Le marché forain su lespace public

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E.N.S.A. PARIS VAL-DE-SEINE

Le marché forain sur l’espace public

Mémoire – Master 2 – 2006/2007 Séminaire espace public Aleth Picard et Xavier Malverti Glenn Sinzelle


Glenn Sinzelle – 5 juin 2007

Le Marché forain sur l’espace public Problématique : Comment une structure commerciale peut occuper l’espace public sans le dénaturer et quels sont les mécanismes de son occupation ? Page

Introduction : La ville et le marché forain

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1. Les Supports techniques et l’organisation du marché

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a. Les acteurs du marché b. Socialisation et interactions c. Les dispositions urbaines, architecturales et techniques d. Schémas d’occupation de la rue

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2. Chronophotographie d’un marché a. b. c. d. e.

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L’installation La vente Le démontage Le nettoyage Analyse

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3. Un avenir pour les marchés ?

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a. Marchés et Supermarchés b. Adaptation et développement durable c. Quel avenir pour les marchés forains ?

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Conclusion

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Bibliographie

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Introduction : La ville et le marché forain

MARCHÉ [maR∫e] n.m. - marchiet : 1080 ; lat. marcatus, de merx, mercis « marchandise ». II♦ 1♦ Lieu public de vente ; Lieu où se tient une réunion périodique des marchands de denrées alimentaires et de marchandises d’usage courant. Marché hebdomadaire. Marché à ciel ouvert, marché couvert. ⇒ halle. Place du marché. Marché oriental. ⇒ bazar, khan, souk. Marché aux fleurs, aux poissons, aux bestiaux. Vendre sur un marché. Marché d’intérêt national (M.I.N.) ou marchégare destiné à la vente en gros. Le marché-gare de Rungis. Des marchés-gares. – Marché aux puces. ◊ Réunion publique périodique de commerçants. ⇒ 1. foire. Marché annuel où on liquide des soldes. ⇒ braderie. Jours de marché. Aller au marché pour faire ses provisions. – faire son marché, le marché : faire ses courses au marché. 2♦ Endroit où se négocient des marchandises, des valeurs.

FORAIN [f‫כ‬Rέ] adj. et n.- v. 1170 « étranger » ; sens mod. d’apr. marchand forain ; bas lat. foranus « étranger », de foris « dehors » 1♦ Vx qui vient du dehors. ◊ MARINE. Rade foraine, ouverte aux vents et aux vagues du large. Mouillage forain , non-protégé. – DROIT Audience foraine tenue par un juge en dehors de sa juridiction. Saisie foraine. 2♦ (1549 marchand forain « ambulant » ) qui exerce son activité, qui a lieu dans les foires. Marchand ou commerçant forain qui, sans magasin, s’installe sur les marchés et les foires. Extraits du dictionnaire « Le Nouveau Petit Robert », Édition de 1996 En faisant appel à leurs définitions dans le dictionnaire, pour l’un et l’autre, les mots marché et forain sont liés par leur signification et sont indissociables entre eux par l’intermédiaire du marchand et du terrain d’action du marché forain. Ce lieu, le terrain d’action, forme la connexion que l’on peut faire entre ces deux concepts à partir de leurs définitions. Ce lieu est l’espace public dont les responsabilités dépendent de la collectivité. D’une manière juridique, l’espace privé appartient à un propriétaire, et on peut y interdire le droit d’accès à n’importe qui sous n’importe quel prétexte. Il semble important de rappeler que les espaces « recevant du public » ne sont que partiellement des espaces publics à proprement dit : les gares, les centres commerciaux, les parcs ou les stades, accueillent du public, mais leurs règlements internes sont décidés en dehors des règles collectives et appartiennent à un propriétaire. L’espace public est un lieu de circulation commun appartenant à la fois à tout le monde et à personne. Ainsi on ne peut pas totalement se l’approprier en nom propre, ou réellement l’habiter ( Comme le font certains sans-domicile-fixe ).

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La ville est le support de l’espace public, et le droit de circuler dans celle-ci est inaliénable. Il faut souligner que l’espace public, déterminé par des philosophes comme Habermas, peut se localiser sur le front des idées, plutôt, dans un espace du débat, de la réflexion partagée de la discussion et de la rencontre, l’interaction. Le marché forain a cela de particulier qu’il se localise sur l’espace public et que la halle de marché, qui est un grand sujet, ne nous intéressera pas ici car les villes sont en général propriétaires de ces bâtiments. Le marché forain sous sa forme le plus élémentaire est un événement qui ponctue la vie d’un centre urbain par une action commerciale, des dispositifs architecturaux et administratifs spécifiques sont déployés au moment du marché sur l’espace public. Ainsi son installation est un pivot très significatif dans l’urbanisme français, car il transforme la ville et l’espace public sans le dénaturer. Les racines de cette manifestation sont très anciennes et l’on ne peut pas réellement déterminer une date pour un premier marché, car il est sans doute à l’origine même des villes avec les réunions liées à des considérations religieuses. Le commerce et le culte sont à l’origine des villes dont le marché fut l’un de ses éléments fondamentaux. Le forum romain dont le mot « foire » est issu, est l’un des exemples les plus significatifs de l’importance qu’ont toujours eu les actions commerciales dans le centre des villes. L’agora grecque est l’un des fondements du marché qui est, comme le forum, un lieu de discussion des affaires politiques et des échanges. Les marchés forains sont surtout associés aux villes médiévales et, ceci n’est pas sans raisons, car les rois du moyen-âge furent les premiers à se rendre compte de l’importance commerciale et structurelle des marchés au niveau de la politique des villes. Les rassemblements de personnes dans un but marchand furent alors réglementés par le pouvoir. Les lieux, les dates et leurs durées, furent établis par une délégation du pouvoir royal au seigneur. Le droit d’étalage dit « leyde » donnait aux marchands le droit d’installer leurs étals à une place déterminée, et le « hallage » était un droit de vendre des denrées ; Toutes ces autorisations étaient en fait des taxes qui revenaient au seigneur local, comme principe de soumission auprès de celui-ci. Bien que le pouvoir royal soit le support du pouvoir municipal, le seigneur dirigeait l’organisation du marché, impliquant très vite des distinctions radicales d’organisation de fonctionnement et d’habitudes entre les différentes régions françaises.

L’animation du marché médiéval. eme Miniature de la fin du XV siècle. Giraudon, ( G.H. Bailly et P. Laurent, 1998)

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Les marchés ont leur propre histoire et leurs propres coutumes. La Capitale a sans doute influencé la pérennité de cette organisation très spéciale par la vie de son marché le plus mythique : les Halles de Paris. Poissonnière aux abords des Halles de Paris,

Page 25, Association Soleil, Paris Nicole-Aimée Meyer et Amanda Pilar-Smith, 2000

Cette vie fut sans doute le prototype des marchés en France, qui ont lieu de nos jours, partout sur notre territoire, et surtout en région parisienne. Officiellement, le premier marché de Lutèce apparaît au Ve siècle près de Notre-Dame, sur l’île de la Cité. Ce marché approvisionnait près de 15 000 personnes et permettait aux pêcheurs et aux chasseurs d’écouler leurs prises, aux fermiers de vendre leur blé et leurs légumes, et aux marchands du Moyen-Orient et des îles britanniques de se livrer au commerce de différents produits de luxe (N-A. Meyer & A.Pilar-Smith, 2000). Les rois de France ont toujours été directement à l’origine des localisations des zones géographiques d’installation des marchés forains dans la Capitale. Pendant tout le Moyen-Âge, les rois qui se succédèrent développèrent le marché de la Place de Grève ( du mot « grève » : "plage ou étendue de sable sur un fleuve". Aujourd’hui on pourrait situer cette Place de Grève devant l’actuelle Mairie de Paris, en remarquant que les grandes Halles de Paris ne se sont localisées qu’à quelques centaines de mètres vers le Nord … ), qui s’appela très vite marché des Champeaux ( nom dû aux champs tout proches ) et où on construisit rapidement des halles pour héberger les

vendeurs et les marchands de plus en plus nombreux. Au fur et à mesure du développement des Champeaux, l’organisation urbaine se fit de façon corporatiste autour des lieux de ventes spécialisées : « les rues qui amenaient au marché portèrent le nom des produits qu’on y vendait. Il y eut par exemple, la rue de la Fromagerie. » (Meyer & Smith, 2000). Ainsi les Champeaux étaient devenus un marché de gros mais aussi un marché de détail. Ce marché gigantesque devint alors le centre de la Capitale et une vie se développa alors sur tout un espace aussi grand que celui d’un village. En 1811, Napoléon III voyant l’importance du marché dans la ville décida de faire ériger les Halles par l’architecte Baltard : Le nouvel empereur voulait développer une structure « de vastes parapluies » dans laquelle il sera possible de tout faire et de tout y installer pour le peuple. La modernisation du quartier dura alors 36 ans durant lesquels on érigea des halles en verre et en fer, équipées de sous-sols intégrant des chambres froides, des caves aérées, des éclairages au gaz, une distribution d’eau et des systèmes d’égouts. Les halles devenaient alors véritablement le centre de la ville dans laquelle on vivait, travaillait et vendait, dans le cadre des marchés aussi bien couverts que forains. Autour de ce centre, des milliers de marchands utilisaient les abords pour vendre leurs produits. Les Halles diffusaient une vie tout autour d’elles, certains marchands se greffaient au « ventre de Paris », l’utilisation des cafés et hôtels aux alentours furent des éléments indissociables de cette vie.

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Les Halles sont en fait le prototype des marchés forains installés dans nos villes post-modernes : Lieu d’une vie spéciale qui n’a pas les mêmes horaires ni les mêmes habitudes, mais qui se veut à la base d’une organisation servant au commerce de produits de toutes sortes. Les informations partielles qui existent sur les marchés sont sans doute dues à la centralité des quartiers dans lesquels ils sont installés : La littérature et les informations sur les marchés forains restent très succinctes, et très peu de chercheurs s’y sont intéressés. La plupart des écrits sont issus de l’anthropologie, de la géographie et de la sociologie. Les écrits d’urbanisme, même l’urbanisme commercial, ne se penchent pas amplement sur ce phénomène et les architectes ne voient les halles de marchés que dans un but patrimonial. Isaac Chiva explique dans son article paru en 1980 dans les Études Rurales « Les places marchandes et le monde rural », que la question de la nonconnaissance des marchés vient de leur proximité, et de leur connaissance subjective acquise quant à ce genre de vente : « Est-ce l’habitude de les fréquenter qui nous rend ces rassemblements foisonnants et odorants si quotidiens, si proches que nous ne parvenons plus à les percevoir ? ». L’auteur affirme aussi que les marchés d’autres cultures ou d’autres époques nous intéressent plus, et que l’analyse de ceux-ci nous donne des informations cruciales sur le mouvement rural. L'examen des marchés actuels nous indique aussi la relation que la ville entretient avec la campagne, en fait, ce type de vente sert d’interface entre les urbains et les ruraux, dont l’action est située au centre de la ville : « La place marchande reste le lieu d’interconnexion entre deux structures sociales » (B. Poche, Études Rurales, 1980). Sous estimés, les « foirails » et autres marchés, sont pourtant bien implantés en France et ailleurs, en résistant aux grandes surfaces depuis plus d’un siècle et demi : On en comptait en France en 1982 plus de 5 000 marchés chaque jour, le nombre de ces rassemblements, souvent bi-hebdomadaires, est passé de 465 à près de 700 en 20 ans pour la seule Région Parisienne (source : Annales géographiques 1982 & IAURIF(1) 2000). Ainsi en île de France, qui est la région la plus peuplée de l’hexagone, l’emprise des espaces de vente sur l’espace public augmente de façon régulière plus dense et plus vivace, la taille moyenne des marchés est d’environ 50 forains. La vente à ciel ouvert y reste majoritaire avec 54% des marchands ne disposant pas de structure couverte. Les supermarchés et autres grandes surfaces ou « Hard discounteurs » ne sont pas arrivés à totalement faire disparaître le marché forain … C’est peut-être le vieillissement de la population qui induit ce fait, ou bien les rapports humains développés sur les marchés qui montrent cette vitalité assez étonnante, ou encore la qualité de l’espace construit par tous ces acteurs, ou enfin une tradition vertueuse. Nous analyserons donc dans un premier temps comment le marché s’impose avec ses acteurs sur l’espace public, sur un socle de règles urbaines qui ne le défigurent pas, mais qui optimisent autant la ville que la vente. Ainsi nous tenterons d’expliquer les interactions sociales dans le marché entre les personnes qui le fréquentent. Puis nous essayerons de déterminer quelles sont les différentes dispositions techniques et architecturales mises en place pour le bon fonctionnement du marché. La vérification et la dissection des thèmes présentés en première partie seront mises en action dans l’analyse "chronophotographique" d’un marché de la région parisienne. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 6 / 61


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En conclusion nous présenterons quelques problématiques sur l’avenir des marchés sur les plans urbanistique et théorique. L’analyse à laquelle nous allons procéder ici dépend d’une discipline très peu représentée dans le monde des sciences et des connaissances : La « nundinographie », étude des manifestations marchandes ayant lieu à plusieurs reprises dans le même mois (P-A Clément, 1999), cette méthode se développe surtout à partir des sciences humaines comme l’ethnologie et la sociologie, mais encore dans les disciplines comme l’économie et la géographie. Les auteurs y sont pourtant peu nombreux et ne traitent chacun que partiellement du sujet qui est très complexe et mis de coté notamment par les architectes et urbanistes : « éloigné et ignorant des logiques commerciales, les architectes pèsent peu sur la logique des produits » (D. Mangin & P. Panerai, 1999). Le sujet est considéré comme annexe et fait partie du développement des activités liées au travail comme les bureaux ou les industries, alors que le fait commercial a toujours été au centre de la vie urbaine, et lié à un espace public du quotidien. Notre exposé se portera plus particulièrement sur les marchés parisiens du fait de leur spécificité française et de leur proximité géographique, résultant de leur forte concentration "lutécienne".

