrière les chambres a été utilisé pour mettre du matériel et stocker des équipements. Le médecin chef et le documentaire analysé décrivent la transformation de la salle de réveil d’anesthésie en unité de soins intensifs non COVID. Le documentaire illustre aussi des signalisations sur les portes des chambres pour indiquer l’état du patient et si la pièce a été décontaminée ou non ainsi que la création de sas virtuels par de marquages au sol. Figure 44- Principales adaptations à l’USI A de l’hôpital Saint Pierre

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 107 pratique selon lui. De ce fait, « rendre les chambres [des soins intensifs] comme isoloir avec un sas d’entrée et la chambre de soins » a compliqué la situation.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 108 Figure 45 Plan des USI avant le COVID Figure 46 - Plan des USI pendant le COVID

Adaptations

Np4ypaY

Figure 47- BX1. (2020, décembre 23). USI [Photographie]. CHU Saint Pierre. https://www.youtube.com/watch?v=LYy

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 109

Le médecin chef de clinique évoque aussi la transformation de l’unité de pédiatrie en unité COVID pendant les trois premières vagues. C’est une unité de 16 lits avec sas qui n’était pas prévue pour les soins intensifs mais qui comporte des chambres avec sas. Il explique également que l’utilisation de cette unité a été possible grâce au fait qu’elle était disponible au début de la crise sanitaire. Le directeur des infrastructures rajoute que la présence du traitement d’air dans ses chambres a permis leur utilisation. Le médecin rajoute aussi que l’adaptation de ces chambres était nécessaire en y installant des prises, des raccordements d’eau ainsi que des séparations. Les adaptations à l’hôpital Saint-Pierre ont été établies sur de différentes échelles selon l’espace existant et disponible. Le tableau 9 ci-dessous résume les adaptations faites à l’hôpital Saint Pierre au niveau des service des urgences et des soins intensifs (Tableau 9) Tableau 9 Résumé des adaptations à l'hôpital Saint Pierre Flexibilité Typologie d’adaptations

• Transformation de l’unité de pédiatrie en unité COVID avec raccordementsdes d’eau, installation de prises

• Marquage au sol pour délimiter un sas virtuel

Modification de l’hôpital : Saint Pierre • Transformation de 3 unités aux soins intensifs en unités COVID

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 110 2.3.3

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité fonctionnalitémodificationAucunephysique;nouvelle Modification mineure avec composants mobiles d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

• Réorganisation du service des urgences avec des zones COVID et non COVID • Parcours établis avec couleurs et des marquages au sol pour guider les patients et le personnel

• Création d’une structure devant l’hôpital pour le tri des patients avec des boxes et des démontablestentes

• Verrouillage des ascenseurs et transformation de la salle des ascenseurs en espace de rangement • Transformation de la salle de réveil d’anesthésie en unité de soins intensifs non COVID

• Signalisation sur les portes pour les indications de zones propres/sales • Séparations des couloirs avec des bâches et des barrières

Convertibilité

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 111

3. L’hôpital Erasme

La dernière étude de cas est autour de l’hôpital Erasme (figure 48) situé également à Anderlecht. Comme pour les deux premiers cas des entretiens, dont un en groupe, ont eu lieu avec quatre intervenants. Le premier est avec un médecin chef de service des soins intensifs (annexe 8), un infirmier en hospitalisation (annexe 9), un infirmier chef adjoint avec un médecin travaillant tous les deux au service des urgences (annexe 10) et un architecte responsable des chantiers au département infrastructure de l’hôpital Erasme (annexe 11). Les observations pendant la visite des soins intensifs ainsi que les documents fournis par l’architecte vont permettre de compléter cette analyse. D’après la description de cet hôpital sur le site officiel de cet établissement, l’hôpital comporte 8 bâtiments. L’hôpital Erasme est différent des deux cas vus précédemment. Il se caractérise par sa taille et son implantation en bord d’agglomération et sur le campus de l’université libre de Bruxelles. L’accès au site se fait des deux côtés de l’hôpital. Les bâtiments principaux se composent de quatre ailes : Nord, Sud, Est et Ouest. L’aile Ouest accueille le service des urgences et les USI. Celles ci se trouvent à l’étage 1. Le service des soins intensifs dispose de 35 lits répartis sur cinq unités. Les unités 1,4 et 5 ont des chambres sans sas on peut les Localisation : Anderlecht Type : Hôpital privé Urgences : Aile ouest au 1 USI : Cinq unités avec 12 chambres avec sas à pression négative, situées dans l’aile ouest au 1 Nombre de lits en temps normal : 30 Nombre de lits COVID : 65 Ventilation : Ventilation à pression négative et positive Figure 48 - Erasme. (2014). millionspresse/leshttps://www.erasme.ulb.ac.be/fr/communiques[Photographie].dehopitauxacademiquesreclament60deuros

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 112 apercevoir sur le plan des USI en gris (figure 49). Les unités 2 et 3 ont chacune 6 chambres avec des sas pressurisés.

3.1 Problèmes de l’espace hospitalier existant et limites des adaptations Cette partie va exposer les résultats de l’analyse des données documentaires, des notes d’observation et des entretiens. Une visite guidée du site de cet hôpital a aidé à recueillir des détails complémentaires avec les photos prises sur place ainsi que des plans fournis par l’architecte travaillant à l’hôpital (figure 50) Figure 49 - Services des urgences et des soins intensifs à l'hôpital Erasme

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 113

Le premier type de problème que nous avons pu identifier concerne l’espace. Le premier répondant qui est médecin chef de service des soins intensifs a précisé que « l’hôpital a été construit en 76/77 et les chambres ne sont pas comme dans les hôpitaux récents ». Il pense que « l’espace n’est pas énorme [et que] nos chambres sont petites ». L’architecte responsable des chantiers à l’hôpital confirme la même idée en évoquant que « l’architecture des chambres date de cette époque là donc on ne sait pas faire grand chose. » (Annexe 11). D’après ces propos, le problème principal provient de l’architecture et de l’état des chambres dans ce service (figure 50). Aux urgences, le même problème d’espace limité a été évoqué et par l’infirmier chef adjoint travaillant au sein de ce service à Erasme. La gestion de la crise a été clairement difficile « en termes d’espace ». Il insiste sur les surfaces qui « sont limitées ». Le répondant a comparé cet hôpital à un autre établissement hospitalier « de la même taille » insistant sur les efforts déployés dans la lutte contre la pandémie malgré les contraintes d’espace. Par exemple il déclare : « on a quand même un service des urgences qui est très petit mais on a fait des belles choses » (Infirmier chef adjoint aux urgences). Ce service des urgences n’est pas seulement

Figure 50 - Plan des USI avant le COVID

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

114 trop petit mais également « mal structuré ». Selon cet infirmier chef, ce problème a toujours existé. Seulement, la crise n’a fait qu’ouvrir leurs yeux sur le problème. Le médecin des urgences a expliqué plusieurs fois que le service est « Trop petit […] d’un point de vue gestion de l’espace et du circuit » des patients (Annexe 10) L’architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme partage cet avis quand il a déclaré que « les urgences chez nous sont sous dimensionnées et les boxes de soins ne sont pas très grands » (Annexe 11). L’infirmier chef adjoint ajoute que ce problème de manque d’espace était bien présent avant la crise du COVID et a été accentué durant la pandémie. Pour répondre à ce problème l’architecte explique qu’ils étaient dans l’obligation d’aller en dehors des urgences pour gérer les flux puisque « travailler dans les surfaces intérieures ce n’était pas possible » (Annexe 11).

De plus, « diviser l’espace en unités COVID et non-COVID était compliqué » car comme l’architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme a expliqué, ces zones sont parfois difficiles à délimiter et les flux des patients peuvent être incontrôlables. Par conséquent, « et à la fin de la crise sanitaire ils ont mélangé COVID et non COVID » (Médecin chef de service des soins intensifs à l’hôpital Erasme). En lien avec son activité professionnelle, l’infirmier en hospitalisation à l’hôpital mentionne le problème de « manque de lits et de matériel » également (Annexe 9). Pour le médecin chef de service des soins intensifs, la question d’imprévisibilité a été un problème majeur pendant la crise. Nos hôpitaux ne sont surement pas conçus pour faire face à une crise d’une telle ampleur. L’architecte responsable des chantiers à l’hôpital a explicitement critiqué les soins intensifs de l’hôpital Erasme. Il pense qu’ils « ils ne sont pas adaptés » pour une pandémie d’une telle ampleur et qu’ils « ne sont pas optimaux de manière générale » (Annexe 11). De même, l’infirmier chef adjoint (Annexe 10) et l’architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme ont conclu que « l’espace n’est pas flexible » (Annexe 10 ; Annexe 11). Par exemple, « les urgences actuelles ne sont pas prêtes à refaire la même chose, pour preuve, la deuxième vague on n’a pas fait ces deux flux distincts parce que finalement ce n’était plus possible surtout quand on gardait l’activité hospitalière habituelle plus les patients COVID » (Annexe 10).

Figure

D’autres types de problèmes ont pu être identifiés au deuxième service étudié. Le premier concerne la circulation difficile. En effet, les entretiens ont révélé que cet « espace n’est pas optimal pour la circulation des malades ». L’architecture de ce vieux service sous forme d’un couloir en forme de « ligne droite » qui fait qu’« on revient sur nos pas » (Annexe 10 : médecin des urgences) « C’est un couloir… un long couloir » (Annexe 10 : Infirmier chef adjoint aux urgences) comme on peut l’apercevoir sur le plan du service sur la figure 51. Dans l’un des entretiens avec un médecin et un infirmier chef adjoint aux urgences à l’hôpital, on a pu identifier un problème des « flux existants vers l’imagerie, les salles interventionnelles, d’angiographie, d’endoscopie ». Ces flux parfois incontrôlables des patients « sont très longs et un peu alambiqués » (Annexe 11). En ce qui concerne les problèmes de flux et d’accès, l’architecte responsable des chantiers à l’hôpital précise qu’il vaut mieux que les patients arrivent aux urgences « par l’arrière et arrivent par l’entrée des urgences qui se trouve à l’arrière du bâtiment » et qu’ils n’arrivent pas du côté de l’entrée des transports en commun qui se trouve à contre-sens. En revanche, le grand problème durant la crise et le mélange des flux qui venaient des deux sens n’a pas facilité la tâche (Annexe 11). 51 Plan des urgences avant le COVID

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 115

Comme dans la première étude de cas, le médecin chef de service des soins intensifs à l’hôpital Erasme a déclaré que les « besoins ont changé au fur et à mesure des vagues ». Les besoins qui ont émergé à la suite de la pandémie sont essentiellement liés à l’hygiène des usagers de l’espace hospitalier. De sa perspective d’architecte, le responsable des chantiers à cet hôpital a déclaré que l’un des besoins immédiats est d’« assurer l’entrée dans la chambre et la sortie en respectant le maximum de l’hygiène » (Annexe 8). Le besoin d’« organiser les flux »des patients aux urgences où l’accueil et l’orientation des patients est d’une importance primordiale au bon déroulement des soins et la sécurité des usagers des urgences selon le médecin urgentiste et

D’après ces propos, la question est celle d’un problème de capacité. « L’hôpital n’était pas prêt à avoir autant de patients à trier et éviter qu’ils se croisent ». « Les urgences les flux ne sont pas adaptés pour ça non plus. Donc on n’était pas vraiment prêts » (Annexe 11). L’infirmier chef adjoint explique que les variations du nombre des patients est un facteur difficile à gérer. En ce qui concernent les locaux qui disposent d’un système de traitement d’air, le médecin urgentiste décrit qu’aux urgences ils n’ont qu’une seule chambre à flux positive. L’architecte responsable des chantiers rajoute qu’ « aujourd’hui, on a peu de locaux qui permettent de mettre des patients en dépression aux urgences il y a un box et aux soins intensifs maintenant il y’en a huit » (Annexe 11). L’un des grands problèmes des soins intensifs les rendant incapables de combattre une telle pandémie est qu’ « ils n’ont que 8 locaux pour dépression » (Annexe 11).

3.2 Besoins émergents

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 116 Par conséquent, le travail du cadre soignant devient difficile avec plus de risques de contamination aux urgences. L’architecte responsable des chantiers à l’hôpital a rajouté que ce service « ne permettait pas de séparer et de trier les patients, d’organiser le flux COVID séparé du flux urgences traditionnel » notamment avec le flux important et imprévisible des patients.

Malgré l’augmentation du nombre de ces locaux qui n’étaient que 6, ce nombre est toujours insuffisant.

Il est particulièrement utile de confronter les propos des répondants en regard du thème des besoins à la suite de la crise du COVID-19. Pour l’architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme, la pandémie impose l’utilisation de « beaucoup de surfaces ». L’infirmier chef adjoint aux urgences confirme ce besoin en disant que « pour faire deux flux distincts il fallait augmenter la surface » au niveau du service (Annexe 10)

hospitalisations

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 117

3.3

Le médecin chef de service aux soins intensifs a précisé que plusieurs adaptations ont été réalisées à l’hôpital Erasme pour gérer la crise. Certains services ont fermé tel que le service de chirurgie et d’autres ont continué leurs activités mais avec un nombre réduit de patients comme le service de neurologie. Les soins intensifs ont augmenté et diminué le nombre de lits en fonction du moment et le service des urgences a dû être réorganisé en totalité pour absorber ce flux énorme de patients COVID. Selon lui, ces adaptations ont été réalisées pour suivre la demande et la restructuration des services qui prend généralement des mois a été faite assez rapidement et sur une période courte pour répondre à l’urgence de la situation (Annexe 8).

Adaptations, adaptabilité et flexibilité de cet espace hospitalier

L’analyse des entretiens ainsi que des plans des adaptations fournis par l’architecte responsable des chantiers de cet hôpital va permettre de mieux les comprendre.

professionnelle

l’infirmer chef adjoint (Annexe 10). En revanche, ces deux derniers répondants ont semblé être d’accord sur deux besoins qui consistent en la bonne séparation de « la zone sale de la zone normale dans chaque unité » (Annexe 8 ; Annexe 11). Aux urgences, le besoin d’avoir une zone d’accueil et deux zones de tri a été évoqué. L’architecte responsable des chantiers au même l’hôpital, a insisté sur la nécessité d’« éviter les allers retours inutiles du personnel » (Annexe 11) également. D’après le médecin chef de service des soins intensifs, l’un des principaux besoins est de fournir « des lits aves sas à pression négative ». Néanmoins, et selon ce médecin, l’hôpital a besoin d’une redistribution des lits plutôt que leur multiplication. Deux des répondants ont évoqué l’importance d’un « système de ventilation » (médecin chef de service des soins intensifs à l’hôpital et Architecte responsable des chantiers à l’hôpital Erasme). Il est à noter que l’infirmier en hospitalisation a signalé d’autres besoins liés à l’isolement des patients pour les (Annexe 9). Ces besoins semblent être plutôt spécifiques à son activité L’architecte responsable des chantiers a ajouté que des « matériaux jetables comme les tentures en papier jetables » (Annexe 11) sont nécessaire pour contrer la propagation du virus.

L’architecte responsable des chantiers a indiqué que la condamnation de certains accès et de certains locaux et l’organisation de l’espace en différentes zones ont été réalisées pour mieux gérer les flux. Le médecin urgentiste confirme que cette adaptation a été réalisée aussi au niveau des urgences, vu qu’ils ont fermé certains passages et accès avec des cloisons pour éviter les croisements entre les flux propres et sales (Annexe 10).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 118 3.3.1

Convertibilité

L’architecte explique également que l’adaptation de la ventilation dans certaines unités a été une obligation pour pouvoir accueillir les patients COVID. Il fallait mettre ces locaux en dépression vu qu’aujourd’hui ils étaient en zone mixte, en envoyant des techniciens dans les plafonds pour inverser la ventilation (Annexe 11)

Ce médecin chef de service et l’architecte interviewé ont tous les deux décrit les adaptations de l’espace au service des soins intensifs qui ont servi à augmenter le nombre de lits et agrandir les unités vers l’étage et vers l’hôpital de jour (figure 52). Dans cet hôpital, des lits ont été créés pour le COVID au niveau des salles d’opérations et l’infirmier en hospitalisation a rajouté que la salle de réveil post opération a été organisée pour des malades intermédiaires également. Le médecin chef de service a indiqué que cette salle était déjà équipée de respirateurs ce qui était pratique. Pour résumer, l’augmentation des lits vers l’hôpital de jour a impliqué une réorganisation des entrées, des sorties et de la gestion des déchets (figure 52).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 119 Figure 52 Plans des adaptations à l’hôpital Erasme. Reproduit de « Aménagements COVID », par Trenchant, F. (2020). Erasme.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 120 3.3.2

Figure

Modificabilité

Les lits au sein des soins intensifs ont presque doublé à l’hôpital Erasme. Ils sont passé de 30 lits à 65 lits à la première vague et cela était « possible grâce au fait qu’au niveau de l’architecture, on avait les chambres qui pouvaient être adaptées et le personnel qui allait avec » (médecin chef de service : annexe 8). Il a également rajouté que ces lits ont été adaptés en fonction des vagues et l’utilisation des 12 lits d’isolement déjà disponibles au service des soins intensifs a été privilégiée. La division de l’espace au sein de la même unité, en zone sale et zone propre a été réalisée (figure 53 et 55) Dans certaines USI telle que l’unité 5, ils ont créé des sas imaginaires devant chaque chambre avec des bandes collées sur le sol pour pouvoir se changer. Le médecin décrit cette adaptation comme ceci « faire du marquage au sol pour délimiter des zones pour pouvoir se changer avant de rentrer dans la chambre, faire des zones avec les poubelles etc. » (Annexe 11) (figures 53 et 54) 53 Principales adaptations à l'USI 5 de l'hôpital Erasme

Figure 55 - RTBF. (2020, avril 2). : Les hôpitaux du réseau IRIS approchent de la saturation à Bruxelles. [Photographie]. RTBF. https://www.rtbf.be/article/coronavirus hopitaux du reseau iris approchent de la saturation a bruxelles 10474280

Coronavirus

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 121

Figure 54 - Gaaloul, M. (2022, juin 27). USI de l’hôpital Erasme. [Photographies].

les

Au niveau du service des urgences (figure 56), le corps médical a commencé par utiliser le box 23 qui était à flux négatif pour accueillir les patients COVID mais, par la suite et avec l’augmentation du nombre de patients, ils ont dû faire d’autres adaptations et séparer les urgences en zone COVID et non COVID (Annexe 10). Ils ont également créé deux unités de déchoquage pour les patients en état intermédiaire avant de les envoyer dans les USI (annexe 8 ; annexe 9).

La création de système de stockage de matériel sale et de réserves pour éviter les déplacements inutiles du personnel et du corps médical a été complétée par l’ajout de vestiaires et de bureaux dans chaque zone (Annexe 8 ; Annexe 11). L’architecte explique qu’ils ont consacré à chaque début d’aile et dans chaque unité 6 ou 7 chambres intermédiaires pour les locaux logistiques.

Le médecin chef de service des USI a rajouté qu’ils ont dû utiliser des lits de l’unité cardiologie qui est une unité de surveillance coronaire pour les cas de réanimations non COVID. C’est une unité qui était déjà équipée de moniteurs donc ils avaient juste rajouté des respirateurs (Annexe 8). Il a expliqué que la création de lits sous pap pour stabiliser les malades qui arrivent de l’extérieur ou de l’étage a aidé à soulager le système hospitalier avant de les transférer vers un autre hôpital (Annexe 8 ; annexe 11). L’architecte ajoute qu’ils ont remplacé toutes les tentures dans les USI et les urgences par des tentures en papier jetable pour diminuer la contamination. Il décrit globalement les adaptations aux USI existantes comme des adaptations minimes « Dans les soins intensifs on a fait moins d’adaptations » (Annexe 11).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 122

Figure 56 - Plans des adaptations à l’hôpital Erasme au niveau des urgences Reproduit de « Aménagements COVID », par Trenchant, F. (2020). Erasme.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 123

Extensibilité

Dans la suite des adaptations réalisées au niveau du service des urgences, la construction d’un nouvel accueil à l’extérieur de l’hôpital avec la fermeture du préau déjà existent a été réalisée pour pouvoir gérer les flux des patients (Annexe 10). Selon le médecin aux urgences et l’architecte, un parcours a été organisé du côté du garage des ambulances et de l’entrée des urgences. Des bâtiments modulaires ont été installés avec une zone d’accueil avec des tentes de la croix rouge du côté des modules E et D (figures 56 et 57). Un premier tri a été mis pour distinguer les patients COVID des non COVID au niveau de l’espace des ambulances (Annexe 11). S’il s’agit d’un patient non COVID, il se dirige vers la sortie en zone propre. S’il nécessite des soins, il va vers la bibliothèque qui a été aménagée avec 6 lits pour les consultations. Si le patient est dans un état aigu il va vers le laboratoire de choc. Si le patient est COVID positif, il est dirigé vers une zone de tri secondaire au niveau du sas des ambulances et du carport (figure 58). Ensuite, il va aux urgences dans la zone COVID ou vers la sortie (Annexe 10). A partir de la deuxième vague et quand l’hôpital a repris son activité habituelle, d’autres adaptations ont été faites. Des modulaires pour le tri ont remplacé les tentes et le sas des ambulances. Les flux des patients n’étaient plus séparés mais les boxes l’étaient ainsi que le couloir des urgences qui était divisé en deux parties. Une à l’avant de la garde et une à l’arrière pour l’hospitalisation provisoire des patients fortement suspects COVID. Selon le médecin aux urgences, le parcours commençait par les 3 modulaires dans une zone vide pour l’inscription des patients, une zone d’attente qui est pour le pré tri pour les patients COVID et non COVID et ensuite un tri effectué par les infirmières dans 2 modulaires. Si le patient est COVID il va vers la zone COVID des urgences. S’il ne l’est pas, il va vers un 3ème modulaire pour les consultations. Selon l’architecte, le testing était réalisé dans des locaux mais dans une autre aile de l’hôpital il n'y a pas longtemps.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 124 3.3.3

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 125 Figure 58 Gaaloul, M. (2022, juin 14). Espace devant les urgences. [Photographies]. Figure 57 Bolcina, J. (2020, mars 26). Hôpital Erasme Urgences [Photographie]. 7sur7. https://www.7sur7.be/sante/lhopital erasme sur le pied de guerre avant l afflux redoute~acae9a45/ Copyright Photo New

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité

Développer/contracter avec de nouvelles ou une construction temporaire Modification de l’hôpital : Erasme • Changement de fonction de certains locaux • Création de 5 unités COVID pour les soins intensifs • Création de lits sous pap • Transformation de l’unité de cardiologie en unité non COVID • Remplacement des tentures en USI et aux urgences par des tentures en papier jetable • Marquage au sol pour délimiter une zone sas imaginaire dans les USI • Consacrer 6 ou 7 chambres en début de l’aile pour les locaux logistiques tels que les bureaux, les vestiaires • Division de l’unité en deux zones : propre et sale • Création de systèmes de stock de matériel sale, de réserves • Création d’un parcours avec un marquage et des panneaux pour guider les patients vers les zones COVID et non COVID • Ouverture de supplémentaireslits dans l’hôpital de jour (salles d’opérations et salle de réveil post opération) • Condamner des accès et des locaux pour que les flux ne se croisent pas • Adaptation de la ventilation dans certaines unités pour mettre en dépression

Aucune physiquemodification;nouvellefonctionnalité Modification mineure avec composants mobiles Modification majeure avecd'infrastructurechangements

• Création de deux supplémentaireschambres avec sas à l’unité de soins intensifs 1 • Construire un nouvel accueil à l’extérieur de l’hôpital avec un système de tri avec des modulaires et des tentes

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 126 Le tableau 10 ci-dessous résume toutes les adaptations mentionnées auparavant : Tableau 10 Résumé des adaptations à l'hôpital Erasme Flexibilité

Typologie d’adaptations

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 127 4. Résultats d’un entretien avec un expert

L’entretien avec un architecte spécialisé dans la conception des hôpitaux a servi à valider les résultats du reste de l’analyse. Cet architecte a évoqué les mêmes problèmes identifiés à travers les autres analyses. Cela comprend des défis tels que la saturation des hôpitaux. Ce répondant affirme que « les hôpitaux étaient saturés mais on n’a pas répondu à une demande immédiate » (annexe 12). Ce qui a été important à valider en termes d’adaptations par cet architecte considéré comme expert est tel qu’il le confirme, il « y a de petites adaptations qui ont été faites dans certains hôpitaux mais très souvent sous forme de constructions provisoires, de bâtiments modulaires, de bâtiments préfabriqués qu’on a vite rajouté parce qu’il fallait faire quelque chose » afin de gérer la crise. En revanche, ce que cet expert a rajouté par rapport aux autres participants est que le problème principal provient de la politique de gestion de cette crise. Il explique que « ce qui a été vécu en 2020/2021 n’est même pas encore réellement construit » car « on est actuellement dans le plan quinquennal […] et là on est dans le plan 2018/2023 qui a pris beaucoup de retard pendant son exécution. Il a également critiqué les problèmes « au niveau des unités de soins proprement dites » et le problème d’isolement ainsi que les « méthodes de désinfection, des méthodes de protection » et le manque de chambres avec sas. Ce professionnel dans le domaine de l’architecture des hôpitaux est allé jusqu’à imaginer durant l’entretien :On pourrait imaginer une unité, on enlève la moitié isolée physiquement par rapport aux autres. Par exemple, une unité de 30 on la divise en deux ça fait 15. Est ce qu’on arrive encore à la faire fonctionner ? Si in peut l’isoler avec un sas par rapport au reste ? Comme ça le personnel peut se déshabiller et se désinfecter pour passer d’une unité, une partie à l’autre. Ça c’est quand on a que quelques cas entre 1 et 15 cas. Mais ça veut dire que ce personnel-là, il doit quand même avoir accès à tous les produits de soins, aux locaux de déchets donc est ce qu’on dédouble les surfaces ? Et c’est ça le problème : les m² supplémentaires, ou bien ça va imposer des locaux qui se trouvent et qui fonctionnent avec deux demi unités, des locaux à double face où on peut jeter le sac poubelle d’un côté et puis de l’autre aussi et puis en théorie il n’y a pas de

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 128 contact entre les deux parce que sur le principe de l’hygiène tu ne relies pas une zone sale et une zone propre L’entretien a été marqué par plusieurs questionnements de la part du répondant concernant la manière par laquelle on pourrait optimiser l’espace hospitalier. L’architecte a partagé les mêmes soucis que les autres participants à cette étude mais d’une perspective différente selon la conception réelle de cet espace. Ce qui est à noter est que d’après ce professionnel, « il n’y a pas forcément une réponse architecturale directe sauf dédoubler tous les locaux sachant qu’il y a une partie qui ne va pas forcément servir à quelque chose ». La contribution de cet architecte a été importante car elle a facilité la compréhension de la nature des adaptations d’une autre perspective. Le répondant a expliqué que pendant le COVID : On essaye de trouver des trucs un peu hybrides. On a à la fois des zones paysagères avec des fauteuils et puis dedans on des boxes séparées où on peut accéder par un autre chemin. Et ces boxes, si tu as un pic d’activité mardi matin parce que tu as beaucoup de patients qui viennent se faire tester tu utilises la salle de fauteuils + les boxes à côté. Et si tu es en période de pandémie, ils sont réservés pour accueillir les autres patients qui viennent se faire tester et là ça veut dire réfléchir dès le début au fonctionnement de l’hôpital. Cet entretien a servi à clarifier des facteurs très importants liée au contexte bruxellois en particulier. L’architecte déclare que : La surface est aussi importante, à Bruxelles ce sera plus compliqué […] Des terrains libres pour accueillir des hôpitaux de campagne on n’a pas. On a vu les Chinois construire 10000 m² d’infrastructure hospitalière en 1 semaine, nous on met 10 ans pour monter 10000 m². On n’a pas les moyens du coup il faut faire des choix ». Ces propos expliquent non seulement la raison pour laquelle plusieurs problèmes ont émergé à la suite la crise dans les hôpitaux belges mais également les problèmes de la mise en œuvre des adaptations possibles.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 129 5. Discussion

Au delà de l’exploration des problèmes que la crise du COVID 19 a révélé autour de l’espace hospitalier et les besoins du personnel de santé qui ont émergé à la suite de cette crise, les études de cas menées m’incitent à interroger de façon plus large la conception de l’hôpital. Un impact positif de la pandémie actuelle est la chance qu'elle offre pour les chercheurs, professionnels de l'architecture et le corps médical pour réfléchir sur la préparation de nos hôpitaux à des évènements majeurs comme cette pandémie. L’un des autres objectifs de ces études de cas était de déterminer les types d’adaptations faites pour gérer cette crise. Cette étude qualitative basée sur une triangulation des sources des données et des méthodes a permis de répondre aux trois questions de recherche de cette étude. En observant les principales transformations des établissements de santé, il est à noter que ces hôpitaux bruxellois ont subi des transformations en fonction des contextes spécifiques dans chaque cas confirmant les résultats de Setola et al. (2021). En rapport avec la première hypothèse de cette étude, les résultats de l’analyse qualitative des entretiens, documents et notes d’observations, ont montré que ces trois hôpitaux bruxellois ont subi plusieurs types d’adaptations de l’espace qui ont varié d’un contexte à un autre et d’un service à un autre Néanmoins, il est important de souligner que comme le montre le tableau 11 ci-dessous, aucune transformation majeure avec changements d'infrastructure n’a été introduite. Toutes les solutions adoptées en termes de la résolution des problèmes d’espace dans ces hôpitaux ont concerné la polyvalence, la modificabilité et l’extensibilité. Cela prouve que ces hôpitaux n’ont pas été assez flexibles ou que le facteur de temps a probablement joué un rôle dans la mise en place de ces adaptations. Les résultats atteints peuvent indiquer que dans ces trois cas, la flexibilité et la mise place des adaptations désignées (Brambilla et al., 2021 ; Langevin, 2018) n’ont pas nécessairement correspondu à la complexité de la pandémie et de l'organisation spatiale des deux services étudiés dans ces hôpitaux (Łukasik & Porębska, 2022). En effet, la réalisation des adaptations a dépendu de la faisabilité des modifications selon la nature de chaque espace (superficie, disponibilité des espaces, caractéristiques…).

Espace Utilisation de deux chambres (Erasme)certainsfonctionChangement(Bracops)soinspersonnelvestiairessommeillaboratoiredudecommepourledesintensifsdedelocaux

Adaptations de l’espace

Nous pouvons observer à partir de ces résultats que ces adaptations de l’espace ont plus ou moins réussi à répondre aux besoins qui seront discutés plus tard. Les propos du personnel soignant et les gestionnaires ainsi que les architectes confirment que ces adaptations de l’espace ont été une nécessité pour l’optimisation des services sanitaires et la sécurité des usagers de l’hôpital pendant cette crise (Łukasik & Porębska, 2022).

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 130 Tableau 11 -

Création d’une structure devant l’hôpital avec des boxes et des tentes démontables (Saint Pierre et Erasme)

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité Aucune physiquemodification;nouvellefonctionnalité Modification mineure avecmobilescomposants d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

Flexibilité

Verrouillage des ascenseurs transformationet de la salle des ascenseurs en espace matérielDéménagementPierre)rangementde(Saintduverslasalle d’attente pour libérer une chambre aux soins (Bracops)intensifs

En ce qui concerne les adaptations faites pour augmenter la capacité et répondre au manque de lits dans ces trois hôpitaux, nous pouvons identifier des adaptations reflétant la flexibilité de ces espaces. Ces modifications ont concerné la transformation des USI en unités COVID pour les trois hôpitaux comme dans l’exemple des adaptations faites dans trois unités de l’hôpital Mount Sinai à New York aux États Unis pendant la première vague de la pandémie (Ariadne Labs + Mass Design group, 2020). Ces établissements ont également transformé d’autres unités disponibles telles que le service de pédiatries à Saint Pierre en USI et le service de cardiologie à Erasme (tableau 12). Nous pouvons constater que l’augmentation de la capacité des services d’urgences et des soins intensifs s’est basée sur une modification mineure avec composants mobiles ou une modificabilité de l’espace sanitaire. Cependant, la création de chambres supplémentaires avec sas a semblé être un vrai défi pour deux des cas étudiés. Une

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 131 interprétation possible est qu’une extensibilité dépend de l’espace présent et des moyens financiers déployés. Tableau 12

Adaptations liées à l’augmentation de la capacité aux USI

Pour la gestion des flux pendant cette pandémie, les résultats ont montré que la plupart des adaptations (tableau 13) se sont basées sur des modifications mineures avec composants mobiles. Ces modifications ont inclus la division des espaces en zones propre et sales, zones COVID et non COVID en utilisant des cloisons mobiles comme les bâches et les paravents, en changeant les accès des locaux ou en les fermant en plus de l’utilisation des signalisations sur les portes, le marquage au sol, des couleurs et panneaux pour guider les patients et le personnel…

Création de deux supplémentaireschambres avec sas à l’unité de soins intensifs 1 (Erasme)

Augmenterlenombredelits Transformation des unités aux soins intensifs en unités (Bracops,COVIDSaintPierre et Erasme) Utilisation d’équipement portable et mobile pour aménager les salleTransformation(Bracops)supplémentaireschambresdeladeréveil d’anesthésie en unité de soins intensifs non COVID (Saint Pierre) Création de lits sous pap (Erasme) Transformation de l’unité de pédiatrie en unité COVID avec raccordementsdes d’eau, installation de prises (Saint OuverturePierre) de supplémentaireslits dans l’hôpital de jour (salles d’opérations et salle de réveil post (Erasme)opération)

Flexibilité Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité fonctionnalitémodificationAucunephysique;nouvelle Modification mineure avec composants mobiles d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 132 Tableau 13 -

Création de systèmes de stock de matériel sale, de réserves (Erasme)

De plus en se basant sur des structures temporaires, les hôpitaux ont utilisé des tentes et des conteneurs dans le parking et devant les urgences pour l’accueil, le dépistage et le tri et l’orientation des patients. Nous pouvons donc dire que pour assurer la sécurité des usagers de ces deux espaces, les hôpitaux Saint-Pierre et Erasme ont compté sur l’extensibilité des Flexibilité Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité fonctionnalitémodificationAucunephysique;nouvelle Modification mineure avec composants mobiles d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

Création de parcours et de voies de circulation avec marquage au sol, couleurs et panneaux pour guider les patients et le personnel (Bracops, Saint Pierre et Erasme)

Adaptations pour la gestion des flux

Tentes puis conteneurs dans le parking pour le dépistage Consacrer(Bracops) 6 ou 7 chambres en début de l’aile pour les locaux logistiques tels que les bureaux, les vestiaires (Erasme)

Gestion des flux Division de l’unité en zone propre et sale (Bracops, Saint Pierre et MarquageErasme) au sol pour délimiter un sas virtuel (Saint Pierre et Erasme) Séparation du service des urgences et des soins intensifs en deux zones COVID et non COVID avec des cloisons mobiles « bâches, des paravents » (Bracops et Saint Pierre) Condamner des accès et des locaux (Erasme) Signalisation sur les portes pour les indications de zones propres/sales (Saint Pierre)

Création d’une structure devant l’hôpital pour le tri des patients avec des boxes et des nouvelConstruire(SaintdémontablestentesPierre)unaccueil à l’extérieur de l’hôpital avec un système de tri avec modulairesdes et des tentes (Erasme)

Condamner des accès et des (Erasme)locaux

Flexibilité

Remplacement des tentures en USI et aux urgences par des tentures en papier jetable (Erasme)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 133 espaces dans ces deux contextes. En effet, ceci a été possible à travers la création de nouvelles structures devant l’hôpital pour le tri des patients avec des boxes et des tentes démontables à l’hôpital Saint Pierre. Le quatrième aspect lié aux adaptations est celui des matériaux utilisés. La pandémie a imposé un changement des matériaux utilisés dans les deux services de l’hôpital Erasme. Ces matériaux avaient l’avantage d’être facilement lavables ou désinfectés (tableau 14). Cette catégorie fait partie de la modificabilité de cet espace. Ceci a impliqué des modifications mineures avec composants mobiles. A l’hôpital Saint Pierre, l’utilisation de matériaux faciles à laver et désinfecter a été une nécessité dans la construction des boxes de tri pour diminuer les risques de propagation du virus. C’est précisément l’extensibilité de cet espace qui a rendu possible ce genre d’adaptation qui a été perçue utile par les médecins des urgences.

Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité fonctionnalitémodificationAucunephysique;nouvelle Modification mineure avec composants mobiles d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire Matériauxlavables

Utilisation de matériaux faciles à laver et désinfecter dans la construction des boxes de tri (Saint Pierre)

Tableau 14 - Adaptations des matériaux Comme les résultats l’ont généralement indiqué, l’hôpital Erasme a compté sur sa convertibilité (Pati et al., 2008) pour faire une modification majeure pendant cette crise alors que cela n’a possible dans les deux autres cas. Rappelons que les deux autres hôpitaux sont des hôpitaux publics et plutôt réduits en termes d’espace et ne disposent pas toujours de locaux ventilés. Ces facteurs ont probablement joué un rôle dans le choix et la mise en œuvre des adaptations. Par exemple, dans cet hôpital privé marqué par une plus grande superficie et disposant de locaux pressurisés, il a été possible d’inverser la ventilation dans certaines unités pour mettre en dépression (tableau 15).

