bâtir un paysage commun GAUTHIER MARTINEZ HABILITATION À LA MAÎTRISE D’ŒUVRE EN NOM PROPRE / 2016-17 UNANIME ARCHITECTES / LYON
bâtir un paysage commun de la translation à l’homothétie, en quoi l’étude d’une agence d’architecture à la pratique rationalisée vers la rentabilité permet de repenser une agence d’architecture artisanale?
AGENCE D’ACCUEIL: Unanime architectes Lyon du 29/08/2016 au 04/08/2017 TUTEUR: Cédric Morel, Gérant DIRECTEUR D’ÉTUDE: Frank Prungnaud, compositearchitectes, architecte DPLG, enseignant à l’ENSAG JURY: Florian Golay / Thierry Binachon / Eric Clavier / Franck Pernet / Benjamin Ballay
Gauthier Martinez / HMONP 2016-2017 / soutenance du 22 septembre à 15 heures / ENSAG
au plaisir de faire, à LAMAAA pour l’aventure de la pensée à L.A pour l’aventure de la passion, de l’architecture
REMERCIEMENTS Merci pour votre lecture! Merci aux associés d’Unanime de m’avoir transmit avec transparence et attention, Merci aux salariés d’Unanime de nous avoir intégré dans la famille (avec sa solidarité et ses secrets), Merci à Cédric Morel d’avoir encadré cette expérience, Merci à Frank Prungnaud, directeur d’étude, pour l’écoute et le conseil, Merci à Lou Doublier, Alexis Giroud et Alexandre Lahaye d’avoir partagé l’expérience de la «HMO» avec amitié: longue vie au syndicat! Merci aux organisateurs, aux intervenants de la formation à l’ENSAG, Merci à Microméga pour toute la stimulation, Merci aux amis, à la famille, à tous les soutiens, qui ont su m’accompagner, me soutenir, me conseiller, et surtout me supporter! Merci à icmArchitectures pour les réflexions, et la vocation!
SOMMAIRE avant propos p.08 introduction p.09
.01
LE CHOIX DE LA MAÎTRISE D’ŒUVRE, STRATÉGIE OU RESPONSABILITÉ DE L’ARCHITECTE? p.21
du prélude au refrain, chronique d’une MSP p.22 l’ambiguïté de l’entreprise d’architecture p.25 quel curseur entre rentabilité et qualité architecturale? p.29 la maîtrise d’œuvre, vecteur de qualité architecturale p.39
INTERLUDE 01 une fable
p.46
.02
AGENCES D’ARCHITECTURE INDUSTRIELLES OU ARTINSANALES, FACE AUX DÉFIS D’AUJOURD’HUI ET À VENIR p.51
des challenges qui éradiqueront l’immobilisme p.52 l’écologie architecturale vue par la maîtrise d’ouvrage / étude de cas p.59 de la translation à l’homothétie, quel vecteur être? p.63
INTERLUDE 02 Jean Prouvé par lui même, extrait choisis
.03
BÂTIR UN PARFAITE?
PAYSAGE
COMMUN,
p.70
L’AGENCE p.72
du nom à la raison d’être p.73 créer sa commande, identifier l’entreprise p.74 la vie du projet comme vie d’agence p.78 l’agence icmArchitectures demain, quel avenir pour une pratique artisanale? p.80
conclusion: de la rue Jangot à Lyon à la communauté de Campo Cocha en Équateur p.82 bibliographie p.84 iconographie p.85
AVANT PROPOS QU’EST CE QUE L’ARCHITECTURE?
J
e n’ai pas aujourd’hui la réponse à cette question, en quelques mots en tout cas. Je sais pourtant que l’architecture est d’intérêt public, qu’elle est au service de l’usager, qu’elle compose avec l’imaginaire et le réel, le signe et l’espace, l’histoire et l’avenir. Au même titre que les autres domaines comme le Design qui imaginent la vie de l’homme à venir, elle est au service de l’Humanité. Chaque projet porte intrinsèquement une vision de la société. Comment elle gère son environnement, comment elle établit des relations interpersonnelles, comment elle crée du lien, sépare ou devient support des activités de l’homme. Mario Botta nous propose d’ailleurs que, bien plus que la discipline qui consiste à construire un lieu, l’architecture est la science de la construction même des lieux.
Je vois, dans l’opportunité qu’a le projet de construction de porter une vision pour les lendemains de l’Humanité, la définition de l’architecture. La valeur ajoutée de la construction du lieu. Une mystification! Quelle responsabilité alors!!? N’ayons pas peur, il faut pondérer ce propos en disant qu’il est possible de porter la qualité architecturale très simplement. Une volumétrie, un espace, un choix de matériaux, un processus de création, de fabrication, une ligne, un mur, une baie, peuvent porter en eux une valeur sémiologique. Architecturer, c’est signifier. Toute activité de l’homme porte malgré elle une vision, nous avons la chance, architectes, d’avoir une quasi infinité de moyens pour la bâtir.
C’est cette pensée, cet espoir et cette confiance en le pouvoir de l’architecture, dont nous allons parler dans ce travail.
INTRODUCTION
INTRO
DE LA VOCATION À LA HMONP?
D
e la vocation à l’apprentissage de l’architecture, il m’est vite apparut que l’un n’est que déclencheur, l’autre est ce qui nous constitue en tant qu’architecte. C’est cette vision de l’apprentissage qui m’a mené sur les chemins de l’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre. L’architecture est pour l’architecte une route. Une route qui a commencé pour moi aux côtés d’une famille qui grandit avec et dans le bâtiment. Petit fils d’un maçon et d’un professeur de dessin en bâtiment, fils d’architectes, filleul d’architectes, il me serait bien difficile de dire que cette voie a été l’illumination d’une nuit d’insomnie. Rien est inné, et surtout pas dans notre domaine. Cependant, la vocation née de l’éducation, de la culture aux choses, du parcours, de la vision de la société, du monde bâti qui fait notre Habiter. C’est dans ce contexte que j’ai décidé comme beaucoup après le baccalauréat de me diriger vers la formation en architecture. Les méandres de la formation en architecture m’ayant mené de l’école d’architecture de Saint Luc à Bruxelles, à l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Grenoble, en passant par l’Ecole Technique Supérieure d’architecture de Madrid, j’ai pu acquérir quelques compétences minimales certes, mais surtout découvrir des pratiques, des visions qui se complètent, se répondent, se font écho. De la vision fondamentale de St Luc qui base son apprentissage de première année sur le dessin à la main et le pragmatisme du matériaux. De la vision technique de l’école polytechnique de Madrid qui m’a fait grandir dans la connaissance du détail, de l’exactitude du plan hérité du modernisme espagnol, à l’école d’architecture de Grenoble qui avance dans une pensée pluridisciplinaire rassemblant sociologie et philosophie, matériaux et projet: ces différentes façons d’apprendre à bâtir et à devenir architecte sont autant de visions qui sont tout ce qu’est l’architecture. J’ai par ailleurs désiré approfondir ces différentes visions en multipliant les stages et emplois en agences à la fois de Design et d’architecture, mais aussi sur le Chantier dans des entreprises de maçonnerie. La motivation de construire une pensée qui jongle du territoire au détail, de l’usage à l’espace, a par ailleurs motivé le choix du master que j’ai suivi à l’ENSAG: Aedification, Grands Territoires, Villes, qui s’est achevé par le projet de diplôme de la Pêcherie Fidelin, résurrection d’un monument historique, réalisé avec Alexandre Lahaye et Steven Saulnier.
09
GAUTHIER MARTINEZ DIPLÔMÉ D’ARCHITECTURE 24 ans gauthier.martinez@hotmail.fr 4 rue Elvire 73100 Aix les Bains 0033 611 775 345
BAC S 2010
ST LUC BRUXELLES 2010-11
ENSAG 2011-13
MAÇONNERIE 2009+12+13 OLIVEIRA (73)
ARCHITECTURE 2013+14 PATEY ARCHITECTES (73)
DESIGN 2015 LENSVELT
amsterdam
crayon autocad (2D-3D) allplan revit sketchup photoshop indesign illustrator suite office artlantis keyshot franรงais (natif) anglais espagnol
ETSA MADRID 2013-14 erasmus
ARCHITECTURE 2011+12+16+17 ICMARCHITECTURES (73)
ENSAG+DIPLร ME 2014-16
master aedificationgrands territoires-villes
ENSAG HMONP 2016-17
ARCHITECTURE 2016-17 UNANIME ARCHITECTES (69)
L
’agence familiale, icmArchitectures, basée à Aix les Bains (Savoie) et co-gérée par Isabelle Chapuis Martinez et Etienne Martinez -tous deux architectes DPLG-, est composée par ailleurs de deux administratifs, 3 salariés DE en architecture, et une étudiante en HMONP. C’est une agence « territorialisée » dans le sens où le rayon de ses projets, les acteurs qui les bâtissent, les matériaux et la démarche globale sont basés sur les savoirs faire, les ressources, les usages et morphologie du site, du maître d’ouvrage, et des usagers. Le territoire est composé d’une multitude de touches des couleurs qui font sa complexité. Au même titre, le type de programmes réalisés par icmArchitectures l’est aussi, entre logements, bâtiments publics et administratifs, lieux de travail, lieux de détente, Hôtellerie,… Si la production d’un paysan est le reflet du terroir et du paysage dans lequel il cultive, passé par le tamis de son travail et ses savoirs faire, alors nous pouvons qualifier le type de pratique de l’agence comme une pratique artisanale, une pratique paysanne. Une architecture qui se cultive, qui puise dans le territoire, en y apportant innovation spatiale et qualité architecturale. C’est donc cette agence -avec celles de Christian Patey à Chambéry et Lensvelt à Amsterdam- qui m’ont hébergé lors de stages et petits contrats et qui a étendu ma formation au monde de l’entreprise, du chantier, de l’architecture opérationnelle. Elle a construit en moi une éthique de service dont la qualité passe avant tout, de l’absence de compromis dans la précision, la vision d’une architecture qui ne compte pas ses heures. Là où la discussion est vertu, le débat enrichissement, l’entente est considération de l’autre et la décision un levier, la notion de compromis en architecture m’apparait comme l’échec de toutes les parties, il compromet le projet, il est risque pour la qualité, il éloigne de l’essentiel et mène à la futilité. Une culture de l’architecture et de l’entreprise acquise dans une petite vie remplie de ce que nous avons évoqué précédemment. Et c’est avec cette culture que je termine l’an dernier par le diplôme, la formation initiale en architecture. Ma formation en était-elle finie? Ah, le pouvoir de la répétition! Pourquoi donc me direz vous? Et bien parce que, depuis que j’ai décidé de me lancer dans ce sacerdoce, j’ai toujours entendu les architectes qui m’étaient proches me répéter « il va falloir réinventer ce métier! C’est plus possible comme ça! » . Et ceci un nombre impressionnant de fois. Alors, sourire, écouter, comprendre, ignorer, quoique l’on veuille en faire, c’est une graine qui reste plantée en tête et qui se nourrit de la multiplicité des expériences. Alors, voyons
très rapidement si, en effet, « il va falloir réinventer ce métier! ».
INTRO
SYMPTÔMES CHIFFRABLES: / 4 % des maisons individuelles en France sont conçues par un architecte1 / salaire moyen d’un architecte 26 600€ / an2 contre 38 000 € / an en moyenne pour un ingénieur d’études BTP3. / marché du bâtiment en France: 129,9 milliards d’euros dont,…56,6 milliards qui passent par un architecte.4 SYMPTÔMES SENSIBLES: / une considération constatée toujours décroissante de la profession souvent placée sous le couvert de « l’incompétence » ou « la victimisation » / « l’architecte ne construit pas tout, certes, mais il en porte la quasi entière responsabilité » _ Ricciotti / à voir le schisme de la profession autour de la question de sa protection et notamment du rapport à son Ordre, à un moment ou la notion de corporatisme est devenu une insulte plus qu’une valeur. D’autres de ces symptômes sont par ailleurs bien décrits par le rapport d’information -Rapport d’information n° 64 (2004-2005) de M. Yves DAUGE, fait au nom de la commission des affaires culturelles, déposé le 16 novembre 2004- du Sénat, consultable sur le site internet du sénat. Même si ces données ne me sont familières que depuis la rédaction de ce travail, il suffit de passer quelques jours en agence pour constater la précarité toujours croissante d’une profession pourtant d’interêt public. Chacune de ces deux listes -non exhaustives- montrent une profession malade à faire évoluer, qu’il faut repenser, et ce sera à nous, jeunes et futurs architectes de l’inventer, par notre pratique. Pour ce faire, il faut puiser dans l’ADN de ce qu’est l’architecture, mais aussi se nourrir d’autres sensibilités qui nous feront grandir. C’est cette pensée qui m’a donc amené à prendre les chemins de l’Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre à la suite de mon diplôme.
1: SoeS EPTB, 2011 ; rapport n° 008385-01 n° 2013-33 du ministère de l’Environnement et du Développement durable et du ministère de la Culture 2: Le Moniteur 2016 3: Apec 2015 4: chiffres 2012 - Archigraphie - IFOP / CNOA
13
Comme je l’expliquais précédemment, il me parait essentiel de se former dans la diversité des pratiques qui produisent de l’architecture, pour, sans en être expert, pouvoir puiser dans chaque, sélectionner ou garder en mémoire des expériences desquelles me nourrir pour créer ma propre pratique. Allier la formation HMONP avec la mise en situation professionnelle participerait donc à cette démarche. Il fallait donc que je trouve une entreprise d’accueil qui me sorte de mon paradigme pour en découvrir un nouveau. Je me suis alors tourné vers une pratique qui m’était encore inconnue: la pratique industrielle. J’entends dans ce mot sa portée efficiente, son échelle d’intervention, qui se détache du cas particulier pour aller vers la production. Une pratique industrielle qualifie donc non pas uniquement une taille conséquente (d’effectif et de projets), mais bien la rationalisation des procédés qui font le projet, des filières de production de ce projet, dans un but de plus grande rentabilité et efficacité chiffrable. Le contexte urbain et la taille des agence visées sur Lyon ont donc dès ma recherche orienté cette position. Après avoir essuyé un nombre de refus et d’indifférences conséquents, c’est l’agence UNANIME dans le septième arrondissement de Lyon qui a retenu ma candidature, et qui après un entretiens a choisi mon profil.
un
3 rue Jangot
INTRO
15
la cour du 3 rue Jangot
rez de chaussée de l’agence
U
nanime est une agence qui a été créée en 1994 de l’association de 4 personnes: Gilles Marchand, Jacques Delattre, Cedric Morel, et Didier Garcin. En France, les agences d’architecture comptent en moyenne 2 salariés dans leurs effectifs (sondage IFOP pour le CNOA). Unanime peut donc être considérée comme une très grosse agence, puisqu’elle regroupe environ 18 salariés sur son site Lyonnais. On définira dans ce mémoire, au delà de types de pratiques architecturales, des qualificatifs pour les entreprises en fonction de leurs effectifs: entre 1 et 4 personnes, entreprise familiale, entre 5 et 12 personnes, entreprise artisanale, entre 12 et 25 personnes, entreprise industrielle. En plus de leurs effectifs, là où les SARL de tous types représentent 68% des structures pratiquant de l’architecture, Unanime se détache du modèle traditionnel puisqu’elle est en fait une Holding, regroupant 4 structures: celles de Lyon, Paris, Alpes, et Bahreïn. Ce groupement purement administratif et financier permet au nom Unanime de représenter une cinquantaine de personnes, un chiffre d’affaire de 3 758 747 € en 2016, une position dans le top 50 des tailles d’agences françaises: un outil de production et donc de visibilité pour les clients qui dépasse celui de bien des agences, étant pourtant constitué de 4 structures plus petites.
