Toamasina Autrement

Page 1

TO A M A S I N A A

u

t

r

e

m

e

n

Sous

la

direction

de

Françoise

Fortin

et

Christophe

Giudice

membres

d’A.TOA

avec

la

contribution

de

:

Leslie

Lécareux

Fulgence

Fanony

Fenotsara

Razafy

Marie

t


Tables des matières Avant-propos Préface

5 7

5

Partie I : GEOGRAPHIE ET ENVIRONNEMENT 1. TOAMASINA GÉOGRAPHIQUEMENT Informations géographiques Autour de Toamasina 2. TOAMASINA ET SON ENVIRONNEMENT Faune spécifique Végétation, plantes et usages

11 12 12 12 14 14 15

11

Partie II : HISTOIRE ET CULTURE 1. HISTOIRE D’UNE VILLE ET DU PEUPLE BETSIMISARAKA Légendes et toponymies 2. TOAMASINA DANS L’HISTOIRE DE MADAGASCAR 3. HOMMES ET CULTURES Cultes et fêtes betsimisaraka Les cérémonies traditionnelles Les traditions funéraires Chants, danses et instruments de musique en pays betsimisaraka 4. OUVRAGES Lakana, la pirogue 5. ARTISANAT ET HABILLEMENT L’artisanat L’habillement

17 18 18 19 20 20 21 22 24 27 27 28 28 29

17

Partie III : TOAMASINA AU QUOTIDIEN 1. SALUTATIONS 2. TRANSPORTS De pousse-pousse à cyclo pousse 3. MANGER BETSIMISARAKA : LA GASTRONOMIE Des étals à la table

33 34 34 34 35 35

33

Partie IV : PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL DE TOAMASINA 1. ÉLEMENTS D’ARCHITECTURE DES MAISONS DE TOAMASINA Les « trano falafa » ou maisons en ravinala Les cases créoles Élément d’urbanisme et d’architecture coloniale Architecture et Indépendance 2. CARTE ET PLAN DE LA VILLE 3. TOAMASINA, D’UN LIEU A UN AUTRE ZONE 1 et 2 : Autour de la vieille ville ZONE 3 : Autour de l’avenue de l’Indépendance ZONE 4 et 5 : De la mairie vers la pointe Tanio

37 38 38 39 41 43 46 48 48 59 65

Biographies Bibliographie Glossaire L’association « A.TOA »

74 76 78 80

37 74


4


Avant-propos

E

n tant que membre à part entière des communautés au sein desquelles notre compagnie évolue, nous sommes fiers de contribuer à la réalisation de cet ouvrage intitulé « Toamasina autrement ». Conçu puis, redéfini par l’association A.TOA, « Toamasina autrement » met en valeur la capitale Betsimisaraka et ses environs ; son histoire, sa construction, son architecture, sa culture mais aussi ses aspects géographiques, environnementaux et sa biodiversité. « Toamasina autrement » n’est ni une monographie ni un guide ; il se propose comme un manuel dont le visiteur de passage ou en résidence s’inspirera pour comprendre la ville et ses alentours. D’une part, il retrace l’histoire, la géographie et offre une présentation générale de Toamasina ; bases nécessaires à la compréhension de la ville. D’autre part, il invite à la connaissance d’éléments culturels Betsimisaraka. En voulant partager le patrimoine matériel et immatériel de Toamasina au travers de ce livre, A.TOA œuvre avec Ambatovy dans la réalisation de l’un de ses engagements sociaux. En effet, Ambatovy appuie les efforts de la population dans la préservation et à la mise en valeur de son patrimoine. C’est d’ailleurs dans cette optique de valorisation que nous soutenons depuis 2008 les actions de réhabilitation des signalétiques des rues et quartiers de Toamasina. Et c’est dans ce sens que nous sommes particulièrement fiers de soutenir cette initiative de valorisation du patrimoine Betsimisaraka effectuée par l’A.TOA. Nouvellement entrés dans la phase d’opération, vecteur de retombées économiques pour le pays et les zones d’actions du projet, nous restons encore plus à l’écoute de nos populations-hôtes. Cet ouvrage, hommage à l’héritage laissé par nos aînés est offert, de bon cœur, aux générations futures.

Mark Plamondon, Président d’Ambatovy.

5


6


Préface

A

l’initiative de l’association A.TOA, les Amis de Toamasina, voici donc entre nos mains un guide pratique pour connaître et faire découvrir le «Grand Port de Madagascar» qu’est Toamasina – «Tamatavy» pour les habitants – à travers une présentation de son patrimoine culturel immatériel et physique. Ce guide s’inscrit dans la patrimonialisation (la fabrication du patrimoine) des biens de Toamasina, d’hier et d’aujourd’hui. Pour arriver à ce résultat digne d’éloge, il a fallu à l’A.TOA parcourir un long chemin et vivre déjà une histoire, la sienne. Tout a commencé par une prise de conscience de la richesse de la ville au niveau de son histoire et particulièrement du bâti : c’était la « trouvaille », point de départ de toute construction patrimoniale. Dans le cadre du Colloque International d’Histoire organisé conjointement par le Département d’Histoire de l’Université de Toamasina et par l’Association Historique Internationale de l’Océan Indien (A.H.O.I.) qui avait pour thème «Les

dynamiques économiques, politiques et sociales dans et entre les îles du SudOuest de l’Océan Indien, (XVIIe-XXe siècle)», comportant entre autres, un axe

de réflexion consacré à la ville de Toamasina. Ouvert officiellement le mercredi 10 novembre 2004 en fin d’après-midi dans la salle de conseil du Faritany de Toamasina, le colloque s’est terminé le 15 novembre, après des séances d’atelier à Foulpointe et une excursion guidée des principaux sites historiques de la région (Foulpointe, Mahambo et Fénérive Est). C’est lors de la journée de clôture qu’ont été présentés les travaux sur Toamasina, au nombre de quatre : « le rivage, la mer et l’outre-mer vus de Tamatave au XIXe siècle (18281868) » par Gabriel A. Rantoandro ; « Exemple d’aménagement urbain colonial: Tamatave (1897-1940) par Sylvie Odine Iavizara ; «

Les

différents

objectifs

de

la région du port de Tamatave au XXe siècle » par Vincent Schweitzer et « Les cases créoles de Tamatave » par nous-même. Le déclic du patrimoine s’est alors effectué. Il y eut ensuite la création de l’A.TOA en 2006 dont l’objet est « la protection et la valorisation du Patrimoine historique et culturel de Tamatave et sa région » suivie peu après, début février 2008, par l’organisation d’une conférence au siège de l’Alliance Française, bâti historique de style créole patrimonialisé de Toamasina, sur les cases créoles de la ville et de l’importance de leur préservation dans le paysage urbain d’aujourd’hui.

7


8


Cette conférence de février 2008 et tout ce qui s’en est suivi, y compris la préparation et la publication du présent guide, ont perpétré le processus de patrimonialisation des richesses culturelles de la ville et de sa région. Les dernières étapes de la fabrication du patrimoine sont, en effet, la célébration de la « trouvaille » du bien par son exposition, c’est-à-dire sa visite par le public, et sa transmission aux générations de demain, c’est-à-dire l’obligation de le préserver, bref, en être responsable, ne serait-ce qu’indirectement. Visiter, c’est non seulement célébrer la découverte du bien comme patrimoine mais aussi et surtout célébrer ce lien qui nous unit et nous rattache à d’autres hommes qui ont vécu des siècles avant nous et auxquels nous nous identifions, et de ce fait, nous percevons un lien de parenté avec ces hommes et femmes qui ont construit les maisons et les édifices et conçu toutes les expressions de leur culture immatérielle (les cultes, les fêtes, les traditions gastronomiques et funéraires etc.). Le présent ouvrage intitulé « TOAMASINA AUTREMENT » a pour objectif de «

faire

découvrir

ou

redécouvrir

la

ville

de

Toamasina

» à travers une présentation de son patrimoine culturel matériel (bâti et mobilier [les objets d’artisanat]) et immatériel (savoir-faire, cultes, rites, traditions, fêtes, danses ), soit une invitation à un grand voyage culturel. Il comporte quatre parties : Géographie et Environnement ; Histoire et Cultures ; Toamasina au quotidien et Patrimoine urbain et architectural de Toamasina suivies d’une bibliographie et d’un index qui en facilitent grandement la lecture. Grand merci à l’A.TOA pour cette belle initiative et tous mes souhaits l’accompagnent dans sa noble tâche, celle de promouvoir le patrimoine en général et celui de Toamasina en particulier. Que le présent guide rencontre également tout le succès qu’il mérite auprès de ses lecteurs, Tamataviens comme Nationaux et Touristes d’outre-mer. Pr. Rafolo Andrianaivoarivony Université d’Antananarivo, Président du Comité Malgache pour le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS), Membre du Comité National du Patrimoine (C.N.P.), Ancien Représentant de Madagascar au Comité du Patrimoine Mondial (UNESCO), Membre Titulaire de l’Académie Malgache.

9



Partie I :

GEOGRAPHIE ET ENVIRONNEMENT


1. TOAMASINA GÉOGRAPHIQUEMENT Informations géographiques

Situé à 369 km d’Antananarivo, Toamasina est la capitale du pays Betsimisaraka. Celui-ci s’étend aujourd’hui du Nord au Sud sur la côte Est de Madagascar : de la baie d’Antongil au Nord et Nosy Varika au Sud-Est, limité par le fleuve Mananjary et la rivière Bemarivo au Sud, par le pays Tsimihety au Nord-Ouest et la falaise Betsimisaraka au Sud-Est sur 700 km. Il est limité à l’Ouest par une barrière montagneuse située à l’intérieur des terres et culminant par endroits à 2200 mètres d’altitude ; et à l’Est par l’Océan Indien, où se trouvent quelques petites îles. Le relief de la Côte Est est constitué de vallées compartimentées et de trois séries d’escarpements traversées par des failles littorales ou des failles formant des dépressions lacustres plus ou moins importantes (creux topographiques dans lesquels se forment des lacs), comme le lac Alaotra. La forêt pluviale due en partie à l’humidité de la région fait toute la richesse de la faune et de la flore dont le taux d’endémisme avoisine les 80 %. Toamasina est un centre administratif, le chef-lieu de la Région Atsinanana qui comprend également les districts de Toamasina II, Vatomandry, AntanambaoManampotsy, Marolambo et Mahanoro. Il est également un centre économique par la présence de son port qui est le premier de l’Île et un centre universitaire avec l’Université de Barikadimy, la deuxième de Madagascar. Le port moderne entra en service en 1934.

Autour de Toamasina Mahavelona (Foulpointe)

Foulpointe, destination balnéraire très prisée.

12

© Ranyhaja-2012


Canal des Pangalanes

De nombreux barrages de pêche parsèment le Canal. Le Canal des Pangalanes ou Canal des Pangalana est une suite de lacs, d’étangs et de lagunes qui s’étendent sur une distance de 655 km de long depuis l’embouchure de l’Ivoloina jusqu’à Farafangana dans le Sud-Est de Madagascar. En 1827, Radama Ier effectue une première percée dans le but de faire communiquer deux grands lacs. En 1896, Gallieni lance le projet de relier rivières, lacs et marais pour en faire un axe de communication navigable le long de la côte Est. L’île aux Prunes L’Ile au phare le plus haut d’Afrique. A 1h30 de navigation depuis le port de Toamasina, l’Ile aux Prunes, parfois appelée l’Ilot Prune ou Nosy Alagnagna est entourée de récifs coralliens empêchant l’incursion de requins. Elle abrite le phare considéré comme le plus haut d’Afrique, de 60 mètres de haut et 28ème plus haut du monde. Edifié entre 1931 et 1933, il est bâti en béton armé et de forme © Boda Richard octogonale.

13

GEOGRAPHIE ET ENVIRONNEMENT

A environ 70 km au Nord de Toamasina, près de Foulpointe se trouve le fortin, site historique initialement établi par Jean René (Roi des Betsimisaraka de 18041811) puis remplacé par celui construit par Radama Ier (Roi de Madagascar de 1810-1828) en 1822 et achevé en 1831. Ce fort abrite les vestiges du plus grand fort merina de la région. C’est ici que Rainandriamampandry, gouverneur de Toamasina (1882-1895) remporte la victoire sur les Français lors de la guerre franco-malgache de 1883-1885.


2. TOAMASINA ET SON ENVIRONNEMENT Faune spécifique

Différentes espèces d’animaux sont présentes dans les zones subtropicales ou tropicales et dans les forêts pluviales vivent dans la région de l’Est. L’Astrochelys radiata ou tortue étoilée de Madagascar est visible à Toamasina et ses environs même si elle n’en est pas originaire. Le gecko Uroplatus, une sous-catégorie d’amphibien, abonde dans les forêts tropicales humides de l’île comme celles de la côte Est. À ses côtés se développe la grenouille Dyscophus antongili. Sur la côte Est comme ailleurs à Madagascar, des caméléons de tailles diverses vivent aussi dans l’Est, tels les Furcifer pardalis, Furcifer verrucosus, Caluma parsonii et le Brookesia, le plus petit caméléon du monde avec ses 2 cm de long. Le serpent Sanzinia madagascariensis ou Manditra en malgache, se rencontre, quant à lui, sur toute la côte Est malgache comme son cousin Acrantophis madagascariensis ou Do en malgache. Les serpents à Madagascar ne sont en aucun cas dangereux. Si le fosa Cryptoprocta ferox évolue dans toutes les régions de l’Île, la civette ou Fossa fosssana, très en danger, ne se rencontre que dans la forêt de l’Est. Les lémuriens Sur les 33 espèces endémiques de lémuriens à Madagascar, plusieurs se retrouvent dans l’Est. Il s’agit entre autres du Varecia variegata variegata, de l’Eulemur fulvus coronatus, de l’Eulemur fulvus fulvus, de l’Aye-aye, de l’Indri Indri, du Microcebus murinus ou de l’Hapalemur griseus qui se nourrit essentiellement de bambou, . Le parc zoologique, botanique et forestier d’Ivoloina, à 12 km au Nord de Toamasina, contribue à la préservation des lémuriens de la zone Est malgache.

