N°63
juillet-août.18 LE M AGA ZINE CULTUREL GENEVOIS info@gooutmag.ch www.gooutmag.ch
EN SUISSE :
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ÉDITO L’été consacre la culture en plein air, accessible à tous et à tout heure. Ainsi, ce numéro est dédié aux festivals et manifestations au grand air. Du légendaire Festival Montreux Jazz au Concerts d’été St-Germain en passant par le Cinétransat, Go Out! a souhaité présenter son regard sur la belle saison musicale et cinématographique, de jour comme de nuit. L’été se prête également à l’envie de partir ailleurs, profiter de voir hors de Genève. Aisni, ce mois, le magazine a décider de faire deux haltes à l’étranger : une à Majorque et une en Corse où il a découvert deux lieux aussi enchanteurs que dépaysants. Niveau artistique, Go Out! a eu la chance de rencontrer l’artiste contemporain chinois Liu Bolin lors de la dernière foire d’Art Basel et à qui il a décidé de consacrer sa cover. Convié par la Maison Ruinart, l’homme invisible - comme on le surnomme dans le milieu - nous a confié pourquoi il se camouflait pour fondre dans ses oeuvres artistiques : afin de valoriser le silence et pousser à la réflexion, celle sur les notions de consumérisme et d’environnement. Une belle leçon à retenir et sur laquelle se pencher plus que le temps d’un été. Bonne lecture !
Mina Sidi Ali
Go Out! magazine
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CrĂŞperie - Gelateria
N°63 8n9
IMAGE DU MOIS HIGHLIGHTS
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COUPS DE CŒUR, COUPS DE GRIFFE
46.
PATRIMOINE
79.
AUTOMOBILE
LIVRES
82.
HORLOGERIE
49.
STAY COOL
51n 83
RDV PRIS
85n 97
CULTURE
13n 49 53.
HOTSPOTS VINS
55. 58.
COUP DE FOOD 61.
ART/EXPO
14. 25.
FESTIVAL
28.
THÉÂTRE
33.
CLASSIQUE
41. 45.
CINÉMA
AILLEURS
62.
BEAUTÉ
COSMÉTIQUES 65. 68.
EXPO, CLASSIQUE, THÉÂTRE, DANSE, CINÉMA, LIVE, AILLEURS
Crédits photos : À gauche : Théâtre de l'Orangerie Au centre : Liu Bolin x Ruinart, coffret À droite : Park Hyatt, Majorque ©Nick Ewen
MODE
DESIGN
70.
HÔTEL
72. 76.
TRIP
SPORT
EN COUVERTURE
IMPRESSUM
Rédacteurs Quentin Arnoux, Fabien
LIU BOLIN NO.3 MEXICAN WRESTLING MASKS (SMALL), 2015, HIDING IN MEXICO
Editeur Association Go Out !
Bergerat, Eleonora Del Duca, Anne Fatout,
Directrice de la publication
Pierre-Emmanuel Fehr, François Graz,
Mina Sidi Ali • mina@gooutmag.ch
Alexandre Kaspar, Olivier Müller, Melissa
Adjoint à la rédaction
N’Dila, Soraya Nefil, Yessine Sidi Ali, Ameidie
Vincent Magnenat
Terumalai, Alexis Valticos, Lucia Von Gunten
Cheffe d'édition Nyata Natalie Riad
Stagiaire Mélissa N'Dila
Graphiste Martin Besson
Coordination de production
Resp. rubrique art contemporain
Musumeci S.p.A., Quart (AO)
Lucia Von Gunten Resp. rubrique théatre
CONTACTS
Ameidie Terumalai
info@gooutmag.ch
Resp. rubrique musique classique
www.gooutmag.ch
Fabien Bergerat
Go Out! magazine
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IMAGE DU MOIS
KEHRER VERLAG The Potemkin Village, Sweden, Carson City, 2017 ©Gregor Sailer, Courtesy Kehrer Galerie Exposition "Le village Potemkine" de Gregor Sailer proposé par Jörg Bader, directeur du Centrede la photographie de Genève pour les Rencontres d'Arles 2018. A voir au Cloître Saint-Tromphime du 2 juillet au 23 juillet.
Juillet-août 2018
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HIGHLIGHT
HIGHLIGHTS
NOUVEAU BAIL
PROCHAINE ESCALE ? QUAI GUSTAVE ADOR !
Le premier EP du collectif genevois de Djs Tropical Blue Master Clash va faire beaucoup de bruit. Influencé par les musiques latino-américaines comme la salsa, la cumbia ou encore le bugalu, le crew de TBMC se laisse aussi volontiers imprégner par la scène électronique d’Amérique latine. Un univers frais et chaud à la fois qui semble faire ses marques dans la cité de Calvin. Avec Algo Nuevo, c’est un florilège de genres qu’on pourrait regrouper sous le terme de Latin Bass. De la bachata en passant par la chacarera, ces sonorités sont revisitées à travers le prisme de rythmes électroniques comme ceux de la techno, de la house ou de la trap music. Des sons à l’image du collectif, fier de son métissage et sensible aux questions d’appropriation culturelle et d’exotisation des cultures. Méga frais.
C’est la tendance des lieux éphémères ! Après la Saucisse Melba (CF Hermès) et Polp (CF Hot spot), la ville revient avec un concept déjà inauguré en 2016: l’Escale. Le format se voit élargie avec davantage d’animations, toutes gratuites et s’adressant à un large public. Ainsi, une cinquantaine d’artistes locaux se relayeront sur la scène de l’Escale. La programmation se veut éclectique : rock, folk, hip-hop, discos, musette... Les activités dominicales s’adressent plus spécifiquement aux familles, enfants, parents ou grand-parents, avec par exemple une DiscoKids. On viendra aussi danser à l’Escale, le tango argentin ou s’essayer aux claquettes. Un concept musical et culturel mais avant tout intergénérationnel ouvert à tous. A tester jusqu’au 2 septembre ! L’Escale www.ville-geneve.ch/escale
Go Out! magazine
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HERMÈS
coups de c�ur d'hermès
L’ART ET L A GA MELLE
Fin connaisseur d’art contemporain autant que museau gourmet, j’irai cet été faire un crochet curieux et renifleur du côté de la rotonde de la Maladière à Lausanne pour y zyeuter Saucisse Melba, une intervention artistique menée par l’espace d’art La Placette. Inspirés par une anecdote du début du XXe siècle (durant une représentation, la diva Nellie Melba s’est malencontreusement retrouvée avec une saucisse brûlante entre les doigts, laquelle a terminé dans le public ; si j’y avais été, elle aurait fini dans mon gosier !), les organisateurs y présentent des oeuvres et performances autour de la saucisse et des fruits composant la coupe Melba. Si cette dernière ne me fait a priori pas frétiller les moustaches – contrairement à la coupe Hermès à base de pâté et saumon fumé –, son association à la meilleure denrée estivale, le tout à la sauce artistique plutôt que barbecue, interpelle mes mirettes. J’irai donc me les rincer et découvrir de l’extérieur de l’abribus de la rotonde photographies, peintures, une tapisserie géante et même des saucisses roulantes qui me rendront aussi fou que de l’herbe à chat ! Sans oublier les performances culinaires et sonores qui assaisonneront ce projet interdisciplinaire réconciliant culture et babines. Saucisse Melba Organisation: La Placette Rotonde de la Maladière, terminus des bus 1 et 6 Lausanne Du 7 juillet au 29 septembre.
VA CHERCHER L A BALLE!
Le samedi 30 juin dernier, j’ai enfilé mon plus chamarré maillot de foot d’Etoile Carouge F.C. et filé au Stade d’Aïre-Le Lignon afin d’aller taper de ma patte gauche légendaire dans le ballon rond, en compagnie de plein de copains et copines bipèdes venus de tous horizons. On s’était réunis sous un soleil de plomb pour le premier tournoi de foot antiraciste de Genève, avec comme but de feuler notre outrage contre les conditions d'accueil des migrants et nous opposer à coups de miaulements et de goals à l'installation de centres fédéraux de renvoi. Humain ou félin, nul ne devrait se retrouver enfermé dans un chenil! Dans une ambiance bon chaton sur fond de bon son, on a enchaîné les matches, lapé de l’eau à foison et de la bière avec modération, et on s’est pourléché les babines de falafels et pizzas à prix libre. Inutile de le préciser, ma team l’a remporté haut le coussinet et Genève a enfin pu découvrir son étincelante gloire du football, futur tenant du Ballon de Croquettes, Hermèssi ! Allez, je promets aux organisatrices d’interrompre ma carrière internationale pour l’édition 2019 de ce tournoi, car il y a malheureusement fort à parier que notre combat sera toujours à mener patte levée et ballon au peton. Et si je me trompe, on se retrouve quand même pour jouer, histoire que je vous remette la pâtée ! 1er Tournoi de foot antiraciste Genève www.facebook.com/Tournoi-Antiraciste
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MISHIMA
coups de griffe de mishima
M ATIN CHAGRIN
Comme un air triste de déjà-vu: mes oreilles habituellement pointées vers le ciel se sont abattues à l’écoute de cette énième annonce de rabotage dans l’univers de la presse romande. Cette fois, c’est la version papier du Matin qui © Keystone archives fait les frais de ces carnassiers d’éditeurs, qui dévorent au passage 36 emplois, dont 22 parmi mes confrères gratte-papier. Dès le 21 juillet, c’en sera donc terminé de laper mon bol de lait matinal en parcourant les nouvelles du jour – plus ou moins légères, celles-ci ayant toujours eu mes duveteuses faveurs – tout en tournant les pages de papier de mes coussinets habiles. Il faudra donc que mes yeux somptueux se rivent sur un écran à peine la journée entamée, de quoi me rendre grognon, moi qui doit déjà passer la quasi totalité de mon temps d’éveil le museau scotché à tous les supports numériques qui soient. Je m’hérisse également à l’idée que ma formidable collection constituées du best-of des manchettes jaunes, celles qui égaient nos rues et dont le Matin possède le secret, ne sera plus alimentée et tous mes talents de chafouin pour les chaparder tomberont dans l’oubli. Oh ! Mes oreilles se redressent! Qu’entends-je ? On m’annonce que 250 postes seront supprimés à la SSR... Mes esgourdes se plient en arrière, mes poils s’ébouriffent de fureur. A quand la fin de cette hécatombe ? www.lematin.ch
Go Out! magazine
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Subventionné par la Ville de Genève
Culture
Liu Bolin, Hiding in the City - Screen in Rest, 2017 ©Liu Bolin
CONCERTS ÉTÉ ST-GERMAIN
TFM SAISON
CINÉTRANSAT
LIU BOLIN TOBIAS RICHTER
PACE
NIFF
MONTREUX JAZZ LA BÂTIE ANNINA THÉÂTRE DE L'ORANGERIE CHÂTEAU VOLTAIRE Go Out! magazine
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ART/EXPO
PLAN À TROIS
©Annek Wetter, Pace Gallery
Après New York, Séoul, Hong-Kong, Pékin, Londres et Palo Alto, c’est dans la Cité de Calvin que la galerie américaine Pace a décidé de poser ses valises. Pour son neuvième espace d’exposition, ouvert depuis le mois de mars, Pace a investi une arcade de plus de 300m2 au Quai des Bergues. Spécialisée en art moderne et contemporain, la galerie désire établir une présence permanente sur le territoire helvétique. Les liens avec les communautés culturelles suisses et européennes, qui ont jusqu’à maintenant joué un rôle central dans le travail et l’expansion de Pace, sont ainsi renforcés et pérennisés. Pour la première exposition à Genève, les travaux de Sol LeWitt (1928-2007), Louise Nevelson (1899-1988) et Adam Pendleton (1984) ont été montrés. Prolongée, l’exposition a été (ré)intitulée LeWitt, Nevelson, Pendleton PART II, et de nouvelles pièces sont venues rafraîchir l’ensemble. A visiter jusqu’au 13 juillet. Par ELEONORA DEL DUCA
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ART/EXPO
LeWitt, Nevelson, Pendleton, PART II s’insère dans une série d’expositions mise en place par Pace depuis plusieurs années. Basé sur un fonctionnement dit institutionnel, le discours créé par l’exposition est le produit d’échanges entre artistes issus de périodes et territoires parfois éloignés ou utilisant des médiums très différents. La volonté de la galerie étant d’établir un dialogue inhabituel et des échanges inattendus. Distants de par leur approche (et leur âge), les artistes exposés en ce moment à Genève peuvent pourtant être reliés au travers des résultats de leurs recherches. Louise Nevelson, Sol LeWitt et Adam Pendleton arrivent à des conclusions similaires par rapport à la couleur, la forme, le matériau ou la signification. Quant aux œuvres qui se déplient dans l’espace, elles se répondent l’une l’autre grâce aux thématiques abordées dont le langage, la géométrie ou l’appropriation. Louise Nevelson, figure féminine de l’exposition, en est aussi l’aînée. Pionnière dans la production d’œuvres « site-specific » et dans les installations, elle a été active sur la scène artistique tout au long du XXème siècle. En assemblant des objets du quotidien et des éléments trouvés dans les environs de son studio (spécialement des pièces en bois), Nevelson créait de nouvelles structures, peintes ensuite de façon monochrome. Les éléments disparates devenant de ce fait une structure unique, un système unifié. Bien que Nevelson s’intéressait aussi à d’autres médiums, comme le collage, Pace propose de découvrir notamment ses sculptures, dont Small Cities, qui explore le rapport de l’artiste à l’architecture et à la ville. Et mention spéciale pour le documentaire Clés du regard, Louise Nevelson : Ma vie comme un collage (61), réalisé par Pierre Koralnik et projeté tout au long de l’exposition. Sol LeWitt, autre artiste présenté lors de cette exposition, est lui reconnu entre autres pour ses travaux en deux ou trois dimensions. Chef de file de l’art conceptuel, il cherchait à s’éloigner, dès les années 60, d’un certain formalisme et a développé une pratique artistique faite de sérialité, de répétitions et d’études des systèmes de lignes et couleurs. Touche-à-tout, LeWitt faisait appel à une pluralité de supports – dessins muraux, photographies, peintures, gravures, gouaches, sculptures – et ce sont deux des nombreux médiums que la galerie a décidé d’exposer. A la sculpture blanche et triangulaire Pyramid#10, datant des années 80, viennent s’ajouter des gouaches inédites. Cadet de l’exposition, Adam Pendleton a lui aussi une pratique qui navigue de supports en supports. Son approche est particulièrement caractérisée par l’appropriation et les renvois. Il mixe ainsi références historiques, politiques ou artistiques (c’est là que le lien entre les trois artistes entre en jeu) pour mieux les déconstruire et les examiner. Une fois Go Out! magazine
Sol LeWitt, Pyramid#10, 1985
les images ou les textes récoltés, il assimile les différents fragments, les photocopie puis en fait, par exemple, des sérigraphies. Avec des œuvres comme Untitled (code poem), l’artiste questionne les limites entre la matérialité d’une sculpture et l’abstraction du langage. Finalement, c’est peut-être le travail d’Adam Pendleton qui devient une sorte de connecteur entre les trois figures : ses assemblages renvoient à ceux de Louise Nevelson et ses références au travail de Sol LeWitt. LeWitt, Nevelson, Pendleton, PART II Jusqu’au 13 juillet Pace Gallery 15-17 quai des Bergues - 1201 Genève ma.-sa. 10h-18h www.pacegallery.com
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LE THÉÂTRE DE L'ORANGERIE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE
GRAPHISME ET ILLUSTRATION : ANAËLLE CLOT
QUAI GUSTAVE-ADOR 66B, 1207 GENÈVE
THÉÂTRE DE L’ORANGERIE 27.06–30.09.18 THÉÂTRE – MUSIQUE – BOTANIQUE ART – CUISINE – ATELIERS – RENCONTRES THEATREORANGERIE.CH
ART/EXPO
ANNINA ROESCHEISEN : UN ART SANS LIMITE
Annina Roescheisen ©Atisha Paulson
Elle est de ces artistes qui captivent. Autour d’un verre, on l’écoute sans voir l’heure tourner; devant ses oeuvres on voyage loin, très loin, au coeur d’un art nourri de thématiques à la fois intimes et universelles. Son approche artistique touche tant par l’engagement que par la sincérité déployée dans des oeuvres pluridisciplinaires, avec une mention particulière pour ses vidéos dans lesquelles elle se met parfois en scène avec pudeur et tendresse. En résulte une pratique impossible à catégoriser tant elle est instinctive et le reflet d’une personnalité que rien ne semble pouvoir arrêter. Née en Allemagne en 1982, l’artiste au regard passionné allie franc parler, douceur candide et tatouages en nombre; un mélange détonant pour celle qui met son art au service des autres et tient autant à évoluer dans le sillon traditionnel de l’art contemporain qu’en parallèle. Rencontre avec Annina Roescheisen, installée entre Paris, New York et, depuis peu, Genève. Par LUCIA VON GUNTEN
Go Out! magazine
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ART/EXPO
ponctuée d’épreuves. Ici, la posture mariale adoptée par l’artiste face caméra, la tranquillité apparente de la scène et silence lourd sont autant d’éléments persistants qui viennent déranger l’apparence séduisante d’une image en mouvement presque figée. Une oeuvre qui à elle seule laisse deviner le caractère introspectif et hautement symbolique de l’artiste. UN ART NOURRI D’HISTOIRE
Cette considération pour les grands maîtres du passé et les rappels iconographiques qui en découlent s’ancre logiquement dans le parcours de l’artiste allemande qui, après des études d’histoire de l’art et de philosophie, fait un bref passage dans les maisons de vente aux enchères avant d’investir l’atelier et de développer une activité de mannequinat en à-côté. Une personnalité plurielle qui échappe aux définitions strictes, à l’image de ses influences qui s'étendent de l’art médiéval à l’art contemporain, jusqu’à déborder sur les théories de la couleur développées par des hommes de lettres et penseurs tels que Goethe, Schopenhauer au début du XIXe siècle, et Wittgenstein au milieu du XXe siècle. La couleur est une composante primordiale à laquelle Annina Roescheisen attribue une signification symbolique particulière dont celle du retour sur soi, en écho à sa fascination pour le romantisme allemand, le fauvisme, l’expressionnisme ou encore le préraphaélisme. Des courants artistiques que l’artiste regarde avec nostalgie face à certaines pratiques contemporaines qu’elle considère parfois trop attentives, bien que nécessaires, au monde qui nous entoure mais paradoxalement détachée de l’humain et des émotions primaires qui le caractérisent.
Annina Roescheisen, La Pietà, 2013
DERRIÈRE LES APPARENCES
En mars dernier Annina Roescheisen célébrait son arrivée à Genève dans une exposition à Freestudios partagée avec son ami, le sculpteur français Antoine Vidal. Pour cette première en terre genevoise, l’artiste avoue s’être lancée un défi en voulant privilégier la présentation fragmentée plutôt qu’intégrale d’une partie de ses oeuvres. Une manière pour elle de mettre en évidence le fil rouge de son art avec des extraits photos et vidéos qui se rejoignent dans un langage métaphorique où le questionnement identitaire et émotionnel s’épanouit dans un traitement poétique et esthétique.
FENÊTRE SUR LE MONDE
Avec ses oeuvres, Annina Roescheisen invite le spectateur à se rapprocher de son intériorité, de ce moi qui sous l’injonction des évènements et sollicitations extérieurs, tend à sommeiller dans l’abîme de notre être. Pour cela, l’artiste n’hésite pas à s’attaquer au départ à des sujets durs et intimes pour ensuite les aborder dans des réalisations où poésie et sensualité règnent en maître. Et ce jusqu’à brouiller les frontières entre imaginaire et réalité, beauté et horreur, bien-être et souffrance. Loin des propositions qui laissent libre cours à l’interprétation du spectateur, l’artiste allemande revendique clairement une intention d’attiser l’émotion, sans pour autant la provoquer de manière contrôlée. En effet, s’il est important de créer une réaction ou un sentiment, peu importe sa nature, précise l’artiste.
On le devine rapidement, Annina Roescheisen aime la prise de risque, une volonté qui se matérialise par un recherche artistique aux accents méditatifs et dont « La Pietà » (2013), une de ses oeuvres les plus remarquées, fournit un exemple probant. Derrière l’emprunt à la sculpture monumentale de Michel-Ange, l’artiste touche au passage de l’enfance à l’âge adulte de façon saisissante. Un éveil à la fois merveilleux et brutal traduit par cinq vidéos successives où la candeur de l’enfance s’efface peu à peu devant les marques d’une réalité Juillet-août 2018
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ART/EXPO
Aujourd’hui, à 36 ans, Annina Roescheisen s’amuse de cette persévérance extrême qu’elle explique comme faisant partie d’une destinée qui la guide depuis la vente de sa première oeuvre, intitulée « Make a Wish », qu’elle reverse alors à une association engagée pour l’autisme. Une détermination sans faille grâce à laquelle elle continue de se battre pour des projets ambitieux tels que #WhatBringsPeace, lancé en 2016. En marge de ses activités sans but lucratif, l’artiste se concentre actuellement sur « Black and Blue » (2017-) une série d’oeuvres papier mêlant dessin et peinture qui explorent les mécanismes de la perception face à l’invisible. Une nouvelle occasion pour Annina Roescheisen d’appréhender le monde et plus particulièrement les méandres des sentiments humains qui résonnent comme le leitmotiv de son langage artistique.
