RENTRÉE LITTÉRAIRE 2015
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Petit guide de référence à l’usage du lecteur curieux
le chef-d’œuvre de l’auteur de
Vol au-dessus d’un nid de coucou
S
Magistral roman du défi que cette Grande idée qui, d’un bout à l’autre, grise et emporte le lecteur.
• Macha Séry, Le Monde
Roman spectaculaire et inoubliable, à la verve diabolique.
• Juliette Einhorn, Le Magazine Littéraire
On en ressort lessivé mais euphorique, comme nettoyé de tant de lectures médiocres. Inutile de chercher plus loin le livre de la rentrée.
• Alain Léauthier, Marianne
S e t qu e lqu e f o i s j ’ a i co m m e
u n e g r a n d e i d é e d e k e n k e s ey monsieur toussaint louverture
ÉDITORIAL
LIRE
n’est pas un acte solitaire !
D
ans la lecture, il y a en premier lieu un échange, une conversation, entre un écrivain et un lecteur. L’un n’existerait pas sans l’autre, et
réciproquement. Mais la lecture est aussi un partage. Car qu’y a-t-il de plus beau que de faire vivre à d’autres ce moment de joie, d’émotion, de frisson, que l’on vient de ressentir en lisant un livre ? Or, ce partage a son moment – précieux, fragile, trop court, mais régulier – : la rentrée littéraire. C’est une période privilégiée, qui fait partie de notre exception culturelle, où le partage des lectures est mis à l’honneur. Prenons soin de ce moment. Pour vous permettre de le vivre pleinement, les libraires de tous les rayons de notre réseau se sont réunis pour lire, choisir, et chroniquer, pour vous, ce qu’ils considèrent comme le meilleur de cette rentrée littéraire. Pour qu’ensemble, nous puissions partager et échanger sans doute les plus belles émotions de lecture de l’année. Jean-Michel BLANC Librairie RAVY à Quimper, Président du groupement
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SOMMAIRE
Éditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3 Rentrée littéraire : trouver sa place. . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5 Romans français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 Premiers romans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 59 Romans étrangers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 87 Essais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109 Index des auteurs cités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 114
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Constructions littéraires
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n littérature, tout est affaire de construction. Il y a celle, formelle, du roman, avec son commencement, sa fin, son nœud central et ses rebondissements. Mais rentre aussi en ligne de compte, et en France sans doute plus qu’ailleurs, car les romans français sont plus que tout autre écrit à partir de l’expérience, de l’intime, la construction de l’auteur. Sa construction en tant qu’homme ou femme, et en tant qu’écrivain. La construction : un thème universel, car tout est apprentissage et initiation, surtout dans les livres. Mais en cette rentrée littéraire 2015 particulièrement, les auteurs semblent avoir pris en compte les failles de leur enfance. Ils n’en ont pas fait le deuil, ils ne se sont pas construits malgré leurs blessures passées, mais avec elles, les acceptant, comme une cicatrice fait partie intégrante d’un corps. On pense, bien sûr, à Sorj Chalandon, qui nous parle pour la première fois ouvertement de cette terrible figure paternelle qui est la sienne, dans Profession du père, et qui, avec tous ses défauts, lui a permis d’être ce qu’il est. On pense aussi à Christine Angot, qui s’interroge sur ses relations avec sa mère dans Un amour impossible. Anne-Marie Garat nous ramène à nos origines dans La Source, Toni Morrison démontre qu’il faut accepter la faute originelle pour avancer, Jean Hatzfeld nous raconte comment la nouvelle génération rwandaise vit avec le génocide qui a secoué leurs propres parents… Plus encore, l’histoire collective semble cette année comme acceptée, digérée. On lève les tabous en parlant de Tchernobyl, tel Darragh McKeon, de l’amour dans les camps, avec Martin Amis, de la cohabitation entre population et troupes en Afghanistan, dans Une Antigone à Kandahar… Car tout est chemin. L’arrivée dans l’âge adulte, la route que suit un héros, l’acceptation de soi et de l’autre, le parcours d’un écrivain, celui, intellectuel, que fait le lecteur en suivant le fil d’une histoire. Ces chemins sont parfois longs, tortueux, on s’y perd, on n’arrive pas là où on s’attendait… mais n’est-ce pas justement ce qui fait le charme d’une balade ?
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Les plus grands prix de la rentrĂŠe littĂŠraire 2014,
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maintenant en poche chez
ROMANS FRANÇAIS
Un amour impossible Christine Angot Le livre de ma mère Au début des années 1950 à Châteauroux, naît un amour fragile : celui de Pierre et Rachel, les parents de Christine Angot. Issus de classes sociales différentes - Rachel travaille à la Sécurité Sociale, Pierre est fils du directeur de Michelin - différents - elle très jolie, solitaire, il est érudit, avide de liberté -, ces deux êtres n’étaient a priori pas faits pour être ensemble, mais se sont aimés. Pierre refusera d’épouser Rachel, et quand cette dernière tombera enceinte, elle le quittera sans un mot. Pierre ne verra sa fille que rarement, mais la violera régulièrement. Rachel ne l’apprendra que longtemps plus tard et en sera détruite. Si ce roman de soi n’est pas un ouvrage sur ses parents mais sur sa mère, il était primordial pour Christine Angot de replacer sa naissance et sa relation avec la femme qui l’a élevée. De dire, enfin, qu’elle est le fruit d’un amour, et non d’une erreur. Car c’est à partir de cette scène inaugurale que l’auteur comme la fille pourra partir à la recherche de la vérité, explorer son lien avec sa mère dans la durée. Dans
une langue épurée, polie comme un galet, elle part en quête d’un savoir universel sur l’amour entre mère et fille, malgré tout. >>Flammarion - 224 pages - 18 €
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Otages intimes Jeanne Benameur Le long chemin vers la liberté Étienne, photographe grand reporter, vient d’être libéré d’une longue captivité. L’ancien otage, meurtri dans son âme et son corps et peut-être pour atténuer le vertige qui s’est emparé de lui, revient dans son village natal où l’attendent sa mère et ses deux meilleurs amis d’enfance. C’est ici qu’il tente de se reconstruire. Retrouver un sens, renouer avec le langage, mettre des mots sur ses émotions. Mais Étienne n’est pas le seul otage dans cette histoire : les autres personnages montrent une grande vulnérabilité quant aux sentiments qui les lient. Ils ont connu l’attente, eux aussi, et se heurtent au silence. Dans ce magnifique roman, où chaque phrase a une portée essentielle et donne matière à réflexion, Jeanne Benameur analyse avec délicatesse et empathie les répercussions de ce statut d’otage sur l’entourage. Elle rend les personnages
infiniment proches du lecteur et interroge sur les liens qui les enchaînent. Ce nouvel opus est une ode à la vie, à la liberté avec toutes les difficultés qu’elle peut susciter. >>Actes Sud - 208 pages - 18,80 €
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La Septième fonction du langage Laurent Binet Intrigue structuraliste Et si l’accident qui tua Roland Barthes, renversé par une camionnette en 1980, n’en était pas un ? Tel est le point de départ du roman d’aventures aussi intellectuelles que policières de Laurent Binet. Car tout porte à croire que Barthes portait sur lui un document secret écrit de la main de Jakobson, intitulé La septième fonction du langage, qui permettrait à quiconque le lit de convaincre n’importe qui à propos de n’importe quoi. Le vieux commissaire Bayard, chargé de l’enquête, s’adjoint pour l’aider à comprendre ce charabia les services de Simon Herzog, un jeune sémiologue. Commence alors un jeu de piste passionnant et drôle, dont le plateau n’est autre que notre grande histoire et dans lequel évoluent les plus grands intellectuels de la fin du siècle : Derrida, Foucault, Hervé Guibert, Julia Kristeva ou
encore Gilles Deleuze et où il sera question d’une société secrète, le Logos Club. Oscillant entre réalité et fiction, aussi inclassable que magistral, ce roman construit comme une intrigue policière est aussi un vibrant hommage, tout en malice, à cette génération de grands penseurs qui s’éteint peu à peu irrémédiablement. >>Grasset - 496 pages - 22 € S’il n’en restait que
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Je ne veux pas d’une passion Diane Brasseur Une femme, un homme, un père Une femme vient d’être quittée par son amant. Il part, elle reste encore un peu dans le bistrot où ils se sont retrouvés pour la dernière fois. Elle a besoin de réfléchir, de faire le point. Elle revit pour tenter de les comprendre les derniers mois de leur relation amoureuse. Mais en filigrane, puis en parallèle, c’est son histoire d’amour avec son père qui surgit. Un lien fusionnel vécu à côté de sa vie amoureuse, mais qui sans doute a pris trop de place, s’est superposé sans qu’elle s’en rende compte à cette relation-là, l’a gênée. Peut-être même l’a-t-il empêchée d’exister. Mais est-il possible de comparer deux amours qui ne se comparent ordinairement pas ?
Après Les Fidélités, où un homme s’impose de choisir entre sa femme et sa maîtresse, Diane Brasseur continue d’explorer le thème de la triangulaire amoureuse, mais ici d’une façon plus intime, plus dérangeante, plus analytique. >>Allary - 250 pages - 17,90 €
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Profession du père Sorj Chalandon Mon père ce mytho… 1961, Émile a douze ans et ne connaît pas le métier de son père. Celui-ci est tour à tour agent secret, pasteur pentecôtiste, fondateur des Compagnons de la chanson, cycliste professionnel… Il est aussi ami et conseiller du général de Gaulle, mais quand celui-ci le trahit en déclarant l’indépendance de l’Algérie, il n’a pas le choix, il doit tuer de Gaulle au nom de l’OAS et Émile doit l’aider. Émile reçoit depuis sa plus tendre enfance une formation de soldat : réveils nocturnes, entraînement dans le froid, privation de nourriture, coups, placard de correction… On l’aura compris, l’enfant, grandit sous le joug d’un père violent, mythomane et reclus dans ses délires hallucinatoires. Sa mère fataliste, inconsciente ou trop manipulée, ne saura le protéger. Mais l’amour d’un enfant pour son père est inconditionnel. Sorj Chalandon s’attaque à ses vieux démons. La figure du père qu’on retrouvait en filigrane dans ses autres romans est ici abordée de plein fouet. Il tente de panser des blessures jamais cicatrisées et nous livre une lecture éprouvante, poignante, dont il est impossible de sortir indemne. Un
roman magnifiquement terrible. >>Grasset - 320 pages - 19 €
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Une forêt d’arbres creux Antoine Choplin Dessiner pour témoigner Terezin : un camp ghetto où étaient enfermés pendant la guerre ingénieurs, architectes, scientifiques, tous les Juifs susceptibles d’être utiles aux nazis. Un camp vitrine, visité par la Croix rouge, qui venait s’assurer des bonnes conditions de vie des prisonniers. Quand Bedrich y est enfermé, avec sa femme et leur bébé, il est affecté à l’atelier de dessin. Une grande pièce calme, qui pourrait apparaître comme un havre de paix hors de l’horreur du camp si les détenus n’étaient obligés de dessiner les plans de l’enceinte ou du four crématoire. Jusqu’à ce que l’un d’eux dessine un jour une scène de leur vie quotidienne. D’autres dessins viendront, soigneusement cachés et destinés à être transmis à la Croix Rouge… En une centaine de pages, Antoine Choplin déploie toute la délicatesse nécessaire pour raconter cette histoire tirée d’un fait historique comme s’il esquissait à la manière japonaise la sombre vie de Bedrich Fritta, qui paya de sa vie sa volonté de raconter son expérience. Sans y toucher, avec un respect
infini, il décrit par petites touches les moments les plus durs comme les plus lumineux du ghetto. Un petit bijou ciselé, pur, d’une magnifique simplicité. >>La Fosse aux Ours - 120 pages - 16 €
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Ce cœur changeant Agnès Desarthe Destin d’une femme libre Rose Mathissen est une enfant du XXe siècle. Quittant la riche demeure familiale, au Danemark, à l’âge de dix-sept ans, elle échoue dans les bas-fonds parisiens, passant d’une fumerie d’opium à un appartement de la rue Delambre qu’elle partage avec Louise, la femme qu’elle aime. Moderne avant l’âge, elle se fait rattraper par les événements qui marqueront la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère, dont l’Affaire Dreyfus constitue la première pierre. Puis viennent la Grande Guerre, les Années folles, la vie de bohème chic et légère. Rose recueille une petite orpheline qui deviendra sa fille. Le chemin est long pour se découvrir et se trouver vraiment. Entre le Danemark, la France et l’Afrique, la vie de Rose est un voyage tourbillonnant qui la ramènera chez elle, c’est-àdire à elle-même. Agnès Desarthe joue avec le chatoiement des mots, rendant la langue tantôt soie, tantôt velours, pour décrire tout un pan de notre histoire à travers un destin de femme inoubliable, guidé par des choix inéluctables. Mais ce sont bien nos choix qui nous permettent de tracer notre chemin. >>Éditions de l’Olivier - 336 pages - 19,50 €
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Quand le diable sortit de la salle de bain Sophie Divry Les malheurs d’une Sophie moderne Sophie est une jeune chômeuse de longue durée qui vit précairement dans un studio lyonnais. Entre l’écriture de son roman qui n’avance pas, son ami saxophoniste et ses conseils loufoques et Lorchus, son démon personnel, elle tente de survivre, recherchant un emploi, sautant un repas par-ci, vendant un grille-pain sur Le Bon Coin par-là, pauvre, mais pas malheureuse. Loin de la chronique lourde d’une vie de pauvre, cet ouvrage est au contraire complètement déjanté. Drôle,
un peu foutraque, fourmillant de conseils pour tromper la faim, manger dans le train sans se ruiner, savoir observer le plafond… Sophie Divry signe un roman très différent de La Condition pavillonnaire, avec lequel elle s’est fait connaître, plein d’humour mais non dénué d’une dimension politique dans l'évocation des conditions de précarité chez les jeunes de tout bord. >>Noir sur Blanc, coll. Notabilia - 320 pages - 18 €
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Boussole Mathias Énard Nuit d’Orient Le temps d’une nuit d’insomnie, le musicologue viennois Franz Ritter revient sur tout ce qui le relie à l’Orient. Il revoit et revit, en un long songe éveillé, les aventures qui l’ont amené d’Istanbul à Damas, du désert à l’Iran, auprès d’archéologues enfiévrés et de fumeurs d’opium. Auprès de Sarah, surtout, son grand amour, la plus passionnée des orientalistes. Car l’Orient, on le vit, mais on l’étudie aussi. Les souvenirs de Ritter sont aussi de grands débats philologiques, des rencontres universitaires. Et Mathias Énard, en grand érudit, émaille cette longue nuit blanche de poésie arabe, de citations de tous ces Occidentaux qui ont aimé, rêvé, tenté de comprendre cet ailleurs, qui l’ont teinté d’exotisme : Thomas Mann, Pessoa, Liszt… Les secondes, les minutes de veille s’égrènent, et l’on ne se lasse pas d’écouter. Comme un conte moderne des Mille et une Nuits, grandiose d’ambition, l’auteur nous emporte dans cet amour de l’Orient, dans ce désir d’aventure et de
découverte, nous y guide comme l’étoile du Berger. >>Actes Sud - 400 pages - 21,80 €
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Mémoires d’outre-mer Michaël Ferrier Morceau flottant d’histoire de France Écrivain de l’ailleurs, auteur de Tokyo et de Fukushima, mais aussi de l’identité française et de ses contours flous avec Sympathie pour le fantôme, Michaël Ferrier noue ses deux thèmes de prédilection en se penchant sur ses propres origines. C’est à Madagascar qu’il pose ses bagages et part à la recherche de l’histoire de son grand-père Maxime, acrobate mauricien dans un cirque itinérant. Michaël Ferrier s’attendait-il à y croiser la Grande Histoire en remontant le fil de la sienne ? C’est tout un pan méconnu du passé nazi qu’il découvre en effet, celui du plan Madagascar, projet visant à transformer l’île en camp de concentration géant. Colonisation, guerre, indépendance, la politique traverse l’existence de Maxime, cet homme singulier car pas tout à fait malgache, plongeant son petit-fils écrivain dans une réflexion sur l’identité française d’outre-mer, plus complexe, plus violente, mais tout aussi réelle. >>Gallimard, coll. L’Infini - 352 pages - 21 €
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La Source Anne-Marie Garat Une histoire sur laquelle on vogue Venue compulser les archives d’un petit village de FrancheComté, une jeune universitaire se voit offrir le gîte par Lottie, nonagénaire régnant seule sur l’extravagant domaine des Ardennes. Soir après soir, la langue de Lottie se dénoue pour prendre la forme d’un flot de souvenirs. En 1904, la jeune Lottie, douze ans, est embauchée aux Ardennes pour s’occuper d’un bébé : une orpheline amérindienne du nom d’Onayepa, ramenée par le propriétaire d’une expédition dans le Yukon. Peu à peu, la vieille dame remonte à la source. Car c’est à cette même source que souhaite remonter la narratrice, venue en réalité comprendre les origines de cette petite fille recueillie, le comment des choses. Car la source, comme l’histoire, est bien plus qu’un commencement : enfermée à l’intérieur des êtres, de la terre, des arbres, elle est une vérité qui cherche à jaillir.
