19 minute read

Argonauta

ACTE IV (Partie 1) La pierre la plus précieuse est la meule ; et si elle pouvait être liée et transportée dans un anneau, toute autre pierre passerait hors de la bonté ... Franco Sacchetti

Advertisement

Auteur - Dr Sergio Antolini, Président d’Ocrim et Paglierani, Italie

Le stradivarius Los gigantes Le pain de la terre à la table

Crémone est une merveilleuse ville de Lombardie, au centre de l'une des plus importantes régions agricoles d'Italie, depuis l'époque romaine.

La cathédrale avec son arc Renaissance, le baptistère à huit façades, le clocher du Torrazzo, caractérisé par une horloge astronomique, en sont les symboles architecturaux.

Crémone est la capitale de la musique et de l'art des luthiers, dont les violons sont considérés comme les meilleurs du monde, convoités par les plus grands musiciens, prêtés uniquement lors d'occasions exceptionnelles et d'événements mémorables.

Et comme pour les violons d'Amati, Guarneri et Stradivari, Crémone est la patrie des meules à blé, à la fois cylindre et pierre, parfaites pour rendre accessibles et inaltérés les nutriments contenus dans le grain de blé. « La pierre la plus précieuse est la meule ; et si elle pouvait être liée et portée dans un anneau, toute autre pierre passerait hors de la bonté.... »

C'est ainsi que Franco Sacchetti, poète et écrivain du '300, dans son Trecento Novelle, parle du moulin en pierre, la machine qui, du passé, transforme magiquement le grain de blé en farine.

L'homme dans son évolution physique et intellectuelle perd la force de la mâchoire au profit de celle des méninges et commence à écraser le blé avec des pierres pour le rendre plus utilisable et digeste.

Les premières meules, à l'époque préhistorique, étaient constituées d'une plaque de roche, de grande résistance, sur laquelle on étalait une poignée à la fois de blé à écraser, à l'aide d'une autre pierre dure, ronde ou plate.

La présence de rainures sur la surface de contact augmentait la productivité en termes quantitatifs et qualitatifs.

La meule rudimentaire prenait un aspect plus formel quand, avec l'ouverture au centre de la meule dansante (celle du haut), l'alimentation continue du blé était rendue possible pour le processus de broyage, processus obtenu par la rotation manuelle de la meule supérieure (comme on dit en Sicile celle qui danse).

La technique primordiale du broyage à plat ou de l'écrasement évolue vers une technique de mouture et la forme et la taille des meules ainsi que le calibrage deviennent la base du processus.

L'apogée de la technique de broyage a été atteint vers 1850 avec l'amélioration des meules, l'optimisation du matériau utilisé, l'incision, la taille et la vitesse.

Les meules devaient répondre aux exigences de dureté, de porosité et d'homogénéité de la structure.

Le matériau utilisé est le poudingue (calcaire, feldspath, quartz, mica et silice) provenant des carrières de Montorfano (CO), Inverigo (CO), Gandosso (BG) ou Val Camonica (BS).

Les pierres de la carrière française de La Ferté sont convoitées et deviennent rapidement le principal point de référence.

A l'origine, les meules étaient construites d'un seul tenant, puis plus tard elles ont été construites en agrégeant 200 à 400 mm de différentes duretés : la pierre médiane la plus tendre pour le cassage grossier des graines, la périphérique la plus dure et la plus solide pour un plus grand broyage du produit à broyer.

Convexe la meule supérieure (celle qui tourne), concave

l'inférieure (celle qui dort). Les rainures secondaires, en revanche, celles qui ne partent pas du trou central de la pierre, ont pour fonction de répartir le produit à broyer, d'accentuer le mordant et de favoriser l'évacuation de la matière.

Sur les meules, des rainures spéciales facilitent la mouture du produit ; la forme, le nombre de rainures et la vitesse de la pierre active (celle qui danse) sont déterminants pour la qualité de la farine à obtenir.