répartition du chiffre d’affaire de l’agence en fonction des programmes
3, Rue Jangot 69007 Lyon Tel : +33 (0)4 78 28 51 30 Fax : +33 (0)4 72 10 00 39 E-mail : lyon@unanime.fr Lou DOUBLIER Stagiaire HMO Diplômé en architecture
Karl GELINAS Direction de travaux Cadre
Mikaël DALMAIS Responsable administratif
Contact
Sören RÜDIGER Architecte chef de projet
Alexis GIROUD Stagiaire HMO Diplômée en architecture
Teodora PRAMATAROVA Architecte chef de projet
Gauthier MARTINEZ Stagiaire HMO Diplômée en architecture
Elena MASS Architecte chef de projet
Jessica BOUHIER Architecte chef de projet
Alexandre LAHAYE Stagiaire HMO Diplômée en architecture
Alice CANIVET Architecte chef de projet
Sylvie DESPINASSE Dessinatrice projeteuse Cadre
Cédric MOREL Architecte Associé
Muriel LEONARDI Architecte chef de projet
Eric DEREYMEZ Architecte chef de projet Cadre
Jean-Pierre CHAMPIER Architecte chef de projet Cadre
Odile BOUFFET Architecte chef de projet Cadre
Isabelle SANCHEZ Architecte chef de projet
Didier GARCIN Architecte Associé
Jacques DELATTRE Architecte Associé
Gilles MARCHAND Architecte Associé Gérant
ORGANIGRAMME DE LA SOCIETE
INTRO
17
organigramme du site lyonnais
le choix de la holding: description de l’actionnariat d’Unanime architecte
INTRO
L
e cadre de l’agence choisie comporte un certain nombre de limites et d’avantages inhérents à sa pratique. Cependant, conscient qu’aucune structure ne permettrait de « tout voir » pendant les quelques mois de la Mise en Situation Professionnelle, je vais exposer ici quelques caractéristiques du cadre de pratique de l’agence. Si les programmes de projets qu’a produit l’agence sont multiples depuis sa création, 60% du chiffre d’affaire est constitué de logements, 25% par du tertiaire (laboratoire, centre de recherche, bâtiments industriels), et 15% par des marchés publics . Elle a donc à faire pour la grande majorité des projets à une maîtrise d’ouvrage professionnelle, une clientèle dont la profession est de construire. Nous verrons par la suite l’importance de cette donnée dans la pratique d’Unanime par rapport à une agence plus artisanale comme icmA. Le milieu urbain et métropolitain qu’est Lyon permet à l’agence de ne vivre que de ce type de commandes, qui, malgré leur spécification, sont en grand nombre. De plus nous pouvons constater qu’à part quelques projets par an, l’agence répond à une majorité de marché privé. Longtemps cantonnée aux phases de conception et déléguant les études techniques à des structures de maîtrise d’œuvre externes dont les associés sont actionnaires, l’agence a décidé depuis peu d’intégrer dans l’équipe un architecte compétent dans la maîtrise d’œuvre et ainsi de traiter sur les affaires qui le demandent le chantier en interne. Ce changement de stratégie est basé entre autre sur la volonté de récupérer les honoraires liés à ces missions. Les deux entreprises pratiquées diffèrent par leurs tailles, leurs chiffres d’affaires, leurs moyens, par leur pratique, leur type de commande, leur relation à l’architecture. Elles sont respectivement des représentations des modèles artisanaux et industriels. Elles n’en sont par contre pas la règle, mais seront support de généralités dont nous pourrons tirer des cas particuliers dans une réflexion plus globale sur la pratique de l’architecture, de nous questionner sur le choix de la maîtrise d’œuvre, de penser l’avenir de notre métier face aux défis à venir, et, enfin, d’imaginer Bâtir un paysage commun, agence fictive, utopie concrète qui permettra de faire émerger une réflexion sur l’évolution d’une agence artisanale.
19
.01 LE CHOIX DE LA MAÎTRISE D’ŒUVRE, STRATÉGIE OU RESPONSABILITÉ DE L’ARCHITECTE ?
DU PRELUDE AU REFRAIN, CHRONIQUE D’UNE MSP
L
es premières semaines d’une mise en situation professionnelle (MSP) sont basées sous le signe de la découverte. Chaque entreprise, surtout lorsqu’elle a plus de vingt ans d’exercice, développe ses propres savoirs faire, process, réflexes et méthodes pour répondre au mieux à la demande de ses clients et à la spécificité de ses projets. Une idée extrêmement générique mais qui s’adapte tout à fait au cas d’Unanime. Il a d’abord été question de formation pour nous quatre HMO qui constituions la force d’action de ce cru 2016/17. Se faire aux outils de classement de l’agence, décoder un PLU (Plan Local d’Urbanisme), apprendre la méthodologie pour composer une étude de capacité rapide avec son inséparable tableau de surfaces constitué d’autant de données - entre SDP, SHAB, SU, nombres de logements - qui nous auraient été aussi inutiles qu’abstraites durant notre formation initiale. Le support de cet apprentissage a été celui des études de capacités qui nous arrivaient dans un flux constant et ordonné.
les quatre HMO du cru millsimmé Unanime2017: Alexis, Lou, Alexandre, Gauthier
D
ans le fonctionnement de l’agence que nous décrypterons postérieurement, nous avions une place bien définie, en lien direct avec chacun des quatre associés et maîtres de nos missions. Pour décrire néanmoins notre position, nous étions le maillon qui séparait le bout du porte mine 5 mm d’un des associés, et la souris du salarié qui allait dessiner l’avant projet au 1/100ème. Dans le cas des études de capacité, notre maillon était le dernier puisqu’elles s’en allaient directement chez le maître d’ouvrage. C’est par le retour de son approbation que cette étude passait en permis de construire, donc dans les mains d’un autre maillon. La mesure d’un prélude met en place l’œuvre instrumentale, et c’est cet apprentissage méthodologique qui a précédé notre mise en situation professionnelle effective. La connaissance parfaite de la composition d’un PLU, les réflexes de conceptions pour les rampes et autre parkings souterrains, l’usage de l’outil informatique en agence (dont les réflexes et les méthodes divergent de sa pratique en formation initiale), sont autant de micro scènes qui nous ont emmené au refrain. Études de faisabilité (ou de capacité) urbaines et d’opérations, mise en forme de présentations en vue d’un concours, plans de ventes, permis d’aménager ou permis de construire, esquisses sommaires et rédaction de notices architecturales dans le cadre d’appels d’offre ont été les différentes missions qui m’ont étés confiées durant ces 10 mois de MSP. J’ai aussi pu faire un peu de suivi de chantier, expérience singulière qu’est le cadre dans lequel j’ai pu le pratiquer, nous le verrons plus loin. Ces différentes expériences ont composé le refrain de la MSP. Apres l’excitation de la découverte est venu le temps de la rengaine. Ma position dans « l’équipe des stagiaires » (dénomination des quatre HMONP) n’était pas à plaindre. En lien de travail direct avec l’un des associés, j’ai pu éviter au maximum les études de capacités à répétitions et les interminables plans de vente. Cependant, les différentes tâches qui m’ont été confiées étaient pour beaucoup des applications de créations préalables. La création consiste à comprendre, composer, créer, matérialiser l’idée, la transformer. L’application quant à elle consiste à mettre au propre, ordonner, représenter, faire que ce soit possible. La place du « stagiaire HMO » était vite devenue celle d’un dessinateur de premiers jets, de créations dont la forme et la pensée ne correspondaient que rarement avec ma vision de l’architecture, de l’architecte, de l’éthique. Les dix mois ainsi ont nourri une réflexion croissante, et cette position de porte à faux entre un travail qui était le mien - à réaliser du mieux possible par sens du devoir -, et ma vision de
01 23
notre métier quasiment opposée, a favorisé une réflexion orientée, une remise en question de certitudes, un positionnement. C’est en constatant, durant le mois d’octobre environ, que la source de découverte qu’est Unanime ne pourrait pas totalement étancher la soif de connaissance, création, positionnement et de pratique, que nous avons décidé, Alexandre Lahaye et moi, de monter un collectif d’architectures. Nous avions souvent évoqué, après de multiples collaborations fructueuses en master, l’idée de s’associer. Le collectif, Atelier Micromega, que nous avons constitué avec trois autres jeunes diplômés en architecture nous permet de porter un projet commun, une vision de la société hors des cadres de la maitrise d’ouvrage, de la faisabilité, des normes. Nourris par d’interminables discussions sur la pensée Architecturale avec le collectif et sur l’expérience d’agence que nous vivons Alexandre et moi, les projets et les valeurs d’usages que porte Micromega sont pour nous une bouffée d’air pur, un tableau blanc sur lequel nous pouvons écrire l’histoire d’un projet. Nous avons d’ailleurs remporté un concours de micro-architecture, le Festival des Architectures Vives, qui nous a rapidement permis de confronter l’idée à la construction réelle, à la matière, à l’espace. Une joie sans nom.
photo officielle de l’équipe de l’Atelier Micromega © ateliermicromega
L’AMBIGUITE DE L’ENTREPRISE D’ARCHITECTURE
S
i la stratégie commerciale d’une agence d’architecture, est reflet de sa production architecturale, alors nous devons aborder cette donnée comme un des centres de gravité de notre pratique future. Il existe une schizophrénie entre le concept d’entreprise et « l’intérêt public » du projet architectural qui oblige à se positionner en tant qu’architecte et entrepreneur. Quand l’architecte doit reprendre le projet à sa base pour une production plus fine, sa casquette d’entrepreneur lui remet devant les yeux ses honoraires, ses charges, son coût de fonctionnement,… Lorsque l’entrepreneur aurait tendance à prospecter des marchés rentables et faciles, sa casquette d’architecte lui rappelle sa raison d’être, qui se trouve au delà de son bilan comptable. Cette schizophrénie peut être vue comme un frein. Mais je crois qu’il n’en est rien. Définir son ADN d’agence, c’est se donner les moyens de porter les deux casquettes, pour que l’une nourrisse l’autre. Nous pourrions prendre comme exemple une agence reconnue à travers le monde; la très ambitieuse radicale et ludique BIG. Cette agence danoise dont le mérite de la production n’est plus à prouver, peut faire aussi école sur son fonctionnement interne singulier. Sheela Maini Søgaard, sa présidente directrice générale, est diplômée d’économie des administrations, elle n’est donc pas architecte. Ce fait n’explique en rien le succès et la pertinence de la production de BIG. Mais, elle en est une donnée singulière, qui est une excellente façon de mener de front, culture de l’entreprise et culture de l’architecture. Nous pouvons ici tenter de comprendre comment empiriquement ou de manière déterminée, Unanime a construit son ADN, et comment elle travaille à être une entreprise d’architecture. SATISFAIRE LA CLIENTÈLE: STRATÉGIE COMMERCIALE D’UNANIME
N
otre métier n’est pas celui de faire plaisir au client. Je me dois d’expliquer cette phrase en laquelle je crois. Imaginons alors une autre situation. Un patient entre chez un médecin, et demande directement un antidépresseur. Quel médecin se résoudrait à le faire? Il établirait d’abord un diagnostic, puis, si le patient a besoin d’antidépresseurs, il lui seront prescrits. Mais s’il a besoin d’autre chose, le médecin devra être pédagogue, prescrira aux besoins du patient, qui s’en ira, soulagé, voire heureux.
01 25
L’idée est donc que la satisfaction du client dans notre domaine doit, selon moi, plus tenir à une démarche qui a mené à l’élaboration du projet qui lui était réellement adapté, qu’à uniquement la réalisation d’une demande première, même si ces deux aspects peuvent aussi être en parfaite harmonie. Remettre en question le programme est l’outil que nous avons, architectes, pour comprendre la commande. Le programme n’est alors plus projet, mais point de départ, d’un projet qui deviendra
SATISFAIRE LA CLIENTÈLE: QU’ILS REVIENNENT/FIDÉLISER
faire un maximum de m2 SDP f(PLU) « geste » commercial: offrir les études de capacité (est-ce s’aligner sur un modèle généré par « les petites agences », ou bien les grosses structures comme celle analysée ici, ayant la trésorerie suffisante pour le supporter, créent cette nouvelle norme de travail spéculatif?) baisser les honoraires au minimum holding: une structure à l’échelle internationale, outil de production qui permet un transfert de références et de compétences accepter toutes les requêtes du client: Promoteur Roi, client roi Porter le risque pour le promoteur: ne se faire payer qu’une fois le permis purgé de recours développer un réseau commercial qui devient ambassadeur
▶
programme. Et il paraît ainsi évident que notre rôle n’est pas seulement celui d’être l’exécutant d’une demande. Pour satisfaire son client, l’agence Unanime a développé certains outils/réflexes que nous allons décliner ci dessous. Nous verrons que sur certains points, cette démarche est coûteuse sur le plan financier, il faut alors mettre en relation ces outils avec leurs corollaires: comment dégager une marge malgré eux?
DÉGAGER DE LA MARGE MALGRÉ CELA?
01
faire faire les études de faisabilités/capacité aux HMO (internalisation de sous traitance moins chère, quatre chaque année) externaliser la DET dans des structures de suivi de chantier dont les associés d’Unanime sont actionnaires (à ceci près que l’agence est en train de réintégrer des chantiers un son sein, de manière à répondre à un plus grand pannel de commande) recours à la sous traitance pour les concours -sans honoraires- (organisés par une maîtrise d’ouvrage privée) de plus petites agences ou freelance qui n’affichent pas forcément cette sous traitance dans leurs références. Produire un DCE « LOW COST ». Ne suivant pas le chantier, il est « moins grave » pour le fonctionnement interne de l’agence de produire un DCE qui laissera à l’entreprise-constructeur une marge d’interprétation… optimiser la chaine de production: spécialisation et rendement des employés qui sont affectés à des tâches délimitées dans le temps et cloisonnées à une étape du projet (management) développement de méthodes et systématismes (projet) produire et réviser le projet en fonction des honoraires (par exemple, dans le cas d’un client récurant réputé bon payeur, il va être envisagé par l’agence de reprendre les TMA -par les HMO- un nombre de fois illimité pour le garder et le satisfaire) développement d’outils collaboratifs avec MOA (par exemple, un questionnaire de qualité et satisfaction, contrat de fidélité avec un major,...)
27
N
ous pouvons comprendre à travers ce tableau qu’Unanime a su développer un savoir faire permettant de remplir les objectifs de leur ADN. Un savoir faire qui fidélise la clientèle, qui sait qu’avec l’agence elle aura ce qu’elle voudra, dans des délais et prix défiant souvent toute concurrence. Cet ADN produit une construction utile, fonctionnelle, et rentable pour le client, mais n’intègre pas les questions sociétales de durabilité, de valeur ajoutée, de qualité architecturale et paysagère. La question qui se pose face à ce constat est de savoir quel est le modèle de culture d’Unanime. Je crois qu’il serait proche du modèle de la culture intensive, à la recherche du rendement à tout prix (il est avancé dès la première page du site internet de l’agence, comme argument commercial: « Unanime a déjà produit 8 000 logements / 100 000 m² de bureaux et équipements / 250 000 m² de bâtiments industriels). Un modèle de culture dont la rentabilité est certaine, mais dont la durabilité n’est pas mise en avant. Cette pratique de l’intensif porte malheureusement aussi en elle les mécanismes de décrédibilisation d’une pensée commune du savoir faire et du cas particulier, de l’adaptation, qui « ne mènerait qu’à n’être qu’un paysan » (expression péjorative entendue à propos de la pratique artisanale). L’agence icmArchitectures a, quant à elle, fait le choix d’une pratique totale de maîtrise de l’œuvre architecturale. L’ADN de l’agence serait alors celui du service au client, à travers un artisanat assumé et valorisé par la pluralité de la commande. La question que pose une pratique qui met au centre de son fonctionnement l’intérêt du projet pour le client et non le contentement du client pour lui même, est: quels sacrifices pour une pratique sans compromis? La pratique artisanale, paysanne, demande du savoir faire et mène à une production de qualité, mais elle est chronophage, et ne résout pas non plus (pas plus que la pratique intensive) le problème de dichotomie entre le rôle d’architecte et celui d’entrepreneur d’une agence d’architecture. Le modèle artisanal apporte flexibilité, complémentarité et qualité. Mais il est à la fois laborieux et empirique. L’objet n’est pas la condamnation du modèle industriel: par exemple nombre d’agences qualifiées d’industrielles suivant les critères mis en place ici ont une production architecturale du plus grand intérêt. Mais, il faut selon moi faire la différence entre l’industrialisation dans l’entreprise d’architecture (process industriel) qui fait gagner en efficacité, et le taylorisme ou bien fabrication en série du projet architectural, qui lui est délétère pour la qualité architecturale, paysagère, mais aussi pour le fonctionnement de l’agence dont les employés sont les pièces d’une chaine.