Dans une langue surannée née de la campagne au début du siècle, Anne-Marie Garat déploie un roman à la Giono qui serpente le long du chemin, gonfle comme un fleuve, se nourrit des affluents des histoires entremêlées pour devenir un torrent romanesque qui nous régale du début à la fin. >>Actes Sud - 384 pages - 21,80 €
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7 Tristan Garcia Une comédie humaine en sept facettes Ce recueil de nouvelles à la croisée des genres ne dénoterait pas dans un rayon de science-fiction. Sept histoires autour du temps qui nous entraînent d’un monde où toutes les minorités sont parquées volontairement dans des enclos à une drogue qui nous fait retourner à l’âge souhaité, de la musique universelle à la beauté ultime. Dans ces sept petits romans, indépendants en apparence mais tous reliés par le fil d’or du temps –celui d’avant qui était mieux, celui d’ailleurs, celui, figé, de la religion – Tristan Garcia nous parle de condition moderne, et tisse la fresque d’une humanité qui préfère les histoires à la réalité, et qui se repasse l’immortalité en boucle. Dans une langue réaliste, moderne, il établit un petit cabinet de curiosités imaginaires dont l’étrangeté nous paraît paradoxalement familière. >>Gallimard - 352 pages - 22 €
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La Clef sous la porte Pascale Gautier La pleine force de l’âge Avec une nouvelle pléiade de personnages aussi emblématiques que drôles, Pascale Gautier poursuit son étude sociologique de la tranche d’âge vieillissante inaugurée avec Les Vieilles, en s’attaquant aujourd’hui aux quinquagénaires. Ils sont un peu essoufflés, tel José qui ne décolle pas de sa télévision, un peu revenus de tout, tel Ferdinand qui a du mal à reconnaître la femme et la fille qui partagent son pavillon de banlieue et qui sont pourtant les siennes, un peu en prise avec des parents vieillissants, tel Auguste, qui transporte chaque année les plantes parentales au soleil, ou Agnès, dont la mère ne finit pas de mourir. Entre fin de carrière et préretraite, ces nouveaux seniors ne se reconnaissent pas toujours dans le monde qui les entoure. Aigreur ? Fatigue ?
Envie de mettre la clef sous la porte et de recommencer une nouvelle vie ? L’auteur croque avec humour ces jeunes vieux plus tout à fait dans l’air du temps, mais qui n’en finissent pas de se dire qu’un autre avenir est possible. Tant qu’il y a de l’espoir… >>Joëlle Losfeld - 192 pages - 16,50 €
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Nous serons des héros Brigitte Giraud De la difficulté de devenir un homme Fuyant le nouveau régime de Salazar, au Portugal, Olivio et sa mère s’installent dans une cité de la banlieue lyonnaise, au début des années 1970. Max, le nouveau compagnon de sa mère, les accueille chez lui. Mais la cohabitation entre ce rapatrié d’Algérie et l’adolescent fragile est complexe. Max accepte mal le manque de virilité d’Olivio, ni d’ailleurs son nouvel ami, Ahmed, d’origine algérienne. Entre Olivio et Ahmed se noue une amitié amoureuse sous-tendue de violence, de jeux de torture. Mais la révolution portugaise gronde. Sera-t-il bientôt temps de rentrer au pays ? Dans un contexte politique instable, dans cette cité où les origines se mélangent, Brigitte Giraud nous parle du tabou que peut constituer la reconstruction de soi : qu’estce qu’avoir un chez-soi ? Où est-on chez soi ? Se sent-on à la maison dans le pays qui nous accueille ou dans celui que nous avons laissé derrière nous ? Elle décrit avec une grande justesse la recherche de l’identité inhérente à l’adolescence, d’autant plus complexe lorsqu’on est exilé, que l’on se pressent homosexuel, tandis que notre père est mort en héros. >>Stock - 198 pages - 17,50 €
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L’Inconstance des démons Eugène Green Polar basque métaphysique Né dans une famille bascophone de Bayonne, Nikolau Aztera a tout pour être heureux : jeune neurologue, il s’est installé à Saint-Jean-de-Luz avec sa femme et son fils. Tous deux, l’un après l’autre, vont quitter sa vie. Son fils en disparaissant, sa femme en mourant. Nikolau abandonne tout pour devenir antiquaire de livres à Ossès, en Basse-Navarre, tentant d’exclure le passé de sa vie. Jusqu’à ce qu’un jour, une dame vienne le voir pour lui demander d’aider son fils, qui entre régulièrement dans une transe mystérieuse, semblant parler un basque ancien. À travers cette enquête métaphysique qu’il enveloppe d’une atmosphère étrange mêlée de superstitions, de magie et de possessions, Eugène Green fait resurgir un pan entier du passé basque, fait de violence et de torture. Il mâtine la culture basque d’une dimension spirituelle, voire mystique, où se combattent le Mal et la Grâce. Car la beauté du monde ne peut être perçue si on n’accepte pas l’histoire personnelle et commune qui nous a forgés. >>Robert Laffont - 234 pages - 18 €
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Ma / Corps désirable Hubert Haddad Désirs et apaisements Comme deux facettes de sa personnalité, l’écrivain Hubert Haddad nous donne à lire, en cette rentrée littéraire, non pas un, mais deux romans, aussi liés entre eux que diamétralement opposés dans les sujets. Ma nous fait partir au Japon, sur la voie du détachement. Grâce à sa relation fulgurante avec Saori, une universitaire passionnée par le grand haïkiste Santoka, et dont il porte encore en lui l’amour, Shoichi s’initie peu à peu à l’art du haïku, marchant dans les pas de Basho et de Saigyo, soignant ses blessures sentimentales à l’aide de ces poèmes japonais. Corps désirable nous transpose dans la tête de Cédric AllynWeberson, journaliste devenu paralytique qui s’apprête à subir une greffe de corps ! Ainsi pourra-t-il vivre à nouveau sa passion pour Lorna ? Désirs, quête du plaisir et recherche de l’identité s’entrechoquent dans un suspense implacable. Amours charnelles dont on doit faire le deuil, quête d’apaisement des désirs, tels sont les thèmes qui resurgissent
dans ces deux romans, l’un japonais, l’autre occidental, portés par une écriture lumineuse qui fait de Hubert Haddad un véritable artiste. >>Zulma - Ma - 256 pages - 18 € - À paraître le 03/09/2015 Corps désirable : 176 pages - 16,50 €
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Un papa de sang Jean Hatzfeld Un génocide en héritage Dans ce cinquième livre écrit à Nyamata, Jean Hatzfeld revient sur le génocide qui a décimé le Rwanda. Mais ici, l’auteur ne s’attache plus aux combattants : ce sont sur leurs enfants qu’il porte son regard, les héritiers de ces hommes torturés, de ceux dont le sang n’a pas fini de sécher sur les mains. Ces jeunes qui tentent de vivre, malgré tout, de s’amuser, de renouer avec leurs voisins, alors que quelques années auparavant ils frôlaient la mort, se faisaient cracher dessus ou assistaient à la folie meurtrière de leurs aînés. Ces adolescents qui se fréquentent, sans jamais oublier tout à fait le passé, Jean Hatzfeld leur donne la parole. Le temps d’un chapitre, Immaculée, Idelphonse ou Fabrice se racontent, évoquent le lycée, les champs, le travail pour certains, la vie quotidienne. Ils témoignent à demi-mots, comme si cette guerre s’effaçait, comme s’il ne fallait pas souffler sur des braises encore chaudes, dans une langue française si poétique qui s’est colorée de nouvelles significations au fil du temps, cette oralité rythmée, cadencée, si belle. >>Gallimard - 272 pages - 19 €
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La Saison des Bijoux Éric Holder Sur les marchés de nos vacances Bruno et Jeanne vendent des bijoux fantaisie sur les marchés. Pour la saison, ils décident de quitter la vallée du Rhône pour la côte Atlantique et le marché de Carri où ils ont un emplacement réservé. C’est le plus grand marché de la région, plus de quatre cents emplacements, avec ses règles, ses habitudes, ses petits arrangements et un chef : Forgeaud, qui règne en maître et dicte sa loi. Très vite naissent les amitiés, les amours, mais aussi les jalousies. La beauté de Jeanne attise les convoitises et surtout celles de Forgeaud, habitué à tout obtenir d’un claquement de doigts. Mais les Bijoux, comme on les appelle, ne sont pas prêts à se laisser faire et font souffler un vent nouveau sur le marché. Éric Holder signe ici très beau roman sur les rencontres, l’amitié, l’entraide. Dans une écriture très imagée, il nous fait découvrir l’envers du décor, ce monde des camelots qui vivent quelques mois en vase clos tandis que les vacanciers déambulent. Grâce à des personnages attachants et à l’identité forte, mais aussi à cette ambiance si particulière, il nous offre un prolongement de l’été, un livre plein de lumière, de soleil, un vrai cadeau-souvenir ! >>Le Seuil - 320 pages - 18,50 €
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La Petite femelle Philippe Jaenada Victime, criminelle ou femme tout simplement ? Au mois d’octobre, Pauline Dubuisson assassinait son fiancé avant de tenter de se suicider. Secourue, puis arrêtée, elle sera jugée trois ans plus tard, lors d’un procès retentissant. Elle est jeune encore et très belle, mais son histoire est déjà tailladée d’épisodes horribles. En 1944, accusée d’avoir couché avec un officier allemand à Dunkerque, Pauline sera tondue publiquement et violée. Quel est donc le vrai visage de cette femme qui a fait couler tant d’encre, qui a inspiré Clouzot pour son film La Vérité ? Philippe Jaenada a mené une enquête minutieuse, extrêmement documentée, pour tenter de percer à jour cette mystérieuse criminelle, lui rendre justice et lui redonner cette aura d’humanité qui ne l’a jamais quittée et qui a exercé tant de fascination. On est littéralement happé par ce roman qui tout en avançant, nous dévoile la vraie Pauline Dubuisson. >>Julliard - 720 pages - 23 €
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Les Prépondérants Hédi Kaddour La naissance d’un monde nouveau Tandis qu’un vent de nouveauté souffle sur l’Occident en ces Années folles, le temps semble s’être suspendu à Nahbès, ville du Maghreb sous protectorat français. Entre les Prépondérants, notables blancs qui se réunissent pour évoquer futilement la supériorité de l’empire colonial, les quelques révoltes paysannes de l’autre côté de la ville, les rêves des uns contre la nostalgie des autres, le temps suit son cours jusqu’à l’arrivée d’une équipe hollywoodienne venue tourner un film. Le monde d’autrefois est sur le point d’exploser, entraînant dans un tourbillon les vies de Raouf, fils du caïd, Rania, grande lectrice assoiffée d’idéal, Kathryn, l’actrice émancipée et d’autres encore… De l’Afrique du Nord à la Californie en passant par Berlin, Hédi Kaddour nous fait voyager au cœur de la naissance d’un nouveau monde, où espoirs et rêves sont permis, font
voler en éclat l’immuable situation de la planète, métissent les cultures après tant d’années, au grand dam des rétrogrades de tous les bords. Une fresque rafraîchissante qui nous porte jusqu’aux dernières pages. >>Gallimard - 464 pages - 21 €
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La Dernière nuit du Raïs Yasmina Khadra Dans l’esprit de Khadafi Comment le dictateur lybien a-t-il vécu ses dernières heures ? Dans ce récit à la première personne, Yasmina Khadra réussit le tour de force de s’immiscer dans la tête du Raïs, en ce 19 octobre 2011. Caché dans une école à Syrte, sa ville natale, Khadafi attend son fils, qui devrait venir le libérer avec des renforts. Est-ce l’heure du bilan pour ce caïd qui avait, il y a peu, le peuple lybien et tous les hommes d’État du monde à ses pieds ? Sûrement pas, car cet orphelin, peut-être le bâtard d’un soldat corse, s’est nourri de revanche, de haine, de violence, maltraitant ses hommes – est-il d’ailleurs réellement protégé par eux ? –, méprisant les autres dictateurs déchus, se félicitant de ses victoires, qui ne sont que des écrasements, et de sa puissance mégalomaniaque. À l’arrivée de ses troupes, il est trop tard. Le Raïs se terre dans un égout jusqu’à ce qu’il y soit débusqué, puis atrocement lynché par son propre peuple. Dans une écriture tranchante, nourrie d’une froideur qui marquera le lecteur d’une façon indélébile, Yasmina Khadra nous décrit l’horreur brute de cette personnalité cynique mais brave, que des hommes blessés et fous ont fait taire avec un bâton tendu par les grandes puissances. >>Julliard - 216 pages - 18 €
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Chantiers Marie-Hélène Lafon Construction de petits riens Plus que dans n’importe quel autre de ses ouvrages, sans doute, Marie-Hélène Lafon se raconte ici. Cette enfant de paysans devenue docteur es lettres creuse dans des bribes de souvenirs, caresse des objets familiers, comme une paire de sabots, s’attache à d’anciennes expressions ou s’arrête sur un couplet de chanson populaire pour y puiser la matière de ce qui l’a construite. De cette enfance catholique et rurale, elle s’amuse. Tout dans sa plume est légèreté un brin nostalgique, sourires en coin, douceur. On se laisse prendre par cette musique apaisante comme si ses souvenirs, qu’elle laisse en chantier car c’est ainsi qu’ils nous parlent le mieux, étaient un peu les nôtres. Elle parle aussi des auteurs chers à son cœur,
ceux qui lui ont permis de se bâtir, comme Claude Simon et Flaubert. Un magnifique portrait en filigrane à travers le voile de moments, de lectures, de petits riens… l’essentiel d’une vie. >>Éditions des Busclats - 120 pages - 12 €
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Eva Simon Liberati Éternelle enfant-adulte Qui est cette Eva qui hante très discrètement les livres de Simon Liberati comme, enfant, elle hantait les boîtes de nuit parisiennes ? En retraçant sa rencontre avec cette créature presque mythologique, sûrement originelle, l’auteur revient sur sa vie avec son grand amour. À treize ans, lorsqu’il la croisa au Palace pour la première fois, maquillée et parée, Eva Ionesco était une femme-enfant, déjà. Posant nue dès cinq ans, dans des poses très crues, par amour pour sa mère Irina, photographe, Eva avait enjambé la barrière du monde adulte depuis longtemps. Simon la recroisera à l’aube de la quarantaine. Après une descente aux enfers pavée d’héroïne et d’épisodes de fragilité psychiatrique, Eva est restée cette même personne, éternelle Lolita, grandie mais toujours enfant, flirtant avec les interdits.