Les études de cas ont montré que les services des urgences et des unités de soins critiques qui sont des services de première ligne pendant la crise ont dû faire face à cette pandémie sans pouvoir compter sur les états initiaux de ces hôpitaux. Cela confirme que la crise a contribué à la mutation rapide, temporaire, et surtout dynamique en temps de crise. Plusieurs participants à cette étude ont affirmé que ces adaptations ont été nécessaires et utiles dans la plupart des peuvent être interprétées comme suit. En termes des besoins d’espace et pour mieux gérer le flux des patients et leur fournir les soins nécessaires, ces hôpitaux ont compté sur leur polyvalence et modificabilité mais moins sur leur extensibilité. En termes des lits pour faire face à un nombre imprévisible des cas COVID, ces hôpitaux ont essentiellement fait ces adaptations grâce à leur modificabilité, leur convertibilité mais encore moins leur extensibilité. En ce qui concerne la gestion des flux, un problème majeur aux urgences, en particulier, la modificabilité de ces espaces n’a rendu possible que certains genres d’adaptations comme la création de zones propres et sales séparées par des structures légères et mobiles…etc. Ces adaptations ont été faites pour répondre à des besoins qui ont été clairement exprimés par le cadre médical et les architectes dans ce contexte en lien avec des « besoins d'urgence spécifiques » tels que des zones pour un triage approprié des patients, des chambres d’isolement et des salles avec une ventilation adéquate (World Health Organisation, 2020). Ces besoins concernent des espaces adéquats pour la performance de toutes les étapes nécessaires pour l’accueil, l’orientation et la prise en charge des patients COVID ou non COVID

Cescas.adaptations

d’augmentation

Adaptation de la ventilation

Flexibilité Polyvalence Modificabilité Convertibilité Extensibilité physiquemodificationAucune;nouvellefonctionnalité composantsmineureModificationavecmobiles d'infrastructurechangementsmajeureModificationavec Développer/contracteravecdenouvellesouuneconstructiontemporaire

Ventilation Adaptation de la ventilation dans certaines unités pour mettre en (Erasme)dépression

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 134 Tableau 15 -

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 135 Néanmoins, le manque de flexibilité de cet espace a empêché ou rendu difficile des modifications plus importantes. L’extensibilité des espaces existants a permis la création d’autres structures en dehors de l’hôpital pour faciliter le tri des patients avec des boxes et des tentes démontables comme à Saint Pierre ou la construction d’un nouvel accueil à l’extérieur de l’hôpital avec des modulaires et des tentes comme à Erasme. Cela peut nous mener à reconsidérer l’importance de l’échelle des espaces consacrés aux services de premier front comme les urgences et les soins intensifs. Ces modifications soulignent également l’importance de l’espace extérieur disponible au sein de l’hôpital pouvant contribuer à la maximisation de sa flexibilité. Pour les matériaux favorisés en temps de pandémies, ce genre d’adaptation a semblé être la moins utilisée et elle a été dépendante de deux conditions principales de flexibilité qui sont la modificabilité et l’extensibilité. En revanche, c’est la convertibilité qui a semblé favoriser une adaptation au niveau de la ventilation vu que celle ci touche l’infrastructure de l’hôpital. Ces résultats montrant des adaptations imposées par la crise confirment le lien entre l’espace hospitalier et les maladies ou pandémie (Fezi, 2020). Ils révèlent que des stratégies médicales de lutte contre cette pandémie ne peuvent pas être réalisées sans une intervention architecturale et une adaptation appropriée de l’espace hospitalier. Néanmoins, ces adaptations dépendent de plusieurs facteurs y compris la flexibilité de l’espace existant. Ces résultats ont également été validés par un expert spécialisé en architecture hospitalière confirmant les mêmes problèmes, besoins, et nature des adaptations en plus des défis durant leur mise œuvre.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 136 6. L’hôpital d’aujourd’hui : limites et perspectives d’évolution L'architecture hospitalière à l'épreuve du COVID 19 a révélé certaines faiblesses. Ces faiblesses ont été détectées dans les défis affrontés par le cadre médical pendant la performance de leurs activités professionnelles habituelles dans le contexte de cette pandémie. La synthèse des résultats des analyses des entretiens, observations et documents ont révélé que pour les trois hôpitaux, les usagers de ces espaces ainsi que les architectes ont évoqué quelques problèmes clés Les résultats de cette étude ont confirmé le lien entre les limites de l’espace hospitalier déjà existant avant la crise, les problèmes rencontrés pendant la pandémie en termes d’utilisation de l’espace et la performance des actes médicaux ainsi que tous les besoins exprimés directement ou indirectement par les participants dans cette étude.

Plusieurs problèmes majeurs de l’espace hospitalier ont été dévoilés par la crise actuelle. Parmi ces problèmes est celui de l’espace qui est souvent insuffisant (problème de capacité (COVID19 aux services des urgences : « Cela ressemblait à de la médecine de guerre » | CHIREC Pro., 2020 ; Cura Pods, 2020 ; World Health Organisation, 2020) et ne permettant pas assez de flexibilité (HKS, 2020a; 2020b) en termes des adaptations possibles. D’autres problèmes ont compris le manque de chambres aux USI et de chambres d’isolement avec sas (Cura Pods, 2020) et la quasi absence d’espace pour le changement d’EPI pour le cadre médical. La circulation entre les différentes zones à cause du manque d’espace ou la distance entre les boxes a été un autre problème important pendant la crise et la disposition des boxes aux urgences a compliqué les déplacements et la fonctionnalité du service (Łukasik et Porębska, 2022). La présence de couloirs et d’espaces uniques pour le passage de tous les patients ainsi que le personnel ne permettait pas une bonne gestion des flux. Finalement, au niveau des USI la visibilité des patients hospitalisés a été un vrai défi pour le corps médical. La vraie question qui se pose dans la lumière de ces problèmes révélés par le staff médical et les architectes est comment convertir ces faiblesses et limites de l’espace hospitalier existant en des besoins auxquels l’architecture peut répondre à long terme dans la conception d’un hôpital plus résilient. Tous ces problèmes exprimés par le personnel de santé et les architectes dans ces trois contextes et en général révèlent que les préoccupations des services de santé et les problèmes rencontrés à cause de la crise sont presque les mêmes. Néanmoins, les limites

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 137 de l’espace hospitalier qui n’a pas prévu une crise d’une telle ampleur nous fait penser à la manière par laquelle nous pouvons réduire ces problèmes.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 138

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 139 05 CONCLUSION

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 140

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 141

1. Objectifs de ces études de cas

Au moment où le monde entier a été confronté à une crise sanitaire sans précèdent et au moment où cette crise du COVID 19 a été proclamée comme pandémie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2020), a propulsé à l’avant-scène la question de préparation de nos hôpitaux à la lutte contre la propagation de cette maladie. De même, cette crise a incité plusieurs parties prenantes y compris le cadre médical et les architectes à repenser à la conception des hôpitaux et aux adaptations nécessaires pour une gestion optimisée de cette crise. La présente étude se fixait pour objectif de mieux comprendre les problèmes et besoins du personnel médical en tant qu’usagers de l’espace hospitalier. Il était également important d’explorer les types d’adaptations qu’a imposé la pandémie du COVID 19 à ces bâtiments hospitaliers.

2. Synthèse des résultats

Nous pouvons voir à partir des résultats de cette étude que la crise du COVID 19 au milieu hospitalier a mis en lumière des problèmes majeurs compliquant le travail des usagers de cet espace pendant la crise. Cette pandémie a aussi forcé la mutation de ces espaces en un temps record en adoptant essentiellement des stratégies de lutte contre la propagation de la maladie et d’optimisation des conditions de travail du personnel de santé dans ces espaces. Cette étude a réussi à déterminer les besoins réels qui ont émergé à cause de cette crise des points de vue du staff médical et des architectes. Il s’est avéré que ces besoins ont été provoqués par la nature des structures des bâtiments hospitaliers mêmes et la nature de la pandémie en elle même. Les résultats ont essentiellement prouvé que ces espaces n’étaient pas suffisamment préparés à de telles pandémies en termes de capacité, organisation et caractéristiques incluant les matériaux et la ventilation. Les besoins et adaptations dans ces trois contextes n’ont pas seulement varié en fonction de l’espace et des activités de chaque service mais également des facteurs de temps, de moyens et de la stratégie de gestion dans chaque hôpital. Rappelons que ces facteurs sont également liés à des défis majeurs de capacité et d’organisation dans l’espace. Dans le cas de ces hôpitaux, la mutation généralement provisoire des structures existantes a été une réalité. Alors que ces adaptations ont varié d’un contexte à un autre, plusieurs aspects communs nous incitent à conclure que les adaptations dépendent particulièrement de la

préoccupations

3. Démarche méthodologique : avantages et limites

Les recherches en architecture avant et après la crise du COVID ont fourni un cadre de recherche approprié pour l’étude des questions de recherche de ce travail. Ce cadre s’est avéré utile pour répondre aux trois questions de recherche abordées dans cette étude. Les avis et les des usagers de l’espace hospitalier, ainsi que les architectes qui s’intéressent de très près à l’hôpital en plus des observations et de la documentation ont tous servi à atteindre l’objectif principal de ces études de cas dans le contexte belge. En effet, la démarche méthodologique adoptée dans cette étude avait l’avantage de fournir des informations qui ont permis de comprendre même partiellement la situation bruxelloise en rassemblant les perspectives des médecins, infirmiers et architectes. Malgré les limites de la méthode qualitative en termes d’impossibilité de généraliser les résultats atteints à d’autres cas, la micro-analyse de chaque type de données, la triangulation des sources d’informations et des méthodes utilisées ont aidé à fournir des réponses claires et assez complètes aux questions de recherche dans cette étude. Ces résultats ont permis d’exposer un certain nombre de problèmes affrontés dans les espaces hospitaliers existants ainsi que les adaptations faites pour gérer la crise. L’analyse qualitative basée sur un cadre théorique dense a été particulièrement utile dans l’étude des adaptations sous cette crise. La combinaison de plusieurs sources de données a aidé à relier les points avec les enjeux des adaptations imposées par cette crise ainsi que leur faisabilité. Cette analyse a révélé un bon nombre de besoins utiles à la conception et l’optimisation des espaces actuels pour redéfinir l’hôpital de demain. Cet hôpital est censé être mieux adapté aux crises de cette envergure.

4. Leçons tirées et perspectives Ces études de cas dans le contexte bruxellois ont réussi à prouver l’utilité de l’investigation de cette expérience forcée de la perspective du cadre médical et des architectes. Il est clair que la prise en compte de l’avis des architectes a été d’une valeur ajoutée puisque que cela a permis de recueillir des avis souvent identiques ou complémentaires à propos des problèmes au sein de l’espace hospitalier, sa mutation forcée et les contraintes auxquelles tout le monde a dû faire face.

142 flexibilité de l’espace même, une caractéristique essentielle de l’espace hospitalier que la recherche architecturale doit mesurer, évaluer et optimiser.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

D’une perspective de recherche, la recherche future doit également tenir en compte la perspective des patients et de leurs familles en tant qu’usagers du même espace pendant ce genre de crises. Leurs retours d’expériences peuvent enrichir notre vision des situations aussi compliquées tant par leur ampleur que par leur multi dimensionnalité. Cela confirme l’importance de l’interdisciplinarité dans l’étude de ces questions de recherche. Les études à venir devraient probablement varier les méthodologies utilisées et combiner les paradigmes qualitatifs et quantitatifs pour mieux comprendre ces phénomènes étudiés.

Au niveau de la conception de l’espace hospitalier, nous pouvons suggérer un certain nombre d’adaptations à long terme Ces nouvelles caractéristiques pourraient servir à reconfigurer l’espace hospitalier existant ou à créer des nouveaux projets. Ces caractéristiques peuvent être résumés comme suit : • Plus d’espace aux urgences et aux USI ; • Espaces séparés ou séparables avec sas tampon pour faciliter le déplacement et le changement des EPI du staff médical entre les deux espaces en toute sécurité ;

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 143 L’une des leçons tirées par cette crise est qu’il faudra élaborer un cadre commun entre le personnel de santé et les architectes autour des mesures à entreprendre pour la gestion de la pandémie. Après les réponses d’urgence, il est grand temps de comprendre cette nouvelle réalité pour mieux planifier les conditions de résilience réelles des structures hospitalières. Il est également à retenir que même la mutation de ces structures, bien que nécessaire, doit être adaptée au contexte même de l’hôpital en question en termes d’espace, de structure et d’organisation existante du bâtiment hospitalier. Les besoins émergents du staff médical qui a participé à cette étude, ont essentiellement dépendu de la nature de la pandémie même et des pratiques médicales nécessaires pour combattre le virus. L’une des leçons tirées concerne la nécessité de prendre en compte ces besoins et de les convertir en des caractéristiques de conception de l’espace hospitalier de demain Une autre leçon tirée concerne la collaboration nécessaire entre les usagers de l’espace sanitaire et l’architecte dans la reconceptualisation de ces bâtiments. D’autres parties prenantes devraient probablement être mieux informées des enjeux de ces stratégies de résilience architecturale. Cela peut nous inciter à repenser aux décisions liées au choix de l’emplacement des hôpitaux, leurs accès et leur organisation intérieure et extérieure. Des terrains plus spacieux et des moyens financiers plus importants devraient également être dédiés à ces hôpitaux.

• des structures faciles et rapides à monter. Ce qui est à retenir à la fin de cette étude est l’importance de continuer la recherche sur ces questions afin de concevoir des hôpitaux mieux préparés à des crises d’une telle envergure et de permettre le bon déroulement des soins donnés pour sauver des vies humaines. C’est de cette manière que l’on peut renforcer le rôle de l’architecture et de l’architecte dans le domaine médical.

• Création des espaces séparés pour les médecins et les patients ; • des matériaux facilement nettoyables et désinfectées ;

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 144 • L’espace USI doit favoriser une meilleure visibilité des patients ; • des chambres plus spacieuses pour les patients ; • un accès facile aux stocks et équipements ; • Un espace d’urgences favorisant la circulation fluide et permettant un contrôle des flux des patients par des couloirs séparés (un sens de circulation) ;

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 155 Bibliographie iconographique FIGURE 1 CHAMBRE D'ISOLEMENT À PRESSION NÉGATIVE. REPRODUITE DE « THE ROLE OF ARCHITECTURE IN FIGHTING COVID 19 : REDESIGNING HOSPITAL SPACES ON THE FLY TO PROTECT HEALTHCARE WORKERS », PAR ARIADNE LABS + MASS DESIGN GROUP, 2020, P.4............................................................................................................................................ 28 FIGURE 2 - HISTOIRE DE LA TYPOLOGIE HOSPITALIÈRE REPRODUITE DE « LE CONCEPT DU MONOSPACE : LA SIMPLEXITÉ DANS LA CONSTRUCTION ARCHITECTURALE », PAR BRUNET & CONTRÉ (2014) 29 FIGURE 3 – HISTOIRE DES PANDÉMIES LES PLUS MORTELLES ADAPTÉE DE « POST PANDEMIC CITIES THE IMPACT OF COVID 19 ON CITIES AND URBAN DESIGN », PAR ELGHEZNAWY, D., & ELTARABILY, S., 2020, ARCHITECTURE RESEARCH, 10, P.76.33 FIGURE 4 CAMP FUNSTON, KANSAS. HÔPITAL D’URGENCE. (S.D.) [PHOTOGRAPHIE]. NATIONAL MUSEUM OF HEALTH AND MEDICINE. HTTP://WWW APIMA ORG/IMG BRONNER/PHOTOS GRIPPE_1918.PDF COPYRIGHT DE L’ÉDITEUR 37 FIGURE 5 L’HOPITAL DE CAMPAGNE CAMP BROOKS, BOSTON EN 1918 PENDANT L’EPIDEMIE DE GRIPPE ESPAGNOLE. (1918) [PHOTOGRAPHIE] NATIONAL ARCHIVES » 37 FIGURE 6 NOMBRE DE LITS DE SOINS INTENSIFS PAR 100.000 HABITANTS PAR PAYS. ADAPTEE DE « CURA PODS », PAR CURA PODS TEAM (2020, 6 AVRIL). CURA PODS HTTPS://CURAPODS ORG/ 40 FIGURE 7 ARCHMAP COVID 19 DE L’INSTITUTE OF HEALTH + WELLNES DESIGN DE L’UNIVERSITÉ DE KANSAS. REPRODUIT DE « COVID 19 ARCHMAP », PAR BROWN, M. (2020, MARS 4). AIA. HTTPS://NETWORK AIA ORG/BLOGS/MAGGIE BROWN/2020/04/03/COVID 19 ARCHMAP.......................................................................................................... 44 FIGURE 8 - YIJIU & AL (2020, JANVIER). LES HOPITAUX HUOSHENSHAN FIELD HOSPITAL ET LEISHENSHAN [PHOTOGRAPHIES]. FRANCEINFO. HTTPS://WWW.FRANCETVINFO. 47 FIGURE 9 - CURA PODS TEAM (2020, 6 AVRIL). CURA PODS DANS L’HOPITAL TEMPORAIRE DE TURIN [PHOTOGRAOHIES]. CURA PODS. HTTPS://CURAPODS.ORG/ 47 FIGURE 10 – YUAN, J. (2020, 4 AVRIL). L'HÔPITAL TEMPORAIRE JACON K.JAVITS CONVENTION CENTER [PHOTOGRAPHIE]. WASHINGTON POST. HTTPS://WWW.WASHINGTONPOST.COM/NATIONAL/JAVITS CENTER CORONAVIRUS FIELD HOSPITAL/2020/04/04/50BDBF32 75B2 11EA 87DA 77A8136C1A6D STORY HTML 47 FIGURE 11 TYPOLOGIE DES ADAPTATIONS EN REPONSE A LA CRISE DU COVID 19. ADAPTÉE DE « FLEXX A STUDY OF FLEXIBILITY CONTAGION SPECIAL EDITION », PAR HKS. (2020A). HKSINC HTTPS://STATIC1.SQUARESPACE COM/STATIC/5595C129E4B02838D1264C98/T/5E8BA1D106AD21646FFD18F2/158620 9271189/FLEXXCONTAGION_EXTERNALVERSION V7.PDF 49 FIGURE 12 COMPARAISON DES SOLUTIONS (BASE SUR CURA PODS, 2020).................................................................... 57 FIGURE 13 LOCALISATION DES TROIS CAS ETUDIES 61 FIGURE 14 - JOSEPH BRACOPS (S.D.). [PHOTOGRAPHIE]. HTTPS://WWW HIS IZZ BE/FR/HOPITAUX IRIS SUD/INFOS PRATIQUES ET CONTACT/JOSEPH BRACOPS_4 74 FIGURE 15 - SERVICES DES URGENCES ET DES SOINS INTENSIFS À L'HÔPITAL JOSEPH BRACOPS 75 FIGURE 16 - PLANS DES USI AVANT ET PENDANT LE COVID 76 FIGURE 17 - GAALOUL, M. (2022, MARS 29) UNE DES DEUX CHAMBRES DE SOINS INTENSIFS AVEC SAS ET UN ACCES AU COULOIR POUBELLES [PHOTOGRAPHIE]. 77

FIGURE 29 - GAALOUL, M. (2022, MARS 29). ZONE DE DEPISTAGE AU PARKING DE L’HOPITAL [PHOTOGRAPHIE]. 89

FIGURE 28 - GAALOUL, M. (2022, JUIN 14). STOCK ET SALLE DE REANIMATION [PHOTOGRAPHIE]... 88

FIGURE 22 (T3) ADAPTATION DES URGENCES A LA TROISIEME VAGUE 83

FIGURE 25 PRINCIPALES ADAPTATIONS AUX SOINS INTENSIFS DE L'HOPITAL BRACOPS 87

FIGURE 18 - GAALOUL, M. (2022, JUIN 14). BOXES DE SOINS A L’ARRIERE DES URGENCES [PHOTOGRAPHIE]. 78 FIGURE 19 - PLAN DES URGENCES AVANT LE COVID 79

FIGURE 20 (T1) ADAPTATION DES URGENCES A LA PREMIERE VAGUE 80

FIGURE 26 GAALOUL, M. (2022, JUIN 14). ZONE COVID ET ZONE DE TRI ACTUELLES [PHOTOGRAPHIE] 87

FIGURE 27 GAALOUL, M. (2022, JUIN 14) SALLE DES URGENCES [PHOTOGRAPHIE] 88

FIGURE 21 - (T2) ADAPTATION DES URGENCES A LA DEUXIEME VAGUE 82

FIGURE 23 (T4) ADAPTATION DES URGENCES ACTUELLEMENT 83 FIGURE 24 GAALOUL, M. (2022, MARS 29). MATERIEL DE LA SALLE DE RANGEMENT DEPLACE EN SALLE D’ATTENTE PENDANT LA PREMIERE VAGUE [PHOTOGRAPHIE] 86

23). MARQUAGE AU SOL [PHOTOGRAPHIE]. CHU SAINT PIERRE HTTPS://WWW YOUTUBE COM/WATCH?V=LYY NP4YPAY 106 FIGURE 44 PRINCIPALES ADAPTATIONS A L’USI A DE L’HOPITAL SAINT PIERRE 106 FIGURE 45 PLAN DES USI AVANT LE COVID 108 FIGURE 46 PLAN DES USI PENDANT LE COVID 108 FIGURE 47 BX1. (2020, DECEMBRE 23). ADAPTATIONS USI [PHOTOGRAPHIE]. CHU SAINT PIERRE HTTPS://WWW YOUTUBE COM/WATCH?V=LYY NP4YPAY 109 FIGURE 48 ERASME (2014). [PHOTOGRAPHIE]. HTTPS://WWW ERASME ULB AC BE/FR/COMMUNIQUES DE PRESSE/LES HOPITAUX ACADEMIQUES RECLAMENT 60 MILLIONS D EUROS 111 FIGURE 49 SERVICES DES URGENCES ET DES SOINS INTENSIFS A L'HOPITAL ERASME 112 FIGURE 50 - PLAN DES USI AVANT LE COVID 113 FIGURE 51 PLAN DES URGENCES AVANT LE COVID .................................................................................................... 115 FIGURE 52 PLANS DES ADAPTATIONS A L’HOPITAL ERASME REPRODUIT DE « AMENAGEMENTS COVID », PAR TRENCHANT, F (2020). ERASME 119 FIGURE 53 PRINCIPALES ADAPTATIONS A L'USI 5 DE L'HOPITAL ERASME 120 FIGURE 54 GAALOUL, M. (2022, JUIN 27). USI DE L’HOPITAL ERASME. [PHOTOGRAPHIES]............................................. 121 FIGURE 55 - RTBF (2020, AVRIL 2). CORONAVIRUS : LES HOPITAUX DU RESEAU IRIS APPROCHENT DE LA SATURATION A BRUXELLES. [PHOTOGRAPHIE]. RTBF. HTTPS://WWW.RTBF.BE/ARTICLE/CORONAVIRUS LES HOPITAUX DU RESEAU IRIS APPROCHENT-DE-LA-SATURATION-A-BRUXELLES-10474280 121 FIGURE 56 BOLCINA, J. (2020, MARS 26). HOPITAL ERASME URGENCES [PHOTOGRAPHIE]. 7SUR7. HTTPS://WWW.7SUR7.BE/SANTE/LHOPITAL ERASME SUR LE PIED DE GUERRE AVANT L AFFLUX REDOUTE~ACAE9A45/ COPYRIGHT PHOTO NEW ................................................................................................................................. 123 FIGURE 57 - GAALOUL, M. (2022, JUIN 14). ESPACE DEVANT LES URGENCES [PHOTOGRAPHIES]. 123

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 156 FIGURE 30 - GAALOUL, M. (2022, JUIN 14). ZONE DE DEPISTAGE AU GARAGE DES AMBULANCES [PHOTOGRAPHIE]. 89 FIGURE 31 GAALOUL, M. (2022, JUIN 14) INDICATIONS ET PANNEAUX [PHOTOGRAPHIE]. (. 89 FIGURE 32 - GAALOUL, M. (2022, MARS 29) LABORATOIRE DE SOMMEIL [PHOTOGRAPHIE]. 90 FIGURE 33 SAINT PIERRE (S.D.). [PHOTOGRAPHIE]. HTTPS://WWW STPIERRE BRU BE/PRESENTATION CHIFFRES CLES/ 92 FIGURE 34 - SERVICES DES URGENCES ET DES SOINS INTENSIFS À L'HÔPITAL SAINT PIERRE 93 FIGURE 35 - GAALOUL, M. (2022, AVRIL 11). USI ACTUELLES [PHOTOGRAPHIES]. 94 FIGURE 36 - BX1. (2020, DÉCEMBRE 23). SYSTÈME DE TRI DES URGENCES [PHOTOGRAPHIE]. CHU SAINT PIERRE HTTPS://WWW YOUTUBE COM/WATCH?V=LYY NP4YPAY 97 FIGURE 37 - GAALOUL, M. (2022, AVRIL 11). COUR DES URGENCES [PHOTOGRAPHIE]. 98 FIGURE 38 - BX1. (2020, DÉCEMBRE 23). SALLE DE RÉVEIL [PHOTOGRAPHIE]. CHU SAINT PIERRE HTTPS://WWW YOUTUBE COM/WATCH?V=LYY NP4YPAY 99 FIGURE 39 - ILLUSTRATION D’UN BOX DE CONSULTATION ADAPTE DE « LES DISPOSITIFS D’ACCUEIL AUX URGENCES POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE DU PATIENT COVID AVERE OU SUSPECT (TRIAGE + TESTS MOBILES », PAR DECROLY, M. (2021). AMUB. HTTPS://WWW AMUB ULB BE/E LEARNING/12/LIST?FBCLID=I AR3VN7E8TE7S5KEWLBN9FACKPMD2BLFFAMZGIFWENNK4EP_TFLY9NYGFJCK 102 IGURE 40 CHU SAINT PIERRE (2020, MARS 26). TRI ET BOXES DE CONSULTATION [PHOTOGRAPHIES]. CHU SAINT PIERRE ://WWW YOUTUBE COM/WATCH? =QHMOLEJANCW 103 IGURE 41 CONSTRUCTION DES BOXES SUR PLANCHERS EN BOIS POUR APLATIR LE SOL REPRODUIT DE « LES DISPOSITIFS D’ACCUEIL AUX URGENCES POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE DU PATIENT COVID AVERE OU SUSPECT (TRIAGE + TESTS MOBILES », PAR DECROLY, M. (2021). AMUB. HTTPS://WWW AMUB ULB BE/E LEARNING/12/LIST?FBCLID=IWAR3VN7E8TE7S5KEWLBN9FACKPMD2BLFFAMZGIFWENNK4EP_TFLY9NYGFJCK 104 FIGURE 42 PLAN DU SYSTEME DE TRI DES URGENCES AU CHU SAINT PIERRE REPRODUIT DE « LES DISPOSITIFS D’ACCUEIL AUX URGENCES POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE DU PATIENT COVID AVERE OU SUSPECT (TRIAGE + TESTS MOBILES », PAR DECROLY, M. (2021). AMUB. HTTPS://WWW AMUB ULB BE/E LEARNING/12/LIST?FBCLID=IWAR3VN7E8TE7S5KEWLBN9FACKPMD2BLFFAMZGIFWENNK4EP_TFLY9NYGFJCK 105 FIGURE 43 BX1. (2020, DECEMBRE

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Tableau 5 Description des entretiens 66 Tableau 6 - Description des Question de recherche, Données recueillies et Méthode d’analyse 68 Tableau 7 Description des documents recueillis et réalisés Tableau 8 Résumé des adaptations à l'hôpital Joseph Bracops 9170

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 157

Tableau 1 Types des ACS. Adapté de « COVID 19 Alternative care sites : Addressing capacity, safety, & risk challenges for our nation’s hospitals during a public health pandemic response » par The American Institute of Architects. (2020a, 6 avril). AIA. https://content.aia.org/sites/default/files/2020-04/KC20_AAH_C19_Alt Care Sites Whitepaper_sm_v03_FINAL.pdf 43

Tableau 4 Transformations de l’espace hospitalier pendant la crise du COVID 19 en Belgique. Adapté de « Gestion de la capacité hospitalière en Belgique durant la première vague de la pandémie de COVID-19 » par Van de Voorde et al. (2020). https://www.absym bvas.be/kce/gestion de la capacite hospitaliere en belgique durant la premiere vague de la pandemie de COVID 19 58

Liste des tableaux

Tableau 9 - Résumé des adaptations à l'hôpital Saint-Pierre 110 Tableau 10 Résumé des adaptations à l'hôpital Erasme Tableau 11 Adaptations de l’espace 130126 Tableau 12 Adaptations liées à l’augmentation de la capacité aux USI Tableau 13 Adaptations pour la gestion des flux Tableau 14 Adaptations des matériaux 133132131 Tableau 15 Adaptation de la ventilation 134

Tableau 2 Le déploiement de la flexibilité dans une situation de pandémie. Adapté de « FleXX A study of flexibility contagion special edition », par HKS (2020a). Hksinc. et « COVID-19 Frontline Perspective », par The American Institute of Architects. (2020b). AIA. 07/AIA_COVID_Frontline_Perspective.pdfhttps://content.aia.org/sites/default/files/2020 50

Tableau 3 Types d’interventions selon les besoins. Adapté de « COVID 19 ArchMap », par Brown, M. (2020, mars 4). AIA. https://network.aia.org/blogs/maggiebrown/2020/04/03/COVID 19 archmap 51

ACSAIA Institut Américain des Architectes Sites de soins alternatifs

des Infrastructures de Soins

OMS Organisation Mondiale de la Santé SARS-CoV-2 Coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère USISMUR Service Mobile d’Urgences et de Réanimation Unité de Soins Intensifs

Liste des acronymes

CDC Centres pour le contrôle et la prévention des maladies CNOACHU Centre Hospitalier Universitaire Conseil National de l’Ordre des Architectes français COVID-19 Maladie infectieuse à coronavirus 2019 CURA Unités connectées pour les troubles respiratoires EBD Evidence Based Design

EPI Equipement de Protection Individuelle IRISIAQ Qualité de l’Air InterhospitalièreIntérieurRégionale

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 158

Personne : Isabelle Heulers

2. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ? L’espace est fortement réduit, ils ont dû déménager une salle de rangement avec du gros matériel et la mettre dans leur salle d’attente vu qu’il n’y avait plus de visites et qu’elle n’était plus fonctionnelle. Ils viennent de la reranger maintenant vu que c’était embêtant de recevoir les visites sans salle d’attente sans sièges. Ils ont laissé la salle jusqu’à la semaine passée.

Statut : Infirmière chef Service : USI Hôpital : Joseph Bracops Jour : 29/03/2022

3. Pour quels besoins ? Sas et couloirs sales 4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ?

Durée : 32 minutes Lieu : Sur place

Le flux des patients ne permet pas un circuit COVID et un circuit non COVID. A la 1ere vague il n’y avait que les COVIDS mais pour les autres vagues il y avait les autres patients aussi. Il n’y a pas de circuit possible pour séparer les deux.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 159 Annexes Annexe 1

5. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ? C’est un petit hôpital et ils ont augmenté le nombre de lits. De base ils ont 7 lits en général et ils ont augmenté jusqu’à 10 lits vu qu’ils avaient la possibilité en interne d’augmenter vu qu’ils ont 10 chambres au total. <>Dans les grands hôpitaux ils ont exporté les soins intensifs vers le quartier opératoire (exemple Ledelta)déménagement de chambres, et réaménager une autre chambre avec du matériel comme le monitoring, le respirateur qu’ils n’avaient pas. Ils ont dû adapter deux chambres supplémentaires. A l’hôpital Bracops, ils n’ont que deux chambres d’isolement avec un sas. Mais les autres chambres n’ont pas. Certains services (pas le leur) ont mis des bâches en plastique pour éviter que quand on ouvre la porte il n’y pas ce flux d’air qui passe

1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ? Urgences, quartier opératoire et la consultation => services perturbés au niveau du personnel qui est allé travailler aux soins intensifs

Ce n’est pas une décision de l’hôpital et eux ils n’ont pas de poids par rapport à ça.

Comment se fait le tri des patients ? Il se fait au départ avant l’hospitalisation. C’était surtout en fonction de l’âge au sein du service. Aux soins intensifs ils ont eu les cas les plus graves et les plus jeunes qui avaient une espérance de vie surtout pour les dernières vagues.

8. Est-ce que vous avez reçu un plan d’urgence ? Ils ont eu des directives concernant les visites et comment s’habiller pour la 1ere vague ils se sont débrouillés tous seuls. Il n’y a pas eu vraiment de plan d’urgence mais par contre ils ont eu des notes de service presque des syllabus qu’ils n’ont pas eu le temps de lire. L’information orale était plus facile. Est-ce que les changements étaient différents d’une vague à une autre ?

Pas de changement mais les infirmiers qui s’occupaient des patients COVID restaient dans les chambres COVID. Les externes (du quartier opératoire, consultation) passaient le matériel à l’intérieur de la chambre pour éviter les entrées et les sorties inutiles et de s’habiller et de se déshabiller pour rien. C’était surtout pour la première vague, puis quand ils ont ouvert le quartier opératoire c’est devenu compliqué.

A Ixelles ils ont un tout nouveau service avec une dépression ce qui fait que c’est beaucoup plus safe comme le flux d’air dans les quartiers opératoires.

6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ?

10. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ?

Non 9. Quels sont les changements au niveau de la circulation ?

7. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation ?

Est-ce que les deux chambres d’isolement étaient assez pour gérer la crise ?

Non, ce n’était pas assez en fait il aurait fallu la totalité des chambres d’isolement avec un sas parce que quand on ouvre la porte il faut se déshabiller soit à l’intérieur soit à l’extérieur. Si on se déshabille à l’intérieur on se contamine et si on se déshabille à l’extérieur on contamine les autres. Il n’y a pas de technique à 100% safe.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Est-ce que vous avez mis des bâches ici ?

Pour les 2 premières vagues, ils avaient un service complet qui était dédié au COVID rien qu’un service et puis les 2 dernières il n’y avait plus de personnel donc ils ont dû fermer le service. Dès qu’un patient allait mieux aux soins intensifs il allait au service COVID. Pour les dernières vagues ils ont ouvert un seul service pour les 3 sites et donc quand ils avaient un patient qui allait mieux ils le transféraient vers Ixelles où il y avait un service dédié au COVID vu qu’il n’y avait plus suffisamment de COVID. Dans les premières vagues qui étaient pires il y avait 3 services pour les 3 sites.

Non Est-ce que c’était par manque de moyens ?

160

Une fois que le patient est guéri des soins intensifs il passe obligatoirement par le service COVID

A Bracops, ils n’ont pas ça. Ils n’ont rien du tout. L’idéal aurait été de mettre des bâches pour éviter que les flux de la chambre COVID n’aillentl vers le couloir.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 161

11. La sécurité du personnel était-elle assurée ?

A la 1ere vague, c’était catastrophique vu qu’il manquait les masques, du matériel et qu’ils ne connaissaient pas bien la maladie pour savoir comment se protéger. Ils ont dégagé à la 1ere vague deux chambres à l’extérieur qui étaient pour le labo de sommeil vu qu’elles étaient libres. Ils ont utilisé ces deux chambres là avec douches pour se laver quand ils sortaient de l’hôpital et pour s’habiller et se Habituellementdéshabiller.

ils ont des casiers au RDC et au sous sol pour se changer et à partir du COVID ils ont arrêté de les utiliser. Ils ont des machines qu’ils ne pouvaient plus utiliser c’est pour ça qu’ils ont utilisé ces deux chambres et ils laissaient dans un sac leurs vêtements civiles et professionnels.

13. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? Il faut vraiment beaucoup plus d’espace.

14. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? C’était difficile surtout de s’habiller et se déshabiller non-stop. Quand c’était le même virus ils changeaient juste les gants entre les patients. Il n’y avait pas vraiment un endroit de le faire (s’habiller et se déshabiller) et l’idéal c’est d’avoir un sas et d’avoir une sortie sale vers l’extérieur. Ils ont trouvé un système pour leurs deux chambres d’isolement parce qu’elles donnent sur un couloir sale et les poubelles partent à partir de là et c’est l’idéal. Il y a des hôpitaux en cercle, tout autour du service il y a un couloir sale et il y a des trappes pour passer les poubelles. A Bracops, ils doivent sortir leurs poubelles de la chambre et ils passent dans le couloir. Le sac sale est à l’intérieur et il y a quelqu’un à l’extérieur et donc Ils font des doubles sacs, le sac sale dans le sac propre pour éviter les contaminations.

12. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Non ils n’ont pas suffisamment d’espace. Il n’y a pas eu de circuit possible pour séparer les patients COVID des non COVID. Ils ont des patients notamment dans les services généraux il y a eu des clusters qui ont été mélangé et c’était problématique. L’espace n’est pas suffisant même en temps normal et donc en cas de problème c’est encore pire. Ixelles qui est un nouveau service ils ont des sas.

15. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non, on espère juste que ça va s’arrêter mais là ça recommence depuis hier, ils ont de nouveau 2 cas COVID Ce n’est pas un service où ils ont beaucoup adapté. A Delta ils ont beaucoup plus adapté vu que c’est un grand hôpital et ils avaient un grand nombre de lits en salle d’opération.

