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VOLUME IX, AUTOMNE 2014
magazineoptionscarrieres.com
SON POINT DE VUE ÉLEVÉ :
KELSEY RAMSDEN EST
L’ENTREPRENEURE
NUMÉRO UN AU CANADA
LA DIVERSITÉ DANS LES MILIEUX DE TRAVAIL CANADIENS : LE PROGRÈS À CE JOUR, ET CE QUI RESTE À FAIRE
NOUS AIMERONS REMERCIER NOS ANNONCEURS…
CONTENU
25 Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI) 25, 26 Collège de Valleyfield
U n handicap invisible ne se manifeste pas physiquement, tel que les problèmes de santé mentale page 14
28 Commission de la construction du Québec 23 Ingénieurs Canada 2 HortiCompétences (Comité sectoriel de main-d’œuvre en horticulture ornementale) 26 Institut de technologie agroalimentaire (ITA) 27 Le Centre NAD 20 L’Événement Carrières 21, 26 Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) 17 Ordre des métiers de l’Ontario 4, 26 Conseil sur l’articulation et le transfert de l’Ontario (CATON) 16 Salon Carrière Formation de Québec
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OPTIONS CARRIÈRES Le dernier numéro d’Options Carrières est toujours disponible en ligne à magazineoptionscarrieres.com. Pendant que vous y êtes, naviguez sur le reste de notre site Web. Vous y découvrirez d’autres excellents articles vedettes de numéros antérieurs de la revue. magazineoptionscarrieres.com
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aux blogueurs invités. Vous y trouverez des réflexions sur différents sujets : les études postsecondaires, l’intégration au marché du travail, la quête du « bon » emploi et comment mettre sa carrière sur les rails. Envoyez vos idées de blogue à magazineoptionscarrieres.com/blogspot
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social dernier cri, et Options Carrières a sauté dans le train en marche. Ce tableau d’affichage virtuel sert à partager des photos et des idées – nous nous en servons pour aider des étudiants et de nouveaux diplômés à progresser dans tous les aspects de leur carrière. Surveillez nos dernières fiches : conseils pour réussir son entrevue avec un employeur; tenues vestimentaires pour le bureau; recettes de lunch faciles; décoration de bureau; les livres à lire, et plus encore. Allez à pinterest.com/careeroptions
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PENSER À L’ÉCHELLE MONDIALE, AGIR LOCALEMENT : Le bien-fondé de la diversité en milieu de travail Par Jordan Adams
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NALE INTERNATIO
DÉCOUVREZ LE MONDE (et votre nouveau visage) Par Mitch Vandenborn
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C’EST ELLE LE PATRON : Entretien avec Kelsey Ramsden
DESTINATION D’ÉTUDES : Pourquoi les étudiants internationaux choisissent le Canada
Par Ana Gajic
Par Lindsay Brennan
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HANDICAPS INVISIBLES : Un entretien avec Nancy Moulday, recrutrice, Groupe financier de la Banque TD
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AVEZ-VOUS DES RÊVES NUMÉRIQUES? Les carrières dans le domaine du multimédia Par Aisha Biberdorf
« Certaines femmes détiennent énormément de pouvoir – il faut viser haut! » page 10
Par Sharon Cheung
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MOT DU RÉDACTEUR
Rédacteur en chef Paul D. Smith
LE RECRUTEMENT « PRÊTE À PORTER » NE PROMOUVOIR PAS LA DIVERSITÉ
Directeur de la rédaction | gordongroup Simon Osborne Gestion de projet | gordongroup Omer Abdallah
On entend beaucoup parler de « diversité » quand il est question de pratiques d’embauche, et pour cause : le Canada est un pays de diversité. Comme en témoignent les diplômés qui sortent chaque année de nos collèges et universités, les employeurs peuvent recruter à partir d’un vaste bassin composé de femmes et d’hommes aux aptitudes diverses, issus de différentes cultures. Les campus canadiens comptent parmi les communautés canadiennes les plus diverses.
Rédacteur adjoint | gordongroup Rob Nettleton Direction artistique / Gestion de l’impression | gordongroup Leslie Miles Conception et montage | gordongroup Kelly Read-Lyon Alina Oliveira
Si cette diversité est une force pour notre pays, elle représente aussi un défi. Notre réservoir national de talents profite aux recruteurs faisant preuve de souplesse et s’adaptant aux priorités des uns et des autres. Par contre, les employeurs qui adoptent la même formule de recrutement
Directeur des ventes publicitaires | gordongroup Kirill Kornilov Ventes publicitaires | gordongroup Colleen Hayes
pour tous arriveront difficilement à leurs fins, car leur message ne répondra pas aux attentes et aux besoins des divers candidats. Les campagnes de recrutement qui adressent le même message à tous les diplômés aggravent sûrement cette fameuse « pénurie de compétences » dont nous entendons tant parler dans les médias.
