Go Out! mai

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MaiMai 2013 2013 N°11 N°11

5CHF

Le Le magazine magazine culturel culturel genevois genevois

www.gooutmag.ch www.gooutmag.ch info@gooutmag.ch info@gooutmag.ch

| Live > 10 bougies pour Electron | | On est charmé > Natacha Veen bucolique | | On a rencontré > Tahar Ben Jelloun | | Classique > la saison 13-14 au Grand Théâtre, par Tobias Richter | | Classique > Mystique Or du Rhin au Grand Théâtre | | On a rencontré > le directeur de la Tate Modern Chris Dercon | | Alter ego > Trois cocons nippons avec Go Out Japon | | Live > Explosions chromatiques avec le mapping 2013 |


SPRE PU


EAD UB

RESTAURANT – SERVICE TRAITEUR La bistronomie, voilà notre maître-mot! Les Gourmet Brothers vous invitent dans un comptoir du goût où se mêlent: un restaurant ouvert midi et soir, une boulangerie-pâtisserie-salon de thé avec des créations exclusives, et quelques produits d’exception en épicerie. Avec notre service traiteur chef à domicile, nous organisons également vos cocktails dînatoires ou vos repas pour tout événement privé ou d’entreprise.

Gourmet Brothers

52 route de Thonon 1222 Vésenaz +41 (0)22 772 30 30 info@gourmetbrothers.com www.gourmetbrothers.ch



Après avoir fêté sa première année au Musée d’art moderne et contemporain (MAMCO) et à l’Hôtel Intercontinental, GoOut! poursuit son aventure avec un numéro comme une antichambre vers l’été. Un grand merci à Natacha Veen, illustratrice graphiste de talent, à qui nous devons la couverture et une partie de la ligne graphique. Le parcours commence par une visite de plusieurs parcs genevois, comme un exemple de la générosité des mécènes dans la Cité de Calvin. L’occasion aussi de découvrir les premiers événements en plein air, comme Mai au Parc à Lancy, Festi’Neuch et le festival Caribana à Crans-près-Céligny. Une association créée pour regrouper les acteurs culturels du quartier de l’étoile, Denis Savary au Musée d’art et d’histoire, Vue d’elles à la Villa Dutoit, Yves Bélorgey chez Xippas et bien sûr la Nuit des Bains le 2… En mai les expos font ce qui leur plaisent! Go Out! s’y met aussi et s’associe au Bal des Créateurs pour exposer Camouflage du photographe Philippe Gueguen. Une série trompe-l’œil où l’homme et la nature ne forment qu’un… Enfin, parmi nos coups de cœur de ce mois, la rencontre avec le visionnaire patron de la Tate Modern Chris Dercon, un entretien avec un directeur amoureux de son opéra Tobias Richter, l’intégrale des concertos de Rachmaninov joués avec l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et une collaboration avec The Kooples dans les pages Edito. Assez de suspens, passez cette page et vivez à tout âge!

Olivier Gurtner & Mina Sidi Ali GO OUT!

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ÉDITORIAL

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Sommaire

Parcs genevois et mécénat

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Expositions

Toyo Ito, lauréat du Pritzker Prize

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Live

Denis Savary au MAH

Festi’Neuch

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Mapping Festival

22

Là-bas

Xippas présente Yves Belorgey Les femmes à la villa Dutoit

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On est charmé

Natacha Veen

28

46 48

Take me home à Caribana

50

En famille

Mai au Parc à la villa Bernasconi

52

Théâtre

Am Stram Gram met le feu au lac

30

On prend le large

Aminata, Vidy & Le Poche

Things to do in Miami

32

1 an Go Out!

Classique

Interview de Tobias Richter, directeur du Grand Théâtre

34

Intégrale Rachmaninov avec l’OSR

36

On lit

Yves Patrick Delachaux en déroute

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On a rencontré

Chris Dercon, directeur de la Tate Modern MAI 13

55

Danse

8ème Fête de la danse

GO OUT!

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Architecture

59

Clichés au MAMCO & à l’Intercontinental

62

Design

Le RADAR d’Isaure Bouyssonie

69

Fashion

Balade en Kooples au Grütli

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Agendas

expositions, théâtre, cinéma, classique, danse, clubbing, live, làbas, en famille

MAI 2013

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On découvre

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GO OUT!

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Impressum

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Editeur

Association GO OUT! Renate Cornu, présidente Daniel Ybarra, vice-président

Co-directeurs de la publication Mina Sidi Ali mina@gooutmag.ch Olivier Gurtner olivier@gooutmag.ch

Secrétaire générale Mayla Chevrolet

Photographe Nicolas Schopfer

Design Meret Watzlawick

Chargé de rédaction Jadd Hilal

Rédacteurs

Merci Anne-Lise Allisson (Très Classic), Gaëlle Amoudruz (Mapping Festival), Aurélien Bergot, Alfio Di Guardo (cinéma du Grütli), Thibaut Drege et Chakib Tahri (Hôtel Intercontinental), Christophe Durand & Edvinas Gliebus (Le Bal des créateurs), Ushanga Elébé (Forum Meyrin), Julie Favre et Teddy Estevez (the Kooples), Christine Ferrier (Comédie de Genève), Véronique Lombard (Ville de Genève), Marthe Finacti (Transport publics genevois), Jean-Luc Hirt (Maison des arts du Grütli), Benjamin Luzuy (Gourmet Brothers), Hélène Mariéthoz (Ville de Lancy), José Millot (Fleuriot), Sandra Mudronja (HEAD – Genève) Gabrielle Nassisi-Kohler (Théâtre de Beausobre, festival Morges sous-rire), Tobias Richter, Albert Garnier et Frédéric Leyat (Grand Théâtre), Nicole Rupp (L’Oréal), Natacha Sappey et Cécile Simonet (ADC), Manuelle Stevan (Théâtre St-Gervais), Caroline Vitelli et Ingimar Hrímnir Skulason, Martti Wichmann (Aesop)

Hervé Annen Manon Barraud Marlène Cavagna Andrea Machalova Vincent Magnenat Margaux Mosimann Giulia Rumasuglia Céline Zamora

Make-up artist Juan Romero

Couverture Modèle, illustration: Natacha Veen Photo: Hervé Annen Coiffure: Juan Romero Fleurs: Fleuriot

Coordination de production d'impression Chamberlin prod, Carouge

Diffusion Naville GO OUT!

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On en parle Histoire d’un tocard Dyslexie, échec scolaire, rien ne prédestinait Thierry Vouillamoz à une telle carrière littéraire. L’écrivain sédunois a publié en janvier 2013 son premier roman, Il ne restera aucune trace de ton passage (éditions Atramenta). L’histoire est celle d’un raté. Un jeune homme accumule les petits boulots sans grande motivation. Il se console dans des aventures d’un soir jusqu’à l’arrivée de Lara, une rencontre le marquant au point de le pousser au crime. Adoptant le point de vue de l’assassin, le roman mêle admirablement passion, psychologie et intrigue. Il ne restera aucune trace de ton passage Editions Atramenta

Non mais à l’eau quoi Out la grisaille hivernale et le teint pâle, les Bains des Pâquis version estivale ouvrent leurs portes dès le 1er mai. Le lieu ultrapopulaire fait partie intégrante de la vie de tout Genevois. Situés sur la rive droite du Léman, ils offrent un espace de détente entre baignade, massages, bronzage et restauration. Projet culturel initié en 2007, les Aubes musicales font partie du programme. Les concerts matinaux débuteront dès le 22 juillet. Une bonne raison pour que le soleil pointe enfin le bout de son nez. Quai du Mont-Blanc 30 1201 Genève 022 732 29 74 www.bains-des-paquis.ch

Découvrez le Musée obscur Oiseaux de nuit, il est temps de troquer les sons électroniques des clubs alternatifs pour un peu de culture muséologique. 21 institutions ouvrent leurs portes pour la première édition de la Nuit des musées, les 11 et 12 mai. Samedi, les festivités débuteront dès la tombée du jour avec des activités nombreuses, de Cologny aux Nations en passant par Genève. Elles se poursuivront le dimanche avec une after conviviale, familiale et gratuite! Les 11 et 12 mai Dans 21 musées à Genève www.ville-geneve.ch/musees

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On en parle

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Saint-Ex exposé La Cave, lieu chaleureux lové dans un sous-sol de la vielle-ville accueille du 1er au 18 mai La Terre en héritage, une exposition de feuillets et facsimilés autour du Petit Prince et de son auteur, Saint-Exupéry. L’événement, gratuit, est organisé par une maison spécialisée dans les lettres et manuscrits, Aritophil, dont la branche genevoise a récemment ouvert à Genève. Du 1er au 18 mai La Cave Rue des Granges 16 1204 Genève

XXe et XXIe se rencontrent Edgard Varèse et Fritz Hauser, deux compositeurs qui dialogueront grâce à l’ensemble Contrechamps, spécialisé dans la musique moderne et contemporaine. Du premier seront interprétés Intégrales et Déserts et du second l’on écoutera Bricco Lu et une nouvelle œuvre, commandée par Contrechamps. Les plus curieux profiteront également de découvrir la nouvelle saison de l’ensemble, présentée le même jour à 18h30, par son directeur Brice Pauset. Le 28 mai à 20h Studio Ernest-Ansermet Passage de la Radio 2 1205 Genève www.contrechamps.ch

Ah la belle étoile! Les onze espaces d’art du quartier de l’étoile se réunissent pour une journée portes ouvertes. Le samedi 4 mai, la zone industrielle de la Praille sera parcourue de musiques, performances et diverses résidences artistiques. Un fil d’expression créatif tissé entre la Villa Bernasconi, le Pavillon Sicli, la Galerie Guy Bärtschi, le Motel Campo ou encore le Piano Nobile. Un rendez-vous de cohésion artistique à ne pas manquer.

Les espaces d’art du quartier de l’étoile Le 4 mai www.quartieretoile.ch

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Hermès aime

UN PEU

Festiva l vespér al

Hum, il y a ces nu its sono envie de res qui m tendre la e donne patte du nt grand co côté de usin félin Lyon, ce . Moi-mê j’ai le pe me oisea lage qui u de nuit frise à l’i la basse , dée de ro de Ben K nronner lo avec c k , tout co de Blund mme le etto d’aill groove eurs. En clavier d me roula e ma ma n t ît sur le re sse pou de poils, r y laisse je suis a r ma griff ussi tom fait aime e bé sur D r sa fran aphni qu chise éle i m’a soyeux C ctroniqu haranjit e , comme Singh et ce m’ont fa ses BO in it dodelin diennes e r le qui m et jours useau. N aussi. M uits son es sieste ores, s vont p trappe, asser à la le temps du festiv al. du 7 au 1 2 mai divers lie ux à Lyo n www.nu its ono res.com nUIT-s S SONOR ES

lyon france

07-12 MAI 2013

Beaucoup miaou Nya X

des 50 ans te les 1 fê Je n . o n , haine le Japo e proc es isse et m u S c e L’anné la v a s entre t chat n e en io o t k é e la ig r re mme n s ont é nds co me rmal, il o e J N . . y s m’ente t pon ello Kit lins nip nnée chat: H amis fé ées l’a nal un io t a r n o ganis s le é o et o it g b o iv m sy tes à g es fest déjà d roquet e les c v is e u lè r t jo n ê é o r a ndant, e. Ca v e t in t te a a is h n h c .E pro la grap fusion Porro, r ce u s à pro a o c u s p o e , ia t c n m ur Fran gagna o o p g s lo e le patt a crée bilé. ise qui zuricho triple ju n.go.jp

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à LA FOLIE We miaou you! Nicolas aka Mister rollerblader, ne se présente plus. Présent depuis le début de l’aventure, il est notre spécialiste ès visuel. Si vous vous demandez ce qu’il fait, demandez-vous plutôt ce qu’il ne fait pas. Lorsqu’il parle, on imagine un film en Technicolor, de ceux qu’ils montent avec sa caméra avec dextérité. Animal tatoué sauvage et difficile à pister, ce sportif créatif surprend par sa facilité à tout dompter. Électrique et félin, il me copie de C à T pour me remplacer auprès de ma dulcinée. Bien tenté de suivre mes pattes mais ma minette n’a d’yeux que pour mon swag de chat princier.