L’Hapalemur bambou.

14


Le climat très humide de la côte Est favorise une végétation sempervirente verte et fleurie, la forêt de l’Est possède une flore généreuse. De fait, presque toutes les plantes endémiques de Madagascar s’y retrouvent. Il existe toutefois quelques particularités comme le ravinala, Ravenala madagascrariensis ou «arbre du voyageur», plante herbacée endémique de Madagascar utilisée dans la fabrication des cases traditionnelles falafa. Son tronc fournit les planches, ou rapaka, ses branches fendues servent de panneaux muraux tandis que feuilles s’utilisent pour couvrir le toit. Les flamboyants dont le plus connu, le Delonix regia, se trouve en abondance dans l’Est. Le Moringa oleifera ou ananambo en malgache est une plante aux mille vertus nutritives qui abonde dans l’Est, ses feuilles et ses fruits sont un condiment qui accompagne le riz au quotidien. Le Typhonodorum lindeleyanum, d’origine aquatique pousse tout le long de la côte Est, et fournit une farine produite à partir des rhizomes qui n’est utilisée qu’en période de disette. Ses graines, plusieurs fois bouillies, deviennent comestibles. Les Pandanus sont très présents sur la côte Est, notamment le long du canal des Pangalanes. Les fougères et particulièrement les fougères arborescentes Cyathea poussent dans les sous-bois de la forêt tropicale de l’Est. On y trouve également le Rhodocolea nobilis, une liane particulièrement fleurie. Cultures d’exportation La côte Est a été choisie lors de la colonisation pour développer les cultures de rentes (vanille, cannelle, café, girofle, poivre). A partir du mois de novembre jusqu’en début décembre, la ville est en effervescence afin d’exporter les productions et approvisionner les marchés de Noël européens. Le litchi, de son nom scientifique Litchi chinensis, se développe parfaitement sur l’ensemble de la côte Est. Le niaouli de la famille des Myrtaceae qui est commercialisé sous le nom d’huile goménolée est également très présent le long du Canal des Pangalanes. Importé d’Australie, il a été introduit pour renforcer les berges du Canal lors de sa construction.

Le Litchi, saveur de la côte Est.

15

GEOGRAPHIE ET ENVIRONNEMENT

Végétation, plantes et usages



Partie II :

HISTOIRE ET CULTURE


1. HISTOIRE D’UNE VILLE ET DU PEUPLE BETSIMISARAKA Légendes et toponymies

De « Toamasina » ou « Tamatave », on a jamais su définir laquelle de ces dénominations était apparue en premier tout comme on en ignore l’origine. Toutefois, plusieurs légendes sont à retenir. Le site est découvert par les Portugais dès le XVIème siècle, des navires de la société de l’Orient puis de la Compagnie des Indes établissent des comptoirs à Sainte Marie et dans la baie d’Antongil au XVIème siècle. La dénomination « Toamasina » viendrait des Portugais qui auraient nommé le site « Saint Thomas » transformé en « Toamasina » par les Malgaches. Mais l’origine du nom de la ville est accompagnée d’une multitude d’explications dont l’une des plus répandues serait qu’en 1817, Radama Ier découvrant l’océan aurait dit « Toa Masina », lorsqu’il gouta l’eau. Ce qui signifie : « c’est salé ». Par ailleurs, le site de Tamatave était connu des matelots français qui séjournaient dans la rade pour se protéger des cyclones et des pirates. En 1658, Etienne de Flacourt, chef de la colonie française à Madagascar mentionne l’existence «Toa... masina !» d’une grande baie sur la côte Est que l’on nomme le pays de « Tametavi », « Tametaui » ou le « Port aux prunes ». On retrouve ces mêmes noms sur les cartes du XVIIIème siècle. Là encore, d’autres explications existent. La dénomination du site viendrait d’une princesse Sakalava, Matavy, épouse du roi Ratsimilaho (1690-1754). La reine aurait permis au village de pêcheurs Antsiraka de se développer, donnant naissance à l’expression « An-tananan’i Matavy » qui signifie « dans la ville de Matavy ». Enfin, une dernière légende rapporte que « Toamasina » pourrait venir du nom d’un poisson, le toho, qui a la peau grasse, signifiant en malgache matavy, appelé communément tohomatavy. Toutes ces légendes confirment la richesse de l’histoire de cette cité.

18


En 1746, Mahé de la Bourdonnais, gouverneur de l’Ile de Bourbon (île de la Réunion), préconise l’exploration et l’exploitation de la côte Est de Madagascar pour approvisionner l’île voisine en denrées, riz, bétail et surtout en esclaves. En une vingtaine d’années, Foulpointe devient le centre des intérêts réunionnais à Madagascar. Ce n’est qu’à partir du début du XIXème que Toamasina supplante Foulpointe et Fénérive. En 1807, Napoléon 1er nomma Sylvain Roux représentant officiel de la France à Toamasina afin de préserver la traite et les intérêts de l’empire. En 1811, en lutte contre l’empire napoléonien dans l’Océan Indien, les Britanniques s’emparent de la ville, puis la restituent totalement dévastée. Un ancien employé de Sylvain Roux, Jean René, franco-métis, saisit alors sa chance pour imposer son autorité et devenir roi de Toamasina. Il administre la ville avec beaucoup de sérieux et des avantages fiscaux favorisent le retour de négociants étrangers. En 1817, Jean René pris sous le feu d’une frégate anglaise et des soldats du roi merina Radama 1er doit capituler. La ville est placée sous son autorité, établissant un système colonial sur la côte Est. A sa mort, en 1828, son épouse, Ranavalona Ière, lui succède, promulgue plusieurs lois hostiles aux étrangers et menace de réduire en esclavage les négociants trop endettés. Pendant près de 20 ans, la ville subit durement l’arrêt des relations commerciales avec l’extérieur. Sa mort en 1861 marque le renouveau de la cité et le retour des intérêts européens et mauriciens. En 1862, le nouveau roi de Madagascar Radama II, pressé par Jean Laborde, consul de France, sollicite la signature d’un traité d’amitié entre les deux pays. D’importantes ressources et de terres sont concédées aux Européens provoquant le mécontentement de la population. Le roi est assassiné, une période d’instabilité s’installe menaçant gravement les intérêts des négociants européens. Ces derniers font appel aux consuls britannique, français et américain pour sauvegarder leurs biens. En 1883, Jules Ferry, ministre français des Affaires étrangères envoie alors une escadre à Madagascar afin de préserver les intérêts des ressortissants français.

19

HISTOIRE ET CULTURE

2. TOAMASINA DANS L’HISTOIRE DE MADAGASCAR


En 1885, un traité de protectorat est signé entre la France et Madagascar, mais les relations entre le pouvoir central merina et les négociants français se détériorent entraînant une intervention militaire française. Le 12 décembre 1894, l’amiral Bien-Aimé bombarde Toamasina et s’en empare. Le 30 septembre 1895, le général Duchesne devient maître de Tananarive (dénomination coloniale de l’actuelle Antananarivo). Madagascar est officiellement déclarée colonie française le 6 août 1896 par l’Assemblée nationale française. La Reine Ranavalona III est envoyée en exil à La Réunion puis à Alger où elle décède le 23 mai 1917. La ville est alors placée sous l’autorité du gouverneur général qui la transforme pour en faire la porte d’entrée de la France à Madagascar.

3. HOMMES ET CULTURES Cultes et fêtes betsimisaraka

Les Betsimisaraka, comme tous les Malgaches sont très attachés à la terre et au culte des ancêtres. Ils entretiennent une relation particulière avec la forêt et l’eau. On évoque des fantômes ou angatra, des forêts sacrées ou ala fady, des sirènes ou zazavavindrano et des hommes sauvages de la forêt ou kalanoro.

Musique et danse, éléments d’expression par excellence de la culture betsimisaraka.

20


Le tsaboraha ou faňanovandraha est le nom généralement donné à toutes les occasions de réjouissances chez les Betsimisaraka toutefois, chaque évènement est spécifique, comme les laza, le fampiakaram-bady ou mariage, la circoncision, etc. Les tsaboraha sont organisés dans le but d’exprimer sa joie et sa reconnaissance ou une requête envers les ancêtres. Ces fêtes sont célébrées entre amis, famille, voisins. C’est un investissement familial important qui nécessite souvent des mois voire des années d’économies pour pouvoir se permettre le sacrifice d’au moins un zébu. C’est pourquoi la plupart les tsaboraha ont lieu après la saison des récoltes, lorsque la situation financière de la population est plus confortable. Le toro joro s’effectue une semaine avant de fêter le tsaboraha. C’est l’annonce effectuée aux proches durant laquelle est expliquée la raison de cet évènement et la date de tenue. Le toro joro est un moment de partage avec les invités, réunis autour d’une collation. Le tranobe est une maison traditionnelle construite trois jours avant l’évènement par les personnes qui souhaitent réaliser le tsaboraha. C’est ici que se déroulera le rituel. On construira alors d’autres maisons secondaires en ravinala, pour chacune des familles invitées. Le Joro est le rituel d’invocation des ancêtres qui consiste à leur demander, aide, pardon et bénédiction. Il est également possible de demander l’autorisation d’accomplir un acte contraire à la tradition, et d’écarter les malédictions. Il se déroule en deux temps : la première partie s’appelle le joro manta qui est l’offrande d’un zébu vivant, la seconde partie suit avec le joro masaka l’offrande des meilleurs morceaux du zébu cuits. Le tangalamena, (voir glossaire p.78), lors de cette cérémonie, convoque avant tout les Zanahary dieux protecteurs, ensuite les ancêtres de la personne qui souhaite une bénédiction. Enfin, il convoquera les fahatelo-draha ou la «troisième chose» qui constitué par les personnages invisibles; qui sortent de l’imaginaire. Les parties qui leur sont destinées seront servies au toby (voir glossaire p.79) où sont posés les morceaux de zébu cuits en s’adressant aux ancêtres. Des morceaux sont également placés sous la pierre pour les ancêtres qui ne pourraient atteindre l’offrande placée plus haut en raison d’un quelconque handicap. Sur le fisokina (voir glossaire p.78) sont ensuite accrochés les crânes de zébu. Devant témoin, la promesse est alors faite d’offrir quelque chose en retour. Si la demande est exaucée, il faudra s’y tenir sous peine de subir la colère des ancêtres.

21

HISTOIRE ET CULTURE

Les cérémonies traditionnelles


Une fois la viande partagée, l’on peut boire, danser et pratiquer le vako-drazana, grand art de la scène qui s’assimile au théâtre populaire ou à l’opérette et qui est le chant traditionnel entonné durant les festivités. La cérémonie est clôturée par un discours fait par le vavanjaka (voir glossaire p.79) Mangala tsikafara, est une cérémonie de remerciement des ancêtres, généralement festive et joyeuse, pour un vœu exaucé prononcé lors d’un joro. Si la promesse avait été faite de tuer un zébu, elle devra être exaucée. Ainsi tout le village se rassemblera pour les réjouissances qui dureront jusqu’au lendemain. Le culte des ancêtres Dans la croyance malgache il est impossible de s’adresser directement au dieu Zanahary. Pour l’atteindre il est nécessaire de passer par des intermédiaires qui sont les ancêtres, les aînés ou encore le tangalamena considérés plus proches encore des ancêtres que le commun des mortels. Les ancêtres sont autant vénérés que craints. Ils jouent un rôle primordial dans la vie quotidienne des Malgaches qui croient fermement que ceux-ci influencent leur vie grâce à un pouvoir émanant des terres ancestrales. Il est de ce fait essentiel pour le Malgache d’être en paix avec les ancêtres. Plusieurs cérémonies sont célébrées en leur honneur comme le rasa hariana qui permet au défunt d’intégrer le cercle des ancêtres ou encore le tsaboraha et le joro (voir p.21). Ces rituels impliquent traditionnellement sacrifice de zébu et festin.