3. Pour quels besoins ? De l’espace.

Durée : 20 minutes

2. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ?

Au niveau des urgences de Bracops, le problème c’est que, on n’a pas un vrai triage, comme dans beaucoup d’urgences, donc ici le tri se fait direct à l’accueil avec les ambulanciers par exemple, et donc on était obligés de séparer le service presque dès l’entrée en deux, et vous avez vu le couloir d’entrée c’est le même pour tout le monde, donc il y avait la grande salle, où vous êtes passée, on a plus ou moins une dizaine de lits, et après tout le reste des urgences derrière, et on était obligés de fermer tout le reste derrière pour le COVID, ce qui a fait qu’on a seulement gardé quelques lits ici pour les gens non-COVID. Donc ça, c’était le plus gros changement, et il n’y a pas réellement de fermeture ici à votre droite, entre les deux zones. Donc là, ils ont dû bricoler des trucs avec des panneaux et des bâches.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 162 Annexe 2 Personne : Axel Vincent Van Velthem Statut : Infirmier Service : Urgences Hôpital : Joseph Bracops Jour : 14/06/2022

Problèmes en termes d’architecture : Ici, les boxes sont pareillement distants, quand on a une grande salle avec plusieurs malades, c’est un vrai problème ce qui fait en niveau intimité ce n’est pas top, au niveau transmission des bactéries ce n’est pas top, et puis pour le confort des patients ce n’est pas terrible. Tous les boxes fermés sont plutôt à l’arrière, donc là où on mettait les gens COVID, ça c’est un problème. Aussi, le problème que notre salle de réa, donc les deux boxes réservés pour les patients les plus graves, est elle dans la zone COVID, ce qui fait qu’on n’avait plus pour les gens COVID, ce qui fait qu’on a dû créer un nouveau box dans la salle spécialisée pour les cas graves qui ont été intubés les choses comme ça. Et, ce qu’on a dû créer, notre répartition du matériel aussi, notre stock du matériel était de nouveau dans l’autre zone et on a dû le déplacer en zone propre, et au fur et à mesure ramener les choses à l’autre côté, et on a dû créer un stock aussi là bas. Avant la crise : on avait déjà un problème que les boxes ne sont pas vraiment différenciées au niveau architectural c’est difficile de créer des boxes dans une grande salle comme ça, on a un problème qu’on n’a pas de tri, et de nouveau on a réfléchi si on pourrait faire un tri en dehors, mais ça ne s’est jamais fait.

Lieu : Sur place 1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ?

Les urgences, les soins intensifs.

6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 163

Les changements effectués ont été faits à l’intérieur du bâtiment ou à l’extérieur également ? Pas à l’extérieur sauf dans le garage. Alors d’abord on avait un centre de testing dans les urgences puis ce centre de testing a été délocalisé sur le parking devant l’hôpital avec des tentes de la croix rouge et au pour final maintenant avoir le centre de testing dans le garage avec un petit local aménagé dans le garage. Est-ce que vous avez un système où vous séparez les patients graves et les non graves ?

Oui tout à fait, normalement ça se fait au tri, mais on n’en a pas, donc ça se fait souvent quand un infirmier qui va près de la dame a l’accueil quand elle inscrit, elle est formée et elle sait que certains choses comme une douleur thoracique ou une difficulté respiratoire, elle les fait directement rentrer, et tout ce qui traumatique, une cheville cassée, un bras, une plaie, tout ça va directement aux boxes, donc ça, c’est bien séparé. Et, il y a un médecin qui s’occupe du box sastraque, il ne fait que ça. Donc on ne voit que des cas ortho ou traumato plus de la médecine générale et puis sont à l’autre partie où il y a deux autres médecins qui s’occupent des autres cas de médecine avec des hospitalisations pour faire des bilans Et pour ce qui a été fait, C’est surtout un grand panneau ici qui est toujours là d’ailleurs, qui restera en place et qui va servir si jamais on a des cas de variole, d’Ebola ou quelque chose comme ça comme il y a des protocoles dans tous les hôpitaux notamment Saint Pierre qui est spécialisé là dedans. On a notre zone COVID qui a reculé et on a rajouté de nouveau des séparations pour pouvoir bien délimiter les zones mais au fur à mesure elle a reculé et on a refermé et réouvert des zones au fur et à mesure Par reculer vous voulez dire vous voulez dire agrandir ou rétrécir ? Quand je dis reculer ça reculait au fond des urgences. C’est de plus en plus au fond. Et de nouveau ce n’est pas idéal car quand le patient est positif, il rentre par l’entrée principale et il va devoir passer tout le couloir avant d’arriver tout derrière, tout au fond.

5. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ?

Le nombre de patients était beaucoup plus intense durant la crise, et c’est surtout les malades étaient plus graves, donc plus de soins à faire chez eux, c’est ça qui faisait qu’on avait une grande charge de travail, par exemple si on reçoit 40 patients avec des choses qui vont vite, ça peut aller, mais si il faut installer et faire un perfusion là ça prend beaucoup de temps et personnel, et de surveillance comme ce sont des patient pas stables avec des problèmes respiratoires, donc plus de demande et plus de charge de travail.

4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ?

Alors, au tout début on a fermé tout le côté là bas, vraiment tout… on avait plus accès que par une seule porte. Il y a une infirmière et un médecin qui restaient là bas tout le temps. Et puis au fur et à mesure on a commencé à libérer le box réa qui en début de couloir et on a décalé les boxes plus dans l’arrière des urgences et le personnel a commencé à travailler des deux côtés en s’habillant. Donc très bien délimiter puis c’est un petit peu rentrer on va dire dans la norme d’aller, de s’habiller et de revenir etc…

Les adaptations n’ont pas été pratiques… Elles n’ont pas été faciles à cause de la contrainte de l’espace. On est limités aux 4 murs on va dire et donc on est obligés de bricoler avec les moyens du bord pour arriver à avoir la meilleure qualité des soins et surtout de bien différencier les zones. Donc là ça a été clairement des bricolages avec des bâches, avec des paravents.

7. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation ?

8. Est-ce que les changements étaient différents d’une vague à une autre ? Oui, on a adapté au fur et à mesure des vagues et du flux qu’on avait. Qui a pris les décisions ? Alors, ça a été décidé en équipe médicale et infirmière de ce qui était le mieux pour le flux des patients et de comment les trier etc… ça a été mis en place par notre service technique. Donc on a des ouvriers qui s’occupent de l’entretien… ils nous ont aidé à ça.

9. Comment les patients non COVID étaient séparés des patients COVID et du personnel ? Est-ce que vous avez mis en place un système avec des flèches au sol, une circulation dans un sens ? C’était affiché sur les portes. Donc, toute la zone était fermée. C’était affiché « zone COVID » avec un grand truc rouge. Et alors on a mis des petits panneaux sur pieds qui sont encore là d’ailleurs pour montrer la zone COVID c’est par là, le tri COVID c’est là bas, attention vous entrez dans une zone COVID, il faut s’habiller et donc les vêtements pour s’habiller sont plus devant, les paravents…

13. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? C’était dur, beaucoup de travail… Les leçons à retenir est qu’on ne pourra jamais être assez préparés pour ce genre de pandémies. D’ailleurs aucun pays n’était préparé pour ça. Tout le monde a été surpris. On a beau avoir des protocoles, on a toujours des surprises. Quelles solutions proposez-vous au long terme ? Oui il faut des solutions à prévoir à long terme. Dans la conception d’un service d’urgences il faudrait clairement qu’il y ait une zone pour les patients contaminés par ce que là c’était COVID mais ça pouvait être autre chose. Ça pouvait être la variole un Ebola. Il y a plein d’autres maladies contagieuses. C’est pour ça que nous avons des hôpitaux spécialisés en Belgique mais légalement chaque service d’urgence doit avoir un plan de prévention pour les maladies infectieuses… qu’on a d’ailleurs ici. On a un protocole, on a un personnel responsable.

Les patients restent sur place. On a ici deux appareils pour faire des tests rapides comme ils ont presque partout, et donc en 15 minutes nous avons un résultat de test fiable. On a eu souvent la surprise de patients qui étaient dans une zone non COVID et puis au cours de nos examens on fait un test de routine pour hospitaliser le patient et se rend compte qu’il est COVID mais ça fait 2 3 heures qu’il est dans la salle avec les autres patients.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

10. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ? Il y a un système de ventilation mais il n’y a pas de clim.

11. La sécurité du personnel était-elle assurée ? Non, le personnel ne l’était pas ! C’était vraiment très limite par rapport à procédure et organisation l’espace. Même au niveau du matériel c’était très limite.

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12. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Non, il n’y avait vraiment pas de place donc c’était difficile de rajouter des boxes ou de créer de nouveaux espaces dans quelque chose déjà très limité au niveau structure. Est-ce que vous pensez que les solutions que vous avez proposées ont fonctionné ? Oui, ils ont fonctionné.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 165 14. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? C’était dur et épuisant. 15. Avez- vous quelque chose à ajouter ? L’architecte doit collaborer avec les services de soins

3. Pour quels besoins ?

• Les patients ont quasiment tous besoins de la même chose en même temps, ils consomment toujours la même chose donc c’est la gestion des stocks et l’accès aux stocks. Une problématique un peu nouvelle parce que les besoins sont disproportionnés.

La gestion des flux des patients était un problème aussi. Manque de personnel Toutes les chambres sont trop petites et dès qu’il y a du matériel on ne sait plus tourner autour du patient et parfois on apporte beaucoup de matériel (dialyse, oxygène, monitoring…)

Durée : 1h 3 minutes Lieu : Sur place 1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ?

Dans les premières vagues ils ont dû fermer pleins de secteurs hospitaliers et hospitaliser un secteur normal. Il y avait 4 unités normales où il y avait uniquement des patients COVID donc tout l’hôpital a été réorganisé pour ça et toutes les activités non urgentes, ont dû être d’une part, interdites et ils n’avaient pas les moyens de les faire.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 166 Annexe 3 Personne : Alain Roman Statut : Médecin chef de clinique Service : Unité soins intensifs Hôpital : CHU Saint Pierre Jour : 11/04/2022

• Besoins de place, il faut beaucoup de machines autour des patients donc beaucoup d’espace. Sas d’entrée pour se vêtir de façon protégée, zone non contaminée et une zone contaminée avec sas tampon. (Enjeu majeure qui doit résister à l’usure du temps) on avait pensé que ça allait durer des mois et ça dure deux ans déjà. La visibilité des patients (monitoring ne suffit pas), coordination, de ce qui se passe dans la chambre et les besoins.

• Les besoins ils se sont accrus parce que quand on travaille avec les gens on travaille dans l’unité dans la zone contaminée il y a des gens qui sont dans la zone propre et qui doivent apporter du matériel, des médicaments toute sorte de choses qui d’habitude sont faciles à prendre, à déplacer ou à ramener près du patient ce qui n’est pas le cas là.

Lui il était à l’unité 509 c’est une très longue unité. Quand c’est très long, d’abord dans une chambre on ne voyait pas ce qui se passe dans la chambre voisine et dans toutes les autres. Ça c’était un énorme problème d’être dans isoloir. Chaque chambre devient un isoloir. Ils avaient le problème de communication médicaux administratifs, de gestion et de rencontre de familles parce que ça c’était un des gros problèmes, vu que les visites étaient interdites.

Ce qui était difficile c’est qu’ils ont choisi de rendre chaque chambre comme isoloir dans lequel il y a un sas d’entrée et puis la chambre de soins, pour les soins intensifs et les soins intensifs COVID beaucoup de patients avec une ventilation assistée. Il faut du personnel en permanence.

Pendant les 1ers mois, les dames qui nettoient avaient comme instructions de rentrer dans 1 chambre que quand il n’y avait pas de médecin ou d’infirmière je ne sais pas très bien pourquoi. C’est la gestion qu’on devait avoir pour la sécurité et le confort de chacun.

2. Est ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ?

C’était une unité de pédiatrie (509) qui avait des chambres avec sas qui étaient prévus quand les enfants avaient des maladies comme les maladies respiratoires… le virus respiratoire…pour lesquelles il fallait les hospitaliser c’est pour ça qu’ils avaient besoin de ce sas. Pendant la 1ere vague les enfants étaient très peu touchés, donc cet espace était libre et ils ont pu l’occuper pour les adultes.

5. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ? Toutes les chambres d’isolement ont un sas d’entrée avec une pression négative pour l’instant il en reste 10 et ils en ont 4 de plus. Pour la 1ere vague, 2eme vague et la fin de la 3eme vague ils avaient une unité de 16 lits en plus. Ils avaient d’autres chambres et ce n’était pas possible de les utiliser de façon efficiente parce que ce sont des chambres isolées. Ils auraient pu mettre 1 seul cas d’une maladie rare dans un coin ça aurait marcher mais en avoir tous pleins c’était ingérable. La distribution des autres chambres sont ouvertes puis ils ont 4 chambres qui sont dans les coins qui ont cette architecture et ces avantages et tout mais qui ne sont pas fonctionnelles réellement en temps d’épidémie. Il y a d’autres unités COVID qui ont fonctionné autrement ouvertes et là tout le monde travaille à 4 à 6h en isolement ils passent d’un lit à un autre comme ici mais ici ils ont choisi de ne pas faire ça parce qu’un patient peut avoir le COVID mais il peut avoir aussi d’autres germes aussi. Ils voulaient éviter qu’il y soit des transports comme ça d’autres pathogènes en plus qui compliqueraient vraiment la situation. Ils comptent refaire l’unité des soins intensifs et avoir une nouvelle architecture, ils ont besoin de plus de place. Dans la médecine il y a toujours des évolutions et des maladies il y aura encore d’autres maladies. Donc ils ont créé une unité qui n’était pas prévue pour les soins intensifs et ils ont réussi à faire 16 lits, 16 chambres de soins intensifs supplémentaires et dans certaines ils ont fait des changements qui permettaient de faire l’hémodialyse. Ils ont dû amener de l’eau, en fait ils ont besoins d’un circuit d’eau déminéralisée qui est dédié à ça. Ils ont équipé toutes les chambres de respirateurs et de blocs multiprises pour les nombreux appareils qu’ils utilisent (20/25 prises électriques min).

Dans les 1eres semaines, une fois qu’un patient entrait dans une chambre il en sortait que guéri ou mort. On n’allait pas au scanner avec lui tout ça était trop compliqué puis progressivement ils ont trouvé des solutions pour pouvoir quand même transporter les patients pour faire des examens qu’on ne pouvait pas faire à leur chevet. Quand on vous dit lit vous pensez à quoi ? oui c’est pour dormir mais un lit de soins intensifs c’est un grand car pour aller d’un endroit à un autre, c’est une table d’opération pour subir parfois même de vraies opérations chirurgicales ici ou des actes qu’on pourrait faire en salle d’opération. C’est une table de kiné c’est beaucoup de choses.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 167

Est-ce que toutes les chambres ont un sas dans cette unité ? Oui, toutes les chambres Est-ce que vous avez d’autres unités qui ont des chambres avec sas ? Non, aux soins intensifs il y’ a deux chambres équipées d’un sas. Elle a été construite après le SARS 1 au Canada donc ils ont construit une unité de 10 chambres de soins intensifs adultes. Ils ont aussi deux chambres isolées dans l’unité d’à côté (unité B) et il y a 10 chambres dans l’unité C. Ils ont 3 unités de soins intensifs : une essentiellement pour la chirurgie, une pour les cas médicaux et une pour les cas cardiaques et accidents vasculaires.

L’unité que vous avez transformée avait quelle fonction avant le COVID ?

Où vont les patients une fois rétablis ? Ils vont dans une chambre normale. Parfois ils vont mieux et ils ne peuvent pas les sortir mais ils n’ont plus besoin de respirateur. Ils sont ici tant qu’ils ont besoin de technologie. Les soins intensifs c’est un endroit où on soigne des gens dont la vie est en danger où il y’ a du matériel pour faire ça. Chaque unité a un peu son assemblage de matériel pour des différents types de problèmes.

4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ?

Oui dirigé par Mr Franco Carrieri, il s’occupe de faire une nouvelle unité de soins intensifs pour l’avenir. Notre unité a été ouverte en 96 et rien n’a changé depuis peut être la peinture une fois ou 2. On a eu un lit obese mais il ne sait pas rentrer dans certaines chambres parce que la porte est trop petite.

8. Est ce que vous avez mis en place un système avec des flèches au sol, une circulation dans un sens ? Une fois qu’on est dans l’unité c’est absurde. Moi je n’ai pas fait beaucoup de photos et je regrette quand il y a beaucoup de monde c’est impossible. Moi ce que je voulais c’est que les gens puissent être surs d’être propres quand ils sortaient de la chambre et d’être surs d’être protégés quand ils sont à l’intérieur. Qu’il n’y est pas de mouvement de panique et pas d’erreur là dessus. La sécurité de chacun c’est la sécurité de tous.

9. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ? Non, toutes les chambres prévues pour ça sont équipées d’un système de ventilation qui peuvent être en pression négative et en pression positive. Pression + on s’en sert dans d’autres circonstances quand on a un malade immunodéprimé et qu’on ne veut pas qu’il acquiert des bactéries qui rodent chez les voisins. C’est très rare.

Pour résumer : Ils avaient 4 unités consacrées au COVID, donc une de 10 lits (C), une de 16 lits (ex unité de pédiatrie) et puis 4 lits ici (chambres avec sas) (A et B) mais ça n’a pas été un grand succès. Ça consommait beaucoup de personnel pour très peu de patients et puis ils ont aménagé une unité où il y avait déjà une partie du matériel mais pas le matériel de réanimation comme ici pour en faire une pièce soins intensifs chirurgicale générale non COVID.

Quel service était en charge les changements ? C’est le service bio techniciens. On ne touchait pas trop à l’architecture mais plutôt à la gestion des fluides biologiques.

Oui des directives à la fois hospitalières qui venaient des instances ministérielles et directement ou indirectement par l’institut de santé publique. Les infos scientifiques qu’ils ont eu au départ ne correspondaient pas à la réalité qu’ils ont vu. Et vous avez un service infrastructure à l’hôpital ?

6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ? A l’unité de pédiatrie, les portes et les fenêtres étaient trop petites pour bien regarder les patients sans entrer dans la chambre. Parce que pour entrer dans la chambre il faut s’habiller et se déshabiller et ça prend beaucoup de temps. Donc il y a la problématique d’entrer dans la chambre et il y a des appareils où ils ne peuvent pas faire des commandes à distance (contrainte techniques).

168Est ce que vous avez transformé d’autres espaces aussi ?

7. Est-ce que vous avez reçu un plan d’urgence ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Oui, mais c’est une forme d’erreur, on va dire une erreur de jeunesse. La salle de réveil d’anesthésie en unité de soins intensives non-COVID. Ils n’avaient pas tout l’équipement nécessaire vu qu’il était centralisé sur les patients COVID. Ça a fonctionné mais c’était difficile.

C’est une expérience très marquante qui nous a consommé beaucoup d’énergie. C’est quelque chose qui a changé nos vies.

La réponse immédiate serait de dire non mais on peut s’adapter dans un délai court en fonction des impératives que mène la maladie qu’on soigne. Dans les années 50, il y a eu la poliomyélite et on vaccine toujours nos enfants pour ça. C’est une maladie qui paralyse et c’est un peu grâce à cette maladie qu’on a inventé les unités de soins intensifs dans le monde et les respirateurs. Je vois là très loin après les conséquences d’une maladie qui était à l’époque méchamment mortelle. Il n’y avait pas beaucoup de respirateurs et en salle d’opération les respirateurs c’était un ballon. Il a fallu le temps pour s’adapter et il y a toujours des progrès qui se font pour faciliter et améliorer la façon dont ça se passe. Mais on peut dire que cela a été fait à la suite de la pandémie de poliomyélite. C’est super intéressant ce que vous faites je vous ai dit parfois j’ai l’impression que les hôpitaux sont construits par des architectes qui ont envie de faire de beaux bâtiments mais qui sont moins impliqués dans ce qui se passe, comment les gens se croisent, ne se croisent pas, d’où est ce qu’ils vont ?...

14. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non je pense qu’on a besoin d’espace, de visibilité, de voir. Notre fonctionnement c’est de voir directement c’est de passer par des résultats sur des ordinateurs. C’est de voir et de revoir les patients.

12. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 169

C’est quelque chose qui complexe je pense que chaque type d’hôpital a ses caractéristiques. L’hôpital des enfants doit avoir une réflexion un peu différente que le nôtre. Et les gens qui ont une expérience et qui ont été confrontés à des problèmes ou à des résolutions de problèmes. Ça aussi c’est très important.

13. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? Je ne sais pas si on peut parler au passé, vu qu’on y est encore. Je pense que moi je continue à être extrêmement vigilent à tout ce que je fais. Il faut se protéger c’est une valeur constante tout le temps. Il faut pouvoir se protéger pour donner des soins dans de bonnes conditions.

11. Est ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Facile non, très difficile non. C’est lourd ça a demandé beaucoup de travail ça n’a pas été impossible, en 3 / 4 jours on peut transformer complétement une unité de 16 lits ça me paraissait aussi au départ impossible mais ça s’est fait. Il a fallu du matériel, organiser d’autres choses par exemple ils ont dû multiplier les appareils dans les services. Finalement tout ça a pu se faire c’était un grand challenge mais en quelques jours ça a été fait.

Franchement oui. Moi j’ai commencé le 1er cas COVID le 3mars je m’en souviendrai toujours parce qu’on avait tout prévu pour un cas ce jour-là et le soir on en avait un 2eme et rien n’était prévu pour le 2eme et ça c’est la réalité.

10. La sécurité du personnel était-elle assurée ?

Présentation « Les journées de L’AMUB sur le COVID » ULB AMUB : Association des médecins anciens étudiants de l’ULB L’hôpital Saint-Pierre accueillait environ 180 personnes par jour par rapport aux autres hôpitaux bruxellois en moyenne accueillait entre 15 et 20 patients. Un rapport de 5 à 10 pour 1. En Belgique, les hôpitaux les plus impactés étaient dans la région Anversoise, ils avaient 80 ,90 patients par jour dans deux gros services et pour les autres 30, 40.

La répartition n’était pas du tout équitable pour ces raisons :

+ Le nombre de médecins est en train de diminuer.

1/ L’hôpital Saint-Pierre a une réputation d’hôpital d’infectiologie, c’est le centre du Sida, de la tuberculose…et de pleins de maladies il a joué ce rôle là avec les infectiologues qui étaient très présents dans le réseau hospitalier et les médias.

1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ? 3 secteurs :

2. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ? Devoir faire travailler des équipes qui n’avaient jamais travaillé ensemble et de les faire travailler de manière fonctionnelle. Par exemple au service des urgences le nombre de personnes disponibles sur place a triplé il a fallu trouver 3x de plus que le personnel que d’habitude. Il a fallu solliciter des aides de la part des services qui n’avaient pas d’idée de ce qu’ils faisaient aux urgences : un défi intéressant et qui était super bien relevé. Bilan positif

2/ Service des soins intensifs (Faire des lits propres (non COVID) / lits sales (COVID))

3. Pour quels besoins ? Les nouveaux besoins sont des besoins anciens. Ça fait 30 ans qu’on diminue le nombre de lits hospitaliers. Le souci est que la diminution des lits hospitaliers a provoqué une diminution du personnel et qu’aujourd’hui le personnel formé pour pouvoir gérer le milieu hospitalier n’existe pas.

1/ Accueil le secteur du service des urgences : SMUR pour aller chercher les patients +service d’accueil de 1ere ligne pour le tri des patients. (Créer une structure particulière sous tentes+ réorganiser le service des urgences avec des zones COVID et non COVID)

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 170 Annexe 4 Personne : Marc Decroly Statut : Médecin généraliste avec formation d’urgentiste Service : Service SMUR Hôpital : CHU Saint Pierre Jour : 31/03/2022 Durée : 30 minutes Lieu : Par téléphone

3/ Créer les services de middle care (d’habitude il y a quelques lits mais là il a fallu créer plusieurs services, des dizaines de lits : nouveauté + obligation de fermer tous les services conventionnels : exemple du service de procréation médicale assistée fermé pendant plusieurs semaines et les médecins de ce service se sont occupés de l’entretien et de l’hygiène du service d’accueil)

4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ?

Ce sont des gens qui ont des formations de 4 ans et que c’est difficile de les remplacer pas du personnel qui va être formé en 15jours.

Pour les plans du système d’accueil, ce sont des plans qui ont été réalisé par mon fils qui est ingénieur sur base d’un croquis que j’avais fait. Il a réalisé ça en quelques heures, un système pour construire 36 places d’accueil qu’on a pu construire en 36 heures. Ces plans ont été redessiné par un architecte : François Vande Perre. Il y a un service d’architecture à l’hôpital Saint Pierre avec qui j’étais beaucoup en contact. Comme il fallait aller plus vite, j’ai a dit au service d’architecture que j’allais gérer tout en externe vu qu’il y avait beaucoup de choses à gérer en même temps.

On a partagé nos plans avec plusieurs hôpitaux notamment en Afrique du Sud, le MIT, Massachusetts (ils ont fait des choses beaucoup + grandioses que ce qu’ils ont fait en bois et en tôle vu qu’ils avaient d’autres budgets+ le temps de les faire)

Le service d’architecture a réfléchi à pleins de choses par rapport à la circulation, par rapport à quelles salles isoler, comment les isoler… il y a eu pas mal de travaux qui ont été faits.

Non, je me suis inspiré d’une simple idée qu’on se trouvait face à une pandémie dont on ne connaissait absolument pas la contagiosité et la virulence puisqu’on n’avait pas assez de recul et que ce qui se passait en Italie nous semblait catastrophique avec des soignants qui mourraient. Il me paraissait insoutenable que des soignants meurent parce qu’ils prennent soin d’autres personnes et donc j’ai simplement réfléchi à ce qui a été mis en place au 18eme et 19eme siècles pour protéger les patients. Vu que à ce moment là les médecins tuaient les patients parce qu’ils n’étaient pas conscients ni de l’asepsie ni de l’antisepsie. L’idée de la couveuse m’est parue comme simple puisqu’à ce moment là les projections sur le type de contamination étaient une contamination par contact direct ou par gouttelettes. Au départ l’idée était de faire des conteneurs métalliques qu’on pouvait déplacer et mettre là où on voulait. Mais le 22 mars, les conteneurs qui d’occasion coutent 1000 / 1500 euros étaient à 10000/ 12000 parce qu’ils étaient tous bloqués en Chine et que la chine n’en produisait plus et que les gens avaient compris qu’on allait tout fermer, ils avaient gardé leurs conteneurs pour stocker leur matériel. Donc ils ont dû se rabattre sur quelque chose d’autre. Les plans ont été dessiné le 14/ 15 mars le temps de faire accepter son projet à l’hôpital le 17/ 18. On a fait la version beta le 19. Et le 22 tout était monté. On a eu très peu de temps pour le faire. Vous avez appliqué ces solutions à partir de la première vague ? Oui, puis ça a été maintenu pendant la seconde vague. Pour la 3eme vague on a tout démonté vu que l’hiver arrivant ce n’était pas du tout assez chaud et une tente plus pérenne était installée à un autre endroit de l’hôpital avec une capacité d’accueil beaucoup plus petite. A ce stade, on savait quel était la contamination, comment se protéger, on avait beaucoup plus de matériel. Le 15 mars 2020, il restait 1000 masques chirurgicaux pour un personnel de 3000. Pas un masque par personne.

Comment avez-vous travaillé pour réaliser cette idée ?

2/ Le 22 mars tout était prêt pour accueillir 180 patients par jours alors que les autres hôpitaux ce n’était pas le cas. Les patients attendaient peu (1h/ 30 min) pour être triés. (Chiffres jusqu’au mois de septembre octobre 2020) Aujourd’hui tous les hôpitaux sont capables d’accueillir une dizaine de patients par jour. On n’est plus avec 180 patients par jour.

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Avez-vous travaillé avec un architecte ? Service infrastructure ? Je me suis concentré sur l’accueil et le testing : d’abord de masse, puis le rapide individuel. Il a continué à travailler normalement en dehors de cela.

5. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ?

Comment avez-vous eu l’idée ? Vous vous êtes inspirés de quoi ?

172 Aujourd’hui la situation est différente, il n’y a plus de décès de médecins, ils ont en eu 3 dans l’hôpital avant la vaccination.

Pourquoi avez-vous proposé cette intervention à l’extérieur de l’hôpital ? Depuis pasteur, tout le monde est conscient que l’hôpital pavillonnaire est l’hôpital qui évite et diminue le risque d’infection et le risque de faire entrer dans tout une structure un microbe qu’on ne voudrait pas avoir. Brugmann, hôpitaux de Paris le fait d’être un pavillonnaire et d’avoir un minimum de couloir où la transmission ou aérienne ou liquidienne peut se faire permet d’éviter la transmission des maladies contagieuses. Ce n’était pas que l’hôpital n’était pas flexible, ils auraient pu faire ça dans les caves, les garages. Son idée était d’avoir une séparation entre l’inconnu et l’hôpital qui doit préserver la santé des gens qui avaient d’autres pathologies. En combien de temps l’hôpital a pu se réinventer : en 15 jours alors que pour le bâtir il a fallu plusieurs années.

On devra improviser tout simplement. Dans le cadre de la prise en charge des maladies contagieuses, l’idée de quitter la tour et de revenir sur des conteneurs c’est la bonne idée. Mais, aujourd’hui avec le prix du mobilier et du terrain c’est une très mauvaise idée. Ce qui ne coute pas cher aujourd’hui c’est de construire en hauteur et pas en largeur. On doit garder à l’esprit que les maladies contagieuses doivent être isolées du reste de la structure hospitalière pour éviter de contaminer toute la structure.

6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ? Le temps et l’urgence de la situation.

9. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ?

Dans tous les hôpitaux, il y a un service qu’on appelle le service qui s’occupe du plan d’urgence hospitalier tout est déjà préorganisé. On n’était pas dans un plan d’urgence hospitalier classique comme dans les attentats du 22mars. J’étais à Maelbeek, il fallait créer un poste médical avancé rapidement en déterminant des zones. Les zones dans tout le système hospitalier belge sont préorganisées, cette cellule qui était activée même si on était dans un cadre d’un plan d’urgence où on allait accueillir 3000 victimes en 2h on savait qu’on allait accueillir 200 300 personnes par jour pendant plusieurs semaines. Donc ils ont simplement organisé un plan avec cette contrainte là et une autre contrainte : dans un plan de masse ? classique l’hôpital s’arrête complètement pendant quelques heures et chacun a un rôle défini et là il a fallu continuer à faire fonctionner l’hôpital. ça a été fait de manière coordonnée et la direction médicale, la direction administrative et les chefs des différents services concerné ont tous participé à ça. Il était invité aux réunions pour donner un avis extérieur mais dans tous les hôpitaux il y a des structures présentes.

7. Est ce que vous avez reçu un plan d’urgence ?

10. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ?

Quelles solutions proposez-vous au long terme ?

On a créé tout une série de protocoles qui ont été amendé au fur et à mesure de la pandémie et le jour où il faut le réactiver en 2h tous les protocoles sont réactivés. Normalement l’hôpital a gardé tout le matériel, vu qu’il a été démonté proprement. Tous ces boxes ont été conservés et peuvent être

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8. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ? Un double système qui était organisé : Chaque tanque était individuelle avec une entrée et une sortie et un sas pour le personnel soignant. Le sas du personnel était désinfecté et toute la tanque était désinfectée dès que les 6 boxes avaient été utilisées. Il y avait une ventilation naturelle et qui fonctionnait très bien. Vu qu’on était entre deux bâtiments il y avait du vent et des turbulences qui rentraient volontiers dans les tanques, donc il suffisait de laisser la porte ouverte et c’est bon. Les tanques étaient chauffées à cause de ces turbulences.

12. Avez vous quelque chose à ajouter ? Non

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 173 réutilisés. Il y a quelques jours de travail pour les monter et pour trouver du personnel pour monter c’est beaucoup plus facile que trouver du personnel spécialiste pour faire des intubations.

Une nouvelle organisation du travail et une charge administrative gigantesque liée à 3 phénomènes : le testing de masse : nécessité de trouver des énergies bénévoles et puis la 2eme phase pour l’encodage des autotests + la 3eme tous les certificats qu’il faut remplir pour la quarantaine, de maladie, les primes.

11. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ?

Fatigue, tous les congés ont été annulé, tout le monde a participé à l’effort commun. Il a fallu réinventer les méthodes de consultation dans un premier temps maintenant les choses sont occupées à se normaliser. Passer à la téléconsultation, risque majeur d’erreur et de difficulté d’interprétation d’info. Une série de médecins ont été confronté à une pathologie respiratoire extrêmement grave pour laquelle ils n’ont pas été formé. Il a fallu se former très rapidement. <> urgentistes, intensivistes, anesthésistes …. Les patients qui étaient en ambulatoire, il fallait assurer le suivi, vérifier qu’ils ne se dégradent pas au 7eme ou 9eme jour.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 174 Annexe 5 Personne : Franco Carrieri Statut : Directeur Service : Infrastructure Hôpital : Saint Pierre Jour : 05/05/2022 Durée : 42 minutes Lieu : Sur place 1. C’est quoi le rôle du service infrastructure ? En fait, comme dans toutes entreprises il y a un parcours immobilier dans un hôpital et donc les immobiliers c’est aussi bien l’investissement que la maintenance et l’exploitation de l’immobilier. Moi je fais la partie investissement en fait ça veut dire tout ce qui est construction, rénovation, changement d’affectation parce que l’hôpital en soit c’est quelque chose qui bouge tout le temps ce n’est pas quelque chose où on se dit on l’a construit aujourd’hui ça va tenir un grand temps, c’est loin d’être le cas. Si ça se trouve on fait un projet aujourd’hui et on sait que dans 5 ans ça sera autre chose parce qu’il y a une évolution technologique, il y a une évolution de prise en charge, il y a une évolution des attentes des patients, il y a une évolution également des attentes du personnel ou des choses comme ça donc c’est vrai que c’est un prisme d’attentes qui fait que oui un plateau ne reste pas indéfiniment le même Quels sont les projets futurs prévus pour l’hôpital ? Donc, en termes de gros projets pour l’instant au CHU Saint-Pierre on est essentiellement accès sur le quartier opératoire parce qu’en fait on a un quartier opératoire qui date du début des années 2000, et pour celui là il faut de la rénovation. Les USI c’est la même choses, donc on doit refaire complétement les soins intensifs, on doit refaire complètement la pharmacie qui est liée à plusieurs aspects en fait, parce qu’en fait le CHU Saint Pierre contrairement à beaucoup d’hôpitaux sur Bruxelles il y en a deux, il y a Saint Jean et Saint Pierre qui sont vraiment encaqués dans la ville on va dire, et évidement ce n’est pas les mêmes contraintes que Erasme qu’on met un peu en bordure d’agglomération, avec des surfaces on ne se sait pas quoi en faire et que ce soit en termes d’accessibilité, de surface disponible, de prise au sol aussi également, parce que nous on se développe verticalement, un autre hôpital peut se développer plus horizontalement et donc évidement ça une influence sur les flux sur la façon de faire vivre l’hôpital et également oui le mot flux est très important dans le secteur hospitalier Donc il y a la pharmacie, ça, c’est lié à l’évolution donc je disais également technologique parce qu’on développe l’oncologie par exemple et donc toute une série de normes qui sont comme des échéances et on va devoir les respecter d’ici deux ans et donc voilà on est en train de voir même avec d’autres hôpitaux si on ne doit pas mettre des mises en commun parce qu’on impose de plus en plus de normes et évidement c’est de plus en plus cher pour répondre aux normes Donc il y a la pharmacie il y a énormément de plateaux de consultation qui doivent être renouvelés, donc ça c’est vraiment les grands axes du futur on va dire sur dix ans, après dans les plateaux de consultation c’est quasiment tout Donc CHU Saint Pierre c’est non seulement ce site ci et un peu plus loin si vous avez un peu regardé sur internet c’est également César De Paepe et là c’est plus dans une approche stratégique de l’hôpital où on se dit qu’on avait deux sites très proches l’un de l’autre je crois qu’il n’y a que 900m et en fait on a développé quasiment parfois les mêmes activités sur les deux sites mais on se rend compte que ça implique une série de couts supplémentaires que ça soit en termes de matériel, de personnel et des choses comme ça et donc maintenant on essaye

175 de rationaliser les deux sites ça veut dire que certaines activités on va les faire complétement sur un site, d’autres activités on va les basculer complétement de ce côté ci, en sachant qu’un site peut être plus lié à une activité aigu, aigu ça veut dire quoi, c’est urgences, USI, quartiers opératoires par contre il y a une autre pôle qui est plus un site revalidation où là on a des lits de revalidation, de gériatrie , voilà ça c’est plutôt de l’autre côté. Et donc il y a une philosophie qui fait qu’on peut un peu jouer sur le mix de ce qu’on offre aux patients tout ça pour avoir donc il y a le flux physique du patient et après il y a ce qu’on appelle le trajet du patient ça veut dire que dans le trajet du patient, je ne sais pas si vous parler de ça en architecture, c’est une consulte, donc on dit que tu vas pas bien, tu te fais opérer tu as l’opération, revalidation et après tu as un continuum de suivi quoi, donc ce trajet patient ce qui intéresse l’hôpital c’est de ne pas perdre le patient dans ce trajet, c’est à dire c’est bête de perdre le patient à la consultation parce que quelque chose dans la consultation ne lui a pas plu donc ces indicateurs là on essaye de les avoir parce que si on se dit que la consultation est déjà un frein pour les autres éléments du trajet, on a un problème en début de ligne quoi, donc voilà et c’est pour ça que pour l’instant on se dit la consultation on doit la rationaliser en termes de moyens, on doit la rationaliser également en termes de trajet du patient. Et donc il y a le trajet commun qui est la consultation, ça c’est une porte d’entrée vers l’hôpital et puis l’autre porte d’entrée ce sont les urgences et là c’est différent parce que moi les urgences je ne choisis pas vraiment qui arrive parfois par la et là c’est un autre trajet Et en fait, vous êtes architecte ? Non, moi je suis ingénieur commercial et dans ma vie d’avant je fais de la promotion et du développement de projet Et vous travaillez avec des architectes ?