Passionnément

Dada de kawa

Sensible, un cœ ur en velours cô telé. Ses amis et sa famille tro uvent à Yessine une grande générosité. Il es t toujours là po ur dépanner, soutenir ou aid er. Et c’est ce qu ’il fait avec notre team ac cro à la caféine . Aiolia (oui, c’e un fan de Saint st Seiya! ) est notre dealer de café préféré. Pour to utes ses capsule s aux saveurs délicates et so n énergie ultra bright, on rem ercie à l’infini le frè re adoré de Mina .

PAS DU Bye TOU bye T o rifla

m

me Je v s iens d’ap Qua p r e r t n ier d flam dre es la me Qu’e s expo Bains e fin du p rix a t do sée st c s e qu n nnu dég e i sui sur le p c la fin r v des l du i o ff r n m’a a? L ées t orid cco ?M rde ais o e mono u Mont r un -Bla pol e sie ù va G enè e d’œu nc. s v ve? trist te de s Je v res ilen e an ais ce p non our ce. ww cett w.q e uar tier des bain s.ch


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On en parle

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On découvre

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Bocages

en héritage

- olivier gurtner - M a no n Barraud

En comparaison européenne, Genève est un pôle de verdure. Avec 20% de la surface totale consacrée aux espaces verts, la municipalité est une invitation permanente à la détente, aux activités en plein air et retrouvailles entre amis. Fait important: une majorité d’entre eux a été donnée par des privés, et non créée par les pouvoirs publics. Une tendance révélatrice du rôle des mécènes dans la vie publique et culturelle de Genève.

Fruit du hasard

Nature et culture

A observer les 310 hectares de verdure en ville, l’on observe qu’ils ne sont pas concentrés en trois ou quatre parcs, mais en une multitude de cellules réduites, réparties dans toute la municipalité. Si des villes comme Paris (le Bois de Boulogne) et New York (Central Park) ont entrepris dans la seconde moitié du XIXe des politiques publiques actives en la matière, débouchant sur d’imposants parcs, Genève résulte finalement d’un certain hasard. Quelques exemples pour s’en convaincre: le parc Moynier, de la Grange, Barton, de l’Ariana, Bertrand et le Bois de la Bâtie ont tous été cédés par des propriétaires privés. D’ailleurs, l’on notera que le musée Rath, le Victoria Hall, le Musée d’art moderne et contemporain (MAMCO) ont aussi été créés par des initiatives privées.

Le territoire municipal connaît une très grande disparité en termes culturels, entre rives gauche et droite, la première étant largement favorisée en termes d’institutions et d’activités (théâtres, musique classique, musées, centres d’art). Avec 24 des 33 parcs de la ville, la rive droite remporte pourtant la mise, permettant ainsi un petit rééquilibrage.

Une toile plutôt qu’une coulée verte Les nombreux legs à la ville ont engendré une situation avantageuse: plutôt que quelques parcs de grande taille, ils sont petits, mais répartis de manière très homogène, le tout constituant un maillage très fort, avec 34 entités pour une population d’environ 190 000 habitants. Genève ressemble ainsi davantage à Londres et ses multiples squares qu’à Paris ou New York.

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La promenade continue avec une balade autour de certains parcs anciennement privés.


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On découvre

Parc La Grange Jardin des Alpes & Monument Brunswick Legué à la ville de Genève par le duc de Brunswick Charles d’Este-Guelph à sa mort en 1873, ainsi qu’une importante fortune. En échange est réalisé un mausolée.

Le Bois-de-la-Bâtie Le Bois-de-la-Bâtie: En 1868, les frères Turettini rachètent les parcelles et les offrent à la ville de Genève, en exigeant qu’elles resquent publiquement accessibles «pour l’éternité».

Parc Barton Il tient son nom de son dernier propriétaire Sir Daniel Barton. Cet ancien consul d’Angleterre fit bâtir le Victoria Hall en hommage à la reine Victoria. En 1935, Alexandra Barton-Peel lègue le parc à la ville en demandant le maintien des séquoias géants.

William Favre, dernier propriétaire du parc le lègue en 1918 à la ville. La Roseraie est construite en 1946.

Parc Mon Repos Parc légué à la ville après la mort du chimiste et physicien Philippe Plantamour.

Parc Moynier Acquis au départ par la Société des Nations pour y édifier son palais, en 1926, le bâtiment est finalement déplacé au parc de l’Ariana. Les deux parcelles échangées, Moynier devient un parc public en 1929.

Parc William Rappard Le domaine comprenant un parc et une maison de maître sont achetés par la Confédération en 1921 qui le donne à la Société des Nations. Après le Bureau international du travail, il héberge désormais l’Organisation mondiale du commerce (OMC)

Parc Bertrand Cédé à la ville par la famille Bertrand en 1940, dont Alfred Bertrand était un missionnaire protestant.

Parc de l’Ariana Gustave Revilliod, dernier propriétaire, lègue le parc à la ville à sa mort, en 1890 avec un montant d’un million de francs pour l’entretien. En échange, un mausolée est érigé en son nom. Le siège de la Société des Nations y sera bâti, pour y accueillir plus tard l’ONU.

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On découvre

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Expositions

C o n t es

p l as t i q ues - M arga u x a

M osima n n

Nicolas S c h op f er

Découvrir l’œuvre du vaudois Denis Savary, c’est comme pénétrer dans une maison de poupées. Tout est prétexte à raconter des histoires. Du 26 avril au 25 août, le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) se fait conter fleurette par l’artiste et ses Mannequins de Corot. Comme des romans enchâssés, ses pièces questionnent notre imaginaire. Partant du dessin et du film, Denis Savary accède au fil des rencontres à la scénographie et à l’installation performative. Pantins étranges, films séquence et noix de coco géantes révèlent ainsi l’univers sans confins de cet artiste à l’érudition ludique. Rencontre avec une entité protéiforme. Vous êtes perçu comme un artiste insaisissable... Mon travail est assez évolutif. Il fonctionne comme des chapitres. Je ne distingue aucune hiérarchie entre les médiums. Je suis justement intéressé par l’association des éléments entre eux. La notion de rencontre est centrale. Elle me sert de point de départ. Finalement, je suis moins intrigué par le style que par l’état d’esprit animant le travail.

Quelques mots sur Les Mannequins de Corot? Le point de départ réside dans ma découverte du fonds bibliographique de l’historien de l’art suisse Edouard Gaillot. Cet homme a consacré sa vie à l’œuvre de Jean-Baptiste Camille Corot. Il part du postulat selon lequel Corot serait à l’origine de créations tardives d’Honoré Daumier. Il se lance dès lors dans une quête obstinée de la signature secrète du peintre et parcourt ainsi toute l’histoire de l’art. Le projet Les Mannequins de Corot est né de cette hypothèse extravagante en 2009. Sous la forme de conférences-performances au Musée des Augustins à Toulouse, le comédien Serge Renko présentait en disciple de Gaillot les signatures décelées de Corot.

Comment êtes-vous intervenu dans la salle Corot à Genève? Pour le MAH, j’ai conçu une version plastique du projet initial avec un ensemble d’œuvres et une

édition d’artiste. Gaillot pensait que Corot avait fait des maquettes pour Michel-Ange ou Rodin. Il pensait même que ces artistes les avaient surdimensionnées. J’ai repris cette idée et j’ai conçu des moules en bois de ces hypothétiques sculptures.

Pourquoi s’être intéressé à cette histoire? Cette enquête fantasmée sur une base tangible me fascine. Gaillot attribue librement une nouvelle biographie à Corot. Cela le place à contrecourant d’une histoire de l’art codée et chronologique. Une occasion de considérer le peintre français autrement.

Vos travaux sont justement emprunts de clins d’œil à l’histoire de l’art… Ma démarche peut être associée à cette pratique de la citation. Mais en réalité, je papillonne. J’utilise l’histoire de l’art comme un jeu de correspondances.

Sur quoi travaillez-vous actuellement? Je poursuis avec mes poupées et travaille sur des poissons de verre d’inspiration étrusque pour une exposition à Valence. En septembre, je suis invité à l’espace Cyclop de Fontainebleau où je proposerai une sculpture sonore réalisée par des imitateurs d’oiseaux sifflant l’Ursonate de Kurt Schwitters. Inconsciemment, je crois qu’une sorte de bestiaire est en train de se constituer… GO OUT!

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Expositions

«Chacune de mes pièces est un espace de projection»

Denis Savary, dans la salle Corot du MAH

Du 26 avril au 25 aout 2013 Musée d’art et d’histoire 2 rue Charles-Galland 022 418 26 00 www.ville-ge.ch

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Fenix Š Gregory Batardon

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Expositions

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Béton désarmé

- M arga u x

M osima n n

Parmi les galeries du quartier des Bains, une enseigne parisienne a posé ses valises en septembre 2011 au bout de la rue des Sablons. Xippas et ses artistes résidents suscitent un réel intérêt à Genève. Pour cette Nuit des bains printanière (le 2 mai), l’espace présente l’un des artistes fétiches de la cité, récemment exposé au MAMCO: le français Yves Bélorgey et ses architectures picturales. Radiographie d’un artiste et de sa galerie. Attention peinture fraîche Le Musée d’art moderne et contemporain (MAMCO) vient tout juste de décrocher la dizaine d’œuvres d’Yves Bélorgey. L’institution genevoise lui a consacré cet hiver une importante rétrospective. Réunies à Xippas sous le titre Siedlung Halen, les créations vont montrer ses deux derniers mois de travail et son amour pour la cité Halen, un site de lotissements établi en périphérie de Berne.

L’immeuble comme sujet Dès 1993, l’artiste français se consacre définitivement au motif de l’immeuble moderne en périphérie urbaine des années 1950 à 1970. A partir de relevés photographiques, Yves Bélorgey transfigure picturalement les structures architecturales. Mais son style réaliste, quasi photographique, autorise par endroits certaines libertés chromatiques. Ses grands formats carrés évincent la présence humaine dont de rares traces évoquent encore l’activité. Au cœur de ses déambulations: un témoignage singulier de l’urbanité nous entourant. Après le MAMCO, il revient donc chez Xippas, du 2 mai au 27 juillet.

Xippas, un clan Fondée à Paris en 1990 par le marchand d’art grec Renos Xippas, la galerie éponyme installée dans le quartier du Marais fait rapidement des petits. Après la capitale française, des annexes s’implantent à Montevideo, Punta del Este, Athènes et finalement Genève. Ce réseau réparti dans 7 villes appuie le travail d’une quarantaine GO OUT!

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d’artistes, comme Yves Bélorgey. «Nous revendiquons une certaine éthique et une manière de travailler à l’ancienne. C’est presque une famille. Artistes et collaborateurs forment un clan» explique Pierre Geneston, responsable de la galerie de Genève. Plus avant-gardiste que sa cadette, l’arcade parisienne défend un art novateur et conceptuel, à l’image de Valérie Jouve et Denis Savary (voir page 18).


