Mars / avril 2014
Generation-Trail
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© Photo : Brice Rohaut
MAG’ 24
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CLASSEMENTS & RÉCOMPENSES SUR CHAQUE ÉTAPE
DIMANCHE KILIAN’S CLASSIK DÉCOUVERTE TRAIL RUNNING ET RANDONNÉE
SAMEDI OFFICIAL KILIAN’S CLASSIK TRAIL RUNNING
25 OU 45 KM
SÉANCES DE DÉDICACES SOIRÉE OFFICIELLE AVEC LES ATHLÈTES DU TEAM SALOMON
5&6 JUILLET 2014
04 68 30 55 46
PRÉSENCE D’ATHLÈTES INTERNATIONAUX PIERREBENADESIGN.COM © SALOMON SAS. ALL RIGHTS RESERVED. PHOTOGRAPHY: STEPHAN REPKE, MONICA DALMASSO.
COURSES ENFANTS COURSE DE CÔTE
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Responsable et Directeur de la publication : Fabrice Breton Conception graphique - réalisation : Peggy Chopin - www.design-peggy.com - 06 74 29 48 25 Contact : Tél : 06 42 72 68 62 - contact@generation-trail.com
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TRAIL HIVERNAL LE MONT-DORE !
L DU SANCY / !
LE TEAM SIGVARIS TRAIL À L’HONNEUR ! La 11ème édition du Trail hivernal du Sancy / Le Mont-Dore, organisée par la section XTTRaid 63 a de nouveau goûté le succès. 1300 participants sont venus le dimanche 19 janvier 2014 des 4 coins de la France et se sont rassemblés pour prendre départ à 9h00 devant la patinoire du Mont-Dore. Et pour cette nouvelle édition, les traileurs ont dû affronter des parcours rendus très exigeants à cause d’une météo très capricieuse... pluie, neige, boue, verglas et froid sont venus se joindre à cette fête belle du Trail ! Deux distances permettant de profiter de points de vue magnifiques et des paysages exceptionnels du massif du Sancy étaient proposées aux coureurs : un parcours de 20km pour 800m de dénivelé positif et un de 30km pour 1300m de dénivelé positif.
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TRAIL HIVERNAL LE MONT-DORE !
L DU SANCY / !
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TRAIL HIVERNAL LE MONT-DORE !
C’est au 10ème kilomètre, au col du Guéry, lieu du premier ravitaillement, que chaque coureur pouvait choisir de partir sur le tracé de 20km ou celui du 30km. Sur le 20km, Yoan Meudec (Team Sigvaris Trail) a mené la course de bout en bout pour s’imposer en 1h38’53 avec près de 4 minutes d’avance sur son dauphin Romain Daumas. Jonathan Colombet prenant la 3ème place. Chez les filles, Marion Lorblanchet monte sur la plus haute marche du podium en bou-
clant le parcours en 2h06’41. Marlène Vigier et Barbara Vivier complètant le podium. Sur le 40km, la bagarre pour la première place a eu lieu jusqu’à la ligne d’arrivée. Patrick Bringer et Nicolas Martin, tous les deux du Team Sigvaris Trail, ont tout donné pour aller chercher cette victoire. C’est finalement Patrick Bringer, déjà 2 fois vainqueurs de cette épreuve qui a eu le dernier mot en laissant son camarade de Team à seulement 14 secondes sur la ligne d’arrivée. « Ce fût une
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DU SANCY / course assez difficile avec cette mauvaise météo. Avec Nicolas, on a tout donné pour aller cherche la victoire. Je suis satisfait pour cette première course de l’année » Pour la dernière place du podium, c’est sur le fil qu’Anthony Gay du club XTTR63 s’adjuge cette 3ème marche... avec une seconde seulement d’avance sur Sébastien Moreau. Stéphanie Mauzat du Running Club Arpajon a réalisé une très belle course chez les filles pour aller s’imposer en 2h33’47.
Alexandra Vétois termine à la 2ème place en 2h34’06 et Claire Rimbault monte sur la 3ème marche du podium en 2h39’41. Texte et photos Génération-Trail
Par Nicolas Aubineau Diététicien nutritionniste D.U. Nutrition du Sport D.U. Troubles du Comportement Alimentaire D.E.S.S. Ingénierie de l’Entrainement Sportif Plan alimentaire personnalisé sur :
www.nicolas-aubineau.com
La détox : info ou intox ? ! La vie actuelle fait que nous sommes entourés de molécules étrangères et toxiques à l’organisme (métaux lourds, microbes, médicaments, alcool, additifs alimentaires comme les colorants non naturels, conservateurs, polluants de l’eau, tabac…). L’organisme a mis en place des mécanismes naturels de défense contre ces molécules pathogènes appelées très souvent « xénobiotiques ». Les 2 voies d’excrétion majeures de l’organisme sont la voie urinaire (via les reins) et la voie biliaire (via le foie, cependant moins performante que la première). Il doit aussi lutter contre les produits résultant du métabolisme à l’effort : acide urique, urée, ammoniaque… Lorsque le traileur s’alimente et réalise des courses plus ou moins intenses, plus ou moins longues, la première étape pour les aliments ingérés est représentée par le système digestif où plusieurs barrières sont présentes: le mucus, l’acidité de l’estomac représentée par un pH bas, la muqueuse intestinale et la flore intestinale. Ensuite, la seconde étape est représentée par le foie, « carrefour » essentiel concernant le devenir des nutriments, mais aussi la détoxification et l’élimination, voies très importantes au moment des phases pendant et après les efforts musculaires (le métabolisme du traileur est aussi producteur de toxines qui seront à leur tour « traitées » par le foie): les «résidus métaboliques» sont transformés en produits dérivés qui sont métabolisés par le foie, les reins, puis expulsés par la bile ou l’urine.
LES ORGANES CIBLES À INTÉGRER EN PRÉVENTION POUR LE TRAILEUR : L’INTESTIN ET LE FOIE n L’intestin
Il s’agit de la première barrière physique de l’organisme avec de nombreuses molécules exogènes plus ou moins pathogènes. Cela suppose une intégrité optimale au niveau de la muqueuse. Le traileur doit renforcer la santé de cet organe pour assurer son bon fonctionnement et une bonne digestion-absorption-assimilation. n Le foie
Le sang, issu du tube digestif (notamment de l’intestin), chargé de nutriments, est dans son intégralité dirigé vers le foie par la veine porte. Ce dernier, véritable « filtre sanguin », possède de nombreuses fonctions :
Par Nicolas Aubineau Diététicien nutritionniste
• Sécrétion de la bile (absorption des lipides, des vitamines liposolubles, excrétion du cholestérol, des xénobiotiques...), du fer, du cuivre, quelques vitamines, • Métabolisme des aliments ingérés et détoxification au niveau protidique, lipidique et glucidique, • Stockage du fer, du cuivre… • Rôle immunitaire : le foie est l’un des 3 filtres antimicrobiens avec la rate et les ganglions lymphatiques. Quand le duo foie-intestin (qu’on associe généralement avec le rein) voit son homéostasie (« équilibre ») perturbée, certains troubles fonctionnels, corrélés aux fonctions énumérées ci-dessus peuvent apparaître comme de la fatigue, des problèmes de concentration et de mémoire, des vertiges, des maux de tête, changement d’humeur, irritabilité, anxiété, une prise de poids ou à l’inverse un syndrome anorexigène, de la fièvre et des frissons, des troubles du sommeil, de la rétention d’eau avec ou non des oedèmes, raideurs musculaires, tendineuses, crampes musculaires, douleurs abdominales, nausées, vomissement, mauvaise digestion, mauvaise haleine, langue chargée … Précisément, pour le traileur, cela peut apparaître lors de périodes d’entraînement et/ou de compétitions longues et intenses où la production de « déchets métaboliques » est très importante et chronique, lorsque les phases de récupération physiologiques sont écourtées, en présence d’un grand nombre de xénobiotiques (traitement médicamenteux, antibiotiques…), lors de périodes d’alimentation non adaptée qualitativement et/ou quantitativement comme les périodes de festivités (Noël, pâques, vacances…) correspondant à une alimentation généralement hyperphagique, hypercalorique riche en graisses et sucres où la foie est soumis à un travail « supraphysiologique » favorisant son engorgement.