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Oui, on a des architectes, on a un ingénieur en techniques spéciales on a un chargé de programmation, c’est le lien entre les métiers d’architecture, techniques spéciales et les utilisateurs, c’est pour faire ce lien entre les deux et le chargé de programmation s’occupe également quand on fait des travaux en milieu hospitalier je pense que c’est le milieu le plus compliquée pour faire des travaux surtout si on reste en fonctionnement donc ici on fait des bâtiments entiers en restant en fonctionnement et donc voilà on a une certaine expertise dans ce domaine là.

Est-ce que c’est un bureau d’architecture avec lequel vous travaillez ou c’est des architectes qui travaillent ici ? Donc on a des architectes internes et on quand on a vraiment des gros projets par exemple on a fait un bâtiment à 80 millions là ce sont des architectes qui ont été désignés en marché public. Comme pour la rénovation des USI ? La ça va être un mélange des deux parce que le problème dans le développement des projets hospitaliers c’est la maturité des projets, maturité je pense chez les utilisateurs, chez nous, ça veut dire que parfois on a l’impression que c’est mature et que les utilisateurs ont bien compris comment ça va se passer et en réalité le projet n’est pas mature et si vous avez déjà désigné un bureau externe pour faire déjà de l’exécution, on est vu quoi, on recommence le travail trois fois des choses comme ça, donc maintenant ce qu’on fait c’est d’avoir notre équipe interne qui essaye de faire la conception de challenger aussi les utilisateurs, pour dire voilà si tu demandes ça comme ça on va impliquer ça et d’avoir en même temps déjà un bureau externe qui apporte une plus value par rapport à notre vision, je pense que ce moment là on a plusieurs valeurs ajoutées qui se superposent et on arrive à une maturité par rapport à l’utilisateur, je sais que dans certains hôpitaux on est plutôt du genre à dire on veut faire ça, et puis on va chez les architectes et puis on va chez les utilisateurs on dit voilà ça sera comme ça mais il y a beaucoup d’hôpitaux qui ont à peine fini les travaux qui recommencent tout quoi ça a jamais été la philo de cet hôpital ici, c’est à dire qu’on essaye toujours d’impliquer les utilisateurs qui est le personnel, la prochaine étape là dedans c’est d’impliquer le patient c’est un peu compliqué mais je pense que c’est un peu l’étape qui va devoir un peu s’imposer, qui fait partie de la

Les soins intensifs sont bien trop petites chez nous donc la solution je ne sais pas quel médecin vous avez vu aux soins intensifs la solution ça doit être d’avoir moins de lits dans le futur, il y a un état intermédiaire du patient qu’on appelle le Medium Care qu’on a tendance à mettre parfois dans les soins intensifs et de ce dire que ce Medium Care il peut être sorti des soins intensifs donc voilà avoir moins de lits mais avec une autre structure quoi mais ce qui implique que si on sort du Medium Care du soin intensif vous allez mettre dans unité normale en parenthèses on va dire chirurgicale mais que ça implique une formation différente des unités hospitalisations, du personnel infirmier et des choses comme ça et donc voilà c’est des changements à réfléchir, je veux dire c’est autant médicale que du nursing d’abord nous on sait très bien qu’on devrait avoir moins de lits, pour l’instant 32 on pense qu’on va passer à 27 lits donc 27 lits ça fait gagner facilement 200m².

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Donc ici historiquement, celui-là qui a reconstruit le site parce qu’on avait un vieux site jusque 1984 et après ils ont terminé la construction qui a duré 25 ans c’était le bureau Verhagen qui était très spécialisé dans le domaine hospitalier, qui est devenu Archipelago. Et donc voilà ça a été le bureau historique après on a fait appel à d’autres petits bureaux pour faire des petits projets à gauche et à droite maintenant on va voir le processus futur comment on les fera.

176 maturité au niveau de l’hôpital en fait, puisque nous on met le patient partenaire en évidence sur pleins de points, on essaye de dire qu’on va avoir le patient, qui doit donner leurs avis et on va essayer d’aller vers ça en fait Et est-ce que vous avez un bureau avec lequel vous travaillez d’habitude ?

3. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes de l’hôpital ?

Et les futures unités, elles sont prévues pour quand ?

En fait ici la problématique maintenant c’est qu’il y a énormément de choses qui doivent se faire en cascade, on doit d’abord effectuer les travaux à un endroit puis à un autre endroit pour pouvoir faire un troisième endroit donc je veux dire le plan d’investissement on le met entre 5 et 7 ans mais après voilà il y a une série de décisions qui sont en blocage en termes de programmation avec certains secteurs dont je parlais qu’on veut regrouper des consultations qui font que tout se bloque. C’est comme un domino, un domino doit tomber et les autres vont suivre, donc le premier domino il est un peu dur à faire tomber on a déjà fait un accueil centralisé sur CDP César de pape le but est d’avoir un accueil centralisé ici également parce qu’on n’en a pas et donc voilà on est un peu pour l’instant on est en négociation mais le plan durera entre 5 et 7 ans de travaux.

2. Est ce que votre secteur a été affecté par le COVID ? Nous en fait, l’avantage qu’on a eu c’est que l’hôpital Saint Pierre est référant en matière de maladies infectieuses, ça veut dire qu’il y a une série d’unités de soins qui sont déjà très bien équipées en termes de pouvoir, isoler le patient donc on voyait à la télé les hôpitaux à Charleroi, La Louvière, les trucs en plastiques voilà, nous on ne devait pas le faire en fait, on avait déjà des unités avec des cascades de pression avec des chambres avec des sas pressurisés, donc cet aspect là on va dire qu’on a eu plus simple qu’un autres hôpital et on a vraiment une expertise là dedans en termes de maladies infectieuses donc limite on était même référant pour d’autres hôpitaux il y a d’autres hôpitaux qui nous téléphonaient pour nous demander qu’est-ce que vous nous conseilleur pour faire, parce que notre service d’hygiène est quand même très compétent et en termes de gestion de ventilation, d’hygiène et des choses comme ça donc en termes d’hospitalisation évidement on a dû un peu plus dire où on met des unités COVID ou on ne les met pas, et donc au début on a tâtonné parce qu’on ne savait pas c’était quoi le COVID en fait, et ça un peu comme tout le monde au début on disait oui on ne porte pas le masque et trois semaines après on pouvait dire le contraire, on a tâtonné mais voilà sur la dernière vague on sait très bien où on devait mettre un COVID, on les mettait dans une unité USI, l’autre on mettait les non COVID dans une autre USI et on savait très bien répartir les patients La première vague voilà on a un peu réinventé.

Donc le flux normalement, le flux déjà il est normé dans le secteur hospitalier ça veut dire il y a le secteur hospitalisé, il y a le secteur consultation, il y a le flux logistique hôpital, il y a le flux visiteur voilà donc certains flux de manière très classique ne peuvent pas normalement se rencontrer, ça veut dire qu’on a des blocs ascenseurs dévolus au public, on des blocs ascenseurs dévolus aux transports patient et puis après en gros on a des blocs ascenseurs dévolus à la logistique d’hôpital et donc elle monte également le personnel, donc cette formule là elle n’est pas modifiée en soi, la problématique qu’on a eu dans le COVID c’est que voilà vous avez un ascenseur si à une époque vous pouviez mettre huit personnes dedans, en période de COVID peut être qu’à un moment on a dit qu’on en mettrait que deux et donc voilà mais à la limite maintenant avec le masque on irait même à rentrer à huit ça dure une minute il y a personne qui va le prendre le COVID donc je pense qu’il y a maintenant avec l’approche on ferait même plus qu’on a fait à un certain moment parce qu’on ne savait pas comment

On a tiré des leçons, donc certaines consultations parce qu’on a des bâtiments qui sont un peu plus anciens ils ont été créés avec les normes de l’époque ça veut dire avec une ventilation, on avait des locaux avec des fenêtres, on partait du principe que la ventilation se faisait avec les fenêtres alors que là maintenant quand on va refaire des plateaux de consultation on va prévoir la ventilation forcée dans tous les locaux pas uniquement dans les sanitaires et les choses comme ça, on va le faire autrement quoi. Et est-ce que c’est un changement dû au COVID ou c’était déjà prévu avant la crise sanitaire ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 177 Et pourquoi vous voulez réduire le nombre de lits ?

Parce qu’en fait pour l’instant les choses ont été imaginées il y a quelques années mais évidemment pour l’instant on a l’inflation du matériel qui tout autour du patient, le monitoring, le truc enfin bon il y a énormément de matériel, ce matériel soit il y a un patient avec qui il est utilisé le problème c’est son stockage et donc les USI c’est un grand challenge en termes de maitrise de stockage du matériel et de pharmacie en fait, au delà du classique par rapport à une unité d’hospitalisation autre donc voilà c’est tous les m² qu’on peut gagner c’est comme je dis parfois on peut mettre le patient en évidence et parfois c’est mettre le personnel en évidence c’est que si c’est mal géré en termes de flux de pharmacie, de matériel, de stockage parce que le stockage est un flux finalement le personnel empathie en fait, en termes de charge de travail, de bien être évidemment, le but est d’aller trouver ce bon compromis entre nombre de lits, en termes d’approche patient et de charge psychosociale du personnel. 4. Est-ce que vous avez tenu compte du COVID dans vos nouveaux projets en 2022 ? comment ?

Je pense qu’il n’y aurait pas eu le COVID, enfin ça va être un accélérateur en fait, le COVID est accélérateur dans le fait qu’on se dit on doit le faire parce qu’en réalité aussi bien le personnel que le patient va dire oui mais finalement si vous n’avez pas de ventilation ça ne va pas même si on court aucun risque ils se disent on est moins bien que les autres quoi , certains hôpitaux ils sont plus récents que nous comme le Delta oui demain on va se dire on va tout ventiler alors que ce n’est pas la base, énergétiquement ce n’est pas le plus, ce n’est pas forcement ce qu’il y a de mieux

5. Pour quels besoins ? L’espace, enfin le manque d’espace tout est encaqué c’est à dire qu’à un moment dans la première vague on disait que c’était autant de patients par m² et donc ça réimplique en fait une consultation logiquement c’est X patients par minute, là on a dû vraiment changer la paradigme et se dire c’est il y a autant de patients par m² ça veut dire autant de patients par heure qu’on peut mettre dedans, et évidemment on diminuait parce qu’on n’a pas de grandes salles d’attente et donc voilà on a dû revoir le fonctionnement de l’hôpital à un certain moment ça c’est essentiellement dans la première vague.

6. Comment prenez vous en compte le flux des patients dans les projets ?

Au niveau des urgences il y a un tri, parce que à ce moment là il y a un tri qui se fait et ce tri doit se faire le plus en amont possible et évidement en fonction de ce qu’il a, il passe par un flux propre et l’autre on doit le mettre dans un flux sale et garder ce flux sale sous contrôle et donc c’est pour ça qu’on les a séparé, tout comme à un certain moment je pense vers la quatrième vague on a fini par mélanger les patients COVID et non-COVID dans les unités d’hospitalisation parce qu’on maitrisait beaucoup mieux les méthodes d’hygiène que ça soit au niveau du personnel ou on force le patient à garder son masque au moment d’un soin des choses comme ça et donc là il y a des études qui ont été faites et donc là on fait autrement quoi.

7. Est ce que le service d’infrastructure a intervenu pour modifier l’hôpital ? Oui, le service infrastructure s’occupe de la programmation hospitalière ça veut dire que nous on étudie les flux, on fait les propositions mais toujours avec les utilisateurs et on met en œuvre en fait donc on s’occupe des travaux oui on s’occupe de tout à ce moment là Donc, certaines choses en fait c’est fait par le service infrastructure mais comme je disais chez nous on a pu faire une unité COVID assez rapidement parce qu’on avait une unité de pédiatrie avec des chambres pressurisées ça devenait une unité de soins intensifs du jour au lendemain en fait. Donc à ce moment oui on a intervenu mais ça n’a pas été des travaux énormes à certains endroits pour faire ces travaux là c’est simplement dire écoutez il n’y a plus de pédiatrie pour l’instant parce que plus de pédiatrie normale on a arrêté les soins à un moment en première vague donc voilà il n’y avait plus de patients normaux et on a mis les patients COVID avec les facilités qu’on avait, à d’autres endroits oui on a mis des séparations là où c’était nécessaire et donc voilà. 8. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ? En gros, dans les patients COVID, il y avait plusieurs types de patients, donc il y avait les patients vraiment intubés et il y a les patients qui sont plutôt sous masque donc les patients intubés on est vraiment dans le cas de figure de soins intensifs pur et dur et là en termes de, il y a toute un système par exemple de monitorage qui est complétement diffèrent par rapport à une unité normale et donc là à certains endroits oui on a dû mettre en place un monitoring qui n’était pas prévu à la base ça on a dû le faire, on a dû aussi positionner des respirateurs qu’on avait commandé en urgences pour pouvoir les installer donc peut être que les circuits électriques on a dû les adapter des choses comme ça pour pouvoir les installer en fait, ce ne sont pas des unités qui étaient pures USI, donc autant elles étaient adaptées en termes de traitement d’air autant elles n’étaient pas adaptées pour aller mettre une série d’équipement pur USI avec les respirateurs, le monitoring les choses comme ça qui ont rajouté des prises, ont augmenté la puissance pour pouvoir soutenir et pas que tout saute en fait 9. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation au niveau de l’espace ?

10. Est-ce que l’organisation de l’espace a changé ? Est-ce que vous avez utilisé un PUH ? Oui, ce que faisait au Heysel tout ça c’était très bien parce qu’à un moment ils venaient ici en disant oui commencez la vaccination oui ok on commence à vacciner le personnel à un certain moment nous on ne sait pas faire donc après nous on a pris certains points que eux par exemple au Heysel prenaient les gens en règle de papier et nous par exemple on s’est spécialisés dans les gens qui n’étaient pas en règle et donc on avait un endroit où on donnait un numéro national aux gens un numéro temporaire et nous on vaccinait les gens qui sont pas en règle sur papier, donc on a plus à un moment fait des trucs de niche plutôt que le truc de masque au début on nous demandait des trucs on dit oui parce que voilà c’est l’admission c’était compliqué quoi

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 178fonctionnait les choses donc les flux hospitaliers c’est les flux que je suppose vous apprenez à l’université que voilà on doit séparer certains types de flux dans des locaux même parfois en termes d’hygiène c’est toujours le principe de la marche en avant pour qu’on ne salisse pas le propre avec le sale et enfin ces grands principes là oui on les maintient tout le temps il n’y a rien de très particulier il n’y a pas eu de changement avec le COVID

Pour moi, ça doit faire partie à présent d’un PUH donc tout ça la partie pandémie est adaptée donc oui voilà maintenant chaque hôpital n’a peut être pas participé de la même façon à la première ou deuxième vague, je pense que sur la première vague on quand même été très actifs on sait ce qu’on doit faire parce qu’à un moment c’était plus la COCOM qui bloquait les choses, nous on savait pas,

Donc l’espace il était quand même assez flexible pour effectuer les adaptations ? Oui, enfin je pense que de notre côté on était bien positionnés pour prendre en charge Et est-ce que la flexibilité sera prise en compte dans vos futurs projets ?

Dans les soins USI quand on va refaire les soins USI en fait pour l’instant les USI actuels sont séparés en trois parties, on a les USI chirurgicales, les USI médicales et les USI coronaires donc trois types d’USI différentes avec trois types de locaux différents et les prochaines USI en fait seront un mélange des trois et ça sera une autre organisation par contre, tous les locaux seront techniquement équivalents alors qu’ils ne le sont pas aujourd’hui. Je pense que vraisemblablement on va nous dire ok vu l’expérience qu’on a maintenant on va viser un peu plus haut pour tous les locaux pour que demain s’il y a une crise style COVID on est plus simples à prendre en charge, après il faut se dire que dans les limitations qu’on a eu dans la période COVID, en tous cas en ce qui nous concerne ce n’était pas forcement les locaux qui nous ont bloqué c’est plutôt la disponibilité du personnel infirmier compétent avec des qualités siennes donc voilà c’était plutôt ça le côté limitant parce qu’on sait pas ouvrir le nombre de lits qu’on veut en fait, on est limités par le nombre de personnel

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 179 11. Est-ce que vous avez mis en place un nouveau système de circulation pour séparer les patients ? En termes de circulation en fait maintenant quand on discute certaines choses c’est vrai que par exemple maintenant on est en train d’étudier une unité de dialyse et en fait la dialyse doit continuer quoi qu’il se passe avec ou sans COVID, on n’a pas trop le choix en fait, là oui il y a des critères c’est qu’avec le COVID on a dit il faut autant de mètres entre un lit et un lit mais s’il n’y avait pas le COVID d’après moi on mettrait moins de distance entre les lits et là on prévoit plus pour mettre des séparations enfin voilà oui il y a un impact oui. Je pense qu’inconsciemment comme dans tous les domaines on est un peu marqués par les choses quoi 12. Quels sont les systèmes de ventilation que vous mettez en place ? Là en termes de ventilation je pense que ça serait une Rolls Royce avec des espaces qui seront soit simplement hygiénique soit avec des cascades de pression 13. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Nous, on était mieux équipés comme j’ai dit on était mieux équipés que les autres après évidemment toute la partie urgences, où là on devait mettre dans les urgences un flux propre, sale COVID nonCOVID et des choses comme ça à ce moment là non personne n’a suffisamment de place, oui certains hôpitaux ont beaucoup plus de place que nous , c’est beaucoup plus facile de créer des zones propre sale des choses comme ça nous notre zone de tri on a monté les conteneurs à l’extérieur par exemple mais on a beaucoup appris également pour le futur. Demain on sait très bien comment gérer cette crise et je ne vais pas dire que ça va être une routine mais quasiment quoi, pour la première vague c’était un peu du bricolage, on devait vraiment réfléchir on ne savait pas vraiment, c’était plus des réunions pour se dire on présentait un truc on sortait de la réunion on n’avait pas plus de propositions parce que ce n’était pas bon, voilà la première semaine on a fait quelques nuits ici pour trouver comment il fallait le faire en fait.

Est-ce que vous pensez que ces adaptations doivent être pensées au préalable ?

15. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ?

14. Quels matériaux avez-vous proposé ? et pourquoi ?

Donc à votre avis ce n’est pas nécessaire ? Non, Je n’ai pas l’impression je pense qu’on a la flexibilité maintenant avec ces systèmes mobiles ou temporaires qui deviennent un peu fixes mais je pense qu’ils ne sont pas de qualité moindre.

Maintenant oui, tout le monde l’a certainement adapté en fonction de ce qui a été fait dans cette période-là après je veux dire personne ne s’imaginait qu’on allait avoir cette crise là le PUH qui était avant là où le plan MH. Maintenant on va très loin dans le détail en fait on a des jauges pour dire voilà si on entend le patient on passe en phase rouge enfin c’est un PUH professionnel par rapport à la situation, avant on n’avait rien.

Moi, je pense que le système qu’on a mis en place à l’époque, je pense qu’on a fait ce qu’il fallait faire en fait après nous on ne sait pas faire avec l’espace qu’on a c’est un peu comme les points faibles et les points forts Les points forts c’est qu’on est infectieux et qu’on dispose de choses déjà en place qui nous permettent de prendre efficacement en charge le patient, les points faibles c’est qu’on n’a pas de place dans les urgences, il faudrait que vous passiez aux urgences vous allez voir c’est très petit donc évidement le tri ça se fait à l’extérieur si demain ça va se faire à nouveau donc d’ailleurs la tente, il y a une tente qui est encore montée et qui est là qu’on a pas démonté parce que on a eu une vague qui a duré trois quatre mois et puis deux trois mois de répit et quand on ne faisait pas du COVID on faisait de la vaccination et des choses comme ça donc voilà je pense qu’on reste encore un ou deux ans dans ce système quand on ne fait pas du tri dans cette tente on fait autre chose quoi, toujours liés au COVID en fait et donc ce système là on l’assume et je pense qu’on est pas le seul hôpital à avoir adopter ce système je pense que l’hôpital Saint Elisabeth a aussi monté une tente enfin bon voilà Mais ça reste quand même des solutions temporaires non ? Temporaires en même temps, voilà moi je ne sais pas construire quelque chose spécial pour ça.

Tous les matériaux qu’on a utilisé ce sont des matériaux lavables il y a des peintures et des choses comme ça donc au niveau nettoyage c’est de l’hospitalier voilà, le COVID n’a rien changé à ce niveau là Et pour le moment en fait, parce que j’ai visité l’unité de soins intensifs, j’ai vu que pour le moment il y a des rideaux en fait pour l’intimité ? Ça c’est pour la partie chirurgicale parce que celle là elle va être vraiment changée ça va être toutes des chambres individuelles en dur avec un sas au minimum hygiénique c’est à dire bon on n’aura pas la cascade de pression mais en tous cas il y a un lavabo pour dire qu’on fait une hygiène du prestataire à l’intérieur et il y aura un certain nombre avec des cascades de pression.

Quelles solutions proposez-vous au long terme ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 180 bon a limite on a démarré les choses sans qu’on ait l’autorisation parce qu’on ne voyait pas d’autres solutions en fait parce que le patients était devant la porte. Voilà le Heysel, c’était les équipes ados qui l’ont organisé on était aussi là-bas donc je pense que l’expertise la COCOM l’a acquise et que nous on l’avait déjà donc ce qui a été fait c’est bien pour le futur Et pour le moment le PUH il ne prévoit pas ce genre de situation ?

Donc toutes les chambres seront équipées d’un sas ? Oui et 27 lits au lieu de 32, une chambre par patient.

Il faut noter que le COVID dans les consultations on garde quand même les protections qu’on a mis en place donc même si on dit que le patient vient avec un masque que le personnel est masqué donc il y a une série de choses oui ça c’est intéressant, donc nous on avait une politique d’avoir dans les postes d’accueil, plutôt une politique de poste ouvert qui était déjà en train de changer plus pour des raisons, on est pas dans un quartier facile de violence par rapport au personnel et donc on avait tendance à mettre la vitre dans les endroits compliqués et là on va plutôt généraliser le fait qu’on va faire des postes d’accueil fermés quoi, je dis pas que c’est la première raison est le COVID mais c’est quand même un confort parce qu’une fois qu’on a bien isolé comme ça le personnel n’est pas obligé de porter le masque en permanence et se sent plus protégé aussi, donc ça oui ça va plus jouer en termes de …, donc je n’arriverai plus à faire passer les postes d’accueil ouverts, ça c’est terminé.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 181 16. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? Stressant et épuisant.

17. Avez- vous quelque chose à ajouter ?

1. Est-ce que votre secteur a été affecté par le COVID ? Oui, toutes les activités quotidiennes étaient en arrêt, tous les chantiers. Moi je n’ai pas l’habitude de travailler sur des projets hospitaliers, je travaille surtout sur du logement dans un bureau à Anvers.

2. Pouvez vous m’expliquer la solution que vous avez proposé ? C’était vraiment à la première vague au tout début. Je n’ai plus les dates en tête c’était proche de la première semaine du confinement. On était sur place, on portait le masque un maximum mais on était tous parano et on sentait déjà que les médecins étaient beaucoup plus habitués.

4. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 182 Annexe 6 Personne : François Vande Perre Statut : Architecte Bureau : indépendant Jour : 21/04/2022 Durée : 20 minutes Lieu : Par téléphone

3. Quelles sont les autres contraintes de ce type d’intervention ? C’était en urgence, ils ont tout installé et on n’avait pas beaucoup de temps.

Comment avez-vous procédé ? J’ai aidé en un weekend, je suis allé sur site, j’ai récupéré les documents, j’ai placé les tentes et j’ai fait le plan d’implantation avec les différents circuits. Le circuit contaminé, le circuit non contaminé mais tout ça est clair sur le plan mais ce que je disais c’est que les boxes en soit c’est Gilles Decroly qui est ingénieur qui les a conceptualisés. Lui il a fait tous les plans et la 3D et ils ont je suppose imaginé ça ensemble. Quand moi j’ai été sur place, mon frère a aidé à finir les boxes, il y avait toute une équipe de volontaires qui était là pour aider à faire ces boxes. Et puis moi pendant ce moment là je faisais le plan que j’ai retracé sur Autocad.

La tente ? En fait, c’est Gilles il est ingénieur biomédical qui l’avait conceptualisé avec Marc. Effectivement, ça a été tellement urgent qu’il n’y a pas eu vraiment de conceptualisation par un architecte pour le plan d’implantation. Donc c’était plus par après, ils allaient demander à un architecte de faire le plan et ça allait prendre du temps du coup il a fait appel à moi.

C’est selon ce que les médecins ont demandé, des parcours établis en fonction des couleurs pour que les gens se croisent le moins possible et donc c’était un mélange de parcours extérieur et de parcours intérieur. L’idée c’est qu’on rentrait, il y avait une salle d’attente. Puis, on était dispatchés dans les tentes pour les consultations et puis tu es redirigé vers de différents parcours selon le résultat de la consultation.

5. Qui a pris les décisions ? Qui a participé ? Quelle était l’intervention de l’architecte ?

Oui, ce que j’ai dessiné c’était le plan d’implantation et ça a été imprimé en grand et ça, ça a été utile par la suite pour le service et que ça a clarifié un peu le tout Oui, la mission était utile et ça a été affiché et ça a été utilisé.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 183 6. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ?

Quand on voit le plan, effectivement ça aurait pu être pensé différemment on va dire. Et c’est un peu le résultat aussi d’une construction sans vraiment de planification. Donc, ce qui est intéressant c’est de voir, du bon sens des médecins et je pense que c’est Marc qui a décidé de l’implantation. Gilles avait pensé les boxes et c’est lui qui a fait ce système là.

Est-ce que vous trouvez que l’intervention des architectes est importante pour ce genre de situation ? Oui, il y aurait eu un architecte qui se serait penché sur le problème et qui aurait eu le temps il aurait sans doute fait ça différemment

7. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? Ça pourrait être intéressant de penser en amont à ce genre de truc et pas qu’on se retrouve en dernière minute à mobiliser des tentes et des scouts pour aider à la construction de ce genre de chose. Oui, s’il y avait des modules qui étaient déjà pré pensés, qui étaient déjà étudiés à l’avance, quelque chose qu’on puisse monter de manière plus architecturée. Quelles solutions proposez-vous au long terme ? C’est une question intéressante, parce qu’en fait ce qui s’est passé là c’est que l’urgence était telle que ce sont des bénévoles des scouts, des tentes qu’on peut louer, des bénévoles qui étaient mobilisés par les proches de Marc et son fils donc on avait vraiment fait ça comme ça sans organisation je pense. C’était la volonté de Marc d’organiser quelque chose c’est lui qui a motivé tout le monde. Donc, oui on peut se dire que dans des situations d’urgence il pourrait y avoir des fonds ou du matériel je ne sais pas vraiment ce qui a été mis à l’hôpital mais voilà.

8. Avez- vous quelque chose à ajouter ?

Est-ce que vous pensez que cette solution que vous avez proposée a fonctionné ?

Non, mais n’hésite pas à contacter Gilles parce qu’il connait mieux, il était beaucoup plus présent.

Si vous avez la possibilité de changer quelque chose au sujet de la 1ere vague ça serait quoi ? Dans mon souvenir, oui je me suis dit qu’il y avait peut être moyen de penser le truc un peu mieux. Après, dire quoi exactement c’est difficile mais je me rappelle que je m’étais dit que oui on aurait pu le planifier de manière différente et c’est aussi là toute la question c’est de se dire qu’est ce que nous en tant qu’architectes ce qu’on peut faire. Mais ça a été pensé en place par des médecins et donc ils n’ont pas pensé à tout. Parce que oui on sent qu’il y avait des tentes où on entrait d’une certaine manière, on sortait un peu à l’opposé du circuit. Donc, effectivement s’il y avait eu un architecte on aurait pu fluidifier un peu et penser plus en termes de circulation pour que ça soit plus clair. C’est quand même une sorte de labyrinthe finalement c’est ce qu’on voit sur le plan après voilà c’est la réalité de terrain.

Vous avez

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 184 Annexe 7 Personne : Gilles Decroly Statut : Ingénieur biomédical Jour : 04/05/2022 Durée : 40 minutes Lieu : Sur place

2. Pouvez-vous m’expliquer la solution que vous avez proposé ? En fait, c’est mon père qui a identifié le besoin d’avoir cette zone d’accueil avec une paroi et il y avait quelqu’un d’autre, Jean qui a un atelier pour son boulot et qui avait aussi libéré son temps pour ça et on est allés faire des premiers prototypes chez lui et très vite on s’est rendu compte qu’on devrait faire deux tentes avec cette structure intérieure. Et donc c’est Jean qui était le maitre de chantier et on m’a demandé de faire les plans pour pouvoir visualiser et voir ce qui allait être fait et puis aussi ça a servi après pour expliquer aux gens comment ça marchait et pour documenter un peu tout ça. Et donc moi j’ai fait ces plans et la 3D de manière plus ingénieur qu’architecte dans le sens où j’ai l’habitude d’utiliser des plans, des modélisations en 3D mais bon c’est sur SolidWorks. Et en plus, les architectes ont une approche différente, nous c’est vraiment des objets en 3D. Ce n’est pas du tout la même chose.

C’est quoi le rôle d’un ingénieur biomédical ? C’est un des masters des études d’ingénieur. C’est l’idée qu’on puisse à la fois communiquer avec des médecins et à la fois communiquer avec des ingénieurs pour pouvoir faire les outils de médecine pour vous donner une description assez générique et qui marche très bien.

1. Est-ce que votre secteur a été affecté par le COVID ? Oui. Ici, on est dans une boite d’ingénieurs biomédicaux, on travaille au quotidien avec des homoscopistes donc ça n’a pas grand chose avec la structure hospitalière mais n’empêche on est en contact avec des médecins. Et de manière un peu plus générale, on est payés pour travailler avec les médecins et pour faire des trucs pour la médecine. Et du coup quand le COVID est arrivé, au début c’était un peu le stress et tout s’est un peu arrêté ici enfin les activités quotidiennes se sont arrêtées d’un coup. Et du coup, moi j’ai eu le temps de me libérer et c’est vraiment mon père qui m’a dit est ce que tu ne veux pas venir donner un coup de main pour faire ça. Il y a eu plusieurs projets du même style qui sont en place autour du COVID mais au début on n’a pas pensé du tout à ça.

Comment avez-vous procédé ? Je n’ai pas été assez loin dans l’aspect architectural mais j’étais là et j’ai suivi le truc en fait, mon père a identifié le besoin. En plus à ce moment là ce qui était intéressant c’est que l’hôpital n’a pas su réagir assez rapidement, l’hôpital était en train de se dire mais qu’est ce qu’on va faire et il y avait des idées et mon père a dit ok je vais essayer de mettre en place une structure d’accueil puis il a demandé évidemment l’autorisation mais ça a été vraiment un projet extérieur soutenu par l’hôpital mais pas porté par l’hôpital. Et donc voilà, c’est lui qui a eu l’idée et puis on a un petit peu adapté Jean et moi pour construire ce qu’il avait en tête et puis après il y a eu toute une phase de chantier où on est passés de quelques cabines à je ne sais plus combien on avait. Il devait y avoir une vingtaine de cabines au final. Et c’est là que justement François est venu donner un coup de main pour faire les plans un peu propres pour pouvoir expliquer et documenter le truc. pris combien de temps pour la réalisation ?

Une contrainte de temps très forte parce qu’on s’était mis des deadlines assez stricts. On commençait à 10 ou 11h et on terminait à 23h minuit tous les soirs. J’ai le souvenir de deux semaines à ce rythme là plus un peu de temps avant que ça se mette en place et puis quand le chantier était terminé il y avait encore des adaptations dû à l’utilisation de ces trucs.

Est ce qu’il y a une raison d’avoir consacré un box pour 3 personnes et pas plus ?

Comment avez-vous défini le nombre de boxes ?

3. Quelles sont les autres contraintes de ce type d’intervention ? Justement, cette taille des espaces boxes avait été estimée, en fait on voulait que ça soit très rapide à monter et à construire. Et donc, j’ai essayé autant que j’ai pu de minimiser le nombre de découpes dans les plaques. J’ai essayé de garder des dimensions très standards dans tous les panneaux. Ça c’était une des contraintes qu’on s’est dit. Il y avait la tente, il y avait pour la taille et puis on a construit autour des boxes. La demande c’était deux espaces séparés pour les médecins et pour les patients et puis ces boxes comme je disais pour ces boxes on a fait des maquettes pour définir la hauteur à laquelle les mains du médecin devaient être, ce qu’il devait avoir comme trous dans la paroi en plexiglass. Ça ce sont des trucs pour lesquels on s’est posé la question au début et on a fait des maquettes pour ça. Une fois qu’on a identifié la bonne taille, on a à ce moment là pu construire le reste. Après le plan est très basique, il y’ a 3 boxes qui avaient la taille standard et puis un box plus grand pour femme avec enfant ou personne PMR mais après il y a des marches donc ce n’est pas idéal. L’implantation est ce que c’était un bon endroit pour le faire ? On était limitées en place, on a collé les tentes les unes à côté de l’autre, le parcours était bizarre. L’arrivée des gens sur le site était particulière tu sentais que ce n’était pas fait pour. Après dans les faits ça ne se mettait pas trop mal parce que Saint Pierre a cette espèce de cour qui est à côté de l’entrée des urgences donc on pouvait rediriger les gens vers les urgences et donc on avait assez de place même si on était serrés. Par chance, entre guillemets ça ne s’est pas trop mal mis même si en effet ce n’était pas anticipé par l’hôpital. Il y a l’hôpital Sainte Elizabeth à Uccle de l’autre côté du bois et eux ils avaient une plus grande tente ça avait l’air beaucoup plus simple que ce qu’on avait fait. Je crois qu’il y avait fort la contrainte de place.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 185 J’ai en tête que ça a duré 3 semaines. Je me trompe peut être. Je crois qu’on a pris une semaine à trouver l’idée et puis deux semaines de chantier. Dans l’ordre de grandeur je pense que c’était ça. C’était assez rapide. Entre 2 et 3 semaines pour tout faire. Pourquoi avez vous mis les tentes ? Donc on avait bien mis des plaques sur le plafond et puis dessus on a dû repasser des bâches et je ne crois pas qu’on ait remis de structure. On a plus tiré des bâches. On ne connaissait rien à ce moment-là, on voulait vraiment isoler entre la partie « patient » et la partie « médecin ». On ne voulait pas avoir des trucs qui sortent et donc on a fait des joints en silicone sur tous les bords. Et puis il fallait l’étanchéité pour protéger donc mettre des tentes au dessus. Et puis les scouts sont venus mettre d’autres tentes dans lesquels les gens attendaient avant de rentrer dans le parcours.

Comme j’ai dit, c’est vraiment la taille de la tente qui a défini la taille du box et ce nombre et donc on a dit on en met 3 et puis il reste un pour en mettre un plus grand. Il y avait l’espace pour que les gens passent mais aussi le toit qui était bas, franchement ce n’était pas grand à l’intérieur.

C’est mon père qui avait estimé. A mon avis c’était une estimation grossière par rapport au nombre de patients. Un petit calcul par rapport aux personnes qui arrivent.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 186 4. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation ?

C’était vraiment l’idée que les gens arrivaient à l’hôpital et c’était pour voir s’ils allaient dans la partie COVID ou non-COVID. C’est vraiment pour le tri. Je crois que l’utilisation est restée sur le tri mais au début enfin au moment où on a fait ça je crois que le protocole de sélection des patients n’était pas tout à fait au point. On n’était pas surs, est ce que c’était juste prise de température ou c’était prise de température avec symptômes ou est ce qu’il fallait aussi prendre le rythme cardiaque.

6. Comment les patients non-COVID étaient séparés des patients COVID et du personnel ?

Est-ce que vous avez mis en place un système avec des flèches au sol, une circulation dans un sens ? Par un système d’organisation de flux. Était-ce le cas pour toutes les vagues ?

Ils ont utilisé les boxes surtout au début puis, ils ont vite réduit l’utilisation parce qu’on a un peu surdimensionné le truc. Ils ont quand même gardé les boxes et les patients passaient par là.