Cette Eva deviendra sa compagne, sa muse. Sous sa plume kaléidoscopique, elle prendra la forme d’un personnage de légende. Dans ce magnifique texte consacré à sa femme, Simon Liberati nous conte une formidable histoire de rédemption. >>Stock - 288 pages - 19,50 €
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Petit Piment Alain Mabanckou Les pérégrinations d’un orphelin de Pointe-Noire Abandonné bébé devant un orphelinat, enveloppé dans un drap blanc, Petit Piment sera nommé Moïse noir par Dieudonné Ngoulmoumako, le terrible directeur de l’institution, et devra son surnom à l’épice qu’il glissera dans le plat des jumeaux, ses bourreaux d’infortune. À la révolution, le pensionnat abandonnera ses habitudes catholiques pour un régime socialiste trop brutal. Il sera temps pour Petit Piment de s’enfuir et d’affronter la misère de la rue. Après Les Lumières de Pointe-Noire, Alain Mabanckou revient dans ce port qui l’a vu naître, sous le biais cette fois d’une fiction, un roman initiatique aux faux-airs de Dickens, où l’on retrouve toute la chaleur, l’authenticité du
Congo-Brazzaville. La ville est un personnage à part entière, grouillant de vie, de visages originaux et attachants dans toute leur duplicité, à l’instar de la maquerelle Maman Fiat 500, dont Petit Piment sera le jeune bras droit. Dans un style délicieux, il décrit la difficulté de devenir adulte dans un monde corrompu, impitoyable et plongé dans la pauvreté. Un livre qui toutefois porte en lui une incroyable luminosité. >>Le Seuil - 288 pages - 18,50 €
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Villa des femmes Charif Majdalani La guerre des femmes À la mort brutale de Skandar Hayek, riche propriétaire et homme d’affaire libanais, la tension monte entre les femmes qui l’entouraient. Sans cette autorité qui maintenait l’équilibre, Mado, sa sœur, Marie, son épouse et Karine, sa fille, se livrent une guerre ouverte et sans merci. Tandis que le chaos règne dans le domaine, la guerre éclate dans le reste du pays. Le conflit domestique est assiégé par un conflit armé. Il faudra lutter contre l’ennemi, dont la figure est éminemment masculine, aussi bien que contre les sien(ne)s. Leur seul espoir réside dans l’improbable retour du fils héritier, seul homme à pouvoir rétablir la paix dans la maison, mais qui préfère parcourir le vaste monde. Dans l’attente de la figure masculine, elles apprennent à faire sans lui, à se défendre. Dans une série de cercles concentriques qui évoquent des ronds dans l’eau – le monde des femmes enfermé par le monde des hommes, le conflit personnel dans le conflit armé – Charif Majdalani dessine la parabole d’une société patriarcale qui ne laisse aux femmes, des personnages forts qui nous habitent longtemps, que les miettes de la haine et de l’aigreur, sauf quand on leur laisse la possibilité
de lutter. >>Le Seuil - 288 pages - 18 € S’il n’en restait que
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La Terre qui penche Carole Martinez Entretien entre un fantôme et son âme Sous la forme d’un conte, Carole Martinez décrit la courte vie de Blanche, jeune fille de douze ans au tempérament impétueux, morte en 1361. Au présent, elle raconte son funeste voyage dans les bois en compagnie de son père, mais aussi son éducation, son apprentissage, qui lui donnent les quelques clés pour voir plus loin que sa toute petite existence. Pour lui prêter main forte, peut-être, une seconde voix vient amplifier la sienne : celle du fantôme de Blanche, qui relate le destin hors norme de cette enfant livrée à la barbarie des adultes. Car Blanche nous parle à travers les siècles, mais aussi à travers les âges de la vie. Une sorte de Cent ans de solitude total, où l’âme de Blanche se dédouble pour se parler à elle-même, pour ne pas s’oublier. Les amoureux des romans martineziens retrouveront avec bonheur le château de Hautepierre, le cadre de Du domaine des murmures, l’un de ses précédents romans, transposé deux siècles plus tard au cœur d’une autre légende de femme. Carole Marinez nous invite à partir à l’aventure avec ce roman onirique, où le merveilleux et l’irrationnel s’allient dans une langue d’une richesse époustouflante. >>Gallimard - 368 pages - 20 €
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La Carte des Mendelssohn Diane Meur De génération en génération Les Mendelssohn : une famille illustre qui a compté parmi ses membres de grands hommes. Ainsi, Moses Mendelssohn le philosophe, ou encore son petit-fils Felix Mendelssohn le compositeur. Mais qu’en était-il d’Abraham, fils du premier et père du second ? Diane Meur, fascinée par la généalogie, n’a pu s’empêcher de faire des recherches sur cet oublié de l’histoire… Qui sont vite devenues obsession, à en croire l’élaboration de l’arbre familial, une immense carte, impossible à réaliser sur ordinateur, qu’elle étale sur sa table de salon. Y sont répertoriées, sous différentes couleurs, les religions de chacun. Car l’histoire des Mendelssohn, c’est aussi celle du judaïsme, plus ou moins pratiqué par les descendants de Moses. Le philosophe du XVIIIe siècle, maîtrisant la Torah et le Talmud à onze ans, quitta Dessau à quatorze pour Berlin, où il défendit la liberté d’expression et de culte. Ses héritiers – il eut dix enfants ! – furent pour certains contraints d’adopter le protestantisme. Ses descendants sont aujourd’hui répertoriés sur presque tous les continents ! Avec cette enquête vertigineuse, l’auteure nous entraîne dans trois siècles de l’histoire allemande. Elle nous offre
un roman ambitieux et d’une grande originalité qui conjugue érudition et fantaisie. >>Sabine Wespieser - 496 pages - 25 € S’il n’en restait que
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Les Gens dans l’enveloppe Isabelle Monnin, Alex Beaupain À la rencontre de ses personnages C’est à une expérience unique que s’est prêtée Isabelle Monnin et le résultat est lui aussi inédit : un roman, un journal d’écriture et un CD avec des chansons composées par Alex Beaupain, spécialement pour ce projet. Ayant acheté une enveloppe de polaroïds, notre auteure s’est laissée imprégner par ces gens dans l’enveloppe jusqu’à en faire les héros d’un roman, d’une histoire qui pourrait être la leur. La petite fille des photos devient Laurence, elle vit avec son père Serge dans le souvenir de sa mère partie en Argentine. L’attente et la nostalgie marquent leur quotidien. À dix-huit ans, Laurence part à la recherche de cette mère idéalisée. Mais si, à partir de photos, Isabelle Monnin a créé des êtres de papier, ces personnes existent bel et bien. Alors pourquoi ne pas tenter de rencontrer ses personnages ? La deuxième partie du livre se compose d'un journal d’écriture, puis d'une enquête menée par l’auteure pour les retrouver. On se surprend à s’intéresser à ces vies modestes mais si émouvantes. Les coïncidences entre le roman et la réalité sont étonnantes. Isabelle Monnin nous fait partager ses espoirs et ses appréhensions, avec ce qu’il faut de recul, d’humour et surtout de tendresse pour ces gens dans l’enveloppe. >>J-C Lattès - 370 pages + un CD - 22 € - À paraître le 02/09/2015
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La Brigade du rire Gérard Mordillat Bienvenue dans la vraie vie ! Il y a une différence certaine entre l’idée que certains hommes publics véhiculent de la France et la réalité. Mais pour faire accepter à ces personnages médiatisés qu’ils se trompent, il faut parfois utiliser la manière forte. Ainsi, Pierre Ramut, l’éditorialiste de Valeurs françaises, n’aurait-il pas dû prôner la semaine de 48 h, le salaire de 20 % inférieur au SMIC, ni le travail le dimanche pour les ouvriers. Il n’aurait jamais fini prisonnier dans un bunker, à percer des trous toute la journée, forcé de travailler selon les règles qu’il a prescrites. Pierre Ramut s’apprête enfin à découvrir la vraie vie ! Tous plus ou moins cabossés par l’existence, des amis de jeunesse montent ce projet fou de kidnapping, se relayant pour surveiller le journaliste, lui verser son salaire. Ils sont au chômage, syndiqués, profs… Il y a des rivalités, des différences de points de vue, de grandes complicités et surtout beaucoup de rire, pour exorciser la colère que tous ressentent. Dans cette grande fresque sociale et satyrique, Gérard Mordillat nous fait osciller entre rire et tragédie, plaçant comme au théâtre classique les valets à la place des maîtres pour nous faire réfléchir et réagir. Pari gagné ! >>Albin Michel - 528 pages - 22,50 €
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Ce pays qui te ressemble Tobie Nathan Fresque d’une Égypte en voie de disparition Dans le ghetto juif du Caire, nait enfin le jeune Zohar. Tant attendu par sa somptueuse mère, qui a tenté pour enfanter les techniques juives, arabes, ancestrales, il rencontre son grand amour au sein de la même femme : Masreya l’Égyptienne est sa sœur de lait. Ensemble, bien que leur amour soit interdit, ils noueront leurs destins pour arriver aux portes du pouvoir. Dans cette fresque enchanteresse, qui débute en 1925 pour se terminer de nos jours, Tobie Nathan nous parle de l’histoire égyptienne, avec l’avènement de Nasser en 1956, la montée des Frères musulmans, l’entrée dans la modernité, sans oublier la misère comme la corruption. Il nous parle de ces rites religieux et magiques qui ont peu à peu disparu. C’est aussi l’histoire du peuple juif qu’il nous conte, leur expulsion – il n’en reste aujourd’hui qu’une poignée en Égypte, derniers témoins d’une cohabitation millénaire. Enfin, l’auteur ethnopsychiatre nous fait passer un message de paix inestimable : pour vivre ensemble, il faut être différents, et non semblables. >>Stock - 540 pages - 22,50 €
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Le Crime du comte Neville Amélie Nothomb Tuer : un acte odieux ou indigne ? Pour récupérer sa fille, qui vient de fuguer, le très distingué comte de Neville se rend malgré lui chez une voyante… loin de s’imaginer qu’il en ressortirait avec, en prime, une prédiction des plus déroutantes : lors de sa prochaine garden-party, l’aristocrate tuera de ses mains l’un de ses invités. Si cet oracle le plonge dans des affres d’horreur, il n’est étrangement pas question pour le comte de le remettre en question. Ce qui est prédit doit être accompli, malgré le fait qu’accueillir une personne chez soi pour le tuer ne se fait pas dans la bonne société. Quel hôte assassiner ? Lequel est le moins digne de vivre ? Telles sont les questionnements existentiels qui se mêlent aux questions pratiques des préparatifs. Dans ce nouveau roman qui a tout du conte, Amélie Nothomb s’attaque pour la première fois à la grande bourgeoisie belge, qui l’a vue naître. Et
si ce personnage si sensible, si comme il faut, n’était autre que la figure de son propre père, dont elle (se) joue avec humour, amoralité et cette pointe d’absurde jubilatoire qui la caractérise ? >>Albin Michel - 144 pages - 15 €
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Le Cœur du problème Christian Oster Une situation embarrassante En rentrant chez lui, Simon trouve un homme mort dans son salon et sa femme, Diane, dans un bain. Peu après, elle lui annonce qu’elle s’en va et le laisse avec le cadavre sur les bras. C’est avec cette ouverture singulière, caractéristique des romans de Christian Oster, que nous rentrons dans l’univers à la fois truculent et mystérieux de cet auteur qui sait jongler avec des situations loufoques et un ton sérieux. Ses personnages principaux sont souvent perdus et on se passionne pour cette question : comment vont-ils s’en sortir ? C’est le cas de Simon, qui se noue d’amitié avec un gendarme à la retraite et tennisman à ses heures. Mais ne risque-til pas d’être soupçonné ? Une inquiétude qui peut nuire à cette relation naissante. En nous surprenant sans cesse, Christian Oster propose ici sa propre version du héros. Sera-t-il celui de la rentrée littéraire ? >>Éditions de l’Olivier - 192 pages - 17 €
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Victor Hugo vient de mourir Judith Perrignon Nous sommes tous Victor 22 mai 1885 : la mort de Victor Hugo est vécue comme un évènement retentissant à Paris, à la fois par le pouvoir politique, la presse et le peuple qui vénère l’auteur des Misérables. Il est très vite décidé des obsèques nationales et la panthéonisation de cet illustre disparu. Mais alors que la manifestation aurait dû fédérer tous les Français dans un grand élan d’union nationale, elle devient l’objet de dissensions et de tractations au sein de la jeune République. Le gouvernement craint une récupération de la part des anciens Communards. La police redoute des débordements populaires et anarchistes. Un désaccord s’élève notamment sur le jour de la cérémonie, le lundi 1er juin, empêchant ainsi les ouvriers de s’y joindre. Au total, deux millions de personnes sous haute surveillance s’agglutineront le long du parcours funèbre, de l’Arc de Triomphe transformé en chapelle ardente au Panthéon. À travers le regard de témoins oculaires, Judith Perrignon nous restitue avec précision la portée considérable de cet événement, jamais accordé à un écrivain jusqu’alors. Elle
signe ici une grande fresque chorale, tout en gardant cette touche d’intimité qui la caractérise et que l’on aime tant. >>L’Iconoclaste - 246 pages - 18 €
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Venus d’ailleurs Paola Pigani L’intégration comme acceptation Mirko et Simona ont mis près de deux ans pour arriver à Lyon, depuis le Kosovo. Comme de nombreux compatriotes, ce frère et cette sœur d’environ vingt ans ont fui la misère, ont connu les passages de frontières clandestins, l’attente dans les camps de transit. Ils sont réfugiés, mais on les appelle sans-papiers. Ils sont exilés, seuls, dans un pays inconnu. Leur histoire est la même, et pourtant leur intégration se fera différemment. Simona apprend la langue avec rage, s’attache à comprendre les rouages administratifs français. Mirko est plus solitaire. Entre les chantiers sur lesquels il travaille et la banlieue dans laquelle il erre le soir, taguant les murs, il se mure dans le silence… Jusqu’à l’arrivée d’Agathe, une jeune femme qu’il rencontrera dans le milieu underground qu’il fréquente. Paola Pigani nous livre ici un texte important, composé de courts chapitres impactants. Entre découverte et nostalgie, solitude de l’exil et rencontres improbables, c’est l’histoire d’un apprivoisement qu’elle nous décrit : celui d’une
langue, dont on suit l’évolution à travers l’apprentissage de ses personnages, celui d’une vie à construire à partir de rien, celui d’êtres sauvages à force de déracinements. >>Liana Levi - 176 pages - 17 €
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La Variante chilienne Pierre Raufast Mais si ! Souvenez-vous… Florin a un problème : il ne se souvient de rien. Pour fixer ses souvenirs et leur associer des émotions, il les range dans des jarres, sous la forme de petits cailloux. Sa cave est remplie de souvenirs. Sa rencontre avec Pascal, professeur de littérature et Margaux, adolescente paranoïaque, qui ont loué une maison de vacances dans les environs, sera l’occasion pour lui de se raconter. Une amitié naissante se tisse autour de toutes ces petites historiettes étonnantes que Florin débitera : celle d’une piscine transformée en potager, un village sur lequel la pluie tombe pendant dix ans, une partie de cartes étrange qui dure trois jours… À travers ces historiettes pittoresques et ces situations rocambolesques, Pierre Raufast, qui s’était fait connaître avec La Fractale des raviolis – ou comment tuer quelqu’un à coups de pâtes – continue de nous faire rire et de nous permettre de nous évader par le biais du conte. >>Alma - 264 pages - 18 €
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Sans état d’âme Yves Ravey Disparition dans un champ de maïs Gustave Leroy, dit Gu, est un trop gentil garçon. Amoureux de sa voisine Stéphanie depuis l’enfance, même si la mère de cette dernière compte bien faire démolir sa maison et revendre ses terrains aux promoteurs, Gu accepte de retrouver John Lloyd, le fiancé américain de Stéphanie disparu sans laisser de trace. Une enquête a priori jouée d’avance, qui va se compliquer avec l’arrivée d’un assureur qui soupçonne une fraude à l’assurance, et du propre frère de John, bien décidé à retrouver son frère. Mais que ne ferait-on pas par amour ? Avec une désarmante simplicité de style qui vient surligner la fausse ingénuité du personnage, Yves Ravey nous entraîne dans une intrigue policière biaisée en milieu rural qui ravira le lecteur autant qu’elle le glacera. >>Les Éditions de Minuit - 128 pages - 12,50 € - À paraître le 03/09/2015
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Il était une ville Thomas B. Reverdy Que le dernier parti éteigne la lumière ! 2008 : Detroit, la capitale de l’automobile, qui a subi de plein fouet la crise financière, n’en a plus que le nom. La ville part en lambeaux : faillites des banquiers, licenciements, maisons délaissées et s’effondrant sur elles-mêmes. Pourtant, c’est ici qu’a été envoyé Eugène, un ingénieur français, afin de superviser un projet automobile : l’Intégrale. On va suivre son parcours dans ce climat si particulier, son intégration dans ce nouveau pays, sa rencontre avec Candice, la serveuse du bar où il se rend le soir. Et c’est ici aussi que vit Charlie le gosse du quartier qui décide un beau jour de partir avec sa bande de copains. Pour le retrouver, sa grand-mère déploiera tout l’amour et le courage qu’elle porte en elle. Trafics en tout genre, nuits chaudes, incendies de maisons pour Halloween… On sort secoué et un peu ahuri de la décrépitude de Detroit, ville restée dans notre imaginaire la capitale des Grands Lacs ! Thomas B. Reverdy nous décrit de manière sublime et poétique cette première cité fantôme du XXIe siècle, qui plus qu’une toile de fond tient
ici une véritable place de personnage. >>Flammarion - 272 pages - 19 €
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Place Colette Nathalie Rheims Initiation précoce À la suite d’une erreur médicale qui la cloua sur un lit d’hôpital des mois durant mais qui lui permit de découvrir la vie par la littérature et le théâtre, une jeune fille entre dans la vie pleine de rêves de planches et d’illusions littéraires. Lors d’une représentation à la Comédie française à laquelle elle assiste, elle tombe amoureuse du comédien. Le jour de ses treize ans, l’adolescente ose entrer dans sa loge et s’offre à lui. Il a quarante-trois ans, il ne refuse pas. En n’ayant de cesse de le conquérir tout à fait, voici notre demoiselle qui tombe dans le monde tant rêvé du théâtre, prend des cours, côtoie les acteurs. L’apprentie comédienne percera-t-elle ? À travers cette double initiation, amoureuse et théâtreuse, Nathalie Rheims dévoile une adolescente qui serait en quelque sorte son double, et dévoile une part d’elle-même
jusqu’alors jamais explorée dans ses romans. >>Leo Sheer - 320 pages - 20 €