Coordinateur de la distribution | gordongroup Ian MacKichan Collaborateurs Jordan Adams Lindsay Brennan Ana Gajic
Aisha Biberdorf Sharon Cheung Mitch Vandenborn
La revue Options Carrières est publiée un fois par l’an par l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE), 720, av. Spadina, bureau 202, Toronto (Ontario) M5S 2T9. Pour toute information sur l’abonnement, veuillez contacter Paul D. Smith : Téléphone : 613-634-2359 Télécopieur : 416-929-5256 Courriel : pauls@cacee.com Site Web : magazineoptionscarrieres.com Pour toute information sur la publicité, veuillez contacter Kirill Kornilov, Directeur des ventes publicitaires chez gordongroup : Téléphone : 613-288-5363 Télécopieur : 613-722-6496 Courriel : kkornilov@gordongroup.com Site Web : gordongroup.com ISSN : 1712-1183 L’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE) est une association à but non lucratif réunissant deux groupes partenaires, les employeurs-recruteurs et les experts des centres de carrières. Notre mission est de fournir aux employeurs, aux spécialistes en emploi et aux étudiants de l’information et des conseils qui font autorité ainsi que des occasions de perfectionnement professionnel et de nombreux autres services. NOTE : Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de l’ACSEE. Toute reproduction, en totalité ou en partie, est interdite sans l’autorisation écrite du rédacteur en chef. Ressource nationale pour les étudiants présentée par : L’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs 720, av. Spadina, bureau 202, Toronto (Ontario) M5S 2T9 acsee.com
Nos talents multiples sont surtout en quête d’authenticité et, comme vous le diront bien des recruteurs, c’est quelque chose que l’on ne peut feindre. Mais quelles sont les caractéristiques d’une campagne de recrutement authentique? Elle est transparente dans la mesure où elle énonce clairement ce que chacune des parties, le candidat et l’employeur, ont à gagner. L’employeur doit aussi montrer qu’il comprend les besoins et les difficultés propres aux membres issus de groupes minoritaires. Il doit également se montrer ouvert à la formation continue. Ce genre de campagne exige que l’on y consacre du temps et des efforts. L’authenticité passe par la crédibilité, et cette dernière ne s’acquiert qu’avec le temps. À la veille d’une nouvelle année scolaire et d’un autre cycle de recrutement, je vous invite à observer les nombreuses campagnes d’embauche qui seront lancées sur votre campus. Essayez alors de déterminer celles qui vous semblent les plus authentiques. Comment le savoir? Parlez avec le représentant de l’employeur ou allez sur leurs sites de recrutement. Je parie que vous arriverez à repérer les organismes sincèrement tournés vers la diversité et ceux qui lancent une campagne « prête à porter » en prétendant qu’elle est faite sur mesure. Après, vous déciderez laquelle vous intéresse le plus. Paul D. Smith, Rédacteur en chef Paul D. Smith est le directeur exécutif de l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs et rédacteur en chef du magazine Options Carrières. Vous pouvez adresser un courriel à Paul à pauls@cacee.com. POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS, VEUILLEZ CONSULTER : acsee.com, magazineoptionscarrieres.com
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Le bien-fondé de la diversité en milieu de travail
PENSER À L’ÉCHELLE MONDIALE AGIR LOCALEMENT Par Jordan Adams
L
e Canada est fier de sa diversité. Après tout, notre nation a été fondée par des immigrants, et nous sommes l’un des pays les plus multiculturels au monde. Nous reconnaissons l’histoire de nos Autochtones, nous exigeons l’égalité entre les sexes, et nous nous adaptons aux besoins des autres. Les nouveaux Canadiens, les personnes handicapées, les Premières Nations et les femmes composent une partie de plus en plus importante de notre main-d’œuvre, et rien ne laisse présager un ralentissement. Selon Statistique Canada, d’ici 2013, un Canadien sur trois appartiendra à une minorité visible, et un sur quatre sera né à l’étranger. La population autochtone est de plus en plus importante, tout comme la main-d’œuvre féminine. Tandis que la population vieillit, le nombre de personnes handicapées va grandissant parmi nos effectifs.
Que l’on appartienne ou pas à l’un de ces groupes, la diversité en milieu de travail est un enrichissement pour tous.
QU’EST-CE QUE LA DIVERSITÉ EN MILIEU DE TRAVAIL? « De mon point de vue, la diversité en milieu de travail signifie que les effectifs sont représentatifs de la collectivité », explique Lisa A. Kuiper, qui travaille aux services d’orientation professionnelle de l’Université Brock.
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DES ENTREPRISES DE TECHNOLOGIE COMME GOOGLE AIENT DU MAL À RECRUTER DES FEMMES ET DES MEMBRES DE GROUPES MINORITAIRES.
« Pour que la diversité fonctionne en milieu de travail, il faut être conscient du fait que nous ne partageons pas tous le même point de vue et il faut être à l’écoute de ces différences, explique Mme Nozka. Si vous tenez compte des différents points de vue, vous pouvez perfectionner votre produit ou votre service pour qu’il réponde mieux aux besoins de l’ensemble de la population. » Les principaux employeurs canadiens, par exemple la RBC, sont du même avis. La RBC consacre toute une section de son site Web à la diversité. On y trouve notamment l’énoncé suivant : « RBC est persuadée que la diversité et l’intégration représentent un énorme potentiel commercial et économique. Nous savons qu’une diversité de points de vue stimule l’innovation et la créativité. Compte tenu des changements démographiques, des déplacements des populations, de la mondialisation, des progrès de la technologie et des communications, la diversité des points de vue mise au service d’un objectif commun offre un énorme potentiel pour stimuler l’innovation et la croissance dans les entreprises et les économies du monde entier. »
Pour le Canada, cela signifie que le milieu de travail est représentatif de notre multiculturalisme. Nous vivons dans un pays ayant les caractéristiques suivantes : • Plus de 20 pour cent de la population est né à l’étranger – un taux supérieur à tous les autres pays du G8 selon Statistique Canada. • La diversité est importante dans les grandes villes, par exemple à Toronto, où près de la moitié de la population est immigrante. • Les Autochtones représentent quatre pour cent de la population. • Les femmes représentent la moitié de la population et de la main-d’œuvre. • 3,8 millions d’adultes ont un handicap – soit plus de 13 pour cent de la population. Il y a de nombreux avantages à bâtir un effectif représentatif de tous ces groupes de la population, le principal étant que la diversité aide les entreprises à envisager leur produit ou leur service sous un nouvel angle, affirme Paulina Nozka, consultante en orientation de carrière, à l’Université Ryerson. 8
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Des politiques sur la diversité comme celleci ont l’avantage d’englober des effectifs représentant non seulement l’ensemble de la population canadienne, mais également celle du monde entier. On peut également lire ceci sur le site Web de la RBC : « Nous croyons que pour assurer le succès du Canada sur le marché mondial, il est essentiel d’attirer, de recruter et d’intégrer pleinement les immigrants à notre milieu de travail. » Madame Kuiper signale que les employeurs ont avantage à recruter des personnes handicapées. « C’est une question de bon sens : les affaires se portent bien mieux si l’on recrute un bassin d’employés diversifiés », explique-t-elle. Elle cite une étude réalisée par le gouvernement fédéral, « Repenser l’inCapacité dans le secteur privé », qui est le produit de consultations avec des chefs d’entreprises. Ces derniers sont du même avis qu’elle. L’étude souligne notamment ceci : « Le rendement des chefs de file en matière de diversité sur les marchés financiers et les données sur le maintien en poste des employés et sur la productivité confirment d’ailleurs [la] conviction principalement intuitive [des dirigeants d’entreprise] ». Au Canada, environ la moitié des personnes handicapées sont sur le marché du travail – une proportion plus élevée qu’auparavant, et ce, malgré les obstacles auxquels se heurtent les personnes handicapées.