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Expositions

On ne naît pas

artiste -a andrea machalova Cinq femmes et une question. L’exposition Vues d’elles se conçoit comme une réflexion commune autour de l’identité féminine. Virginie Delannoy, Catherine Glassey, Louise Mestrallet, Carmen Perrin et Madeleine Spierer, cinq artistes de cultures et d’âges différents, sont réunies jusqu’au 12 mai à la villa Dutoit. Le public pourra faire la connaissance de ces gardiennes du lieu dans les salons de l’ancienne maison de maître. Rencontre avec Renée Furrer, artiste et curatrice de l’évènement. Pourquoi mettre la féminité au centre de cette exposition?

Est-il plus difficile d’être artiste quand on est femme?

Le statut de femme artiste me tient énormément à cœur. J’ai commencé à étudier l’architecture dans les années 70; j’étais alors la seule fille dans une classe de 30 garçons. J’ai dû évoluer dans une société très machiste, où les femmes n’étaient pas estimées à leur juste valeur. Réunir ces artistes d’âges et de parcours différents me permet de montrer à quel point la création passe par le temps. Une fraîcheur et une légèreté se dégagent des peintures de Madeleine Spierer. Elle a pourtant plus de 80 ans. A l’inverse, une véritable maturité se retrouve dans les travaux de Louise Mestrallet, une artiste de seulement 27 ans.

Elles ont peur de passer à côté de quelque chose, on leur demande souvent de choisir entre vie professionnelle et vie de famille. Les hommes n’ont même pas à se poser la question! Pendant un long moment, j’ai mis ma carrière entre parenthèses pour me consacrer à mes enfants. Mon mari ne voulait pas me voir travailler.

Le travail des femmes n’est-il pas assez mis en valeur? Les écoles d’art comptent 80% de filles, 20% seulement se retrouvent dans les expositions. Je veux leur donner un coup de pouce. Leur travail mérite d’être mis en valeur. Il renferme une poésie et une sensibilité absentes chez les hommes. Les femmes ont envie de faire ressentir ce qu’elles ont dans les tripes.

On ne peut concilier vie artistique et vie de famille... J’en étais personnellement incapable. Un artiste doit faire le vide dans sa tête, se consacrer pleinement à son travail pour créer. Jouer sur les deux tableaux s’avère trop délicat. Comme Catherine Glassey, Carmen Perrin a choisi de ne pas avoir d’enfants afin de rester indépendante. Seule Virginie a réussi à combiner les deux, je la considère comme la mère de nous toutes! Jusqu’au 12 mai Chemin Gilbert-Trolliet 5 1209 Petit-Saconnex 022 733 05 75 www.villadutoit.ch

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Expositions

La plasticienne Virginie Delannoy (à gauche) et la curatrice de l’exposition Renée Furrer (à droite): deux artistes de l’identité féminine

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Depuis plusieurs années, Virginie Delannoy s’approprie l’espace en réalisant ses créations in situ. Pour Vues d’Elles elle a tenu à souligner le passé de la villa Dutoit, anciennement maison d’habitation. Elle a emprunté des œuvres aux quatre autres artistes exposées pour les disposer dans une armoire. «Travailler sur le lieu de l’exposition me permet de m’ouvrir au monde, de faire des liens et d’échanger. Si je reste dans mon atelier, je deviens un ermite. Vivre comme ça, c’est être complètement à côté de la plaque», confie t-elle. Le meuble devient alors un espace de mémoire, de rangement et de présentation.

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On est charmé

Dessins Dessins Dessins aériens aériens

aériens

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mi n a sidi ali

Mode, musique, pub et presse, on prend du crobard plein les mirettes et ça fait du bien. L’illustration, le dessin et les beaux-arts s’offrent à nous comme un retour à l’imagination et à la liberté d’esprit dans la création. Ainsi, à Go Out! on a décidé de confier une partie de la ligne graphique à Natacha Veen, illustratrice, graphiste et furieusement dans l’air du temps.

Une tendance à l’illustration ouvre le grand livre des coloriages. Une percée dans notre bain d’images, exhalée dans notre publication par Natacha Veen, au parcours sans fautes et ponctué de pointillés. Fascinée par les oiseaux, les fleurs, les nuages et la mode, elle façonne ses dessins de manière détournée et brodée. Mandatée pour des couvertures d’album, des scénographies, des identités visuelles, des logos et lettrages, Natacha Veen dessine pour divers mandataires et sur plusieurs supports. Son coup de crayon séduit les yeux blasés par son aspect broderie, un type de chorégraphies visuelles qui permet avant tout de raconter des histoires en relief.

Du 30 mai au 9 juin Vernissage le 30 mai dès 18h. The Square 2-4 rue du Diorama 1204 Genève

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Le 30 mai prochain, cette jolie brune aux cheveux sans fin qui anime ses dessins d’un style éthéré, expose à The Square. Sa démarche est spontanée et garde pour leitmotiv la nature. On est suspendu à ses croquis au trait acéré et disséqué avec autant de délicatesse. Des escapades illustrées qui donnent des envies de clairière, de balades en forêt et de pique-niques bucoliques. Des qu’on pourra retrouver en version imprimée lors de sa prochaine expo.


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On est charmé Illustrations pour le 1er août de Carouge 2010

fête nationale du er 1 août 2010 OrganisatiOn Ville de CarOuge aVeC le COnCOurs des sOCiétés CarOugeOises Centre Communal de Carouge

Illustration pour collection Let me Fly

18h ouverture des stands, buvettes, carrousel gratuit 19h cor des alpes 19h30 concert de la Musique municipale de Carouge 20h15 allocution du Maire, Marc nobs 21h cortège des enfants avec les lampions 21h30 feu de joie 22h bal populaire avec «le Bal des Martine»

illustration : Natacha Veen

2013

Logo pour la marque de vêtements pour enfants Hilke, 2012

Série d’illustrations pour Urban Map 2013

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Illustration pour l’Orangerie, 2010

Série d’illustrations pour Urban Map 2013

Série d’illustrations pour la maison d’édition Kazalma 2012-2013

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Illustration pour une chambre d’enfant, 2012


Théâtre

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Abyssal

Dédale

- Giulia Rumasuglia Après sa création en décembre 2012 au Théâtre de Vidy-Lausanne, la coproduction lausannogenevoise Aminata arrive au bout du Léman. Ecrite par Gilles Laubert et mise en scène par Jacob Berger, elle sera donnée au Poche du 6 au 26 mai. Au rendu: un texte troublant. Aminata brise le langage, le monde et n’hésite pas à fouler les éclats restants.

La maman et la putain

«Des mots qui sifflent comme des balles»

Au début: une mère et son fils. Ils entretiennent une relation étroite, étouffante même. Cet enfant «normal mais différent» a 35 ans. Cette situation ne dure pas, la fuite de l’être aimé ne tardant pas. Le jeune homme quitte le décor des bras maternels. Survient alors cette rencontre fondamentale: celle d’Aminata, une prostituée sénégalaise l’éveillant à la vie et à la richesse de la réalité. Très vite, la collision entre ces deux êtres victimes du monde se transforme en amour. Une passion qui se confrontera plus tard à celle de la mère partie à la poursuite de son fils, à l’aide d’un inspecteur.

Le langage joue un rôle essentiel. Il traduit les contradictions à l’oeuvre dans ce drame de chair et de mots. Dans Aminata, Gilles Laubert invente un néo-français à la beauté incandescente, une langue mêlée à des bribes de wolof, le parler du Sénégal. Pour Jacob Berger, «la puissance de la pièce» réside dans «ce language relevant d’une poésie inattendue et complètement explosive». Fort de personnages blessés, solitaires, passionnés, le texte se charge de faire écho aux détraquements de la scène.

«C’est mon univers, c’est mon monde» Pour mettre en scène ce drame d’aujourd’hui, le cinéaste Jacob Berger se frotte pour la première fois au théâtre. Pas complètement dépaysé, l’intrigue étant «montée comme un film, avec des trames parallèles», il avoue la promixité du texte de Gilles Laubert avec ses propres goûts. L’œuvre l’a immédiatement touché. Selon lui, Le montage et de la simultanéité se retrouvent au cinéma comme sur scène. Peu de décors, des images en 3D projetées en fond, la mise en scène veut «la proximité des corps des acteurs face au public, la fulgurance des paroles scandées en direct, la primauté de la langue se fabriquant sous nos yeux, comme une prière».

Derrière le masque Des rencontres se succèdent et s’entremêlent. Des personnages cherchent à trouver leur équilibre dans un monde se dérobant sans cesse sous leurs pieds. Dans un jeu d’attractions, de tentations, de souffrances, Aminata déploie l’amour et la peur de l’autre. Elle dévoile aussi la violence des rapports entre hommes, entre soi et la société, entre l’individu et son masque. Le drame naît du conflit. On se croit figé, déterminé jusqu’à l’arrivée d’une fuite ou d’une rencontre. Tout est alors remis en question. Et Aminata d’ouvrir des horizons nouveaux, d’ébranler une prétendue stabilité: celle de la langue, des relations humaines, celle de la scène aussi.

GO OUT!

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© Jacob Berger Du 6 au 26 mai Théâtre Le Poche Rue du Cheval-Blanc 7 1204 Genève 022 310 37 59 www.lepoche.ch

© Mario del Curto

GO OUT!

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Danse

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Shall we

dancE?

- Manon Barraud

Trois jours pour mettre en avant un art vivant et expressif. Voilà le défi de la Fête de la Danse, prévue du 3 au 5 mai, avec tous les styles convoqués: de la valse au tango en passant par le breakdance et la danse contemporaine. L’événement regroupe chaque année plus de 50’000 personnes dans 25 villes et communes de Suisse romande, alémanique, italienne et de France Voisine. Une invitation à découvrir une discipline protéiforme.

Original & décalé Fort de son succès, la manifestation a pris de l’ampleur avec les années. La programmation s’enrichit en ajoutant des formats parfois déroutants. Ainsi, des cours de danse réservés aux hommes ont vu le jour, par exemple. Une manière de montrer à quel point cet univers n’est pas réservé à la gent féminine. Autre signe de l’envergure: les incontournables flashmobs, parfois vues et revues, seront-elles de la partie? Dans certaines villes, les devantures de magasins se transformeront en vitrines animées. Ce multiple choix de représentations prouve tout «l’engouement pour la manifestation» selon l’organisme responsable de l’organisation de la Fête de la Danse, RESO. La structure détaille: «les spectacles culturels et le public toujours plus important démontrent qu’il existe un réel intérêt et une importante demande pour la discipline». Une manière étonnante de confirmer à quel point cet art a «beaucoup de choses à dire» comme l’affirmait Maurice Béjart, célèbre chorégraphe très impliqué dans la démocratisation de cet art.