QUEL CURSEUR ENTRE LA RENTABILITÉ ET LA QUALITÉ ARCHITECTURALE?
C
’est durant une séance de cours de HMONP que Gilles Marty, gérant de l’agence INCA, nous a posé cette question: « Savez-vous quand est-ce que je suis le plus créatif dans le projet? Lorsque je négocie les honoraires». Cette locution fait sens dans un métier dont la création et la recherche sont moteurs d’innovation. Négocier au mieux ses honoraires ce n’est pas escroquer son maître d’ouvrage, mais c’est se donner les moyens pour le projet et donc pour le client, d’apporter une valeur ajoutée grâce au travail fournis. Dans un contexte de difficultés économiques et de compétition toujours plus grande entre les agences, celles-ci sont aussi concurrencées sur bien des domaines par d’autres types d’entreprises. Les agences se trouvent face au dilemme d’une rentabilité nécessaire, comparée à une qualité architecturale chronophage. Les deux exemples que nous allons développer, vécus durant la MSP, traitent à leur manière de ce curseur en questionnant la gratuité, la recherche et la conception. LES ÉTUDES DE CAPACITÉ, LE TRAVAIL SPÉCULATIF AU SERVICE DE LA PROSPECTION COMMERCIALE
proportion des affaires que j’ai suivis en fonction du programme
répartition du temps de travail sur la MSP
Ces graphiques et notamment le second nous indiquent que j’ai passé, représentant 1/4 des HMO de l’agence, 85% du temps de la MSP sur des missions à risque pour l’agence puisqu’elles ne sont pas liées à des honoraires. Cette proportion prouve l’investissement de l’agence dans la prospection.
01 29
L
es études de capacité (ou aussi appelées études de faisabilité au sein d’UNANIME) sont le principal levier commercial de l’agence. Commandées par des clients réguliers de l’agence, maîtres d’ouvrages potentiels, elles sont foule à l’agence: pour se donner une idée, Unanime Lyon en a réalisé plus de 200 en 2016. Elles consistent en la création d’un document succinct comprenant la présentation de la parcelle concernée - photo satellite + cadastre -, une présentation des éléments du PLU s’appliquant sur celle ci - résumé des articles 6 à 14 du PLU + le document graphique du PLU -, le plan masse de la capacité maximale de projet sur la parcelle - souvent un bâtiment résultat de la soustraction des différents reculs, CES et espaces verts obligatoire, additionnés à une épaisseur de 13.50 m -, le plan de stationnement en R-1 - il indiquera au promoteur s’il doit prévoir un (ou plus) niveau de sous sol, taluté ou palplanche, influent sur le prix de construction du bâtiment -, et enfin le Graal pour le commanditaire dont le but est d’étudier la faisabilité financière, le tableau des surfaces. Ces quelques documents, qui nécessitent en moyenne une demi journée (variable suivant la complexité et le nombre de versions…) de travail pour un HMONP dans l’agence, sont d’une efficacité certaine. La production d’un tel document est pour le client dans le contexte de la commande professionnelle la condition de notre travail futur: la construction pour le maître d’ouvrage est une opération qui doit être lucrative. Un bâtiment dans ce cas, est un business plan, des prêts bancaires, une étude de marché, une commercialisation. Sa viabilité est essentielle. Le calcul simple et logique pour Unanime: si l’opération est trop chère ou le dessin complexe, le promoteur ne rentre pas dans ses frais, l’opération est annulée, et l’agence ne procédera pas aux phases suivantes, synonyme d’honoraires. Dans cette vision, les études de capacité que nous réalisons sont des plus rationnelles. Mais, même si la ville est pensée par les « sachants » (urbanistes, architectes) et les politiques, à l’heure de la dépossession de la chose publique vers sa privatisation, de la multiplication des VEFA, l’acteur de la construction de la ville est le constructeur, le promoteur, dont les impératifs sont immédiats et loin des questions de durabilité. Une force privée qui trouve son intérêt dans le produit qu’il vend, ce qui peut amener à des constructions de grande qualité si le « marché y est propice » ou si le maître d’ouvrage et l’équipe de maîtrise d’œuvre tirent le projet vers une plus grande qualité architecturale à prix égal. Mais ce fait porte aussi en lui la perversion de la rentabilité à tout prix, générant une ville de la méthode, une ville de l’habitude, une ville de la production générique et répétée vers la diminution des coûts de
PLU PLU : ZONE : UB
UB 6 / IMPLANTATION/ EMPRISES PUBLIQUES ET VOIES -Soit à l’alignement des voies publiques existantes à modifier ou à créer - Soit avec un retrait minimal de 3m UB 7 / LIMITES SEPARATIVES -retrait de H/2 UB 8 / IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS LES UNES / AUTRES -écartement H/2 > 4m. UB 9 / EMPRISE AU SOL DES CONSTRUCTIONS -40% PLU : ZONE : UA / HAUTEUR MAXIMALE DES CONSTRUCTIONS UA UB 6 /10 IMPLANTATION/ EMPRISES PUBLIQUES ET VOIES -bande constructibilité deau-dessus 15m - nede pourra excéderprincipale 4 niveaux du sous-sol. 12 m , R+3. UA UB 7 / 11 LIMITES SEPARATIVES / ASPECT EXTERIEUR DES CONSTRUCTIONS -Bande de constructibilité d'une profondeur 15 mètres. Se reporter au Titre principale VI – Aspect extérieur desdeconstructions.
-Soit sur une ou plusieurs limites séparatives (pignon h=3.5m) , soit en retrait de ces dernières dans la bande secondaire (avec un retrait > 4m). UB 12 / STATIONNEMENT UA 8 / IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS LES UNES / AUTRES - minimum -non réglementé de 2 places par logement en social UA -91/place EMPRISE AU SOL DES CONSTRUCTIONS -1 m² de local velo par logement -non réglementé UA 10 / HAUTEUR MAXIMALE DES CONSTRUCTIONS -13UB m , 13 R+3. / ESPACES LIBRES ET PLANTATIONS UA -Minimum 11 / ASPECT EXTERIEUR DES verts CONSTRUCTIONS de 20% d'espaces - la topographie du terrain naturel doit être respecté UB 14 / COS -toitures terrasse de préférence végétalisées -Non réglementé. UA 12 / STATIONNEMENT -Une place par tranche de 60m² de SDP -1 emplacement 2 roues par logement UA 13 / ESPACES LIBRES ET PLANTATIONS -Minimum de 10 % d'espaces collectifs autres que les voies de desserte UA 14 / COS -Non réglementé.
01
G:\17-075 RAFOUR Condrieux\17-075 RAFOUR.dwg
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
Faisabilité : logements Fleurieux sur l'Arbresle
PLU
Dessiné par: G Martinez Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire : 17-029 Faisa
02-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
3, rue Jangot 69007 Lyon, France
Dessiné par: G. MARTINEZ INGELS logements à Condrieux
Faisa
SARL D'ARCHITECTURE au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352
28 51 30 SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot Tél. : 04 78 au capital de 15.000€ Fax : 04 72 10 00 N°ORDRE : 352 39 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 e-mail 51 30 : unanime@unanime.fr Fax : 04 72 10 00 39: www.unanime.fr web e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Dessiné G Martinez Affairepar: : 17-075 Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire Faisa: 17-029 04-2017
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
02-2017
Plan masse existant
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Plan masse
31
R+3
accès piéton
espace vert
s pa
rcelle
64
R+3
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
accè
accès piéton
Dessiné par: G Martinez Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire : 17-029 Éch : 1/1000 Faisa 02-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
espace pleine terre
accès
parce
accès
opéra
tion
14 pl
Dessiné par: G Martinez Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire : 17-029 Éch : 1/500 Faisa 02-2017
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
lle 65
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Plan sous-sol
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Surfaces
local 2 roues
66 pl
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
G:\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle\17-029 Fleurieux sur l'Arbresle.dwg
local 2 roues
Dessiné par: G Martinez Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire : 17-029 Éch : 1/500 Faisa 02-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Dessiné par: G Martinez Logements Fleurieux s l'Arbresle Affaire : 17-029 Éch : 1/500 Faisa 02-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
composition type d’une étude de faisabilité chez Unanime Architectes © Unanime
production. C’est une ville uniforme, monochrome d’enduits taupes et beige pales, une ville du claustra en serrurerie sur un balcon ou une loggia, amovible pour les plus fortunés, une ville du garde corps en verre opalin sérigraphié. La ville homogène étant certainement une nécessité pour l’émergence de repères, de signes, qui la ponctuent et spécifient les quartiers par les usages, dans ce contexte la raison d’être de la qualité architecturale dans la production de constructions à 1250 €/m² HT doit se trouver dans la qualité des espaces qu’elle propose. Dans le cas des études de capacité produites à l’agence, il n’est pas fait acte d’architecture. L’application stricte du PLU et de méthodes « réflexe » comme l’épaisseur du bâtiment ou celle des murs, en vue de créer un maximum de mètres carrés de surface de plancher tout en dépensant le moins de temps de conception possible, génère un plan masse de PLU, un bâtiment de normes thermiques et PMR, l’uniformisation des modes constructifs vers la disparition des savoirs faire et des spécificités morphologiques ou stylistiques locales. Le prétexte de la modernité a enfanté le monstre de l’uniformité, minimalisme dû à la pauvreté de conception et à la richesse de l’économie. Les compositions en plan masse du permis de construire ressemblent à s’y méprendre aux plans masses des études de capacités. Le cercle vicieux se construit lorsque l’agence d’architecture devient elle même force de proposition non pas de solutions architecturales et techniques, mais de modèles et de répétitions. Le client est gagnant, le concepteur l’est aussi financièrement. Mais comme rien n’est jamais gratuit, les perdants sont l’urbanité, les savoirs faire, le patrimoine matériel et moral, l’esprit du site et son histoire, l’usager des logements. Un cercle dont les acteurs sont déresponsabilisés par le contexte financier et réglementaire, tout en ayant d’excellentes raisons d’en être des moteurs. Le promoteur tenu par la rentabilité justifiée de son opération, tient l’Architecte par les honoraires et le travail spéculatif. Le corrolaire de cette logique est la baisse des honoraires sur les missions concernées. Cette baisse peut avoir deux conséquences opposées: la première est celle de l’extinction de la structure qui pratique cette baisse, la deuxième est la diminution du temps de conception pour rentrer dans ces frais. Dans le cas qui nous concerne ici, la deuxième est mise en œuvre. Je comprends bien sûr l’intérêt et même la nécessité pour les agences d’architecture, dans un monde de compétitivité, de se donner les moyens du « geste commercial », de la gratuité. Mais, puisque ce qui est gratuit ne vaut rien, cette pratique accentue directement la décrédibilisation du travail de conception, de la production intellectuelle. C’est un fait et une réflexion qui est aisément observable dans le monde
du Design. Le travail spéculatif s’institutionnalise, devient la commande publique défiant la loi MOP dans REINVENTER PARIS (quand une institution met des équipes en concurrence sans contrat) qui est , « jus de cerveau à pas très cher » (Sébastien Lecornu, maire UMP de Vernon lors de la candidature de sa ville à EUROPAN). De plus, comme nous l’avons évoqué en introduction, travailler gratuitement, ce n’est pas se donner les moyens de la recherche, et donc de la qualité. La question posée est celle de la mesure entre la prospection Architecturale nécessaire dans une société de compétition, et le détournement de la loi MOP vers la spéculation intellectuelle.