Les traditions funéraires

La tradition funéraire reste très présente dans la culture betsimisaraka et diffère de celle des autres ethnies. Les Betsimisaraka ne pratiquent pas le retournement des morts mais uniquement l’exhumation. Mandevina ou enterrer est un rite commun à tous les Betsimisaraka. Les époux sont séparés car chaque individu doit être enterré avec les siens dans une grotte, dans ou sur le sol, dans un caveau en dur ; tout dépend de la région et de la tradition familiale. Seuls les sorciers maléfiques ou mpamosavy, les garçons non-circoncis, ainsi

22


Maňokatra ou exhumer est une pratique des Betsimisaraka du Nord qui consiste à exhumer les restes d’un défunt déjà enterré afin de les déposer dans un cercueil en forme de pirogue ambora placée par la suite dans un abri commun. S’en suit le rasa hariana, rituel exécuté lors du maňokatra. C’est la cérémonie d’intégration du défunt dans le monde des ancêtres car le mort, à partir de cet instant, devient un razana ; un ancêtre. Les Betsimisaraka du Sud quant à eux, ne pratiquent pas d’exhumation et n’enterrent leurs morts qu’une seule fois dans le caveau familial. Fête des morts, issue des traditions chrétiennes occidentales, elle est célébrée le jour du 1er novembre pour rendre hommage aux ancêtres. La famille se réunit pour nettoyer les tombeaux sur lesquels sont disposés quelques offrandes : boissons et nourritures. Chez les Betsimisaraka du Sud, cette fête se pratique tout le mois de novembre et permet ainsi à ceux qui habitent loin de venir rendre hommage à leurs ancêtres. Les morts sont traditionnellement enterrés dans la forêt. En ville, ils sont enterrés dans un cimetière appelé fasaňa anaty ala qui signifie tombeau en forêt, en rappel à la tradition. Tout vient du culte des ancêtres.

Manokatra ou l’exhumation en pays betsimisaraka.

23

HISTOIRE ET CULTURE

que les éboueurs sont exclus du tombeau familial, et enterrés à l’extérieur car considérés comme indignes d’accéder au tombeau.


Le culte de la possession Les Betsimisaraka ont l’intime conviction que des esprits appelés alaňana d’influence Antemoro ou tromba d’influence du Sakalava. Ces esprits, souvent la réincarnation de rois très anciens, peuvent être bons comme mauvais. Il faut consulter le devin ou mpisikidy qui, en utilisant des graines séchées ou des vatolalaka (graines d’une plante de bord de la mer) peut en apprendre davantage. C’est grâce à ce procédé que le possédé peut guérir, à condition qu’il accepte de vivre avec cet esprit qui habitera son corps selon son bon vouloir. « L’esprit » peut apporter certains dons, de guérison par exemple, que le possédé n’avait pas auparavant et ce dernier devra respecter les ‘’fady’’ ou tabous particuliers de l’esprit sous peine de retomber malade

Chants, danses et instruments de musique en pays betsimisaraka

«Osika» ou chant Toutes les cérémonies chez les Betsimisaraka sont accompagnées de chants et danses qui permettent d’exprimer la joie. Les chants destinés au circonsicions sont différents de ceux attritubés à un mariage. Le osika ou tôkatôka également appelé jijy chez les Betsimisaraka du Nord, est un chant interprété par une personne qui parle plus haut et plus fort que le groupe qui l’accompagne en chantant et en dansant le totodia. « Dihy » ou danse Le totodia est une danse qui s’exécute en couple ou individuellement en tapant des pieds et en tournant les mains. C’est la base de toutes les danses traditionnelles betsimisaraka. Le bassessa est également une danse traditionnelle betsimisaraka qui peut se danser en couple et qui doit son nom aux européens qui en la voyant pour la première fois se seraient exclamés ‘’ah bon c’est ça !’’ Par déformation, on nomma cette danse bassessa. L’instrument qui accompagne cette danse est l’accordéon, importé par les européens

24


Le Vakodrazana est une danse de groupe synchronisée qui se retrouve aussi bien sur les hauts plateaux que sur la côte Est. Vakoka se rapporte à la conservation du patrimoine, de ce qui est ancien. Drazana vient de Razana qui signifie ‘’ancêtre’’. Il n’existe pas réellement de traduction française mais le vakodrazana peut être traduit comme la conservation des traditions ancestrales. Il est difficile de dater l’apparition du vakodrazana mais selon certain cette danse est née en même temps que le peuple malgache lui-même. Il est une expression de la joie et une forme d’animation lors des fêtes, plus qu’un moyen de communication avec les ancêtres. Tout comme les instruments, les danses traditionnelles, notamment le bassessa, ont connu des évolutions avec l’arrivée des européens La musique et la danse sont très importantes dans la vie des betsimisaraka, elles symbolisent tout autant la joie comme la peine. Elles permettent de s’extérioriser, de s’exprimer surtout pour les femmes qui, habituellement, se doivent de rester en retrait. La musique, le chant, sont indissociables dans la danse folklorique betsimisaraka. Instruments de musique C’est en essayant d’imiter les sons de la nature et des animaux que les hommes sont parvenus à créer des outils capables de les reproduire. Que ce soit le chant des oiseaux ou le bruit des branches secouées par le vent, une vaste gamme d’instruments de musique en bambou est présente sur la côte est, mais certains sont spécifiques à la côte Est. Bien que la gamme d’instruments soit variée à Madagascar, la côte Est se distingue avec certains instruments plus particuliers. Le Valiha au Nord ou Marovany au Sud Suivant le principe de la guitare, cet instrument à corde est constitué d’une caisse de résonance rectangulaire, en bambou ou en bois, avec des cordes métalliques au dessous des trous faits dans la caisse pour créer différents sons. A l’origine, le valiha ainsi appelé sur les hauts plateaux était réalisé avec un bambou creux. Le davany chez les Betsimisaraka’ était, quant à lui, réalisé en bois muni de cordes de bambou remplacées par la suite par des cordes métalliques. Le Kaiamba morceau de bambou. Tout comme les maracas il produit un son en étant secoué. Cet instrument est

25

HISTOIRE ET CULTURE

Femmes betsimisaraka dansant le bassessa en ligne.


traditionnellement en bambou dans le Sud, en tôle dans le Nord. Les premiers sont surtout utilisés à Sainte Marie. Le Sodina est une flûte en bambou améliorée au fil des siècles mais qui disparaît peu à peu. Il est devenu difficile à trouver de nos jours. Le Pokombolo ou Le Faray volo, est une longue tige de bambou qui sert de caisse de résonance et fixée sur des tréteaux. Il faut le frapper avec deux baguettes pour obtenir les sons souhaités. Le Taraka, dans le même esprit que le Pokombolo, est constitué de trois bambous placés sur des tréteaux. Le Doboka ou Bingy be est un tambour. Le premier est surtout utilisé à Sainte Marie Le Tandrevo est confectionné dans du bambou creux. Des incisions sont réalisées dans le bois pour fournir un son soit émis lorsque celui-ci est frotté avec un petit bâton. Le Jejy lava est une harpe en bois de petite taille qui se tient à la main contre l’épaule. Le Kabosy est un instrument à cordes. Fait de bois, il ressemble à une guitare occidentale de petite taille. Cet instrument est appelé « mandoline » dans le Sud malgache. L’accordéon ou « korodoňa », bien qu’il ne soit pas originaire de Madagascar, cet instrument à vent importé par les colons, s’est fait une place auprès des instruments de musique malgache. Il est la marque d’un métissage culturel issu du contact avec les Européens.

Le Doboka ou Bingy be.

26


Lakana, la pirogue

Il faut du temps et du savoir-faire pour réaliser ces embarcations, encore présentes dans le quotidien des Betsimisaraka. Outil privilégié des pêcheurs, la pirogue sert aussi à se déplacer et à transporter les marchandises des villages jusqu’à Toamasina. Après avoir choisi et coupé l’arbre dont les dimensions conviennent, il faut compter un mois au pêcheur pour obtenir la forme finale de l’embarcation. Le tronc est travaillé sur les côtés à la borzina, petite machette équipée d’un long manche en bois dur, d’une courte mais épaisse lame où herminette. Ensuite c’est par le feu que le travail se poursuit. Cette étape demande une maîtrise, car la moindre erreur d’appréciation dans l’entretien du feu peut réduire à néant des journées de travail. Se succèdent jours après jours, feu et action de creusement, jusqu’à ce que l’embarcation soit terminée. Après quoi elle sera maintenue sous l’eau, pendant deux semaines minimum, tendue par des pièces de bois qui lui permettent de garder l’écartement initial et d’en renforcer la solidité. Le fait que la pirogue soit à l’origine un tronc de bois évidé la rend particulièrement fragile car elle a toujours tendance à se rétracter vers l’intérieur, créant de ce fait des fissures réduisant son étanchéité. Seules les pirogues de grande taille peuvent être équipées de pièces de bois supplémentaires. Les embarcations de faible envergure se fissurent rapidement. L’ajout de la bourre de kapôk (coton sauvage), en assure l’étanchéité. Les pirogues betsimisaraka ne sont pas munies de balanciers. Pourvoyeurs de poissons, les pêcheurs betsimisaraka sont hautement considérés par la communauté et leur valeur est proportionnelle à la hauteur de leur prise.

Lakana betsimiaraka.

27

HISTOIRE ET CULTURE

4. OUVRAGES


5. ARTISANAT ET HABILLEMENT L’artisanat

Toamasina est la capitale de la fibre végétale. Les fibres sont tressées et cousues à la main par les femmes. De nombreux objets du quotidien comme des paniers, des chapeaux, des nattes, des dessous de plats, des sacs, sont confectionnés. Cela constitue une part importante de leur travail et de leur savoir-faire. Au hasard d’une promenade, il est très fréquent de rencontrer ces femmes en train de tresser un sac, un chapeau ou encore un panier. C’est l’occasion d’apprécier leur grande habileté et leur talent transmis de génération en génération. Les fibres les plus utilisées sont le raphia, qui proviennent du palmier raphia et deviennent rabane une fois tressées. On le trouve aussi dans l’habillement traditionnel ou akanjobe.

Dextérité artisanale malgache.

Le sisal, le jute, la paille, le jonc ou penja, la fougère dite rangotra, le viha (plante marécageuse endémique de la côte Est également appelée oreilles d’éléphant), et le fontsy (tronc du ravinala) sont toutes des fibres utilisées dans l’artisanat de la côte Est. Toutes ces productions sont proposées auprès des bazary kely et bazary be, les principaux marchés de la ville.

28


Traditionnellement, les hommes portaient le akanjo be rafia qui est une chemise de raphia tissée finement et de couleur unie qui couvre les épaules et descend jusqu’au bas des jambes. Le sadika, un tissu ingénieusement enroulé autour de la taille et entre les jambes, ou le kitamby, pagne dont le bas est orné de rayures. Ils portaient également un satrobory, sorte de chapeau en paille. Les femmes quant à elles, portaient une tunique de raphia appelée simbo ou sikina. Celle-ci couvrait la poitrine et descendait jusqu’au bas des jambes. En guise d’accessoires, une ceinture en tissu, appelée hetra était nouée à la taille, le sakindra en guise d’écharpe et un chapeau qui l’accompagnaient partout. Le simbo ou salovana peut également être fait d’un tissu en coton appelé soga. Il est cousu sur le côté, ne laissant que deux ouvertures permettant d’être enfilé et de créer un pli creux devant. Le simbo est porté par les dames aussi bien lors des fêtes que pour le quotidien, où il sera plus court. De couleur ou rayés, ils ont laissé place au lambahoany (pièce de tissus imprimé et noué à la taille). A l’heure actuelle, le sadika, porté par les hommes a disparu, laissant lui aussi la place au lambahoany. Un autre élément vestimentaire masculin est le parla, ce tissu de coton imprimé à grosses rayures qui a l’aspect du akanjo be et du kitamby. Les femmes portent la même tunique que les hommes en dessous du parla, mais avec

Tenues traditionnelles betsimisaraka.

29

HISTOIRE ET CULTURE

L’habillement


une chemise à manche longue et à col dit « Claudine » et boutonné dans le dos, appelée également kazaka tiré du français casaque. Elles portent également le simbo lava, ce tissus en coton porté de la taille jusqu’aux pieds. Rappelons l’importance du satroka ou chapeau. Les chapeaux ‘’satroka’’ Bien que la forme reste souvent la même, il existe certaines variantes de chapeaux notamment en fonction de la matière utilisée, qui varie selon les époques et la localisation de fabrication. Au Sud, par exemple, ce sera d’avantage le port du penja, à base de jonc. Par la suite ce sera le mangaraňa qui pousse également au bord de l’eau, et enfin, le raphia au Nord. Les hommes portent les mêmes chapeaux assez similaires à celui des dames, à la différence qu’ils possèdent, à l’instar des chapeaux Borsalino, un creux sur le dessus et sont dépourvus de rebord. Les parures Lors d’une danse ou d’un spectacle, la parure des femmes est particulièrement importante. Elles se préparent avec soin en se maquillant et en utilisant des coiffures ou taovolo spécifiques aux évènements et aux danses. Le sadodoka, par exemple, est la coiffure portée pour les vakodrazana. A travers la parure, c’est un message que l’on transmet, une image de soi que l’on donne et qui se doit d’être positive. Aussi, on se pare de bijoux voyants car il faut se montrer sous son plus beau jour. Les fleurs ont longtemps constitué l’essentiel de la parure des femmes betsimisaraka, notamment avant l’arrivée des colons. Elles étaient accrochées aux chapeaux ou dans les cheveux. On fabriquait également des bijoux en bois, en raphia, en corne de zébu ou en coquillage alors que de nos jours, on privilégie l’or, l’argent, les pierres précieuses ou semi-précieuses. Les tresses Avoir les cheveux tressés ou miangorandrana a longtemps été la fierté des Betsimisaraka. Les tresses étant portées comme des bijoux, il était auparavant exclu pour un homme de prendre une femme qui ne soit pas tressée.