« TRAITEMENT PRÉVENTIF » OU LA NOTION DE DIÉTÉTIQUE PROPHYLACTIQUE ! Ces signes fonctionnels peuvent conduire à adopter une diététique préventive à visée détoxifiante! L’objectif étant de faire fonctionner la sphère digestive de manière optimale, et potentialiser le « terrain » du traileur afin d’être le plus performant par la suite. A l’abord des festivités et après bien sûr, il sera intéressant de réaliser une diététique spécifique dont les principaux points sont exposés par la suite. Le traileur doit chercher à adopter une diététique prophylactique en associant une bonne santé de son intestin par l’apport de fibres (effet prébiotique : artichaut, ail, chicorée, salsifis, topinambour, poireau, oignon, banane…). Ces dernières ont comme vertus des effets chélateurs (« piégeurs ») des matières non assimilables par l’organisme. Il doit aussi penser à apporter des ferments lactiques (effet probiotique retrouvés notamment dans les laits fermentés, les
yaourts, kéfir, mais aussi la levure de bière vivante, pain au levain,…participent à cet effet) pour l’équilibre de sa flore et veiller à l’apport de certains microconstituants aux vertus protectrices, antioxydantes et détoxifiantes. Remarque : Il faut savoir que l’essentiel des xénobiotiques qui pénètrent dans l’organisme sont détoxiqués. L’athlète doit veiller à avoir un sommeil récupérateur de bonne qualité. Une complémentation en magnésium marin peut se révéler intéressante pour ses qualités décontractantes au niveau neuromusculaire. L’apport en eau est primordial, 1.5L par jour reste un minimum, à adapter en fonction de la coloration des urines (ces dernières doivent être peu colorées). Prenez le temps de bien mastiquer afin de faciliter les processus de digestion et d’absorption. Les mâchoires et les dents sont là pour ça ! L’alimentation doit apporter un minimum de 30g de fibres par jour (légumes frais, fruits frais, céréales et produits céréaliers complets), et des acides gras essentiels bénéfiques pour la santé, omégas 3, 6 et 9. Cet apport doit être optimal en variant les huiles de bonne qualité, première pression à froid, à base d’olive, colza, noix, sésame, noisette… en évitant leur cuisson et en les rajoutant de préférence crue sur les aliments. Il faut éviter les plats préparés du commerce qui s’éloignent très souvent des aspects qualitatifs recommandés par la présence d’additifs +/- naturels, de matières grasses +/- hydrogénées et saturées, de quantités de sucres simples et sel (pour la conservation) très souvent en excès.
L’apport d’agrumes (pamplemousse, citron, orange…) riches en citrate aux effets alcalins permet de mieux lutter contre le terrain acide et de préserver une fonction hépatique normale. Les boissons riches en bicarbonates sont très intéressantes en complément pour les mêmes effets sur le pH sanguin. Si vous devez saler, privilégiez la fleur de sel ou le gros sel au sel fin raffiné, beaucoup plus complets sur les plan micronutritionnel, moins denses en sodium et moins acidifiants. Les effets antioxydants reposent sur une alimentation diversifiée et variée, équilibrée qualitativement et quantitativement en fonction des besoins particuliers de chaque traileur. Un apport d’aliments peu raffinés, gardant leurs vertus nutritionnelles propres, est le meilleur garant concernant la protection des cellules de votre organisme contre les radicaux libres délétères à haute dose. En effet, les vitamines A, C, E, le sélénium, le zinc… sont des protecteurs naturels ! La phytothérapie a aussi son importance, on peut citer le thé vert, le romarin, le pissenlit, le radis noir, la queue de cerise, le bouleau, l’origan, le thym, le desmodium, le chrysantellum… Les épices comme le curcuma, le poivre noir, la cannelle… sont un bon complément. Enfin, limiter vos apports d’alcool pendant ces phases de régénération afin de ne pas surcharger le métabolisme hépatique.
Par Nicolas Aubineau Diététicien nutritionniste QUELQUES IDÉES DE MENUS « DÉTOX » INTÉRESSANTES POUR LE TRAILEUR
MENU 1 Salade de mâche et noix à l’huile de colza Aiguillettes de canard au miel, Purée de pois cassés Pain complet au levain Faisselle de chèvre Poire
MENU 2 Soupe de patate douce et courge au paprika Dos de cabillaud aux herbes, Pommes de terre et Epinards Pain de seigle au levain Yaourt de brebis au miel Salade d’agrumes au sirop d’agave
MENU 3 Soupe de poireaux et châtaigne Filet de dindonneau au curry, Blettes en béchamel, Riz Basmati Pain bis au levain Fromage de chèvre Pomme cuite au gingembre
la Romeufontaine Un silence de neige
Pyrénées ment s e d r u œ c u a , U E FONT-ROMl’endroit évoque irrévocable catalanes,ne, la neige, les sports d’hiver, la montag es… les vacanc
la Romeufontaine Un silence de neige
Mais comment oublier qu’il s’agit avant tout de l’antre du sport, de la compétition, de la performance, sous tous ses angles. La commune dénombre 2000 habitants et 25 associations sportives diverses. Pour 2500 licenciés ! Plus d’adeptes accrochés aux endorphines que d’âmes résidant au village ! Ville élue la plus sportive en 2009 par le journal « L’Equipe », Font-Romeu accueille le Centre National d’Entrainement en Altitude (CNEA) où viennent se préparer les plus grands athlètes de toutes les disciplines. L’air est pur, vivifiant, l’altitude sied aux organismes et à la multiplication des globules rouges. Outre une
infrastructure étendue de pistes de ski alpin, de ski de fond, de GR, de pistes de VTT, la commune a développé des sentiers permanents dévolus à la pratique du trail. Terre d’envol, le site a servi de terrain de jeu, d’entraînement, de formation et de développement à des sportifs au palmarès élogieux : Martine Fourcade, Camille Lacourt, Kilian Jornet….
Silence la Romeufontaine Un silence de neige
Les enfants ont aussi eu droit Ă leur course
Et le trail trouve ici toutes ses lettres de noblesse. L’office Municipal des Sports que chaperonne pour ces occasions l’excellent Pierre Dechonne organise chaque année la Romeufontaine en hiver, la Kilian’s classik en été et puis, pour la première fois cet automne, du 10 au 12 octobre prochains, le 100 miles qui partira de son centre ville pour rejoindre Argelès-sur-Mer. Dimanche 19 janvier, s’est courue la cinquième édition de la Romeufontaine, attirant près de 2000 coureurs, venus des quatre coins de l’hexagone, des confins de l’Espagne, les cinq sens mis au carré, disputer l’une des quatre épreuves prévues, sur 5, 12, 25 ou 40 kilomètres. Peut-on parler de kilomètres quand le cheminement est aussi difficile et la pente aussi ardue. La montagne a revêtu son manteau blanc. Il a abondamment neigé la veille et la nuit précédant l’épreuve. Un bain de poudreuse. Chaque pas porté devant l’autre garde son mystère et son insécurité. Qui a le pas le plus alerte sera incontestablement devant.
Tantôt le premier pied trouve un sol ferme, tantôt le second s’enfonce copieusement sous trente centimètres de crème fraîche. On s’en tartine les chaussures, on s’en tartine le visage. Malheur à celui qui ouvre le parcours encore vierge. Le voilà trébuchant, montrant la voie à ses premiers poursuivants enclins à épouser ses traces. Au-delà du passage du groupe de tête, le déferlement du peloton qui piétine la sente blanche a morcelé la neige. Le champ n’est plus qu’une succession de trous et de bosses que les chevilles mal assurées amortissent à qui mieux-mieux, plantant là un genou en neige, se retenant là d’un bras, quand il ne s’agit
pas du nez, promontoire zélé, s’incrustant dans le cristal blanc pour conclure l’affalement d’un corps entier. Brrr ! Elle est fraîche et quelle partie de rigolade ! L’effort est conséquent. Si la progression est difficile, la raideur des pentes à monter ou à descendre ne l’est pas moins. Et l’oxygène raréfié à cette altitude surprend dès les premiers ahanements. Les parcours sur 25 et 40 kilomètres que propose la Romeufontaine, pour peu qu’ils bénéficient le jour J d’un rayon de soleil comme ce fut le cas cette année, s’étendent dans un cadre naturel magnifique, proche du féérique. Revêtue de blanc immaculé, la montagne offre toute sa beauté. Et un silence en or.
