PRESSE - La libre Belgique

Page 1

Kikie Crêvecœur joue avec les lignes et les couleurs au Salon d’Art. PP.4-5

Foire Artissima à Turin propose cinq expos dans des lieux prestigieux de la ville. P.15

Le marché Belle récolte au mois d’octobre pour la Galerie Moderne. PP.10-11

ADOLESCENCE

SECRÈTE

PP.2-3

FRANÇOISE PÉTROVITCH, « CAGE », VERRE SOUFFLÉ ET ARGENTURE, PRODUCTION MANUFACTURE CIAV, MEISENTHAL ; ET « PAYSAGE À L’ESTOMAC », HUILE SUR TOILE, 160 X 130, 2013./ COURTESY GAL. LAURENTIN, BRUXELLES

Supplément à La Libre Belgique - N°206 - Semaine du 31 octobre au 7 novembre 2013

Expo en vue

© S.A. IPM 2013. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.


L'actu

2 Commentaire

Question de choix, de liberté

SEMAINE DU 31 OCTOBRE AU 7 NOVEMBRE 2013 ARTS LIBRE

l Expo en vue

L’enfance en ses am existentielles

Par Roger Pierre Turine

COURTESY GAL. LAURENTIN, BRUXELLES

Le métier de critique n’est pas de tout repos ! Pas question de plaindre qui que ce soit, de regretter ceci ou cela. C’est un métier formidable et ceci n’a rien à voir avec Stromae. Un métier choisi, espéré depuis l’adolescence, quand l’art soudain vous titille ménin­ ges et engouements, vous bouleverse, vous fait voir la vie autrement. Pas franchi, le critique se retrouve en terre d’élection, connaissances accumulées, visites d’expos et d’ateliers engrangées. D’afficionado, le voilà devenu profes­ sionnel, passeur, transmetteur, rappor­ teur de faits et d’histoires, biographe parfois, essayiste qui sait, critique enfin. Qu’est­ce à dire ? Simplement, et modestement d’ailleurs, que, privilégié car au cœur du débat et des exploits des artistes, il est de ceux par lesquels les artistes se retrouvent en veine (ce n’est pas la seule voie) d’être décou­ verts, appréciés, reconnus. En veine de voir leurs œuvres mieux valorisées et vendues que si personne n’en parlait. Revers de la médaille, pas toujours plaisant à entendre, mais n’est­ce pas la règle du jeu de toute action publique, et l’art n’y échappe pas, la critique peut ne pas encenser. Elle peut égratigner, faire savoir ce que l’artiste aimerait mieux ne pas entendre. C’est son de­ voir ! À quoi bon une critique toujours laudative ? Certes, la place lui étant comptée dans un journal qui doit rendre compte de tout ce qui fait la vie, le critique choisira souvent de parler de travaux qui ont ses faveurs, tout en ne négligeant jamais l’éclectisme des choix, la diversité nécessaire dans les œuvres à commenter. Et il lui arrivera de descendre en flamme une exposi­ tion sujette à caution, une autre ven­ due comme tarte à la crème, trop vulgarisée indûment. Parfois, il mettra le doigt sur des redites, des influences trop évidentes. Il y va de sa crédibilité. Comment alors le critique ne regrette­ rait­il pas que des artistes, des galeries, en première loge pour quémander son soutien, soient moins prompts à le remercier d’un simple sms, après coup. Voire l’oubli par certains qu’en toute critique, il y a du positif, qu’une remar­ que justifiée n’est point faite pour détruire. Elle doit aider le créateur à avancer, à puiser au fond de ses res­ sources pour surprendre critique et public à la prochaine occasion. La critique doit être indépendante et libre. Avis et non pas spot publicitaire gratuit !

Françoise Pétrovitch, “Twins”, 2012, lavis d’encre sur papier, 159,5 X 121,5 cm. A droite, Françoise Pétrovitch, “Ne bouge pas poupée”, 2007, verre soufflé et argenture, 80 cm, production Manufacture CIAV, Meisenthal.

© S.A. IPM 2013. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.


