La sĂŠlection internationale du street-art vue de la tribune des Festivaliers
1 CONCEPT FOOTBALLISTIQUE 1 SÉLECTIONNEUR 23 JOUEURS STREET ARTISTES INTERNATIONAUX 4 POSTES CATÉGORIES : GARDIEN... DU TEMPLE DÉFENSE... D’AFFICHER MILIEU... ARTISTIQUE ATTAQUE... EN JUSTICE UN 3-5-2 BIEN EN PLACE LA SÉLECTION DES 23 DES FESTIVALIERS
Note du sélectionneur :
ma sélection des 23
Bon, je crois que bon... Tout d’abord, je tiens à préciser que je suis totalement conscient qu’en France, il y a 60 millions de sélectionneurs. Néanmoins, en tant que sélectionneur officiel de la FFF (Fédération Française des Festivaliers), j’ai dû faire des choix pour ne retenir que 23 noms. Des choix qui illustrent ma philosophie de jeu et qui se traduisent par la constitution d’une formation équilibrée et homogène, avec la volonté de se doter d’un large spectre de techniciens et de personnalités. Pour le bien-être du collectif, j’ai privilégié la gestion des égos au risque de me passer des services de certaines superstars, partant du principe qu’il aurait été impossible d’envoyer douze Invader, JR ou Fairey s’asseoir sur le banc des remplaçants. La compatibilité des personnalités m’apparait comme étant une donnée primordiale ; en ce sens les principaux rudiments de l’astrologie et l’analyse poussée des thèmes astraux des potentiels sélectionnés ont été essentiels dans l’élaboration de cette liste. Fanatiques du Cattenaco et autres amoureux de la philosophie de jeu dominant la Ligue 1 ne manqueront pas de critiquer, tant « ta-queu-ti-queument » que « te-queu-ni-queument », le fait que je n’ai sélectionné que 3 défenseurs de métier. Et je leur repondrai que oui, effectivement, je suis partisan d’un street art total et ultra offensif : pour moi, la défense, c’est l’attaque. Pour accompagner cette sélection, j’ai misé sur un capitaine capable de mener ses coéquipiers à la victoire, talentueux et plein de bon sens, qui a d’ailleurs coutume de dire que « Si tu exposes dans un musée, tu te retrouves en concurrence avec des maitres comme Rembrant ou Van Gogh. Si tu fais un truc dans la rue, tu es en concurrence avec une poubelle ! ». Une phrase totalement hors contexte mais qui, vous en conviendrez, a quand même plus de sens qu’une histoire de mouette et de sardine. Pour conclure, je souhaite clarifier une chose avant que l’on me fasse la remarque ou que la presse n’orchestre une polémique nauséabonde : s’il n’y a pas de grand black au milieu, ce n’est en aucun cas à cause d’un quelconque quota imposé par la FFF (l’autre, la vraie cette fois). Streetartistiquement vôtre. Sebdomenech
GARDIEN... DU TEMPLE
#1 MADC
Pays : Allemagne Site : http://www.madc.tv/ http://www.delicious-styles.com Discipline : Graffiti La puriste du graff, une vraie « writer » qui écrit son nom encore et encore sans jamais s’en lasser. Lettrages (3D, Wild Style et autres), personnages, backgrounds, elle sait tout faire, au point d’être quasiment un crew à elle toute seule. Gardienne... du temple titulaire, Madc est « la muraille » (enfin « le mur » pour utiliser un vocabulaire plus BTP), au sens propre comme au figuré. La preuve : elle est capable de recouvrir un mur de 700m2 (soit la totalité d’une surface de réparation) uniquement à la bombe. D’ailleurs, l’équipementier Molotow ne s’y est pas trompé en en faisant son égérie.
GARDIEN... DU TEMPLE
#16 EL MAC (aka Miles «Mac» MacGregor) Pays : USA Site : http://elmac.net/ Discipline : Graffiti
Bien qu’ayant commencé par la peinture acrylique pour faire plaisir à sa mère, ce jeune graffeur prometteur est reconnu pour ses portraits taille XXL posés de façon « traditionnelle » (à savoir uniquement à la bombe aérosol), tout en s’affranchissant totalement de lettrage et autre background. Ce léger paradoxe lui confère tout naturellement le statut de gardien... du temple moderne. Son style « photo-réaliste » unique et spectaculaire, habile mélange de techniques classiques et urbaines, est reconnaissable aux dégradés « grossiers » qu’on retrouve sur son impressionante collection de murs. Même si El Mac est peut-être fan des produits Apple, son surnom et ses influences lui viennent surtout de « la culture mexicaine et chicanos » (« to live and die in LA » !).