Annina Roescheisen, The Exit Fairytale of Suicide, 2016
Ainsi, au fil des vidéos Annina Roescheisen traite avec une dignité rare de l’universalité humaine à travers les thématiques de l’amour, l’appartenance et la dualité de l’être, le cheminement de la vie ou encore celle du suicide dans « The Exit fairytale of suicide » (2016). Ici, une intention particulièrement délicate qu’elle présente dans une mise en scène allégorique réalisée grâce au renvoi à la symbolique de la nature morte et plus particulièrement aux vanités - un sujet pictural très en vogue dans l’Europe du XVIIe siècle, métaphore de la prévalence de la mort face au caractère vain des connaissances et des plaisirs de la vie.
« Black and Blue » Annina Roescheisen Exposition personnelle Galerie Speerstra, Paris Du 1er au 22 septembre 2018 Informations, images et vidéos d’œuvres sur le site de l’artiste anninaroescheisen.com
ENGAGÉE ENVERS ET CONTRE TOUT
Cette volonté de s’attaquer à des sujets sensibles, de voyager au plus proche de son être et de toucher autrui, révèle les convictions d’une artiste qui, fidèle à ses croyances et aux causes humaines universelles, s’engage avec et pour les autres. C’est le cas lorsqu’elle porte ou participe à des projets dédiés aux enfants atteints d’autisme, à la promotion de la paix, à la préservation de cultures autochtones en Colombie et pour le soutien des sans-abri en Suisse romande (« Nobody - Somebody », 2018). Des engagements qui s’imposent à elle et qu’elle tient à défendre en dépit de difficultés et de concessions qu’elle voit comme le prix de sa liberté d’artiste.
Annina Roescheisen, Black N o11, 2017 de la série Black & Blue
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—HEAD Genève MOOC COURS D’INITIATION À LA BANDE DESSINÉE LA HEAD – GENÈVE RELANCE SON COURS EN LIGNE GRATUIT ET OUVERT À TOUS
AVEC PEGGY ADAM ET BENJAMIN STROUN ET LES INTERVENTIONS DE FREDERIK PEETERS, IBN AL RABIN, HELGE REUMANN ET TOM TIRABOSCO DÉBUT DU COURS 17 SEPTEMBRE 2018 INSCRIPTION DÈS LE 6 AOÛT 2018 : HTTPS://MOOCS.HES-SO.CH/ PLUS D’INFOS SUR WWW.HEAD-GENEVE.CH
ART/EXPO
LIU Y ES-TU ?
Bien qu’il soit dissimulé avec une dextérité millimétrée, Liu Bolin est l’un des artistes chinois contemporains dont on parle le plus! Ses œuvres critiques amalgament photographie, art optique, performances et body painting et se dévoilent à la fois esthétiques, ludiques et politiques. Son obsession ? Se fondre dans le décor, valoriser le silence et exacerber l’immobilité afin de questionner la place de l'individu dans son environnement. Après avoir investi les rues de Vevey en 2012 avec Hiding in the City, il revient en septembre prochain au Musée de l’Elysée à Lausanne, du 17 octobre au 27 janvier 2019 à travers une exposition rétrospective regroupant pas moins de septante clichés inouïs qui poussent à la réflexion sur les notions de visibilité, de dissimulation, de consumérisme et d’environnement. Rencontré en juin dernier à Art Basel chez Ruinart, cet homme-caméléon sans façon nous dévoile les ficelles de son travail artistique et son lien avec la plus ancienne des maisons de champagne qui depuis dix ans collabore avec des artistes pour illustrer une série limitée de quelques flacons. Extraits. Par MINA SIDI ALI
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ART/EXPO
Pourriez-vous nous expliquer le processus d’une création visuelle ? Je choisis d’abord un arrière-plan qui me plaît, ensuite j’enfile un costume militaire puis on applique une couche de crème protectrice sur ma peau qui se transforme en plastique en séchant, elle permet ainsi de peindre directement sur mon visage et les vêtements afin de me fondre complètement dans le décor. Le plus important reste le choix des bonnes couleurs. L’action de peindre peur durer plusieurs heures. Puis, une photo est prise de l’ensemble. D’ailleurs j’ai été très impressionné par la patience et la qualité du travail des collaborateurs de chez Ruinart. Ils ont été très courageux, car moi j’ai l’habitude, ce qui n’est pas leur cas. On connaît de vous surtout le travail peinture et photo mais vous avez un terrain artistique de prédilection: la sculpture... Je n’ai malheureusement pas eu beaucoup d’opportunité d’exposer mes sculptures et je rêverais de le faire davantage. Les photographies sont beaucoup plus aisément transportables et attirent davantage les galeries et le public. Elles impressionnent rapidement. Le rapport à mes sculptures est moins direct et évident, ces dernières requièrent plus de réflexion. Ainsi, je suis moins sollicité à exposer ce type d’oeuvres, à mon grand regret. Je m’interroge beaucoup là-dessus. Mon travail ne doit pas encore être à maturité pour les galeristes. Je vais davantage m’y consacrer afin qu’il soit plus abouti. Mes dernières créations sont très axées sur notre rapport aux nouvelles technologies. Il y a trois ans, j’ai réalisé Hacker, où l’ordinateur s’immisçait dans toutes les oeuvres, car finalement nous sommes envahis au quotidien partout par l’informatique. J’ai un regard plutôt sombre sur nos rapports aux technologies et l’interdépendance de l’art avec ce dernier.
Comment s’est déroulée la rencontre et la collaboration avec la Maison Ruinart ? Je connaissais la maison Ruinart car j’ai eu la chance d’en déguster avant mais je n’aurais imaginé avoir l’honneur de collaborer avec cette enseigne de renommé mondiale. Ainsi, c’est par le biais d’un ami que j’ai été présenté à la marque. Je me suis rendu à Reims dans les Crayères où reposent des millions de flacons, 38 mètres sous terre. Je les ai trouvées fascinantes et inspirantes. De là sont nées les créations autour de l’enseigne Ruinart. J’ai été très impressionné par cette entreprise à la fois très artisanale et qui a su développer des technologies extrêmement avancées. Une fois sur place, j’ai réalisé la force de travail de toutes ces personnes qui relèvent un vrai défi au quotidien pour cette célèbre maison. Je ne voulais pas me cantonner à une performance artistique, j’avais envie de mettre en avant ces femmes et hommes et rendre hommage à leur savoir-faire. Ainsi, j’ai posé avec cinq d’entre eux.
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C’est important pour vous de susciter la réflexion dans votre travail. Vous dénoncez régulièrement les actions de l’humain sur la nature, la politique, la censure ou encore la société de consommation. Pour Ruinart c’est une tout autre démarche… Je suis très sollicité par les marques et j’accepte difficilement les collaborations. Il faut qu’il y ait un sens, une thématique qui m’interpelle et aille dans le sens de mon éthique et philosophie. Je fais bien évidemment la distinction entre ces divers projets dont ceux bien plus
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ART/EXPO
D’où ce choix de devenir transparent donc anonyme pour généraliser le propos de l’homme qui a perdu le contrôle sur le monde qu’il a lui-même fabriqué ? Il est vrai que je joue sur plusieurs niveaux, l’individuel comme le collectif, ce qui est le propre de toute œuvre artistique scrutant le fonctionnement d’une société de consommation avec ses dérives, ses failles, ses fragilités. Mon but est de questionner les apparences et d’éclairer nos rapports à cette société. Et le plus souvent, je le fais dans un cadre que je connais, c’est-à-dire mon pays. Mais attention, pour moi, porter une idéologie et même la développer ne veut absolument pas dire critiquer. J’envisage mon travail comme un aiguillon, une aide à la réflexion, c’est le pouvoir de cette dernière que j’essaie de réveiller.
engagés. Lors de mes collaborations avec des marques à l’image de Moncler et la campagne publicitaire shootée par la photographe Annie Leibovitz au milieu du paysage nordique, j’ai voulu dénoncer le changement climatique dont l’une des conséquences est la fonte inexorable des glaciers. Ici pour Ruinart, c’est la culture française et son savoir-faire que j’ai souhaité mettre en exergue. Je suis conscient que cette collaboration met en avant l’enseigne mais à travers la tradition et le métier d’artisan. J’ai voulu montrer l’importance d’un acte positif que l’humain peut avoir sur l’environnement et la nature, tel que la préservation d’hectares de raisins et de caves centenaires. A l’heure de la mondialisation, il est important de préserver le patrimoine. Comment est perçu votre travail en Chine par les autorités et par vos compatriotes ? Au niveau du gouvernement, je suis de plus en plus soutenu et notamment depuis 2009 et ma série sur l’environnement et l’écologie. J’ai le sentiment qu’ils ont saisi que mes messages étaient très importants. J’ai ainsi fait l’objet de plusieurs reportages ce qui m’a donné une certaine visibilité dans le pays et une meilleure compréhension auprès de la population. Je ne suis pas censuré, d’ailleurs je vis et travaille à Pékin.
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www.ruinart.com Liu Bolin Exposition du 17 octobre 2018 au 27 janvier 2019 Musée de l’Elysée 18, avenue de l'Elysée - 1006 Lausanne www.elysee.ch
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SECRÉTAIRE MÉDICALE
OU HISTOIRE DE L’ART LA FORMATION POUR TOUS
FESTIVALS
DE CONTRE-CULTURE À LA CULTURE
Claude Ratzé16 ©Dorothée Thébert
Il y a tout juste une année, Aya Stürenberg-Rossi voyait nommé son successeur à la direction du Festival de la Bâtie, Claude Ratzé, ancien du sérail qui quittait alors la direction de l’Association pour la Danse Contemporaine (ADC). La conférence de presse qui dévoilait la programmation complète de cette édition charnière s’est tenue mi-juin et nous sommes partis discuter avec Claude de ses intentions et impressions sur cette nouvelle édition d’une manifestation devenue institution. Claude Ratzé, c’est plus d’une décennie au Festival de la Bâtie, puis vingt-quatre ans à l’ADC, le Prix Spécial de la Danse 2015 et le co-fondateur d’Antigel. Bref, Claude c’est un type qui ne fait rien et qui se tourne les pouces jusqu’à la tendinite, la preuve ! Danse, théâtre et musique : le champs des possibles est vaste. Par VINCENT MAGNENAT
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FESTIVALS
Concernant le volet musical de la prochaine édition du festival de la Bâtie, que peut-on dire de l’évolution de la nouvelle ligne directrice ? L’idée était d’avoir un conseiller musical qui soit presque un programmateur afin de s’assurer d’être à un certain diapason à la fois du public noctambule mélophile et de l’esprit général du festival. Il y a une volonté de travailler avec une personne d’une autre génération, donc forcément cela amène une autre facture qu’avant. C’est aussi pour cela qu’on investit cette année non seulement des salles de concert mais aussi des clubs. Sur l’évolution de la ligne, on peut dire que j’ai décidé notamment de cesser de programmer des grosses têtes d’affiches qui côtoyaient musicalement des choses tout de suite plus pointues; il y a une volonté claire de resserrer la cohérence du festival, de la rendre plus compacte pour plus de pertinence. Le choix des emplacements aussi s’est trouvé guidé en partie par la volonté de réinvestir les lieux de musique, plutôt que seulement des théâtres, pour faire honneur au fait musical en soi mais aussi de marquer l’ouverture de la saison culturelle genevoise pour 18/19. Il est vrai que jusque là, la Bâtie était peut-être un peu moins axée sur ce genre de préoccupations. Auparavant, la musique était traitée presque comme une pièce rapportée à la Bâtie, alors que théâtre et danse avaient eux une grande cohérence, sans bien sûr non plus être trop dogmatiques. Le programme papier illustre d’ailleurs cette volonté de fluidité entre les propositions en présentant les évènements de manière uniquement chronologique.
Je me suis toujours dit que c’était ainsi qu’il fallait quitter quelque chose, c’était du coup très agréable pour moi. Quels sont les challenges à relever à la Bâtie vingt ans plus tard ? Comment s’est passée la rencontre entre votre expérience passée au sein du festival et vos idées pour le futur de celui-ci ? Je ne suis pas un programmeur de la rupture, j’avais envie d’une certaine continuité. Puisqu’on m’en donne l’occasion, j’ai notamment l’intention de reprendre des pans de la Bâtie qui étaient peut-être moins exploités et les réactiver. On parle entre autres de la territorialité du festival. Historiquement, la Bâtie est trans-frontalière et il n’était pas question de s’en détourner. C’était l’occasion à l’inverse de reconsidérer profondément l’implication des communes genevoises dans l’émulation culturelle du festival. Même si la Bâtie s’estampille « de Genève », cette appellation ne se limite pas à la ville elle-même et il est indispensable aujourd’hui d’inclure ce territoire qui mute constamment dans le questionnement culturel au sens large. Je ne perçois pas la Bâtie comme un bloc autonome qui se suffit à lui-même, au contraire je veux qu’on puisse mettre un pied dans les maisons, parfois avec force, parfois avec complicité, ou logique mais aussi à contre-temps, on veut remuer et mélanger un peu les dynamiques, les rendre peut-être plus organiques.
Peut-on parler de réforme par opposition à une révolution : on rafraîchit sans passer les 42 ans du festival au bulldozer ? Oui, je suis avec d’accord avec cette idée. Réformer une chose qui fonctionne plutôt que de faire table rase. Vous aviez quitté la Bâtie il y a plus de vingt ans. Est-ce qu’à un moment vous avez pu vous dire que vous alliez y revenir ? Non, pas vraiment. Comme j’étais en parallèle impliqué dans la programmation de l’ADC et que cette dernière commençait à prendre plus d’ampleur, notamment avec la construction du Pavillon de la Danse à Lancy, c’est venu assez naturellement. C’est un moment où j’ai dû choisir mon cheval de bataille et cesser de courir le lièvre sur tous les tableaux. J’avais envie de me focaliser sur un enjeu institutionnel d’une grande importance et pour lequel j’avais beaucoup travaillé avec mes camarades. Je sentais également que j’avais fait un peu le tour et qu’il était devenu évident qu’il serait très confortable de partir, et dans des très bonnes conditions, en toute fluidité. Chose que je reproduis finalement vingt ans plus tard avec l’ADC où je quitte le navire dans un contexte de calme et de communs accords. Juillet-août 2018
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FESTIVALS
C’est important pour moi de m’être associé à la Nouvelle Comédie par exemple, dans la ligne d’une Bâtie plus en contact avec le monde extérieur. Cette dame d’âge mûr qu’est aujourd’hui le festival de la Bâtie, j’ai un peu envie de la bousculer mais de la respecter en même temps. Je ne m’interdis pas de programmer à nouveau certains artistes sous prétexte que ça serait une sorte de faux-pas. Donc la Bâtie se veut un peu moins exclusive qu’auparavant, c’est un autre point. Etes-vous satisfait du chemin emprunté et parcouru depuis vingt ans, notamment en ce qui concerne la danse ? Je suis parti d’une Bâtie encore très associative pour en retrouver une assez institutionnelle dans la manière de travailler, l’organisation… Avant, tout cela était plus alternatif. C’était l’époque des squats, de l’ouverture d’Artamis. La Bâtie était sortie du bois pour entrer dans les théâtres et j’ai connu cette transformation vers un modèle plus professionnel. De concert avec les autres programmateurs, on avait décidé à cette époque de mettre de l’argent sur des projets chorégraphiques, comme Merce Cunningham, qui comportaient beaucoup de risques parce qu’on pensait que la salle serait vide. Le succès était heureusement au rendez-vous et ça a ouvert énormément de perspectives par la suite. J’étais d’ailleurs souvent le premier à programmer ce genre de contenus et cela a été pour moi des années de dingue en terme d’innovation artistique pour la danse. En plus de l’Association pour la Danse Contemporaine (ADC), l’ouverture du Théâtre Forum Meyrin et d’un certain nombre de théâtres, il est vrai que la Bâtie a énormément contribué à ce qu’on ose programmer de la danse. Le festival que je retrouve vingt ans plus tard a continué sur cette voie. Et cela me réjouit aujourd’hui d’être assez culotté pour programmer Jérôme Bell, qui avait fait son chemin depuis 1989 dans une Orangerie qui n’avait pas été rénovée, au Théâtre du Léman cette saison : il s’agit vraiment d’une continuité, dans le sens de la réforme dont on vient de parler. Bien sûr, cette édition est pour moi assez expérimentale, forcément, en tant que directeur fraîchement débarqué, et j’aurai à coeur d’en observer le déroulement pour pouvoir approfondir et affiner son amélioration.
alternative. Même si la contre-culture d’hier est devenue la culture d’aujourd’hui et que beaucoup de combats ont été couronnés de succès, il reste toujours énormément à faire. On est désormais beaucoup plus mélangés, les lignes ont complètement éclaté. Je n’ai aucune honte à discuter avec le Grand-Théâtre ou l’OSR par exemple, on est loin de l’opposition frontale des débuts avec la culture dite bourgeoise. En tous cas, si on parle de contre-initiatives qui s’inscriraient contre la Bâtie, eh bien : bienvenue ! (rires). La Bâtie - Festival de Genève Divers lieux Du 30 août au 16 septembre www.batie.ch
Aujourd’hui on a des groupes de jeunes gens qui organisent des raves-parties sauvages dans tout le canton et notamment dans le Bois de la Bâtie, que cela vous inspire-t-il en termes justement de cycles culturels ? C’est plutôt réjouissant que les nouvelles générations aient envie de retrouver aujourd’hui le sens d’une certaine alternative. C’était déjà très compliqué pour le coup il y a quarante-deux ans, et je pense qu’aujourd’hui ça l’est davantage encore. Genève a besoin d’une culture
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THÉÂTRE
L’ORANGERIE : LE JARDIN DES 5 SENS
Tristesse animal noir ©Nicolas Di Meo
Qui dit nouvelle tête à la direction dit nouvelle ligne artistique et nouveaux intérêts dramaturgiques. Après avoir fait ses adieux à son directeur de longue date, Valentin Rossier, la saison passée, c’est sous des auspices verdoyants que le Théâtre de l’Orangerie accueille Andrea Novicov, son nouveau chef d’orchestre. Verdoyants et très contemporains, puisque le point d'orgue de la programmation d’Andrea Novicov est marqué par un retour à la nature et notre rapport à l’environnement. Le concept de permaculture est importé au sein de l’Orangerie pour redonner goût à son nom en bourgeonnant en « Jardin des délices ». En effet, l’espace sera exploité sous toutes ses facettes puisque le théâtre sera aussi un verger riche en légumes et fruits et offrira une restauration gastronomique proposée par un nouveau gérant. Focus sur un été théâtral qui s’annonce fructueux. Par AMEIDIE TERUMALAI
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THÉÂTRE
UN ÉCOSYSTÈME
Le Théâtre de l’Orangerie a subi des rénovations tant du côté de son théâtre que de ses deux serres. Le potager laissé à l’abandon a repris vie pour attiser la curiosité de ses visiteurs et les inviter à goûter aux fruits bio. A l’entrée du théâtre se trouvera, durant le début du mois de juillet, la Mobithèque des Bibliothèques municipales. Pour le mois d’août, le Théâtre de l’Orangerie s’est associé avec le Service de la Jeunesse pour distraire nos chères têtes blondes tous les après-midis. Des activités qui se passeront donc au sein de l’Orangerie, mais aussi à proximité de l’espace pour marquer l’envie du nouveau directeur d’un écosystème fécond à l’image d’un jardin en floraison. MÈRE NATURE AU PROGRAMME
Il faut croire qu’outre la réhabilitation botanique du Théâtre de l’Orangerie, sa saison 2018 sera gouvernée par une pensée écologique s’enracinant dans une thématique très actuelle. Deux fils rouges guideront les pièces de cette saison : il s’agit du « Voyage » et de la « Forêt ». Sans tomber dans la morale, cette programmation souhaite au contraire proposer à son public, à travers « des spectacles aux univers forts », des clés de lecture qui ouvriraient « plusieurs portes d’accès ». Une invitation à l’interprétation sans en forcer la compréhension ou le message subliminal.