L'actu

SEMAINE DU 31 OCTOBRE AU 7 NOVEMBRE 2013 ARTS LIBRE

3

biguïtés h En un doublé Bruxelles­Bordeaux

BIEN QUE DISCRÈTES, SES PRÉSENCES en expos en Belgi­ que ont été remarquées, que ce soit au Grand­Hornu Image, au Centre de la Gravure à La Louvière ou encore à Linéart à Gand, car son œuvre, en une poétique généralement tournée vers l’enfance, trouble et séduit en même temps. La voici en solo à Bruxelles offrant la gamme la plus large possible de son travail tandis qu’une autre série de lavis d’encre et une ins­ tallation avec vidéo numérique sont à voir à Bordeaux à l’Ins­ titut Bernard Magrez. Pour l’artiste française Françoise Pé­ trovitch, un doublé de choix qui donne l’occasion de faire ample connaissance avec cette œuvre à la fois raffinée, déli­ cate, fragile, attirante et dérangeante. Les portraits de fillettes, plus récemment de jeunes gar­ çons, paraissent toujours issus d’un récit dont on ne sait rien mais dont on devine qu’il se situe quelque part, dans un es­ pace imaginaire entre le rêve, le désir, les contes et légendes et une dose de réalité. L’artiste, dans la légèreté de lavis d’en­ cre en noir et grisaille, voire en rouge ardent et sensuel, pénè­ tre ainsi dans l’univers intime de ces êtres en devenir, un peu égarés dans une adolescence qui les rattache autant à l’en­ fance qu’ils ne sont attirés par ce monde des adultes qu’ils ne maîtrisent pas encore. La série de lavis exposée à Bordeaux présente de jeunes garçons dont apparaît, tel un vêtement en surimpression, le squelette du torse et des bras alors que les visages affichent tendresse et intériorité, le tout baigné dans un fond vapo­ reux légèrement teinté de tonalités diaphanes créant un cli­ mat plus onirique que réel. Ambiance qui se diffuse d’ailleurs dans l’ensemble des œuvres sur papier grâce à la fluidité tout aquatique de la technique qui imprègne le support et s’y ré­ pand à la manière d’un nuage. En contrepoint une vidéo d’images successives qui se reflètent dans un bassin d’eau, laisse poindre chez les jeunes filles une certaine tension mé­ lancolique, voire dramatique, traduisant un sentiment am­ bigu à la fois d’introversion et de mal­être existentiel. L’œuvre en son entier, des poupées aux dernières huiles sur toiles, une nouveauté dans son parcours, se situe d’ailleurs constamment dans des entre­deux. Ceux de l’enfance et de ses jeux jamais innocents, de l’adolescence et de ses affres de l’identité, d’un devenir adulte qui se manifeste dans les toiles à travers la rencontre de l’autre. Dans tous les cas de figure, la blessure intérieure, une part cruelle ou violente, tendre ou mélancolique; une forme de mutisme et de solitude, un cer­ tain goût du plaisir, une aspiration à être soi, soit une gamme infinie d’attitudes en équilibre précaire. Elle se manifeste par des touches délicates, des déguisements, des masques, des replis sur soi, des ombres noires, des pointes de rouges, des zones de blancheur épargnées et donc vierges, des ardeurs chromatiques puissantes, des moments de pure poésie dans l’attention portée à un oiseau, dans l’ébauche d’un sourire ou dans l’évocation d’un paisible bonhomme de neige aussi éphémère que ce temps de la transition entre le monde de la prime jeunesse et celui des engagements de vie. En lavis multicolores ou en sculptures de verre soufflé avec zones d’argentures où l’on passe de la transparence et du vide aux reflets inévitables et à l’opacité en des symboliques multiples, les poupées, à la fois jouets et êtres parfois mutilés, souvent accompagnées d’animaux, sont les expressions les plus en tension et parmi les plus touchantes entre séduction et malaise. Claude Lorent

COURTESY GAL. LAURENTIN, BRUXELLES

d’expos en solo, l’artiste française Françoise Pétrovitch porte l’émotion à fleur de peau à travers lavis et sculptures évoquant les âges d’entre deux.

“Il n’y a jamais une seule chose sur un dessin. C’est toujours une relation double […] Une relation d’ombres et de figures.” Françoise Pétrovitch Publications Françoise Pétrovitch. Catalogue. Texte (Fr, Ang) : Après. Réflexion sur les dessins de Françoise Pétrovitch, par l’écrivaine franco-canadienne Nancy Huston. 80 p., ill. coul., biographie. Ed. Laurentin Gallery, Bruxelles. Françoise Pétrovitch. Échos. Catalogue. Co-édition Ensba-Ecole des Beaux-Arts Paris et Bernard Magrez Bordeaux

Infos pratiques Françoise Pétrovitch. Œuvres de 2006 à 2013, lavis, huiles et sculptures. Galerie Laurentin, rue Ernest Allard, 43, 1000 Bruxelles. Jusqu’au 29 novembre. Du mardi au samedi, de 10h30 à 18h30. Françoise Pétrovitch. Échos. Lavis, sculptures et vidéos, 2007 – 2013. Institut culturel Bernard Magrez, château Labottière, 16 rue de Tivoli, 33000 Bordeaux. Jusqu’au 26 janvier. Du mercredi au dimanche de 14h à 19h.

Bio express Française, née à Chambéry en 1964, Françoise Pétrovitch vit à Cachan en banlieue parisienne. Le dessin (lavis d’encre) est sa technique favorite mais loin d’être exclusive puisqu’elle pratique également la sculpture en verre et en céramique, la vidéo, la peinture à l’huile et l’édition. Elle expose régulièrement depuis 2002, collectivement en centres d’art, musées et galeries en France et à l’étranger (Djakarta, Cologne, Luxembourg, Belgique, Brésil…); en solo en galeries françaises et à New York, Berlin, Tokyo, Rome… Ce solo est sa première expo personnelle en Belgique.

© S.A. IPM 2013. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.