GARDIEN... DU TEMPLE
#23 TILT
Pays : France Site : http://graffitilt.blogspot.fr/ Discipline : Graffiti Appartenant à la famille des taggeurs compulsifs, ce graffeur fera un 3ème gardien du temple précieux, notamment au sein du vestiaire où son expérience sera utile au groupe. Fervent défenseur du bubble style (allant jusqu’à qualifier son univers de « Bubblicious »), Tilt manie les lettres comme personne, ses peintures forment une accumulation calligraphique figurative (bon, il dessine avec des lettres quoi). Seul bémol : son amour des jolies filles, matérialisé par son concept de BBGirls (de jolies filles dénudées et taggées en bodypainting) et sa manie de pourrir les chambres d’hôtel qu’il fréquente, laisse planer une odeur d’affaire « Zahia » sur l’ensemble de la sélection.
DÉFENSE... D’AFFICHER
#14 MAX ZORN Pays : Pays Bas Site : http://www.maxzorn.com/ Discipline : Tape art
En allant plus loin que simplement tracer des contours et réaliser des formes géométriques, Max Zorn (grâce à son utilisation de la lumière pour créer des effets de transparence) a poussé le concept de « tape art » jusqu’à un niveau jamais atteint. Ses oeuvres en ruban adhésif collées sur les reverbères et autres sources de lumière publique offrent un résultat saisissant qui scotche les passants. L’hollandais vol... collant, comme on le surnomme dans le vestiaire, sera un atout de poids pour asseoir notre défense... d’afficher de par son sens du marquage qui n’est plus à prouver.
DÉFENSE... D’AFFICHER
#5 MENTALGASSI Pays : Allemagne Site : http://mentalgassi.blogspot.fr/ Discipline : Collage
Spécialiste du collage, ne s’interdisant toutefois pas de faire quelques installations, ce groupe (ne comptant que pour un sélectionné) est passé maitre dans l’art du détournement du mobilier et de l’espace urbain. Leur crédo : « Create street art to open your eyes ». Ces artistes engagés et connus à travers le monde suite à leur collab’ avec Amnesty International (« Making the Invisible Visible ») peuvent transformer avec une facilité déconcertante un bus en ghettoblaster, une caravane en appareil photo argentique ou encore un photomaton en WC. En dépit de son nom, plus proche de celui d’un joueur de tennis des années 90, le groupe Mentalgassi est le Beckenbauer de la sélection, le parfait pot de colle pour notre défense... d’afficher.
DÉFENSE... D’AFFICHER
#2 DAN WITZ Pays : USA Site : http://www.danwitz.com/ Discipline : Peinture / Collage
Après avoir commencé en peignant au pinceau des oiseaux dans les rues de Manhattan, c’est aidé par la technologie informatique que cet artisan du street art a pu reproduire ses oeuvres en mode « placardage massif et en tout genre ». Ses sujets sont multiples, à tel point qu’il est impossible de les résumer en quelques lignes. A noter que son dernier projet « WHAT THE %S#@? », de fausses grilles d’aération réalisées en trompe l’oeil, fait de lui le parfait atout pour bien quadriller le terrain. Ayant évolué loin des centres de formation classiques, Dan Witz a déjà derrière lui 30 ans de carrière dans la rue et pas un seul graff ou tag à son actif. Un parcours hors normes qui pourrait à lui seul justifier la sélection de ce peintre urbain, au style hyper réaliste.
DÉFENSE... D’AFFICHER
#13 EVOL
Pays : Allemagne Site : http://www.evoltaste.com/ Discipline : Pochoir / Collage Pochoiriste et adepte du collage, son premier amour fut de faire du pochoir sur les « maisons en carton » (pirouette cacahuète) des SDF. Toujours préoccupé par le sujet du logement, son leitmotiv est de métamorphoser les transformateurs électriques en HLM. Evol prend son pied en créant de toutes pièces des barres d’immeubles miniatures à l’aide d’illusions visuelles originales. Un street artiste travailleur, à l’image des habitants des cités ouvrières qu’il reproduit, mais qui s’est tout de même quelque peu embourgeoisé ces dernières années en envahissant plus les galeries que les rues. On attend beaucoup de son association avec Slinkachu (petits immeubles X petits personnages), dont il est le parfait complément, même si on voit déjà venir les mauvaises langues qui le traiteront de « caïd de banlieue » au moindre faux pas.
