Jean PEYRISSAC
Jean PEYRISSAC tableaux - dessins - sculptures
1895 - 1974
Galerie
ANTOINE LAURENTIN 23, quai Voltaire - 75007 Paris
Tel : +33 (0)1 42 97 43 42 E-mail : contact@galerie-laurentin.com site : www.galerie-laurentin.com
Présentation par Stéphanie Peyrissac Fauconnier Jean Peyrissac est l’un des acteurs majeurs du développement de l’art abstrait en France dans les années 1920 tout en étant un artiste indépendant. Il n’a, en effet, appartenu à aucun mouvement en particulier mais il a exposé dans les plus grandes manifestations internationales d’art moderne et ses œuvres font partie d’importantes institutions telles que le Musée d’Art moderne, Centre Georges Pompidou à Paris ou le musée des Beaux-arts de Sintra au Portugal. Jean Peyrissac est indépendant mais c’est un artiste de son temps, quand il vient à Paris d’Alger c’est pour rencontrer Pablo Picasso, Constantin Brancusi et certains membres du mouvement Surréaliste tel que Paul Eluard. Cependant durant toute sa vie, son œuvre très personnelle, nourrie de ses réflexions demeure comme un laboratoire de recherches. Autodidacte, grand intellectuel de culture scientifique et aussi fervent croyant, Jean Peyrissac cherchera constamment à se documenter sur l’histoire de l’art, sur l’histoire des sciences et des civilisations. Il y puise son inspiration. L’histoire de l’art lui procure un raisonnement et une cohérence dans ses réalisations et sa démarche artistique. Il explore le cubisme, découvre l’abstraction et réalise des œuvres constructivistes dès 1923 qui demeurent les premières pour un artiste français. Parallèlement, Jean Peyrissac écrit de nombreux textes qui sont les fruits de ses réflexions sur l’Art et la Vie. C’est l’un des rares artistes français à se rendre au Bauhaus de Dessau en 1927 invité par Lyonel Feininger. Son travail en a été durablement et profondément influencé. Ne serait-ce que pour son goût pour l’architecture sur laquelle il travaille, comme par exemple à Alger, en transformant sa maison dans les années 1920 puis par ses relations suivies avec les architectes, tels que Charlotte Perriand, Le Corbusier, André Bloc, avec lesquels il collabore de 1930 jusqu’à sa mort. Indépendant, il ne répond pas ou peu aux courriers des historiens et des artistes lui demandant de la documentation et des photographies sur son œuvre. Ses écrits expliquent la difficulté et le pourquoi de ne pas vouloir s’engager définitivement dans la voie de la figuration ou de l’abstraction. Peu de critiques d’art vont comprendre cette posture. A cela s’ajoute le problème de la datation des œuvres. Jean Peyrissac ne date et ne signe que rarement ses œuvres. Notre travail sur le catalogue raisonné permet de démontrer que son oeuvre n’est pas désordonnée. Il débute dans les années
1920 par le dessin figuratif, vivant à Alger il s’intéresse à ses habitants et va vers eux dans la casbah accompagné par Albert Marquet. Il est tenté bien sûr par l’aspect « romantique » du thème orientaliste mais la richesse des sujets l’emporte sur le romantisme et Jean Peyrissac nous livre des dessins qui sont de véritables témoignages de mœurs. Il aborde ensuite l’abstraction et réalise ses premières constructions en relief avec des matériaux simples comme le bois et la corde qui sont les premières de ce genre pour un artiste français. Il s’intéresse vivement au Surréalisme, mouvement dont les idées ont germé avec les travaux de recherche menés sur la psychologie et le rêve par Sigmund Freud et le mouvement psychanalytique dont il lit tous les ouvrages. Il va ainsi englober ces connaissances nouvelles dans ses propres travaux abstraits et exécuter des œuvres à forte connotation poétique. Indépendant encore il va mélanger dans ses oeuvres le constructivisme et le surréalisme. C’est l’une des caractéristiques majeures de son oeuvre. Plus tard, à partir de ses constructions en relief, il aborde la sculpture en mouvement par la construction de mobiles et de stabiles, différents de ceux d’Alexander Calder. Dans ce travail, il montre à nouveau son indépendance dans la création en y mêlant les idées scientifiques nouvelles qui émergent sur la compréhension de l’Univers, en particulier la théorie de la relativité générale dont il a lu la vulgarisation du philosophe et mathématicien Bertrand Russel. C’est à cette époque que certains artistes l’encouragent à faire partie de leur groupe comme ceux du Groupe Espace. Jean Peyrissac est tenté, adhère aux idées, expose auprès d’eux de 1948 à 1949 au salon des Réalités Nouvelles, puis à son retour à Alger prend à nouveau du recul et réfléchit. Il ne peint plus mais dessine abondamment des projets de sculptures. A son retour à Paris en 1957, en raison des événements politiques, il conçoit des sculptures en fer forgé statique dans des reliefs polychromes et des rondes bosses dans lesquelles la problématique de la notion d’espace et de son cosmos disparaît au profit d’une notion plus actuelle, celle de l’espace public. Il est désormais sollicité pour participer à plusieurs expositions en France et à l’étranger et reçoit plusieurs commandes publiques et privées. On l’associe aux sculpteurs de l’école de Paris tels que Alicia Penalba, Emile Gilioli, Henri-Georges Adam et Marta Pan. Auprès d’eux, pour la plupart plus jeunes que lui, il se sent certainement plus à l’aise qu’avec les maitres de l’art moderne.