Le songe d'une nuit d'été ©Paul von Borax
Théâtre de l’Orangerie Du 27 juin au 30 septembre Parc La Grange 66b, quai Gustave-Ador - 1207 Genève 022 70 93 63 www.theatreorangerie.ch
BOUQUET DE PIÈCES FLORALES
Au total, il faudra compter cinq pièces et trois spectacles en collaboration avec le Festival de la Bâtie. On se notera d’aller voir entre autres : Tristesse animal noir d’Anja Hilling et du Collectif sur un malentendu. Une pièce où une nature apocalyptique prend le pas sur des personnages trop confiants, en les assujettissant à sa propre loi. Espaces verts, une coproduction avec la Bâtie, et Les Fondateurs, qui est un projet interactif basé sur l’improvisation, nous immergeant dans une « végétation qui aurait repris ses droits sur l’humain », un monde luxuriant et utopique. Pour conclure, alors que l’été touchera à sa fin, l’Orangerie proposera Songe d’une nuit d’été mis en scène par le talentueux Joan Mompart. Ce classique shakespearien viendra résumer et clore cette saison estivale 2018 qui promet de vous ouvrir les portes du Jardin d’Eden.
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THÉÂTRE
HYMNE À LA FEMME
Terabak de Kyiv ©Anastasia Mantach
La programmation 2018-2019 du Théâtre Forum Meyrin (TFM) est encore une fois très prometteuse ! Pas moins de trente-neuf spectacles et un festival de cirque rythmeront cette nouvelle saison qui s’annonce captivante. Des artistes locaux et internationaux provenant de plus ou moins loin (Ukraine, Sénégal, Palestine, Portugal, Belgique, Sardaigne) viendront partager leur passion pour le théâtre, la musique et la danse pour le plus grand bonheur des petits et des grands. Si cette édition n’exclut bien évidemment pas les artistes masculins, elle met pourtant à l’honneur toutes les femmes qui contribuent, d’une manière ou d’une autre, aux arts de la scène. Rôle principal, rôle secondaire, auteure, humoriste, danseuse, soliste, accompagnatrice, chanteuse ou tout simplement « petites mains », toutes auront le droit à une visibilité bien méritée. Par SORAYA NEFIL
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THÉÂTRE
LES INCONTOURNABLES FÉMININES
S’il ne fallait en choisir qu’un (de spectacle), ce serait celui-là... La mythique troupe du théâtre du Soleil et sa célèbre directrice Ariane Mnouchkine débarquent en Suisse romande (grâce à l’union de plusieurs théâtres de la place) pour présenter une création à la fois populaire, militante et ouverte sur le monde. Une chambre en Inde aborde les violences insensées dont notre monde regorge et parvient à transformer les tragédies en comédie et nos peurs en drôleries. Trois heures de spectacles intenses et inoubliables en compagnie de comédiens internationaux dont la mise en scène est un savoureux mélange de traditions orientale et occidentale. Dans un domaine différent, les spectateurs pourront également aller applaudir une autre figure féminine artistique emblématique, Germaine Acogny. Danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise, elle est considérée comme la pionnière de la danse contemporaine en Afrique. Elle se présente sur scène en solo pour révéler la collision entre son destin individuel et l’Histoire d’une Afrique tiraillée entre tradition et émancipation. Pour celles et ceux qui souhaite tout simplement rigoler en ces temps où la question « peut-on rire de tout ? » turlupine tous les esprits bien-pensants, Blanche Gardin viendra illuminer la scène du TFM de son esprit vif et de son humour cynique et tranchant ; âmes sensibles, s’abstenir ! Enfin, pour les amateurs de cabaret qui souhaiteraient vivre une soirée délirante et peu banale, ne manquez pas les Dakh Daughters. Chanteuses et performeuses, elles nous viennent tout droit d’Ukraine pour enflammer le public du TFM qui ne sera sans doute pas déçu. Grandes stars dans leur pays, elles seront le véritable tempo du Terabak de Kyiv (comprendre le cabaret de Kiev) avec leur rock explosif.
Esquif ©Pierre Puech POUR TOUTE LA FAMILLE
Depuis des années, les spectacles de cirque font parties intégrantes de la programmation du TFM. Art dynamique, populaire et donc vivant, le cirque est capable de rassembler un large public et est susceptible d’intéresser tous les milieux, toutes les générations et toutes les cultures, indépendamment de la langue parlée. Pour toutes ces raisons, le TFM accueillera entre autres cette saison le 10ème Festival Suisse du Cirque Jeunesse, ainsi qu’Esquif, un spectacle singulier et déjanté proposé par le Surnatural Orchestra, le Cirque Inextrémiste et la Cie Basinga où le cirque et la musique fusionnent pour le plus grand plaisir des enfants et de leurs aînés. Enfin, dans un registre différent, les plus petits pourront assister à un ciné-concert, grâce à la Cie Mon Grand l’Ombre, qui propose à ce jeune publique de suivre, en totale immersion, les aventures de la petite tortue Tamao.
AU MASCULIN
S’il est vrai que le talent des artistes féminines programmées durant cette nouvelle saison est avéré, celui de leurs confrères masculins n’est pas à prouver. Côté musique, on retiendra le son envoûtant des ouds des frères Joubran. D’une seule voix, leur mélodie incarne merveilleusement bien le Moyen-Orient, version XXIème siècle. Dans un tout autre style, on pourra découvrir les derniers titres d’Arthur H, qui, après trente ans de carrière, sort un double album plutôt ambitieux, puisqu’il est doté de dix-neuf titres. Entres balades et funk, Arthur H propose un véritable voyage musical. Côté danse, on retiendra le Scandale de Pierre Rigale qui propose aux spectateurs d’entrer dans une atmosphère chamanique où la transe guette les corps des danseurs. Finalement, côté théâtre, il y en aura également pour tous les goûts. Le public pourra notamment choisir entre du Marivaux, du Shakespeare ou du Flaubert…
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Théâtre Forum Meyrin 1, place des Cinq-Continents - 1217 Meyrin Billetterie : 022 989 34 34 www.forum-meyrin.ch
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Carmen The Beggar’s Opera
(L’Opéra des Gueux)
Boris Godounov Viva la Mamma! Der Ring des Nibelungen Médée Un ballo in maschera Wahada
(Messe en Ut mineur de Mozart)
Sombras Entre réel & illusion théâtrale La Belle au bois dormant Luca Pisaroni Piotr Beczała Liebeslieder Walzer Sarah Connolly Christian Gerhaher Patricia Petibon Opéra de Pékin - Faust L’elisir d’amore (Jeune public) Il Pirata Messa da Requiem (Verdi)
geneveopera.ch +41 22 322 5050
CLASSIQUE
PETIT CAFÉ CHEZ TOBIAS RICHTER
Tobias Richter ©GTG-NicolasSchopfer
Le calme règne à la Villa Rigot en ce milieu du mois de mai. Après quelques minutes d’attente dans un hall où meubles USM et rallonges électriques côtoient stucs et autres moulures, on nous emmène dans les couloirs sombres de ce resplendissant Trianon qui se garde du chaud par l’obscurité. En haut de quelques marches, dans l’antichambre d’un bureau, on croise un clavecin qui semble attendre sa destination finale. Mais le directeur ne peut l’accueillir dans sa grande pièce de travail, déjà occupée par celui de son père. C’est avec le sourire que Tobias Richter reçoit. On s’installe devant son magnifique bureau de style Directoire, « c’était celui de Kofi Annan, il est beau, mais pas pratique ! » assure-t-il, posant naturellement l’intime atmosphère de l’heure qui suivra. Un tête-à-tête chargé de confidences sur une vie bien remplie et sur les complexes rouages du Grand Théâtre. Par FABIEN BERGERAT
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CLASSIQUE
La prochaine saison affiche un programme varié, marqué par le Ring et le déménagement. Quel a été l’impact du retard des travaux sur la programmation et comment êtes-vous arrivé au bout de ces enjeux ? L’impact a été énorme. Nous avons ficelé la saison prochaine à sa septième mouture ! Alors que nous avons généralement 3 ou 4 ans d’avance, nous avons dû réajuster complètement le programme en octobre dernier, en accord avec l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) qui fête son centenaire et qui a réussi à s’adapter à nos besoins malgré sa saison chargée. La réalité, c’est qu’il faut faire avec. Le théâtre est le dernier paradis des arts vivants, qui comme leur nom l’indique peuvent être une source d’imprévus.
Das Rheingold, Richard Wagner ©CaroleParodi
Le déménagement sur la rive droite s’est fait en pleine saison, ce qui était lourd et cher. Nous voulions éviter de réitérer l’expérience dans l’autre sens, mais y sommes maintenant contraints. Puis il y a le conflit Ville-Canton qui affecte notre plan financier quadriennal, plus respecté. Mais l’essentiel pour moi est d’avoir pu proposer une belle saison malgré ces aléas, car c’est ça qui intéresse le public.
Selon vous, le temps passé aux Nations a-t-il transformé le Grand Théâtre ? Quel impact cette période a-t-elle eu sur les productions et sur le rapport au public ? Notre temps aux Nations n’a pas transformé l’institution, mais a élargi notre public et notre rayon d’action. Nous avons eu beaucoup de nouveaux spectateurs, probablement parce que nous avons touché un nouveau bassin de population en nous installant sur la rive droite. Aussi, malgré certaines réserves, le public traditionnel a fait le déplacement. Le bâtiment est moins intimidant pour un nouveau public qu’un temple avec des colonnes et des dorures, ce qui a tout de suite mis à l’aise tant le public que nos équipes. C’est une structure qui respire l’odeur du théâtre ! Nous nous réjouissons beaucoup de réintégrer nos anciens murs, mais nous regretterons certainement l’Opéra des Nations, qui restera un bel épisode, une belle parenthèse de trois ans.
On retrouve cette saison Gergely Madaras à la direction de Viva la Mamma!, qui avait fait briller le joyau perdu de Fantasio l’hiver dernier dans la fosse des Nations. Quelle relation avez-vous construite avec le jeune chef et pourquoi ces pièces légères et universelles sont-elles importantes pour le Grand Théâtre selon vous ? Ce sont des comédies, infiniment plus difficiles à exécuter que les drames. Nous devons présenter toutes les facettes du répertoire lyrique, et le public de la période des fêtes est demandeur d’ambiances joyeuses et festives et nous offre l’occasion de produire de telles œuvres. L’œuvre de Donizetti, dont le titre est en réalité « le Convenienze ed Inconvenienze teatrali », sera l’occasion d’une découverte pour le public genevois, puisque la pièce n’a jamais été donnée au Grand Théâtre depuis sa réouverture en 1962. Prévue pour une grande salle, la mise en scène sera adaptée par son créateur Laurent Pelly, qui connaît bien l’Opéra des Nations.
Le choix, aux Nations, d’œuvres aux dimensions plus intimes a-t-il attiré un nouveau public ? La programmation à l’Opéra des Nations constitue un projet artistique différent. Le public s’est trouvé confronté à un répertoire que l’on voit rarement à la place de Neuve, et les restrictions dues aux moyens techniques limités ont été une incroyable opportunité de découvrir de nouvelles choses. Cette scène offre un cadre similaire aux théâtres de tréteaux, qui met en valeur les métiers du théâtre. C’est une belle sensation ! Ce choix de productions plus inhabituelles a certainement attiré un nouveau public. Certains sont sceptiques lorsqu’on leur propose une œuvre qu’ils ne connaissent pas, mais le programme a été une source de bonnes surprises et de découvertes à succès, par exemple avec Wozzeck.
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Gergely Madaras est un excellent jeune chef, qui a une aura intéressante. De culture européenne, issu de l’école hongroise, il a trouvé une bonne synthèse entre un style d’influence baroque et une tradition mozartienne au théâtre. C’est un excellent représentant de la jeune génération, qui a fait un travail remarquable avec la Flûte enchantée et avec Fantasio à Genève. J’ai la chance de le côtoyer à la fois dans ses interprétations lyriques au Grand Théâtre et dans ses performances symphoniques au Septembre Musical, où je l’ai également invité.
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CLASSIQUE
Après le défi réussi de Wozzeck, David McVicar revient la saison prochaine mettre en scène Médée. Quelle relation avez-vous construite avec ce grand metteur en scène ? Ma relation avec David McVicar a commencé il y a une vingtaine d’années. Il a réalisé sa première mise en scène en Allemagne chez moi. J’étais un de ses parrains de la première heure dans son passage de la comédie au monde lyrique. J’ai vu son travail pour le théâtre dramatique en Royaume-Uni puis l’ai invité à Düsseldorf pour une mise en scène de Tamerlano de Haendel. Malgré un budget presque nul, il a fait un travail magnifique. Il a ensuite accompli une immense carrière à l’opéra, mais reste un vrai homme de théâtre et, malgré son succès, notre relation est toujours la même. Lorsque je l’invite, il vient toujours en dépit de son agenda chargé.
Dans les années 1990-2000, avec ma compagnie de Düsseldorf, nous avons présenté pour la première fois un Ring au théâtre national de Prague. C’était un spectacle énorme. En arrivant au Grand Théâtre, il était indispensable pour moi d’en présenter une production de qualité, et Dieter Dorn et Jürgen Rose se sont imposés comme un choix évident, car ils incarnent une certaine histoire du théâtre. Combien de personnes travailleront sur le montage de cette production du Ring ? Est-ce davantage que pour un opéra « standard » ? Le montage d’un Ring requiert la participation de toute la maison, soit environ 285 personnes, ainsi qu’entre 100 et 150 extras. L’œuvre commence et se termine par un plateau vide, mais entre-temps, l’absolue intégralité de nos moyens techniques est exploitée.
La Médée de Charpentier est un projet qu’on a monté ensemble et que je souhaitais réaliser beaucoup plus tôt, lien avec les versions signées Cavalli et Boccherini. C’est une grande production imaginée pour le Coliseum de Londres et le Grand Théâtre de Genève qu’on ne pouvait présenter qu’une fois de retour dans nos murs historiques.
Comment concevez-vous le caractère symbolique de ce choix de programmation pour marquer la fin des chapitres Richter et Nations, et l’ouverture du nouveau chapitre Place Neuve ? C’est un symbole fort, bien sûr. La tétralogie de Wagner est un des projets phares de l‘art lyrique, elle est à l’opéra ce qu’un « 8000 mètres » est à l’alpinisme. Pouvoir la réaliser, c’est un peu le sommet.
Suite au grand succès du Ring il y a cinq ans, vous avez choisi d’inaugurer le Grand Théâtre à la place de Neuve l’hiver prochain, avec une nouvelle programmation de la production de Dieter Dorn et Jürgen Rose. Quel est votre rapport personnel à cette œuvre, et plus particulièrement à cette production ? J’entretiens un rapport très fort à cette œuvre, sur laquelle j’ai travaillé tout au long de ma carrière. J’ai quitté mon poste d’assistant metteur en scène et régisseur au Grand Théâtre en 1974 pour rejoindre Götz Friedrich à Covent Garden, au moment où il se lançait dans la production de son fameux Ring, qui restera avec celui de Chéreau l’une des deux grandes productions de la tétralogie dans les années 1970.
Quelle est selon-vous la place du Grand Théâtre dans la cité genevoise, et les liens qu’il entretient avec le canton et les autres communes ? J’ai toujours été très impressionné par la grande importance attachée à la place de notre institution dans le bassin lémanique par l’ensemble de la population, y compris ceux qui ne la fréquentent pas. En revanche, je m’étonne toujours des problèmes parfois superflus que pose la politique dans la gestion quotidienne. La querelle VilleCanton nous coûte énormément d’énergie et d’argent. Les conflits gauche-droite, quant à eux, se font souvent sur le dos du Grand Théâtre. Ce ne sont même pas des conflits idéologiques, mais des querelles sur des détails. Cela me laisse assez perplexe. Le Grand Théâtre a une très belle place dans le paysage local et une excellente réputation internationale, c’est une institution solide et respectée dans tous les milieux de la société, j’aimerais qu’on nous laisse davantage faire notre travail.
J’ai moi-même monté un demi-Ring dans une usine désaffectée de sidérurgie Thyssen dans la vallée de la Ruhr, région où les sujets de l’œuvre puisent leur essence autant que dans la Révolution industrielle. D’immenses structures – construites à l’époque de Wagner – ont été transformées en salles de spectacle et nous étions parmi les premières équipes à les exploiter. Nous y avons joué L’Or du Rhin et La Walkyrie dans un froid terrible devant un public en manteaux et pourtant ravi ! Nous n’avons malheureusement pas pu terminer ce Ring, notamment à cause de l’hiver glacial.
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CLASSIQUE
Que vouliez-vous faire comme métier lorsque vous étiez jeune enfant ? Étiez-vous influencé ou inspiré par la carrière de votre père, Karl Richter ? Pas directement. Je n’ai jamais songé à une carrière professionnelle de musicien, mais j’ai grandi dans cet univers. J’ai senti très jeune ne pas avoir les mêmes talents que mon père, comme sa rigueur qui le maintenait parfois cinq ou six heures assis à l’instrument pour travailler. Il avait une telle discipline ! Je me suis vite intéressé au théâtre et au cinéma. J’ai d’abord voulu être cinéaste, mais lorsqu’il a fallu commencer mes études j’ai choisi la philosophie, matière qui me fascinait à un moment où je ne me demandais pas encore comment j’allais gagner ma vie.
Die Walküre, Richard Wagner ©CaroleParodi
Cette place tenue par l’institution a-t-elle été redéfinie par le déménagement temporaire aux Nations. Quels sont les grands enjeux posés par ce double déménagement d’une maison d’opéra ? Est-ce quelque chose qui avait été fait auparavant ? C’est quelque chose qui arrive souvent lorsqu’il s’agit de restaurer un bâtiment historique. Le rythme et le calendrier des travaux sont soumis à des contraintes politiques et pratiques qui font que la situation idéale n’existe pas. Les travaux devaient commencer en 2014, ils ont débuté en 2016. Le calendrier amène toujours des surprises, mais c’est la relation au public qui est délicate à gérer. Nous avons déménagé en milieu de saison pour limiter les dégâts à ce niveau, car si l’on avait arrêté toute la machine, on prenait le risque qu’il ne nous suive pas. L’abonné est un archétype de public en disparition dans une société de loisir où chacun veut décider de ses activités au jour le jour. Les abonnés sont très précieux pour nous, ils nous apportent leur soutien et leur contribution tout au long d’une saison. Aujourd’hui, nous en avons entre 4'000 et 5'000 aux Nations, mais lors du dernier Ring à la place de Neuve nous avons dépassé les 8'000.
Hugues Gall était politologue. Vous avez étudié la philosophie, votre successeur le droit. En quoi selon vous les sciences humaines sont-elles un atout pour votre fonction ? Les sciences humaines apportent une certaine structure de pensée, qui permet d’organiser son esprit et d’aborder les sujets les plus variés. Mon père était inquiet que je choisisse ce métier – et je le comprends aujourd’hui – car il trouvait extrêmement difficile d’arriver à un long parcours et à gagner sa vie. Il faut beaucoup de talent et de rigueur, mais il faut également de la chance. Tant d’éléments doivent coïncider pour que ça fonctionne ! Mais la structure de pensée que j’ai acquise par la philosophie m’a certainement aidé. Lors de chaque saison, vous avez promu des pièces modernes ou peu connues. Quels sont les défis techniques et financiers de tels projets, et comment y attirer le public ? Il faut distinguer les projets contemporains déjà existants des créations mondiales. Les premiers sont essentiels, car ce n’est qu’en produisant à nouveau un opéra récent que sa pérennité peut être assurée. Aussi, en tant que directeur de maison, programmer quelque chose d’existant permet de réduire les risques.
Quel moment particulier d’une production vous a le plus marqué au cours de ces dix années ? Le Ring bien sûr ! C’était un nouveau projet avec beaucoup d’inconnues qui s’est conclu en grande réussite. L’élément le plus fort pour moi était L’Or du Rhin, le moins populaire des quatre volets, qui est une œuvre théâtrale grandiose démontrant une maîtrise unique du métier d’acteur. Mais l’ensemble de ce Ring était très fort, du début à la fin.
Quant aux créations mondiales, elles se font sans références. C’est un vol à l’aveugle. La presse y voit un certain prestige et se précipite en masse aux créations – heureusement ! – mais le problème c’est que, souvent, le public ne suit pas.
La réussite d’une nouvelle production est toujours une grande fierté, mais les reprises peuvent également être magnifiques. J’ai été très fier de présenter Juliette ou la Clé des songes, la Trilogie de Beaumarchais et Richard III par exemple. Ce sont des moments de théâtre inoubliables.
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Idd ©CaroleParodi
Vous avez fait vos débuts dans la mise en scène au Grand Théâtre en 1972. Mais quelle est la raison initiale de votre arrivée à Genève ? Je rendais souvent visite à ma famille dans la région lémanique du canton de Vaud. Jeune, j’étais très attiré par Genève, de même que par la région et par le Grand Théâtre. Puis il y a eu mon choix d’étudier la philosophie auprès de Jeanne Hersch. Ces éléments parmi d’autres m’ont attiré ici.