DÉFENSE... D’AFFICHER
#4 ZEVS
(aka Christophe Aguirre Schwarz) Pays : France Site : http://www.gzzglz.com/ Discipline : Graffiti / Light painting / Guerilla art... Street artiste pratiquant le graffiti tendance guerilla marketing, Zevs a été rendu célèbre par un kidnapping visuel avec lequel il a tenté d’extorquer 500 000 EUR aux cafés Lavazza. Malgré ses méthodes discutables, il est devenu populaire depuis qu’il fait dégouliner les logos des marques entre deux Urban Shadows ou graffiti en peinture phosphorescente. Plein de ressources, Zevs pose aussi des éclairs aux quatre coins du monde, faisant ainsi honneur à son pseudo cher à Emmett Brown (à prononcer Zeus), même si ce surnom lui vient d’un RER baptisé « ZEVS », qui a failli l’écraser en 1992 lors d’une session graff sur les voies du réseau RATP. Un élèment agressif de notre défense... d’afficher qui prend son poste au pied de la lettre, vu qu’il s’attaque aux affiches publicitaires. Malgré sa rigueur, il mettra néanmoins de l’ambiance dans le vestiaire grâce à ses talents d’imitateur (cf son site parodique de Google qui en est un bel exemple).
DÉFENSE... D’AFFICHER
#3 L’ATLAS Pays : France Site : http://latlas.net/ Discipline : Calligraphie / Tag / Tape art
L’Atlas est un artiste atypique, la preuve : il fait du tape art au gaffeur, car seul ce « gros adhésif » s’incruste sur le macadam, jusqu’à devenir du reverse graffiti. Dans la rue depuis 1990, terrain de jeu qu’il a quelque peu quitté ces dernières années pour investir les galeries d’art, il a fait de ses tags en forme de labyrinthe sa marque de fabrique. Calligraphe de génie (ayant parfait sa technique au Maghreb), L’Atlas est de ces artistes adeptes du contre pied. Une volonté de surprendre affirmée, que l’on retrouve dans ces différents projets faisant le lien entre l’art des galeries et celui de la rue. Parmi ses projets citons « Toiles errantes » : un concept qui lui a permis de faire voyager aux quatre coins du monde sept de ses toiles, qui après avoir été posées et prises en photo dans la rue sont devenues des oeuvres street art. L’antithèse de ce projet étant « Groung Print System », dont la démarche était de faire entrer la rue dans les galeries (en y exposant des impressions de plaques d’égout uniques et géolocalisées). Un sélectionné à l’aise en défense... d’afficher mais également très porté vers l’offensive, et dont la formation en tant que milieu... artistique pourrait se révéler utile dans l’entre jeu.
MILIEU... ARTISTIQUE
#15 SAM3
Pays : Espagne Site : http://sam3.es/ Discipline : Collage / Peinture Un travailleur de l’ombre connu pour ses silhouettes peintes en aplat noir sur d’immenses façades. Touche à tout, Sam3 fait aussi des installations (sculptures) et des vidéos d’animation, mais c’est surtout grâce à ses « ombres » qu’il a gagné sa place dans notre sélection. Ses productions sont composées de silhouettes (humains, animaux et créatures diverses) qui, bien que pouvant parfois paraître un peu dérangeantes, restent toujours poétiques. Les Ibériques trustant tous les podiums ces dernières années, Sam3 sera le fer à cheval de notre sélection ainsi que notre expert en marquage, capable de faire de l’ombre à n’importe quel adversaire. Seule inquiétude : son goût prononcé pour la provocation, qui l’a déjà conduit à s’attaquer au symbole espagnol par excellence, le Taureau d’Osborne, et qui pourrait lui valoir quelques cartons.
MILIEU... ARTISTIQUE
#6 OLEK
(aka Agata Oleksiak) Pays : USA Site : http://agataolek.com/ Discipline : Yarn bombing Deuxième femme de la sélection et spécialiste du tricot au crochet, Olek est - malgré les apparences - tout sauf un cliché misogyne. Artiste tout terrain (au sens propre), elle recouvre tout et n’importe quoi (y compris les gens) à l’aide de ses confections réalisées à la main qui prennent alors la forme d’un camouflage aux couleurs fluos. Une sorte d’antithèse du camouflage militaire, devenue sa signature. Bien positionnée en milieu... artistique, juste devant notre défense... d’afficher, il sera difficile d’échapper à son marquage et nombre d’adversaires risquent de tomber dans ses filets. Une reine du crochet dont le seul point faible reste sa propension à trop « tricoter ».