BIOGRAPHIE
Jean Peyrissac a vécu entre deux époques. Il est né au passage du siècle et a connu tout le développement de l’art moderne mais en même temps à la fin de sa vie il assiste au développement de l’art contemporain. Artiste visionnaire, il écrit : « Sans doute verrons-nous de grandes plastiques mouvantes abandonnées aux éléments, occuper les grands espaces vides de nos places, animer, équilibrer les profils de nos architectures, marquer les entrées de nos ports ». « En multipliant nos puissances de perception nous voyons venir le temps avant qu’il ne soit né ». Cette puissance de la réflexion, cette exigence dans la réalisation, il la met au service de ses œuvres jusqu’à la fin de sa vie. Chaque œuvre de l’artiste est menée avec du temps, elle est comme une appropriation ou un aboutissement de ses recherches et de ses réflexions. Jean Peyrissac remet en question son art constamment par l’apport de nouvelles idées scientifiques et philosophiques. Jean Peyrissac est un théoricien de la création qu’il fonde sur des notions à la fois scientifiques de Sigmund Freund, Carl Gustav Jung, et Bertrand Russell, et religieuses et ésotériques comme la religion catholique et ses grands penseurs tels que Teilhard de Chardin et la théosophie. Cette démarche intellectuelle de l’artiste qui constitue un dialogue permanent entre le monde imaginaire et l’exigence de la création va constituer l’un des fondements de la création de ses œuvres sculptées, reliefs et sculptures animés. Jamais enfermé dans un mouvement, c’est là toute sa richesse mais c’est aussi toute la difficulté pour celui qui tente de le comprendre et de faire le travail de l’archéologue. Jean Peyrissac réalise ses œuvres sans aucune concession vis à vis des contingences matérielles d’aucune sorte. Si l’on prend l’exemple du Grand Mercure exposé à la galerie Maeght, sa création n’obéit qu’à un seul principe celui du seul respect de son idée et de sa conception, c ‘est à dire au service exclusif de la pureté de sa plastique imaginée. L’originalité de son œuvre repose aussi sur le fait qu’elle est restée à l’abri de toutes tendances commerciales et matérielles jusqu’au retour de l’artiste en Métropole. Somme toute, les seules influences reçues sont exclusivement intellectuelles, philosophiques, scientifiques, artistiques et religieuses dont son œuvre représente une synthèse harmonieuse. Stéphanie Peyrissac Fauconnier rédige le catalogue raisonné de l’œuvre de son grand-père Jean Peyrissac.
1895 - Naissance de Jean Peyrissac à Cahors. 1910 - Réalise en plâtre patiné un autoportrait. 1910 - Entreprend des études de Médecine à Bordeaux. 1914 - S’engage comme volontaire au 57e Régiment d’artillerie de Toulouse. 1916 - Est envoyé sur le front d’Orient où il assiste en Macédoine à l’écrasement des troupes serbes et l’exode des populations civiles. 1918 - Tombé gravement malade du paludisme et atteint d’un ictère d’origine hépatique, il est rapatrié en France. Il décide de se consacrer à sa passion la peinture et le dessin. 1919 - Mariage avec Denise Mélia, dont les parents des manufacturiers de tabac résident à Alger. 1920 - Le couple s’installe à Alger où Peyrissac travaille en autodidacte, mais voyagera beaucoup en Espagne, Italie, Belgique, Hollande, Autriche, Allemagne. 1921 - Naissance de sa fille Marie-Denise qui sera handicapée à vie. 1922 - Premiers dessins d’influence surréaliste et premières séries de dessins présentant des personnages et des scènes de Casbah. 1923 - Premiers dessins et gouaches d’influence post-cubiste. 