30


Il existe sept modèles différents de coiffures tressées. En voici quelquesuns dont certains ont une utilisation et une signification propre : Le randrantenany somolaňa est la coiffure tressée réservée aux femmes qui viennent de donner naissance à un enfant. La coiffure permet ainsi de faire comprendre aux personnes qui la croisent qu’elle vient d’accoucher et qu’il ne faut pas la déranger. Les ladintsifotra sont des tresses ordinaires qui se portent au quotidien. Le randramahitsy, se porte au quotidien ou lors de son mariage, par la mariée. Les dodoko ou sadodoka pour les jeunes femmes qui viennent d’enfanter et pour les aînées d’un certain âge. La coiffure est un chignon formé à partir du randramahitsy ou somolaňa. Le siy-dôko qui signifie écailles de poisson, peut aussi bien se porter pour les mariages ou pour le quotidien. Plus les tresses sont fines et plus elles sont adaptées à un événement festif comme le mariage tandis que des tresses épaisses seront davantage portées au quotidien. Lors du 26 juin, jour de célébration de l’indépendance de Madagascar, les femmes de Toamasina défilent avec des tenues traditionnelles et parées de tresses de différentes régions et ethnies de Madagascar.

31

HISTOIRE ET CULTURE

Miangondrandrana de type moderne



Partie III :

TOAMASINA AU QUOTIDIEN


1. SALUTATIONS Les Betsimisaraka sont réputés pour leur solidarité et le respect qu’ils ont envers leurs aînés. Lorsqu’ils se rencontrent, ils se saluent par un Finaritra qui signifie heureux et Manakory qui veut dire « comment allez-vous ? » ou plus communément le « bonjour » avant d’en venir aux nouvelles. Quand ils reçoivent, ce n’est qu’une fois à l’intérieur, alors que l’invité est bien installé, qu’il se permet de lui demander des nouvelles. Dans le cas contraire, l’invité se sentirait mal accueilli. Les rituels de salutation se déroulent autour du café fary confectionnéà partir d’un jus de canne à sucre et le plus souvent en l’absence des enfants.

2. TRANSPORTS De pousse-pousse à cyclo-pousse

Avant l’apparition des pousse-pousse à bras traditionnels à Toamasina, les Européens et hauts dignitaires malgaches étaient transportés sur des chaises à porteurs ou Filanjana. Ce sont les Chinois arrivés à la fin du XIXème siècle qui introduisent le pousse-pousse et l’utilisèrent lors de la construction du canal des Pangalanes pour transporter les matériaux. Ce moyen de locomotion a, durant cette dernière décennie, évolué vers le cyclopousseplus valorisant et moins éreintant pour le tireur. Cette profession est principalement assurée depuis son introduction, par les

Pousse-pousse à bras traditionnel.

34


Le pousse-pousse ou le cyclo-pousse ne sont pas uniquement réservés au transport de personnes et sont aussi employés au transport de marchandises, pouvant supporter jusqu’à 300 kg.

3. MANGER BETSIMISARAKA : LA GASTRONOMIE Des étals à la table

Le riz est la base de l’alimentation des Betsimisaraka et des Malgaches en général, ce dernier figurant parmi les plus importants consommateurs de riz au monde.

Cuisine betsimisaraka auprès du toko.

Le manioc et l’igname sont également appréciés car très consistants et poussant facilement sur ces terres. Ils remplacent le riz en période de disette et particulièrement pour le petit déjeuner. L’huile n’est pas un ingrédient des plus utilisés. Les Betismiaraka la remplacent volontiers par la noix de coco, très riche et parfumée, faiant ainsi de leurs plats des délices gustatifs. Le poissons est fortement consommé, qu’il soit d’eau douce ou d’eau de mer, grâce à l’Océan Indien et au canal des Pangalanes, à proximité. Poulets et canards sont aussi consommés, contrairement au porc, qui, traditionnellement, est fady pour certains Betsimisaraka. Le zébu, pour sa part, n’est consommé que lors des festivités, car il s’agit d’une denrée onéreuse. La cuisine est réalisée au fatapera (petite cuisinière traditionnelle alimentée au charbon de bois) aujourd’hui encore en ville, dans quasiment tous les foyers malgaches tandis que les toko (foyers au feu de bois) sont toujours en usage dans les habitations plus traditionnelles et modestes de périphérie et en campagne.

35

TOAMASINA AU QUOTIDIEN

Antesaka, une ethnie du Sud Est malgache, de plus en plus supplantés par des gens du Sud et des hauts plateaux en quête de travail.



Partie IV :

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL DE TOAMASINA


1. ÉLEMENTS D’ARCHITECTURE DES MAISONS DE TOAMASINA Les « trano falafa » ou maisons en ravinala

L’habitation traditionnelle des Betsimisaraka, communément appelé trano ou maison, est constituée d’une grande pièce unique ou chaque chose, chaque activité et chaque personne a sa place. On y trouve une place pour dormir, une autre pour cuisiner, une autre encore pour manger mais aussi des places réservées aux hommes, aux enfants, aux femmes, aux invités, etc. Les invités de marque doivent s’installer au Nord Est de la maison, la partie Est est utilisée pour recevoir les hommes et les femmes y sont interdites. La femme de la maison est placée près de la cuisine, il lui revient de s’occuper des repas. Les enfants sont placés du même côté.

Maisons traditionnelles betsimisaraka.

38


Selon les fomba ou traditions, un jeune homme qui souhaite se marier doit avant tout construire sa propre maison. Elle ne pourra dépasser celle de son père sinon il devra lui verser une somme symbolique pour avoir sa bénédiction. Il peut réaliser sa maison dès l’âge de 16 ans mais devra avant cela, en construire une en miniature ou en construction similaire simplifiée (un poulailler par exemple) afin de s’entraîner. Pour une jeune fille, ce sera aux parents de lui construire une maison. Lorsqu’elle y sera finallement installée, le père surveillera la maison pendant quelques temps afin de veiller à ce que des hommes n’y entrent pas. Avant tous travaux, le Joro ou rituel est officié par le tangalamena ou l’aîné du jeune homme et reste obligatoire pour obtenir la bénédiction des ancêtres et chasser les mauvais esprits. D’ordinaire, le foyer se trouve dans la maison, ce qui permet à la femme faisant la cuisine de suivre les conversations des hommes. Depuis quelques années, certaines familles préfèrent le placer à l’extérieur sous un petit abri adjoint à la maison. Au dessus de l’âtre se trouve une étagère ou une sorte de grillage faisant office de fumoir et contribuant à la conservation des aliments. Ce type de cases est très présente à Toamasina avant la colonisation en 1896. Un témoignage du XIXème rapporte qu’à Toamasina les cases, en bois ou en bambou, reposent sur des pieux de deux à trois mètres de haut et sont couvertes de longues herbes, de feuilles de palmiers ou de ravinala. Ces maisons sont entourées d’une palissade de pieux. Elles se composent d’une pièce unique sans fenêtres mais avec deux portes qui se font face. Les rares maisons construites dans des matériaux plus solides appartiennent alors aux Créoles, aux Merina ou aux Européens et sont de plus grandes dimensions.

Les cases créoles

Dés le XIXème siècle, les Européens, venant principalement des Mascareignes, se sont installés à Toamasina et ont édifié des habitations de style créole. Ces maisons sont typique de la côte Est mais semblables à celle des autres îles de l’Océan Indien. Elles se retrouvent encore de nos jours, dans des quartiers de Toamasina comme Ampasimazava et Anjoma. D’une grande diversité, elles sont tantôt petites, en bois et aux toits de tôle, tantôt grandes et dites classiques, parfois à tourelles, ou encore modernes en pierre ou en béton.

39

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

La case traditionnelle est construite à partir de végétaux et principalement de ravimpotsy, utilisé pour fabriquer parois, toitures et parfois plancher. Seule la structure est faite de piliers de bois. Ces matériaux sont eux-mêmes rattachés par des liens végétaux, ce type d’habitation est encore visible dès qu’on s’éloigne du centre où les habitations en dur (tôles, béton) sont fortement convoitées. Certaines cases en bois suivent le modèle de celles en ravinala.


Toutes ces cases répondent à de nombreuses caractéristiques de l’habitation créole : une cour, un portail, un plan rectangulaire et une distribution symétrique des salles, une toiture à deux ou à quatre pans pour résister au vents, un jardin, une allée centrale, un escalier, tantôt simple et central, tantôt double et latéral, menant à une varangue parfois fermée ainsi qu’à une ou plusieurs dépendances. La plupart du temps, ces cases sont construites sur pilotis, afin de laisser circuler l’air et éviter l’humidité. Elles sont l’objet d’une décoration soignée : frise ajourée, lambrequin, couleurs déclinées… De nombreuses cases créoles ont résisté au temps, aux insectes xylophages, aux cyclones, aux pluies et aux vents violents toutefois, aujourd’hui elles sont menacées par le manque d’entretien et la spéculation immobilière

Élément d’urbanisme et d’architecture coloniale

C’est en 1896 que Gallieni, premier gouverneur de Madagascar, revoit le tracé de la ville, rompant avec la tradition du village malgache. Différents quartiers sont définis séparant les Européens des Créoles et des Malgaches.

Un exemple de créolisation de maison scandinave, le batiment de l’Alliance française.

40


La Région ou Faritany, pièce maitresse de la reconstruction de la ville, années 30.

Les rues sont redressées, élargies, empierrées, équipées d’un système d’égout et d’éclairage. La rue du commerce, habitée principalement par des réunionnais ou mauriciens devient l’axe principal de la ville. De nouveaux espaces sont dégagés sur les terrains militaires et organisés en damier, laissant place à de larges avenues. De nombreux aménagements sont engagés pour que Toamasina devienne la principale porte d’entrée de la grande île, en lien avec les plateaux, la capitale, la côte Est et la métropole. En 1901, la construction d’un chemin de fer reliant la côte Est à Antananarivo est inaugurée, Toamasina accueille le chemin de fer en 1913. Le long de la côte Est, sur 800 km, sont lancés les travaux du canal de Pangalanes pour faciliter le transport des marchandises destinées à la métropole. Mains d’oeuvres locale et étrangères sont sollicitées pour la réalisation de ces grands travaux. Indiens, Chinois, Mauriciens, Comoriens, Yéménites, Égyptiens ou NordAfricains sont employés à Toamasina et participent à la construction de la ville.

41

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

En 1898 et 1899, deux épidémies de peste ravagent la population. Le gouverneur général décide de remodeler entièrement la cité, d’intégrer les principes hygiénistes en vigueur pour rendre Toamasina salubre. Un plan orthogonal est adopté, fixant au Nord les quartiers réservés aux Européens, aux fonctionnaires et aux militaires, au Sud les malgaches.


Les autorités coloniales souhaitent également doter la ville d’un centre administratif et commercial adapté à la colonisation de la côte Est. Elles favorisent l’installation d’Européens et le développement de cultures d’exportation. Un jardin d’essai est inauguré à cet effet, pour y tester l’implantation de fleurs, d’arbres et de plantes tropicaux, le parc de l’Ivoloina. On souhaite également doter la ville d’infrastructures portuaires ambitieuses, plusieurs projets sont déposés mais le cyclone de 1927 remet en cause tous les plans d’extension de la ville. En 1927, la ville est détruite à 80 %, un nouveau plan d’aménagement est proposé regroupant les bâtiments administratifs, le tribunal, l’hôtel de ville, la poste, le trésor public, des écoles et des logements de fonctionnaires. L’ancien champ de course, perpendiculaire au boulevard Joffre est totalement remodelé pour constituer une grande artère, aujourd’hui l’actuelle avenue de l’Indépendance. Les bâtiments de la gare sont réorientés dans l’alignement de ce futur axe majeur de la nouvelle ville de Toamasina. Au Nord et en direction de la pointe Tanio, est prévue la construction de casernes, d’un hôpital et de lotissements avec jardin pour la population européenne. Les Mauriciens et Réunionnais de la ville usent de la solidarité communautaire pour récolter des fonds et reconstruire maisons et commerces. L’architecte Jean Henri Collet de Cantelou, responsable de la reconstruction de la ville, propose d’inscrire le projet dans la modernité par l’emploi du béton armé, la standardisation des ouvrages et des éléments de construction. Une typologie d’ouvrages standard est déterminée tels écoles, hôpital, commissariat, logements, gare, réfectoire, bâtiment administratif ou technique, pouvant être reproduits à l’identique dans toute l’île. Pour cet architecte, l’art de bâtir demeure avant tout une œuvre de propagande. Il souhaite faire de Toamasina « la ville du génie impérial français » Le projet d’un port de batelage est abandonné au profit d’un site en eau profonde à la pointe Hastie. Un consortium franco-allemand est chargé de réaliser ces aménagements et inaugurer le port en 1933. La question de la main d’œuvre défaillante et en nombre insuffisant est en partie

42


Après la seconde Guerre mondiale, de nouveaux édifices marquent l’évolution de la ville, des hôtels, des cinémas, dont le Rio et le Ritz sont édifiés. La ville s’étend vers l’Ouest et le Nord avec le développement de nouveaux quartiers : cité nouvelle, cité Ottino, Tanamakoa, Valpinson, ainsi qu’un nouveau marché, le bazary kely, inauguré en 1955.