Le Cours de Vincennes, photo Glenn Sinzelle 2007

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1. Les supports techniques et organisation du marché a. Les différents acteurs du marché ► Le placier est l’un des premiers protagonistes importants du marché sur l’espace public, maillon entre le pouvoir municipal et la localisation du marché, il est l’architecte de cet événement. Le placier attribue les emplacements dans un cadastre défini par la ville, encaisse les taxes et collecte les droits de vente. Il est en général un employé soit d’une entreprise soit d’une municipalité. L’action du placier est mise en place la plupart du temps par des Lois en délégation des services publics dictées entre autres par « La Loi Sapin de 1993 ». Cette Loi règle les appels d’offres des services publics et gère ces délégations. Dans la majorité des villes d’île de France, la municipalité ne gère que très peu souvent en régie directe et les actions du placier ne sont soumis à aucune directive particulière. Étant donné que, depuis la Révolution, toutes les villes ont le droit par décret municipal de décider de la tenue d’un marché, les très petites villes ne font pas appel à un placier et le garde champêtre ou le maire lui-même font appliquer les droits d’emplacement et de vente si le ou les commerçants ont une patente de vente sur la voie publique. Une contradiction très intéressante concernant l’espace public doit être soulignée ici. Le « Décret l’Allande du 17 mars 1791 » stipule qu’on ne peut pas interdire à un commerçant d’exercer son droit au travail s’il est en possession de tous ses papiers officiels. Il semble que le commerce à ciel ouvert puisse être pratiqué n’importe où et à n’importe quel moment de l’année pour autant que le marchand soit en règle avec les administrations. Le maire n’a pas le droit d’interdire, mais ces exigences légales peuvent lui permettre de n’autoriser la vente et le déballage que dans un emplacement précis, limité dans le temps et dans l’espace (M. Pacaud, 1999). Les deux Lois ne se contredisent pas, mais le dernier mot reste au maire qui est le seul garant de l’espace public dans tous les cas. D’autres cas sont mis en place et plusieurs types de délégations de service public pour la gestion des marchés peuvent être décidés par les pouvoirs publics municipaux. La notion d’intérêt général constitue le fondement juridique de toutes les actions de personnes morales de Droit Public. Les pouvoirs publics peuvent lancer des appels d’offres dans le cadre de délégations dans lesquelles la police et des missions régaliennes ne peuvent pas faire partie. Lors de la signature d’un contrat, le gérant ou l’entreprise qui s’occupe de la mise en place du marché devient en fait un prestataire de services, et en application de la Loi, ne peut réellement se substituer aux Pouvoirs Publics. Les Lois transposées en droit européen, réglementent l’attribution de services publics par contrats selon la Loi Sapin. On peut compter quatre types différents de contrats signés pour la gestion des marchés forains : • • • •

La régie directe La concession L’affermage La gérance Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 8 / 61


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La majorité des marchés en Île de France est gérée par concession.

La régie directe est un type de fonctionnement qui ne procède pas de contrats, mais est considéré comme un service administratif dépendant de la mairie. Le placier devient ici un employé municipal qui est payé comme un fonctionnaire pour placer les commerçants et faire respecter l’arrêté municipal, mais il ne peut en aucun cas influencer le prix, les lieux ou les horaires du marché. La mairie perçoit la majorité des redevances pour investir directement dans les infrastructures du marché, comme les boîtiers d’interrupteurs pour l’alimentation électrique des stands des forains ou les points d’eau, ou dans certains cas les tentures de protection ou les "barnums" et les halles de marché…

• La concession est un contrat où un prestataire de services s’engage à assurer l’exécution d’un service public à la place de la municipalité pendant une période définie, et à ses propres risques. Dans ce cas le placier est rémunéré par une entreprise de type société anonyme ou S.A.R.L. . Le concessionnaire, qui est l’entreprise qui emploie le placier se rémunère grâce aux redevances versées par les usagers et récupérées par les placiers. On pense d’ailleurs souvent à tort que la collecte des ordures dans un marché par exemple est une concession, alors que c’est une prestation de service qui se constitue à partir d’un appel d’offre.

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La concession a d’autres règles propres découlant de celles d’intérêt général qui le soumet à trois principes fondamentaux : o Le premier est la continuité du service : ainsi le concessionnaire ne peut arrêter le fonctionnement de son activité sous peine de déchéance, sauf si celle-ci est comprise dans les termes contractuels. o Le deuxième principe concerne la mutabilité du service, c’est à dire que le service doit pouvoir s’adapter et se moderniser au fur est à mesure de la durée du contrat. o Le dernier principe est l’égalité des usagers devant le service pour les marchés, ceci concerne les relations entre les concessionnaires et les marchands, il ne peut y avoir différentes catégories d’usagers et de tarifs. Lors d’une concession les tarifs des usagers sont déterminés par les investissements nécessités par l’exploitation du service, ainsi c’est le concessionnaire lui-même qui fixe les prix des emplacements pour un marché. En région parisienne la concession est le moyen de délégation de l’espace public et de gestion des marchés le plus employé par les municipalités.

• L’affermage a des attributs très proches de la concession mais la distinction concerne les structures et les mécanismes de financement, utilisés pour le service. Le fermier (personne ou société responsable de l’affermage), se voit fournir par la commune les équipements qui sont utilisés lors du service. Les investissements sont financés par la municipalité et les fonds de modernisation ou de mise aux normes sont mobilisés et décidés par cette collectivité publique. Le fermier n’a le droit que de re-facturer les charges aux usagers, mais l’affermage n’est qu’une variante de la concession car la plupart des fermiers prévoient dans les contrats une clause qui leur permet de disposer et de gérer les infrastructures que la ville met à leur disposition. • La gérance, et la régie intéressée, sont des modes de gestion du marché aux cotés de la collectivité publique. Pour la régie intéressée, la collectivité confie à une entreprise la charge de faire fonctionner le service tout en conservant la responsabilité financière qui en découle. Ici le régisseur ne donne qu’un avis sur la fixation des tarifs du service, en contre partie du service rendu, une rémunération est perçue en fonction de l’activité du service : c’est la notion d’intéressement. La gérance ne reçoit qu’une rémunération forfaitaire pour la prestation du service, qui peut conduire à une délégation de service public. Le placier entame sa journée aux alentours de 8 heures du matin, lorsqu’il arrive, son but est de donner les places vacantes aux commerçants qui n’en ont pas ( les "volants"), les "landiers" – ou abonnés - quant à eux, sont ceux qui ont une place déterminée par un abonnement à l’année, contracté auprès de la mairie pour une année renouvelable. Le placier décide de façon arbitraire de qui doit être à quelle place, mais le plus souvent c’est l’ancienneté sur le marché qui prévaut pour l’attribution des emplacements. Comme nous l’avons évoqué, les règles sont souvent très anciennes, et partout différentes. Dans certaines villes, pour pouvoir être placé, il faut s’inscrire à la mairie avant de suivre le placier, dans d’autres villes, les places sont attribuées par Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 10 / 61


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un tirage au sort pour tous les « volants ». Le tarif des places est calculé au mètre linéaire de façade marchande. Les commerçants se disputent souvent pour avoir les meilleures places et il semblerait que des placiers, dans certains cas, mettent aux enchères les places les plus prisées. Le prix à l’étal n’est souvent pas le prix réellement exercé dans par le placier lors de la perception des droits de place. Ainsi pour Pierre Lamaison, dans son article « Des foires et des marchés en Haute-Lozère » édité dans "Études rurales 78-79-80, page 214", ajouter des surprix au prix officiel des places n’est pas une pratique nouvelle pour garder - ou avoir - une bonne place : Une lettre du préfet de Lozère au président du syndicat des commerçants non sédentaires précise, en 1949, que " Dans certaines communes, les placiers offraient les meilleures places aux commerçants qui leur donnaient des ristournes en sus du paiement des droits fixés par le Conseil Municipal ". Les meilleures places font partie de l’un des éléments les plus obscurs du marché, car il est impossible de déterminer de façon rationnelle et scientifique où elles sont vraiment établies dans l’espace public. Plusieurs hypothèses sont donc à développer en ce qui concerne « Les meilleures places ». Ici la question d’urbanité est au centre du sujet qui nous intéresse, car elle se raccroche à des notions que l’on peut retrouver également dans le marché de l’immobilier. Les places considérées comme « supérieures » sont souvent à la croisée des chemins aux carrefours de deux rues internes du marché. Ces places sont mathématiquement les plus fréquentées, car elles totalisent les flux de deux différents axes de circulation, donc un nombre d’acheteurs supérieurs. Mais lorsqu’on se retrouve dans un marché qui ne dispose que d’une seule voie de communication, cette réflexion devient inappropriée … On pensera alors à faire appel à la conception de l’espace selon les théories de la ville de Kévin Lynch, qui à l’aide de carte mentale, note les moments urbains les plus forts comme un repère visuel qui détermine la ville. Ainsi Jean-Pierre Selic (oct 2005) évoque cette technique pour définir l’espace du marché en « envisageant l’institution du marché comme un phénomène social à partir des faits interactionnels engendrés par la situation d’échange » dans son étude de certains marchés de Saint Etienne. Les endroits que les acheteurs fréquenteront le plus seront ceux ou les interactions sociales seront les plus fortes, ou selon la performance de tel ou tel individu. En fait, « Les pratiques circulatoires se présentent comme le type d’interaction le plus fréquent dans les espaces publics urbains » les méthodes de K. Lynch sont donc une piste pour déterminer quelles sont les meilleures places. Ils semblent pourtant et ceci n’est pas surprenant … - que les marchands et des placiers sur les marchés soient totalement ignorants des théories urbaines et anthropologiques, et que la détermination des meilleures places soit fixée par des aspects purement économiques ou par l’observation des ventes des voisins. Ventes qui ne sont souvent caractérisées que par la qualité des produits, le charisme du vendeur, l’habitude des acheteurs ou la pertinence des axes de circulation primaires ou secondaires, issus de la structure même de la ville. On aura pu observer sur le terrain que les allées les plus pratiquées sur le marché sont celles qui sont très fréquentées en dehors des périodes de marché.

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En matière de marché, et entre autre pour les placiers, la situation de la région parisienne, qui est notre champ d’étude, me paraît assez spéciale et significative pour être citée comme un exemple. À Paris, le mode choisi par la municipalité passe par un affermage avec des prestations, comme les bâches de protection des forains, mises à la disposition et installées par le fermier. Un monopole de l’activité de placier était détenu pendant près d’un siècle par deux familles : les Cordonnier (Paris-Marchés) , et les Mandon, puis d’autres entreprises, les sociétés Dadoun et Bensidoun, entrèrent en concurrence pour la gestion des marchés dans les années 90, faisant suite aux appels d’offres de délégation de service public issus des directives de la Loi Sapin. Ainsi en décembre 1997, le Conseil Municipal a statué sur les conventions d’affermage de la ville de Paris. Dans le compte rendu du Conseil Municipal, on apprend que de graves problèmes de gestion ont lieu au sein des marchés. Des suspicions de rackets et de pratiques douteuses sont dénoncées par les élus et certains journaux à propos de certaines sociétés de gestion. Certains placiers ont même été mis en examen. En fait, les méthodes de racket sur certains marchés ont l’air d’être courantes pour obtenir une place sur l’espace public. Il semble important de révéler ce détail, car il soulève le problème du faible contrôle qui est exercé sur les concessionnaires ou fermiers lorsqu’ils sont mis en place, ou ancrés dans leurs fonctions, au contraire des commerçants qui sont soumis à des contrôles, par exemple vétérinaires pour l’hygiène de leurs stands ou de leurs produits ( notamment les poissonniers, les bouchers ou les fromagers). L’exemple marseillais est totalement différent, la gestion des marchés relève d’un service spécial au sein de la municipalité : les services des emplacements publics. Le rôle de celui-ci est administratif car il contrôle les pièces professionnelles, le respect du mobilier urbain et des espaces verts, du contrôle des tickets (placiers), du courrier, le contrôle des présences et de l’ouverture et la fermeture des marchés. Mais durant les années quatre-vingts la ville n’arrivait plus à gérer les marchés, heureusement une politique urbaine volontariste à remis le marché au cœur de la revalorisation de la ville dans les années quatre-vingt-dix, par exemple près de 15 placiers ont été embauchés pour renforcer le service public. Subséquemment « Le service des emplacements publics détient à la fois une mission de puissance publique avec l’application de la police administrative, du contrôle du domaine public, du maintien du bon Marché de la Madrague, Marseille, Source : S. Mazzella,N. Roudil, 1998. ordre, la salubrité publique » ( code des communes, article L. 131-1), et un rôle de prestataire de service ». À Marseille la gestion des marchés se fait de manière globale, intégrant le commerce et ses facettes urbaines et sociales (S. Mazzella,N. Roudil, 1998). Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 12 / 61


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► Les marchands forains sont les constituants les plus importants, en nombre, du marché avec les acheteurs qui forment le dispositif de cette manifestation urbaine, sociale et économique, qui ne saurait se faire sans eux. Plusieurs types de marchands sont présents sur les marchés, on dénombre 5 grands groupes différents : o o o o o

Les vendeurs à l’étalage Les camelots-démonstrateurs Les bateleurs ou forains Les métiers artisanaux et néo-artisanaux Les vendeurs aux camions