Un silence de neige
la Romeufontaine
Au traileur qui se cherche, il n’est nul besoin de recommander de lever la tête, admirer, apprécier et écouter. Les deux grandes courses traversent les mêmes sites. Elles empruntent les pistes de ski de fond, les pistes noires de ski alpin, à l’aller comme au retour, grimpent entre les sapins au Roc de la Calme, point culminant de l’épreuve, traversent la pampa blanche jusqu’au barrage des Bouillouses, embrassent les pieds du Carlit, haut lieu du tourisme estival pyrénéen, puis s’en reviennent sur d’autres flancs. Outre la progression rendue difficile par le copieux enneigement de la veille, les dénivelés à gravir sont conséquents, 1000 mètres positifs sur 25 km, 1600 mètres sur 40.
la Romeufontaine Un silence de neige
Dans la nuit de l‘hiver, galopent de grands hommes blancs. Dans la nuit de l’hiver, galopent de grands hommes blancs. Ce sont des bonhommes de neige sans leur pipe en bois, de grands bonhommes de neige poursuivis par le froid. Bien avant l’aube, le départ du 40 km est donné du centre ville. Ils sont 350 à se lancer sur l’épreuve reine, emmitouflés sous textiles et bonnets. Les visages sont décidés. Il fait froid et la chaussée ressemble à un tobbogan. Guillaume Beauxis, vainqueur des deux précédentes éditions explique brièvement au micro de Michel Hortala sa détermination. Il sait ne pas être cette année le seul favori de l’épreuve. Son collègue du team Salomon Michel Lanne, ou Renaud Castiglioni du team Altecsport, ou le Luchonnais Jérôme Fournier vainqueur du dernier GRP sont bien décidés à contester son hégémonie sur l’épreuve. Au départ donné, le peloton s’effile et plonge dans la forêt. Le serpentin d’halos lumineux, de torches frontales humaines s’étire lentement, pour un long périple. Devant, dès les premiers hectomètres, trois hommes creusent vite un écart conséquent. Sous l’impulsion de Michel Lanne, le trio quitte l’éclairage public et s’enfonce dans la pénombre du premier versant. L’aube s’illumine. La neige est fraiche, crisse sous les pas. La stratégie de Michel Lanne est d’attaquer sans compter ses efforts sur les quinze premiers kilomètres, sans se retourner. Seuls Guillaume Bauxis et Renaud Castiglioni lui emboitent d’abord le pas. Mais ils devront vite se résoudre, Michel est aujourd’hui très fort, intouchable. Dès le premier contrefort, il n’a plus de concurrence. Il poursuivra seul son
bonhomme de chemin, trébuchant dans la neige vierge, ouvrant et offrant inlassablement à ses poursuivants la trace de ses pas. A micourse, au barrage des Bouillouses, il compte huit minutes d’avance sur le duo suiveur qui ne se quitte pas, synchronisant leurs pas. Comptabilisés à plus de vingt minutes, David Brulport et Jérôme Fournier passent, provisoirement 4ème et 5ème. Sur le retour, Michel Lanne doublera la mise. Il précède sur la ligne d’arrivée Guillaume Bauxis de plus de seize minutes. Renaud Castiglioni a craqué et laissé passer l’Espagnol Jordi Gamito Baus qui, revenu du diable vauvert, complète la troisième marche du podium. Chez les dames, la coureuse locale Elodie Varraine ne quittera jamais des yeux Monica Grajera Jorba très légèrement devancière. Bien calée une vingtaine de mètres derrière son homologue espagnole, lancée quarante kilomètres durant à sa poursuite, la Française parcourra toute la distance sans disconvenir et sans jamais revenir. Les deux dames finiront dans cet ordre pour une bouchée de neige. Aux départs du 12 et du 25 km donnés simultanément à 9h, ils sont plus de mille. Sur le 25, l’Ariègeois Florent Ghirard seul en tête semble surpris de son statut de vainqueur potentiel. La nouvelle lui donne des ailes. Et même si le retour et l’ascension du Roc de la Calme semble vouloir les lui couper, il précèdera Christophe Malarde et Alexandre Galiana sur la ligne d’arrivée. En l’absence déplorée de Virginie Govignon, vainqueur en 2012, Emmanuelle Brothier-Mouret ne rencontre guère de résistance et vainc sans entamer son sourire. L’effort est conséquent et les conditions de course rendues difficiles par la quantité de neige fraiche conviendra-t-elle. Sans doute. Mais la reine des neiges, cette année, c’est elle. Claudia Baudry et Véronique Douat sont ses dauphines. Dans l’espace Colette Besson, les bonhommes de neige arrivent échevelés, livides, repus et tellement ravis. Dans l’espace Colette Besson, les bonhommes de neige entrent sans frapper. Et pour se réchauffer, s’assoient près du poêle rouge et d’un seul coup disparaissent, ne laissant que leurs pas marqués dans la neige, ne laissant que l’orga particulièrement et justement satisfaite, ne laissant que leurs soucis au milieu d’une flaque d’eau. Brice de Singo.
Michel Lanne
le 23 mars 2014 Pont Saint Martin (AO)
18 kms 1335 D+ 40 kms 3400 D+ Départ 40 Kms à 7:00 heures Départ 18 Kms à 8:30 heures Les inscriptions ferment le jeudi 20 mars 2014 Inscrivez-vous sur:
Contacts: +39 346 2212433 t.team@thermoplay.com www.thteam.com
SNOW TRAIL de CHABANON
SNOW TRAIL de CHABANON
Les conditions météorologiques n’auront pas épargné les organisateurs et concurrents de cette huitième édition du Snow Trail. En effet, alors que le Var et les Alpes-Maritimes voisins connaissaient d’importantes inondations contraignant plusieurs organisateurs à une pure et simple annulation, la pluie (et non la neige…) avait également fait son apparition à 1600m d’altitude les jours précédant l’épreuve, transformant le mince manteau neigeux présent en ce début d’année dans la vallée de la Blanche et rendant le parcours plus digne d’un cross que d’un trail blanc ! Ajoutez à cela des contraintes environnementales édictées par la préfecture en dernière minute obligeant les organisateurs à revoir leur parcours à 2 jours de la manifestation… vous comprendrez que les choses ne se présentaient pas au mieux pour accueillir les 500 concurrents engagés pour l’ouverture du très prisé Challenge des Trails de Provence. Heureusement les dieux du trail avaient tout de même décidé de s’intéresser au Snow Trail et la catastrophe fut évitée. Les festivités étaient lancées dès le samedi soir, en nocturne, avec une épreuve inédite et originale proposée aux concurrents déjà présents dans la station, venus en famille ou en club profiter de l’ambiance conviviale de la station pour un week-end montagnard. Le Défi Alpin proposait de déterminer qui d’un coureur, d’un raquetteur ou d’un skieur de randonnée serait le plus rapide à gravir les 1500m de distance pour 400m de dénivelé positif de la principale piste éclairée de la station (la plus longue d’Europe tout de même !). Et à ce petit jeu c’est le skieur alpiniste
ubayen David Poncet qui inaugurait le palmarès de cette nouveauté avec un temps de 16’03. Il devançait d’une minute le triathlète manosquin Frédéric Glez qui avait également chaussé ses skis pour l’occasion. Le premier coureur venait compléter le podium en la personne de Matthieu Bajard, également licencié au Triathlon Manosque. Côté féminines la bataille fut plus disputée, dix secondes seulement séparant la lauréate Linda Giraud (courir en pays de Grasse) et la toulonnaise Sabrina Weber, devançant sa camarade de club Bénédicte Mathieu (Toulon Sport Nature) pour un podium 100% traileuse. Ce petit «échauffement» passé en guise d’apéritif et une bonne tartelette avalée au coin du feu, les concurrents pouvaient aller profiter d’un repos bien mérité en prévision du menu du dimanche. C’est dans ce laps de temps que les dieux se sont penchés sur la station, parsemant une bonne dizaine de centimètres de poudreuse pendant la nuit, rendant ses couleurs d’origine au Snow Trail… Le départ du parcours «initiés», ramené à 19 km pour les raisons évoquées plus haut, était donné à 10h00 précises sur le front de neige. Dès la première pente, les favoris se portaient aux avant postes. Laurent Beuzeboc (team Ultracimes Gap), déjà vainqueur de cinq des sept éditions précédentes, et Frédéric Gaethofs (AC Digne), vainqueur du parcours «découverte» en 2013, se détachaient rapidement et comptaient déjà une trentaine de secondes d’avances sur leurs poursuivants Raphael Grisel (Maxi-race.org) et Emilien Schiavo (AC Digne) après 3 kilomètres.
SNOW TRAIL de CHABANON
Côté féminines, Laetitia Dardanelli, lauréate du Challenge des Trails de Provence 2013 et l’italienne Marina Plavan se jaugeaient dans l’attente des principales difficultés, les appuis fuyants de cette neige très humide ne facilitant pas la progression sur cette première partie. Le premier ravitaillement passé, Laurent Beuzeboc ne tardait pas à faire parler ses qualités naturelles sur ce parcours technique en prenant près d’une minute d’avance sur son compagnon d’échappée dans la traversée de la forêt de Pierre Avon. Il pouvait alors gérer sa fin de course tranquillement connaissant parfaitement le profil exigeant des derniers kilomètres. Il s’imposait ainsi pour la sixième fois en 1h25’33, confirmant son invincibilité sur cette épreuve.