Architecture et Indépendance

En 1960, Madagascar recouvre son indépendance, les nouvelles autorités souhaitent rompre avec l’urbanisme colonial. Un nouvel hôtel de ville est construit face à l’océan, devant la gare des Manguiers. On souhaite ainsi placer la municipalité au centre de l’avenue de l’Indépendance, cacher la gare de chemin de fer, incarnation de la modernité importée par la puissance coloniale. D’autres opérations de lotissements sont engagées pour loger les nouveaux fonctionnaires malgaches. Aujourd’hui, les bâtiments des années 1960 sont décriés et dépréciés. Ils subissent durement les dégradations et l’écoulement du temps. Ils sont pourtant représentatifs d’une architecture résolument moderne s’inscrivant dans une politique de développement. Avec la révolution de 1972, les intérêts français sont menacés, plusieurs familles et entrepreneurs quittent l’île. Certaines villas et immeubles sont abandonnés, d’autres réinvestis ou détruits. Dans le milieu des années 70, une coopération avec la Chine communiste et la Corée du Nord est inaugurée par le gouvernement de Didier Ratsiraka, le Palais des Enfants pionniers et le Centre Régional de la Jeunesse et des Sports (CRJS) en sont les derniers témoins. Depuis 1977, Toamasina est le deuxième centre universitaire du pays. Il est implanté sur le site de Barikadimy. L’Université de Toamasina regroupe plusieurs milliers d’étudiants, son « demi-tonneau », un amphithéâtre de plusieurs centaines de places trône au milieu du campus. La crise de 2002 ravive l’esprit rebelle de la ville opposée au pouvoir central d’Antananarivo. Toamasina garde cette image mais souhaite développer de

43

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

résolue par le SMOTIG, le Service de la Main-d’œuvre des Travaux publics d’Intérêt Général. Malgré les nombreuses critiques, le recours au travail forcé permet à l’administration coloniale de disposer d’effectifs suffisants et à moindre coût sur les chantiers de la ville nouvelle. La reconstruction est définitivement achevée à la fin des années 30 par la réalisation du lycée technique, de la maison de retraite (1935), de la piscine municipale et du stade (1937).


nouveaux atouts. Avec plus de 300 000 habitants, elle est toujours la seconde ville du pays et le premier port de l’île. Ses activités économiques font d’elle une cité ouverte tournée vers l’importation, l’exportation et le tourisme. Toamasina dispose d’une vaste gamme d’hôtels offrant une halte confortable avant de découvrir les environs. Des paquebots de croisières y font régulièrement escale permettant aux touristes d’apprécier les charmes du parc naturel d’Ivoloina, des stations balnéaires de Foulpointe, de Sainte Marie et les excursions sur le canal des Pangalanes.

Le Port, cœur économique de la ville.

© Ambatovy/Rix-2012

L’avenir de Toamasina reste lié aux activités commerciales, à son port, à l’exportation de produits industriels et agricoles de la côte Est comme la vanille, le girofle, les litchis, le bois, etc. et devrait lui permettre d’honorer sa devise : « Furente Procurat Vento : les vents lui donnent toute force. » «Lakana tsara voha, mahafa’onja».

44


45

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL


46

ZONE 3 ZONE 4

ZONE 1

ZONE 2

Légende

MUSÉE

ZONE 5

L’urbanisme de Toamasina est caractéristique des villes coloniales et des villes neuves du XIXème siècle ; Son architecture présente un exemple unique de reconstruction selon les principes de standardisation des années 30.

2. CARTE ET PLAN DE LA VILLE


47

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL


3. TOAMASINA, D’UN LIEU A UN AUTRE ZONE 1 et 2 : Autour de la vieille ville ZONE 1 : Le quartier d’Ampasimazava Cette zone est la partie la plus ancienne de Toamasina. C’est dans cette partie dite la pointe Hastie que les premiers villages de pêcheurs se sont implantés. On y trouve les plus anciennes rues autour de ce qui était le cœur de la ville du XVIIème et XVIIIème siècles.

48


Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : École franco-chinoise réservée aux enfants de la communauté cantonaise. Le bâtiment a été construit grâce aux dons de la communauté chinoise. Fonction actuelle : L’édifice est toujours une école mais ouverte au plus grand nombre.

2. Ancienne maison de la météorologie Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Ici se déroulait l’étude des phénomènes atmosphériques et météorologiques. Fonction actuelle : Habitation.

3. Musée du port Construction : Entre-Deux-Guerres. Cet ensemble reprend le style architectural des bâtiments du service public comme le bâtiment des impôts, le service de la voirie ou encore le service des douanes avec des ouvertures cintrées au niveau inférieur et rectangulaires au niveau supérieur accompagnées de colonnes de part et d’autre des baies. Ce petit musée possède une riche collection de photographies et de documents anciens retraçant l’histoire du port et de la ville. Horaires d’ouvertures : Lundi au mardi de 8h à 11h et de 15h à 17h.

4. Résidence des cadres du port Construction : 1930. Fonction initiale : Logement de haut fonctionnaire français du port rétrocédés à l’administration malgache après l’Indépendance. La présence de hublots rappelle l’élément maritime. Des ouvertures cintrées et rectangulaires sont visibles comme dans de nombreux édifices de Toamasina de l’Entre-Deux-Guerres.

49

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

1. Collège de la congrégation chinoise


5. Ancien bâtiment des colis postaux Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Ce bâtiment fut édifié par l’administration française pour acheminer les colis postaux. Il en fut ainsi jusqu’en 2008 où il devint un simple entrepôt pour les établissements Tiko.

6. Ancienne Compagnie marseillaise de Madagascar Construction : Initialement installée fin XIXème puis reconstruite en 1927. Ce bâtiment abritait une grande société d’importexport, la Compagnie marseillaise de Madagascar spécialisé dans le commerce des épices. En 1972, le bâtiment devint la propriété de la société d’état malgache d’import-export « Tranombarotra ROSO ». Depuis les années 90, avec le retour de l’économie de marché, il est à l’abandon.

7. La poste Construction : Bâtiment initial fin XIXème. Reconstruit en pierre après le cyclone 1927 et rénové en 2006. Ce bâtiment est le premier bureau de poste de Toamasina et abrite toujours les services postaux de la « Paositra Malagasy».

8. Ancienne maison maritime Construction : Entre-Deux-Guerres. Reconstruite Entre-Deux-Guerres et repeinte autour de 2008. La maison maritime accueillait, durant la colonisation, les bureaux de la gestion du port. Aujourd’hui le bâtiment héberge la Société de Manutention et des Marchandises Conventionnelles ou SMMC, qui appartient à l’État malgache. Elle s’occupe des opérations de débarquement et d’embarquement des marchandises non conteneurisées.

50


Construction : Mai 1888. Le Comptoir national d’Escompte de Paris ou CNEP est l’une des quatre banques à l’origine de BNP Paribas. Fonction actuelle : Bank of Africa ou BOA

10. Chambre de Commerce Construction : Après le cyclone de 1927 fut édifié, le bâtiment de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toamasina, à l’emplacement de l’ancienne résidence du gouverneur français. Fonction actuelle : Chambre de Commerce de Toamasina.

11. L’entrepôt FAKRA Construction : 1883. Racheté après 1880 par la famille FAKRA, d’origine indienne et initialement exportatrice d’épices. Fonction actuelle : ce bâtiment sert toujours à conserver et à conditionner les épices destinées à l’exportation et notamment le girofle.

12. Recette des Douanes Construction : Entre-Deux-Guerres. Ce bâtiment a de tout temps été utilisé par l’administration française ou malgache, pour conserver les hypothèques maritimes. Ce bâtiment possède une succession d’arcades supportées par des colonnes tout le long de la façade principale, ce qui lui confère une certaine élégance.

13. Club nautique Construction : Années 1950. Bien que cet ensemble ne comporte rien de notable au niveau architectural, le club nautique était le lieu de rendez-vous de la jeunesse dorée de Toamasina, principalement européenne. Il est aujourd’hui un centre de loisirs et sportif omnisports.

51

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

9. Du Comptoir national d’Escompte de Paris à la BOA


14. Ancien hôtel Continental Construction : Réalisé en bois à la fin du siècle, reconstruit après 1927, en pierre et béton. Hôtel renommé et fréquenté par les hautes sphères de la société durant la colonisation puis par les militaires malgaches après l’Indépendance, il devient par la suite le lieu d’habitation des coopérants français. Gallieni y a séjourné en 1905 avant de quitter définitivement Madagascar. Fonction actuelle : Il a été totalement démoli en 2009

15. Ecole Saint Joseph pour filles Construction : 1862, école initialement en bois, elle fut rénovée dès 1911 et agrandi vers 1950. Fonction actuelle : Elle est toujours une école catholique réservée aux filles.

16. Cathédrale Saint Joseph Construction : Erigée en bois en 1876 elle est reconstruite après le cyclone. Inaugurée en 1932, elle devint Cathédrale en 1955. Cet édifice religieux fut la première église catholique de Toamasina. Sa croix en fer forgé a été rénovée en 2008 par les descendants du forgeron qui l’avait réalisée. Elle a été réinstallée à Toamasina en avril 2012.

17. Ecole Saint Joseph pour garçons Construction : 1869. Fonction : École catholique réservée aux garçons. L’architecture de ce bâtiment est, très proche de celle que l’on peut voir avec le ministère de l’industrie et de l’artisanat cité plus haut. S’y retrouvent deux niveaux dont le premier est doté de baies cintrées et le deuxième de baies rectangulaires soutenues par des colonnes jumelées. Un espace de circulation qui peut être associé à une varangue est visible sur les deux niveaux. Fonction actuelle : Ecole catholique mixte.

52


Construction : En bois en 1888, reconstruite en dur en 1930. Fonction : Elle ne comportait initialement qu’une salle de prières. Mosquée dotée d’un minaret, elle est depuis 1954, une mosquée sunnite.

19. Mess des civils Fonction initiale : Hôtel, cercle de rencontre, lieu où se retrouvaient à partir de la fin du XIXème siècle les notables pour leurs repas et leurs moments de détente. Fonction actuelle : Ministère des transports.

20. Auximad Construction : Milieu du XXème siècle, par l’entrepreneur Ottino. Fonction : La société Auxiliaire maritime de Madagascar ou Auximad est basée à Madagascar depuis 1952. Son activité principale est la consignation de navires, le transit, la manutention et l’entreposage. D’un style architectural moderne, le bâtiment est d’apparence massive. Les brise-soleils sont particulièrement soignés et font du bâtiment une œuvre remarquable.

21. Compagnie lyonnaise de Madagascar Construction : Reconstruite Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Bureau de la Compagnie lyonnaise de Madagascar, d’import-export. Fonction actuelle : Le bâtiment accueillait un restaurant, il est actuellement en attente d’activité

53

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

18. Mosquée


22. Place Bien Aimé Fonction initiale : Village d’Ampasimazava, cœur de Toamasina et lieu de cultes malgaches, ancien camp militaire. Fonction actuelle : Espace vert public et boulodrome. Lors de la colonisation, le village malgache est remplacé par un camp militaire, un camp de transit pour les travailleurs du chemin de fer et du canal des Pangalane. Le lieu est transformé en espace vert, des banians, ficus religiosas ou figuier pagode sont plantés à partir des années vingt. Ils ont la particularité de présenter des racines aériennes, des lianes qui au contact du sol durcissent.

23. Maison du crédit foncier Construction : XIXème siècle. Fonction initiale : Banque du crédit foncier. Fonction actuelle : Entrepôt d’épices. Construite sur le modèle des cases en pierre et en bois, sur pilotis avec une varangue à l’étage longeant tout le bâtiment. Cet édifice est un bel exemple d’interprétation de l’architecture créole, malheureusement en ruine.

24. Ancienne place du marché Fonction initiale : Première place du marché de la ville, abandonnée au profit du Bazar be après l’épidémie de 1898 et transformée en place publique et transformé en espace vert. Fonction actuelle : Laissée à l’abandon, elle est devenue un espace de stationnement pour les camions. Depuis juillet 2012, elle a été restituée au quartier d’Ampasimazava.

25. Apostolat de la mer Fonction initiale: Premier centre catholique chinois jusqu’en 1953. Celui-ci a été vendu à l’apostolat de la mer en 1976, une organisation catholique internationale visant à accueillir et soutenir les pêcheurs, les marins et leur famille. Cet établissement accueille également l’association FIVAPAMINA, créée en 1981, qui soutient les femmes de pêcheurs en leur permettant de produire et de vendre de la vannerie. Le jeudi et le samedi matin, on peut assister à la confection et à la vente de cet artisanat.

54


Le boulevard Joffre est situé au cœur de cet espace et représente un des boulevards les plus animés de la ville. Plusieurs édifices remarquables, hôtels, restaurant, boutiques rythmes la promenade.

55

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

ZONE 2 : Autour du boulevard Joffre


1. Alliance Française Construction : Érigée par la famille Bang en 1885, le bâtiment est cédé à Alliance Française en 1985, avec pour obligation d’entretenir le bâtiment et de préserver son aspect original. Cette contrainte pose aujourd’hui quelques difficultés, les ouvriers qualifiés pouvant entreprendre l’entretien d’un tel bâtiment se font de plus en plus rares. Ce bâtiment est toutefois un bel exemple de créolisation d’une maison de Scandinavie dont était originaire la famille Bang.