Les rainures, élément important, présentes dans les meules, ont fait l'objet d'études et d'évolutions continues, afin d'éviter les processus qui conduiraient à écraser la céréale (et non à la moudre) ainsi qu'à surchauffer et donc à endommager la farine.

Pour qu'une meule ait une bonne production et travaille sans s'échauffer, les pierres doivent être équipées de rainures principales, qui partent du trou central de la pierre et remontent jusqu'au bord extérieur.

Le profil de la rainure doit donc varier à partir du centre, pour la mouture haute, la mouture basse et la rimacina (ré-affûtage).

Différents types de rainures : la hollandaise, composée de 108 rainures circulaires sur les meules de 1 500 et 1 600 mm de diamètre, les rainures d'Evans, de Drancy et autres. Le profil de la surface (concave) a pour fonction de permettre une répartition plus régulière et uniforme du grain sur la meule et d'assurer la trajectoire en spirale entre les meules, du centre vers la périphérie. La meule en rotation pèse sur le produit à broyer et c'est pour cette raison qu'on l'appelle la danse.

Les surfaces des meules, aussi bien celle qui tourne que celle qui est fixe, la traverse, sont poreuses ; à cela s'ajoute le rabotage, c'est-à-dire les rangées qui, dans le mouvement de rotation, sont continuellement croisées, produisant ainsi le frottement approprié pour travailler le grain. Cette trajectoire de broyage peut être raccourcie ou allongée par la disposition des canaux, ou rainures de ventilation et l'on peut alors augmenter ou diminuer le temps de broyage pour obtenir tout résultat souhaité. La vitesse périphérique augmente considérablement vers la section extérieure de la meule et accélère le grain broyé vers la sortie.

La roue du broyeur fait environ huit tours avant que le produit traité ne sorte.

La technique moderne prévoit, pour les meules, l'utilisation d'agglomérés minéraux, compatibles avec les normes alimentaires, qui garantissent une très longue durée et la réduction drastique des intervalles de remplissage qui en découle : les surfaces de broyage conservent leur rugosité, leur consistance et leur compacité inchangées, sans qu'il soit nécessaire d'effectuer un travail méticuleux pour les maintenir parfaitement planes et

The work was not finished, but to complete it and to give it perfection it took the seventh, which in music is called dominant. The world was created with a musical arrangement, its rules respond to the combination of tempos, tones, sharps and flats. The seventh day is dedicated to the earth and not doing anything. Rest is not the opposite of doing. The tulip anticipates spring, in particular the white one invites to reflection, to a pause.

Tulipes Filippo Manfroni

Au centre d'une étendue de tulipes charnues et blanches se tient la puissante figure d'un homme vu de dos. Sa capacité physique l'incite à penser qu'il est un guerrier et les arcades du corps ainsi que le regard fier tourné, décidé, presque sévère, vers un point situé bien au-delà de la limite de la toile, suggèrent qu'il est prêt à affronter un ennemi. Mais un ennemi qu'il n'est pas donné de connaître, de voir, mais seulement d'intuitionner, tout comme il n'est pas donné de savoir s'il s'agit d'un ennemi physique, ou si l'homme est confronté à une lutte intérieure. Dans sa main droite, il tient une éponge : emblème d'abandon ou simple moyen de soin corporel ? Comme à son habitude, dans cette toile l'artiste n'offre pas de réponses, mais génère des questions et souligne ce sentiment d'incertitude, de tragédie qui imprègne l'existence humaine et les difficultés que l'âme doit affronter. Une tragédie qui est la toile de fond de la beauté de la nature qui devient, malgré elle, théâtre et en même temps spectateur

plates.

Les meules, naturelles ou agglomérées, doivent être scrupuleusement certifiées pour l'usage alimentaire.

Les premières ont une durée de vie courte, tandis que les secondes ont une durée beaucoup plus longue.

La surface de broyage (conséquente au diamètre de la meule) garantit la capacité de broyage même à faible vitesse, pour les traitements lents et froids.