SNOW TRAIL de CHABANON
SNOW TRAIL de CHABANON
Le dignois Gaethofs ne déméritait pas en ne concédant qu’une minute et vingt secondes sur le vainqueur du jour, alors que l’orienteur Emilien Schiavo complétait le podium en 1h30’47. Chez les dames, le mano à mano entre Marina Plavan et Laetitia Dardanelli (Gap Hautes Alpes Athlétisme) tournait à l’avantage de la française, qui s’offrait sa première victoire de la saison en 1h50’47. Mylène Griffit (CA Veynes) complétait le podium à plus de sept minutes du duo de tête. Le départ du parcours «découverte» de 10 kilomètres, était donné à 10h15. A l’instar des initiés, un trio de tête se formait dès les premiers kilomètres, composé de Clément Thomas (team Skinfit Gap), Alban Leclere (team Ultracimes Gap) et du cadet Philippe Martin (Embrun Athlétic Club). Le gapençais Thomas, déjà second sur ce même tracé en 2013, profitait de sa connaissance du parcours pour faire la différence et s’imposer en 51’33 devant le jeune Martin qui parvenait à prendre le dessus sur Alban Leclere. Chez les filles, Lisel Merello, de retour à la compétition après une lourde opération du genoux en 2012, écoutait les précieux conseils de son expérimenté mari et attendait la mi-parcours pour porter son effort et s’imposer en 58’56, établissant au passage un nouveau record pour ce parcours. Elle devance les embrunaises Christele Bego et Clara Prevot. La neige continuait à tomber alors que les concurrents se retrouvaient au chaud sous la tente de réception pour profiter du traditionnel buffet montagnard BIO et local préparé avec dévouement par les bénévoles de l’association Athl’éthique, en se promettant d’inscrire à nouveau ce rendez vous convivial à leur calendrier 2015 sous les neiges de Chabanon ou d’ailleurs… Texte Grégory Catus. Photos : Pierre et Bastien Alessandri
Uniqnue e Europe !
2015
20 juillet 2014
3 trails - 1 rando 55km 33 km 17 km 16 km
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*35km au sud de Grenoble
www.trail-passerelles-monteynard.fr
CrĂŠdit photos : Lionel Montico - Christophe Stagnetto - HTR Eric Varlet - agence Zoom / www.carrergraphiste.com
R
trail made in larzac 16 mars
2014
Depart 9h00 . 42 et 21 km 9h30 . 10 km i n s c r i p t i o n e n l i g n e : www.verticausse.com
Saint-Georges-de-Luzençon (12)
Création ASGC - Impression Repro-Service
Verticausse 42 km 2000m+ Verti-eiffage 21 km 900m+ VertiCool 10 km 200m+ Rando . verti’kids
La Verticausse St Georges de Luzençon
Gruissan L I A R T s u b e Pho
G Ph
Gruissan L I A R T s u b e o h
Patrick Bringer et Laurence Klein domptent le Massif de la Clape…
Qu’il est bon humer ce sens de la vie, se sentir vivant, courir, épris de liberté jusqu’au dépassement de soi. Sur les coteaux qui s’élèvent au dessus de la ville, le massif de la « Clape » s’étend à perte de vue. Le vent, omniprésent depuis des millénaires, a façonné la côte, le relief. La roche ciselée offre ses dénivelés, ses canyons, ses vignes, sa forêt. La Clape tient son nom d’une étymologie occitane, « le tas de cailloux », elle offre un parterre de jeu idéal aux promeneurs et aux trailers enclins à l’évasion. L’organisation « Gruissan Sports Evénements » fête la dixième édition de l’épreuve, un anniversaire qu’il convenait ne pas manquer. L’équipe d’Yves Ferrasse a balisé quatre nouveaux parcours, sur 18 kilomètres le samedi après midi, sur 23 ou 50 kilomètres le dimanche matin, ou encore 8 kilomètres réservés à la gente féminine. Les chemins, les pistes, les sentes qui offrent aux randonneurs et aux coureurs en toutes saisons toutes les raisons bien inutiles pour s’échapper de leur foyer pour une course à grandes enjambées sur le divin massif a servi une nouvelle fois de théâtre au Phoebus Trail. Une des plus jolies manifestations du genre. Un trail entre Clape et Méditerranée.
Un premier kilomètre parcouru à plat au travers des vignes. Le peloton délaisse les machines du casino et prétend vouloir sortir de la ville. Longs cortèges colorés. La première difficulté arrive très vite, d’un seul tenant, une crapahute qui emballe le cœur et tire sur les jambes. On s’élève sur le massif, quelque soit le parcours choisi. La vue s’élargit alors, le panorama suscite l’attention. Le spectacle de la nature l’emporte, grandiose. C’est beau, très beau, digne d’une carte postale. Malgré les nuages et quelques gouttes de pluie éparses, les trouées de ciel bleu multiplient les tons, les couleurs. Inondée de lumière, la terre ocre et blanche et les senteurs de la végétation pénètrent les sens, renvoient aux coureurs toujours amoureux de dame nature de belles images de préservation. Sur l’étendue de la garrigue, la végétation est aride, épineuse, odorante. Des pins, des cyprès, des buis, des racines, des épines, une coulée de boue, des pierres, de la caillasse. Sur les sentiers, des pierres, encore des pierres, toujours des pierres. C’est la spécificité du raid. Le vent parfois si emprunt aux éléments se montre parfois virulent, discourtois.
Gruissan L I A R T s u b e o Ph
, L’air pénètre les organismes momifie les spectateurs iner tes, force les coureurs à lutter
contre l’élément.
Bien couverts, sûrs de leurs appuis, concentrés dans leurs efforts, les deux mille coureurs répartis sur les quatre courses de la dixième édition du trail de Gruissan sont venus se régaler. Ils vont être servis. L’effort est conséquent mais il est pour tous l’objet d’une passion, d’une raison de vivre et d’un sentiment de liberté. Le Phoebus trail. Depuis la nuit des temps, la mer et le massif n’ont pas changé. Des hauteurs de Gruissan, des siècles nous contemplent. Sur ce même terroir, les athlètes romains, les randonneurs, les pèlerins du Moyen-âge jouissaient du même spectacle. N’est ce pas Apollon, dieu du Jour, de la Lumière et du Soleil qui fut le premier surnommé Phoebus ? Phoebus le brillant. Si tel un dieu, il continue de veiller sur l’épreuve, sans doute fut-il cette année secondé par Eole, dieu du vent. Gaston de Foix porteur par sa blondeur du même sobriquet ne grava-t-il pas à jamais à la postérité « Phoebus » ? Le casino de la ville porte ce nom. Daniel Reynes en est le directeur. Il est aussi le président de l’association Gruissan Sport Evénements. Yves et Sylvie Ferrasse ont une nouvelle fois magistralement dirigé l’organisation du trail. Une marche nordique, une pasta-party le samedi, quatre courses de 8, 18, 23 et 50 kilomètres et un millier de repas distribués le dimanche. A Gruissan, le maire, Didier Cordoniou, ancien international du XV de France, donne à sa commune la priorité aux valeurs du sport. Les services de sa mairie, les conseils général et régional et Brooks ont offert leur partenariat. Mais la prime des plus méritants revient à tous ces bénévoles qui ont assuré la sécurité de l’épreuve sur les quatre parcours de course pendant plusieurs heures.