5. Est-ce que les changements étaient différents d’une vague à une autre ? Qui a pris les décisions ? Qui a participé ?

C’était vraiment un projet extérieur soutenu par l’hôpital. Il nous a beaucoup aidé, parce qu’ils ont un service de techniciens qui s’occupent des machines, le service biomédical. Donc, une personne Benjamin a beaucoup participé aussi lui c’est vraiment la personne de l’hôpital qui a participé au chantier. Il s’occupe de gérer les machines, de réparer s’il y a un truc qui ne marche pas. Ça peut être la machine de dialyse super compliquée ou des trucs beaucoup plus pratiques mais quand c’est délicat. Il y a de différents profils qui travaillent dans ce service. Et eux ils ont beaucoup aidé pour la découpe de plexiglass en fait parce que c’est assez galère à découper et ça prend beaucoup de temps parce qu’il ne faut pas aller trop vite avec la lame et puis on faisait tous les trous à la main et on doit mettre de joints pour protéger les mains des gens. Lui il a pris le plan de base et il l’a amélioré et du coup il avait aussi quelques outils de l’hôpital et c’était une intégration intéressante finalement comme aspect technique. Est ce que les médecins ont participé aussi ? Assez peu directement dans le chantier mais pour des raisons très pratiques vu qu’ils n’avaient pas le temps pour ça. C’étaient plutôt des personnes bénévoles. On a eu beaucoup d’aide, c’est plus mon père qui a interagi avec les autres. En général, c’était beaucoup d’initiative de leur côté et il n’y avait rien de très structuré. Et ce qu’il y a eu après, il y a beaucoup de médecins, par exemple, les anesthésistes avec toutes les opérations ils n’avaient plus de boulot. Et il y en a beaucoup qui sont venus justement faire l’équipe de nettoyage qui venait désinfecter les boxes toutes les heures.

Quelle était l’intervention de l’architecte ?

François a dessiné les plans d’implantation. Il a intervenu au moment du chantier. Il est arrivé très vite et il a permis de repenser le flux des gens. Il a travaillé ça pas mal et n’a pas juste fait un plan de ce qui était déjà là mais il a participé à la création du site dans son ensemble.

Est-ce que vous pensez que cette solution que vous avez proposée a fonctionné ? Oui, je crois vraiment que c’était super utile. Ce qui était intéressant, c’est que ça a été une espèce de chantier participatif où il y avait 20 à 30 personnes qui étaient là et c’était en fait notre famille, des amis et puis les scouts qui sont venus aider avec des gens qui bricolent bien, très peu de professionnels à part Jean, les gens du magasin de bois mais c’étaient finalement les seuls professionnels là-dedans. Est-ce que vous trouvez que l’intervention des architectes est importante pour ce genre de situation ?

8. Est ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ?

7. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 187

C’est une bonne question. Oui et non. En fait, de base non ce n’est pas adapté parce que c’est un espace qui n’est pas du tout une surface plane. Donc, un des trucs qu’on a dû faire c’est ça que je disais, je crois qu’on a passé deux jours à mettre des plaques de coffrage pour avoir un sol plat et pour pouvoir commencer à mettre les trucs dessus. Donc ça, ça avait pris plein de temps. Je me rappelle en fait, d’abord, on a construit les tentes et puis on est venus mettre les plaques entre la tente et la structure donc c’est pour ça que ça a été très galère cette finition entre la partie tente et le petit espace. Et on a mis les tentes avant pour pouvoir travailler parce qu’il faisait vraiment froid.

Oui, je suis assez convaincu. J’ai un souvenir en fait, que j’ai été très étonné qu’on me demande de faire ça et de la façon dont Saint Pierre gérait ça. J’ai été assez étonné que l’hôpital n’ait pas de plan, l’hôpital était incapable de réagir et c’est peut-être un problème des soins de santé c’est des structures qui sont super grosses je n’ai pas un avis très motivé là dessus mais je crois que c’est une mauvaise idée dès que c’est une structure plus grosse c’est plus dur de réagir. Ça m’a très étonné qu’un hôpital comme Saint Pierre et qui est en plus un hôpital de référence pour plein de choses dont les urgences et les soins intensifs et que j’étais quand même qu’on doit faire appel à une initiative privée d’un médecin et à sa famille pour résoudre ce truc. Après de manière un peu plus rationnelle je comprends la difficulté de dire en fait en 3 jours on ne sait pas monter un système d’accueil. Mais ça ce n’est pas leur faute mais ce qui est leur faute c’est de ne pas avoir anticipé. Donc, oui il faut que les hôpitaux anticipent et je crois que les architectes auraient aidé c’est un profil qui est plus adapté. A Saint-Pierre, tu as l’entrée des urgences qui est un peu étriquée et en fait on n’a pas pu mettre quelque chose cet endroit là parce qu’on on bloquait l’accès de toutes les ambulances. Je crois que dans d’autres hôpitaux ils avaient peut être des plans faciles à mettre en place. Surtout quand tu fais l’analogie avec les aéroports, quand ils ont dû mettre des tentes après les attentats. Ça a été mis en place en 2 jours et ils avaient déjà un plan et là pour le coup il n’y avait pas de plan. Chacun ses aspects budgétaires et c’est peut être intéressant à creuser. Pourquoi est ce que l’hôpital n’a pas été capable de réagir je pense que c’est une question assez intéressante et à mon avis c’est parce que c’est dur de dégager un budget en dernière minute.

Je pense que ça, ça a été rajouté dans un deuxième temps. Ça n’a pas été pensé dans les plans. Je ne suis pas certain mais je pense qu’ils en ont rajouté une. Du coup dans les plans on avait prévu aussi des arrivées électriques dans chaque box. Dans la zone médecin, il y avait un poste une mini tablette pour qu’ils puissent déposer leurs feuilles, un téléphone et un truc relié à l’hôpital. Je pense qu’on a prévu un truc adaptable et que pour rajouter la ventilation, entre guillemets il fallait creuser un trou dans la paroi et mettre le ventilo c’était possible il y avait les arrivées électriques.

Heureusement qu’il n’a pas plus ces jours-là. Mais c’était pour protéger le matériel qu’on a d’abord monter les tentes et c’était une contrainte pour la dimension. C’est ça qui a contraint la dimension extérieure des structures des boxes, c’est la taille des tentes qu’on avait.

Si vous avez la possibilité de changer quelque chose au sujet de la 1ere vague ça serait quoi ? Je crois qu’on a fait en sorte de pouvoir faire trop bien, c’est mon avis personnel, et que si jamais on devait refaire aujourd’hui et qu’il y avait de nouveau une vague, on fait des trucs beaucoup plus simples. Déjà je ne suis pas certain qu’on a besoin de la même chose, parce qu’il y a tous les tests qui sont arrivés en amont. Et qu’on n’a pas spécialement besoin de ces boxes individuels vu qu’il faut juste aller prendre la température. Peut être plutôt un box commun pour le COVID. Nous on a fait ça avec les infos qu’on avait.

Au niveau des matériaux, j’ai pris du carton que j’avais chez moi et j’ai fait un truc dans mon salon pour essayer de voir où mettre les trous et à quelle hauteur. J’ai vraiment essayé de faire une petite maquette. Ce qui était vraiment très chouette c’est qu’on avait très vite fait une équipe avec des gens très différents. Et donc les ressources, on a d’abord commencé avec du matériel stock qu’on avait mais très vite on a travaillé avec un magasin de bois. Ils sont venus nous aider aussi, bricoler avec nous. On s’est dit du coup qu’on allait faire tout une structure en panneaux très classiques. On utilisait beaucoup de mdf, tu vois ceux avec la peinture à côté. Parce qu’un des critères c’est que ça devait être facilement nettoyable. Ça c’est un des challenges qu’on a eu c’est de se dire en fait comment on va faire parce qu’on a besoin d’une structure qui doit se monter en quelques jours et qui est désinfectée facilement. Le protocole qui était mis en place une fois qu’il y avait ces structures, c’est qu’il y avait une équipe de nettoyage qui venait toutes heures et nettoyait tout. On s’est dit on ne va pas utiliser l’OSB par exemple qui est hyper granuleux. Il y avait de différents types de panneaux évidemment mais en gros c’était du mdf. Ici c’est des structures en sapin typiquement du 30mm sur du 40mm et c’est avec ça qu’on a fait la structure. Et puis, on a la partie plexiglass où on a aussi appelé quelques magasins de plexiglass et il y en avait un qui était super motivé et qui nous a envoyé des trucs et qui était vraiment réactif. Et donc au dessus de cette boite, il y avait des tentes ou des bâches pour couvrir et c’est les scouts sont venus installer tout ça et je crois qu’elles ont été prêtées.

10. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? Quelles solutions proposez-vous au long terme ?

11. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non Annexe 8

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 188 9. Quels matériaux avez-vous proposé ? et pourquoi ?

Personne : Fabio Silvio Taccone Statut : Médecin chef de service Service : Unité soins intensifs Hôpital : Erasme Jour : 27/06/2022 Durée : 46 minutes

Est ce que vous avez acheté tous ces matériaux ? Tout a été acheté, avec une collaboration des magasins. Honnêtement, le plexiglass je me rappelle un peu moins mais le bois par exemple, comme je disais le gars était sur le chantier et il a vendu le truc au prix coutant c’est normal il n’allait pas nous offrir son bois. Et finalement c’est l’hôpital Saint Pierre qui a remboursé. Je n’ai plus les détails mais je pense que c’était comme ça.

Comment avez-vous trouvé ces matériaux ?

2. Est ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ? Alors, le problème si vous voulez ce n’est même pas un problème d’espace, c’est le fait que pendant la première vague il y a eu comment dire une sous estimation du problème, on a vu ce qui s’est passé en chine, on a dit ça c’est la chine ça ne va pas arriver chez nous puis c’est arrivé chez nous, il y a eu l’expérience italienne c’était la catastrophe, les hôpitaux pleins et plus de place. Et en fait nous avons présenté à l’hôpital juste avant que la vague arrive un plan disons les gars on va être submergés il y aura un nombre de cas qu’on ne peut pas gérer. Et c’était vite dans la semaine on a rempli la moitié des soins intensifs, la semaine d’après c’était ¾ et donc nous au niveau des places on a en bas 38 lits de réanimation maximum et donc ces lits là étant pleins, il fallait faire autre chose on a utilisé des lits de l’étage de l’unité de cardiologie où ils avaient une unité de surveillance : unité coronaire qui en fait ont fait fonction de cas de réa non COVID et alors on a ouvert des lits supplémentaires dans l’hôpital de jour ; les salles d’opération étaient fermées on les a ouvert pour faire des lits COVID et on a encore utilisé la salle de réveil qui normalement prend juste le post opératoire pour accueillir encore des malades intermédiaires pour aider. Donc au total on est montés d’une trentaine de lits avec 30,32,34 en fonction du moment qui fonctionnaient régulièrement à 65 lits en première vague et ça c’était possible aussi grâce au fait qu’au niveau de l’architecture on avait les chambres qui pouvaient être adaptés et le personnel qui allait avec. Parce que comme vous avez peut être entendu le problème n’est pas vraiment architectural parce qu’on peut faire même des lits supplémentaires ailleurs la salle d’opération les lits sont autorisés si le personnel pas seulement le personnel formé qui manque après c’est carrément le personnel qui manquait parce qu’après la 1ere vague les gens étaient tellement épuisées je ne vais pas aller en détail ce n’est pas le sujet de votre mémoire mais la reconnaissance du travail, les heures de travail, les congés et tout le reste qui ont fait que les gens n’ont plus voulu aider puisqu’ils étaient totalement épuisés en burnout et donc il y a eu le problème de réduction du personnel disponible et du coup dans les vagues après nous on a travaillé que avec les lits qui étaient en bas et on a travaillé avec maximum 38 lits puisqu’on ne pouvait pas faire plus que ça. Donc au niveau architecture c’était ça le problème et le fait qu’on a dû absorber avec difficulté qu’il n’y avait pas de plan d’organisation national qui s’est fait à partir de la 2eme vague. C’est pour ça à partir de la 2eme vague vous avez entendu il y a eu les transferts entre Bruxelles et la Wallonie, la Wallonie et la Flandre et des transferts en fonction de la disponibilité des places ailleurs. Ce qui n’a pas été fait pendant la 1ere vague. La 1ere vague c’était vraiment chaotique.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 189 Lieu : Sur place

1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ? Au niveau de la charge du travail, c’étaient certainement les soins intensifs et en partie tout ce qui est unités COVID. Nous, on a eu une augmentation du nombre de cas et évidemment les autres services ils ont du se réorganiser pour accueillir les patients COVID hospitalisés et donc il y a eu un impact pas seulement sur la charge de travail pour certains mais une perte d’activité dans d’autres tout simplement parce que certains services de chirurgie ont dû fermer, certains services de neurologie par exemple fonctionnaient avec un nombre réduit de patients tout simplement parce qu’ils ont dû faire de la place à cette pathologie. Donc il y a une souffrance même parmi les gens qui étaient moins impactés au niveau de la charge médicale parce qu’ils n’ont pas pu effectuer leur travail. Les urgences aussi, parce qu’ils ont dû absorber toutes ces entrées et les redistribuer dans l’hôpital réa ou service d’hospitalisation et parfois les redistribuer dans d’autres hôpitaux.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 190 3. Pour quels besoins ?

Alors disons que les besoins ont changé entre la 1ere vague et les vagues d’après. Parce que la première vague, on a eu un problème donc il y a eu énormément d’investissement humain. Les infirmiers sont venus, on a eu de l’aide de partout : la salle d’opération, les gens volontaires et tout ça, à l’étage c’était la même chose les médecins qui sont venus aider vraiment on a eu beaucoup d’investissement mais comme vous avez entendu on manquait des moyens. On n’avait pas suffisamment de blouses, on n’avait pas les gants, les masques… thérapie, ce n’est pas qu’on n’avait pas de thérapie parce que pour le COVID il n’y a toujours pas de thérapie pour les formes gravissimes en tous cas peut être un peu plus maintenant mais à l’époque il n’y avait pas grand chose. On devait acheter les ventilateurs on était en panne vraiment, nous on a des casques d’oxygène chez les gens conscients donc on devait adapter les masques décathlon enfin on a fait beaucoup d’adaptation pour essayer de suivre la demande et je pense que malgré tout ça la demande pour certains pour les patients plus âgés je ne suis pas certain qu’ils aient tous eu leur chance pour être mis à l’hôpital. A partir de la deuxième vague, les hôpitaux avaient compris les besoins. Il y a eu beaucoup d’investissement au niveau du matériel et aussi le gouvernement qui avait aidé pour avoir l’argent disponible mais ce qui manquait c’était le personnel. Donc la 1ere vague c’était le manque de matériel, par contre, la deuxième vague c’était le manque de personnel et qui a été de plus en plus important parce qu’à partir de la 4eme vague en Belgique donc nous c’était en octobre l’année passée nous avions donc en 1ere vague, nous étions passés de 2000 lits en réa plus au moins à 2600 lits en toute la Belgique. Et en fait, en octobre parce que je suis rentré dans la commission comme responsable belge pour les soins intensifs en fait le nombre de lits avait commencé à diminuer. On avait même moins de lits en 4eme vague que le nombre total de lits disponibles avant la crise on avait 1800 lits. Et on a flirté 3 semaines avec plus que 100% du taux d’occupation les lits intermédiaires donc le problème c’était vraiment le personnel parce qu’on peut faire tous les lits que vous voulez mais ce n’est pas possible sans le personnel. Et les besoins en termes d’espace ? L’hôpital a été construit en 1976/77. Donc les chambres comme on voit ici ce sont des chambres qui ne sont pas comme des beaucoup d’hôpitaux très récents qui ont souvent 35m² comme surface pour tout l’intérieur. Donc, il y a parfois des chambres qui font même 20m², 24 ,26 donc l’espace n’est pas énorme. Disons qu’à la fin le COVID est un problème respiratoire pas vraiment un problème d’espace. Ce qui était vraiment difficile, c’est le fait qu’on a vu que c’était comment dire assurer l’entrée dans la chambre, la sortie de la chambre en respectant le maximum de l’hygiène ce n'était pas toujours possible. Parce qu’il fallait vraiment soit faire des espaces uniques, en Italie ce qu’ils ont fait en Italie ils n’ont pas de chambres seules, ils avaient des chambres communes, ils ont totalement fermé la réanimation 6lits, les gens s’habillaient avant de rentrer ils restaient à l’intérieur 5 6heures puis ils terminaient leur travail et sortaient. Ils manipulaient l’ordinateur et tout était condamné avec le COVID. Nous on a des chambres simples donc il y a une partie de la même unité qui est une partie sale et une partie qui est une partie normale donc il fallait tout le temps entrer et sortir des chambres en respectant le maximum de l’hygiène. Et l’autre problème qu’on a eu c’était aussi qu’au niveau des espaces il a fallu organiser des unités COVID et des unités non COVID. Et ça c’était très compliqué parce que parfois on déborde d’un côté sur l’autre et à la fin on pouvait mélanger le COVID et non COVID ce n’était pas un grand problème et ça c’était un peu plus facile à la dernière semaine de la vague delta parce que pour omicron ça n’a pas fait grand chose mais c’était le moment effectivement où on a pu s’organiser comme ça. Donc les espaces surtout je trouve la possibilité de respecter cette hygiène d’entrée et de sortie et bien séparer la zone sale de la zone normale dans chaque unité. Alors, moi j’ai l’impression que ce qui s’est passé en Italie ça explique aussi pourquoi il y a eu beaucoup de morts c’est mon opinion personnelle. C’est qu’en fait ils ont donc il y avait des unités de 10 lits de réanimation qui sont passées à 80. Nous on est passés de 38 à 65, on a doublé presque si vous passez de 1 à 8 fois votre capacité il est normal que vous soyez dans une situation de détresse. Donc si vous ouvrez la chambre à côté vous mettez 6 lits dedans avec un moniteur et vous vous dites que

Combien de chambres des USI sont équipées de sas ?

On a aussi créé des lits sous pap des malades qui arrivent de l’extérieur ou de l’étage et qui doivent être stabilisés on les stabilise mais si on n’a pas la place on a le temps de le garder chez nous le temps qu’on lui trouve une place ailleurs des lits pour le déchoquage ça permet de stabiliser les malades avant le transfert, d’assurer un minimum de soins de qualité. On les transferts à Gand, à Ostende. On avait un régulateur pour chaque région qui nous a beaucoup aidé là-dessus.

Donc, nous on a fait une proposition à l’hôpital en disant on n’a bientôt plus de place pour les autres patients chez nous il faut les équiper à l’étage et donc ce qu’on a fait c’est qu’on a mis des respirateurs à l’étage, donc les lits si vous voulez les lits de l’unité cardiologie qui étaient déjà avec des moniteurs sauf qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir des respirateurs donc les respirateurs on les a montés à l’étage. On a mis les infirmiers de l’USI qui travaillaient avec les infirmiers de l’étage pour avoir de l’expertise. Dans la salle de réveil qui était aussi faite de la réanimation non COVID ils ont déjà des respirateurs parce ce sont des gens qui sortent de la salle d’opération donc ils ont déjà l’habitude, ils sont déjà équipés. Et par contre, le seul travail qui a dû être fait c’est un travail à l’hôpital de jour, pour en fait créer à l’intérieur des lits de salle d’opération, des lits COVID. C’est juste de l’organisation en fait, l’entrée, la sortie, l’entrée sale, la sortie sale où il y a le matériel qui se jette, ça a été fait grâce à l’aide du service infrastructure de l’hygiène de l’hôpital. Et chez nous, vous allez voir après, on a pu s’adapter pour créer le sas qui est en fait la zone dans laquelle vous vous habillez et vous vous déshabillez et donc dans certaines unités c’était simple mais dans d’autres unités on a dû vraiment créer des espaces fictifs dans lesquels les gens une espèce de truc écrit par terre, dessiné par terre et je m’habille je me déshabille là-dedans et puis il y avait à chaque fois évidemment créer des systèmes de stockage de matériel sale pour qu’ils puissent jeter les blouses, les gants notamment les masques et tout ça. Donc tout ça a été géré c’est notre demande et c’était géré grâce à l’aide de la direction médicale. Le côté infrastructure ça a été surtout l’hôpital de jour. Le reste des lits des hôpitaux étaient presque déjà équipés, il fallait juste rajouter un peu de respirateurs à l’étage, un peu de personnel expérimenté.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 191 c’est une réanimation oui ok c’est faisable, je rentre dedans c’est bien je sais un peu l’utiliser mais est ce que ces lits sont vraiment surveillés ? Donc ce système de faire une ouverture de lits ad libitum sans limite en mettant des gens dans une même pièce et en mettant des moniteurs en les surveillant ce n’est pas quelque chose entre guillemets qui me semble raisonnable en plus il faut imaginer qu’il faut rester dans la chambre 6 heures voilà parce qu’on mettait les Pampers pour ne pas se faire pipi dessus vu qu’on ne pouvait pas sortir de la chambre. Je pense que c’est l’impact psychologique qui a dû être un peu plus compliqué sans boire sans manger enfin c’est compliqué donc moi je préfère ce qu’on a eu maintenant je pense que les chambres simples ça a fait des possibilités de répit de la journée ça laisse un peu l’aide les gens qui interviennent pour vous aider, et ça limite certes la multiplication des lits mais ce n’est pas en multipliant les lits qu’on peut résoudre le problème. C’est une redistribution des lits qui était la solution.

On a 3 possibilités d’admission via ces 3 canaux là et le flux a été je dirais chaotique en première vague et imprévisible les autres vagues étaient moins chaotique mais par moment aussi imprévisible puisqu’on a eu des appels 6 malades par jour 0 le lendemain puis 4 puis 3 le weekend et l’imprévisibilité ça pose vraiment un problème d’organisation parce qu’on ne sait jamais si on peut accueillir ou pas.

5. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ?

Un vrai sas, il y’en a 12. Mais six avec un flux laminaire avec une aspiration à pression négative et 6 sans pression négative. Donc 12 sur 38. Deux unités sont équipées de sas.

4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ? Alors, il y avait en fait moi je parle de l’USI donc il y a 3 flux principaux de malades : le malade qui arrive aux urgences et qui arrive chez nous, le malade qui est hospitalisé à l’étage et qui arrive chez nous et le malade qui vient directement de l’extérieur soit il est malade soit il vient d’un autre hôpital.

Soit on a les urgences ils avaient créé deux unités de lits de déchoquage dans lequel les malades arrivaient dans un point intermédiaire et avaient besoin d’un avis USI on allait donner un avis là bas puis ils allaient en réa et venaient chez nous.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 192 6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ?

Combien d’unités existe il à l’hôpital Erasme ?

Pour une pandémie, on n’est jamais prêts parce qu’on travaille la restructuration d’un service prend des mois de travail. Une pandémie arrive, vous avez deux jours. C’est toujours en retard. Maintenant, il faut aussi réfléchir c’est qu’avec toutes les pandémies dans le passé c’est vraiment la première qui est arrivée et je comprends aussi que les hôpitaux n’ont pas fait d’investissement dans les années précédentes il faut voir ce qu’on va faire dans les années suivantes parce qu’une autre va arriver et être de nouveau en défaut c’est moins vu que la première fois. Moi je ne vois pas vraiment de contrainte, c’est-à-dire que c’est un choix un risque bénéfice entre ce que vous pouvez proposer aux patients et ce que vous pouvez assurer en termes d’hygiène. Si on travaille qu’avec les unités avec un sas on allait utiliser 12 lits sur 38. C’est à dire qu’on allait fermer des lits et c’est en défaveur du fait qu’il y avait une masse critique qui arrivait à l’hôpital. Il est clair que quand on a une réduction des cas COVID, on a privilégié les lits avec sas plutôt que les lits sans sas. Quand on a pu choisir, on a fait comme ça. Je vais vous montrer en bas, on a une nouvelle unité numéro 2, sas avec flux à pression négative et l’unité numéro 3. Et seulement quand ces unités ont débordé qu’on a étendu sur les autres. La contrainte architecturale certes était présente, on aimerait tous avoir des lits avec des sas mais c’était juste infaisable et de toute façon même avec les vagues COVID qui revenaient on n’a jamais eu suffisamment de temps et surtout d’argent pour pouvoir créer ça. Ce n’était pas possible dans tous les cas.

On a cinq unités toutes situées au 1. Est-ce que vous pensez que la meilleure solution ça serait d’équiper toutes les chambres d’un sas ? Nous avons vu la solution avec sas, de pouvoir s’habiller et sortir de la chambre est meilleur que la solution avec l’unité unique dans laquelle on reste dedans 8 heures habillés en scaphandre semble physiquement peu tenable sur le long terme.

Alors, il y a trois modes de réanimation avec l’ambulance soit avec le respirateur endormi soit il arrive avec le casque externe et eux c’est la réanimation qui s’en occupe c’est plus facile.

La première vague n’était pas comme ça parce qu’on n’avait pas la procédure de transfert mais on a fait assez rapidement des lits de déchoquage.

7. Comment se fait la prise en charge des patients et leur séparation ?

3eme possibilité l’étage, donc on avait des contacts journaliers 2 ou 3 fois/ jour avec un système WhatsApp et puis un système WebEx interne avec le nombre de patients à l’étage et les cas difficiles et en fait on arrivait plus ou moins à prévoir une certaine… il y a des patients compliqués qui vont aller en réanimation, on a pu tout de suite absorber ça. Donc évidemment on avait les lits de déchoquage donc le patient il descendait on le stabilisait s’il doit venir chez nous il vient puis, il monte à l’étage, ou il part ailleurs. Donc encore une fois la clé de tout ça était la possibilité entre guillemets de se parler à chaque fois.

8. Est-ce que les changements étaient différents d’une vague à une autre ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 193

11. La sécurité du personnel était-elle assurée ?

9. Comment les patients non-COVID étaient séparés des patients COVID et du personnel ?

Les flux étaient séparés avec surtout de la communication en créant des lits de déchoquage pour stabiliser les malades à la garde et à l’USI et puis par la suite réadresser le malade en fonction de son évolution. S’il doit aller à l’USI, il va à l’USI, s’il monte à l’étage, il monte à l’étage ou si ça ne va pas on n’a pas de place on fait de la place ailleurs ou on attend que l’ambulance soit là pour le transférer.

Je pense que c’est plutôt le matériel. Encore une fois, c’est le matériel qui vous protège. Donc si vous avez des systèmes d’aspiration d’air et sa partie architecturale et le matériel qui va avec vous êtes effectivement très proche du risque minimal. Donc il ne faut pas seulement que l’architecture change mais aussi que le matériel soit disponible.

Est ce que vous pensez que l’architecture peut aider à diminuer ce risque là ?

12. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Je dirais oui. Comme je disais à la première vague il y a eu beaucoup de travail d’adaptation même à l’étage, changement de lits des unités COVID. Après, c’est le matériel humain qui a diminué ça on ne peut pas faire grand chose. Les changements ont été vite faits. En fait, on a commencé ici c’était le 12 mars on était tranquilles la première semaine l’unité numéro 3 était déjà prête à fonctionner et en fait les travaux la délimitation ce n’est pas grand chose des préparations ont été faits dans les semaines qui ont suivi. Je pense qu’en deux semaines, deux semaines et demie tout était prêt.

Je pense qu’à la première vague on a tous pris un risque il ne faut pas oublier qu’on était en défaut de matériel donc on ne pouvait pas attacher les choses. On a fait du mieux qu’on pouvait mais, beaucoup d’hôpitaux se sont équipés avec cet espèce de système de protection globale comme dans l’Ebola. Nous on n’a pas eu ça, il n’y a pas eu plus de cas positifs ici plus qu’ailleurs donc je pense qu’à la fin peut être il y a eu une utilisation des ressources au départ parce qu’on ne savait pas qu’il était peut-être disproportionné mais il y a eu certainement des cas positifs dans le personnel même des médecins et des infirmiers qui ne sont pas à Erasme qui sont décédés en Belgique à cause du COVID. Est ce que c’était zéro risque ? Non. Est ce que c’était zéro risque après ? Non plus. Parce que zéro risque en fait c’est une prise de moyens qui était vraiment non faisable par rapport au matériel disponible dans les hôpitaux. Est ce qu’on a couru un risque déraisonnable ? Je ne pense pas mais le risque zéro n’était pas là.

10. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ? Non, on a travaillé avec ce qui existait.

13. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? Je pense que la leçon à tirer n’est pas autour de l’architecture. C’est à dire que certes on a vu que les hôpitaux ne sont pas prêts à accepter des patients qui ont des conditions d’isolement particulières mais que probablement créer tous des lits comme ça totalement capable d’accepter un patient de ce type là est illusoire en Belgique aujourd’hui. C’est un projet qui doit être fait dans les 30/40 ans à suivre. Les leçons à tirer ce sont surtout des leçons d’organisation des ressources. Je pense qu’il y a eu peu de coordination, il y a eu peu de visibilité, je parle évidemment dans la réa parce que je connais un peu moins bien l’expérience hospitalière mais il y a eu très peu de coordination sur la collecte de données. On ne sait pas ce qui se passe en Belgique, on ne sait pas comment ils ont ventilé question COVID. Il n’y a pas eu de coordination dans ce sens là et ça reflète malheureusement une division, il y a la division par région du pays et parfois aussi des divisions linguistiques et politiques qui font que les gens sont très indépendants et ne bossent pas ensemble. Pendant une pandémie, il faut mettre de côté cette division là et essayer d’y faire face. Ça a été une façon assez, la plus utilisable c’est d’avoir une collecte de data et une visibilité nationale mais il n’y a pas eu de contrainte si vous décidez

14. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? Je dirais qu’il n’y a rien de très nouveau de ce que vous avez entendu. De l’enthousiasme pour sauver des vies, vous avez vu. Des espoirs pour le fait de ne pas au départ parce qu’il y a eu beaucoup de décès et un peu de manque de soutien de l’organisation niveau globale. On s’est rendu vite compte que la façon de travailler n’était pas la bonne. Par exemple, moi j’ai participé à une étude au Sciensano regional health dans laquelle on a montré que la surcharge de travail en réa a augmenté le risque de mortalité. C’est grâce à ça que le gouvernement a décidé de transférer ailleurs. Pour que les choses puissent un peu s’améliorer. L’investissement des ressources, c’était mal vécu. C’était très compliqué au niveau humain et beaucoup d’émotion. On a été fort en contact avec d’autres hôpitaux, on a fait un groupe WhatsApp ULB, avec les gens du réseau Iris, l’hôpital de Mons, Tivoli, ici Saint Pierre, Brugmann, il y a aussi le chef du Chirec parce qu’il est un ancien ULB et on a échangé l’expérience, l’organisation, les places et je pense qu’à la fin tout le monde a plus ou moins fait et vécu la même chose avec des sensibilités différentes, des vécus différents mais à la fin globalement je pense que même maintenant on a commencé à faire des congres j’ai été en Angleterre on a parlé de fin de vie de l’organisation avec les anglais, des collègues indiens, on a parlé du COVID et on a vu que tout le monde a vécu plus ou moins la même chose avec des

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 194 de ne pas envoyer de data il n’y a personne qui va vous en vouloir. Par contre, je pense qu’à un moment ou l’autre, il a fallu que le ministère dit maintenant vous êtes obligés de donner les datas sinon je ne vous rembourse pas l’argent. Ça aurait permis d’avoir une vision plus complète de ce qui s’est passé vraiment en Belgique. Nous, on est à la fin de la cinquième vague avec une période assez calme pour l’instant et on n’a toujours pas d’idée de la première vague et ce qui s’est passé. Donc, la leçon aussi d’organisation c’est vis à vis de la reconnaissance du travail qui a été fait parce qu’ici beaucoup de personnel n’a pas voulu s’investir d’avantage parce qu’ils n’ont pas été leur travail n’a pas été suffisamment rémunéré. C’est vrai que ce n’est pas une question d’argent, mais on ne travaille pas tous pour la gloire. Et après deux ans on s’est attendus à avoir un geste ce qui n’a pas eu mais ça c’est la politique donc on ne peut pas faire grand chose donc voilà.

Si vous avez la possibilité de changer quelque chose au sujet de la crise ça serait quoi ? C’est une bonne question. Je pense qu’en fait qu’au niveau de l’infrastructure ce qui manque, manquait et même manquerait c’est un répertoire de ce qui est disponible. C’est à dire on garde la structure comme elle est, chacun trouve une solution plus ou moins potable pour séparer le côté sale du côté stérile des unités entières, des tentes, des trucs en plastique cloués par terre. On a tous trouvé une solution un peu bricolée mais au niveau infrastructure c’est répertorier tout ce qu’on a. Combien de respirateurs on a, combien de lits on a disponibles, combien de machines de support respiratoire externe, donc c’est répertorier ce qui est dans les hôpitaux ça permet de gérer une crise un peu Niveaudifféremment.infrastructure, comme je vous ai dit le paradoxe de tout ça pour vous expliquer à quel point on n’était pas prêts c’est qu’en fait quand la vague COVID est arrivée, ils ont dit à Bruxelles tous les malades vont aller à Saint-Pierre parce que Saint-Pierre c’est un hôpital qui gère les maladies infectieuses compliquées. Ils ont douze lits je pense d’isolement. Et tous les tests COVID ils vont aller à la KUL. Donc on a eu à un moment, 1400 ou 1500 malades hospitalisés en Belgique pour le COVID en réa ils voulaient faire plus de lits à Saint Pierre et on a eu à un moment 600 000 tests par jour pour faire ça à la KUL. Ce sont juste des gens en fait qui n’ont aucun contact avec la réalité et c’est ça la différence entre la gestion d’une crise par des administrateurs de bureaux et des gens du terrain. Pas de la gestion médicale, parce qu’elle a été bien structurée mais c’est organiser les soins. Donc le problème architectural a été un problème minime par rapport au fait que de toutes façons quoi qu’on ait fait, on a été débordés en termes de chiffres. On a maintenant 1800 lits en réa en Belgique, je ne sais pas combien ont un sas et un système d’aération si vous voulez tout rénover ça prendra des décennies. Donc, clairement c’est un problème qui existe mais ce n’est pas un problème que l’on peut résoudre à tout moment. Alors que l’organisation oui.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 195 degrés de sévérité différents même au niveau organisation matérielle et puis au niveau humain de la relation entre les équipes, les relations externes, c’était le même vécu partout. 15. Avez vous quelque chose à ajouter ? Non pas forcément.

Les services ont été transformés. J’ai travaillé pendant les trois premières vagues du COVID et chaque fois le service gastroentérologie où il travaillait se transformait en service COVID

On n’avait pas de sens de circulation. Deux unités l’une en face de l’autre qui ont été regroupées. Et il y’ a deux accès à ces unités.

4. Est-ce que vous pouvez définir les changements appliqués ?

6. Comment les patients non-COVID étaient séparés des patients COVID et du personnel ?

5. Est-ce que les changements étaient différents d’une vague à une autre ? Oui, la 1ere vague c’était de l’improvisation, on ne connaissait pas encore la maladie. Au fur et à mesure des vagues l’hôpital s’est réorganisé. Ils ont créé d’autres unités entre les unités d’hospitalisation classiques et les soins intensifs pour les patients qui étaient trop malades pour rester en hospitalisation mais pas assez pour descendre aux soins intensifs. Unité tampon entre les deux.

1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ? Tout ce qui est service d’hospitalisation. Pendant la 1ere vague il y a minimum 5 services d’hospitalisation graphique qui se sont transformés en unité COVID. Avec de petites adaptations. Le service d’immunité et de réveil post opération se sont transformés en unité de soins intensifs.

Lieu : Par téléphone

Personne : Axel Herchuelz Statut : Infirmier Service : Hospitalisation Hôpital : Erasme Jour : 29/03/2022 Durée : 20 minutes

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 196 Annexe 9

2. Est ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ? L’hôpital n’avait pas de choix que de transformer les autres services, tellement il y avait beaucoup de patients. Le problème était le manque de lits et de matériel surtout.

3. Pour quels besoins ? Dans l’hospitalisation, chaque patient devait être isolé dans une chambre. Principe d’isolement protecteur n’est pas inconnu pour les hôpitaux il y a énormément de cas pour lesquels ils doivent isoler les patients.

11. Avez vous quelque chose à ajouter ? Non.

Le manque de matériel était vraiment problématique.

Il n’y a pas eu des transformations par rapport à ça. Chaque chambre dispose d’un système de ventilation.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Au niveau des hospitalisations l’hôpital était bien adapté sauf au niveau du matériel. Et on n’a pas eu de problème de personnel, et tout était sur base de volontaires.

C’était surtout une expérience de soin totalement différente par rapport à d’habitude « une médecine de guerre »

8. La sécurité du personnel était-elle assurée ?

7. Est-ce que vous avez mis en place un système de ventilation ?

9. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ?

10. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ?

197

/ Médecin

Marc : Disons que l’espace qu’on a déjà au niveau du service des urgences d’Erasme n’est pas optimal on va dire dans le sens où c’est un vieux service d’urgences donc qui est sous forme d’un couloir et pas sous forme d’un carré où il n’y a pas une circulation en tous cas sous forme d’un tour de roue en fait. Donc c’est une ligne droite et on revient sur nos pas donc ce n’est pas optimal dans la circulation des malades Mais on a dû évidemment individualiser deux flux bien distincts. Le patient qui s’inscrivait aux urgences, il fallait savoir dans un premier temps s’il était hautement suspect d’être COVID s’il l’était, il entrait dans la filière suspect COVID, s‘il ne l’était pas alors à ce moment là il entrait dans une filière dite propre et donc on a dû scinder les deux filières avec les locaux que l’on avait actuellement auxquelles se sont rajoutés, parce que c’est un petit peu ça aussi l’objet du travail je pense, des locaux supplémentaires locaux ici qui ont été, où l’infrastructure on a pu prendre en compte l’espace ambulance, le carport des ambulances que l’on avait en dur, donc on l’a réaffecté en zone de tri et en dehors de cette zone de tri on a installé les tentes de la croix rouge pour faire la zone d’accueil si on veut pour que les patients ne doivent pas attendre dans le vent, dans la pluie.

