Generali Voile

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voile

Generali

Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009

Vendée Globe 2008-2009

Le troisième tour du monde de Yann Eliès

FILIATION La mer en héritage TECHNO Generali puissance plus !

Création : Mer & Média / Rennes (02 99 23 83 83)

24 HEURES Mon quotidien durant le tour du monde

www.generali-voile.com


« On peut tout trouver en mer, cela dépend de l’esprit de votre quête. » Joseph Conrad (écrivain anglais 1857-1924)


sommaire ÉDITO 5 VENDÉE GLOBE 2008 6 / 7

Global Stars

FILIATION 8 / 11

La mer en héritage

TECHNO 12 / 14

GENERALI puissance plus !

3D 16 / 17

Monocoque 60’ Generali

EN FORME 18 / 19

Trois mois de mer en course

ESSAI 20 /21

J’ai navigué à bord de Generali

SÉCURITÉ 22 / 23

Il n’y a pas de risque zéro

HISTOIRES DE MER 24 / 25

Ces moments qui marquent

24 HEURES 26 / 27

Mon quotidien durant le tour du monde

FULL SPEED 28 / 29

Travail d’équipe autour d’un solitaire

PLANÈTE MER 30 / 31

Génération Responsable

GÉO 32 /33

Ma Bretagne par Yann Eliès !

FICHE CUISINE 34 / 35

Manger ou s’alimenter ?

FAMILLE 36 / 37

Mon papa va faire le tour du monde

People 38 / 41

Zizou à la barre

REVIVAL 42 / 43

Le Vendée Globe en cinq éditions

GENERALI 44 / 45

Un assureur responsable

EN LIVE 46 CONTACTS 47

Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009

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ÉDITO Generali et le Vendée Globe : 20 ans déjà ! Le 25 novembre 1989, il se dégageait des pontons de Port Olona un parfum d’aventure. Je me souviens du dernier dîner autour d’Alain Gautier avant ce grand départ vers l’inconnu. Nous avions le cœur serré de voir notre skipper, le benjamin de la course, s’élancer dans cette épreuve. Elle n’avait jamais été tentée. Nul ne savait alors si c’était même possible : une course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Le Vendée Globe.

de la voile en France compte désormais deux générations de navigateurs. Depuis près de 10 ans, Generali et Yann font route ensemble. Leurs ambitions ont été parallèles : Yann a fait ses preuves en devenant deux fois Champion de France de course au large en solitaire et par deux fois co-recordman du tour du monde en équipage. Generali a aussi grandi. Nous sommes devenus le 2ème groupe d’assurances dans l’Hexagone.

Une première

Ensemble, l’entreprise et son skipper ont décidé d’aller vers des horizons plus vastes. Pour cela, il fallait armer un nouveau bateau, puissant, solide, novateur. Il fallait surtout réunir des talents pour suivre toute sa construction, avec patience et passion.

Nos dirigeants n’avaient pourtant pas beaucoup hésité avant d’engager notre groupe dans ce défi improbable. Près de 160 ans auparavant, Generali avait été créé dans un port, Trieste, avec l’assurance maritime au cœur de son métier. L’assureur avait immédiatement eu des ambitions de développement mondial. Tenter une première, ce tour du monde à la voile, c’était un peu comme un acte de fidélité à l’esprit pionnier de nos fondateurs. Puis le dimanche du départ, il faisait beau et froid. Nous avons vu partir ces 13 aventuriers précurseurs. Déterminés, courageux comme savent l’être les marins. J’ai vu s’éloigner Alain à la barre du Generali Concorde à l’horizon. Devenir un point. Un point sur une carte, que nous avons suivi avec fébrilité, pendant 3 mois, jusqu’à son retour. Il était parmi les 7 qui avaient réussi à boucler leur tour du monde. Vingt ans plus tard, au départ de cette même course devenue légende, c’est à Yann Eliès que nous avons offert de reprendre le flambeau pour défendre nos couleurs, à la barre d’un nouveau Generali, dessiné comme celui d’Alain, par le même cabinet Finot ! C’est un peu comme un acte de fidélité à notre histoire dans le sponsoring nautique.

Une nouvelle génération

L’histoire entre Generali, la voile et la famille Eliès n’est pas neuve. Elle a débuté avec Patrick, le père de Yann, unique vainqueur des 4 étapes d’une même course du Figaro. En 1974, année de naissance de Yann, Concorde, l’une de nos anciennes filiales, engageait son premier voilier dans la course de l’Aurore. 34 ans plus tard, Yann est devenu un marin accompli grâce au soutien de Generali. Le plus ancien sponsor

Une rencontre

Et puis nous avons provoqué une rencontre : Yann a accueilli Zinedine Zidane, notre ambassadeur, sur son terrain de jeu : la mer. Encore un beau moment d’émotion que de voir naître le dialogue et l’estime entre deux hommes d’exception. Ces deux là ont vécu des choses peu communes : l’un a vu des foules se lever pour hurler la victoire et a rassemblé derrière lui tout un pays. L’autre, a vu des icebergs à l’horizon des mers du sud et doublé 2 fois le Cap Horn. Nous avons vu Zizou s’emparer de la barre du Generali sous les conseils de Yann, et trouver que cela valait la peine d’être vécu.

Un nouvel exploit

Désormais, ce sont près de 50 000 kms de course en solitaire autour de notre planète qui se présentent devant les étraves de Generali. Yann est face à lui-même, face au défi qu’il a toujours rêvé d’accomplir. Et le plateau qui réunit des concurrents exceptionnels va lui permettre d’en découdre et de démontrer sa combativité ! A terre, nous serons tous là pour suivre ses exploits. Car le Vendée Globe en est un. Forcément. Plus de 10 000 équipiers – salariés et agents généraux de Generali – regarderont évoluer le point sur la carte et partageront les rêves d’aventures et de victoire de Yann. La solidarité en mer est la règle. Mais elle existe aussi à terre. Bon vent Yann !

Marie-Christine LANNE Directeur de la communication GENERALI France

Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009

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vendée globe 2008

Global stars Jamais un tel plateau de skippers n’a été rassemblé pour une course océanique ! Quatorze solitaires ont déjà participé à un précédent Vendée Globe, sept d’entre eux ont fini sur le podium et deux anciens vainqueurs sont de retour… Tour d’horizon d’une course d’exception.

L

e curriculum vitae des trente prétendants au tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, est tout simplement phénoménal ! Mini Transat, Solitaire du Figaro, Transat anglaise, Route du Rhum, tours du monde à l’endroit ou à l’envers, en monocoque ou en multicoque… le cumul des milles parcourus par ces « trente glorieux » dépasse le million, avec quatorze skippers qui ont déjà participé au Vendée Globe, dont sept sont montés sur le podium et deux l’ont remporté ! Du jamais vu sur une course océanique de si longue haleine surtout lorsque dix-huit des monocoques inscrits pour cette sixième édition ont été spécialement construits pour cette épreuve. Le niveau de compétition n’a jamais été aussi relevé et la préparation aussi intense, puisque dix-sept solitaires ont déjà effectué au minimum deux transats sur leur bateau, certains jusqu’à quatre, alors que deux autres coureurs ont déjà réalisé un tour du monde en double…

« Yann Eliès est l’un des nouveaux venus sur cette épreuve marathon mais dispose avec Generali, d’un voilier fiable et optimisé »

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Or toutes les courses préliminaires ont démontré que les nouveaux monocoques sont plus rapides que leurs prédécesseurs de près de 10% et que cette flotte de  «  nouveaux nés » est particulièrement homogène en termes de performance… Et parmi ces trente skippers, dix-huit ont régaté lors de la Solitaire du Figaro, la plus intense et la plus exigeante des épreuves dont le prochain Vendée Globe s’annonce comme un «  copier-coller » puissance dix ! Aficionado du solitaire mais aussi double recordman autour du monde en multicoque au côté de Bruno Peyron, Yann Eliès est l’un des nouveaux venus sur cette épreuve marathon mais dispose avec Generali, d’un voilier fiable et optimisé, après une préparation intensive avec quatre transats en moins d’un an… Le tempo extrêmement soutenu qui va prévaloir dès le coup de canon du 9 novembre, préjuge d’un Vendée Globe de tous les superlatifs ! DBo

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Skipper

Bateau

Architecte(s)

Mise à l’eau

Marc Thiercelin

Pays FRA

DCNS

Finot-Conq

mai 2008

Dee Caffari

GBR

Aviva Challenge

Owen Clarke

janvier 2008

Jonny Malbon

GBR

Artemis

Rogers YD

janvier 2008

Kito de Pavant

FRA

Groupe Bel

VPLP-Verdier

septembre 2007

Loïck Peyron

FRA

Gitana Eighty

Bruce Farr

septembre 2007

Mike Golding

GBR

Ecover

Owen Clark

août 2007

Armel Le Cléac’h

FRA

Brit’Air

Finot-Conq

août 2007

Marc Guillemot

FRA

Safran

VPLP-Verdier

août 2007

Sébastien Josse

FRA

BT (ex-Estrella Damm)

Bruce Farr

juillet 2007

Brian Thompson

GBR

Pindar

Juan Kouyoumdjian

juillet 2007

Alex Thomson

GBR

Hugo Boss 2

Finot-Conq

juillet 2007

Michel Desjoyeaux

FRA

Foncia

Bruce Farr

mai 2007

Derek Hatfield

CAN

Spirit of Canada

Owen Clarke

mai 2007

Yann Eliès

FRA

Generali

Finot-Conq

avril 2007

Jean-Pierre Dick

FRA

Paprec - Virbac

Bruce Farr

février 2007

Jérémie Béyou

FRA

Delta Dore

Bruce Farr

septembre 2006

Dominique Wavre

SUI

Temenos 2

Owen Clarke

septembre 2006

Vincent Riou

FRA

PRB

Bruce Farr

septembre 2006

Unai Basurko

ESP

Pakea Bizkaia

Murray-Burns&Dovell

2005

Jean-Baptiste Dejeanty

FRA

Maisonneuve

Angelo Lavranos

2005

Jean Le Cam

FRA

VM Matériaux

Marc Lombard

2004

Roland Jourdain

FRA

Véolia Environnement (ex-Sill)

Marc Lombard

2004

Bernard Stamm

SUI

Cheminées Poujoulat 2 (ex-Virbac/Paprec)

Bruce Farr

2003

Samantha Davies

GBR

Roxy (ex-PRB)

Finot-Conq

2000

Rich Wilson

USA

Great American III (ex-Solidaires)

Nivelt

1999

Arnaud Boissières

FRA

Akéna Vérandas (ex-VMI/Sodébo)

Finot-Conq

1998

Yannick Bestaven

FRA

Energies autour du monde

Finot-Conq

1995

Steve White

GBR

Spirit of Weymouth (ex-Gartmore)

Finot-Conq

1998

Raphaël Dinelli

FRA

Fondation Océan Vital

Nandor Fa

1996

Norbert Sedlacek

AUT

Nauticsport Kapsch

Joubert-Nivelt

1995

Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009

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Filiation

Les Eliès, la mer en héritage

La baie de Saint-Brieuc est son berceau et son premier mot a sans doute été bateau. Yann, fils de Patrick et d’Annie Eliès ne pouvait être que skipper et avoir les yeux bleus. La maman faisait du dériveur, le papa du croiseur. Depuis leur première rencontre, évidemment sur l’eau, ils ne se sont plus jamais quittés.