Le samedi après midi, si Benoit Sablayrolles s’impose sans problème
Gruissan L I A R T s u b Phoe
Laurence Klein
Gruissan L I A R T s u b e o Ph sur Le samedi après midi, si Benoit Sablayrolles s’impose sans problème sur le 18 kilomètres devant Manu Dos Santos, et Ion Danu, tous deux vétérans deux et sept cent cinquante autres concurrents lancés à ses trousses, il a été plaisant de constater le retour aux affaires sportives des frères Jalabert, Nicolas et Laurent. Si Nicolas termine l’épreuve à la 5ème place, Laurent a lui aussi retrouvé des sensations perdues depuis son terrible accident en juillet dernier. Le dimanche matin, des sept cents traileurs lancés les premiers sur 25 kilomètres partis aux aurores, c’est Fabien Merchat qui s’est montré le plus véloce sur les pierres. Il devance Thomas Galpin et Fabien Delpy. Caroline Dubois précède elle la jeune coureuse internationale de montagne Adélaïde Panthéon. Laurence Nogue et Houria Fréchou sont leurs dauphines. Sur la nouvelle petite distance dévolue aux seules féminines, Christelle Monnier fait une nouvelle fois preuve de sa vitesse et s’impose en peaufinant sa préparation aux championnats de France de cross prévus dans une quinzaine. Mais l’essentiel résidait dans l’épreuve phare, le 50 kilomètres. Seconde manche du Trail Tour National (Trail long), le rendez-vous a tenu toutes ses promesses et attiré les plus grosses pointures de la discipline. Observateurs avertis, organisateurs, animateurs, journalistes, tous se pourléchaient d’une liste d’engagés bien attrayante, fort heureux de retrouver à l’incontournable rendez-vous des garçons aussi sympathiques que performants, Damien Vierdet, Fabien Chartoire, Sylvain Court, vainqueurs respectifs de précédentes éditions, Patrick Bringer, Manu Gault, Thomas Saint-Girons, Nicolas Miquel, Julien Jorro, le baroudeur Christophe Le Saux, Maxime Cazajous, Emmanuel David ou encore Laurence Klein, Sylvaine Cussot, Anouk Lahache, Isabelle Jaussaud… Comment s’ingénier à pronostiquer le tiercé gagnant ? Tous s’en mêlent et les avis divergent. Tel est le jeu des uns quand les autres courent. Sans doute fallait-il au complément de l’art divinatoire l’expérience et la connaissance du sujet de Michel Hortala pour qu’une nouvelle fois, l’incontournable commentateur valide son pronostic gagnant. Au départ donné à 9h, cinq cents coureurs se sont lancés avec force et résolution. Sans surprise, on retrouve sur la toute première difficulté les favoris aux avants poste. Sur la première côte si pentue que le pas de course se raréfie déjà pour tous, Nicolas Miquel précède d’une dizaine de mètres le round d’observation. Passée l’ascension du massif, les choses se décantent vite sur le plateau. Un groupe de sept coureurs s’échappe. L’homme qui porte bien son nom, Sylvain Court, chouchou de la firme Adidas, emmène dans sa foulée sur les chemins monotraces les deux camarades d’entraînement Fabien Chartoire et Patrick Bringer. Emmanuel David, Manu Gault, Maxime Cazajous et Nicolas Miquel sont soudés. Le train mène bonne allure et précède au dixième kilomètre une succession de coureurs déjà isolés, Julien Jorro…, Alexandre Hayetine…, Damien Vierdet... Sylvaine Cussot file encore crânement le train de Laurence Klein, la référence, la favorie à battre. Du peloton de tête, Manu Gault sera le premier à décrocher. Minimisé par une gastro (contractée auprès de ses élèves, et oui, c’est aussi risqué d’être professeur des écoles…), l’homme sent ses forces petit à petit l’abandonner. Toujours présent à Gruissan, toujours placé aux rands d’honneur, Manu ne finira pas sa course aujourd’hui.
Christophe Le Saux
Gruissan L I A R T s u b Phoe
Sylvaine Cussot
Patrick Bringer
Il flanchera, ralentira, poursuivra jusqu’au bout de son courage jusqu’à l’épuisement, jusqu’à l’abandon. La locomotive devant ne l’attendra pas. Aux commandes, Sylvain Court, Fabien Chartoire, Patrick Bringer et Emmanuel David ne faiblissent pas, contraignent à mi-course Maxime Cazajous et Nicolas Miquel à concéder une minute, puis deux. La tête de course est quatuor. Les quatre hommes poursuivent, entretenant un délicieux suspense sur l’aboutissement et le verdict. Laurence Klein a elle aussi eu raison de sa principale rivale. Sissi (Sylvaine Cussot) compte trois minutes de retard au ravitaillement du trentième kilomètre. Au-delà de ce point, le dénivelé et le relief proposés sont de plus en plus exigeants. Le dernier quart de course va faire la différence. Quand la fatigue guette, vigilance et lucidité décroissent. Sur les pierres mouillées qui glissent, chance et malchance se mêlent aux débats. Sylvain Court court toujours devant. Son pied gauche jusqu’ici alerte glisse sur une pierre. L’homme qui portait bien son nom chute, gravement, sur le flanc gauche, s’affale. Son épaule heurte le roc. Un conséquent hématome endolorit son omoplate, compromet ses prétentions. Le Bordelais renonce. Mieux sur la bosse que ses deux confrères résistants de la dernière heure, Patrick Bringer fausse compagnie et prend seul la tête des commandes. Fabien Chartoire et Emmanuel David résistent comme ils peuvent. Patrick est aujourd’hui le plus fort. Il poursuit sans faiblir et porte hautes ses couleurs Sigvaris jusqu’à la délivrance du tapis rouge déroulé dans l’antre du palais des congrès. Sous le portique de l’arrivée, sur la plus haute marche du podium, les yeux brillants, satisfait de sa remarquable performance, Patrick raisonne encore. Il ne sentait à priori pas capable de devancer son ami Fabien Chartoire. Pourtant, il l’a fait. Fabien est second à 1’50. Maxime Cazajous revenu du diable vauvert, a délaissé Nicolas Miquel, pris de crampes. Il a rattrapé Emmanuel David et lui ravit la troisième place. Alexandre Hayetine, Thomas Saint-Girons, Christophe Le Saux sont 5, 6 et 7èmes. Damein Vierdet et Manu Gault ont tous les deux jeté l’éponge et se consolent. Sans surprise, leurs compagnes respectives réussissent le doublé. Laurence Klein s’impose, Sylvaine Cussot est seconde loin devant Amélie Sparfel solide troisième. Au-delà du classement des premiers, au-delà de la course, l’édition 2014 restera certainement très longtemps dans les mémoires. L’exceptionnelle qualité du plateau trouve sans doute son explication avec l’inscription de l’épreuve au TTN. Abstraction faite de la compétition élitiste, c’est bien la qualité de la manifestation, l’excellence de l’organisation et la beauté du site qui attirent chaque année tant de monde. Un succès mérité et partagé. Tout le monde, organisateurs, bénévoles et coureurs, du premier au dernier, sont à féliciter. Admirativement. Texte et photos : Brice de Singo (bricero@laposte.net)
Gruissan L I A R T s u b e Pho
La piste des Oasis
aux ĂŽles du Cap Vert
En route pour le Cap Vert
La piste des Oasis
aux ĂŽles du Cap Vert
Depuis mon opération du tendon d’Achille en avril 2012 par le Professeur Siret à la clinique de Cesson Sévigné près de Rennes, les douleurs qui m’handicapaient dans la vie de tous les jours ont disparu. Celles-ci étaient apparues après une saison 2009 trop chargée : Marathon des Sables, Grand Raid de la Réunion préparé par 6 gros trails… Et pour parachever le tout : l’arrivée de la petite Lou qui encore aujourd’hui éprouve le besoin de croiser notre chemin la nuit… Tout ceci a fini d’achever mon éternel optimisme. Ma méfiance vis à vis du corps médical me fera perdre 2 années puisque ce n’est qu’après l’UTMB 2011 que je me décidais à consulter sur les conseils de Julien Rancon et Damien Vierdet opérés de ma même pathologie. Peut-être est-ce la cause de mon angoisse, de mes émotions, mais au moment de partir c’est la gorge nouée que je laisse derrière moi les enfants et leur maman. Déjà en gare de Rennes, c’est le dépaysement, j’aime cet instant où les amoureux se déchirent sur les quais (souvenirs, souvenirs). Déjà parti en 2011 avec la Piste des Oasis dans le désert égyptien, je n’ai pu résister à l’appel de Gilbert et de son équipe pour le Cap Vert. 3ème en Égypte je me rends au Cap Vert , conscient de mon manque d’entraînement mais aussi déterminé par 3 mois de reprise encourageante et 8 kilos de perdus depuis l’an passé. Souffrant d’une périostite contractée en jouant au tennis avec mon collègue Jérémy Férrignio, je visualise cependant ce qui m’attend et espère que les étapes annoncées ne seront pas retouchées ou raccourcies. J’appréhende le dénivelé mais me projette pendant le trajet sur la découverte de ce nouveau pays.