○ Les vendeurs à l’étalage sont les plus nombreux sur le marché, ce sont souvent des marchands de fruits et légumes qu’on appelle vendeurs « de quatre saisons », on retrouve dans cette catégorie les vendeurs de fleurs et de produits frais, en général des produits alimentaires. Ils organisent leurs étals pour avoir un rendement maximum, et présentent leurs produits sur leurs meilleurs jours possibles. Ces marchands sont les plus présents, non seulement par leur nombre, mais surtout par leur importance charismatique … Étant souvent des abonnés, ils ont atteint un niveau très efficace d’organisation et de relations avec les clients et les autres acteurs du marché. Des files d’attentes se forment souvent devant leurs stands. C’est l’un des métiers les plus physiques du marché : déchargement, installation, rangement, rechargement du camion, etc … doivent se faire tout au cours de l’année et dans n’importe quelles conditions météorologiques. La liberté des forains est la principale motivation de ceux-ci quand ils choisissent ce métier, bien que les conditions soient très dures et les salaires peu élevés. D’autres vendeurs à l’étal sont à signaler comme les vendeurs de vêtements, de livres ou d’ustensiles de cuisine, vendant leurs produits sur des étals plus bas et dont l’organisation diffère des vendeurs de produits frais. Généralement les vendeurs de denrées périssables doivent avoir accès à un dispositif de chambres froides. ○ Les camelots-démonstrateurs sont sur les marchés pour vendre un objet spécifique, une trouvaille digne du concours Lépine, un objet ou un produit qui "révolutionnera le monde" ... Presque disparu des marchés parisiens, il est d’ailleurs considéré comme un acteur marginal du marché par certains auteurs comme F. Maguet. La version moderne de ces vendeurs s’est transposée dans les médias sous des noms de boutiques virtuelles où un présentateur remplace le camelot, et son étal prend la forme de notre écran de télévision, il est désormais entré dans l’espace privé mais on peut encore en trouver sur les foires ou les braderies du Nord de la France. La technique est fondée sur la qualité du discours qu’il va formuler sur son produit. Son emplacement est aussi très spécial car il n’a pas besoin de beaucoup de mètre linéaire de façade, mais il se tient en retrait de l’alignement cadastral du marché. La scène qu’il produit ne sert pas à capter l’attention du passant, le considérant pas comme un client potentiel mais comme un curieux.

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Ainsi Michel Pacaud, dans son témoignage (p.74) sur les marchands forains, dont il a fait partie, nous entretient sur un camelot très spécial : un vendeur ou "posticheur" de montres. Ce camelot utilise toutes sortes de stratagèmes scéniques et commerciaux pour que le curieux deviennent un acheteur inconditionnel d’un produit assez onéreux, comme des montres, alors que les personnes venant sur le marché n’ont pas forcement en tête l’idée d’acheter ce genre de produit dans la rue.

○ Les bateleurs ou forains dont le terme, issu de l’italien battitore, désigne les vendeurs, surtout de foire, qui se déplacent avec une semi-remorque dans laquelle un véritable magasin est installé, et qui se déploie au moment de la vente. Ils ne vendent en général que des produits de quincaillerie, et emploient de 1 à 6 personnes pour tenir le magasin. Ainsi, le même genre d’installation se retrouve sur les fêtes foraines, où sont mis en œuvre les mêmes processus de déplacements et d’installations. ○ Les métiers artisanaux et néo-artisanaux en général ne vendent pas uniquement des produits, ils manufacturent souvent sur l’instant des produits commercialisés sur leurs stands, mais habituellement, ils vendent plutôt des services que des produits, proches de l’attitude biologique, qu’ils ont réalisés eux même en dehors du marché : rempailleur, cordonnier, rémouleur, ou certains urbains voulant retourner à une vie rurale plus proche de la nature peuvent vendre divers fromages, du miel, et autre produits "de leur terroir d’adoption" ... Ils se retrouvent de plus en plus sur les marchés, on les rencontre plus particulièrement l’été dans les pôles touristiques. Ces métiers sont souvent la preuve d’un artisanat local et pittoresque, que les touristes affectionnent particulièrement pour leur authenticité, avérée par l’exécution immédiate ou la valeur ajoutée d’un travail fait à la main ou bio. On peut aussi inclure dans cette catégorie les vendeurs d’art africain, de tapis persans ou de matelas, que l’ont retrouve plus facilement dans les marchés parisiens, et qui ont un mode de vente similaire, entre le vendeur à l’étal et l’artisan. ○ Les vendeurs aux camions : Pour des raisons pratiques, ils utilisent ce type de véhicule pour leurs ventes, le coté du camion se soulève pour laisser apparaître un stand et des étals réfrigérés ou chauffés, étudiés pour la vente. Véhicules équipés de réfrigération, ils sont pour la plupart : bouchers, poissonniers ou fromagers, qui ont besoin d’une température constante et fraîche pour garder leurs produits, comme la Législation Française leur fait obligation. La relation avec les acheteurs est un peu différente car le vendeur est surélevé par rapport aux clients et l’attitude réciproque s’en trouve sensiblement différente.

Ida Sandström – Kiosk ? Berlin 2005 Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 14 / 61


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D’autres vendeurs ou multiples autres personnages peuvent se greffer autour du marché pour profiter de la foule : des musiciens ambulants, des vendeurs à la sauvette sans patente, des vendeurs de journaux, des distributeurs de prospectus politiques ou publicitaires, ou même des mendiants … qui sont d’autant d’acteurs du marché qui profitent de l’espace public de façon détournée, tout en y apportant une touche qui est généralement attachante, voire sympathique … Orchestre devant le marché « San Telmo » à Buenos Aires (Argentine) Source photo « Webshots ».

○ La foule, (les acheteurs) est la raison fondamentale pour laquelle ces rassemblements sont organisés. C’est aussi la première population que l’on voit quand on entre dans un marché. À Paris, elle est principalement constituée de citadins, mais dans les villes des régions elle est constituée de beaucoup de ruraux des alentours qui viennent une fois par semaine y effectuer des activités en relation avec la ville ( assurances, notaires, Postes, etc … ), mais aussi se ravitailler en denrées alimentaires quotidiennes (R. Lebreton, études rurales1980). La population des acheteurs est assez hétérogène car on y retrouve tous les âges et toutes les classes sociales. Un avantage numérique est cependant donné aux femmes qui, d’après les observations, seraient plus nombreuses à se rendre au marché, s’occupant plus habituellement des tâches ménagères … Situation certainement issue du modèle culturel persistant. D’après les chiffres de R. Lebreton, les femmes, en 1980, seraient près de 67% à fréquenter les marchés, et 47% auraient plus de 60 ans. Beaucoup de mères de famille, avec des enfants en bas-âge, ont été observées durant cette étude. Leur fréquentation du marché représente probablement une alternative plus humaine aux allées et gondoles des supermarchés. La fréquentation des marchés reste très homogène à l’intérieur d’un même quartier, et différente d’un marché à un autre : au marché d’Aligre on rencontrera une majorité d’hommes maghrébins et des étrangers ( américains la plupart du temps, adorant l’esprit des marchés européens), à Barbès une population très métissée mais de culture francophone ( Afrique(s), France). Les clients sont souvent des acteurs / spectateurs du marché, et forment avec les marchands le couple qui « fait » réellement le marché.

► Les Glaneurs constituent le dernier maillon de la chaîne du marché avec les éboueurs. Ils interviennent à la fin de la période de vente et ramassent les denrées presque périmées que les marchands n’ont pas pu vendre et ne peuvent plus récupérer. Le glanage est une tradition très ancienne qui remonte à la nuit des temps, comme le marché, mais une ordonnance de 1550 autorise « Les personnes infirmes ou âgées, les enfants et les indigents qui ne peuvent pas travailler à ramasser les épis de blé dans les champs après que le laboureur aura enlevé les gerbes ». Dans le film d’Agnès Varda « Les glaneurs et la glaneuse » réalisé en 1999 & 2000, le fonctionnement et les raisons du glanage sont expliqués par les protagonistes euxmêmes.

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Les Lois sur le glanage, à savoir l’Article 520 du Code Civil, et l’Article R26 du Code Pénal, autorisent n’importe qui à pourvoir récupérer des biens déposés dans la rue, qui sont considérés comme être « sans maître ». À chaque fin de marché, entre l’intervention des éboueurs et le remballage des commerçants, quelques personnes, discrètement, fouillent dans les cageots ou ramassent les fruits et légumes tombés par terre pour se nourrir. Le plus souvent les personnes qui glanent le font pour survivre, ou par souci d’éviter le gâchis. Les glaneurs sont fréquemment des « indigents », mais dans le film d’Agnès Varda d’autres points de vue sont donnés sur ces gens qui sont la plupart du temps des mendiants dont le glanage leur à été imposé par la pauvreté. Grâce au marché, les glaneurs se mettent en dehors de la société marchande, tout en se revalorisant grâce à l’opposition qui se forme entre les consommateurs / gaspilleurs et les exclus / glaneurs. Le marché, par l’intermédiaire du glanage, aide donc à re-balancer les antagonismes et redistribuer les biens de première nécessité aux plus pauvres. Les glaneurs sont véritablement des acteurs du marché, non seulement par leur présence systématique, mais aussi par leur interaction avec les marchands qui les laissent bien souvent piocher sans problème dans les rebuts de fin de marché. L’espace public est le seul élément qui permette à ces gens de pourvoir survivre et manger, car dans un espace privé il serait impossible que ces personnes puissent s’y alimenter. La majorité des glanages s’effectue sur des fruits et des légumes, qui ont moins de chance d’être icorrompus que des viandes et des poissons, lesquels sont laissés dans les cageots qui seront récupérés puis mis à la poubelle par les éboueurs. Dans la majorité des grandes surfaces les produits sont délibérément détruits pour éviter les mendiants, mais aussi les poursuites éventuellement iliées à des ntoxications alimentaires.

► Le nettoyage, qui s’effectue après le passage des glaneurs, est à la charge de la ville, et les éboueurs sont là dès le début du marché, aux alentours de 4 heures du matin, pour voir si rien ne s’oppose à la mise en place de leurs activités. Les éboueurs laissent les glaneurs effectuer leur besogne, puis ils passent à l’action pour rendre la rue dans le même état qu’elle avait avant le marché.

Photo : Nicole-Aimée Meyer et Amanda Pilar-Smith, 2000

Le marché est un résumé de la ville. Une sorte de « Melting pot » En un temps et en lieu donné, les acteurs en présence : le placier et l’autorité municipale (avec ses risques de prévarication ), les marchands avec le commerce et leur travail, puis la foule représentant la population urbaine et rurale, et enfin les glaneurs dans leur position de population la plus pauvre, créent cet espace en forçant l’interpénétration, puis renforçant l’intégration, de toutes les couches sociales de la société et sous toutes les formes d’activités. Les acteurs du marché sont interdépendants mais leur autonomie est le socle qui engendre des différences entre chaque marché. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 16 / 61


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b. Socialisation et interactions On a tendance à penser que le commerce et l’économie sont les centres et les véritables raisons de l’avènement du marché dans nos rues. Or les ethnologues et anthropologues nundinographes, s’accordent à pointer les aspects nonéconomiques du marché. Michèle de Lapradelle (1996) décrit le marché comme une micro-société éphémère, et Jacques Maho affirme que le marché « Remplit d’abord une fonction symbolique ». Mais les symboles sont différents qu’on soit à Carpentras ou à Paris, même dans différents quartiers, de Barbés au XVIe arrondissement. Le marché semble pourtant avoir la force d’être un formidable intégrateur social. En effet lors d’un marché tous les acteurs deviennent égaux face au marchand forain, et c’est la communication orale qui fait office d’intégrateur social. Dans la situation d’échange dans le marché, les acheteurs deviennent égaux par une mise en scène que seul le marché permet : « Ils acceptent les règles du jeu dont la première est qu’aucun d’eux ne peut s’y réclamer d’un avantage ou d’un privilège extérieur […] un joueur en vaut un autre » (M. de Lapradelle, annales de la recherche urbaine N°78) L’espace public est le seul qui, parce qu’il n’est réservé à personne, peut être interprété par le marchand comme un espace où tout le monde doit être traité de la même manière. Ainsi la relation que l’on va alors créer avec le marchand va se placer dans des termes très familiers, termes qui sont sous-tendus par la notion d’intégration sociale procurée par la vente et donc le vendeur. Il n’est pas rare d’entendre sur le marché des injonctions faites par les marchands aux acheteurs, et sans que cela ne choque personne : « ma belle » ou « ma jolie » … C’est une façon d’inclure les femmes dans l’ensemble des personnes proches, de sa famille, de ses amis intimes … Quant aux " moins jeunes ", on leur lance « qu’estce qu’elle veut la mémé ? » (M. de Lapradelle, 1998) . Le marché permet de nous forger une identité minimale, où il n’est pas besoin d’être nous-même, mais où l’on peut se mettre en scène, ainsi : « La logique de cette mascarade n’est pas de revendiquer un statut, mais qu’au fond on est tous pareils » (M. de Lapradelle, 1998) . On peut alors saluer un inconnu comme une personne qu’on connaît depuis des années. Une amitié généralisée se répand donc dans le marché, et les personnes se fréquentent avec moins d’agressivité que s’ils se croisaient dans un supermarché où la communication ne se fera qu’entre semblables, car le lieu et son statut, en même temps que son ambiance très industrielle, très froide et impersonnelle dans son architecture et son organisation, ne s’y prêtent pas ( J-M. Poupard, 2005 ). Le même auteur évoque même les relations dans les centre commerciaux comme des « Relations d’évitement » Pour Jean Maho (1980), pendant les marchés on échange : « Plus que des paroles et des objets du marchandage, on y échange aussi du désir, de la séduction et plaisir ». Cet espace revêt certainement ce pouvoir car il est sans doute le dernier espace de liberté d’action, d’expression, de comportement (I. Chiva,1980). Renforçant le statut d’espace public au marché, la parole, le débat et la communication, étaient déjà présents dans les sociétés antiques lors de rencontres économiques.