La danse: un acte politique? La danse orientale fascine, avec des étoiles venues de Palestine, d’Israël ou du Liban qui voient le jour et deviennent des références internationales. Pourtant, un paradoxe subsiste. En Europe ou aux Etats-Unis, cette pratique attire nombre d’amateurs. Mais dans certains pays musulmans pourtant précurseurs

de cette danse, comme l’Egypte, elle est interdite, jugée «indigne». Beaucoup de professionnelles y sont contraintes d’exercer leur passion clandestinement. Le collectif tunisien «Art Solution» illustre ce combat. Il fait du corps un instrument de résistance. Face aux salafistes prônant un islam rigoriste, le groupe de danseurs défend la liberté d’expression. A la tête du collectif, le chorégraphe et cinéaste Bahri Ben Yahmed s’inquiète. Il affirme avoir peur que les salafistes les «enferment entre quatre murs», «les coupent du monde» après avoir vu leurs vidéos sur Youtube. «Nous sommes en confrontation directe avec eux, ajoute t-il, notre seule arme est l’art». Le collectif se produira le vendredi 3 mai à la maison des arts du Grütli. Le public pourra ensuite rencontrer les artistes pour des discussions sur la danse et l’art comme arme politique.

Les premiers pas La Fête de la Danse a débuté en 2006 à Zurich. A l’occasion de la Journée Internationale de la Danse, divers théâtres et écoles de danse ont ouvert leurs portes au public afin de faire découvrir cet univers souvent relegué au second plan. Après huit années d’existence, la Fête poursuit toujours le même objectif: toucher le plus grand nombre et promouvoir la danse auprès de tous, amateurs et professionnels, d’un bout à l’autre du pays.

GO OUT!

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© Brigitte Fässler

Danse

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© Philippe Weissbrodt

Amateurs ou professionnels, la danse fédère tous les styles le temps d’un weekend

GO OUT!

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Classique

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13-14 sur l’échelle

de Richter - olivier gurtner

a

Nicolas Schopfer

Le Grand Théâtre achève sa saison avec Rusalka de Dvořák. A l’heure de dresser le bilan et de présenter la programmation 2013-14, Go Out rencontre le directeur de l’institution lyrique genevoise, Tobias Richter. A la tête du Deutsche Oper am Rhein à Düsseldorf pendant presque 15 ans, il conduit la scène de Neuve depuis 2009, après le départ de Jean-Marie Blanchard dans un contexte agité.

Quel bilan tirez-vous de la saison lyrique qui se termine?

Pour le moment, nous voulons voir ce que

Je me réjouis car nous avons réussi plusieurs

tion reste liée à nos capacités scéniques,

donne l’ensemble. Ensuite, cette produc-

paris, comme de programmer 10 représenta-

très importantes. Présenter ce Ring sur une

tions de La Traviata, qui ont connu une fréquen-

scène plus petite n’aurait pas de sens. Par

tation supérieure à 100%, grâce à quelques

contre, il est possible qu’on le rejoue après

fauteuils supplémentaires. Je suis donc très

les rénovations. En effet, nous quitterons le

satisfait. Je regrette toutefois un phénomène:

Grand Théâtre entre juillet 2015 et juillet 2017.

dès qu’on propose un opéra peu connu ou

Je me réjouis d’ailleurs de cette expérience

jamais donné à Genève, le public se montre

hors les murs, que je vois comme un défi.

plus frileux, par exemple avec Les Aventures

tionné, donc il est normal que nous présen-

Parlons budget. En 2011 vous aviez dit à la RTS «Il faut augmenter la part du privé dans financement». C’est-à-dire?

tions des choses moins faciles à vendre.

Le financement public est censé couvrir nos

du Roi Pausole d’Arthur Honegger. Quoiqu’il en soit, nous sommes un théâtre subven-

coûts fixes. Ce n’est plus le cas. Je dois retirer 3

Satisfait aussi pour le premier volet du Ring de Wagner, das Rheingold?

millions des recettes de la billetterie pour com-

Je suis très heureux de ce succès, d’autant

terme, nous avons deux options: soit réduire des

que le duo de référence –Dieter Dorn et Jür-

effectifs – ce que je veux pas – soit trouver plus

gen Rose– n’était jamais venu travailler en terre

de financements, publics et privés. Pour les pre-

francophone. C’est toujours très important de

miers, j’espère pouvoir compter sur les politiques.

réussir le début d’un cycle. Avec Tom Fox venu

Pour les sponsors, nous continuons à développer

reprendre le rôle de Wotan, nous avons eu

des partenariats, à hauteur d’environ 4 millions.

penser cette perte, ce que je ne devrais pas. A

beaucoup de chance. Nous nous réjouissons de donner la Tétralogie complète en 2014. Le Ring est une production genevoise. Sera-t-il joué ailleurs?

A la conférence de saison de l’Orchestre de la Suisse romande, son président sortant Metin Arditi a proposé que leur chef ait plus de pouvoir au sein de l’opéra… GO OUT!

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Classique

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Ecoutez, j’ai décidé de ne pas commenter cette

Le directeur du Grand Théâtre de

position de M. Arditi. L’OSR et le Grand Théâtre

Genève Tobias Richter

entretiennent une excellente relation, notamment avec l’arrivée du nouveau directeur Henk Swinnen. Voilà ce qui est essentiel pour moi. Après, il est important d’anticiper les calendriers, pour mieux s’harmoniser. J’ai regretté que Marek Janowski n’ait pu diriger plus souvent dans notre fosse. Avec Neeme Järvi, une collaboration devrait être possible en automne 2014.

Quels sont les spectacles de la prochaine saison? Tout d’abord, nous poursuivons le Ring, avec La Walkyrie en novembre, Siegfried en février, Le Crépuscule des Dieux au printemps et l’intégrale en mai. La saison débutera avec Les Noces de Figaro en septembre et 2013 se terminera avec La Chauve-Souris, mais en français. Les nouvelles productions maison seront prévues en 2014, avec Nabucco et La Wally de Catalani, une première à Genève. Notons enfin pour le Ballet dirigé par Albert Cohen Le songe d’une nuit d’été puis en février 2014, Mémoire de l’ombre, sur une musique de Mahler et chorégraphié par Ken Ossola.

Journée portes ouvertes, commémoration des 50 ans de la réouverture. Ces expériences ont-elles fonctionné? J’en tire un bilan extrêmement positif. En effet, ces événements, et aussi les journées européennes des métiers d’art, exigent un travail supplémentaire pour nos équipes; il est donc très important que de telles activités soient également enrichissantes pour nos collaborateurs. Les personnels adorent cela, car on reconnaît leur travail. Nous devons poursuivre ces démarches, si possible deux fois par année.

Un dernier élément pour conclure? Mon souhait pour une participation du public continue, qu’on parvienne à toujours le stimuler et à être soutenu par lui.

GO OUT!

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Classique

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Rachmaninov:

l’intégrale -

O li v ier G u r t n er

Comme la saga du Ring au Grand Théâtre ou l’ensemble des concertos pour piano de Mozart par l’Orchestre de chambre de Genève (OCG) et David Greilsammer, l’intégrale des quatre concertos de Sergeï Rachmaninov par le pianiste Alexander Gavrylyuk constitue un temps fort de la saison classique genevoise. Une tétralogie comme un voyage vers les sentiments et les profondeurs de l’âme. Né en 1984, l’interprète n’en connaît pas moins le répertoire du bout des doigts, lui qui donna son premier concert à l’âge de 9 ans. Itinéraire en quelques étapes d’une série jouée par l’Orchestre de la Suisse romande (OSR).

Un romantique perdu dans XXe siècle Le cycle organisé par l’OSR avec le soutien de la Fondation Rachmaninov présente notamment l’ensemble des concertos, avec Alexander Gavrylyuk au clavier. Le premier opus a été composé par Rachmaninov dans la maison de campagne moscovite de ses cousines, lui-même ayant dû quitter sa Saint-Pétersbourg natale, suite aux problèmes d’argent de son père. L’inspiration tirée de cette résidence en pleine nature s’exprime dans une partition résolument romantique, mais pas tout à fait lyrique. Un style presqu’anachronique, déjà en 1891.

Renaissance Plus connu, pour son début grave, atypique, progressif, le concerto n°2 est celui de la rédemption. Après l’échec de sa première symphonie à Saint-Pétersbourg, Rachmaninov tombe dans une sévère dépression, l’empêchant de composer pendant 3 ans! Cette œuvre mélancolique, pleine d’émotions contenues, invite autant à la contemplation (2ème mouvement) qu’à l’éclatement expressif (1er mouvement). Les amateurs d’un jeu élégiaque adoreront Krystian Zimerman (avec Seiji Ozawa à la baguette, en 2000). Sviatoslav Richter (1960) propose un jeu plus sec,

mais d’une grande netteté, qui contraste avec un orchestre à fleur de peau conduit par Kurt Sanderling. Prévu à Genève, Gavrylyuk sait prendre son temps, varier sa force et décomposer la partition, parfois au détriment de la ligne et du phrasé.

American blockbuster La forte identité musicale russe de Rachmaninov fait souvent oublier qu’il est décédé aux EtatsUnis, en 1934. Il quitta 20 ans plus tôt sa terre natale, malgré lui et pour toujours. Un déchirement face à la patrie, à l’image d’un de ses modèles, Frédéric Chopin. C’est pour sa première tournée américaine qu’il compose en 1909 le fameux «Rach 3». Si fort et sensible, le concerto a de quoi faire chanceler. En témoignent l’envoûtante Martha Argerich accompagnée par Riccardo Chailly (1982) ou, plus récemment, les enregistrements de Nikolaï Lugansky. Injustement relayé en seconde zone, le 4ème concerto mérite tout autant sa place. Après une réception à l’époque très négative, Rachmaninov ira d’ailleurs se refugier en Suisse en 1930, au bord du Lac des Quatre-Cantons. Comme Richard Wagner 70 ans plus tôt…

GO OUT!

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Classique

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Le pianiste Alexander Gavrylyuk interprétera avec l’OSR les quatre concertos pour piano de Rachmaninov © Mika Bovan

Tour du monde Au contraire d’un Rachmaninov forcé d’effectuer des tournées pour assurer financièrement sa famille, Alexander Gavrylyuk semble adorer les concerts, lui qui donna son premier à l’âge de 9 ans. L’Autrichien d’origine ukrainienne a fait ses preuves en concours, en remportant notamment le premier prix Horowitz et Arthur Rubinstein. Il s’est produit avec plusieurs orchestres de niveau international, parmi lesquels le philharmonique de Moscou, celui de la radio-télévision japonaise NHK ou le symphonique de Sydney. Quant aux chefs d’orchestre, mentionnons Vladimir Ashkenazy et Vladimir Fedoseyev. Sous la direction du chef titulaire de l’OSR Neeme Järvi, on se réjouit de retrouver le jeu tout en rubato, contemplatif et parfois mystérieux de Gavrylyuk.

GO OUT!

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Les 14, 15, 29, 31 mai et 1er juin à 20h00 Les œuvres jouées varient selon les dates Victoria Hall Rue du Général-Dufour 16 1204 Genève 022 807 00 00 www.osr.ch


On lit

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Parfum de

déroute

- jadd hilal

Policier, écrivain… deux professions à priori peu compatibles ! Après 16 années dans les forces de l’ordre, Yves Patrick Delachaux quitte l’uniforme et se lance dans l’écriture. Publié début mai aux éditions des sauvages, Déroute représente un témoignage de cette transition. Après sa démission de la gendarmerie, le jeune auteur voyage sur les traces de ses mentors. Il parcourt le Vietnam, l’Europe, les Etats-Unis et Cuba. En retour, toutes ces expériences le changent. Il s’interroge: que cherche t-il? Où en est-il? Qu’est devenu le père de famille, l’époux, le flic? Déroute se conçoit comme un voyage tant vers le monde que vers l’homme, l’auteur. Rencontre avec ces deux entités indissociées. Que représente cette œuvre pour vous? Formellement, des chroniques publiées pour Paris Match, la Tribune de Genève et le GHI. Une écriture brute, spontanée. Personnellement, Déroute se conçoit comme l’histoire d’un homme de 42 ans quittant la police pour rechercher des idées d’écriture.