« M

on père avait imaginé au début des années 70, avec deux confrères bretons vendeurs de bateaux, des petites barques pour les sabliers de la baie de Saint-Brieuc. Proposant l’idée à Madame Annette Roux, celle-ci est venue un jour leur présenter un proto. Ils en ont commandé une quinzaine. C’est le début de la production en stratifié des chantiers Bénéteau et de la belle histoire qu’on connait, » explique avec beaucoup d’émotion Patrick Eliès. La compétition devient passion grâce au grandpère de Yann : «  Lorsque le RORC (ndrl : Royal Ocean Racing Club) a lancé sa catégorie Classe 5, dès le début du mois de mai, l’école n’existait plus pour moi. Je montais en Angleterre. Avec Morbic 3, le plan Finot de mon père. Nous avons tout gagné, Fastnet, Cowes-Dinard… » Ses deux frères ayant décidé d’arrêter la voile, il est donc passé en solitaire. C’était en 76, sur la Course

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de l’Aurore et donc le début d’un joli palmarès. « Je n’ai jamais été un frein dans ses envies de compétition, mais quand Yann est arrivé, cela a un peu bouleversé ses projets, » sourit Annie. Il y a eu quand même une dernière étape sur la Whitbread. Au retour de son père, Yann avait trois mois. Pour sa quatrième participation sur la Course de l’Aurore en 1979, Patrick Eliès met le paquet : «  Je me sentais mûr. J’ai fait le bateau qui tue, encore un plan Finot, léger, avec un seul étage de barres de flèche. Extrême dans la jauge. La concurrence était rude avec les autres protos. Il y avait Gilles Gahinet, Pierre Follenfant et des petits jeunes qui débutaient, Philippe Poupon, Alain Gautier. » Après avoir remporté les trois premières étapes, la dernière mène les concurrents de Kinsale à Concarneau. Et là, il atomise tout le monde : «  Nous sommes passé un peu avant le sinistre coup de vent au Fastnet. Il y avait quand même 50 à 60 nœuds. C’est là que

je les ai tous explosé. Il y a eu plein d’abandons mais moi j’ai toujours fait route sans problème. Avec du recul, je me dis que j’avais la maîtrise parfaite de mon sujet, j’étais à mon sommet. » D’autres épreuves se sont enchaînées. Pendant ce temps-là, Annie en bonne équipière, dirige le magasin de sport à Saint-Brieuc et fait bouillir la marmite. Yann est gardé par ses grands parents mais vient aux escales avec son petit bateau. Toujours très actif. Optimist bien sûr, puis, au fil des ans, la filière nautique mène le turbulent de support en support pour devenir en 1997 Skipper Crédit Agricole sur le circuit Figaro. «  Là débute véritablement sa carrière puisque l’année suivante il est engagé par Laura Vergne, une personne de Generali qui m’avait sponsorisé plusieurs fois avant, » explique fièrement Patrick. L’aventure avec l’assureur n’est pas prête de s’arrêter pour la famille Eliès. SM

Quatre générations Eliès : Hervé le Grand-Père, Patrick le Père, Yann le fils et Titouan le petit-fils.

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Paroles de père : Patrick Eliès Comment était Yann enfant ?

Quelles sont ses principales qualités ?

Patrick Eliès : «  C’était un garçon dur. Plutôt rebelle. Il a d’ailleurs vu pas mal de nourrices. Il a tout de suite aimé la voile mais il ne supportait pas les conseils de son père. Il faisait souvent le contraire de ce que je pouvais lui conseiller. En Optimist, il était capable de prendre le bord opposé à celui des autres. Un vrai indépendantiste. »

Patrick Eliès : «  Il prend toujours un peu de temps pour comprendre. Préférant faire ses propres expériences lui-même. La seule chose qu’on lui a apporté avec Annie c’est le plaisir de naviguer. C’est une de ses principales qualités, il aime être sur l’eau. Il a donc suivi toute la filière classique dans la voile... »

Pour le Vendée Globe vous a-t-il demandé votre avis ? « Non, c’est un grand garçon. C’est lui qui a choisi le cabinet d’architectes de Jean-Marie Finot. Il y a peut-être eu une part d’affection dans ce choix. Mais jamais je ne me serai permis de donner mon avis. » Qu’est-ce que vous pensez du Vendée Globe ? « Il va retrouver tous ses copains avec qui il naviguait en Figaro. C’est une belle régate mais pas seulement. Les skippers me font rêver par leurs qualités de marins, de performance et de recherche sur leurs bateaux. Je les admire pour ça. Mais aujourd’hui, je ne les envie pas car ça ne va pas être des vacances sur leurs engins. Je leur laisse tout le plaisir. » SM


« C’était un garçon dur. Plutôt rebelle. Il a tout de suite aimé la voile mais il ne supportait pas les conseils de son père. »

Portrait

L

e curriculum nautique de Yann Eliès en dit long sur les deux passions de son plus jeune âge : la mer et la voile.

Avec un oncle et un père totalement impliqués dans la course au large, difficile de ne pas plonger des pieds à la tête dans cet océan qui baigne l’adolescence de ce Briochin. Tout commence par la filière logique du dériveur pour sillonner les plans d’eau bretons en 420 : de Saint-Malo à Quiberon, de Bénodet à Brest, la formation est intense et le goût de la compétition s’incruste par cette école de discipline, d’engagement et de persévérance. Mais si la voile est un plaisir et une découverte, c’est aussi un métier : les études font place à l’apprentissage de la voilerie, puis à la mise au point de ces moteurs véliques au sein de X-Voiles à La Baule. Et le dériveur laisse place au voilier habitable en First Class 8, puis au monotype Figaro, lorsque Yann Eliès remporte le Trophée Crédit Agricole en 1996. « Je me suis alors initié à la course au large car je n’en avais jamais fait. Les débuts ont été un peu laborieux mais à partir de 2001, j’ai commencé à percer dans le circuit Figaro. Peut-être que mon expérience sur The Race avec Cam Lewis m’a enseigné le large et le plaisir de naviguer loin.

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Halvard Mabire et Lionel Lemonchois m’ont parrainé pour embarquer sur Team Adventure : j’ai ainsi découvert le multicoque et j’ai retrouvé le plaisir de la compétition car j’arrivais en butée en Figaro, sans grande satisfaction à naviguer... » Cette expérience océanique est un nouveau déclic pour Yann qui revient sur le circuit monotype avec succès puis renouvelle par deux fois le tour du monde à l’occasion du Trophée Jules Verne, aux côtés de Bruno Peyron : deux records à son actif et une pléiade de succès en Figaro ! Aguerri par la diversité de ces parcours, animé par la volonté d’en découdre au plus haut niveau, ce marin accompli qui mixe le solitaire et l’équipage, le monocoque et le multicoque, s’est donné un nouveau défi avec le soutien de Generali : s’élancer autour du monde en solitaire pour le prochain Vendée Globe... DBo

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Palmarès (extrait) Yann Eliès Né le 31 janvier 1974 à Saint-Brieuc Marié et père de deux enfants • Double détenteur du Trophée Jules Verne, à bord d’Orange (2002) et Orange II (2005) • Double Champion de France de Course au Large Solitaire (2004 et 2006) • 10 participations à la Solitaire du Figaro avec quatre victoires d’étape (2ème en 2004, 5ème en 2005 et 2006) • Double vainqueur de la Generali Solo (2001 et 2004) • Double vainqueur du National Figaro en équipage (1998 et 2001) • Vainqueur du Championnat de France en Mumm 30 (2003) • Participation à The Race à bord de Team Adventure (2001)


Techno

GENERALI puissance plus ! Parmi les dix-huit nouveaux monocoques Imoca conçus et construits pour cette sixième édition du Vendée Globe, Generali se démarque de ses concurrents par le choix de son skipper et de ses architectes de privilégier la puissance, tout en restant un bateau à dimension humaine.

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uand un cabinet d’architecture réalise 80% de réussite, difficile de ne pas s’interroger sur les facteurs de son succès ! Jean-Marie Finot et Pascal Conq ont en effet été représentés lors des cinq éditions du Vendée Globe et accumulent quatre victoires consécutives… Ce palmarès est lié à une veille permanente sur les évolutions technologiques qui touchent autant le secteur automobile que l’aéronautique, l’hydrodynamique ou les matériaux composites. Forts de plusieurs centaines de plans de bateaux et de plusieurs dizaines de milliers d’unités diffusées dans le monde, les architectes de Generali ont toujours travaillé avec la famille Eliès sur différents dessins de monocoque et même de catamaran.