2. Place de la colonne Construction : Le monument de la colonne a été érigé en 1919 en l’honneur des soldats morts durant la conquête coloniale et la Première Guerre Mondiale. Fonction : Cette place a été successivement un champ de manioc, un cimetière, un espace de commémoration et actuellement un espace vert. Il y a en réalité trois places sur cet espace : la première accueille la colonne, des canons renversés une lourde châine et des plaques commémoratives. La colonne brisée est traditionnellement attribuée aux francsmaçons, fortement impliqués dans la colonisation de la ville et du pays. A l’indépendance de Madagascar, une plaque commémorative en l’honneur des victimes de 1947 a remplacé celle des soldats français. La seconde place, située près du boulevard Joffre, possède un kiosque à musique, sur lequel les orchestres militaires rythmaient les défilés. La troisième est située de l’autre coté du boulevard Joffre et regroupe un poteau rituel ou fisokina.

3. Hôtel Joffre Cet hôtel réalisé dans l’Entre-Deux-Guerres représentait l’établissement le plus luxueux de la ville. Les deux étages dotés de varangues protégées du soleil, rappellent le passé colonial du boulevard. L’établissement a été rénové et se compose actuellement de deux ailes organisées autour du vieil édifice.

56


Construction : Autour des années 1930, rénové aux environs de 2007, démoli en 2012. Fonction : Initialement cinéma, ayant abrité le magasin de meubles Courts, et bientôt une banque. Autrefois, ce bâtiment aux airs de navires accueillait le plus grand cinéma de Toamasina, le Rio.

5. Bazary Be Construction : En 1899 par l’entreprise Zotier à la demande de l’administration coloniale française. Fonction : Marché couvert. Ce marché couvert pittoresque est très prisé des visiteurs. Ses étals regorgent de fruits, légumes, artisanats. Son agencement fait qu’il est assez facile de s’y déplacer.

6. Librairie FAKRA Construction : XIXème siècle. Fonction initiale : Habitation en bois, transformée et rénovée depuis les années 60. Fonction actuelle : Librairie ouverte depuis la fin des années 70 par la famille Fakra. Une famille indienne installée à Toamasina depuis la fin du XIX ème et dont l’activité initiale est le commerce des épices.

7. Maisons d’influences chinoise et indienne Le long du boulevard Joffre, deux maisons caractéristiques de l’influence chinoise et indienne se font face. A gauche, une épicerie chinoise et à droite, un ancien logement de marins et de voyageurs, la Casa Maria. A noter la multitude de petites ouvertures et les versets du Coran sur le fronton.

57

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

4. Ancien cinéma Rio


9. La goutte de lait Construction : 1915, reconstruite en 1928 puis rénovée en 2010 avec le soutien de la Croix-Rouge française. Fonction initiale : Lieu où les femmes et les enfants de soldats malgaches pouvaient recevoir du lait et de la nourriture gratuitement.

10. Eglise Notre Dame de Lourdes Construction : Initialement en bois, en 1925, l’église fut ravagée par le cyclone du 3 mars 1927 et reconstruite en dur par la suite. La charpente métallique a été installée en 1929 tandis que la dalle du en béton date de 1948 à 1951.

58


Cette partie de la ville fut construite dans les années 1930. Elle fait partie du plan de reconstruction instauré par le service de l’architecture et de l’urbanisme de Toamasina dirigé par Henri Collet de Cantelou. S’y trouvent essentiellement des bâtiments du service public et des logements pour les fonctionnaires français commandés par l’administration française avec une unité architecturale jamais observée auparavant. Cette zone présente une unité architecturale jamais observée auparavant dans la cité.

59

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

ZONE 3 : Autour de l’avenue de l’Indépendance


1. Ancien cinéma Ritz Construction : Après la Seconde Guerre mondiale. Fonction actuelle : Laissé à l’abandon, depuis 1985 environ. Il a incarné pendant des années un espace de liberté et de divertissement pour la jeunesse de Toamasina, bel exemple de cinéma urbain, dont la façade est alignée sur la rue. Il existe quelques cartes postales montrant la façade, avec ses commerces à l’angle et ses habitations sur la rue perpendiculaire.

2. Banque BFV-SG Construction : Entre-Deux-Guerres. Ce bâtiment accueille dès sa construction la Banque de Madagascar, la première banque malgache de Toamasina. L’édifice présente une décoration d’inspiration Art Déco avec des colonnades imposantes à l’entrée de l’édifice. Fonction actuelle : Banque BFV-SG.

3. Banque centrale Construction : 1977. Fonction : Agence de la Banque centrale de Madagascar à Toamasina, depuis sa création. Le bâtiment observe une architecture de type soviétique ou socialiste, identique à celle érigée à Antananarivo. Ce style, massif et imposant, mets en exergue la puissance du collectif face à l’individu.

4. Trésor Public Construction : Entre-deux-guerres. Fonction : Trésor public. Les brise-soleil visibles de part et d’autre de la façade sont des éléments récurrents dans l’architecture de Toamasina à cette période. Ils se retrouvent sur d’autres édifices d’époque alentours.

60


Construction : Première partie en 1935. Il est une des pièces majeures du projet de reconstruction de la ville de Toamasina. Le soin apporté à l’escalier, les céramiques, les sols et la salle des fêtes témoignent d’une volonté d’en faire la pièce maitresse de la reconstruction de la ville. Fonction actuelle : Le bâtiment accueille les bureaux des services publics de la région et du chef de région, il abrite de nombreuses directions régionales dont celles de la communication et de l’immigration. Aussi appelé « Faritany » qui signifie « Région ».

6. Circonscription scolaire de Toamasina Construction : 1935 par l’entreprise LEDAN. Fonction initiale : Établissement scolaire Maurice Guyot. Fonction actuelle : Circonscription scolaire de Toamasina. Les barrières, les croisillons et les formes géométriques sur la façade sont les éléments récurrents de l’architecture de la reconstruction de Toamasina après 1927. Nous les retrouvons sur le palais de la région, la gare, le tribunal, les résidences. Ils représentent la signature de l’architecte Henri Collet de Cantelou.

7. Statue de la déesse de la mer du Sud Construction : 1953. Sculpteur: Albert Le Clerc. Statue de bronze réalisée par la fonderie Regodard.

8. Service topographique Construction : Entre-deux-guerres. Fonction : Service topographique de la ville depuis la création du bâtiment mais également logement. Nous pouvons noter la présence de brise-soleils quelque peu différents de ceux du bâtiment du trésor et qui lui donnent un charme particulier. Le bâtiment a accueilli les services de la topographie et les logements de fonctionnaires. Il a été transformé en un centre de formation et de pôle emploi.

61

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

5. Palais de la Région Atsinanana


9. Poste Construction : 1952 Fonction : Poste centrale. Ce bureau de poste est complémentaire de la poste centrale de la rue du commerce, plus fréquentée. Par son style architectural ce bâtiment rompt avec ceux qui lui font face bien qu’il possède une varangue au premier niveau.

10. Tribunal Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction actuelle : Le bâtiment du Tribunal de première instance de Toamasina a été construit par l’entrepreneur Lasnier selon les plans de Henri Collet de Cantelou en 1932. Cette partie du tribunal accueille également la Cour d’appel.

11. Ancienne résidence de fonctionnaires européens Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Logement de fonctionnaires français durant l’époque coloniale. Fonction actuelle : Centre d’informations sur le sida. Au vu de la composition architecturale de cette structure, simple et sans étage, elle était destinée à un cadre moyen de la fonction publique.

12. Place de la République Construction : Début XXème. Cette place était autrefois la place Gallieni, on y trouvait le buste du général en souvenir du premier gouverneur général de France à Madagascar. Elle fut baptisée Place de la république le 14 octobre 1968 en souvenir du 10ème anniversaire de la proclamation de la République de Madagascar.

62


Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Résidence du maire de Toamasina Fonction actuelle : Maison de la coopération. Cette maison fait partie du plan de reconstruction du camp des manguiers (n° 11, 13, 14, 15), regroupant quatre autres édifices. L’agencement interne et l’apparence externe en font un élément visible de la rue qui traduit la volonté de marquer le paysage de la présence de cette autorité publique. Elle est réalisée par l’entrepreneur Lasnier, sur les plans du service dirigé par Henri Collet de Cantelou.

14. Ancienne résidence de fonctionnaires européens Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Résidence de fonctionnaires français. Fonction actuelle : Résidence de particuliers. Construite sur deux niveaux, elle est agrémentée d’une varangue qui longe les différentes façades. Cette habitation est le témoin du cadre de vie privilégié de la population européenne de l’époque coloniale.

15. Ancienne résidence de fonctionnaires européens Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Résidence de fonctionnaires français Fonction actuelle : Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO) Nous retrouvons sur cet édifice les croix et la clôture en béton comme sur l’ensemble des bâtiments publics reconstruits après 1927.

16. Ancienne piscine municipale Construction : 1938. Commanditaire : L’administration française. Fonction initiale : Première et seule piscine municipale de l’époque. Fonction actuelle : Restaurant « le bateau ivre ». Lieu de rendez-vous prisé par la jeunesse de l’époque, elle est laissée à l’abandon de 1975 à 1996 où elle est transformée en restaurant.

63

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

13. Ancienne résidence officielle du maire


17. Stade municipal Construction : Entre-Deux-Guerres, inauguré en 1937. Fonction : Stade municipal. L’inauguration du stade permet à la ville de compléter ses infrastructures de loisirs et d’apparaître ainsi comme une ville de villégiature complète. Le stade devient rapidement le lieu de grandes rencontres sportives et de rassemblements festifs.

18. CEREL Construction : 1940 -1950. Fonction : Centre d’Études et de Recherches Ethnologiques et Linguistiques. Le CEREL ou Centre d’études et de recherches ethnologiques et linguistiques abrite également le Musée régional de l’Université de Toamasina.

19. Cisco Toamasina II Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Résidence de fonctionnaires européens. Fonction actuelle : Bureau administratif. Ce bâtiment porte tous les éléments les éléments architecturaux caractéristiques de cette période : utilisation du béton, construction sur deux niveaux, ouvertures cintrées en bas et rectangulaires en haut, présence de la varangue, de la barrière en béton devant l’édifice et des motifs en forme de croix.

20. Ancienne résidence de fonctionnaires européens Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction actuelle : Direction inter-régionale de la sécurité publique. Le style architectural est identique aux bâtiments 5, 11, 13, 14, 15, 19 et 21 de la zone 3 et correspond au plan de reconstruction standardisé établi par Collet de Cantelou. Destinée à des fonctionnaires, cette construction fait patrie d’un ensemble architectural homogène.

64


Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiale : Logement de fonctionnaires européens. Fonction actuelle : Bâtiment administratif de l’Etat malgache. Ici se retrouvent une nouvelle fois, des caractéristiques visibles à d’autres endroits de la ville : cadres, fenêtres en métal percées de formes géométriques ou plan polygonal.

ZONE 4 et 5 : De la mairie vers la pointe Tanio ZONE 4 : Autour du boulevard de l’OUA Cette zone s’inscrit dans le prolongement de la précédente et présente des édifices réalisés à la même période.

65

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

21. Bâtiment administratif


1. Canon du roi Jean-René Découvert en 1998. Il fut caché par Jean-René lui-même lors de la venue de Radama Ier à Toamasina, en 1817 afin d’éviter les conflits avec ce dernier. À ses côtés se trouve une pierre appelée Vatolahy, en provenance de Fanasana érigée en 1963.

2. Hôtel de Ville Construction : Inauguré le 15 décembre 1962, l’Hôtel de ville est l’œuvre d’un architecte italien et s’inscrit dans le mouvement architectural des années 60. Sa position sur l’avenue répond au souhait du maire de l’époque, Alexis Bezaka (un combattant nationaliste de 1947) d’inaugurer une nouvelle monumentalité et de rompre avec l’urbanisme colonial.

3. La gare des Manguiers Construction : La ligne ferroviaire TCE « TananariveCote-Est » est achevée en 1913. La gare des manguiers n’est achevée qu’en 1936. L’entrepreneur Marius Brossette est chargé de la réaliser dans le respect de l’esprit de son concepteur, Henri Collet de Cantelou. Elle présente toutes les caractéristiques des édifices de la reconstruction de Toamasina.

4. Foyer de l’église et de l’école James Seth Construction : Entre-Deux-Guerres, rénovée en 2005. Fonction initiale : Le bâtiment placé, entre l’église et l’école James Seth fut la première école anglicane de Toamasina. Fonction actuelle : Aujourd’hui, et depuis l’agrandissement de l’école en 1974, l’ancienne école est devenue le foyer de l’église où se déroulent les fêtes, les chorales, et autres activités confessionnelles.

66


Construction : Reconstruite en dur après le cyclone de 1927, rénovée en 2010. Nous pouvons observer les brise-soleil semblables à ceux des autres bâtiments de l’avenue de l’Indépendance.

6. Ministère de l’économie et de l’industrie Cette construction est représentative de l’architecture développée par l’administration malgache après 1960. Elle rompt avec l’homogénéité architecturale des années 30 de l’avenue.