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Entre les deux il n’y a rien Mathieu Riboulet Que reste-t-il de nos contestations ? En 1972, il était encore très jeune. Quatre ans après Mai 68, la tension grondait en Allemagne ou en Italie, alors qu’il y passait des vacances avec ses parents. De contestataires, certains mouvements d’extrême gauche passaient aux armes ou à la clandestinité, comme ce fut le cas pour Action directe en France. Ce fut une vraie explosion ailleurs. En 1978, lors d’un voyage à Rome, il rencontra Massimo, un jeune militant plein d’espoir, de rage, dont il tomba amoureux. Dix ans après Mai 68, se rapprocher de Massimo, c’était aussi flirter avec les milieux ultraviolents qu’il côtoyait, toucher du doigt la contestation ultime. Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après Mai 68, que sont devenus les enragés politiques, prêts à tout pour casser un système qui enfermait le monde depuis plus de cinquante ans ? Désavoués, fantômes d’autrefois, ou bien morts. Dans un recueil de textes qui mêle trajectoire personnelle et histoire du militantisme extrême, Mathieu Riboulet évoque avec nostalgie, sans les avoir toutefois connus, ces groupuscules qui sont allés au bout de leurs idées, se sont battus pour elles et qui ont fini par être engloutis. >>Verdier - 144 pages - 14 €
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78 Sébastien Rongier Une année dans un café À la manière de polaroids, d’instantanés, de courts chapitres, Sébastien Rongier nous emmène dans le bar d’une petite ville de l’Yonne, Sens, un samedi soir de 1978. Que s’est-il passé d’extraordinaire ici, ce soir-là ? Et bien rien du tout. Rien que de l’ordinaire. Des destins qui se croisent, des histoires qui se font ou se défont, des vies sur le point de basculer, des souvenirs qui rejaillissent, des craintes et des espoirs. Et parmi tous ces adultes, un petit garçon qui regarde la vie de plus bas. À travers ces trajectoires qui se croisent, c’est une année en particulier que Sébastien Rongier a voulu fixer : 1978. L’an qui marqua la fin des Trente Glorieuses et l’entrée dans la crise sans que personne ne le sût encore. La « presque » fin de
l’illusion, de l’insouciance. Objet poétique, sociologique, littéraire, ce roman puise dans ces différentes influences pour nous offrir un portrait juste et sincère que certains liront avec un brin de nostalgie. >>Fayard - 140 pages - 15 €
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Michel Rostain Jules, etc. Ro man
Jules, etc. Michel Rostain Générosité camarguaise Nîmes, 1835 : le petit Jules échange avec Marguerite dans la cour de l’école des fruits confits contre un taureau miniature… et un peu plus. 1885 : Jules est devenu l’oncle Jules, et même s’il ne parle plus à sa sœur, il initie son neveu Eugène à tout ce qu’il connaît, et surtout à la tauromachie. Nouveau bon dans le temps : 1950, le jeune Claude, treize ans, regarde avec fierté son grand-père toréer un taureau imaginaire à la sortie du lycée. Claude, qui fait découvrir Nîmes à Catherine, son amoureuse parisienne, dans les années 1960. 2011 : Hugo emmène Camille à sa première corrida. 2014 : le vieux Jean-Michel et la jeune Julie se promènent bras-dessus bras-dessous en pleine feria. Par une série de petits sauts temporels, Michel Rostain nous fait embrasser deux siècles de tradition camarguaise, de nombreuses générations qui se transmettent, avec l’amour, la passion de la tauromachie, de la musique et de la Camargue. Dans un style plein de chaleur et de simplicité, l’auteur nous emmène en voyage dans le Sud, mais aussi au pays de l’amour familial et des valeurs qui y sont liées. >>Kero - 270 pages - 15,90 €
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Monarques Sébastien Rutés, Juan Hernàndez Luna Quête de soi et transmission Il faut parfois plus d’une vie pour reconstituer l’histoire d’une existence. C’est le cas des monarques, ces papillons migrateurs qui font l’aller-retour du Canada jusqu’au Mexique en quatre générations. C’est le cas aussi dans ce magnifique roman initié par deux personnages en 1935 et poursuivi par leurs petitsenfants. Les lettres d’amour de l’affichiste mexicain Augusto Solis ne parviendront pas à la mystérieuse Lorelei. C’est Jules Daumier, livreur de L’Humanité vivant à Ménilmontant, qui les reçoit. S’instaure alors entre eux une amitié épistolaire où le jeune homme tente, pour son nouvel ami, de retrouver cette femme fatale, muse de Disney pour Blanche-Neige, un peu actrice, un peu espionne. Mais la correspondance s’interrompt brutalement avec la guerre. Des années plus tard, les petits-enfants de ces deux hommes prennent contact pour retracer les vies de leurs grands-pères. À la recherche de leurs origines, d’une possible transmission, mais aussi de la vérité. Un passionnant roman à quatre mains
qui interroge l’écriture, l’histoire, les fantasmes et la réalité. >>Albin Michel - 384 pages - 21,50 €
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Crans-Montana Monica Sabolo Que deviennent les jeunes filles en fleurs ? Dans la station de ski familiale de Crans-Montana, trois garçons regardent trois filles. Chris, Charlie et Claudia – les trois C – forment plus qu’une petite bande : elles sont une entité parfaite, une constellation. Des années 1960 aux années 1990, des vacances d’hiver aux vacances d’été, sur les pistes, à la piscine ou dans les boîtes de nuit, elles représenteront pour eux le symbole de l’amour fantôme, comme une existence non démarrée, celui de leur adolescence. Ils n’oseront jamais les aborder. Pourtant, malgré leur beauté, ces jeunes filles en fleurs, qui peu à peu deviennent des jeunes femmes, puis des femmes, cachent des failles, des secrets, portent en elles des silences qui font écho à celui de la montagne, de leurs parents, qui n’évoquent jamais la guerre. Monica Sabolo joue en virtuose avec ces silences, souffle le chaud du coin du feu et le froid de l’air vif, nous enveloppe du cocon familial, doux en apparence mais qui révèle une dureté comparable à la roche de la montagne environnante. Des sixties aux années fric, elle dresse le portrait d’une génération dorée, mais pleine de fêlures. >>J-C Lattès - 252 pages - 19 €
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2084 La fin du monde Boualem Sansal Le 1984 d’aujourd’hui Bienvenue en Abistan, ce pays régi par la foi aveugle et la soumission totale au régime d’Abi, prophète du dieu unique Yölah. Un système a priori parfait, car les habitants d’Abistan sont heureux dans leur foi et leur vie. Mais Ati, en plein doute, se met à la recherche d’un peuple de hors-la-loi qui vivrait dans les ghettos, en dehors de toute religion. Dans cet hommage à 1984, Boualem Sansal nous livre un roman audacieux : il reprend les structures hiérarchiques et l’univers de la dystopie de George Orwell, transformant Big Brother en un chef religieux dictant les lois auxquelles les hommes doivent se soumettre. Puisant dans
les textes des différentes religions, l’auteur invente tout un monde régi par des codes, des lois, des textes, des prières, des hiérarchies. Le tout visant à soumettre les hommes, les empêcher de penser, de réfléchir et donc de se rebeller. Mais on n’empêchera jamais le mouton noir de quitter le troupeau ! Un roman fort et passionnant qui ne peut que faire écho à notre monde contemporain comme 1984 le faisait en son temps ! >>Gallimard - 288 pages - 19,50 €
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L’Exercice de la médecine Laurent Seksik Vouée à guérir Lena est cancérologue à Paris. Elle est issue d’une longue lignée de médecins juifs qui a pris sa source dans la Russie tsariste, a émigré à Berlin dans les années 1920, a subi la Seconde Guerre mondiale et l’affaire des Blouses blanches sous Staline. Comme les thérapeutes, qui désignent à l’origine une tribu juive vouée à soigner et qui fut décimée, la famille de Lena s’est transmis une tradition vitale, la plus noble et la plus terrible à la fois : pour Léna comme pour ses pères – et pairs – soigner est un devoir. Tous ont connu un destin tragique. Mais peut-on se soustraire à un destin qu’on pense maîtriser et qui soudain nous dépasse ? Car Lena va devoir affronter la tragédie de sa vie : annoncer à son propre père, celui qu’elle aime le plus au monde, celui qui lui a donné cette vocation, qu’il est malade. Et devoir le soigner. Médecin et écrivain, Laurent Seksik rend ici un vibrant hommage à la médecine à travers l’histoire et à ses représentants, ces hommes et femmes qui se tiennent à la lisière de nos chemins et nous tiennent la main. >>Flammarion - 350 pages - 20 €
S’il n’en restait que
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ROMANS FRANÇAIS
Un été au Kansai Romain Slocombe Être allemand dans un Japon en guerre Friedrich Kessler, jeune diplomate de vingt-quatre ans, quitte l’Allemagne pour le Japon. De ce pays qu’il découvre, il écrit à sa sœur, qui lui répond. Nous sommes en 1941. Friedrich est un nazi qui a fui la guerre. Il aime le jazz, les voyages, il plaît aux femmes. Mais l’Histoire s’emballe : sa sœur lui raconte les bombardements, la mort d’Hitler, la fin de la guerre pour l’Allemagne alors que le Japon, son allié, y entre à peine pleinement. Peut-on échapper au mal qu’on a voulu fuir ? Romain Slocombe renoue avec ce Japon qu’il a tant décrit à ses débuts, mais en prenant ici le parti de l’Histoire. Il
raconte, d’une manière très contemporaine, le ressentiment des Japonais pour les Allemands qui se trouvent alors sur leur sol à travers deux destins anonymes et leurs écrits les plus personnels : leurs lettres. Cette petite histoire dans la grande est aussi celle, universelle et atemporelle, d’une rencontre : celle d’un homme avec une civilisation. >>Arthaud - 372 pages - 19,90 € - À paraître le 02/09/2015
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S’il n’en restait que
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ROMANS FRANÇAIS
La Faille Isabelle Sorente Une histoire de la manipulation À douze ans, Lucie est la plus belle fille du collège. Elle fait partie de ces adolescents qu’on n’ose regarder de peur de trop les regarder. À vingt ans, elle devient une comédienne de talent. Que s’est-il donc passé pour que, cinq ans plus tard, Mina, romancière et amie d’enfance de Lucie, la retrouve comme vidée d’elle-même ? Lucie semble être la proie d’un pervers narcissique. Elle s’est enfermée dans une relation d’emprise dont elle est la victime consentante. Mina tente de comprendre l’histoire de la jeune femme qui, dans chacune de ses relations, était dominée par l’homme. Comprendre cette domination devient même une obsession : elle touche à l’histoire, au légendaire. La haine du féminin est si puissante qu’elle force la femme à rester enfant. En plein contexte politique du mariage pour tous, où toutes les légendes s’affrontent, Mina s’interroge sur l’origine du mal, tout comme Isabelle Sorente, son double réel, qui développe aussi la dimension créatrice. En effet, si la romancière a le don de voir les failles des gens, de les pousser à se regarder au miroir de leurs personnages, ces derniers ont aussi l’immense pouvoir d’agir sur l’auteure, comme sur le lecteur. >>J-C Lattès - 520 pages - 20,50 € - À paraître le 02/09/2015
S’il n’en restait que
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ROMANS FRANÇAIS
Football Jean-Philippe Toussaint Une vie en quelques Coupes Jean-Philippe Toussaint et le football ? À première vue, on n’y aurait pas forcément pensé. Sauf qu’en y regardant de plus près, la passion de l’écrivain pour le ballon rond devient évidente. Surtout parce qu’il nous la raconte à travers le prisme des Coupes du monde, de 1998 à 2014. Celle de Paris, où il habite depuis l’âge de treize ans, celle du Japon, pays qui hante ses écrits, celle de Berlin, cadre de La Télévision. De son enfance en Belgique, Jean-Philippe Toussaint a gardé le goût du football, de ses matchs, dont l’un d’eux lui vaudra un bras cassé et l’amour de l’équipe belge, dont il sera toujours supporter. Le temps de quelques Coupes, dont aucune ne ressemble à l’autre, l’auteur nous parle de ses dîners télé et de ses moments de joie au stade entre deux conférences littéraires nippones. Il nous parle de ces matchs manqués, de ces équipes atemporelles, de ces joueurs stars et de ces supporters du monde entier. Il nous parle aussi de rencontres, de regards pleins de joie échangés le temps d’un éclair, de retrouvailles fortuites. Mais surtout, autour de ce sujet a priori anodin, Toussaint se raconte, se livre un peu. >>Les Éditions de Minuit - 128 pages - 12,50 € - À paraître le 24/09/2015
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Popcorn Melody Émilie de Turckheim La trilogie du bonheur Tom a trois particularités. Môme, avec ses taches de rousseur et ses dents du bonheur, il devient l’égérie (à vie !) des popcorn Buffalo Rocks, magnat industriel de la région. Ado, il est le seul parmi ses petits camarades à intégrer l’université. Adulte, il réalise son (drôle de) rêve : ouvrir une supérette dans son bled natal, Shellawick. Baptisée Le Bonheur – pied de nez aux rayons dégarnis où l’on ne trouve rien sinon le minimum vital – les clients s’y rendent avant tout pour raconter leur vie et leurs déboires dans le fauteuil de barbier devant la caisse. La routine suit son cours dans le désert cuisant de pierres noires, jusqu’au jour où un hypermarché ultramoderne et climatisé vient s’implanter juste en face de son commerce de fortune. Tom résistera-t-il à ce mauvais coup du sort ? Émilie de Turckheim dépeint avec sel et facétie les excès de notre quête du bien-être face au modèle de la société d’abondance. Au cœur du Midwest, autrefois territoire des Indiens des Plaines, une rencontre avec une galerie de personnages irrésistiblement drôles, mais avant tout subtils reflets de nos dérives. >>Héloïse d’Ormesson - 208 pages - 18 €
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ROMANS FRANÇAIS
D’après une histoire vraie Delphine de Vigan Amitié toxique et création Au départ, une rencontre. Une femme écrivain, en pleine crise de doute, se prend d’amitié pour L. Ou peut-être l’inverse, peut-on se demander avec le recul. Naît entre elles une amitié fusionnelle. Mais L. n’est pas une amie comme les autres. Cette femme-araignée tisse sa toile autour de notre héroïne, pour mieux l’emprisonner. Le piège se referme, irrémédiablement. Les bons conseils d’une amie sont si précieux, surtout quand ils touchent au travail d’écriture. Car, objectivement, cela vaut-il encore la peine d’écrire, si ce n’est pour écrire LE livre, celui que SON public attend ? C’est le moment de la manipulation. Le puzzle se met en place, pièce après pièce, plongeant la narratrice dans la dépression, l’isolant et propulsant L. au rang de sauveuse. Puis vient l’heure, fatale, de la trahison. Dans un roman aux allures de thriller psychologique qui n’est pas sans rappeler Misery de Stephen King, Delphine de Vigan jongle avec le réel et la création, et manipule avec virtuosité les codes de l’autofiction. En toile de fond, elle nous parle aussi du travail
d’écrivain, ce traître qui n’hésite pas à s’emparer de la réalité pour en faire une œuvre. >>J-C Lattès - 486 pages - 20 €
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ROMANS FRANÇAIS
Juste avant l’Oubli Alice Zeniter Peut-on lutter contre un écrivain mort ? Mirhalay est une petite île désertique au nord de l’Écosse. C’est ici qu’ont lieu, tous les ans, les journées d’études autour de l’œuvre de l’auteur de romans noirs Galwin Donnell, réunissant une poignée d’universitaires fascinés par le personnage disparu mystérieusement vingt ans auparavant. C’est en particulier son dernier roman inachevé qui ne cesse de déchaîner les passions. Cette année, c’est Émilie, une jeune thésarde, qui est en charge de l’organisation de l’événement. Franck, son petit ami infirmier, bien loin de toutes ces considérations littéraires mais jaloux de la place qu’Émilie accorde à l’écrivain dans sa vie, sera aussi du voyage avec la ferme intention de demander la main de sa compagne. Mais il va malgré lui se trouver plongé au cœur d’une intrigue qui le dépassera et dont il ne mesurera pas la portée. Alice Zeniter construit de toutes pièces un personnage – Galwin Donnell – plus vrai que nature, véritable condensé de tous les mythes sur l’écrivain misanthrope. On suit avec délices les débats enflammés autour de son œuvre fictive qui nous imprègne tant l’auteure a pris soin d’en peaufiner les détails. Juste avant l’Oubli est un texte brillant, foisonnant et extrêmement bien écrit, dans lequel ne cesse de planer un voile de mystère. >>Flammarion - 292 pages - 19 € S’il n’en restait que
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LES INDISPEN DE LA RENTR SABLES テ右 !
PREMIERS ROMANS
L’Orage Clara Arnaud Les multiples visages de Kinshasa L’orage est sur le point d’éclater sur Kinshasa, annonçant la saison des pluies et le sommet international qui se tiendra le lendemain. Comme au hasard de déambulations, on croise les destins de divers habitants de la capitale de la République du Congo : il y a Désiré, l’enfant des rues, et sa bande qui errent en mourant de faim. Il y a Li, un Chinois installé là pour affaires, qui prend conscience de son amour pour la Congolaise Merveille, alors même que leur relation prend fin. Il y a Mado, qui regrette les collines de son enfance. Et puis Peter, membre de l’ONU, dont la vocation humanitaire s’est émoussée. Autant de visages pour une ville, autant d’existences si différentes qui cohabitent. Clara Arnaud entre dans la peau de chacun de ses personnages avec une finesse descriptive et une pudique élégance. Elle nous fait littéralement partager ces morceaux de vies pour effectuer une plongée sensible dans Kinshasa, cette
ville ensorcelante où règne la moiteur, la poussière, sans doute le personnage principal de ce roman. >>Gaïa - 336 pages - 21 €
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PREMIERS ROMANS
Les Nuits de laitue Vanessa Barbara Traduit du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec
Fantaisie brésilienne Depuis cinquante ans, Ada et Otto partagent leur vie, leur passion pour le gratin de chou-fleur et le ping-pong dans une jolie maison jaune. Si Ada est active et impliquée dans la vie de son voisinage, Otto est un grognon insomniaque qui passe ses nuits à boire des tisanes de laitue. Comment ferait Otto si Ada venait à disparaître ? Heureusement, les voisins sont là. Aussi cocasses qu’attachants, Nico, préparateur en pharmacie fasciné par les effets secondaires, Anibal, le facteur qui livre les lettres au mauvais endroit pour favoriser le lien social, Mariana, fantasque anthropologue, ou encore le vieux M. Taniguchi, persuadé d’être encore en pleine Seconde Guerre mondiale, vont s’occuper d’Otto... sans qu’il n’en sache rien. Dans ce premier roman brésilien rafraîchissant comme tout, à la galerie de personnages fantasques, le plaisir de lecture devient jubilatoire. On se laisse prendre avec grand
bonheur dans les filets de cette intrigue qui joue avec les codes du roman policier. >>Zulma - 224 pages - 17,50 €
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PREMIERS ROMANS
Nos âmes seules Luc Blanvillain Quand le mécanisme s’enraye Clément est jeune, très brillant et travaille chez Vogal, une société high-tech située dans une tour de la Défense. Sa femme Myriam le soutient dans son appétit de réussite. Chez Clément, tout est calculé, mesuré, prévu. Il avance dans la vie sans prendre en compte ses soubresauts, comme s’ils n’existaient pas. Mais une rencontre fortuite, étrange et inattendue, avec Meryl va bouleverser sa vie. Meryl est bizarre, sans charme apparent et pourtant un lien fort va se nouer avec Clément. Il va se retrouver dans une alliance scellée par un contrat faustien. Ce roman nous entraîne dans une histoire fascinante où les personnages jouent avec le pouvoir et les sentiments, au risque de perdre leur liberté.