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LA DIVERSITÉ : UN ENJEU IMPORTANT POUR LES ENTREPRISES Les employeurs se rendent compte que la diversité des effectifs enrichit la culture de leur entreprise, de même que leurs produits et services. C’est pourquoi bon nombre de grandes entreprises ont mis en place de solides programmes de diversification, et en ont fait une priorité. RBC affirme que les efforts de diversification doivent être dirigés avec fermeté. « Les leaders proactifs, visibles et engagés sont des agents de changement. Nous sommes convaincus qu’un groupe actif de leaders peut accélérer la réalisation de nos objectifs en matière de diversité en prenant des mesures concrètes, en assurant le perfectionnement de leurs propres compétences et en étant une source d’inspiration pour les autres. » Google a récemment déployé des efforts pour renforcer la diversité dans ses rangs et dans l’industrie des hautes technologies dans son ensemble. Ce géant mondial a fait des vagues quand il a révélé que ses effectifs comptaient 61 pour cent de Caucasiens, 70 pour cent d’hommes et 30 pour cent de femmes. Pour corriger ce déséquilibre, Google a mis en place un programme de promotion de la diversité : « Google s’est engagé à rassembler des gens de tous horizons – parmi nos effectifs, dans notre secteur et sur le Web – ayant des qualités, un vécu et des opinions variés. Nous en sommes convaincus : nos différences sont une force qui nous pousse à produire mieux et de façon plus novatrice. » Pour changer les choses, Google mise sur l’éducation. Dans un billet de son blogue, Laszlo Bock, viceprésident principal des ressources humaines chez Google, donne les explications suivantes : « Plusieurs choses expliquent le fait que des entreprises de technologie comme Google aient du mal à recruter des femmes et des membres de groupes minoritaires, et à les retenir. Par exemple, les femmes ne décrochent qu’environ 18 pour cent des diplômes en informatique aux États-Unis. Les personnes de race noire et les Hispaniques représentent moins de 10 pour cent des diplômés de collèges aux États-Unis et, parmi chacun de ces groupes, moins de 10 pour cent sont titulaires d’un diplôme spécialisé en informatique. Nous avons
donc investi beaucoup de temps et d’énergie dans l’éducation. »
LA DIVERSITÉ ET SES DÉFIS EN MILIEU DE TRAVAIL Même si la plupart des gens semblent d’accord pour dire que la diversité en milieu de travail profite à tous, ce n’est pas quelque chose de facile. Certains obstacles doivent être surmontés, tant de la part de l’employeur que de l’employé plongé dans un nouvel environnement. Madame Kuiper et Mme Nozka estiment toutes les deux que, pour retenir les employés issus de groupes divers, la formation est essentielle. L’employeur doit prendre le temps nécessaire pour mobiliser ces travailleurs et les aider à s’adapter à l’entreprise et à sa culture. De plus, ajoute Mme Kuiper, l’employé doit renseigner son employeur sur ses antécédents et ses habiletés, et tenter de dissiper les mythes. Madame Nozka insiste sur le fait que l’employeur, l’employé et ses collègues doivent se montrer ouverts : « l’ouverture d’esprit est plus importante que tout », dit-elle. Les employeurs doivent également reconnaître que les employés d’origines différentes peuvent avoir de la difficulté à s’intégrer au milieu de travail. « Ici, le milieu professionnel fonctionne de façon très informelle. Les patrons tutoient leurs employés, et on s’appelle par le prénom. Pas de “Madame” ni de “Monsieur”, ce qui peut être déroutant pour des employés issus de sociétés où le milieu de travail est plus formel et plus hiérarchisé, explique Mme Nozka. De plus, ici, on ne doute pas qu’un employé va bien faire son travail, on lui fait confiance et on l’encourage souvent à travailler de façon autonome. Les employés sont beaucoup moins surveillés qu’ils pourraient l’être ailleurs. Autre exemple d’un choc culturel en milieu de travail au Canada : le travail d’équipe. « Ceux qui viennent de sociétés plus axées sur la communauté ou le groupe peuvent avoir de la difficulté à s’adapter à la mentalité canadienne, qui est plus individualiste, ajoute Mme Nozka. Ici, les gens défendent leurs propres droits beaucoup plus qu’ailleurs, et cela peut mettre certaines personnes mal à l’aise. »
Pour régler ces difficultés, il faut prendre le temps de former les employés pour qu’ils comprennent la culture et les pratiques canadiennes, dit-elle. Les employés peuvent aussi apprendre en étant attentifs aux indices et au langage du corps, et en écoutant attentivement les gens pour comprendre ce qu’ils ont à dire. Les personnes handicapées doivent également composer avec certains obstacles lorsqu’elles entrent sur le marché du travail, par exemple un environnement qui n’est pas adapté à leurs besoins, ou des collègues qui ne comprennent pas leur handicap. Là encore, l’employeur peut faciliter les choses en formant le nouvel employé, mais aussi ses collègues, pour qu’ils comprennent comment bien travailler ensemble. Il est également important d’avoir des rapports personnels dans notre milieu de travail, poursuit Mme Nozka. « Nous avons tous besoin de sentir que nous avons des affinités avec les autres, cela rend la tâche plus facile et on la réussit mieux », dit-elle. Outre nos origines culturelles, notre sexe et nos habiletés, qui sont apparents, chacun d’entre nous se distingue également par la singularité de son point de vue sur le monde. « Je crois qu’au bout du compte, tous les milieux professionnels sont diversifiés, car la diversité ne dépend pas seulement de la culture ou du pays d’origine. Chacun d’entre nous importe dans son milieu de travail un point de vue singulier, qui lui est propre, conclut Mme Nozka. On dit que même deux enfants élevés par les mêmes parents peuvent avoir des points de vue diamétralement opposés sur le monde. Chacun voit les choses à travers son propre filtre. Cela dépend du vécu de chacun et de son interprétation du monde. » OC
Jordan Adams est rédacteur. Elle est titulaire d’un diplôme en journalisme de l’Université Carleton et elle vit à Toronto. Suivez Jordan sur Twitter @byJordanAdams.
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POUR L’ENTREPRENEURE NUMÉRO UN AU CANADA, LA DIVERSITÉ DES GENRES N’EST PAS UN PROBLÈME – C’EST UNE OCCASION À SAISIR AU VOL.
E
n 2005, alors qu’elle avait 28 ans, Kelsey Ramsden a lancé Belvedere Place Developments, une entreprise de construction. Les gens ont été attirés par le fait qu’une femme soit à la tête d’une entreprise dans un secteur normalement réservé aux hommes, explique-t-elle. « Il y avait quelque chose d’un peu surréaliste n’est-ce pas? Du genre “voulez-vous rencontrer une fille de 28 ans qui vient de lancer une entreprise de construction valant plusieurs millions de dollars?” Oui, ça m’a l’air intéressant », raconte Mme Ramsden en riant. Sa société a pris de l’ampleur. Les petits projets de voirie se sont transformés en d’importants projets d’infrastructures, par exemple les ponts. La réputation d’entrepreneure de Mme Ramsden est également montée en flèche. Cette mère de trois enfants est maintenant à la tête de plusieurs entreprises et, deux années de suite, le magazine Châtelaine l’a désignée « entrepreneure numéro un au Canada ». Madame Ramsden fait partie d’un nombre croissant de femmes à la tête d’une entreprise au Canada et la clé de son succès réside dans sa capacité à sortir des sentiers battus. Qu’il s’agisse de créer une société de construction ou de simplement s’imposer comme patronne, Mme Ramsden ne laisse pas les autres lui dicter sa conduite. « Souvent, explique-t-elle, quand les gens veulent faire quelque chose, il leur suffit de penser à la résistance qu’ils vont rencontrer pour s’en abstenir. Moi, je n’ai jamais pensé à la résistance. »
COMPRENDRE LES DIRIGEANTES Selon Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada, le nombre de femmes à la tête d’une entreprise a augmenté de cinq pour cent entre 1990 et 2012.