Statut : Infirmier chef adjoint Service : Urgences Hôpital : Erasme Jour : 19/07/2022

Marc : Dans un premier temps, j’ai commencé Jonayde.

Jonayde : Oui ok Marc : Dans un premier temps c’était le service des urgences parce que c’était par là que les patients arrivaient puis, au début de la première vague finalement on a dû pas mal hospitaliser donc finalement les autres services ont été impactés par ce qu’on a dû faire du cohortage pour les patients du COVID et donc on a fermé entre guillemets des services pour ouvrir des salles COVID. Et puis, dans un deuxième temps ce qui a été très impactant aussi c’étaient les soins intensifs pas tout de suite au début de la vague, mais 15 jours, trois semaines après lorsque les malades ont commencé à se dégrader ou lorsque les malades qui ont contracté le COVID au début qui sont restés à la maison, finalement se sont dégradés et sont arrivés à l’hôpital à ce moment-là c’étaient les soins intensifs qui ont été le plus mis à mal Donc finalement, nous au niveau des urgences, on a souffert du COVID pas pendant très longtemps certes mais de façon intense par rapport à un flux COVID c’était principalement sur un bon trois semaines à peu près après les choses ont diminué dans le sens où les patients n’ont pas particulièrement diminué mais c’est surtout le restant des patients qui a diminué. Donc finalement l’un dans l’autre certes un patient COVID la charge de travail était plus lourde mais il y avait moins de malades donc l’un dans l’autre finalement, la charge de travail était certes importante mais n’était pas démesuré non plus 2. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes rencontrés surtout en termes d’espace ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 198 Annexe 10 Personne : Jonayde Bouker / Marc Van Nuffelen

Durée : 41 minutes Lieu : Par téléphone

1. Quels sont les services qui ont été le plus affectés par le COVID ?

Marc : Mais donc il y avait un flux entre guillemets interne qui était le flux COVID à savoir on avait la zone d’accueil, de la zone d’accueil ça partait vers la tente, de la tente ça rentrait vers le sas des ambulances, du sas des ambulances ça sortait vers l’extérieur vers la maison versus ça rentrait dans la partie sale COVID de la garde. Ça c’était pour le flux des patients COVID s’ils devaient être hospitalisés il y avait un parcours pour le patient hospitalisé à savoir qui passait par le scanner et puis il partait vers une salle COVID versus vers les soins intensifs et le côté propre toujours la même zone de tri de base et puis là il sortait de ces zones, il n’entrait pas le sas des ambulances, il contournait le sas des ambulances pour rester entre guillemets dans une partie propre à ce moment là et il rentrait par une porte dans un couloir qui est un couloir séparé dit couloir propre vers la bibliothèque où on avait aménagé six lits pour pouvoir examiner des patients propres. Il y avait également deux autres chambres qui étaient affectées à ces patients propres dans le début de la garde mais qui est donc séparée du côté sale en fait donc les deux flux…

Marc : En fait, ce qu’il fallait donc c’est surtout une zone d’accueil qui est une zone qui est invariable que ce soit un patient propre ou un patient COVID Il fallait une zone de tri primaire pour dire si le patient était COVID pas COVID puis une zone de tri secondaire pour les patients COVID pour savoir s’ils rentraient à la maison ou s‘ils devaient être hospitalisés. S’ils devaient être hospitalisés, on avait la zone des urgences dédiée aux patients COVID et puis une hospitalisation soit vers les soins intensifs soit vers une unité classique COVID et de l’autre côté on avait une zone où il n’y avait plus de deuxième tri de patients propres où il y avait simplement une zone d’accueil pour ces patients propres on faisait la mise au point et de là ils partaient vers la maison ou restaient hospitalisés dans une zone propre donc ça c’était les différents espaces, au niveau m² je ne saurai pas te le dire 4. Comment était le flux des patients à l’hôpital ?

5. Est-ce que vous avez appliqué les changements à partir de la première vague ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 199 3. Pour quels besoins ?

Jonayde : Parce que les modulaires on les avait mis, parce qu’après on avait fait des modulaires dans lesquelles ont avait fait des triages et puis on n’avait plus séparé le flux en propre et pas propre on avait plutôt dédié des boxes, et ça c’était plutôt à la deuxième vague, à des patients COVID et non COVID donc on n’a plus fait de flux distincts on avait une zone à HP où c’était le COVID, et puis à l’avant tout ce qui est non COVID,

Jonayde : après 3 mois avant les modulaires Marc : ouais

Marc : Ah ça a duré un certain temps quand même, donc

Jonayde : il y avait aussi le laboratoire de choc qui était transformé en zone propre aussi pour les patients en fait aigus. Le labo de choc était dédié à ça mais, c’était pas évident quoi dans le sens où on était limités en termes d’espace et donc comme dit Marc il fallait marier, enfin trouver une solution par rapport à ce qu’on avait comme espace, transformer la bibliothèque en zone de propre et puis on a augmenté les surfaces dans le garage des ambulances plus le carport de ce mur plus il y avait une tente qui était encore devant qui faisait la même taille que tout ça et c’est vrai qu’en termes d’espace il fallait augmenter l’espace qu’on avait vachement parce que pour faire deux flux distincts il fallait augmenter la surface, ce qu’on avait pas et comme dit Marc, chez nous c’est un couloir, un long couloir et c’est hyper difficile de faire deux flux différents parce que l’idéal c’est d’avoir deux flux.

Marc : Oui Et ça a duré combien de temps ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

200 Marc : Ce long couloir des urgences est divisé en fait en deux parties il y avait un avant de la garde et un arrière de la garde, l’arrière de la garde c’est l’hospitalisation provisoire et donc c’est dans cette zone-là dans la deuxième vague et la vague suivante où on a hospitalisé les gens fortement suspects COVID par rapport à un avant de garde parce qu’à partir de la deuxième garde contrairement à la première il n’y a plus eu les fermetures des offices dans les hôpitaux parce que la première vague, l’activité générale de l’hôpital s’est arrêtée à savoir que tout ce qui était consultation était annulé, tout ce qui était endoscopie programmée, tout ce qui était chirurgie programmée était annulé donc on ne fonctionnait plus que sur l’urgence et sur, soit les interventions d’urgences, soit les patients qui arrivaient aux urgences et donc ça veut dire qu’il y a une partie de l’infrastructure globale de l’hôpital qui était au repos mais donc on a pu puiser les ressources humaines pour pouvoir aider les autres secteurs mais à partir de la deuxième vague, ça, c’était terminé donc l’hôpital a continué à fonctionner comme les hôpitaux fonctionnent aujourd’hui plus le patient COVID. C’est ce que l’on vit maintenant sauf qu’à l’époque c’était quand même quelque chose qui était compliqué dans le sens où c’était quelque chose qui n’était pas encore entré dans les mœurs du moment et quand un patient était COVID c’était tout un drame il fallait faire 50 milles choses que l’on ne fait plus aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui on a entre guillemets, on a un peu appris à vivre avec cette maladie alors certes on se protège toujours de la même façon sauf que tout ça prend moins d’ampleur que ça ne le prenait en deuxième vague. Et donc pour répondre à ta question, la première vague c’est tout ce qu’on t’a expliqué jusqu’à maintenant, la deuxième vague, la zone de tri n’était plus sous les tentes parce que les tentes de la croix rouge on les a enlevées de même que le sas des ambulances il devait pouvoir réaccueillir les ambulances donc ce que l’on a fait c’est que l’on a mis trois modulaires dans une zone où il n’y avait rien où c’était un espace vide pour le service et de ces trois modulaires les gens venaient s’inscrivaient, passaient dans une zone d’attente qui était pré-tri où là les deux types de patients pouvaient se côtoyer, à savoir le patient COVID et le patient non COVID Ils étaient triés par les infirmières dans deux des modulaires, si le patient était jugé COVID et devant être hospitalisé on l’acheminait donc directement vers l’hospitalisation provisoire donc la zone des urgences qui était réservée au COVID et puis si par contre on trouvait qu’il n’était pas gravement malade alors à ce moment-là il allait dans ce troisième modulaire où il était vu par un docteur et il y avait une salle d’attente à côté, salle d’attente cette fois ci COVID avec un espace où le médecin pouvait voir le malade et décider si finalement il pouvait rentrer, bien sûr il préférait quand même que l’on fasse l’un ou l’autre examen, s’il le fallait le patient retournait à ce moment là dans la zone en arrière aux hospitalisons provisoires. 6. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ? Marc : C’est comme pour tout changement, au départ il faut un petit peu se mettre dans le bain avant que tout ça ne tourne oui il faut un peu mettre de l’huile dans l’engrenage quoi mais sinon après une fois que les procédures étaient bien comprises par tout le monde, alors à ce moment là ça roulait et encore une fois, pour la première vague on a, je n’aime pas dire ça mais on a été quand même sur staffés au niveau et nursing et au niveau médical alors c’était très bien parce qu’on en avait très peur et ça a permis aussi de diminuer un certain stress maintenant par la suite il y a eu quand même une très forte différence entre première e deuxième vague, parce que comme je le disais là tout de suite, lors de la deuxième vague, tout le restant de l’hôpital a dû continuer à tourner donc toutes ces aides que l’on a eu sur les autres services pendant la première vague, on ne les a pas eu durant la deuxième donc là on a du se réinventer un petit peu pour que finalement tout ce trajet qu’on avait mis en place fonctionne aussi mais avec moindre personnel puisque pour chaque zone fatalement il faut du monde, il faut des médecins il faut des infirmières et donc les staffs ne sont pas non plus extensibles donc ça demande plus de monde sur place ou en tous cas un travail d’équipe un peu diffèrent et ça ce n’est pas toujours facile que ça soit au niveau médical ou au niveau infirmier ça n’est pas toujours facile de mettre en place parce que les gens ont leurs petites habitudes donc c’est compliqué quoi

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

infrastructure ?

Marc : On avait quand même un contact au niveau logistique parce qu’ils ont quand même construit un nouvel accueil à l’extérieur de l’hôpital sous un préau qui était déjà existant mais il l’ont fermés ce préau pour pouvoir y installer le service d’accueil à l’extérieur et pas à l’intérieur de l’hôpital par ailleurs avec la croix rouge et le service infrastructure que l’on a aménagé le sas des ambulances pour que l’on puisse y faire une zone de tri et par ailleurs dans l’intérieur de l’hôpital au niveau du service des urgences c’est aussi eux qui ont fait les trajets notamment au niveau bandes, par terre pour pouvoir aiguiller les patients et mis des cloisons également dans des endroits où normalement il y avait des accès que l’on avait condamnés à ce moment là pour avoir un flux unique et pas que les patients ne puissent se croiser entre le côté propre et le côté sale, donc au niveau infrastructure on a quand même eu l’aide de l’équipe de la maintenance de l’hôpital

Jonayde : Tout a été avec, surtout au niveau Medico infirmier du service, alors Marc je ne sais pas si vous après vous avez à ce moment-là je n’étais pas encore là mais est-ce que vous étiez en contact avec des départements autres que chez nous ?

Jonayde : C’est vrai que juste avant que la crise n’éclate on parlait encore des possibles personnes tout ça on avait pris juste comme box le 23 le box à flux négatif justement et c’est là qu’on les dirigeait mais on s’attendait pas à avoir autant de patients et justement très vite c’était obsolète d’avoir un box qui servait pour les patients COVID et il fallait trouver d’autres solutions et c’est là que les solutions sont apparus avec l’histoire des tentes et tout au début avant les tentes on faisait les frottis dans le sas de contamination on avait un sas de contamination aux urgences dans lequel il y avait un couloir intermédiaire et on faisait ça dans ce petit sas, tous les frottis tous les trucs dans le genre des patients COVID. Mais très vite après c’était trop petit il fallait qu’on trouve d’autres solutions. La plus massive était là et très vite ils ont mis en place les solutions du garage, du triage extérieur et puis les deux flux distincts 8. La sécurité du personnel était-elle assurée ?

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Jonayde : Il fallait donc en fait réorganiser l’architecture mais réorganiser aussi l’organisation et c’est vrai que c’était hyper compliqué dans le sens où faut changer les habitudes tout ça enfin c’est une façon critique et c’était le challenge il était là donc voilà Est ce que vous avez réorganisé l’espace vous même ou vous avez travaillé avec le service

Marc : Non ça on n’a rien touché, il faut savoir qu’au niveau des urgences on a une chambre qui est en flux positif et normalement pour des maladies contagieuses donc ça aurait pu très bien fonctionner pour le COVID le hic c’est que c’est une seule chambre et donc évidemment avec le nombre de patients COVID que l’on avait ça allait être un peu compliqué Donc non de ce côté là on n’a rien changé. Donc au départ on respectait ce que les gens avaient préconisé à l’époque à savoir l’heure et demie de ventilation entre les chambres deux malades et par la suite lorsqu’il y a eu un afflux de patients trop important, on enchainait les chambres les unes après les autres en disant bon bah Ok

7. Est ce que vous avez mis en place un système de ventilation ?

Jonayde : Heureusement

Marc : Oui, c’est pour ça qu’au départ c’était assez lourd par rapport au patient, parce que finalement on installait un patient COVID dans une chambre et globalement il y avait quatre personnes du nursing qui s’occupaient du malade, il y en avait deux qui s’habillaient, qui étaient dans la chambre et puis il y en avait deux qui réceptionnaient les prélèvements, le matériel à l’extérieur donc eux ne se déguisaient pas mais, ils devaient faire en sorte que les tubes qui étaient emmenés à l’extérieur, soient nettoyés soient décontaminés pour pouvoir être acheminés au labo bref c’était tout une organisation, il n’y a pas que l’architecture il y a tout ce qui tourne autour de ça du fait qu’on avait beaucoup de personnel, beaucoup de gens qui travaillait finalement aux urgences, je disais tantôt probablement trop mais

Marc : Et donc ici ce qui se passe pour le moment pour l’hôpital Erasme c’est un petit peu particulier c’est qu’on est en train de construire une nouvelle tour à l’avant de la garde ce qui va permettre d’augmenter notre nombre de m² du service des urgences sur l’étage 1 de cette tour et par la suite ce qui est prévu dans le pipeline c’était de revoir les architectes pour faire tout le design intérieur et justement dans ce design intérieur il y aura plusieurs zones différentes mais ces zones là devront être réfléchies pour pouvoir être éventuellement modulables si jamais il y a une nouvelle pandémie donc ça c’est l’intérêt de la situation d’aujourd’hui. Maintenant après, si aujourd’hui le permis de bâtir est déposé, le premier et deuxième étage sont construits donc le gros œuvre commence et donc on parle ici de quelque chose qui est opérationnel dans deux ans deux ans et demi à peu près Et donc ça veut dire que si entre temps il y a quelque chose qui se passe on devra à nouveau se réinventer c’est à dire qu’on pourra probablement utiliser certaines idées de ce que l’on avait eu et puis faudra probablement essayer de voir comment est-ce que cette nouvelle architecture même si pas finie pourrait être modulée pour pouvoir permettre de faire des soins aux malades, si on a de la chance c’est que le nouveau service sera designé et prêt pour la prochaine pandémie et donc voilà on espère que ça sera comme ça.

Est-ce que les architectes ils vous consultent par rapport à la conception de cette nouvelle tour ou pas du tout ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 202 quand on l’a décidé au départ c’était pas trop, parce que je ne sais pas si tu te souviens des images qu’on avait eu avec l’Italie où il y avait des convois de véhicules militaires qui servaient pour desservir la morgue de l’hôpital, quand on voit ça on se dit Bon Dieu qu’est-ce qui va nous tomber sur la tête donc c’est clair qu’on s’est préparés mais est ce que on était prêts à 100%, probablement pas mais on avait quand même déjà réfléchi donc l’expérience des pays, chinois et surtout italiens parce que c’est plus proche de chez nous et donc ça a permis quand même d’anticiper pas mal de choses alors est ce qu’on a trop anticipé est ce qu’on a mis trop de ressources au départ ? à posteriori moi je pense que oui mais encore une fois dans ces situations-là il vaut mieux mettre trop de ressources que pas assez parce qu’on va probablement commettre toutes ces ressources a permis aussi quelque part une certaine sécurisation du personnel parce que si vous êtes que deux au lieu de 4 bah il n’y a plus qu’une personne qui rentre et une qui sort, versus les deux rentrent mais alors pour sortir ils doivent tout désinfecter ça devient plus compliqué et donc je pense que comme on a agi, au final, ce n’était pas mal quand même et ça a permis je pense de sécuriser les gens et si les gens sont sécurisés s’ils travaillent dans un certain calme, ça évite également les fautes.

Marc : Oui on a déjà eu des réunions avec les architectes avant que la tour ne soit construite pour avoir des idées et voir comment est ce que nous on voyait le futur des services d’urgences donc effectivement on a eu des plans on en a discuté maintenant encore une fois ce sont des architectes qui sont, pas mauvais mais ils sont pas spécialisés dans le milieu hospitalier et donc je pense que le milieu hospitalier ça doit répondre à une architecture bien particulière avec des contraintes bien particulières et ce n’est pas l’architecte qui va construire ta maison qui est nécessairement ouvert ou en tous cas qui réfléchit dans ce sens là après il peut s’adapter si nous on lui donne les idées mais d’un autre côté je pense qu’à un moment donné il faudra se retourner vers des gens qui sont plus spécialisés dans le milieu hospitalier pour qu’on ait un service qui soit opérationnel à 100%

9. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ?

Jonayde : Moi je ne pense pas, pour moi les urgences actuelles qu’on a ne sont pas prêtes à refaire la même chose, pour preuve, la deuxième vague on n’a pas fait ces deux flux distincts parce que finalement ce n’était plus possible surtout quand on gardait l’activité hospitalière habituelle plus les patients COVID ce n’était tout bonnement pas possibles de faire deux flux distincts. Parce que par moment on avait moins de patients COVID et par moment on en avait plus et donc chaque fois changer le nombre de chambres augmenter et diminuer, c’était extrêmement compliqué.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 203

Marc : Donc la clé de tout ça c’est quelque chose qui est modulable en fait parce qu’effectivement on ne peut pas construire un service dans le but de dire ok j’ai un service qui est adapté à la pandémie et on attend dix ans pour qu’il soit réellement rentabilisé sur la prochaine pandémie et ça c’est ridicule parce qu’en attendant il n’est peut être pas adapté à une patientèle classique que l’on voit 365 jours par an pendant les autres années. Donc je pense que c’est un service qui doit être confortable pour le travail ergonomique comme Jonayde vient de le dire pour que les gens puissent y travailler au jour le jour, sans pandémie, sans catastrophe, sans attentat et que si un jour on déclenche un plan catastrophe parce qu’il y a un train qui a déraillé, un avion qui s’est écrasé, une bombe qui a explosé à ce moment là on peut, moyennant deux trois aménagements très rapides, faire en sorte que ce service redevienne quelque chose qui est plus opérationnel un peu comme un hôpital militaire qui se construit et se déconstruit en très peu de temps. Donc il faudrait pouvoir trouver un certain arrangement dans l’architecture qui permet de faire place à un flux massif de patients pas nécessairement tous très graves, certains vont l’être d’autres pas mais on pourra absorber ce flux assez rapidement de patients avec une zone de tri relativement vaste où là on pourra dire Ok ça, ça doit rentrer dans le service ça ne doit pas rentrer dans le service une fois que c’est rentré dans le service, c’est aiguillé vers les autres particulières.

Jonayde : Bien sûr, je pense qu’on va vivre avec ça et on a vécu l’attentat le 22 mars, on a connu maintenant la pandémie et ce n’est pas fini, tout ça va automatiquement revenir on ne va pas s’arrêter là et donc je pense qu’il faut penser à une architecture qui va dans les deux sens

Jonayde : Il faut un plan en fait, il faut des plans B, donc on a notre architecture actuelle mais il faut des plans éventuels, comme dit Marc une catastrophe naturelle ou autre, pour qu’on puisse passer à un plan B sans devoir chercher monter les surfaces mais avec ce qu’on a comme dit Marc, vraiment modifier deux trois petits trucs et on sait passer à l’autre mode architecturale donc qui va nous permettre justement de faire un tri, alors j’ai envie de rester sur le COVID, si on avait la possibilité aussi d’avoir des dépistages rapides de vingt minutes, ça permet de temporiser et justement d’orienter le patient vers tel ou tel secteur mais il faut une grosse zone de tri où le patient peut attendre 20 minutes avant d’avoir les résultats du test et pouvoir rentrer dans le circuit, c’est tout bête ce n’est pas juste architectural mais c’est aussi organisationnel 10. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ?

Jonayde : Et il faut quelqu’un qui s’occupe aussi de l’organisation en termes de flux parce que comme dit Marc, architecte qui construit, c’est ce qu’on a actuellement, donc ils vont construire ce qu’on veut mais quelqu’un qui réfléchit en termes d’ergonomie voilà, le terme il est là c’est l’ergonomie de travail et penser à tout ce qui est à penser pour le service des urgences. Et là est le challenge parce que voilà on finit de construire la tour mais oui comme dit Marc ils nous ont consulté pour savoir ce qu’on voulait exactement mais ce n’est pas suffisant, je pense qu’il faut aller au delà et qu’il faut faire appel à des gens spécialisés dans le domaine du flux, spécialisés dans l’architecture hospitalière pour pouvoir avoir un service optimal Est-ce que vous pensez qu’il faut aussi prendre en compte les pandémies, guerres, catastrophes naturelles en cas d’urgences dans la conception ?

Marc : Pour l’hôpital Erasme c’est trop facile, le service des urgences est trop petit, il est mal structuré, globalement on n’a pas dû attendre la crise pour se rendre compte de ça, mais voilà c’est un vieil hôpital et on a fait des travaux dans l’hôpital et dans le service des urgences pour rendre le m² un peu plus confortable mais pas plus opérationnel puisque finalement les chambres elles sont restées les mêmes et les boxes sont restés les boxes donc on n’a pas tout réinventé et donc trop petit pas bien foutu d’un point de vue gestion de l’espace et du circuit en tous cas patient. Mais je pense que c’est aussi parce que la médecine a évolué donc c’est un hôpital qui a été construit en 1970-1980 donc il y a 40 50 ans donc la médecine d’il y a 50 ans ce n’est pas la même chose, il y a 50 ans on avait 60 patients qui arrivaient à Erasme pendant 24 heures aujourd’hui on est au double, donc fatalement des

Jonayde : Oui il y a eu un travail sur l’architecture mais l’organisation a fait énormément de choses.

11. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ?

Donc globalement vous pensez que les solutions ont fonctionné ?

Jonayde : Non mais c’est clair que non vraiment le nombre de patients a augmenté avec un service qui est vieux et alors on n’a pas augmenté les surfaces, les surfaces sont limitées, si on se compare à un autre hôpital de la même taille, on a quand même un service des urgences qui est très petit mais on fait des belles choses.

Jonayde : Bien sur ça joue toujours un petit peu mais ce n’est pas ça qui a fait que les gens soient épuisés Marc : Ce qui aurait probablement pu jouer pour revenir dans la question que tu poses, si les gens avaient déjà l’habitude de travailler dans leurs services, et c’est simplement le service qui se remodule un petit peu probablement ça les sécurise un petit peu, c’est probablement moins anxiogène Ici on a augmenté les surfaces on a délocalisé des zones et donc les gens ont été contraints de travailler hors zone de confort en fait dans des conditions qui ne sont pas forcément faciles, parce que dans les zones de tri les infirmiers qui triaient avec les médecins qui triaient ils étaient habillés sous forme de scaphandre pendant huit heures d’affilé, enfin c’est épuisant. Il faut le vivre pour savoir ce que c’est et donc c’est quand même quelque chose qui est claquant et l’autre chose, c’est que d’une part il y a eu quand même un certain stress par rapport à cette maladie parce que je pense que tout le monde entre nous on a eu des gens qui en sont morts donc il y a ce côté stressant il y a le côté réadaptation puis finalement l’aide que l’hôpital nous fournit par rapport à tous ces gens plus le matériel qui arrive et puis petit à petit on se rend compte qu’au niveau des urgences l’activité baisse un petit peu on peut entrer guillemets un peu souffler sauf que la lumière rouge elle est toujours là parce que si un patient arrive bah il faut quand même être sur qui vive et pouvoir le prendre en charge correctement et puis dès qu’il y a eu un peu d’assouplissement au niveau des règles sanitaires dès ce moment là, l’hôpital a dit « Ok bon pendant trois mois on s’est mis au repos ici, enfin le repos était tout relatif évidemment mais pour l’hôpital général c’était une diminution d’activité maintenant il faut récupérer l’activité et donc maintenant on va mettre les bouchées doubles pour récupérer les 3 mois qu’on vient de perdre » ok mais le personnel est déjà fatigué et donc on leur demande faire doublement leur boulot parce qu’il faut rattraper les trois mois précédents et c’est cet état de choses il n’y a pas eu vraiment de coupure pour revenir à ce que Jonayde disait, c’est que les gens sont épuisés sont fatigués alors quand on entend dans les médias « d’ici la fin de l’été probablement on va devoir s’attendre à de nouveau, une augmentation des infections » alors on est dans milieu, on voit ce qui se passe sur le terrain et on voit que aujourd’hui il y a plus de patients qui arrivent à l’hôpital donc on est de nouveau dedans donc c’est quelque chose qui faut s’habituer à vivre avec mais à côté de ça on aimerait bien même si on est

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

204espaces qui étaient ok à l’époque ne le sont plus aujourd’hui. Donc ça c’est deux choses, l’autre chose mais ça c’est moins architectural c’est simplement une certaine précision par rapport à la restructuration du service parce que bon, mine de rien ce n’est quand même pas rien de tout réinventer, dans la fonctionnalité ce n’est pas rien donc je pense que là il y a eu un réel travail et je pense que ça n’a pas mal été rentable, je ne sais pas si tu vois autre chose encore Jonayde ?

Jonayde : Fatiguant, ouais je pense que tout le monde est épuisé parce qui s’est passé, c’est maintenant qu’on le ressent parce qu’il fallait faire le taf, tout le monde effectuait son travail mais maintenant la fatigue ça stagne, donc voilà ça se manifeste par des absentéismes aussi donc maintenant on voit pas mal de gens qui sont malades, absents de longue durée, avant le COVID on n’avait pas ça, je pense que les gens sont épuisés oui Et vous pensez que l’architecture aurait pu aider à mieux gérer, à alléger un peu la charge de travail ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 205 là pour soigner les gens on aimerait bien prendre un peu de temps, souffler quoi et donc ça jusqu’à cet été on n’a pas vraiment eu l’occasion de le faire. 12. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non je pense qu’on a pas mal dit

Durée : 41 minutes Lieu : Par téléphone 1. C’est quoi le rôle du service infrastructure ? Donc moi je suis architecte ici à l’hôpital. On est plusieurs architectes mais je suis celui qui est un peu resté alors que tout le monde était pris de rester chez soi donc j’ai un peu participé effectivement à la transformation de l’hôpital pour le COVID De manière générale, on gère toutes les surfaces de l’hôpital y compris les affectations, les travaux, on fait en sorte que tout fonctionne et que les médecins et le personnel aient des locaux adéquats pour leurs activités. Mais on gère aussi tout ce qui est contrôle d’accès, on a le service de gardiennage. Pour le COVID, on a été pas mal impliqués dans tous les projets puisque pour les urgences et les soins intensifs on a dû revoir à la fois des flux, d’entrée et de sortie pour éviter les croisements des patients, créer des zones COVID et des zones non COVID puisqu’il y avait aux urgences et aux soins intensifs des rôles COVID et non COVID. On a dû séparer tout ça, à la fois avec les médecins faire les plans et le design et après mettre en place tous les flux différents et alors on a aussi dû, un petit peu adapter la ventilation dans certains locaux dans certains soins intensifs pour les mettre en dépression alors qu’aujourd’hui ils étaient en zone mixte.

On a fait des choses qu’on n’avait jamais fait avant le quartier opératoire de l’hôpital de jour, comme tout s’est arrêté on l’a transformé en soins intensifs ça aussi ça a été pas mal de boulot.

Vous avez une équipe d’architectes ? A l’époque, on était trois architectes ici dans notre service des ingénieurs on a des gestionnaires de chantier, tous sur place, et on a un service de maintenance avec toute une série de techniciens, de menuisiers, de peintres et pour le COVID on a presque tout fait en interne forcément parce que les entreprises et tout était fermé donc on a dû, on n’a même pas pu vraiment beaucoup utiliser les soustraitants habituels. Est ce que vous participez dans la conception des projets ?

Ici à l’hôpital on fait beaucoup de nous mêmes. On est une petite équipe donc quand on a des projets qui sont trop importants on fait appel à des architectes extérieurs mais sinon jusqu’à 2000 m² on fait ça nous mêmes. Et en général, quand il faut construire un bâtiment ou des choses comme ça, on fait appel à un architecte extérieur. Nous on est capables de faire des petits bâtiments mais pas des grands.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 206 Annexe 11 Personne : Frédéric Trenchant Statut : Architecte responsable des chantiers Service : Infrastructure Hôpital : Erasme Jour : 18/07/2022

3. Est-ce que vous pensez que l’hôpital avant-COVID était conçu pour une crise de cette ampleur ? pour anticiper une pandémie ? pour quelle raison ? Pas du tout. Aujourd’hui, par exemple en parlant des urgences, le service des urgences la manière dont il travaille ne permettait pas de séparer et de trier les patients, d’organiser de flux COVID séparé du flux urgences traditionnel on va dire. Et donc on a dû transformer le garage des ambulances en premier tri, un tri COVID pour après faire le tri, le tri habituel des urgences. Et donc on a dû ressortir du bâtiment tout une série de fonctions et on a dû recréer des réserves et des flux pour que les patients ne se croisent pas et pour gérer tout ça. L’hôpital n’était pas prêt à avoir autant de patients à trier et éviter qu’ils se croisent. Et pour les soins intensifs, même chose nous pour le moment on a six chambres, on est passé à huit, mais on avait six chambres dans l’USI avec une protection on peut dire. Sur les 38 lits maintenant qu’on a de soins intensifs, six sur 38 ça ne fait pas grand chose donc on a dû aussi même chose avoir des chambres, créer des zones pour se déshabiller, se changer pour que le personnel puisse…beaucoup de marquage au sol, c’était beaucoup ça. Pour nous aux soins intensifs le COVID c’était de changer la ventilation mais c’était de faire du marquage au sol pour délimiter des zones pour pouvoir se changer avant de rentrer dans la chambre, faire des zones avec les poubelles etc, d’organiser tout ça parce que nos chambres sont petites. Les soins intensifs chez nous ils ne sont pas adaptés pour ça, les urgences les flux ne sont pas adaptés pour ça non plus. Donc on n’était pas vraiment prêts.

4. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes des hôpitaux ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 207

On a eu des problèmes dans les unités de soins aussi, même chose on a dû aussi beaucoup travailler sur les unités de soins pour créer des réserves. Donc on a une réserve centrale dans l’unité de soins dans laquelle le personnel va chercher les médicaments etc. Mais, on ne voulait pas que des personnes aillent les chercher et des personnes la remplissent aussi. Donc on a dû faire une réserve à l’avant, refaire des vestiaires à l’avant aussi, on a dû refaire des bureaux à l’avant on a dû à chaque fois et dans chaque unité de soins prendre six sept chambres au début de l’aile pour en faire des locaux logistiques qui étaient des locaux intermédiaires pour que les locaux vraiment où on travaille, où les infirmiers travaillent soient considérés comme dans des zones COVID. Et donc on a dû pas mal aussi bosser sur les unités de soins. Et puis on a dû fermer pleins d’accès etc, on a dû faire le tri des patients aussi pour éviter les visiteurs ça n’a pas été simple non plus ça a été un grand boulot aussi la gestion des visiteurs, faire des barrages pour éviter que des gens viennent dire bonjour à leurs familles ça a été compliqué, ça a été compliqué aussi pour les patients de comprendre surtout pour la famille de comprendre qu’ils ne pouvaient pas venir voir leurs proches. Les unités de soins ont été transformées en unités COVID ? Oui, mais pas toutes. On a fait, je pense au plus fort on a dû avoir cinq ou six unités de soins COVID plus une unité qu’on a créé on appelle ça du Medium Care avec des monitoring etc… Donc on a dû aussi équiper une unité de soins de caméras de monitoring, de choses pour mettre des patients pour un peu soulager nos soins intensifs.

2. Est-ce que votre secteur a été affecté par le COVID ? Pas tellement. Enfin, si comme il fallait essayer de privilégier le télétravail. On a demandé à beaucoup de gens de rester chez eux et je suis presque le seul à ne pas avoir fait de télétravail à ce moment là parce qu’il fallait que quelqu’un soit sur place pour répondre plus facilement et plus vite à toutes les adaptations qu’on a dû faire.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 208 5. Quels sont les nouveaux projets de construction ? C’est prévu pour quand ? Il y a un projet au niveau des urgences, c’est un projet qui date d’avant le COVID. Depuis toujours les urgences chez nous sont un peu trop petites, un peu mal foutues, au niveau des flux tout se passe bien si les patients pour les urgences arrivent par l’arrière et arrivent par l’entrée des urgences qui se trouve à l’arrière du bâtiment. Aujourd’hui, le problème qu’il y a c’est qu’il y a des patients qui arrivent en métro qui veulent aller aux urgences, ils rentrent dans le bâtiment et donc tous ces patients qui rentrent dans le bâtiment, ils se retrouvent à devoir rentrer par l’arrière des urgences et à être à contre-sens. C’était un grand problème. L’autre problème qu’on a c’est que pour le projet qu’on fait c’est qu’on crée une tour, on rajoute dans cette tour des ascenseurs parce qu’on a un problème des urgences aussi c’est que tous les flux vers l’imagerie, vers les salles interventionnelles, d’angiographie, d’endoscopie et donc les patients même chose les flux de circulation étaient trop longs et un peu alambiqués. Donc c’est pour ça qu’on a créé un nouveau bâtiment qui reprendra des circulations verticales, l’accueil des urgences, un nouveau garage, ce qui permettra de libérer des surfaces pour améliorer un peu tout le service des urgences et de faire en sorte que les patients puissent arriver dans l’accueil des urgences même s’ils rentrent dans l’hôpital. Donc ça c’est le projet qu’on fait aujourd’hui. Les urgences là vont encore rester pour au moins dix ans mais donc on essaye d’améliorer aujourd’hui le flux et les possibilités de ne pas croiser des patients dans tous les sens. Est-ce que vous avez adapté vos projets par rapport au COVID ? nouvelles normes ?? Non. C’était trop tard. Donc il y aura peut être des petites adaptations à la marge mais ça n’a pas changé complétement le projet. Le permis était déjà déposé donc on fera peut être des petites adaptations mais pas gigantesques. Est-ce que vous allez tenir compte du COVID dans vos nouveaux projets ? comment ? Par exemple, pour les soins intensifs je ne suis pas sûr. On sait que nos soins intensifs ne sont pas optimaux de manière générale donc on corrigera mieux ça et on répondra au COVID mais on ne peut pas dire que c’est vraiment le COVID qui va faire qu’on va changer les choses je pense. C’est parce que nos soins intensifs ils datent des années 1900, voilà les zones, les chambres etc ça n’a pas changé depuis 1975 et peut être un peu plus tard aussi, je pense dans les années 80 on a fait une extension donc l’USI 1 et 5 elles datent d’un peu plus tard. Mais voilà, l’architecture des chambres etc date de cette époque là donc on ne sait pas faire grand chose. Par contre, quand on a agrandi l’USI 1 après COVID, on a prévu deux chambres en plus qui sont avec ventilation et avec un sas et une ventilation qui permet de passer en pression positive ou en pression négative. Donc on a déjà un petit peu adapté mais voilà si on devait faire vraiment maintenant un nouveau bâtiment avec des soins intensifs, on créerait plus de chambres effectivement, on créerait plus de chambres avec des sols dans lesquels on peut gérer les pressions etc mais je ne suis pas sûr que ce soit le COVID le moteur pour faire ça. On y fera peut être plus attention effectivement.

6. Pour quels besoins ? Des besoins liés au COVID, le problème qu’il y a c’est que je ne pense pas qu’on puisse aujourd’hui faire un hôpital qui soit adapté à la base pour gérer une crise comme ça. Ça couterait trop cher et trop de locaux qui seront inutilisés et ça sera trop compliqué au niveau du personnel etc Donc je pense que s’il y a de nouveau une crise comme le COVID on fera de nouveau des adaptations. Ça nous a demandé et mangé beaucoup de surfaces. Pour une unité COVID il n’y avait pas beaucoup de patients, il y avait plus d’encadrement au niveau infirmier et du coup il y avait plus de locaux aussi. Le contexte économique fait qu’on ne peut pas avoir un hôpital avec des surfaces qui ne servent à rien ou qui servent dans le cas où il se passerait quelque chose, c’est un peu compliqué, je pense qu’on est un peu tributaires des notions économiques. Je m’avance ce n’est que mon avis mais je pense que voilà c’est compliqué de se dire on fait tout un hôpital qui est capable de répondre à ça, il y aura toujours une part d’adaptation ou d’adaptabilité c’est ça qui fait aussi la force d’un hôpital. Voilà, ça a créé pas mal de cohésion à travers pleins d’équipes parce qu’on s’est retrouvés tous à devoir en faire en sorte

Est ce que vous êtes intervenu en tant qu’architecte pour modifier les hôpitaux ?