7. Maison créole Construction : Entre-Deux-Guerres. Voici un exemple de maison créole, l’habitat typique des créoles de Toamasina à la fin du XIXème siècle. Elle repose sur pilotis, possède un toit à plusieurs pans, un escalier central, une varangue, un jardin, etc.

8. Cité des douanes Construction : Entre-Deux-Guerres. Fonction initiales : Résidences de fonctionnaires français. Fonction actuelle : Résidences de particuliers. Ce bâtiment s’intègre dans un ensemble résidentiel autrefois réservé aux fonctionnaires de l’administration française.

67

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

5. Eglise anglicane Santa Jakoba ou Saint Jacques


9. Palais des enfants pionniers Construction : Années 1970. Fonction initiale : Salle de conférence offerte par la Corée du Nord Fonction actuelle : Salle de cinéma et de spectacles occasionnels. Le bâtiment rappelle fortement l’architecture des temples romains avec son plan rectangulaire, son portique octostyle, qui est un porche possédant une rangée de huit colonnes qui supporte un entablement et un fronton triangulaire.

10. CRJS Construction : Années 1970. Fonction : Maison abritant les radios et télévisions locales ainsi que la télévision régionale publique. C’est le Centre régional de la jeunesse et des sports. Il abrite un complexe sportif omnisports, une piscine olympique et accueille de nombreuses activités culturelles.

11. Bazary kely Construction : 1955. Fonction : Marché. Les brise-soleil sont les éléments les plus visibles sur cet édifice. Bazar Kely signifie « petit marché », mais il est en réalité le plus grand de Toamasina. C’est d’ailleurs ici que s’approvisionne la majeure partie des vendeurs du Bazar Be.

68


: La ville neuve

Cette dernière partie de la ville est essentiellement aménagée sous la forme de lotissements ou de cités-jardins. Certains édifices sont en mauvais état, ils sont néanmoins le témoin d’un passé prestigieux.

14 13

12 15

3

4

11

1 2 9 8

10

6 5

7

69

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

ZONE 5


1. CEG Radama Ier (Collège d’Enseignement Général) Construction : Début du XXème siècle. Fonction: Cet établissement fut le premier collège public de Toamasina. Il est orné de brise-soleil en béton sur toute la longueur de la façade mais également sur les deux niveaux. La forme générale du bâtiment s’inspire de celle d’un navire doté d’une magnifique rotonde dont on vantait autrefois l’aspect novateur.

2. EPP la Marne (École Primaire Publique) Construction : Première moitié du XXe siècle. Fonction : Établissement scolaire public. Commentaire supplémentaires : Ce bâtiment est construit tout en longueur avec un balcon et des brise-soleil protégeant le rez-de-chaussée. On peut remarquer également des pierres de taille couvrant certaines parties de l’édifice tout comme nous pouvons le voir sur certaines maisons privées de l’époque.

3. Cité Jean Bossu Construction : 1950. Située entre la rue de la Marne, la rue Jean Jacques Rousseau et la rue Lecomte de l’Isle, la cité Tanamakoa est une des premières réalisations de Jean Bossu à Madagascar. Cette cité jardin réalisé selon les principes développés par la suite à La Réunion est une interprétation de la case en béton. Cette esquisse architecturale permet à l’auteur d’engager une grande carrière de bâtisseur à la Réunion.

4. Lycée technique et professionnel Construction : Bâti dans les années 1930, dans le cadre du plan de reconstruction de la ville après 1927. Fonction : Cet établissement est le premier lycée technique public de la ville. On y retrouve les mêmes éléments de décoration des bâtiments administratifs du centre ville, l’emploi du béton, des brises soleil et des croix en béton moulé sur les façades et les barrières.

70


Construction : Entre-deux-guerres. Fonction : Cité résidentielle des militaires de l’époque coloniale, elle devient, à l’indépendance, celle de l’armée malgache. La nomination initiale «Camp Gallieni» a été conservée jusqu’à aujourd’hui. Des brise-soleil sont visibles sur le porche du bâtiment central, identiques à ceux de l’ensemble des bâtiments reconstruits après le cyclone de 1927.

6. Service de la voirie Construction : Entre-deux-guerres. Les bâtiments du bureau du service de la voirie présentent toutes les caractéristiques des bâtiments issus de la reconstruction : béton, pilotis, varangue, colonnes, arcades, etc. Sur le même trottoir en direction de l’avenue Labourdonnais, nous trouvons la maison natale du chanteur Antoine, dont le père assura les fonctions de directeur de la voirie, dans les années 40.

7. Ancienne Maison Orientale française Construction : Après Seconde Guerre mondiale. Commentaires : Cette maison reconstruite dans les années trente est d’inspiration orientale. L’architecte, italien qui la réalise pour le compte d’un commerçant indien s’inspire de l’architecture arabo-musulmane. Nous pouvons remarquer la présence des arcs en ogive et une organisation autour d’un patio central. Par ailleurs, plusieurs éléments de l’architecture créole s’y retrouvent : un escalier central à double entrée, la surélévation par des pilotis donnant au rez-de-chaussée la fonction d’entrepôt, une varangue sur les quatre façades. En continuant vers le boulevard Joffre, sur la gauche, nous pouvons observer une autre interprétation de l’architecture créole datant des années 50, sans doute inspirée des travaux de Jean Bossu.

8. Résidence privée réhabilitée Construction : Années 30. Fonction : Bel exemple de villa implantée dans le quartier résidentiel réservé aux Européens, organisé en cité-jardin. Surélevé et agrémenté de colonnes, l’édifice est une interprétation de la villa créole de l’Entre-Deux-Guerres. Ce bâtiment est un bel exemple de réhabilitation et de protection du patrimoine architectural par l’implantation d’un restaurant.

71

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

5. Camp Gallieni


9. Ancienne résidence de fonctionnaires européens Construction : Années 1950. Fonction : Cette résidence est représentative du style architectural qui s’épanouit à Toamasina au milieu du XXe siècle. Le bâtiment est agrémenté d’un escalier latéral, de brise-soleil en béton et des éléments décoratifs de pierres apparentes au rez-de-chaussée.

10. Villa Basque Construction : Entre-deux-guerres. Fonction : Résidence de particuliers qui présente les caractéristiques des maisons du pays basque (de Navarre) à savoir un balcon suspendu, la dominance des couleurs rouge et blanche, un toit à deux pans, un colombage, de petites fenêtres et un portail entouré de pierres de taille. Ces maisons font partie d’un ensemble de plusieurs maisons de ce type dont nous pouvons retrouver la trace dans la ville et le long du front de mer.

11. Ancienne résidence du gouverneur Construction : Après le cyclone de 1927. Fonction initiale : Ancienne résidence du gouverneur français de Madagascar, elle sert de résidence du président malgache lorsqu’il séjourne à Tamatave depuis l’indépendance. Le Général De Gaulle y a séjourné lors de son passage dans la ville, en 1958. Cet édifice représente la plus importante construction du plan de reconstruction de la ville après 1927. Réalisé dans un style Art Déco, on peut apercevoir, la pergola et au dessus de la porte principale un bas reliefs affichant, une branche de Ravinala (ou arbre du voyageur) et une femme portant un plateau de fruits sur la tête.

12. Mess des officiers Construction : Années 50. Fonction : Ancien lieu de rencontre et de détente des officiers de l’armée française. Ce bâtiment est utilisé par l’armée malgache comme salle de réception et de divertissement. Utilisé par l’armée malgache comme lieu de réception et de divertissement. Autrefois doté d’une salle des fêtes et d’un restaurant le bâtiment se développe sur trois niveaux, chaque étage possède une varangue et des arcades supportant les brises soleil. Un petit débarcadère situé en contrebas permettait de rejoindre le canal des Pangalanes.

72


Construction : Erigé à l’emplacement de l’ancien hôpital militaire. Cet établissement a connu plusieurs transformations (1937-1975). Fonction : A cette date, une coopération nippomalgache a doté l’hôpital de bâtiments plus modernes en respectant les éléments de l’architecture locale (pilotis, varangues, brise-soleils). L’hôpital Be est le principal centre hospitalier public de la ville. Il jouissait autrefois d’une excellente réputation, les réunionnais venait s’y faire soigner jusque dans les années 60.

14. Le phare de la pointe Tanio Construction : Ce phare a été érigé après le cyclone Géralda, de 1986, qui emporta tout le chemin goudronné le long du littoral et qui permettrait, en longeant l’océan, de rejoindre la route de l’aéroport. Ce phare a remplacé celui érigé en 1927 qui avec celui de l’ile aux prunes permettait de guider les bateaux en direction du port. C’est à cet emplacement que plusieurs projets d’installation d’un port protégé furent proposés avant de préférer la solution en eau profonde de la pointe Hastie.

15. Maison de retraite Construction : Réalisé en 1935 par l’entrepreneur Fontaine, qui a participé a l’élargissement de l’avenue du Commerce dans les années 30. On a accusé cet entrepreneur de faire travailler en son nom un contremaître de nationalité italien, ce qui était interdit pour les bâtiments publics. La polémique entacha le sérieux de l’entrepreneur, soupçonné d’être incompétent pour la réalisation d’un tel édifice. Fonction : Cet établissement accueil des personnes âgées de la communauté française de Toamasina, ainsi que des étudiants de passage. Avec son toit à plusieurs pans et ses colonnes le long de la varangue, cet établissement est une nouvelle illustration de l’interprétation de la maison créole par les services de l’architecture de l’administration coloniale.

73

PATRIMOINE URBAIN ET ARCHITECTURAL

13. L’hôpital Be


Biographies

Deux principaux architectes qui ont posé leur empreinte sur Toamasina

Jean Henri Collet de Cantelou Cet architecte est né à Paris le 30 mai 1894 et décède en 1964. Diplômé de l’école des Beaux Arts le 9 juin 1926, il travaille aussitôt comme architecte à Antananarivo et devient ingénieur en chef des travaux publics de Madagascar. En 1929, le gouverneur Marcel Olivier le nomme architecte en chef du Service d’architecture, et d’urbanisme, des parcs et des jardins de Madagascar. C’est en cette qualité qu’il propose le plan de reconstruction de la ville de Toamasina et plus particulièrement de l’avenue de l’Indépendance et des anciens terrains militaires (le camp des Manguiers) transformés en cité-jardin. Il introduit de nouvelles méthodes de travail au sein de son service permettant le développement d’une architecture standardisée et adaptée aux spécificités des différentes régions de l’île. Il préconise l’emploi du béton au détriment du bois, détermine une typologie d’aménagements et de fonction des bâtiments, école, hôpitaux, gendarmerie, logements. Lors de l’exposition coloniale de Vincennes en 1931, il est chargé de présenter les réalisations de son service dont on vante le caractère moderne. Il réalise également le pavillon de Madagascar à l’exposition universelle de 1937. En 1950, il devient Ingénieur en chef des travaux publics des colonies, en poste à Djibouti, il termine sa carrière en France. Jean Bossu Cet architecte de renommée internationale est né à Nesles-la-Vallée (Val-d’Oise) le 17 mai 1912 et décède en 1983. Il intègre l’école des Arts décoratifs de 1927 à 1929 puis rejoint l’atelier de Le Corbusier qui le considère comme l’un de ses meilleurs élèves. Il multiplie les stages chez les grands architectes (Chareau, Nelson, Mallet-Stevens, Roux-Spitz et Perret). Les événements l’amènent ensuite à voyager et à travailler à l’étranger: à Moscou auprès d’André Lurçat, en Algérie avec Le Corbusier, dans la vallée du M’zab et plus spécialement à Ghardaïa. Diplômé de l’Institut d’urbanisme de Paris en 1942, il devient architecte du Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme pour la Loire-Atlantique. A partir de 1950, il construit de nombreux logements et équipements à Madagascar, aux Comores et à La Réunion.

74


Plusieurs de ses projets voient le jour à Madagascar et lui servent de tremplin pour la suite de sa carrière dans l’océan Indien. Il réalise hôtels, bâtiments publics à Antsirabe, Nosy be, Antalaha et Antananarivo. A Toamasina il réalise le pavillon de l’artisanat, des maisons et la cité Tanamakoa ou dite cité-jardin dont on retrouve les formes et les solutions architectonique de l’ensemble de ses constructions populaires à La Réunion. Il y poursuit cette prospection par toute une série de logements sociaux, collectifs et de bâtiments administratifs. Cette expérience dans les Mascareignes l’amène ensuite en Algérie lors de la reconstruction d’Orléansville (El Asnam) ravagée par un tremblement de terre en 1954. Avec des projets théoriques comme celui de l’Artère résidentielle (1960-1966), il influence toute une génération d’architectes. Il propose dans cette véritable invention typologique de réconcilier la Cité Radieuse de Le Corbusier avec la rue. Le doublement de la barre corbuséenne permet d’accueillir une rue centrale surélevée et constituer entre deux un espace fortement urbain. Bossu s’affirme comme un héritier du grand maître Le Corbusier dont il poursuit l’œuvre aux quatre coins de la planète.