MILIEU... ARTISTIQUE
#8 VHILS
(aka Alexandre Farto), Portugal Site : http://alexandrefarto.com/ Discipline : Gravure / Reverse graffiti Portraitiste de talent, connu pour travailler avec des outils de chantier (burins et autres marteaux piqueurs), ce jeune street artiste portuguais (...................................insérez ici la blague raciste de votre choix) s’attaque, au sens propre, à toutes les surfaces. Plâtre, brique, bois,... rien n’arrête Vhils, qui va même jusqu’à utiliser de l’acide pour pratiquer le Reverse Graffiti sur du métal. Remarqué très jeune par Banksy pour sa grande facilité à perforer les défenses... d’afficher avec son style basé sur la destruction, ce sélectionné mérite haut la main l’appellation de « vandale ». Et pour paraphraser Aimé Jacquet, il suffirait qu’il « muscle son jeu » (à savoir, travailler sans autorisation) pour devenir un très grand attaqué... en justice.
MILIEU... ARTISTIQUE
#10 BANKSY
Pays : Angleterre Site : http://www.banksy.co.uk/ Discipline : TOUTES (Peinture - Graff - Prochoir - Installation) Tout simplement le Christiano Ronaldo de Assis Moreira du street art. Comme pour JC, il y a un avant et un après Banksy. Jeune, il a commencé par le graff dans le pur style classique newyorkais mais n’a jamais vraiment été très à l’aise en freehand. Personne n’est parfait, et Banksy malgré son statut de « Messi » n’échappe pas à la règle. C’est donc vers le pochoir qu’il se tourne rapidement, s’affranchissant ainsi du tag pour faire passer ses idées un poil anarchistes et totalement anti-capitalistes. Banksy reconnait néanmoins une seule qualité au capitalisme : « la manière dont (il) trouve une place même à ses ennemis » notamment la sienne (de place) puisque dès ses débuts de street artiste, Banksy a été obligé de squatter (au sens propre) les plus grands musées du monde. Depuis, il y a gagné sa place, mettant tout le monde d’accord de Christie’s à Mme Michu, puisque ses graffiti ont notamment contribué à augmenter la valeur d’une propriété (à l’inverse de Booba, si Bansksy « traine en bas d’chez toi il fait grimper l’prix d’ l’immobilier »). Artiste insaisissable, Banksy est un peu l’équivalent humain de la pierre philosophale, un côté touche-à-tout et une capacité à transformer tout ce qu’il touche en métal précieux. Avec son documentaire oscarisé, « Exit through the gift shop », il dénonce l’emballement du marché de l’art pour le street art, en propulsant un vendeur de fringue et caméraman amateur dans le top des ventes (Mr Bainwash). Manipulateur de génie, provocateur et extrêmement influent, il mène aujourd’hui le « street art jeu ». Certains experts s’accordent même à le surnommer « il fenomeno ». Fidèle à lui-même, Banksy réagit à la hausse exponentielle de sa cote par un dessin représentant un tableau exhibé dans une vente aux enchères, sur lequel figure l’inscription suivante : « I can’t believe you morons actually buy that shit ». Ballon d’or depuis 2005, le meneur de notre sélection possède les clés de l’équipe et toute la confiance du coach. Une seule incertitude persiste à son sujet : sa propension à canaliser son insolence et son esprit follement contestataire afin d’éviter les cartons.
MILIEU... ARTISTIQUE
#12 INTERESNI KAZKI (aka Aec et Waone) Pays : Ukraine Site : http://interesnikazki.blogspot.fr/ Discipline : Peinture / Graffiti
Duo composé de deux writers ukrainiens devenus poètes, Aec et Waone, qui depuis 2004 ont abandonné le lettrage et signent conjointement sous le pseudo « Interesni Kazki ». Une expression qui signifie « contes intéressants » au pays d’Andreï Shevchenko. Plus qu’une simple signature, ce terme résume parfaitement leur style unique et perché ainsi que l’atmosphère mirifique, pour le moins abstraite, qui se dégage de leurs fresques. Point de lettres ici, mais une scénographie atteignant le niveau des peintres surréalistes, même si Dali (un de leurs modèles) reste un cran audessus en matière de photo réalisme. Véritable moteur du street art ukranien, il serait facile de leur attribuer le pseudonyme de Dynamo de Kiev. Au-delà de leurs qualités artistiques, les inclure dans notre sélection représente aussi l’assurance de ne jamais se demander « Kazki s’putain de passe ? ».
MILIEU... ARTISTIQUE
#7 SLINKACHU
Pays : Angleterre Site : http://slinkachu.com/ Discipline : Sculpture / Installation
Plasticien et photographe, ce street-artiste depuis 2006 est mondialement connu pour son fameux projet « Little people ». Un concept de statues miniatures posées dans la rue et mises dans diverses situations rocambolesques ou tout simplement du quotidien. Philosophe, Slinkachu aime « l’idée que presque personne ne voit (son) travail, parce que nous ignorons tous, volontairement ou involontairement une grande partie de ce qui nous entoure dans une ville ». Malgré son nom de Pokemon (Slinka-Slinka... Chuuu !!!), sa précision et sa maitrise des petits périmètres (qui se vérifie même sur les coquilles d’escargots) seront des atouts précieux à notre milieu... artistique. Le complément idéal d’Evol.