On a dû gérer tous les flux, donc il y a les flux des patients COVID, pour les accueillir, faire le premier tri pour pouvoir les orienter en COVID, non COVID etc mais il y avait aussi tous les flux des logistiques qu’il a fallu revoir, amener le matériel stérile ou le matériel et donc on a dû vraiment créer dans les urgences, une zone COVID dans laquelle il y avait vraiment un système où on amène un matériel et quelqu’un va le chercher, va le mettre dans la zone COVID donc on a à chaque fois fait des stocks intermédiaires, comme pour les unités de soins et donc quand on était dans la zone COVID c’était vraiment portes closes, il y avait juste le personnel qui travaillait dans la zone et les patients qui pouvaient rentrer et à chaque fois c’était vraiment bien balisé et donc on a forcément dû faire des déviations et d’autres circuits pour les patients qui étaient non COVID donc ça c’était le plus compliqué, c’était vraiment à chaque fois de séparer le type de patients, le type de personnel et les flux de marchandises pour éviter qu’il y est zéro croisement. Est ce que vous avez séparé les flux au niveau des USI aussi ? Il y a cinq unités de soins intensifs ici, il y en avait qui étaient définies vraiment comme étant COVID ou non COVID. A la fin, je pense qu’il en restait plus qu’une qui était non COVID et là les flux c’est plus compliqué mais c’est du personnel qui a plus l’habitude de travailler avec des patients où il faut faire attention et se protéger et protéger le patient. On a un peu, hormis de l’organisation des zones à l’entrée des chambres qu’on a délimité avec marquage au sol pour dire c’est la zone où il faut se changer etc, dans les soins intensifs on a fait moins j’ai l’impression d’adaptation en tous cas à notre niveau, c’est le personnel qui a dû s’adapter mais nous en infrastructure on n’a pas fait grand-chose.

8. Est-ce que le service infrastructure a intervenu pendant la crise ?

On a fait des plans, j’ai pleins de plans à différents stades. Je peux vous montrer des exemples.

On a un répertoire COVID, on avait mis pas mal de choses, on avait mis les plans pour les étages et pour les urgences effectivement on a ce genre de plan avant de faire les patients. On a ici, par exemple pour les entrées des urgences, la file, le premier accueil administratif, et puis après ici il y avait le tri des patients et puis on avait ceux qui pouvaient directement rentrer chez eux, ceux qui renteraient dans la zone COVID, ou alors ceux qui étaient non COVID on les faisait passer par dehors et puis par ici. C’est par exemple un plan qu’on a mis au point. Ici vous voyez, ça c’est le garage des urgences, et ça ce sont les urgences et donc on a créé ici des bâtiments dehors avec une file avec un accueil administratif (côté E et D) et puis ici un premier tri et puis après on avait des patients non COVID qui

7. Comment prenez-vous en compte le flux des patients dans les projets ?

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 209 de pouvoir accueillir des patients et pouvoir les soigner. Donc je pense que c’est le genre de chose qui aide pour que ça fonctionne mais je pense qu’on ne pourra jamais tout prévoir.

210 rentraient dans la zone propre ici, la zone propre c’était non COVID ou alors ils rentraient soit directement chez eux, soit ils devaient passer dans les urgences et donc il y avait une zone COVID avant et une zone arrière. Je ne me souviens plus il y avait l’entrée du personnel autorisé pour la lingerie et puis la sortie. Voilà on a fait des plans comme ça pour les urgences, je dois avoir des plans à peu près pareils.

Ça c’était juste un repérage des lits des soins intensifs où on avait rajouté ici des chambres. Donc le quartier opératoire où on avait refait des lits COVID. Je pense que je dois avoir des plans d’une unité de soins ici.

On avait fermé ici et ici donc on ne pouvait rentrer jusqu’ici dans des locaux pour le secrétariat infirmier, la logistique, les vestiaires et puis une fois qu’on rentrait plus loin on ne revient plus. Le personnel qui amenait le matériel l’amenait ici, il y avait une première réserve puis il y avait quelqu’un qui allait la mettre dans la réserve ici qui est la réserve du personnel, il y avait des zones pour remettre les chariots avec les repas pour pas que le personnel qui livre les chariots repas ne doit rentrer dans les unités COVID donc il y avait tous ces flux logistique qui d’habitude ne posent pas de problème, le linge etc pour ramener tout ça sans que les gens qui voyagent dans tout l’hôpital ne soient obligés de rentrer dans les unités COVID. Et on a aussi équipé des chambres pour faire de la dialyse, ça a été

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Avez vous travaillé avec des médecins ?

Pour combien de temps ? Ça date du 19/03 donc début mars et c’était juste pour la première vague après on a gardé les infrastructures le temps qu’il a fallu. J’ai du mal à dire jusqu’à quand mais je pense que c’était principalement la première vague peut être un peu la deuxième et puis petit à petit on a enlevé les aménagements qu’on avait fait et voilà si jamais maintenant, l’avantage si on devait avoir une vague comme la première on pourrait facilement, ça a fonctionné ce qu’on a fait donc on réfèrerait à peu près la même chose.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 211 très peu utilisé parce que c’est quand même compliqué mais on avait aussi imaginé pour éviter de devoir déplacer des patients COVID qui avaient besoin de dialyse et de les envoyer dans le service dialyse on avait essayé d’équiper les chambres. Je peux vous envoyer les plans.

Vous avez appliqué ces solutions à partir de quand ?

9. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ? Des contraintes oui, mais principalement pas pour l’infrastructure c’est plutôt pour le personnel infirmier. C’est eux qui ont dû s’adapter et travailler différemment. Nous, une fois qu’on avait fait nos aménagements pour nous il n’y avait plus rien à faire. 10. Quels sont les systèmes de ventilation que vous mettez en place ? Ce qu’on a fait aux soins intensifs, les chambres chez nous sont en surpression. De manière générale, à l’USI deux parce que les autres USI c’est presque la même mais à l’USI deux il y a six chambres où la chambre est en surpression et le sas est en dépression donc ça c’est un mode qui permet de protéger à la fois principalement le patient et ça permet de protéger la zone administrative des soins intensifs. Donc forcément le sas ne peut pas être un endroit où on se change puisque c’est dans le sas qu’on aspire tout l’air donc si le patient est infecté le sas il est aussi. Donc on sait que ce sont des chambres qui sont là pour protéger les patients, nos patients hémato par exemple mais ça ne sera pas des chambres pour mettre un tuberculeux mais ces chambres là la ventilation a été faite pour qu’on puisse quand même nous à la maintenance donc ce n’est pas automatique mais on a la capacité d’inverser la ventilation et c’est ce qu’on a fait donc on a mis les chambres en dépression pour protéger le personnel mais à ce moment là on a dû envoyer des techniciens dans les plafonds pour bouger parce que ça ne se fait pas de manière automatique. Aujourd’hui, on a peu de locaux qui permettent de mettre des patients en dépression aux urgences il y a un box et aux soins intensifs maintenant il y’en a huit. On peut le faire mais ça veut dire qu’on a assez peu de locaux pour gérer ce type de patients.

11. La sécurité du personnel est-elle prise en compte dans vos plans ? Oui, je pense qu’on a pris autant compte si ce n’est pas plus la sécurité du personnel que la sécurité du patient. Le patient est infecté COVID il n’y a plus grand chose à faire en tous cas pour lui, nous on essaye de protéger les patients non COVID et on essaye principalement de protéger le personnel. Ça c’est les deux priorités.

On avait travaillé avec les médecins, le personnel infirmier et la direction voilà c’est un peu tout le monde qui s’est inquiété. Tout le monde s’y est mis et il y a eu plusieurs versions avec les dates on voit que ça change.

Ici on a des gens qui réfléchissaient que ce soient des infirmiers, des médecins ou la direction, ils réfléchissaient à des solutions qui n’étaient pas voilà quand on dessine avec un petit bout de crayon

Oui, ce qu’il faut c’est avoir un plan si ça arrive pour pouvoir être prêt.

13. Quels matériaux avez-vous proposé ? et pourquoi ? Je ne pense pas qu’on a mis des nouveaux ah si la seule chose qu’on a changé c’était tout ce qui était tenture. Toutes les tentures de séparation, que ce soit en unité de soins ou aux urgences ou aux soins intensifs on n’en a pas donc ça ne changeait pas mais on a utilisé des tentures en papier jetable. Donc on a utilisé beaucoup plus de choses jetables.

On a certains endroits de l’hôpital, qui effectivement sont sous dimensionnés ou qui sont peu adaptés à ce genre de chose. Normalement, dans les urgences on a ce qu’on appelle le plan MH donc ça veut dire les plans d’urgence hospitalière qui permettent pour faire face à une catastrophe de rapidement transformer les urgences pour accueillir beaucoup plus de monde. Mais on voit que le plan MH tel qu’il était prévu, quand on est vraiment confrontés, on se prépare il y a toutes des procédures qui sont faites mais effectivement quand on est confrontés à la réalité des choses surtout avec des patients très contagieux et dans le cas d’une pandémie ce n’était pas aussi simple que ça et le plan MH il n’est pas hyper adapté à ça donc je pense qu’il faut effectivement revoir ce plan-là et se doter en tous cas préparer plus les scénarios pour pouvoir y faire face. Mais se dire qu’on va complétement transformer l’hôpital juste pour ça je ne suis pas sûr qu’on le fera. Il faut être prêt et se dire que si ça arrive qu’on ne doive plus réfléchir, nous ce qui nous a posé un problème au mois de mars c’est qu’on a dû à ce moment là alors que c’était déjà presque trop tard réfléchir à comment on allait faire pour adapter les urgences ou adapter les unités de soins et on a un petit peu tatouillé qu’on a un petit peu été en avant puis en arrière puis en avant pour essayer de trouver la meilleure solution puisqu’il fallait réinventer le truc. Donc, je pense qu’aujourd’hui si demain il devait y avoir la même chose, on est prêt parce qu’on a déjà les plans de comment il faut faire, on a déjà fait une fois, on saura réquisitionner ce qu’il faut et on fera la même chose pour les urgences on a le plan qui fonctionnait donc on sera le mettre en place rapidement et facilement. On a perdu franchement, une semaine ou deux parce qu’on a dû réfléchir à comment on allait faire et qu’on a réfléchi forcément mettre au point tout ça, ça a pris du temps et ça a nécessité plusieurs plans plusieurs schémas.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 212 12. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Aux urgences on a dû aller dehors. On a dû mettre des tentes et utiliser le garage des ambulances donc non l’espace n’était pas flexible et je pense que quand on voit les images beaucoup d’hôpitaux ont eu recours à des modulaires ou à des structures extérieures parce que travailler dans les surfaces intérieures ce n’était pas possible. Nous on avait la chance de pouvoir faire ça dehors, on avait la place dehors pour pouvoir refaire ce premier tri. Le seul truc qui restait encore un peu plantant c’est le testing, on a fait des locaux pour faire du testing COVID mais ça c’est dans une autre aile de l’hôpital et c’était, il n’y a pas longtemps. Les urgences chez nous sont sous dimensionnés et les boxes de soins ne sont pas très grandes. Quand on compare aux urgences à Saint Luc par exemple, ils ont refait leurs urgences il y a ça doit faire dix ans maintenant forcément il n’y a pas photo les boxes sont plus adaptées. Nous on en a je pense 12 et on a ce qu’on appelle l’hospitalisation provisoire ce sont les patients qui doivent hospitalisés on les met là avant d’avoir une place en chambre. On avait utilisé aussi l’hospitalisation provisoire pour faire une zone COVID Est-ce que la flexibilité est un de vos enjeux dans vos nouveaux projets ? Oui, je pense. Si on a ce genre de chose qui revient je pense qu’effectivement il faut être très flexible.

14. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ?

Est-ce que vous pensez que c’est nécessaire de prévoir des solutions en avance pour le futur ?

Est-ce que vous pensez que le rôle de l’architecte est important ?

Lieu : Sur place Bonjour, je suis étudiante en Master 2 à la faculté d’Architecture la Cambre Horta. Je travaille actuellement sur mon mémoire de master qui s’intitule : l’Architecture hospitalière à l’épreuve du COVID 19 : Quelles leçons pour l’hôpital de demain ? En effet, je suis en phase de collecte de données sur l’architecture hospitalière à l’épreuve du COVID 19, j’aurais besoin de l’avis d’un expert connaissant l’espace hospitalier et les besoins réels de la gestion de la crise du COVID 19. Ces informations me seront vraiment utiles pour l'élaboration de mon travail de recherche et le développement des nouvelles normes de l'espace sanitaire lors des pandémies de ce genre.

C’est quelque chose qui restera toujours parce qu’on a vécu et on a dû bosser aussi de manière un peu particulière. Comme je ne fais que des hôpitaux, forcément c’est quelque chose qui fera que quand j’ai un projet je vais y penser, à tous les projets parce qu’on a pleins de projets qui sont complétement insensibles au COVID mais pour certains projets oui c’est quelque chose qui restera à l’esprit quand on va faire de nouvelles choses. Donc, on a un projet de faire un nouveau bâtiment un nouveau Erasme, forcément on ne va pas se dire on va complétement oublier, je vous ai dit qu’on ne va pas tenir compte à 100% mais ce n’est pas pour ça qu’on ne va tenir compte de rien du tout. On va essayer de faire en sorte d’avoir le meilleur projet possible pour qu’il soit adaptable, qu’il soit déjà partiellement prévu pour pouvoir faire ça. Parce qu’il y a des choses qui sont de la logique mais voilà l’évolution de l’hôpital comme il a été construit en 75 et qu'on a beaucoup fait de petits chantiers à gauche et à droite qui ont modifié pendant ces 40 ans, on se rend compte que les choses qu’on a modifiés ont dégradé parfois certaines choses et qu’on se dit bon ce n’est pas grave on mélange des flux ce n’est pas très grave et qu’on se rend compte ici que si c’est très grave. C’est ça aussi le problème c’est que parfois quand on pense à des choses et qu’on réfléchit à des choses, dix ans plus tard on les remet en question et on modifie sans avoir toujours les raisons qui avaient amené à la première conception et que parfois on dégrade. Donc là il faut faire attention à ne plus dégrader en tous cas.

15. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ?

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213 pas à l’échelle sur un plan qui n’est même pas à l’échelle mais qui était plus ou moins refait voilà il y a parfois des solutions qui ne sont pas faisables et nous notre rôle c’était de dire ah non ce n’est pas comme ça, le rôle de l’architecte est quand même utile parce qu’il a sa vision de la place que ça prend sur un plan de mettre un grand car et de circuler.

16. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non ça va. Je vais vous envoyer quelques plans que j’ai ici d’une unité de soins type, des urgences et du repérage des soins intensifs. Bon le repérage ça montre juste qu’on avait juste transformé le quartier opératoire en USI. Je peux vous envoyer aussi des plans des urgences qui n’étaient pas bons et qu’on avait fait au début et pour vous montrer l’évolution, ils n’ont même pas été réalisés ce sont des choses qui ont été imaginées. Annexe 12 Personne : Sylvain Beslier Statut : Architecte Bureau : AAU (Atelier d’architecture et d’urbanisme)

Jour : 04/05/2022 Durée : 1h 7minutes

Et on a sorti de ça, essentiellement deux grands aspects, le 3eme n’est pas directement lié à l’architecture :

214 Ce que je peux faire c’est vous dire comme ça un peu ce qu’on a vécu, ce qu’on nous a demandé ou ce qu’on imagine qu’on va nous demander et qui n’est pas révolutionnant non plus. Ce qui s’est passé c’est que ça nous a tous tombé dessus et les hôpitaux étaient saturés mais on n’a pas répondu à une demande immédiate. La construction des hôpitaux est sur un temps très long et donc la difficulté qu’on a nous ici c’est que pour prendre un exemple on est actuellement dans le plan quinquennal puisque tous les hôpitaux suivent des plans quinquennaux et là on est dans le plan 2018 2023. Et on est déjà en 2022 et on n’avait pas encore commencé à construire les hôpitaux de ce plan là. Ils sont ou en étude ou pour certains mêmes en appel d’offre ça veut dire que l’architecte n’est même pas désigné ce qui veut dire que ce qui a été vécu en 2020, 2021 n’est même pas encore réellement construit. Il y a de petites adaptations qui ont été faites dans certains hôpitaux mais très souvent sous forme de constructions provisoires, de bâtiments modulaires, de bâtiments préfabriqués qu’on a vite rajouté parce qu’il fallait faire quelque chose, il fallait gérer la crise. On n’a pas encore participé nous précisément, on attend encore, on a suffisamment de recul je pense pour dire qu’il y a des méthodes qui ont été développées, testées et appliquées. Nous ce qu’on fait actuellement, c’est qu’on réfléchit un peu mais avec les responsables des hôpitaux, voir ce qui pourrait être amélioré pour la suite pour pouvoir répondre complétement à ce genre d’épidémies sachant que là c’est une en particulier et puis la prochaine on n’aura pas forcément les mêmes caractéristiques.

supplémentaires,

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Le 1er c’est au niveau des unités de soins proprement dites, on a eu tendance ces dernières années à un peu je ne vais pas dire oublier mais, voir autrement le problème de l’isolement parce qu’on avait des produits, des méthodes de désinfection, des méthodes de protection, qui faisaient que dans une unité de soins classique là où avant on prévoyait systématiquement une chambre d’isolement parce qu’on se disait si on a un cas infectieux et pas COVID mais autre chose. Et il y avait juste un sas à l’entrée de la chambre avec un lavabo plus et cette personne était mise à l’écart c’est tout. Là, ce qui est arrivé ce n’est pas tout à fait ça puisqu’on se retrouve avec des dizaines de patients qui arrivent en une fois et qu’il faut traiter de manière isolée par rapport à l’hôpital. Et c’est là que ça commence à se compliquer c’est que même si certains nous demandent à concevoir la nouvelle unité en disant qu’on doit pouvoir isoler une partie des gens, oui on peut le faire alors on produit des jolis schémas de ce genre là dans le cas de concours. Mais après il y a le côté pratique et honnêtement je ne sais pas comment on le mettrait en place en faisant du neuf. En rénovation comme on fait nous ici en bureau c’est encore plus compliqué. Mais on pourrait imaginer une unité, on enlève la moitié isolée physiquement par rapport aux autres. Par exemple, une unité de 30 on la divise en deux ça fait 15. Est ce qu’on arrive encore à la faire fonctionner ? Si in peut l’isoler avec un sas par rapport au reste ? Comme ça le personnel peut se déshabiller et se désinfecter pour passer d’une unité, une partie à l’autre. Ça c’est quand on a que quelques cas entre 1 et 15 cas. Mais ça veut dire que ce personnel-là, il doit quand même avoir accès à tous les produits de soins, aux locaux de déchets donc est-ce qu’on dédouble les surfaces ? Et c’est ça le problème : les m² ou bien ça va imposer des locaux qui se trouvent et qui fonctionnent avec deux demi unités, des locaux à double face où on peut jeter le sac poubelle d’un côté et puis de l’autre aussi et puis en théorie il n’y a pas de contact entre les deux parce que sur le principe de l’hygiène tu ne relies pas une zone sale et une zone propre. Mais, ça c’est la théorie, parce que tu as beau rentrer par deux portes séparées l’infirmière qui va venir déposer un sac en zone propre va forcément croiser dans le même local ou quand elle ferme le sac. Et ça pose tout un tas de problèmes logistiques et il n’y a pas forcément une réponse architecturale directe sauf dédoubler tous les locaux sachant qu’il y a une partie qui ne va pas forcément servir à quelque chose. Ça c’est au niveau de l’USI Le deuxième type de locaux qui ont, là par contre eu un impact direct et immédiat, c’est la prise en charge des analyses. Dans la partie laboratoire des hôpitaux, ce qui a été vu tout de suite c’est qu’il n’y

Si tu écoutes les médecins aujourd’hui, ils vont probablement te dire il nous faudrait des unités tampon qu’on puisse remplir complètement. Tu vas voir le directeur d’infrastructure il va te dire moi je n’ai pas les moyens de faire des unités où il n’y a personne dedans. D’autant plus, depuis 2018 les hôpitaux ne sont plus forcément financés à l’acte mais financés sur base des m² qu’ils ont construits et donc là où anciennement un hôpital pouvait se permettre d’avoir un peu trop de m² par rapport à l’activité médicale qu’il a réellement aujourd’hui ce n’est plus possible du tout. Donc il faut optimiser au maximum les m².

Au niveau des unités, aujourd’hui moi je n’ai pas vu de changement mais ça va peut être arriver dans 1an ou deux ans il y a peut être des normes ou des règles qui vont arriver, des choses qui ont été testées et que les hôpitaux vont juger utiles. Il y a des symptômes qu’on voit déjà comme je disais tout à l’heure dans les unités la chambre d’isolement a disparu, et là depuis l’année dernière il est réapparu. C’est un peu débile parce que refaire une chambre d’isolement ne répond pas au problème du COVID.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 215 a pas d’accueil, de patients séparés et donc dans un laboratoire où on fait des prélèvements tout le monde va faire des prélèvements en se partageant la même salle d’attente, le même couloir, le même accueil et la même salle de prélèvement et tu mélanges en fait tous les microbes humains qui vont avec. Tu viens faire une prise de sang, une analyse d’urine ... ou tu n’es pas forcément malade ce n’est pas trop grave au pire tu choppes la grippe, une gastro tout ça parce qu’il y a un patient qui a éternué quand tu étais en salle d’attente. Ça pas contre, je pense qu’on va le voir assez vite parce que maintenant dans le flux de patients d’un laboratoire, on nous demande de pouvoir isoler les autres, d’avoir par exemples deux entrées et des sas séparés et d’avoir des salles de prélèvements qui vont être dédiées aux patients qu’on sait infectés comme le COVID ici, des salles qui peuvent être utilisées comme autre chose quand tu n’es pas en période de COVID. Et donc le fameux mur invisible qui bouge sur un plan alors en théorie c’est facile. Mais dans les laboratoires de prélèvement aujourd’hui on nous demande, plutôt pour te faire un petit historique si tu veux il y a dix ans, un laboratoire de prélèvement c’étaient des boxes isolées, des murs avec une porte et un siège tu rentrais dans ce truc et tu étais enfermé et puis petit à petit on s’est dit que faire des cloisons, faire un espace séparé où tu peux te retourner ça prend beaucoup de place et on est passés de chacun son bureau à des espaces paysagers des fauteuils avec juste un rideau entre les deux. C’est très bien c’est efficace le personnel va facilement de l’un à l’autre. Le COVID a fait de se rendre compte que tu n’avais plus aucun pas de séparation physique et puis quand tu commences à désinfecter tu désinfectes 200 m² au lieu de désinfecter 10 m² donc ce n’est plus du tout la même manière. Donc on essaye de trouver des trucs un peu hybrides. On a à la fois des zones paysagères avec des fauteuils et puis dedans on des boxes séparées où on peut accéder par un autre chemin. Et ces boxes, si tu as un pic d’activité mardi matin parce que tu as beaucoup de patients qui viennent se faire tester tu utilises la salle de fauteuils + les boxes à côté. Et si tu es en période de pandémie, ils sont réservés pour accueillir les autres patients qui viennent se faire tester et là ça veut dire réfléchir dès le début au fonctionnement de l’hôpital. J’ai un accueil de patients avec potentiellement une infection et puis j’ai le traitement courant des autres labos. Parce que ce qui s’est passé et ce qui était le plus grave dans les hôpitaux c’est que pour pouvoir accueillir ces patients atteints, on a dû mettre tous les autres dehors parce qu’on n’avait pas deux voies séparées d’accès que ce soit aux unités de soins, aux laboratoires ou que ce soit dans la prise en charge. En gros, dans les unités de soins intensifs on a viré tout le monde on les a mis dehors, ou bien on a gardé les unités et on a créé des soins intensifs spécifiques pour les patients COVID et les patients moins graves on les a envoyés ailleurs ou bien on ne les a plus acceptés. Ce qui était fermé c’est l’unité de chirurgie et de médecine et on a suspendu les opérations et on les a reportés. Parce qu’on n’avait pas les locaux pour ne pas mélanger les patients COVID avec les autres patients. Donc ils ont fait le tri des patients et toute une série ont été reporté au fur et à mesure des vagues.

Et en même temps les mesures d’hygiène hospitalière depuis 15ans ont évolué mais c’est une espèce de retour en arrière, l’isolement du patient faut qu’on puisse le faire et le faire autrement mais on ne

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 répond216 pas à la problématique de ton mémoire ce que demande une vague importante pour un patient contaminé d’une maladie qu’on n’arrive pas à gérer et qui est très contagieuse. Par contre, ce qu’on sait et ce qu’on voit qui a manqué dans les hôpitaux que ce soit en termes de surface et de locaux disponibles on sait que ça a manqué. En termes d’équipement ça a été le plus grave les six premiers mois, c’est qu’ils se sont tous rendus compte qu’ils avaient un nombre de respirateurs et un nombre de locaux équipés médicalement pour prendre en charge les patients lourds donc avec un stade de COVID avancé n’existaient pas parce qu’on a une proportion d’unités de soins par type de prise en charge, de gériatrie, de médecine, de chirurgie donc c’est par secteur et les hôpitaux raisonnent tous en fonction de leurs patients. Là actuellement quand tu as un programme d’hôpital, on te dit moi mon activité j’ai autant de médecins qui font de la chirurgie qui vont avoir autant de patients, j’ai besoin d’autant de lits de tel type et tu demandes au gouvernement d’avoir un agrément pour avoir 40 lits de gériatrie et 30 lits de chirurgie et 24 lits d’orthopédie pour que ça soit en équilibre parce que dans ta région c’est comme ça que ça se passe tu réponds aux besoins de la population. Ce qui se précise c’est que tous nous disent quel que soit l’hôpital ne faites plus une unité qui est adaptée à un type de patients en particulier faites nous une unité qui aujourd’hui c’est de la chirurgie demain c’est de l’orthopédie et après demain c’est de la chirurgie faites nous des unités neutres. Et je pense que ce qui va arriver c’est qu’ils vont nous dire faites nous une unité qui en plus est capable d’accueillir une unité COVID et d’être une unité COVID ou autre chose pendant 1 mois, 6 mois ou 1an s’il y a une autre pandémie qui nous tombe sur la tête. C’est une unité qui n’est pas trop différente parce que les patients il faut les soigner, la grande différence elle est essentiellement de 2 types quand ce sont des patients lourds on est plus proche d’une unité de soins intensifs qu’une unité de soins. Et la grande différence elle n’est pas sur la géométrie, elle est sur le matériel et sur la surveillance du personnel. Je ne sais pas si tu as déjà regardé des plans d’une unité de soins par rapport à une unité de soins intensifs, ça c’est intéressant de comparer les deux peut être dans ton travail pour pouvoir dire dans une unité de soins tu as des patients qui vivent ou qui survivent et tu n’as pas besoin de regarder 24h sur 24 et d’être en permanence à leur chevet. Une unité de soins intensifs, oui, tu mets au milieu les infirmières puis tu as autour que les lits je t’ai sorti en fait on vous a expliqué des banalités, où on a fait deux bouts de schémas où tu vois que là il y a une unité avec des lits et au milieu et des infirmières qui ne voient pas tout le monde. Une unité de soins intensifs il va y avoir au mieux dans le meilleur des cas un contact visuel donc un pôle infirmier qui surveille entre 6 à 8 lits au maximum parce qu’après tu as du mal à avoir les yeux sur 8 lits en même temps et sinon tu as plusieurs pôles infirmiers où bien tu as des systèmes de caméras qui permettent de vraiment plutôt vraiment comme un gardien de prison au milieu … ça prend beaucoup plus de place. Et surtout techniquement ce n’est plus tout à fait dans la même gamme parce que tu as une ribambelle de matériel médical autour du patient qui fait que là où tu mets deux patients dans le même nombre de m² tu n’en mets plus qu’un dans 25 pour pouvoir l’accueillir avec l’asap qui va permettre de le maintenir en vie. Et donc quand on nous dit faites en sorte que votre unité de soins puisse se transformer en une unité de soins intensif ou presque, c’est beau mais c’est compliqué parce que cela veut dire que tu as es grandes chambres de toute façon déjà à l’âge… et que là où tu mets 2 patients tu n’en mets plus qu’un et puis que tu as des années de flux médicaux, que tu as des prises supplémentaires et que tu as sous la main le matériel médical que nous on ne gère pas qui est un respirateur , un défibrillateur ou je ne sais quoi, de la surveillance monitoring comme tu as dans une salle de soins intensifs. Je ne sais pas si tu as déjà visité une salle des soins intensifs, tu vois à peu près le matériel médical et l’image que l’on a d’écran de spaghetti de câbles, de tubes parce que le patient il est monitoré, ce n’est pas le cas d’un patient lambda même qui sort d’une opération un peu lourde. Donc ça a changé. Après au niveau que ce soit des unités de soins ailleurs ou à l’hôpital, ce qu’il nous est demandé c’est d’aller un peu plus loin dans le traitement des matériaux pour que ce soit plus facile à entretenir plus facile à désinfecter. Donc là il y a une grosse attention effectivement, ça c’est déjà pris en compte et on a beaucoup de discussion là actuellement sur les matériaux, non pas qu’on faisait des

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 217 choses nettoyables avant mais même dans une unité de soins classique aujourd’hui on nous dit les rideaux vous oubliez, les rideaux de séparations vous oubliez, même la petite tenture qui fait un peu jolie qui n’est là que pour faire jolie devant la fenêtre aujourd’hui on nous demande de ne plus la mettre. Alors en même la personne va nous dire j’aimerais que la chambre d’hôpital ne ressemble pas à une chambre d’hôpital mais à une chambre d’hôtel. Donc vas y tu es architecte pour essayer de faire en sorte que tu aies un tout petit peu d’acoustique confortable, d’esthétique et que tout ça ne ressemble pas, que tu n’as pas l’impression de passer que tu as été deux trois jours à l’hôpital…parce que les rideaux ont disparu, puis tout est lisse propre blanc net pour pouvoir désinfecter. Là il y a un truc où je suis moins…Quand on me dit faites moi des chambres qui ressemblent à des chambres d’hôtel, ok je sais faire, mais virer tout ce qui ressemble à une chambre d’hôtel, je ne sais plus faire. Et j’ai du mal à trouver des éléments qui font qu’on n’est pas totalement dans un truc aseptisé. C’est difficile. Donc ça on nous le demande. Et le parallèle de ça, que ce soit en unité de soins ou ailleurs encore une fois dans l’hôpital c’est que ça a de nouveau fait gonfler les installations techniques. Une chambre d’hôpital quel que soit, aujourd’hui tu fonctionnes avec une extraction d’un côté, une impulsion de l’autre côté, donc avec un système de double flux qui va t’amener de l’air propre et aspirer l’air sale pour faire court. Dans une unité de soins classique, où plutôt dans un hôpital classique tu mets un groupe de traitement d’air, de pulsion de rejet, tu fais les échanges entre les deux pour récupérer un peu de calories pour faire court. Si là je te parle de choses qui ne te parlent un petit peu ou pas tu m’arrêtes. Et donc tu vas comme ça traiter l’air, sauf que tu vas traiter l’air de plusieurs unités parfois si elles sont empilées les unes sur les autres tu dois avoir 1 ou 2 groupes qui vont gérer 2/3/4 unités… ça c’est une technologie qui commence un peu à se faire parce que si sur les 4 unités on te dit le premier étage demain c’est l’unité COVID , tu ne vas pas faire recycler l’air donc il y a des systèmes de ventilations qui sont bannis des champs de chaleur par roue(groupe) par exemple où l’air ne se croise plus. Et la deuxième chose c’est que tu vas avoir aussi besoin de pouvoir isoler une zone de manière totalement critique et donc on va aller vers plutôt un groupe par unité ou par partie d’unité, mais ça on ne l’a pas encore mis en œuvre parce qu’on allait mesurer combien allait coûter cette affaire en termes de matériel et en termes de place que cela prend. Mais si on en arrive à la conclusion que l’unité du premier étage doit potentiellement redevenir une unité infectieuse, elle doit être sur des groupes séparés, ça va être un surcout pour les groupes de traitement d’air, ça va être un surcout la surface qui permettait qu’il y a ce traitement d’air, ça va être un surcout de maintenance, ça va être un surcout de consommable pour ces produits là qu’on aura pas pour les autres séparés. Est ce qu’un jour on a envie d’avoir un groupe dans chaque unité ou deux groupes par unité, je ne suis pas sûr qu’on aura le moyen de se le payer. On le fait aujourd’hui pour des salles d’opérations parce qu’il y a d’énormes normes d’hygiènes qu’ils l’imposent et tu ne peux pas te permettre de prendre un risque pour le patient numéro 2 parce qu’il y a eu un risque infectieux pour le patient 1 ou que tu es en orthopédie pour le patient 1 dans une salle et que tu lui envoies les microbes vers les patients numéros 2,3 et 4 et tu te retrouves avec une septicémie généralisée chez tous les patients, ça ne fait pas pro/bon. Donc, le bloc opératoire c’est acquis depuis très longtemps. En unité de soins, on en est encore loin, et on en est d’autant plus loin que les hôpitaux qui fonctionnent aujourd’hui c’est encore là pour 5,10,15,20 ans. Ce qu’on modernise aujourd’hui, Olivier mon collègue en est encore mieux placé que moi pour le savoir, c’est on démonte des brols qui ont parfois 20/30 ans avec salles d’opérations, qui ont des groupes depuis 15/20 ans et tout ça sur un temps très long. Tout ce qu’on décide aujourd’hui, on ne sait pas très bien comment ça va être appliqué, je ne sais pas très bien comment tout ça va s’emballer dans les quelques années qui viennent. Et donc tout ça nous pose en fait le gros problème et au fait le cœur du problème qui est que l’architecture c’est une chose, les murs, les cloisons, la technique que l’on met dedans, ce que je viens d’évoquer c’est une chose mais en parallèle et à côté je ne sais pas si ton mémoire l’aborde il y a un éternel problème du coût de construction et du coût d’utilisation qui est un énorme problème et qui est un problème par lequel beaucoup de réponses vont être abordées plus que l’architecture. Nous en fait on est qu’un petit maillon dans la machine par rapport au reste on est

Aujourd’hui, on est en 2022 et ils sont tous en train de discuter sur comment on va faire.

218 qu’un élément et la problématique des responsables hospitaliers va être d’essayer de retrouver un équilibre entre les coûts des installations et des infrastructures. Avec la composante personnelle qui évidemment vient aussi dedans parce que construire un hôpital c’est bien mais sur la durée d’un hôpital, on sait que si tu construis 1 million pendant la période d’amortissement tu redépenses au moins 1 million en fonctionnement pur. Donc nous on demande à avoir des bâtiments qui sont hyper fonctionnels et rentables au niveau de la maintenance. Une partie de notre métier qu’on connaît encore mal aujourd’hui qu’on va devoir intégrer c’est de se dire je dépense 1 euro aujourd’hui pour construire mais est ce que je vais dépenser 1 euro/2 euro ou 50 centimes pour le maintenir. Une partie de notre métier à mon avis va devenir ça. Et il y a la composante personnelle, le personnel hospitalier c’est le point le plus critique de l’hôpital. Si tu discutes aujourd’hui avec des directeurs d’hôpitaux ou avec des chefs, ils ne vont pas tellement te dire, mon unité je voudrais qu’elle soit bleue, verte, plus large, plus grande, je voudrais plus de chambre, mais on va te dire d’un côté je n’ai pas d’infirmière. Et construire des unités tampon ou des trucs plus larges, si tu n’as pas de personnel pour le faire fonctionner, ça ne marche pas. Je pense que l’objectif n’est pas qu’en cas de pandémie tu prennes toutes les infirmières des autres services pour les rassembler là. L’évolution c’est pouvoir continuer à faire des actes médicaux classiques quand tu as une pandémie et assumer une pandémie à côté. Je ne pense que ce sera ça et ne pas faire comme on a fait maintenant à mettre de côté des gens. Et on transforme des infirmières qui ont l’habitude de prendre des patients et de gérer de pédiatries en charge par des infirmières de soins intensifs. Ce qui n’est pas tout à fait exactement le même métier même si elles ont toutes suivis la même formation de base. Elles n’ont pas l’habitude de faire les mêmes actes et prendre des personnes en charge de la même manière. Et ce que je disais à Olivier tout à l’heure, j’ai entendu à la radio hier ou avant hier une infirmière qui parlait de ce sujet là et notamment qu’elle disait qu’une infirmière ce n’est pas 1 personne c’est 6 personnes. Équivalent temps plein, 1 infirmière c’est 6 équivalents temps plein pour arriver à remplir toute l’année : les congés, les arrêts maladies, les gardes de nuits, les absences pour x ou y, les congés de maternité. Quand je fais fonctionner une unité de X lignes, j’ai besoin de 6 à 8 infirmières, j’ai besoin de 40 personnes. Ces 40 personnes je ne les trouve déjà pas aujourd’hui, donc je vais les chercher à l’étranger comme on a fait durant les périodes de crises précédentes, mais tous les hôpitaux font ça. En Allemagne, en France, en Belgique, en Angleterre tout le monde va chercher dans les pays où il y a encore un peu d’attractivité à venir travailler en Belgique, mais combien de temps ça va tenir, combien d’argent ça va coûter et qu’est ce que cela va créer au sein des équipes. Ils sont en train de se dire qu’ils seraient prêts à fermer des unités par manque de personnel. On est dans un cercle vicieux, car ils savent qu’ils doivent ouvrir une nouvelle unité mais ils n’ont pas le personnel, du coup autant la fermer car cela coûte de l’argent mais il y a quand même des patients. En termes de flexibilité, vous faites comment pour le moment ?