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Pourtant, les femmes sont à la tête de seulement quatre pour cent des moyennes entreprises au Canada, et 13 pour cent des petites entreprises. Belvedere Place Developments, qui compte 160 employés, appartient à la catégorie des moyennes entreprises. « Il y a donc un écart. Mais c’est aussi une occasion unique d’éduquer les femmes, de les inspirer et de leur donner un réel pouvoir d’action », signale Lisa Niemetscheck, directrice générale du Forum for Women Entrepreneurs (FWE). Cet organisme sans but lucratif de ColombieBritannique vise à aider les femmes propriétaires d’entreprises à prospérer grâce au réseautage et à l’éducation. Les défis que doivent relever les femmes à la tête d’une entreprise ne sont pas exceptionnels, précise Mme Niemetscheck. Beaucoup d’entrepreneurs, hommes ou femmes, doivent surmonter des difficultés liées au manque d’expérience en gestion, au manque d’encadrement et au manque de temps. Selon Mme Ramsden, si les femmes rencontrent des difficultés dans le monde des affaires, c’est parce que les choses sont en train de changer. Elles ont brisé le plafond de verre et elles peuvent maintenant exercer le métier d’entrepreneur et confronter les stéréotypes sexistes qui lui sont rattachés. Il est arrivé à Mme Ramsden que des hommes lui demandent à voir le patron en prenant pour acquis que « le patron » serait un autre homme. « Des choses comme celles-là font partie de l’évolution d’un secteur. On peut le voir de façon négative ou positive. Mais s’il se produit quelque chose de cet ordre-là, cela veut dire que des changements constructifs sont en train de se produire », explique Mme Ramsden. D’une part, se faire étiqueter de « femme entrepreneure » peut être frustrant, car ce n’est pas le sexe qui décide du niveau de prospérité dans
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C’EST
ELLE
LE PATRON AVEC N E I T E ENTR DEN
AMS R Y E S L KE a Gajic Par An
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le monde des affaires. D’autre part, précise Mme Ramsden, les femmes entrepreneures jouissent d’avantages que les hommes n’ont pas. « Est-ce que c’est positif ou négatif d’être une femme dans le milieu des affaires en ce moment? Si la question est celle-là, c’est nettement POSITIF – en lettres majuscules », précise-t-elle. Le fait d’être une femme lui a valu de faire la première page de Châtelaine deux années de suite. « Y a-t-il un prix équivalent qui fait la une des magazines pour les hommes? Non! »
« Je ne suis pas plus fière d’une chose que d’une autre. Je pense être surtout fière du chemin parcouru, raconte-t-elle. Je suis surtout fière de ma capacité à changer, à m’adapter et à faire preuve de créativité. » Si l’influence et l’argent l’ont motivé au début, avec le temps, elle s’est rendu compte que cela ne suffit pas. En 2012, seulement deux mois après la naissance de son troisième enfant, elle apprenait qu’elle avait le cancer du col de l’utérus.
Autre avantage pour les femmes entrepreneures : les groupes de réseautage, par exemple FWE. Il est très rare de voir un groupe de réseautage réservé aux hommes, explique Mme Ramsden.
« Vous vous rendez vite compte que, dans l’absolu, vous ne valez pas grand-chose, mais qu’à petite échelle – pour vos enfants, votre conjoint, vos parents et vos frères, vous êtes indispensable », explique-t-elle.
L’important est de veiller à ce que tout le monde soit conscient de son potentiel. « Les femmes ont autant de capacités et d’habiletés que les hommes. Certaines femmes détiennent énormément de pouvoir – il faut
Sa bataille contre le cancer a été relativement courte – un an après le diagnostic, elle était en rémission, mais l’expérience a profondément marqué la manière dont elle mène sa vie. « Je n’ai plus le temps de
viser haut! », s’exclame Mme Ramsden.
prendre une approche timide dans la vie. Je me préoccupe seulement des choses que je peux changer », souligne-t-elle.
VISER LE SOMMET Maintenant âgée de 37 ans, Mme Ramsden est également à la tête de SparkPlay, un service d’abonnement à des jouets. Sur son site Web, kelseyramsden.ca, elle offre aussi des services d’encadrement aux entrepreneurs.
Maintenant, Mme Ramsden se fait un devoir de ne plus regarder les appareils électroniques quand elle est avec ses enfants. Chaque soir, elle prend aussi le temps d’échanger avec son mari et elle fait régulièrement de l’exercice. Son rapport aux affaires est également différent.
Outre son rôle de mère et d’épouse, Mme Ramsden jongle avec plusieurs sociétés, y compris Belvedere Place Developments, située en ColombieBritannique, qu’elle dirige à distance, depuis London, en Ontario.
« En fin de compte, la définition du succès que j’avais plus jeune, c’est-àdire le pouvoir et l’argent, m’a permis d’acheter ma liberté et de faire ce que je fais maintenant. »
Mais pour cette femme, le succès ne dépend pas de l’argent, du pouvoir ou du nombre de sociétés dont on est propriétaire.