Auteur pour la jeunesse, Luc Blanvillain entre en littérature adulte avec un livre sur le monde de l’entreprise, les jeux de pouvoir, porté par une densité d’écriture et une atmosphère épaisse et inquiétante. Pari réussi ! >>Plon - 336 pages - 21,90 €
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PREMIERS ROMANS
La Cache Christophe Boltanski Un cocon particulier En passant de pièce en pièce dans l’appartement familial de la rue de Grenelle, Christophe Boltanski relate l’histoire de sa famille. Une histoire marquée par l’arrivée en France de ses arrière-grands-parents à la fin du XIXe siècle et par les deux guerres mondiales. Les souvenirs remontent, mêlés à la mythologie familiale transmise de génération en génération. Une famille fusionnelle, bohême, soixante-huitarde avant l’heure, dont les membres ont tous leur particularité, leur originalité. L’arrière-grand-mère Niania débarquée à Paris
son samovar sous le bras, son fils David, médecin, qui passera deux ans caché dans l’appartement entre 1943 et 1944, sa femme – qu’il épousera deux fois – battante marquée par la polio, leurs enfants et petits-enfants. On s’attache immédiatement à cette famille hors du commun, à ces personnages loufoques et en même temps tellement humains. Christophe Boltanski nous transmet son amour, son admiration aussi pour ceux qui l’ont élevé et ont fait de son enfance un moment idéal(isé) avec un joli grain de folie. >>Stock - 344 pages - 20 €
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PREMIERS ROMANS
L’Œil de l’espadon Arthur Brügger Il est frais, mon poisson Charlie est apprenti poissonnier dans une grande surface alimentaire. Le jeune homme aime son métier, le savoirfaire qu’il suscite. Il aime aussi son lieu de travail, s’entend bien avec son supérieur hiérarchique, a un faible pour la fromagère d’à côté. Il aime le self, où il donne ses rendezvous, et même ses allers-retours à la grande poubelle. Charlie est un jeune homme simple, qui ne juge pas, qui profite de la vie comme elle vient. Un jour arrive Émile, un nouvel apprenti… En apparence, du moins, car Émile n’est autre qu’un journaliste venu faire un reportage sur le gaspillage alimentaire. La rencontre de ces deux personnages va changer leurs perceptions des choses. Charlie aimerait qu’on cesse enfin de le considérer comme un gentil garçon. Et Émile va se rendre compte que les employés de grande surface ne sont pas que des idiots abrutis par le train-train quotidien. Avec ce documentaire littéraire sur le monde du supermarché, Arthur Brügger signe un premier roman qui remet simplement et malicieusement les idéaux et les préjugés en place. >>Zoe - 160 pages - 16 € - À paraître le 03/09/2015
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PREMIERS ROMANS
Là où tombe la pluie Catherine Chanter Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Philippe Loubat-Delranc
Et s’il ne pleuvait plus que chez vous ? Quand Ruth et Mark ont pris possession de la Source, une ferme entourée de champs, quittant Londres pour devenir agriculteurs, ils étaient loin d’imaginer ce qui leur arriverait. Peu de temps après leur arrivée, l’Angleterre entière est sous le joug d’une grande sécheresse. Il ne pleut plus… sauf à la Source. Malgré eux, ils s’attirent à la fois les haines les plus féroces et la dévotion la plus pure : quand un groupe de religieuses s’installe sur leurs terres pour faire de Ruth leur grande prêtresse, c’en est trop pour Mark. La situation s’envenime, jusqu’au drame ultime… Construit en alternance sur deux périodes – l’une où Ruth, seule, sortie de prison et en résidence surveillée à la Source, se souvient et son histoire proprement dite – ce roman joue avec les codes de la dystopie, voire de l’intrigue policière, tout en gardant cette fraîcheur toute anglaise et un certain mysticisme qui lui donnent un charme très particulier.
Tout comme Ruth, marchant sur un fil entre l’angoisse et l’amour, on se laisse envoûter au fil des pages : un très beau moment de lecture. >>Les Escales - 464 pages - 21,90 €
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PREMIERS ROMANS
Le Renversement des pôles Nathalie Côte Désir d’échappée belle Enfin les vacances ! Pour les Bourdon et les Laforêt, l’heure du repos, du temps passé en famille, cette parenthèse enchantée que représente l’été, a sonné. Mais, chez ces deux couples avec enfants, qui ont loué des appartements mitoyens dans une résidence sur la Côte d’Azur, tous sont rattrapés par leurs désirs personnels : paraître moins gros qu’on ne l’est, divorcer de son mari, gagner plus d’argent afin de consommer plus… Des désirs qui deviennent vite obsession. Dans ce premier roman, Nathalie Côte utilise pour parler de l’impossible changement, la métaphore du renversement des pôles : un phénomène d’astrophysique qui consiste au basculement du champ magnétique des pôles nord et sud. Quand ce phénomène survient, soit les pôles reviennent à leur position initiale – en ce cas, il s’agit d’une excursion – soit les deux pôles s’inversent : c’est une inversion. Parlerat-on d’inversion ou d’excursion pour ces personnages, emblématiques de la classe moyenne, qui veulent à tout prix changer mais qui n’ont que leurs vacances pour y
penser ? >>Flammarion - 192 pages - 16 €
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PREMIERS ROMANS
Djibouti Pierre Deram L’apothéose du légionnaire C’est la dernière nuit de Markus, jeune légionnaire, à Djibouti. Pour cette ultime soirée dans la corne de l’Afrique, il se remémore les mois passés dans le désert brûlant, dans les ruelles sombres de la ville, aux côtés de ses frères d’armes et de désespoir. Il va se noyer dans l’alcool, se jeter dans les bras des prostituées, petites sœurs des légionnaires. Il va tenter d’oublier son retour à Paris, à la solitude. Mais l’avait-il vraiment quittée ? Dans ce livre, entre conte d’errance et récit brutal aux accents baudelairiens, Pierre Deram nous emmène visiter le berceau de l’humanité où la beauté et l’horreur du monde se côtoient à chaque coin de rue, où les légionnaires et les
prostituées sont unis par le même besoin vital d’amour, par la même envie de se sentir vivant. En quelques courts chapitres écrits avec une distinction poétique sous-tendue de réalisme, il nous emporte dans le tourbillon désordonné de la vie, dans sa violence la plus nue. Un jeune auteur à suivre. >>Buchet Chastel - 128 pages - 11 €
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PREMIERS ROMANS
Sfumato Xavier Durringer Dépression cosmique Raphaël vit une vie plutôt rock and roll à Bastille. Entre ses tentatives d’écriture, son copain Simon, petit voyou fraîchement largué, son petit frère drogué à l’héroïne, sa passion pour le théâtre et pour Madeleine, ce héros n’a pas de quoi s’ennuyer. Mais sa rencontre dans un café avec Viktor va compliquer encore les choses : ce vieux Juif d’origine russe, ancien conseiller de la Maison Blanche et batteur de jazz, va l’initier à la cartographie. Car le tableau de La Joconde, si on sait regarder au-delà du sfumato, n’est-il pas en réalité une carte mystique ? À travers l’histoire de ce personnage de looser sympathique et de toute cette bande de bras cassés qui l’entoure, le cinéaste et dramaturge Xavier Durringer nous parle de cette dépression cosmique qui peut parfois s’emparer de nos existences, de ce brouillard dans lequel il faut accepter de se perdre et qu’il faut traverser à tâtons, de ce grand jeu de l’oie qui est la vie et sur lequel on ne sait pas très bien
quel rôle jouer. >>Le Passage - 352 pages - 19 €
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PREMIERS ROMANS
Les Loups à leurs portes Jérémy Fel Roman lynchéen En pleine campagne américaine, différents personnages vont se retrouver liés ensemble par un secret. Duane sauvera des flammes un enfant, au péril de sa vie. Mary Beth, serveuse dans un diner isolé, se retrouve face à son passé. Paul et Martha verront leurs destins changer un soir de tempête. Quel est ce mal qui s’insinue jusqu’au cœur de l’Indiana et qui va tous les toucher ? Dans un premier roman magistral, construit sous forme de feuilleton, Jérémy Fel nous entraîne de rebondissements en rebondissements dans une intrigue qui explore la face la plus noire du self-made man américain, les thèmes de la filiation et de la perte.
On est happé dès les premières pages par l’atmosphère à la David Lynch, brumeuse et énigmatique qui s’en dégage, autant que par le suspense implacable qui le sous-tend. >>Rivages - 448 pages - 20 €
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PREMIERS ROMANS
Vite, trop vite Phoebe Gloeckner Traduit de l’anglais (États-Unis) par Antoine Cazé
L’émancipation : un cri de vie Entre une mère alcoolique et cruelle et un père absent, Minnie Goetze a été élevée sans morale et sans cadre. C’est donc par ses propres moyens que cette adolescente ingrate et complexée va s’émanciper, dans le San Francisco libéré des années 1970 : par le sexe – Minnie sera initiée par le copain de sa mère –, par les drogues et l’aventure. Rêvant d’être spéléologue, artiste ou barmaid, notre héroïne va tenter de répondre avec avidité, avec rage, à toutes les questions et les angoisses qui assaillent les adolescentes de quinze ans.
Mais à tout vouloir tout de suite, trop vite, ne risque-t-elle pas de se brûler les ailes ? Mais n’est-ce pas au fond le désir enfoui de toute jeune fille ? Illustratrice de talent, Phoebe Gloeckner utilise les mots, tranchants, crus, justes et sulfureux, mais aussi les dessins et la bande dessinée pour raconter l’initiation à la vie de Minnie. En résulte un livre total, sorte de journal intime universel de la jeunesse brûlante, carnet de voyage d’une période très mouvementée. >>La Belle Colère - 336 pages - 22 €
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PREMIERS ROMANS
Changer d’air Marion Guillot Burn-out Le jour de la rentrée des classes, Paul assiste à la chute, pourtant anodine, d’une jeune femme dans le port. Cet incident le marque à tel point qu’il lui est désormais impossible de continuer sa vie comme avant. Il quitte Aude, sa compagne, et ses deux enfants, puis prend la route pour Nantes, où habite son ami Rodolphe. Après avoir erré quelques semaines dans la gare, le temps d’établir quelques statistiques, il s’installe dans un appartement banal, si ce n’est qu’il n’a pas d’évier et que l’on voit la cathédrale depuis la baignoire. Une vie se reconstruit, presque a minima – Paul achète un poisson, se lie d’amitié avec le plombier – non sans difficultés. Ce nouveau départ est comme une parenthèse sans fin dans son existence. Une parenthèse car tous, lecteurs compris, sauf lui peut-être, savent qu’il ne peut pas continuer comme cela, qu’il faudra bien la refermer, Paul ne fait rien pour bouger les choses. Mais ne faut-il pas arrêter d’être soi un moment pour se trouver vraiment ?
On retrouve avec plaisir dans ce premier roman prometteur et dans ses situations improbables, toute la verve d’un JeanPhilippe Toussaint au temps de La Salle de bain. >>Les Éditions de Minuit - 176 pages - 14 € - À paraître le 03/09/2015
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PREMIERS ROMANS
L’Ange de l’oubli Maja Haderlap Traduit de l’allemand (Autriche) par Bernard Banoun
Conte rattrapé par l’histoire L’héroïne de cette histoire est une petite fille qui vit avec sa grand-mère dans les montagnes de Carinthie, en Autriche. Une enfance pauvre mais plutôt heureuse, dont elle a peu de souvenirs, si ce n’est les disputes de ses parents, l’odeur des bons petits plats et la forêt interdite à proximité. Car ces bois ont servi de macabre décor à des massacres historiques pendant la Deuxième Guerre mondiale. En grandissant, notre jeune fille va tenter de comprendre son passé familial, sans se rendre compte encore qu’il est englué dans l’histoire de la Slovénie et de l’Autriche, deux États mitoyens mais imperméables. De son enfance comme de son pays, il ne reste plus que quelques cendres, sur lesquelles elle va devoir se construire. À travers l’histoire de cette fillette, c’est celle de tout un peuple – la minorité slovène vivant en Autriche – qui se dessine. Un roman d’apprentissage intriguant, très poétique, qui commence comme une idylle et se termine par la conquête de l’Histoire. >>Métailié - 240 pages - 20 €
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PREMIERS ROMANS
Tourner la page Auður Jónsdóttir Traduit de l’islandais par Jean-Christophe Salaün
Féminité et création littéraire Eyja est mariée à un alcoolique plus âgé qu’elle. À ses côtés, dans un petit port islandais, elle subit sa vie plutôt que de la vivre, jusqu’à ce que sa grand-mère, pour l’aider, l’envoie en Suède auprès de sa cousine Runa. Eyja parviendra-t-elle à prendre un nouveau départ et à écrire enfin le roman auquel elle pense depuis toutes ces années ? Cette petite fille d’un prix Nobel de littérature, fille d’une mère castratrice, a toujours vu les femmes de sa famille écrire, même si aucune n’a connu le succès du grand-père. Dans ce roman en grande partie autobiographique, Auður Jónsdóttir décrit la difficile construction de soi en tant que femme et écrivain. Elle rend hommage aux femmes de sa famille et à leur lien à l’écriture. Ces femmes puissantes, qui ont vécu dans l’ombre des hommes non sans lutter pour leur épanouissement, ressemblent un peu à celles de Femmes au bord de la crise de nerfs, superbement rendues par Almodovar. >>Presses de la Cité - 400 pages - 22 €
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PREMIERS ROMANS
Un mauvais garçon Deepti Kapoor Traduit de l’anglais (Inde) par Michèle Albaret-Maatsch
Romance noire à Delhi New Delhi, an 2000. Une étudiante de vingt ans sans repères, attendant que la vie démarre en vivant chez sa tante depuis la mort de sa mère, rencontre un jour un homme dans un café. Il est plus âgé, il n’est pas beau, mais son regard insistant et sa présence l’attirent irrésistiblement. En pleine recherche de soi, paralysée par le poids des traditions et une enfance difficile, la jeune fille tombera dans les griffes de cet homme qui l’initiera au sexe et à la drogue. Dans ce roman urbain, Deepti Kapoor nous conte l’histoire d’un amour impossible, un amour étrange et possessif, moins violent qu’il n’y paraît, mais beau dans sa noirceur. Un roman intimiste, renforcé par une narration particulière faite de paragraphes courts et de changements de narrateurs, qui reflète la jeune génération indienne tiraillée entre traditions et évolutions de la société indienne, et dont le troisième personnage est indubitablement le New Delhi d’aujourd’hui. >>Le Seuil - 204 pages - 17 €
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Les Amygdales Gérard Lefort Doux désordre Est-ce un hasard si cet enfant est tombé dans une famille aussi rocambolesque ? Du haut de sa petite taille, il joue à l’enfant modèle mais observe tout, et agrémente la réalité de visions extraordinaires. Entre vérité et imaginaire – mais le réel est parfois si original ici qu’il rejoint l’improbable – il nous livre le récit de son enfance, flanquée d’une mère si désinvolte qu’elle jette l’argent par les fenêtres, pose son dernier verre de vin de la journée sur la table de nuit, d’un père chasseur et insomniaque, de deux frères, d’une petite sœur au nom idiot et d’une flopée – enfin, cela dépend de l’état de la trésorerie familiale – de domestiques. Dans ce premier roman riche de personnages farfelus et de situations cocasses, l’auteur entasse, comme ses parents entassent les objets qui pourraient un jour servir, souvenirs d’école, de campagne battue, de rêves anarchistes, de pelouses à arroser, de demeures familiales ancestrales, pour notre immense bonheur de lecture. >>Éditions de l’Olivier - 288 pages - 18,50 €
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PREMIERS ROMANS
Le Printemps des barbares Jonas Lüscher Traduit de l’allemand (Suisse) par Tatjana Marwinski
La crise en guise de gueule de bois Preising, chef d’entreprise plutôt classique et mesuré, est invité par une relation de travail à passer quelques jours dans un complexe hôtelier de luxe au cœur du désert tunisien. Mais son séjour est quelque peu perturbé par un groupe de jeunes et fortunés traders anglais, réunis à l’occasion du mariage de l’un d’eux. La débauche de luxe et d’alcool est telle que la famille même des mariés est un peu dépassée. Mais subitement, pendant la nuit, la bulle économique anglaise éclate. Tous, à l’image de l’Angleterre, se retrouvent ruinés du jour au lendemain. Très vite, les noces anglaises au cœur du désert tunisien vont dégénérer et une panique générale va se transformer en folie collective. Preising, en témoin de ces drôles de vacances, nous raconte son périple avec une certaine distance, un esprit critique et beaucoup d’humour. Il observe ses contemporains, tout en méditant sur le fonctionnement de notre société de consommation et de ses dérives. Un premier roman sur la crise construit comme une comédie de mœurs satirique. >>Autrement - 208 pages - 17,50 € - À paraître le 02/09/2015
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PREMIERS ROMANS
Les Douze portes dans la maison du sergent Gordon George Makana Clark Traduit de l’anglais (Zimbabwe) par Cécile Chartres et Élisabeth Samama
De la mort à la naissance, de la Rhodésie au Zimbabwe Douze portes : autant d’entrées possibles dans la vie du sergent Gordon, homme au destin terrible. On le retrouve dans l’enfer des mines de cuivre, dans l’armée, pendant la guerre, en institution religieuse, dans son enfance, jusqu’au secret de ses origines. Dans un compte à rebours en douze chapitres qui débute par la fin, c’est toute une vie de damné qui se déroule devant nous.