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On essaye de concevoir des unités les plus neutres possibles pour avoir des grandes chambres. Exemple comme quoi un hôpital voulait agrandir la salle de bain pour qu’elle soit accessible pour les handicapés mais du coup il devrait réduire l’espace d’activité et passer d’une chambre de deux lits à 1 lit. Si vous voulez augmenter le confort des chambres pour pouvoir accueillir plusieurs types de patient, il faut construire de nouvelles chambres et donc construire une extension En 2019, Maggie de Block (ministre de la Santé), a mis en avant le fait de créer un réseau de groupes d’hôpitaux dans le but d’être complémentaire. Au lieu, d’être un hôpital qui propose des soins généraux et donc d’être concurrent, essayer de vous focaliser sur des spécialités et de travailler en collaboration.

d’amortissement

On espère avoir une ligne de conduite fin 2022 début 2023 en nous disant voilà on s’est mis d’accord sur comment cela va fonctionner et on a réfléchi à la manière dont on voudrait que cela soit construit et pour pouvoir développer ce qu’on a devant nous pour les 10 ans qui viennent.

Comment est ce qu’on gère l’interaction entre les services d’urgence et le laboratoire prélèvement prise en charge des patients ? Et tout ça revient à la notion de flux qui est la notion la plus importante dans les hôpitaux. C’est comment tu gères l’entrée des patients et ensuite comment le patient va d’un service à l’autre, d’un examen à l’autre en sachant que tu as plusieurs types de flux dans les hôpitaux. Les patients, le personnel, la logistique et les visiteurs sont à prendre en compte. Et le 5ème à prendre en compte, c’est le chantier car on est en constante amélioration.

On était jusqu’en 2020, dans un tel confort, ici dans tous les pays de l’Europe de l’Ouest, qu’on n’avait pas eu de maladies graves. Et donc se faire à l’idée qu’on va accueillir un patient aux urgences et le laver à la lance à incendie avec de l’eau froid avant de le prendre en charge, ça avait disparu. Tu es obligé dans un service d’urgence d’avoir à l’entré un sas in, une douche, un sas out, où tu prends en charge le patient dans une zone confinée / contaminée. Ça avait disparu. A tous les sujets de rénovation de service d’urgence qu’on a eu depuis 12 mois, les 2 premiers points que tu discutes avec les utilisateurs c’est La douche de l’urgence où, comment je la mets, par où je rentre, quelle taille elle fait, est ce que je rentre dedans avec une chaise roulante/ avec un brancard, par où je ressors ? et où je tombe dans le service d’urgence. Il faut que le flux soit géré.

Dans les bâtiments on n’a rien fait. Nous en tant qu’architecte ça n’a pas eu d’incidence, on ne nous a pas demandé de construire des trucs spécifiques.

L’hôpital était-il conçu pour une crise de cette ampleur ? Non. Il n’est pas conçu pour prendre en charge une population importante qui a un besoin critique.

Est ce que vous pensez que les structures temporaires sont la solution ?

C’est une bonne solution mais même une solution temporaire demande un investissement et même je ne vois pas comment tu pourrais prévoir le personnel en tampon qui serait à disposition tout à coup sur ton site. C’est différent dans les hôpitaux militaires car souvent les médecins sont souvent des militaires donc ils peuvent s’adapter plus facilement.

Il y a aussi quelques choses à faire, qu’on ne sait pas faire aujourd’hui ce sont des installations provisoires. Comme on n’a plus de guerre dans nos pays, un hôpital de campagne, on ne l’a pas. On a des équipements qui permettent d’aider d’autres pays plus loin. L’armée a encore quelques moyens de pouvoir monter un hôpital pour des troupes qui sont partis à l’étranger ou dans le cas de crises sanitaires en Afrique ou ailleurs. Mais ils ne réfléchissaient plus du tout à mettre ces moyens ici en Belgique. Les USA et la Chine ont réussis à le faire mais on n’a pas le matériel dans le secteur hospitalier non militaire, on n’a pas d’hôpital de campagne, on n’a pas de porte cabine, modulaire. La surface est aussi importante, A Bruxelles ce sera plus compliqué de faire cela.

Vous avez dit que vous aviez dû faire des changements temporaires dans des hôpitaux ? Ce n’est pas directement les hôpitaux c’est plutôt le personnel hospitalier qui a changé temporairement de fonction. Exemple : une unité de soin lambda est devenue une unité de soins intensifs.

Dans l’idée, d’une potentielle nouvelle guerre (notamment avec l’Ukraine) je ne pense pas que les hôpitaux ne soient prêts pour accueillir une nouvelle guerre. Même si je ne pense pas que cela va arriver. On ne sait pas suivre au niveau des infrastructures. Des terrains libres pour accueillir des hôpitaux de campagne on n’a pas. On a vu les Chinois construire 10000 m² d’infrastructure hospitalière en 1 semaine, nous on met 10 ans pour monter 10000 m². On n’a pas les moyens du coup il faut faire des choix.

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Vous avez dit précédemment que vous essayez de séparer les flux ? comment pensez-vous aux urgences ? C’est le premier problème quand tu veux faire des urgences. C’est gérer à la fois les différents cas. Des circuits sont mis en place. Par exemple : le circuit court c’est ce qui n’est pas très grave et qui ne prend pas beaucoup de temps. Le circuit long prend plus de temps et tu vas être amené à faire plus d’examens médicaux voir en faire directement.et donc tu as toutes une série de coûts qui répondent à ces besoins là. Et on fonctionne avec le principe de la marche en avant c’est à dire tu avances dans ton projet sans jamais ne revenir en arrière sans jamais croiser l’un ou l’autre. Cela demande de la place et beaucoup de gymnastique pour arriver à gérer ces flux.

La manière dont on empile ces choses-là dépend fort du terrain.

Les problèmes ont été les flux, manque d’espace, le financement, la flexibilité et l’adaptation technique.

Comparaison avec l’Ukraine : la priorité en Ukraine aujourd’hui est de s’occuper de tous les blessés de guerre en priorité et tous les autres types de soins qui ne sont pas urgents ont dû disparaître.

On est très dépendants des choix que font les hôpitaux. On ne décide pas nous, on attend d’abord d’avoir des demandes spécifiques des hôpitaux. On n’a pas eu directement de demandes mis à part la flexibilité qu’on savait déjà car cela vaut pour l’hospitalier mais pour aussi d’autres domaines. Ce n’est pas que pour le COVID. Prenez-vous en compte l’avis des médecins lors du dessin des projets ? Oui bien sûr. Une grosse partie de notre métier c’est d’essayer de comprendre comment travaillent les médecins, les infirmiers, les aides soignants. La communication entre les personnes du métier et les architectes est importante. Il faut passer des heures et des heures à les écouter et à comprendre comment ils fonctionnent. A voir qu’un médecin n’aura pas forcément le même avis qu’un autre médecin.

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Quelle architecture sera la plus adaptée au COVID selon vous ?

Ce n’est pas le problème de pandémie qui va nous faire choisir un type ou une autre. La géométrie ou l’agencement de l’hôpital elle n’est pas tellement liée à ça, c’est une composante parmi d’autre. C’est la taille de l’hôpital et le type de prise en charge qui va déterminer et aussi les capacités du terrain.

Un plateau d’arrivée de patients qui sont sur leurs jambes qui iront à la clinique, à la consultation en tant qu’individu mais pas en tant que malade.

Un deuxième plateau où tu vas avoir des examens, des actes techniques, ou juste des blocs opératoires et puis c’est de l’hébergement.

En période COVID, ils ont fait preuve de bon sens en disant les visiteurs vous ne venez plus, vous pouvez déposer la personne devant la porte et puis vous partez puis ils ont fait une ligne pour la prise de température (comme à l’aéroport) et si vous avez des symptômes ou température vous passez par telle porte. Et si vous venez parce que vous êtes tombé dans l’escalier vous allez par telle porte.

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Ce qui existe ou le modèle/schéma que l’on voit aujourd’hui, c’est d’avoir :

Le circuit COVID a été très souvent mis à l’extérieur, dans le garage des ambulances, dans d’autres locaux qui étaient là sur le côté des urgences qui étaient destinés à entreposer du matériel ou autres.

Problématique de l’hôpital aujourd’hui est qu’aujourd’hui on répond à un besoin qui a été le même depuis quelques mois et la question va être est-ce qu’on continue de la même manière ou est-ce que l’on change quelque chose ?

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Modificabilité Urgences + soins intensifs : Revoir les flux Entrées et sorties Zones COVID et non

On a fait des choses qu’on n’avait jamais fait avant le quartier opératoire de l’hôpital de jour, comme tout s’est arrêté on l’a transformé en soins intensifs ça aussi ça a été pas mal de boulot.

Vous avez une équipe d’architectes ? A l’époque, on était trois architectes ici dans notre service des ingénieurs on a des gestionnaires de chantier, tous sur place, et on a un service de maintenance avec toute une série de techniciens, de menuisiers, de peintres et pour le COVID on a presque tout fait en interne forcément parce que les entreprises et tout était fermé donc on a dû, on n’a même pas pu vraiment beaucoup utiliser les soustraitants habituels. Est ce que vous participez dans la conception des projets ? Ici à l’hôpital on fait beaucoup de nous mêmes. On est une petite équipe donc quand on a des projets qui sont trop importants on fait appel à des architectes extérieurs mais sinon jusqu’à 2000 m² on fait ça nous-mêmes. Et en général, quand il faut construire un bâtiment ou des choses comme ça, on fait appel à un architecte extérieur. Nous on est capables de faire des petits bâtiments mais pas des grands.

1. C’est quoi le rôle du service infrastructure ? Donc moi je suis architecte ici à l’hôpital. On est plusieurs architectes mais je suis celui qui est un peu resté alors que tout le monde était pris de rester chez soi donc j’ai un peu participé effectivement à la transformation de l’hôpital pour le COVID De manière générale, on gère toutes les surfaces de l’hôpital y compris les affectations, les travaux, on fait en sorte que tout fonctionne et que les médecins et le personnel aient des locaux adéquats pour leurs activités. Mais on gère aussi tout ce qui est contrôle d’accès, on a le service de gardiennage. Pour le COVID, on a été pas mal impliqués dans tous les projets puisque pour les urgences et les soins intensifs on a dû revoir à la fois des flux, d’entrée et de sortie pour éviter les croisements des patients, créer des zones COVID et des zones non COVID puisqu’il y avait aux urgences et aux soins intensifs des rôles COVID et non COVID. On a dû séparer tout ça, à la fois avec les médecins faire les plans et le design et après mettre en place tous les flux différents et alors on a aussi dû, un petit peu adapter la ventilation dans certains locaux dans certains soins intensifs pour les mettre en dépression alors qu’aujourd’hui ils étaient en zone mixte

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 222 Annexe 13 (Exemple de codage de l’Annexe 11) InformationExempleProblèmesBesoinsAdaptations

TransformerDépressionventilationAdapterCOVIDla: le opératoirequartier de l’hôpital de jour en soins

OrganiserBesoinintensifss: nbreAugmenterVentilationcirculationlaledelits

Temporalitécomplémentaire

ZoneventilationChangementPersonnelpourDepourMarquagesas6chambresdesduTransformationCOVIDgarageambulancesavec>8ausolzonechangementledespoubelle

3. Est ce que vous pensez que l’hôpital avant COVID était conçu pour une crise de cette ampleur ? pour anticiper une pandémie ? pour quelle raison ? Pas du tout. Aujourd’hui, par exemple en parlant des urgences, le service des urgences la manière dont il travaille ne permettait pas de séparer et de trier les patients, d’organiser de flux COVID séparé du flux urgences traditionnel on va dire. Et donc on a dû transformer le garage des ambulances en premier tri, un tri COVID pour après faire le tri, le tri habituel des urgences. Et donc on a dû ressortir du bâtiment tout une série de fonctions et on a dû recréer des réserves et des flux pour que les patients ne se croisent pas et pour gérer tout ça. L’hôpital n’était pas prêt à avoir autant de patients à trier et éviter qu’ils se croisent. Et pour les soins intensifs, même chose nous pour le moment on a six chambres, on est passé à huit, mais on avait six chambres dans l’USI avec une protection on peut dire. Sur les 38 lits maintenant qu’on a de soins intensifs, six sur 38 ça ne fait pas grand-chose donc on a dû aussi même chose avoir des chambres, créer des zones pour se déshabiller, se changer pour que le personnel puisse…beaucoup de marquage au sol, c’était beaucoup ça. Pour nous aux soins intensifs le COVID c’était de changer la ventilation mais c’était de faire du marquage au sol pour délimiter des zones pour pouvoir se changer avant de rentrer dans la chambre, faire des zones avec les poubelles etc, d’organiser tout ça parce que nos chambres sont petites. Les soins intensifs chez nous ils ne sont pas adaptés pour ça, les urgences les flux ne sont pas adaptés pour ça non plus. Donc on n’était pas vraiment prêts. Besoin séparerdeles flux, le tri 1er tri : tri

4. Est-ce que vous pouvez définir les problèmes des hôpitaux ?

2. Est-ce que votre secteur a été affecté par le COVID ? Pas tellement. Enfin, si comme il fallait essayer de privilégier le télétravail. On a demandé à beaucoup de gens de rester chez eux et je suis presque le seul à ne pas avoir fait de télétravail à ce moment là parce qu’il fallait que quelqu’un soit sur place pour répondre plus facilement et plus vite à toutes les adaptations qu’on a dû faire.

Les unités de soins ont été transformées en unités COVID ? Oui, mais pas toutes. On a fait, je pense au plus fort on a dû avoir cinq ou six unités de soins COVID plus une unité qu’on a créé on appelle ça du Medium Care avec des monitoring etc… Donc on a dû aussi équiper une unité de soins de Besoin : éviter les allersRetours inutiles FairePersonnelduréserve à l’avant Vestiaires à l’avant Bureaux à l’avant Modificabilité 6ch au début de l’aile pour logistiquesLocaux : zonesIntermédiaireslocauxCOVID

On a eu des problèmes dans les unités de soins aussi, même chose on a dû aussi beaucoup travailler sur les unités de soins pour créer des réserves. Donc on a une réserve centrale dans l’unité de soins dans laquelle le personnel va chercher les médicaments etc. Mais, on ne voulait pas que des personnes aillent les chercher et des personnes la remplissent aussi. Donc on a dû faire une réserve à l’avant, refaire des vestiaires à l’avant aussi, on a dû refaire des bureaux à l’avant on a dû à chaque fois et dans chaque unité de soins prendre six sept chambres au début de l’aile pour en faire des locaux logistiques qui étaient des locaux intermédiaires pour que les locaux vraiment où on travaille, où les infirmiers travaillent soient considérés comme dans des zones COVID. Et donc on a dû pas mal aussi bosser sur les unités de soins. Et puis on a dû fermer pleins d’accès etc, on a dû faire le tri des patients aussi pour éviter les visiteurs ça n’a pas été simple non plus ça a été un grand boulot aussi la gestion des visiteurs, faire des barrages pour éviter que des gens viennent dire bonjour à leurs familles ça a été compliqué, ça a été compliqué aussi pour les patients de comprendre surtout pour la famille de comprendre qu’ils ne pouvaient pas venir voir leurs proches.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 223

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 224caméras de monitoring, de choses pour mettre des patients pour un peu soulager nos soins intensifs. Modificabilité Accès fermés Convertibilité Unité Medium Care

5. Quels sont les nouveaux projets de construction ? C’est prévu pour quand ? Il y a un projet au niveau des urgences, c’est un projet qui date d’avant le COVID. Depuis toujours les urgences chez nous sont un peu trop petites, un peu mal foutues, au niveau des flux tout se passe bien si les patients pour les urgences arrivent par l’arrière et arrivent par l’entrée des urgences qui se trouve à l’arrière du bâtiment. Aujourd’hui, le problème qu’il y a c’est qu’il y a des patients qui arrivent en métro qui veulent aller aux urgences, ils rentrent dans le bâtiment et donc tous ces patients qui rentrent dans le bâtiment, ils se retrouvent à devoir rentrer par l’arrière des urgences et à être à contre sens. C’était un grand problème. L’autre problème qu’on a c’est que pour le projet qu’on fait c’est qu’on crée une tour, on rajoute dans cette tour des ascenseurs parce qu’on a un problème des urgences aussi c’est que tous les flux vers l’imagerie, vers les salles interventionnelles, d’angiographie, d’endoscopie et donc les patients même chose les flux de circulation étaient trop longs et un peu alambiqués. Donc c’est pour ça qu’on a créé un nouveau bâtiment qui reprendra des circulations verticales, l’accueil des urgences, un nouveau garage, ce qui permettra de libérer des surfaces pour améliorer un peu tout le service des urgences et de faire en sorte que les patients puissent arriver dans l’accueil des urgences même s’ils rentrent dans l’hôpital. Donc ça c’est le projet qu’on fait aujourd’hui. Les urgences là vont encore rester pour au moins dix ans mais donc on essaye d’améliorer aujourd’hui le flux et les possibilités de ne pas croiser des patients dans tous les sens. Est-ce que vous avez adapté vos projets par rapport au COVID ? nouvelles normes ?? Non. C’était trop tard. Donc il y aura peut être des petites adaptations à la marge mais ça n’a pas changé complétement le projet. Le permis était déjà déposé donc on fera peut-être des petites adaptations mais pas gigantesques. Est ce que vous allez tenir compte du COVID dans vos nouveaux projets ? comment ? Par exemple, pour les soins intensifs je ne suis pas sûr. On sait que nos soins intensifs ne sont pas optimaux de manière générale donc on corrigera mieux ça et on répondra au COVID mais on ne peut pas dire que c’est vraiment le COVID qui va faire qu’on va changer les choses je pense. C’est parce que nos soins intensifs ils datent des années 1900, voilà les zones, les chambres etc ça n’a pas changé depuis 1975 et peut être un peu plus tard aussi, je pense dans les années 80 on a fait une extension donc l’USI 1 et 5 elles datent d’un peu plus tard. Mais voilà, l’architecture des chambres etc date de cette époque là donc on ne sait pas faire grand chose. Par contre, quand on a agrandi l’USI 1 après COVID, on a prévu deux chambres en plus qui sont avec ventilation et avec un sas et une ventilation qui permet de passer en pression positive ou en pression négative. Donc on a déjà un petit peu adapté mais voilà si on devait faire vraiment maintenant un nouveau bâtiment avec des soins intensifs, on créerait plus de chambres effectivement, on créerait plus de chambres avec des sols dans lesquels on peut

Problème d’accès aux UnverticaleCirculationEspaceLesContresensurgencesfluxexistantsnouvelaccueil

6. Pour quels besoins ? Des besoins liés au COVID, le problème qu’il y a c’est que je ne pense pas qu’on puisse aujourd’hui faire un hôpital qui soit adapté à la base pour gérer une crise comme ça. Ça couterait trop cher et trop de locaux qui seront inutilisés et ça sera trop compliqué au niveau du personnel etc Donc je pense que s’il y a de nouveau une crise comme le COVID on fera de nouveau des adaptations. Ça nous a demandé et mangé beaucoup de surfaces. Pour une unité COVID il n’y avait pas beaucoup de patients, il y avait plus d’encadrement au niveau infirmier et du coup il y avait plus de locaux aussi. Le contexte économique fait qu’on ne peut pas avoir un hôpital avec des surfaces qui ne servent à rien ou qui servent dans le cas où il se passerait quelque chose, c’est un peu compliqué, je pense qu’on est un peu tributaires des notions économiques. Je m’avance ce n’est que mon avis mais je pense que voilà c’est compliqué de se dire on fait tout un hôpital qui est capable de répondre à ça, il y aura toujours une part d’adaptation ou d’adaptabilité c’est ça qui fait aussi la force d’un hôpital. Voilà, ça a créé pas mal de cohésion à travers pleins d’équipes parce qu’on s’est retrouvés tous à devoir en faire en sorte de pouvoir accueillir des patients et pouvoir les soigner. Donc je pense que c’est le genre de chose qui aide pour que ça fonctionne mais je pense qu’on ne pourra jamais tout prévoir.

Est-ce que vous avez séparé les flux au niveau des USI aussi ?

Il y a cinq unités de soins intensifs ici, il y en avait qui étaient définies vraiment comme étant COVID ou non COVID. A la fin, je pense qu’il en restait plus qu’une qui était non COVID et là les flux c’est plus compliqué mais c’est du personnel qui a plus l’habitude de travailler avec des patients où il faut faire attention et se protéger et protéger le patient. On a un peu, hormis de l’organisation des zones à l’entrée des chambres qu’on a délimité avec marquage au sol pour dire c’est la zone où il faut se changer etc, dans les soins intensifs on a fait moins j’ai l’impression d’adaptation en tous cas à notre niveau, c’est le personnel qui a dû s’adapter mais nous en infrastructure on n’a pas fait grand chose. Gestion des flux Flux des patients Flux logistiques Flux du personnel

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 225 gérer les pressions etc mais je ne suis pas sûr que ce soit le COVID le moteur pour faire ça. On y fera peut être plus attention effectivement.

7. Comment prenez-vous en compte le flux des patients dans les projets ?

Création d’une zone COVID Aux déviationsBienintermédiairesStocksurgencesbalisé; Convertibilité 4 unités COVID Une pourMarquagenon-COVIDausoldélimiter

On a dû gérer tous les flux, donc il y a les flux des patients COVID, pour les accueillir, faire le premier tri pour pouvoir les orienter en COVID, non-COVID etc mais il y avait aussi tous les flux des logistiques qu’il a fallu revoir, amener le matériel stérile ou le matériel et donc on a dû vraiment créer dans les urgences, une zone COVID dans laquelle il y avait vraiment un système où on amène un matériel et quelqu’un va le chercher, va le mettre dans la zone COVID donc on a à chaque fois fait des stocks intermédiaires, comme pour les unités de soins et donc quand on était dans la zone COVID c’était vraiment portes closes, il y avait juste le personnel qui travaillait dans la zone et les patients qui pouvaient rentrer et à chaque fois c’était vraiment bien balisé et donc on a forcément dû faire des déviations et d’autres circuits pour les patients qui étaient non COVID donc ça c’était le plus compliqué, c’était vraiment à chaque fois de séparer le type de patients, le type de personnel et les flux de marchandises pour éviter qu’il y est zéro croisement

Urgences : 1FileEntrée

er accueil admin Tri des patients Sortie vers la rue ou vers zone COVID ou non CCOVIDtéBât E et D : garage Créationurgencesdesde bât dehors avec une file avec un accueil admin Extensibilité

Est-ce que le service infrastructure a intervenu pendant la crise ?

On a fait des plans, j’ai pleins de plans à différents stades. Je peux vous montrer des exemples.

On a un répertoire COVID, on avait mis pas mal de choses, on avait mis les plans pour les étages et pour les urgences effectivement on a ce genre de plan avant de faire les patients. On a ici, par exemple pour les entrées des urgences, la file, le premier accueil administratif, et puis après ici il y avait le tri des patients et puis on avait ceux qui pouvaient directement rentrer chez eux, ceux qui renteraient dans la zone COVID, ou alors ceux qui étaient non COVID on les faisait passer par dehors et puis par ici. C’est par exemple un plan qu’on a mis au point. Ici vous voyez, ça c’est le garage des urgences, et ça ce sont les urgences et donc on a créé ici des bâtiments dehors avec une file avec un accueil administratif (côté E et D) et puis ici un premier tri et puis après on avait des patients non COVID qui rentraient dans la zone propre ici, la zone propre c’était non COVID ou alors ils rentraient soit directement chez eux, soit ils devaient passer dans les urgences et donc il y avait une zone COVID avant et une zone arrière. Je ne me souviens plus il y avait l’entrée du personnel autorisé pour la lingerie et puis la sortie. Voilà on a fait des plans comme ça pour les urgences, je dois avoir des plans à peu près pareils.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 226 zone pour se changer Modificabilité

8.

Est-ce que vous êtes intervenu en tant qu’architecte pour modifier les hôpitaux ?

Ça c’était juste un repérage des lits des soins intensifs où on avait rajouté ici des chambres. Donc le quartier opératoire où on avait refait des lits COVID. Je pense que je dois avoir des plans d’une unité de soins ici. On avait fermé ici et ici donc on ne pouvait rentrer jusqu’ici dans des locaux pour le secrétariat infirmier, la logistique, les vestiaires et puis une fois qu’on rentrait plus loin on ne revient plus. Le personnel qui amenait le matériel l’amenait ici, il y avait une première réserve puis il y avait quelqu’un qui allait la mettre dans la réserve ici qui est la réserve du personnel, il y avait des zones pour remettre les chariots avec les repas pour pas que le personnel qui livre les chariots repas ne doit rentrer dans les unités COVID donc il y avait tous ces flux logistique qui d’habitude ne posent pas de problème, le linge etc pour ramener tout ça sans que les gens qui voyagent dans tout l’hôpital ne soient obligés de rentrer dans les unités COVID. Et on a aussi équipé des chambres pour faire de la dialyse, ça a été très peu utilisé parce que c’est quand même compliqué mais on avait aussi imaginé pour éviter de devoir déplacer des patients COVID qui avaient besoin de dialyse et de les envoyer dans le service dialyse on avait essayé d’équiper les chambres. Je peux vous envoyer les plans. travaillé avec des médecins

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 227

Avez-vous

? Ajout opératoireQuartierchambresde en COVID Convertibilité Fermer des accès

228On avait travaillé avec les médecins, le personnel infirmier et la direction voilà c’est un peu tout le monde qui s’est inquiété. Tout le monde s’y est mis et il y a eu plusieurs versions avec les dates on voit que ça change. Vous avez appliqué ces solutions à partir de quand ?

Pour combien de temps ? Ça date du 19/03 donc début mars et c’était juste pour la première vague après on a gardé les infrastructures le temps qu’il a fallu. J’ai du mal à dire jusqu’à quand mais je pense que c’était principalement la première vague peut être un peu la deuxième et puis petit à petit on a enlevé les aménagements qu’on avait fait et voilà si jamais maintenant, l’avantage si on devait avoir une vague comme la première on pourrait facilement, ça a fonctionné ce qu’on a fait donc on réfèrerait à peu près la même chose.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19

Circulation 1 sens Circulation Minimiser

9. Quelles sont les contraintes de ce type d’interventions ?

Sécurité

pourchambresEquiperFluxdéplacementsleslogistiquelesdialyse

Des contraintes oui, mais principalement pas pour l’infrastructure c’est plutôt pour le personnel infirmier. C’est eux qui ont dû s’adapter et travailler différemment. Nous, une fois qu’on avait fait nos aménagements pour nous il n’y avait plus rien à faire.

Ventilation ventilationInverser Convertibilité Peu de locaux avec ventilation

Modificabilité

10. Quels sont les systèmes de ventilation que vous mettez en place ? Ce qu’on a fait aux soins intensifs, les chambres chez nous sont en surpression. De manière générale, à l’USI deux parce que les autres USI c’est presque la même mais à l’USI deux il y a six chambres où la chambre est en surpression et le sas est en dépression donc ça c’est un mode qui permet de protéger à la fois principalement le patient et ça permet de protéger la zone administrative des soins intensifs. Donc forcément le sas ne peut pas être un endroit où on se change puisque c’est dans le sas qu’on aspire tout l’air donc si le patient est infecté le sas il est aussi. Donc on sait que ce sont des chambres qui sont là pour protéger les patients, nos patients hémato par exemple mais ça ne sera pas des chambres pour mettre un tuberculeux mais ces chambres là la ventilation a été faite pour qu’on puisse quand même nous à la maintenance donc ce n’est pas automatique mais on a la capacité d’inverser la ventilation et c’est ce qu’on a fait donc on a mis les chambres en dépression pour protéger le personnel mais à ce moment là on a dû envoyer des techniciens dans les plafonds pour bouger parce que ça ne se fait pas de manière automatique. Aujourd’hui, on a peu de locaux qui permettent de mettre des patients en dépression aux urgences il y a un box et aux soins intensifs maintenant il y’en a huit. On peut le faire mais ça veut dire qu’on a assez peu de locaux pour gérer ce type de patients

11. La sécurité du personnel est-elle prise en compte dans vos plans ? Oui, je pense qu’on a pris autant compte si ce n’est pas plus la sécurité du personnel que la sécurité du patient. Le patient est infecté COVID il n’y a plus grand chose à faire en tous cas pour lui, nous on essaye de protéger les patients non-COVID et on essaye principalement de protéger le personnel. Ça c’est les deux priorités. personneldu

Flexibilité

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 229 12. Est-ce que vous pensez que l’espace à l’hôpital était flexible et facile à adapter ? Aux urgences on a dû aller dehors. On a dû mettre des tentes et utiliser le garage des ambulances donc non l’espace n’était pas flexible et je pense que quand on voit les images beaucoup d’hôpitaux ont eu recours à des modulaires ou à des structures extérieures parce que travailler dans les surfaces intérieures ce n’était pas possible. Nous on avait la chance de pouvoir faire ça dehors, on avait la place dehors pour pouvoir refaire ce premier tri. Le seul truc qui restait encore un peu plantant c’est le testing, on a fait des locaux pour faire du testing COVID mais ça c’est dans une autre aile de l’hôpital et c’était, il n’y a pas longtemps Les urgences chez nous sont sous dimensionnés et les boxes de soins ne sont pas très grandes. Quand on compare aux urgences à Saint Luc par exemple, ils ont refait leurs urgences il y a ça doit faire dix ans maintenant forcément il n’y a pas photo les boxes sont plus adaptées. Nous on en a je pense 12 et on a ce qu’on appelle l’hospitalisation provisoire ce sont les patients qui doivent hospitalisés on les met là avant d’avoir une place en chambre. On avait utilisé aussi l’hospitalisation provisoire pour faire une zone COVID. Est-ce que la flexibilité est un de vos enjeux dans vos nouveaux projets ? Oui, je pense. Si on a ce genre de chose qui revient je pense qu’effectivement il faut être très flexible.

13. Quels matériaux avez-vous proposé ? et pourquoi ? Je ne pense pas qu’on a mis des nouveaux ah si la seule chose qu’on a changé c’était tout ce qui était tenture Toutes les tentures de séparation, que ce soit en unité de soins ou aux urgences ou aux soins intensifs on n’en a pas donc ça ne changeait pas mais on a utilisé des tentures en papier jetable. Donc on a utilisé beaucoup plus de choses jetables.

Matériaux Changement de Ententurespapier jetable Modificabilité

14. Quelles sont les leçons à tirer pour vous pour une prochaine crise de ce genre ? On a certains endroits de l’hôpital, qui effectivement sont sous dimensionnés ou qui sont peu adaptés à ce genre de chose. Normalement, dans les urgences on a ce qu’on appelle le plan MH donc ça veut dire les plans d’urgence hospitalière qui permettent pour faire face à une catastrophe de rapidement transformer les urgences pour accueillir beaucoup plus de monde. Mais on voit que le plan MH tel qu’il était prévu, quand on est vraiment confrontés, on se prépare il y a toutes des procédures qui sont faites mais effectivement quand on est confrontés à la réalité des choses surtout avec des patients très contagieux et dans le cas d’une pandémie ce n’était pas aussi simple que ça et le plan MH il n’est pas hyper adapté à ça donc je pense qu’il faut effectivement revoir ce plan là et se doter en tout cas préparer plus les scénarios pour pouvoir y faire face. Mais se dire qu’on va complétement transformer l’hôpital juste pour ça je ne suis pas sûr qu’on le fera. Il faut être prêt et se dire que si ça arrive qu’on ne doive plus réfléchir, nous ce qui nous a posé un problème au mois de mars c’est qu’on a dû à ce moment là alors que c’était déjà presque trop tard réfléchir à comment on allait faire pour adapter les urgences ou adapter les unités de soins et on a un petit peu tatouillé qu’on a un petit peu été en avant puis en arrière puis en avant pour essayer de trouver la meilleure solution puisqu’il fallait réinventer le truc. Donc, je pense qu’aujourd’hui si demain il devait y avoir la même chose, on est prêt parce qu’on a déjà les plans de comment il faut faire, on a déjà fait une fois, on saura réquisitionner ce qu’il faut et on fera la même chose pour les urgences on a le dimensionnementSous

Modificabilité Aller COVIDprovisoireHospitalisationUneCOVIDLocauxambulancesgaragetentes,Mettredehorsdesutiliserdestestingautreailezone

On a perdu franchement, une semaine ou deux parce qu’on a dû réfléchir à comment on allait faire et qu’on a réfléchi forcément mettre au point tout ça, ça a pris du temps et ça a nécessité plusieurs plans plusieurs schémas. Est-ce que vous pensez que c’est nécessaire de prévoir des solutions en avance pour le futur ? Oui, ce qu’il faut c’est avoir un plan si ça arrive pour pouvoir être prêt. Est-ce que vous pensez que le rôle de l’architecte est important ?

Ici on a des gens qui réfléchissaient que ce soient des infirmiers, des médecins ou la direction, ils réfléchissaient à des solutions qui n’étaient pas voilà quand on dessine avec un petit bout de crayon pas à l’échelle sur un plan qui n’est même pas à l’échelle mais qui était plus ou moins refait voilà il y a parfois des solutions qui ne sont pas faisables et nous notre rôle c’était de dire ah non ce n’est pas comme ça, le rôle de l’architecte est quand même utile parce qu’il a sa vision de la place que ça prend sur un plan de mettre un grand car et de circuler. 15. En quelques mots comment avez-vous subi la crise sanitaire ? C’est quelque chose qui restera toujours parce qu’on a vécu et on a dû bosser aussi de manière un peu particulière. Comme je ne fais que des hôpitaux, forcément c’est quelque chose qui fera que quand j’ai un projet je vais y penser, à tous les projets parce qu’on a pleins de projets qui sont complétement insensibles au COVID mais pour certains projets oui c’est quelque chose qui restera à l’esprit quand on va faire de nouvelles choses. Donc, on a un projet de faire un nouveau bâtiment un nouveau Erasme, forcément on ne va pas se dire on va complétement oublier, je vous ai dit qu’on ne va pas tenir compte à 100% mais ce n’est pas pour ça qu’on ne va tenir compte de rien du tout. On va essayer de faire en sorte d’avoir le meilleur projet possible pour qu’il soit adaptable, qu’il soit déjà partiellement prévu pour pouvoir faire ça. Parce qu’il y a des choses qui sont de la logique mais voilà l’évolution de l’hôpital comme il a été construit en 75 et qu'on a beaucoup fait de petits chantiers à gauche et à droite qui ont modifié pendant ces 40 ans, on se rend compte que les choses qu’on a modifiés ont dégradé parfois certaines choses et qu’on se dit bon ce n’est pas grave on mélange des flux ce n’est pas très grave et qu’on se rend compte ici que si c’est très grave. C’est ça aussi le problème c’est que parfois quand on pense à des choses et qu’on réfléchit à des choses, dix ans plus tard on les remet en question et on modifie sans avoir toujours les raisons qui avaient amené à la première conception et que parfois on dégrade. Donc là il faut faire attention à ne plus dégrader en tous cas. 16. Avez- vous quelque chose à ajouter ? Non ça va. Je vais vous envoyer quelques plans que j’ai ici d’une unité de soins type, des urgences et du repérage des soins intensifs. Bon le repérage ça montre juste qu’on avait juste transformé le quartier opératoire en USI. Je peux vous envoyer aussi des plans des urgences qui n’étaient pas bons et qu’on avait fait au début et pour vous montrer l’évolution, ils n’ont même pas été réalisés ce sont des choses qui ont été imaginées.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 230plan qui fonctionnait donc on sera le mettre en place rapidement et facilement.

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 231 Annexe 14 Plans de l’hôpital Joseph Bracops Plan des urgences Plan des USI

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 232

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 233 Plan du site

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 234 Annexe 15 Plans de l’hôpital Saint-Pierre Plan des urgences Plan des USI

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 235 Annexe 16 Documents fournis par Marc Decroly pour l’hôpital Saint-Pierre Plan du site Photos

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 236 Documents boxes

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L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 243 Annexe 17 Documents fournis par Frédéric Trenchant pour l’hôpital Erasme Plans des urgences

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 244 Plan d’une unité de soins

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 245 Plan des USI repèrage des lits Plan de repérage des chambres

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 246 Plan de l’hôpital de jour

L’ARCHITECTURE HOSPITALIÈRE À L’ÉPREUVE DU COVID 19 249

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