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Des anthropologues de la communication nous montrent aussi que le marché à une complexité non-seulement grâce à la parole, mais autant par les gestes et les habitudes qu’on y trouve. L’approche orchestrale de la communication, développée par Yves Winkin à partir de l’œuvre de Erving Goffman, nous offre un autre point de vue sur les marchés, on pourra alors fouiller la communication par les apports verbaux et non-verbaux comme les gestes et les regards. Par exemple, un étal ou il y a toujours du mouvement nous attirera plus qu’un autre. Les gestes sont ici destinés à extraire le passant de son statut de quidam, pour le faire devenir un client potentiel. La présence même du marché joue son rôle d’espace public quand il permet à des personnes seules de pouvoir briser la solitude de leur quotidien par l’acte de socialisation que forme le marché. Il peut être un régulateur social même si les personnes ne font pas partie de l’acte commercial. Le marché est un rendez-vous, car il ponctue la vie de la ville : son rythme et sa fréquence donnent des points de repère qui sont des points d’ancrage de la vie urbaine. On pourra alors rencontrer des connaissances, tout en pouvant couper une conversation, les multiples acteurs du marché en font un espace public, quoique chacun s’y livre à une activité privée. Le marché est un lieu dans le temps et l’espace, d’une interaction très forte aussi bien économique que sociale. « Les vendredis de Carpentras » sont pour Michèle de Lapradelle un moyen de caractérisation de son origine : « on se fait connaître comme un habitué », le marché peut nous permettre de prétendre qu’on est "comtadin" ( habitant de la région de Carpentras ). À Barbès c’est tout l’inverse, l’hétérogénéité des origines crée un tissu social qui engendre « Une égalité de circonstance […] où chacun se trouve être l’étranger de quelqu’un. » (E. Lallement,1998) . Dans ces deux cas opposés ( Barbès et Carpentras ), le marché met à égalité les origines des différents protagonistes, car le marché autorise dans sa structure conceptuelle la différence entre tous les acteurs, puisqu’il se situe sur l’espace public. La politique a aussi sa place dans l’espace public, place qu’elle ne peut pas avoir en d’autres lieux de commerce, notamment dans les supermarchés. La valeur de propriété et de censure n’existant - en principe - pas dans la rue dans les pays démocratiques, le marché est souvent le terrain de jeux favori des campagnes électorales en tout genre. On trouvera facilement le maire ou le député montrer qu’il est proche du peuple en venant serrer des mains dans les allées des marchés. Et les administrés ou électeurs potentiels n’hésiteront pas à venir déposer leurs doléances, car c’est l’un des rares moments où le peuple peut avoir un réel face-à-face sans autres revendications que les siennes propres, hors d’un cadre orchestré ( Défilé, réunion électorale, réunion du Conseil Municipal, etc … ). Les idées politiques seront aussi largement répandues par des tracts qui seront distribués par les militants de toutes sortes … Le marché prouve alors bien que l’Homme soit un animal politique et particulièrement dans ce cas d’un espace public, lieu très fréquenté.

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c. Les dispositions urbaines, architecturales et techniques C’est au centre de la cité que se forme le marché, sans doute parce que c’est le marché qui serait à l’origine des villes. Par définition, le commerce se passe dans une zone qui est propice à la vente, ainsi il sera plus facile de vendre si un grand potentiel de fréquentation peut être réuni. Plus il y aura de clients sur le pavé, plus il y aura de marchands pour vendre : « Le commerce appelle le commerce chacun le sait » (D. Mangin / P. Panerai, 1999). L’agrégation de différents produits amène une certaine diversité dans le choix dans les solutions que vont trouver les acheteurs au moment de leurs déambulations, « Les habitants préfèrent une concentration de commerce où leur choix peut s’exercer » (D. Mangin / P. Panerai, 1999) ... La densité des commerces est un moteur essentiel de l’activité marchande, les marchés se trouveront donc plus souvent dans des endroits qui sont déjà des quartiers « marchands » dès la formation de la ville : « Dans les plus vieilles de ces maisons (celles du centre ville ) il est fréquent que le rez-de-chaussée ait été conçu pour servir de boutique » ( Ch. Zarka, 1980). Même le nom de "bourg" est issu des activités marchandes que les bourgeois y faisaient, « L’établissement des commerces ; sans doute y eût-il d’abord des vendeurs ambulants, et c’est l’intensification des échanges qui poussa les marchands à replier l’étal pour " planter boutique " sur la place même du marché » ( Ch. Zarka, 1980 ). Le rôle des axes de communication est crucial dans la centralité et la géographie du marché, la grande rue ou le « campo mayor » en Espagne, permet de par sa taille et sa fréquentation d’accueillir de grands rassemblements qui occupent un certain espace autour d’un espace public de premier ordre dans la ville, parce que très reconnaissable par rapport aux autres dans la psyché collective (K. Lynch, 1960). Dans ce repérage de la ville, le patrimoine a son importance car les marchés se placent sur les voies les plus anciennes quand elles ne sont pas issues de demandes de personnes des quartiers nouveaux dans les banlieues comme dans la périphérie de Marseille, où les marchés seront placés au centre du quartier, comme il le sont la plupart du temps pour les villes anciennes. La structure du marché au niveau architectural est guidée par les exigences commerciales imposées par la vente en plein air, le caractère éphémère et de déambulations du client en sont les principaux aspects. Les infrastructures des emplacements qui créent une rue piétonne dans le marché, support architectonique fondamental du marché, doivent être simples et suivre un cheminement le plus fréquemment en ligne droite, la perspective ainsi créée permet de pouvoir englober non seulement de façon simple la totalité du marché, mais aussi de façon rapide et accessible à tous, puisque que c’est la nature même de la vente publique. L’accessibilité à chaque étal doit être maximale, la rue piétonne construite lors du marché doit être homogène dans sa circulation pour que chaque forain ait accès de façon égale au flux orienté par le marché. L’espace proposé pour la vente doit obéir à un module de base adapté à la cellule de vente, l’espace de circulation et la disposition d’ensemble doit être cohérent dans l’ensemble d’un même marché. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 19 / 61


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La cellule de vente est même souvent identique d’un marché à un autre, soit parce que les forains sont détenteurs de leurs propres matériels, soit la ville fournit les abris et décide d’un standard à appliquer. Le dispositif revêt une complexité intéressante, d’une part une architecture déterminée par la place qui est assignée, d’autre part la possibilité de personnaliser son étal de n’importe quelle façon. En général ce standard et de 2 mètres sur 4, et d’une hauteur de 2,1 mètres (Voir dessin en page suivante). L’architecture des étals va du plus simple au plus compliqué : on peut trouver des étals à même le sol sans protection contre la pluie, jusqu’aux camions réfrigérés pour les bouchers. La disposition architecturale de l’étal du forain en tout genre reste développée à partir de tréteaux surplombés par un "barnum" ou d’une tenture équipée de grand linteau de bois avec une bâche imperméable horizontale, claire, servant de protection contre la pluie, et une autre, verticale, protégeant contre les coups de vent. Une structure en métal très simple forme la charpente et les poteaux, d’autres utilisent des parasols de grande taille (de type barnum sous lesquelles il organise leur étal : système simple solide et efficace, la structure permet d’avoir accès à un plan libre dans l’étal même, simplifiant les mouvements ). La marchandise peut être soutenue par des cageots en bois ou des tréteaux plus bas pour les forains qui vendent des ustensiles de cuisine, des textiles, ou de la quincaillerie en tout genre. Une distance entre les commerçants vendant des denrées similaires est à prendre en compte si l’on ne veut pas entrer en concurrence, puis les groupes sont formés en fonction des grandes catégories en présence entre : produits alimentaires, habillement, biens de consommation courante, équipement. On observera généralement que la gradation se fait et que des transitions se créent entre les différents corps de métier, on passera donc rarement d’un vendeur de primeurs à un vendeur de matelas. Les enchaînements se font par exemple de denrées périssables à vêtements : d’un vendeur de primeurs à un traiteur, un étal de fruits secs, un grainetier, puis des ustensiles de cuisine, et enfin des vêtements. Les étals ( qu’en argot de forain on appelle « banc ») sont des éléments majeurs de l’architecture du marché car ce sont eux qui créent la différenciation entre marchand et acheteur, et donc forment une frontière entre groupe mobile et immobile. La juxtaposition de petites cellules marchandes orientées vers la déambulation est l’exemple même de la forme fonctionnelle du marché. L’ardoise et la répartition des produits sur l’étal sont aussi des éléments architectoniques du « banc ». En partie basse, le marchand doit organiser son espace en créant vers le public une façade qui soit la plus attrayante possible. L’art de la "composition architecturale" devient donc un réflexe de travail dans le but de vendre différentes marchandises, les couleurs, la présentation, doivent devenir la vitrine du forain, qui se doit d’avoir des produits présentables. Les maraîchers sont ceux qui passent le plus de temps sur les étals chaque matin, car le nombre de références ainsi que la fragilité de leurs produits, font qu’ils ne peuvent pas conditionner d’une autre manière …La mise en place peut prendre jusqu’à deux heures de travail.

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Modèle parisien d’étal, avec détails de construction et de mise en place Croquis et photos Glenn Sinzelle 2007

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L’ardoise est un système qui est supposé remplacer le système oral, mais est aussi une partie intégrante du dispositif architectural développé dans le stand, elle « Réaffirme qu’une demande sera satisfaite » (F. Maguet, 1999) : c’est un signal qui se répercute dans l’espace de représentation. Dans l’organisation de l’étal, les stocks sont placés à l’opposé de la table faisant face au public et présentant les produits. Entre ces deux volumes une circulation se crée avec une proximité des objets qui facilitera la vente, comme la caisse, les sacs, la balance, les couteaux, instant sur le fait qu’une vente peut-être réalisée à tout moment. La présence du vendeur, ses gestes, parfois ses habits – voire un déguisement "local" , sont synonymes et significatifs de la cellule de vente, et donc partie intégrante des effets architecturaux. C’est le marchand remplit les espaces restés vides dans le stand. La notion de cri et de parole est le sujet récurent des anthropologues, et bien qu’il ne soient pas directement des objets architecturaux, ils meublent la vie du marché, et sont tout à fait caractéristiques. Tout le monde connaît leurs fameuses envolées de style telle que : « 3 pour le prix de deux » ou alors « allez, allez, mesdames "ZÉ"messieurs, tout doit partir… ». La parole prend une allure particulière, tant par la tessiture des voix ( … éraillées et puissantes … ), que par le vocabulaire qui constitue en lui-même un véritable argot ! , par exemple « le marka » = le marché, ou « dérouiller » = faire sa première vente, et enfin « entréper » = attirer le client … ( M. Pacaud, 1999 ) Plusieurs rues peuvent donc se succéder dans la ville pour créer un ensemble de tentures, de barnums, de camions et d’étals qui forment ensemble une architecture hétéroclite, mais respectant le plan de cadastre décidé par la ville. Aucune place ne reste vide et aucune "dent creuse" ne se forme, ce qui pourrait être mauvais pour le commerce, car tous les matins le placier est là pour remplir ces places laissées vides par des « abonnés » absents, en les remplissant par des « volants ». Le marché reste tout de même un espace ouvert et lieu de liberté de mouvement « où les corps se donnent à voir et parfois à s’entendre » (F. Maguet, 1999) . Le marché, dans son architecture, n’est souvent pas uniquement composé de structures éphémères mais des appendices peuvent se créer dans son urbanisme, et le marché peut être lui-même l’extension d’une halle (marché d’Aligre). « Le café du coin » peut être considéré comme faisant partie intégrante du marché, car il forme les coulisses du marché, le lieu ou après le déballage ou pendant le temps du marché, les forains vont se rencontrer autour d’un café. La mise en scène alors développée dans la rue par les étals des vendeurs s’opposera au bistrot du coin qui deviendra une arrière-scène, proche de la description qu’en fait Erving Goffman : « Un lieu où abandonnées les façades, on pourra désacraliser de façon rituelle la représentation qu’on est occupé à donner en se moquant du public, voire de son propre rôle, etc... » (J. Nizet, N. Rigaux, 2005) .

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Les dispositions techniques dans la ville sont nombreuses pour faciliter la tenue du marché. Les municipalités ou les concessionnaires mettent à disposition des facilités techniques pour le confort des commerçants et donc des clients. Des bornes électriques (photos ci-dessous ) sont disposées dans la rue pour permettre aux marchands d’éclairer les étals lors de l’installation des produits ou de pouvoir réfrigérer les marchandises qui en ont besoin, tant dans un camion que dans des vitrines réfrigérantes. Les aides techniques de la ville peuvent être multiples, dont celles de mettre à disposition des abris métalliques protégeant les marchands, mis en place la veille au soir, les structures métalliques s’implantent au sol grâce à un système incrusté dans "l’enrobé" de la rue qui accueille le poteau, de façon à ce que l’auvent en toile disposé pour protégé les chalands soit solidement ancré au sol (voir photo incluse dans le dessin ci-avant en page précédente). La ville procure le nettoyage et installe des fontaines qui permettent aux éboueurs d’avoir accès à un point d’eau dédié au marché (photos ci-dessous ) .