Où vous situez-vous vis-à-vis de l’autobiographie? Avec Déroute: en plein dedans. Pour le reste, j’avoisine plutôt l’autofiction. Dans tous les cas, je dois vivre mes expériences. Je ne peux pas rester dans un bureau et les imaginer. J’ai besoin de voir, d’aller sur place. Je ne pourrai jamais écrire du roman pur.

Ecrivain, policier, des métiers assez éloignés! Les deux exigent un intérêt pour l’observation, le témoignage. Flic, j’ai commencé à écrire en étudiant les hommes et les femmes de mon quartier. Ces deux professions s’avèrent également ventrales, empathiques. Je me retrouve constamment blessé par la détresse.

Comprenez-vous aujourd’hui personnellement la transition de la police à l’écriture? A 42 ans, j’ai voulu me libérer de toute hiérarchie. Education, école militaire, police, j’ai coupé le cordon ombilical. Je me suis mis à mon compte pour mieux réfléchir et publier. Avec Déroute, j’ai déposé l’uniforme. Plus encore, j’ai officialisé: aujourd’hui et pour la première fois, je me présente comme écrivain.

Sous-entendez-vous que les romanciers ne vivent pas leur récit? Si, parfois.

Pourquoi douter de la forme romanesque alors? Un roman complet implique de la fiction. J’ai envie de garder le récit policier. Je veux montrer ma présence sur place. Je cherche aussi à assurer la fiabilité de mes personnages.

Une sorte de contrat autobiographique… Les gens reconnaissent les endroits et les lieux évoqués dans mes ouvrages. Rien n’est plus formidable!

Vous accordez beaucoup d’importance à l’étiquette d’écrivain, un cadre parmi tant d’autres pourtant… Un cadre librement choisi. GO OUT!

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On lit

«Je suis dérangé par un groupe de touristes qui arrivent sur la terrasse. Ça me contrarie. C’est ma terrasse. Mon fleuve. Mes navires. Mes oiseaux. Mon jardin. Mon histoire», vous semblez ici refuser l’authenticité du moment…

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«Je fais partie des gens invisibles»

J’ai écrit ce passage spontanément. J’ai toujours été un «absenté», les gens ne remarquent jamais ma présence. Je fais partie des gens invisibles.

N’est-ce pas là l’essence de l’observateur, du témoignage si cher à vos yeux? Une réaction de défense, rien de plus. Je suis sorti de mon projet. Peut-être est-ce la meilleure manière de prouver son authenticité.

© Claire Goodyear et Flippetouche GO OUT!

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Déroute Editions des sauvages


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On a rencontré

«Je me dois de réinventer le rapport entre visiteurs et musée» Chris Dercon, directeur de la Tate Modern

GO OUT!

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On a rencontré

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«Un musée, c’est d’abord

le luxe du temps»

- olivier gurtner a Nicolas

Schopfer

Quintessence de l’élégance poivre et sel, Chris Dercon conduit depuis 2011 une institution majeure du paysage culturel de Londres: la Tate Modern. Ancien et «très mauvais» artiste selon ses propres mots, le Belge né en 1958 connaît bien l’univers muséal, pour avoir notamment conçu des expositions au Centre Pompidou et dirigé pendant 8 ans la Haus der Kunst à Munich. De son passage dans la capitale bavaroise on retient notamment le toit coiffé des fleurs gonflables de Paul McCarthy ou les façades recouvertes des sacs d’Ai Weiwei. Ce touche-àtout passé par l’art vidéo, le marché de l’art, la critique et la médiation culturelle a posé sa valise à Genève le temps d’une conférence organisée au Musée d’art moderne et contemporain (MAMCO). GoOut en a profité pour le rencontrer.

Avant d’être critique, commissaire d’exposition, directeur de musée, vous avez exercé comme artiste vidéo. Racontez-nous. A 16-17 ans, j’ai découvert la vidéo et l’art conceptuel, qui m’ont plus dès le départ. Plus tard, en 1976, j’ai voulu moi aussi faire de la performance et de la vidéo. Mais en fait, j’ai été un très mauvais artiste plasticien (Rires). J’ai donc essayé d’autres choses, comme la danse et le théâtre. Mon parcours a été influencé par Dan Graham, un véritable touche-à-tout, qui a travaillé le cinéma, le théâtre, la musique punk et la sociologie. Ensuite, j’ai exercé comme galeriste avant qu’on ne me propose d’être producteur, ce qui me plaisait bien mieux qu’être artiste ou marchand.

GO OUT!

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Vous travaillez dans la capitale mondiale du marché de l’art, Londres. Vous qui avez été galeriste chez Baronian-Lambert à Gand, quelle relation entretenez-vous avec les marchands d’art? Je n’ai pas aimé travailler dans une galerie, non pour le principe, mais parce qu’ils défendaient à l’époque des tendances qui ne me plaisaient pas, au lieu de soutenir d’autres plus intéressants, comme Jeff Wall. Désormais, c’est un marché devenu segmenté en mondes séparés et parallèles. D’un côté, les galeries bluechips, qui ne prennent aucun risque et recherchent le rendement assuré. De l’autre, les avant-gardistes qui vendent de l’invendable. Londres est à cette image: une ville très inégale où se trouvent des super riches et des personnes bien moins dotées. Comme institution, on s’intéresse davantage aux seconds.


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On a rencontré

Justement. Comment voyez-vous votre rôle dans ce milieu ? Le rôle d’un musée n’est pas de suppléer au marché de l’art. Par exemple, nous devons nous intéresser en détail à l’art hors des Etats-Unis et d’Europe. Cela implique de développer une connaissance anthropologique du monde. Une telle démarche demande du temps, un élément précieux dont les riches collectionneurs et les marchands ne disposent pas. La Tate Modern, comme les autres institutions publiques, est sans doute moins sexy et riche. Mais elle a l’avantage de la durée, du long terme et de la profondeur. Par exemple, nous pouvons comparer une toile contemporaine avec une du XVIe siècle, et tenter de les faire dialoguer. Dans cette idée, nous pouvons interroger l’art contemporain et le sens qu’il prend aujourd’hui. Existent-ils encore des canons sur l’art? Le discours sur l’art a-t-il encore un sens aujourd’hui? Doit-on proposer un parcours chronologique dans un musée? Telles sont les questions fondamentales que nous devons soulever et que le public comprend d’ailleurs totalement.

Genève défend depuis très longtemps une relation public-privé dans l’art. Comment voyez-vous ces échanges? Il faut bien négocier la relation, comme l’a toujours bien fait le MAMCO par exemple. Le principal problème potentiel est celui de la durabilité. Certaines institutions privées ne permettent pas d’entretenir une réflexion et une action à long terme. Au Royaume-Uni, on peut dire que Margaret Thatcher et les Tories (droite conservatrice) ont forcé les musées à repenser leur modèle financier. Les travaillistes, eux, ont su rappeler l’importance du lien avec le grand public.

Dans une interview à Frieze en 2011, vous prédisez une relation d’égalité entre publics et musées. C’est à dire?

Pour moi il n’est plus possible de séparer art et publics. Même si je ne voudrais pas, je me dois de réinventer le rapport entre visiteurs et musée. Face à des banques ou des politiciens auxquels les citoyens ne se reconnaissent plus, le musée devient un lieu où on peut se poser des questions non-traitées ailleurs. Plus qu’un espace d’exposition, il devient une learning facility, une école de la vie qui aide le citoyen à prendre ses décisions. En ce sens, le musée devient une attitude, un comportement. Avec 6 millions de visiteurs par an, voilà un formidable défi pour nous.

Et quel rapport entre musée et art? L’art conceptuel et le land art ont exigé une manière totalement différente de présenter les œuvres. La question fondamentale n’est plus «quels artistes exposer» mais «comment les présenter? Selon des critères temporels, thématiques, plastiques, géographiques?». Et quel rapport voulons-nous entretenir avec les visiteurs? Dans cette idée, nous devons repenser la propriété de l’art, comme archive et comme témoin. C’est ce que j’essaie de faire tous les jours.

L’annexe conçue par Herzog & DeMeuron n’a pas pu ouvrir à temps pour les JO de 2012, faute d’argent. Où en est le projet aujourd’hui? L’extension d’un musée ne signifie pas forcément un élargissement. L’année dernière nous sommes passés à 6 millions de visiteurs (plus que MoMA). Face à un tel défi, nous devons aussi élargir notre esprit. Dans le passé, on voyait le nombre important de visiteurs comme un fardeau. Aujourd’hui, on veut associer ces «masses», pour les rendre actifs. Pour répondre à votre question, le projet est désormais assuré. Il y aura un immeuble sorte de bibliothèque d’Alexandrie de 10 étages. Avec librairie, cafétéria et salles pour la danse.

GO OUT!

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Architecture

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Talent du Soleil levant

- olivier gurtner Le japonais Toyo Ito, lauréat du Pritzker Prize, distinction considérée comme le prix Nobel d’architecture © Toyo Ito & Associates

L’architecte Toyo Ito voit son travail récompensé par le Pritzker Prize 2013. Le jury salue l’innovation et la qualité des réalisations d’un créateur aujourd’hui âgé de 71 ans, dont la passion première était le baseball. La distinction créée par la Hyatt Foundation en 1979, considérée comme le Nobel d’architecture, consacre ainsi un Japonais pour la 6 ème fois. Avec Peter Zumthor, Jacques Herzog & Pierre de Meuron, la Suisse n’est pas en reste, malgré certains oublis notables, tel Mario Botta. Portrait en trois réalisations d’un talent sensible aux questions sociales, attaché à un langage qui ne se veut jamais définitif.

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Architecture

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Sendai: Médiatique médiathèque

Serpentine Gallery Pavillon

Le centre municipal de la culture de Sendai, ville japonaise qui sera plus tard fortement marquée par le tsunami, est un lieu aussi diverse que poétique. A l’image du Centre Pompidou à Paris, ce cube ressemblant à un mille-feuilles remplit plusieurs fonctions: bibliothèque publique, centre d’art, prêt de DVD, espace d’expositions pour les associations et les habitants, boutique, café et cinéma. Terminé en 2000, l’édifice est remarquable pour deux raisons: le caractère organique et la dimension civique. Le bâtiment est constitué de plateaux superposés tenus ensemble par un élégant jeu de structures verticales en tubes. Incroyablement flexible, le tout est conçu pour résister aux tremblements de terre. Au lieu de murs, des séparations souples, comme des membranes de cellule: «j’ai voulu réduire au maximum la séparation entre les activités, entre usagers, publics, passants et employés» explique Toyo Ito. Ainsi, salle de lecture et bureaux de l’administration sont séparés d’un simple rideau.

L’architecte japonais a réalisé en 2002 le pavillon temporaire de la Serpentine Gallery. Situé dans Kensington gardens, ce centre d’art mandate chaque année depuis 2000 un architecte pour concevoir un espace provisoire facilement accessible aux visiteurs. Toyo Ito avait dessiné une structure poreuse, ressemblant aux pergolas des climats méditerranéens, fait de lignes droites et sécantes et d’orifices laissant passer la lumière. On retrouve le même principe de porosité dans la boutique TOD’S à Tokyo, dont le dessin fait penser à des tissus musculaires ou des structures embranchées. L’architecte détaille sa démarche: «le monde est d’abord nature, qui fonctionne selon des mécanismes fluides. L’architecture, avec ses grilles de lecture, propose un monde figé. Avec mon travail, j’essaie d’inverser la tendance.» Nul doute que le pavillon et son caractère temporaire répondent à sa vision.