À travers l’histoire d’un homme, c’est aussi à l’histoire d’un pays que nous assistons, celle d’une souffrance collective, de vies malmenées et brisées par la guerre. Mais aussi celle d’une nouvelle naissance, lorsque la Rhodésie devint le Zimbabwe. Ce premier roman étonnant et foisonnant, teinté de la magie et de la dureté de l’Afrique, est passionnant. À la manière d’un Conrad, l’auteur nous entraîne dans les tréfonds de l’histoire en une épopée tragique mais fantastique. >>Anne Carrière - 320 pages - 21,50 €
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PREMIERS ROMANS
La Petite barbare Astrid Manfredi Brûlante délinquante C’était une jeune fille d’une beauté incendiaire. En prison, elle est devenue la Barbare. Fille de la cité, fille de l’exclusion, elle était en marge, toujours sur le fil du rasoir. Elle aimait le luxe, l’argent et avait compris comment s’en procurer facilement. Femme dans un monde d’hommes, elle s’est servie de sa beauté pour les écraser. Complice d’un meurtre à cause d’un homme, la belle est incarcérée. En prison, elle fait une étude sociologique minutieuse des autres détenues, les observe. Elle se sent différente, s’ouvre à la lecture, essaie de trouver une porte de sortie à ce chemin sans issue, mais il est difficile de lutter contre ses propres démons. Dans ce récit fulgurant, Astrid Manfredi redonne une voix aux banlieues, aux cités, dont la parole a toujours été raptée ou caricaturée. Dans un style proche du slam, elle propose la littérature en réponse au cri de rage de son héroïne, pour le transformer en cri de vie. >>Belfond - 160 pages - 15 €
S’il n’en restait que
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PREMIERS ROMANS
Les Folles espérances Alessandro Mari Traduit de l’italien par Anna Colao
Les fougueux espoirs d’une jeune Italie Dans l’Italie naissante du XIXe siècle, quatre destins flamboyants vont s’entrecroiser. Celui de Colombino, pauvre et simplet, parti demander conseil au pape à propos de la femme qu’il aime et ne peut avoir. Celui de Lisander, artiste milanais qui délaisse la peinture pour le daguerréotype, ancêtre de la photographie. Celui de Leda, grande amoureuse enfermée dans un couvent, future espionne en Grande-Bretagne. Celui de Dom José enfin, qui débarque du Brésil après un long exil, bien décidé à fonder la patrie italienne… et qui n’est autre que le grand Garibaldi. Quatre vies d’espoir, d’amour, de quête qui toutes reflètent cette Italie sur le point de s’unifier, qui toutes tendent vers un but fou, inatteignable : la liberté. Dans ce
prodigieux premier roman, Alessandro Mari mêle les voix et les histoires dans une écriture digne des plus grandes fresques littéraires du XIXe siècle pour nous restituer tout un pan de l’histoire italienne. Un livre ambitieux, d’une grande richesse, qui porte en lui à la fois la maturité de la langue et l’espérance de la jeunesse. >>Albin Michel - 992 pages - 27 €
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100
PREMIERS ROMANS
Tout ce qui est solide se dissout dans l’air Darragh McKeon Traduit de l’anglais (Irlande) par Carine Chichereau
Tchernobyl : la fin d’un monde En ce 26 avril 1986, tout semble bien aller pour ces millions de petites vies qui peuplent le grand monde soviétique. Après ce jour, quatre vies, comme de très nombreuses autres, seront à jamais bouleversées : un incident est survenu dans la centrale de Tchernobyl. Mais peut-on parler d’accident, de dysfonctionnement, dans cet immense pays où le moindre échec remettrait en cause le système politique, qui se doit d’être absolument
parfait ? Dans ce premier roman d’une force inouïe, qui a demandé un temps de recherches considérable, Darragh McKeon nous raconte la catastrophe de Tchernobyl par ceux qui l’ont vécue, sous forme de témoignages. Alors que le pouvoir politique a étouffé la gravité de la situation, à tel point qu’aujourd’hui encore, cet accident nous paraît flou, souterrain, ces voix d’anonymes se lèvent pour soulever légèrement le voile, même si, séparément, aucun des personnages ne mesure l’ampleur du phénomène, sur la véritable situation en URSS sous le vernis posé par le pouvoir. >>Belfond - 400 pages - 22 € S’il n’en restait que
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PREMIERS ROMANS
Le Fleuve guillotine Antoine de Meaux Une cité contre la Terreur Jean de Pierrebelle et Louis du Torbeil sont frères de cœur autant que beaux-frères. Ils appartiennent à l’une de ces grandes et anciennes familles aristocrates lyonnaises. Le 10 août 1792, ils font partie des défenseurs du roi aux Tuileries, réunis à la veille de sa mort, tandis que leur propre cousin marche sur le palais en compagnie des révolutionnaires. Tous trois vont assister au siège de Lyon, cité industrieuse qui se rebelle contre la Terreur mise en place par Paris à la Révolution. Pour les Jacobins, il faut à tout prix écraser la ville sur le chemin qui mène à la Liberté et à l’Égalité. Vu de la forêt environnante, de l’intérieur de la ville ou par les assaillants, le siège de Lyon tuera, à coups de guillotine, mais aussi de fusils et de canons, des milliers d’hommes, sans-culottes comme royalistes, qui refusaient ce pouvoir meurtrier. En une série de chapitres brefs, qui entraîne le lecteur dans le torrent de cette épopée sauvage, Antoine de Meaux évoque cet angle mort de la Révolution, où le monde établi est sur le point de basculer irrémédiablement. >>Phébus - 464 pages - 23 €
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PREMIERS ROMANS
Alice Moine Faits d’hiver Ro man
Faits d’hiver Alice Moine Bon voisinage Vite ! Avant que cet immeuble ne soit soufflé par une fuite de gaz, jetons un coup d’œil aux fenêtres pour découvrir quelles minuscules existences lui ont donné vie, du temps où il tenait debout. Y réchapperont-elles ? Un premier roman explosif, à l’instar de la déflagration finale de cet immeuble, où s’entrecroisent dix personnes, dix tranches de vies différentes, très touchantes, drôles et surprenantes. On y découvre Carole, une jeune femme
sortant d’une rupture, Mathieu, en rendez-vous chez son psychanalyste, Monsieur Rouves, héritier d’un appartement dont il ne veut pas, ou encore Mina, qui se retrouve en charge du bébé d’une amie le temps d’un week-end. Et les autres… Tout en délicatesse, en petits détails, chaque histoire fait écho à une autre et toutes composent, superposées entre elles, les étages de ce roman habilement construit qui se lit avec beaucoup de plaisir. >>Kero - 216 pages - 15,90 €
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PREMIERS ROMANS
Le Metteur en scène polonais Antoine Mouton Et si le contenu des livres changeait si on ne les lisait pas ? On a confié à un metteur en scène polonais la tâche d’adapter le roman d’un auteur autrichien mort. Hélas, ce roman, parce qu’il n’a pas été lu, est piégé : certains personnages disparaissent, d’autres surgissent au fil des lectures du metteur en scène. Le spectacle court irrémédiablement à la catastrophe au fur et à mesure de la folie qui s’empare du metteur en scène. Folie dont il se croit victime, mais qui pourrait expliquer certains de ses actes : la grande armoire qui trône au milieu de la scène, la star à qui l’on a confié le premier rôle mais qui termine cachée sous une fourrure à l’arrière-plan, la durée anormalement longue – huit heures – du spectacle. Il sera aussi question d’œufs durs, d’une disparition puis d’une réapparition d’épouse et d’un philosophe grec flanqué de ses chiens… Dans ce roman presque kafkaïen, Antoine Mouton explore le sentiment de folie et la nécessité de donner du sens, même à l’échec. >>Christian Bourgois Éditeur - 120 pages - 12 €
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S’il n’en restait que
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PREMIERS ROMANS
Today, we live Emmanuelle Pirotte La cavale d’un SS et d’une petite fille juive En décembre 1944, alors que la contre-offensive allemande gronde dans les Ardennes belges, un curé confie une petite fille juive à deux soldats américains. Mais les militaires sont en réalité deux espions SS infiltrés. Lorsque viendra l’heure d’exécuter la petite Renée, Mathias changera soudain d’avis et tuera son camarade pour la laisser en vie. Commence alors une course effrénée pour rester vivants. À qui se fier quand tous les personnages, dès le départ, ne sont pas ceux qu’on croit ? À l’image de la débâcle,
toutes les convictions sont chamboulées, tous les repères, même les plus sombres, ont explosé en quatre ans de guerre, d’humiliation, de lutte, de survie. L’humanité n’est plus là où on le pense, souvent pour le pire, parfois pour le meilleur. >>Le Cherche Midi - 240 pages - 18 €
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PREMIERS ROMANS
Comment j’ai perdu ma femme à cause du tai chi Hugues Serraf Les histoires d’amour finissent mal Son épouse a disparu. D’elle, on n’a retrouvé que le sang, dans une flaque et sur un sabre… portant ses empreintes à lui. Depuis, il est en prison. À Coloc, son compagnon de cellule, un homme taciturne et gris, il entreprend de raconter son histoire. Celle, somme toute banale, de la fin d’un couple. Ils ont été heureux, ont fait des enfants, sont partis en vacances en club. Puis la passion de madame pour le tai chi est devenue de plus en plus présente, à tel point dévorante que leur couple ne s’en est pas remis. Hugues Serraf signe ici un premier roman hilarant, dont le style oral – le héros se confie à son codétenu qui, lui, a réellement trucidé une femme dans des conditions atroces – sert à point l’efficacité. Avec des situations cocasses et un humour désopilant, il démystifie et dédramatise le thème de la séparation et de la fin de l’amour. >>L’Aube - 160 pages - 16 €
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S’il n’en restait que
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PREMIERS ROMANS
La Maladroite Alexandre Seurat Mécanique mortelle Alexandre Seurat a choisi d’appuyer son premier roman sur un terrible fait divers qui a défrayé la chronique dans la Sarthe. Le drame tristement récurrent des enfants maltraités… Un récit qui aurait pu s’échouer sur un voyeurisme écœurant mais qui en est tout le contraire L’écriture, maîtrisée, d’une rare sobriété, et la distance qui donne encore plus de force aux témoignages qui vont se suivre, nous emportent dans cette spirale dramatique aussi infernale qu’inefficace puisque les protagonistes n’ont pas pu ou su agir... Que faire dans une situation aussi
sensible, quand des doutes s’insinuent en vous ? Comment oser prévenir, prendre des risques pour sauver un enfant ? Ce livre nous incite, après une lecture inoubliable, à réagir afin de ne pas vivre comme tous ces personnages, puisque de fiction il s’agit, avec des regrets, des remords inutiles et vains, et ce poids sur la conscience qui va les poursuivre à vie. Avec ce roman porté par un talent d’écriture indéniable, que l’on termine avec un grand sentiment de malaise et qui restera longtemps en mémoire, Alexandre Seurat fait une entrée bouleversante dans la cour des grands. >>Le Rouergue - 128 pages - 13,80 €
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ROMANS ÉTRANGERS
La Zone d’intérêt Martin Amis Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) Bernard Turle
Marivaudage en camp Comment parler de la Shoah alors que tout semble déjà avoir été écrit ? Avec ce livre, Martin Amis joue avec les codes de la farce pour nous parler d’amour dans un cadre où a priori tout amour est banni : Auschwitz. Trois personnages prennent tour à tour la parole : Paul Doll, le commandant du camp, Angelus Thomsen, son neveu officier amoureux de la femme de Doll et opposant au système concentrationnaire, et Szmul Zachariasz, un déporté juif requis au Sonderkommando. Va se jouer entre ces personnages un jeu de marivaudage burlesque qui remettra en question tout l’ordre établi. À travers ces trois voix, ces trois « je », Martin Amis s’insère dans les zones grises et nous donne une vision non manichéenne du monde, comme un panel de la vie. Entre la banalité du mal et celle de l’amour, l’absurde et le cynisme s’installent peu à peu dans l’histoire, dénonçant d’une manière originale toute l’horreur des camps : la complexité des relations, la hiérarchisation des nazis comme des prisonniers, les différences d’obéissance. Un roman grinçant mais non dénué d’émotion. >>Calmann-Lévy - 414 pages - 21,50 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Et ne reste que des cendres Oya Baydar Traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy
Que reste-t-il de nos combats ? Que reste-t-il de ces révolutionnaires turques qui voulaient conquérir le monde dans les années 1970 ? Qu’en est-il de
ces militants, parmi lesquels la belle Ülkü, après la défaite du communisme ? Plongée dans les tourmentes politiques, cette héroïne, grande amoureuse, traverse l’histoire turque, ses dictatures et ses fanatismes avec une grande dignité et une flamboyance à couper le souffle. Comme les siens, après la lutte, Ülkü devra subir l’exil et les désillusions. À travers cette histoire d’amour qui se déroule sur de nombreuses années et dans le monde entier, Oya Baydar parle de sa génération : celle d’une poignée d’utopistes qui voulaient renverser le système et qui ont vécu une tragédie, victimes d’un pouvoir politique, patriarcal, qui les dépassait. De cette génération passionnée, il ne reste que des cendres, des ruines, mais aussi, à présent, un magnifique livre en forme d’hommage. >>Phébus - 576 pages - 25 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Moi contre les États-Unis d’Amérique Paul Beatty Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Bru
Un esclave consentant à son service Et si le seul moyen d’empêcher son quartier de disparaître de la carte des États-Unis consistait à y rétablir la ségrégation raciale ? Tel est le projet, peut-être pas aussi absurde ni fou qu’il n’en a l’air, dans lequel se lance un jeune Noir, que son père a soumis à des principes d’éducation tout à fait particuliers, qui s’attache les services d’un esclave consentant afin d’éveiller la conscience de ses concitoyens. Grâce aux nombreuses références culturelles et historiques, à l’humour décapant, au travail sur la langue et à la verve de Paul Beatty, qui semble emprunter à la fois au stand-up et à la poésie urbaine, le pouvoir d’attraction qu’exerce ce livre est immédiat et irrésistible. L’auteur d’American Prophet parvient à intégrer de sérieuses réflexions politiques, ainsi qu’un questionnement extrêmement intéressant sur l’identité, dans un récit loufoque et irrévérencieux, qui
fait l’effet d’une véritable bouffée d’air frais intellectuelle. >>Cambourakis - 352 pages - 24 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Courrier des tranchées Stefan Brijs Traduit du néerlandais (Belgique) par Daniel Cunin
Le lait à l’épreuve du sang Martin et John sont frères de lait, inséparables depuis l’enfance. Mais l’avènement de la Première Guerre mondiale va définitivement les séparer. John, fervent lecteur, refuse de s’enrôler, préférant s’isoler auprès de ses auteurs préférés plutôt que de participer à l’enthousiasme de l’entrée en guerre. Martin, quant à lui, chef de bande de leur quartier londonien, ne rêve que d’être soldat. Martin ne reviendra pas, et lorsque John sera appelé sous les drapeaux, il découvrira avec effroi l’atroce vérité sur le sort de son ami. Dans ce roman foisonnant, l’auteur décrit avec une infinie justesse l’inhumanité de la guerre, l’abîme sidéral entre ce que les jeunes soldats imaginent, galvanisés par leurs idéaux, et la réalité du terrain. Ses personnages, avec leurs
illusions, leurs doutes, la complexité de leurs sentiments, prennent littéralement corps. Bien plus qu’un énième roman sur la guerre, ce livre est porté par une telle force, une telle intensité, qu’il nous laisse sans voix, sans mots, le souffle coupé. >>Héloïse d’Ormesson - 592 pages - 24 €
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100
ROMANS ÉTRANGERS
L’Imposteur Javier Cercas Traduit de l’espagnol par Aleksandar Grujicic et Élisabeth Beyer
Un masque de vertu Enric Marco a porté haut pendant près d’un demi-siècle l’étendard de la résistance. Ce Barcelonais de quatrevingts ans a été rescapé des camps, résistant antifranquiste, anarchiste et syndicaliste. Il a été de tous les combats, de toutes les guerres… jusqu’en 2015, où un historien curieux révèle la supercherie : Enric Marco n’a rien été de tout cela. Sa vie n’est que mensonge. Pourquoi, à cinquante ans, celui qui comme tant d’autres a fait partie de la masse des résignés a-t-il décidé de réinventer sa vie pour en faire un mythe de vertu ? Pourquoi l’avoir clamé si haut et fort, se faisant élire président de l’Amicale de Mauthausen, n’hésitant pas à prendre la parole en public et à répondre à toutes les interviews ? Pour Javier Cercas, Enric Marco est sans doute l’incarnation du personnage réel qu’il a sans cesse tenté de mettre en scène dans ses romans. En déconstruisant le mythe créé par son protagoniste, il signe ici un roman sans fiction dans lequel la fiction est omniprésente, tout comme dans
cette société contemporaine dont il dénonce l’industrie, avec la médiatisation, l’amnésie collective et le culte hypocrite de la vertu. >>Actes Sud - 416 pages - 23,50 € - À paraître le 02/09/2015 S’il n’en restait que
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ROMANS ÉTRANGERS
L’Infinie comédie David Foster Wallace Traduit de l’anglais (États-Unis) par Francis Kerline