Déclinaison évolutive Alors quand Yann Eliès présente son projet de Vendée Globe, la discussion prend rapidement un tour technique : le solitaire est novice dans ce circuit des 60 pieds Open, mais connaît les humeurs du Grand Sud ; les architectes n’ont pas dessiné de nouveaux 60 pieds Imoca depuis 1998 (PRB), mais suivent avec attention les progrès technologiques et les évolutions architecturales. Leur premier monocoque Imoca pour Alain Gautier et Generali Concorde en 1989 était avant-gardiste lors du premier Vendée Globe et le concept de largeur associant la puissance et la simplicité déjà sous-jacent. C’est cette

philosophie que le Groupe Finot décline au fil des éditions en augmentant progressivement la puissance grâce : • à un gain de poids à la construction, • à une largeur plus importante au pont, • à une surface de voilure plus conséquente, • à une quille pendulaire associée à des dérives latérales asymétriques. Bagages Superior avec Alain Gautier en 1992, Géodis avec Christophe Auguin en 1996, PRB avec Michel Desjoyeaux en 2000 et PRB de nouveau en 2004 avec Vincent Riou : les quatre derniers Vendée Globe ont aussi été remportés par les architectes du nouveau Generali de Yann Eliès… Avec ce nouveau 60 pieds Open décliné en trois quasi sisterships (Hugo Boss d’Alex Thomson, Brit Air d’Armel Le Cléac’h et DCNS de Marc Thiercelin), le cabinet architectural a poussé le

bouchon encore plus loin en termes de puissance : entre le premier dessin du Groupe Finot, Generali-Concorde en 1989, et le dernier né, le gain de poids atteint près de quatre tonnes (plus de 30%), la surface de voilure au près plus de 80 m2 (plus de 30%), sans compter une largeur augmentée de 50 cm, un gréement moins lourd, des ballasts plus volumineux… L’objectif est ainsi d’accroître le potentiel aux allures débridées qui sont majoritaires sur le parcours autour du monde tout en conservant un très bon potentiel contre le vent et sans être handicapé au portant. La flotte des nouveaux monocoques 2008 se répartit en fait en trois grandes catégories marquant une préférence plus ou moins prononcée sur la légèreté ou la puissance : les  « poids lourds » très toilés, très larges, dépassant les neuf tonnes (Pindar, Artemis…), les « poids plume » modérément toilés, mais déplaçant moins de huit tonnes (Safran, VM Matériaux, Veolia…) et les « poids walter » où se retrouvent les plans Farr (Foncia, PRB, Delta Dore, Gitana Eighty…) et les dessins du Groupe Finot. Et au vu des quatre transats qui servaient de prélude au Vendée Globe, le différentiel entre léger et mi-lourd apparaît réduit tandis que les surpuissants n’ont pas encore fait leurs preuves. Reste que la fiabilité est un facteur essentiel pour un tour du monde en solitaire sans escale et sur ce point, les architectes de Generali ont démontré un taux de réussite exceptionnel ! DBo

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« Les quatre derniers Vendée Globe ont tous été remportés par les architectes du nouveau Generali de Yann Eliès… »

Generali Architecte : Groupe Finot Constructeur : Multiplast (Vannes) Date de mise à l’eau : avril 2007 Longueur : 18,28 m Largeur : 5,90 m Déplacement Vendée Globe : 8 300 kg Volume de ballasts : 4 500 litres Tirant d’eau : 4,50 m Grand voile : 172 m² Génois : 145 m² Solent : 85 m² Trinquette : 45 m² Code 0 : 205 m² Gennaker maxi : 280 m² Spinnaker maxi : 400 m²


Trois questions à Pascal Conq, architecte de Generali Vous avez dessiné des monocoques Imoca dès la première édition du Vendée Globe en 1989.

« Les bateaux sont devenus des machines incroyablement rapides mais aussi infernales pour les skippers »

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« Il y a toujours eu un plan du Groupe Finot depuis le premier Vendée Globe et au total, le cabinet d’architecture a aligné 25 bateaux au départ avec vingt classés et quatre victoires sur cinq tours du monde. A l’origine, le tour du monde en solitaire sans escale était une découverte, une aventure, puis il a progressivement évolué vers une course et désormais c’est une régate au contact, comme toutes les transats maintenant… Les bateaux sont donc devenus des machines incroyablement rapides mais aussi infernales pour les skippers : aucun confort, plus de rouf panoramique, un matossage et des manœuvres très physiques. » Qu’est-ce qui a changé en près de vingt ans ? « Le premier bateau pour Alain Gautier en 1989 était déjà un précurseur du concept de la puissance : large au pont, simple, très équilibré à la barre, peu sollicitant pour les pilotes… C’était déjà un bateau qui allait vite facilement, ce qui s’est avéré essentiel en solitaire, et en sus, il était plutôt léger à l’époque. Nous avions déjà adopté le bulbe de quille pour descendre le centre de gravité, puis nous nous sommes bien adaptés aux évolutions technologiques : les doubles safrans, le voile de quille en carbone,

le haubanage sur le livet de pont pour diminuer le poids du mât, la construction en nid d’abeille carbone pré imprégné, le mât aile avec le gréement de « thonier », les dérives asymétriques… Cela explique aussi qu’en près de vingt ans, les skippers ont gagné quasiment 25% sur le temps de course ! » Comment caractériser Generali par rapport à la flotte du prochain Vendée Globe ? « La dernière génération se caractérise par sa puissance : celle de Generali à 20° de gîte est supérieure à celle maximum de PRB à 40° ! Cela représente près de 30% en plus pour un déplacement sensiblement égal et une surface de voile supérieure… Une marche a été franchie. Generali est un excellent bateau contre le vent au dessus de douze nœuds de vent réel : c’était un critère fondamental pour Yann Eliès. Mais c’est surtout aux allures débridées qu’il s’exprime, entre 60° et 110° du vent réel, là où la puissance parle. En fait, le bateau est large au pont mais à la gîte, il est étroit comme une pirogue avec des lignes très tendues, très linéaires, très désaxées. Certes dès que le monocoque est moins gîté, il n’a pas besoin de cette puissance et aux allures portantes, au-delà de 140° du vent, les bateaux plus légers seront un peu plus à l’aise. »

DBo



Monocoque 60’ Generali Yann Eliès - Vendée Globe 2008-2009 Electronique et commandes du pilote automatique : Infos sur le cap, la vitesse du bateau et du vent.

Grand Voile : 172 m2 de toile

Bastaque : câble synthétique qui retient le mât vers l’arrière

Communication : antennes, GPS, Standard C

Rail circulaire de Grand-Voile : contrôle le vrillage de la chute de GV

Safran, gouvernail relevable: permet de diriger le bateau, se relève en cas de choc avec un ofni

Evacuation de l’eau du cockpit

Trappe de sortie en cas de retournement

Rangement du radeau de survie

Colonne de winch : entraîne les winchs pour toutes les manœuvres de voile

Bulle de vigie : permet une vue à 180° à la barre et de garder un œil sur ce qui se passe devant et à l’avant du bateau


Mât en carbone : 30 mètres de tirant d’air

Panneaux solaires Bout dehors pour voiles de portant (spi, gennaker…)

Filières et lignes de vie pour s’harnacher

Table à carte : le skipper y passe environ 50% de son temps… météo, stratégie, communication, nourriture et couchage !

Soute à voiles : Une dizaine de voiles embarquées sur un tour du monde. Permet de couvrir toutes les plages de force et de direction du vent. Les voiles sont déplacées d’un côté à l’autre du bateau en fonction de l’amure et d’avant en arrière pour l’assiette longitudinale. C’est le « matossage », véritable travail de mine… 30 à 40% des efforts physiques en mer !

Dérive ; remplace la quille quand elle est inclinée à 40° Casquette de cockpit : recouvre l’ensemble de la zone de manœuvres. Protection contre les embruns, l’humidité et le vent. Voile de quille en carbone (« porte plomb »)

Cuisine : la banquette couchage est située entre la cuisine et la table à carte pour optimiser l’espace. Pour info 20 à 30 litres d’eau embarqués et un déssalinisateur

Bulbe de quille : 3 tonnes de plomb et 4,5 mètres de tirant d’eau Ballast : 8 caisses au total. 4 de chaque côté. Se remplissent d’eau en mer et assure l’assiette longitudinale et latérale du bateau.

© J.B. Epron


en forme

Trois mois de mer en course Tous les navigateurs du Vendée Globe le savent : trois mois de mer en compétition représentent une débauche d’énergie importante tant sur le plan mental que sur le plan physique. Comment s’y préparer au mieux, Yann Eliès a ses petites recettes, mélange de bon sens, d’analyse scientifique et de connaissance de soi.

« L

e plus bizarre dans cette affaire, c’est que j’ai pris conscience de ce besoin quand je ne pouvais pas naviguer, suite à ma blessure dans The Race… » Un mal de dos récurrent à l’époque oblige le jeune navigateur à l’inaction. Et quand un sportif est contraint de se reposer la gamberge n’est jamais loin. « J’étais dans un moment de doute. J’avais le sentiment que je n’arrivais pas à être régulier dans mes performances. Sur le circuit Figaro, j’étais capable de faire un coup sur une étape et la suivante, c’était la catastrophe. On m’a présenté Gilles Monier (préparateur mental) qui avait travaillé sur les sports olympiques et ça a tout de suite collé entre nous… » Depuis Yann continue de fréquenter régulièrement Gilles même s’il reconnaît que la relation entre les deux hommes a évolué.  « Disons que nous avons passé les premiers caps : gestion de la résistance au stress, imagerie mentale positi-

ve, etc. On est plus aujourd’hui dans une relation où il m’aide à monter mes projets, il me conseille sur tous les aspects d’animation d’équipe. A son contact, j’ai beaucoup appris et gagné en sérénité. Etre dans une relation de confiance avec son équipe, c’est aussi mettre des atouts dans sa manche pour la course elle-même. Tu arrives forcément plus détendu. »