À la fin du XVIe siècle, grâce à l'invention d'Agostino

Rampelli, le nouveau processus de broyage commence avec le prototype rudimentaire du premier laminoir à cylindres de fer.

Il n'a pas eu de chance jusqu'au milieu du XIXe siècle, lorsque le procédé à cylindres a commencé son développement effectif avec Friedrich Wegmann, mettant en évidence les taux de production, la consommation limitée des meules et donc la réduction des coûts d'entretien.

Le laminoir était composé de deux cylindres (d'abord en porcelaine puis presque toujours en fonte) à surface lisse ou rayée, qui, lorsqu'ils étaient combinés et tournés en sens inverse, réduisaient les grains à la granulation voulue, après que ceux-ci aient atteint l'écart souhaité entre les deux corps rotatifs.

L'industrie moderne broie le blé au moyen de cylindres qui élargissent la couche périphérique et la gemme du grain, suivis d'un tamisage au moyen de fibres de soie, avec pour conséquence que seules les parties internes peuvent passer par les minuscules trous du tissu.

Des ingrédients différents, comme pour le violon... et beaucoup de secrets. « Et le septième jour, Dieu se reposa de toutes les œuvres qu'il avait accomplies. »

Genèse 2.2

The giants refer to the Greek « gegenees », born from the earth, word from which, it is thought antinomically, the noun derives. Hence the relationship that can be reconstructed in ancient sources between space, understood as a physical and geographical place where a particular people lives, the language spoken and any resulting ethnic characterization.

New York

Davide Frisoni

Dans cette œuvre, Frisoni réinterprète l'un des thèmes qui lui est le plus cher, la représentation de la ville comprise à la fois comme un lieu physique avec ses bâtiments, ses rues et ses feux de signalisation, et comme un lieu symbolique de vie et un espace d'expérience et de connaissance. Dans cette vue des gratteciel prise depuis la fenêtre d'un hôtel de New York, l'artiste offre à l'observateur un aperçu de l'architecture de la ville qui se détache sur un ciel où se mêlent lumière et nuages, ce qui lui permet d'approfondir sa recherche sur la couleur, accentuée ici aussi grâce à la préférence pour les atmosphères suspendues et indéfinies qui lui permettent de jouer avec les lumières, les ombres et les tons. À travers des éclaboussures et des coulures de couleur, des effets de lumière sont créés, des éclairs qui plongent la ville dans une dimension magique, suspendue à cet instant où la ville entière semble s'arrêter dans un moment d'enchantement.

La bouche sans mâchoires est comme un moulin sans broyeur (...) Miguel de Cervantes

Mientras tanto, descubrieron treinta or cuarenta molinos a viento que hay en esa llanura, y cuando Don Quijote los vio, dijo a su escudero. - La suerte está guiando nuestros asuntos mejor de lo que podríamos desear; porque ahí ves, amigo Sancho Panza, whence puedes ver a treinta or unos cuantos gigantes enormes, con los que creo que estoy peleando para matarlos a todos.

With sus despojos comenzaremos a hacernos ricos, ya que esta es a good war, y también es a great service hecho a Dios para librar la faz de la tierra de tan mala semilla. - ¿Qué gigantes? Dijo Sancho Panza. - Aquellos, respondió el maestro que ves ahí, de brazos largos, que algunos suelen tener cases dos leguas.

Mira, respondió Sancho, que los que ves allá abajo no son gigantes, up to molinos a viento, y lo que parecen brazos en ellos son las palas, movidas por el viento, hacen girar la piedra de molino ... » .

Le substantif moulin, du latin molinum, meule de pierre pour moudre, désigne l'usine (bâtiment et machines), dédiée à la transformation de la céréale en farine.

Les premiers exemples de moulins en Perse, 3 000 ans avant Jésus-Christ ; déjà à l'époque, comme aujourd'hui, une grande attention est portée à la consommation d'énergie et à la logistique, toutes deux cruciales pour la bonne marche et la rentabilité de l'entreprise.