Distraire à mort Dans un futur proche, les États-Unis, le Canada et le Mexique sont devenus un seul et immense pays, l’Amérique du Nord, régi par la société de divertissement. Tous cherchent à se distraire à tout prix… Sauf quelques dissidents, dont le groupe séparatiste québécois nommé « Les Assassins en Fauteuil Roulant ». Ces derniers sont particulièrement intéressés par une invention, créée par un certain Incandenza : une vidéo qui provoquerait une fois visionnée la mort par passion. Une arme de pur entertainment qui pourrait leur permettre de renverser le pouvoir. D’un centre de désintoxication à un tennis club, des manigances d’extrémistes aux propos décousus d’un jeune tennisman, David Foster Wallace signe ici, à titre posthume, son grand œuvre : une vision des États-Unis poussée à ses limites, des personnages farfelus mais tous
géniaux, dans une langue qui passe d’un registre à l’autre – du québécois littéraire au slang des cités – avec une aisance jubilatoire. Un livre déjà culte. >>Éditions de l’Olivier - 1 488 pages - 27,50 €
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100
ROMANS ÉTRANGERS
Soundtrack Furukawa Hideo Traduit du japonais par Patrick Honnoré
La réappropriation du monde Touta et Hitsujiko sont deux enfants miraculeusement sauvés des eaux, chacun d’une manière différente, qui ont échoué sur une île déserte du Pacifique. Sur cette terre perdue, pendant deux ans, ils apprennent à survivre, loin de toute civilisation, et développent des talents particuliers en rapport avec la nature, en particulier Hitsujiko, qui invente une danse chamanique au pouvoir destructeur. Recueillis par des pêcheurs, ils sont élevés comme frère et sœur jusqu’à leur adolescence, où ils partent vivre à Tokyo. Mais c’est dans une ville digne de science-fiction que nous plonge Furukawa : en cette année 2009, la brûlante capitale nippone, victime des dérèglements climatiques, a accueilli des milliers d’étrangers. Touta et Hitsujiko, par le pouvoir de la danse et de la musique, vont changer ce monde. Ce roman, comparable dans sa force aux Bébés de la consigne automatique de Murakami Ryu et déjà culte au Japon, commence comme une fable, puis prend de l’ampleur pour enfin aboutir en apothéose. La langue même, douce, se saccade peu à peu jusqu’à se déchaîner, au rythme de notre monde devenu fou. >>Philippe Picquier - 624 pages - 23,50 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Un cheval entre dans un bar David Grossman Traduit de l’hébreu par Nicolas Weill
One-man-show pour un seul spectateur Dans un club de seconde zone à Netanya, en Israël, le comique Dovale G. fait son show, débitant des plaisanteries acerbes et salaces, humiliant son public. Dans le fond de la salle se trouve le juge Avishaï Lazar. Il semble dégoûté par le spectacle auquel il assiste. Car il n’est pas là par plaisir : il a été invité par Dovale. Mais peu à peu, le one-man-show prend une tournure différente. Dovale se met à raconter son enfance, son adolescence et se livre en direct, sous les yeux des spectateurs abasourdis, à un règlement de compte. Dans cette unité de temps, de lieu et d’action, on assiste au récit d’une vie longtemps refoulée et étalée sans fard, dans sa crudité et son absurdité. David Grossman nous offre à lire ici un livre coup de poing, à l’instar de celui, verbal, que l’acteur envoie au juge, qui crépite d’invention, d’humour et de justesse. >>Le Seuil - 240 pages - 19 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Péchés capitaux Jim Harrison Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
Luxure ou violence, quel péché est le plus grand ? Sanderson, inspecteur sur le retour qui avait démantelé une secte dans Grand Maître, revient pour de nouvelles aventures. Aujourd’hui à la retraite, il s’installe dans un bungalow au cœur du Nord Michigan. Mais son repos ne sera que de courte durée : ses voisins, les Ames, constituent un clan qui vit hors des lois et sème la terreur dans toute la région. La pêche à la truite ne sera pas pour cette année. À l’instar de son personnage, toujours au bord de succomber lorsqu’il croise des représentantes de la gente féminine, même parmi les plus jeunes, Jim Harrison s’interroge sur cette violence devenue omniprésente et banalisée, dont plus personne ne s’offusque, alors que le sexe continue de choquer. Si la luxure fait partie des péchés capitaux, la
violence ne serait-elle pas le huitième péché ? Il dresse à travers le regard de son personnage et ses méditations, qui donnent une gravité particulière à ce roman, un portrait désabusé mais aiguisé de la société américaine d’aujourd’hui. >>Flammarion - 352 pages - 21 € - À paraître le 02/09/12015
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ROMANS ÉTRANGERS
Funny Girl Nick Hornby Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Christine Barbaste
La folle culture du divertissement Fraîchement élue reine de beauté à Blackpool, sa ville natale, Barbara décide de tout quitter pour se rendre à Londres et enfin concrétiser son rêve : jouer la comédie, faire rire les gens. Très vite son acharnement va payer : alors qu’elle n’est encore qu’une illustre inconnue, elle réussit à convaincre scénaristes et producteurs de l’engager et lui donner le rôle principal dans une toute nouvelle série. Personne n’y croit vraiment à part elle mais, dès la première diffusion, le public tombe sous son charme. Elle est désormais Sophie Straw, actrice star de la BBC, adulée par toute l’Angleterre. Tout va alors s’enchaîner très vite pour la jeune femme… trop vite, peut-être ! Humour, nostalgie, tendresse : tous les ingrédients chers à Nick Hornby sont réunis dans ce roman alerte pour en faire une superbe peinture d’une époque en pleine mutation : celle des Swinging Sixties, qui ont vu naître le divertissement et la pop culture. >>Stock - 432 pages - 23 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Dans les eaux du lac interdit Hamid Ismaïlov Traduit de l’anglais (Ouzbékistan) par Héloïse Esquié
Conte de la radioactivité Dans le train qui traverse les steppes kazakhes, un enfant qui vend des boulettes de lait caillé attire l’attention d’un voyageur : au violon, il joue un morceau de Brahms à la perfection. Cet enfant, c’est Yerzhan, et ce n’est pas un enfant. Lorsqu’il l’était, il vivait dans la steppe avec sa famille. Dans la seule autre maison aux alentours, habitait Aisulu, son amie et sa promise. Tous deux se rendaient à l’école à dos d’âne, écoutaient les vieilles légendes racontées par les anciens, s’amusaient des histoires de famille. Yerzhan apprit à jouer du violon auprès d’un Bulgare de passage. Une enfance douce et heureuse, jusqu’au jour où le garçon se baigna dans le Lac interdit, situé dans la zone, à dix kilomètres de chez lui. Yerzhan ne grandira plus jamais. Dans ce conte enjoué, qui nous touche en plein cœur par sa poétique simplicité, Hamid Ismaïlov évoque les dégâts innombrables et irrémédiables qu’a causés sur la population locale le site de Semipalatinsk, où se déroulaient les essais atomiques soviétiques. Aujourd’hui
encore, sa radioactivité est bien supérieure à celle de Tchernobyl, empêchant les enfants de grandir librement, brisant des vies. >>Denoël - 128 pages - 12 € S’il n’en restait que
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ROMANS ÉTRANGERS
La Neige noire Paul Lynch Traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso
Mauvaise fortune Dans une Irlande en dehors du monde, en pleine Seconde Guerre mondiale, Barnabas Kane et son épouse Eskra, revenus s’installer au pays, subissent les coups du sort. Leur étable part en fumée avec leur troupeau et leur ouvrier agricole meurt dans l’incendie. Après une première phase d’abattement, Barnabas se remet au travail mais Eskra et Billy, leur fils, apprennent qu’il a résilié le contrat d’assurance. L’incompréhension s’installe alors dans la famille. L’obstination, l’aveuglement de Barnabas l’isolent des siens, mais aussi des voisins et de tout le village. Le destin est cruel et l’acharnement des hommes est si vain. À travers le portrait de cette famille marquée par le sort, la façon dont chacun réagit et les conséquences que cela produit sur les vies des uns et des autres, Paul Lynch décrit magnifiquement la nature sauvage de ces contrées et l’évolution psychologique de ses personnages rugueux, frustres et simples. Dans une prose où les couleurs sont omniprésentes, en total décalage avec la noirceur de l’histoire, il nous offre à lire de somptueuses pages, à la fois lumineuses et terribles. >>Albin Michel - 320 pages - 20 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Délivrances Toni Morrison Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Laferrière
Le difficile chemin vers l’acceptation Bride s’est construite sur un mensonge. Née Lula Ann Bridewell, rejetée par ses parents parce qu’elle est plus noire de peau qu’eux, la petite fille signera un faux témoignage envoyant une institutrice en prison pour pédophilie, uniquement pour plaire à sa mère. Quinze ans plus tard, Bride a bien changé : la jeune femme, heureuse dans sa carrière, a accepté sa couleur de peau. Le pardon de cette ancienne maîtresse d’école constitue la prochaine étape dans son chemin vers son épanouissement. Mais sa décision d’aller l’attendre à sa sortie de prison n’était sans doute pas la meilleure idée… Dans ce roman d’initiation où tout repose sur un acte initial – un mensonge d’enfant et ses conséquences – Toni Morrison explore les chemins tortueux sur lesquels nous mènent nos choix, nos rencontres, nos traumatismes. Autour
de la magnifique figure centrale, elle tisse une fresque de rapports humains, simples ou complexes, mais toujours emblématiques du chaos de notre société. >>Christian Bourgois Éditeur - 200 pages - 18 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Illska Eiríkur Örn Norddahl Traduit de l’islandais par Éric Boury
Le monde d’hier et d’aujourd’hui dans une histoire d’amour Au cœur du Reykjavik d’aujourd’hui, un triangle amoureux. Omar aime Agnes, qui aime son mari en retour… mais qui aime aussi Arnor. Pourtant, tout les oppose : elle est d’origine juive, c’est un néonazi. Mais Arnor – pour qui Agnes est la première juive qu’il rencontre – est le seul néonazi qu’elle connaît. Dans cette liaison, l’autre est sujet d’étude et de fascination, d’autant plus qu’Agnes est obsédée par sa propre histoire, liée au massacre des Lituaniens. À tel point qu’Omar, ne trouvant plus sa place dans la vie d’Agnes, part non sans avoir brûlé sa maison. À travers cette intrigue historique et politique où l’actualité est très présente sous forme de flashs, Eiríkur Örn Norddahl interroge le mal – « Illska » en islandais – à travers les âges et sous toutes ses facettes. Un projet littéraire tout à fait
extraordinaire qui rassemble, par un jeu de points de vue et de différents regards, l’Holocauste, la situation économique contemporaine, la montée de l’extrême-droite… et l’amour. >>Métailié - 608 pages - 24 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Vie et mort de Sophie Stark Anna North Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch
Le visage moderne de l’artiste maudit Sophie Stark est une jeune réalisatrice surdouée. Avec sa caméra, elle transcende le monde. Elle possède le pouvoir de révéler les gens, la beauté en eux. Quitte à les utiliser. Car pour réaliser le film parfait, Sophie Stark, absolument dénuée d’empathie, est prête à tout, même à sacrifier les gens. Ses acteurs, mais aussi ceux qui l’ont aimée. Ses proches vont tour à tour raconter leur Sophie, peut-être pour redonner un visage humain à cette artiste ultime. Son premier amour, son mari, sa maîtresse, son frère, un critique de cinéma. Dans ce roman choral tenu par un fil narratif très frappant, Anna North ressuscite le mythe de l’artiste maudit. D’une façon très moderne et très romanesque à la fois, l’auteure décrit aussi la société contemporaine, presque dans son immédiateté. >>Autrement - 384 pages - 22 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Intérieur nuit Marisha Pessl Traduit de l’anglais (États-Unis) par Clément Baude
En plein film d’horreur En apprenant la mort de la jeune et belle Ashley Cordova, retrouvée dans un hangar de Chinatown, Scott McGrath, journaliste d’investigation, émet des doutes sur le suicide auquel on conclut. Tout à sa fascination pour le père d’Ashley, McGrath décide de mener sa propre enquête. Car Stanislas Cordova n’est pas un homme ordinaire. Ce réalisateur de films d’horreur est toujours resté très discret sur sa vie, à tel point qu’on ne l’a pas revu depuis trente ans. McGrath, en tentant une première fois de s’en approcher, y a laissé des plumes : son mariage et sa carrière. C’est donc nourri d’une grande dose d’obsession, d’un soupçon de revanche personnelle et d’un brin de curiosité qu’il se lance à la recherche de ce cinéaste de génie, aux films aussi dérangeants qu’hypnotisants. Mais l’enquêteur ne risque-t-il pas de devenir la proie de sa cible ? Pour nous plonger plus encore dans cette enquête au suspense qui va crescendo, Marisha Pessl étaye ce roman incisif aux allures de thrillers de nombreux documents : coupures de presses, photographies, mots griffonnés. Il en résulte un roman-univers qui nous ferait presque imaginer que Stanislas Cordova a réellement existé. >>Gallimard, coll. Du monde entier - 720 pages - 24,90 € 102
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ROMANS ÉTRANGERS
Orfeo Richard Powers Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Yves Pellegrin
Fugue du XXe siècle « Je voulais que la musique soit l’antidote du familier. Voilà comment je suis devenu terroriste. » Un compositeur à la retraite perd son chien, compagnon de ses vieux jours. Suite à cet événement, le laboratoire secret qu’il a installé dans son appartement est découvert par les autorités sanitaires. Peters Als, soixante-dix ans, voyant sa vie basculer en quelques jours, décide de partir. La sécurité nationale le recherche, la presse suit l’affaire et sa fille tente désespérément de le raisonner. Cette cavale permet à notre compositeur de faire le point sur sa vie, sa relation à la musique, ses rencontres, ses échecs ou réussites. À travers cette fuite en avant, c’est surtout une ode à la musique que nous offre à lire Richard Powers. Le
thème de la fugue, avec ses sursauts, ses apaisements, ses accélérations et sa précipitation vers l’inexorable fin, est comme un fil rouge qui tient tout du long ce roman d’une grande puissance, comme une métaphore de la vie et du monde. >>Le Cherche Midi - 432 pages - 22 €
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ROMANS ÉTRANGERS
Une Antigone à Kandahar Joydeep Roy-Bhattacharya Traduit de l’anglais (États-Unis) par Antoine Bargel
L’obsédante présence de l’autre Après un violent combat, une jeune femme lourdement handicapée s’approche et vient réclamer aux Américains le corps de son frère, pour l’enterrer selon ses coutumes. Sa présence devient obsédante pour tous les hommes et fait exploser leurs différences. Un narrateur différent par chapitre nous expose son point de vue : faut-il l’aider ? L’ignorer ? Est-ce une kamikaze ? Voici un des tous premiers romans sur cette terrible guerre d’Afghanistan… terrible par les combats, les
dommages collatéraux, la rudesse du climat et du terrain, mais surtout par l’incompréhension qui réside entre les troupes et la population. Cette tragédie, sous la forme d’une montée en puissance de l’horreur et de la vengeance, est une réflexion très intéressante sur le rôle de l’armée et les motifs de l’engagement militaire. Elle nous fait toucher du doigt la difficile cohabitation entre des soldats, épuisés et sous tension, obéissant aux ordres de supérieurs basés à des milliers de kilomètres, et les Afghans, hésitant entre méfiance, incompréhension et sens du devoir, pour éradiquer l’État Taliban. >>Gallimard, coll. Du monde entier - 368 pages - 21,50 €
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J’ai vu un homme Owen Sheers Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Mathilde Bach
À quoi tient la culpabilité ? Un samedi de juin, Michael remarque que la porte arrière de la maison de ses voisins Josh et Samantha est restée ouverte. Afin de s’assurer que tout est en ordre, il pénètre dans la maison. Pendant les quelques minutes qu’il passe à l’intérieur, il se remémore sa vie d’avant, à New-York puis sa rencontre, son mariage avec Caroline et la mort de celle-ci, reporter de guerre tuée par un drone au Pakistan. Bien plus qu’un voisin, il est devenu un ami, un confident pour Josh et Samantha et comme un oncle pour leurs deux filles. Mais cette anodine visite à l’improviste chez eux un aprèsmidi d’été va faire basculer leurs existences à tout jamais. Pris dans un drame qui le dépasse, Michael s’attache à réparer sa faute. Owen Sheers construit son roman de façon magistrale en faisant alterner les points de vue des différents personnages mais donnant toujours la faveur à Michael. C’est un formidable roman psychologique, très hitchcockien de par son ambiance et ses personnages, qui se lit comme un polar impossible à lâcher ! >>Rivages - 352 pages - 21,50 €
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D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds Jón Kalman Stefánsson Traduit de l’islandais par Éric Boury
Mémoire islandaise À la réception d’un colis envoyé par son père et contenant des souvenirs de famille, Ari décide de rentrer au pays. Il quitte le Danemark et la carrière qu’il y a bâtie pour s’envoler vers Keflavík, petit port qui a bercé son enfance, mais aussi celle de ses ancêtres et de ses descendants. Il est temps pour Ari de retrouver sa mémoire, de comprendre en se tournant vers le passé familial pourquoi il a choisi l’exil. Car comment peut-on comprendre la raison véritable de nos choix, sinon en se tournant vers son histoire ?