25-10-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Dessiné par: E. Mass rue du Michard THURINS Affaire : 16-126
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisa
20-07-2016
Faisa
19-12-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Dessiné par: Gauthier Foster ensemble de logements à Belley Affaire : 16-211
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisa
Faisabilité : 186 Avenue Berthelot LYON 7ème
21-12-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Dessiné par: Gauthier Souto de M Un nom de projet très long Affaire : 16-215 Faisa
22-12-2016
Faisabilité : logements sur la parcelle CL 303 Villeurbanne
09-03-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Dessiné par: Gauthier Kuma logements Villeurbanne Affaire : 17-010 Faisa
17-01-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisa
25-10-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisabilité : ensemble de logements 107 rue Jules Guesde Venissieux ZONE UC1b
Dessiné par: Gauthier Martinez logements rue Jules Guesde Affaire : 16-214
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisa
23-12-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisabilité : ensemble de logements à Neuville s/ Saone 9 rue Jabouret Ua3-p
G:\17-016 Neuville sur Saone 9 rue Jabouret\17-016 Neuville sur Saone 9 rue Jabouret.dwg
C:\Users\vilain2\Desktop\16-206 23-25 rue tremblay Echirolles\16-206 faisa echirolles.dwg
G:\17-010 CL 303 Villeurbanne\17-010 CL 303 Villeurbanne.dwg
G:\17-005 186 Av. Berthelot\V4 65\17-005 186 Av.Berthelot - V4-65.dwg Dessiné par: Sören Rüdiger Avenue Berthelot Affaire : 17-005
Dessiné par: Alexis GIROUD Avenue de Genève Affaire: 16-173
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisabilité : 23 rue du Tremblay Echirolles UAcsz2 et UAruz2
Parcelles BK65
Faisa
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Faisabilité : Ensemble de logements rue Joliot 69005 Lyon zone UC
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
33
G:\16-173 Av. de Genève - Bonneville\16-173 faisa Bonneville av. de Geneve.dwg
19-12-2016
G:\16-215 rue Joliot Curie réhabilitation\16-215 rue joliot école.dwg
G:\16-207 Le tube 145 rue de Thizy\16-207 le Tube Villefranche Ua.dwg Dessiné par: Gauthier Martinez 145 Thizy Villefranche s/ Saone Affaire : 16-207
Faisa
Faisabilité : ensemble de logements à Belley rue Ste Marie Ua1
G:\16-211 Belley rue Ste Marie Ua1\16-211 Belley rue Ste Marie Ua1.dwg
Faisabilité : Le tube, 145 rue de Thizy Villefranche sur Saone zone Ua
Dessiné par: Gauthier Martinez 145 Thizy Villefranche s/ Saone Affaire : 16-207
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Faisabilité : Av. de Genève Bonneville Zone UH3
G:\16-214 rue jules Guesde Venissieux\16-214 RUE JULES GUESDE VENISSIEUX.dwg
Faisa
G:\16-207 Le tube 145 rue de Thizy\16-207 le Tube Villefranche Ua.dwg
X:\16-172 Avenue Kruger VILLEURBANNE\16-172 avenue Kruger.dwg Dessiné par: G. Martinez activités et Bureaux à Villeurbanne Affaire : 16-172
Faisabilité : Le tube, 145 rue de Thizy Villefranche sur Saone zone Ua
Faisabilité 16-126 : rue du Michard, THURINS
X:\16-126 rue du Michard Thurins - Um\16-126 rue du Michard THURINS.dwg
Faisabilité : activité et bureaux Avenue Paul Krüger à Villeurbanne
01
Dessiné par: Lou Doublier 23 rue du Tremblay Echirolles Affaire : 16-206 Faisa
19-12-2016
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
Dessiné par: G.Martinez Logements rue Jabouret Affaire : 17-016 Faisa
25-01-2017
SARL D'ARCHITECTURE 3, rue Jangot au capital de 15.000€ N°ORDRE : 352 69007 Lyon, France Tél. : 04 78 28 51 30 Fax : 04 72 10 00 39 e-mail : unanime@unanime.fr web : www.unanime.fr
Jacques DELATTRE Gilles MARCHAND Didier GARCIN Cédric MOREL
quelques-unes des études de capacité que j’ai réalisées à l’gence
CONCEVOIR UNE VOITURE À OPTIONS, CAS D’ÉTUDES SOCCER PARK PROJET: centre multisport autour du futsal SITE: périphérie de Metz MAÎTRISE D’OUVRAGE: famille d’un ancien footballer professionnel CONTRAT: conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: groupement du constructeur avec Unanime Architectes BUDGET ENVISAGÉ: environ 4 millions d’euros MISSION EXÉCUTÉE: avant projet sommaire TEMPS DE TRAVAIL: 12 jours DIRECTION DE PROJET: Jacques Delattre (Architecte DPLG, associé)
L
es deux affaires que nous allons évoquer ici ont en commun le processus de conception qui les a vu naître. Dans les deux cas, il s’agit de marchés privés, avec une cotraitance entreprise générale - architecte, dont l’entreprise générale est mandataire. Si dans l’une des deux affaires il y a mise en concurrence de deux équipes dans une forme de concours informel mêlant loi MOP et correctifs à répétition, cela n’influe pas sur la question du rapport entre rentabilité et qualité architecturale. La première affaire a pour maître d’ouvrage un ancien footballeur professionnel, pour lieu une zone commerciale en périphérie de Metz, et pour programme un lieu multi-sports, qui combine foot en salle, squash et crossfit. La deuxième a pour maître d’ouvrage une société de fabrication d’isolants électriques, pour site trois parcelles à l’étude dans deux zones industrielles de la région grenobloise, et pour programme une usine au process et schémas définis, et ses bureaux. Nous voici donc en présence de deux projets différents sur bien des aspects mais qui ont en commun la relation au programme, au maître d’ouvrage, au rapport au sol, à la conception. La commande arrivée entre les mains de l’associé qui la reçoit, devient dessin sous l’épaisseur du crayon qu’il utilise. Se saisissant des informations générales du programme comme la surface, la typologie des espaces et l’organisation demandée, il conçoit l’idée du projet, résolution formelle plus que parti architectural. Il faut là dessus reconnaitre l’expertise et la méthodologie de conception qui permet en quelques heures seulement d’obtenir un « projet qui fonctionne », un calque A4 sur lequel la réponse à la
SDCEM PROJET: nouveau siège et atelier de fabrication pour l’entreprise SDCEM SITE: non défini dans la région grenobloise MAÎTRISE D’OUVRAGE: SDCEM CONTRAT: « concours privé » en conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: groupement Novelige (vinci) avec Unanime Architectes BUDGET ENVISAGÉ: inconnu MISSION EXÉCUTÉE: avant projet sommaire de concours TEMPS DE TRAVAIL: 8 jours DIRECTION DE PROJET: Jacques Delattre (Architecte DPLG, associé) commande est formulée. Cette réponse prend en compte le fonctionnel du bâtiment, tout en reprenant des thèmes déjà mis en œuvre par l’agence: trames, composition des espaces autour d’un atrium central, « effets architecturaux ». Dans ces contextes de commande, une question est souvent posée par l’architecte au maître d’ouvrage: « si votre projet était une voiture, laquelle serait-elle? ». Cette question est significative de la façon de faire du projet de l’agence: une boite rationnelle qui assure la fonction initiale: rouler. Puis, en fonction, des envies et besoins du client, de l’image qu’il veut donner à son entreprise ou à son édifice, une série d’options est proposée, autant sur la qualité des prestations techniques que sur la qualité des prestations dites « architecturales ». Cette pratique comporte pour l’agence quelques avantages commerciaux non négligeables: instauration d’un climat de confiance avec le client qui en plus d’avoir la maîtrise d’ouvrage se retrouve à croire qu’il a une place de maître d’œuvre, diminution du temps de conception pour les premiers rendus à la « boîte minimale », réduisant ainsi le risque pris sur un concours, ou en cas de modification singulière du programme. Dans le cas du Soccer Park, suite à une première esquisse d’un projet de 3000 m2 conçu sans budget réel, le maître d’ouvrage s’est rendu compte qu’il ne disposait des moyens suffisant que pour 1500 m2. Et, c’est grâce à un projet créé sans autre parti formel que le simple assemblage du programme, que nous avons pu littéralement couper le projet en deux sur le joint de dilatation. Cette méthode assure à l’investisseur dans l’immobilier un bâtiment efficace, dans un budget minimal. Une mise en confiance, dont le retour de bâton est que les projets, ainsi dénués de parti formel ou architectural puissant, n’ont pas la capacité de séduire un maître d’ouvrage dont le bâtiment lui serait destiné.
01 35
du modèle qui optimise prix et besoin du maître d’ouvrage, au bâtiment dans un site: l’application inconditionnel de principes économiques
1
2
3
4 genèse type du bâtiment industriel à l’agence
refend marqué en façade pour rythmer le bâtiment: option 1
11,6 m
5,80 m 5,80 m
5,80 m nef industrielle
bureaux
5,80 m 5,80 m
trame type du bâtiment industriel à l’agence
5,80 m
perspective d’esquisse de la voiture à option de la SDCEM
01 M
ais, la méthode de conception que nous appelons ici « la voiture à options » comporte différents points fortement discutables d’un point de vue architectural, urbain ou paysager. La première étant que ce sont des projets sans contexte. Preuve en est sur le projet d’usine et bureaux, le même projet est appliqué sur les trois sites de manière identique pour en assurer la faisabilité. Les adaptations faites entre les différents plans masses sont simplement dimensionnelles, sur la proportion « d’espace verts » notamment. Cette absence de rapport au sol, au lieu, à l’environnement immédiat et lointain participe à l’uniformisation du cadre de l’habité. La deuxième est que le parti architectural qui pourrait apporter une valeur spatiale, symbolique, urbaine, ou esthétique, est relayé au rang d’option chiffrable, de variable réductible à sa plus simple expression: le bâtiment utilitaire. La valeur d’usage est la première de l’édifice. Mais, la jauge qui sépare la construction de l’architecture, dans les mains du bon vouloir d’un maître ouvrage souvent incompétent en la matière (sinon il serait maître d’œuvre), participe à la pensée que l’architecture est futile, chère, optionnelle, et donc inutile. Cette méthode à options appliquée dans les deux exemples que nous avons évoqués est le strict opposé d’une veille méthode mythique de l’architecte-bourreau, imposant son style, ses choix, propre au modèle du sachant du 20ème siècle. Si cette idée a évolué de manière certaine, et ne ressemble plus à la pratique contemporaine qui souffre encore de cette image, il n’est pas certain qu’appliquer son contraire ne soit pas plus pernicieux pour la profession et pour la production architecturale. Du sachant omnipotent, cette pratique efface l’expertise, le savoir faire, et la réalité que nous sommes les seuls sachants à avoir la compétence d’appréhender la rencontre d’un site, d’un programme, et d’un usager.
37
«
S’il est vrai qu’il a existé des civilisations qui n’ont pas reconnu à l’art de construire cette valeur esthétique particulière que notre tradition lui attribue, alors, rien n’exclut, en suivant une logique abstraite, que puisse survenir un futur «sans architecture», une ère nouvelle dans laquelle l’édification serait réduite à sa simple fonction utilitaire. On peut aussi bien survivre dans une roulotte, dans un container, ou dans un quelconque gadget technologique. En ce sens, l’architecture demeure une « inutilité sublime », comme l’écrivit très justement Manfredo Tafuri dans Projet et Utopie. Mais là est la question. L’essence de l’architecture ne se trouve pas dans l’utile, c’est-à-dire dans la fabrication pure et simple d’un espace couvert. Elle répond à un besoin plus profond de l’âme, celui de construire la qualité de l’espace à habiter.
»
Vers une architecture millénaire par Benedetto Gravagnuolo
Cet extrait dont le texte complet est la préface de l’Éthique du Bâti de Mario Botta, rédigé en 1996, fait donc sens dans les exemples des études de faisabilité, du soccer park, de l’usine. Ces différents exemples illustrent l’accent mit dans la pratique de l’agence sur la rentabilité. Nous avons pu, en les étudiant, évoquer les conséquences que cela avait eu sur leurs qualités architecturales respectives. Ce curseur, expliqué ici comme une donnée ajustable et qui oppose la rentabilité à la qualité, n’est pas une fin en soi. Mais c’est un enjeux à questionner à chaque projet, pour la santé financière de l’agence d’architecture qui n’est pas une ONG mais un outil de travail, mais aussi pour sa santé architecturale, qui n’est pas non plus une usine de production mais un projet de société. La question sous-jacente dans les différents exemples que nous avons traités, est systématiquement celle de la possession et de la maîtrise de l’acte de faire architecture, projet, édifice, par l’architecte. Nous avons vu, la soumission de l’œuvre à la commande, au programme. Cette maîtrise de l’œuvre, ou son absence, est le questionnement principal qui doit animer la compréhension de ce qui est créé.
LA MAITRISE D’ŒUVRE, VECTEUR DE LA QUALITÉ ARCHITECTURALE?
« Le maître d’œuvre est la personne physique ou morale, publique ou privée, qui, en raison de sa compétence technique, est chargée par le maître de l’ouvrage ou son mandataire, afin d’assurer la conformité architecturale, technique et économique de la réalisation du projet objet du marché, de diriger l’exécution des marchés de travaux, de lui proposer leur règlement et de l’assister lors des opérations de réception ainsi que pendant la période de garantie de parfait achèvement. Les documents particuliers du marché mentionnent le nom et l’adresse du maître d’œuvre. Si le maître d’œuvre est une personne morale, il désigne la personne physique qui a seule qualité pour le représenter, notamment pour signer les ordres de service.» Source art. 2 CCAG travaux 2009
L
a maîtrise d’œuvre, au sens légal, est donc le métier de l’architecte. Un métier complexe et total, miroir de la notion de maîtrise d’ouvrage, dont les multiples facettes permettent d’emmener la commande du maître d’ouvrage, à l’état d’édification. La maîtrise d’œuvre se structure aussi en équipe, une équipe de compétences aptes à mener ce projet. Donc, suivant l’importance du projet et le fonctionnement de l’agence, la maîtrise d’œuvre peut être assurée seule, mais aussi et souvent en équipe. Alors, venons-en au deuxième sens de la maîtrise d’œuvre: la maîtrise de l’œuvre technique et architecturale. La maîtrise du processus de projet, des décisions techniques (conseillées par les BET), de la gestion de l’équipe de MOE. Cette maîtrise d’œuvre, qui tient plus à l’engagement éthique et corporelle qu’au contrat de travaux, est-elle la clef de l’accès à la qualité architecturale? Elle sous-entend le travail de synthèse, la recherche et le développement nécessaire à tout œuvre qui apporte du progrès, technique, spatial, esthétique, ou même social.
01 39
LA MAÎTRISE D’ŒUVRE DANS UN CHANTIER DE CONCEPTION RÉALISATION CENTRE PHOTONIQUE PROJET: nouveau centre photonique du CEA SITE: Grenoble MAÎTRISE D’OUVRAGE: CEA CONTRAT: conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: d’œuvre: groupement Demathieu&Bard avec Unanime Architectes BUDGET ENVISAGÉ: environ 40 millions d’euros MISSION EXÉCUTÉE: opération préalables à la réception sur différents secteurs TEMPS DE TRAVAIL: 5 jours DIRECTION DE PROJET: seul sur le chantier avec l’EG et le MOA
C
’est suite à un concours remporté en conception réalisation dont l’entreprise générale - Demathieu et Bard - était mandataire, que l’agence Unanime a pu concevoir le centre photonique sur le site du CEA à Grenoble, un bâtiment de plus de 12 600 m2. Ce type de programmes très technique (salles blanches, laboratoires), bardé de fluides, nécessite une boite rationnelle qui ne laisse en théorie guère place à la conception Architecturale. Elle s’exprime ici sur un geste symbolique principal, puisque l’agence remporte le concours sur l’idée de « la salle panoramique », espace de réception perché à 30 mètres au dessus du site du CEA, donjon duquel le maître des lieux peut contempler son royaume. La mission dans le contrat de l’architecte comprenait la conception jusqu’au DCE, le suivi architectural, les OPR et le DOE. J’ai personnellement intégré l’agence en septembre, pour une réception initialement prévue en novembre. J’ai donc été chargé de représenter l’agence durant certaines Opérations Préalables à la Réception (accessibilité, toitures et terrasses), qui m’ont valu quatre visites à Grenoble. J’avais pu au sein d’icmArchitectures, assister à un suivi de chantier, celui d’une école. Mais, l’échelle du projet, la responsabilité et le rôle de l’architecte (maître d’œuvre, mandataire, chantier en lots séparés) y étaient totalement différents. Dans le cas du suivi du CEA, avec une entreprise générale et sa myriade de sous traitants, l’architecte
y était figurant d’un ballet, consulté symboliquement sur ses missions puisque systématiquement mis devant le fait accompli. Le dialogue impossible avec l’exécutant réel de l’opération (le sous traitant) ne permet pas de résoudre les détails in situ, menant à des résolutions « pansement » des problèmes d’exécution, et non pas des résolutions de fond (déposer, reprendre le détail). Ce chantier que j’ai pu avoir la chance de visiter quelques fois n’a pas spécialement eu pour vertu l’accroissement de mes connaissances techniques, architecturales ou d’OPC, puisque mon rôle y était surtout de noter des réserves, accompagné de la maîtrise d’ouvrage, un ergonome, le bureau de contrôle et l’entreprise générale. Cependant, les observations et discussions que j’ai pu avoir avec les différents acteurs du projet ont été autant de découvertes. La première étant qu’il est extrêmement difficile de tenir le rôle de maître d’œuvre sur une opération dont le mandataire est l’entreprise, à cette échelle d’édifice. Le projet, conçu en collaboration entre l’agence d’architecture et l’entreprise générale (EG), a pour but premier la qualité de la réponse à la problématique donnée par le maître d’ouvrage, futur usager. Lorsque les différentes phases de conception sont passées, jusqu’au DCE, le projet part dans les mains des bureaux d’études internes à l’EG qui en supervisent la consultation et la phase EXE. Cette étape où le projet trouve sa matérialité grâce aux détails et à leur qualité dans une cohérence rchitecturale vis à vis du projet d’origine. Souvent de bons maçons, entreprises de gros œuvre, les EG n’ont que rarement les compétences de finitions et clos couvert. Elles font donc appel à de nombreux sous traitants pour les façades, sols, finitions, VRD, CFO et CFA, et autres. Et c’est là où le bât blesse. Disposant d’une enveloppe financière en vue de la réalisation du projet, l’entreprise générale mandataire organise et coordonne les interventions des entreprises sous-traitantes pour la réalisation du projet. Moins il est dépensé de cette enveloppe dans les missions sous traitées, plus l’EG dégage de bénéfices qui lui permettent de rentrer dans ses frais. Ainsi, logiquement les sous traitants sont pressés sur leurs marges, la carotte étant celle du marché que cela peut lui ouvrir. Un entrepreneur sous traitant qui ne gagne pas sa vie, même extrêmement compétant, ne peut passer du temps appliqué à remplir sa mission. Les détails prévus ne sont pas respectés, les prestations au rabais sont mal exécutées. Même si l’édifice final rempli sa fonction, la qualité architecturale initialement prévue n’est pas au rendez vous, les détails prévus au DCE sont souvent minorés à l’exécution, et les délais rarement respectés. Dans le cas qui nous a concerné ici, le Centre Photonique, le chantier à pris plus de 6 mois de retard, en partie (2 mois) dû à un sinistre. Le maître d’œuvre, pour la bonne marche du projet et la garantie de qualité vis à vis de la maîtrise d’ouvrage, doit pouvoir faire pression
01 41
et impliquer l’entreprise dans ses responsabilités. En l’occurence, dans un contrat de conception réalisation avec l’EG mandataire, il est quasi impossible de tenir ce rôle. La qualité architecturale de la réalisation ne tient plus qu’aux engagements et au bon vouloir de l’EG. Certains architectes peuvent s’en contenter dans la mesure où cela permet une réduction des responsabilités, un suivi limité à une mission « architecturale ». Mais, je crois que ce format de contrat de maîtrise d’œuvre peut être tout à fait délétère pour les projets, leur qualité architecturale, et in fine pour les maîtres d’ouvrages.