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d. Schémas d’occupation de la rue Les marchés sont des éléments vivants comme la ville, et leur adaptation à celle-ci est parfaite. Chaque marché est différent car il se conforme à la rue qu’il va occuper, tout en respectant les règles de circulation et parcellisation des échoppes marchandes. Cependant des typologies sont quantifiables sur le marché, F. Maguet a pu dénombrer quatre types différents de marché, et quelques variantes. Cette idée est appuyée par l’observation du terrain. Il est intéressent de constater que dans tous ces exemples « Le marché a su maîtriser la voiture, la tenir à distance après nous y avoir conduit, elle est bannie des abords immédiats [...] le marché c’est le paradis du piéton » ( G-H. Bailly et P. Laurent, 1998). On retrouve donc un isolement significatif du bruit des voitures dans la rue par rapport au marché ce qui en fait un endroit parfait de déambulation. Les modèles retenus sont composés, comme nous l’avons dit : de la rue, d’un couloir de circulation et des étals. 

Voir croquis en pages suivantes. Le type le plus fréquent est composé par un terre-plein central où couloir de déambulation, et, au centre de celui-ci, le marché est formé par deux rangées d’étals qui s’opposent, les deux rues de circulation des voitures entourent le marché ( marchés de Montparnasse, Charonne et Barbès ) (fig.1).

Le deuxième est le négatif du premier : ici les étals font face aux boutiques et aux immeubles, tout en englobant le couloir de circulation, et sont disposés des deux côtés de rue, une variante simplifiée ne s’installe elle que sur le seul coté de la rue ( marchés de Kremlin-Bicêtre, Cours de Vincennes et Auguste Blanqui ) (fig. 2).

La troisième forme est celle du double couloir d’étals autorisant au milieu la circulation à sens unique en présence du marché tout en bloquant les bruits extérieurs par le stationnement des camions, autorisant ainsi la marche à pied (marchés de Paris 12° -Reuilly et Ledru-Rollin ) (fig.3).

La quatrième forme réduit de façon absolue les bruits extérieurs et la voiture, puisqu’il s’agit d’une rue temporairement interdite à la circulation comme pour le marché d’Aligre, et la Rue Mouffetard, par exemple (fig.4).

On notera de plus une autre variante dans les quatre grandes catégories présentées ci-dessus, ainsi, le marché rue Richard Lenoir qui totalise trois travées d’échoppes avec trois couloirs de circulations sur un terre-plein central qui recouvre le canal Saint-Martin (fig.5).

Les schémas de construction de l’espace du marché sont toujours formés par des rues parallèles et perpendiculaires les unes aux autres. Les couloirs de circulations et les étals se partagent la rue de façon égale, pour donner un espace homogène de circulation et de vente.

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Fig. 1

Fig. 3

Fig. 2

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Coupes des schémas les plus courants dans Paris

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Page laissée blanche intentionnellement Paginer en page 28/61 le tirage sous format A3 du plan Dessin3-Model.PDF

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2. Chronophotographie d’un marché : Afin réaliser une analyse pertinente des marchés dans l’espace public, l’observation fine de leur déroulement fut une démarche importante pour comprendre comment les différents composants du marché se mettent en place au fur est à mesure d’une journée de négoce. Ainsi la réalisation de cette "chronophotographie" fut l’une des actions essentielles au travail d'examen du marché. La chronophotographie est un système qui permet d’analyser, de façon passive, une activité pour observer son déroulement au cours du temps. La chronologie nous permettra d'approfondir les connaissances sur les marchés. La photographie pourra, par son caractère répétitif et systématique, valider les données recueillies et assurera une certaine validité de l’ordre et de la forme que prend le marché dans l’espace public. Lors de leur réalisation, les photographies ont été accompagnées de la rédaction d’un carnet de bord indiquant les actions extérieures et des remarques sur le déroulement du marché, à l’image des travaux anthropologiques d’analyse de la vie quotidienne de Erving Goffman. Le processus de la chronophotographie s’est fait par une prise de vue toutes les dix minutes afin de témoigner de façon régulière et précise. Un marché a été analysé pendant douze heures pour inclure tous ses changements au cours d’une journée de vente. Le marché choisi pour cette décomposition est le Marché du Charentonneau à Maisons-Alfort, qui a lieu les mercredis et les samedis matin. Le choix du marché analysé est motivé par plusieurs aspects pratiques, formels et démonstratifs. Voir vue en plan, page suivante. Tout d’abord les critères de choix se sont naturellement définis par la proximité du marché observé de mon domicile, car le début des activités sur l’espace public se situe vers 4 heures du matin, les conditions de transport sont donc simplifiées quand il s’agit d’être sur le terrain dès les premières heures de la journée. Le deuxième critère de choix est la connaissance personnelle du terrain et des forains qui y travaillent, ce qui facilite les rapprochements avec les acteurs du marché, souvent hostiles aux observateurs extérieurs. Le troisième, et principal, motif provient des caractères spécifiques émanant de l’espace public et l’environnement dans lequel ce marché s’installe. Le marché considéré immobilise une rue où la circulation se fait de façon normale les autres jours de la semaine, et l’un des autobus qui alimente le petit bourg est détourné le temps de deux matinées dans la semaine pour laisser place au marché. Cette rue est un axe majeur du quartier du Charentonneau croisant une autre rue majeure, car il est au centre des activités du secteur, et entoure : Un café nommé « Le Diplomate » (comme beaucoup d’autres près des marchés), une boulangerie, deux vendeurs de journaux (un kiosque et un magasin), une boucherie-charcuterie-traiteur, un serrurier-cordonnier, une pharmacie et, un peu plus loin, un supermarché …

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 Nord

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De l’autre coté de la rue se trouve un square ... Le marché du Charentonneau est aussi desservi par un parking, et une halle sert à abriter la plupart des forains ayant des produits périssables comme les fromages, poissons, viandes ou rôtisserie, et qui on besoin d’alimentation électrique plus puissante que les autres marchands (comme les marchands de fruits et légumes). La position des distributeurs automatiques de billets de banque est importante dans la topologie car, dans la grande majorité des cas, on ne peut payer qu’en espèces sur les marchés. Un immeuble de logements surplombe le marché, dont les sorties se font à l’opposé du parking, donc à l’opposé de l’entrée du marché. Une salle de spectacle donne aussi sur la rue de ce marché, mais cette salle est naturellement fermée lors du marché, un petit stade de football avec un terrain stabilisé et une école maternelle sont aussi proches du lieu de l'étude. Le quartier est majoritairement résidentiel une population assez homogène reconstituant la population française dans les tendances démographiques. Les critères d’observation sont basés sur l’évolution de l’installation des stands et des changements de forme de la rue, d’un espace routier à un espace piéton. L’évolution de l’âge et du nombre des personnes fréquentant le marché, ainsi que de leurs interactions entre les différentes populations du quartier est également considérée. Une autre indication proviendra de la fréquentation automobile et de leurs réactions envers les piétons. Bien que la majorité des ventes commence fréquemment vers 9 heures, l’installation du marché débute bien plus tôt, vers 4 heures du matin, et les activités ne se terminent réellement que vers 15 heures, alors que le commerce à proprement parler prend fin vers 12 heures 30 environ. Nous analyserons donc le marché dans chacun de ses pas, qui peuvent se décomposer en 4 grandes phases : l’installation qui dure entre 2 et 3 heures, la vente qui prend logiquement la majorité du temps de marché entre 5 et 6 heures, le démontage près de 2 heures, et enfin le nettoyage qui est réalisé sur une période d’environ une heure, ou un peu plus.

Jour de marché au Charentonneau – Photo Glenn Sinzelle Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 31 / 61


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a. L’installation 04:21 Départ sous la pluie pour débuter l’analyse, l’emplacement

se trouve au coin de la place René Coty, dos au square face à l’entrée du marché et du café Le Diplomate

Toutes les photos ci-dessous à suivre, ont été prises par Glenn Sinzelle

04:37 Première

photo, la rue est vide et aucune voiture ne passe, arrivée du premier forain avec son camion sur la zone du marché. Mais des structures métalliques sont déjà installées sur le trottoir en face de la halle.

05:07

Un second marchand arrive sur les lieux du marché avec un camion et une charrette, contenant une planche. Des tréteaux sont laissés sur la voie

05:27

Un troisième camion est arrivé et barre la route, sans doute pour indiquer aux voitures qu’elles ne peuvent plus passer à cet endroit. Les forains qui sont arrivés sur place il y a près d’une heure ont commencé à mettre en place les tréteaux de leur stand, après avoir apporté le matériel avec la petite charrette et un chariot qu’ils ont sorti du camion. Un camion d’éboueurs passe, ainsi que le premier bus 107 qui va en direction du métro Maisons-Alfort École Vétérinaire.

05:37

La température est de 8°C, les tréteaux des stands se montent en des étals tentaculaires, et Le café vient de s’allumer.

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05:47

Un autre camion vient d’arriver sur place. Il se place également de façon à boucher totalement la rue, bloquant alors définitivement le passage des voitures, ils sont aussi placés pour pouvoir mieux décharger leurs cargaisons et la structure métallique formant la cellule de vente. Pendant ce temps, le garçon de café (reconnaissable à son habit) va directement chercher son pain chez le boulanger, par une petite porte, alors que la boutique est fermée.

05:57 Une

vendeuse de primeurs, chez laquelle j’achète habituellement mes légumes, vient me voir, je lui explique la raison de ma présence, puis elle salue les collègues d’en face. Les éboueurs repassent alors dans l’autre sens et s’arrêtent au bistrot pour aller boire sans doute un café au « Diplomate », puis passer au « Tabac du marché », qui sont maintenant définitivement ouverts.

06:17

Les stands sont désormais totalement montés, et on commence à décharger les produits, encore dans leurs cageots, des camions.

06:27

On aperçoit que des lumières viennent de s’allumer dans les stands. Des scooters passent et traversent le marché ( ?? ).

06:37

Les étals commencent à être colorés, les fruits et les légumes de toutes les couleurs sont placés minutieusement par une équipe qui vient d’arriver, majoritairement composée de femmes. Les balances sont alors mises en place, sous des protections en plastique cubiques, puis on empile les légumes de telle manière que les produits de même type soit ensembles, et enfin on retire les protections des balances.

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06:57

De nouvelles personnes arrivent sur le marché pour s’installer.

07:07

La boulangerie à ouvert depuis 7 heures, et une augmentation des personnes, qui n’ont pas directement à voir avec le marché, se fait sentir dans la rue. Le jour se lève tandis que les maraîchers continuent à décharger leurs produits de manière continue et très soutenue, des piles de cageots se forment devant les bancs des deux marchands qui sont des concurrents directs, car ils vendent les mêmes produits.

07:27

Je décide de faire un tour prendre un café au Diplomate, où je m’aperçois que tout le monde se connaît, blague et parle de tout et de rien, avec les deux serveurs.

07:37

C’est l’heure de pointe dans le bus qui passe devant le marché

07:47

Quelques clients sont entrés dans le marché, certains ont déjà acheté un journal, pendant que d’autres promènent leur chien.

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07:57

Des collégiens attendent un bus qui dessert le quartier. Arrive un bus qui est bondé et dépose des gens, plutôt assez âgés, avec des cabas, qui vont directement dans le marché. Pendant ce temps le déballage continue et dure depuis maintenant prés de 3 heures sans avoir faibli.

08:07

Le bus des collégiens arrive enfin.

08:27

Une discussion s’improvise avec mon marchand de fruits et légumes qui me demande lui aussi ce que je fais là ... Dès lors, nous parlons des marchés et du témoignage qu’il faut en garder, car il n’est pas très confiant en l’avenir des marchés forains à cause de la concurrence des grandes surfaces. Puis il prend son camion pour aller le stationner ailleurs.

b. La vente 08:37

Il commence à y avoir du monde sur le marché, et les couleurs ainsi que les compositions des étals sont colorées, on indique alors les prix sur les ardoises placées au-dessus des produits. On constate que certains clients flânent en regardant les prix et d’autres vont directement vers leur vendeur habituel.

08:57

La fréquentation du marché est en augmentation, et le second camion vient de partir de devant son stand. Certaines personnes se croisent et se donnent un rapide « bonjour » … Une autre personne, encore, me demande ce que je fais là, je lui réponds, et pendant qu’une mère parle avec quelqu’un d’autre, son enfant tape du pied dans une cagette restée là. La perspective pour observer le marché est désormais complètement dégagée.

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09:07

La fréquentation du marché a légèrement augmenté, la population est composée de beaucoup de personnes du troisième âge et de mères avec de jeunes enfants. Les éboueurs repassent une troisième fois.

09:27

La clientèle s’est nettement rajeunie, on constate des mouvements plus fluides et rapides, il y a plus d’interaction entre les gens, il y a plus de mères avec leurs enfants. Il fait toujours aussi froid près de 7°C.

09:37

Un petit "van" vient de se garer devant le marché, et des personnes âgées en sortent, visiblement pour venir faire leur marché

09:47

Une dame âgée passe devant moi, je m’aperçois qu’une pièce de monnaie ( 2 € ) vient de tomber de son portemonnaie …Je ramasse la pièce et la lui rend …

10:07

Cette fois-ci, ce sont les grands-mères que l’ont voit avec leurs petits enfants, lesquels sont eux aussi un peu plus âgés ( une dizaine d’année). Il y a aussi beaucoup plus de monde. Un groupe d’enfants passe dans la rue accompagné de leurs institutrices.

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10:17

La dame de 09:47 à qui j’avais rendu une pièce tombée revient vers moi, non seulement elle me remercie chaleureusement en me disant qu’il n’y a que dans un marché que les gens sont si gentils, mais de plus elle m’apporte un café … J’en avais bien besoin …

10:27

Une personne distribue des tracts dans la rue, il y est question d’un étrange concours sur le thème des « Villes à joie », la distribution n’a pas l’air de rencontrer l’adhésion de tous …

10:47

Je remarque que certaines personnes (au nombre de deux) arpentent le marché sans même acheter quoi que ce soit, de plus ils ont l’air « un peu spéciaux », ils ne semblent pas avoir toute leur tête …

10:57

L’individu qui distribuait des prospectus s’en va. Il y a vraiment beaucoup plus de monde aux étals où les gens font maintenant la queue.