Les défis et risques dans l’exécution d’une telle œuvre sont multiples, avec des calendriers souvent reportés d’une saison à l’autre quand le projet n’est pas prêt. Les périodes de préparation et de répétition sont également plus longues que pour les œuvres du répertoire. En effet, les artistes doivent tout apprendre et ce sont souvent des partitions difficiles, de même que les coûts qui sont généralement d’un tiers plus élevés. Enfin, les entrées d’argent sont plutôt difficile, donc c’est malheureux, mais produire de tels opéras reste un luxe.
Avez-vous un opéra ou une pièce musicale que vous préférez par-dessus tout, ou dont vous diriez qu’elle a changé votre vie ? Difficile à dire. Dans l’univers de l’opéra, je trouve que les trois opéras Mozart-Da Ponte sortent du lot. Les Noces de Figaro sont le plus parfait que je connais. Je suis aussi particulièrement sensible à l’univers du Falstaff de Verdi.
On doit mentionner également le défi de la législation suisse concernant les droits d’auteurs. Les défis sont encore importants pour que la création contemporaine jouisse de meilleures conditions dans la pratique en Suisse. Je souhaite que l’avenir du Grand Théâtre soit marqué par la programmation d’une pièce contemporaine chaque saison.
Il y a deux autres œuvres que j’aime infiniment et que j’aurais voulu faire : Palestrina d’Hans Pfitzner, une œuvre du 20e siècle qui appartient musicalement au 19e et à la fin du romantisme allemand, et Moses und Aron d’Arnold Schoenberg. J’avais l’intention de les présenter dans la même saison, mais le bouleversement du calendrier des travaux a rendu cela impossible.
Dix ans à la tête de la plus grande institution culturelle de Suisse romande. Quels sont vos grands regrets, et quelles sont vos grandes joies ? Très peu de regrets, si ce n’est de n’avoir pas pu réaliser de grands projets de créations contemporaines. Il y a eu l’opéra sur Rousseau, JJR, mais j’aurais souhaité être en mesure de commander un opéra et de programmer davantage de créations.
Grand Théâtre de Genève Saison 2018-2019 www.geneveopera.ch
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LA MOBITHÈQUE SE MET AU VERT 3 JUILLET - 24 AOÛT 2018 PROGRAMME COMPLET (DÈS MI-JUIN) SUR : WWW.MEDIATIONBM.CH
de parc en parc avec les bm
PARC DE L’ARIANA
du 17 au 27 juillet
PARC DE LA PERLE DU LAC du 14 au 24 août
PARC DE LA GRANGE
PARC BERTRAND du 31 juillet au 10 août
création : www.superposition.info
du 3 au 13 juillet
CLASSIQUE
VIEILLE-VILLE MUSICALE SANS UNE RIDE S’envoler en musique au large de la chaleur estivale, c’est tout le bien qu’on se souhaite ! Cette fois encore, les Concerts d'Été à Saint-Germain rythment magnifiquement la belle saison d’une programmation conjuguant judicieusement les genres, les époques et les formations avec des musiciens de toute l'Europe. Du 1er juillet au 3 septembre, les dix concerts sont donnés à double, les dimanches et lundis à 18h30 dans l'église Saint-Germain, en Vieille-Ville de Genève. Entre concerts instrumentaux et vocaux, une création suisse et un spectacle jeune public avec théâtre d'ombres, la musique classique est célébrée sous toutes les coutures. Par ANNE FATOUT
FINS LIMIERS
Le cru 2018 est goûteux. C'est un casting européen avec des artistes de renommée internationale (l'ensemble italien Cantica Symphonia, spécialiste de la musique de la Renaissance), des musiciens locaux (l’emblématique Quatuor Terpsycordes) et des sommités incontournables (le baryton Stephan Genz et le violoncelliste István Várdai). Les Concerts d'été à Saint-Germain ont aussi le chic pour dénicher des talents émergents, comme Edoardo Torbianelli, invité de cette saison. Il a reçu un Diapason d’or en 2017. Deux concerts seront aussi dédiés aux jeunes talents, avec le quatuor anglais Consone Quartet et l'ensemble italo-genevois Le Harmoniche Sfere.
Stephan Genz ET TOI, QU’EST-CE QUI TE TRANSPORTE ?
CHOUCHOUTÉS
Sortons des clivages et soyons curieux ! Le label « musique classique » est réducteur, voire flou. Ici, le mélomane averti comme le néophyte est gâté. Qu'il préfère les harmonies du Moyen Âge, les éclats de la Renaissance, la brillance baroque, la candeur classique, les élans romantiques, l'impressionnisme coloré ou l’audace du contemporain, tout y est. Parmi le florilège d'œuvres choisies chez les grands compositeurs se trouvent quelques surprises, avec notamment de la musique vénitienne et une création de Philippe Hersan pour septuor. C’est aussi l'occasion de célébrer le 100ème anniversaire de la naissance de Debussy et le 350ème de la mort de Couperin. Pour perpétuer une pure tradition, comme chaque année la majeure partie de la musique est interprétée sur instruments d'époque.
Programmés en début de soirée, les Concerts d'Été à SaintGermain nous mettent au frais le temps d’un moment suspendu à l'abri de la chaleur estivale. L'entrée libre offre le luxe d'exercer son libre arbitre lors de la collecte, pour une participation évaluée à la hauteur du plaisir éprouvé. À vous de juger ! Et si les Concerts d'été à Saint-Germain perdurent depuis 45 ans, c'est que ses organisateurs mélomanes s’y dédient corps et âme. Concerts d'Été à Saint-Germain Du 1er juillet au 3 septembre Tous les dimanches et lundis, 18h30 Église Saint-Germain 11, rue des Granges - 1204 Genève www.concertstgermain.ch
Go Out! magazine
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Germaine Acogny
Brigitte
Denis Podalydès
Richard Galliano
Alexander Vantournhout
Tiago Rodrigues
Cie Alias
Jérôme Deschamps
Trio Joubran
Blanche Gardin La Mondiale générale
Dakh Daughters
Ariane Mnouchkine Perrine Valli
Arthur H
Pierre Rigal
Peter Brook
Elina Duni
Stereoptik
Les Chiens de Navarre
Saison 18–19 forum-meyrin.ch
Design & DA © the Workshop — Photo © Jean-Louis Fernandez
Cie STT
CINÉMA
GLOIRE AU TRANSAT ! Chaque été depuis une décennie maintenant, le parc de la Perle du Lac se mue en lieu de rendez-vous champêtre pour adeptes du 7ème art. Ainsi le temps d’une soirée, une innombrable nuée de flâneurs estivaux armés de leurs plus belles nappes de pique-nique envahissent les lieux. Rebelote dès le 12 juillet, sauf que cette fois-ci un parfum de nostalgie accompagnera le visionnage de l’œuvre. En effet, CinéTransat inaugure sa nouvelle session avec Little Miss Sunshine, comme ce fut le cas lors de la toute première projection en 2009, ça ne nous rajeunit pas ! Focus sur la programmation 2018 d’un évènement 100% gratuit auquel on souhaite de perdurer aussi longtemps que possible. Par FRANÇOIS GRAZ
PERLES VISUELLES
Cette saison encore, CinéTransat nous gâte avec une multitude de longs métrages éclectiques, dont la team Go Out! vous sert une petite sélection. Impossible de se lasser des répliques littéralement cultes d’OSS 117 de Michel Hazanavicius, qui fait partie du cercle (très) fermé des comédies françaises réussies. On affute également nos mirettes devant Chat Noir chat blanc de l’excellent Emir Kusturica. Pour ceux qui aiment frissonner même par climat d’été, le film de monstre The Host signé Joonho Bong ne manquera pas d’accélérer vos palpitations. Enfin, Snatch du réalisateur britannique Guy Ritchie constitue une bonne raison de (re)voir Brad Pitt parler dans un dialecte gitan incompréhensible et accessoirement passer un très bon moment de cinéma.
l’animation en pâte à modeler Chicken Run. Le dress code surnaturel sera de mise pour la soirée romance fantomatique, qui fera la part belle au film Ghost, avec le duo iconique Patrick Swayze / Demi Moore. La Perle du lac prendra des airs de Bombay dans le cadre de la soirée Bollywood, avec la projection de Ram-Leela, le Roméo et Juliette version indienne. De quoi passer un bel été sous les (é)toiles ! CinéTransat Du 12 juillet au 9 août Parc de la Perle du Lac Rue de Lausanne, 1202 Genève www.cinetransat.ch
NUITÉES IMMERSIVES
Au programme également, des évènements dont la thématique est liée au film projeté. Ainsi lors de la soirée à la ferme, petits et grands auront loisir à garantir l’évasion de volatiles hors de leur enclos avant d’enchaîner avec Go Out! magazine
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CINÉMA
CAVALCADE FANTASTIQUE
©DBFX Workshop / JD Schneider - RTS Fiction
Début juillet sera projetée en première mondiale au NIFFF la websérie suisse Le 5ème Cavalier, dont le pitch, résolument ancré dans le genre, donne directement le ton, jugez plutôt : suite à une opération de police qui tourne au bain de sang, les dépouilles de gardes suisses pontificaux sont découvertes dans une cave. Alors qu'on cherche à les éliminer discrètement, un surveillant de nuit fait basculer le monde dans l'horreur. Quatre cavaliers fantomatiques sèment la terreur sur leur passage… Fruit de l’imagination sans bornes d’un trio prometteur formé par Kennocha Baud, Julien Dumont & J.D. Schneider, cette websérie qui a notamment été tournée à Genève et co-produite par la RTS risque fort de donner des sueurs froides aux nombreux curieux attendus. Go Out! est allé à la rencontre des instigateurs de ce projet au sein de leur antre créative : dbFx Workshop. Par FRANÇOIS GRAZ
Juillet-août 2018
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CINÉMA
Expliquez-nous la genèse de l’aventure dbFx, quelle fut votre volonté première en créant l’atelier ? Le studio a vu le jour en 2010 suite à l’initiative de Julien et Kennocha de créer une structure qui n’existait pas en Suisse. D’abord dédié exclusivement à l’élaboration des effets spéciaux, puis par la suite également aux productions télévisuelles et à la direction artistique. A une époque où les effets spéciaux sont réalisés presque exclusivement en images de synthèse, pourquoi privilégier l’animatronique ? Notre passion c’est avant tout de créer des choses matérielles, donc c’est un procédé qui s’est tout de suite imposé à nous. Le rendu final n’est pas le même avec l’animation électronique comparé à la 3D par exemple. Disons que cette technique possède une authenticité que ne peuvent offrir les effets spéciaux numériques. Comment votre projet Le 5ème Cavalier a-t-il vu le jour ? Au cours de l’année 2017 on a vu l’annonce du concours Fantastic Web Contest organisé par le NIFFF et la RTS et on a directement décidé de postuler. Suite à notre sélection on a travaillé d’arrache-pied pendant une année et on est très fiers du résultat car tous nos choix ont été dictés selon nos envies et rien ne nous a été imposé. Affiche de la série Le 5ème Cavalier
La trame de votre websérie fait froid dans le dos, comment l’avez-vous trouvée ? Concernant le pitch, il est adapté d’un récit véridique d’un proche antiquaire de J.D. C’est l’histoire d’un collectionneur d’objets d’art étranges au passé mystérieux. N’ayant pas de famille à qui léguer ses biens suite à sa mort, les autorités sont venues dans sa cave et ont trouvé des soldats momifiés, qu’ils ont fait disparaître pour éviter d’avoir des ennuis. On s’est dit que ce serait sympa de reprendre cette histoire, et d’y intégrer une malédiction liée à ces momies. Pour le côté folklore suisse, on les a grimés en gardes pontificaux.
figure si ce n’est que contrairement à la Suisse, le marché existe. Pour Le 5ème Cavalier on nous a tout de suite dit oui car c’est quelque chose de novateur dans le paysage cinématographique helvétique. Quels sont vos films fantastiques de référence ? En premier lieu The Thing de John Carpenter qui est une œuvre culte ! On peut également citer Hellraiser de Clive Baker ou encore Re-Animator de Stuart Gordon parmi nos influences. Comme film davantage actuel, le remake de Ça nous a agréablement surpris !
Avez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ? La difficulté la plus conséquente c’était de gérer au mieux le temps de tournage qui était relativement court au vu de notre budget. Après on a eu la chance de pouvoir bénéficier du studio 4 de la RTS pour tourner des scènes en intérieur, ce qui représente un gain de temps énorme.
Le 5ème Cavalier De Kennocha Baud, Julien Dumont & J.D. Schneider En ouverture du NIFFF 2018 le 6 juillet www.dbFx-Workshop.com
Peu de productions Suisses flirtent avec le genre fantastique, comment l’expliquez-vous ? D’une part car c’est un genre de cinéma difficile à produire au niveau des coûts, et également car les mentalités ne sont pas les mêmes pour un long métrage davantage « classique ». En France c’est un peu le même cas de Go Out! magazine
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SAISON 2018 / 2019 www.vernier.ch/billetterie
CLAIRE-MARIE LE GUAY TEMENOS LIA RODRIGUES MARINA ROLLMAN CIE ELEFANTO LE PETIT TRIANON EVA RAMI ENSEMBLE PAUL KLEE LES FOUTEURS DE JOIE IVO STUDER MANON LEPOMME GANDINI JUGGLING FÁBIA REBORDÃO THÉÂTRE ORCHESTRE CIE ZAPOÏ CIE ACCRORAP ANTONIO PERUJO CIE BLABLA PRODUCTIONS SWISS TRIBE BIENNE SOLEURE QUATUOR HERMÈS MARIA-ANGELES CUEVAS GAËTAN LES MANCHOTS FRANCESCO BARTOLETTI MÉLISSE MAGNY BIG UP BAND CÉDRIC PESCIA CIE TEATRO FÍSICO IOANNIS MANDAFOUNIS MARTHE KELLER ALESSIO NEBIOLO ROMAN TREKEL LE CARAVANSÉRAIL JEAN-CLAUDE GALLOTTA JAMIE ADKINS L’ARCHIVOLTE THÉÂTRE BASCULE FRANCIS HUSTER FABRIZIO CHIOVETTA
Culture et communication • 022 306 07 80 www.vernier.ch/culture
AILLEURS
PLEINS FEUX SUR MONTREUX Rituel printanier qui, tout comme l’éveil de la nature, se savoure chaque année avec délectation, la découverte du programme du Montreux Jazz Festival nous en met une fois encore plein les yeux. La manifestation phare des rives du Léman, qu’elle fait scintiller par le reflet des étoiles qui illuminent son affiche, est désormais joyeusement entamée à l’aune des chaudes nuits d’été qu’elle habille de son et de lumière. Flambeau en main, Go Out! vous invite à suivre le guide parmi les près de 400 concerts donnés (dont sont 250 gratuits) : mini sélection de coups de flash sur nos innombrables coups de coeur. Par NYATA NATALIE RIAD
découverte. Enfin, il sera question de passer un samedi soir en apothéose avec le géant de la techno Carl Craig accompagné pour l’occasion par ses acolytes réunis en un sextet d’instrumentalistes. Une expérience unique à travers les frontières musicales dont le natif de Detroit a le secret, lui qui multiplie les projets allant dans ce sens. Celui-ci sera d’ailleurs présent le jeudi 12 juillet pour l’un des nombreux workshops gratuits qui se tiennent à la Coupole, la scène gratuite de la toute nouvelle House of Jazz. Dès l’après-midi s’y déroulent des concerts, des ateliers et des jam sessions endiablés, transformant l’étage supérieur du Petit Palais qui accueille cette House of Jazz en une véritable ruche propice aux échanges et à la création. Le rez du bâtiment laisse quant à lui la place à la scène payante du Montreux Jazz Club, permettant à la fameuse salle dévolue au jazz, au blues et à la soul de doubler sa capacité tout en conservant son aura cosy. Et bien entendu, le prestigieux festival convie tous les spectateurs, qu’ils possèdent un sésame pour l’un ou plusieurs des shows payants ou pas, à flâner au gré des différentes salles et scènes gratuites et y admirer nombre des perles musicales d’aujourd’hui et de demain dans une ambiance festive à souhait.
Durant les seize jours que dure le Montreux Jazz Festival, la Riviera s’embrase ; elle qui se montre le reste de l’année belle mais plutôt tempérée se révèle alors bouillonnante et étincelante. Rien d’étonnant à cela, puisqu’outre le statut culte du festival à l’aura internationale, celui-ci garantit été après été un programme plein d’éclat, tant côté IN que côté OFF. S’agissant des concerts payants, les festivaliers en 2018 ont la chance d’assister aux prestations de Dhafer Youssef et Eivind Aarset le mercredi 4 juillet au Montreux Jazz Club pour une mémorable soirée électro-jazz : tandis que le premier promet de servir au public une partition rythmée notamment par le son du oud, son instrument de prédilection, le second portera une attention particulièrement soignée aux atmosphères. Trois jours plus tard, l’Auditorium Stravinski vibrera aux mouvements chaloupés tout droit venus du Brésil avec l’illustre Gilberto Gil et ses invités. Ils seront suivis sur la même scène, le 11 juillet, par Steve Winwood, guitariste trop longtemps resté dans l’ombre des monuments du rock des années 60 et 70, Eric Clapton en premier lieu. Sa carrière solo mérite cependant largement d’être (re) Go Out! magazine
Montreux Jazz Festival Du 29 juin au 14 juillet www.montreuxjazzfestival.com
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PATRIMOINE
SI VOLTAIRE M’ÉTAIT CONTÉ
Après plus de deux ans de travaux, le château de Voltaire à Ferney rouvre ses portes au public. Immersion garantie dans le quotidien du philosophe qui a produit ici-même ses plus grandes œuvres. Entre la reconstitution de la demeure du XVIIIème siècle et le très beau domaine du château, le voyage dans le temps a de quoi séduire… Par ALEXIS VALTICOS
Juillet-août 2018
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PATRIMOINE
Plus qu’un château, c’est un lieu qui a marqué le monde. C’est ici même à Ferney, aux portes de Genève, qu’un des plus grands esprits de la pensée occidentale a vécu et travaillé pendant plus de 20 ans. Voltaire ne s’est d’ailleurs pas limité à son travail de philosophe et d’écrivain car il a également modifié en profondeur ce petit hameau marécageux en village prospère. Ce n’est pas un hasard si la commune a accolé le nom de son illustre résident au sien. Mais revenons en arrière. Voltaire, la soixantaine en 1755, est un courtisan en mauvaise posture. Après s’être fait chasser de la cour de France à cause de son impertinence, le voici également éconduit de celle de Prusse pour les mêmes raisons. On lui fait comprendre qu’il n’est toujours pas le bienvenu en France et il décide donc de s’établir à Genève alors réputée pour sa tolérance. Mais la cité calviniste ne voit pas d’un très bon œil son activité dans le théâtre et le pousse à quitter la ville. C’est ainsi qu’en 1758 il achète au marquis de Budé un vieux château fort à Ferney ainsi qu’un vaste domaine. Voltaire le courtisan devient Voltaire le châtelain. Lui qui a toujours vécu une vie d’intellectuel sans attaches s’emploie alors au développement de ses terres. Il détruit le château et érige une demeure classique de son époque qu’il fera même agrandir. Loin de se détourner des affaires de son époque, il invite et héberge de nombreux visiteurs et rédige plus de 10'000 lettres. C’est à Genève que sera écrit Candide, c’est à Ferney que sera rédigé le Traité sur la Tolérance à une époque marquée par l’intolérance politique et religieuse. Mais il développe surtout Ferney en y implantant des industries horlogères et textiles puis draine les marais alentours créant ainsi de nouvelles terres fertiles.
la Bibliothèque de Genève et du Musée Voltaire aux Délices, plusieurs ouvrages originaux lui ayant appartenu et dont les annotations sont encore visibles sont exposés dans la pièce qui lui faisait office de bibliothèque où il recevait ses invités. Plusieurs toiles le représentant sont aussi exposées dans sa chambre et participent à immerger le visiteur dans le monde de Voltaire. Avec un sous-sol où seront montées des expositions temporaires et un espace pédagogique destiné aux classes, le château de Ferney-Voltaire affiche ses ambitions de s’adresser à tous les publics et de devenir un lieu de visite incontournable dans la région genevoise. Le parc, quant à lui, contribue à donner à l’endroit son aspect intemporel et invite le visiteur à s’y perdre. Comme à l’époque, des éleveurs et des maraîchers y exploitent certaines parcelles et démontrent que les terres de Voltaire sont encore bien vivantes. Si on ajoute en plus l’organisation de concerts, de conférences et la participation à plusieurs festivals dont la Bâtie, on peut s’attendre à encore entendre parler de Voltaire un bon moment, pour notre plus grand plaisir.