le CEA lors d’une réunion d’OPR
LA MAÎTRISE D’ŒUVRE DANS LE CADRE DU CONCOURS OU LA PROGRESSION EN ŒILLÈRE
ÎLOTS VERTS PROJET: ensemble de logements locatifs et accession SITE: Villeurbanne MAÎTRISE D’OUVRAGE: ALLIADE HABITAT CONTRAT: conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: groupement Citinea (VINCI), Unanime, atelier:annegardonni, egisbâtiments, EODD BUDGET ENVISAGÉ: non communiqué MISSION EXÉCUTÉE: définition de « l’aspect des façades » et préparation des documents de rendu pour le concours TEMPS DE TRAVAIL: 14 jours DIRECTION DE PROJET: Cedric Morel (Architecte DPLG, associé) TECHNICENTRE PROJET: Technicentre s2fit SITE: Venissieux MAÎTRISE D’OUVRAGE: s2fit (SNCF) CONTRAT: conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: groupement GSE (contractant général) et Unanime BUDGET ENVISAGÉ: environ 40 millions d’euros MISSION EXÉCUTÉE: définition de « l’aspect des façades » et préparation des documents de rendu pour le concours TEMPS DE TRAVAIL: 12 jours DIRECTION DE PROJET: Cedric Morel (Architecte DPLG, associé)
01 43
E
st il possible de faire de la conception architecturale sans maîtriser les autres missions complémentaires (économie de projet, définition technique, HQE, interlocuteur des bureaux d’études); sans être mandataire de la maîtrise d’œuvre au cœur du projet? Les deux projets évoqués dans le titre, le projet de logements des îlots verts et le centre technique de la SNCF, sont deux concours réalisés à l’agence dont l’architecte n’était pas mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre. Pour le premier concours pour une parcelle dans le cadre d’une ZAC pour la constructions de logements, l’équipe était dirigée par un major de la construction, qui rassemblait toutes les compétences sauf celles de l’architecture. Dans le second cas, le contractant général était mandataire du groupe. Ces concours et consultations en conception-réalisation ont l’avantage, pour le maître d’ouvrage, une apparente simplicité qui le rassure et lui garantit délais et coût. Ayant à faire à un seul interlocuteur qui produit un quasi clef en main, l’opération semble facilitée pour lui. En réalité je crois que cela a pour effet de le déposséder de la maîtrise de son ouvrage, l’outil dont il sera bien souvent l’usager, au détriment de sa qualité. J’ai pu observer dans ces concours l’omniprésence d’un mandataire qui gère tout sauf la conception architecturale, et donc l’impact pour le projet d’un fonctionnement en œillère. Coupé des autres réalités du projet, l’architecte devient exécutant de choix économiques et comptables dictés par le mandataire. L’architecte devient un dessinateur, une nécessaire signature sur un permis de construire ou dans une équipe. Ce fait, qui n’est pas nouveau, a par ailleurs été décrit parfaitement par Jean Prouvé qui en conclu:
«
que ce soit pour une chaise ou pour un immeuble de trois cent mètres de haut, on ne peut réaliser un bel objet économiquement valable et une bonne architecture, que si on regroupe les hommes. Il faut un harmonie de pensée entre l’exécutant et le concepteur p 39, Jean Prouvé par lui même
»
Le fonctionnement en œillère qui emprisonne l’architecte au bout d’une chaine de décision économique, met par conséquent en dernier plan la qualité architecturale. Encore une fois dans ce travail, nous pouvons dire que ces méthodes de travail qui favorisent l’économie de projet et l’intérêt financier des entreprises qui le mettent en œuvre, se font au détriment d’une conception qualitative, durable, et d’usage de la
production bâtie. Dans le fonctionnement de l’agence d’accueil et plus généralement dans le rapport entre architecte et maîtrise d’ouvrage observé dans d’autre structures comme icmArchitectures, nous constatons de la part de la maîtrise d’ouvrage professionnelle une tentative de suppression des phases de conception. Ces phases, matérialisées dans la loi MOP et qui sont conséquences du processus de projet, correspondaient à des rendus à intervalles données qui reflétaient l’avancement du projet vers son exécution. La suppression de ces phases revient donc à envoyer régulièrement l’avancement du projet au maître d’ouvrage, des éléments non finis qui sont « corrigés » par le client. Cette nouvelle méthode de travail n’est pas une plus grande coopération, mais est le refus de la reconnaissance de la compétence de l’architecte à mener le projet. C’est une façon pour le client de garder la main sur tous les choix du projet, même ceux qui relèvent de l’architecture, de la coordination des équipes dans la conception. L’architecte en est-il responsable, n’ayant pas su prendre le tournant des nouvelles compétence apparues ces quelques dizaines d’années (thermique, acoustique, développement durable,…)? En attendant, cette demande de la maîtrise d’ouvrage d’être sans arrêt dans le projet, et les architectes qui y accèdent, tendent à décrédibiliser le savoir faire d’une profession dont le projet est la compétence.
01 45
INTERLUDE 01 UNE FABLE
Le genre littéraire de la fable, utilisé depuis le moyen âge, utilise la métaphore pour exprimer les idées et permet d’apporter une morale en fin d’un court récit. C’est une manière ici d’exprimer ce que j’imagine être la situation de notre métier, sans attaquer, citer, nommer, parce que là n’est pas l’objet.
I
l était dans la Savane il y a bien longtemps un verger extraordinaire, un oasis dans la steppe. Ce verger donnait des fruits toute l’année. Sur ses arbres, petits, grands, chétifs ou amples, de tous types et toutes couleurs, se cultivaient des besoin et rêves de toute la faune qui compose ces espaces arides et venteux. La terre riche les aidait d’ailleurs à se charger d’assez de fruits pour nourrir toute la Savane. Quelques animaux, pas seulement les plus gros ou les plus forts, mais aussi les plus rusés s’entraidaient pour contrôler ce verger. Lions, rhinocéros, hyènes, chacals, fennecs, servals le gardaient, en marchandaient la plupart des fruits. Girafes et rongeurs se rendaient dans le verger par leurs propres moyens pour venir manger les quelques fruits dont ils avaient besoin, puis s’en allaient. Mais, pour tous les autres animaux, ceux qui se déplaçaient à quatre pattes, les plus petits, les moins forts, les herbivores, soit les animaux communs qui peuplent la grande majorité des larges steppes de cette contrée lointaine, pour eux tous, seuls les singes avaient la compétence, le savoir, l’habilité et la capacité à récupérer les fruits dans les hautes branches. Alors, pouvons nous penser, les singes étaient rois dans ce verger, puisqu’ils en contrôlaient la récolte. Or, dans cette jungle une seule règle régissait le verger, et elle interdisait aux singes à la fois de récolter, et de commercer leurs fruits. Dans les textes anciens de la grotte, il avait été décidé que de cette manière, les singes seraient sans ambiguïté garants
de la qualité des fruits, dans l’intérêt de tous les animaux de la Savane. Laissant de ce fait champs libre aux plus gros prédateurs pour vendre les fruits, à tous prix et toutes qualités. Les singes sont un peuple complexe, pluriel, dont les sensibilités, les tailles, la longueur des bras, les couleurs sont variés. Ils cultivent malgré eux cette diversité salutaire qui leur permet de s’adapter à tous les types d’arbres. Ils sont tous au service à la fois des animaux qui leurs commandent les fruits, mais aussi de la pérennité et la qualité de la production du verger. Or, les saisons de grande sècheresse arrivèrent, se succédèrent, et le verger pendant un temps se tarît, devenant une période de rupture dans l’équilibre de la savane. Naquit en ce temps là de nouvelles logiques pour les singes, creusant l’écart de leurs sensibilités, sous l’impulsion des prédateurs qui contrôlaient le verger. L’unité de la qualité des fruits devint une multitude de divisions pour les singes dont chacun avait sa logique. Les plus connus, les gorilles, étaient des grands signes, célèbres. Ils ramassaient seulement les plus gros fruits, les plus juteux, les plus colorés. Leurs fruits, très chers pour la plupart des animaux peuplant la Savane, et qui parfois tuaient les arbres par leur récolte, donnaient une mauvaise image des singes. Ils insufflaient chez les autres animaux l’idée que les singes étaient destinés à l’élite du règne animal, dont beaucoup se sentaient illégitime. Leurs tailles imposante en faisaient le bouc émissaire des symptômes d’une espèce en voie de disparition. La grande majorité des primates, ouistitis, tamarins, singes araignée, ou encore chimpanzés, récoltaient les fruits de manière traditionnelle. Leur récolte se destinait à la fois aux grands prédateurs qui contrôlaient le verger, mais aussi aux autre animaux, de l’éléphant à la mangouste. Leur sélection des fruits les plus murs, de la plus grandes qualité, et les plus respectueux des arbres producteurs, leur demandaient du temps, de la patience, du travail et de la persévérance. Se balancer durant des heures dans les feuillages de la canopée, consulter les termites et oiseaux qui avaient l’expertise de la qualité et de la finesse du bois, prendre du recul sur le verger, recommencer. Toutes ces actions quotidiennes prenaient du temps, mais elles servaient au bonheur des animaux qui leur commandaient. La qualité des fruits, raison d’être des singes, était aussi la commande . Même quand une autruche demandait un fruit rapidement et facilement quitte à ce qu’il ne soit pas mûr, le singe faisait au mieux en lui expliquant l’interêt pour tous de prendre les meilleurs fruits.
Malgré cette passion, cette patience, ce travail et la culture durable du verger, tous ces singes voyaient sans forcément le comprendre, leur espèce disparaitre, la crédibilité ressentie de la savane dans leur travail s’amenuiser. En parallèle les singes voyaient les colonies de fourmis prospérer dans un commerce à la chaîne de coques et bogues gâtées, tombées des arbres dont beaucoup d’animaux avaient prit l’habitude de se contenter… Piètre nourriture pour un règne animal dont le Verger est suffisant pour tous à condition d’être cultivé intelligemment! Il est une troisième famille de singe. Une famille inconnue à la majorité du monde animal, et qui pourtant fournit la plus grande proportion de leur alimentation: les macaques. Parce qu’il ne s’agissait plus de manger, déguster, pour les animaux, il s’agissait de simplement se nourrir. Prenant pour excuse la grande sécheresse, ces quelques macaques traitaient avec les pires prédateurs. A moindre coût, ils exhaussaient tous leurs désirs, même les moins moraux et péreins pour le verger, mettant ainsi la vie de la Savane en danger. Main basse mise sur des masses phénoménales de fruits, ces carnassiers avaient trouvé dans les macaques des soldats parfaits qu’ils rétribuaient confortablement. Ils leurs demandaient toujours plus, et ces primates, obéissants, ramassaient tous les fruits sur leur passage, des poires mûres aux jeunes cerises encore vertes. Décharnés comme une carcasse de gnou après le passage des vautours, les arbres produisaient de moins en moins. Les macaques gagnaient du temps en prenant les fruits les plus proches, les plus accessibles, assurant le rendement et la quantité d’une production qui les asseyait sur une confortable rente. Quand les autres singes tentaient de traiter avec les prédateurs gardiens du verger, ces derniers leur imposaient les conditions de travail des macaques. Mais, ils ne pouvaient vendre à moindre coût leurs fruits tout en continuant à chercher les meilleurs. Alors, certains, malgré eux, et à cause des macaques qui avaient été responsables et acteurs de cette pratique dévastatrice pour le verger, se sont sentis obligés pour accéder aux commandes des lions, à adopter les pratiques des macaques. Ils sont venus renforcer le vent du moulin de la baisse de la qualité des fruits, du profit des prédateurs, et de leur propre disparition. Les irréductibles singes qui continuaient à chercher les meilleurs vinrent doucement à disparaître car ils n’étaient plus compétitifs. Ils portaient pourtant pérennité de la savane en gérant durablement le verger et en offrant la meilleure qualité de fruits à la steppe… Les autres singes avaient par leur comportement dé-crédibilisé tous les primates.
Les macaques, qui croyaient avoir gagné en prenant le monopole sur le verger, ne virent pas les prédateurs comploter pour se passer d’eux. Parce que, ce qui intéressait les prédateurs, la finalité de leur acte, ne résidait pas dans la collaboration vertueuse avec les macaques vers un « fruit pour tous », mais bien dans le profit maximal de l’exploitation du verger. L’un d’eux, un jour proposa, de couper les arbres pour que tous les quadrupèdes se trouvant sous leur contrôle puisse ramasser les fruits et ainsi supprimer le travail des singes. Ils coupèrent un arbre, en ramassèrent le trésor. Puis un deuxième, puis un troisième. Les fruits n’étaient pas tous mûrs, certes, mais ils n’en avaient pas besoin puisque la Savane avait besoin d’eux, savoureux ou pas. Ils décimèrent ainsi les macaques qui se croyaient intouchables, gardèrent les gorilles pour redorer le blason de leur notoriété dans la prairie. Le verger disparut. L’oasis qui le nourrissait, privé de la protection de la canopée, s’évaporât sous la chaleur à son tour. Privé de fruits, privé d’eau, les animaux, les prédateurs avec eux, durent s’en aller chercher un autre oasis, à vider lui aussi?
épilogue:
Les fourmis aujourd’hui se portent toujours à merveille, l’histoire ne dit pas comment elles ont pu faire passer des coques pour des fruits pendant aussi longtemps.
.02 AGENCES D’ARCHITECTURE INDUSTRIELLES OU ARTISANALES, FACE AUX DÉFIS SOCIÉTAUX D’AUJOURD’HUI ET À VENIR
DES CHALLENGES A VENIR QUI ÉRADIQUERONT L’IMMOBILISME
L
’architecture, comme nous avons pu l’aborder en introduction, doit faire face à nombre de challenges et de défis qui conditionnent, notre réponse à un programme, à une commande, mais aussi qui conditionnent l’accès même à cette commande.
VERS UN ARCHITECTE COMMIS D’OFFICE?