MILIEU... ARTISTIQUE
#19 OSGEMEOS (aka Otavio et Gustavo Pandolfo) Pays : Brésil Site : http://osgemeos.com.br/ Discipline : Graffiti / Peinture
Issus de la culture Hip Hop et du Pixaçao (forme « saopolesque » du graffiti), ces jumeaux ont fait du folklore brésilien leur principal sujet d’inspiration. Après avoir fait leurs armes (comme le veut la légende) avec des vaporisateurs de parfum, non pas qu’ils aient été vendeurs chez Sephora mais ce matériel de récupération était beaucoup plus abordable que des bombes, ces peintres urbains maitrisent désormais toutes les techniques traditionnelles (pinceau, pistolet,...). Patriotes convaincus, les Osgemeos réalisent des personnages caricaturaux à la peau jaune en hommage au drapeau brésilien... ou en référence aux Simpsons. Sponsorisés par Montana, les frères Derrick de notre sélection apporteront à notre collectif cette précieuse touche de samba qui fait chavirer la planète.
ATTAQUE... EN JUSTICE
#9 KIDULT Pays : France Site : http://kidultone.com/ Discipline : Graffiti
Le vandalisme au service du graffiti (ou l’inverse), c’est ainsi que pourrait être décrit le travail de Kidult, street artiste qui pratique le tag à l’extincteur et dont la (mauvaise) réputation n’est plus à faire. Véritable tête de gondole du mouvement Hardcore, dont les cibles actuelles sont les marques de luxe/mode qui font du business « sur le dos du graffiti ». Allergique à cette récupération, qui détruit selon lui l’essence même de la discipline, son message adressé aux grandes enseignes pourrait être traduit ainsi : « vous aimez le graff ? Vous pensez quoi de mon gros tag bien gras sur votre vitrine ? ». De façon générale, il n’est pas fan non plus du street art autorisé, et semble un peu jaloux des murs qui sont maintenant réservés aux artiste urbains (il s’en est déjà pris aux oeuvres de Jef Aerosol place Stravinsky et de JR au Moca de LA). Kidult, le « Jean-Claude Vandale » de la sélection, est l’un des titulaires indiscutables de notre attaque... en justice. Puissant, mauvais joueur et n’ayant pas peur du contact, il n’en est pas moins un expert en communication qui s’avérera précieux lors des conférences de presse.
ATTAQUE... EN JUSTICE
#8 ARYZ Pays : Espagne Site : http://www.aryz.es/ Discipline : Peinture
Pur produit de l’école barcelonaise, ce jeune street artiste au style spectaculaire se démarque par sa maitrise technique. Il utilise (avec la même habilité) bombes, pinceaux ou rouleaux ; le choix du matériel utilisé dépendant uniquement de la taille de la surface à laquelle il s’attaque. Son but n’étant pas de plaire mais de se faire plaisir, Aryz ne joue essentiellement que pour le fun. Une démarche qui le rend proche du mouvement graffiti qu’il a fréquenté à ses débuts, au sein d’un crew où il portait déjà l’etiquette de spécialiste des personnages (il n’a jamais été attiré par le lettrage). Mais suite à une pubalgie de la main (sic), il se met au pinceau et est forcé de quitter dans la foulée son équipe d’ayatollahs de la bombe. Aujourd’hui membre de Mixed Media, un collectif dont il est l’un des fondateurs et qui mixe acrylique et spray, il manie le rouleau comme personne au point d’être devenu le spécialiste des fresques monumentales en zone industrielle désaffectée (où il peut trouver des murs à sa mesure). Ce street artiste s’impose comme un titulaire indiscutable et ce malgré les risques de polémiques liées au dopage qui entourent chaque compatriote du Dr Fuentes dès lors que ces derniers dominent le haut niveau.
ATTAQUE... EN JUSTICE
#18 LE CYKLOP Pays : France Site : http://lecyklop.blogspot.fr/ Discipline : Peinture
Un peintre singulier et mono-maniaque qui ne s’attaque pas aux murs mais uniquement aux... bittes. Attention, il n’est point question ici de body painting mais de mobilier urbain antistationnement, pudiquement aussi appelé potelet. Malgré son nom qui rappelle vaguement un personnage des X-Men, le travail du Cyklop n’a rien à voir avec l’univers des Comics. Ces oeuvres qui nous gardent à l’oeil, à la manière du Grand Frère (celui de George Orwell, pas celui de TF1) évoquent plutôt des sentinelles d’inspirations multiples : animaux, monstres de cartoons, voire même figurines Lego (mais borgnes). Son excellente vision du jeu, même avec un seul oeil, sera un atout précieux pour notre attaque... en justice. La FFF (Fédération Française des Festivaliers) tient à préciser que son amour pour les bittes ne doit pas être prise pour un appel aux strickers de tous poils.