1924 - Premiers assemblages polychromes en fer, corde et bois à l’intérieur de boîtes et peint des compositions géométriques. 1925 - Adhère aux idées constructivistes et esquisse un assemblage. Il entrenprend la série des «Visages». 1926 - Naissance de son fils Alain. Entreprend une série de dessins et de gouaches surréalistes. Il participe au Salon d’Automne pour la première fois. 1927 - Première exposition personnelle à Paris, à la galerie des Quatre chemins. Séjourne à Berlin chez Walter Mehring. Invité au Bauhaus de Dessau par Lyonel Feininger, il fait la connaissance de Klee et Kandinsky. Premières esquisses pour les stabiles «petites cosmogonies». 1928 - Réalise des gouaches et des dessins abstraits. 1929 - Naissance de sa fille Thérèse. 1930 - Séjour estival à Dinard avec Picasso et Joyce. Réalise le
Cône conservé au musée de Grenoble et des constructions faites de structures métalliques qui s’articulent entres-elles et sur lesquelles il fixe des éléments, comme des coquillages. 1936 - Réalise le décor et sept costumes de l’opéra-bouffe «Vénitienne» et achève la construction des mobiles «Gravitation» et «Sphères». 1938 - Dernier voyage en France avant le déclenchement de la guerre. 1939 - Déclaration de guerre avec l’Allemagne. Coupure avec Paris. La guerre le retient et l’isole à Alger. Jean Peyrissac est mobilisé puis démobilisé. 1943 - Participe à l’exposition «L’Ecole de Paris dans les collections algériennes», Alger. 1944 - Participe à l’exposition «Sur le Surréalisme», au British Council d’Alger. 1945 - Poursuit le travail sur les mobiles. 1947 - Montre ses sculptures mobiles à Aimé Maeght en visite à Alger. 1948 - Exposition de ses «plastiques animés» à la galerie d’Aimé Maeght, Paris. Participe au Salon des Réalités Nouvelles où il expose le stabile «Danse». Le cinéaste Jacques Robin souhaite réaliser un film des mobiles en mouvement. 1949 - Participe avec «La Danse» et «l’Insecte» à l’exposition «Vie et devenir des formes, la sculpture en France de Rodin à nos jours», à la Maison de la Pensée Française à Alger. 1950 - Voit l’exposition de Calder à la galerie Maeght. Pierre Alechinsky lui propose de publier dans la revue Cobra. Il adhère aux idées du Groupe Espace. 1954 - Le photographe Willy Maywald en voyage en Algérie, lui rend visite dans sa maison de Saint-Eugène. Il photographie l’artiste et sa femme dans leur propriété. 1956 - Inquiet de la tournure «des événements» à Alger et sachant que les sculptures sont difficiles à transporter, il prépare «deux cents épures» pour des futures sculptures en fer forgé qu’il intitule «Equilibre Statique». Il travaille sur des
papiers journaux de la presse quotidienne qu’il lit chaque jour. 1957 - Quitte définitivement l’Algérie, abandonnant de nombreux travaux et projets. S’installe, avec son épouse dans un appartement à Epinay sur Seine et loue un petit atelier rue Lauriston à Paris. Il travaille presque exclusivement le fer, le plus apte pour lui à exprimer les rythmes et les «équilibres statiques». 1958 - Début de graves problèmes ophtalmiques qui le conduiront à une opération de la cataracte quelques années plus tard. Ces troubles le handicapent dans la réalisation de son œuvre et dans la vie quotidienne. Sollicité pour des expositions en France et à l’étranger, il reçoit de nombreuses commandes. 1959 - Exposition de groupe à la galerie Claude-Bernard, Paris. Il expose des fers forgés auprès de Braque, Giacometti, Hartung, Calder, Penalba et Bloc notamment. 1969 - Il participe à l’exposition «Malerei des Surealismus» à la Kunstverein de Hamburg. 1974 - Meurt à Paris.