Les premiers challenges, évidents et connus de tous sont les challenges législatifs. On parle ici de la disparition programmée, malgré les combats menés par l’Ordre et le Syndicat, dans un contexte de dérégulation générale des professions, de la loi sur l’architecture et notamment sur les 150m2 de surface de plancher au delà desquels le recours à l’architecte est obligatoire. La contrainte forte que représenterait cette disparition conditionnerait notre action non plus dans l’intérêt général mais dans le mécénat. Dans un monde cohérent dans lequel l’architecture et l’architecte seraient réellement reconnus comme d’intérêt commun, il faudrait que le recours à l’architecte ne soit pas obligatoire, mais qu’un service public d’architecte commis d’office (ACO) existe, et que les services instructeurs des permis soient beaucoup plus formés à l’intérêt et la compréhension de l’architecture, de l’urbain, du paysage. Ces trois mesures, calquées sur le droit, comparent métaphoriquement l’architecte à l’avocat, le service instructeur au juge, le maître d’ouvrage à la personne soumise au droit. Chacun à la liberté de se défendre seul. Mais la connaissance fine du droit par le juge fait que cette auto défense n’a que peu de chance d’aboutir. En revanche, l’existence du service public de l’avocat commis d’office, par son existence même, est la reconnaissance que la justice est un droit inaliénable de notre société. Ce service n’est pourtant pas perçu comme une concurrence déloyale par les avocats, mais permet aux jeunes confrères de prendre de l’expérience. Ces trois mesures seraient une véritable reconnaissance de l’intérêt public de l’architecture, passant au delà de toute accusation péjorative de corporatisme.
schéma classique aujourd’hui
MOA
MOA architecte
scénario des trois mesures
MOA
MOA architecte ACO
signature de complaisance
service instructeur
02 LE BIM, LA CONTRAINTE COMME UNE OPPORTUNITÉ Un second challenge législatif que nous pouvons citer ici est l’imposition du recours au BIM dans les marchés publics. Au delà des questions évidentes sur la propriété intellectuelle, l’article 42 III du décret n° 2016-360 relatif aux marchés publics fait référence au BIM et sans créer d’obligations. Mais cet outil de travail qui tend à se généraliser le deviendra, et les architectes devront avoir pris le tournant de cette nouvelle révolution dans la conception. Sous le couvert de la productivité et de la rationalité, c’est ici un moyen pour les grands groupes de la construction de s’octroyer les marchés. Un petit entrepreneur, peut être de fait et malgré sa compétence dans son domaine, éjecté du marché à cause de sa nonmaîtrise de l’outil qui n’a pourtant rien à voir avec son travail. Derrière l’éviction de ces entreprises, c’est l’éviction de la multiplicité des savoirsfaire que je vois. C’est l’incitation pour les concepteurs et les entreprises à la standardisation, c’est une façon d’instaurer un nouveau critère de sélection, non pas sur le prix, non pas sur la capacité de mise en œuvre, mais sur la capacité structurelle d’une entreprise à posséder et maîtriser l’outil. Et les groupes du BTP qui en ont la capacité, prendront les petits entrepreneurs en sous traitance…
53
Mais cette contrainte, si elle est prise à sa source par des groupements entre entrepreneurs, architectes, petits bureaux d’études, est l’opportunité d’un nouveau type de travail collaboratif. Il faudrait pouvoir imaginer des structures qui lient création architecturale, imaginaire constructif, et capacité de mise en œuvre, avec le BIM comme liant virtuel du projet. L’objet n’est pas de pré-construire des projets désitués, mais bien de proposer à un programme une réponse cohérente et commune, dont la gestion collaborative serait la clef de la maîtrise du coût, des délais, et surtout, de la qualité architecturale.
QUELLE RÉPONSE A LA MUTATION DE LA COMMANDE? SIEGE DE SEGECO PROJET: bâtiment de bureau pour SEGECO prévoyant une indépendance fonctionnelle pour diviser le bâtiment dans le futur SITE: Lyon MAÎTRISE D’OUVRAGE: SEGECO CONTRAT: concours pour un conception-réalisation MAÎTRISE D’ŒUVRE: groupement em2c (constructeur), Unanime (sous traitance en partie à Chaveneau Osashi Architectes) BUDGET ENVISAGÉ: environ 11 millions d’euros MISSION EXÉCUTÉE: définition de « l’aspect des façades » et préparation des documents de rendu pour le concours TEMPS DE TRAVAIL: 14 jours DIRECTION DE PROJET: Cedric Morel et Jacques Delattre (Architectes DPLG, associés)
J
e définirais ici le terme de « mutation de la commande » par l’idée que la maîtrise d’ouvrage, par le fait de l’évolution des mœurs dans la société en général, est de plus en demande d’un produit fini, clef en main, complet, dont il n’en maîtriserait plus forcément l’ouvrage, mais qui lui donnerait la satisfaction de consommation du produit. Ce phénomène est je crois observable dans tous les secteurs de création et de marchandisation d’une valeur, dans la construction donc, mais aussi dans la télécommunication, les assurances, et jusque dans l’alimentaire. Dans tous ces secteurs, les sociétés qui se proposent de « tout gérer à votre place », moyennant honoraires fleurissent et gomment la
complexité des démarches pour le client. Comment l’architecte, par son incapacité déontologique à signer les marchés et à payer les entreprises ou à être contractant général lui même, peut-il avoir une place dans cette nouvelle commande, observée autant dans des contextes institutionnels (de la Philharmonie de Paris par Bouygues et Nouvel à l’Hexagone Balard par Bouygues et Michelin), jusque dans la commande privée comme l’exemple du siège de SEGECO que nous allons traiter ici. Il s’agit d’un immeuble de bureau, cours Vitton, dans le centre de Lyon. Ce projet, comme j’ai pu en voir beaucoup pendant les 10 mois de mise en situation professionnelle, est un concours privé, entendons ici une mise en concurrence de quelques équipes (trois en l’occurrence) qui livrent une esquisse, petit APS; ce qui permet de choisir le projet qui plait le plus. Ceci est la première étape de la réponse empirique de quelques architectes à la mutation de la commande: un travail gracieux, sans engagement du potentiel futur maître d’ouvrage, en groupement avec un constructeur. Parce que ce mode de consultation de la part du maître d’ouvrage est un aveu de son objectif de ne pas maîtriser le projet. Il préfère donc à la consultation en lots séparés avec mise en concurrence éventuelle d’équipes d’architectes en concours, un conception-réalisation, qui promet budget et délais (à noter: in fine pas plus respectés qu’en lot séparés en réalité). La deuxième étape de la réponse à la mutation par l’architecte, corollaire à la première, est le travail par la perspective. Si les premiers temps de la conception font appel à la coupe et au plan, la suite des innombrables allers retours entre équipe de maîtrise d’œuvre et client (possibles puisqu’aucun contrat ne fixe les rendus…) se font par perspective, image principale du projet. La réduction d’un projet à une image est ainsi symptomatique du fait que: - travaillant gratuitement, l’architecte ne peut passer des heures à revoir le projet dans le fond - le client qui veut du clef en main est plus intéressé dans la rentabilité et l’investissement dans son produit que par le fond de sa constitution en phase concours, par conséquent plus intéressé par une image que par le détail du projet. Il va être urgent, comme nous le verrons plus tard dans ce travail, de revoir notre attitude et notre réponse à cette mutation de la commande, pour que l’architecture, et l’architecte, aient un vrai rôle, dépassant celui du graphiste ou « de l’acteur obligatoire dans l’équipe » pour le constructeur.
02 55
1
2
3
PERSPECTIVE DE LA VERSION 1
PERSPECTIVE DE LA VERSION 2
4
5
02 57
De la première image (1) du premier rendu de concours qui révèle la volumétrie et le parti architectural du projet, à la deuxième (2), photoréalistique, qui répond aux remarques volumétriques du premier rendu mais qui a aussi la vocation de plonger le maître d’ouvrage dans l’imaginaire d’un produit fini. Les suivantes, (3,4,5), reflètent non pas une évolution du projet, mais la modification par Photoshop d’une image pour coller au plus aux envies du client sans changer le projet dans son fonctionnement, des matériaux aux couleurs. Etape de séduction qui ne s’appuie pas sur l’architecture mais sur le graphisme pur, dont les préoccupations sont celles de la matérialité d’une enveloppe mais pas d’une esquisse. © Unanime architectes
VERS DU LUCRATIF HUMANITAIRE?
L
es challenges législatifs que nous avons détaillés plus haut, s’accompagnent aussi d’un autre type: les challenges sociétaux. Nous pourrions évoquer la très à la mode ubérisation, mais nous préférerons évoquer ici la nécessité de penser demain, l’écologie architecturale. Nous définirons ici ce terme d’écologie architecturale, par la capacité qu’a le projet architectural de transformer la valeur financière en valeur culturelle. L’architecture n’est pas produit d’un process qui trouve sa vocation dans le simple fait de son existence, mais doit être comprise comme la matérialisation d’échanges. La matérialisation de flux qui englobent société, ressource, modes de vie, création, innovation, groupes, usages. Des thématiques qui se regroupent en un espace, un édifice, un détail technique, dans une lumière ou même dans le soupir de félicité d’un usager qui traverse cet espace. L’architecte de demain doit prendre toute la mesure du fait que nous sommes dans un monde fini qui a dépassé ce 2 août 2017 sa capacité de renouvellement pour l’année, et concevoir en conséquence. L’architecte n’est pas un héros sauvant le monde, mais il est acteur par le projet architectural d’un projet de société qui nous rassemble, il a donc, par la capacité de sa création, la charge et le devoir de la cohérence. L’écologie architecturale ne consiste pas (uniquement) à prescrire isolants bio-sourcés et tuiles photovoltaïques TESLA, mais à synthétiser un paysage matériel dans des usages qui portent leur sens dans l’épanouissement qu’ils créeront. L’architecte a-t-il alors pour vocation unique de concevoir l’écrin de la collection d’un couturier parisien dans un parc, ou n’est-il pas plus nécessaire, voire légitime, à composer une école primaire dans un village, en matérialisant ressources et savoirs faire locaux dans une production qui « déplace le sens de la richesse » (expression tirée du manifeste des AJAP et F. Bonnet à Venise en 2016). Lors de sa conférence TEDx, le musicien et producteur Jacques Auberger introduit le terme de « lucratif humanitaire ». D’aspect antinomique, cette expression porte en fait un sens certain, qui pourrait être un belle définition pour la viabilité de la pratique de l’écologie architecturale.
L’ÉCOLOGIE ARCHITECTURALE VUE PAR LA MAÎTRISE D’OUVRAGE - OBSERVATION DE STUDIOLADA SUR LE CONCOURS DE LA CHAMBRE D’AGRICULTURE ET LE SIÈGE DE L’ONF D’ÉPINAL
L
’étude de ce concours est prétexte ici à observer le cas d’un projet qui propose un nouveau modèle de réflexion, qui utilise l’opportunité d’une commande comme levier d’action pour s’inscrire dans un paradigme différent des filières traditionnelles de la construction standardisée. le projet de concours du siège par Studiolada © Studiolada
02 59
[J’avais à l’origine prévu d’analyser la réponse de Studiolada au concours en la comparant aux réponses concurrentes, notamment à celle du Lauréat. Après des échanges avec Studiolada, j’ai contacté le lauréat ainsi que la maîtrise d’ouvrage pour avoir les planches de rendu, le programme, et toute discussion ou information complémentaire pouvant nourrir cette analyse. La maîtrise d’ouvrage a décliné ma demande, et la MICQP que j’ai contacté suite à ce refus m’a dirigé vers un formulaire européen SIMAP d’information sur les marchés publics. Une demande restée sans suite à ce jours.] Le concours auquel l’agence Studiolada a répondu était un projet pour les bureaux de la Chambre d’Agriculture et de l’Office National des Forets des Vosges, à Epinal (88) (3000 m2 / 4,7 M€ Ht de travaux), et voici la description de cette aventure par l’équipe sur leur page Facebook:
utiliser le type de commande comme levier pour mettre en valeur une démarche d’écologie architecturale dans la spatialité © Studiolada
Penser l’édifice comme l’assemblage de ressources et de compétences dans un lieu donné © Studiolada
«
Notre projet proposait un bâtiment essentiellement issu des filières agricoles et forestières du département. L’occasion rêvée d’appliquer en milieu urbain et à grande échelle les recherches que nous menons sur les territoires ruraux. Structures et habillages en bois locaux (Chêne, Hêtre, Châtaignier, Epicéa, Pin), éradication du placo, isolation bottes de paille, enduits «de site»( à partir d’agrégats de grés des vosges), traitements à l’huile de Lin, aménagements paysagers raisonnés à base de «cultures locales» (plantes de bruyères, blocs de grès rose ) Encore une fois, une grande simplicité volumétrique et organisationnelle, la stricte réponse aux besoins et aux usages. Une obsession : la vue vers le grand paysage, d’où le choix d’un bâtiment linéaire tourné vers le sud. Les protections solaires deviennent des coursives qui offrent des prolongements extérieurs aux bureaux. Un travail sur le fond, le process, la traçabilité, la rationalité. Des subtilités techniques mais pas de gesticulations formelles. Une vision assumée et démonstrative du «bon sens paysan» Nous pensions que la maîtrise d’ouvrage verrait en ce bâtiment l’occasion d’innover, de démontrer, de développer de nouvelles filières dans ses domaines de compétences. Projet classé second..
»
EQUIPE STUDIOLADA: Christophe Aubertin, Aurélie Husson, Cécile Demilly, Salomé Bergsma, Audrey Boyer, Simon Perdereau, Salomé Vinciarelli, Nastasia Vellandi COTRAITANTS : Digitale Paysage, Barthes Bois, Fluidconcept, Sigma, ABECO Images : Alexandre Besson »
02 61
A
lors, quel coût pour une architecture sans concession, pour la proposition d’intégrer, au cœur du projet, l’écologie architecturale, qui plus est pour une maîtrise d’ouvrage sur le papier en attente et en cohérence avec ces questions centrales? N’ayant pas accès aux autres propositions, ni à celle du lauréat, il n’est pas question d’établir une critique architecturale et formelle de l’édifice mais de se questionner sur la prise de conscience de la maîtrise d’ouvrage publique comme privée vis à vis des enjeux que nous avons cités précédemment. L’agence Studiolada a perdu le concours dont la filière bois était au centre du programme sur cet extrait de la réponse adressée par le jury du concours: « Cependant, cette part importante du bois a été également un inconvénient : novateur, procédés complexes, jonction béton/bois, entretien, durabilité, … ». Un manque de courage certain de la maîtrise d’ouvrage, qui n’est pas un cas isolé. On retrouve, dans la maîtrise d’ouvrage privée et notamment dans la promotion, cette absence prise de risque, cette mise en arrière plan des priorités de responsabilité écologique et sociétale. A part les réglementations thermiques et les pourcentages de bois imposés en concours (incohérent tant que l’on ne parlera pas de provenance et de ressource), rien n’impose réellement au commanditaire une démarche écologique ou au moins responsable dans les matériaux, l’espace, ou le potentiel territorial de la ressource et de la compétence. Quelques labels privés en font business, mais sont aussi optionnels qu’anecdotiques (dans la construction mainstream en tout cas, celle qui fait 95% de nos villes et espaces de la ruralité).
DE LA TRANSLATION A L’HOMOTHÉTIE, QUEL VECTEUR ÊTRE? A
la translation
l’homothétie
B
Les challenges évoqués sont des contraintes. Mais ils sont aussi et surtout l’opportunité de se positionner en tant que jeune architecte, sur sa raison d’être et sur la façon dont on s’adaptera à ces défis. LA TRANSLATION, DÉPLACER UNE INFORMATION A EN UN PRODUIT B La translation est l’opération mathématique qui consiste à déplacer un point A en un point B selon un vecteur, sans en changer les caractéristiques.