APPRENDRE EN PERMANENCE Malgré les prix et le succès, Mme Ramsden estime qu’il lui reste beaucoup à apprendre. Elle voit la vie comme un éternel apprentissage et elle tente chaque jour d’apprendre quelque chose de nouveau. « On a tendance à rester trop centré sur soi-même. On ne cherche pas à voir ou à comprendre ce qui se passe autour de nous. On ne se demande pas quelles sont les leçons que l’on n’a pas encore apprises, ou comment on peut mettre ses connaissances au service des autres, raconte-t-elle. Pourtant, tout cela nous permet d’apprendre. Quand vous donnez, vous recevez. » Grâce à ses services de mentorat et à ses conférences TEDx partout dans le monde, Mme Ramsden est en contact avec des gens qui portent un regard différent sur les choses, et cela l’enrichit. En septembre, elle lancera un cours en ligne à l’intention de ceux qui démarrent une entreprise et publiera deux livres donnant des trucs et astuces pour réussir. En outre, dans l’espoir de créer une communauté virtuelle et de transmettre ce qu’elle a appris jusqu’à présent, elle signe un bulletin de nouvelles gratuit auquel on peut s’abonner en ligne. Elle signale aussi que l’erreur fait également partie de l’apprentissage sur le chemin de la découverte. « Je crois que si vous n’avez jamais fait d’erreur, c’est que vous ne vous donnez pas à fond, explique-t-elle. Pour ma part, mon parcours est rempli d’erreurs. » Madame Ramsden est titulaire d’un baccalauréat en arts de l’Université de Victoria et d’une maîtrise en gestion des affaires de l’Université
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« EST-CE QUE C’EST POSITIF OU NÉGATIF D’ÊTRE UNE FEMME DANS LE MILIEU DES AFFAIRES EN CE MOMENT? SI LA QUESTION EST CELLE-LÀ, C’EST NETTEMENT POSITIF – EN LETTRES MAJUSCULES. »
Pour en savoir plus sur Kelsey, rendezvous à kelseyramsden.ca
Western, mais les études universitaires n’ont jamais été son point fort, déclare-t-elle. « Je ne me contentais pas d’avoir une excellente moyenne, déclare-t-elle. J’ai très vite compris qu’il y avait des choses plus importantes que d’être évaluée par les autres. » Cette prise de conscience lui a permis de dépasser les préjugés voulant, par exemple, qu’une femme ne dirige pas une entreprise, ou qu’une femme soit obligée de choisir entre sa carrière et sa famille. Elle a ainsi pu créer des entreprises à l’image de ses propres valeurs : l’aventure, la créativité et la famille.
« Les dirigeantes d’entreprise ont avantage à parler de leurs difficultés avec quelqu’un d’autre, signale-t-elle. Si c’est le cas, elles vont souvent sortir d’une conversation en se disant que la situation n’est pas si terrible que ça et qu’elles sont capables de surmonter les difficultés en question. » Pour Mme Ramsden, la confiance en soi est également une qualité essentielle de l’entrepreneur. « On n’est jamais vraiment prêts, lance-t-elle en riant. On attend toujours de l’être avant d’agir, pourtant, je crois que l’on devrait s’autoriser à se jeter à l’eau même quand on n’est pas tout à fait prêts. C’est à ce moment-là que les meilleures choses se produisent. » OC
CONSEILS AUX FEMMES DIRIGEANT UNE ENTREPRISE Madame Ramsden aurait deux conseils à donner aux femmes dirigeant une entreprise : créez des réseaux avec des femmes et des hommes et bâtissez des relations de confiance. « Une transaction repose d’abord sur la confiance. Et il faut du temps pour créer un climat de confiance », explique-t-elle.
Ana Gajic vient de décrocher un diplôme en journalisme de l’Université Carleton. Elle vit dans sa ville natale, à Toronto, où elle s’occupe de relations publiques dans le domaine de la santé, au centre de cardiologie Peter Munk. Elle adore raconter l’histoire des gens qu’elle rencontre.
À titre de directrice générale du FWE, Mme Niemetscheck connaît l’importance du réseautage. Selon elle, il est également essentiel de trouver un mentor pour s’initier à la gestion des affaires.
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HANDICAPS
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Un entretien avec Nancy Moulday, recrutrice, Groupe financier de la Banque TD Par Sharon Cheung
N
ancy Moulday, directrice du recrutement, Groupe financier banque TD, Services bancaires aux entreprises, et deux fois présidente de l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (en 2004 et 2014), peut attester du pouvoir du témoignage. Depuis 10 ans, Nancy fait la tournée des campus pour sensibiliser les gens à la santé mentale. Lors de ses visites dans les collèges et universités, intitulées « Nancy’s in the House » (« Nancy est là »), Nancy s’adresse aux étudiants aux prises avec un handicap invisible – autrement dit, un handicap qui ne se manifeste pas physiquement, par exemple, un problème de santé mentale. Son programme lui permet aussi de rencontrer et d’inspirer des étudiants autochtones. Elle leur parle de son vécu pour leur dire qu’avec une bonne dose de travail, d’honnêteté et de franchise, il est possible de surmonter l’adversité. OC a eu la chance de s’entretenir avec Nancy pour savoir ce qui l’avait poussée à s’intéresser aux problèmes de santé mentale et pourquoi elle tient à ce que les autres n’hésitent pas à raconter leur vécu.
QUAND COMMENCE VOTRE HISTOIRE? En 2004, j’étais présidente de l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE), ma sœur venait de mourir, j’avais un nouvel emploi et je connaissais des difficultés conjugales. J’étais dépassée par ces difficultés personnelles, et j’avais besoin d’aide. J’ai rencontré mon psychiatre et le Conseil canadien de la réadaptation et du travail (CCRT). Mon psychiatre a diagnostiqué une dépression clinique et le CCRT a procédé à une évaluation de mes besoins en milieu de travail. Il a recommandé à mon employeur de me donner un nouveau bureau, avec de la lumière natureIle, de me permettre de travailler à la maison et de me confier de nouvelles fonctions.
QU’EST-CE QUI VOUS A MOTIVÉ À PARLER DE VOTRE HANDICAP AVEC VOS COLLÈGUES? Je trouvais important de dire à mes collègues ce qui se passait, pour qu’il sachent que j’avais besoin de mesures d’adaptation. Je voulais qu’ils comprennent des choses très simples, par exemple, que je ne m’absentais pas deux heures par manque d’esprit d’équipe, mais tout simplement parce que j’avais un rendez-vous avec mon psychothérapeute. Je voulais aussi qu’ils sachent que si j’étais sur la défensive, ce n’était pas de leur faute, mais parce que je traversais un épisode de dépression.
Voulez-vous témoigner? Écriveznous et nous publierons votre histoire dans notre blogue blog@careeroptionsmagazine.com
J’ai invité des représentants du CCRT à participer à un déjeunerconférence et je me suis adressée à mes collègues pour leur parler des handicaps invisibles – de leur signification, des symptômes de la dépression et de la manière dont nous pouvons tous continuer à travailler ensemble. OC pour les étudiants de niveau secondaire 15
La première chose a été de comprendre ce qui m’empêchait de fonctionner. La seconde a été d’ouvrir un dialogue avec mes collègues et de parler de maladie mentale.
QUE PEUVENT FAIRE LES GENS QUI VEULENT AIDER LES PERSONNES AUX PRISES AVEC CE GENRE DE PROBLÈME? Il faut nous écouter, poser des questions et chercher à comprendre la nature d’un handicap invisible. Un problème de santé mentale peut susciter un sentiment profond d’isolation. Il est donc important de pouvoir compter sur un réseau de soutien.