A sa mort en 1778, le château devient un lieu de pèlerinage pour la jeunesse éduquée du monde entier dont Stendhal, Lamartine et Chateaubriand qui viennent s’imprégner ici de « l’esprit de Voltaire ». Malgré cela le domaine rentre dans une période de long déclin en passant de propriétaires en propriétaires qui le réaménagent drastiquement. C’est en 1999 que l’Etat français le rachète afin de l’ouvrir au public et devant son mauvais état entreprend d’intégralement le rénover en 2016 et d’en faire un lieu dédié à Voltaire et son oeuvre. Les équipes de l’administrateur du château, FrançoisXavier Verger, au-delà des travaux de rénovations, ont dû effectuer un vrai travail d’enquêteur pour retrouver le style des intérieurs de Voltaire, le mobilier et les décors qui avaient beaucoup changé. Retrouver le plus d’effets personnels ou éléments en lien avec le philosophe est d’ailleurs une mission centrale et sans fin de l’équipe qui gère le château. Grâce à des collaborations avec Go Out! magazine
Château de Ferney-Voltaire Allée du Château - 01210 Ferney-Voltaire, France +33 4 50 40 53 21 www.chateau-ferney-voltaire.fr
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E R T A E TH S I A V R ST GE GENEVE
DÈS LE 21 JUIN SUR WWW.SAINTGERVAIS.CH Théâtre Saint-Gervais Rue du Temple 5, 1201 Genève 022 908 20 00 billetterie@saintgervais.ch www.saintgervais.ch
LIVRES
SÉLECTION DE LIVRES Par NYATA NATALIE RIAD
HOR S -SOL
Couverture noire, lettres blanches, titre grave. Isabelle Guisan, l'espiègle journaliste et écrivain aux yeux pers veut-elle nous préparer au sujet grave de la migration, de l'identité, du déracinement, des déplacements pour mieux nous prendre à contre-pied ? Dès les premières pages, elle nous fait entrer avec pudeur dans son monde, fait de rencontres, de questionnements sur ses rapports à l'autre. Nous la suivons dans ses moments de conversation qu'elle anime à Lausanne. Souvent des migrants, toujours des hommes et des femmes fragilisés. Un condensé de destins de vie qu'elle effleure dans ce livre, toujours avec la plus grande sobriété et un regard sensible et subjectif. Elle se livre, elle nous livre à notre Suisse, à notre gêne, tout en douceur et sincérité. « Alessandra rit de tout son corps large. Cette mère célibataire équatorienne rêve de nettoyages pour le compte d'une entreprise plutôt que clandestins dans une famille. Elle montre sur son téléphone mobile une belle jeune femme d'une vingtaine d'années. Sa fille. Comment imaginer Alessandra dormant sur des cartons à même le trottoir ? » Hors-sol Isabelle Guisan 2018 Éditions de la Marquise editionsdelamarquise.ch/
ODE À BOWIE
Ce livre, constitué pour près de la moitié d’images jamais publiées auparavant, réunit autant de spectaculaires photos de scène et de clichés emblématiques que des portraits intimes pris en coulisses de David Bowie. S’ouvrant par une couverture 3D révélant plusieurs portraits, le livre rend hommage à l’esprit d’expérimentation et de réinvention permanente de Bowie et apportent un éclairage inédit sur sa carrière et ses multiples facettes. À la fois distant et proche, ludique et sérieux, sincère et artificiel, cet hommage déborde d’énergie et d’audace à l’instar de l’artiste et célèbre un artiste flamboyant et inspirant, dont on n’oubliera jamais la puissance créative. Un hommage unique du photographe officiel et partenaire artistique de David Bowie, Mick Rock. Imaginé en 2015 avec la bénédiction de Bowie, ce recueil électrisant comprend des photographies de scène, images des coulisses, couvertures d’album, entre autres, pour retracer la révolution musicale, théâtrale et sexuelle déclenchée par la fameuse tournée mondiale de «Ziggy Stardust» entre 1972 et 1973, et célébrer l’inspiration inépuisable d’un artiste audacieux et flamboyant. On notera que TASCHEN expose plus de 20 photos signées Mick Rock au Montreux Jazz Festival qui sont en vente à la House of Jazz Boutique et également via taschen.com/montreux. Epuisé dès sa sortie en édition limitée, l’ouvrage XL de Mick Rock : The Rise of David Bowie, 1972-1973 publié par TASCHEN, est disponible en édition grand public.
Go Out! magazine
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Summer rs PRÉSENTE
is you
La Terrasse de Beau-Rivage PETIT DÉJEUNER • CARTE D’ÉTÉ AFTERWORK • GRILL PARTY
Le Chat-Botté OUVERT DU LUNDI AU VENDREDI
Le Bar CARTE COCKTAILS DU 9 JUIN AU 14 SEPTEMBRE
Venez célébrer l’été à Beau-Rivage ! 13 quai du Mont-Blanc
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stay cool
Liu-Bolin, Hiding In The City ©Liu Bolin
LOUNGE KEMPINSKI FRAME SPA VALMONT GRAND HOTEL KEMPINSKI PACHMAMA LA REDOUTE SUMMER WATCHES CORSE ETAM
MAJORQUE
MCLAREN RANDONÉE INDIAN FESTIVAL Go Out! magazine
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HOTSPOTS
HOTSPOTS
POKE MOI !
POLP FICTION
Cette année, la tendance culinaire du moment à Genève, ce sont les poke (à prononcer pokaï) bowls ! Fraichement débarqués de Hawai où ils sont devenus une institution, ils font fureur! Ultra-frais, parfaitement calibrés, ils nous font penser au chirashi japonais mais travaillé à la sauce hawaïenne (l’arme secrète de ce met). Un plat simple, constitué habituellement de thon rouge cru mariné dans de la sauce soja, de tranches d’avocat, d’algues, de noix de cajou ou de macadamia, d’oignons émincés, de morceaux de mangue fraîche, de crudités finement coupées et de gingembre, le tout servi sur un lit de riz et dans un bol. C’est dans le nouveau Urban Beach Club du Grand Hotel Kempinski Geneve, qu’on a décidé de s’atteler à cette nouvelle mode healthy. Zouquant sous le palais, ils vous murmurent comme une déclaration d’amour estivale : poke moi et bien plus encore! Une nourriture ailée et tropicale à consommer tout l’été!
Les Eaux-Vives ont le vent en poulpe depuis un mois ! Walter el Nahar aka le Madchef - créateur de la carte du Fiskebar à l’Hôtel Ritz Carlton et du bar à ramen Susuru nous embarque pour un road-trip culinaire éphémère: le POLP. Ouvert pour 6 mois, le concept est simple: proposer un seul et unique plat inspiré de la street food et autour d’un produit : la pieuvre. Le chef milanais aux mille projets originaux palpe le poulpe comme personne ! Son menu, il a décidé de le changer tous les mois et d’en faire une édition limitée à 100 par jour. On se réjouit déjà de suivre les prochaines aventures de ce toqué aux idées aussi barrées que branchées La prochaine ? Un restaurant qu’il ouvrira en septembre: le Cinquième Jour, proposant une cuisine gastronomique quatre jours par semaine et des repas pour les personnes démunies le cinquième jour.
Polp Rue des Eaux-Vives 15, 1207 Genève
Urban Beach Club
Ouvert uniquement en semaine, pour le lunch.
Grand Hotel Kempinski Geneve Quai du Mont-Blanc 19, 1201 Genève www.kempinski.com/Grand/Hôtel
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LE PATIO / DENISE’S ART OF BURGER / CHEZ PHILIPPE / MARJOLAINE SUR PLACE – À L’EMPORTER – TRAITEUR
WWW.PHILIPPE-CHEVRIER.COM INFO@PHILIPPE-CHEVRIER.COM
VINS
À QUELS VINS SE VOUER ? La
chronique oenologique de
PIERRE-EMMANUEL FEHR
©Tyron Lebon
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Je me suis ouvert un 99 l'autre jour, c'était juste au-dessus. Au-dessus de quoi ? De tout. Au-dessus des mots même. Ah! Quelle région ? En 99, les Rhône Nord sont sublimes. Me rappelle plus. 99 points Parker, étiquette dorée. (...).
Ben oui, il y'a des vins meilleurs que d'autres. Et aussi certains bien faisandés avec une belle petite note de lacet mouillé. Mais de là à établir une notation représentative de la qualité des vins... Enfin, la spéculation autour des vins rares est aujourd'hui telle qu'il faut bien des experts pour justifier qu'un Château Petrus coûte légèrement plus cher que le meilleur gamay du Beaujolais. Alors que valent les notations des gourous du vin, les médailles de concours et à qui peut-on bien se fier sinon aux divins avis de votre serviteur ? Go Out! magazine
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VINS
selon le goût du gourou, bien identifiable. Et oui! L'homme qui déguste comme personne (en quantité) aime la sucrosité, le bois, la rondeur et l'opulence... Alors qu'il avait attribué un 100/100 à un Château Pavie 2003, Jancis Robinson, autre prophète UK de la critique, avait qualifié de ridicule l'avis de Bob, en décochant un venimeux: "un porto est meilleur à Porto qu’à Saint-Émilion". Wouh, ça recrache, mais ça clash. Et oui, les notes de Bob sont le reflet de son goût personnel, mais répondent surtout aux envies du marché américain. Quand on décrypte les presque 500 vins ayant reçu l'onction suprême de 100/100 depuis 1978 jusqu'à la retraite de Parker en 2014, on comprend mieux la crédibilité du soi-disant incorruptible et indépendant critique: pléthore de Napa Valley, Bordeaux et Vallée du Rhône, aucun vin de Loire (son nez assuré à un million est trop fin pour le cabernet franc), presque pas de vin italien (mais un Sassicaia, vous apprécierez... enfin s'il avait trouvé un vin moins cher qu'un café, il aurait peut-être eu un coup de foudre pour le vignoble italien) et quelques Bourgogne qui se courent après (seulement mélangés à du Coca). Une belle success story à l'américaine, un chouïa marketing, pour celui qui se prétend infaillible (lors d’une dégustation de Grand crus bordelais 2005, il a confondu les rives, appellations, cépages, a noté à l'inverse de ses notes publiées et en préférant le vin qu’il avait initialement le moins aimé - oups). Aujourd'hui, presque une centaine de vins suisses apparaissent dans les notes Parker, dont deux 99 pour MarieThérèse Chappaz. Ouf, le vignoble suisse existe enfin sur la carte du monde. C'est rassurant, nous pourrons enfin commencer à boire notre propre vin.
Robert McDowell Parker
HEY BOB, IS SUGAR GOOD FOR YOU ?
Mister Robert McDowell Parker Junior a 21 ans lorsqu'il découvre le vin avec un pinot blanc qui tache à Strasbourg, pour la seule raison qu'il était moins cher que du Coca. Foudroyé par cette révélation (l'histoire ne dit pas s'il a reconnu que c'était du vin), il se lance dans une découverte effrénée du vignoble français. Dix ans plus tard, The Wine Advocate voit le jour, une lettre d'information pour amateurs de vin, qui deviendra la plus célèbre au monde... En primeur, il encense le mythique millésime 1982 à Bordeaux, à l'inverse des critiques de l'époque, qui se révélera un des plus grands du siècle: il peut enfin abandonner son métier d'avocat pour le nectar des dieux. Son influence deviendra telle qu'il fait monter ou plonger la réputation d’une étiquette d’un coup de langue et qu'on le rend responsable de l'uniformisation du goût, les vignerons cherchant à "parkeriser" leurs vins
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VINS
LES CONCOUR S, CONSENSUELLE OB JECTIVITÉ
La plupart des critiques présélectionnent les domaines et ne les dégustent pas à l’aveugle. Vous avez dit crédibilité ? C'est sûr que c'est tout de suite plus compliqué de demander une bouteille à Lafite Rothschild et de lui coller un 79. Et les concours ? Là au moins on déguste à l'aveugle, les jurés représentent différentes profession et les critères de notation sont transparents et validés par des organismes officiels. MAIS... revers de la médaille, ce sont les vins qui se goûtent le mieux le jour J qui passent la rampe, en fonction des conditions de dégustation et des autres concurrents. Les résultats sont en général lissés en resserrant l'amplitude des notes et au final, ce sont les vins consensuels qui se distinguent, bien appliqués au premier rang de la classe. Certains malins vignerons ont bien compris les règles du jeu et sortiront à coup sûr quelques bêtes de concours bodybuildées...
Marie-Thérèse Chappaz
LA SÉLECTION DES VINS DE GENÈVE, BIEN OU BIEN ?
BOB À L A RETR AITE, À QUI SE FIER ?
LE concours des vins genevois vient d’attribuer les médailles de l'édition 2018. Après avoir critiqué les critiques, on va se passer de la nôtre. Alors, quelle crédibilité pour ce concours, qui sélectionne les vins AOC Genève qui nous représenteront dans les autres foires et concours nationaux et internationaux ? Ma foi, malgré notre à peine masqué scepticisme pour ce type d’exercice, nous devons saluer les genevoiseries de ce concours auquel nous avons participé. C'est en effet le seul au monde patronné par l’Organisation Internationale du Vin, qui fonctionne sans chef de table ! Le Comité d'organisation se base sur les travaux de Julien Fournier et Charlotte Jaggi de l’Ecole de Changins, qui ont constaté que l’influence du chef de table, qui rediscute les notes les plus éloignées des siennes et lime ainsi les différences, est plus dommageable que pondérer de manière égale les dégustateurs plus fantasques. Autre spécificité, les vins sont dégustés dans un ordre différent pour chaque dégustateur, pour lisser l'impact de l'ordre de passage. C’est qu’à la baguette, c’est le méticuleux œnologue Florian Favre, accompagné de l'enthousiaste Christian Guyot, vigneron et professeur à Changins, qui essaie de tendre vers la plus grande impartialité et qualité, notamment en variant la composition des groupes de jurés (professionnels, viticulteurs, restaurateurs, amateurs) selon la technicité des catégories. Il va jusqu’à tenir un historique des notes des dégustateurs, pour juger de leur constance selon l’écart type avec les autres dégustateurs. Là encore, un système qui a ses avantages et ses inconvénients, mais qui démontre une volonté certaine de tendre vers la fiabilité et la crédibilité (et qui au passage permettra de virer un dégustateur trop irrégulier). Une Sélection qui a donc une véritable raison d'être, peut-être moins pour déterminer quels sont les meilleurs vins de notre canton, que pour participer à leur promotion.
Antonio Galloni et Neal Martin (Vinous), Jancis Robinson, Stephen Tanzer, Jean-Marc Quarin, James Molesworth (Wine Spectator - au moins lui déguste à l'aveugle), Stephan Reinhardt (The Wine Advocate), Jeannie Cho Lee (Decanter), James Suckling, autant de critiques qui se battent pour la place d'héritier du big Bob. A notre avis, autant de jolis marketers, qui au mieux partagent leur goût qui n'est jamais le nôtre, au pire sont dirigés/influencés par des intérêts divers. Alors à qui se fier, au goût subjectif de quelques dégustateurs plus ou moins sensibles au copinage et à l’hédonisme ou à ceux plus scolaires et consensuels des concours ? Well well well, question dirigée ! Réponse (subjectivement objective) : déguster et se faire son propre avis, car seule notre émotion quantifiera la grandeur d'un vin. Se fier à un critique reconnu ou à un concours lissant au lieu de déguster, c’est un peu comme engager une agence pour trouver son âme sœur ou décider de notre itinéraire de vacances. A chacun ses plaisirs.
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COUP DE FOOD
EN FILE INDIENNE Par MINA SIDI ALI
En quête d'une échappée culinaire aussi exotique que colorée cet été ? Direction le Windows de l'Hôtel d'Angleterre du 23 juillet au 25 août pour la 17ème édition de son Indian Food Festival. A travers cette manifestation dédiée à la gastronomie indienne, on s'imprègne des odeurs et se pimente des couleurs d'un pays où cuisine rime avec partage. Dans un décor alluré et ouaté niché sur les quais, on se laisse bercer par la dextérité culinaire du chef Alfred Prasad, véritable star internationale de la gastronomie indienne et anglo-indienne. Entre curry, curcuma et coriandre, un festival aussi épique qu’épicé ! Juillet-août 2018
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COUP DE FOOD
Exit la devanture fuchsia Bollywood, les statues de Ganesh rutilantes et les boiseries sculptées kitsch, ici c’est dans le cosy et chic hôtel 5 étoiles de l’Hôtel d’Angleterre au sein du Windows que currys, naans et dhals se côtoient le temps d’un été autour de l’annuel Indian Food Festival. Pour cette 17ème édition qui aura lieu du 23 juillet au 25 août, on retrouve aux fourneaux, le délicieux Chef étoilé Michelin Alfred Prasad et sa magnifique signature gastronomique indienne. Soucieux de préserver l’exceptionnel patrimoine culinaire indien, il propose des plats somptueux issus du four Tandoor ainsi que de délicates options végétariennes! Le tout est divinement parfumé, raffiné et étonnamment léger.
Indian Food Festival Du 23 juillet au 25 août Windows de l'Hôtel d’Angleterre Quai du Mont-Blanc 17, 1201 Genève www.dangleterrehotel.com
En parallèle, tous les dimanches durant le festival, l’hôtel propose un exquis brunch indien permettant aux clients de se délasser à leur guise des saveurs exotiques du sous-continent. Une option de déjeuner d'affaires indien viendra compléter l’offre avec un repas du midi véritable aller-retour entre Genève et Bombay ! En outre, le 18 août, pour la traditionnelle soirée genevoise des feux d'artifice, le Windows présentera un menu dégustation très spécial, garanti en arômes exotiques depuis une vue à tomber, sur les quais face au Jet d’eau !
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W VERBIER HOTEL 5* LUXE
L’été au W Verbier 123 chambres et suites élégantes 4 bars & restaurants Signature Away® Spa avec les soins La Prairie Ouvert toute l’année
W Verbier - Rue de Médran 70 - 1936 Verbier T. +41 27 472 88 88 E. info.wverbier@whotels.com wverbier.com
BEAUTÉ
THE CURE Par MELISSA N’DILA
L’été est arrivé ! Et avec ça, le besoin de ressourcer son corps et son esprit se fait naturellement de plus en plus ardent. Sculpter sa silhouette, libérer le corps de ses toxines, refléter sa beauté intérieure, c’est dans cet esprit de renaissance que le Spa Valmont du Grand Hotel Kempinski, en collaboration avec les thés Wandertea de la célèbre it-girl Caroline Receveur, propose une cure détoxifiante dite Detox my Beauty où raffinement, bien-être et sur-mesure sont les maîtres-mots de cette expérience inédite. Close-up sur les soins proposés pour devenir fit et vite ! purifiant et relaxant est alors lui, offert par le Spa Valmont Kempinski. Outre les soins, le Spa propose également des cours d’initiation au Yoga. Et comme si ça n’était pas assez, un autre allié prestigieux s’ajoute à l’escapade apaisante grâce à un rituel « découverte » des thés Detox Wandertea, certifiés Caroline Receveur, célèbre influenceuse beauté et lifestyle. Accompagnée de nutritionnistes, psychologues, coachs sportifs et herboristes, la marque de la it-girl est axée sur le bien-être et l’équilibre tout en mettant à disposition des infusettes en coton véritable cousu main. La cure est proposée durant toute la période estivale jusqu’au 31 août. A tester dare-dare ! Spa Valmont Grand Hotel Kempinski ©Spa Valmont Grand Hotel Kempinski (Facebook)
Detox my Beauty Spa Valmont Grand Hotel Kempinski 700 CHF (20 % de rabais sur le prix initial)
CADRE IDYLLIQUE
Lové au coeur de Genève, c’est au sein de l’hôtel de luxe 5* du Kempinski que se dévoile le Spa Valmont Grand Hotel Kempinski (GHK). Avec un design chic, des lignes épurées et un service d’exception, le lieu s’étend sur près de 1400 m² et conjugue alors exaltation contemplative et savoir-faire de pointe notamment par des équipements d’exception : douze cabines dont une pour deux personnes ainsi qu’une suite privée. Un sauna et un hammam sont également à l’honneur avec un espace de repos, une tisanerie et une salle de fitness de 250 m². Le graal ? la piscine intérieure chauffée de 20 mètres. Un régal pour le corps pour lequel les plaisirs savent manifestement être variés.