Grâce à ce retour en Islande, pays mythique des dieux nordiques, s’enclenche la saga d’une famille, sur trois générations. Jón Kalman Stefánsson ferre son lecteur dès le début, lançant sa ligne au loin dans le passé mythologique, magique, et remonte à la surface un filet empli de poésie, de personnages merveilleux – tels le grand-père d’Ari, le fameux capitaine et armateur Oddur, et sa grand-mère, l’ensorcelante Margrét – et de souvenirs. >>Gallimard, coll. Du monde entier - 448 pages - 22,50 €
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Barracuda Christos Tsiolkas Traduit de l’anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre
Une vie de renoncement Il y a eu le premier Danny Kelly, jeune nageur ambitieux, qui ne briguait que la première place. Mais pour être le meilleur, il faut tout sacrifier, renoncer à tout le reste et sans cesse se dépasser. Puis il y a le second Danny Kelly. Celui qui se reconstruit. Entre temps, il y a eu la prison. Après La Gifle, Christos Tsiolkas nous donne à lire un roman coup de poing sur l’ambition, la chute, le renoncement : celui de la vie sociale, affective, qu’on laisse de côté quand on est sportif de haut niveau, celui qui nous assomme au moment où l’on s’y attend le moins, et enfin celui de tout ce qui a été projeté, désiré auparavant, c’est-à-dire l’acceptation de notre incapacité à repousser nos propres limites et l’apaisement qui l’accompagne. Dans un style sans fioritures, l’auteur décrit cette réalité brute à laquelle on se cogne, cette rage contenue au fond de soi qui ne fait pas toujours déplacer des montagnes. >>Belfond - 490 pages - 22 €
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Les Chroniques de Zhalie Yan Lianke Traduit du chinois par Sylvie Gentil
Ville champignon Créé par un voleur et une prostituée, Zhalie est un petit village chinois ordinaire. Mis à part que les habitants ont entrepris de faire de leur pauvre hameau la plus grande ville du monde. Il ne leur faudra pas plus de trente ans, trente années que nous raconte Yan Lianke, dans un réalisme magique digne d’un Cent ans de solitude, mais typiquement asiatique. Car à travers cette saga et l’explosion de cette nouvelle Babylone, c’est l’histoire de la Chine moderne qu’entreprend de nous conter l’auteur. Avec un goût
particulier pour la poésie et l’absurde, il met la nature sous le joug de l’humain et la soumet à leur volonté, leurs vices et leur violence. Mis à l’index dans son pays, Yan Lianke est pourtant l’un des plus grands auteurs chinois contemporains. Il est l’écrivain de la liberté par excellence, comme le démontrent ces chroniques envoûtantes et flamboyantes. >>Philippe Picquier - 528 pages - 23 € - À paraître le 03/09/2015
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ESSAIS & RÉCITS LITTÉRAIRES Adieu Montaigne
Jean-Michel Delacomptée
Montaigne : tout sauf notre contemporain (Re)lire Montaigne, oui ! Mais de là à y trouver les clés d’une philosophie que nous pourrions adapter à notre quotidien, Jean-Michel Delacomptée émet quelques doutes. Car qui, plus que Montaigne, est éloigné de cette société de chiffres, de rendement, vidée d’une grande part d’humanité ? La passion que nous éprouvons pour l’écrivain n’est-elle pas davantage la marque d’une nostalgie pour une époque à tout jamais révolue, celle du Verbe ? Apprenons plutôt à le lire en le remettant dans une histoire que nous n’oublions que trop : celle du genre humain !
>>Fayard - 200 pages - 17 € À paraître le 02/09/2015
Casanova l’aventure Alain Jaubert
Une figure littéraire en trente tableaux Tout a-t-il été dit sur Casanova, à commencer par l’auteur lui-même, qui s’est raconté dans Histoire de ma vie ? Dans cette série de trente saynètes, le réalisateur de films sur l’art s’y essaie et recompose, en un tableau pointilliste, la figure du séducteur aventurier. Les femmes, le corps, la poésie, l’humour et puis Venise, la fastueuse, la magique, mais aussi la cité de débauche, tout l’univers de Casanova y est.
>>Gallimard - 304 pages - 20,50 € À paraître le 03/09/2015
L’Amérique d’un écrivain Marc Twain
Le second tome tant attendu de l’autobiographie de Mark Twain Pendant les quinze dernières années de sa vie, Mark Twain s’est attelé à son autobiographie. Mais, s’autorisant à tout y dire, l’écrivain avait spécifié que cet ouvrage ne pourrait être publié que cent ans après sa mort, lorsque tous ses contemporains seraient eux aussi décédés. Après Une histoire américaine, sorti en 2012, voici le second volume de ces mémoires, où Twain mêle joyeusement son histoire personnelle, celle de la littérature et celle des États-Unis. Acide, truculent, déjà mythique.
>>Tristram - 864 pages - 29,95 € À paraître le 10/09/2015
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ESSAIS & RÉCITS LITTÉRAIRES Dieu, les affaires et nous Jean d’Ormesson
Un écrivain dans son siècle L’écrivain préféré des Français a toujours porté sur la France et sa vie politique un regard d’observateur à la fois précis et passionné. Engagé sans jamais avoir pris parti en politique, suivant une certaine voie du Milieu sans pour autant être bouddhiste, Jean d’Ormesson est plus que tous un enfant du siècle et a toujours participé activement au monde dans lequel il vit. Pour preuve ses chroniques, qui sont autant de portraits, de témoignages, de documents et de commentaires sur la France d’aujourd’hui.
>>Robert Laffont- 672 pages - 24 €
La Nuit de feu
Éric-Emmanuel Schmitt
Histoire d’une conversion Dans ce récit, Éric-Emmanuel Schmitt revient sur un événement qui a totalement changé sa vie : la nuit qui fit de lui un croyant. En1989, lors d’un séjour de découverte auprès des Touaregs, l’écrivain se perdit, pendant trente heures, dans le désert saharien. Sans aucun mysticisme, il témoigne de l’extraordinaire confiance qu’il a soudain ressentie. Cette expérience est-elle la clé de son œuvre ? D’une certaine manière, car si elle ne remplace pas la raison, la foi est une façon d’habiter le mystère.
>>Albin Michel - 192 - pages 16 € À paraître le 02/09/2015
Conversations d’un enfant du siècle Frédéric Beigbeder
Échanges libres avec les plus grands auteurs contemporains À travers les interviews de ses écrivains préférés – Bret Easton Ellis, Michel Houellebecq, James Salter ou encore Jean d’Ormesson –, Frédéric Beigbeder le journaliste littéraire nous offre à lire le meilleur de ses échanges autour de la littérature. Des conversations libres, drôles, intimes sur le livre, cet objet en voie de disparition, mais aussi sur la création, l’art et le sens de la vie. Une somme inédite en version complète qui vient clore sa trilogie autour de la littérature entamée avec Dernier inventaire avant liquidation et Premier bilan après l’apocalypse.
>>Grasset - 368 pages - 20 € À paraître le 16/09/2015 110
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ESSAIS & RÉCITS LITTÉRAIRES Ces amis qui enchantent la vie Jean-Marie Rouart
Mes amis les livres 120 écrivains pour amis, voici de quoi constituer une joyeuse bande de copains ! Et si Jean-Marie Rouart a décidé de leur consacrer un livre, c’est parce qu’au-delà de ces noms, il y a des livres. Certains lui ont sauvé la vie, d’autres lui ont procuré de grands moments de joie, de transport, de passion, d’autres encore lui ont permis de persévérer dans sa passion, l’écriture. Tous les auteurs, connus ou moins connus, qui ont compté pour lui sont réunis dans ce vibrant hommage.
>>Robert Laffont - 912 pages - 24 €
• Relire - Enquête sur une passion littéraire • Flaubert à la Motte-Picquet
Laure Murat
Qui lit (et relit) quoi ? À travers deux essais littéraires qui paraissent en même temps, Laure Murat explore les aspects inédits de la lecture. Dans Relire, elle s’attache à décrire et comprendre cette passion particulière qu’ont certains lecteurs, pour s’approprier la littérature en se créant leur propre univers : la relecture. Dans Flaubert à la Motte-Picquet, elle a fait ce que nombre de lecteurs curieux ont fait avant elle : se pencher par-dessus l’épaule de ses voisins de métro pour découvrir ce qu’ils lisaient. De quoi mieux appréhender les lecteurs d’aujourd’hui.
>>Flammarion - Relire : 304 pages - 19€ Flaubert à la Motte-Picquet : 96 pages - 8 € À paraître le 09/09/2015
L’Explosion romantique Éric Tellenne
Chroniques d’un mouvement littéraire Marchez dans les pas du romantisme, ce mouvement qui fit exploser les codes classiques de l’art et qui fut l’annonciateur de la littérature, mais aussi de la peinture, de la musique, du théâtre et de la poésie modernes. Dans cette chronique romancée du romantisme en train de se faire et de la vie littéraire du XIXe siècle, Éric Tellenne nous fait découvrir les grandes figures au sein même des salons littéraires qu’ils fréquentaient : Hugo, Nodier, Lamartine, Musset sont dépeints dans leur intimité sur fond de Chopin. Un objet littéraire très original.
>>Éditions du Rocher - 180 pages - 19 € S’il n’en restait que
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ESSAIS & RÉCITS LITTÉRAIRES Libres d’aimer Les cougars dans la littérature Clélia Renucci
Grandes initiatrices Femmes mariées, manipulatrices ou victimes de leur passion, nombreuses sont les figures féminines qui partageront leur expérience avec de jeunes hommes. On pense à Colette, bien sûr, mais aussi à Mme de Raynal chez Stendhal, à Mme Arnoux dans L’Éducation sentimentale, qui ont été les grandes accompagnatrices des romans d’apprentissage. Parfois à leurs propres dépens ? Si le terme, à consonance nettement péjorative, de « cougar » date du XXIe siècle, rendons hommage à ces femmes passionnées qui ont marqué les héros et la littérature.
>>Albin Michel - 304 pages - 20 € À paraître le 02/09/2015
Un séjour en France Bérangère Lepetit
Un récit d’immersion comme un roman d’aventures En 2013, Bérangère Lepetit, journaliste au Quotidien, avait couvert les plans sociaux qui avaient touché l’industrie agro-alimentaire. Mais peut-on rendre de la réalité en un seul article ? Deux ans plus tard, elle posait un congé d’un mois pour être embauchée en intérim dans un abattoir breton. Une immersion totale poussée par la curiosité et le besoin de toucher le réel, une expérience radicale, un témoignage poignant sur des êtres courageux, en lutte, que chronique Bérangère Lepetit.
>>Plein Jour - 170 pages - 17 € À paraître le 03/09/2015
La Transparence et le reflet Serge Bramly
Du pratique au divin : histoire d’un matériau L’écrivain Serge Bramly délaisse ici le roman pour nous offrir ce magnifique essai sur le verre. Un matériau unique qui a autant contribué au progrès que le fer. Absent en Asie, en Afrique et en Amérique jusqu’aux colonisations, le verre est intimement lié à l’histoire de l’Europe. Il a ouvert des portes en sciences, avec la lentille, les fioles, le thermomètre, en art, avec la perspective, et même en religion : avec les vitraux, la lumière devient le symbole mystique du divin. Un ouvrage passionnant qui se lit comme un roman.
>>JC Lattès - 560 pages - 24 € 112
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INDEX A
Amis Martin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 87 Angot Christine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 Arnaud Clara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.59
B
Barbara Vanessa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 60 Baydar Oya . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 88 Beatty Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 89 Beaupain Alex . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 Beigbeder Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Benameur Jeanne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 Binet Laurent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9 Blanvillain Luc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 61 Boltanski Christophe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 62 Bramly Serge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 112 Brasseur Diane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10 Brijs Stefan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 90 Brügger Arthur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 63
C
Cercas Javier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 91 Chalandon Sorj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11 Chanter Catherine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 64 Choplin Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 Côte Nathalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 65
D
Delacomptée Jean-Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109 Deram Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 66 Desarthe Agnès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13 Divry Sophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14 Durringer Xavier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 67
E
Énard Mathias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15
F
Fel Jérémy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 68 Ferrier Michaël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 Foster Wallace David. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 92 Furukawa Hideo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 93
G
Garat Anne-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17 Garcia Tristan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Gautier Pascale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 Giraud Brigitte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20 Gloeckner Phoebe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 69 Green Eugène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21 Grossman David . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 94 Guillot Marion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 70
H
Haddad Hubert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 Haderlap Maja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 71 Harrison Jim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 95 Hatzfeld Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23 Hernàndez Luna Juan. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48 Holder Éric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24 Hornby Nick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 96
I
Ismaïlov Hamid . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 97
J
Jaenada Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25 Jaubert Alain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109 Jónsdóttir Auður. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 72
K
Kaddour Hédi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26 Kapoor Deepti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 73 Khadra Yasmina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27
L
Lafon Marie-Hélène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28 Lefort Gérard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 74 Lepetit Bérangère. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 112 Liberati Simon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29 Lüscher Jonas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 75 Lynch Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 98
M
Mabanckou Alain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Majdalani Charif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31 Makana Clark George. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 76 Manfredi Astrid . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 77 Mari Alessandro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 78 Martinez Carole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32 McKeon Darragh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 79 Meaux Antoine de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 80 Meur Diane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 33 Moine Alice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 81 Monnin Isabelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 Mordillat Gérard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 35 Morrison Toni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 99 Mouton Antoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 82 Murat Laure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 111
N
Nathan Tobie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Norddahl Eiríkur Örn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 100 North Anna . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 101 Nothomb Amélie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 37
O
Ormesson Jean d’. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Oster Christian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38
P
Perrignon Judith . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 39 Pessl Marisha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 102 Pigani Paola . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40 Pirotte Emmanuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 83 Powers Richard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 103
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Raufast Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41 Ravey Yves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42 Renucci Clélia. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 112 Reverdy Thomas. B. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 43 Rheims Nathalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 44 Riboulet Mathieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 45 Rongier Sébastien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 46 Rostain Michel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 47 Rouart Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 111 Roy-Bhattacharya Joydeep. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 104 Rutés Sébastien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48
S
Sabolo Monica . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 49 Sansal Boualem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 50 Schmitt Éric-Emmanuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Seksik Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 51 Serraf Hugues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 84 Seurat Alexandre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 85 Sheers Owen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 105 Slocombe Romain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52 Sorente Isabelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 53 Stefánsson Jón Kalman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 106
T
Tellenne Éric. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 111 Toussaint Jean-Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 54 Tsiolkas Christos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 107 Turckheim Émilie de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 55 Twain Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109
V
Vigan Delphine de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 56
Y Yan Lianke. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 108
114
S’il n’en restait que
100
Z
Zeniter Alice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 57
REMERCIEMENTS
Ont participé à la sélection, à la rédaction et à la réalisation de ce catalogue : Librairie L’ARMITIÈRE - Alexandra Caclard, Baptiste Gardrat, Camille Miquel, Roselyne Robin Librairie ATTITUDE - Frédéric Lassalle Librairie BISEY - Laetitia Vonau, Luc Widmaier Librairie CAP CULTURE - Marie Duffieux-M’Bahia, Amandine Goujard Librairie CHARLEMAGNE Hyères - Marie Théron Librairie CHARLEMAGNE Toulon - Camille Fénérol, Virginie Cabrera Librairie CHEMINANT - Sophie Bourhis Librairie COGNET - Joëlle Detre Librairie DEVELAY Chalon-sur-Saône - Jean-Noël Riblier, Marie-Paule et toute l’équipe Librairie DEVELAY Villefranche-sur-Saône - Jennifer Oden, Elsa Simonnet Librairie DIALOGUES - Caroline Mucchielli Librairie DOUCET - Marie Adélaïde Dumont, Nathalie Pelletey, Linda Pommereul Librairie ESPACE TEMPS - Marc Flament, Marine Gely, Corine Girard Librairie FONTAINEBLEAU - Daniel Cuny Librairie FORUM DU LIVRE - François-Régis Sirjacq, Solen et toute l’équipe Librairie GARIN - Laurence Quenard et toute l’équipe Librairie GOYARD - Simone Pacchianna Librairie LABBÉ - Béatrice Pierre Librairie ESPACE PIERRE LECUT - Sophie Foulon Librairie LA MAISON DU LIVRE - Caroline Herbeck, Emmanuelle Belle Librairie MARTIN-DELBERT - Christine Salazar, Aurore Nani, Anne-Laure Ducamp, Éric, Gilbert et toute l’équipe Librairie MONTAIGNE - Charlotte Librairie PAGE ET PLUME - Aurélie Janssens Librairie PRIVAT - Vincent Ladoucette Librairie RAVY - Valérie Le Bras, Karine Tassel Librairie RICHER - Jackie Hoareau
S’il n’en restait que
100
115
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J Abbeville : TERNISIEN-DUCLERCQ Agen : MARTIN-DELBERT Angers : RICHER
Angoulême : COSMOPOLITE Antibes : MASSÉNA
Bergerac : MONTAIGNE Blois : LABBÉ
Bourg-en-Bresse : MONTBARBON Brest : DIALOGUES Caen : PLEIN
CIEL
Castres : COULIER
Challans : ESPACE
DESPRET
Chalon-sur-Saône : DEVELAY Chambéry : GARIN Colmar : RUC
Égly : ESPACE
TEMPS
Ermont : LECUT
Fontainebleau : LIBRAIRIE DU MARCHÉ Fréjus : CHARLEMAGNE Gaillac : ATTITUDE
Hyères : CHARLEMAGNE
La Seyne-sur-Mer : CHARLEMAGNE La Valette-du-Var : CHARLEMAGNE Laval : CORNEILLE Lavaur : ATTITUDE
Le Havre : CAP
CULTURE/PLEIN CIEL
Le Mans : DOUCET
Libourne : MADISON
Limoges : PAGE
ET PLUME
Mulhouse : BISEY
Nice : MASSÉNA Nîmes : GOYARD
Périgueux : MARBOT Pontarlier :
L’INTRANQUILLE
Quimper : RAVY
Rennes : FORUM
DU LIVRE FORUM MIROSE Rodez : LA MAISON DU LIVRE Rouen : L’ARMITIÈRE Saint-Brieuc : FORUM DES CHAMPS Saint-Denis de la Réunion : GÉRARD Saint-Quentin : COGNET Saint-Lô : PLANET R Sarlat : LIRE EN MAJUSCULE Strasbourg : BROGLIE Toulon : CHARLEMAGNE Toulouse : PRIVAT Vannes : CHEMINANT Villefranche-sur-Saône : DEVELAY Roanne :
2€