Une architecture civique Fidèle à l’idéal de la Rena is s a nce, la médiathèque est proche du citoyen, grâce à un rez-de-chaussée dont les parois peuvent s’écarter pour le transformer en une place publique. Contrairement aux autres bâtiments de ce type, celui-ci ouvre tous les jours, pour renforcer ce lien avec les habitants, qui ont d’ailleurs la possibilité d’y organiser des expositions comme ils l’entendent. A noter enfin, un subtil et poétique langage plastique, où chaque étage présente un système d’éclairage propre: points lumineux, cubes, néons en bâtons alignés (ou désordonnés). Même volonté sur les façades, ou se révèle un verre transparent, poli, sablé.

Comme à Sendai, Toyo Ito fait appel à des structures poreuses, à l’image d’une membrane de cellule © Toyo Ito & Associates

GO OUT!

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Architecture

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Aux origines Les travaux récents interpellent au regard de ses premières réalisations, telle White U, une maison en forme de «u» bâtie en 1976 pour la sœur de Toyo Ito, après le décès de son mari à cause d’un cancer. Après avoir habité dans un gratte-ciel, la famille voulait retrouver un contact avec la terre. L’architecte a donc créé, dans la pure tradition japonaise des maisons urbaines, un habitat organisé autour d’une cour intérieure et de murs extérieurs fermés. Ainsi, la cour fait entrer la lumière, les murs aveugles protègent l’intimité. Malheureusement, la villa sera détruite en 1997, la famille voulant retrouver un contact à l’extérieur.

Cocon à l’abri de la ville, White U a été bâtie pour la sœur de Toyo Ito. La maison a été détruite en 1997.

Avec sa structure en plateaux posés sur des colonnes en tubes, la médiathèque de Sendai donne le sentiment d’une grande légèreté GO OUT!

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Cinéma

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Une deuxième vie

pour Ciné 17 - M arl è n e

C avag n a

Un temps nommée Astor Film Lounge, la salle de projection de la rue de la Corraterie s’apprête à rouvrir ses portes sous son nom originel: Ciné 17. Un pari risqué, à l’heure où de nombreux cinémas genevois ont mis la clé sous la porte. Rendezvous le 15 mai pour la soirée d’ouverture d’un lieu repris par des passionnés.

Amoureux des salles obscures, le repreneur Didier Zuchuat se décrit lui-même comme «un historien amateur des salles de cinéma». Pour cette nouvelle aventure, il s’associe entre autres à l’ancien programmateur et même sauveur du Cinéma Capitole de Nyon: Jean-Pierre Grey, qui avait su tirer vers le haut une exposition vacillante. Afin de se démarquer de la concurrence, Ciné 17 vise une programmation étudiée, en pertinence avec l’actualité. Dans cette optique, les films anglophones seront diffusés en version originale, et des nocturnes à thème se dérouleront les vendredis et samedis soirs. Didier Zuchuat annonce aussi des exploitations exclusives en Suisse. Passion, le dernier remake américain de Crime d’Amour d’Alain Corneau par Brian De Palma sera ainsi projeté. Les deux films seront prévus en parallèle.

Une salle séculaire et ultramoderne Idéalement située aux pieds de la Vieille-Ville, la rue de la Corraterie abrite un cinéma depuis 1912. D’abord appelée L’Excelsior, la salle change de nom au gré des époques. Elle devient Ciné 17 en 1967 et laisse ensuite sa place à l’Astor Film Lounge en 2010. Y nait un concept proposant des prestations luxueuses. Si novatrice soit-elle, l’opération ne rencontre toutefois pas de succès. Pourtant, la tentative a du bon, les travaux de restauration et la mise en place d’un écran à la pointe en matière d’image profitant aujourd’hui au nouveau repreneur Didier Zuchuat.

Une avant-première alléchante Ciné 17 voit grand pour sa soirée d’ouverture le 15 mai. Il diffuse en avant-première l’adaptation cinématographique de The Great Gatsby par le réalisateur australien Baz Luhrmann. Avec Leonardo Di Caprio et la sémillante actrice britannique de Drive Carey Mulligan en têtes d’affiche, le film s’avère prometteur. Comme pour Passion, The Great Gatsby sera lui aussi diffusé en parallèle de la version antérieure de Jack Clayton sortie en 1974. Le 15 mai à 20h Rue de la Corraterie 17 1204 Genève

© Simon Edelstein

Une direction cinéphile, une programmation de qualité

GO OUT!

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Live

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Noce lacustre

- HervÉ annen

Canadians do it better Pour les mélomanes désirant bouger et danser sans ménagement, la formation canadienne Duchess Says est un immanquable. Le groupe marie la dance et le punk avec charisme. Preuve de leur succès, ils ont tourné avec de grands groupes comme le trio mené par Karen O Yeah Yeah Yeahs ou le duo Crystal Castles.

Zone tropicale Autre présence de choix: le natif de Bristol Tricky. Membre de Massive Attack dans les années 90, il mélange aujourd’hui électronique, dub jamaïquain, house et hip-hop le tout avec une énergie scénique très rock. Son sombre downtempo nous tiraille entre la moiteur d’une île tropicale et la brume d’une zone industrielle britannique. De quoi ravir un public large.

©Wahib Chehata et David Tomaszewski

Du 30 mai au 2 juin, Neuchâtel ouvre la saison des événements musicaux en plein air, avec Festi’Neuch. Le festival couvre les genres indispensables de la musique pop actuelle. Sa colonne vertébrale oscille toutefois entre reggae et rock. L’équilibre entre avant-garde et artistes populaires semble lui aussi savamment trouvé. La page web du rendez-vous neuchâtelois nous fait découvrir avec fraicheur le cocktail proposé par les programmateurs. Une typographie bien choisie imprime des noms tels celui du rappeur américain Nas, des français surf-pop La Femme, de l’extraterrestre de la pop made in France Sébastien Tellier ou de «l’Eminem français» Orelsan. A l’image de Mama Rosin, les Genevois donneront eux une image résolument cajun’n’roll.

Choc urbain Joliment logé au bord du lac, le festival neuchâtelois s’avère également très urbain. Après les lives, le public pourra se rendre aux alternatives, ces afters proposés dans le célèbre temple indépendant de la ville, la Case à Chocs. Il sera possible d’y écouter des pépites sonores mixées par des pointures tels que Rustie ou Kid Koala. Avec un tel menu, la cité neuchâteloise fait pâlir d’envie bon nombre de programmateurs et festivaliers genevois. GO OUT!

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Du 30 mai au 02 juin Jeunes Rives 2000 Neuchâtel 032 721 23 88 www.festineuch.ch


Live

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V i sue l s

à la carte - Vincent Magnenat Voilà plus d’un an qu’on vous parle de culture, et de culture électronique en ce qui concerne votre serviteur. Alors oui, l’on parle de soirées techno, house, ou même électro pour les plus fantasques. Or, lorsque le sujet est évoqué, on s’attend en général au package habituel: une salle sombre, quelques DJs, un bar servant de l’alcool et des gens s’enjaillant et s’encanaillant. Le mapping pour les nuls Dans une soirée électro, il manque souvent un protagoniste, celui qui envoie des boucles non pas sonores, mais visuelles depuis un coin sombre et de sa main experte. Comme son parèdre DJ, il est jockey mais de vidéos: un VJ. En anglais, on parle de video mapping. Le verbe to map désigne le fait de faire correspondre deux espaces, celui du média 2D sur l’écran du VJ et l’espace utilisé pour la projection; espace composé d’écrans, de triangles derrière le DJ, de bande sur le côté et tant d’autres.

Au commencement était la 3D Lier son et lumière ne date pas d’hier bien sûr, mais sans pousser trop loin la probatio diabolica, on peut citer le travail très avant-gardiste de Louis Castel, jésuite du XVIe siècle et son clavecin oculaire ou alors le cinéma de la lanterne magique. En lien direct avec notre lumineux sujet, l’influence beat a accouché dans les 60’s du Joshua Light Show, pour ne citer que lui, avec ses fluides sur vitres rétro-éclairées qui ont participé à l’aventure du Fillmore East à New York. Comme pour la musique, l’émergence des moyens vidéo puis informatiques a ensuite accéléré exponentiellement les possibilités de ce média, qui avait commencé de façon très rudimentaire avec des diapositives et des projecteurs bricolés. De plus en plus présent dans les soirées électroniques, le VJing – la discipline la plus connue dans la grande famille du mapping – ne s’y cantonne pas. Projec-

tions en salle, sans musique, ou dont la musique ne serait tout au plus qu’un accompagnement, ou encore des projections à l’extérieur, sur des bâtiments.

Genève, pôle centrifuge du mapping Et le Mapping Festival dans tout ça? C’est un des rassemblements les plus courus dans le domaine, c’est aussi le plus important de Suisse. Admettons-le, Genève n’a pas seulement contribué au mouvement par son lac, son calme et ses moyens. En effet, notre bonne ville a vu apparaître le fameux software modul8, un des logiciels les plus utilisés dans le milieu. Depuis 2005, le festival propose chaque année performances audiovisuelles, installations, soirées clubbing, spectacles vivants, mapping architectural, mais aussi des workshops et des conférences. C’est un véritable point de rencontre, de création et d’échange à l’esprit novateur dans le domaine de l’art audiovisuel. En somme, on pourrait dire que le Mapping Festival est au monde de la nuit ce que la Formule 1 est au break familial de chez Honda: un terrain d’expérimentations aussi vaste qu’indispensable, créant ce qui demain sera normal et répandu.

Du 2 au 12 mai Avenue Ernest Pictet 28/30 1203 Genève www.mappingfestival.com

GO OUT!

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47 Cru 2013 Pour cette année, cette grand-messe de la boucle visuelle va nous combler de sa multidisciplinarité comme de convenu. On avait envie de mettre en avant deux projets: Trajectoires AV et Onion Lab. Trajectoires AV, c’est la rencontre du sonore avec Gulf Stream et des projections de VJ Ma. Ces trois compères vous emmèneront dans un monde proche de l’univers Tron, comme un jeu vidéo galactique pour grandes personnes; samedi 11 mai à 21h à la Fonderie Kugler. Onion Lab vont eux se répandre sur le Musée d’art et d’histoire. Leurs rais de lumières vont serpenter le long des colonnades néoclassiques dans un éclat des plus étourdissants; samedi 11 mai à 22h au Musée d’art et d’histoire. Onion Lab, une lumière assourdissante © S. Pecorini ork.ch

Trajectoires AV ou la version grown-up de Tron © bruno.destombes.capture

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Là-bas

Sweet home

caribana -a

Her v é A n n e n

La nouvelle mouture du festival Caribana se teinte de noir. L’ambiance tropicale se veut sombrement électrique cette année. The Kills, Skunk Anansie ou Archive prendront les scènes d’assaut. Nuages noirs et tonnerre en perspective! Mais rassurez-vous, notre ciel restera tout bleu. Nous nous tournons aujourd’hui vers un groupe local aux sonorités acidulées: Take me home se produira le 6 juin sur la scène du lac. A l’écoute, un son bâtard très en vogue chez les kids des années 2000 et une formule dance indie rock bien répandue. Mais les lives électroniques et électriques font mouches! Take me home promet divertissement et plaisir. Rencontre avec le groupe, à côté de l’aéroport, où le batteur Alex Charini, le bassiste Patrick Lopez et le chanteur-guitariste Claude Haller préparent leurs compositions et tournées.