LE GROUPE TD SEMBLE ÊTRE PROGRESSISTE. QUELS AUTRES PROGRAMMES A-T-IL MIS EN PLACE POUR AIDER LES EMPLOYÉS? L’initiative a pris naissance au sommet de la pyramide, lorsque TD a mis en place le Conseil de la diversité de la direction, il y a 10 ans, dans le but d’améliorer le bien-être des employés. À ce moment-là, la diversité et l’inclusion sont devenues des impératifs commerciaux. Le comité exécutif a été chargé de prendre la tête des différents axes prioritaires : les membres des Premières Nations, des minorités visibles et de la communauté LGBT, ainsi que les personnes handicapées, et les femmes en position de leadership. Au nombre des autres programmes, il y a la demi-journée de sensibilisation à la santé mentale, qui a lieu quatre à cinq fois par année, ainsi que des sondages sur l’équité en matière d’emploi.
LORSQUE VOUS N’ÊTES PAS EN FORME, COMMENT ARRIVEZ-VOUS À VOUS MOTIVER? Je trouve ma motivation en parlant de mon vécu avec d’autres personnes et en les aidant à surmonter leurs problèmes personnels. Je me dis qu’une mauvaise journée a toujours une fin et je compte sur mes mécanismes d’adaptation. Même si ce n’est pas évident dans l’immédiat, ces périodes finissent par passer, il suffit de continuer à avancer. TD a également mis en place des groupes d’entraide qui soutiennent des personnes aux prises avec différentes formes de dépression ou de problèmes de santé mentale. OC Nancy travaille depuis 27 ans à TD, et elle n’aurait pu devenir cadre supérieur dans le secteur bancaire si elle n’avait pas eu d’aide. Outre les programmes de diversité offerts par la TD, on trouve aussi une vaste gamme de ressources auprès d’organismes communautaires, d’établissements d’enseignement et des médecins. Vous pouvez suivre Nancy sur Twitter @NancyMoulday_TD
Sharon Cheung est une jeune professionnelle en troisième année d’études en relations publiques, à l’Université d’Ottawa. Sharon est très active dans le milieu des relations publiques. Elle est également étudiante leader à la SCRP et à l’AIPC.
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DÉCOUVREZ LE
MONDE
LES PAYS-BAS : Un ville qui compte plus de 800 000 habitants et environ 881 000 bicyclettes, Amsterdam est une destination de choix pour voyage international chez les jeunes en Amérique du Nord.
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NALE INTERNATIO Par Mitch Vandenborn
(ET VOTRE NOUVEAU VISAGE)
MER DU NORD
PAYS-BAS
ALLEMAGNE
B E LG I Q U E
É
tudier ou travailler à l’étranger comprend son lot de stress, de dépenses, et de solitude. Certains jours, on peut se lever et patauger toute la journée dans la confusion jusqu’à l’heure du coucher, où l’on s’endort épuisé mentalement. On a le mal du pays, de la famille, des amis et d’un certain confort dont on ne pensait jamais s’ennuyer un jour. Malgré tout, je pense que c’est l’une des expériences les plus enrichissantes qu’un jeune puisse s’offrir avant d’entrer sur le marché du travail. J’en ai appris bien plus sur moi-même, sur le monde et sur ce que je voulais faire de ma vie pendant mes six mois passés à l’étranger que pendant toutes mes études de premier cycle.
parents paternels, immigrés des Pays-Bas en 1960. Depuis leur arrivée au Canada, ils habitaient l’Ontario. Je leur posais parfois des questions sur leur pays d’origine et sur d’autres membres de la famille restés là-bas, mais me rendre moi-même en Hollande était plutôt de l’ordre de la rêverie. Ce n’est qu’en troisième année à l’Université Carleton, à Ottawa, que l’occasion d’y aller s’est présentée. J’étudiais en journalisme et me posais les questions existentielles que se posent bien des jeunes dans la vingtaine : • Ai-je choisi le bon programme? • Comment est-ce que vais m’y prendre pour trouver un emploi après mes études? • Quel tournant ma carrière va-t-elle prendre?
Plus jeune, je n’avais pas du tout le profil type d’un aventurier. J’étais un gamin timide né dans une région rurale du sudouest de l’Ontario. Mes seuls voyages à l’étranger se résumaient à des expéditions à Détroit, où j’assistait à des matchs de baseball, et à un ou deux voyages en voiture jusqu’en Floride. Mon seul contact avec une culture étrangère s’était fait par l’entremise de mes grands-
Ces questions tournaient dans ma tête et j’ai pensé que je pourrais peut-être mieux répondre à certaines d’entre elles si je poursuivais mes études à l’étranger. Je me suis renseigné sur les différentes écoles et les pays dans lesquels je pourrais me rendre, et je n’en ai trouvé que deux dont le programme pourrait être crédité par l’Université Carleton : le Danemark et les Pays-Bas.
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Avez-vous voyagé à l’étranger? Partagez votre histoire à blog@careeroptionsmagazine.com et nous la publierons sur le blogue.
LES PAYS-BAS J’ai vite compris que j’avais fait le bon choix. Presque aussitôt débarqué de l’avion, ma s’est transformée en un tourbillon d’expériences dans une langue et une culture que je ne connaissais pas. Presque toute ma vie d’étudiant là-bas avait une saveur internationale. Ma résidence hébergeait des étudiants des Pays-Bas, mais aussi du monde entier. Nous avons passé des nuits entières à parler de nos pays respectifs et à rire de nos différences culturelles. Mes cours portaient sur les villes européennes, l’histoire de l’art et l’état de la religion dans l’Europe moderne. Mon programme était presque exclusivement composé d’étudiants étrangers, ce qui enrichissait les débats en classe. Dans nos temps libres, mes amis et moi partions sur les routes avec nos sacs à dos. On dormait dans des auberges de jeunesse et on allait de pays en pays à la vitesse des fugitifs. Nous n’avions pas vraiment le temps de « connaître chaque pays », mais nous en avions un avant-goût.
J’en ai conclu qu’il était temps de me rendre au pays de mes ancêtres et j’ai planifié sans relâche mon aventure. J’ai épargné pendant un an et rempli des tonnes de paperasse, puis une nuit, je me suis retrouvé en plein vol au-dessus de l’océan Atlantique, excité et heureux de ma décision.
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Outre les études et les voyages, j’ai passé beaucoup de temps avec les membres de ma famille hollandaise, qui était accueillante à souhait. Ils m’ont raconté beaucoup d’histoires au sujet des miens. J’ai découvert où habitaient mes grands-parents avant d’immigrer et je me suis recueilli sur la tombe de mes illustres ancêtres.