Une culture maritime avant tout S’il avoue qu’il n’est pas un forcené de la préparation physique, Yann a veillé à se présenter le jour du départ en parfaite forme.  « Même si je préfère aligner des milles que des kilomètres en VTT. » En contact régulier avec Gilles Lambert, médecin ostéopathe, Yann poursuit un travail

de musculation personnalisé. « Je n’oublie pas les problèmes de dos que j’ai rencontré sur The Race. Il n’est pas question que cela m’arrive à nouveau… » Sans oublier de faire appel au bon sens :  « Il est clair que je ne vais pas sacrifier tout le confort à la chasse au poids. Il faut, à un moment, savoir raison garder. J’ai pu le constater lors de mes tours du monde avec Bruno Peyron. Une des clés de la réussite d’Orange 2 était aussi que l’on naviguait sur un bateau beaucoup plus confortable. On récupérait mieux, on était plus lucide. Il faut savoir combattre ses propres délires. Sinon, on serait capable de partir sur un bateau avec aucun endroit pour dormir… » Un bateau raisonnable, une préparation physique modérée, adaptée à ses besoins, Yann Eliès n’oublie pas qu’il est avant tout un marin, un navigateur… « On y va quand même parce que ça nous fait plaisir. » Digne parole qui ne déparerait pas dans l’héritage culturel de la famille Eliès. PFB

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« Il est clair que je ne vais pas sacrifier tout le confort à la chasse au poids. Il faut, à un moment, savoir raison garder. »


« J’aime la tempête, je suis plutôt un combattant qui apprécie le mode survie »


Essai

À bord de Generali « Je peux prendre la barre ? » Yann me laisse le stick de bon cœur même si Generali porte toute sa toile, gennaker compris. Ni une, ni deux, un beau départ au lof, pas le temps de m’habituer ! Je comprends alors toute la puissance de ces engins affichant plus de 600 m2 de voilure au portant. »

« L

e danger en solitaire, c’est de se faire dépasser par les événements. Il y a des règles à respecter au risque de se retrouver en vrac. Par exemple, pour le spi, ma limite c’est 25 nœuds de vent réel, pas un dixième de nœuds de plus » explique Yann. Puissance, c’est le terme qui vient à l’esprit quand on navigue sur ce 60 pieds Open. Une allure agressive marquée par un bouchain vif qui se prolonge très loin sur l’avant, un franc-bord vertical, ce plan Finot-Conq semble taillé pour en découdre. A peine la garde-robe réglée au poil près, Generali accélère franchement. Mais comment fait un homme seul pour maîtriser ce bolide ? « Au bout d’un moment ton bateau, tu le connais sur le bout des doigts. Tu deviens comme un vieux gars à ranger le moindre bout qui traîne, tu te crées des automatismes et ainsi tu te sens en confiance, donc tu pousses le bateau » raconte Yann. Dans son cockpit bien protégé par l’astucieux rouf coulissant et le tableau arrière fermé, Yann dispose de

tout à portée de main : winches proches du poste de barre reliés au moulin à café central pour reprendre drisses et écoutes, réglage de l’immense chariot de grand-voile, système hydraulique pour faire passer d’un bord sur l’autre la quille basculante… Notre homme ne chôme pas : « Toutes les manœuvres sont difficiles dès lors que tu es seul sur un grand bateau. Mais la manœuvre la plus délicate, c’est l’empannage. Le risque que je garde à l’esprit en permanence, c’est de casser des lattes par exemple, voire de démâter. Quand je ne le sens pas, j’affale le spi et le renvoie sur l’autre bord ». Physiquement, manœuvrer une bête de course de plus de 18 mètres de long semble bien loin d’une petite promenade de santé. Rien qu’à jeter un œil sur la taille de la grand-voile ou bien observer le déroulé d’un virement de bord, je constate que chaque manœuvre demande du temps.  « Pour le virement de bord, ce qui est long, c’est le matossage. Je transporte les voiles sur l’autre bord, m’occupe de vider puis

de remplir les ballasts, de basculer la quille et enfin du réglage des voiles… une bonne vingtaine de minutes en tout » souligne Yann. Une prédisposition à préserver son bateau semble être également l’apanage d’un skipper du Vendée Globe. Aller vite certes, mais dans la plus grande sécurité. Bien calée sur le plat bord alors que Generali avale les milles, l’île de Groix se rapprochant à vitesse grand V, je ne peux m’empêcher d’imaginer le navigateur et son bateau secoués dans les tempêtes de l’océan Indien.  « Certes, il faut être prudent au moment d’entrer dans l’Indien. Il faut arriver avec une certaine humilité pour qu’il te laisse passer. Mais le Grand Sud, c’est génial. Les longs surfs, les albatros, les lumières incroyables… Et puis, j’aime la tempête, je suis plutôt un combattant qui apprécie le mode survie » explique Yann. Ces navigateurs de l’extrême sont décidément des hommes à part… même si eux vous diront le contraire.

OMM

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Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009


sécurité

Il n’y a pas de risque zéro Tous les navigateurs vous le diront : supprimer le risque relève de l’utopie. Plutôt que l’ignorer, Yann, fort de ses expériences autour du monde, a choisi de l’apprivoiser, de construire l’ensemble de sa démarche avec en toile de fond cette obsession de la sécurité.


« Je suis déjà tombé à l’eau une fois en course ; heureusement c’était en double. Mais j’ai compris ce que c’est de voir le bateau s’en aller…»

Y

ann Eliès : « La première chose, c’est déjà d’avoir confiance dans ton bateau, de t’y sentir à l’aise. Je sais que j’ai un bon châssis, une structure solide et fiable. C’est aussi pour cette raison que j’ai voulu travailler avec le Groupe Finot… » Jean-Marie Finot était l’architecte d’Eglantine, le bateau avec lequel Patrick, le père de Yann, avait réalisé le grand chelem sur la Course de l’Aurore. « J’ai eu l’occasion, quand j’étais gamin, d’assister à des discussions entre Jean-Marie et mon père. Jean-Marie relatait les rapports qu’il avait parfois avec certains coureurs et j’ai vite senti que s’il y avait un point sur lequel il ne transigerait jamais, c’était la sécurité et la fiabilité de ses bateaux. » Au sein du Groupe Finot, Yann Elies trouve en plus une oreille attentive en la personne de Pascal Conq, collaborateur attitré de l’architecte. Avec comme objectif premier la fiabilité : « Pour gagner une course, il faut déjà la finir… La relation avec ton bateau est essentielle. Quelqu’un qui perd confiance dans son matériel ne peut pas gagner. Et c’est une chose que je sais : Jean-Marie comme Pascal ont l’habitude du Vendée Globe, ils possèdent une expertise que je n’ai pas forcément. »

De ses navigations précédentes, Yann a gardé des principes qu’il s’applique rigoureusement. « On sait que pour nous, le plus grand danger c’est de passer à l’eau. Il faut donc rester très vigilant d’autant que l’expérience m’a appris que le danger ne vient pas toujours de là où on l’attend. Nombre de navigateurs avouent que c’est par petit temps qu’ils ont failli passer à l’eau. Quand il fait beau que tout va bien, tes défenses ont tendance à s’émousser. Je suis déjà tombé à l’eau une fois en course ; heureusement c’était en double. Mais j’ai compris ce que c’est de voir le bateau s’en aller…» Minimiser les risques, c’est aussi parfaitement connaître son bateau et savoir anticiper. « Sur un Vendée Globe, il faudra aussi savoir s’économiser, ne pas se mettre dans le rouge… Donc bien réfléchir avant de faire une manœuvre, mesurer les efforts qu’elle demande par rapport au gain qu’elle va apporter. Là-dessus, l’expérience des tours du monde avec Bruno Peyron devrait m’être utile. S’alimenter correctement, dormir suffisamment, ne pas se mettre de pression excessive, ce sont tous ces points qu’il va falloir apprendre à gérer. Maintenant, j’en saurai sûrement plus dans quelques mois… Quand je serai revenu. » PFB


HISTOIRES DE MER

Ces moments qui marquent

« La course au large est parfois chienne ! » disent certains navigateurs. Pour l’apprivoiser, il faut accepter de passer par ces périodes où le doigt de la chance se tourne vers d’autres, où le doute prend une place excessive. Mais elle sait parfois donner beaucoup, pour peu qu’on prenne le temps de l’apprivoiser.

« P

aradoxalement, j’ai mis du temps à me fabriquer de bons souvenirs. Peut-être parce que je suis entré dans ce monde de la course au large sans avoir compris que le premier des ressorts, c’était de prendre plaisir à ce qu’on fait… » Quand on s’appelle Yann Eliès, héritier d’une tribu qui a écumé les courses du RORC entre la France et la Grande-Bretagne, fils du seul navigateur ayant remporté toutes les étapes de la course de l’Aurore (qui deviendra ensuite la Solitaire le Figaro), on conçoit que le fardeau soit parfois lourd à porter… « Quand on part en mer avec l’unique obsession de se construire un palmarès, on se trompe. J’ai compris que si on fait ce métier, c’est d’abord parce qu’on est heureux d’être en mer. La culture de la gagne est une chose : elle ne doit pas masquer nos valeurs fondamentales. » Au premier rang des souvenirs du navigateur : « Sans aucun doute : les deux arrivées du Trophée Jules Verne. A chaque fois, le passage de la ligne devant Ouessant a été émotionnellement très fort. Tu viens de faire le tour de la planète, tu améliores le record, tu es

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devant un des plus beaux coins de Bretagne… Et surtout, tu réalises la chance que tu as eu de naviguer avec un équipage pareil. A chaque fois, je me suis dit : ces mecs sont vraiment extraordinaires. C’est une telle aventure, surtout humaine. » C’est finalement le large qui aura fait basculer Yann : quand il embarque la première fois pour The Race, il découvre une autre manière de naviguer, des espaces insoupçonnés. Ils sont loin, les calculs monomaniaques qui l’agitaient lors de ses premières Solitaire du Figaro. « Naviguer en multicoque dans les mers du sud m’a fait réaliser à quel point j’aimais cette vie. Et paradoxalement, c’est quand j’ai commencé à prendre du plaisir que les résultats sont venus… » Avec en point d’orgue de sa carrière de solitaire cette fameuse édition 2004, où il prend la deuxième place d’une course qui lui semblait promise pour un bord poussé trop loin. « Je ne vais pas me plaindre : cette année, je gagne deux étapes, je fais une erreur de navigation que je paie cher… J’avais une sensation d’état de grâce. Sur l’eau, tout me semblait facile. J’étais heureux de naviguer et tout me réussissait. »