ARRIVÉE À MINDÉLO A l’arrivée à Mindélo sur l’île de Sao Vicente, après 5 heures d’avion, le groupe se forme en retrouvant les coureurs venus du sud de la France, arrivés dès le samedi. Le déjeuner d’accueil est gargantuesque, à base de poisson (mérou, thon) et de riz, les visages restent cependant tendus et on sent bien que les coureurs ont hâte d’en découdre ou de se reposer après une journée fatigante (j’ai par exemple passé la nuit dans le hall de l’aéroport et je n’ai pas mieux dormi que lorsque ma fille me réveille 3 fois la nuit). L’après-midi est consacrée à l’installation et à la découverte de la ville qui se fait à travers un dédale de ruelles pavées de ce vieux port, exhibant fièrement ses maisons aux couleurs chatoyantes qui me rappellent Cayenne et la Guyane. Le groupe est assez conséquent, l’atmosphère détendue mais la fatigue se fait sentir. La soirée est consacrée au briefing pour l’étape du lendemain… prélude à notre première soirée cap-verdienne où se mêlent odeurs du rhum, musique envoûtante et équipe locale au diapason. Première étape : 21 kilomètres, 600m de dénivelé positif, 700 de négatif Premier jour de course ou… Comment être à coté de sa course ? Je suis sans jambes mais je n’ai absolument aucun regret car Yvan Bourgeois et Lucas Humbert sont présents sur cette épreuve. La montée se veut régulière jusqu’au col de Mato Inglés d’où nous redescendons via Ribeira de Baleia, un lit de rivière digne de la Rivière des Galets à la Réunion, elle nous mènera à une grande plage.
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aux ĂŽles du Cap Vert
Je galère littéralem ent dans cette de scente technique où déca lage horaire, man que de confiance en mon ta lon et technicité de la descente empêchent d’ envoyer. Je perds un temps inestimable, mais un e petite voix me di t : « n’oublie pas la chan ce que tu as, tu es en vacances sans pressio n de résultat, puisq ue sans sponsor depuis cett e année donc pour toi la course, la gagne, le podium c’est fini, pr ofite en pour prendre en core plus de plaisir , aller vers les gens, discut er, découvrir. » Arrivés à la grande plage Praia Grande nous découvrons l’unive rs sable, nos pas s’enfoncent, empruntes ép hémères vite recouv ertes par les vagues. Il no us faut slalomer sur ce bord de mer pour attein dre la dernière pa rtie de l’étape, constituée de rochers d’un type un peu particulier : des scor ies, très aiguisées, où les chutes en auront m arqué quelques-uns . Bilan de cette étape : des terrains variés que j’ai apprécié, bien que je n’ai pris aucun plaisir physique durant l’épreu ve tant j’étais au pl us mal physiquement. A l’a rrivée, une place de 9ème qui annihile tout es poir de faire quelqu e ch ose. A l’issue de l’étape nous festoyons à no uveau à base de poisson et re montons sur Mindé lo d’où nous prenons le ba teau pour nous rend re sur l’île de Santo Antao , réputée sauvage. L’ in stallation se fait rapide ment, l’hôtel est la seule grosse infrastructu re du secteur, mai s il est agréable et la petite marche pour s’y rend re est joyeusement avalée par le petit groupe . Deuxième étape : 23 kilomètres, 680m de dénivelé positif, 1450 de négatif Ce matin nous n’avon s pas à changer d’hô tel et nous prenons un pe u trop notre temps pour nous rendre au dépa rt de cette étape sit uée sur le Plateau Norte à 15 00 mètres d’altitude. Nous démarrons du Cam po Redondo sur un chemin assez roulant et je constate que les jam bes répondent : vais je po uvoir m’amuser un peu ou non ?! J’en suis à re gretter que cela ro ule un
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aux îles du Cap Vert
peu trop car je me rends compte que pour quelqu’un qui n’a pas fait de dénivelé de l’année je grimpe bien. Nous parvenons au sommet proche du Volcan Tope de Coroa et si l’ascension finale est sommes toute raide, elle est assez courte. Deux coureurs sont partis devant : il s’agit des deux premiers du classement, Gilles Rostollan et Yvan Bourgeois. Lucas Humbert, lui, fait la course en couple, derrière des petits groupes se tirent la bourre mais l’ambiance est super sympa même si nous ne pouvons discuter dans cette descente. Peut-être aurions-nous dû car nous sommes plusieurs à rater une bifurcation. Or, qui dit descente raide dit, en cas d’erreur, montée raide et grosse perte de temps (n’est ce pas Fred, Walter et Eric ?). Avec André et Pierre, nous limitons les dégâts et en bons sportifs fair-play décidons d’envoyer pour creuser un peu l’écart sur ces concurrents qui nous devancent au classement. Nous remontons ensuite vers le col de Bordeira de Norte situé à1600m avant d’entamer une descente sinueuse et abrupte pour plonger sur Cha de Morte. Si j’avais déjà été subjugué par le désert blanc en Égypte, ce passage est grandiose, ces chemins muletiers façonnées par le temps, cette succession incessante de pierres ne nous fait même pas souffrir. Certes, le regard doit se porter où nous posons les pieds et la plante des pieds chauffe, mais il n’y aura finalement pas trop de casse au regard des conditions du terrain.
Alors que j’ai relativement bien abordé les montées, je dois reconnaître que pour quelqu’un qui descend habituellement convenablement, je me suis fait reprendre dans la descente et ne suis pas super à l’aise. L’arrivée dans le village coïncide avec la sortie de l’école et si certains nous ignorent nombreux sont les jeunes à effectuer quelques foulées avec nous, à rechercher la main tendue pour un check. Nous prenons le temps de nous restaurer dans une maison cap-verdienne en attendant les deniers et les marcheurs. Certains auront même le temps de passer à la rhumerie, n’est ce pas Jean François ! Le soir nous essayerons de nous tenir au courant du score de l’équipe de France lors de son match retour contre l’Ukraine (me semble-t-il) , le match retransmis au CapVert étant Suède-Portugal. Troisième étape : 35 kilomètres, 1200m de dénivelé positif, 2180 de négatif. Nous pourrions râler car l’ensemble des GPS indiquait 32 kilomètres, 1400 m de positif et 2400 m de négatif. Bien mal nous en prendrait pour deux raisons : la première est que le panneau « Arrivée » fut une libération lorsque nous le vîmes, la seconde et principale est que le parcours fut majestueux et le final dans le cirque d’une beauté inouïe. Irrigué par de nombreux canaux, l’endroit laisserait pantois de nombreux botanistes ou collègues de Sciences de la Vie et de la Terre.
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aux ĂŽles du Cap Vert
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aux îles du Cap Vert
Le départ se situe au dessus du cratère de Cova où se trouvent une multitude de cultures vues de dessus, les parcelles sont bien marquées et les couleurs magiques. C’est l’occasion de cheminer avec un athlète Cap-Verdien qui participe à l’étape : il est affûté, jeune et concentré. La végétation rencontrée en montant au départ, faite d’acacias et d’aloë vera, a laissé la place à des pins mimosa. Le sol est souple pour la première fois, la piste traverse des cultures, de petits hameaux : on se croirait au Ventoux. S’ensuit une descente assez roulante qui nous amène sur Chas de Pedras et Ribeiro. Celle-ci me paraîtra assez longue mais la suite de l’étape me fera oublier ce passage où, gagné par la lassitude et surtout la fatigue, je chutai lourdement. La longue montée dans la vallée, le long de ce cirque, sera pour moi salvatrice. Aidé et revigoré par une végétation riche, un dénivelé conséquent, je reprends goût à l’effort, je peux le dire, je prends mon pied. Je crois qu’il s’agit là pour moi du passage préféré sur cette course. Les cultures sont nombreuses, les bananiers, manguiers, goyaviers et j’en passe faute de culture, c’est le cas de le dire, me font penser à l’île de la Réunion. Décidément, cette course n’a rien à envier au Grand Raid de la Réunion qui me fait tant rêver. L’étape est difficile, le pourcentage de la pente est important, les organismes sont soumis à rude épreuve et satisfaction si j’ai les cuisses explosées, le tendon tient.