L
e cadre de la pratique de ce type de vecteur (certaines agences d’architectures) est la première explication à cette métaphore. Ne répondant qu’à une commande privée, professionnelle, pour des programmes de logements neufs et bureaux neufs, dans des contextes métropolitains, les vecteurs de translation s’astreignent à la négation du contexte historique, la rentabilité comme maître mot, la spéculation sur l’espace urbain comme mode d’action. En ne choisissant que ce type de maîtrise d’ouvrage, ce type d’agence s’enferme dans l’acceptation de la prédominance de la conscience individuelle. L’édifice devient alors produit, le logement marché, la qualité spatiale option. Ce mécanisme de pensée implique que les facteurs qui entrent en compte dans la fonction [ARCHITECTE] ne sont que ceux imposés pour un permis de construire valide: respect du PLU et autres règlements d’urbanisme, coefficient d’emprise au sol, surfaces de plancher et nombre de niveaux de sous sol pour calculer la rentabilité du produit.
02 63
Au delà du cadre, il est intéressant de noter que ce vecteur translation devient acteur de la contrainte qui le fait vivre. « Clients contents », « loi du marché », « offre et demande », sont autant de réflexes de conception qui tuent chaque jour les notions de valeur ajoutée, rôle sociétal, savoir faire, territoire. Il n’est alors plus question de déplacer la richesse pécuniaire à la valeur culturelle, autrement dit de la conscience individuelle au projet de société. Les méthodes et réflexes commerciaux et de conception impliquent pour celui qui le pratique confort et profit. Le temps gagné permet de spéculer sur les honoraires et la qualité de la production, de spéculer sur l’héritage culturel que sont ces édifices bas de gamme, pensés pour être parfaits le jour de la vente, mais qui ne manqueront pas de devenir des poids pour notre descendance, embarrassée par un parc immobilier vieux de vingt ans, à démolir, qui peuple métropoles et ensembles pavillonnaires. Le commun, le partagé, l’appropriation, tout ce qui fait valeur d’usage et qui donc par définition ce qui n’a pas d’autre prise que celui du vivre ensemble est expulsé comme une anecdote de « bobo ». Puisque (sauf exception), la force de construction de la ville privée et professionnelle ne se sent plus apte à porter un projet commun (certainement trop cher pour lui), le rôle politique de l’initiative, du progrès social par l’implication de territoires non soumis à des pressions foncières énormes, est plus qu’hier nécessaire pour faire modèle dans la métropole. Si le progrès technologique, de tout temps est venu des métropoles pour alimenter l’espace restant, les autres territoires, l’architecte est-il en train de vivre une nouvelle (r)évolution? Le territoire devient plus que jamais expérimentation, progrès, projet de société. Et il aura la capacité je n’en doute pas, à faire évoluer les décideurs qui par la réglementation obligeront les vecteurs de translation , à intégrer à leurs conceptions de nouvelles dimensions: celle de l’intérêt commun dans un projet de société qu’est l’édifice.
L’ATELIER MICROMEGA COMME CENTRE D’HOMOTHÉTIE L’homothétie est l’opération mathématique qui consiste à déplacer selon un point une figue A en une figure B, qui en est son image augmentée. L’homothétie correspond donc à un changement d’échelle des figures.
N
ous avons pu par le biais du collectif atelier Micromega et du projet de la Madeleine, mettre en œuvre cette pensée de l’importance de l’homothétie en tant qu’architecte. Le cadre de la pratique de Micromega est le premier élément fondateur de cette pratique. Le collectif a choisi de limiter son travail aux frontières de la profession. Les missions et projets que nous faisons ne sont donc pas rémunérateurs et en aucun cas le collectif n’engagerait un projet qui pourrait être réalisé par un confrère professionnel et installé. Le projet de la Madeleine intervient donc dans le cadre du Festival des Architectures Vives de Montpellier (FAV), qui se tient chaque année, et qui a cette année rassemblé patrimoine et architectures contemporaines sous le thème de l’émotion. Le double contexte qu’est l’association 1901 Atelier Micromega et le FAV, implique une action bénévole. Elle n’est pas spéculative puisqu’elle a la particularité de ne rien rapporter à personne. Cette action porte sa raison d’être dans le simple fait de proposer au public de découvrir des installations d’architecture contemporaine, dans les cours magnifiques d’hôtels particuliers de la ville de Montpellier.
LIEU : Montpellier - France DATE: Du 13 au 18 juin 2017 MATÉRIAU: briques de plastiques ( 30cmx10cmx5cm) TAILLE: 3mx3mx3m ARCHITECTES : Atelier Microméga J. Guyard / A. Lahaye / C. Granjon / T. Pourteyroux / G. Martinez PARTENAIRES : unanime architectes / icmArchitectures / vetementpro. com / ENSAG / communauté universitaire Grenoble Alpes / La Région Auvergne – Rhône Alpes FOURNISSEURS : AdVita sarl BUDGET : 7152 € TTC DISTINCTION : mention spéciale du jury PHOTOGRAPHE : Paul KOZLOWSKI ©photoarchitecture ©FestivaldesArchitecturesVives / ©AtelierMicroméga
02 65
L’équipe de l’atelier Micromega Alexandre, Thomas, Justine, Charlie, Gauthier © photoarchitecture
mettre l’appropriation et l’interaction avec le public au coeur du projet: créer un espacesupport qui propose et dirige, pour jouer avec la nostalgie et la madeleine du public © photoarchitecture
des premières images des intentions architecturales qui permettent de remporter de concours
MICROMEGA - FAV MONPTELLIER - 2016 - LA MADELEINE
aux images de communication pour appuyer le financement par le crowdfounding. Elles témoignent aussi de l’avancement du projet: définition du matériau et du système constructif
jusqu’au pavillon éphémère qui a dialogué 8 jours avec la cours du Palais Guillem, les 15000 visiteurs, la lumière montpelliéraine
02 67
coupe dans la coursde l’hotel Guillem et la madeleine © ateliermicromega
L
e projet de la Madeleine s’appuie sur la nostalgie (la Madeleine de Proust) pour créer une spatialité signifiante. La Madeleine est une structure de 3mx3mx3m composée de 2500 briques de plastiques colorées. D’aspect cubique et lisse d’extérieur, la structure dévoile en son intérieur une voûte cadrant grâce à son ouverture zénithale les bâtiments de la cour et le ciel. Dans la voûte sont intégrées des prises où les visiteurs peuvent venir plugger de nouvelles briques et ainsi participer à la co-construction de ce monde intérieur. Comme un rappel de l’enfance et des jeux de construction, les briques plastiques semblent avoir grandi avec les architectes. Mais comment donner du sens à une œuvre éphémère ? Avec ce projet, notre travail a oscillé entre la conception/réalisation du projet, son financement et la recherche du valeur sociale à l’acte de construire. Grâce à la générosité de 90 donateurs, nous avons pu réaliser le projet et avons souhaité donner une seconde vie aux briques. Les financements ne servent plus uniquement à la construction d’une installation éphémère, mais plutôt à la création d’une émotion à plus long terme. Les briques géantes de plastique de la structure ont, à la suite du festival, été données à des crèches solidaires et aux restos du cœur situés aux alentours de la ville de Montpellier. Ainsi aujourd’hui, ces briques permettent à des enfants de découvrir leurs instincts de bâtisseurs comme l’avaient fait quelques années auparavant les membres de l’Atelier Microméga.
L
a Madeleine est un petit projet de micro-architecture éphémère. Mais la démarche qui nous a animé pour cette construction n’aurait pas été différente pour un gros projet autant pour sa conception que pour la réflexion autour du matériau: raconter une histoire par l’espace, offrir des prises d’usages inattendues, penser la vie du matériaux au delà ce celle du projet. Etre une translation, ou une homothétie, est un choix qui est malheureusement libre à chacun. Mais l’architecte a je crois vocation à porter en elle la valeur ajoutée de la signification de l’espace, l’homothétie.
02 69
visite surprise d’une garderie dans le pavillon © ateliermicromega
INTERLUDE 02
JEAN PROUVE PAR LUI MÊME, EXTRAITS CHOISIS
Ces quelques extraits choisis de l’ouvrage «Jean Prouvé par lui même» nous proposent ici la vision d’un homme ayant œuvré à sa manière pour la qualité architecturale. Ils traitent de son rapport à l’entreprise, au management, aux limites de l’exercice de l’architecture dans le cadre que nous connaissons, du rapport entre conception, et réalisation.
«C
’est là qu’ils on découvert ce que pouvait être la véritable inspiration architecturale, que le coup de crayon qu’ils donnaient le lundi permettait d’avoir une réalisation le mardi? Ils savaient tout de suite ce qu’ils auraient. Tandis que le jeune architecte d’aujourd’hui dessine la plupart du temps des choses qui ne se feront pas, vous croyez pas que pour l’esprit, c’est mortel? pages 28-29
«P
»
our fabriquer un objet, il faut des hommes et des matières premières, ce à quoi il faut ajouter des frais généraux, charges sociales, amortissements et le remboursement des investissements - c’est là dessus d’ailleurs que beaucoup de comptables font de la manipulation dans les bilans. Moi, je m’étais dit: si pour faire l’objet, je prévois cent francs de main d’œuvre, je ne vois pas pourquoi je vivrai avec l’espoir que les ouvriers n’en dépenseraient que quatre-vingts. Car, l’esprit général, c’était ça. Alors, j’ai pris une décision. J’ai discuté les durées avec et la masse de main d’œuvre avec les exécutants. Et pour chaque affaire qui se présentait, par section d’usine, il y avait discussion sur ce qu’il fallait prévoir comme main d’œuvre pour réaliser tel projet. Et quand nous avions déterminé un chiffre, je leur ouvrais un compte en banque de ce montant. Ils n’étaient plus salariés, ils devenaient des financiers qui avaient à gérer une somme d’argent, une somme qui était la masse salariale sur laquelle je m’interdisais de spéculer. Le résultat a été fabuleux. page 32
»
«D
ans mes ateliers, je travaillais pour les architectes et je détectais leurs faiblesses. J’avais des parades. Quand je faisais des choses moimême, je savais parfaitement comment je les ferais. Quand j’ai perdu l’outil, je me suis retrouvé inscrit dans la même position que les architectes. Très rapidement, j’ai compris qu’on ne pouvait rien faire de bien parce que le processus entre création et exécution est mauvais. Ca fonctionne mal. (…) C’est un des grands maux des agences d’architectures: ils ne sont pas maître de la situation. Ils ne savent pas qui exécutera. S’ils souscrit aux principes déontologiques de l’ordre, l’architecte ne devrait pas se compromettre avec l’entrepreneur! Et moi, je demande: « Et avec qui il construira? » On a lancé dans jambes de l’architecte, le bureau d’études techniques, cela aux environ de 1950, je crois. Alors, qui a raison finalement? Eh bien, c’est évidemment l’entrepreneur. Lui a une économie de profits et de pertes, il subit les fluctuations économique plus que quiconque. (…) Cela devient plus grave encore quand les documents sont transmis à l’entreprise: ni l’un ni l’autre ne la connaissent, et si l’architecte veut connaitre l’entreprise qui construira, il se met en marge des règles de son ordre. (…) L’entrepreneur a serré son prix pour avoir l’affaire: comment voulez vous qu’il s’en tire s’il ne leur impose pas sa façon de faire? L’entreprise à ses technique, et ses hommes qui savent faire certaines choses et pas d’autres, qui savent couler le béton d’une certaine façon, qui ont des coffrages de leur invention…Ils ne vont pas réformer tout ça. Alors l’architecte cède devant le bureau d’études qui cède devant l’entreprise. Avouez que c’est plutôt aberrant! (…) Le résultat: une architecture dont le détail est souvent mauvais, une architecture qui ne révélerait pas sa contexture, de laquelle n’émane pas cette sensibilité qu’ont les vieilles choses construites avec des techniques merveilleuses.» pages 99, 100, 101.
»
.03 BÂTIR UN PAYSAGE COMMUN, L’AGENCE PARFAITE?
N
D’UN NOM À LA RAISON D’ÊTRE
ous avons pu évoquer précedemment les enjeux si actuels que sont ceux de la conscience environnementale. Je matérialiserais donc cet engagement à travers le nom d’une agence fictive: « Bâtir un paysage commun ». BÂTIR, correspond non pas à une finalité, mais à une méthode. J’agis, je pense et je porte ce que je compte construire pour la société par mes outils, ceux de l’architecte. Ces outils, motivation de cinq années d’études et d’une HMONP, n’en sont qu’à leurs balbutiements, mais ils constituent ma façon d’être un vecteur pour porter un projet de société. Si ce verbe bâtir est la partie égocentrée de ce nom d’agence, il constitue aussi et surtout l’éthique et la déontologie dans laquelle j’inscris ma profession de foi. UN, exclu autant qu’il englobe. Seul, isolé, cet article indéfini désigne à la fois l’unité, l’individualité. Mais, juxtaposé à PAYSAGE, il devient englobant. « Un paysage » représente l’unité qui remplit les interstices oubliés des grandes métropoles. Une superstructure à la Archigram qui se propose d’être à la fois le terreau dans lequel s’inscrit l’acte de bâtir, mais qui est aussi conséquence de cette nouvelle valeur qu’est l’échange autour d’un projet commun, d’un territoire, de ses ressources. « Un paysage », c’est à la fois la volonté d’intégrer dans la réalité et la quotidienneté de ma pratique ce terreau, mais c’est aussi l’expression de la conscience de l’environnement affecté par notre action, d’où la responsabilité sociale de l’architecte à penser ce paysage ressource comme un paysage (social, programmatique, culturel) à cultiver par le sens et la valeur que porteront nos espaces à vivre et à habiter. COMMUN se réfère à l’universalité de nos actions. Architecte ou non, décider d’être une homothétie plutôt qu’une translation, c’est décider en amont d’apporter une valeur ajoutée, une portée signifiante, dans un projet commun. Transiger avec cela, avec son éthique, sa déontologie, c’est devenir une translation.
CRÉER SA COMMANDE; IDENTIFIER L’ENTREPRISE
R
épondre uniquement à la commande sollicitée revient à considérer que les besoins sociaux sont correctement identifiés par collectivités territoriales et les programmistes. C’est souvent le cas, mais il faut à chaque instant s’autoriser à questionner cette commande de manière à ce que la proposition architecturale soit la plus fine et adaptée aux besoins réels. Aller plus loin que les normes, ajouter la valeur immatérielle.
Et de manière plus extrême, aller dans sa pratique vers une commande non sollicitée c’est se donner les moyens d’appliquer sa vision au projet, au delà des normes de la commande. Et, à terme, de développer des compétences ou des réseaux de compétences susceptible d’attirer la clientèle / maîtrise d’ouvrage qui corresponde à la raison d’être de l’agence (choisir ses clients pour qu’ils nous choisissent). Les domaines d’action de bâtir un paysage commun pourraient donc se trouver aussi bien dans l’architecture, le paysage, les études territoriales pré-opérationnelles, mais aussi l’urbanisme, la programmation, le design.
Pour illustrer ce propos théorique, nous pouvons citer quelques exemples:
Devant le constat du prix de l’immobilier, de la médiocrité de la production de logements, l’architecte Fernand Pouillon a tenté de se mettre en amont de la commande qui le faisait auparavant vivre. Le mode d’action choisi a pour lui été celui de l’association entrepreneuriale et promotoriale, mode interdit pour un architecte qui lui a valu certaines déconvenues. Cependant, cette attitude novatrice vis à vis de la commande (au service du projet!), a produit l’architecture que l’on connait, dans ses grandes qualités, et qui a proposé pour le même coût que les logements bons marchés de l’époque de bien meilleures prestations.