Retourner dans ces coins du grand sud Ce que risque de lui apporter le prochain Vendée Globe ?  « D’abord, j’ai vraiment envie de retourner en solitaire dans ces coins que je n’ai fréquenté qu’en équipage. Et puis je vais avoir la chance de côtoyer des marins d’exception. Après, on verra ce que réservera la course. Je vais essayer de naviguer proprement, de me souvenir de ce que disait Bruno Peyron : « pour espérer gagner, il faut d’abord arriver ». Mon bateau est dans la lignée de cette idée de base… Et puis, il ne faut jamais oublier qu’on a encore beaucoup à apprendre. J’ai le souvenir ainsi d’une Transat AG2R où on avait été pris à froid dans le Golfe de Gascogne, au près avec plus de 40 nœuds de vent. Je naviguais avec Ronan Guérin. Tout seul, je crois que j’aurais fait demitour. On a fait le gros dos, on n’a pas fait les fiers, on est passé et j’ai appris quelque chose ce jour-là. Trouver le bon équilibre entre une certaine forme d’humilité et une nécessaire ténacité.» PFB

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« Trouver le bon équilibre entre une certaine forme d’humilité et une nécessaire ténacité »


24 heures

Mon quotidien durant le tour du monde

Le rythme quotidien d’un skipper du Vendée Globe s’étale sur 24 heures. 24 heures durant lesquelles Yann Eliès doit manger, dormir, manœuvrer, étudier la météo, préparer sa tactique, répondre aux vacations du comité de course. Cela laisse peu de place au divertissement !

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Y

ann Eliès : «  J’ai deux impondérables qui sont des moments phares pour organiser mes journées : les fichiers météo qui tombent toutes les six heures. Ce sont ceux de midi et de minuit les plus importants, je m’en sers pour mettre au point mes choix tactiques. Et puis, il y a les classements que je reçois toutes les quatre heures, sachant que ceux de 20 h TU (NDLR : Temps Universel) et de 4 heures TU demeurent souvent les plus intéressants, car en général il se passe beaucoup de choses pendant la nuit… ». Ces impondérables demandent à Yann de passer du temps devant son ordinateur, véritable nerf de la guerre, car le routage n’a pas le droit de cité dans cette course autour du monde en solitaire. «  Je passe clairement la moitié de mon temps à la table à cartes, je dissèque chaque fichier météo » souligne Yann. Faut-il virer de bord maintenant ? Réduire la grand-voile dans quelques heures ? Ai-je gagné des milles par rapport à mes concurrents les plus proches ? Autant de questions auxquelles le skipper de Generali devra tenter de donner une réponse.

Pour rester lucide et serein, Yann doit aussi trouver des moments de repos. Quatre à six heures par 24 heures sont consacrées au sommeil. «  En fait, je dors dès que je le peux, par tranche de 20 à 40 minutes, sachant que je récupère mieux entre 4 et 8 heures du matin. » L’alarme au bruit strident demeure le réveil indispensable, sous peine de plonger dans les bras de Morphée bien trop longtemps… Et à la barre, combien de temps passe-t-il ? «  Il m’arrive de ne pas barrer pendant quelques jours, car j’ai beaucoup à faire. Mais j’en ai besoin. C’est un pur plaisir quand le bateau va bien. Et puis, après un passage difficile, prendre la barre, c’est comme me remettre en selle, je m’offre deux heures de bonheur… ». La communication avec la terre est également au programme. «  Bizarrement les terriens n’osent pas m’appeler, ils ont toujours peur de me déranger ! Alors j’appelle quand j’en éprouve le be-

soin. Ma femme, mon père, des amis… Il m’arrive parfois de faire des surprises, de joindre un bon copain juste avant qu’il arrive au bureau par exemple. J’adore faire plaisir aux gens quand ils ne s’y attendent pas ! ». Des petits instants de relâchement qui s’avèrent indispensables pour faire tomber la pression. Yann compte bien emmener à bord quelques magazines, DVD et CD pour ne pas penser que course et bateau… Rock, reggae, techno, le skipper de Generali avoue qu’il lui arrive parfois de danser, histoire de se relâcher un peu. Quant aux DVD, ils seront plutôt typés films d’auteur, et évidemment regardés par petits bouts… entre deux manœuvres ou deux fichiers météo.

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« Il m’arrive parfois de faire des surprises, de joindre un bon copain. J’adore faire plaisir aux gens « En fait, je dors dès quand ils ne s’y que je le peux, par attendent pas ! » tranche de 20 à 40 minutes, sachant que je récupère mieux entre 4 et 8 heures du matin. »

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Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009


préparation

Travail d’équipe

autour d’un solitaire

Eté 2008, le hangar qui abrite le monocoque de Yann Eliès à Lorient grouille d’activité. Visiblement, ce n’est pas l’heure des congés payés pour l’équipe technique de Generali. Les échéances se rapprochent et les ultimes travaux qui mettront le bateau dans sa configuration Vendée Globe doivent être achevés avant le début du mois de septembre. Full Speed

Erwan Steff,

Philippe Laot,

Florent Legal,

Marc Engelbert,

responsable administratif et logistique

responsable composite

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responsable technique

responsable de l’accastillage

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Tanguy Brodu,

responsable informatique et électronique

Richard Loncle,

responsable du matelotage à bord

Fred Bouchise, dessinateur


« C’

est une des choses qu’il m’a fallu apprendre. Passer du statut de coureur au large comme tu peux l’être en Figaro à celui de chef d’équipe. Et je peux dire que j’en ai appris des choses : on ne s’improvise pas chef d’entreprise… » Première difficulté le choix des hommes : il s’agit de trouver le bon équilibre entre les compétences techniques indispensables et des affinités nécessaires, pour mener à bien ce type de projet. «  On n’est pas dans un travail normalisé. On va forcément avoir des horaires fluctuants, avec des périodes de grosse activité, des moments plus calmes. Cela veut dire qu’il faut constituer une équipe qui a du plaisir à travailler ensemble, qui se retrouve sur des valeurs communes… » Philippe Laot et Erwan Steff forment la charpente de Full Speed, la structure qui gère le projet Generali. «  Philippe est le responsable technique quand Erwan est plutôt en charge des aspects administratifs et logistiques… Sans oublier les autres membres : Tanguy Brodu qui gère la maintenance informatique, Marc Engelbert et Florent Legal qui sont spécialisés dans les domaines du composite et Richard Loncle qui est en charge notamment de tout le matelotage.»

Bien évidemment, la constitution d’une telle équipe ne se fait pas en un jour. Il faut être patient, reconnaître ses erreurs, accepter de changer de cap au besoin. « Dans un projet comme celui-là, tout le monde progresse au fur et à mesure qu’on avance. Et puis, j’ai compris qu’il était nécessaire de déléguer : Philippe et Erwan sont les deux éléments clés du dispositif. » Philippe Laot, Concarnois pur beurre, a toujours su qu’il voulait faire de la voile son métier. Avec dans son bagage un joli cursus de régatier, il a été le préparateur de Jean Le Cam, a travaillé à la construction de son trimaran, a participé à la construction du monocoque de Roland Jourdain, navigué autour du monde sur le Geronimo d’Olivier de Kersauson. Discret, impliqué, c’est un homme d’une grande intégrité. « Philippe sert de valeur d’exemple dans l’équipe. Sans faire beaucoup de bruit, il emmène du monde dans son sillage… » Avec Erwan Steff la relation est peut-être plus fusionnelle. Il a navigué avec Yann, a préparé ses bateaux pour la Solitaire du Figaro ; ils sont amis de longue date. Entre temps, Erwan a exercé des responsabilités au sein de l’APCC

« Il faut constituer une équipe qui a du plaisir à travailler ensemble, qui se retrouve sur des valeurs communes… » Nantes, un des plus beaux viviers de la course au large, a travaillé comme adjoint à la direction de course de la Solitaire du Figaro et du Vendée Globe. Il y a acquis un sens de l’organisation, appris à ordonner les priorités. «  Erwan est vraiment quelqu’un sur qui je peux m’appuyer, bien sûr, mais avec qui je discute beaucoup. C’est aussi dans l’échange que l’on progresse. Il apporte un autre regard qui m’aide dans mes choix… »  Début novembre, les feux de la rampe seront braqués sur Yann et les autres navigateurs solitaires qui s’élanceront devant les Sables d’Olonne pour leur périple solitaire de trois mois. Pendant ce temps, à terre, chaque jour, les hommes de l’ombre continueront de suivre le tour de leur marin… Loin de l’action, ils ne pourront qu’observer, comme le régisseur qui des coulisses, voit se dérouler le spectacle qu’il a contribué à forger : au final, c’est peut-être eux qui vont trouver qu’un tour du monde, c’est vraiment très long ! PFB

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Planète mer

Génération Responsable Qu’il s’agisse des mouillages les plus reculés de l’île de Bréhat, du milieu de l’Atlantique nord ou des abords de l’Antarctique, les conséquences de la civilisation industrielle d’abondance se font sentir de plus en plus nettement. « On le voit partout : à Bréhat, c’est une pression touristique de plus en plus forte, sur l’Atlantique ce sont les débris flottants, sacs plastiques ou containers à la dérive... Et dans les mers du sud, on trouve maintenant des icebergs à des latitudes insolites… » Comment rester insensible à cette dégradation ?