Je termine l’étape à la 8ème place en coinçant un peu sur la fin, Yvan Bourgeois l’emporte en 3h35, + de 10 kmh sur un parcours comme cela, chapeau. Chantal Rostollan, épouse discrète du tout aussi discret Gilles consolide sa première place en 5h09. Je pense à Cécile, je n’ai aucune envie de la voir s’embarquer dans des courses comme cette étape. La journée s’achève avec un repas gargantuesque de plaisir et un trajet pour se rendre à notre nouvel hôtel le Pédracin situé à flanc de colline où nous espérons bien récupérer pour aborder sereinement la dernière étape . Comme la veille je m’adonne à un de mes plaisirs : le massage auprès de concurrents à la recherche d’une aide extérieure pour enlever quelques toxines. Ce temps passé avec quelques coureurs m’aura permis d’en connaître certains un peu mieux que d’autres. Quatrième étape : 21 kilomètres, 1390m de dénivelé positif, 1770 de négatif. Cette dernière étape fut courue dans la vallée de Paul, l’une des vallées les plus touristiques de l’île. Ceci étant, sur l’ensemble des chemins parcourus, nous ne rencontrerons qu’un groupe de touristes randonneurs. Parti en dernière position, équipé de la Go Pro, je prends un immense plaisir à lier l’utile à l’agréable, remontant le flot des participants à travers des chemins étroits et permettre la réalisation d’une petite vidéo qui permettra à tous de se rendre compte des
L’étape est DIFFICILE, le pourcentage de la pente est important, les organismes sont soumis à rude épreuve
paysages découverts, du profil, de l’ambiance. Les chemins sont tortueux, les cultures en terrasse nombreuses. A portée de mains se trouvent champs de patates douces, courges, arbres fruitiers, accompagnés d’une odeur agréable, presque parfumée. Je profite de l’ascension de Pico da Cruz pour remonter à un bon rythme vers la tête de course mais partis trop vite je ne reverrai pas les premiers alors que sur ce début d’étape je suis en forme. Je retrouverai une fois de plus André avec qui chaque jour j’aurai bataillé mais je ne reprendrais jamais ma première étape. Sûr que je lui donne rendez-vous sur une autre épreuve...
L’arrivée de cette dernière étape se fait au village de Janela. Nous longeons ainsi un magnifique chemin de crête avant de plonger sur ce dit village. Nos pieds foulent une nouvelle fois les innombrables pierres, et à l’instar de très nombreux d’entre nous, c’est en petits groupes que nous franchissons la dernière ligne d’arrivée de cette piste des oasis qui devrait devenir à n’en pas douter une excellente classique. La suite, ce n’est que détente pendant la journée qui nous reste à passer au Cap-Vert et je dois avouer que j’aurais préféré une étape supplémentaire plutôt que de ne rien faire sur l’île, mais cela n’engage que moi.
La piste des Oas
aux ĂŽles du C
sis
Cap Vert
CLASSEMENT FINAL 1er : Ivan Bourgeois Team Jura en 10h03’33 2ème : Gilles Rostollan en 10h47’04 3ème : Walter Berthier en 12h04’33 7ème : Bran Héry en 12h51’21 12ème : Chantal Rostollan en 14h09’13 (1ère fém.) 16ème : Denise Axfantidis en 14h57’10 19ème : Nathalie Coutey en 15h20’36
BILAN Aspects Positif Une des plus belles courses à laquelle il m’ait été donné de participer (à mon actif, Raid des Trolls en Norvège, Marathon des Sables, Réunion, UTMB, course au Mali, nombreux trails en France) Un format de course approprié même si dans l’absolu j’aurais conservé le dénivelé ascensionnel et rajouté une étape. Des paysages à couper le souffle, notamment la fin de la 2nde, les 3ème et 4ème étapes. Une alimentation à base de poisson très recherchée des coureurs. Un Staff de la Piste des Oasis et une équipe Cap-verdienne Nobai au top. Une atmosphère apaisante sans aucune agressivité à l’exception peut être de São Vicente tard le dernier soir (fallait pas sortir aussi tard...) Aspects Négatif Les aléas de changement d’horaires dus à la compagnie aérienne TACM. Les difficultés d’héberger de gros groupes. PAROLES DE COUREURS Gilles et Chantal -Cap Vert 2013« Cap Vert, deux mots qui résonnent comme un appel du vent du large à venir à la rencontre de ces îles lointaines, inconnues pour la plupart des participants de ce raid technique de 100 km en 4 étapes. » L’histoire est en cours, car pour la première fois une course a eu lieu sur les chemins escarpés de cet archipel de l’Atlantique. Un petit air du Grand Raid de la Réunion a flotté sur la course. A ce petit jeu, c’est le Jurassien Ivan Bourgeois et la Haut-Alpine Chantal Rostollan qui ont ouvert le palmarès de cette magnifique épreuve. Ce raid prend date au calendrier de Novembre. Les coureurs aimant les tracés montagneux et techniques ne seront pas déçus par cette course.De ce pays paisible, tous ramèneront une douce chaleur dans le cœur, le souvenir de magnifiques paysages, de belles rencontres et d’une organisation très attachante. Bravo à tous et Merci à toi Cap Vert de nous avoir si bien accueilli. Texte : Bran Hery - Photos : Organisation.
Il fait pourtant frais les nuits d’hiver, dans le désert. Le campement insolite s’éteint peu à peu. Repus, répartis dans les chambres troglodytes qu’offre la falaise, les concurrents du trail harassés par leur journée d’effort plongent quelques courtes heures dans un sommeil récupérateur. Tel le marchand de sable, Sylvestre les a emportés, à l’unisson. Avec lui, ils ont traversé l’erg en courant. Solidaires, ils ont partagé l’effort, le bivouac, les mets et le vin. Un réveillon
et une nuit de nouvel an peu commun. Quatre jours d’immersion complète dans le désert tunisien, la découverte d’un paysage fait de sable d’or, de ciel bleu et de lumière, la rencontre d’une autre culture ponctuée par les échanges, un rendez-vous de différences toutes unies dans un même caravansérail, par un même esprit. Aimer l’autre et partager avec lui les émotions. Il n’y a que le sport pour unir ainsi les hommes et vivre tant de fraternité.
Il fait pourtant frais les nuits d’hiver, dans le désert. Le campement insolite s’éteint peu à peu. Repus, répartis dans les chambres troglodytes qu’offre la falaise, les concurrents du trail harassés par leur journée d’effort plongent quelques courtes heures dans un sommeil récupérateur. Tel le marchand de sable, Sylvestre les a emportés, à l’unisson. Avec lui, ils ont traversé l’erg en courant. Solidaires, ils ont partagé l’effort, le bivouac, les mets et le vin. Un réveillon et une nuit de nouvel an peu commun. Quatre jours d’immersion complète dans le désert tunisien, la découverte d’un paysage fait de sable d’or, de ciel bleu et de lumière, la rencontre d’une autre culture ponctuée par les échanges, un rendez-vous de différences toutes unies dans un même caravansérail, par un même esprit. Aimer l’autre et partager avec lui les émotions. Il n’y a que le sport pour unir ainsi les hommes et vivre tant de fraternité. Ici, le silence s’écoute, il suffit de lui tendre l’oreille. Une étoile file, je ferme les yeux,
mon imagination déborde. Trois enfants se penchent sur moi. Ils étaient apprêtés comme des princes et me disent : « S’il vous plait, dessinez nous un mouton. S’il vous plait, emportez-nous avec vous, montreznous le monde». Les trois enfants avaient tout juste l’âge de l’innocence, la justesse d’un raisonnement naturel. Sanglés dans leurs joëlettes, Ilona, Coralie et Julien me disent être handicapés, ne pas pouvoir courir, venir d’Orléans et s’être inscrits sur le trail avec leurs parents, leurs amis. L’association Léa, Loir Espoir Athlé, regroupe une trentaine de supporteurs, répartis en deux équipes de porteurs. Des gens simples qui savent ce que veut dire donner, tous dévoués à la noble cause, au service de ces enfants que la soif légitime de curiosité et de découverte du monde pousse à passer l’outre. Ilo, Cora et Juju prétendent vouloir tester leurs limites, donner le meilleur d’euxmêmes. Ils veulent voir ce qu’est l’autre et comment est l’ailleurs. N’est-ce pas cette
Ici, le silence s’écoute, il suffit de lui tendre l’oreille. Une étoile file, je ferme les yeux, mon imagination déborde. Trois enfants se penchent sur moi. Ils étaient apprêtés comme des princes et me disent : « S’il vous plait, dessinez nous un mouton. S’il vous plait, emportez-nous avec vous, montrez-nous le monde». Les trois enfants avaient tout juste l’âge de l’innocence, la justesse d’un raisonnement naturel. Sanglés dans leurs joëlettes, Ilona, Coralie et Julien me disent être handicapés, ne pas pouvoir courir, venir d’Orléans et s’être inscrits sur le trail avec leurs parents, leurs amis. L’association Léa, Loir Espoir Athlé, regroupe une trentaine de supporteurs, répartis en deux équipes de porteurs. Des gens simples qui savent ce que veut dire donner, tous dévoués à la noble cause, au service de ces enfants que la soif légitime de curio-
sité et de découverte du monde pousse à passer l’outre. Ilo, Cora et Juju prétendent vouloir tester leurs limites, donner le meilleur d’euxmêmes. Ils veulent voir ce qu’est l’autre et comment est l’ailleurs. N’est-ce pas cette voie empruntée dans le désert qui leur fera apprendre ce que sont les hommes ? Petits princes, dessinons leur des moutons, des dromadaires, un oasis et un peloton... Passer le nouvel an à Tataouine et aller y courir pour se perdre intentionnellement. Oui. Il n’est nulle autre raison. Tataouine, un lieu magique, le bout du monde lorsqu’on s’y réfère. On pense alors envoyer quelqu’un au diable quand il ne s’agit que d’un paradis. Est-ce là une autre planète ? Où cours-je ? Ici est un ailleurs, sans doute parmi d’autres étoiles. L’oasis, havre de paix, sert de cadre au jeu, un lieu de vie dans
un lieu désert. Traverser les dunes, pénétrer la roche, fouler le sentier de l’âne, parcourir au galop l’erg et le reg. Du sable fin aux pierres qui s’enchevêtrent. Un week-end trail, une évasion. Trois spéciales de course à pied disputées en deux jours et une nuit, 31 décembre et 1er janvier, toutes brillamment élaborées par l’association Carthago. Pour finir l’année et commencer l’autre, débuter l’épreuve par une échauffourée dans le sable, autour de Ksar Ghilane dans l’erg oriental, s’enliser dans les dunes, se noyer dans l’immensité du désert, y chercher son azimut, trouver son oasis. Chose peu commune, il a plu la veille. Singulier événement, rareté séculaire. L’eau communie avec l’air. A l’heure du départ, le soleil renaissant inonde de lumière chaque grain de matière ocre jaune encore humide. Là, les couleurs
variées des maillots de course résonnent à pas feutrés, vingt-quatre kilomètres durant. Et le rouge orangé finit toujours par l’emporter, enflammant l’horizon, embrasant le ciel jusqu’à l’étreindre, puis l’éteindre. Le ciel de feu laisse place au firmament étoilé. Aux clémentes températures succède un froid rigoureux. Sous la lune, l’heure de la revanche a sonné. La seconde étape invite en début de soirée chaque concurrent à un galop encore plus insolite. Dans la nuit, sur le plateau qui surplombe Douiret, chaque pas tâtonne et doit deviner sous les semelles le sol obscur. Chaque foulée répète et précède celle qui suit. Dans le noir, les lampes du peloton défilent comme autant d’étoiles filantes.