Jusqu’au 31 août 2018 19, quai du Mont-Blanc - 1201 Genève 022 908 90 81 www.kempinski.com
ÉVA SION DETOX
Le programme Detox my Beauty imaginé par le Spa Valmont GHK se présente sous la forme d’un rituel « renaissance » pour le corps et l’esprit. À la carte, deux soins du visage The Breath of the Glaciers oxygénants et détoxifiants et un massage Peaks of Slimness tant amincissant que remodelant – tous deux signés Valmont. Ils durent chacun 60 minutes. Un second massage Purifying Detox Massage d’une heure,
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Detox Wandertea ©Wandertea (Facebook)
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COSMÉTIQUES
NEWS BEAUTÉ
Celiss chez Frame
BOL D’AIR
BEAUTY SPOT
Le secret d'une belle peau saine et éclatante ? Il réside dans un geste simple mais à pratiquer au quotidien : le démaquillage ! Chez Chanel il prend un bol d’air avec sa toute dernière collection de démaquillants anti-pollution. Dédiée à toutes les femmes, cette dernière est adaptée à tous les types de peau, tous les types de maquillage et toutes les envies. En offrant des sensations incomparables, de fraîcheur ou de réconfort, cette collection transforme cette étape incontournable en un moment de plaisir et d’apaisement. Simple et efficace, cette nouvelle ligne assure un démaquillage parfait (visage, yeux, lèvres) auquel rien ne résiste, que ce soient les formules longue tenue et waterproof, les particules de pollution ou encore les filtres UV. Propre et nette, la peau est libérée de toutes impuretés.
L’été est là, mais il n’est jamais trop tard pour se reprendre en main ! Pour celles et ceux qui souhaitent transformer leur carcasse en corps de rêve ou tout simplement améliorer leur silhouette en manque de peps, direction une nouvelle adresse : Frame par Sarah Battikha ! Nouveau temple dédié au bien-être, à la beauté et à la santé, on y découvre les dernières technologies innovantes en matière de soins du corps : peelings, PRP et cryothérapies, au détour d’une machine anti-cellulite exclusive en Suisse, le Celiss ; un dispositif nouvelle génération agissant sur toute la surface du corps en même temps pour éradiquer la cellulite en seulement trente minutes ! Dans une atmosphère cosy on découvre des salles individuelles comprenant douche et coin maquillage, parmi des décors subtils et délicats. On en oublierait presque que l'on se trouve dans un cadre profondément médical !
La collection démaquillant anti-pollution Chanel : L’Huile (59 CHF), le lait (59 CHF), le lait fraîcheur d’eau (59 CHF), la mousse (59 CHF), le tonique (48 CHF) et le lait douceur d’huile (59 CHF) :
Frame par Sarah Battikha
En vente exclusivement dans la Boutique CHANEL PARFUMS
22, rue desTerreaux-du-Temple - 1201 Genève
& BEAUTE à Genève (Bongénie, 1er étage, 34 rue du Marché,
(Dans un immeuble, au première étage, entrée n°2)
1204 Genève)
lun – ven : de 9h à 19h 022 738 00 38 www.framecb.ch
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COSMÉTIQUES
©Clarins
SPA-RADIS
FRESH LUSH
C’est au cœur du quartier des Eaux-Vives à Genève que Clarins revient nous séduire avec un nouveau spa unique en son genre! Et oui, le N°1 Suisse des soins de beauté haut de gamme nous offre une formule de sérénité triplée avec pour débuter un Skin Spa, doté de soins visage et corps, ainsi que des massages à base de plantes. Puis,un Skin Time, pour des consultations beauté individualisées allant de pair avec des conseils d’applications à reproduire chez soi comme une pro du beau et in fine, un espace dédié à l'achat des dernières exclusivités de la marque finalisant ainsi divinement cette expérience beauté. On dit trois fois oui à ce nouveau concept dédié à notre bien-être!
Connu pour ses bombes de bain effervescentes et ses gels douche à base de plante, la marque britannique de cosmétiques Lush a décidé de faire peau neuve de sa boutique lausannoise! Peeling réussi, puisque le nouvel espace est désormais looké à l’image des filières genevoises et suisses-allemandes. L’agencement intérieur de la boutique a été réalisé en bois usagé remis à neuf de façon durable, une manière de prendre position contre la surexploitation des forêts. La scénographie s'inspire de la plus grande boutique LUSH du monde située sur la fameuse Oxford Street à Londres. Le bois utilisé dans cette filiale provient principalement d'anciennes dalles de sol issues de demeures de l'ère victorienne, ainsi que de charpentes et d'anciens sols d’usines. Une initiative durable qui s’inscrit parfaitement dans l’ADN de l’enseigne aux produits vegan !
Clarins Boutique & Skin Spa 23 rue de la Terrassière - 1207 Genève 022 735 80 74 www.clarins.ch
LUSH Lausanne Place de la Palud 22, 1003 Lausanne Tél. 021 312 98 11 lausanne@lush-shop.ch www.lush-shop.ch
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EpicEriE
finE
- SandwichEriE - platS
à EmportEr
Votre nouvelle adresse à Genève dédiée à la gourmandise Ouvert 7J/7
Quai du Mont-Blanc 19, CH 1201 Genève 022 908 93 93 | info@l-epicier.ch lepicier_gva
MODE
ETAM FAIT DANS LA DENTELLE Par MINA SIDI ALI
Il aura fallu attendre plus de cent ans avant que l’enseigne de lingerie Etam ne pose ses valises de dessous émoustillants en Suisse romande ! Ainsi, le 15 mars dernier, s’ouvrait la première boutique à Balexert et suscitait l’envie d'aller fouiller dans les tiroirs à culottes d’une marque intimement liée à l’histoire de l’émancipation de la femme. Close-up sur les dessous de ce séduisant succès ! Go Out! magazine
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MODE
combis unis ou imprimés bariolés, mini-nuisettes ou t-shirts oversized, bikinis ou bodys, une collection pour les futures mamans, une ligne de produits de beauté, un grand défilé annuel à la rentrée, la marque a prouvé qu’elle savait jouer des contrastes, faire rimer avec dextérité féminité et sensualité, plaire à un panel pluriel et surtout innover en tissant des collaborations avec des artistes, des designers des musiciens ou encore des mannequins superstars à l’instar Natalia Vodianova ou Karolina Kurkova ! Pionnière Etam a été la première à mettre les soutiens-gorges sur cintre ou encore à offrir des imprimés sur la lingerie de jour comme de nuit ! Puis ont suivi les coques non cousues, la prise de mesure des décolleté, les soutifs à mémoire de forme, les coloramas de dentelle et prochainement des armatures siliconées révolutionnaires ! Aujourd’hui, la marque est à l’heure de la phygitalisation : tablettes dans tous les shops, click & collect, e-réservation... Ici, le digital est envisagé comme un laboratoire d’idées et de services avec un champ de possibles infini ! Chapeau bas !
Cacher et révéler le corps, le joli paradoxe de la lingerie, à travers lequel s’illustre l’histoire de la conquête féminine ! L’enseigne Etam voit le jour avec l'éclosion de cette femme moderne, celle qui durant la première guerre mondiale envoie balader son corsage après avoir remplacé son conjoint à l’usine ou dans les champs. La marque deviendra l’un des acteurs d’une des révolutions majeures du XXème siècle : l’émancipation féminine. Novatrice, Etam lance dans les années 20 les bas indémaillables. Entre nouvelles matières et technologies, elle se distingue par son savoir-faire et sa capacité d’adaptation à son temps et ce dès de ses débuts. Des Années folles à celles l’ère digitale, l’enseigne de lingerie traverse les modes en s’adaptant audacieusement à l’évolution de l’image de la femme. Qu’elle ait été séditieuse et émancipée dans les années 20, naturelle dans les années 70 ou femme d’affaires dans les années 80, à chaque courbe de l'histoire, à chaque conquête libertaire, Etam transposera avec brio son savoir-faire aux nouvelles envies de ses dames. Aujourd’hui, l’experte ès lingerie accessible compte près de 900 points de vente dans le monde entier dont une à Genève et prochainement à Lausanne! Le groupe a même développé deux autres marques : 1.2.3 (créée en 1983) et Undiz (lancée en 2007). Avec toujours le même leitmotiv : distribuer des produits tendance à petits prix. Dessous seconde peau ou dentelle, Juillet-août 2018
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MODE
HISTOIRE 60s
1916 Max Lindemann crée la marque de bas Etam à Berlin.
1925 Martin Milchior fonde la société Sétamil qui distribue de la lingerie.
1963
Association de Milchior et Lindemann sous l'enseigne Etam et naissance d'Etam Prêt-à-Porter.
70s
1990 Développement du groupe à l’international.
2001
Ouverture de la Cité de la femme, un mégastore Etam de cinq étages, rue de Rivoli à Paris et de son e-shop.
2009
80s
Natalia Vodianova devient l'égérie de la marque.
2016
L’enseigne célèbre ses 100 ans en grande pompe au Centre George Pompidou !
2018 90s
Ouverture du premier magasin à Genève (Balexert) et à Lausanne.
Etam Genève Centre Balexert Av. Louis-Casaï 27, 1211 Genève Lausanne Ouverture à la rentrée
00s
www.etam.com
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DESIGN
MOBILIER À DÉROBER Par MINA SIDI ALI
Pour sa collection 2018-19, La Redoute Intérieurs n’a pas lésiné sur sa légendaire créativité. En juin dernier, on est allé découvrir à Paris ce que la griffe tricolore concoctait pour nos cocons toujours en quête de confort coquet. De la chambre au salon en passant par la salle à manger, on a sélectionné le mobilier à chopper et les scénographies à copier-coller. De quoi passer la belle saison à repenser son chez-soi avant les affres du froid grâce à l’enseigne au savoir-faire hexagonal ! Morceaux choisis. Juillet-août 2018
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DESIGN
Collection 2018-19 Dès le 15 juillet www.laredoute.ch
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HÔTEL
CARTE COSTALE Par MINA SIDI ALI
Noyé en pleine jungle urbaine, on rêvait souvent de se retrouver parachuté dans la Vallée de l’Omo en Ethiopie, une zone tribale quasi coupée du monde pour échapper à l’effervescence de sa cité bondée. Plus besoin de fantasmer de manière aussi extrême depuis qu’on a découvert le mois dernier la cachette de rêve les pieds dans l’eau pour caresser la paresse et palier au stress : le Don Cesar sis à Porto-Vecchio en Corse! A seulement 1h de vol de Genève, cet hôtel intimiste surplombant la mer Tyrrhénienne nous a redonné des ailes. Désormais entiché de l'île de beauté, on est hanté par l’idée d’y retourner. Juillet-août 2018
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HÔTEL
Au bord de la Méditerranée, cette longue langue de terre appartenant à la Corse déploie des kilomètres de côte sauvage adossée à des étendues de forêts re-belles. C’est sis sur cette ce petit coin de paradis doté de plages imitant les Caraïbes qu’on a dégoté l’hôtel de nos rêves : le Don Cesar. Enroulé d’une anse de végétation luxuriante et d’une constellation de criques sauvages aux alentours, le lieu comprend trente-neuf chambres chambres et suites orientées plein sud et avec terrasse privative. On aime les couleurs chaudes qui habillent les murs chaulés, les deux piscines (une à débordement surplombant la mer et un bassin de nage) à ciel ouvert qui chantonnent, les fauteuils profonds posés dans des coins d'ombre où il fait bon paresser aux heures chaudes. Autres bons points, un spa NUXE et un restaurant gastronomique qui viennent compléter cette carte postale azurée.
premier établissement, un hôtel 4 étoiles au Cap d’Antibes, et un second en 2001, un hôtel 4 étoiles à Beaulieu-sur-Mer. De retour en Corse en 2005, ils projettent la construction de l’Hôtel Don César dans un éden nommé Porto Vecchio, la ville natale de Marie-Ange. La construction proprement dite commence en 2008 et l’inauguration se fait en juin 2012. L’Hôtel & Spa 5 étoiles, se dévoile comme une parenthèse d'exception face à la Méditerranée! Cerise sur le gâteau : quand la ville se couvre d'or, au coucher de soleil, le spectacle, depuis la terrasse, est un pur moment de bonheur. Don Cesar, hôtel & SPA Rue du Commandant Quilici 20137 Porto Vecchio, Corse Tél. +33(0)495760909 info@hoteldoncesar.com
Cette pépite hôtelière, on la doit à deux amoureux de leur île, Marie-Ange et Edouard Cardi qui ont crée un hôtel à leur image ! Normal puisqu’il a été imaginé, dessiné et entièrement réalisé par Edouard, du plan jusqu’au dessin de chaque meuble. Marie-Ange, quant à elle, s’est occupée du lancement de l’hôtel et de son exploitation. Déjà en 1970, Edouard Cardi, alors âgé de 20 ans, ouvrait un premier hôtel en Corse qu’il avait lui-même conçu. Fort de ce succès, le duo s’expatrie sur la Côte d’Azur. Ils reprennent en 1996 un Go Out! Out! Magazine magazine
www.hoteldoncesar.com Possibilité aussi d’organiser des sorties, plongée sous-marine, jet ski, vols ULM et visite du Canyon de Pulischellu. Réservations une semaine avant le séjour.
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© Myconian Utopia Resort
Myconian Utopia Resort, Mykonos, Grèce
OFFREZ LE GOÛT DE L’ESCAPADE Petit-déjeuner cinq étoiles, chambre avec vue à couper le souffle, massage relaxant… Relais & Châteaux fait la promesse d’instants suspendus capturés dans un Coff ret pur luxe. La garantie d’une expérience inoubliable, que l’on opte pour une nuit ou pour un soin au spa suivi d’un dîner étoilé. Il ne vous reste plus qu’à choisir le Coff ret qui vous correspond parmi les 7 off res existantes, à partir de CHF.239 ! Chèques cadeaux également disponibles à partir de CHF.100. Retrouvez nos coff rets sur : www.cadeaux.relaischateaux.com, et chez nos distributeurs (FNAC, Manor…)
TRIP
MAJORQUE : CAP SUR MONTS ET VERMELL Par NYATA NATALIE RIAD
Villa Turquoise © Cap Vermell Estate
Loin de n’être qu’une destination pour touristes rougeauds en quête de biergarten au soleil, image péjorative qui ne lui rend aucunement justice, Majorque recèle des trésors qui ne demandent pourtant qu’à être découverts par des voyageurs véritablement amoureux de la nature, du sport, du patrimoine et de la bonne chère, et qui ne boudent pas leur plaisir lorsqu’il s’agit de se loger dans l’opulence qu’offre le prétexte des vacances… ou d’une nouvelle vie placée sous le signe du soleil. Le nord-est de l’île s’y prête particulièrement bien : à environ une heure de route de Palma, durant laquelle la terre natale du grand Rafael Nadal dévoile déjà ses charmes colorés d’ocre et de vert par moments barrés du rouge éclatant des champs de coquelicots, la région de Canyamel se révèle, dotée d’une richesse culturelle à même de nourrir les esprits les plus curieux, mais aussi d’une nature luxuriante invitant aux activités en plein air, préservée par les acteurs du secteur immobilier local, le groupe Cap Vermell en tête. Actif dans les infrastructures de luxe, celui-ci a parfaitement saisi que la bien nommée perle des Baléares méritait d’être choyée et vue telle qu’elle est : rayonnante et accueillante. Go Out! magazine
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TRIP
Côté patrimoine, la région regorge de sites intéressants, notamment archéologiques avec le village talayotique de Ses Païsses, fondé vers 850 avant notre ère, ou encore naturels avec les impressionnantes grottes d’Artà. La forteresse de Capdepera, datant du XIVe siècle et l’une des plus grandes de l’île, vaut également le détour, remémorant le passé tumultueux entre conquêtes et invasions qu’a connu Majorque. Et on ne peut décemment pas oublier le patrimoine gourmand! La douceur de vivre à la majorquine s’exprime probablement au mieux par les plaisirs que procure la table: fruits de la mer et de la terre, charcuterie, fromages, ou simplement des bouchées de pain agrémentées d’huile d’olive et d’un peu de sel ainsi qu’elles se dégustent dans ce coin-là du paradis. Et le vin... De nombreux domaines existent et peuvent être visités, mais Go Out! a eu un coup de cœur pour le vignoble tricentenaire de Ribas, à Consell, faisant revivre avec passion et délicatesse des cépages natifs quelques peu oubliés.
© M. et F. Faure, A. et D. Calegari L’ÎLE AUX PL AISIR S
Ce qui frappe en premier lieu en traversant l’île de Majorque d’ouest en est, soit de Palma à Canyamel, ce sont évidemment ses paysages si particuliers, parsemés de moulins fléchés et de murets de pierre sèche si typiques, élaborant une complicité toute méditerranéenne entre un ciel implacable, l’aridité et une végétation exubérante de pins, chênes, agaves et arbres fruitiers (citronniers, orangers, amandiers, caroubiers, etc.), où l’on aperçoit régulièrement des chèvres sautiller, des moutons rendre un culte à la sacro-sainte siesta ou des chevaux faire miroiter leur robe de neige ou d’ébène sous un soleil le plus souvent généreux. Mais ce sont aussi ces reliefs vallonnés qui appellent à des virées en randonnée ou ces kilomètres à avaler à bicyclette ; il y en a pour tous les niveaux. Les grimpeurs trouveront également sur l’île de quoi se faire plaisir, mais probablement pas autant que les golfeurs, qui y sont chouchoutés, notamment à Canyamel. La région bénéficie de très belles plages où la mer cristalline se prend pour les Caraïbes, et il n’est pas compliqué, au gré d’une balade, de dénicher une charmante crique abritée par les falaises surplombantes.
©Bodega Ribas LE LUXE SIGNÉ CAP VER MELL
Pour partir frais et dispos à la découverte du patrimoine et profiter au mieux de cette foule d’activités que propose le nord-est de l’île, un pied-à-terre est essentiel et il s’avère que la région dispose d’une offre haut de gamme idéale afin d’y passer un séjour de rêve hors du temps. Imaginez plutôt, après une journée dévolue à arpenter les merveilles majorquines, vous retournez non pas à votre hôtel mais à votre luxueuse villa de plusieurs centaines de mètres carrés et allez piquer une tête dans sa piscine, ou vous détendre sur un canapé en terrasse, tout en profitant d’une vue à couper le souffle, les rayons de Râ couchant vous réchauffant l’épiderme.
De toute évidence, les amateurs de sport ne peuvent manquer de faire un petit détour par Manacor, le fief de l’enfant du pays et parfait ambassadeur majorquin qu’est Rafael Nadal. S’y trouve le Rafa Nadal Sports Centre, équipé d’infrastructures de pointe (fitness, spa, piscine, zones d’entraînement spécialisées) et attenant à la Rafa Nadal Academy, immense bâtisse bordée de courts qui fait office de pouponnière dernier cri pour l’élite mondiale du tennis de demain, mais accueille aussi volontiers des adultes qui souhaitent améliorer leur technique. Et qu’on se le dise, il n’est pas rare d’y croiser le roi de la terre battue !
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TRIP
Ce bonheur pour voyageurs épicuriens est rendu accessible par le concept Cap Vermell Estate, soit un complexe exclusif et privatisé de douze résidences individuelles situées à cinq minutes de route de la plage de Canyamel – certaines ont été vendues, d’autres sont prêtes à trouver preneur ou disponibles à la location pour des vacances – nommées d’après des pierres précieuses (Jade, Emerald, Amber, Diamond, etc.) auxquelles elles rendent hommage par leur éclatante beauté. Véritables réussites architecturales, toutes les villas associent savamment un design moderne de haut standing au savoir-faire traditionnel majorquin, notamment visible par les façades de pierre brutes aux tons ensoleillés si typiques de l’île.
Cap Vermell Country club
est attenant au somptueux Hotel Park Hyatt Mallorca 5*, situé à quelques minutes des villas. Les deux entités partagent certains avantages, en particulier l’accès au Cap Vermell Country Club proposant des activités sportives et de détente ainsi qu’un restaurant, le tout dans un cadre idyllique. Bien plus qu’un hôtel, le Park Hyatt Mallorca 5*, sorti de terre en 2016, ressemble plus à un village typiquement majorquin à flanc de colline qui s’inscrit harmonieusement dans le paysage environnant. Sur les cinq hectares du site se répartissent autour de la place centrale et sa traditionnelle fontaine, 142 chambres luxueuses, avec terrasses privatives, réparties dans des résidences éponymes d’arbres fruitiers, un superbe spa, le « Serenitas », qui invite au farniente au premier coup d’oeil, ainsi que quatre restaurants qui font la joie des gastronomes. Parmi ceux-ci, citons le « Asia », dont le chef revisite avec brio les saveurs d’Orient, en s’intéressant en alternance à différents pays asiatiques, sublimant leurs traditions culinaires. Des possibilités culinaires qui sont également disponibles – en service traiteur – au cœur même des villas, pour le plus grand plaisir des résidents.