« Dans les mers du sud, on trouve maintenant des icebergs à des latitudes insolites… »

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ann Eliès :  « Je crois que l’on fait partie d’une génération intermédiaire. A l’époque de nos parents ou de nos grands-parents, le progrès était la valeur dominante. On ne se préoccupait pas vraiment de préserver la planète. La conscience de la dégradation de notre milieu ne s’est faite que récemment… ». C’est ainsi que dans un premier temps, Yann avait imaginé concevoir un monocoque totalement autonome sur le plan énergétique. « Mais compte tenu des règlements qui imposent d’avoir un moteur, il a fallu faire des choix. On est quand même resté dans une logique proche en essayant de développer au maximum les sources d’énergies alternatives… » Une idée innovante est en cours d’étude : recycler le moule de coque en carbone du bateau, une première dans le milieu de la course au large et de la plaisance. « Maintenant, on fait un bateau pour gagner et les règles de classe nous obligent à faire des choix qui ne vont pas toujours dans le sens de nos convictions écologiques. Il faudra y penser car de toutes les façons, d’ici quelques années, les énergies alternatives seront la solution. »

Transmettre aux générations futures Pour Yann Elies, son combat comme navigateur passe avant tout par la valeur d’exemple.  « Ne pas jeter en mer de déchets qui ne soient pas biodégradables, par exemple. Etre attentif à ce qu’on embarque, être raisonnable en consommation d’énergie. Et puis, surtout, prêcher la bonne parole auprès des plus jeunes. Car, il faut bien reconnaître que l’avenir est désormais plus entre leurs mains qu’entre les nôtres… » PFB


géo

Ma Bretagne… par Yann Eliès !


Chenal du Kerpont, Trou de la Souris, Chenal de la Moisie, Passe de la Gaine : pour tous ceux qui connaissent un tant soit peu la navigation entre Paimpol et Perros-Guirec, ces noms évoquent plutôt des pièges à éviter que des édens pour navigateurs en quête de confort. Des amplitudes de marées qui peuvent atteindre les dix mètres, une densité de cailloux à faire se dresser les cheveux sur la tête de n’importe quel cartographe consciencieux, et des courants qui se moquent parfois du bon sens…

« Bien souvent, les gens sont à l’image des régions qu’ils habitent. Ici, que ce soit Lézardrieux, Loguivy, Paimpol, tu sens bien que l’on ne va pas se payer de mots. On est plutôt du genre taiseux »

C

’est ici que Yann a fait ses premières armes, c’est là qu’il aime à se ressourcer quand il débarque du monde de la course au large : « Je me souviens quand j’étais gamin. On partait le samedi sur le First Class familial. On descendait la rivière depuis Lézardrieux et cap sur Bréhat. On accostait un îlot, Morbic ou un autre, on plantait la tente. C’était le paradis… Et puis, je crois que j’aime aussi l’exigence que demande la navigation dans ce coin : tu n’entres pas à n’importe quelle heure de marée dans un port ; même quand tu connais parfaitement les chenaux, tu as vite fait de te planter pour peu que tu prennes trop confiance en toi. C’est une zone qui te rappelle qu’en mer, l’humilité est une des premières vertus. »

De la pointe de Lost Pic aux Sept-Îles, mon jardin secret Cette zone, la tribu Eliès continue de la sillonner sans relâche : croisière, course, il n’est pas rare de croiser un des Morbic, la marque de fabrique familiale, au mouillage à Bréhat ou bien en train de croiser au large du phare des Héaux qui balise les derniers dangers au nord de cette côte du Goélo. « C’est ce que j’aime ici : tu peux passer devant ce phare, un jour de vent d’ouest, vent contre courant, ciel gris et tu te dis qu’il n’existe pas de coin plus sinistre au monde. Il suffit d’une trouée dans le ciel, d’un rayon de soleil et tu découvres un paysage d’une beauté à te couper le souffle. C’est un endroit que je connais par cœur, mais je ne m’en lasse pas. » L’enfant de Saint-Brieuc l’avoue bien volontiers, peu de paysages l’émeuvent autant… Même s’il avoue un petit faible pour la côte sud-ouest de l’Irlande ou pour les rias de Galice, « des pays celtes, comme par hasard. Et bien souvent, les gens sont à l’image des régions qu’ils habitent. Ici, que ce soit Lézardrieux, Loguivy, Paimpol, tu sens bien que l’on ne va pas se payer de mots. On est plutôt du genre taiseux, pas du style à se sauter dans les bras pour un oui pour un non… En revanche, quand on t’adopte dans le cercle, cela veut dire quelque chose. C’est une mentalité qui me convient bien. »

PFB


FICHE CUISINE

Manger ou s’alimenter ? « Manger est l’un des plus grands plaisirs que l’on peut s’offrir en mer ». Pas question donc pour Yann Eliès de n’emporter que de la nourriture lyophilisée durant le Vendée Globe.

« I

l en faut bien sûr, car c’est un repas rapide à faire et un apport en calories suffisant, et puis en termes de poids, les sachets de Lyophal ne pèsent pas grandchose ». Concrètement, notre skipper prévoit un plat lyophilisé par jour. Pour les deux autres repas, ce sera des pâtes, du riz, des céréales avec une sauce de son choix. «  Il est clair que l’on ne mange pas normalement sur les longues navigations en solitaire, mais durant le Vendée Globe, je vais essayer de m’alimenter correctement, c’est important pour tenir le coup et c’est bon pour le moral aussi ». La transat Ecover BtoB (retour de la Jacques Vabre) en décembre dernier lui a permis d’avoir du recul et de faire ses choix en matière d’alimentation. Au programme donc, trois repas par jour, suffisamment consistants et surtout à heures fixes. «  Tant que l’on descend vers le Sud, les horaires de repas sont comme à la maison. En revanche, plus on fait de l’Est, plus ça se décale. Donc, je vais tâcher de manger en début, milieu et fin de journée ». Si le poids embarqué a bien évidemment toute son importance à bord de Generali, Yann désire tout de même emporter quelques bocaux pour la «  partie froide » du tour du monde. Compre-

nez qu’un bon petit cassoulet ou un petit salé aux lentilles, ça réchauffe le cœur et ça redonne la pêche ! «  Une chose importante, c’est que je ne dois pas trop manger en une seule fois, pour éviter d’avoir envie de dormir. Mon rythme, c’est d’avaler des petites quantités pour mieux résister au sommeil. En fait, il faut que je mange toutes les trois ou quatre heures… » explique Yann. Beaucoup d’énergie dépensée, des manœuvres parfois très physiques, un sommeil court et haché sont autant de facteurs qui donnent de l’appétit au loup solitaire. L’apport nécessaire se situe entre 4 500 et 5 000 calories par jour dans les zones les plus difficiles… une ration de travailleur ! Yann glissera également quelques petites douceurs dans le fond de ses caissons : charcuterie corse sous vide et tablettes de chocolat : «  Je ne suis pas très sucré, en revanche j’adore la coppa, le jambon cru, la viande de grison ». On aura compris qu’un bon vivant à terre, le reste en mer ! Enfin, du point de vue de la quantité de nourriture embarquée, le skipper de Generali table sur 85 jours de repas et compte emmener une semaine de plats lyophilisés en plus. Bon appétit !

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« Il est clair que l’on ne mange pas normalement sur les longues navigations en solitaire »

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Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009


famille

Mon papa va faire le tour du monde Comment vit-on le départ de son papa pour un tour du monde de trois mois quand on est fils ou fille de coureur au large ? Apparemment Titouan, 6 ans et Marie, 9 ans, abordent la question avec une certaine sérénité. Même si le statut de Yann est susceptible de provoquer quelques avantages non négligeables dans la cour d’école…

« I

l faut savoir relativiser. Au final, l’absence de Yann ne sera pas beaucoup plus longue que lorsqu’il dispute une Transat. Entre la course ellemême, l’arrivée de l’autre côté de l’Atlantique et le retour du bateau, on n’est pas loin des trois mois… » Soizic Eliès a la sagesse des femmes de marins, de celles qui ont appris (ou toujours su) qu’on ne retient pas en cage un oiseau du large. Alors, à la maison, le discours ne change pas : papa part en voyage d’affaires comme d’habitude… Même si celui-ci risque d’être un petit peu plus long. Avec comme leitmotiv commun que l’affaire doit être dédramatisé. «  Bien évidemment, ça les fait un peu rêver. Quand Yann était rentré du Trophée Jules Verne, Marie était montée à bord du bateau… Elle a commencé à percevoir des

choses, mais ça reste quand même assez flou pour eux. Ils ont conscience que leur père fait un métier décalé, mais il existe beaucoup d’hommes qui partent pour des missions de plusieurs mois. » Pour pouvoir gérer cette absence à venir, il faut anticiper, faire que le minimum de choses changent dans la vie des enfants. Et que se passera-t-il quand Yann fera son entrée dans les mers du sud ? «  Rien de spécial, j’ai appris à lui faire confiance, on a l’habitude. Ma seule réserve sera sûrement le jour de Noël, parce que c’est vraiment la journée famille type. Là, l’absence risque de peser. A moi de rester légère, tout au moins en apparence… » Et puis, comme d’habitude, il y aura le retour, l’arrivée aux Sables d’Olonne, les retrouvailles. Des moments forts qui cimentent une vie beaucoup plus sûrement que

la routine du train-train quotidien. Comme l’avoue Yann lui-même : «  les enfants ont appris à vivre avec un père qui n’est pas toujours présent physiquement, mais j’essaie de leur consacrer une attention réelle quand je suis à la maison. Et je crois qu’ils le vivent plutôt bien. » Mais la gloire a ses rançons : c’est ainsi que la maîtresse d’école de Titouan utilise une affiche de Yann et de Generali pour introduire une initiation au dessin. C’est surtout cette meute de petits garçons qui ne cessent de faire une cour indécente à Marie pendant les récréations : « Marie, son papa, il est copain avec Zinédine Zidane… » Comme quoi, il faut toujours savoir relativiser. PFB


« Et puis il y aura le retour, l’arrivée aux Sables d’Olonne, les retrouvailles. Des moments forts qui cimentent une vie beaucoup plus sûrement que la routine du train-train quotidien. »


people


Zizou à la barre Parrain d’exception

Generali, c’est un nouveau 60 pieds IMOCA pour le Vendée Globe. Yann Eliès, c’est l’un des jeunes marins les plus talentueux et expérimentés de sa génération, il en est le skipper. Et Zinedine Zidane, c’est… bon, on va pas vous l’expliquer...