ATTAQUE... EN JUSTICE
#17 BLU
Pays : Italie Site : http://www.blublu.org/ Discipline : Peinture Muraliste de génie au style simple et direct, constitué principalement de formes blanches contourées et détaillées avec du noir. Ses oeuvres saisissantes sont le fruit de ses réflexions sur la société et sont sans concession pour l’homme (qu’il trouve violent, destructeur et cupide). Il est considéré par son agent (Lazarides) comme le maitre de l’horreur sympathique, car son style épuré (qui nous épargne les détails repoussants) lui permet de faire passer des idées trash et/ou politiques sans choquer. Pape du graff animé, ce street artiste de haute qualité (que l’on surnomme d’ailleurs Blu Ray) est d’office désigné maitre de l’animation offensive.
ATTAQUE... EN JUSTICE
#20 MOBSTR Pays : Angleterre Site : http://mobstr.org/ Discipline : Pochoir
Représentant d’un street art fondamentalement « populaire » (en ce sens qu’il suffit de savoir lire pour le comprendre et écrire pour pouvoir le pratiquer), Mobstr joue remarquablement avec son esprit et interpelle les passants à grands coups de sarcasme et d’ironie. Plus attaché au fond qu’à la forme, il pratique l’ar(t)rial (rapport à son utilisation des typos), une forme d’expression que certains pourraient considérer comme le degré zéro de l’art. Mais Mobstr n’est pas dénué de talent et est aussi capable de réaliser des personnages au pochoir, des tags et aussi quelques installations. Pour lui le street art se doit avant tout d’être illégal. Un principe qui se retrouve jusque dans son pseudo qui renvoie à l’univers du gangsterisme. Une posture nuancée par son second degré parfaitement british : son surnom serait en fait un hommage à son homard de compagnie (en anglais lobster) prénommé Mobster. Cette dérision alimente aussi le travail de ce guerrillero anti-pub convaincu, notamment son projet « Progression », par le biais duquel il instaure un dialogue avec les services de la voirie chargés de combattre l’art de rue. Certainement l’élément de notre attaque... en justice qui sera le moins flashy, pas forcément beau à voir jouer mais efficace, et qui devra par ailleurs se contenir afin de limiter le nombre de cartons susceptibles de sanctionner sa manie de soulever son maillot pour laisser apparaitre ses t-shirts à message.
Staff... technique Sélectionneur : SebDo alias SebDomenech
Préparateur physique : Jonone, le plus français des taggeurs new-yorkais, ancien préparateur physique des NY Giants.
Médecin : Jim, l’homme aux pansements géants. http://jim-arturbain.blogspot.fr/
Entraîneur Adjoint : Blek le rat, le Raymond Kopa du street art français (surnommé le parrain).
Kinésithérapeutes : L’équipe de pin-up de Miss Van, la Mme Claude du milieu.
Entraîneur des gardiens : VISON, légende vivante du Red Star Club de Montreuil.
Coordinateur sportif : Henri Émile, l’intendant de l’équipe de France
http://www.vision-oc.com/
Lexique
Flop Désigne un tag réalisé d’un trait continu. Contrairement à ce que pourrait laisser entendre le terme « flop », il s’agit là d’une performance reconnue dans le milieu.
Guerrilla art Ce qui se trouve derrière, dans le fond ; certains en sont friands et d’autres non comme pour les backrooms.
Activité de création consistant à laisser des oeuvres d’art dans les lieux publics et, de préférence, en utilisant les espaces normalement prévus pour la publicité. Les guérilleros s’expriment sur ces endroits en réponse à la prise de contrôle de l’espace public par des intérêts commerciaux.
Body Painting
Graffiti
Déclinaison machiste du graffiti consistant à masquer sous de la peinture de jolies surfaces féminines. Vandalisme à l’état pur et forme élaborée de « dedipix ».
Mot italien dérivé du latin graphium (éraflure) tirant son étymologie du grec graphein (γράφειν) et signifiant indifféremment écrire, dessiner ou peindre. Un graffiti est donc une inscription calligraphiée ou un dessin tracé, peint ou gravé sur un support. Pour beaucoup de graffeurs de la nouvelle vague, un graffiti doit être réalisé sans autorisation sur un support qui n’est normalement pas prévu à cet effet.