11:07

Un petit groupe bruyant s’est réuni de l’autre coté de la rue, et s’esclaffe au passage d’une voiture de sport de luxe. Le groupe d’enfants repasse devant moi dans l’autre sens.

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11:17

La clientèle s’est encore rajeunie, et, en nombre, la fréquentation pourtant est restée la même, mais s’est accrue la population de familles avec des mères poussant des landaus et accompagnées d’un enfant.

11:47

Depuis une demi-heure, le nombre de personnes dans le marché a sensiblement décrut.

c. Le démontage 12:17

Les fraises du marchand commencent à être bradées, on entend « 2 € la barquette »

12:27

Les forains commencent à remballer. Un premier camion arrive devant l‘allée du marché et les prix commencent à être enlevés. En face on brade les barquettes de fraise à un euro.

12:37

Un second camion arrive dans la rue et se place comme lors de l’installation. Les deux concurrents échangent quelques mots après qu’une altercation se soit produite entre un des marchands et un automobiliste mal garé devant un camion, gênant le chargement des produits.

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12:47

Le vendeur de journaux du kiosque vient à son tour me demander ce que je fais là, me croyant appartenir à la mairie …

12:57

Le rangement est maintenant bien entamé et des marchands m’offrent une banane.

13:07

Une des vendeuses de primeurs est venue me parler de la part de la boulangère qui s’inquiétait de me voir immobile depuis qu’elle avait ouvert. J’en ai aussi appris plus sur la minutie de l’organisation des étals et sur le temps d’installation et de démontage, notamment qu’il ne faut jamais rester immobile derrière son banc.

13:27

Le vendeur placé à droite vient de finir de remballer son stand et s’en va.

d. Le nettoyage 13:37

Un premier glaneur arrive sur le marché, il scrute, regarde mais ne s’intéresse pas aux aliments.

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13:47

D’autres glaneurs arrivent, cette fois il s’agit d’une mère et de son fils

13:57

Le marché se vide progressivement des marchands, et un premier nettoyeur, sans uniforme et muni d’un balai en bois, commence à nettoyer la chaussée

14:07

Un second camion vient pour aider à charger le matériel et les produits pour le stand de droite, qui est beaucoup plus grand que celui d’en face ( qui est déjà rangé).

14:17

Je viens encore de parler avec quelqu’un qui se demande ce que je fais ici pendant que le démontage continue …

14:27

Les voitures recommencent à circuler dans la rue en se faufilant dans le marché entre les cageots vides laissés par les forains dans la rue.

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14:37

Le nettoyage est maintenant effectué par des éboueurs en uniforme jaune fluo et balai en plastique vert équipé d’un camion poubelle.

14:47

Les voitures respectent maintenant le feu rouge, et la chaussée est débarrassée des plus gros déchets qui l’encombraient.

14:57

La rue est maintenant totalement propre, et les voitures circulent normalement. Le bus 107 est repassé dans la rue qui, il y a quelques heures, était remplie de marchands et clients

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e. Analyse du marché À l’inverse de ce qu’on pourrait imaginer, le marché est un événement qui commence très tôt. En tant que consommateur, nous ne voyons en fait que « La partie émergée de l’iceberg » mais le travail d’un forain sur le marché est en partie consacré à l’installation du stand et des produits sur l’étal. Comme nous avons pu le constater ici, et sur d’autres marchés : la structure de certains stands est installée la veille de la mise en place du marché. Ce sont en général des structures qui sont fournies par la ville, en cas d’affermage, ou par le concessionnaire. L’ordre le plus souvent respecté pour l'aménagement des stands s’amorce, pour les « volants », par la localisation de leur place ; pour les « abonnés » par le montage des tréteaux, suivi par la disposition des plateaux de vente (aussi appelés "clayettes"). Puis on installe les abris contre les intempéries quelle que soit la météo. Dans le cas particulier de cette rue, où la circulation automobile doit être stoppée, les forains ont mis au point une technique qui permet de décharger les marchandises efficacement, tout en faisant comprendre aux automobilistes que la rue devenait impraticable pour eux. Les marchands bloquent donc la rue en stationnant leurs camions perpendiculairement à celle-ci. Après la mise en place des espaces de vente, on installe les produits avec beaucoup plus de minutie. Cette période demande plus de main d’œuvre « qualifiée », et une lumière plus intense est alors nécessaire pour la composition de l’étal ( 06:57 ). Les lieux annexes du marché, on le voit ici, sont très importants car ils font aussi partie intégrante du marché. On constate que le garçon de café va à la boulangerie, avant son heure d’ouverture, et que le café ouvre bien plus tôt les jours de marché. De plus la boulangère communique avec les autres protagonistes du marché, que se soient les marchands, comme les clients, qui sont aussi les siens. La communication se fait entre tous les acteurs du marché, même avec les personnes annexes qui ne sont là que pour un temps réduit … comme moi par exemple, qui ne suis qu’un simple observateur. Durant l’étude des marchés, il a été d’ailleurs très difficile de ne pas se faire remarquer lors de la prise de notes ou de photos. Sur un marché, n’importe qui en devient partie intégrante dès lors qu’il y met les pieds. Beaucoup de personnes qui passent devant le marché en bus pour aller travailler peuvent ne rien y acheter, malheureusement ils partent vers leurs lieux de travail pour la journée, et ne peuvent s’encombrer de produits en pleine heure de pointe dans les transports. La population sur les marchés est donc constituée de personnes qui on le temps de s’y rendre, et de pouvoir rapporter dans de bonnes conditions les produits qu’ils y achètent, on pourra déduire l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de personnes âgées prennent part au marché en semaine, et que le samedi et le dimanche plus de personnes actives viennent s’y approvisionner. La fréquentation des marchés évolue aussi par rapport au temps qui passe, plus le temps passe plus il se remplit. Les âges des personnes qui le fréquentant décroît en corrélation avec l’évolution en hausse des personnes qui fréquente le marché. Des mères avec leurs enfants deviennent la population la plus visible du marché.

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La présence d’une personne distribuant des tracts est aussi significative de la manne que peut procurer le marché, car événement rassemblant un grand public. Le caractère des rencontres est aussi illustré ici : certains échangent un simple bonjour, tandis que d’autres se fixent un point de rendez-vous et forment un petit groupe discutant ensemble et réagissant aux événements de la rue ce qui amplifie et confirme leur appartenance au lieu. Les familles pratiquant le marché se dirigent souvent vers le square en face, pour que les enfants utilisent le manége ou aillent jouer, le marché devient alors un prétexte de sortie où l’on ne va pas uniquement acheter. De même, les clients déambulent dans le marché, mais ne vont pas uniquement s’y approvisionner. On pourra constater que des personnes vont acheter leurs journaux leur baguette de pain, leurs médicaments, leurs cigarettes ou se rendent aussi au supermarché ou, et surtout ( pour les messieurs … ) au café tout proche. Le marché est donc un prétexte pour sortir et se ravitailler ou même simplement pour se rencontrer. Une baisse brutale de la fréquentation se produit vers midi, en rapport avec l’heure du déjeuner, et les marchands procèdent à une attitude de remballage par la vente dite « à dix balles … » qui consiste à casser les prix des invendus du jour. Le démontage est beaucoup plus rapide que le montage, mais une partie du travail est effectuée par les éboueurs qui ici sont aidés par une personne employée pour dégager la voie le plus rapidement. La présence de glaneurs et leur rôle est aussi vérifié par leur présence lors du nettoyage de la rue. Intéressons-nous maintenant au rôle de la circulation dans ce marché : à part la technique de blocage/interdiction de la rue, il n’y a eu aucun problème de circulation, et le changement d’attribution de la voie s’est fait naturellement, le bus et les voitures n’ont eu aucun problème. Au cours de la durée du marché, depuis mon poste d’observation, j’ai remarqué que les automobilistes commettent de nombreuses incivilités routières envers les clients qui traversaient la rue, et particulièrement ceux qui souffrent de déplacements difficiles.

Ci-contre, le schéma de la déviation du bus 107, les jours de marché. Source : RATP Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 43 / 61


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Vendeur d’artisanat africain au marché de Charentonneau – Photo Glenn Sinzelle

Panoramas du marché de Charentonneau – Photos Glenn Sinzelle Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 44 / 61


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3. Un avenir pour les marchés ? Cette question est celle qui soulève en fait les problèmes de fonctionnement des marchés, surtout de leur concurrence, et comment peut on envisager de répondre de façon correcte aux enjeux du développement durable et d’économie, d’urbanisme et d’architecture, en y intégrant les caractéristiques du marché.

a. Marchés & Supermarchés On l’a vu dans l’analyse faite ici, le marché a beaucoup de caractéristiques, qui en font un « objet » de l’espace public dans la vie quotidienne, très forte et qu’on ne retrouve que dans cette forme de vente. Ainsi le marché est un régulateur de prix, c’est aussi un lieu « fort » d’intégration sociale et culturelle, mais ils sont de moins en moins fréquentés bien que leur nombre augmente … C’est surtout pendant les fins de semaines que les marchés sont les plus fréquentés « le nombre de commerçants peut donc aller du simple au triple pour un même marché, selon qu’il se tient en semaine ou le week-end » (source : Iaurif, 1999). Les clients vont d’ailleurs de moins en moins sur les marchés pour y acheter des produits de première nécessité, et les produits manufacturés, vendus par des « volants » prennent de plus en plus de place dans les ventes sur les marchés

Cette évolution des marchés tend à les faire devenir des lieux où l’on ne se rend qu’occasionnellement, et sont de moins en moins des repères chronologiques dans une semaine ; Le marché forain en France se transformerait peu à peu en marché aux puces. Bien que le marché soit un événement que l’on retrouve dans le monde entier, on peut noter partout de légères différences, tout d’abord par sa structure même, mais aussi par le fait qu’il soit situé – ou non - sous une halle, car les regards des consommateurs et les techniques de vente changent de l’un à l’autre des cas. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 45 / 61


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La pérennité des échoppes crée une relation identique à celle d’un marchand ordinaire, et ne forme pas des relations que seul l’espace public peut mettre en forme. Le supermarché est un phénomène mondial aussi mais sa forme reste constante et monotone, son architecture est identique d’un pays à un autre. Les grandes surfaces dont l’organisation est sous-tendue par la vente de grandes marques dirigeant leur « marketing au niveau mondial », ne répondent pas aussi bien à la structure de la ville que le marché forain. Outre la place tentaculaire du parking, et les positions excentrées dans lesquelles les grandes surfaces sont localisées, le supermarché ne peut vivre sans la voiture, qui est le seul moyen de s’y rendre. Mais le supermarché a réussi là où le marché a échoué, car il a réussi à répondre exactement aux attentes de la société de consommation, en réduisant les coûts de vente par différentes techniques adoptées de l’industrie. Les différences entre marché et supermarché sont nombreuses mais souvent injustifiées. Par exemple, le supermarché apparaît avoir une architecture logique et une organisation des produits plus rationnelle. Par contre les marchés forains sont considérés comme moins pratiques parce que les produits ne sont pas présentés de façon cohérente, alors que l’urbanisme des marchés s’étend généralement sur une surface moins grande que des supermarchés, ce qui permettrait de conserver une logique plus compréhensible et organisée. Les prix sont aussi un motif de préférence du supermarché par rapport au rmarché forain, mais ce paradigme n’est pas forcément juste car le marché élimine souvent des intermédiaires et les marges des produits sont moins grandes car la publicité, le marketing, les frais généraux en tout genre, sont absents des dépenses que doit effectuer un marchand forain, qui est souvent son propre patron. Dans les supermarchés, les prix sont certes moins élevés par effet de la législation, et par l’achat de gros, mais la qualité des produits est moindre. Dans le marché forain, la proximité des vendeurs avec leurs produits est significative, et la réputation du marchand ne tient que par ses produits, alors que celle du supermarché sera plus liée à ses prix ou à son choix de produits de marques. Les marchés forains ont ce problème de ne pas être, sauf pour l’habillement, un très large pourvoyeur de produits industriels siglés, et les personnes habituées aux labels industriels ne sont donc pas, par usage, habitués à aller dans le marché forain, car ne répondant pas à leurs attentes. L’usage généralisé de la voiture a aussi été un obstacle au maintien des marchés dans le choix d’approvisionnement, il est très difficile de pouvoir stationner sa voiture prés d’un marché forain, car les places de parking en centre ville sont très vite saturées par les résidents, il est plus simple d’habiter dans la ville même pour profiter du marché qui se déroule juste à nos pieds. L’urbanisme du « tout-voiture », c’est à dire de la ville sectorisée, franchisée, dans laquelle l’espace public ne sert que pour utiliser la voiture n’a pas favorisé le marché dans la ville dans sa forme actuelle. Pourtant à Marseille, les habitants des grands ensembles ont été très demandeurs de la vente à ciel ouvert car les grandes surfaces ne répondaient pas à leurs demandes, surtout pour les produits exotiques et traditionnels (S. Mazzella, N. Roudil, 1998). Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 46 / 61