Z

izou est en tout cas le parrain attentionné du projet et du bateau, et nous étions à bord pour suivre ses premiers milles à la voile sur une machine de course au large. Et devinez quoi ? ça lui plaît… Et pas qu’un peu ! « Accrochez vous… » Le sourire est éclatant, le ton goguenard, avec une pointe d’accent marseillais, mais la voix est toujours aussi douce, et c’est la seule qu’on lui connaisse. Dans son ciré noir flambant neuf, Zizou vient de se voir confier la barre de Generali par Yann Eliès et il n’est pas peu fier !... Un rien appréhensif aussi. Il écoute les conseils de son skipper. Le sourire a disparu, il est concentré, attentif. Le visage se ferme un peu quand Yann le laisse guider seul la formidable puissance de son nouveau monocoque de 60 pieds pour le Vendée Globe, dessiné par le cabinet Finot/Conq et construit chez Multiplast à Vannes. Il faut dire que ça pulse !... 15 noeuds de vitesse au compteur, mer plate, un bon vent latéral de 15-18 nœuds, voilure réduite à un ris trinquette, l’animal allonge la foulée. Des conditions idéales pour le baptême du feu du parrain du bateau. Mais il s’en sort bien. Yann lui a donné un repère sur la côte et Zizou s’applique à ne pas s’en écarter, touche peu la barre et le bateau en profite pour accélérer. Déjà une certaine sensibilité. Jambes écartée pour assurer un équilibre mis à mal par la légère gîte, il découvre les joies de la vitesse à la voile. À vrai dire, depuis qu’il a embarqué, il est heureux comme un gamin. Même s’il n’a pas encore le pied marin, est étonné par tout, sursaute lorsqu’un bruit de carbone claque ou qu’une écoute rugit, il ne peut s’empêcher d’avoir la banane !... « C’est génial !... » dira-t-il plus tard. « Génial !... ».

Le lendemain de cette sortie, après une soirée RP avec la direction de Generali dans un hôtel de charme de Bretagne sud, Zizou a dû affronter les aléas de ce qu’est devenue sa vie publique. La foule en délire massée sur les quais de la Trinité, les cris, les interpellations, les déplacements difficiles entre un cordon de sécurité et le fait de devoir toujours prendre ses repas à part ou dans des restaurants vidés de leurs clients… Alors, vous pensez un peu que le bateau, la mer qu’il a toujours aimé sans vraiment la connaître et qu’il apprécie de plus en plus, ça ne lui plaît pas qu’un peu !... Du reste lorsque l’hélicoptère venu tourner des images de sa venue à bord s’éloignera enfin, il lâchera soulagé : « Pfff…, Ça fait du bien quand ça s’arrête !... ». Autant dire qu’il a rarement l’occasion de vivre d’expériences pareilles, des découvertes aussi étranges, de celles qui mettent son grand corps d’athlète dans un environnement totalement nouveau. Depuis qu’il est à bord de Generali, Zizou fait tout son possible pour écouter les conseils que lui prodigue Yann, mais il cherche surtout, naturellement, à assurer son équilibre. Il a vite trouvé la parade : jambes bien écartées. Il paraît que

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Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009


La foule était présente sur les quais de la Trinité au moment du baptême.

les footeux diraient « Bien sur ses appuis !... ». Ce n’est pas forcément académique, mais ses réflexes de sportif lui ont naturellement donné cette solution. Allez, un petit coup au moulin pour larguer le ris. Il n’en croit pas ses yeux lorsqu’il voit un équipier partir en bout de bôme. Par contre, on sent qu’il saurait tenir le rythme d’une séance de virements de bords dans la Coupe de l’America. Même pas essoufflé le garçon !... On sent que ça l’intéresse cet équipage, tous ces gars au sang breton qui sont aussi à l’aise sur le pont d’un bateau que lui sur un terrain de foot, il pose des questions, parle avec eux. Allez, un petit tour à l’avant du bateau. C’est un peu hésitant, il ne voit pas tout de suite à quoi se raccrocher, puis trouve les filières. Yann, en bon professeur, lui explique les petits secrets de son formidable jouet. Le gréement, les dérives, la quille basculante, les ballasts. Il ne comprend pas forcément tous les termes techniques, mais une chose trahit cependant le bonheur de cette découverte, c’est cet immense sourire qui ne peut s’empêcher d’éclairer son visage, un sourire qu’il n’arrive pas à retenir. Un vrai gosse !... « Génial !... » répète-t-il. Il découvre les sensations physiques de marcher sur un pont gîté, de recevoir ses premiers embruns dans la figure, de devoir plier sa grande carcasse pour passer dans la petite porte qui mène à l’intérieur. Allez, virement de bord !... Il se cale entre les deux barres à roue, baisse un peu la tête sans savoir d’où le danger peut venir, entend du bruit, sent la gîte s’accroître lorsque la quille est bas-

Première navigation à bord de Generali pour Yann Eliès avec son prestigieux parrain.

culée, voit l’équipage s’affairer, n’appréhende pas forcément le fait que le bateau a traversé le lit du vent, mais ça le fait, il est en totale confiance. A la barre en direction du large, il reprend la barre. Sans repère visuel, le cap est plus hésitant, mais Yann est là pour l’aider. Sacré Yann Eliès !... En voilà un qui avance dans un rêve les yeux grand ouverts et profite de la moindre seconde cette formidable aventure qu’il est en train de vivre. « Je sais que ces deux ou trois années de mise en route du projet, de la conception du bateau, de sa construction, du bateau, du parrainage par Zizou, puis du Vendée Globe, vont marquer ma vie. Alors j’en profite à fond. ». Et on le comprend !... Après des années à avoir traîné son ciré sur tout ce qui court au large, multicoques et record autour du monde à bord d’Orange II compris, fait une superbe carrière en Figaro, le voilà patron d’un 60 pieds Open qu’il a taillé à sa mesure pour le Vendée Globe. Le bateau est beau, malin, avec des solutions nouvelles, mais sans tomber dans les excès du genre usine à gaz, de la puissance à revendre, léger comme une plume. Une belle machine de course. Il a un sponsor d’envergure et un parrain dont tout le monde rêve, mais il vit tout ça avec sa simplicité légendaire, et s’applique à donner à ce projet sa griffe : avancer en privilégiant les rapports humains. De ce côtélà, il est servi. Une réelle complicité s’est établie avec Zinedine Zidane et ce mariage établi sous les auspices d’un sponsor commun n’était pas gagné d’avance. Mais là, ça marche. L’un (zizou) est attentif aux moindres mots de l’autre, et

Premières sensations à la barre de Generali pour Zinedine Zidane.

capable de faire le vide de son environnement pressant pour écouter ce que lui explique Yann. Et le jeune Eliès profite avec gourmandise – mais sans en rajouter – de cette chance dont rêvent des milliers de gens, et pas seulement des gamins : pouvoir côtoyer l’un des plus grands champions de notre temps… On comprend du reste qu’il soit devenu ce champion, car il y a indéniablement un formidable charisme, une force, un calme, une simplicité dans ce zizou. Et à bord d’un bateau, l’analogie avec un autre grand champion vient assez facilement, de manière limpide même : Oui, il y a de l’Eric Tabarly dans cet homme-là. Le même calme, la même attention aux autres, la même concentration sur les éléments forts, la même passion. Et cela en dépit d’un entourage envahissant. Et puis, autre point commun, quand l’estomac appelle, il faut y aller !... Monsieur Zidane a un petit creux, l’air du large a dû lui ouvrir l’appétit et le voici donc un sandwich à la main. « C’est ton lit ça ?... » . Il est carrément incrédule lorsque Yann explique, une fois revenu au port, que le siège de la table à carte sur cardan lui servira de couchette de repos. Il y a bien une bannette plus sérieuse pour les vrais sommeils à l’arrière et dans un coin sombre, mais il est vrai que ça a de quoi surprendre. Les marins ne se rendent plus bien compte du décalage qu’il y a entre leur vie de coureur du grand large et celle du commun des mortels, fut-ce t’elle celle de Zinedine Zidane !... GMR (article publié dans Voiles & Voiliers en juillet 2007)

Zinedine Zidane au moment du baptême du bateau

Claude Tendil, Président de Generali France, lors du baptême à La Trinité-sur-Mer.

Les enfants de la Trinité-sur-Mer ont célébré à leur façon le baptême du grand monocoque Generali


« Il y a un formidable charisme, une force, un calme, une simplicité dans ce Zizou. Oui, il y a de l’Eric Tabarly dans cet homme-là .»

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REVIVAL

Le Vendée Globe en cinq éditions En cinq éditions, l’esprit et le rythme du Vendée Globe ont évolués vers une régate planétaire : le marathon autour de la Terre s’est transformé en sprint infernal ! 1992 : Trois ans plus tard, ils sont quatorze

à prétendre battre le temps de référence établi par Titouan Lamazou, mais le golfe de Gascogne s’avère cruel : avant même le départ des Sables d’Olonne, Mike Plant disparaît en Atlantique, puis c’est Nigel Burgess qui est retrouvé noyé au large du cap Finisterre tandis que six solitaires retournent déjà au port de départ. Seuls Philippe Poupon, Jean-Luc Van Den Heede et Yves Parlier reprennent la mer avec plusieurs jours de retard… pendant qu’Alain Gautier distance une flotte clairsemée dès les premiers milles : il ne

1989 : Tout commence dans une taverne

lorsque les solitaires français du tour du monde avec escales (BOC Challenge) réalisent qu’il est désormais possible de faire le tour du globe sans s’arrêter : Philippe Jeantot lance ainsi l’organisation du premier Globe Challenge en 1989 où s’alignent treize concurrents aussi divers dans leur motivation que différents dans leur choix de bateau… Depuis la «  Longue route » de Bernard Moitessier, personne n’imagine réellement ce que cette aventure extrême représente et entre Titouan Lamazou, Philippe Poupon, Loïck Peyron ou Jean-François Coste, ce périple a des allures de course ultime, de chavirage inquiétant, de découverte incroyable ou de voyage initiatique ! Après 109 jours, 8 heures et 49 minutes, le premier vainqueur descend en héros les Champs Elysées après avoir pulvérisé tous les records. Le public a été au rendez-vous, les médias se sont passionnés pour ce tour du monde sans escale, les Vendéens ont fait un accueil incroyable aux sept solitaires arrivés aux Sables d’Olonne…

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GENERALI magazine

sera jamais rattrapé alors que VDH en finit avec une coque qui se pèle et Poupon avec un mât sur le pont ! Seuls sept solitaires arriveront au bout du parcours.