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Ces six mois ont passé trop vite et je me suis rapidement retrouvé dans un autre avion à destination d’Ottawa. Ce n’est qu’en revenant que j’ai pu intégrer tout ce que j’avais vu et fait. En y repensant maintenant, j’ai encore l’impression que j’ai rêvé.
QU’AI-JE APPRIS? Mes études à l’étranger m’ont permis de répondre à plusieurs des questions que je me posais avant de partir. Bon nombre des articles que j’ai lus en matière de développement personnel disent qu’il faut sortir de sa zone de confort jusqu’au point où l’on peut se dépasser, sans toutefois éprouver de la frustration.
vais-je arriver à faire ceci? », mais plutôt : « ça va être difficile, mais tu as surmonté des choses bien plus difficiles ». Le fait de voyager vous force également à faire la paix avec l’immensité du monde. J’ai senti que je trouverai toujours un endroit où gagner ma vie (pourvu que j’y travaille d’arrache-pied), et ce, quel que soit l’état de l’économie ou le diplôme que j’aurais en poche. Les études à l’étranger ne sont peut-être pas une panacée contre tous les problèmes d’un jeune adulte, mais c’est un moyen intéressant de mieux se connaître – comme faire voler en éclats toutes vos représentations du monde et de vous-même. OC
Je crois que les études à l’étranger permettent de trouver cet endroit idéal. Si on y rencontre les mêmes difficultés que tous les voyageurs, par exemple, les barrières linguistiques et les problèmes de visa, on se heurte aussi aux problèmes du quotidien – tomber malade ou être à court
Mitch Vandenborn est un spécialiste des communications numériques. Il est titulaire d’un baccalauréat en journalisme de l’Université
d’argent – le tout amplifié par le fait d’être en sol étranger.
Carleton. Il est généralement obnubilé par le design, la politique municipale et les bouledogues. Suivez-le sur Twitter @mitchvandy
Régler ces problèmes tout seul fait des miracles du point de vue de l’indépendance. Cela m’a également permis d’être plus à l’aise avec mes propres malaises. Ainsi, quand je suis rentré au pays, bon nombre de mes angoisses au sujet du futur avaient disparu. Je ne me demandais plus « comment
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uand Parker Zhang a choisi de quitter son foyer dans le sud de la Chine pour venir étudier en économie au Canada, il savait qu’il pourrait bien choisir de ne pas retourner chez lui. Le coût de la vie peu élevé, conjugué aux politiques d’immigration ouvertes du pays, a contribué à faire du Canada une destination très attrayante pour M. Zhang. C’est à l’école secondaire qu’il a pour la première fois entendu parler de la possibilité de faire des études au Canada, et il a pris la décision d’en apprendre le plus possible sur la culture canadienne et sur la langue anglaise avant de partir. « J’ai suivi des cours de niveau secondaire selon les programmes canadiens alors que j’étais encore en Chine, ce qui s’est révélé un avantage, parce que je connaissais déjà la culture. Alors mon arrivée ici n’a pas été aussi intimidante qu’elle aurait pu l’être, parce que je savais à quoi m’attendre », dit-il. Cet automne, M. Zhang obtiendra un diplôme d’économie de l’Université Wilfrid Laurier, à Waterloo, en Ontario. Un grand nombre d’étudiants internationaux sont invités à venir au Canada dans le cadre d’un effort de recrutement organisé par certaines universités ou certains collèges canadiens. Ils choisissent souvent leur établissement d’enseignement à l’étranger sur la base de son classement et des chiffres concernant le taux d’emploi de ses diplômés.
DESTINATION D’ÉTUDES
POURQUOI LES ÉTUDIANTS INTERNATIONAUX CHOISISSENT LE CANADA Par Lindsay Brennan Caroline Konrad, qui dirige actuellement le centre de développement de carrière à l’Université de South Hampton, au RoyaumeUni, affirme qu’il est essentiel de promouvoir l’excellent classement des universités canadiennes à l’étranger.
C’est le cas de Lorraine Monteiro, récemment diplômée du programme de commerce de l’Université Carleton, qui s’est spécialisée en commerce international.
« [Le Canada] se classe parmi les meilleurs au monde, dit Mme Konrad. Le facteur emploi est un avantage pour nous; les droits de scolarité sont comparables à ceux des autres pays et, dans certains cas, sont en fait moins élevés que dans
« L’un des facteurs qui ont influencé ma décision a été la visite de représentants de l’Université Carleton dans mon école secondaire aux Émirats arabes unis, qui nous ont parlé des opportunités [d’emploi] et des formalités pour être admis. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de tenter ma chance », déclare Mme Monteiro.
certaines régions du monde. »
Selon un sondage effectué par la Hobsons Education Solutions Company, 18 000 étudiants internationaux au Canada ont indiqué que le classement des universités, les droits de scolarité et les possibilités d’emploi des diplômés étaient des facteurs clés dans le choix de leur établissement d’enseignement. 22
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Mme Konrad dit qu’elle prévoit quitter le Royaume-Uni pour occuper un nouveau poste à Toronto, à l’Université Ryerson, cet automne. Elle affirme que l’enseignement supérieur pour les étudiants étrangers est la huitième industrie d’importance au R.-U., même si ces statistiques ont subi une baisse importante en raison d’une législation restrictive adoptée en 2011. « Une fois leur diplôme obtenu, les étudiants peuvent travailler au R.-U. seulement quatre mois. S’ils veulent rester plus longtemps et obtenir un visa de travail, ils doivent avoir magazineoptionscarrieres.com
une offre d’emploi avec un salaire de plus de 20 000 £, ce qui est possible uniquement si l’on est ingénieur. Cela restreint grandement le nombre d’étudiants qui peuvent rester au R.-U. » Cette législation restrictive explique pourquoi un plus grand nombre d’étudiants, comme M. Zhang, choisissent de venir étudier au Canada, parce qu’il y est plus facile d’obtenir le statut de résident permanent. « Cette législation est entrée en vigueur au R.-U. en 2011-2012, et aujourd’hui, moins de deux ans plus tard, on observe une diminution de 30 pour cent des demandes d’admission d’étudiants étrangers. En Inde seulement, la diminution est de plus de 20 pour cent, affirme Mme Konrad. C’est fou! » M. Zhang dit qu’il prévoit rester au Canada pour obtenir une maîtrise en administration des affaires (MBA). Pour ce faire, il doit quitter son emploi à temps plein. « Une fois que j’aurai obtenu mon MBA, je retournerai probablement travailler pour ma compagnie actuelle, parce qu’elle offre