Quelles spécificités vous démarquent d’une formation pop rock lambda? Alex Charini: Nous composons de la musique pour un maximum de gens. Nous souhaitons plaire avant tout. La démarcation se fait par le choix des instruments, le timbre du chanteur et la couleur musicale. La recherche sonore reste importante, même s’il est très difficile de faire la différence dans cette marée pop rock.

Le mélange rock-électro est répandu avec Klaxons, CSS ou The Ting Tings. Est-ce la rareté de ce cross over dans notre pays qui vous offre cette visibilité? Patrick Lopez: Nous sommes indiscutablement influencés par le son international des années 2000. Les sonorités de la French touch, de Daft Punk et des années 80 s’entendent sur ce nouvel enregistrement. Mais même si cette musique a déjà été entendue, elle reste moderne et récente.

Simian devenu Simian Mobile disco a commencé avec un son pop rock pour produire aujourd’hui de la techno. Un tel changement vous semble t-il envisageable?

Claude Haller: Nous sommes des musiciens et non des producteurs. Nous jouons de la pop pimentée de dance depuis longtemps. Nous avons simplement sublimé la production pour ce second album.

A l’image de Granville, La Femme ou Aline, une vague de groupes rock français chantent en français. Jamais eu envie de quitter l’anglais? PL: Nous n’avons jamais été bercés par la chanson française. En Suisse, nous sommes habitués à une culture mixte, due aux différentes langues nationales. Nos influences personnelles se trouvent du côté de la pop anglaise et américaine. Mêmes nos artistes français préférés comme Phoenix, Woodkid ou Yuksek chantent en anglais.

Les groupes belges rayonnent à l’international, que manque t-il à nos groupes suisses? CH: Notre pays compte une qualité musicale indéniable. Mais il manque de soutien financier et professionnel. L’argent n’est pas assez investi dans le rock. La Belgique représente un bon GO OUT!

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Là-bas

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contre-exemple. De nombreux collectifs y soutiennent les jeunes groupes et la scène musicale s’exporte très bien.

Après le Montreux Jazz, le Gurten festival, M4Music, vous voici au Caribana. Des attentes particulières pour ce nouveau rendez-vous? AC: On attend surtout le soleil (rires). On se réjouit de jouer sur la scène du lac. Elle n’est pas imposante mais sa proximité avec le public est plutôt cool. On fréquente depuis plusieurs années le festival du côté des spectateurs.

Take Me Home Le 6 juin à 18h45 Crans-près-Céligny Scène du Lac www.caribana-festival.ch

Frédéric Gafner AKA Foofwa d’Imobilité

Le 30 avril à 19h00 Théâtre Forum Meyrin Pl. des Cinq-Continents 1 1217 Meyrin 022 989 34 34 www.forum-meyrin.ch

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En famille

Le bonheur est

dans le parc - Andrea Machalova Mai au Parc sonne le glas de l’hiver et célèbre les activités en plein air. L’édition 2013 se déroule du 24 au 26 mai à la villa Bernasconi, une ancienne maison de maître du XIXe siècle. Au programme: un week-end entier autour de concerts, de spectacles de danse et de marionnettes, d’expositions d’art et de contes pour enfants.

Placé sous le signe du voyage, Mai au Parc 2013

ouvrira aussi ses portes dans les locaux de la

accueille son public dans une ambiance tzigane,

villa. Y seront présentées les œuvres cuivrées

recréée au milieu de yourtes et lampions. Deux

de l’anglaise Alice Anderson et les moulages du

jours et deux soirées pour découvrir des artistes

genevois Pierre Vadi, deux artistes dont le tra-

décalés, venus des quatre coins du monde.

vail souligne les contradictions entre formes et

Un parc, quelques chapiteaux, des artistes et

textures des objets quotidiens.

des températures printanières. Voilà les ingrédients de cette édition d’un festival gratuit, qui se déroule en pleine nature.

Dépaysement Ska, reggae, jazz, électro-funk, chanson française et musiques orientales.. le répertoire de cette 17ème édition s’avère vaste. Le programmateur de Mai au Parc Antoine Frammery a voulu mettre en avant des artistes traditionnels qui se sont adaptés à la nouvelle vague des musiques contemporaines. A l’image de la roumaine Rona Hartner, de nombreux noms se sont associés à des DJs pour ajouter un grain de modernité à leurs créations. Plus classiquement, le festival se conçoit aussi comme une invitation à la pérégrination. Les musiciens du Slonovski Bal et du Shantel & Bucovina Club Orkestar transportent le public sur la péninsule balkanique, le Quatuor Gringo partage sa vision du folklore bolivien et la troupe Dankan initie les spectateurs à la danse africaine du Mali et de Guinée. Dès le 3 mai, une exposition sur le thème de la concentration GO OUT!

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En famille

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Des shows pour marmots

Un festival en cache un autre

Des concerts en soirée, des spectacles pour

Mai au Parc donne également le coup d’envoi

enfants la journée. Le théâtre de marionnettes

au festival Poussière du Monde. Créé il y a neuf

Shantala met en scène Leguel, un conte afric-

ans par le couple nomade Tina et Michel Perret-

ain retraçant l’histoire d’une fille abandonnée

Gentil, cette manifestation se déroule jusqu’au 9

grandissant à l’ombre d’un arbre magique. La

juin. Sous la coordination de ce tandem fonda-

compagnie Tu t’attendais à quoi? surprend avec

teur du théâtre itinérant de marionnettes «Pan-

un show déjanté intitulé La 4L infernale. Pro-

nalal’s Puppets», Poussière du Monde accueil-

posant un savant mélange entre cinéma et théâ-

lera chanteurs, danseurs et conteurs tout droit

tre, l’œuvre se construit autour d’une 4L trans-

issus de yourtes de Mongolie. Une occasion idé-

formée en salle de projection où le spectateur

ale pour passer du temps en famille.

devient acteur.

Du 24 au 26 mai Parc de la Villa Bernasconi Route du Grand-Lancy 1212 Grand-Lancy 022 794 73 03 www.maiauparc.ch

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Edition 2012 du Mai au Parc © Dylan Perrenoud


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En famille

Am Stram Gram

s’enflamme -

Céline Zamora

Kids genevois, mon petit doigt m’a dit que le théâtre Am Stram Gram accueillera des grimpeurs d’ours en peluche et des dompteurs de puces intelligentes. Du 13 au 17 mai, un festival de fin d’année prend ses quartiers dans le mythique théâtre pour enfants. Toute la troupe d’artistes de la saison 2012-2013 revient avec un nom bien de chez nous: «Le feu au lac»!

C’est pas sorcier Am Stram Gram propose un «laboratoire spontané» qu’ils disent! Mais qu’est ce que c’est au juste? Qu’on se rassure, rien à voir avec un labo de dingos où l’on vous triture le cerveau! Rien à voir non plus avec un cabinet dentaire où on vous arrache votre carie rongée par les fraises Tagada. Un «laboratoire spontané» est juste un endroit où on laisse la folie et l’improvisation s’emparer de vous.

Les représentations ne se joueront pas sur les planches connues et reconnues du théâtre. Elles envahiront tout le bâtiment de la route de Frontenex. L’improvisation se déroulera dans les endroits les plus improbables. Coulisses, loges sans oublier balcons et toilettes (oui, oui, les toilettes) seront transformés. Avec pour décors les escaliers et le carrelage, aucun recoin ne sera oublié!

Boom de fin On prend les mêmes et on recommence Qui sont les petits chimistes de ce labo insolite? Am Stram Gram rappelle tous les artistes ayant fait vibrer le théâtre lors de cette folle année. Ils sont 15 au total pour clôturer la saison. Des danseurs, des chorégraphes, des écrivains, des scénographes, des comédiens –on reprend son souffle, c’est pas fini– des danseurs, des circassiens, des musiciens, des plasticiens et des metteurs en scène!

Samedi, le bouquet final n’est ni la belle rouge, ni la belle bleue mais une boum pour petits et grands. Le théâtre fera sa révérence sous la boule à facette. Il clôtura ainsi cette saison 20122013 et dira au revoir à ses fidèles spectateurs. En bon Genevois, on nous a répété dès notre plus jeune âge: «y’a pas le feu au lac». Mais pour ce festival, il faut se presser! Nos minis calvinistes tremblent déjà d’impatience à l’idée de voir déambuler écrivains et plasticiens en clowns chasseurs de mouches.

Melting-pot d’improvisation Trois petits spectacles de 15 minutes seront proposés chaque soir du festival. Les artistes puiseront entre rêve et imagination pour des performances inédites. Difficile de composer pour ces praticiens de tous horizons, novices de la comédie mais qui relèvent le défi! Ils devront en plus se contenter d’une préparation rikiki avant notre arrivée, nos petits loups adorés et nous. Un vrai challenge créatif!

Du 13 au 17 mai Tout public (dès 8 ans) Théâtre Am Stram Gram Route de Frontenex 56, 1207 Genève 022 735 79 24 www.amstramgram.ch

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carte costale

- a Margaux mosimann Dans l’humidité subtropicale de la Floride, Miami déploie ses charmes et ses Keys* tout au bout de la péninsule. Point de rencontre entre les Etats-Unis et l’Amérique du sud, elle ne détient pas le statut de capitale mais s’impose comme la métropole la plus peuplée et la plus séduisante de «l’état ensoleillé» (The Sunshine State). Glamour et cosmopolite, la Magic City garde des airs de vacances toute l’année. Entre ses galeries d’art logées dans le Design District et son accueil depuis 2002 de la foire internationale d’art contemporain Art Basel, Miami se révèle plus arty que fancy. *archipel dans le détroit de Floride

Miami South Beach et ses cabines de lifeguards

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Ellipse temporelle Rattachée par sept ponts au centre névralgique de Miami Downtown, Miami Beach se décroche des terres en un long bras longé de sable blanc. Au sud de l’île, l’incontournable South Beach – SoBe pour les intimes– abrite l’historique Art Deco District où les hôtels mythiques se mêlent à l’effervescence bling-bling. Ici, il s’agit de voir et d’être vu: bikinis en roller, policiers à vélo, vieilles Cadillac et autres Mustang décapotables font le show le long de l’Ocean Drive. Alors que le soleil se fond à l’ouest, détourant les monstres de buildings de Miami, les néons s’allument pour sublimer les lignes lisses et arrondies de l’architecture. Promesse pour le touriste, encore étourdi par le jetlag, de plonger dans l’atmosphère vibrante des années 1920-40.

Wynwood District, Miami Downtown Avalon Hotel sur Ocean Drive dans le Art Deco District

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Street art & Nuit des Bains Au-delà des clichés désuets d’une cité prise d’assaut par des retraités dorés et des rythmes latinos, Miami réserve d’étonnantes surprises. En plein centre ville, les quartiers de Wynwood et du Design District encensent les yeux et ravissent les «Wypsters» (contraction de hipster et de Wynwood). Des entrepôts industriels cachent d’insoupçonnables ateliers d’artistes et galeries de designers qui ouvrent chaque deuxième samedi du mois leur portes by night lors du Art Walk, gigantesque version de notre Nuit des Bains locale. Unique au monde, l’ensemble des murs de Wynwood ont été investis par des artistes internationaux tels des musées à ciel ouvert. L’initiative insolite des Wynwood Walls, née en 2009, en est un exemple éblouissant. Des stars du Street Art, comme Shepard Fairey, Kenny Scharf, Invader ou encore Os Gêmeos, ont annuellement carte blanche pour exprimer leur art à coups d’aérosols.