1996 : Quatre années ont passé quand

quinze skippers franchissent les digues des Sables d’Olonne pour ce qui reste comme le plus dramatique des tours du monde : trois concurrents sont en perdition au large de Bonne Espérance (Thierry Dubois, Tony Bullimore et Raphaël Dinelli) et ne doivent leur survie qu’à un heureux concours de circonstance tandis que quelques semaines plus tard, c’est l’absence de nouvelles de Gerry Roufs qui secoue et inquiète le monde de la course au large. Son monocoque sera retrouvé plusieurs mois après, vide et échoué sur les côtes chiliennes… Les bateaux ont souffert, au point de mettre hors course, Isabelle Autissier et Yves Parlier. Christophe Auguin accumule une telle avance dès les Kerguelen qu’après 105 jours, 20 heures et 31 minutes, il relègue à plus d’une semaine son dauphin à son arrivée en Vendée !


2004 : le ton est donné ! les vingt candi2000 : Pour le troisième millénaire, vingt-

quatre solitaires prennent le relais, avec des monocoques spécialement construits et conçus pour ce tour du monde de l’extrême : les conditions météorologiques sont moins violentes (à l’exception du jour du départ, au point que les organisateurs le reculent de cinq jours) mais le rythme est monté d’un cran ! Les abandons sont devenus presque habituels car les monocoques sont menés à leur maximum : Yves Parlier démâte mais ne renonce pas et s’abrite dans une crique néo-zélandaise pour réparer et repartir en se nourrissant d’algues ! Devant, Michel Desjoyeaux doit bricoler tout seul son moteur récalcitrant, Roland Jourdain son rail de mât et Ellen MacArthur poursuit son bonhomme de chemin… Au point de mettre en ballottage jusqu’à l’équateur la victoire de Michel Desjoyeaux qui en termine après 93 jours, 3 heures et 57 minutes, alors que le record de distance parcourue en 24 heures culmine à 435 milles !

dats savent qu’il faut partir sur les chapeaux de roue… et finir au même rythme : l’anticyclone de Sainte Hélène est un juge de paix sans pitié qui scinde la flotte en trois, avec deux leaders au coude à coude, trois poursuivants acharnés et un peloton distancé. Vincent Riou et Jean Le Cam ne se lâchent pas d’une étrave depuis le

départ tandis que Roland Jourdain abandonne en Nouvelle Zélande pour problème de quille, que Sébastien Josse percute… un morceau de glace dérivante et que Mike Golding finit sans sa quille ! Après 87 jours, 10 heures 47 minutes, Vincent Riou apporte à PRB une deuxième victoire à plus de douze nœuds et demi de moyenne, mais avec seulement sept heures d’écart sur Jean Le Cam… Le Vendée Globe est devenu une régate planétaire ! DBo

Les cinq podiums du Vendée globe 1989 (13 partants, 7 classés) 1er

Titouan Lamazou

Ecureuil d'Aquitaine

109 j 08 h 49 mn

2ème

Loïck Peyron

Lada Poch III

110 j 01 h 18 mn

3ème

Jean-Luc Van den Heede

3615 MET

112 j 01 h 14 mn

1992 (14 partants, 7 classés) 1er

Alain Gautier

Bagages Superior

110 j 02 h 22 mn

2ème

Jean-Luc Van den Heede

Sofap-Helvim

116 j 15 h 01 mn

3ème

Philippe Poupon

Fleury Michon X

117 j 03 h 34 mn

1er

Christophe Auguin

Geodis

105 j 20 h 31 mn

2ème

Marc Thiercelin

Crédit Immobilier de France

113 j 08 h 26 mn

3ème

Hervé Laurent

Groupe LG-Traitmat

114 j 16 h 43 mn

Michel Desjoyeaux

PRB

93 j 03 h 57 mn

1996 (15 partants, 6 classés)

2000 (24 partants, 15 classés)) 1er 2ème

Ellen MacArthur

Kingfisher

94 j 04 h 25 mn

3ème

Roland Jourdain

Sill-Mâtines La Potagère

96 j 01 h 02 mn

Vincent Riou

PRB

87 j 10 h 47 mn

2004 (20 partants, 13 classés) 1er 2ème

Jean Le Cam

Bonduelle

87 j 17 h 20 mn

3ème

Mike Golding

Ecover 2

88 j 15 h 15 mn

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Yann Eliès I Vendée Globe 2008-2009


generali

Un assureur responsable

pour une génération responsable Le métier d’assureur est fait avant tout d’anticipation. Il faut observer les évolutions des modes de vie pour mieux prévenir les risques, mesurer l’allongement de la durée de vie pour calculer les retraites, comprendre les grands cycles économiques et financiers pour couvrir leurs impacts. Et décrypter les phénomènes environnementaux qui peuvent anéantir en un instant l’œuvre de toute une vie.

C

e sens de l’anticipation, Generali l’a mis au cœur de sa vision d’entreprise : pour l’assureur créé en 1831, l’avenir ne s’attend pas, il se prépare. Et la mission qu’il s’est assigné est de permettre à chacun de s’y préparer avec lucidité. Or aujourd’hui, le monde est exposé à une multiplicité de facteurs de risques sans précédent dans l’histoire de l’humanité : dérives écologiques, raréfaction des ressources naturelles, surpopulation, surconsommation dans les pays riches, émergence économique d’immenses pays en voie de développement, mondialisation, délocalisations, développement de nouvelles technologies dont on ne maîtrise pas forcément les effets : comment faire face à la conjugaison de tous ces phénomènes ?

Generali qui observe attentivement ces évolutions a décidé depuis le début des années 2000 de s’engager dans une démarche baptisée « Agir pour notre Avenir ». Elle incite, par des actions de sensibilisation et de prévention, les particuliers à des pratiques responsables. Elle permet de conseiller et d’accorder des avantages tarifaires aux entreprises qui font du développement durable une priorité en respectant les valeurs humaines et les équilibres environnementaux ; elle concourt à prévenir les risques au quotidien comme à long terme. La volonté de Generali s’est fondée sur la recherche de leviers de progrès concrets, au cœur de son métier, dans 4 domaines : la préparation de l’avenir, la santé, la sécurité et la préservation de l’environnement.

Cette démarche conduit aussi l’assureur à faire évoluer ses pratiques, à construire son patrimoine immobiliser en étant à la pointe des normes environnementales, à sélectionner les valeurs qui entrent dans ses portefeuilles d’actions et de titres financiers en veillant à la performance et à l’éthique, à favoriser la diversité et l’égalité des chances au sein de ses équipes. Et toujours de miser sur l’intelligence de ses collaborateurs pour avancer dans le sens du progrès. Yann et son équipe ont mis en œuvre les mêmes principes dans la gestion du projet Vendée Globe 2008 : fédérer les talents, associer les énergies au service d’un même but, construire un bateau dont la conception intègre des procédés respectueux de l’environnement. L’assureur sur terre, comme sur mer, s’efforce de mettre en pratique ses convictions. www.generation-responsable.com www.generali-voile.com

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Un leader mondial de l’assurance GENERALI dans le monde • Fondé à Trieste en 1831 • 3ème assureur européen, opérant dans 70 pays,sur les 5 continents • 66,2 milliards d’Euros de chiffre d’affaires en 2007 • 398 milliards d’Euros d’actifs gérés • 66 000 collaborateurs au service de 54 millions de clients GENERALI en France • 2ème groupe d’assurances généralistes • 15,5 milliards d’Euros de chiffre d’affaires en 2007 • 7 000 collaborateurs au service de plus de 6 millions d’assurés ainsi que 560 000 professionnels et entreprises • Créateur en 1951 de l’assurance navigation de plaisance dans l’Hexagone et leader du marché depuis l’origine avec aujourd’hui 43 000 unités assurées GENERALI et la voile : 34 ans de sponsoring ! • Le plus ancien sponsor nautique en France : - 34 années de parrainage ininterrompues dans la course de l’Aurore devenue Solitaire du Figaro, avec 19 navigateurs et deux générations de skippers. - Participation au premier Vendée Globe Challenges avec Alain Gautier. - Parrain de la Solitaire du Figaro de 1997 à 1999 et de la Generali Solo de 2001 à 2006


en live

Suivez le Vendée Globe Grâce au site internet www.generali-voile.com, vous pourrez suivre au quotidien l’actualité de Yann Eliès engagé dans le Vendée Globe 2008-2009. Articles, dépêches, photos et vidéos, interviews, vacations radio, prévisions météo, un véritable carnet de bord multimédia qui vous tiendra au courant de l’évolution de la course en général et du bateau Generali en particulier. Top départ, le 9 novembre 2008 des Sables d’Olonne !

www.generali-voile.com

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contacts Generali Jean-Luc LAZARO Chef de projet monocoque 60 pieds +33 1 58 38 79 66 +33 6 27 89 74 10

Fullspeed Erwan STEFF : Responsable logistique + 33 2 97 88 27 40 + 33 6 62 64 37 11

Communication Agence Mer & Média + 33 2 99 23 83 83 presse@mer-media.com Contact Presse : Bénédicte Etienne Agence Mer & Média + 33 6 87 30 12 83 benedicte.etienne@neuf.fr

Photographe officiel Gilles MARTIN-RAGET + 33 6 07 55 45 85 martin-raget.gilles@wanadoo.fr

Production TV Hervé BORDE / NEFERTITI + 33 6 09 67 85 52 hborde@nefertiti-prod.com

Conception - Création : Mer & Média / Rennes (02 99 23 83 83) Maquette - Graphisme : G. Verdon / Mer & Média Rédaction : Mer & Média / P.F. Bonneau, O. Maincent, D. Bourgeois, S. Messager, P. Giboire et G. Martin-Raget, MC. Lanne Crédit Photographique : G. Martin-Raget, Y.Zedda, T. Martinez, J.Vapillon, Pool DPPI / Vendée Globe, Y. Eliès, H. Thibault (DPPI) Illustration 3D : J.B. Epron Dossier imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement


Š Gilles Martin-Raget/Guilain Grenier


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