©Cap Vermell Estate
Si chaque habitation est unique et possède une identité propre, elles présentent toutes de superbes finitions et font un usage avisé de matériaux nobles à l’image du marbre italien qui orne les salles de bain attenantes à chaque chambre. Les villas disponibles à la location sont décorées avec goût et, bien qu’étant toutes très spacieuses, elles se révèlent cosy à souhait grâce aux éléments de bois bruts et au soin apporté dans le choix des textiles. Les maisons sont également dotées de systèmes high-tech afin de moduler l’éclairage ou la température, ainsi que de hauts-parleurs de la prestigieuse marque Bose pour profiter des lieux en musique avec la meilleure qualité qui soit. Avec des tarifs de location aux alentours de 1’000 euros la semaine pour une villa pouvant accueillir six personnes, il s’agit donc d’un faste à la portée de nombreuses bourses helvétiques, et dont il serait fou de se priver !
En partenariat avec le groupe Park Hyatt, le groupe Cap Vermell a donc su offrir à la région de Canyamel le développement immobilier qu’elle mérite, à la fois extrêmement raffiné et respectueux de l’éblouissante nature dont il est le reflet. www.grupocapvermell.com www.capvermellestate.com
Pour leurs chanceux résidents permanents, ces écrins de luxe allient parfaitement le désir d’autonomie à nombre de services exclusifs (entretien, conciergerie, chauffeur, traiteur) mais aussi des prestations hôtelières, également à disposition des propriétaires. Et pour cause, le complexe Cap Vermell, établi sur vingt hectares à faible densité de construction pour garantir une quiétude à toute épreuve,
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SPORT
RANDONNÉE : L’EXTASE APAISÉE Par VINCENT MAGNENAT
Cette fois, après un départ biblique, l’été est là, tout chaud, tout moite et tutti quanti. Naturellement, le métabolisme se réveillant, tel une Melania Trump au beau milieu d’une nuit passée à imaginer son évasion de la Maison Blanche, notre besoin archétypal de mouvement demande à être nourri. Que faire ? Un club de pilates pour se raffermir les tendons ? Un cours de cross-fit à coup d’EDM fluo ? Du 110 mètres (Brigitte La-) haies ? Rien du tout, cet été nous revenons aux basiques, et dans cette optique on va vous rafraîchir le concept de la randonnée. Juillet-août 2018
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SPORT
Ceux qui la pratiquent, ou en ont déjà fait, savent qu’à peine arrivés sur un chemin de randonnée, dès que les feuillus commencent à remplacer le bitume, la magie de la marche moderne opère : les badauds croisés vous saluent (alors qu’à 200 mètres de là, vous étiez d’illustres étrangers destinés à s’ignorer coûte que coûte), l’air vous rentre consciemment dans les alvéoles, vous sectionnez une brindille que vous enfilez entre vos dents ragaillardies, bref l’aventure commence. Mais d’où vient cette tradition un peu étrange qui consiste à se déplacer à peu près pour rien d’autre que de se déplacer justement ? Bien sûr, dès que nos ancêtres sapiens ont découvert qu’ils pouvaient se lancer dans le bipédisme (voire même depuis que l’on a inventé les pattes...), et que leur néo-cortex a commencé à leur permettre de se rendre mieux compte de ce qu’ils faisaient, la marche a commencé à constituer une activité à part entière.
Bundesarchiv Bild, Gruppe des Wandervogels aus Berlin
sans but prédéfini. L’inconnue du trajet, couplé à la sorte de méditation collective de la marche, ça peut vous donner un bon élan de camaraderie créative. C’est un peu l’art martial de la sérendipité.
Du point de vue physiologique, notre organisme a véritablement été modelé pour la marche. L’effort physique a de plus pour effet de mettre le corps dans un état naturel de transe, cet effet second lié au relâchement de neuro-transmetteurs, dopamine, endorphine ou encore sérotonine par exemple. La marche nous transporte le plus naturellement du monde vers une perception de la réalité très légèrement transformée, provocant un ressenti désarmant d’apaisement. Du coup, avec nos activités modernes plutôt statiques, marcher fait du bien. Au Japon, les moines de l’école bouddhistes de Shingon l’ont carrément intégré dans leur pratique religieuse et l’appellent le mikkyo (le message caché). Les philosophes grecs approfondissaient leurs réflexions en se baladant autour de leurs patios de marbre aux colonne de granit, en bons péripatéticiens (peri = autour / patein = marcher). En réalité, le geste nous reconnecte à nous-même, et par là à notre goût naturel du partage puisque nous sommes des animaux d’une nature profondément sociale.
D’autres, que l’intolérance rendait intolérants, ont commencé à former des bandes opposées à cette militarisation croissante et à s’opposer à eux. Les plus craints étaient les Edelweißpiraten, ou les Pirates Edelweiss, sorte de clans d’enfants perdus, laissé orphelins ou abandonnés après la guerre. Ils marchaient en bande organisée aussi, en plus de survivre. Connus également pour leur goût pour la culture américaine, geste éminemment contestataire contre le régime qui l’interdisait. Même s’ils étaient des Wandervogels par contrainte et non par choix néo-romantique, cette tendance à s’auto-organiser avait fait d’eux le pendant involontaire de la Hitlerjugend et ses enfants tant bien nourris que coiffés au carré. Bien sûr, le jazz et la java ne font pas bon ménage, et les frictions n’ont pas tardé. Les nazis ont vite tenté d’étouffer cet espèce d’idéal de rébellion anarchiste, pendu certains de ses leaders, mais rien n’y a fait.
Soudain donc, une fois suants sur des pentes bien plus raides qu’imaginées, accompagnés de quelques êtres chouettes, le moment M survient au détour d’un bosquet urticant : la magie du manque d’oxygène fait son oeuvre chimique. L’extase survient ! La randonnée, vous-même et l’univers ne faites plus qu’un ! C’est vrai qu’on comprend mieux pourquoi les Anglais, par exemple, ont commencé à escalader les Alpes en costume trois-pièces au milieu du XIXe siècle, en mal de se distraire de leur oisiveté nouvellement acquise grâce à la révolution industrielle.
Alors voilà, ces quelques considérations historiques n’avaient pas pour but de vous pousser à former des bandes qui sèment le chaos, loin de là. Le prétexte à aller se balader et de s’aérer les méninges, lui, est bien réel ! Pensez à la gourde, la crème solaire et des chaussures qui tiennent le pied un minimum (pour éviter cloques et les sympathiques foulures de la cheville). Plus d’inspirations randonnésiques sur : www.marcher.ch
Sur les bandes marchantes, un autre exemple intéressant se passe dans l’Allemagne de la République de Weimar, où un régime autoritaire et une frustration d’une partie de la jeunesse ont poussé l’éclosion d’un mouvement de randonnée spontanée. Le principe des Wandervögel (oiseaux errants) ? Simplement se retrouver et faire une promenade Go Out! magazine
www.suissemobile.ch www.geneverando.ch
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AUTOMOBILE
FORMULE GAGNANTE Par YESSINE SIDI ALI
McLaren 570S Spider et McLaren 720S ©McLaren
Lorsque l’on entend le nom « McLaren », c’est bien évidemment la Formule 1 qui vient à l’esprit. Fondée en 1963 par Bruce McLaren, l’écurie a vu défiler au sein de son équipe les plus grands champions de la discipline au cours d’un demi-siècle : Niki Lauda, Alain Prost, Ayrton Senna, Mika Häkkinen ou tout récemment Lewis Hamilton. Grâce en partie à tous ces protagonistes, McLaren détient plus de 180 victoires en Formule 1 et huit titres constructeur ; la preuve d’un savoir-faire exceptionnel dans l’art de concevoir des voitures ultra performantes, dont la technologie avant-gardiste fait frémir de crainte toute la concurrence. En 1989, l’homme d’affaires Ron Dennis décide de créer McLaren Automotive, soit des voitures de sport d’élite afin vouées à venir rouler sur les plates-bandes de la marque au cheval cabré. Go Out! se propose de vous faire découvrir deux des modèles phares du constructeur qui vont en émouvoir plus d’un. Go Out! magazine
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AUTOMOBILE
McLaren 570S Spider ©McLaren
L’été étant bel et bien arrivé, Go Out! se devait de vous présenter la McLaren 570S Spider, sans conteste le cabriolet le plus sulfureux du marché. Au premier regard, on identifie la dévoreuse de bitume qui sommeille en lui. Lignes tendues et acérées, design avant-gardiste reconnaissable parmi tous, on pourrait même croire que la voiture revient du futur, tant son design la démarque de la concurrence. L’intérieur n’est pas en reste, garni d’un tableau de bord épuré et d’une qualité de fabrication parfaite à base de matériaux de haut standing.
La McLaren 570S Spider montre deux visages : le premier de cruiser au bord du lac avec en bonus son toit qui se replie en 15 secondes, cela jusqu’à une vitesse de 40 km/h. Au volant de ce bijou, vous pourrez certes prendre le soleil mais ne serez en mesure de le faire en toute discrétion, tant la McLaren est belle et rare sur nos routes. Son deuxième aspect est tout simplement celui d’une voiture de course homologuée sur route. Si vous en avez la possibilité, essayez-la sur circuit puisqu’il s’agit de son domaine de prédilection ; le plaisir y est garanti.
Grâce à sa structure en carbone qui fait de la 570S Spider un poids plume, le véhicule embrase l’asphalte à la vitesse de la lumière, tel un vaisseau spatial adapté au monde terrestre, muni d’une tenue de route impeccable, d’une direction à la précision chirurgicale et, bien entendu, de freins en carbo-céramique pour arrêter la bête en une fraction de seconde. Le cœur de notre McLaren est un V8 bi-turbo de 3799 cm3 qui développe 570 ch à 7400 tr/ min. Il s’agit d’un moteur qui sait rester docile au quotidien, mais pied au plancher il se met à souffler jusqu’à 8000 tr/min. Les accélérations se révèlent dantesques ! Le 0 à 100 km/h est expédié en 3,2 secondes et il ne faut que 9,6 secondes pour atteindre les 200 km/h, tandis que a vitesse de pointe s’élève à 328 km/h. Les performances du véhicule se dévoilent donc comme hallucinantes, procurant des sensations que peu de voitures peuvent se vanter de fournir.
Juillet-août 2018
McLaren 570S Spider ©McLaren
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AUTOMOBILE
McLaren 720S ©McLaren
La McLaren 570S Spider est le cabriolet parfait, si toutefois vous recherchez une voiture aussi exclusive et atypique mais encore plus performante, c’est la McLaren 720S qu’il vous faut ! Sur ce modèle, tout a été pensé en vue de performances hors normes: structure monocoque en carbone, aileron actif, chaque élément de la carrosserie a été étudié pour en favoriser l’aérodynamisme. Les mots manquent pour décrire son design, la voiture est juste hallucinante ! La McLaren 720S est pour ainsi dire une Formule 1 homologuée sur route. Le 0 à 100 km/h se déroule en à peine 2,9 secondes, le 0 à 200 km/h en 7,8 secondes et la vitesse maximale tutoie les 341 km/h. A la faveur de son moteur V8 bi-turbo qui développe 720 ch et 770 Nm de couple, la McClaren 720S devient une machine à se téléporter. Aucune concurrente directe ne lui arrive à la cheville, que ce soit au niveau des performances ou des sensations procurées. Grâce à ses années d’expérience dans le domaine de la Formule 1, McLaren est devenu incontournable parmi les supercars, avec une gamme de véhicules aussi époustouflants que performants.
McLaren 720S ©McLaren
McLaren 570S Spider et McLaren 720S Garage Autobritt Grand-Pré 2, rue du Grand-Pré - 1202 Genève www.autobritt.ch Remerciements à Véronique Grivel
Go Out! magazine
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HORLOGERIE
VIVE LA BELLE HORLOGERIE ESTIVALE ! Par OLIVIER MÜLLER
©Alpina 4 automatic
L’horlogerie, ce vaste univers du luxe ? Pas toujours ! Si les manufactures de prestige alimentent sans compter les toqués du tic tac, certaines marques proposent une horlogerie de qualité, abordable, créative voire ludique. Voilà qui tombe à point pour l’été. Alors que l’on troque tailleur et costume pour palmes et tuba, le poignet s’autorise quelques frivolités : couleurs estivales, matériaux exotiques, complications sportives. Pour se faire un plaisir raisonnable avant de plier bagages, suivez le guide ! Juillet-août 2018
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HORLOGERIE
VER SION PLONGEUSE
Certaines marques ne font que cela, d’autres font une incartade le temps du break estival : des montres de loisir, de qualité, un brin décalées par rapport aux collections courantes. A cet exercice, la montre de plongée est incontournable. Alpina en est devenue l’une des figures de proue. Pour 1300 CHF en moyenne, il est possible de s’offrir une Alpiner 4 automatique. Pourquoi le chiffre « 4 » ? Parce que la pièce est antimagnétique, antichoc, étanche et inoxydable. Idéale pour une plongeuse qui pourra accompagner un été indien, en version cadran bleu ou noir. Si Monsieur aime plonger avec Madame, il faudra en ce cas lui offrir, par galanterie horlogère, sa propre plongeuse et aller voir du côté de chez Eberhard & Co, l’une des rares maisons à proposer des montres de plongées pour femme. En 38 mm avec mouvement automatique, la Scafograf 100 fera briller son cadran nacre (brune ou naturelle) dès 2430 CHF. ©MeisterSinger
2014, la collection vient tout juste d’être déclinée en version automatique (env. 800 CHF). La lunette, signature de la collection, a été traitée pour protéger des chocs quotidiens. Victorinox lui adjoint une originalité : un bracelet en bois véritable, une feuille de bois résistante et souple, sur une base de cuir. So chic & choc ! SOIRÉES GL A MOUR
Revenu au camp de base, le collectionneur aura besoin d’une montre de soirée élégante mais légère. A ce registre, On retiendra la Seiko Presage Shippo et son extraordinaire cadran bleu en émail, à moins de 2000 CHF mais éditée à seulement 2500 exemplaires. ©Anonimo Epurato AU CL AIR DE L A LUNE
Enfin, pour des soirées au clair de Lune et pour un peu plus de 3590 CHF, l’amateur curieux ira voir du côté de MeisterSinger. Avec cette jeune maison indépendante, la phase de Lune est replacée sur le fameux cadran mono aiguille qui a fait le succès de la marque. A midi, au-dessus de cette unique aiguille centrale qui indique à la fois les heures et les minutes, on retrouve sur un fond bleu étincelant une Lune dite « astronomique » : son évolution sera juste pendant 122 ans. A ce moment, il faudra procéder à un ajustement manuel de son mouvement céleste. De quoi voir venir encore quelques étés...
MODE SAFARI
Pour celles et ceux qui préfèreront voir un éléphant qu’une baleine, il y a l’Anonimo Epurato. Pour 2490 CHF, la marque propose un modèle de 42 mm au boitier noir mat et bracelet d’antilope. De quoi donner à cette montre classique un goût d’aventure aux couleurs de la savane ! La pièce est proposée, là encore, avec deux variations de cadran, noir ou clair.
HORLOGERIE TOUT TERR AIN
A défaut de mer ou de jungle, Victorinox devrait convenir à tous les autres univers. La célèbre marque historiquement associée aux couteaux propose quelques garde-temps dont la solidité et la fiabilité ne sont plus à prouver. Pour un été baroudeur, on retiendra la série I.N.O.X. Lancée en Go Out! magazine
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rdv pris
Liu-Bolin, Hiding In The City - Unify The Thought To Promote Education, 2007 ©Liu Bolin
LIVE EXPOSITIONS AILLEURS
EN FAMILLE DANSE Go Out! magazine
CLASSIQUE
CINÉMA 85
THÉÂTRE
CINÉMA
ÉCRAN TOTAL Par FRANÇOIS GRAZ
BL ACKKKL ANSM AN
Ron Stallworth, ou l’homme qui a réussi à intégrer le Ku Klux Klan tout en étant…afro-américain. Si l’histoire prête à sourire, il s’avère qu’elle est vraie. C’est à partir de ce postulat de départ que le dernier film de Spike Lee est né. Fraîchement promu inspecteur au sein de l’unité de Colorado Springs, Stallworth (John David Washington) décide de contrer les actions du groupuscule suprémaciste blanc en s’infiltrant au sein de l’organisation. L’homme opère au téléphone et par courrier, tandis que son collègue Flip Zimmerman (Adam Driver) assiste aux réunions du KKK pour que le subterfuge soit total. Œuvre résolument engagée comme à l’accoutumée de son réalisateur, BlacKkKlansman tourne en dérision les agissements du Klan de David Duke, tout en abordant ce délicat sujet de façon maîtrisée. Une comédie au message qui s’avère (malheureusement) encore aujourd’hui nécessaire. BlacKkKlansman De Spike Lee Sortie le 22 août
AU POSTE !
Habitué à réaliser des longs métrages complètement barrés où le surréalisme est roi (dont l’inénarrable Rubber, ou l’histoire d’un pneu aux pouvoirs psychokinétiques), Quentin Dupieux aka Mr Oizo remet ça avec son nouvel ovni. Le film nous plonge dans le quotidien d’une brigade de police, où le commissaire Buron fait face au suspect numéro un d’une mystérieuse affaire de meurtre, Fugain. Nul besoin de préciser que ce scénario relativement classique n’est qu’un tremplin permettant à Dupieux d’exprimer son imagination décidément sans limites. Le casting s’en donne visiblement à cœur joie, le fantasque Benoît Poelvoorde en tête, épaulé dans cette absurdité sympathique par Grégoire Ludig, Marc Fraize, Anaïs Demoustier ou encore Orelsan. En définitive Au poste !, n’est pas sans rappeler Garde à vue de Claude Miller… mais sous acide. Délirant à souhait. Au poste ! De Quentin Dupieux Sortie le 11 juillet
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CINÉMA
LA SÉRIE DU MOIS : CA STLE ROCK
Les œuvres du maître de l’horreur Stephen King font régulièrement l’objet d’adaptations plus ou moins réussies (le culte Misery à contrario du récent flop La Tour Sombre). Tout porte à croire que Castle Rock, série d’anthologie produite par J.J Abrams et King himself se dirige davantage vers une franche réussite. Le pitch ? Avocat pour condamnés à mort, Henry est contraint de revenir au sein de sa ville natale qu’il a quittée suite à la mort de son père, car un étrange prisonnier souhaite lui révéler de bien sombres secrets. Le moins que l’on puisse dire c’est que la distribution est à la hauteur de l’évènement : André Holland (American Horror Story), Bill Skarsgård (Ça), Sissy Spacek (Carrie), Jane Levy (Evil Dead) ou encore Terry O’Quinn (Lost) seront au cœur de l’intrigue. On en frémit déjà... d’impatience ! Castle Rock De Dustin Thomason et Sam Shaw Dès le 25 juillet sur Hulu
NIFFF 2018
Afin de fêter comme il se doit sa majorité, le Festival du Film Fantastique de Neuchâtel nous gratifie d’une programmation ciné d’exception. Outre la présentation en première mondiale du 5ème Cavalier en ouverture des festivités, la cérémonie continuera de plus belle avec la projection d’une myriade éclectique de longs-métrages en compétition. Parmi ceux-ci, Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, avec lequel le natif du Michigan compte bien nous remuer les méninges une seconde fois après le troublant It Follows. Ayant tétanisé avec succès les foules des salles obscures outre-Atlantique, Hereditary d’Ari Aster sera également de la partie. Climax, cinquième œuvre (tout aussi controversée que les précédentes) de Gaspar Noé côtoiera l’oppressant Cutterhead, du danois Rasmus Kloster Bro. Il est fort probable que l’on n’entende pas une mouche voler lorsque le président du jury, David Cronenberg, décernera le fameux prix Narcisse à l’heureux élu. NIFFF 2018 Du 6 au 14 juillet Neuchâtel www.nifff.ch
Go Out! magazine
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EXPOS ET CONFÉRENCES
JUSQU’AU 27 JUILLET SWITZERART GALLERY
HINDLEY WIST
Rue de l'Est 8 | 1207 Genève Tél. 022 547 66 47
Musicien dès l’âge de 8 ans, Hindley Wist déploie ses talents de compositeur autodidacte jusqu’à ses 30 ans lorsqu’il souhaite créer son propre projet musical. Après plusieurs essais de compositions, à la recherche de sa touche personnelle, Hindley ne trouve pas la cohérence recherchée. Frustré, il prend une boite de pastels appartenant à son amie et dessine une série de portraits relativement abstraits. L’artiste se lance dès lors à corps perdu dans ce nouveau mode d’expression. A travers la peinture acrylique et les craies grasses, des visages et des personnages apparaissent sur ses toiles. La peinture s’impose comme le vecteur le plus simple, le plus direct, pour décrire ses émotions alors qu’il n’en connait pas la technique. En deux ans, Hindley Wist créé une soixantaine de tableaux de différents formats et s’illustre avec plus de 500 dessins. La plupart de ses créations sont souvent des autoportraits, ainsi que des situations vécues ou aperçues dans la vie quotidienne. Cette touche personnelle tant recherchée dans la musique prend vie dès lors dans la peinture.