Background
Bubble style Police de caractère à base de lettres arrondies, gonflées comme des bulles. Un style old school encore utilisé aujourd’hui car facile et rapide à exécuter. Idéal pour réaliser des throw-ups ou des flops.
Gravure Un graffiti... mais « gravé dans la roche ».
Calligraphie Terme, issu des radicaux grecs κάλλος (kállos, « beau ») et γραφεĩν (grapheîn, « écrire »), ce terme désigne l’art de bien former les caractères d’écriture. A ne pas confondre avec la Cali-graphie : l’art d’écrire des chansons comme le célèbre chanteur du même nom.
Collage Une affiche en papier que l’on enduit de colle, la version artistique du papier peint de chez Casto. Activité très à la mode car la peine encourue pour une infraction à la loi « Défense d’afficher » de 1881 est beaucoup moins lourde que celle infligée pour un acte de vandalisme.
Hardcore Faux-ami, il ne fait pas référence au body painting mais plutôt aux mouvances extrémistes du graffiti qui se réclament de l’esprit vandale. Leurs armes : le marqueur extra large, le fat cap voire même l’extincteur. Leurs actions : des tags, flops et autres pièces qui tachent (et dégoulinent) réalisés en plein centre ville.
Installation Oeuvre artistique palpable (type sculpture ou autre structure dans l’espace) pouvant utiliser des effets sonores ou vidéo.
Free Hand
Peinture
Technique qui consiste à faire du graff à main levée. Rien à voir donc avec un quelconque statut pénal ou bien avec un mouvement de libération du handball.
Produit liquide ou visqueux contenant des pigments et donnant, par application de plusieurs couches sur des surfaces, un écran doué de qualités protectrices et/ou décoratives (définition sponsorisée par Dulux Valentine).
Pochoir
Throw-up
Technique d’impression ou picturale qui permet de reproduire des caractères ou des motifs identiques sur divers supports. C’est d’une certaine manière la version street art du tampon encreur.
Dérivé du tag et également appelé throwie (littéralement dégueuli), son objectif n’est pas l’esthétisme mais uniquement la possibilité de laisser une trace bien visible et de s’accaparer un maximum de place sur un support en un minimum de temps.
Reverse Graffiti Technique ancestrale qui consiste à enlever de la matière et que nous avons tous un jour utilisée (par exemple, en dessinant sur une vitre pleine de buée avec le bout de son doigt). Le clean tag en est une variante exclusivement réalisée en enlevant de la saleté. A noter que c’est cette fameuse technique qui est utilisée dans la célèbre blague « existe en propre » écrit avec le doigt sur une voiture sale.
Sticker C’est un autocollant, son usage est très répandu malgré la mauvaise publicité qui en est faite par Valérie Damidot. A ne pas confondre avec un « Stricker » (qui lui est un exhibitionniste passionné de sport).
Tag
Vandalisme Terme de moins en moins utilisé pour qualifier le travail des street artistes. Des nostalgiques revendiquent pourtant le statut de vandales pour se démarquer des street artistes mais leur combat est perdu d’avance comme le dit Invader : « Aujourd’hui, nous bénéficions tous du triomphe de Banksy... Avant lui, nous n’étions que des vandales, des gueux. C’est devenu l’art de toute une génération. ».
Writer Celui qui écrit son nom de mille et une façons.
Wild Style
Calligraphie moderne qui consiste à écrire son « Blaze », de façon rapide et plus ou moins stylisée, au marqueur ou à la bombe. Il peut arriver qu’on apprécie autant trouver un tag en bas de son immeuble que d’être taggé dans une photo de soirée alcoolisée sur Facebook.
A ne pas confondre avec le style vestimentaire de Nicky Minaj et autres Lady Gaga, ce style de graffiti (également appelé free style) est très technique et dynamique avec des flèches et des pointes à l’extrémité des lettres. Ce style est dit « sauvage » car son lettrage peut être tellement complexe qu’il en devient illisible pour les non-initiés (lettres entremêlées).
Tape art
Yarn bombing / Graffiti knitting
Dessiner avec du ruban adhésif.
Activité qui consiste à mettre des revêtements tricotés sur les statues, les arbres, les poteaux, les sculptures, les sièges et autres objets publics. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette oeuvre ne protège pas l’objet revêtu contre le froid.
Trainwritting Ici les dépôts ferroviaires font office d’atelier et, comme pour le « TruckWritting » (écrire sur les camions), l’idée est de « poser » sur un support mouvant afin de permettre à son art de voyager. En France, l’exposition apportée par cette pratique est proportionnelle à la répression exercée par l’unité d’élite de la Brigade des Réseaux Ferrés : le Groupe TAG. De ce fait, cette discipline est considérée comme la plus prestigieuse du mouvement graffiti.