Catalogue
Toutes les oeuvres reproduites figureront dans le catalogue raisonné en préparation par Stéphanie Peyrissac Fauconnier
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Nature morte
Visage d’homme cubisant
1921 Gouache sur papier timbre à sec en haut à gauche 29,5 x 49 cm
vers 1922 Gouache et huile sur papier timbre à sac en bas à gauche 62,5 x 48,5 cm
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Nature morte
Composition
vers 1925 Huile sur toile signée en bas à droite 22 x 33 cm
1926 Crayon gras et fusain sur papier signé et daté «26» en bas à droite 29 x 24 cm
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Composition abstraite
Composition abstraite
vers 1926 Gouache sur papier timbre à sec en bas à droite 11 x 16,6 cm
1924 Gouache sur papier daté «X.24» en bas à droite 20,5 x 13,5 cm
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Composition
Expositions : 2002-2003, Rétrospective Jean Peyrissac, Musée de Cahors, Cahors ; Musée André Malraux, Le Havre 1990, Exposicion Paris 1930, IVAM Centre Julio Gonzalez, Valencia
vers 1923 Gouache sur papier signé en bas à gauche 8,5 x 12 cm
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Composition géométrique 1927 Gouache sur carton signé et daté «1.57» en bas à droite 36 x 15 cm 19
Composition abstraite
«Mappemonde physionomique»
Expositions : - 2002-2003 : Rétrospective Jean Peyrissac, Musée Henri-Martin, Cahors; Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, Calais; Musée André Malraux, Le Havre
vers 1930 Gouache sur papier signé en bas à droite 29,5 x 49 cm
20
1930 Gouache et crayon gras sur papier, signée, titrée et datée en bas, à gauche 29,5 x 19,5 cm 21
«Les temps futurs» 1930 Huile et tempera sur papier timbre à sec en bas à droite, titré et daté «X.30»en bas à gauche 11 x 17,5 cm 22
«Chorégraphie végétale»
Expositions : - 2002-2003 Rétrospective Jean Peyrissac, Musée Henri-Martin, Cahors; Musée des BeauxArts et de la Dentelle, Calais; Musée André Malraux, Le Havre
1930 Gouache sur papier timbre à sec en bas à droite, titré et daté «Octobre 1930» en bas à gauche 18 x 19,5 cm 23
Gouache surréaliste
Composition surréaliste
vers 1931 Gouache, crayon gras et mine de plomb sur papier timbre à sec en bas à droite 9 x 12,5 cm
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1933 Goauche, crayon graset mine de plomb sur papier signé et daté «XII 33» en bas à gauche 18 x 20,3 cm
25
Composition surréaliste 1933 Gouache et crayons de couleurs sur papier signé et daté «V. 33» en bas à droite 24,4 x 31,3 cm
26
Expositions : -2002-2003 Rétrospective Jean Peyrissac, Musée Henri-Martin, Cahors; Musée des BeauxArts et de la Dentelle, Calais; Musée André Malraux, Le Havre
Composition vers 1935 Gouache et crayon gras sur papier timbre à sec en bas à droite 24,5 x 31,5 cm
27
Composition abstraite
Composition abstraite
1933 Gouache sur papier signé et daté «J.P. IX.33» 14,6 x 15,8 cm
vers 1931 Gouache, encre et crayons sur papier signé en bas à droite 19,7 x 16,4 cm
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29
Composition abstraite
Composition abstraite
vers 1930 Gouache sur papier timbre à sec en haut à droite 22 x 29,5 cm
vers 1930 Gouache sur papier signé en bas à droite 29,5 x 23 cm
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Composition
Composition
vers 1932 Gouache sur papier timbre à sec en bas à droite 48 x 31,5 cm
vers 1930 Pastel sur papier timbre à sec et signé en bas à droite 49 x 38,1 cm
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Etude pour une sculpture vers 1955 Gouache et crayon timbre à sec en bas à droite 147 x 102 cm
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Expositions : - 1948 Galerie Maeght, Paris - 1948 Salon des Réalités Nouvelles -1949 la Maison de la Pensée Française, Alger - 2014 exposition André Breton, Musée Henri Martin,Cahors Bibliographie : - Derrière le Miroir, n°3, Galerie Maeght, Paris, mars 1948 - Le Courrier des Arts et des Lettres, 23 juillet 1948 35
La danse 1947 Acier, bois, laiton,marbre brut 150 x 36 cm
Etude pour une sculpture
Equilibre statique
Expositions : 2002-2003, Rétrospective Jean Peyrissac, Musée de Cahors, Cahors ; Musée André Malraux, Le Havre
vers 1950 Crayons gras et fusain timbre à sec en bas à droite 75 x 51 cm
vers 1957 Fer forgé 54 x 27 cm
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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout particulièrement Madame Stéphanie Peyrissac Fauconnier, et également Madame Mabé Fenwick, Madame Annie Peyrissac, Madame Nathalie Peyrissac, Madame Tatiana Delmer, Madame Caroline Peyrissac, Monsieur Alexis Peyrissac et Monsieur Martin Imbert, ainsi que tous ceux qui m’ont encouragé et aidé : madame Celia de Boisanger, Monsieur Bruno Graziani, Monsieur et Madame Alain Jouquey, Mademoiselle Carole Joyau, Madame Elisabeth Maréchaux, Madame Philippe Maréchaux Je tiens également à remercier mes restaurateurs et encadreurs pour leur efficacité. Je souhaite enfin remercier Madame Caroline Jouquey-Graziani pour la conception et la mise en page du catalogue. Antoine Laurentin
Equilibre statique vers 1957 Fer forgé
© Adagp, Paris 2017 pour les oeuvres de Jean Peyrissac ISBN 2-911191-48-X
21 x 60 cm
Dépot légal janvier 2017 38
Galerie ANTOINE LAURENTIN 23, quai Voltaire - 75007 Paris Tel : +33 (0)1 42 97 43 42
E-mail : contact@galerie-laurentin.com site : www.galerie-laurentin.com