certaines prestations d’éducation et aide à payer les droits de scolarité, ce qui est fantastique; ça permet d’économiser. Je ferais des économies de 15 000 $ », affirme M. Zhang. Au R.-U., ce nombre est réduit à un maximum de 10 heures par semaine, d’après Mme Konrad. Au Canada, les étudiants internationaux peuvent travailler jusqu’à 20 heures par semaine, mais pour plusieurs cela n’est pas suffisant. « En limitant à 10 (ou 20 heures) par semaine le nombre d’heures de travail permises, on restreint la capacité des étudiants à développer leur expérience de travail, dit-elle. Comme les stages [emplois à temps partiel et stages coop] représentent un élément clé dans l’obtention de postes pour diplômés, cela s’avère très problématique. » Madame Monteiro affirme qu’elle aussi a été confrontée à ce problème. Quand on lui demande ce qu’elle pense des possibilités d’emploi pour les étudiants étrangers, elle se met à rire. « Si vous m’aviez posé cette question il y a une semaine, je vous aurais dit qu’il est très difficile de dénicher des emplois, mais que si on persévère on finira par trouver quelque chose, dit-elle. Je conseille toujours aux gens d’accepter de faire des stages, même s’il n’y a pas de salaire et que ça peut paraître décourageant au début. » Madame Monteiro confie qu’à un moment donné après l’obtention de son diplôme elle a accepté trois stages avec des compagnies différentes, pour bonifier son expérience de travail et demeurer active. C’est l’un de ces stages qui a conduit à son emploi actuel en marketing. Même si l’interdiction de travailler plus de 20 heures par semaine représente une difficulté pour de nombreux étudiants internationaux au Canada, certains estiment que leur origine internationale a été pour eux un avantage dans leur recherche d’emploi. L’emploi à temps partiel occupé par M. Zhang tout au long de ses études universitaires l’a conduit à son poste actuel comme adjoint au marketing international pour une entreprise de Waterloo. Sa principale tâche consiste à établir des liens entre Waterloo et Shanghai. « Je suis vraiment convaincu qu’il y a des possibilités d’emploi au Canada, particulièrement dans des villes internationales comme Toronto ou Ottawa. Ici, mon origine internationale représente un avantage, parce que je parle anglais et mandarin, et que je connais les cultures chinoise et anglophone. » OC Lindsay Brennan est étudiante de quatrième année en journalisme à l’Université Carleton. Après avoir vécu un échange l’an dernier à Stirling, en Écosse, elle espère continuer de voyager après l’obtention de son diplôme et peut-être poursuivre ses études à la maîtrise. Elle aime écrire sur divers sujets, des affaires internationales aux découvertes scientifiques. Communiquez avec elle sur Twitter @LindsayBrennan_
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AVEZ-VOUS
Par Aisha Biberdorf
DES RÊVES NUMÉRIQUES? LES CARRIÈRES DANS LE DOMAINE DU MULTIMÉDIA
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e nombreux jeunes aspirent à travailler en développement multimédia. Dans ce domaine, on peut faire preuve de créativité, sortir des sentiers battus et travailler avec des gens intelligents aux vues similaires. Mais c’est également un secteur extrêmement concurrentiel : rapide, en constante évolution, avec bien plus de concepteurs que d’emplois. Il faut travailler fort et être vraiment passionné pour réussir. Aujourd’hui, les entreprises ne veulent pas embaucher des gens qui se spécialisent uniquement en programmation ou seulement en imprimé : ils veulent toute la gamme de compétences. Il faut être capable de générer et de manipuler des images graphiques, des animations, du son, du texte et des images vidéo, pour produire des applications numériques intégrées et homogènes. Et n’oublions pas les aptitudes interpersonnelles. Toute la gamme de compétences, ça veut dire aussi la capacité à travailler directement avec des clients. Il faut être capable de faire des recherches, d’analyser et de recommander des solutions par la création de maquettes, la rédaction de propositions et la présentation de concepts, puis de rédiger les codes qui serviront à réaliser le produit. De plus, on doit manœuvrer et coordonner des équipes pour assurer le développement et la mise en œuvre du produit. Enfin, dernier élément, mais non le moindre, il faut être capable de modifier, de modifier et de modifier encore! La désignation d’emploi « Développeur de systèmes multimédias interactifs » sous-entend un vaste éventail de compétences, auxquelles correspond une liste d’emplois quasi illimitée : animateurs, développeurs d’applications pour le commerce électronique, graphistes, concepteurs d’interfaces ou de produits interactifs, programmeurs, concepteurs ou producteurs de nouveaux médias, gestionnaires de projets, producteurs de vidéos et de 24
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contenus Web, ainsi que concepteurs de pages Web. C’est là un aperçu des nombreuses possibilités – le champ est encore bien jeune et évolue constamment. Ma passion pour ce domaine découle de mon intérêt pour les arts, le design et les nouvelles technologies. À l’école secondaire, j’ai eu la chance de participer à un programme co-op; j’ai été accueilli dans une jeune entreprise en pleine croissance, favorisant un environnement de travail détendu et créatif. C’était là tout ce dont j’avais besoin pour m’inciter à poursuivre ce cheminement de carrière. J’ai comparé les programmes d’études postsecondaires offerts au Canada, et mon choix s’est finalement arrêté sur un collège. Je trouvais que les programmes proposés au collège étaient plus directement axés sur l’emploi qu’à l’université. Je voulais une formation pratique. De mon expérience, j’ai appris qu’il n’existe pas de règles préétablies pour déterminer si on est magazineoptionscarrieres.com
fait pour travailler en développement multimédia. Tout est une question de passion. La dernière chose à prendre en note, c’est que, pour avoir du succès dans le domaine du développement multimédia, certaines qualités de base sont requises sur le plan de la personnalité. On doit absolument avoir des aptitudes en informatique et en design, il faut être créatif et quelque peu artistique, et pouvoir à la fois diriger et suivre des directives. Il faut accorder une grande importance aux clients et être capable de maintenir son engagement à comprendre et à utiliser les nouvelles technologies. Et, bien entendu, on doit être capable de respecter des échéances et porter une grande attention aux détails. Selon les projections de l’industrie, le secteur du développement multimédia poursuivra sa croissance, surtout dans le domaine des nouveaux médias numériques interactifs. De nombreux établissements d’enseignement postsecondaire essaient de répondre aux besoins du marché en élaborant davantage de programmes pour répondre à la demande. Alors, à vous d’explorer les divers programmes disponibles, pour vous assurer d’obtenir la meilleure formation possible. OC
Aisha Biberdorf est un développeur multimédia qui cherche perpétuellement la perfection numérique. Elle est diplômée récente du programme de développement multimédia interactif au Collège Algonquin et elle travaille au gordongroup marketing + communications à Ottawa.
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