La diffusion des techniques hydrauliques ou éoliennes, pour la manipulation des lourdes meules, a été initialement ralentie en raison de la grande disponibilité de l'énergie musculaire, obtenue avec des animaux, mais surtout avec des esclaves, citoyens pauvres ou délinquants condamnés à cette peine.

Le déclin démographique et le recul de l'esclavage ont incité les gens à redécouvrir des sources d'énergie alternatives, comme le vent et les cours d'eau.

L'introduction de ces techniques d'exploitation de l'eau ou du vent impliquait la nécessité d'implanter le moulin dans des zones disposant de cours d'eau ou de vents, sans sous-estimer la facilité d'accès par les routes. La première mention d'un moulin mû par l'eau peut être datée autour du premier siècle avant J.-C., comme on peut le lire dans les vers du poète grec Antipater de Thessalonique : « Cessez de moudre, ou les femmes qui travaillent au moulin ; dormez jusqu'à tard, même si le chant du coq annonce l'aube. Car Démétrius a ordonné aux nymphes de faire le travail que vous faisiez de vos mains, et elles, sautant du haut de la roue, font tourner l'axe qui, avec ses courses tournantes, fait tourner les lourdes meules de Nisiriah ».

L'historien grec Strabon fait référence au moulin à eau construit en 65 avant J.-C., époque à laquelle remonte la première description claire d'un moulin à roue verticale.

C'est l'architecte romain Vitruve qui raconte la technique du moulin mû par l'eau avec un système de transmission par engrenages, système resté inchangé jusqu'à aujourd'hui.

Dans le ventre du moulin, de 20 à 30 roues sont insérées grâce à la force de l'eau qui, transportée par un tuyau incliné, frappe tangentiellement les pales de la roue qui transmet la rotation.

La vitesse de l'eau se synchronise avec la vitesse des meules, comme s'il s'agissait des rouages d'une horloge. La différence de hauteur et le débit de l'eau déterminent le type de roue à utiliser.

C'est la roue horizontale, dite grecque ou noble, celle avec des aubes ou des demi-lunes ; elle est simple et implique la transmission du mouvement direct de la roue à la meule.

La roue verticale, au contraire, dans laquelle les engrenages transfèrent le mouvement de l'horizontale à la verticale, tient son nom de l'ingénieur romain Vitruve, inventeur du mécanisme, puis de la roue Vitruve. L'imaginaire collectif associe souvent la roue verticale au moulin, ce qui la rend iconique, même si le type le plus simple et le plus courant est la roue horizontale.

Alors que le système de roue horizontale implique de petites meules et nécessite de petits volumes d'eau avec un courant rapide, le moulin à roue verticale nécessite des rivières avec un débit important et une mécanique plus compliquée, nécessaire pour convertir le mouvement rotatif de la roue (horizontal) en mouvement rotatif vertical (broyage), grâce à deux moteurs. (broyage), grâce à deux engrenages, construits essentiellement avec des éléments en bois, appelés lubecchio et lanterne.

La roue de Vitruve pouvait être construite en 2 versions, selon la position à partir de laquelle elle était frappée par l'eau : par le bas et ensuite immergée dans les eaux du fleuve, appelée orbitrium, ou par le haut (chute/impact) appelée franceschum.

Dans le premier cas, la roue est partiellement immergée dans les eaux du fleuve : c'est l'eau qui frappe la roue en bas en la faisant tourner dans le sens inverse de celui du courant ; le débit du fleuve n'est pas important mais sa vitesse. Le dénivelé nécessaire est minime et ce type de moulin pouvait être réalisé partout où l'on disposait d'eau courante.

La roue frappée par le haut (ou impact ou franceschum) est adaptée à un moulin de montagne, car elle profite de la vitesse d'impact de l'eau.