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Le majeur point noir vient des horaires des marchés qui ne conviennent pas aux attentes des actifs, alors que les grandes surfaces - parce qu’elle sont ouvertes presque tous les jours de la semaine, et toute la journée - s’ouvrent à un potentiel de consommateurs plus grand alors que les marchés forains ne sont présents que périodiquement, et ne conviennent donc pas à tout le monde. Le marché a quand même cette force d’être un moteur social important, ainsi la communication n’est pas très poussée dans les grandes surfaces où l’on se contente d’échanger uniquement avec ses proches (J-M. Poupard, 2005) alors que dans le marché, le contact est plus facile avec les vendeurs et les autres visiteurs. Les supermarchés sont principalement des grands "non-lieux" où, en fait, on ne fait que passer, alors que dans les marchés forains une connexion se fait avec le lieu, comme on a pu le constater avec Carpentras ou Barbés. Les marchands vous connaissent, et le marché devient dans l’espace public un lieu très particulier qui est souvent le représentant immédiat de la ville, du quartier ou du pays dans le quel on se trouve. Le marché est un vecteur essentiel de la culture d’un lieu, exprimant à la fois sa façon d’être, de se parler, de manger, de commercer, consommer et aussi de s’habiller. Dirigé par aucune véritable autorité, à part municipale, l’économie est laissée aux forains, et donc répond de haut en bas à l’économie locale et aux modes de vie des habitants du lieu. Il apparaît donc que les marchés ont des aspects que n’ont pas les supermarchés, comme le fait de pouvoir faire jouer la concurrence, négocier et comparer. Sans oublier que le glanage est un moyen de subsistance totalement exclu des grandes surfaces, excluant par-là même les plus pauvres de la répartition des richesses, en valorisant la société de consommation et le gaspillage. Flâner demeure aussi un des aspects qui optimise la valeur du marché, la ville revêt son propre visage de la découverte que l’on attend tous lorsqu’on se promène dans les quartiers. Aucune surprise n’est possible dans le supermarché, alors que le caractère mouvant et éphémère du marché forain permet à chaque pas et chaque jour, d’apprécier les espaces, les échoppes et les commerçants d’une autre manière.

b. Adaptation et développement durable L’adaptation des marchés se fait plus rapidement qu’on peut le croire, notamment en considérant les aspects locaux et globaux. Au plan local, le marché va savoir répondre aux attentes du consommateur plus rapidement que n’importe quel autre, le marchand forain travaillant avec des stocks en flux tendu : si un produit a tendance à se vendre mieux que chez un autre le marchand, il va pouvoir réagir beaucoup plus rapidement qu’une grande surface, qui doit d’abord écouler ses réserves. Le marché forain s’adaptera aussi aux fluctuations naturelles de la population d’un quartier. Les produits que l’on trouvera sur un marché forain seront différents d’un marché à l’autre, et ceci sera en fonction de la demande.

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Ainsi à Barbés, il est facile de trouver des produits d’Afrique sub-saharienne ou du Maghreb (comme de la menthe ou des bananes plantain par exemple), mais il sera plus difficile de trouver ( … bien que "possible" …) ces mêmes

produits dans XVIeme, où il n’y a pas une population très métissée.

Un samedi matin à Barbès Photo Glenn Sinzelle

Dans le même ordre d’économie et de culture locale, Michèle de Lapradelle parle des discussions des clients entre eux, qui portent sur la qualité des spécialités locales ou de la façon dont on les réalise. À Carpentras, il sera beaucoup plus facile de se procurer des spécialités comtadines qu’à Lille et le prix sera en conséquence, plus cher à Lille qu’à Carpentras. Ceci constitue une très grande différence par rapport aux grandes surfaces qui vendront au même prix le même produits sur tout le territoire français. Sur les marchés forains, la vie locale est la base de la nature du marché ainsi beaucoup de marchés ont disparu car la population n’y allait plus, ou d’autres encore parce que la population le demandait. L’urbanité d’un marché est une vitrine pour la ville, et l’exemple de la ville de Marseille est cas intéressant de revitalisation de la ville par l’image que donne ses marchés, qui la répercute ensuite sur l’opinion que les touristes ou des habitants ont de la ville. Au niveau global, le marché se différencie d’un pays à un autre, d’un continent à un autre, les approches sont toutes différentes : en Italie les personnes seront plus prolixes. Mais les différences ne sont pas seulement sur ce plan. En Chine par exemple, les marchés se déroulent surtout la nuit et cet événement constitue une sortie pour toute la famille, on peut aussi manger dans des petites échoppes … des concerts sont improvisés sur des petites places … c’est un vrai rendez-vous culturel. On retrouve aussi cette attitude à Marrakech sur la place Jama-Al-Fna qui est un point central symbolique de la ville, aussi bien pour le touriste que pour le Marocain. Tous les soirs à cet endroit, on peut acheter toutes sortes de denrées et l’organisation est presque à l’image d’un marché forain français, des personnes viennent y vendre fruits, légumes, gâteaux et autres produits locaux. En compagnie d’amuseurs de rue divers ( avaleurs de feu charmeurs de serpents, etc … ) Vendeur d’escargots sur la Place Jama-Al-Fna Source « Webshots » Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 48 / 61


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Le touriste, dans les grandes villes, est continuellement la cible des marchands et des marchés, la localisation permet de pouvoir écouler toutes sortes de marchandises au promeneur étranger voulant rapporter des souvenirs typiques … Les marchés deviennent boutique de souvenirs en s’adaptant à la demande, procurant alors le nécessaire aux vacanciers. À Saint-Tropez, et sur toute la côte, la vente de T-shirts siglés avec le nom de la ville devient rapidement incontournable … (M. Pacaud, 1998).

Vendeurs à la sauvette Sur Copacabana – Brésil Photo « Webshots »

Marché couvert de « Quincy Market » de Boston – USA 1927 Photo « Graphics Boston.com »

Marché « spécifique aux fleurs » à San Francisco - USA Photo « Webshots »

Aux États-Unis la culture dominante et la grande majorité de structure commerciale furent créées au moment de l’explosion du concept des grands magasins à la fin du XIXeme siècle, ce qui a sûrement annihilé l’installation durable de marchés forains dans le centre des villes. Mais plus encore les distances, qui ont pu exister entre les villes durant la colonisation du territoire, ont empêché le regroupement d’un nombre conséquent de vendeurs pour créer des grands marchés à ciel ouvert. La plupart des marchés aux États-Unis sont regroupés dans des halles où l’on peut aussi trouver des restaurants, partageant un même parc de tables, que l’on appelle « food court » et qui existent aussi dans les "malls". Ces halles de marchés sont situées dans le cœur des villes, et font partie de l’ancien tissu urbain et du patrimoine de la ville. Quelques vendeurs ambulants peuvent aussi se trouver çà et là dans les villes, comme les vendeurs de hot-dog à New York. On ne peut pas parler de rassemblement de type marché forain états-unien spécifique à la culture américaine du nord, cependant les minorités culturelles fortes organisent très souvent ce genre de réunion commerçante dans leurs quartiers. À San Francisco, dans Chinatown, des marchés de nuit sont organisés, et à Boston on peut trouver des marchés dans le quartier italien. Au Japon les marchés sont essentiellement couverts et les produits sont tous conditionnés de façon stricte, le marché aux poissons est une institution à Tokyo et dans la culture nippone, en raison d’une alimentation basée sur le poisson et les fruits de mer, une hygiène quasi absolue est incontournable ... À Barcelone, bien que couvert, le marché fait partie intégrante de la vie. Au centre de la ville - et ouvert tard le soir - les Barcelonais peuvent s’y approvisionner en sortant de leur travail. La Boqueria, LE marché couvert de Barcelone Photo David Teixieira

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En ex-Allemagne de l’Est, en Slovaquie, en Russie et en Pologne, l’espace public est durablement investi par des formes de vente installées dans des kiosques. On ne peut pas ici parler à proprement dit de marché forain mais la forme précaire des bâtiments et leur emplacement dans la rue rappellent celles de marchands à ciel ouvert. Les « Kiosk » peuvent cependant être similaires aux étals des marchands forains utilisant des camions ou des remorques pour vendre. Dans ces pays ex-soviétiques, on peut tout acheter dans les « kiosks » du shampooing aux fleurs, des journaux à la nourriture, certains se transforment en entrepôts ou en restaurants. Placés à des endroits stratégiques de la ville, ils forment un repère près des grands ensembles en remplaçant les « corner shops » anglais, ou « les petites épiceries du coin toujours ouvertes … » en France. Le « kioskisierung » est un moyen de subsistance de proximité sur l’espace public ( P. Arlt, 2005).

En Afrique les marchés sont un très fort moyen de subsistance des populations urbaines comme rurales, mais les infrastructures ont du mal à suivre le développement dans un marché considéré comme un simple équipement. Le marché est ici un agent essentiel de la structuration urbaine par son importance économique. Mais la ville et l’espace public sont les victimes de cette occupation car le commerce, informel et formel, en occupant le domaine public, transforme le tissu urbain en domaine privé. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 50 / 61


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Au Bénin par exemple, le marché de Dantokpa à Cotonou, accueille en sont sein des vendeurs de micro-détail, jusqu'au vendeur de gros et l’activité intense de ce marché en fait « une ville dans la ville », comme ont pu l’être les Halles de Paris au XIX eme siècle.

À Porto Novo, au Bénin, sur le marché, on y trouve même des vendeurs d’essence en litre …

Photo T. Paulais, 1998

Les ventes ambulantes, ou sous abris, transforment le bâti riverain par l’ajout d’auvents et l’habitat de la zone se transforme en magasin, pendant que d’autres abritent des activités de stockage. Les marchés souffrent de sous-équipement, voire d’aucun équipement. Le problème devient insoluble quand le gestionnaire augmente les tarifs de droit de place pour améliorer les situations matérielles des vendeurs, car il provoque l’effet inverse, c’est à dire une augmentation des commerçants pirates utilisant les infrastructures mais ne payant pas les redevances. Dès lors, les conditions de fonctionnement se dégradent et des conflits apparaissent entre les commerçants légalement installés et le concessionnaire. La localisation des marchés en Afrique est fortement liée aux gares routières qui sont le vecteur de transport des marchands, marchandises et clients, faisant qu’ainsi le marché est indissociable de la gare ( T. Paulais, 1998 ). En Algérie et au Maroc le marché et les souks « Reflètent fidèlement l’enracinement au milieu rural » (J-F Troin, 1980)., Pour Alberto Magnaghi « Les marchés de quartier redeviendront les principaux vecteurs d’une économie à base territoriale » (2000). L’importance de l’économie locale par le marché forain est cruciale dans sa nature : la vente de produits régionaux dans les différents marchés du monde entier est une preuve que les filières d’écoulement de produits locaux ont toujours existé. Dans une logique de développement durable, le marché forain a une place majeure à tenir dans les villes car il est un système qui permet une vitalité culturelle, sociale et urbaine très positive. Ainsi, même en Île-de-France, les marchés sont approvisionnés en majorité par les producteurs locaux. Beaucoup moins gourmand que les hypermarchés en surfaces, en énergie et en stocks, le redéveloppement des marchés de proximité peut revitaliser des zones déprimées, et être utilisé comme outils d’aménagement (J-F Troin, 1980). Michel Pacaud, dans son propre témoignage de forain, nous explique que le marché peut être vecteur d’emplois directs quand, sur la place des lys à SaintTropez, un arrêté municipal interdit aux forains de charger et de décharger avec leurs camions directement sur la place. Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 51 / 61


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Dés lors une organisation est formée par les clochards qui deviennent, le temps d’un marché et pour quelques pièces, des aides pour les marchands dont l’étal est trop loin de la zone de stationnement des camions. Le marché par ses facilités de mise en œuvre administrative ou de vente à la sauvette, constitue un moyen d’ascenseur social grâce au communautarisme. Un marchand va pouvoir s’installer à moindre frais sur un marché, et pouvoir utiliser ses connaissances et les personnes de sa communauté pour vendre ses produits (S. Mazzella, N. Roudil, 1998).

L’adéquation entre le vendeur et le produit implique une exigence et un savoir-faire qui poussent le marchand à obtenir de son grossiste une qualité supérieure des produits. Ainsi, l’image d’authenticité dégagée sur les marchés est propice au développement des produits biologiques plus respectueux de l’environnement. La présence sur les marchés de producteurs locaux est importante dans une relation soutenable avec la consommation de produits alimentaires, la traçabilité et le l’origine locale des marchandises devient ici inévitable, la ville est approvisionnée directement par la campagne avoisinante. Sur les marchés, l’adaptation aux produits de saison est une nécessité, la connaissance des produits et leurs prix deviennent hors-saison des limiteurs de développement de produits alimentaires, qui demandent une énergie considérable, soit pour faire pousser les fruits et légumes sous serre de façon intensive, soit de les faire venir d’horizons divers, payant alors le prix de notre impatience ( Cerises du Chili à Noël ). Le marché est un palliatif des crises sociales de par sa flexibilité et la possibilité de donner accès à des personnes très pauvres des moyens de subsistance. Lorsqu’on est paysan, et que l’on n’a que sa terre, la seule possibilité de gagner de l’argent réside souvent dans la possibilité de vendre à la sauvette - en ville - le fruit de ses récoltes. Quand les réseaux de distribution sont impraticables, le marché, de par sa forme, peut permettre le troc ou la vente dans toutes les conditions, comme – hélas - en temps de guerre ou d’insurrection, les marchés sont souvent les seuls moyens d’approvisionnement possible mais – Source « Webshots » malheureusement - la cible d’actions plus meurtrières (Darfour, Irak). Le marché en tant qu’événement vernaculaire trouve sa place dans tous les pays, mais la non-adaptation des marchés et la concurrence des nouveaux modes de consommation, l’ont fait progressivement péricliter dans presque tous les pays occidentaux, et peut se propager dans d’autres continents. Pourtant les marchés sont toujours présents, et représentent une véritable alternative aux super et hyper-marchés dans le cadre de la mondialisation, en particulier parce qu’il peut écouler des produits dans un cadre plus soutenable qu’avec les filières d’écoulements des grandes marques, lesquelles sont plus à la recherche de prix bas que de qualité.