03 75
les logements Point du jour par Fernand Pouillon © Jean Michel Gobet
P
lus récemment puisqu’ils sont contemporains à cette rédaction, nous pouvons évoquer ici l’agence néerlandaise ZUS arkitekten et leur projet de pont: Luchtsingel. Identifiant un besoin dans l’urbanité de Rotterdam dont ils sont originaires, l’agence a initié et conçu un projet. Au delà de la réussite évidente qu’est ce projet sur les plans architecturaux et urbains, il est intéressant de noter la genèse de ce projet qui est aux antipodes de la commande traditionnelle. L’agence a pu rencontrer les décideurs avec une idée, un projet, et un financement. L’idée et le projet sont donc venus de l’agence, et le financement du crowdfounding (financement participatif). D’aucun pourrait y voir la dépossession et l’abandon de la chose publique par le décideur. Mais je préfère y voir pour l’architecte une façon de se disposer en amont de la commande, de manière à proposer un projet réellement de qualité, mais aussi d’avoir cette commande. Nous sommes loin du cadre de pensée de la loi MOP, de la loi de 77, et j’ai aussi conscience que ce mode d’action pionnier demande à l’agence les ressources suffisantes pour un travail malheureusement spéculatif. Mais ce travail spéculatif est mis au service non pas d’un maître d’ouvrage privé, mais de la communauté et du bien des espaces et des usages affectés par ce projet. Aujourd’hui, ZUS est reconnu pour sa capacité et sa compétence non seulement architecturale, mais aussi à initier des projets, leur ramenant une clientèle avec laquelle ils exercent leur art sans concession.
le pont du Luchtsingel après sa livraison © Fred Ernst
des premières images à l’initiative du projet - entre collage abstrait et perspective - outil de prospection
au financement par le crowdfounding
03 77
jusqu’à l’outil public et urbain, dont les usages multiples et le mode de création participatif et atypique participe à l’appropriation du projet
LA VIE DU PROJET COMME VIE D’AGENCE
I
l existe une règle simple de management -qui nous a été inculquée lors d’une session HMONP à l’ENSAG- disant qu’il existe trois raisons pour lesquelles un salarié reste dans une entreprise. Pourquoi ne pas se baser sur ces trois raisons pour les appliquer aussi aux associés, et même les élever en philosophie de gestion d’agence et de projet pour Bâtir Un Paysage Commun? Ces trois facteurs de bien être dans une entreprise pour un salarié sont: - l’intérêt pour les missions, - l’intérêt pour la vie de l’entreprise et son ambiance, et - l’intérêt financier. Il faut que deux de ces trois raisons soient réunies, au minimum, pour qu’un collaborateur s’implique et prennent du plaisir dans son travail. Jean Prouvé dans son usine, sans l’expliciter de la sorte, avait finalement réussi à réunir ces trois facteurs. Pour Bâtir un Paysage Commun, il s’agirait dans un premier temps de créer une noyau dur de personnes associées partageant cette même vision de la mutidisciplinarité de l’architecture et de la nécessité de revoir profondément les champs de nos actions. Puis, dans la métaphore de la roue de vélo dont le projet serait l’axe de rotation, il faudrait rassembler les compétences idoines au bout de chaque rayon, de la conception architecturale et paysagère, jusqu’aux entreprises et à la main d’œuvre appliquée à l’exécution. La roue de vélo met toutes les extrémités à équidistance du centre de gravité, le projet. De la forme pyramidale de la maîtrise d’œuvre traditionnelle, dont le maître d’ouvrage est le sommet, il s’agit là d’un changement de paradigme, qui réunit tous les acteurs; architectes, BET, entreprises, autour du même intérêt de réussite du projet. Cette organisation collaborative en roue de vélo permet d’impliquer uniformément TOUS les participants au projet, et ainsi on pourrait observer une dilution équitable des responsabilités, une plus grande cohérence du projet puisque sa réalisation serait imaginée directement dès la conception avec l’entreprise. Au sujet des collaborateurs de Bâtir Un Paysage Commun, la façon de mettre au cœur de la vie d’agence l’hédonisme serait la suivante: 1 Intéressement financier : répartition du capital de l’agence entre tous, à taux différents et intéressement au chiffre d’affaire sur base du volontariat décidé en début d’année d’exercice
▶ prise de risque de tous, implication (fructueuse ou non) des collaborateurs au delà des simples termes de leur contrat: responsabiliser les acteurs du projet. 2 Intéressement architectural: chacun des collaborateurs suit ses projets du début à la fin; en fonction de la taille du projet, les autres sont en renfort ou en équipes. Pour chaque projet un référent est désigné, il ne travaille pas directement sur la conception architecturale mais il contrôle comptablement le temps passé, les délais, la rentabilité. ▶ ces rôles tournants pour chaque sujet donnent au projet une plus grande viabilité, architecturale et financière. Le rôle du rapporteur (référent) est essentiel puisqu’il permet à l’architecte en charge de la conception de canaliser son esprit dans la qualité de l’architecture produite. De plus, chaque collaborateur est ainsi impliqué dans toutes ses missions d’architecte, à tour de rôle.
fonctionnement de la répartition des projets dans Bâtir Un Paysage Commun
temps 01
03 79
temps 02
affaires
collaborateur
rapporteur
3 Le bien être dans l’agence: réunions hebdomadaires sur la santé de l’agence et sur les projets en cours en début de semaine, mise en place de temps de travail collaboratifs sur chacun des projets (outils collaboratifs comme les brainstorming, les exposés d’intérêts, réseaux sociaux d’entreprise, ….) qui permet à chaque chef de projet du moment de se nourrir des expériences et des esprits critiques de l’équipe, temps forts informels ensemble hors du temps de travail (apéro!) qui lient les Hommes et non seulement les esprits.
Ces trois mesures internes à l’agence, et le système de fonctionnement en roue de vélo avec les équipes de maîtrise d’œuvre et d’entreprises, sont des outils que j’aimerais expérimenter dans le cas concret du projet architectural. Ils ont certainement leurs limites, mais ils ont aussi le mérite de mettre au centre du processus le plaisir de faire, l’envie d’agir, la responsabilité, et la pensée du bon sens. Dans un projet futur, je pourrais tout à fait envisager de les utiliser dans la reprise d’une agence artisanale…!
L’AGENCE ICMARCHITECTURES DEMAIN, QUEL AVENIR POUR UNE PRATIQUE ARTISANALE?
C
omme nous le suggère Jean Prouvé dans les extraits choisis, la clef de la qualité ne se situerait-elle pas plus dans l’épanouissement des collaborateurs et la maîtrise du projet de sa conception à sa réalisation que dans le dessin rêveur d’une perspective faite par un graphiste pour un concours? Alors, dans quelle mesure la référence qu’est le fonctionnement de l’outil de Prouvé, et surtout les conclusions qu’il en tire une fois qu’il le perd, peut-elle être un modèle pour repenser notre manière de pratiquer l’architecture? Si nous mettons ces conclusions en relation avec le fait observé que la maîtrise d’ouvrage a de plus en plus la volonté d’avoir un projet géré de A à Z par une compétence extérieure de confiance, je crois que nous avons intérêt, architectes, à nous saisir de ce fait indéniable et à ne pas laisser cette opportunité d’une architecture maîtrisée et de qualité, à des pseudos maîtres d’œuvres touches à tout, constructeurs/décorateurs, qui trouveront toujours des combines et des architectes déloyaux pratiquant la signature de complaisance. La pratique artisanale, que nous avons décrit précédemment,
«votre plan de maison gratuit» construiresamaison.com, site édité par le très connu site Particulier à Particulier ou quand les nouveaux médias de la commande de maison individuelle sont capté par les réseaux de l’immobilier
basée sur la qualité mais qui comporte un certain nombre de défauts, pourrait tout à fait se saisir de ces outils de pensée, pour s’adapter aux révolutions en cours et à venir énoncés plus haut. « Se compromettre avec l’entrepreneur » -citation de Prouvé-, devrait être repensé dans notre déontologie et de manière institutionnalisée. Cela permettrait à nos agences artisanales, majoritaires et qui ont la volonté de produire une architecture de qualité, d’exploiter pleinement des compétences qu’elles ont déjà acquises, pour répondre au mieux aux nouvelles attentes de la maîtrise d’ouvrage, et faciliter un exercice qui souffre aujourd’hui de son cloisonnement. Cela couperait le pied aux « solutions de maîtrise d’œuvre » qui fleurissent sur internet, entre villas médiocres et désituées, sociétés qui se proposent de gérer « votre projet de maison sur mesure de A à Z! Vous ne vous vous occuperez plus de rien! ». Ces sociétés déréglementées qui nous concurrencent le font déloyalement, puisque nous ne sommes aujourd’hui pas autorisés à proposer la même chose au client, avec la qualité en plus. Cela permettrait de plus de ré-unir la profession d’architecte, pour que notre Ordre ne soit plus perçu à tort par beaucoup comme une unité castratrice, mais bien comme la possibilité d’une action commune. Le monopole de l’architecte par les règles qui en sont la contrepartie est-il devenu son talon d’Achille?
03 81
CONCLUSION DE LA RUE JANGOT À LYON À LA COMMUNAUTÉ CAMPO COCHA EN ÉQUATEUR
L
’année de HMONP, des cours magistraux à l’école à la pratique chez Unanime Lyon, a été une année de prise de conscience. Prise de conscience quant au fait que les difficultés que notre profession rencontre sont non seulement l’affaire de tous, mais aussi la responsabilité de tous! De la translation à l’homothétie, il tient à nous tous de réinventer ce que nous serons et comment cela nous redonnera la place nécessaire au cœur du projet de construction, pour bâtir notre paysage commun. Prise de conscience quant au fait que certaines grosses agences ont déjà parfaitement compris cette nécessité de renaissance, mais qui malheureusement utilisent ce prétexte pour toujours plus spéculer sur la qualité, l’éthique. Prise de conscience quant au fait qu’avoir sans arrêt la « tête dans le guidon », au front de la bataille de l’architecture, pour beaucoup d’agences artisanales, ne permet pas de prendre le recul nécessaire pour arrêter de courir derrière les retards et les affaires, mais que du temps de réflexion est parfois essentiel pour recadrer notre mode d’action. Prise de conscience à travers l’expérience vécue avec l’Atelier Micromega que d’autres manières de créer un espace architectural sont possibles, et qu’il ne faut jamais s’interdire de penser et d’utiliser des chemins différents de ceux dictés par l’habitude, les règles vieillissantes. Ces prises de conscience multiples et dont je ne cite ici qu’une infime partie, et l’expérience de mise en situation professionnelle m’ont interrogé sur « les manières de faire l’architecture ». Ils ont ouvert en moi un grand nombre de pistes de réflexion pour allier entrepreneuriat et qualité architecturale, déontologie et évolution de l’architecte, intention sociétal et réalité économique. Le travail de réflexion dont vous avez pu prendre connaissance à travers ces lignes ne s’érige pas comme une réponse ou une méthode, mais reflète ma réaction face à ce que j’ai vécu pendant cette année, et la manière dont je compte y réagir: remettre en perspective ce qui fera de moi un architecte homothétie, et non pas l’opportunité unique d’une
signature légale sur un permis de construire pour un maître d’ouvrage. Le modèle de structure industrielle comme nous l’avons analysé apporte méthode et constance à l’entreprise d’architecture. Si ce modèle porte en lui les failles de l’ultra-libéralisme, il est fort en enseignements pour repenser l’agence d’architecture artisanale qui souvent manque de recul pour s’adapter aux défis qui sont à la fois ceux de l’architecte, mais aussi ceux de l’entrepreneur.
P
our l’heure, j’ai envie de continuer de nourrir ma pratique dans une action hors champs au sein du collectif Atelier Micromega, pour la liberté de penser, de concevoir et d’agir que cela nous donne. J’ai aussi envie de recentrer ma raison d’être d’architecte dans une action qui fait sens: nous avons planifié, Alexandre Lahaye (autre diplômé DE prétendant à l’HMONP, membre de Micromega) et moi même un voyage en Amérique du Sud et plus précisément en Equateur. Il nous mènera plusieurs mois au sein d’une communauté Kichwa au cœur de l’Amazonie, pour les accompagner dans la conception et réalisation d’un centre d’interprétation, musée de leur communauté. Cette expérience que j’attends avec la plus grande impatience, sera l’occasion d’apprendre sur les plans humains et constructifs, sur les questions de la ressource, de l’essentiel, et de la confrontation entre culture occidentale et savoirs faire ancestraux. Elle sera aussi l’occasion ,par le volontariat, d’apporter nos outils et nos visions, celles de très jeunes architectes, qui participeront à la construction d’un véritable projet de territoire, ayant pour ambition de faire vivre une communauté dans ses traditions et dans la contemporanéité.
CONCLU
83
BIBLIOGRAPHIE ARCHITECTURE Ricciotti, Rudy (2013), L’architecture est un sport de combat, Broché, 96 p. Devedjian, Jocelyne (2000), « La qualité architecturale : un enjeu européen », D’A , N°105, octobre 2000 (1145-0835) Nivet, Soline (2003), « Promoteurs et architectes », D’A , N°126, février 2003 (1145-0835) Le Corbusier (1942), La maison des hommes, la Palatine, 204 p. Lacaton A., Vassal J.P. (2009), Lacaton & Vassal, Cité de l’architecture et du patrimoine, 230 p. Vaudou, Valérie (2001), Prouvé par lui même, Du Linteau Eds, 140 p. Botta, Mario (1996), Etique bu bâti, Parenthèses, 120 p. Gravagnuolo, Benedetto (1996), Vers une architecture millénaire, Parenthèses, 10 p.
RÉGLEMENTAIRE Dauge, Yves (2005), Rapport d’information n° 64 (2004-2005), Sénat CCAG travaux (2009), art. 2 Grange, Claude (2017), La loi MOP - Conception et mise en œuvre d’opération, le Moniteur, 396 p. SoeS EPTB, (2011) , rapport n° 008385-01 n° 2013-33, ministère de l’Environnement et du Développement durable et du ministère de la Culture Archigraphie (2012), IFOP et CNOA lemoniteuremploi.com (2016), Le salaire 2016 des architectes
SOCIOLOGIE Paquot T.,Masson Zanussi Y., Stathopoulos M. (2012), Alter Architectures Manifesto, Infolio, 344 p. Debry, Jean-Luc (2012), Le cauchemar pavillonnaire, L’échappée, 160 p.
ICONOGRAPHIE
page de présentation .01 : Astérix et Obélix mission Cléopâtre, Alain Chabat, 2002 page de présentation .02 : La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830 toutes les autres illustrations sont de l’auteur sauf celles mentionnées en légende...
de la translation à l’homothétie, en quoi l’étude d’une agence d’architecture à la pratique rationalisée vers la rentabilité permet de repenser une agence d’architecture artisanale? L’architecture et son rôle sociétal, projette inconditionnellement l’architecte dans ses responsabilités. Il doit alors se positionner, adopter une attitude: celle de la translation, ou celle de l’homothétie. Ce travail propose d’observer une agence au fonctionnement que nous définissons ici comme industriel, Unanime Architectes dans laquelle j’ai effectué une mise en situation professionnelle de près de 10 mois. Les observations et le décryptage du mode de fonctionnement - de l’organisation structurelle à l’attitude architecturale - seront une base de réflexion pour penser les défis qui s’imposent à la pratique future de l’architecte. Entre maîtrise d’œuvre, écologie architecturale, et mutation de la commande, la MSP enseigne au delà de la pratique industrielle: elle permet de repenser la pratique artisanale, soit celle de la grande majorité des agences d’architectures françaises. Bâtir Un Paysage Commun, agence fictive, est la cristallisation de ces réflexions dans un acte, celui de bâtir notre monde. Fruit de la HMONP, ce scénario de pratique reflète l’idée, la pensée, les rêves et les aspirations d’un tout jeune diplômé, qui définit ici, l’architecte qu’il veut être.