La roue est relativement petite, avec des caisses qui se remplissent d'eau et qui, dans la phase descendante, déséquilibrent la roue en augmentant la poussée de rotation ; plus le débit du fleuve est faible, plus le diamètre de la roue doit être grand, afin de contenir plus de caisses. Parallèlement aux moulins à eau, les roues utilisant l'énergie éolienne se répandent, pénalisées non seulement par la nécessité de disposer de zones adéquatement battues par le vent, mais aussi par une technologie de construction plus complexe.

Dans les années suivantes, le développement des technologies hydrauliques et mécaniques a permis d'augmenter l'efficacité des moulins, en adoptant des engrenages plus complexes et à friction réduite.

Les ouvrages hydrauliques reliés au moulin sont également améliorés.

Puis l'utilisation de la vapeur, comme force motrice, permet d'installer le moulin dans des zones résidentielles, indépendamment de la disponibilité des flux d'eau ou de vent. C'est ainsi que commencent les premières approches de la nouvelle technique de mouture à cylindre, qui continue à s'affiner jusqu'à ce que, à la fin du XIXe siècle, elle soit perfectionnée : les grains sont dépouillés un par un, en séparant le son, le germe et l'endosperme, pour être ensuite moulus séparément et satisfaire l'industrie alimentaire croissante, laissant la place à la meule traditionnelle pour répondre à la demande des agriculteurs de moudre de petites quantités de céréales.

Aujourd'hui, la source utilisée est l'électricité, supplantant définitivement les précédentes. Grâce à l'efficacité accrue et à la facilité de transport de cette forme d'énergie, l'abandon progressif du moulin en pierre en faveur de celui à cylindre, a lieu au début du XXe siècle et tout au long du XXe siècle, pour revenir maintenant à la satisfaction de la technique appliquée à un marché de niche de grande valeur, dédié aux farines oubliées.

Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien : c'est ainsi que les chrétiens invitent, par la prière, le Père, identifiant dans l'aliment obtenu par la cuisson d'un mélange de farine et d'eau, le synonyme de nourriture, dont l'humanité a besoin pour vivre.

Le pain, symbole de richesse, a toujours embelli (et embellit encore) toutes les tables, de la plus humble à celle des princes.

« Cum panis » est générateur de compagnons, c'est-à-dire de ceux qui partagent la nourriture.

« Nous sommes ce que nous mangeons » et nous mangeons des aliments dont le pain est le summum, il représente notre nourriture primaire, nous parle de nous-mêmes, nous permettant de rendre palindrome l'aphorisme de Feuerbach : « nous mangeons pour ce que nous sommes ! ».

Le poème de Gilgamesh, un texte sumérien du deuxième millénaire avant Jésus-Christ, raconte le processus de civilisation de l'homme sauvage nommé Enkidu qui ne se limite plus à consommer des aliments et des boissons disponibles dans la nature, comme les herbes sauvages, l'eau ou le lait, mais il commence à manger du pain et des produits élaborés dont il prend conscience grâce à une femme qui lui fait un cadeau.

Les mortels, raconte Homère dans l'Odyssée, sont, par excellence, des « mangeurs de pain », à la différence des brutes et des animaux, dont le régime alimentaire n'a rien de civilisé, rien d'intelligent. La préparation des aliments devient un emblème de l'évolution humaine et de son rapport à la société.

« ... Ainsi, lorsque nous arrivâmes à la terre voisine » (c'est Ulysse qui raconte), « ici, sur la pointe extrême, nous vîmes une grotte, sur la mer, sublime, ombragée par des lauriers ; et ici de nombreux troupeaux, moutons et chèvres, avaient une étable ; entourée d'une haute clôture, faite de blocs de pierre et de longs troncs de pins et de chênes à haut couvert.

Ici un homme (Polyphème) avait un repaire, un monstre, que les troupeaux nourrissaient, à part, et avec d'autres ne se mélangeaient pas, mais seulement vivaient, avait une âme injuste.