Remerciements Énorme merci à Emmanuel Gabily sans qui ce projet n’aurait jamais été aussi joliment mis en page. Chaleureux remerciements à Vision qui s’est gelé les miches pour nous faire une couverture sur mesure. Gratitude éternelle à tous les artistes « accessibles » ayant répondu à nos demandes de photos (dans l’ordre de réactivité) : Speedy Graphito, Max Zorn, Tilt, Dan Witz, Olek, Sam3 et le CyKlop et à ceux nous ayant donné leurs accords accompagnés d’un message de soutien : Aryz, Interesni Kazki et Mobstr. Merci également aux autres artistes qui ne nous ont pas répondu, puisque qui ne dit mot consent. Enfin, un message spécial pour BLU : nous n’avons pas utilisé vos photos selon vos désirs mais nous vous avons quand même choisi car notre sélection ne saurait se passer d’un maitre de l’animation tel que vous. Un joueur ne peut de toute façon pas refuser une sélection sans encourir de graves sanctions, c’est pourquoi nous comptons donc sur votre présence lors du prochain stage à Clairefontaine.
Crédits photos La majorité des photos proviennent des artistes (soit directement, soit via leurs sites). D’autres proviennent de Flickr (toutes sous licence creative commons CC-BY-NC). Liste des crédits photos dans l’ordre d’apparition : ©Emmanuel Gabily (http://emmanuelgabily.com/), ©MadC, Startape PhotoGraff (http:// www.flickr.com/photos/startape/), ©Elma, ©Tilt, ©Max Zorn, ©Mentalgassi, ©Dan Witz, ©Evol (http:// www.flickr.com/photos/evoldaily/), ©Zevs, Hugo Wetterberg (http://www.flickr.com/photos/wetterberg/), ©l’Altlas, cicilief (http://www.flickr.com/photos/cicilie/), urbanartcore.eu (http://www.flickr.com/ photos/streetart-berlin/), seysey the R (http://www.flickr.com/photos/sey_r/), ©Sam3, Santiago Muñoz (http://www.flickr.com/photos/smb_flickr), Dr Case (http://www.flickr.com/photos/justin_case/), r2hox (http://www.flickr.com/photos/rh2ox/), Pepe Alfonso (http://www.flickr.com/photos/pepe_alfonso/), www.mariorubio.com (http://www.flickr.com/photos/mariorubio/), Graffiti Land (http://www.flickr. com/photos/arteurbana/), texturl (http://www.flickr.com/photos/bbarr/), ©Olek, See-ming Lee SML (http://www.flickr.com/photos/seeminglee/), ©Lost Art (http://www.lost.art.br/), Linh H. Nguyen (http:// www.flickr.com/photos/lng0004/), Sesc em São Paulo (http://www.flickr.com/photos/sescsp/), Scott Beale (http://www.flickr.com/photos/laughingsquid/), ©Vhils, ©Banksy, ©Interesni Kazki Aec (http://www. flickr.com/photos/aec_interesni_kazki/) & Waone (http://www.flickr.com/photos/waone_ik/), ©Slinkachu, jurjen_nl (http://www.flickr.com/photos/jurjen_nl/), ©Os Gemeos, luizayang (http://www.flickr. com/photos/64933757@N06/), ©ROA (www.flickr.com/photos/36167567@N04), ©Speedy Graphito, ©Kidult, ccarella (http://www.flickr.com/photos/ccarella/), ©Aryz, The G. Canyon in a Crack (http://thegcanyon.com & http://www.flickr.com/photos/thegcanyon/), Kris Duda (http://www.flickr.com/photos/ ahorcado/), Gianfranco Goria (http://www.flickr.com/photos/gianfrancogoria/), Sky Noir (http://www. flickr.com/photos/skynoir/), Carles Riobó, La Tête Krançien (http://www.flickr.com/photos/krancien/), GaleriaArteUrbana (http://www.flickr.com/photos/gau_lisboa/), ©leCyKlop2012, ©BLU, ©Mobstr, akshaydavis (http://www.flickr.com/photos/akshaydavis/), Anne-Laure Pandette aka La Fessée (http:// www.flickr.com/photos/la_fessee/), ©theredlist.fr, Leo Reynolds (http://www.flickr.com/photos/lwr/).
Street art & football, deux domaines a priori éloignés et pourtant bel et bien liés. D’abord amateur et pratiqué dans la rue, le street art est passé pro depuis son entrée en galeries. Le street art intéresse beaucoup les collectionneurs et les marques. Street artistes, footballeurs : même combat.
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