Dans l’immensité du désert, sous la voûte d’un ciel d’encre tachetée, les lueurs des torches se confondent aux milliers d’astres brillants dans l’infini. Baigné dans l’encre, le scribouillard et le coureur cherchent là leur inspiration, leur respiration. Comme l’air frais qui pénètre leurs poumons, l’évasion envahit l’esprit. Les concurrents se libèrent, lâchent la bride, s’abandonnent au plaisir. D’une course haletante dans les cailloux du désert un soir de 31 décembre, leurs foulées les entraînent vers une nouvelle révolution, un tour du soleil. 2013 est morte, vive 2014. Ripaille et champagne de sable attendent à l’étape. Au-delà d’un court sommeil et pour clore l’épreuve, le dernier volet s’avère une longue course matinale le jour de l’an. Dix huit kilomètres de galop effréné entre les écueils de pierres. De Douiret à Guermassa, l’année com-
mence par une longue traversée du désert tunisien où les paysages, les villages troglodytes traversés, s’allient avec la beauté, les efforts avec le recueil sur soi. Une manière bien originale de festoyer. Le sport, l’aventure, le voyage invitent au partage, à la découverte d’un autre, des autres. Tout donner. Prendre sur soi ou permettre le galop d’un enfant, s’en repaitre et rentrer, dans tous les cas, seul vainqueur d’un contre-la-montre sur soi-même qui s’enrichit des autres. L’instigateur de l’épreuve reconduite cette année pour sa quatrième édition est Tunisien et vit à Paris. Azdine Ben Yacoub, ses fidèles lieutenants Monique Petitbon et Laurent Chopin et toute leur équipe, organisent chaque année en avril et en novembre le semi marathon de Djerba et le marathon des Oasis. La Tunisie est leur
terrain de jeu préféré. Aucun grain de sable, même le plus fin, celui qui s’immisce inexorablement dans vos chausses ou vos guêtres de coureur du désert au point d’en réduire considérablement la pointure, n’enraye la belle mécanique motrice. Azdine Ben Yacoub est un homme rare, d’une trempe, d’une gouaille et d’un caractère exceptionnels. Djerbien d’origine, passionné des cultures française et tunisienne, profondément athée, Azdine orchestre avec talent les animations des épreuves qu’il a lui-même créées. Bel état d’esprit. En gardant comme point d’orgue l’épreuve qu’ils sont venus disputer et tout en crapahutant dans la vaste contrée, les participants sont parallèlement initiés à la culture, aux saveurs culinaires, à la musique, aux danses, aux chants. Le rythme effréné des darboukas, des tablas et des
mezoueds accompagnent quotidiennement celui des coureurs. Avec le dépaysement, la beauté des paysages et des sites traversés, le week-end évasion trail est une déconnexion du quotidien puis une immersion totale dans un autre bain. Et s’il ne demeure qu’un seul luxe véritable à retenir, ce sera celui des relations humaines. Un groupe homogène composé d’individualités surprenantes. Pour un seul esprit, celui de la solidarité. Partir, découvrir, rencontrer, échanger, partager. Se souvenir d’une joëlette et de trois petits princes privés de l’usage de leurs jambes et ravis d’avoir couru le monde. Un rendez-vous international d’une cinquantaine de coureurs.
Beaucoup de Français, issus des six coins de l’hexagone, beaucoup d’Orléanais, quelques émérites Tunisiens, des valeurs locales. Chacun est venu courir pour soi, donner le meilleur de lui-même et parvenir à se faire plaisir. Karim Mosta, la légende, l’homme aux cent cinquante ultra-trails, aux vingt-cinq marathons des sables distribue les images, véhicule les informations. Et les autres. Tant d’autres, des bons, des moins bons. Et il y eut bien compétition. Dominique Chauvelier, quatre fois champion de France de marathon et vainqueur des deux premières éditions, Laurent Labit l’Aveyronnais tenant du titre et Ali Ben Youssef récent vainqueur du MDO étaient revenus remettre leurs couronnes en jeu. Les trois partageront côte à côte la cadence de leurs foulées synchrones. Quinqua, quadra et tétra ne sauront endiguer la jeunesse du Tunisien Maruian Toumi Sbaiti qui, à vingt-deux ans, se révèle la surprise et l’espoir du pays. Beaucoup plus fort sur la première et la dernière étape, le Tunisien s’impose. Laurent Labit est second, fier de coiffer au finish la légende Chauchau. Chez les dames, l’abandon sur blessure de Fiona Porte laisse la petite limousine (la gazelle, pas la vache) Christelle Mosmeau s’imposer au pays des chamelles. Sur le podium, le bonheur de tous est entier, il enveloppe chacun. L’émotion atteint son paroxysme quand Julien, neuf ans, plus clairvoyant que vous et moi, comble de ses remerciements un peloton pendu à ses lèvres comme il a été à sa joëlette.
Le compte à rebours d’un week-end comme celui-là est vite décompté, la traversée du désert est aussitôt terminée. Syphax Airlines a ramené tous les petits princes de ce côté de la Méditerranée. La nouvelle année maintenant est commencée, chacun retrouve sa tâche, son quotidien. Quels enrichissements ! De l’aventure, chacun s’en est rentré, repu, requinqué. Nul doute que l’intensité de tels moments ne peut-être oubliée. Les initiés pensent déjà au suivant. Vivre avril, « Carthago » propose le semi marathon de Djerba, un bain djerbien d’une semaine. Au-delà du printemps, fut-il une nouvelle fois arabe, il importe de relater que les médias en France nous trompent. Le leurre n’est pas justifié. Il n’y a pas en Tunisie d’insécurité malsaine. Pourquoi dissuade-t-on l’opinion publique française de flâner de ce côté de la Méditerranée ? Regardez ces photos du désert. C’est pour beaucoup de ceux qui ont déjà fait le marathon, le plus beau paysage du monde. C’est ici que les petits princes sont apparus aux élus pendant une semaine. Coureurs, réfléchissez. Il n’existe point de guerre pour ternir l’esprit du sport. Restons unis. Prenez un autre coureur, prenez en deux. A quatre, l’équipe se soude et l’esprit veut. Prenez de cette lecture l’envie de tenter l’aventure. Faites chauffer à petit feu, au petit feu de l’envisageable. Envoyez la sauce puis versez le sable, saupoudrez de quelques étoiles, pimentez et mettez les voiles… Où voulez-vous en venir ? A courir, vraiment ? A courir, pas seulement. Courir est pour l’association Carthago le prétexte de vivre. Texte et photos : Brice de Singo.