C'était un monstre géant ; et il ne ressemblait pas à un homme qui mangeait du pain (...).

Alors j'ai ordonné à mes fidèles compagnons de rester au navire, de garder le navire ; et moi (Ulysse), choisissant parmi eux les douze plus courageux, je suis parti (...). «

Ainsi, Homère précède le jésuite et paléontologue Teillhard de

Chardin, en ce qui concerne la loi de la complexité et de la conscience, rappelant dans l'usage du pain la noosphère, dont l'être humain fait partie et qui, précisément en vertu de la connaissance, se sépare de la bête pour entrer dans la phase de maturité de la civilisation.

C'est le cas de figures cyclopéennes comme Polyphème qui, isolé dans sa grotte autosuffisante, ne vit pas en communauté, ne plante pas d'arbres, ne cultive pas la terre, ne coproduit pas de nourriture avec ses semblables.

Il ne boit que du lait cru et mange à l'état naturel, à tel point qu'il dévore les compagnons d'Ulysse encore vivants.

Les choses se complexifient en passant de l'état inanimé, à la vie des plantes, à la vie des animaux, à la vie de l'homme.

De la géosphère, à la biosphère et enfin à la noosphère, une conscience collective des êtres humains, la conscience générée par l'interaction entre les esprits.

« Plus un être est complexe, selon notre échelle de complexité, plus il est centré sur lui-même et pour cette raison il devient plus conscient.

Plus le degré de complexité d'un être vivant est élevé, plus sa conscience est grande ; et vice versa ». (Teillhard de Chardin)

Le pain est présent dans l'encyclopédie populaire pour résumer l'expérience et la sagesse.

Aristote distingue « le pain dur du pain mou » dans la vie et dans la morale.

Dans l'Énéide, Virgile tend la main à celui qui « apporte du pain à ses enfants ».

Dante Alighieri proclame bienheureux ceux qui sont assis à la table où l'on mange le pain des anges.

Cervantès cherche la consolation : « Quand il y a du pain, même la douleur est plus légère ».

Le pain, malgré sa simplicité, est un aliment fondamental et il est présent dans la peinture et dans l'histoire de l'art, de toutes les époques. Il est présent dans le Nouveau Testament dans les peintures du Christ dans la maison de Marthe et de Marie, dans les Noces de Cana, dans la Cène, dans la Cène de Léonard, dans le Miracle de la multiplication des pains et des poissons et dans la transsubstantiation, c'est-à-dire la transformation de la substance du pain et du vin en substances du corps et du sang du Christ.

« Dogma datur christianis, quod in carnem transit panis, et vinum in sanguinem »

Un dogme est donné aux chrétiens : le pain est transformé en chair et le vin en sang. (Thomas d'Aquin)

Le pain est le protagoniste de la toile Cena in Emmaus du Caravage. Le pain est l'image de la vie quotidienne avec le Mangiafagioli di Carracci qui, au seuil de 1600, révèle le menu d'un fermier où le pain est fondamental.

Et encore les natures mortes du XVIIe siècle (en Espagne, ainsi qu'aux Pays-Bas et en Italie), à la suite du Caravage ont donné de la dignité aux aliments, aux produits de la terre et au pain, dont il est une constante, pour sa forme, pour sa valeur symbolique d'aliment par excellence, et élément d'équilibre chromatique pour sa couleur chaude.

Le pain, un élément qui a toujours été présent dans l'art, devient une icône de la réalité, il en est le symbole, il représente la vie elle-même, il représente la capacité de l'homme à penser, à utiliser la nature, à satisfaire ses propres besoins avec intelligence (Déjeuner sur l'herbe de Manet ou le pain de Ferrare de la peinture métaphysique).

Dans le Roma caput mundi, à l'époque d'Auguste, le pain est au centre de la vie quotidienne et on compte plus de trois cents boulangeries, toutes strictement d'école grecque, puisque ce sont les boulangers macédoniens qui ont exporté son art et sa technique.

This article is from: