Go Out! magazine n°71 mai 2019

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N°71 mai 19

LE MAGAZINE CULTUREL GENEVOIS

info@gooutmag.ch - www.gooutmag.ch


Design: Saentys - Illustration: © Carll Cneut

Il y a une belle jeune fille, courtoise et charmante, qui rêve. Quand elle ne rêve pas, elle vit avec appétit. Parfois, quand la lumière fait envie, elle réclame une promenade dans les collines ; à l’ombre des chênes noirs et des châtaigniers, elle s’assoit et trouve la vie pleine. Ce matin, elle ne tient plus en place. Le soleil est si haut dans le ciel qu’il faut qu’elle sorte, il faut qu’elle coure. Pourquoi pas, disent ses servantes. Et elles l’accompagnent. Quelle belle journée, vraiment. Du grand air ! Ensemble, elles partent vers les collines. Elles se sentent légères. Elles plaisantent sous des vêtements trop lourds pour la saison. -C’est pas possible ! Enlevez-moi ces frusques ! Voilà. Comme ça, gilet sur le coude. En avant, Mesdames ! Elles marchent dans un silence habité de mille voix. Les servantes voudraient s’arrêter là, mais la belle jeune fille demande à monter encore. Elles atteignent, haletantes, une clairière. Quelle folie, quelle ivresse, quelle merveille ! se dit la belle jeune fille. Et là, là, dans les fleurs, aïe ! Elle tombe sur un ours. Un ours gigantesque, qui surgit de nulle part. Bon sang, quel ours prodigieux ! Elles vont toutes mourir, c’est certain. Mais l’ours a sa préférence. Il pose son œil avec insistance sur la belle jeune fille, qui n’en mène pas large. L’ours la fixe, s’approche et saisit la belle dans ses grosses pattes. Il la soulève du sol pour la presser contre sa fourrure, il veut la renifler de plus près, il veut l’emmener, il veut l’enlever ... Dressé sur ses pattes arrière, il la dérobe et disparaît, dans la forêt épaisse. Dans sa grotte, avec précaution, l’ours dépose la belle jeune fille dans la pénombre. C’est modeste, mais bien tenu. Quelqu’un parle, pourtant personne ne parle. La parole prend l’apparence du silence. Ou l’inverse. Ils sont bien. Il la déchausse. Elle se laisse faire. Elle est heureuse. Sur ses pieds fins et blancs, il pose sa langue muette d’ours amoureux. On dit qu’au matin, le sortilège perdura et le réveil fut doux dans les bras de l’ours. On dit qu’elle vécut heureuse dans la grotte, des mois durant. On dit qu’après neuf mois, elle donna naissance à un garçon extraordinaire qui devint un homme grand et fort. Il parlait peu et vivait dans les bois, sous les étoiles qui chantent l’amour de ses parents.

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LA FABRIQUE DES CONTES Exposition temporaire Du 17 mai 2019 au 5 janvier 2020

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Grande ouverture du rayon enfants Samedi 11 mai 2019, de 9 h à 18 h au 3e étage Venez découvrir notre nouveau rayon dédié à la mode enfants ainsi que profiter des animations qui plairont autant aux petits qu’aux grands! Nous nous réjouissons de votre venue. GLOBUS Genève Rue du Rhône 48 1204 Genève


ÉDITO Saison bucolique en perspective pour cette édition dans laquelle on a décidé de mettre en exergue un lieu rassemblant toutes les inclination de Go Out! : La Villa La Coste. Hôtel viticole enlacé de culture - dotée d’une nuée d’oeuvres d’art, monuments architecturaux et d’expositions éphémères, d’une programmation musicale et cinéma, une offre gastronomique et des activités bien-être et sportives, cette destination revendiquant une esthétique moderne et avant-gardiste la distingue de tout ce que nous avions jamais vu et testé auparavant! Logique qu’elle pare notre cover de son imposante installation signée Louise Bourgeois. Cette araignée qui baigne aux portes du centre d’art du Château La Coste et comme un symbole de ce lien tissé entre les diverses disciplines réunies dans le domaine et communes à notre magazine. Avis à nos lecteurs hédonistes esthètes en quête d’une parenthèse enchanteresse à seulement 300 km de Genève! A Genève, le bourgeonnement se poursuit et on file volontiers faire une virée au Printemps Carougeois pour y découvrir sa luxuriante programmation nous conviant à butiner entre théâtre, cinéma, danse, installations artistiques, brunch et autres ateliers et expériences, le tout nimbé d’une aura verte puisque la nature fait cette année office de thématique névralgique! On manquera pas d’aller guigner la nouvelle exposition au Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHN) qui sort ses griffes, ses dents et toute une panoplie de stratégies pour croquer et décortiquer ce qui se trame sous la notion de prédation. A la galerie de Jonckheere, on y expose de sublimes œuvres des XVIème et XVIIème siècles sous le prisme de la relation de couple et à Corseaux. Et côté Quartier des Bains, la mousson printanière s’apprête à s’abattre sur les galeries avec un vernissage commun agencé le 16 mai prochain!

A vous de jeter vos clés, sortir et ne plus rentrer!

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Mina Sidi Ali



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ARCHITECTURE

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FESTIVAL

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THÉATRE

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FESTIVAL

EN COUVERTURE

© MAMAN . LOUISE BOURGEOIS

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VILLA LA COSTE.

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LE MAGAZINE CULTUREL GENEVOIS

HOTSPOTS 55.

THÉÂTRE

CLASSIQUE

29.

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52.

59.

VINS

COUP DE FOOD 64. 67.

70.

BIJOUX SPORT

77. 82.

TRIP

TECH'

RDV PRIS

85n 97

EXPO, CLASSIQUE, THÉÂTRE, DANSE, CINÉMA, LIVE, AILLEURS

Crédits photos : À gauche : Des roses à salade Au centre : Château La Coste Chambre Intérieure © Richard Haughton À droite : © Comédie de Genève DR

COSMÉTIQUE

IMPRESSUM

Rédacteurs Quentin Arnoux, Aurore de

Editeur Association Go Out !

Granier, François Graz, Pierre-Emmanuel Fehr,

Directrice de la publication

Rayane M’Zouri, Ameidie Terumalai,

Mina Sidi Ali • mina@gooutmag.ch

Marie Dubois

Adjoint à la rédaction

Stagiaire Aurore de Granier

Vincent Magnenat

Coordination de production

Cheffe d'édition Nyata Natalie Riad

Musumeci S.p.A., Quart (AO)

Graphiste Gharib M'Zouri Resp. rubrique art contemporain

CONTACTS

Quentin Arnoux

info@gooutmag.ch

Resp. rubrique théâtre

www.gooutmag.ch

info@gooutmag.ch - www.gooutmag.ch

Ameidie Terumalai

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HÔTEL

LIVRES

STAY COOL

ART/EXPO

24.

EN FAMILLE 48.

COUPS DE CŒUR, COUPS DE GRIFFE

CULTURE

MODE

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IMAGE DU MOIS L'ENDROIT

73.

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IMAGE DU MOIS

BLACK BEAUTY. DE KOTO BOLOFO.

Tirée du CORPS de Nathalie Herschdorfer, Directrice du Musée des Beaux-Arts le Locle (MBAL). Panorama de la photographie contemporaine du corps humain. Disponible en français (Fonds Mercator), anglais (Thames & Hudson) et italien (Giulio Einaudi editore). Photograph © 2008 Koto Bolofo. Courtesy Kahmann Gallery, Amsterdam . Page 258

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HIGHLIGHT

L'ENDROIT PAR VINCENT M AGNENAT

© 105 Voisins

Concernant les exposants, outre la dose de stands de vide-dressing dont celui de l’Endroit, les espadrilles d’AOKAS, les maillots imprimés de Alizzotop, les broderies de Vfedler et les créations de Baba Studio, on commence avec la bijouterie et les stands de ELI-O Jewellery et son style épuré-martelé, Les Bijoux de Anne (sic) qui se positionne dans l’art nouveau 2.0 et LUZ Biojoias pour approche brut-bohème. Rayon apprêtement, Belle Luce tire la bourre à Archipel Store (qui fait aussi de la céramique) avec la Touche Finale pour les sourcils et la Chambre Jaune pour les ongles. Pour égayer son troispièces, on a les bougies des Petits Faiseurs, les produits maison d’Ecolabo (qui font aussi du cosmétique) et les plantes Ultra Violettes de Francis (à clarifier). Last but not least, Ôcave avec du pinard chan-mé, Kahna Queen pour de la CBD très respectable, Angharad's World en maroquinerie locale et Patate Créations pour des poches à tabac de l’enfer.

MARCHE À L'ENDROIT, DANSE À L'ENVERS - L'ENDROIT#2

Les chantiers du PAV sont encore de la musique d’avenir que certains n’ont attendu personne pour investir et transformer la future ancienne zone artisanale en lieux résolument post-modernes. L’entreprise de coworking Voisins en fait résolument partie. Son nom est d’ailleurs tiré de la rue éponyme croisant la rue des Sources à Plainpalais, c’est de là qu’est parti l’élan qui en est avec le 105 à son troisième espace (le quatrième est embusqué pour le mois de juin). Coworking certes, mais pas que : 105 Voisins dispose de grands espaces, d’une terrasse rooftop avec un bar et de la musique. Or, cette fois c’est l’Endroit qui revient pour la deuxième édition de son marché éphémère. Vu l’espace, l’Endroit a vu large, avec des stands sur trois étages, les terrasse suspendues avec des grillades et un bar à cocktails, et la teuf pour se mettre sur le toit, même si on y était déjà. La grande Marina Rollman sera présente pour faire des calembours de qualité également. Donc le samedi on peut chiner, se la coller, aller se reposer et revenir chiner un coup.

Marche à l’Endroit, danse à l’envers - L’Endroit #2 Marché éphémère Samedi 11 mai : 11h -> bout de la night Dimanche 12 mai : 11h -> 17h Entrée 5CHF L’Endroit @ 105 Voisins Route des Jeunes 105A - 1227 Carouge 022 342 34 56 voisins.ch

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HERMÈS

coups de c�ur d'hermès

L’App Net’Léman

© Chachou

L’APP NET’LÉM AN

GARE À GHARIB !

Qu’on soit clair, les chats ont une conscience écolo! Du coup, nous les matous, on ne comprend pas le gaspillage et les déchets que les humains balancent sans foi, ni loi dans le lac! Avec toutes les poubelles qui existent en ville, pourquoi commettre autant d’attentats contre mère nature? Faudra nous expliquer un jour, car si entre chats on n’apprécie commettre des forfaits, il y a toujours derrière une raison totalement légitime mais jamais nuisible pour la nature. On lève la patte pour la nouvelle application Net’Léman crée par l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL), qui a déjà permis depuis 2005 de soulager le lac de plus de 100'000 kilos de déchets. L'ASL souhaite depuis lancer l’application Net’Léman et un kit de nettoyage, afin de faciliter le passage à l’action et permettre de récolter des données sur la provenance des déchets. Un financement participatif via la plateforme SIG Impact a démarré le 29 avril pour permettre de concrétiser ce projet lémanique.

Fraichement débarqué du sud de la France, ce matou au caractère doux reprend les rênes du graphisme chez Go Out! J’espère que j’arriverai davantage à le mener à la croquette que les derniers félins qui n’acceptaient pas d’afficher mon portrait royal à chaque page du magazine! Designer diplômé de l’ESADSE et de l’École Supérieure d’Art de Limoges, j’ai scruté son site pour mieux l’appréhender. Ses oeuvres s’intéressent et questionnent la part narrative et sociale contenue dans les objets de notre quotidien. Je vais donc lui demander son avis sur le dynamisme quelque peu foireux des bols de terrine qui ne permettent pas toujours de lécher le dernier recoin de sauce restant. Frustrant ou non? Légitime ou pas? Ce chat perché a intérêt à m’apporter des réponses rapidement et surtout à repenser tout l’utilitaire www.gharibmzouri.fr/

www.sig-impact.ch/projets/app-net-leman

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MISHIMA

coups de griffe de mishima

HÉCATOMBE D ’HEX APODES

Je l’avoue du bout du museau, il m’arrive parfois de chasser un papillon ou une mouche qui se la ramènerait un peu trop près de mes moustaches. Mais ces anecdotiques insecticides n’ont pas la moindre influence sur l’ensemble de leur clique à six pattes, alors que le massacre auquel vous, damnés bipèdes, prenez part, est purement impardonnable ! Vous ne le savez probablement même pas, mais les trois quarts des effectifs d’insectes ont disparu de par le monde ces trente dernières années, et une énorme proportion des espèces survivantes est menacée, y compris en Suisse. Nigauds que vous êtes, vous ne © Alberto Ghizzi Panizza Biosphoto comprenez pas que sans abeilles, papillons et autres coléoptères, vous êtes voués à disparaître aussi (et qui m’achètera des croquettes et me grattera la nuque à ce moment, hein ?). Heureusement, chez mes copains de ProNatura on se remue l’arrière-train, et ils lancent une campagne « Ensemble contre la disparition des insectes ». Donc on fait comme ils le disent, et on miaule à tue-tête stop aux pesticides, au déboisement et à la pollution lumineuse à outrance, et on fait tout pour encourager des milieux naturels aussi accueillants pour les insectes que le pull en mohair préféré de ma maîtresse l’est pour moi. En plus, cela favorisera la pollinisation – si vous voulez continuer à manger, c’est genre assez indispensable – et les petites bestioles pourront continuer à recycler les matières organiques mortes (oui, ce sont aussi des magiciens, capables de transformer de la bouse en humus, alors show some respect). Et puis, moi je ne l’oublie pas, magnanime que je suis, les insectes servent de nourritures à pas mal de chauves-souris, poissons, batraciens ou oiseaux par exemple. Or, il s’avère que j’adooore guetter les piafs sur le bord de la fenêtre, alors soyez sympas, si vous n’arrivez pas à avoir d’empathie pour les insectes ou les générations futures de votre satanée espèce, pensez-donc à moi ! pronatura.ch

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—HEAD Genève

MAIA Master en Architecture d’intérieur

Nouvelle formation unique en Suisse Ouverture septembre 2019 www.head-geneve.ch

#LOOSLAB, © Photo HEAD – Genève, Baptiste Coulon Projet récompensé par une mention spéciale du Jury au Designers’ Saturday, Langenthal 2018.


CULTURE

Calix meus inebrians, Guggi © Guggi Andrew Pattman

LA NUIT DES MUSÉES ATELIER DE GRANDI LES ATHÉNÉENNES MAH HEAD MAI AU PARC PRINTEMPS CAROUGEOIS GALERIE DE JONCKHEERE MAPPING FESTIVAL AGAPÉ

NOUVELLE COLLECTION THÉÂTRE LE CRÈVE-COEUR

FESTIVAL DU ROSEY MHN

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Boulez dirigé Jeudi 23.05.2019, 20h Studio Ernest-Ansermet, Genève Pierre Boulez Fernando Garnero Ensemble Contrechamps Michael Wendeberg direction

BaseGVA, www.basedesign.com

Contrechamps Musique contemporaine

18h45 Avant-concert Conférence de Philippe Albèra, suivie d’une verrée.

par son pianiste

L’œuvre de Fernando Garnero est une commande de Contrechamps / Avec le soutien de la Fondation Coromandel / Avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture / En collaboration avec le Centre d’électroacoustique de la Haute école de musique de Genève / Avec le soutien de GRAME - Centre national de création musicale

+41 (0)22 329 24 00 www.contrechamps.ch

FONDATION COROMANDEL


ART/EXPO

TOUS EN PROIE AU MUSÉUM ! Par NYATA NATALIE RIAD

© Photo : Philippe Wagneur / Muséum Genève

Pour sa nouvelle grande exposition temporaire intitulée Prédations – à découvrir jusqu’au 19 janvier 2020 – le Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHN) sort les griffes, les dents et toute une panoplie de stratégies pour croquer et décortiquer ce qui se trame sous la notion éponyme. Loin de se limiter à l’iconique scène du grand félin sautant à la gorge d’un malheureux ongulé, ce phénomène biologique complexe s’exprime par une pluralité de facettes (ce que laisse entendre le titre de l’exposition tel qu’orthographié) et joue un rôle de première importance notamment dans l’équilibre des écosystèmes et la dynamique évolutive. Gourmand et intelligent, le Muséum dévore ici cette passionnante thématique scientifique en l’agrémentant aussi de questions sociétales en lien avec notre alimentation d’aujourd’hui… et surtout de demain.

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ART/EXPO

DE QUOI PARLE-T-ON ?

Il s’agit d’un fait, pour être intelligible, toute démonstration se doit de reposer sur des notions bien définies. En l’occurrence, la prédation fait toujours l’objet de débats parmi la communauté scientifique quant à sa définition parfaite, et l’équipe du MHN n’y a pas échappé lors de la préparation de cette nouvelle exposition. Après quelques heures bien animées, ils ont retenu que « la prédation est une relation dans laquelle un animal en tue un autre pour s’en nourrir et ainsi assurer sa survie ». Une maxime affichée bien en vue avant de pénétrer dans l’espace d’exposition proprement dit, et qui laisse donc gentiment à la porte – en tant qu’assaillants pour le moins – les créatures subsistant de charognes ou de végétaux.

© Philippe Wagneur / Muséum de Genève

Museum de Chicago) dépeignant des fosses marines, ou encore en observant de fascinants fossiles originaux ou reconstitués issus des collections du Muséum.

CELLULES À L’ATTAQUE

Avec l’esprit ainsi éclairci, on peut donc s’élancer dans les premières salles de ce dédale de la survie. La première partie de l’exposition remonte très loin dans le temps et raconte les origines de la prédation. Sur une Terre enfin quelque peu apaisée après un chahut formateur de 700 millions d’années appelé Hadéen – ce qui en dit long sur l’ambiance régnant à l’ère prébiotique – le marasme du vivant a pu débuter il y a environ 3,8 milliards d’années. Avec pour premiers représentants des unicellulaires ayant donc la capacité de se reproduire et de se maintenir en vie grâce à l’apport d’énergie. Parmi leurs descendants de plus en plus diversifiés, des cellules ont tiré leur énergie en consommant d’autres cellules, alternative à la photosynthèse ou à l’ingestion de molécules inorganiques. Une genèse de la prédation puis de ses déclinaisons en des temps immémoriaux expliquées au MHN grâce à des supports recouverts de demi-sphères de verre illuminées, sous lesquels se dessinent les contours balbutiants du phénomène, lequel représente une force évolutive qui va rapidement influencer les formes que prend la vie. En avançant dans le musée comme dans la chronologie, on discerne la diversification du vivant et des attributs des prédateurs, notamment par un film de synthèse (créé par le Field

QUI A LA PLUS GROSSE

Une fois ceux-ci observés sous toutes leurs soudures, on s’intéresse aux relations proie-prédateur, lesquelles font intervenir un concept – la coévolution – qui peut être décrit comme une « course aux armements » : certaines mutations génétiques sont sélectionnées parce qu’elles rendent des individus plus efficaces dans leur rôle respectif de proie et de prédateur. Cette notion est illustrée par une reproduction géante d’oreillard brun à l’assaut d’une noctuelle, dont l’évolution du tympan spécial ultrasons a été rendu obsolète par la capacité des chauves-souris à repérer les battements d’ailes des papillons. CATCH ME IF YOU CAN

Il existe moult stratégies pour attraper autrui… ou y échapper. Ainsi, on se saurait se limiter aux sempiternels crocs, griffes et attributs traditionnels des prédateurs dans l’imaginaire collectif, ni à la fuite galopante comme seul moyen de remettre à plus tard un destin funeste. Le MHN propose de découvrir diverses méthodes à l’œuvre dans la nature grâce à des boîtes portant des noms de stratégies (poison, affût, silence, intelligence, multitude, carapace etc.) et qui, une fois ouvertes, révèlent un petit film ou un objet avec l’explication idoine. On y apprend par exemple que l’oppossum d’Amérique simule la mort – avec raideur et odeur putride à l’appui – à l’approche d’un danger, ou que la mouche syrphide, inoffensive, bénéficie de l’aspect néfaste de la guêpe acquis grâce au mimétisme batésien, favorisé dans l’histoire évolutive de cette espèce. Palpitant pour les petits comme les grands curieux, alors ouvrez donc toutes ces boîtes !

© Philippe Wagneur / Muséum de Genève

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ART/EXPO

UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE

Ensuite, on s’intéresse à la prédation par le biais de son influence sur les écosystèmes. Une fresque représentant différentes espèces telles des ombres chinoises illustre le concept de réseau trophique, et l’on peut mettre en évidence la complexité régnant dans cet enchevêtrement du « qui mange qui ». Lorsque des déséquilibres interviennent dans les populations de proies et de prédateurs, c’est tout un écosystème qui peut potentiellement s’effondrer. A l’aide de jolis décors et figurines, le MHN en fait la démonstration en s’appuyant sur les loups du Yellowstone. L’élimination de ces prédateurs y a causé une surpopulation de cervidés, entraînant dans son sillage une immense perte de biodiversité. Il a donc fallu réintroduire le canidé afin qu’il puisse jouer son rôle de régulateur. Du côté des prédateurs qui font plutôt office de ravageurs, on appelle… le chat domestique (l’homme c’est pour plus tard)! Ces adorables boules de poil – 1,5 million en Suisse – déciment les populations d’oiseaux, petits mammifères et autres reptiles. A méditer…

© Philippe Wagneur / Muséum de Genève

de viande. On y entrevoit aussi les différents modes d’alimentation du futur envisageables : végétarien, à base d’insectes, voire de viande créée en laboratoire à base de cellules souches (le steak est pour l’instant à 330'000 CHF pour ceux que cela tenterait),… Le visiteur est d’ailleurs appelé à sélectionner, en connaissance de cause, le menu qu’il préfère comme source de protéines. Un choix qui donne en tout état matière à réflexion bien en dehors des murs de l’exposition, dont on nous a d’ailleurs confié que l’idée de la thématique avait émergé ensuite des attaques de boucheries par des militants antispécistes l’an dernier.

MENUS D’HIER ET DE DEMAIN

Si loups et chats peuvent compter sur leurs crocs et leurs griffes pour attraper leur pitance (ou des offrandes à déposer devant la porte, c’est selon), les hommes font, eux, surtout appel à leur cerveau. Pour mieux appréhender notre aptitude à la prédation, l’exposition s’intéresse dans un premier temps à d’autres membres de notre ordre, soit celui des primates. Il s’avère ainsi que les chimpanzés sont parfaitement à même de chasser, bien que leur alimentation soit à 95% non carnée. Dans la grande salle du musée, on découvre un somptueux banquet, ou plutôt un « paléobanquet ». Une impressionnante scénographie permet, en faisant un grand tour de table, de voir ce que nos lointains ancêtres et cousins mangeaient, d’Australopithecus afarensis (-3,5 à -2,5 mio d’années) à Homo neanderthalensis (-300'000 à -30'000 ans), en passant par Paranthropus robustus (-2,1 à -1 mio d’années). Une connaissance de plus en plus fine de ces victuailles du passé est rendue possible grâce aux trouvailles et nouvelles techniques d’analyse employées en paléoanthropologie et archéozoologie notamment. Le banquet est également bordé de vitrines présentant l’évolution d’outils (silex, lances, propulseur, arcs et flèches) de plus en plus perfectionnés, destinés au dépeçage et à la chasse et dont certains sont carrément parés d’ornements. Le parcours s’achève par une pause au « Protein Bar », au comptoir duquel on se questionne sur l’alimentation humaine contemporaine ainsi que sur son devenir. De nombreuses statistiques, bien présentées et sans une once de dogmatisme quel qu’il soit, nous éclairent par exemple sur l’impact écologique de la consommation

PLATS D’ACCOMPAGNEMENT

Enfin, après un passage au « Protein Bar », n’oubliez pas de monter au 4ème étage. Jusqu’au 25 août vous pourrez y admirer l’installation artistique du photographe genevois Carlos Gonzalez, ce dans une bienheureuse et toujours plus affirmée volonté de l’institution de faire entrer en résonance sciences naturelles et culture. Autour d’une réflexion sur la mort et la « renaissance » via le cycle de la matière organique, sa temporalité, ses dimensions universelles et transcendantales, l’artiste présente entre autres de nombreux tirages argentiques de crânes issus des collections du Muséum, pour un résultat fort réussi. Et comme à l’accoutumée, le MHN propose une foule d’activités (projections, ateliers, excursions, …) en lien avec sa grande exposition et tout au long de l’année, pour petits et grands. Que vous soyez mangeur de graines, gobeur de compléments alimentaires ou indécrottable carnivore, un conseil pour savourer au mieux votre visite et vous assurer une digestion sereine de toutes les informations qu’elle recèle : prenez votre temps ! Prédations Jusqu’au 19 janvier 2020 Muséum d’histoire naturelle 1, route de Malagnou – 1208 Genève 022 418 63 00 www.museum-geneve-ch

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ART/EXPO

TOUT CHANGE, RIEN NE MEURT Par QUENTIN ARNOUX

Quinze chants, douze mille vers en hexamètre dactylique et une source d’inspiration pérenne pour les artistes au fil des siècles, les Métamorphoses d’Ovide imprègnent les arts de la culture occidentale. Des chassés-croisés poétiques entre divins et mortels et des amours mythiques bien souvent tragiques que le Musée d’art et d’histoire dévoile en réunissant une trentaine de tableaux et sculptures et une vingtaine de gravures. LA CRÉATION D’UN MONDE

La saison antique se poursuit dans deux salles jouxtant le parcours permanent du Musée d’art et d’histoire avec la mise à l’honneur d’œuvres qui illustrent le célèbre poème d’Ovide : les Métamorphoses. Ce récit versifié prend dieux et héros comme protagonistes et retrace l’origine du monde latin, du Chaos à la consécration d’Auguste du temps d’Ovide. C’est donc une véritable épopée organisée par un savant travail poétique qui mêle tradition tragique, épique et élégiaque. Suivant l’adage « tout change, rien ne meurt », Ovide fait intervenir le thème de la métamorphose afin de questionner les transformations de formes en corps nouveaux. Ces transformations se retrouvent aussi dans le processus artistique en lui-même, car les artistes qui reprennent l’œuvre d’Ovide la réinterprètent et l’adaptent.

Carlos Schwabe, Le Faune, 1923 © CAG du MAH

SALLES 23

Cette seconde salle réunit des exemples de métamorphoses gravées et rappelle que ce médium a largement contribué à la diffusion des textes d’Ovide aux XVIème et XVIIème siècles. L’accent est mis sur une thématique triple : la poursuite amoureuse, l’univers de la déesse Diane ainsi que les mutations végétales. A ce titre, on retrouve le fameux récit d’Apollon et Daphné qui combine deux d’entre elles. L’admiration et la persécution du Musagète envers la jeune femme la pousse à prier son père de lui retirer la beauté qui obsède tant Apollon. A peine a-t-elle achevé cette prière, ses membres s’engourdissent, ses cheveux verdissent comme du feuillage, ses bras se muent en rameaux et ses pieds s’enracinent. Elle s’est métamorphosée en laurier. Cet amour malheureux se transforme toutefois en symbole de force au travers des rameaux de laurier que le dieu Apollon cueille pour orner sa lyre. Deux gravures du Primatice sont également exposées et illustrent un épisode de Diane accompagnée de ses nymphes poursuivant un cerf et Jupiter parvenant à féconder Danaé de sa pluie dorée.

SALLE 15

La première des deux salles opère un focus sur des métamorphoses peintes, sculptées et dessinées qui traitent de Bacchus ou des personnages qui lui sont reliés. L’association de Bacchus et de son cortège au monde de l’ivresse, mais aussi au théâtre, les rapproche du motif de la métamorphose et du changement. Divers sculpteurs ont notamment été inspirés par l'histoire d'A riane qui est faite épouse de Bacchus après qu’il la trouve endormie suite à son abandon par Thésée. Il faut citer l’A riane endormie en plâtre de Giorgio De Chirico qui reprend la pose de la célèbre Ariane endormie conservée au Vatican. Dans un autre registre, les filles d’Ariane et Bacchus, connues sous le nom de Bacchantes ou Ménades, inspirent Félix Vallotton qui les représente en train de dépecer Orphée. Ce tableau réaffirme que la cause principale des métamorphoses est bien souvent un désir puissant dont la réalisation implique horreur et tourments cruels.

Métamorphoses Musée d’art et d’histoire Dès le 10 mai 2019 au 16 février 2020 2, rue Charles-Galland - 1206 Genève institutions.ville-geneve.ch/fr/mah

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ART/EXPO

INDISSOCIABLES Par QUENTIN ARNOUX

Dans le cadre de l’édition printanière d’Art en vieille ville soutenue par la Fondation Baur, la galerie de Jonckheere expose ses plus belles œuvres des XVIème et XVIIème siècles sous le prisme de la relation de couple. Pas restreint à la seule représentation de l’homme et de la femme, le couple peut non seulement se présenter sous différentes formes, mais aussi exprimer plusieurs idées.

Avec le tableau du peintre brabant Lucas Gassel, la galerie de Jonckheere présente une œuvre remarquable par sa facture. Dans la lignée des paysages mondes de Joachim Patenier, les Jardins d’un palais renaissance avec des épisodes de l’histoire de David et Bethsabée s’inscrit dans un corpus de tableaux similaires réalisés par différents artistes en Flandre dans le deuxième tiers du XVIème siècle. Plusieurs binômes y sont recensés. L’épisode de David et Bethsabée occupe une place centrale dans le tableau et fait référence au Deuxième Livre de Samuel qui situe l’histoire lors d’un siège. Les soldats sont représentés en train d’attaquer le palais en haut duquel le Roi épie la jeune femme prenant son bain. Cette première relation évidente en cache pourtant d’autres, plus discrètes. L’incursion de la scène dans un jardin renaissant traditionnel avec un labyrinthe suggère la tradition des labyrinthes de l’amour dans lesquels les couples se retrouvent pour se faire la cour. Le motif du jardin où l’on se rend pour pratiquer toute sorte de loisirs justifie par là même la tenue d’un match de tennis – activité assurément novatrice au temps de Gassel après que les Cours royales d’Europe en ont fait leur sport favori. La partie instaure une double relation de couple entre le joueur et son adversaire, mais aussi entre les joueurs et leurs spectateurs.

© De Jonckheere

L’iconographie religieuse regorge de duos mythiques. Dans la tradition vétérotestamentaire se trouve le plus connu, si ce n’est l’un des plus représentés : Adam et Ève. L’Atelier de Lucas Cranach le Vieux en propose une adaptation avec le Jardin d’Eden et rappelle subtilement que le fruit défendu si souvent assimilé à une pomme peut aussi être peint sous les traits d’une grenade. Dans le Nouveau Testament, le couple majeur est celui formé par la Vierge et l’enfant. Il devient essentiel au dogme chrétien, car il permet d’affirmer la double identité divine et terrestre du Christ. Toutefois, le binôme formé par Saint Christophe portant le Christ sur ses épaules insinue que l’iconographie chrétienne n’est pas toujours pensée dans une optique masculin-féminin. Plus prosaïquement, le couple peut également se caractériser par deux notables qui se font tirer le portrait à l’instar de la double représentation que Lucas Cranach Le Vieux réalise pour Martin Luther et sa femme.

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Indissociables Jusqu’au 21 juin 2019 Galerie de Jonckheere 7, rue de l’Hôtel de Ville – 1204 Genève 022 310 80 80 www.dejonckeere-gallery.com

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04 › 22.06.19

un ballo in maschera Giuseppe Verdi Pinchas Steinberg Giancarlo del Monaco Richard Peduzzi

Direction musicale Pinchas Steinberg Mise en scène Giancarlo del Monaco Décors Richard Peduzzi Gustavo III Ramón Vargas | Comte Anckarström Franco Vassallo | Amelia Irina Churilova

Orchestre de la Suisse Romande Chœur du Grand Théâtre de Genève

geneveopera.ch +41 22 322 5050


ART/EXPO

CASIMIR REYMOND À L’'ATELIER DE GRANDI Par QUENTIN ARNOUX

Le Musée l’Atelier de Grandi inaugure une nouvelle exposition consacrée au peintre et sculpteur vaudois Casimir Reymond. Elle permet de découvrir une production plus personnelle de l’artiste, constituée de ses peintures, ses dessins et ses sculptures de petit format. Certaines pièces sont exposées pour la première fois et proviennent de collections privées suisses ou de la fondation Casimir Reymond, à Lutry. L’IMPORTANCE DU DESSIN

Mais c’est avant tout par le dessin que Casimir Reymond exprime ses recherches plastiques. Le statut du dessin souffre toutefois d’une absence de légitimation jusque dans les années 1960 et n’est pas reconnu comme un art autonome, contrairement à la peinture et à la sculpture. Cela tend à expliquer la méconnaissance de ce large pan de la production de l’artiste. Sans doute que la diversité du traitement et les formes sans cesse renouvelées des dessins ne permettaient pas non plus de cerner les spécificités d’un ensemble que l’on peut désormais volontiers qualifier de work in progress. Qu’il s’agisse de représenter les gens de la terre – faucheurs et moissonneurs notamment – et les métiers manuels exercés par les habitants de Vaulion, les œuvres de Casimir Reymond sont majoritairement teintées des souvenirs de son enfance rurale et octroient à l’être humain une place centrale.

Casimir Reymond, vers 1916, huile sur toile © Atelier de Grandi

Si Casimir Reymond (1893-1969) est aujourd’hui renommé pour ses sculptures, la curatrice de l’exposition, Edith Carey, rappelle justement qu’il s’est d’abord fait connaître en tant que peintre. Sa première exposition personnelle de 1913 est même un succès. Les quelques 180 peintures qui sont réunies à cette occasion et dont certaines sont présentées par l’Atelier De Grandi, témoignent d’une main prolifique et se composent principalement de paysages, de scènes de la vie quotidienne et de portraits. Le critique et journaliste vaudois Arnold Bonard salue un coloriste de race. Ces œuvres de jeunesses se qualifient effectivement par une palette variée, apposée par touches, et qui rappelle l’art de Hodler, d’Hermanjat et de Giovanni Giacometti. Ses explorations techniques le conduisent toutefois à se rapprocher d’autres domaines. En effet, le modelé de certains portraits peints suggère une sculpturalité grâce à un jeu sur la matière picturale et sur le dessin. Cette matérialité se retrouve également dans les nus en plâtre de petit format. Go Out! magazine

Casimir Reymond Jusqu’au 18 août 2019 Atelier de Grandi Chemin d’Entre-deux-villes 7 - 1802 Corseaux/Vevey 021 922 43 43 www.atelierdegrandi.ch

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THÉÂTRE

LE CRÈVE-CŒUR, LOIN DE LA RETRAITE POUR SES66 60 ANS Par AMEIDIE TERUMALAI

Aline Gampert, directrice du Théâtre le Crève-Coeur

La nuit enneigée du 21 février 1959, Raymonde Gampert ouvrait les portes du CrèveCœur pour la première fois pour, à son grand étonnement, faire salle comble et transformer cet ancien pressoir en théâtre. Puis en 1990, Bénédict Gampert et Anne Vaucher, deuxième génération et couple d’artistes, reprenaient la tête du théâtre pour en faire un lieu de créations et réflexions sur l’humain. Le Crève-Cœur s’est affirmé en tant qu’institution théâtrale genevoise de renom et emblème du théâtre intimiste, offrant au spectateur une proximité enrichissante avec les artistes. A la suite du décès de Bénédict Gampert, c’est sa fille, Aline Gampert, qui a repris en 2014 la direction du théâtre de Cologny en remettant au goût du jour l’une des plus anciennes scènes genevoises tant architecturalement qu’en matière de programmation. Rétrospective et prospective de ce théâtre familial et de ses soixante années avec sa pétillante directrice Aline Gampert. Mai.19

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THÉÂTRE

Qu’est-ce qui vous a mené à la direction du Crève-Cœur ? Comédienne professionnelle depuis 2002, j’ai joué pendant près de douze ans. En 2014, quelques temps après la disparition de mon père Bénédict Gampert, reprendre la direction du Crève-Cœur m’est apparu comme une évidence. Une envie très forte qui s’est naturellement imposé à moi. Représentant la troisième génération à la tête de ce théâtre, je m’efforce de conserver l’esprit artisanal propre à ce lieu, c’est-à-dire une ambiance chaleureuse alliant rigueur et qualité. II a fallu donner un grand coup de cravache pour remettre le théâtre à niveau. Tant du côté administratif qu’artistique. Je suis fière d’avoir repris cette entreprise familiale. Je suis très attachée à mes racines et c’est peut-être cela qui m’a donné des ailes. Car il en faut pour diriger un théâtre comme celui-ci.

Jacques Offenbach, mise en scène par le lausannois Benjamin Knobil. Etait accueilli ensuite Lionel Frésard avec son maintenant célèbre seul-en-scène Molière-Montfaucon 1-1 (Prix suisse SSA de l’humour 2017). Puis ce fut au tour du théâtre avec une pièce de Woody Allen mise en scène par l’excellent Didier Carrier et suivie par une adaptation très réussie de la non moins célèbre pièce de Shakespeare, Hamlet Cirkus par la metteure en scène genevoise Camille Giacobino dont j’adore l’univers. Et pour clore la saison, vous pourrez découvrir ou revoir Les Muskatnuss avec leur spectacle fétiche Joli Foutoir qui se donne du 7 mai au 2 juin. C’est un cabaret musical mené par trois chanteuses-musiciennes-comédiennes absolument irrésistibles. Je vous promets un moment savoureux et plein de surprises.

Les lignes directrices sont-elles les mêmes que celles de votre grand-mère, Raymonde Gampert ? Oui, je m’efforce de respecter l’histoire de ce lieu et sa ligne artistique en y mêlant bien sûr les exigences de notre époque. Mon souhait est avant tout de mettre en valeur les équipes professionnelles de la région et de soutenir la création, en proposant une programmation variée, mêlant théâtre et musique. Une création est un pari risqué tant financièrement qu’artistiquement. Mais pour diverses raisons, j’y tiens et je crois profondément à la nécessité de maintenir ce lien essentiel avec les artistes.

Quels sont les prochains projets ? Evidemment de continuer sur cette belle lancée car le Crève-Cœur est aimé, et ce de plus en plus ! Cela fait chaud au cœur de constater que le public genevois est attaché à ce lieu atypique. J’y vois plein de nouvelles têtes et j’espère réussir à fidéliser ce nouveau public. Ce sont des années charnières pour le Crève-Cœur. Entre les 60 ans cette année et les récentes rénovations, mises en œuvre par les architectes de l’Atelier Balan Semadeni qui ont réussi à ne pas dénaturer l’âme du Crève-Cœur, j’ose encore entrevoir beaucoup de belles années à venir. Entourée par une équipe en place passionnée et des artistes toujours heureux de jouer là, je croise les doigts pour que ce beau succès continue afin d’honorer comme il se doit le Crève-Coeur et son histoire.

La formule du brunch suivi d’une discussion a-t-elle toujours été présente au Crève-Cœur ? Les dimanches matins ont toujours été propices à diverses activités et j’ai souhaité garder ces formules passionnantes. Depuis quatre ans, le rendez-vous du dimanche matin est devenu un brunch suivi d’une rencontre menée par Anne Vaucher, avec un artiste invité qui parle de son parcours. Le public peut intervenir ou simplement écouter. J’aime cette proximité. Cela fait également partie des objectifs du Crève-Cœur. Créer des liens étroits et privilégiés avec nos spectateurs, et leur permettre de découvrir d’un peu plus près ce monde du spectacle parfois si mystérieux pour eux.

Théâtre le Crève-Cœur

Pouvez -vous revenir sur cette saison 2018-2019 ? Afin de fêter dignement les 60 ans et la réouverture du théâtre après des travaux de mise aux normes de sécurité et de transformations durant l’été 2018, j’ai souhaité une programmation festive. Eclectique aussi, ce qui me ravit, car j’ai toujours beaucoup aimé mélanger les genres. La saison a commencé par une opérette fantastique de

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Chemin de Ruth 16, 1223 Cologny 022 786 86 00 www.lecrevecoeur.ch

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+41 22 786 86 00 | LECREVECOEUR.CH

CHEMIN DE RUTH 16 | COLOGNY | GENÈVE

DU 7 MAI AU 2 JUIN 2019

CABARET MUSICAL

JOLI FOUTOIR LES MUSKATNUSS


THÉÂTRE

À L’OMBRE DU THÉÂTRE EN FLEUR Par AMEIDIE TERUMALAI

Alors que la plupart des théâtres genevois terminent leur saison, c’est du côté de Rolle que le spectacle continue. En effet, les jardins du Rosey dressent leurs tentes blanches et mettent à l’honneur le temps de cinq soirées l’élégant phrasé et les beaux mots. Pour cette troisième édition, Pascale Méla, directrice du festival, nous propose et nous présente ses coups de cœur provenant du célèbre festival d’Avignon. Le luxuriant gazon du Rosey se transformera en scène de théâtre du 3 au 7 juin et accueillera chaque soir une troupe différente et une mise en scène singulière. Mise en bouche de cette garden party dramaturgique. LE ROSEY, UNE SCÈNE CULTURELLE

Si vous ne connaissez pas encore ce lieu, le festival de théâtre aux Jardins du Rosey sera l’occasion parfaite de mélanger culture et endroit insolite. Le Rosey est une école privée internationale et également internat. Ses portes sont réservées à ses brillants élèves et professeurs, hormis durant certains événements qui viennent ponctuer l’année scolaire. Le Rosey Concert Hall se situe au cœur d’une bâtisse impressionnante par sa ressemblance à un vaisseau spatial. Orchestres, pièces de théâtre ou encore ciné-concerts ont bénéficié de l’acoustique prodigieuse de cette salle de spectacle faite tout de bois. Or, le rayonnement culturel de la région ne se cantonne pas à la coupole de Paul & Henri Carnal Hall, puisque les Jardins du Rosey se muent en hôte d’exception du festival de théâtre, ce depuis trois éditions déjà. Francis Huster avait d’ailleurs ouvert le festival l’année passée.

Hamlet de Xavier Lemaire

triangle amoureux tenu par la comédienne Gaëlle Billaut-Danno qui ancre son personnage Emma dans la période de mai 68, époque d’émancipation féminine et de déconstruction sociétale. Le festival se clôturera avec deux comédies de Georges Feydeau et poursuivra la thématique féministe de manière plus légère et en chanson avec Feu la mère de madame et Mais n’te promène donc pas toute nue !, mis en scène par Raymond Acquaviva. Le contexte n’est certes plus le même, cependant les talentueux et jeunes comédiens de la Cie Acquaviva sauront vous faire rire en remettant au goût du jour ces deux adaptations, lesquelles fonctionnent burlesquement bien ensemble. Les Jardins du Rosey n’attendent donc plus que vous.

DU CLASSIQUE AU CONTEMPORAIN

Cette année, cinq spectacles vous seront présentés pour une performance unique allant de Shakespeare à Racine, de Tchekhov à Feydeau et à Pinter. Pour le premier soir, c’est une version du légendaire Hamlet de William Shakespeare revue et raccourcie par les soins de Xavier Lemaire. Le décor sobre laissera place au dynamisme des comédiens, promettant ainsi de garder le public en haleine. L’accessibilité étant le mot clé de cette adaptation fougueuse du Prince de Danemark, ce premier spectacle donnera le ton du festival. De l’autre côté de la chronologie, se trouve l’adaptation ingénieuse de Christophe Gand de la pièce à rebours, Trahisons, d’Harold Pinter. Le jeudi 6 juin, vous assisterez à ce

Festival de théâtre aux jardins du Rosey Du 3 juin au 7 juin Institut Le Rosey Château du Rosey – 1180 Rolle 079 217 58 66 www.theatreauxjardins.ch

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J O N AT H A N N O T T

SAISON 2019–2020 O S R .C H / D E C O U V R I R AUTORITÉS SUBVENTIONNANTES

PARTENAIRE DE PRESTIGE

GRANDS MÉCÈNES

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE DE DIFFUSION

PARTENAIRE INSTITUTIONNEL

Photographie et conception graphique : © Enrique Pardo

Directeur musical et artistique


CLASSIQUE

AGAPES OU PAS CAP’ ? Par VINCENT MAGNENAT

Le Festival Agapé, dit aussi De Musique Baroque et d’Art Sacré, revient de sa relâche bisannuelle pour nous ravir les sens, et explorer ce merveilleux terrain de jeu qu’est le baroque au sens large. Cette période est peut-être une des plus prolifiques en matière d’ouverture sur le monde, avant le couperet plus ethnocentré qui l’attend immanquablement à mesure qu’avanceront les époques. Ici c’est même la période du Moyen-Âge tardif et ses litanies gutturales extatiques qui auront droit de cité. Noël !

Agapé, représentait pour les Grecs le troisième type d’amour que l’humain était susceptible de ressentir, après l’amour physiologique et déraisonnable (Érôs) et l’amour intellectuel et amical (phillia), plus raisonnable. L’agapé représente l’amour inconditionnel ressenti envers l’autre, l’empathie bio-sociale, et c’est naturellement ce dernier que les auteurs chrétiens vont magnifier vu son lien évident avec le sacrifice de l’Oint. L’agapé c’était aussi les repas clandestins entre fidèles des premiers jours, d’où les agapes. Comme réjouissances cette année, la partie musicale s’enrichit à nouveau du Festival des Enfants, composé d’activité plus interactives. Pour les adultes et associés, le mercredi verra l’Ensemble Scherzi Musicali qui rendra hommage à Maria Maddalena à travers les oratorii et sepolcri de Monterverdi. Jeudi verra un récital de Bach et Alain pour orgue et flûte traversière par Isabelle Bandi et Andrea Boniforti, l’Ensemble Capella Mediterranea avec le Choeur de Chambre de Namur s’occupera de Flavetti et sa Sicile à la soirée des cultures. Vendredi résonnera un violoncelle piccolo avec des oeuvres de Bach, Weiss, Abel et von Biber par Hager Hanana; le même jour se reproduira Le Médecin Malgré Lui, de ce cher Jean-Baptise Poclin, oeuvre baroque naturellement, mais aux costumes minimalisés et actualisés pas la Compagnie En Amazone. Le samedi, l’Ensemble Musica Alta Ripa interprétera des oeuvres de Händel et de Telemann mashuppées à des chants et berceuses traditionnelles du Levant avec la soprano catalane Nurial Rial et la soprano syrienne Dima Orsho. Le même jour, l’ensemble Il Caravaggio nous plongera dans un duel imaginaire entre les rivaux absolus de leur époque, le discret Couperin et l’écrasant Delalande. Enfin, le dimanche, jour du Seigneur après tout, l’ensemble Chiomo

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Ensemble Chiome d'Oro © DR

d’Oro clôturera les sacrements avec son jeu des basses baroques, de l’ostinato, lamento et autres chacones composés par Montevrdi, Schütz, Sances, Merula, Ferrari, Buxtehude, Purcell, mais aussi Piazzolla, Sting (!) et on en passe. Pour occuper les petits monstres, des contes musicaux accompagnés, des films d’animation, initiations à la musique baroque, atelier médecine de la Renaissance, de la comédie, des marionnettes, ainsi que des fables illustrées accompagnées feront, c’est certain, forte impression. D’une manière générale, pour chaque jour de concerts, il y a des activités pour les bambini plus tôt dans l’après-midi. Festival Agapé Du 29 mai au 2 juin Divers horaires Église de Sainte-Croix & Temple de Carouge Carte festival 165 CHF / réductions usuelles 25 CHF à 35 CHF par concert festivalagape.org

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FESTIVAL

BOURGEONNEMENT SONORE Par AMEIDIE TERUMALAI

Les Athénéennes © Frédéric Laverrière

Le festival de musique classique, jazz et créations les Athénéennes revient en cette fin de printemps pour une neuvième édition et bourgeonne de spectacles aux sonorités colorées pour un public toujours plus conquis. L’éveil ou plutôt la place de la spiritualité dans l’art représente le point de départ de cette édition florissante. L’art dont l’utilité première est d’être «inutile» à travers son aspect spirituel, car son pistil se trouve entre l’objet physique réalisé et la portée symbolique de ce dernier. Le paradoxe réside dans cette inutilité qui permet la rencontre utile entre des artistes créatifs et un public en quête de découverte et d’émerveillement. Les Athénéennes 2019 offrent par conséquent la promesse d’un retour aux sources et se dévoilent comme un terreau de l’art dont les buts sont « d’irriguer les corps, d’éclairer les âmes et de nourrir les esprits », selon ses créateurs Valentin Peiry, Audrey Vigoureux et Marc Perrenoud. Cueillette des bouquets sonores qui nous attendent.

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FESTIVAL

DEPARDIEU SE CONFESSE

Après avoir enchanté le public genevois l’année passée en reprenant Barbara, c’est à un tout autre genre et auteur que l’acteur français prête sa voix. En effet, Gérard Depardieu reprend sur scène les Confessions de Saint Augustin et partagera avec les spectateurs son amour pour cette œuvre qu’il décrit comme ne l’ayant pas quitté depuis sa découverte en 2000, auprès de Jean-Paul II. Alors que l’acteur partagera sur scène sa relation intime aux textes, il sera accompagné par les virtuoses du projet « Jasmin Toccata » : Jean Rondeau, Keyvan Chemirani et Thomas Dunford. Un nom de projet qui résonne avec le mélange original et réussi des instruments de musique d’un côté baroque (clavecin, luth et théorbe) et de l’autre oriental (percussions aux résonances persanes). Leurs improvisations singulières viendront entrecouper la narration impliquée de Depardieu comme un écho aux résonnements personnels des textes. PREMIÈRES NOTES

Les Athénéennes se décrivent comme un festival de musique classique, jazz et créations et cela en s’adressant tant aux fins connaisseurs qu’aux amateurs curieux de connaître des perles musicales. Comme ouverture le 6 juin, le festival frappe fort avec la 36ème symphonie de Mozart, intitulée Linz et composée en quatre jours par son génie. L’œuvre aussi m anichéenne que troublante sera interprétée par le talentueux pianiste et victoire de la musique 2019, Nicholas Angelich, les ondes Martenot énigmatiques de Jacques Tchamkerten et l’Orchestre de Chambre de Genève guidé par la baguette experte de Pierre Bleuse. Le jazz ne sera pas délaissé, puisque le clavier virevoltant de Yaron Herman viendra nous ensorceler avec cette fois non des reprises mais, son nouvel album Songs of Degrees, accompagné de Sam Minaie à la contrebasse et Ziv Ravitz à la batterie. Pour clôturer cette soirée d’ouverture, le duo groovy Baumon & Favre Jukebox aura comme mot d’ordre de vous faire taper du pied, voire même de vous faire vous déhancher sous la boule à facettes de l’Abri, avec des reprises plus entraînantes les unes que les autres.

Gérard Depardieu © DR

Yaron Herman © DR

année dont, trois ciné-concerts le jeudi 13 juin sur l’écran de l’Alhambra. Karol Beffa technicien ingénieux du genre, Organic Flower groupe dont le nom cache une musicalité bien plus funk qu’elle n’y paraît et Pierre Audétat multi-claviériste et bijou électronique suisse joueront la bande son au moment de la projection des films pour une immersion visuellement musicale.

RENDEZ-VOUS PRIS

Cela fait deux ans que les Athénéennes investissent le temps d’une semaine trois lieux cultes de la vieilleville, à savoir l’Alhambra, le Temple de la Madeleine et l’Abri comme scènes de musique, de partage et de spiritualité. L’Alhambra et le Temple de la Madeleine accueilleront les spectacles principaux, tandis que l’Abri sera l’occasion de se retrouver et de continuer la noce. Ces lieux de prestige réjouiront nos tympans de musique classique et jazz mais également, de créations si précieuses au festival. Il faudra en compter sept cette Go Out! Out! Magazine magazine

Les Athénéennes 9ème édition festival de musique classique, jazz et créations Du 6 au 14 juin Divers lieux www.lesatheneennes.ch

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© Sophie Ebrard

B R I G I T T E

Musique 14 mai

En tournée acoustique piano-voix

forum-meyrin.ch


FESTIVAL

PERSÉPHONE SUR ARVE Par VINCENT MAGNENAT

Akousmaflore : Installation de végétaux interactifs

Du 9 au 19 mai, se tient dans toute la ville de Carouge le bien nommé Printemps Carougeois, autour du cinéma Bio, du Chat Noir, du Hall de la Mairie, du Parc Louis-Cottier, de la Place du Temple, de la Cour de la Mairie, du Centre Commercial de Carouge, sans oublier l’Espace Grosselin, la Bibliothèque, les Halles de la Fonderie ou l’Espace Grange-Collomb, le Centre Musical Robert-Dunand, et du 105 Voisins. Seul.e, en couple, en famille, en meute ou en duo platonique, le festival ambitionne de s’adresser à tous; fort de cette promesse d’inclusivité, il est inutile de se sentir oppressé par le luxuriant programme proposé, soit une invite à butiner théâtre, cinéma, danse, installations artistiques, brunch et autres ateliers et expériences, le tout nimbé d’une aura verte puisque la nature fait cette année office de thématique névralgique.

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FESTIVAL

Depuis l’industrialisation de l’Europe occidentale, sa modernisation à marche forcée et l’introduction des congés payés, le printemps dans la société de la fin du XXème siècle représente une douce promesse météorologique, le retour des plaisirs extérieurs voire une simple mention sur le calendrier gratuit de la voirie qui occupe le tableau de liège dans la cuisine. Nos ancêtres ont tout fait pour en arriver là, ce qu’ils considéraient comme le nanan du nanan civilisationnel : bénéficier du luxe de se ficher royalement des saisons, des rythmes de la Nature, et de ses caprices. Qui peut prétendre qu’il n’aurait été tenté, ça ou là, de se laisser séduire par cette promesse de confort éternel ? De plus, c’est bien cette étape voulue par nos aïeux qui nous permet aujourd’hui de nous pencher dessus avec un certain recul, ne versons pas dans le révisionnisme romantique non plus. La nature et ses cycles, dont le printemps tient le rôle du bellâtre principal, celui qui fait chavirer les coeurs, ainsi que leurs enseignements reviennent de plus belle. Car voilà peut-être ce qui manque le plus aux urbains que nous sommes : cet échange fusionnel et désintéressé entre la nature et ses composants, dont nous les sapiens. Le thème du Printemps Carougeois ne portera pas sur la qualité de la spectroscopie-tunnel à très basse température de graphène sur uthonium supraconducteur en Indonésie batave, on l’aura deviné. L’Appel de la Nature sera la liane conductrice de l’édition 2019, cet appel qui se fait à nouveau entendre, qui nous rappelle que le plus performant des écrans noirs ne saurait nourrir un quelconque estomac. Ces leçons offertes par ce qui nous

© Atelier Kokedama

entoure ne nous aident que si nous ré-apprenons à en prendre conscience. Rien de mieux que distiller ce savoir au cours de manifestations en tous genres, du théâtre à la musique, en passant par des ateliers pour différentes audiences, des expositions et du land-art. Ceux qui disent que la Cité Sarde se morfond depuis 1816 et n’a rien d’autre qu’à offrir que des rues désertes se trompent ! GARDERIE FORESTIÈRE

Des enfants ! Mais volontiers ! Plusieurs animations s’adressent spécifiquement à cette population interlope d’êtres bourgeonnants. “Des Roses dans la Salade” par la compagnie Schedía Teatro qui se tiendra à l’espace Grosselin les 11 et 12 mai est un spectacle fait d’ombres chinoises, d’animations vidéo et d’épluchures de légumes. L’épluchure à embellir devient le prétexte au dévoilement d’une vie secrète des légumes, un storytelling qui vise subtilement à rendre le concombre plus sexy qu’une barre chocolatée à l’orang-outan. La Bibliothèque de Carouge propose une journée d’ateliers sensoriels et pédagogiques “À la Découverte de la Forêt” le 15 mai, donnés par Chantal Stegmuller Darriulat. Reconnaître des espèces des règnes animaux

© Racines du ciel

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FESTIVAL

et végétaux, se familiariser avec certaines textures pour à la fin créer une carte végétale (à mettre à côté du calendrier dans la cuisine). Les camarades de la compagnie TaMiEro vont déployer un atelier musical type JacquesDalcroze ciblée sur la relation parent-enfant, avec une thématique tirant logiquement vers le vert. ART PAYSAGESQUE

Trois installations sont en parallèle présentées depuis le 2 mai, du land-art plus précisément. “Akousmaflore” est une expérience qui marie végétal et digital : un jardin de pots suspendus est relié à un dispositif sonore qui retentit dès qu’on en touche un élément. Le collectif Scenocosme est mondialement réputé pour son travail interactif et on comprend pourquoi. “Spirit” est le produit du travail de récolte des bois municipaux récoltés par la ville durant l’année par la fleuriste et la plasticienne végétale Sophie Gétaz-Jousson et Marie-Hélène Hess-Boson. “In Situ” fait référence au modus operandi de Chris Drury qui crée des oeuvres de toutes tailles avec les moyens du bord.

Balade cueilleur

“Kokedama” par les Dames Coquettes vous enseignera un peu d’art floral du Soleil-Levant. 9E ART PRINTANIER

Un peu de cinéma sur le sujet ne pourra pas générer de décès intempestif, tel que le concours de court-métrages qui ouvre le Printemps le jeudi 9 mai avec couronnement du ou de la lauréat.e, et la projection de “L’Homme et la Forêt”, un film de Claude Schauli sur le rôle centralissime des bois et sous-bois pour la survie humaine, en collaboration avec le Festival du Film Vert.

BACCHANALES

Passons à présent au théâtre, avec une des perles de cette édition, ”Envolée Bucolique”, une sorte de mobile géant animé par la compagnie Transe Express qui sera le fer de lance d’une parade de rue le samedi 11 mai vers 21h. Le “Repas Botanique” par la compagnie l’Organisation proposera aux convives de hacher, moudre, goûter, sentir et whatnot des herbes sauvages de la saison et de la région, indispensable pour prendre conscience de cette herboristerie naturelle. “Compleanno di Terra”, l’anniversaire de la terre par le Teatro delle Ariette, un dialogue intimiste d’un couple naturaliste qui décide de ne plus s’offrir à leurs anniversaires respectifs que des lettres, que l’on devine pleines de bonnes choses. “De la Sexualité des Orchidées” nous transpose dans un magistral et loufoque cours ex-cathedra sur les attirances de ces capricieuses monocotylédones. Enfin, une scène de genre carougeoise sera donnée tous les soirs sauf le jeudi, une mise ne scène en partie amateure qui reprend et singe la vie des habitants du quartier-ville.

MELOPÉES SACRANTES

Un brunch sauvage en mode ketodiet aura lieu le dernier dimanche à 105 Voisins suivi d’une sieste sonore par Julie Semoroz. Un peu de salsa pour le lancement le 9 mai et le récital de Béatrice Berrut interprétant Mahler, Liszt et Wagner. Printemps Carougeois Du 9 au 19 mai Divers horaires Divers lieux à Carouge, certains en plein-air Nombreux spectacles gratuits Ceux payant entre 5 et 25 CHF printemps-carougeois.ch

ATELIERS LIGNEUX

Pour plus d’interactions, les ateliers sauront satisfaire les plus intrépides. “Racines du Ciel” de Cedric Bregnard va inviter les spectateurs à venir remplir la forme géante d’arbre reproduite sur une immense feuille de papier avec les nervures les plus osées à l’encre de Chine. “La Balade du Cueilleur” vous fera nomadiser en des lieux qui seront communiqués ultérieurement et vous permettra d’apprendre à connaître et à consommer la botanique de vos ballades dominicales. Un atelier de

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THÉÂTRE

EN MAI, FESTOIE À LANCY ! Par NYATA NATALIE RIAD

Pour bien terminer ce mois béni des épicuriens de tout poil et entamer la belle saison et ses réjouissances en plein air sous les meilleurs auspices, le festival Mai au Parc s’affiche comme l’événement idéal. Concerts, spectacles et installations artistiques seront à apprécier durant le weekend des 24 et 25 mai qui signe la 23ème édition de la manifestation lancéenne, et ce toujours sans bourse délier. Bref passage en revue de la sémillante programmation à découvrir au parc Bernasconi cette année. Mai au Parc fait partie de ces (trop rares) festivals qui présentent toutes les qualités pour plaire : un cadre pittoresque, une atmosphère conviviale, une affiche éclectique ravissant les yeux et les oreilles de toutes les générations, et le tout pour pas un sou ! Cette édition ne fait pas exception, puisqu’on y trouvera tant de la chanson poétique que de la musique électronique, de la fanfare que de la pop, mais aussi des vélos-machines post-apocalyptiques, des bains chauds et des shows lumineux, et même de la philosophie extraterrestre (oui, oui).

signegeneve.ch © DR

Ainsi, du côté des scènes, celle du Grand Chapiteau accueillera vendredi le son planant sauce synth-pop de la coqueluche fribourgeoise Muddy Monk avant de céder la place au groupe Acid Arab, qui fusionne avec habileté musique orientale et techno pour un résultat des plus hypnotiques. Ondulations garanties ! Toujours dans le registre ensorcelant, mais sur la scène de La Plaine, Edwin van der Heide régalera le public de ses performances mêlant son et projections 3D, mis en résonance avec l’environnement propre dans lequel ils s’inscrivent. Puis c’est la déjantée Rebeka Warrior (Sexy Sushi, Mansfield.TYA, Kompromat) qui se chargera de faire jumper la foule avec un set techno survolté. Le lendemain, cette même scène présentera le Bal des Mollets Saillants lors duquel des artistes de rue délurés s’activent en musique sur les étranges bicyclettes susmentionnées. C’est ensuite aux sons des cuivres de la fanfare béninoise Gangbé Brass Band que l’on ira se déhancher, peut-être entre deux crochets vers le Grand Chapiteau, où la suave pop indie d’Infinite Bisous précédera la perfo’ assez wtf des quatre musiciens autoproclamés « cyber troubadours » de Salut c’est cool.

dernières, il ne faudra pas manquer le Parachute sensoriel proposé par le Kolectiv ARK (avec des projets passés par le CERN, la Fête des Lumières, le festival de la Bâtie,…) : immersion dans un univers de sensations inédites assurée. Le collectif Ceres offre quant à lui un délicieux espace de détente formé dans les entrelacs d’une végétation lumineuse, authentique installation artistique où l’on pourra aussi savourer des cocktails de saison. Un verre qui ne sera sans doute pas de trop pour se remettre du « Voyage en bordure du bord du bout du monde » auquel nous convie la géniale troupe franco-genevoise Les Trois Points de Suspension, odyssée rocambolesque entre vieux films d’épouvante et inspiration grand guignolesque, saupoudrée de la fameuse sagesse martienne qui vous aura sans doute interpellé-e quelques lignes plus haut. A noter que c’est la dernière fois que la Ville de Lancy se charge de l’organisation de Mai au Parc, celle-ci passant le relais à une association y dévolue dès 2020. On lui souhaite d’ores et déjà autant d’inspiration !

Autour de ces deux scènes, il s’agira absolument d’aller fureter plusieurs spectacles et installations. Parmi ces

Parc Bernasconi

Mai au Parc Les 24 et 25 mai Entrée libre 8, route du Grand-Lancy – 1212 Grand-Lancy 022 794 73 03 www.lancy.ch

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FESTIVAL

MAPP-A-LICIOUS Par VINCENT MAGNENAT

Mapping Festival 2018 © pecorini.net

La 15ème édition du Mapping festival se tiendra du 23 au 26 mai entre le Commun, la HEAD et la Fonderie Kugler. L’aventure semblait avoir pris un coup de pression après l’édition 2018 qui avait été aussi pertinente qu’onéreuse, et la n° XV a remis le canevas à l’ouvrage et les choses à plat. Les expositions et le forum sont gratuits et les soirées sont à prix libre ! C’est un changement plus que radical et un effort de cohérence remarquable. Les workshops sont payants et c’est très bien, puisque c’est le nerf du Mapping, son but et ses moyens. Le Mapping a dès sa fondation en 2005 servi de plateforme professionnalisante pour la frange de population locale, confédérée et internationale désireuse de se former en arts visuels projetés. Outre cette formulation très hexagonale, on rappellera que c’est un Genevois qui a créé le fameux Modul8 aka le Popol Vuh du Mapping, raison pour laquelle on finit toujours par tomber sur un Genevois dans ces milieux-ci.

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FESTIVAL

Mapping-festival-2018-pecorininet-31c2911

Mapping Festival 2018 © pecorini.net

Cette année le thème de l’exposition au Commun tourne autour du Dead Web, c’est-à-dire la fin de la technologie Internet qui nous guette à mesure que le mur de la croissance finie se rapproche. Une flopée de Canadiens exposeront, avec des Allemands et une Suissesse. La soirée de clôture du vernissage du 23 sera musicalement agitée par une performance de Lukas Truniger et le DJ set d’Estebahn.

Opuswerk, le prince noir de la ville. Niveau workshops, cette année c’est en collaboration avec CreativeApplications.net : on a dit que ça allait être du solide, voyons plutôt. Certains ateliers ont lieu sur une journée, d’autres sur les trois jours, se renseigner sur la langue, les logiciels et le matériel nécessaire ne peut pas faire de mal. Daniel Bisig & Jan Schacher avec “Immersive Lab : Creating 360° Audiovisual Experiences”, NORMALS & Neeeu avec “Rethinking UIS for a Post-Screen Era”, Stefan Kraus aka MXZEHN avec “The Bauhaus Centenary : A Touchdesigner Hommage”, Maria Yablonina & Mitchell Akiyama avec “Transduction : Making Motion <> Sound <> Electricity Making”, Michael And avec “Spatialising Light : Building Wireless LED Systems”, Leander Herzog avec “Shader Programming : Real-Time Animation and Effects with GLSL”, Johanna Jaskwowska avec “Come as You AR”, Coralie Gourgechon avec “Catching Waves : Build a Crystal Radio Receiver”, Nora Al-Badri avec “The Art of Museum Hack : Challenging Techno-Heritage and Data Politics”, Ted Davis avec “Crea{L}ive Coding”, et Klara Ravat avec “Smell Transplant : Become Each Other”.On vous l’a dit : plus pointu que ça et on perce l’écran !

Le forum de cette édition aura lieu les 24 et 25 mai : “Paradigm_Shift #3 - Broken Home”. Autre pierre angulaire de la manifestation, ces présentations et discussions vont interroger le moyen terme qui nous attend avec le web et l’après-web. Nommément les conséquences pratiques générées par la technologie web dans nos vies, celles des artistes notamment. Les conférences (keynotes) et panels auront lieu en anglais, sauf un qui sera proposé en langue d’oïl. Son et lumière sont comme science et conscience : l’un sans l’autre n’est que ruine de l’âme. La musique donc, qui aura tendance à proposer des performances plus appuyées en début de soirée, l’après visant à être plus dansant. Vendredi c’est Freeka Tet et ses prothèses animatroniques d’UV101, Tundra avec son Nomad made in St-Petersburg, et Acid Klunt en DJ set. Pour samedi, ça sera Grand River & Marco C avec seulement 0.13% de marge d’erreur, Recent Arts ft. Barbie Williams pour Skins, et en DJ set Audrey Danza, issue des meilleures raves illégales des années précédentes. Dimanche c’est “Sundaylicious”, un concept accompagné d’un brunch servi par L’Accolade, et les prestations musicales de Temiri, Kayne the Hermit, Tobias, Dandy Jack et

Mapping Festival Du jeudi 23 au dimanche 26 mai Divers horaires Expos & forums : gratuit Lives : prix libre Workshops : de 60 à 200 CHF Le Commun, la HEAD et la Fonderie Kugler 2019.mappingfestival.com

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ARCHITECTURE

CHANGEMENT DE DÉCOR: UN NOUVEAU MASTER POUR LA HEAD Par AURORE DE GRANIER

LOOSLAB: la HEAD au Designers’ Saturday 2018 © HEAD Genève, Baptiste Coulon.

L'architecture d'intérieur devient de plus en plus centrale dans notre société, et quitte aujourd'hui le domaine privé pour venir s'exposer aux yeux de tous. Cet univers, bien plus que le domaine de la création d'un espace de vie, ou alors d'un espace public, est également le lieu où se développe un style de vie, où la société se reflète et témoigne de ses évolutions. La Haute Ecole d'Art et de Design de Genève (HEAD) ouvre en septembre prochain son nouveau master en architecture d'intérieur qui se placera parmi les meilleurs au monde. Bien plus qu'une simple formation, ce programme enseignera à ses élèves comment appréhender ce métier à travers divers enjeux, insistant sur la rencontre entre les intérieurs physiques et les intérieurs médiatisés, à l'image de la publicité, ou encore des arts visuels et des médias en ligne. Un master complet et unique en son genre qui fera de Genève la nouvelle ville phare de l'architecture d'intérieur.

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ARCHITECTURE

AESOP – Installation HEAD au Globus Bern et Zurich © HEAD Genève, Raphaelle Mueller. 2019

L'interdisciplinarité et la maîtrise des différents domaines entourant une discipline semblent aujourd'hui cruciales et déterminantes. Javier Fernandez Contreras, directeur du nouveau master d'architecture d'intérieur de la HEAD – formation joliment surnommée MAIA –, désire plus que tout inscrire ce nouveau programme dans la réalité d'aujourd'hui. À ses yeux, l'architecture d'intérieur est loin de se limiter seulement à la décoration et à l'agencement. Dans un monde où le fait de montrer est central, l'architecture d'intérieur est devenue un enjeu et se doit d'être comprise dans sa globalité. Créer un intérieur, qu'il s'agisse d'un lieu public tel un restaurant, ou l'espace privé d'une demeure, réclame bien plus qu'un sens du bon goût, car il s'agit en réalité d'habiter un lieu, bien plus que de le décorer, de communiquer à travers son design un univers et un mode de vie. Pour Javier Fernandez Contreras, il était alors nécessaire de proposer un cursus complet et formant de futurs architectes d'intérieur capables d'envisager ce domaine comme un tout, ne laissant aucun aspect de côté. Ainsi qu’il le souligne, « l’architecture d'intérieur opère aujourd'hui à l'intersection entre les intérieurs physiques et les domaines parallèles des intérieurs médiatisés, tels que ceux de médias en ligne, publicité ou arts visuels. »

but d'une équipe si multidisciplinaire ? Inculquer aux élèves l'importance de la maîtrise de tous les domaines. MAIA est un Master professionnel de deux ans qui prépare alors ses étudiants à maîtriser la diversification progressive des intérieurs dans le monde contemporain, caractérisé par une approche transversale, de la publicité au cinéma, de la réalité numérique à la culture audiovisuelle. Des projets réels et complexes ont été mis en place par la HEAD pour leur permettre de mettre en pratique leur apprentissage. De la rénovation d'une partie d'un temple bouddhiste situé au Japon, à la participation au Salone del Mobile de Milan où sera proposée une véritable installation, l'école genevoise donnera à ses élèves la chance de vivre des expériences et des projets uniques, et ce entourés d'une des meilleures équipes. Ce master, unique par sa diversité et sa volonté d'approcher l'architecture d'intérieur comme un domaine où se forme la société actuelle, aboutira à la formation d'une nouvelle génération d'architectes d'intérieur, une génération qui saura s'adapter à tous les milieux et vivre avec son temps, dans une époque où rien n'est plus vraiment privé et tout est exposé. Une nouvelle référence en la matière qui fera certainement de Genève un nouveau pôle central de cet univers unique en son genre.

Aux côtés des étudiants lors de ces deux années d'étude, l'élite de ce milieu. Des architectes d'intérieur, mais également des designers, des photographes, des metteurs en scènes, des réalisateurs ou encore des journalistes. Le

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www.hesge.ch/head/

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MARCHE À L’ENDROIT DANSE À L’ENVERS!

marché créateur

@endroit19 chf 5.– l’entrée 105 voisins - coworking café rte des jeunes 105a, 1227 carouge samedi 11 mai de 11h à 1h Mai.19 & dimanche 12 mai de 11h à 17h

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MODE

SARAH NEFISSA BELHADJALI REPOUSSE LES LIMITES DE L'ART Par AURORE DE GRANIER

Collection Croisière 2019, La Panacée-Moco, vue d'exposition © Romain Moncet

Les différents domaines artistiques semblent devenir de plus en plus indissociables et les limites qui les séparaient alors paraissent disparaitre. Sarah Nefissa Belhadjali, jeune artiste franco-tunisienne, est une preuve flagrante de cette fusion des disciplines, et de sa réussite. Artiste, curatrice, organisatrice de défilés de mode, fondatrice d’une marque, ou presque, Sarah est à l’image de ses créations, impossible à catégoriser. Par ses œuvres et ses créations souvent conceptuelles et faisant appel à de nombreux artistes et intervenants extérieurs, Sarah se place à la frontière de nombreux domaines, de la mode et ses défilés rituels aux œuvres d’art portables, elle ne semble reculer devant aucune idée, et ne rejeter aucun milieu artistique. Une artiste ancrée dans son temps, et désireuse de faire tomber les murs construits par la tradition.

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MODE

Ma plante, vêtement pour plante en soie déperlante, plante verte, 2017 © Sarah Nefissa Belhadjali

vient imager un questionnement que suit Sarah depuis longtemps. Déjà petite, elle organise un défilé de mode, et aujourd’hui encore, à travers son projet intitulé Nouvelle Collection, lie les questions plastiques et vestimentaires, les faisant converser et nous mettant alors face à des pièces impossibles à catégoriser. Ainsi elle se joue des codes de la mode et semble vouloir effacer ses limites, mêlant sans gêne aucune le monde du prêt-à-porter et de l’art. Cette tendance à lier ces deux univers se répand de plus en plus aujourd'hui et exemplifie parfaitement les changements culturels et artistiques de notre époque. Sarah fait alors partie des artistes qui prouvent que l’interdisciplinarité fait partie du nouvel ADN de l’art. Pourquoi devoir choisir entre performance artistique et défilé de mode, entre un vêtement pour plante et une œuvre d’art ? Les créations de cette artiste hors norme nous ouvrent les yeux sur une réalité qui est la nôtre, et sur la jeune génération d’artistes refusant toute limitation. Comme Sarah le dit elle-même, « être un artiste c’est être qui on veut », alors pourquoi ne pas être tout le monde à la fois ?

UN PARCOURS HORS DU COMMUN POUR UNE CARRIÈRE UNIQUE

Aujourd’hui diplômée des Beaux-Arts et artiste accomplie, Sarah a cependant derrière elle un parcours étonnant et original. Avant de se tourner vers le domaine artistique, elle se lance dans des études de biologie, un monde qui semble bien loin de l’art et dans lequel elle a cependant su apporter son œil d’artiste. Déjà à l’époque, sa fascination pour ce domaine se manifeste pour le côté esthétique et l’enveloppe de ce monde. Les diagrammes, les images, le protocole, les tests PCR aux rendus abstraits font encore aujourd’hui partie de ses méthodes de travail et de son esthétique. Dès le départ, les barrières tombent, et les limites traditionnelles posées entre art et science s'effritent à travers son travail, qui semble alors avoir devancé le mouvement aujourd'hui de plus en plus populaire du bio art. Sa formation est très variée, car au sein même du monde de l’art Sarah semble refuser de se limiter. Lors de son échange à Chicago elle suit des cours de bio art, mais aussi de mode, où elle doit alors créer un vêtement. Cependant son identité d'artiste ne la quitte pas, et elle décide alors de faire la différence en réalisant un blouson pour plante, un projet qui marque le début de sa carrière et qu’elle réactive aujourd’hui lors de différentes performances. Mais c'est aussi une pièce majeure, qui

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Mélanie Villemot, Tatemae, 2018, Perles acryliques, système d'assemblage de tubes Rose Krieger en acier et aluminium, plastique, colorant alimentaire, farine de pois chiche (modèle Galliane Didier). Collection Croisière 2019.

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MODE

UNE COMPLAISANCE DANS L’AMBIGUÏTÉ ET LE FLOU : NOUVELLE COLLECTION

Ce projet part d’un constat que Sarah fait lors de ses études et de sa participation à l’atelier de l’artiste conceptuel Claude Closky : le vêtement est de plus en plus présent en art, et si toutes les œuvres se situant autour du vêtement étaient regroupées, nous serions face à une collection aux pièces toutes aussi uniques qu’étonnantes. De cette réflexion elle a fait une réalité lors de son projet Nouvelle Collection, une performance prenant la forme d’un défilé de mode, où des œuvres et des artistes choisis par Sarah, qui se fait alors curatrice, sont amenés à participer à un projet collaboratif. Le travail de Sarah, oscillant entre le rôle de manager pour d’autres artistes qu’elle inclut dans ses projets, mais aussi de curatrice et d’organisatrice de défilés de mode, nous parle également d’une réalité du monde de l’art. La précarité de ce domaine est malheureusement une vérité toujours d’actualité, mais endosser tous ces rôles et ouvrir les portes de l’art ne constitueraient-ils alors pas des moyens de remédier à ce problème ? Nouvelle Collection se joue donc de son ambiguïté. Est-ce un défilé de mode, une performance artistique, Sarah est-elle curatrice, ou artiste, et avons-nous à faire à des vêtements ou à des œuvres d’art ? En réalité, toutes ces réponses semblent être valides. Les pièces sont des œuvres portables, à la limite entre le vêtement et l’objet d’art. Une piscine gonflable faisant office de robe, des feuilles de papiers agencées pour créer une tenue, ou encore une plante vêtue de son imperméable en guise d’accessoire, Nouvelle Collection se joue alors de l’ambiguïté entre œuvre et vêtement. Ce projet nous démontre que la limite entre art et mode se fait de plus en plus mince, et que le snobisme du premier par rapport au second n’a plus vraiment lieu d’être. Sarah le dit elle-même, « l’art et la mode sont deux mondes qui se ressemblent beaucoup, et convergent sans cesse l’un vers l’autre ». De plus en plus d’artistes issus d’une nouvelle génération viennent questionner les limites posées entre les différents domaines et la hiérarchie instaurée dans la tradition, mais démontrent aussi qu’aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement d’être, il faut être multiple. Nouvelle Collection, bien plus qu’une performance artistique, vient questionner le futur de l’art et son rapport aux autres disciplines, et nous démontre avec brio qu’une pièce artistique n’est pas obligatoirement un objet individualiste, mais peut être un projet collaboratif, mêlant diverses disciplines, et refusant de les délimiter les unes des autres. Sarah repousse sans cesse les limites et nous démontre qu’être un artiste à notre époque signifie également être fait de diverses facettes, une figure impossible à définir en un seul mot. Go Out! magazine

UN REFUS DE LA DÉFINITION

Choisir un unique terme pour définir le travail de Sarah Nefissa Belhadjali, mais aussi son statut, semble une tâche impossible à accomplir. Cependant cette impossibilité de la définition témoigne aussi d’une volonté de ne pas se limiter et de sans cesse explorer de nouveaux horizons. En écoutant Sarah parler de ses projets, il en ressort un foisonnement d’idées qui ne se voit posé aucunes frontières. Ses projets, très variés quant aux médiums, allant de l’œuvre portable à la vidéo, en passant bien évidemment par la performance, mais aussi la photographie, témoignent de cette volonté d’ouvrir l’art à toutes les disciplines. Véritable artiste de son temps, elle représente à la perfection cette nouvelle génération touche-à-tout qui refuse de se contenter du minimum, et ne pose aucune limite à sa créativité. Une belle preuve que l’art n’a pas fini de nous surprendre.

http://nouvellecollection.paris/

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20 -25

mai

2019

olga-olga.ch

Semaine du livre petite enfance et familles • Parcs Franchises, Bastions, Cropettes et Bertrand • Bibliothèques municipales • Maison de la Créativité • Librairies Au Chien Bleu, la Librerit et Librairie du Boulevard

www.bm-geneve.ch www.maisondelacreativite.ch

www.ville-geneve.ch


EN FAMILLE

LA CHAMPAGNE NARRATIVE Par VINCENT MAGNENAT

Pour la vingt-deuxième année, la Cour des Contes tient audience aux porte de la Champagne genevoise, à Plan-les-Ouates. Le travail continu et engagé des comités a permis de pérenniser cette manifestation qui couvre les deux premières semaines de mai. Il est très intéressant d’assister au retour en grâce de l’oralité quant à la transmission culturelle, face aux coups de boutoirs incessants de l’écrit, et de la vidéo. On raconte qu’aux temps des anciens grecs, et vraisemblablement chez tous les peuples qui étaient en train de développer l’écrit, que ce médium était vu comme le début de la fin de la civilisation. Une telle crainte peut nous sembler quelque peu risible en 2019, mais il faut se rappeler que tout, absolument tout, passait par la parole et surtout la mémoire. On craignait que l’introduction de média facilitants (comme l’écrit il y a 4000 ans et le web aujourd’hui) que celle-ci nous dédouanerait de tout effort. Il est de plus en plus clair que c’étaient là des cris d’orfraie. On notera incidemment d’ailleurs que des recherches récentes en anthropologie aborigène en Australie ont permis d’établir que certains récits racontaient avec précision la topographie ou l’histoire de lieux qui avaient été engloutis à la fin du dernier âge glaciaire, c’est-à-dire il y a plus de 12’000 ans, et que l’information orale auparavant méprisée avait conservé avec précision une mémoire qui aurait été perdue. Ce qui remet en question les fondements de la séparation de la préhistoire d’avec l’histoire basée sur l’utilisation de l’écrit.

Jean-Sébastien Bernard, Marine Besnard Choregraphy, la Compagnie Créature, Gigi Bigot, Geneviève Boillat, Anne Borlée, Contacordes, Najoua, Layla et Jihad Darwiche, l’ensemble théâtral Estrarre, les Fils du Facteur, Alberto Garcia Sanchez, Simon Gauthier, la compagnie Mademoiselle F*, Christine Métrailler, Alix Noble Burnand, Julien Staudt, Franck Sylvestre, le Théâtre du Phare, la compagnie Une Chanson Tonton, Les Volubiles, Nadine Walsh ainsi que Zitoune & Compagnie.

Force spectacles sont à l’affiche de la Cour des Contes, dont déjà trente-sept qui s’adressent aux êtres qui content encore fleurettes à l’état de nature rousseauiste, et vingt-et-un à partir de la jeune adolescence. Une formule deux spectacles le même soir avec un tarif global existe pour huit spectacles, donc répartis en quatre soirées. Douze spectacles sont gratuits, et des ateliers gracieux pour les tout-petits sont prévus au restaurant la Julienne et à Champ-Ravy, le génial restaurant lancé dernièrement par Caritas.

La Cour des Contes Du 3 au 12 mai Divers lieux, en majorité à Plan-les-Ouates 80 CHF carte festivalier

Deux spectacles sont donnés en italien par Fida Morone de la compagnie Astolfo sulla Luna, et le reste en langue d’oïl. Vont sévir les interprètes-artistes multifacettes : Lorette Andersen, Jérôme Aubineau, Christian Baumann, Thierry Beneteau, Nefissa Benouniche, Go Out! magazine

20 CHF par spectacle 10 CHF adulte/enfant tarif bambino Tarifs réduits usuels lacourdescontes.ch

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LIVRES

ESPÉRANCES ENSEVELIES Par NYATA NATALIE RIAD

Premier roman de l’écrivain américain Earl Thompson – qui n’aura ensuite pas le temps d’en produire beaucoup, la faute à une rupture d’anévrisme fatale à l’âge de 47 ans –, Un Jardin de Sable, paru en 1970 et édité pour la première fois en français l’an dernier par la géniale maison Monsieur Toussaint Louverture, est une immersion dans les profondeurs poisseuses du Midwest, du sud des Etats-Unis et de l’âme humaine à l’ère de la Grande Dépression. Pour partie autobiographique, cette œuvre monumentale enfonce un peu plus à chacune de ses 832 pages le lecteur dans les turpitudes d’une époque boursouflée de misère, de violence, de sexe et d’alcool, et bien souvent de tout cela à la fois. Un contexte rendu d’autant plus malsain qu’il constitue le décor d’une enfance, celle de Jacky, parachuté sans repères dans cet univers pétri de vices et de blessures qui ne cicatrisent jamais, condamné à y grandir, forcément moins bien que mal. Et pourtant, ça et là on cueille dans ce verger crasseux les plus beaux fruits, nés de la force et de l’espoir, même si leur saveur est bien éphémère... Un roman puissant, marquant, qui mérite qu’on s’y attarde plus amplement. Mai.19

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LIVRES

En suivant les soubresauts de la jeune vie de Jacky, Earl Thompson dépeint un monde où toute velléité morale est violée avant d’être pulvérisée par la masse de mots contenue dans cet immense roman, qu’on se prend comme un parpaing en pleine poire. Indigeste, ce livre ne l’est pas (bien que parfois traversé par des longueurs) : l’écriture est limpide, flirte avec une juste mesure de lyrisme qui offre de très beaux passages, le rythme est bien soutenu et le tout plus que prenant. Mais il hante le lecteur, forcément. Ces douze années initiales de l’existence mouvementée de Jack le plongent dans la brutalité d’une réalité au jour le jour, à la poursuite du moindre dollar qui permettra de payer le loyer d’un taudis et d’avaler un repas minable histoire de pouvoir recommencer le lendemain. Et parmi la galerie de personnages qui habite cette fresque de l’A mérique des oubliés, chacun gère le quotidien selon les moyens qu’il ou elle a à bord : le vieux MacDeramid, graveleux à l’occasion, râle à qui mieux mieux, droit dans ses bottes rigidifiées par des convictions inébranlables, tandis que sa femme s’engonce dans les contraintes journalières et la piété, Wilma vend son corps à des ouvriers ou des marines selon le bled dans lequel elle se trouve et Bill picole, tabasse, baise, arnaque et va en taule de façon cyclique. Sans oublier tous les individus de passage, qui composent un véritable carnaval haut en couleurs de la misère et de la violence (ivrognes, pédophiles, nain agressif, prostituées à la pelle, violeurs, nympho obèse, encapuchonnés du KKK, ...). Pendant que Jack, zéro éducation en poche, se bricole un monde intérieur tortueux en fonction de ce qu’on lui a enfoncé dans le crâne et de ce qu’il a sous les yeux, captif comme tous les enfants de la vie qu’on lui impose, mais avec l’obsession incestueuse en plus ; élément dérangeant de ce roman qui n’est d’ailleurs pas à mettre entre toutes les mains. Malgré tout, on perçoit à travers cet écheveau d’infamie l’extraordinaire force de l’espoir en l’avenir, fabuleux artefact cognitif de l’instinct de survie : celui qui fait tenir Wilma debout sur ses jolies jambes, rêvassant d’une « vie normale » alors que son être crie la douleur des passes et des coups ; celui du grand-père qui se traduit par sa véhémence verbale ; celui de la grand-mère dans la rédemption de l’au-delà ; celui de Jack dans des lendemains qui chantent, bien qu’il ignore comment chanter juste… Et oui, c’est un très beau roman.

Earl Thompson

Tout comme l’auteur d’Un Jardin de Sable, Jacky (ou parfois Jack) naît en mai 1931 dans une ferme près de Wichita, Kansas. Un accident de jeunesse d’autant plus malvenu de la part de sa mère Wilma et de son Suédois de père que le pays traverse une crise économique sans précédent. Sans compter que le géniteur du bébé, déjà pas tellement au taquet pour ce qui concerne la prise en charge de sa nouvelle petite famille, a le mauvais goût de mourir prématurément au volant d’une voiture, avec accessoirement Miss Wichita 1932 pour passagère. Désormais orphelin de père, Jack se retrouve rapidement sans mère, pour ainsi dire, celle-ci préférant mener une existence plus légère et confiant donc l’enfant à ses grands-parents, les MacDeramid. Cadre initial dans lequel évolue le gamin – avec déjà sa dose de détraquements –, la ferme familiale finit par être arrachée par la banque, les MacDeramid étant alors contraints de déménager en ville d’une habitation plus sordide à une autre au fil des boulots qu’ils trouvent, tâche compliquée par les tonitruantes diatribes antiRoosevelt dont le truculent patriarche John rabâche les oreilles à qui veut bien l’entendre, ou pas. Et bientôt, l’assistance publique et ses interminables files d’attente deviennent une nécessité. Evidemment, ils trimballent le petit Jacky avec eux, et lui perçoit le peu de confort qui s’amenuise encore, la marginalisation induite par les guenilles qu’il porte… Mais plus que tout, sa mère lui manque, elle qu’il ne voit jusqu’à un certain âge qu’au gré de ses rares visites, toujours si jolie et apprêtée, incarnant la promesse d’une vie meilleure mais aussi l’écrin de ses désirs naissants, façonnés par un complexe d’Œdipe sacrément hardcore. Et ce n’est pas le (prétendu ?) remariage de Wilma avec un certain Bill Wild – chômeur alcoolique et cogneur en série – ni la vie qu’il mènera avec eux deux qui calmera ses perverses ardeurs, bien au contraire…

Un Jardin de Sable Earl Thompson Préface de Donald R. Pollock 832 pages Ed. Monsieur Toussaint Louverture www.monsieurtoussaintlouverture.net

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SECRE FILES

MISSION DATE: 18 MAI 2019 LIEU: GENEVE 24 lieux + navettes tpg = CHF 10.www.nuitdesmusees-geneve.ch

#PartageonsNosPassions Mai.19

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ET

STAY COOL

Tracey Emin © Richard Haughton

VILLA LA COSTE ARIANA PÉROU COSMÉTIQUES BOURGOGNE LE PÉROLLES YAKUMANKA CRYO YOGA BIJOUX KAZAKHSTAN HUAWEI MONTENEGRO Go Out! magazine

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HOTSPOTS

HOTSPOTS

© Roller's Golf

© Chez Mamie

ROLLER’S GOLF

CHEZ MAMIE

L’ère est à la niche, celle qui saura attirer un chaland volatile sans verser dans l’invendable. On avait vu un bar à pingouins à Tokyo, too much et de loin. En revanche un parcours de minigolf lové dans un débit de boissons, ça oui pardi ! Ce sont plus de 400m2 d’espace dédié, avec le parcours, à boire et du manger, le tout propulsé par une bande-son spéciale gagnants. On sent un ton commercial à la mesure de ses ambitions, et ça fait du bien. Chacun des douze trous du parcours s’inspire de classiques du cinéma, des obstacles à rajouter sont à disposition des plus pernicieux et un trou bonus en mode cave fluo sous influence. Le bar propose des cocktails évocateurs comme le MartiniMcFly, Piscosaurus Rex ou encore le White Russian can’t Jump. Pour la boustifaille, ce seront des hot-dogs qui suivent la même logique : Netflix and Chilli, Holy Guacamole et enfin le Snoop Double Dogg it. En avant Tiger Woods ! VM

Le quartier de Plainpalais-Jonction poursuit sa mue vers une vie de quartier un peu plus lumineuse - certaines mauvaises langues parlent volontiers de gentrification - et la rue des Rois de fait pas exception. C’est au tour de la petite franchise helvétique Chez Mamie de se greffer respectueusement dans la place. Comme son nom le laisse deviner, il s’agit de vrac, donc de trouver des produits de meilleure qualité, à un prix équivalent voire moindre que les grandes surfaces, et surtout de réduire de manière stalinienne les emballages et autres millions de tonnes de plastiques inutiles. L’idée est de se réorganiser et de se pointer avec des contenants durables, mais pas de panique, il y a des pochons en papier recyclé ! À nous la liberté retrouvée ! VM

Chez Mamie Mardi à samedi De 10h à 18h

Roller’s Golf

17, rue des Rois - 1204 Genève

Ma-Je : 12h - 23h

022 547 39 27

Sur réservation entre 14h et 17h Ve-Sa : 12h - 1h du matin

chezmamie-biovrac.ch

Di : 12h - 23h 4, ruelle des Templiers - 1207 Genève rollersgolf.com

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HOTSPOTS

© Ten's Kitchen & Bar

HÔTEL.D

TEN’S KITCHEN & BAR

Le paradoxe pâquisard se perçoit de plein fouet en mettant le pied

Niché dans la très moderne bâtisse du 10, avenue du Mail, un petit

dehors autour disons de 18h : trois véhicules tentent de se frayer un

nouveau vient de s’installer dans l’arcade qui fait l’angle avec la

passage à coups de klaxon, des commerçantes corporelles font valoir

rue Gourgas. Le restaurant balbutie mais ce n’est pas le cas de son

leurs atouts générant souvent quelqu’approbation d’un certain public,

tenancier qui n’en est pas à son coup d’essai, et ça se voit ! Mobilier

un égaré faisandant la venaison passée tente toujours de se saisir de

élancé et léger recouvert de cuir, tables avec pied ancien et plateau

la réalité à bras-le-corps et à force de sa voix; bref c’est un quartier

ultra-brut poncé, ferronnerie moderne mais réalisée localement.

vivant. De ce fait, installer un quatre étoile du groupe alsacien Diane

Un espace feutré avec un bar engageant attend le noctambule en

Hôtels pourrait passer pour un défi. Lesquels travaux d’Hercule ont

devenir. D’engageant, il y a également la carte, que la direction se

impliqué la participation de Sybille de Margerie, grande habituée de

réserve le droit d’adapter en fonction des soubresauts de la clientèle;

la décoration d’intérieur parisienne, dans ce bâtiment néoclassique

on sent l’habitué. Viandes à la plancha cotonnent burger et frites,

classé. On ne peut que constater la réussite de l’entreprise, d’autant

avec une série d’entrées ambitieuses mais réalistes. C’est ailleurs le

que l’insonorisation a tété prise particulièrement au sérieux. Quant

maître mot des lieux : inclusion et simplicité avec les avantages de

à la qualité du service, les étoiles servent à cela, que diantre. VM

la Nouvelle Cuisine, c’est-à-dire la religion des produits de qualité et locaux. VM

Hôtel.D

Ten’s Kitchen & Bar

16, rue de Fribourg - 1201 Genève

11h - 1h du matin

022 777 16 16

10, avenue du Mail - 1205 Genève

hoteld-geneva.ch

tensgeneva.com

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Samedi 25 mai 2019 . 10h-17h geneveterroir.ch

CAVES OUVERTES GENEVE


VINS

EN BOURGOGNE, LAISSER LE TEMPS AU TEMPS… La

chronique œnologique de

PIERRE-EMMANUEL FEHR

Robert et Jean-Louis Sirugue. © Pierre-Emmanuel Fehr

Oui, mais pas trop avant d'y retourner. La Bourgogne, ce n'est pas seulement quelques domaines spéculatifs, mais aussi les accueils chaleureux, les domaines familiaux, l'équilibre entre expérience des anciens et avancées techniques amenées par la jeunesse. La Bourgogne, région fascinante par l'expression du morcellement de ses climats éclatés: comme le martèlent de manière solennelle tous les vignerons rencontrés: « il faut laisser parler le terroir »! Suite à notre virée printanière, nous vous emmenons chez les trois domaines qui nous ont le plus marqués. Que ce soit sur le sublime millésime 2017 pour les blancs ou l'expressif et solaire millésime 2018 pour les rouges, de grandes émotions.

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VINS

« LAISSER LE TEMPS AU TEMPS »

Une phrase anodine, essaimée par les différents vignerons visités au cours de notre séjour... Prend-elle une sonorité particulière dans cette région où les moines ont hiérarchisé sur des siècles chaque parcelle? Est-ce parce que certaines de nos plus grandes émotions ont été partagées autour de bouteilles de Bourgogne de plus de 50 ans d'âge? Le Pinot Noir bourguignon a cela de particulier qu'il est insaisissable, suit ses propres cycles imprévisibles, qu'une bouteille peut parfois sembler bonne à jeter après 30 ans, mais qu'une autre du double de son âge présente un fruité d'une jeunesse insoupçonnée. Ce cépage convient si bien à cette terre, parce qu'il ne s'impose pas, il se fait l'interprète du terroir, capable de restituer toutes ses nuances. « Laisser le temps au temps »… dans un monde dans lequel la quasi-totalité des bouteilles achetées sont bues dans les heures qui suivent, que seuls quelques rares restaurants proposent des vins à maturité, qu'il n'est plus dans les habitudes de garder son vin en cave avant de le déguster quelques années plus tard, si ce n'est dans une stratégie de placement financier... Dans certaines caves de Bourgogne heureusement, rien n'a changé et les traditions perdurent. La région mère du Pinot Noir est toujours aussi passionnante et mystérieuse. Elle ne se dévoile pas facilement, précautionneuse de sauvegarder ce qu'il reste de son essence. Espérons que les spéculateurs, les investisseurs et les droits de succession ne la détruiront pas. En attendant, profitons-en, dégustons, encavons et buvons.

Michel Coutoux (Domaine Michel Niellon). © Pierre-Emmanuel Fehr

d'être déçus si ça n'a plus le même goût quelques années plus tard. Le vin c'est comme moi, ça finit par se gâter, vous voyez bien mes cheveux blancs ». Nous dégustons ses cuvées sur ce millésime 2017, frais et lumineux. Alors que sa cuvée Village est fluide et flotte dans les airs, ses 1er Crus nous emportent dans une autre sphère. Le 1er Cru Clos de la Maltroie, légère caresse beurrée, est d'une précision lente qui laisse déjà présager de la viscosité si particulière des grandes cuvées de l'appellation. Le 1er Cru les Vergers, libellule virevoltante, est d'une finesse extrême, un chuchotement doux et intelligible. Il trace tout le long de son parcours en bouche, comme s'il scintillait en nous indiquant la voie. Coup de cœur, d'un équilibre parfait sur ce millésime. Son voisin de terrain, le 1er Cru le Clos Saint Jean présente un profil moins floral mais de mirabelle, avec une attaque ronde et voluptueuse; une structure qui laisse présager un grand potentiel de garde. Puis Michel Coutoux nous fait le privilège de déguster le mythique Chevalier-Montrachet Grand Cru. Même dégusté jeune, la texture en bouche est d'un autre monde. Le gras s'exprime par une fine pellicule qui recouvre onctueusement le palais; peut-on atteindre une plus belle viscosité? Un nez de muguet, d'ananas, une véritable symphonie coordonnée. La bouche est légèrement pétroleuse, d'une longueur interminable. L'énergie qui s'en dégage est si particulière que l'on ne s'y trompe pas: c'est peut-être le plus grand vin blanc de Bourgogne qui est en train de glisser dans notre corps. Ce vin, remède par excellence, devrait être remboursé par les assurances! Michel Coutoux ajoute: « le vin c'est comme l'homéopathie, c'est fait à base de plantes. Finissez la bouteille, vous n'en boirez pas tous les jours ». Deux heures plus tard, il nous congédie avec le sourire de celui qui sait qu'il a rendu heureux ses visiteurs.

DOMAINE MICHEL NIELLON, CHASSAGNE-MONTRACHET (CÔTE DE BEAUNE)

Après deux heures d'autoroute et avec la gorge sèche, nous arrivons dans le village de Chassagne, dernière commune de la Côte d'Or. Ce village ne semble respirer que par les vignes et toutes ses ruelles mènent aux pieds de coteaux, qui produisent des Chardonnay de première catégorie en Bourgogne. Au sommet de l'appellation, Michel Coutoux (gendre de Michel Niellon), qui a repris le domaine en 1990 avec son épouse. Ce domaine de 8 hectares possède de magnifiques 1er Crus et Grands Crus, tout en restant familial et rares sont ceux qui peuvent prétendre égaler la concentration et viscosité de leurs plus grandes cuvées. Bien que l'essentiel de ses vins s'arrachent à l'export, Michel Coutoux prend le temps, comme s'il parlait de ses vins pour la première fois, toujours avec humilité et respect de sa terre. Son travail à la vigne est méticuleux et lui permet de ne pas débourber pour garder un maximum de lies dans les cuves ou fûts: « je leur fous la paix, il faut laisser le temps au temps ». Bien que les vins du domaine soient de grande garde, Michel Coutoux est adepte du plaisir certain: « si vous avez du plaisir quand vous dégustez, vous risquez Mai.19

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VINS

DOMAINE SIRUGUE ROBERT & SES ENFANTS, VOSNE-ROMANÉE (CÔTE DE NUITS)

Après un fort bon souper à la Rôtisserie du Chambertin, terminé par un déglaçage des papilles au Chablis, le réveil très matinal se corse par la réception glaciale et commerciale chez un domaine dont nous tairons le nom. Le contraste qui s'en suit avec le Domaine Sirugue n'en est que plus saisissant! La voix claire et énergique de Marie-France nous parvient de loin « on est en-dessous, descendez à la cave ! ». Quelques marches plus bas, c'est la Bourgogne enchanteresse. Confortablement installé sur sa chaise entre deux tonneaux, le patriarche Robert s’agrippe à sa canne en nous observant avec malice alors qu’il déguste : « c’est bon, ça c’est sûr…! On ne vend pas d’l’eau, ça rouille ». Son fils Jean-Louis et petit-fils Arnaud sont en train de soutirer leur unique fût Grands Echézeaux Grand Cru 2017: « Approchez votre verre, vous ne pourrez pas déguster tous les jours du Grands Echézeaux qui coule à flot du tonneau. Non mais allez-y, il y a trop peu dans le verre ». Quel moment inoubliable… ce nectar semble couler de la plus naturelle des façons dans nos corps, il y a là une véritable harmonie entre vin, terre et hommes. Un grand moment de partage, en toute simplicité.

Stéphane Magnien. © Pierre-Emmanuel Fehr

DOMAINE STÉPHANE MAGNIEN, MOREY-SAINT-DENIS (CÔTE DE NUITS)

Stéphane Magnien n'a pas terminé de manger lorsque nous déboulons dans sa cour, mais le jeune homme qui a repris le domaine en 2008 et raffole du Chasselas du Lavaux, n'en perd pas son sourire bonhomme et pétillant. C'est qu'il a hérité de 4.5 hectares de magnifiques vignes cultivées sainement par sa famille depuis 1897. L'âge moyen de ses vignes est de 50 ans, mais les plus vieilles datent de 1902, et comptent même des ceps de Pinot Tordu (clone du Pinot Noir à peau fine et petits raisins). Chaque année, il est parmi les premiers à vendanger, toujours à la recherche de fraîcheur, puis vinifie avec peu d'extraction pour plus de croquant. Nous dégustons ses cuvées 2018 sur fût, qui confirment son travail et statut d'étoile montante de la Côte de Nuits. Le Chambolle-Musigny Vieilles Vignes (lieu-dit des Athets) est fragile et émouvant. Il reflète bien cette étrange parcelle où se côtoient avec le Pinot Noir, de très vieux ceps épars de Pinot Gris, Pinot Meunier et Chardonnay, car « à l'époque on plantait ce qu'on avait ». Des ceps que Stéphane n'arracherait pour rien au monde, car il aime le côté anarchique et décalé de cette parcelle. Mais la découverte de la dégustation restera sans conteste le Morey-Saint-Denis 1er Cru les Monts-Luisants, climat superbement situé, juste au-dessus du Clos de la Roche: quelle profondeur malgré la trame fine et épicée, une densité phénoménale mais précise, accompagnée par des notes éclatantes de noyau de cerise. Sur ce millésime solaire, ce climat exprime tout son potentiel, entre la sévérité de l'appellation de Morey-Saint-Denis et le fruité recherché par Stéphane Magnien. Puis le trou noir avec le Clos Saint-Denis Grand Cru. Nous sommes aspirés dans la profondeur de la terre dure, sur laquelle Stéphane Magnien se plaît à apporter de la fluidité. Attention, grand vin! Un jeune vigneron tout en simplicité, qu'il conviendra de suivre de très près.

Go Out! magazine

Nous enchaînons avec le Vosne-Romanée Village 2016 et quelle élégance là-aussi, c’est étonnamment charnel pour ces vignes âgées de près de 70 ans. Puis nous dégustons l’étendard de la maison, le Vosne-Romanée 1er Cru les Petits-Monts 2016. Ce climat se trouve en haut de coteau, juste au-dessus du Richebourg et à côté du Cros Parantoux, c'est ce qui s'appelle être bien entouré! Quelle déferlante, lente et puissante, qui nous couche de manière douce et bienveillante. Robert n’est pas souvent à la cave, il en profite pour déguster ce Petits-Monts et ne s’y trompe pas. La larme à l’œil, il lâche quelques mots le regard perdu : « ahh, c’est vineux, c’est tendre ». Une texture veloutée, une longueur naturelle qui n’a pas besoin de jouer des coudes pour se faire un chemin. Devant notre enthousiasme, Marie-France, la sœur de Jean-Louis, nous propose les millésimes 2017 et 2018 sur ce climat, puis une bouteille à l’aveugle pour notre plaisir et celui de la famille. Tout le monde se prête au jeu. Petits-Monts 1998. Encore une magnifique fraîcheur, mais plus d’âpreté que sur les millésimes récents. On peut constater la belle évolution du domaine à la vinification, aujourd'hui avec une extraction plus douce. Mais Marie-France tient quand-même à nous le rappeler: « il faut laisser le temps au temps ». Nous repartons, avec une seule envie, revenir vite. Rendez-vous est pris, bien avant l'année prochaine.

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MAINTENANT. BLOCKCHAIN. DIGITAL. BOTS. UX. KPI. ICO. BON VIEUX PAPIER. INFLUENCERS. SURPRENDRE. ACTIVATIONS. AGILE. ROI. CONTENUS. TOUT DE SUITE. COMMUNAUTÉ. Le monde a déjà changé depuis hier soir. Peu importe les modes et les canaux de diffusion, nous pensons que la communication se fonde sur la combinaison « stratégie+création » pensée spécifiquement pour votre réalité et celle de vos clients. D’ailleurs, c’est sur cette page que vous venez de nous rencontrer. EN FRANÇAIS. IN ENGLISH. UF SCHWIIZERTÜTSCH. 日本語で.

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COUP DE FOOD

SUR LE GRILL Par RAYANE M'ZOURI

© LE GRILL

En février dernier, le chef Alexandre Tamburini posait ses couteaux au Restaurant le grill du Grand Hotel Kempiski Genève. Il nous y dévoile sa nouvelle carte pour la saison d’été et ce n’est pas pour nous déplaire. Au diable la diète, le tendancieux véganisme et la rédemption culinaire, ici, on fait place à un menu de carnivore aux incisives aiguisées: melon et boeuf, ribs de boeuf confit et glacé, tartare de filet de boeuf coupé au couteau et entrecôte parisienne black angus. De quoi frémir de plaisir! Dégustation les yeux fermés. Il est enfin temps d’enfiler sa plus belle tenue estivale et de foncer

On note sur ce nouveau menu une place importante de mets à base

direction le Grill, le restaurant où le partage est mis au goût de

de poisson toujours dans l’esprit du Grill avec entre autre un pavé de

chacun, où la gourmandise n’est plus un tabou et où la cuisine

thon grillé, un poulpe du grill et le black cod poché au aromates. Sans

s’affirme avec une identité tranchée: on y vénère la viande et le

oublier évidemment des plats vegan pour les acolytes de carnassier!

poisson! Le Chef Alexandre Tamburini nous émerveille avec une

On s’installe donc dans cet antre de la cuisine saisonnière, moderne,

cuisine riche et savoureuse en harmonie avec les saisons. Dans ce

où le produit est mis en avant et se dévoile d’une exquise simplicité.

lieu d’exception où la cuisine nous fait rêver, on profite d’une vue sur

La qualité des produits qu’Alexandre Tamburini sélectionne avec

le quai du Mont-Blanc avec lac et Jet d’eau en sus.

soin chez des fournisseurs locaux et internationaux triés sur le volet s’avère le gage pour sublimer ses menus. Mention spéciale pour le

On a pu déguster plusieurs mets qui nous ont ravi les papilles avec

service 5 étoiles!

pour commencer une bruschetta truffée à tomber! On a poursuivi avec le tartare de thon vinaigrette asiatique et algues wakamé

A noter:

et le foie gras en terrine de fruits du mendiant et rhubarbe. Puis

Le GRILL Lunch (entrée, plat du jour et dessert) servi au déjeuner

éclipse stomacale avec le coeur de filet de boeuf et le magret de

en 45 minutes du lundi au vendredi pour 45 CHF.

canard rôti à basse température qui nous a laissé ébaubi. En guise

Le Grill au Grand Hotel Kempinski Genève

d’accompagnement on a opté pour les légumes de saison grillés,

Quai du Mont-Blanc 19, 1201 Genève

les pleurotes sautées et les frites de patates douces qui ne nous ont

022 908 92 20

pas laissé sur notre faim. Ainsi, pour clore ce repas d’hédonistes

www.kempiski.com

toujours en quête de nouvelles saveurs, on a craqué pour la tarte au citron et la poire du Grill.

Go Out! magazine

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COUP DE FOOD

LES CEVICHES SÉVISSENT AVEC DÉLICE Par RAYANE M'ZOURI

Le chef César Alonso Bellido

Envie d’une expérience culinaire péruvienne des plus fantastiques? Si vous êtes à la page, vous devinerez facilement que dans la galaxie gastronomique genevoise il s’agit du Yakumanka! Condensé de bonheur gustatif, ce nouveau spot émerveille nos papilles et les fait voltiger jusqu’au Pérou! Cette cevicheria - bar à marinade de fruits de mer et de poissons cuits - présente depuis le mois mars la cuisine du renommé chef péruvien Gastón Acurio. Bien loin des clichés guindés de restaurants bobo genevois, ce nouveau lieu se distingue par sa simplicité, sa créativité et son service chaleureux. On se laisse bercer dans une atmosphère à la cool. Détendu, on se croirait comme niché sur un bateau de pêcheur échoué au bord du Pacifique. Colorée, saine et goûteuse, la cuisine est riche, exquise et ne vous laissera pas sur votre faim. Aux fourneaux? Le chef César Alonso Bellido, disciple de Gastón Acurio. Il débarque à Genève, couteaux entre les dents, tel un pirate écumant les mers à la conquête d’un public culinaire genevois exigeant. Pour Go Out!, il se confie sans écaille, et dévoile une personnalité pleine de vitalité. Découverte.

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COUP DE FOOD

Pour 29 ans, vous avez déjà un joli parcours de chef avec entre autre un passage au Noma et surtout un forte expérience auprès du célèbre chef Gastón Acurio… C’est vrai. J’ai commencé ma carrière de chef cuisinier à Lima au Pérou pendant deux ans. Puis j’ai beaucoup voyagé en Europe, en Amérique et au Moyen-Orient. Le Noma, c’était un stage de trois mois! J’ai effectué plusieurs aller-retours entre ma ville d’origine et divers lieux afin de pratiquer un maximum, connaître toutes les bases en cuisine et surtout approfondir la gastronomie péruvienne. Le chef Gastón Acurio m’a fait confiance et après avoir fait mes armes dans son réputé restaurant gastronomique de Lima - Astrid y Gastón -, j’ai supervisé les ouvertures des premiers restaurant Yakumanka à Barcelone et La mar à Doha. J’y ai fait un saut de puce de trois mois dans une cevicheria, avec un concept relax, dans un grand endroit qui comprenait 200 couverts. Puis je suis venu à Genève. On retrouve dans votre menu autour d’une clique de poisson frais, du ceviche et des tiraditos, des spécialités péruviennes inspirées de la populaire street food de Lima. D’où trouvez-vous votre inspiration composant votre carte au Yakumanka ? Mon inspiration provient de par la mémoire et la tradition. Quand tu retranscris ta mémoire et que tu la superposes à ta cuisine, tu obtiens tout ce que tu désires. Lorsque je voyage au Pérou, je planifie toujours en amont les endroits où je vais manger, avec mes amis et ma famille. Au retour, j’essaye de partager ceci avec les gens à travers ma cuisine, et quand ces derniers aiment, c’est incroyable, et s’ils n’apprécient pas, je change ! La meilleure critique reste celle des clients. On tente toujours de faire du mieux que l’on peut.

temps pour ce restaurant. C’est la plus petite ville dans laquelle j’ai eu à travailler jusqu’ici, et c’est intéressant. Je dois dégager du temps pour découvrir Genève et la Suisse. Je n’ai même pas eu le temps d’aller skier cet hiver et avant tout d’apprendre le français.

Yakumanka

Votre cuisine est à l’image de votre personnalité: caliente! (Rires) Oui et justement c’est ce qui fait que notre cuisine est riche, chaleureuse et relevée! J’ai toujours vécu dans des villes en bord de mer et avec du beau temps, exception faite pour New-York, Copenhague et Genève. L’effervescence de Lima, son foisonnement de 10 millions de personnes, son mode de vie m’inspirent. Mon objectif principal est de développer le Yakumanka et d’en faire le meilleur endroit où manger péruvien.

c/o Mandarin Oriental Geneva Quai Turrettini 1, 1201 Genève 022 909 00 00 mandarinoriental.com

Pour vous Genève est une nouvelle expérience. Comment vous y sentez-vous ? Effectivement c’est une nouvelle façon de me concentrer sur un nouveau projet, sur mon travail, vu que c’est une ouverture, un nouveau concept ici. Je dépense tout mon

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SMART BODY TRAINING

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OBJET DU MOIS

© Samsung

LA VIE DANS LA CUISINE

En avril dernier, c’est durant le Salon international du meuble de Milan qu’on a découvert le frigo de nos rêves: le Samsung Family Hub: Un réfrigérateur dopé à l'intelligence artificielle! Ultra smart cette gamme a été lancée en 2016. Depuis une nuée de fonctionnalités s’est développée afin de faciliter la vie de notre quotidien : Meal Planner permettant de savoir ce qu'il y a dans le frigo à n'importe quel moment, depuis n’importe où avec View inside, et d'accéder à une liste de recettes intégrant ces ingrédients en prenant en compte leur date de péremption, ainsi que les préférences alimentaires ou régimes spéciaux des usagers, assistant Bixby, pratique pour l’organisation et la communication entre les membres de la famille, SmartThings qui connecte en toute transparence le Family Hub à des centaines d’appareils connectés compatibles avec Samsung, envoi de photo depuis le smartphone sur l’écran tactile, enceintes AKG…De quoi transformer la cuisine en un espace cool de socialisation pour la famille et les amis ! www.samsung.com

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BIJOUX

PIERRES PRÉCIEUSES ET JEUNES TALENTS Par AURORE DE GRANIER

Du 9 au 12 mai 2019 se tiendra à Genève la deuxième édition de GemGenève, un événement où les pierres précieuses et la joaillerie sont mises à l'honneur. Cette année encore, le salon accueillera quelques 200 exposants parmi les marchands de pierres précieuses les plus importants au monde, ainsi que de nombreux bijoux, vintages ou plus récents, rendant hommage au travail de ces pierres. Parmi ces figures majeures du monde des gemmes et de la bijouterie, seront présents des étudiants de deuxième année en Design Produit / Bijoux et Accessoires de la HEAD de Genève. Une opportunité rendue possible par le cofondateur de GemGenève, Thomas Faerber, ainsi que la Maison Abouchar qui soutient cette année les étudiants dans leurs réalisations et leur permet l'accès à ces pierres uniques. Un projet où la volonté de transmission et la mise en valeur des joaillers de demain mènent à une collaboration unique et précieuse.

Au printemps 2018 se tenait à Genève la première édition du salon GemGenève, consacré au monde des pierres précieuses et de leur utilisation dans la joaillerie. À la tête de ce projet, Ronny Totah et Thomas Faerber, deux figures du monde des pierres précieuses qui souhaitent partager leur passion pour cet univers étincelant. Fort de son succès, le salon est de retour cette année, et au milieu des prestigieux exposants auront la chance de se trouver de talentueux étudiants de la Haute Ecole d'Art et de Design de Genève (HEAD) ainsi que des élèves de la Haute Ecole de Joaillerie de Paris, deux institutions qui travaillent en collaboration. La présence de ces écoles lors de ce salon si prestigieux se doit en partie au travail d'une étudiante formée à Genève, Camille Combremont. Sa collection MODULUS séduit le cofondateur du salon, Thomas Faeber, qui lui propose alors de l'aider dans la réalisation de son bijou, une pièce composée de pierres de lune, qui sera présentée lors de cette édition 2019. Cette première rencontre ouvre la porte à une collaboration nouvelle entre GemGenève et la HEAD : Young Gems. Ce projet propose à dix-sept étudiantes et étudiants genevois, ainsi qu'à cinq élèves issues de l'école parisienne d'imaginer et de créer un bijou, sous le mentorat de Tiffany Bähler, professeure à la HEAD et talentueuse designer bijoux. Pendant un mois, les étudiants ont alors pu imaginer une collection composée de trois bijoux ainsi qu'un prototype incluant des pierres de couleur, offertes par la Maison Abouchar qui soutient cette édition de Young Gems. Au terme de la réalisation de ce projet, le jury, composé de prestigieuses figures du monde de la pierre précieuse, a sélectionné seize Mai.19

Projets de Claudia Roque Andrade, Nastassia Erhel, Charlotte Angéloz, et Lisa Defago © HEAD

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BIJOUX

pièces qui seront exposées lors de cette seconde édition de GemGenève. La création de bijoux présentant des pierres colorées a été rendue possible cette année grâce à la Maison Abouchar, une référence dans le monde de la vente de pierres précieuses et de diamants. Pour cette édition, le fondateur Charles Abouchar a choisi de mettre en avant deux pierres : l'améthyste et la citrine, deux gemmes appartenant à la famille du quartz. La première, variant du violet foncé au mauve, se lie alors à la seconde aux couleurs plus chaudes, évoluant entre le jaune et l'orange. Charles Abouchar parle également de la symbolique de ces pierres qu'il a choisies, des "pierres qui sont reconnues pour leurs vertus créatives, inspirantes et porteuses d'idées nouvelles". Du 9 au 12 mai nous aurons la chance de découvrir ce que ces pierres auront inspiré aux étudiants qui se mêleront aux plus grandes figures de ce milieu. Young Gems, bien plus qu'une vitrine pour les jeunes bijoutiers, est le fruit d'une collaboration où une passion se voit transmise à une jeune génération, aux joaillers de demain qui à leur tour mettront en valeur ces pierres à la beauté exceptionnelle. Gem Genève Du 9 au 12 mai Palexpo Halle 7 30, rue François-Peyrot - 1218 Le Grand-Saconnex

Projets de Claudia Roque Andrade, Nastassia Erhel, Charlotte Angéloz, et Lisa Defago © HEAD

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BIEN-ÊTRE

COUP DE FROID SUR LE GRAS Par MINA SIDI ALI

Poignées d’amour, ailes d’anges, culotte de cheval… on vous parle de la méthode minceur qui buzz en ce moment pour congédier ces derniers. Exit les aiguilles et les anesthésies, on a trouvé mieux : la cryolipolyse (cryo)! Avec sa méthode non invasive et indolore, ce soin débarqué tout droit des Etats-Unis atomise les amas de graisse localisée: ventre, fessiers, intérieur des cuisses, bras, mentons… Gardez l’amour, éliminez les poignées ! Les premiers rayons de soleil pointent leurs pics et on ne peut s’empêcher de réaliser que le nombre de jours qui nous sépare du bikini se réduit. On songe aux méthodes les plus rapides, sans douleur et surtout sans nécessité d’intervention chirurgicale pour se débarrasser de nos bourrelets disgracieux. Et c’est chez Frame by Sarah Battikha qu’on a découvert le soin idoine: la Medical Cryo. Ce dernier agit selon un principe connu : les cellules du tissu adipeux sont plus sensibles que les autres cellules à l’exposition prolongée au froid. Ainsi, en capturant le tissu graisseux avec une machine-ventouse et en le refroidissant à une température contrôlée de -5 °C, la méthode permet de cibler, geler et cristalliser les cellules graisseuses. Ce processus entraine la destruction programmée des cellules, qui sont ensuite éliminées naturellement de l’organisme.

QUELS SONT LES RÉSULTATS ?

Les résultats sont visibles 4 à 6 semaines après la séance. Il est possible d’observer jusqu’à -30% de réduction de la masse graisseuse localisée. A noter que les effets sont variables en fonction des personnes. Les résultats sont durables et persistants à condition d’avoir un minimum d’hygiène de vie saine évidemment! QUAND FAUT IL COMMENCER ?

Là tout de suite pour préparer son été à rimer avec corps à tomber!

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POUR QUI ?

Le traitement concerne autant les hommes que les femmes qui présentent une ou plusieurs zones localisées souvent résistantes aux efforts de régime : poignées d’amour, ventre, fessiers, intérieur des cuisses, bras… Et sur des zones aussi difficiles à traiter que le pli du soutien-gorge, le sous-menton, et le pli sous-fessier qui alourdit la silhouette. Go Out! magazine

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SPORT

FEEL THE ENERGY Par RAYANE M'ZOURI

Véritable odyssée dans les limbes spirituelles, le yoga retreat proposé dans le cadre raffiné du Spa Nescens par La Réserve Genève se dévoile comme une vraie source d’inspiration, de relaxation et de bien-être. Les aléas de la vie font qu’on n’a pas forcement le temps ou l’énergie de maintenir une forme physique, mentale, émotionnelle et nutritionnelle. Cependant ces différentes dimensions sont propres à l’épanouissement et à la quête de l’équilibre intérieur de tout un chacun. Ici, le sensei (maître spirituel) se prénomme Jeff Grant et déroule un CV long comme le mois de mai : tri-athlète et coach de l’extrême, professeur de yoga, musicien et auteur! On est effectivement entre de bonnes mains. Ses connaissances approfondies des divers types de yoga, sa perception singulière de l’environnement et des énergies ainsi que sa maîtrise musicale associée à la méditation nous ont fait voyager le temps d’un weekend à ses côtés. Son programme sous forme de découverte autour de l’énergie corporelle et spatiale, des fluides, du dépassement de soi convient parfaitement à toute personne en quête de spiritualité. Entre yin yoga, vinyasa yoga et ying yang yoga le stage promet de nous métamorphoser. Fragments.

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SPORT

état de semi-conscience apaisant. Le dîner maintient son approche découverte et propose un menu diététique et sain pour bien terminer cette journée emplie d’expériences éprouvantes mais si bénéfiques. Dimanche, dernier jour de notre retraite yoga, on retiendra essentiellement un pèlerinage intrinsèque tout aussi marquant qu’effrayant. Un véritable moment de dépassement de soi où le coach nous convie au bord d’une crique, à nous immerger dans une eau presque congelée dans le lac Léman. Au départ, Jeff Grant et son sens pointu de la pédagogie invite juste à ressentir la réaction de son corps sur l’eau froide, ainsi que le contrôle de sa respiration en ne plongeant que ses chevilles dans l’eau. Soudé, le groupe a opté de s’entraider et de se jeter à l’unisson dans une eau à 8°C degrés. Chacun en est Un weekend découverte en forme de véritable réflexion sur soi-

ressorti fier et impressionné de soi. Pour conclure, cette aventure nous

même? A vrai dire, chez Go Out! on n’avait jamais pratiqué de yoga

a semblé être le périple de notre vie durant le temps d’un weekend,

et l’envie nous pressait depuis un bon bout de temps d’approfondir

alors que ce n’était qu’une simple introduction à la spiritualité. Une

cette activité. Spirituel mais hédoniste à la fois, il nous fallait tester

immersion polysensorielle qui nous a clairement fait réfléchir à notre

un yoga retreat. En fervent apprenti, on a sauté le pas lorsqu’on

mode de vie actuel. Pourquoi ne pas le changer?

a découvert que La Réserve Genève proposait depuis un mois un

On apprendra durant le weekend qu’il est carrément capable de

Prochaines retraites yoga Du 12 au 14 juillet Du 16 au 18 août Du 13 au 15 septembre Du 11 au 13 octobre Du 15 au 17 novembre

traverser des lacs à la nage en plein hiver!

Du 13 au 15 décembre

À peine entré dans ce qui sera notre temple spirituel pour le weekend,

La Réserve Genève Hotel, Spa and Villa

dans le SPA Nescens de l’hôtel, on est frappé par la plénitude qui y

Route de Lausanne 301 - 1293 Bellevue

règne. La première séance? Une introduction avec des poses de yin

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yoga qui permettent de libérer des énergies enfouies en nous comme

www.lareserve.ch

rendez-vous mensuel autour de cette discipline introspective. On était paré pour un voyage autour de la sérénité et l’analyse de son propre potentiel. Le maître spirituel n’est autre que Jeff Grant: un astre solaire doté d’une énergie susceptible de déplacer des montagnes.

le stress, la fatigue, l’anxiété et surtout le manque d’écoute de soi. Le soir même, les premiers effets se font ressentir. Le lendemain, dès 7h du matin, nous attend un petit-déjeuner sain, au Café Lauren, le restaurant du SPA de La Réserve. Puis on enchaîne avec une marche en pleine nature, en forêt, afin d’échauffer le corps pour le reste de la journée. De la discussion jaillit la lumière, un adage qui résumera la cohésion de groupe formé de trois acolytes. Car ce qui nous a fait vivre une incroyable expérience, c’est aussi la rencontre des autres participants. Cet échange qui nous fait mûrir et découvrir dans l’intimité de l’activité physique, psychique et morale des êtres incroyables. Après cette longue marche s’ensuit une méditation via le vinyasa yoga ainsi qu’un atelier découverte du yoga. Puis après le déjeuner sain et revigorant, on enchaîne une autre séance de méditation pranayama. Ce qui est intriguant, c’est le fait que chaque séance de méditation ou atelier de yoga que l’on pratique, ne ressemble en rien à la précédente et provoque différentes réactions physiques et mentales. En fin d’après-midi, c’est au tour du ying yang yoga accompagné de musique méditative: bol en cristal, bol tibétain, flûte indienne… Des instruments vibratoires qui amplifient les ondes et pénètrent au fin fond de notre être pour nous plonger dans un

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COSMÉTIQUES

NETTOYAGE DE PRINTEMPS À PLEINES DENTS !

Il n’y a pas que notre faciès de déesse qu’il faut nettoyer matin et soir! Produit d'hygiène de base, le dentifrice tire son packaging du lot chez LEBON. Au-delà de son esthétique unique et ses parfums hors-du-commun (Papaye, menthe douce du Maroc, rose), l’enseigne belge propose un dentifrice 100% naturel, sans SLS, parabens, colorants artificiels ou Titanium Dioxide et Triclosan. Tous les dentifrices contiennent des extraits de Thé Vert et d’Aloé Vera qui préviennent du développement des bactéries, de la plaque dentaire et des caries tout en préservant l’émail des dents. Des créations soignées pour faire de ce réflexe beauté un moment de plaisir et plus seulement une nécessité. Convient à tous les sourires, sans exception! Dentifrice Cap Ferrat Mood - Menthe Fraîche, LEBON www.lebonandlebon.com/

UN KAWA AVEC SUCRE SVP!

Parfois oublié dans les routines beauté, le gommage corporel est pourtant essentiel pour vous garantir une peau de bébé! Le gommage permet d'éliminer les cellules mortes qui s'accumulent quotidiennement à la surface de la peau. En les éliminant, l'épiderme devient alors douce, soyeuse et plus lumineuse. On a craqué pour A-Beauty Scrub signé Franck Body. Au café et au sucre, il renferme des ingrédients d'origine australienne : l'huile d'eucalyptus est antifongique et aide à traiter les éruptions cutanées, tandis que la lime digitale est un AHA naturel connu pour éclaircir la peau et effacer les cicatrices. A-Beauty Scrub, Frank Body chez Sephora www.sephora.com

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COSMÉTIQUES

BEAUTÉ NATURELLE

Cette année, CHANEL lance L’eau micellaire composée à 96 % d’ingrédients d’origine naturelle. Adaptée à tous les types de peau, même les plus sensibles, cette dernière offre un démaquillage et un nettoyage parfaits des lèvres, du visage et des yeux, même sur les formules longue tenue et waterproof. Les micelles capturent et éliminent le maquillage, et libèrent la peau des impuretés et des particules de pollution. Au cœur de sa formule sans alcool, une association de deux actifs marins : une micro- algue bleue dépolluante et un extrait de salicorne marine fortifiante. Dotée d’un mécanisme naturel de dépollution, la micro-algue bleue protège les cellules des micro-stress générés par la pollution. Quant à l’extrait de salicorne marine, il exerce une double action fortifiante et hydratante. Idéale pour les citadines L’eau micellaire, eau nettoyante démaquillante anti-pollution, Chanel 48 CHF www.chanel.com

SMOOTHIE CORPOREL

Inspiré par la façon dont les jus de détox purifient le corps, le nouveau Reset Cleanser Squad de chez Shiseido propose trois nouveaux nettoyants colorés à choisir en fonction de son humeur! Les formules rafraîchissantes contiennent des extraits de plantes, des granules de gélatine d'agar et un complexe d'algues marines. Sans huiles ni savon, ces nettoyants libèrent en douceur les pores du sébum et des impuretés et éliminent les cellules mortes à la surface, sans être agressif pour la peau. Un régal! Reset Cleanser Squad Waso by Shiseido 39.60 CHF www.shiseido.com

Go Out! magazine

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s re

rb êts & or

EXPOSITION 25 mai -18 août 2019

Philippe AYRAL Jean BERNARD Nicolas CRISPINI Cyrille GIRARDET Jean-Pierre SUDRE Collection AUER ORY Forêt japonaise de l’ ARBORETUM national du vallon de l’Aubonne Entrée libre du mardi au dimanche de 15 h à 18 h Face à la gare CFF, parking sous l’immeuble Chemin J.B. Vandelle 8, 1290 Versoix Suisse +41 22 950 84 00 bolero@versoix.ch Mai.19 www.bolero-versoix.ch

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HÔTEL

LA VILLA LA COSTE : SOIF DE SENSATIONS Par MINA SIDI ALI

Villa La Coste © Richard Haughton

Las des plages et leurs palmiers, en quête d’un nouveau tropisme, exit les îles désertes, on a trouvé un nouvel eldorado estival pour bronzer au soleil des œuvres, à l’ombre d’un musée à ciel ouvert où flâner en plein air: la Villa La Coste. Sur le domaine du Château éponyme, à moins de 400 km au nord d’Aix-en-Provence, entre vignes et forêts se disputent 450 hectares de verdure provençale servant d’écrin somptueux à une nuée d’œuvres de stars de l’art contemporain et à une cascade de prix Pritzker. On peut y laisser bercer ses yeux sur les bâtisses signées Tadao Ando, Renzo Piano, Frank Gehry ou encore Jean Nouvel, sans oublier l’araignée de Louise Bourgeois, un mobile géant d’Alexander Calder ou une installation de Kengo Kuma. Ici les beaux jours se savourent verre de vin à la main, sur une lande au biotope idéal où la sérénité échappe au temps, où l’évasion prend esprit et corps. Le ciel devient plafond, la terre plancher et les murs formés par l’écran des vignes transcendent les cimaises en ligne d’horizon. L’expérience ne serait ultime sans résider à l’hôtel-spa cinq étoiles du château, où l’art poursuit sa quête holistique et se niche à chaque coin de couloir. Le paradis artistique et gastronomique tel qu’on l’avait fantasmé par pub interposée. Immersion polysensorielle. Go Out! magazine

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HÔTEL

Château La Coste © Richard Haughton

ART, NATURE ET VIGNE

Loin des murs des musées urbains existe en France une terre d’évasion pour tout amateur d’art: la Villa La Coste. Là, règne une paix insouciante. La vie s’y écoule, douce et tranquille, entre promenades dans les vignobles, siestes improvisés et douceur de vivre provençale. On y découvre un musée extérieur voué à l’art contemporain et l’architecture alignant un patrimoine d’œuvres, pensées de manière symbiotique pour épouser le site et tous ses éléments. Du jamais vu dans l’Hexagone! Tout ici est pointu, arty, unique. L’art prend des allures de fairy tale: Sophie Calle dialogue avec Ai Wei Wei, Tadao Ando y côtoie Jean-Michel Othoniel! Le reste des œuvres - jouant à cache-cache entre les arbres - fait pâlir tous les adeptes de sculptures et installations, signées par les plus grands maîtres contemporains du genre. Ce projet exclusif en Europe provient d’un homme d’affaires irlandais: Patrick McKillen, dit « Paddy ». Ce sexagénaire plus discret qu'un agent secret possède déjà plusieurs hôtels prestigieux en Irlande et en Angleterre (avec notamment le Connaught et le Claridge à Londres). Ce projet, véritable laboratoire grandeur nature dans le sud de la France, il le doit à sa sœur Mara, installée là depuis plus de vingt ans. Elle lui donnera envie d’acquérir en 2002 ce terroir d’exception au domaine viticole dont les origines remontent au XVIIIe siècle. Il choisira d'en Mai.19

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faire un lieu inouï doté d’une viticulture en biodynamie (en AOC côteaux d'Aix, labellisé agriculture biologique depuis 2009) et où pousseraient de manière éparse au beau milieu des cyprès, ceps, pins et chênes verts, des oeuvres de célèbres artistes et architectes. AMOUR DU PARTAGE

Tout débute avec Jean Nouvel. En 2006, le star-chitecte français imagine pour Paddy un nouveau chai: deux demi-cercles minimalistes en aluminium devenant rapidement la signature artistique du lieu. De l’arrivée du raisin à la mise en carton des précieux flacons, toute la chaîne de fabrication est visible. L’impulsion est donnée! Succéderont le centre d’art signé du génial architecte japonais Tadao Ando, pape de l’épure béton, capable de transcender toute forme en ode dédiée à l’introspection et à la méditation. Comme à son ordinaire, ici il joue avec les éléments, le dépouillement et le spectaculaire. Puis s’ajouteront l’araignée géante de Louise Bourgeois aka Maman baignée dans son miroir d’eau et un pavillon pour la photographie réalisé par Renzo Piano, semi-enterré et enveloppé d’une voile reprenant le tracé graphique des plans de vigne. Puis suivront une trentaine d’artistes et architectes qui choisiront tous le lieu avec une carte blanche pour imaginer et installer leur création originale. Le parcours se déroule sur un sentier


HÔTEL

Château La Coste Restaurant Le Louison © Richard Haughton

Château La Coste Chambre intérieur © Richard Haughton

à ciel ouvert autour d’une promenade de deux heures. On enterre ses confessions dans la tombe à secrets de Sophie Calle, on se retrouve au coeur d'un nid d'oiseau géant, vertigineux refuge d'A ndy Goldsworthy. L’été, on assiste à un concert à la belle étoile dans le kiosque à musique conçu par Frank Gehry ou on profite des expos temporaires investies par des pointures au centre d’art signé Tadao Ando ou dans la galerie conçue par Jean-Michel Wilmotte.

Côté restauration, pas moins de cinq restaurants se fondent entre l’hôtel et le domaine. Et ce qu’on retient avant tout c’est la notion d’hospitalité qui ici revêt quelque chose sans commune mesure avec ce que propose d’ordinaire un établissement hôtelier siglé 5 étoiles. Elle se trouve consolidée par le sentiment de se trouver à la fois dans une villa privée, un repaire d’initiés et un club secret. On peut passer deux heures, quatre heures, une journée, une nuit dans le domaine… et jamais ne se lasser. Une destination en soi, un lieu comme une parenthèse où l’art devient une allure, accessible et intimidante, comme si toutes les frontières entre l’œuvre, l’intellect et le charnel finissaient enfin par s’abolir, devenant communion.

HAVRE DE 28 VILLAS-SUITES

Cette retraite d’esthètes se complète parfaitement avec un séjour dans une des 28 villas-suites (dont certaines avec piscine privée) taillées à flanc de coteaux, assurant un point de vue unique sur le domaine ainsi qu’une certaine intimité aux convives de l’hôtel. Contrairement au pavillon d’accueil du château et au chai qui affichent un parti pris architectural innovant, la Villa La Coste fait plutôt le lien avec la tradition des constructions provençales en privilégiant notamment la pierre sèche pour la couverture extérieure. Lignes modernes et intimistes et toits plats végétalisés se fondent en osmose dans l’environnement. Dès l'entrée, le ton est donné : la bibliothèque est dotée d’une nuée de beaux livres sur le design l’art et l’architecture, on y repère des toiles de Damien Hirst et de Sean Scully, des lithographies de Louise Bourgeois; côté mobilier ce sera des luminaires Serge Mouille, une table au kilomètre siglé Jean Nouvel, un bureau Prouvé, un canapé George Nelson, un buffet Maurizio Cattelan! Les chambres immenses - la plus petite mesure 65 m2 - de blanc immaculé, sont toutes dotées de grandes verrières d'atelier et un mobilier de style industriel qui se marie au bois blond, mélange subtil que l'on retrouve au spa imaginé par l'architecte hongkongais André Fu (AFSO). Dans les salles de bains, vasques en marbre et sol en terrazzo.

Go Out! magazine

Le Château & la Villa La Coste Le Centre d’art & La Promenade art & architecture 2750 Route De La Cride, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade www.villalacoste.com https://chateau-la-coste.com

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TRIP

LE KAZAKHSTAN: EN ROUTE VERS L'’ÉCOTOURISME Par MARIE DUBOIS

Avec 12 parcs nationaux et une quinzaine de maisons d’hôtes nichées dans les endroits les plus préservés du pays, le Kazakhstan a fait de l’écotourisme sa priorité : les voyageurs en quête d’authenticité y découvriront une nature somptueuse, des traditions millénaires quasi intactes et un peuple particulièrement chaleureux et accueillant. Close-up. Destination encore peu connue du grand public, le Kazakhstan est le 9e plus grand pays au monde! 80% de sa superficie est couverte de steppes (d’immenses étendues d’herbe où les arbres ne poussent presque pas), mais le pays offre une grande variété de paysages : montagnes enneigées (dont un sommet à 7010m), canyons, déserts, lacs (le Kazakhstan est bordé par la plus grande mer fermée de la planète – la mer Caspienne), rivières et chutes d’eau. Des espaces exceptionnels largement préservés que les autorités kazakhes s’appliquent à protéger. L’Ecotourism information resource center (EIRC), fondé par la Kazakhstan Tourism Association en 2005, promeut un tourisme respectueux de l’environnement, des autochtones et des traditions culturelles locales. D’ailleurs, ce dernier a signé en novembre 2018 un mémorandum de coopération où la Suisse s’est engagée à aider le Kazakhstan à développer un tourisme durable centré sur ses parcs nationaux et ses régions montagneuses.

Canyon Charyn

montagnes, tels que le ski ou la grimpe, l’on pourra par exemple se rendre au parc de Katon-Karatay à l’est, qui abrite le Mont Béloukha (4’506m), l’un des plus fameux de la région de l’A ltaï. UN PAYS SÛR ET ACCUEILLANT

Le Kazakhstan est un pays sûr, sans risque terroriste, où les touristes peuvent s’aventurer à sortir des sentiers battus. Le pays est également facile d’accès, ne demandant pas de visa aux voyageurs suisses et ne nécessitant pas non plus de vaccins spécifiques. Les langues du Kazakhstan sont le kazakh et le russe, cette dernière étant la langue de communication inter ethnies. Autrement dit, il y a encore peu de panneaux d’information qui ne sont pas en cyrillique : il est donc conseillé de ne pas oublier son dictionnaire. Pour les moins polyglottes, il est aussi tout à fait possible de voyager à travers le Kazakhstan avec un guide.

DES ÉCO-SITES POUR UNE EXPÉRIENCE

L’EIRC

AUTHENTIQUE EN PLEINE NATURE

recense 15 éco-sites, à proximité des 12 parcs nationaux du pays, où les touristes dorment chez l’habitant, dans des maisons traditionnelles aux charmes simples. Ces gîtes sont tenus par des hôtes locaux, ont tous fait l’objet d’une certification de qualité et respectent les principes d’un tourisme rural et écologique. En plus des nombreuses activités proposées comme le vélo, la marche, le rafting ou l’équitation, les voyageurs peuvent découvrir les traditions locales, comme la chasse à l’aigle ou le kokpar – un sport équestre ressemblant au polo – dans le canyon de Charyn au sud est du pays. Si des voyageurs helvètes étaient pris d’un soudain mal du pays, le parc national de Bourabay – surnommé « la Suisse kazakhe » – offrira de magnifiques paysages familiers, entre monts et lacs. Pour les plaisirs de Go Out! magazine

Pour plus de renseignements : Office d’écotourisme du Kazakhstan : www.eco-tourism.kz

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BRUNCH

&

DAY SPA

Savourez un brunch 5* avec une vue exceptionnelle et vivez une expérience de détente totale au Spa Valmont. Un véritable régal pour tous les sens ! CHF 149.- |

personne

Information et réservation | +41 (0) 22 908 91 61 | fb1.grandhotelgeneva@kempinski.com

Brunch chaque dimanche de 12h15 à 15h | Entrée au Spa de 10h00 à 19h00 ( dès 16 ans )


TRIP

PLEIN NORD, UN PÉROU FOU! Par MINA SIDI ALI

Lorsqu’on prononce Pérou, rapidement Le Machu Picchu caracole en tête de liste dans l’esprit de vos interlocuteurs! Normal puisqu’il s’agit de l’une des sept merveilles du Monde. Mais ce fameux site inca n’est que la partie visible de l’iceberg (bien que, si vous voulez de vrais icebergs, le Pérou en a aussi). Ainsi, chez Go Out!, on a décidé de changer de cap et d’opter pour une odyssée au nord. Au programme? Un renversant périple dans l’espace au cœur de subjuguants paysages andins et côtiers, mais aussi dans le temps, à travers les civilisations de l’ère précolombienne. Loin des tirades de touristes, on a découvert un Pérou aux mille et un panoramas regorgeant de vestiges pré-incas, d’une magistrale cordillère, de canyons canons et de cités coloniales. En 4 x 4, en avion, en téléphérique et en bateau, on a traversé le pays des cités d’or de Lima jusqu’au nord en mode globe-trotter. Fragments électrisants.

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TRIP

La forteresse de Kuelap

Le Pérou, terre des Incas, cette impressionnante civilisation a su dominer un relief agité et vivre en harmonie avec les cours d'eau, le soleil, la pluie, la mer et l'Amazonie, les montagnes et le froid sec de la Cordillère des Andes. Chaque mini village porte les stigmates de cette société millénaire, que l’on peut découvrir à travers les us et coutumes de ses autochtones. Visiter le Pérou, s’apparente à un voyage dans le temps à la découverte de la vie trépidantes des Incas, des Chancas, des Chachapoyas, des Mochicas et des Wari et de leurs grandes œuvres architecturales, de leur art, de leurs fêtes, ainsi qu’à la recherche des racines de leur force sociale et de l'énergie de leur peuple. Le Pérou, pays à la diversité luxuriante possède 11 écorégions. Grâce à sa situation géographique, il regorge d’une infinie variété de paysages, qui à leur tour offrent une grande diversité de ressources naturelles. On peut découper le territoire en trois grandes régions, que l’on distingue traditionnellement en fonction de leurs altitudes respectives : le nord, le centre et le sud. On a opté pour le nord et ses trésors cachés qui grâce au développement des infrastructures touristiques et à l’amélioration des liaisons aériennes, est désormais plus accessible. Cap sur le nord!

PREMIER ESCALE: CAJAMARCA, UNE VILLE AU SOMMET

Perchée à 2 750 m dans les Andes, à 860 km de Lima, Cajamarca, ville au charme colonial, se rejoint d’un saut en avion de 1h20. D’un monument baroque à la colline Santa Apolonia, au gré d’une nuée de rues pavées où vrombissent des motos-taxis, le choc des cultures nous a fait battre la chamade. Ici la culture précolombienne a résisté à la conquête espagnole. Prétexte à gambade autour de la ville, une archéologie hydraulique et funéraire (Cumbe Mayo, Kuntur Wasi) reste inscrite dans la roche depuis près de 3 000 ans. LEYMEBAMBA ET KUELAP

Direction d’autres reliefs andins, côté Amazonie, où l’écosystème forestier et son climat ont conservé rites et sites Chachapoyas, un peuple antérieur aux Incas surnommée le peuple des nuages. On débarque en téléphérique en 20 minutes à Kuelap - le Machu Picchu du Nord. Avant 2017, il nous aurait fallait plus d'une heure et demi pour atteindre le sommet. On traverse alors la vallée et on admirant le renversant paysage qui s'offre sous nos yeux. On reste ébaubi face à cette grandiose forteresse perchée à 3 000 mètres d’altitude construite au 10ème siècle et qui semble ressusciter le peuple des nuages, doublement nimbé de brumes! Pour pouvoir y entrer, on doit emprunter un chemin qui se rétrécit tellement au fil des mètres qu'une seule personne à la fois ne peut passer. On imagine difficilement jusqu’à 3000 habitants vivre sur ce toit du monde véritable, formé de plateformes, ponctué de temples en cône inversé, orné de frises d’yeux ou d’oiseaux! Selon certains, Kuelap aurait nécessité trois fois plus de pierres que la pyramide de Khéops ! Cette gigantesque forteresse précolombienne (d’une superficie de 240’ 000 m2) qui s’étend sur un plateau artificiel, entourée d’une muraille de pierre calcaire haute de 20 mètres a joué un grand rôle dans l’histoire du Pérou. On présume aussi que cette cité perdue fut le théâtre d’un véritable massacre au 15ème siècle, attesté par la brochette de squelettes qui n’ont pas

La chute Gocta

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TRIP

été enterrés selon les rites funéraires. Position fœtale, conservation sans éviscération : ces derniers ont livré quelques secrets, explicités au musée de Leymebamba où 219 momies, textiles et autres objets sont exposés dans un très beau musée.

S’y rendre Les vols sont réguliers et durent environ 13h avec Air France ou KLM Pour plus d’informations sur le Pérou: www.peru.travel/fr/

LA CHUTE DE GOCTA

A proximité de ses ruines toujours dans la province amazonienne de Chachapoyas, un détour s’impose: celui de la chute de Gocta! Perchée à 2 500 mètres d’altitude, cette dernière une des plus grandes chutes d’eau au monde effectue un saut libre spectaculaire sur la face d'une montagne imposante. Bien que ces merveilles de la nature offrent une vue dégagée sur un village voisin et soient connues au Pérou depuis de nombreuses années, elles n'ont acquis une notoriété internationale qu'au début des années 2000 lorsqu'une expédition allemande les a dévoilées: la tradition locale voulait que tout villageois dévoilant son emplacement lâchait une malédiction sur toute la ville. La suite de notre voyage se poursuivra à El Nuro pour y admirer tortues, dauphins et baleines. A elle seule, cette aventure vaut un deuxième épisode dans le magazine…

Où absolument dormir? Au Kentitambo

Magique ecolodge au coeur de la forêt, ce petit bijou d’hôtel appartient à l'archéologue et co-directrice du musée Leymebamba, Adriana von Hagan. Situé à la périphérie de la ville de Leymebamba, dans la région de Chachapoyas, au nord de la forêt de nuages, une région éloignée mais l’une des destinations les plus passionnantes et les plus aventureuses du Pérou, à visiter pour ses remarquables ruines précolombiennes à Kuelap et sa beauté naturelle exceptionnelle! Leimebamba 01465, Pérou www.kentitambo.com Pour sortir des sentiers touristiques maintes fois rebattus, un guide: Olivier Fabre +51 947 056 672

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TECH'

HUAWEI DÉCROCHE LA LUNE! Par MINA SIDI ALI

© Huawei

«Réécrire les règles de la photographie.» Telle est la promesse des plus ambitieuses affichée par le dernier bijou téléphonique Huawei P30 Pro lors de son lancement fin mars dernier à Paris et auquel on a assisté! Quand on sait que la qualité de l’appareil photo est l’un des principaux arguments d’achat des consommateurs, on comprend pourquoi le géant de la téléphonie chinoise a misé gros sur une collaboration avec Leica, l’enseigne allemande haut de gamme qui offre ici au smartphone quatre objectifs photo, un zoom périscopique et un mode nuit. Alors? Le Huawei P30 Pro perçoit-il mieux que l’oeil humain? Close-up.

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TECH'

© Huawei

Il est vrai que lors de sa présentation presse à Paris fin mars dernier, réunissant près de 3000 journalistes et blogueurs du monde entier, le dernier-né des photophones de la célèbre enseigne chinoise - le Huawei P30 Pro - ne manquait pas d’arguments. L’un des principaux argument de Huawei était son fameux zoom pouvant capturer la lune. En agençant les lentilles de son téléobjectif à la manière d’un périscope, le Huawei P30 Pro promettait de voir nettement le satellite de la Terre!

Autre point fort non négligeable pour des usagers comme ceux de la team Go Out H24 scotchés sur leur phone: l’autonomie. Supérieure à 10 heures pour un usage intensif, il est clairement possible de se servir de son téléphone toute la journée en recevant des dizaines de notifications, en prenant des vidéos ou en jouant à des jeux sans le recharger une seule fois! Et même en cas d’usage intensif, après seulement 30 minutes de recharge, 70% de la batterie du P30 Pro est assurée! Enfin, sa technologie de recharge sans fil inversée permet de ravitailler n'importe quel autre smartphone ou appareil compatible.

Après un mois de test, on a réalisé que son appareil photo est effectivement bluffant! Avant tout, c’est la qualité de son zoom qui nous a impressionné. Avec un grossissement jusqu’à x50, il permet un rendu qu’aucun autre de ses concurrents ne peut égaler. On peut même affirmer que le Huawei P30 Pro voit mieux que l’oeil humain puisque qu'il permet un vrai coup de projecteur sur un cliché nocturne. Nous avons pu prendre une photo d’une scène complètement noyée dans l’obscurité, sans aucun éclairage et sans activer le mode nuit dédié: le lieu qui était invisible à l’œil nu est apparu à l’écran une fois le cliché pris, comme si le Huawei P30 Pro avait allumé la lumière! Ce petit bijou de technologie atteint des sommets dans le petit monde de la photo sur smartphone grâce une technologie équivalente à celle d'un véritable studio professionnel. Ainsi son zoom optique doté de 4 capteurs dont un zoom optique x5, un zoom hybride x10 et un zoom numérique phénoménal x50 et sa sensibilité à la lumière inédite permettent des clichés inouïs de jour comme de nuit. Go Out! magazine

Au niveau des accessoires nouvellement disponibles, Huawei propose des écouteurs avec ou sans fil, une coque réalisée en collaboration avec Swarovski, une batterie de secours SuperCharge (capable de charger une Nintendo Switch ou même un MacBook Pro). Et surprise lors de la présentation du modèle P30 Pro, l'annonce de lunettes connectées réalisées en collaboration avec Gentle Monsters, qui permettent d'écouter de la musique ou carrément de passer des appels! Sortie prévue cet été.

Huawei P30 Pro En vente depuis le mois d’avril https://consumer.huawei.com/ch-fr/

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schweizerisches museum für keramik und glas genf

MUR|MURS JACQUES KAUFMANN —

architectures céramiques

17 mai — 10 novembre 2019

Un musée Ville de Genève www.ariana-geneve.ch Mai.19

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swiss museum for ceramics and glass geneva

graphisme — atelierdebleu.ch

musée suisse de la céramique et du verre genève


RDV PRIS

La Goutte de Tom Shannon © Richard Haughton

LIVE EXPOSITIONS AILLEURS EN FAMILLE

DANSE Go Out! magazine

CLASSIQUE

CINÉMA 85

THÉÂTRE


CINÉMA

ÉCRAN TOTAL Par FRANÇOIS GRAZ

THE DEAD DON ’ T DIE

A l’heure où le genre zombiesque commence à vraiment s’essouffler autant sur grand que petit écran, sortir un énième film avec des morts-vivants pour thématique s’avère être un pari risqué. Oui mais seulement voilà, The Dead Don’t Die est réalisé par Jim Jarmusch, et ça c’est déjà un gage de qualité certain. Alors si en prime, celui-ci nous gratifie d’un casting de haut vol, à savoir Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Chloë Sevigny, Steve Buscemi, Danny Glover, Iggy Pop, RZA, Selena Gomez… on part sur d’excellentes bases. Malgré un pitch relativement conventionnel – trois policiers et une mystérieuse Écossaise vont faire équipe pour vaincre une horde de zombie au sein d’une petite ville de campagne – l’œuvre allie second degré et situations horrifiques pour un résultat jouissif façon Shaun of the Dead. Et si avec tout cela vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez qu’Iggy Pop interprète… un zombie. The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch Sortie le 15 mai

SANTIAGO, ITALIA

Pour sa 14ème réalisation, le cinéaste italien Nanni Moretti aborde le délicat sujet du coup d’Etat Chilien de 1973 par Augusto Pinochet et de ses désastreuses conséquences pour le peuple. Si ce fait d’armes est tristement célèbre, en revanche ce qu’on ignore ce sont les actions courageuses de l’ambassadeur d’Italie à Santiago, qui a caché des centaines d’opposants au régime en place pour ensuite leur permettre de s’enfuir au sein du pays transalpin. Documentaire qui entrecoupe interviews de protagonistes avec images d’archives, Santiago, Italia se révèle être un manifeste cinématographique nécessaire. Les différents témoignages sont criants de vérité, c’est la vraie force de l’œuvre, confronter le spectateur face à la dure réalité. Une œuvre militante brillante. Santiago, Italia de Nanni Moretti Sortie le 1er mai

Mai-juin 2019

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CINÉMA

LA SÉRIE DU MOIS : CATCH-22

En pleine Seconde Guerre mondiale, le jeune pilote de l’US Air Force John Yossarian décide de se faire passer pour fou afin d’éviter de se faire tuer durant les combats aériens. Il doit faire face à un règlement interne totalement absurde qui stipule que la seule façon d’être reconnu comme étant inapte est de continuer le combat malgré le danger: le Catch-22. Yossarian n’a donc pas le choix s’il veut arrêter la guerre, il doit enchaîner les missions toutes plus dangereuses les unes que les autres. Adaptée du roman éponyme de Joseph Heller paru en 1961, cette mini-série profondément cynique est co-réalisée et produite par George Clooney. L’acteur partage d’ailleurs la distribution avec Christopher Abbott (First Man), Hugh Laurie (House), Kyle Chandler (Argo) ou encore Austin Stowell (Whiplash). Une des productions télévisuelles les plus attendues de l’année à coup sûr.

CYCLE DE PRINTEMPS DU CINÉ- CLUB UNIGE

Pour sa nouvelle sélection printanière du 7ème art, le Ciné-Club de l’UNIGE s’attaque à un sujet résolument sombre : la guerre civile espagnole. Bon nombre d’œuvres ont retracé le conflit qui a opposé républicains et nationalistes pendant près de trois ans, ainsi que ses répercutions. Avec Vida en Sombras (1948), Llorenç Llobet Gràcia dépeint le quotidien bouleversé d’un cinéaste lorsque la guerre éclate. Juan Antonio Bardem quant à lui, dénonce les inégalités de classes sociales sous le régime franquiste avec le drame cynique Muerte de un Ciclista (1955). Objet résolument fantastique, Le Labyrinthe de Pan (2006) s’avère être une critique des crimes commis lors de l’après-guerre. Guillermo del Toro relate l’histoire d’Ofelia, qui fuit la dure réalité de son pays pour se réfugier dans un monde onirique. Les incertitudes post-conflit sont également mises en lumière par Alain Resnais avec son long-métrage La Guerre est Finie (1966). Le film met en scène Diego (Yves Montand), cadre du parti communiste espagnol qui finit par douter de ses propres convictions. Preuve que la guerre d’Espagne a fait tout autant de dégâts bien après 1939.

Catch-22 de George Clooney, Grant Heslov et Ellen Kuras Dès le 18 mai sur CANAL+

Guerre d’Espagne : Regards Croisés Jusqu’au 17 juin au Ciné-Club UNIGE Programmation complète sur unige.ch

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EXPOS ET CONFÉRENCES

DU 1 MAI AU 31 OCTOBRE ART ET PRESSE, LIBRES ÉCHANGES

L'exposition "Art et Presse, libres échanges" organisée par la Fondation pour les Suisses dans le Monde nous proposera dès le mois de mai une exposition se concentrant sur la présence artistique dans le monde de la presse. En collaboration avec la Tribune de Genève, la fondation a regroupé de nombreux artistes, dont Maurizio Cattelan et Julien Serve, qui exploitent le matériel médiatique dans leurs créations. La presse se retrouve alors au centre de leurs œuvres, que ses médiums soient transformés en une pièce, simplement encadrés, ou alors détruits ; ce matériel commun à tous les artistes présents se verra donc pendant cette exposition réinterprété. La presse ne se contente alors plus d'être un unique moyen de communication et d'information : cet univers et ses médiums se font désormais œuvres d'art, et communiquent une esthétique, mais également une critique de notre société, touchant à la politique ou encore à la question de la véracité. Une exposition qui nous propose une vision artistique et critique de l’omniprésente presse. Donc une partie médiation, pas nécessairement classique justement, qui sera suivie d’une collation dont le nom se termine clairement en -nomique, proposée par le designer culinaire (sic) Miit, en provenance de notre cher Hexagone. ADG

Du 1er mai au 31 octobre 2019 Musée des Suisses dans le Monde Château de Penthes - 1292 Pregny-Chambésy www.penthes.ch

Burning News © Tim Parchikov

DU 16 MAI AU 9 JUIN DORIAN BÜCHI, "HAUTE ROUTE"

Pour la troisième fois consécutive, la galerie Un[tilted] 1983 nous propose une exposition solo consacrée à l'artiste suisse Dorian Büchi. Le jeune talent né à Lausanne, et actuellement basé à Zurich, fut tout d'abord reconnu pour son travail du portrait. Il s'éloigne aujourd'hui des visages pour se consacrer aux montagnes, un paysage qui le passionne et qu'il arpente depuis de nombreuses années, d'abord dans son pays avant de s'éloigner vers les fjords de Norvège. Sous sa main, les montagnes deviennent bidimensionnelles, et se parent de couleurs et de formes qui rendent toute reconnaissance du paysage impossible. De ses toiles simples et brutes ressort une sensation de spontanéité. Le travail de Dorian Büchi se veut alors comme une représentation vive où le subconscient de l'artiste semble prendre le dessus, où la montagne se fait unique et irréelle. Un paysage à ne pas rater. ADG

Du 16 mai au 9 juin 2019 Galerie Un[tilted] 1983 19 rue du Nant - 1206 Genève dorianbuchi.com

© Dorian Büchi, 2017

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EXPOS ET CONFÉRENCES

LE 8 MAI

DE 18H30 A 21H00

LA PARACULTURE : COMMENT S’INTÉGRER DANS LA NATURE ? Le 8 mai de 18h30 à 21h00 Permabondance Ressources Urbaines Sentier des Saules 3 - 1203 Genève Gratuit mais sur inscription creatie.ch

Après avoir “dompté” la Nature au sens XXe siècle de l’expression, après l’industrialisation et la rationalisation massive des miracles verts en tous genre, il était temps de s’apercevoir que la biologie du règne végétal n’allait pas se satisfaire uniquement de promesses humaines de rendement et autres divagations agroéconomiques. Mais laissons là le macro, et intéressons nous au micro avec cette conférence de Mim et André Meilland. Le couple romontois propose une présentation de la paraculture, qui vise à se réapproprier les bases d’une agriculture semi-sauvage, donc de cueillette ancestrale telle que pratiquée encore aujourd’hui par certains peuples nomadisants dont le savoir pourrait bien redevenir de plus en plus utile à mesure que le mur de la croissance finie se rapproche. VM

© Permabondance

DU 2 MAI AU 1 JUIN EXPOSITION “MATIÈRES NOIRES” DE SILVAIN MONNEY Exposition “Matières Noires” de Silvain Monney Du 2 mai au 1er juin Vernissage le 2 mai dès 18h Entrée libre Galerie Papier Gras 1, place de l’Île - 1204 Genève papier-gras.com

Le patrimoine graphique helvétique est connu depuis longtemps grâce aux fameuses poya, ces illustrations de montées à l’alpage comme son nom en franco-provençal ne le laisse pas supposer. La découpe de papier noir déposé ensuite sur un support blanc est une marque particulièrement forte et Silvain Monney, consciemment ou pas vraiment s’est lancé dedans pour une partie de son travail. La poya découpée se compose normalement d’un dyptique symétrique, mais Silvain ne s’y limite pas et nous propose toute une déclinaison de croquis, d’angles, de portraits et autres sous forme de découpe, ce qui appuie d’autant ses contrastes. VM © Silvain Monney Go Out! magazine

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Mardi 30 avril 2019

FRANCIS HUSTER CLAIRE-MARIE LE GUAY Horowitz, le pianiste du siècle Dimanche 5 mai 2019

ENSEMBLE PAUL KLEE IVO STUDER Yoyo Mania Mercredi 15 mai 2019

QUATUOR HERMÈS Ravel, Dvořák Dimanche 19 mai 2019

CÉDRIC PESCIA Bach, Bloch, Schumann, Beethoven Samedi 25 mai 2019

MARTHE KELLER, ROMAN TREKEL FABRIZIO CHIOVETTA Brahms, Die schöne Magelone Culture et communication · 022 306 07 80 · culturecom@vernier.ch www.vernier.ch/billetterie · VilledeVernier


CLASSIQUE

LE 15 MAI

À 20H00

L’OSR JOUE ROBERT SCHUMANN Le 15 mai à 20h Victoria Hall 14, rue du Général-Dufour - 1204 Genève osr.ch

L’arrivée hésitante du printemps se prête fort bien à l’écoute de la musique romantique justement distillée par les symphonies du compositeur à la fois virtuose en son temps et toujours de nos jours. Ce courant romantique est finalement le plus récent des pans du passé culturel européen, et fait la jonction avec une modernité plus marquée, il est d’ailleurs amusant de se souvenir que l’oeuvre de Schumann était considérée comme de la musique moderne, en rupture avec les codes du passé. La symphonie n°3 en mi bémol majeur opus 97, dite “Rhénane” et la n°2 en do majeur opus 61 seront au lutrin, dirigées par Marek Janowski qu’on peut aisément considérer comme un vétéran de l’oeuvre de Schumann depuis sa collaboration avec le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin en 1999. VM

© robert_schumann

LE 20 MAI

DÈS 19H00

HARMONIEMESSE & SALVE REGINA DE JOSEPH HAYDN PAR L’ENSEMBLE CANTATIO Le 20 mai à 20h (portes et billets 19h) Temple de Saint-Gervais 12, rue des Terreaux-du-Temple - 1201 Genève cantatio.ch

Alors que la génération suivante allait déjà s’adonner aux modernismes du romantique, Joseph Haydn était encore en plein baroque et fut un des ponts qui permit à cette évolution de se produire et de se consolider. L’Harmoniemesse, monument de l’Austro-hongrois qui a surpris ses contemporains par ses contrastes, sera l’une des deux oeuvres jouées. La seconde, Salve Regina, fait référence quant à son titre à des origines très archaïques dans les chants grégoriens à base de polyphonies lancinantes, mais la version de Haydn est bien entendu plus légère quoique toujours solennelle. VM

© Joseph_Haydn

Go Out! magazine

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THÉÂTRE ET DANSE

DU 26 AVRIL AU 20 JUIN FESTIVAL TOUR VAGABONDE

La Tour Vagabonde fait référence au théâtre ligneux et élisabéthain anglo-saxon que d’aucuns avaient peut-être furtivement aperçu à quelques reprises dans le Parc de la Grange voilà plus de dix ans. Cette merveilleuse initiative, passée par monts et marées, revient en 2019 avec une saison toujours aussi courte mais d’une vivacité à faire pâlir. Trois pièces seront données, entrecoupées de soirées DJs les 26 avril, 4-18-25 mai, 8 et 15 juin, une teuf dans un théâtre tel que celui, disparu, de la Place du Cirque; ça ne peut se refuser. On notera la buvette La Fraîche, tenue par un collectifs de meufs sympas. Les Précieuses Ridicules de Molière, L’Île des Esclaves de Marivaux et Le Dieu du Carnage de la très contemporaine et acclamée Yasmina Reza. Il est à chaque fois question de la représentation de l’autre, de tiers agissant pour compte et parfois malgré eux, c’est une thématique fort prégnante dans notre actualité très désincarnée et un délice de confrontation émotionnelle et intellectuelle. Haut les masques et bas les coeurs ! VM

Du 26 avril au 20 juin Théâtre mobile au Parc Trembley Pestalozzi 4 - 1202 Genève tour-vagabonde-festival.ch

© Festival Tour Vagabonde

DU 30 AVRIL AU 12 MAI

FESTIVAL SOLI - YOU ARE NOT ALONE

Ce ne sont pas moins de dix jeunes actrices et un acteur qui vont chacun interpréter leur solo, afin d’aboutir à un festival de soli. C’est là une démarche intéressante en ce qu’elle individualise un type de travail souvent collectivisé. Il est manifeste ici qu’une telle démarche vise l’aide à la promotion de jeunes artistes, mais tout de même. Sur toute la durée du festival, chacun.e.x. dispose de trois à quatre présentations, parfois faites en trois jours, d’autres fois réparties en deux blocs. Les solistes seront Cédric Leproust, Trân Tran, Nastassja Tanner, Tiphanie Bovay-Klameth, Marion Chabloz, Rebecca Balestra, Coline Bardin, Raquel André, Latifa Djerbi, Pamina de Coulon et Eve-Marie Savelli. On se réjouit de tels tête-à-têtes des acteurs avec eux-mêmes, mais surtout avec un public qui croira dans un premier temps assister à un monologue, alors qu’il sera en réalité pris dans un dialogue silencieux. VM

Du 30 avril au 12 mai La Comédie 6, boulevard des Philosophes - 1205 Genève comedie.ch

© Comédie de Genève - DR

Mai.19

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EN FAMILLE

DU 9 AU 26 MAI FESTIVAL POUSSIÈRE DU MONDE

Voilà des années que le couple Perret-Gentil étend son nomadisme sédentaire en notre République et Canton, le festival incluant le week-end de Mai au Parc. Passionnés de cultures centre-asiatiques et orientales en général, ceux qui mettent leurs yourtes personnelles à disposition depuis 2001 sont aussi investis que discrets, de vrais anti-héros. Comme spectacle pour enfants, il y a justement les Pannalal’s Puppets, l’initiative marionnettiste des Perret-Gentil le 15 mai et la Cie Stella Rosa et ses marionnettes à gaine le 22 mai, ainsi que les marionnettes de la Cie Le Loup qui Zozotte le 25 mai. On peut citer également dans les spectacles plus adultes (encore que bon…) le Sankoum Cissokho Trio et ses griots, Damaru et sa dans khatak de l’Hindoustan, Criollando et ses rythmes argentins, le Trio Djaza châabiste d’Algérie arabe, la chanson-musette du Sirop D’la Rue. Après le festival, en guise d’after, les yourtes restent en place presque une semaine de plus pour un exposition sur les 45 ans d’engagement puppettistes des Perret-Gentil : “45 ans de voyages… Les marionnettes racontent”. On voit ainsi à quel point le médium leur tient à coeur (coeur coeur). VM

Du 9 au 26 mai 2019 Parc Bernasconi - 1212 Grand-Lancy www.pannalal.ch

Poussière du Monde © Gennaro Scotti

les concerts du dimanche 18-19

Carte blanche au Concours de Genève

Quatuor Terpsycordes et Quatuor Voce & Lauréats du Concours piano, clarinette et flûte

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05 2019

à 17h

Jaehyuck Choi composition & direction Daniel Esteve mise en scène

Victoria Hall

SCÈNE CULTURELLE DE LA VILLE DE GENÈVE

Plus d'informations www.ville-ge.ch/vh ou 0800 418 418 (numéro gratuit)

Genève, ville de culture Go Out! magazine

www.ville-ge.ch/vh

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SCÈNE CULTURELLE DE LA VILLE DE GENÈVE


LIVE ET FESTIVALS

LE 11 MAI

DÈS 00H00

FANTASTIC MAN Le 11 mai dès 00h00 Motel Campo 13, route des Jeunes - 1227 Carouge www.motelcampo.ch

Fantastic Man, aucun lien avec le magazine éponyme, est présenté comme mi-fantastique mi-homme, ce qui à première lecture passe pour un honteux sophisme. En réalité l’Australien est de ces artistes tout à fait capables de passer de la social-house la plus déprimante à l’acid-dub-house la plus perverse. Or, comme ce sont les gus du Motel, les anciens nomades de l’Hameçon avec ceux d’Oram Modular qui l’accueillent, il y a fort à parier qu’ils ne vont pas passer la soirée à trier des noix. Il sera accompagné des indigènes Crowdpleaser, Metal Dance, LImbo et Klench Poko. On notera que le moins calme des motels avait très récemment eu droit à un bon ravalement de façade, le son pareillement, les murs sont prêts à vibrer de plus belle ! VM

Fantastic Man @ Mic Newman

Fantastic Man © Mic Newman

LE 14 MAI

DÈS 20H30

BRIGITTE Le 14 mai dès 20h30 Théâtre Forum Meyrin 1, pl. des Cinq-Continents - 1217 Meyrin forum-meyrin.ch

Autant la chanson française de tontons peut volontiers passer pour passéiste voire beauffiotte, là on parle de Brigitte, le duo de meufs qui a repris Dans ma Benz de NTM avec Lord Kossity. Une sortie qui a propulsé le duo pour le génie de son interprétation. On découvre dans un deuxième temps que Sylvie Hoarau et Aurélie Saada, auparavant en solo, ont de vraies capacités musicales, que leurs reprises sont à chaque fois mieux que les originales et qu’elles savent écrire aussi leurs propres chansons. Et leurs franges respectives butent, accessoirement. Elles adorent jouer avec les interprétations musicales possibles de leurs chansons et là on aura droit à un show-case de leurs trois albums en acoustique, forcément plus calme quoiqu’intense. Excellent concert à offrir à la personne que vous draguez/ dézinguez. VM

Brigitee © Ouest-France

Mai.19

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LIVE ET FESTIVALS

LE 17 MAI

DÈS 21H00

SCHLAAASS + SYNDROME WPW Le 17 mai dès 21h Kalvingrad - Usine 4, place des Volontaires - 1204 Genève kalvingrad.com

Ceux qui visualisent qui sont le Svinkels, les Stupeflips et Zelda savaient qu’un jour d’authentiques aventuriers se risqueraient sur les traces de ces pionniers du punk 2.0. Il était en tous les cas connu qu’ils allaient inévitablement surgir tôt ou tard, un peu comme les taxis sur les autoroutes à dix voies des pays émergents. Schlaaass c’est un groupe de deux claqués qui beuglent et d’un beat maker à qui il peut arriver de beugler un peu, pour le principe. Charlie Dirty Duran et Daddy Schwartz ont échangé les premières politesses avant d’y inclure Kiki, le frère qui a pondu quelques beats dans les 00’s avec le beat maker de A Tribe Called Quest, Ali Shaheed Muhammad. Syndrome WPW, c’est la partie plus électronique du cocktail improbable décrit dans les premières lignes. C’est très frontal mais léger à la fois, On penserait presque visionner une de ces vidéos parodiques dans lesquelles de parfaits inconnus produisent des sonorités volontairement kitsch et cliché avec des paroles à la limite de l’absurde. Là c’est pareil, et quelqu’un les a signés, malgré le fait que leur nom se rattache à une malformation cardiaque. VM

Schlaaass © Schlaaass

LE 26 MAI

DÈS 21H00

RICHARD YOUNGS + CHRIS CORSANO + DAVID MARANHA Le 26 mai dès 21h Cave12 4, rue de la Prairie - 1202 Genève www.cave12.org

L’ancien garage à vélos de l’HEPIA, aussi discret qu’incroyable, est depuis 1987 alors localisé au Rhino une gageure de précision de niche musicale. La Cave12 est à un garage vélos ce que Notre-Dame de Paris est à l’islam, autant dire que cette comparaison n’avait pas pour but d’être particulièrement pertinente. Les trois lurons dont les noms sont cités ont tous joué de leur côté, seuls ou en duos avec d’autre aficionados de la “scène exploratrice internationale”, mais c’est semble-t-il la première fois qu’ils se produisent ensemble. On ne va essayer de fourvoyer le lecteur, il ne s’agit pas d’un concert d’Ariana Grande, il va peut-être falloir s’accrocher dans certains virages pour pénétrer un tel monde musical. Mais qu’à cela ne tienne, la drone a cela de bon qu’elle offrira toujours un bon rempart et contre-poids politique à la noise. VM

association-du-salopard © YoungsMaranhaCorsano

Go Out! magazine

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AILLEURS

DU 9 AU 12 MAI LA FÊTE DU SLIP

Comme le dit si bien Sexo de Sexomax, l’avatar de Yann Marguet sur Couleur3, “l’important c’est le plaisir” ! Certains ont peut-être pu s’apercevoir qu’une certaine odeur de libération sexuelle 2.0 est à l’oeuvre ces dernières années et on ne reviendra pas sur ceux qui considèrent que voir certaines choses se faire en leur présence (même abstraite) tient de l’oppression culturelle. Ainsi donc, la Fête du Slip, à part une superbe expression que votre serviteur affectionne tout particulièrement, est une extraordinaire initiative réunissant projections et concours cinématographiques, performances vivantes, arts visuels, médiation culturelle et de la musique qui claque. Parlons de Dean Hutton qui invalide les discours dominants sur le corps en lui rendant son piédestal intrinsèque, de Oil Productions, jeune collectif pornographique lausannois qui travaille de manière éthique et esthétique, et de l’Helvéslip, compétition cinématographique de courts-métrages dont celui de Nora Smith et de Lukas Beyeler traitant de manière de plus en plus rapprochée de l’identité de genre. Attachez vos gode-ceintures. VM

Du 9 au 12 mai 2019 Divers lieux et horaires Lausanne lafeteduslip.ch

© GoldenDean Photo by DelwynVerasamy&DeanHutton

LE 24 MAI

DÈS 22H

VEIL OF LIGHT + POISON POINT

L’ancien cinéma de quartier de la rue de Bourg accueille cette fois une soirée orientée synth, mais aussi wave, post-punk, techno et industrial. Pour des raisons de simplification du présent article nous avons préféré ne pas nous aventurer par trop dans des considérations stylistiques, mais il est néanmoins clair que les Zurichois de Veil of Light réveillent une nostalgie dans les graves et l’acidité des textures sonores. Les voix feutrées et presque gutturales assurent une ambiance de marécages électroniques. Quant à Poison Point, les français signés sur un des labels prussiens les plus sombres font un usage plus déterminé de la boîte à rythmes et donnent un élan primal plus prononcé. On passe à une colère véritablement industrielle. Une fois passée l’envie de se khôler les cernes, on passe aux DJs de CAF? Ce petit label de la Riviera qui monte comme un quadruple ristrett : chaleureux et aventureux. On notera leur talent de plus en plus certain à retourner un public avide. Affaire à suivre. VM

Le 24 mai dès 22h Le Bourg 51, rue de Bourg - 1003 Lausanne www.le-bourg.ch

Poison Point © Matthieu Foucher

Mai.19

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AILLEURS

DU 17 MAI AU 22 SEPTEMBRE MUSÉE RIETBERG Du 17 mai au 22 septembre 2019 Gablerstrasse 15 - 8002 Zürich 044 415 3131 www.rietberg.ch

Le Musée Rietberg de Zürich consacre une large exposition à la thématique du miroir. Environs 200 pièces venues de monde entiers, de médiums différents, retracent 8000 ans d’évolution et d’utilisation du miroir par l’homme. Reflet de soi et reflet de l’autre, le miroir laisse transparaître une réalité qui intrigue et avec laquelle on peut jouer. Tantôt utile pour la connaissance de soi – Narcisse on te voit –, le miroir acquiert au moyen âge une dimension maléfique par son utilisation chez les “empoisonneuses“ accusées d’y renfermer le démon. La photographie moderne quant à elle reprend à son tour l’idée de miroir en capturant nos visages via nos smartphones idolâtrés. QA

© Rietberg

DU 10 MAI AU 2 JUIN JOURNÉES PHOTOGRAPHIQUES DE BIENNE Du 10 mai au 2 juin Divers lieux à Bienne bielerfototage.ch

Ce printemps aura lieu la 23ème édition des Journées Photographiques de Bienne, un événement maintenant devenu incontournable, et dont la direction change de visage cette année. Sarah Girard, pour sa première édition, nous propose alors un thème ancré dans notre présent, et symbolisé par le terme anglophone flood, qui se définit comme "une action qui inonde le réseau et sature les forums informatiques jusqu’à les rendre inutilisables". Les travaux présentés cette année viendront alors représenter et questionner ces débordements, allant de thèmes tels que la politique, à la frénésie technologique qui inonde notre société. Cette édition des Journées Photographiques souhaite alors faire ré-émerger à travers les travaux de vingt-et-un photographes l'image qui se trouve parfois noyée dans ces flux incessants d'informations visuelles, poussant ainsi le spectateur à lui aussi mettre en mouvement sa pensée. Une édition prometteuse à ne pas rater qui illustre parfaitement problèmes et questions de notre temps. ADG

© Romain Roucoules

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Indépendant depuis 200 ans et résolument ancré dans le présent, Mirabaud conçoit la diversité comme une richesse. C’est pourquoi nos services en Wealth Management, Asset Management et Securities s’adaptent à la réalité de chacun, au quotidien. www.mirabaud.com PA RT ENAIRE

Mai.19

100 W E ALT H M AN AGE M ENT - A SSE T MA NA G EMENT - SE CUR IT IE S


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