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Satellite cosmopolite La métropole glamour possède autant de visages que de quartiers. Bohème et chic à Coconut Grove où les demeures rivalisent d’extravagance dans une jungle luxuriante. Créole dans les quartiers nord, elle se fait suave à Little Havana. Véritable antre de la culture sud-américaine, ce quartier rappelle la vague d’immigration cubaine en 1959 et assure aux curieux un dépaysement absolu. Pour échapper à la fièvre urbaine, il suffit de parcourir quelques kilomètres à l’ouest puis découvrir l’immensité marécageuse des Everglades. Miami la palpitante n’en finit pas de surprendre et de laisser à celui qui la quitte l’impression d’un Eldorado à conquérir.


LA NUIT DES MUSÉES GENÈVE + AFTER EN FAMILLE

www.ville-geneve.ch/musees

Entrée : 10 francs le samedi 11 mai gratuit le dimanche 12 mai Liste des billetteries sur le site internet


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A n niversaire à l’i n terco n ti ne n tal

De g. à d.: Edward Mitterrand (président de l’association Quartier des Bains) & Olivier Gurtner (GoOut!)| Delphine Neuenschwander et Ushanga Elébé (Forum Meyrin)| Daniel Delfosse (Hôtel Intercontinental), Mina Sidi Ali (GoOut!) et Chakib Tahri (Hôtel Intercontinental)| Jurgen Baumhoff (Hôtel Intercontinental), Olivier Gurtner et Renate Cornu (GoOut!)| Véronique Lombard (Ville de Genève) et Mathieu Arsac (ZenithOptimedia)| Caroline de Senger et Sébastien Leboisne (Orchestre de chambre de Genève)| Johanna Lachenmann et Frédéric Leyat (Grand Théâtre)| Sylvain Lombard, Céline Zamora, Olivier Gurtner et Sophie Eigenmann (MAMCO)| Stéphane Barbier-Müller (Pilet & Renaud), Mayla Chevrolet (GoOut!) et François-Paul Journe (F.P.Journe)| photos: Nicolas Schopfer

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60 De g. à d.: André Piguet et Florence Notter (OSR)| Samuel Terrier, Sarah Pernet et Alexandre Giammaresi| Adrien Golinelli et une amie| Andreas Dekany, une amie et Lionel Ricou| Alexis Delmege et Renate Cornu| Mina Sidi Ali et Edvinas Gliebus| Page de droite: Laure Mi Hyun Croset et Andrea Puglisi| L’équipe du Bal des Créateurs| Christelle Domon| Eric Benjamin et Aurélie Charlet| Samuel Terrier, Sarah Pernet, David Brolliet, Alexandre Giammaresi, Mayla Chevrolet, Alexis Delmege, Sébastien Kaech et Olivier Gurtner| Sandra Scalea et Renée Furrer| Sylvain Thévoz et une amie| Smeg’Family| Céline Zamora et Manon Barraud photos: Hervé Annen

1 an

au mamco

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billetterie www.adc-geneve.ch service culturel migros association pour la danse contemporaine genève

adc

daniel léveillé

salle des eaux-vives du 1er au 4 mai à 2Oh3O

samedi à 19h 82-84 rue des eaux-vives 12O7 genève

amour, acide et noix


Design

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MOUVEment

perpétuel

- Margaux Mosimann

Véritable touche-à-tout, Isaure Bouyssonie détient un potentiel créatif indéniable. Cofondatrice du concept d’expo-vente RADAR, elle pioche parmi les arts pour libérer les objets de leur désuétude quotidienne. La mixité de ses origines franco-tunisiennes se conjugue avec une curiosité instinctive pour les arts appliqués. Amoureuse des objets de tous les jours, l’artiste convertie à la vie lausannoise s’éprend rapidement pour le design.

Nomade’s land

Quotidien revisité

Tout comme ses nombreux voyages, le travail d’Isaure Bouyssonie s’insère dans le mouvement. Ses objets réagissent à l’activité humaine. Elle collabore dans un workshop avec la fameuse enseigne du design italien Alessi et conçoit Ora, une horloge qui suspend le temps avec une élégance minimaliste. Ses conceptions rappellent les mobiles de l’américain Alexander Calder dont elle assume la référence. Son étagère Lulu répond au poids des livres et joue avec l’équilibre pour finalement basculer d’un autre côté.

Pérégrinant au gré des expérimentations artistiques, Isaure Bouyssonie conçoit du mobilier industriel, des luminaires et des lignes de bijoux. Ses créations vagabondent dans un éclectisme faisant d’elle une digne héritière du Bauhaus. Lauréate de l’école La Martinière à Lyon, elle poursuit sa formation à l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL). Cette expérience révèle de nouveaux territoires d’exploration: elle s’initie ainsi à la photographie, au graphisme et à la lithographie. Actuellement, elle conçoit avec Marlo Guerry une gamme de design inspirée de l’artisanat tunisien, qu’elle présentera aux Design Days à l’usine Sicli, en septembre prochain.

www.isaurebouyssonie.com www.radartrafique.com

Horloge Ora Collaboration avec Alessi

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25 ANS - UNE EXPLOSION DE TALENTS !

DU 7 AU 15 JUIN 2013 DIMANCHE 9 JUIN, 19H

GALA MICHEL BOUJENAH INVITE LA JEUNE GÉNÉRATION

MARDI 11 JUIN, 21H30

LES TISTICS

LUNDI 10 JUIN, 19H

MARDI 11 JUIN, 19H

JEUDI 13 JUIN, 19H

VENDREDI 14 JUIN, 19H

CHRISTELLE CHOLLET

LA FRAMBOISE FRIVOLE

VOCA PEOPLE

PATRICK SÉBASTIEN

TOUT LE PROGRAMME ET RÉSERVATION SUR WWW.MORGES-SOUS-RIRE.CH / 021 804 97 16 ET FNAC


Design

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Radar à talents Son diplôme de l’ECAL en poche, Isaure se charge de scénographies événementielles depuis son atelier au Design Studio de Renens. Parallèlement à cette activité, elle se frotte à la pratique curatoriale qui l’attire depuis longtemps. Son travail de diplôme Living Objects investissait déjà ces aspects muséographiques. Et c’est dans cette foulée qu’elle crée avec Cecilia Suarez le concept de galerie online radartrafique. Radar détecte et diffuse la relève artistique de tous horizons en organisant des ventes flash itinérantes, à l’image de sa fondatrice aux facettes multiples.

«Je cherche à renouveler un regard sur des objets usuels»

Projet Lulu réalisé à l’ECAL

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On en parle

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GAZON Béni

Notre sélection pour un printemps éclatant

1. Clarins démaquillant douceur 125ml 2. Pierre Hardy pour Nars Vernis Venemous Gunmetal 3. L’Oréal Sublime Body 4. Decléor Hydra floral Multi protection 5. Pierre Hardy pour Nars Blush Boys Don’t Cry 6. Pierre Hardy pour Nars Vernis Ethno Run Navy 7. la prairie cellular power serum 8. Maybelline Mascara Rocket Volum Express 9. Pierre Hardy pour Nars Vernis Ethno Orange 10. Clarins Splendours Huile corps irisée 11. Shiseido Expert Sun Crème haute protection

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Cosmétiques

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Cosmétiques

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! t u O Go X

Photographe: Aurélien Bergot Vidéo: Nicolas Schopfer Direction artistique: Mina Sidi Ali Assistantes: Manon Barraud & Andrea Machalova Hair & Make up: Juan Romero Modèles: Caroline Vitelli & Ingimar Hrimnir Skulason Shooting sponsorisé par L’Oréal et The Kooples Boutique The Kooples Rue du Perron 7 1204 Genève

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! t u Go O X


On en parle

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! t u Go O X

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On en parle

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La coLLection du Musée Migros d’art conteMporain MUSÉE RATH 17 MAI - 22 SEPTEMBRE 2013

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MAI 13 Image : Andy Warhol, Joseph Beuys, 1980 © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / 2013, ProLitteris, Zurich


Arcade

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S’ évanouir

dans la nature - andreA machalova Complices artistiques, le Bal des Créateurs et l’espace Go Out! s’acoquinent pour accueillir le photographe français Philippe Gueguen. L’artiste producteur de visuels à l’impact esthétique et émotionnel présentera sa série de photographies Camouflage. Une exposition façon illusion où l’homme et la nature se fondent et se confondent pour ne former qu’un. Vernissage en mode passerelle naturelle entre deux espaces voisins le 2 mai prochain à l’occasion de l’édition printanière de la Nuit des Bains. Exposition jusqu’au 4 juin. Palmarès international

Exode rural

Après des études à l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière à Paris, Philippe Gueguen s’envole le pays de l’Once Sam où il séjourne à New York afin de perfectionner sa technique photographique. De retour à la capitale, il ouvre son atelier où il collabore avec la presse et des agences de publicité. Ses campagnes nationales et internationales lui valent de nombreux prix comme le Paris DA Club, l’Epica Silver Awards ou le Grand Prix de l’Affichage qui récompense tous les ans les créations les plus originales.

Après plusieurs covers et collaborations imaginées pour l’excellent magazine français WAD, orienté cultures urbaines, il réalise sa série Départ mêlant architecture et mode. En mars 2012, son travail s’invite au Flux Laboratory de Carouge. Puis en février dernier, le photographe revient dans notre cité de Calvin pour présenter Nocturnes –un travail explorant l’univers de la nuit et du street art– à la galerie TOX’n’CO. Baptisée «Camouflage», sa dernière création se décline en une série grand format de huit photographies. Parcs, forêts et murs végétaux y jouent le rôle principal: une mise en scène verdoyante et naturelle dans laquelle des personnages camouflés se fondent et s’évanouissent.

Go Out! Bal des Créateurs Rue du Diorama 16 24 rue de l’Arquebuse 1204 Genève 1204 Genève 022 328 10 90 022 321 39 11

www.gooutmag.ch lebaldescreateurs.wordpress.com

Photographie tirée de la série Camouflage © Philippe Gueguen

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AGENDA Expos Classique Théatre Films Clubbing Live Famille Là-bas

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On en parle

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abonnez-vous

&

gagnez

Chaque nouvel abonné enregistré entre le 1er et le 9 mai participera au tirage au sort pour: deux places au concert récital de la mezzo-soprano de rang international Anne Sofie von Otter le dimanche 12 mai à 19h30. Habituée aux plus grands rôles du répertoire, la Suédoise sera accompagnée de la soprano Elin Rombo et de l’Ensemble Cappella Mediterranea, dirigé par Leonardo Garcia Alcaron. Elle interprétera des airs de Claudio Monteverdi, Francesco Cavalli, Francesco Provenzale et Luigi Rossi.

Les abonnements: 1. Le Sympathique (abonnement individuel) 50 CHF 2. Le Tonique (abonnement entreprise ou institution) 100 CHF 3. Le Sublime (abonnement individuel de soutien) 250 CHF 4. Le Paradis (abonnement institutionnel de soutien) 1000 CHF Vous allez adorer recevoir le magazine chaque début de mois pour faire vos choix de sorties. Alors abonnez-vous ou, selon votre humeur du moment, soutenez GO OUT! en utilisant le coupon cidessous ou en consultant www.gooutmag.ch. En plus du tirage d’inscription, les membres de soutien sont tirés chaque mois au sort pour recevoir des billets pour des représentations, en partenariat avec différentes institutions culturelles et festivals en Suisse.

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