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c. Quel avenir pour les marchés forains ? Avec l’avènement de la vente industrielle en grandes surfaces et l’urbanisme centré sur l’automobile, le centre des villes ont beaucoup de mal à s’adapter aux commerces modernes (Pedro-Varanda, 2005). La résistance à l’adaptation, ainsi qu’aux changements des mentalités est difficile à effectuer dans un monde pétri de tradition, même si des aides financières sont offertes afin d’effectuer la restructuration d’un centre ville en déclin. La peur d’investir sans retombées, ou le changement des habitudes, sont des freins à l’activité des centres villes. Des grandes surfaces tentent pourtant de s’adapter à la nouvelle donne des centres villes, beaucoup de franchises se mettent en place, transformant les centres urbains en centres commerciaux. L’urbanisme commercial ne conçoit pas les marchés forains comme une alternative sérieuse, alors que les demandes sont réelles et des rues parisiennes comme les rues Daguerre, Lepic, Mouffetard ou Clerc - , établissent un style de commerce local hybride entre les marchés forains et les magasins. Dans ces rues, les marchands forains se mêlent aux marchands de magasins qui tendent à empiéter sur l’espace public. Les halles de marché deviennent aussi un lieu où, sans les règles de la grande distribution et les effets néfastes du supermarché, la vente peut aussi s’effectuer de façon alternative, tout en gardant une fraîcheur qui est proche de celle du marché forain. Les grandes surfaces veulent aussi redorer leurs images, et donner une impression moins froide, moins industrielle, à leur architecture ; Pour cela les allées ont tendance à devenir de plus en plus des rayons où nous avons l’impression d’être dans un marché forain ou dans une halle. La notion de vente à l’étal est privilégiée dans des stands qui veulent être proches du client : les poissonneries auront leur vendeur qui essaiera d’imiter les cris du marché, et les fromagères insistent pour conseiller le client par rapport à ses goûts, mais l’atmosphère, l’architecture et l’arrière pensé des employés de supermarchés – même consciencieux - n’e sont pas les mêmes que dans la rue. Les marchands forains ont une façon de parler qui est inimitable, parce que dans l’espace public, loin des règles strictes d’un chef de rayon ou d’un directeur du marketing, les règles ne sont plus les mêmes ... La responsabilité du marchand forain face à son affaire l’implique beaucoup plus au niveau financier, ses ventes devront être en conséquence ce qui le motive pour haranguer la foule afin d’écouler ses stocks. Dans le supermarché, le simulacre de proximité sera toujours biaisé par la forme, et le fond sera brisé par la non-responsabilité du vendeur face à la vente : il sera tout de même payé à la fin de la journée. L’avenir des marchés se trouve dans le choix que doit faire la société face à son économie, à son urbanisme, à la gestion de son territoire qui passe par une revalorisation des campagnes par rapport aux villes, dont le marché a toujours été le vecteur, mais aussi des choix plus respectueux de l’environnement. Mais le marché forain, en raison du mode de vie basé sur la consommation de produits industriels, est menacé en France par sa forme même. En Asie ou même en Europe (Barcelone) on a su adapter les marchés aux modes de vie en les ouvrant de préférence le soir, ou en leur donnant une structure plus stable.

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L’exemple marseillais de restructuration est un départ pour le développement, et une reconquête de la réelle valeur des marchés dans la ville et dans l’espace public. On pourra aussi citer l’importance de la connexion entre horaire de travail et marché, qui est présente dans la conception africaine et espagnole de ce sujet. Pour certains, le marché n’est pas près de disparaître pour différentes raisons : La première vient d’un regain de la population pour l’authentique, le biologique, la traçabilité, la perte des relations humaines en ville, toutes choses que l’on retrouve dans les marchés forains, sont des points d’amorce d’un renouveau possible. La deuxième pourrait venir d’un renouvellement des politiques urbaines, plus axées sur des quartiers dits « verts », où les marchés pourraient avoir leur place dans une logique de développement durable, soucieux des dépenses, dont les hypermarchés ne sont pas régulateurs, aussi bien sur les plans urbains (distance, transport et villes sectorisées), architecturaux (architecture peu diversifiée et problème des étendues de parkings, alors que le foncier est de plus en plus rare) ou énergétique (déplacement, industrialisation multiplication des emballages).

La troisième raison qui pourrait faire durer les marchés dans le temps, vient de la présence et de l’importance de la politique dans le marché forain, pas une campagne électorale sans que l’on puisse voir déambuler des personnes éligibles dans les petites rues encombrées d’un marché, à serrer des mains … Le marché est le seul endroit où les hommes politiques peuvent s’adonner à cette pratique, qui n’est en fait qu’une façade dont l’électorat est pourtant très friand.

Conclusion : Le marché forain dans l’espace public existe, il existe par ses acteurs présents sur les places et les rues des villes depuis des siècles, il est tellement présent dans nos vies qu’il obéit à des Lois depuis les temps médiévaux, les glaneurs et les systèmes de gestion propres au marché sont là pour en témoigner. Les anthropologues, les sociologues, les économistes, les géographes sont les témoins scientifiques que le marché est un événement très important, un des seuls vraiment publics sur l’espace public. Le marché forain permet une communication et une liberté de la personne, qu’aucun autre lieu spatial et temporel ne permet, même les supermarchés s’orientent vers cette formule pour augmenter leurs chiffres d’affaires. Le marché forain est pourtant sous-estimé dans le concept urbain, et la conception commerciale des bâtiments est le parent pauvre de l’architecture. Le marché doit subir des mutations pour ne pas disparaître, et devoir être plus rationnel vis-à-vis de la ville, mais surtout vis-à-vis de ses travailleurs qui répondent à des charges de travail impressionnantes pour pouvoir subsister. La ville tend à devenir un non-lieu où les gens ne font que passer d’un lieu privé à un lieu franchisé identique sur toute la planète. Le marché offre la possibilité d’être toujours différent d’un pays à un autre et - parce qu’il est sur l’espace public de pouvoir s’ouvrir et d’intégrer l’étranger, qu’il soit touriste ou immigré.

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Bibliographie  Aimée-Meyer (Nicolle) et Smith (Amanda Pilar) Paris dans un panier – Marchés, machands et marchandises Könemann 2000  Arlt (Peter), Sandström (Ida), Foerster-Baldenius (Benjamin) Kiosk ? - Kioskisierung Kulturstiftung des Bundes – Édition Berlin septembre 2005  Ascher (François) Les nouveaux principes de l’urbanisme, 2004 L’Aube Poche Essai – Édition avril 2006  Augé (Marc) Non-lieux,1992 Librairie du XXIème siècle Seuil – Édition avril 1992  Bailly (Gilles-Henry) et Laurent (Philippe) La France des halles et marchés Privat – Édition 1998  Baudrillard (Jean) La société de consommation, 1986 Folio Essais – Édition mai 2006  Sous la Direction de Beaujeu-Garnier (Jacqueline) Essais de géographie commerciale Annales de Géographie Armand Colin - Édition de Juillet / Août 1982  Calvino (Italo) Les villes invisibles, 1972 Seuil – Édition mai 1974  Chagnot (Isabelle) « Etat des lieux des marchés forains en Île-de-France » Note sur l’économie, N° 179, Juin 2000 L’Aurif – Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-de-France  Chiva (Isaac) Directeur de Publication, avec Duby (Georges), Sautter (Gilles) Études rurales – N° 78-79-80 – Avril – Décembre 1980  Choay (Françoise) Urbanisme, utopie et réalité, 1960 Seuil – Édition octobre 1979  Le Corbusier Urbanisme, 1948 Flammarion – Édition janvier 1994  Davis (Mike) City of quartz (Los Angeles, capitale du futur), 1997 La Découverte – Édition de 2006  Sous l’autorité de Delanoë (Bertrand) « Compte-rendu du débat du Conseil Municipal de Paris », Décembre 1997, Autorisation de Convention d’Affermage. Journal Officiel de Décembre 1997 Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 58 / 61


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 Delannoy (Pascal), Viard (Jean) Contre la barbarie routière, 2002 Éditions de l’Aube / France Info Plus – Édition de 2002  Dumont (Marc) et D’Alessandro-Scarpari (Cristina) La clef des villes Éditions le Cavalier Bleu – Édition de mars 2007  Sous la Direction de Dupuit (Jean-Sebastien) De place en place : L’espace public à Grenoble du XIXe au XXe Siècle Bibliothèque Municipale de Grenoble – Édition de 1999  Féraud (Olivier) Mémoire de Maîtrise d’ethnomusicologie « Les voix du marché » Juin 2003, Université de Paris X Nanterre En le remerciant chaleureusement pour son travail, en particulier la bibliographie qui fait partie de son mémoire.

 Ferreira Freitas (Ricardo) Centres commerciaux : îles urbaines de la post-modernité, 1996 L’Harmattan / Nouvelles Études Anthropologiques – Édition octobre 2001  Garcia (Dora) Cellule Cité Lénine, Les Laboratoires d’Aubervilliers - Édition 2006  Habermas (Jürgen) L’espace public, 1962 Critique de la Politique / Payot - Réédition 1992  Heilbrunn (Benoît) La consommation et ses sociologies, 2005 Armand Colin – Édition novembre 2005  Inghallina (Patrizia) Le projet urbain, 2001 Que sais-je ? PUF – Édition 2003  Joseph (Isaac), Boullier (Dominique), Guillaudeux (Vincent) La Gare du Nord, mode d'emploi Programme de recherche concerté  Korosec-Serfaty (Perla) La Grand’place, 1986 Éditions du CNRS – Édition 1986  Koolhaas (Rem) New York délire, 1978 Parenthèses – Édition avril 2003 

Koolhaas (Rem), Chung Chuihua (Judy), Inaba (Jeffrey), Leong (Sze Tsung), Project on the city 2, 2001 Taschen – Édition 2001

 de La Pradelle (Michèle) et Lallement (Emmanuelle) « Société du spectacle et approvisionnement », Les Annales de la Recherche Urbaine, N° 78 – Décembre 1997– Pages 38 à 45 -

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 de La Pradelle (Michèle) « Comment analyser un marché », dans Ostrowetsky (Sylvia), Sociologie en ville L’Harmattan –1996 

de La Pradelle (Michèle) Les vendredis de Carpentras – Faire son marché en Provence ou ailleurs Fayard – Édition 1996

Lemoine (Bertrand) Les Halles de Paris L’Equerre – Édition 1980

 Lynch (Kevin) L’image de la cité Dunod – Édition 1960  Magnaghi (Alberto) Le projet local, 2000 Architecture + Recherche – Édition de 2003  Maguet (Frédéric) « À corps et à cris », Ethnologie française, N° 1 – Janvier-Mars 1999– Pages 57 à 65  Mangin (David) et Panerai (Philippe) Projet urbain, 2004 Parenthèses – Collection Eupalinos – Édition de 1999  Mangin (David) La ville Franchisée, 2004 Seuil / La Villette – Édition de 2004  Mazzella (Sylvie) et Roudil (Nadine) « Société du spectacle et approvisionnement », Les Annales de la Recherche Urbaine, N° 78 – Décembre 1997– Pages 64 à 71  Merlin (Pierre) L’Urbanisme P.U.F. Que Sais-je ? – 6 ème Édition mise à jour avril 2005  Nizet (Jean), Rigaux (Natalie) La sociologie de Erving Goffman Collection Repères Édition La Découverte 2005  Pacaud (Michel) Marchands forains, une profession méconnue Collection Métiers et Professions d’hier à demain L’Harmattan 1999  Paulais (Thierry) « Le marché dans la ville d’Afrique Noire », Annales de la Recherche Urbaine, N° 80-81, Mars 1998 – Pages 35 à 41  Pedro-Varanda (Marta) La réorganisation du commerce d’un centre-ville, 2005 L’Harmattan – Édition de 2005

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 Péron (René) Les boîtes, 2004 L’Atalante – Édition novembre 2004  Poupard (Jean-Marc) Les centres commerciaux de nouveaux lieux de la socialité dans le paysage urbain, 2005 L’Harmattan / Logiques Sociales – Édition décembre 2005  Sélic (Jean-Pierre) « Temporalité et sociabilité foraine : l’avantage d’un inconvénient » Carnets de Bord, N° 4, 2002, pages 54 à 64  Varda (Agnès) Les glaneurs et la glaneuse, film de 1999 et 2000 Deux ans après, film de 2002 Productions DVD Video : Ciné Tamaris  Venturi (Robert), Scott Brown (Denise), Izenour (Steven) L’enseignement de Las Vegas, Édition complète 1971 Architecture et Recherches / Mardaga - Édition abrégée 1977 (3e édition)  Weil (Marc) Ville et mobilité, un couple infernal, 1958 Éditions de l'Aube – 2005  Winkin (Yves) et Sélic (Jean-Pierre) « Anthropologie de la communication » Économie et Management, N° 117, Octobre 2005, pages 14 à 22  Winkin (Yves) « Anthropologie de la communication - De la théorie au terrain » Collection Points Essais, Série Sciences Humaines Seuil - Éditions 2001  Wright (Frank Lloyd) - Living City, 1958 Évoqué dans l’ouvrage « L’utopie urbaine du XX

ème

siècle » par Fishman Robert,

Édition Mardaga – 1979

Photos et téléchargements Les plaquettes de photos « Wikitravel », « Webshots », et « UNESCO » pour l’Irak, sont téléchargées au moyen d’Internet. Lien internet pour la délégation de Service Public = www.inventaire.fr Les autres photos sont de Joêl Galline, David Teixieira et Glenn Sinzelle

Remerciements Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce mémoire, en particulier les marchands ( Jean-Louis, le maraîcher ) du marché forain du Charentonneau, mon vieil ami Jean Villela, pour sa connaissance des marchés forains sur lesquels il a travaillé, et toutes les autres personnes : placiers, marchands, glaneurs, etc … rencontrées sur les autres marchés forains de Paris et sa banlieue … Mémoire Master II – Séminaire Espace Public Page 61 / 61


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