JUSQU’AU 22 SEPTEMBRE ARTDYNASTY GENEVA
NATURE
Grand-Rue 23 | 1204 Genève Tél. 022 310 21 03 | info@artdynasty.ch
ArtDynasty Geneva présente « wNature » avec les artistes Mireille Fulpius et Christina Oiticica. La première est née à Rio de Janeiro en 1951, y a vécu, jusqu’en 2003 lorsque, suite à plusieurs voyages en Europe, elle décide de vivre entre la France et Rio, afin d’être encore plus en contact avec la nature. Femme du célèbre écrivain Paulo Coelho, elle travaille en osmose avec l’environnement naturel. A travers ses oeuvres, elle souhaite représenter l’instant présent, ses sensations face à la société. Quant à Mireille Fulpius, c’est une artiste plasticienne suisse, née à Genève en 1951.Depuis toujours, elle entretient un rapport extrêmement fort avec la nature. La galerie ArtDynasty Geneva expose ses sculptures sur bois représentant l’essentiel de son activité artistique, mais aussi des encres sur papier.
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EXPOS ET CONFÉRENCES
DU 30 JUIN AU 22 SEPTEMBRE VILLA DU PARC CENTRE D’ART CONTEMPORAIN
POURQUOI JE SUIS TOUT BLEU
La Villa du Parc propose durant l’été la première exposition personnelle dans une institution française de Nadira Husain (1980), artiste française d’origine indienne installée à Berlin. Inspirée par les associations flottantes et inattendues que favorisent l’enfance et la rêverie, Nadira Husain mixe dans sa pratique picturale des motifs et des techniques issus des cultures traditionnelles indiennes et populaires occidentales avec lesquelles elle a grandi. Elle crée des peintures polyphoniques et hybrides où s’exprime dans l’entremêlement des lignes une diversité de références traitées sans hiérarchie et sans centre. Les dimensions domestiques, ornementales et spatiales se conjuguent à une approche féministe des sujets et des stratégies de représentation. Elle investit la Villa du Parc dans un lointain écho à sa maison de famille d’Hyderabad, en imaginant un parcours foisonnant où peintures de femmes puissantes et de créatures composites se déploient joyeusement dans l’espace et y disséminent leur potentiel politique de transformation.
Parc Montessuit 12 rue de genève | 74100 Annemasse Tél. +33(0) 450 388 461 | www.villaduparc.org
JUSQU’AU 14 OCTOBRE MUSÉE DES BEAUX-ARTS LE LOCLE
TRIENNALE DE L’ART IMPRIMÉ CONTEMPORAIN
MARIE-ANNE-CALAME 6 | 2400 LE LOCLE TÉL. 032 933 89 50 | www.mbal.ch
Après un printemps photographique, l’été sera consacré à l’estampe contemporaine avec une nouvelle édition de la Triennale de l’art imprimé contemporain qui réunira des artistes du monde entier. Largement présente dans les collections, la gravure fait partie de l’ADN du Musée des beaux-arts Le Locle (MBAL.) Résolument tourné vers la diversité du champ de l’art imprimé contemporain et des nouveaux territoires de la création, le musée s’intéresse dans cette exposition aux ateliers d’impression et éditeurs. En effet, c’est grâce au savoir-faire de ces lieux et à leur passion que nombre d’artistes ont l’occasion de produire des éditions et d’expérimenter de nouvelles techniques d’impression, de nouveaux supports, papiers et encres. A l’occasion de la 9e édition de la Triennale de l’art imprimé contemporain, le MBAL a ainsi invité trois des plus grands imprimeurs / éditeurs internationaux à présenter une sélection d’œuvres réalisées par des artistes venus dans leurs ateliers : STPI – Creative Workshop Gallery, Niels Borch Jensen, fondateur de Borch Editions et l’atelier Crown Point Press.
©Matt Saunders, Annie Sleeping II (Menschen am Sonntag), 2015. Courtesy Matt Saunders and Niels Borch Jensen Gallery & Editions, Berlin Copenhagen Go Out! magazine
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CLASSIQUE
DU 6 JUILLET AU 22 AOÛT DIVERS LIEUX
MUSIQUES EN ÉTÉ
www.ville-ge.ch/culture/musiques
Ceux qui ont souffert de la foule et de la chaleur lors de la fête de la musique n’ont rien à craindre, une nouvelle édition de Musiques en été leur permettra de se rattraper. Le festival s’ouvre le 6 juillet avec un concert de jazz donné par des musiciens de l’OSR à la scène Ella Fitzgerald du parc La Grange. Les grands acteurs classiques locaux marqueront le programme des semaines suivantes, avec notamment le célèbre pianiste Nelson Goerner qui se produira en récital sur Schubert, Brahms et Debussy. Nous retrouverons également la formation Gli Angeli de Stephan MacLeod dans des cantates profanes de Bach, ainsi que la Cappella Mediterranea, dirigée par Leonardo García Alarcón, qui interprétera des extraits de Monteverdi. Pour les plus éclectiques, le festival propose même un programme de jazz et de musiques actuelles, ainsi qu’une soirée de fête nationale au parc La Grange au rythme du swing de Gypsie Planet. Rendez-vous quasi quotidiens du 6 juillet au 22 août, à l’Alhambra, à la scène Ella Fitzgerald et au Victoria Hall.
DU 14 JUILLET AU 18 AOÛT EGLISE ET SALLE COMMUNALE
PUPLINGE CLASSIQUE FESTIVAL 2018
Tél. 022 566 21 17 | info@puplinge-classique.ch www.puplinge-classique.ch
Le Puplinge Classique Festival 2018 revient pour sa neuvième édition mettre à l’honneur la musique classique mais pas seulement ! Intitulé cette année « Métissages » la manifestation se dévoile ouverte aux influences multiples de cultures musicales issues des répertoires les plus éclectiques, de la musique médiévale au jazz et des rythmes folkloriques arméniens au tango argentin. La programmation met à l’affiche, durant cinq semaines, douze concerts donnés par douze ensembles instrumentaux différents. Des pièces musicales qui racontent près d’un millénaire de styles musicaux aussi divers que la musique de chambre, le jazz, le chant, le lyrisme russe ou le grand répertoire viennois. L’on retrouvera les soirées « Klangwerkstatt » dont l’originalité et la qualité ont donné au festival cette couleur si particulière.
©François-Xavier Poizat
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CLASSIQUE
DU 13 JUILLET AU 1ER SEPTEMBRE www.gstaadmenuhinfestival.ch
GSTAAD MENUHIN FESTIVAL
Quoi de mieux que la montagne chic et décontractée pour faire le plein de notes ? La 62ème édition du Menuhin Festival se tiendra du 13 juillet au 1er septembre à Gstaad, fidèle à la coutume d’un programme long et dense pour satisfaire tous les tympans à n’importe quel moment de l’été. Placé sous le thème des Alpes et de l’infinie beauté de leurs paysages, ce cru est ponctué de grands moments. Le concert d’ouverture présentera les Quatre saisons de Vivaldi pour introduire ce thème de la nature. Les excellents Janine Jansen et Alexander Gavrylyuk s’uniront pour interpréter un éventail d’œuvres composées à Thoune par Brahms, Franck et Clara Schumann, alors que l’inimitable ténor Jonas Kaufmann rejoindra l’orchestre maison du festival pour un concert de gala traitant de Wagner sur la montagne. Le palmarès de grands interprètes comptera un certain nombre de dates à agender d’urgence, avec des occasions de vibrer au son d’András Schiff, Sol Gabetta, The King’s Singers, Hélène Grimaud ou encore Daniil Trifonov. Bel été en perspective !
Tendance Vintage commerçant en vins, organisation de dégustations à domicile et d’événement privés.
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THÉÂTRE
LE 15 AOÛT SUR L'ESPLANADE DU PARC DE LA MAIRIE D’ONEX
MAMMATUS ous êtes surmenés, vous êtes fatigués de voir les autres sur Facebook partir en vacances à votre place. Vous n’en pouvez plus de voir votre batterie se décharger chaque jour. Votre téléphone date d’il y a plus de 3 mois et vous ne l’assumez pas. Votre temps aux toilettes a été multiplié par 4 depuis que vous avez What’s App. Ne paniquez pas la compagnie Pepper-Choc a la solution. C’est avec humour et dérision que Mammatus, entreprise de protection et de destruction, mets en lumière les multiples facettes du smartphone, laissant à réfléchir sur nos habitudes sans pour autant tomber dans un discours moralisateur. Entrée libre.
Ch. Charles-Borgeaud 27 | 1213 Onex Tél. 079 357 72 67 cpepperchoc@gmail.com
DU 31 AOÛT AU 3 SEPTEMBRE THÉÂTRE DU LOUP
HATE DE LAETITIA DOSCH Avec HATE, la Franco-Suisse Laetitia Dosch explore la relation à l’autre: l’animal bien sûr, mais aussi l'étranger, l'enfant, la nature, la femme surtout, tous ces autres qu'une mystérieuse pulsion humaine nous pousse a détruire lorsqu'on les aime, et peut-être parce qu'on les aime trop. Un conte poétique qui questionne l’égalité entre les êtres, plutôt malin par les temps qui courent ! Avertissement : certains propos peuvent choquer la sensibilité des spectateurs.
Chemin de la Gravière 10 | 1227 Genève Tél. 022 738 19 19 | www.batie.ch billetterie@batie.ch
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THÉÂTRE/DANSE
LES 1ER ET 2 SEPTEMBRE THÉÂTRE SAINT-GERVAIS
HULUL Vous vous souvenez d’Hulul, hibou sage et naïf qui s’interroge sur tout ? Ce petit personnage poète de la littérature jeunesse inventé par Arnold Lobel, est aujourd’hui adapté à la scène par Aurélien Patouillard. Nous voilà face à la maison de notre attachant héros ; Hulul va bientôt aller au lit, mais comme nous sommes là, il décide de partager son quotidien, ses fantaisies et ses questionnements existentiels et éminemment poétiques : la lune me regarde-t-elle ? Que se passe-t-il en bas quand je suis en haut ? L’hiver voudrait-il entrer se réchauffer? Petits et grands suivent d’un œil intrigué et attendri les aventures délicates et rocambolesques de ce personnage espiègle qui ne craint ni l’ennui ni le temps qui passe, ici interprété par la malicieuse Marion Duval. Un petit bijou d’inventivité et de douceur.
Rue du Temple 5 | 1201 Genève www.batie.ch billetterie@batie.ch
DU 31 AOÛT AU 2 SEPTEMBRE ADC
RULE OF THREE Avec une quinzaine de créations à son actif, Jan Martens file à toute allure et colle avec chacun de ses spectacles – dont son dernier en date, Rule of Three – le public au plafond. Ici, trois danseurs sont ensorcelés par un percussionniste obsessionnel, l’énergique NAH : sa musique nerveuse et fracassante guide les mouvements des excellents interprètes qui martèlent le sol, chaloupent le bassin, se meuvent de manière rigoureuse et rythmée, puis répétitive jusqu’à l’envoûtement. Avec Rule of Three, le Flamand capte la structure mentale de notre époque frénétique: étourdie, dans un zapping perpétuel et incapable de se concentrer. Musique et mouvements coïncident de manière stupéfiante et quand soudain le silence éclate et que les corps se dénudent, l’isolement et la virtuosité cèdent la place à la tendresse et la fragilité. Une vraie claque.
Rue des Eaux-Vives 82-84 | 1207 Genève adc-geneve.ch | Tél. 022 320 06 06
Go Out! magazine
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LIVE
DU 19 AU 22 JUILLET GUITARE EN SCÈNE Pour sa 12ème édition, le festival Guitare en Scène, monté par un groupe d’amis qui fait la part belle à l’instrument emblématique du rock, met une fois de plus la barre très haut avec son affiche de rêve : l’intemporel Sting, les enragés Black Rebel Motorcycle Club ou encore le virtuose Joe Satriani illumineront de leur charismatique présence la grande scène du chapiteau, parmi tant d’autres musiciens. Du point de vue du nombres de spectateurs (5000), le festival présente des dimensions modérées, contrairement à la grandeur de la programmation: cela rend l’interaction entre le public et les artistes d’autant plus forte et précieuse, une volonté assumée par les organisateurs. Souhaitant également mettre en avant les jeunes talents, ceux-ci ont monté un tremplin qui permet aux groupes sélectionnés une visibilité et des sensations sans pareil. Le festival organise aussi des masterclasses, offrant l’occasion à des passionnés de guitare (et de basse) de bénéficier de l’expérience de professeurs émérites. En somme, un événement qui résonne comme une ode à ces pincements de cordes, infinies sources d’émotions.
Stade des Burgondes | Avenue Napoleon III 74160 Saint-Julien-en-Genevois, France
DU 2 AU 5 AOÛT PARC RIGOT
JUMP UP FESTIVAL Après une géniale première édition en 2017, le Jump Up festival revient prendre ses quartiers au sein du parc Rigot, dans l’habituellement bien peu animé quartier des Nations – et ce toujours gratuitement. L’an dernier, les heureux festivaliers précurseurs avaient pu notamment admirer l’art des jeux de mots pratiqué avec brio par Kacem Wapalek ou encore le show survitaminé de L’Entourloop. Pour cette deuxième mouture, l’événement qui se veut multiculturel, inter-générationnel et solidaire s’étale sur quatre jours et convie des artistes représentant le hip hop, le reggae et le rock-fusion ainsi que dans une vibe plus all styles en soirée d’ouverture. Ainsi, le public pourra découvrir les prestations survoltées du Gypsy Sound System, les sonorités internationales bercées de rythmes colombiens de Chiva Gantiva, la voix atypique de Vanupié, les textes du rappeur genevois Geule Blansh ou encore ceux du Jurassien Sim’s, parmi beaucoup d’autres. Le tout dans une atmosphère bon enfant que l’on se réjouit de retrouver d’ores et déjà d’été en été.
Chemin Eugène-Rigot | 1202 Genève www.jumpupfest.ch
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LIVE
LES 24 ET 25 AOÛT OCTOPODE FESTIVAL Le festival meyrinois sort une septième tentacule de son aquarium et nous invite une fois encore à venir apprécier – gratuitement, et on peine à le croire – les concerts de grands noms du métal, du reggae et des genres apparentés. Voyez seulement ce bref aperçu de la prog: le légendaire et désormais cinquantenaire groupe jamaïcain The Skatalites, véritable pionnier du ska, partage l’affiche avec Alborosie et son Shengen Clan. Le reggaeman italien, qui vit à Kingston depuis près de vingt ans et est signé sur le label de Bob Marley, est probablement l’un des rares non natifs de l’île à être parvenu à une telle reconnaissance de ses pairs et internationale. Côté scène métal, il sera question d’apprécier le folk métal d’inspiration viking des Finlandais d’Ensiferum et de faire honneur à Samael, chantres du black métal made in Switzerland. Et de toute évidence, les Genevois de Bak XIII nous feront jumper grâce à leur EBM à la teinte métallique et aux accents de punk. Comme à l’accoutumée, une armada de bénévoles de choc, l’Octocrew, gèrera ce festival tentaculairement cool.
Rue de la Campagne Charnaux 1217 Meyrin-Village octopode.ch
DU 1ER AU 26 AOÛT BAINS DES PÂQUIS
AUBES MUSICALES Pour le plus grand bonheur des lève-tôt et des couchetrès-tard, les Aubes musicales promettent de donner du rythme aux levers de l’astre du jour durant presque tout le mois d’août. En effet, après une pause en 2017 dédiée à se réinventer (car décrit comme « victime de son succès » par ses organisateurs), le festival né dix ans plus tôt revient faire office de salut au soleil genevois. Dans le cadre bucolique des Bains des Pâquis, il sera donc question de profiter de toutes sortes de sonorités tout en entament sa matinée ou terminant sa nuit de la plus belle des façons, avec le soleil pointant sur l’horizon et inondant le lac Léman de ses rayons, dans une atmosphère bercée de la langueur d’un jour nouveau. A l’heure où nous mettons sous presse, la programmation n’est pas encore dévoilée, mais nul doute qu’elle saura satisfaire tous les amoureux de musique qui voudront profiter d’une parenthèse enchantée, hors du temps.
30, quai du Mont-Blanc | 1201 Genève www.bains-des-paquis.ch DE 6H À 7H DU MATIN
Go Out! magazine
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AILLEURS
DU 1ER AU 15 JUILLET
NYON BENGA, UN KALÉIDOSCOPE KÉNYAN Du 1er au 15 juillet 2018, la salle d’exposition EEEEH! à Nyon accueille le collectif Hapax 21 qui a invité Flee pour une résidence aux multiples facettes. Axée sur la musique Benga, genre musical kenyan emblématique des années 1970, cette sortie composée d'un vinyle et d'un magazine sérigraphié se propose d'ériger des ponts entre cultures dans un monde de plus en plus global. En faisant interagir des artistes contemporains avec un genre tombé en désuétude et en revisitant l'iconographie propre du genre tout en posant un certain nombre de questions sur la légitimité de sa propre démarche, Flee propose un bien culturel total. "Benga, un kaléidoscope kenyan" pousse cette logique plus loin encore en proposant une exposition permanente, un cycle de conférences, des ateliers thématiques ainsi que des animations sonores ne se complaisant pas dans la nostalgie qui trop souvent entoure les musiques oubliées.
Espace EEEEH! La Grenette | 2, place du Marché. 1260 Nyon www.eeeeh.ch
JUSQU’AU 23 JUILLET
LENS, FRANCE L’EMPIRE DES ROSES CHEFS-D’ŒUVRE D’ART PERSAN DU XIXÈME L’Orient, L’Iran, la rose. De 1786 à 1925, la dynastie Qajar règne fastueusement et fascine par le raffinement de ses arts décoratifs – mention à l’usage emblématique de la rose. Le musée du Louvre-Lens offre la première rétrospective européenne uniquement consacrée à l’art de cette dynastie qui s’ouvre davantage à l’Occident et à la modernité tout en conservant son esprit persan propre. L’art Qajar est avant tout un art de monstration du pouvoir – un art royal. Réalisées pour le shah par des artistes de cour, les œuvres sont jalousement gardées dans les palais dont, aujourd’hui encore, l’univers calfeutré est parfois difficile d’accès. Mais les prêts d’institutions, publiques et privées, occidentales comme orientales, et plus particulièrement de musées iraniens, ont permis d’étoffer cette riche exposition qui présente peintures, bijoux, tapis, costumes et autres armes d’apparat dans une mise en scène immersive signée Christian Lacroix.
Musée du Louvre-Lens 99, rue Paul Bert | 62300 Lens, France www.louvrelens.fr
Binding decorated with flowers and birds, Iran, ca.17801820 ©Musée du Louvre, dist. RMN-GP/Hughes Dubois Juillet-août 2018
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AILLEURS
DU 1ER AU 11 AOÛT
LOCARNO FESTIVAL DE LOCARNO Hier dans les jardins du Grand-Hotel de Locarno, aujourd'hui dans le décor de la Piazza Grande ; le Locarno Film Festival est une aventure formidable qui voyait le jour en 1946 avec une projection de « O Sole Mio » (Giacomo Gentilomo). Le Locarno Festival s’est forgé une place à part dans le paysage des grands festivals de cinéma. Chaque été, Locarno devient la capitale mondiale du cinéma d’auteur. Des miliers de cinéphiles et de professionels y convergent afin d’assouvir et de partager leur passion pour le cinéma dans toute se diversité. Cette année, la manifestation célèbre sa 71ème édition. Encore quelques jours de patience seront nécessaire pour découvrir le programme, le 11 juillet prochain !
www.locarnofestival.ch
DU 17 AOÛT AU 2 SEPTEMBRE
MEGÈVE FESTIVAL SAVOY TRUFFLE Megève accueillera cet été pendant 17 jours le Megève Festival Savoy Truffle, un nouveau festival pluridisciplinaire mettant en valeur la Savoie, son héritage culturel et ses artistes. Avec environ 70 évènements de musique classique, jazz et pop, de films, de littérature, de débats et de théâtre jeunesse interprétés à la fois par des virtuoses de renommée internationale mais aussi par des artistes régionaux, le festival propose une offre variée tant au niveau des disciplines que du programme artistique avec notamment des stars internationales et régionales à l’image d’Eric-Emmanuel Schmitt, Renaud Capuçon, Jennifer Larmore, Xavier de Maistre, Alain Carré, Sylvain Saudan, Uri Caine, les quatuors à cordes Arditti, Ebène et Szymanowski ainsi que Les Musiciens du Louvre, l´Orchestre Symphonique des Alpes, l´Orchestre des pays de Savoie et l´Orchestre d´Accordéons de Savoie.
info@SavoyTruffle.fr www.savoytruffle.fr
Renaud Capucon
Go Out! magazine
MEGÈVE
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