75


Bibliographie

Toamasina - IXème-XXème siècle : Histoire et Architecture

Ouvrages : Acquier, J-L., Architecture de Madagascar, Berger-Levrault, Nancy, 1997, 181 p. Bavoux, C., Islam et métissage. Des Musulmans créolophones à Madagascar. Les Indiens sunnites sourti à Tamatave, Paris, L’Harmattan, 1990, 137 p. Bavoux, Cl. Randrianja, S., Catalogue de l’exposition Tamatave de 1900 à 1927, Alliance française, 1989, 31 p. Campbell, G., An economic history of imperial Madagascar, 1750-1895. The rise and fall of an island empire, New-York, University of Chicago Press, 2005, 413 p. Chauvin, J., Le vieux Tamatave 1700-1936, Tamatave, Editions F. Sourd, 1945, 174p. Cole, J., Sex and salvation. Imagining the future in Madagascar, Chicago-London, The University of Chicago Press, 2010, 229 p. Dewailly, J-M., Tamatave, porte historique de Madagascar, (1660-1970), éd. du Parc, 2012, 192 p. Foucart, G., De Tamatave à Tananarive, Lille, Imp. L. Danel, 1890, 47 p. Mangalaza, E., Men, P., Weiss, E., Tamatave, l’irrésistible, Paris, S.D.E, 2003, 131p. Pruche de Lastelle, M., Napoléon de Lastelle, prince de Madagascar, Orphie, 2011, 633 p. Wright, G., The politics of design in French colonial urbanism, Chicago, The University of Chicago Press, 1991, 388 p. Articles : Cassaigne, G., « La circulation, la ville moderne », in Bulletin économique de Madagascar, n°24, 1927, p. 174. Cassaigne, G., « les plans d’aménagement des villes de Madagascar », in Royer, J., L’architecture et l’urbanisme dans les colonies, Paris, 1931, p. 127. Cole, J., « Fresh contact in Tamatave, Madagascar : sex, money and intergenerational transformation », in American Ethnologist, 2004, vol. 31, n° 4, p. 573-588 Collet de Cantelou, J-H., « L’architecture et l’urbanisme à Madagascar », in Royer, J., L’architecture et l’urbanisme dans les colonies, Paris, 1931, pp. 128-131. Collet de Cantelou, J-H., « Madagascar, circulation, ports, villes de l’intérieur », in Architecture d’Aujourd’hui, n°3, sept./oct.1945, pp. 91-96. Deschamps, H., « Tamatave, porte de l’est », in Bulletin de Madagascar, n°14, avril 1936, pp. 113-152. Dewailly, J.M., Une plage urbaine sans bains : Toamasina (Madagascar), in Géographie et cultures, n° 67, automne 2008, p. 125-137 Florent, H., « Le trafic commercial du port de Tamatave, 1864 à 1882 », in Omaly sy anio, n»21 -22, 1985, pp. 219 -240. Geisman, L. « L’urbanisme à Madagascar » in Royer, J., L’architecture et l’urbanisme dans les colonies, Paris, 1931. Giudice, Ch., « Naissance de la ville moderne de Tamatave, 1927-1937 », in Tsingy,

76


n°12, 2010, pp. 75-86. Guillerme, A., « Madagascar 1895-1960 », in Culot, M. Thiveaud, J.M., Architectures d’Outre mer, Bruxelles, Mardaga, 1992, pp. 291. Iavizara, S.O., « Exemple d’aménagement urbain colonial : Tamatave (1897-1940) », in Revue historique de l’Océan Indien, n°1, AHIOI, 2005, pp. 460-473. Leblond, M-A., « Les villes malgaches : Tamatave », in la Revue de Madagascar, octobre 1933. Maitre, P., « L’urbanisme de Tananarive », in Bulletin de Madagascar, n°100, sept 1954, p. 793. Raxal-Andriamilaigo, P., « l’urbanisme à Tamatave », in Bulletin de Madagascar, 1954, n°5, pp. 105-162. Schweitzer, V., « les villes portuaires de Tamatave », in Tsingy, n°9. Schweitzer, V., Dewailly, J-M., «Permanences et mutations du port de Toamasina, 1970-2010 », in Tsingy, n°12, pp. 87-104. Waibel, G., « Tamatave, une ville musée, ville mémoire », in Tsingy, n°6. Mémoires de maîtrise : Bavous, C., Propriétés allogènes du vieux Tamatave, Travail d’études et de recherches, Toamasina, UER d’Histoire, 1989, 165 p. Iavizara, S. O, Administration de la ville de Tamatave, 1920-1940, Université de Toamasina, département d’Histoire, 2003. Portal, J.Y, Tamatave de 1896 à 1905, Université de Paris I, 1964, 375 p. Teyssier, A., L’espace vécu des français à Tamatave, Université de Paris I, 1987. Schweitzer, V., Le port de Tamatave et son environnement, Université de la Réunion, 2006. 120 p. Audiovisuel : DVD, Tamatave Hier 1854-1960, Toamasina, JAP, 2010 (2 DVD). Emission Zone Australe, Tamatave, histoire, tourisme, Antenne Réunion, durée 28 min, 24 avril 2011. http://www.antennereunion.fr/Zone-Australe/Tamatave-dans-Zone-Australe Brochures A.TOA : Laëtitia LEONARD, Sylvie Odine LAVIZARA, Découvrez Tamatave, Université Lumière Lyon 2 et Université de Toamasina, 2007. - Circuit 1- Le vieux Tamatave. Histoire et architecture - Circuit 2 – Tamatave. Une nouvelle ville. Leslie LECAREUX, Zanoa RATOLOJANAHARY, Découvrez Tamatave autrement, Université Lumière Lyon 2 et Université Antananarivo. - Circuit 3 – Tamatave. Une ancienne cité européenne.

77


Glossaire Le betsabetsa : Boisson sacrée et alcoolisée à base de canne à sucre et à forte valeur culturelle pour les Betsimisaraka. Elle est toujours présente lors des festivités tout autant que lors de moments de détente. Un bucrane : Ornement architectural représentant une tête de bœuf décharnée. Le fady : Tabou ou interdit qui régit la vie des Malgaches. Les fady peuvent varier selon les régions, les familles et les individus. Par exemple à Masoala il est fady de parler de crocodiles ou de manger du sanglier, il est également fady de commencer quelque chose d’important ou de célébrer un événement un mardi ou un jeudi. Ne pas les respecter peut provoquer le malheur et la maladie. L’infraction d’un fady exige une cérémonie qui donne lieu à un sacrifice de zébu pour rompre le mauvais sort. Le fisokina ou jiro : En bois, il est placé au centre du village et est le symbole du clan, le monument des ancêtres et l’instrument des sacrifices. Il est l’intermédiaire entre la terre des hommes et le ciel des ancêtres et élève les prières des hommes vers les ancêtres. Après un sacrifice de zébu, les crânes sont placés au bout du poteau. Si la cérémonie est une demande de bénédiction ou d’aide aux ancêtres, le bucrane est orienté vers l’Est qui symbolise la vie. Orienté vers l’Ouest, il symbolise la mort. Les offrandes : Lors de rituels, un ou plusieurs zébus sont d’ordinaire sacrifiés. Cela peut être un poulet ou un plat à base du poisson, hormis le masovoatoka qui est un poisson aux yeux rouges qui rappelle aux Betsimisaraka les yeux d’un homme ivre et donc considéré de mauvais augure. Le cochon est l’animal proscrit car considéré comme sale et indigne des ancêtres. Pour une offrande, l’on peut se contenter de café, sucre, tabac à mâcher, rhum ou autre aliment, du moment qu’il soit connu que les ancêtres en faisant un aliment de prédilection. Quelques gouttes de toaka ou rhum sont également versées afin d’honorer les ancêtres, le reste étant destiné à être ingéré par le tangalamena et l’assistance. En général l’importance du sacrifice est proportionnelle à l’aide attendue des ancêtres. Le rasavolana : Discours prononcé lors de cérémonies traditionnelles. Seuls les vavanjaka ou les tangalamena ont le droit de prononcer le rasavolana.

78


Le tangalamena : Le tangalamena, littéralement bâton rouge, en référence au bâton qu’il utilise pour toucher l’animal avant son sacrifice. L’autre appellation du tangalamena est le mpagnantsorazana ou « celui qui appelle les ancêtres ». Considéré comme le sage, le gardien des traditions tout autant que le prêtre du village, c’est à lui que revient la tâche, parmi bien d’autres, d’invoquer les ancêtres à l’occasion de divers actes de la vie familiale ou à l’occasion d’entreprises collectives dont les rituels sacrés. Il est élu parmi une lignée de tangalamena de son clan, par la population de son village et il lui revient de remplir ses fonctions jusqu’à son décès. Le toby : Lieu de cérémonie et de sacrifice. Y sont disposés le fisokina et une table de sacrifice constituée d’une large pierre plate posée à l’horizontale sur trois autres verticales. Le tranobe : littéralement « grande maison » est la demeure symbolique du tangalamena. Construite par toutes les familles d’un même clan, elle est faite de matériaux naturels en végétal, tout comme les autres maisons du village. Les dimensions sont toutefois plus généreuses car allant de 6 à 8 mètres de long sur 4 à 5 mètres de large. Le tangalamena a le devoir de la mettre à disposition de la communauté lors d’évènements particuliers. Elle sert de lieu de rencontre, d’accueil et de veillée funèbre. Le chiffre Six : contrairement aux chiffres sept et huit qui représentent tout ce qui existe de mauvais pour les Betsimisaraka, le chiffre six représente la chance, la vie. « Enin-jara, enim-pivelomana » littéralement « six chances, six vies » dit l’adage. C’est pourquoi ce chiffre se retrouve dans de nombreuses occasions et rites. Le vavanjaka : Ce personnage est un jeune homme très respecté au sein d’une communauté villageoise qui le désigne pour la représenter lors de festivités. C’est lui qui prononce le discours de présentation, d’accueil ou de clôture lors des fêtes.

79


Lʼ’association « A.TOA » Les Amis de TOAmasina Créée en 2006, l’ A.TOA œuvre pour la protection et la valorisation du patrimoine historique, culturel et du patrimoine bâti de Toamasina.

Françoise Fortin-Chan, présidente de l’A.TOA, Villa Les Manguiers, 2 rue de la Convention, Parcelle 32 /21 - 22 Toamasina 501 Madagascar. Tél. 53 961 03 / 53 961 03 / 032 11 566 31 fortin.chan@moov.mg. Toamasina autrement, A.TOA., Octobre 2012. Édition réalisée sur la base de la plaquette touristique produite en 2010 par Leslie Lécareux (Université Lumière Lyon 2). Tous droits réservés. Remerciements : La compagnie minière Ambatovy, La commune urbaine de Toamasina, Monsieur le Professeur Fanony Fulgence, ethnologue et maître de conférences à l’Université de Toamasina, Madame Fenotsara Razafy Marie, maître de conférences à l’Université de Toamasina, philosophe et anthropologue, Monsieur le Professeur Rafolo Andrianaivoarivony, Université d’Antananarivo, président d’ICOMOS Madagascar (Conseil International des Monuments et des Sites), membre du comité national du Patrimoine, représentant de Madagascar au comité du Patrimoine mondial, membre titulaire de l’Académie nationale Malgache, Monsieur Christophe Giudice, docteur en Histoire, chercheur associé du Centre d’Etudes et des Mondes Africains (CEMAF), professeur d’histoire au lycée français de Toamasina, Monsieur Jean Michel Dewailly, géographe, professeur honoraire des Universités, Monsieur Boda Richard, directeur régional du tourisme, Madame Françoise Fortin, présidente du comité de relecture pour l’ouvrage 2012. Tous ceux, de près ou de loin, qui nous ont permis de réaliser cet ouvrage culturel. Coordination technique : Rado Andriamarofara (Ambatovy). Crédits photos : Yves Laland, Miantsoarivo Rafaely (Ambatovy), avec la contribution de Leslie Lécareux, Françoise Fortin, Boda Richard, Rado Andriamarofara, Ny Haja Rakotozandriny. Mise en page : Myh Design / Ny Haja Rakotozandriny.

80


Préface : Rafolo Andrianaivoarivony, professeur, Université d’Antananarivo. Auteurs des contributions : Leslie Lécareux, étudiante en tourisme et patrimoine, Université de Lyon 2 Fulgence Fanony, maître de conférences en Ethnologie, Université de Toamasina Fenotsara Razafy Marie, ethnologue, maître de conférences en sociologie, Université de Toamasina Christophe Giudice, docteur en histoire, chercheur associé au CEMAF/Université de Paris I Françoise Fortin, présidente de l’association A.TOA (Les Amis de Toamasina). Photo de couverture : © A.TOA/Laland Yves, Bazary kely, le «petit marché», Toamasina, 2012. A.TOA Villa les Manguiers, 2 rue de la Convention parcelle 32/21-22 Toamasina 501 Madagascar. Octobre 2012.

La reproduction partielle ou totale du présent ouvrage est protégée par les droits d’auteurs et ne peut être réalisée sans l’approbation écrite de l’Association A.TOA., les Amis de Toamasina, crée en 2006, œuvre pour la protection et la valorisation du patrimoine historique et culturel de Toamasina et sa région. Ambatovy contribue à la préservation du patrimoine local, la compagnie apporte sa contribution financière et technique dans l’édition et la publication du présent ouvrage. L’association A.TOA demeure seule détentrice des droits sur le présent ouvrage.

Imprimé à Madagascar Par (imprimeur) Edition : Septembre 2012

partenaire de la culture et du patrimoine local


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.