Greenpeace Member no 02 / 19
Éclairage
Repenser l’agriculture p. 26
Régénérer les sols
Débat
Remue-ménage dans les étables p. 31
Éditorial
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Alors que la nature est en fleur, notre magazine se renouvelle également. Le printemps s’épanouit: des milliers de plantes jaillissent du sol, des ruisseaux limpides se fraient un chemin à travers les vallées, et les vaches paissent dans des prairies verdoyantes et luxuriantes. C’est l’image du paysage suisse et de son agriculture telle qu’elle est ancrée dans les esprits. Malheureusement, elle n’a plus grand-chose à voir avec la réalité. Ce numéro est consacré à l’agriculture actuelle, et à ce qu’elle pourrait devenir (page 14). Car dans cette Suisse soi-disant idyllique, tout ne tourne pas rond dans les étables. Les cultures intensives menacent la biodiversité, les résidus d’engrais polluent les eaux et le nombre d’animaux détenus pour la production de viande et de lait est encore trop élevé. Bref: l’agricul ture suisse est mal en point. L’alternative proposée par Greenpeace est présentée en page 28: un système de production écologique et respectueux des animaux, abrégé PERA. Pour que nos visions se concrétisent, nous avons besoin de votre aide. Notre nouveau magazine vous invite à passer à l’action: en signant l’initiative pour les glaciers, en vous engageant en tant que bénévole (pages 7 et 8) ou encore en pensant à Greenpeace lorsque vous rédigez votre testament (page 33). Bonne lecture!
Sauver les sols, oui mais comment?
Sommaire
Reportage Que faire pour préserver la qualité des champs? Visite chez deux agriculteurs originaux qui testent la terre noire et les vers de terre pour améliorer les sols.
p. 14
International
Actuel
Grand engagement pour la Grande Baie
Crise du plastique, «made in Switzerland»
p. 10
p. 12
MENTIONS LÉGALES GREENPEACE MEMBER 2 / 2019 Éditeur / adresse de la rédaction: Greenpeace Suisse Badenerstrasse 171 Case postale 9320, 8036 Zurich Téléphone 044 447 41 41 redaction@greenpeace.ch www.greenpeace.ch Équipe de rédaction: Tanja Keller (responsable), Manù Hophan (rédaction photographique), Thomas Mäder (rédaction) Correction / relecture: Text Control, Marc Rüegger Traduction en français: Karin Vogt Auteurs: Christian Schmidt, Thomas Mäder, Danielle Müller, Pieter Poldervaart, Tanja Keller Photos: Andri Pol, Isabel Truniger, Anja Wille Schori Illustrations: Jörn Kaspuhl, Benjamin Güdel, Alina Günter, Ruedi Widmer
Maquette: Raffinerie Impression: Stämpfli AG, Berne Papier couverture et intérieur: 100 % recyclé Tirage: d 82 000, f 16 000 Parution: quatre fois par année Le magazine Greenpeace est adressé à tous les adhérents (cotisation annuelle à partir de 84 francs). Il peut refléter des opinions qui divergent des positions officielles de Greenpeace. Votre adresse est-elle encore correcte? Prévoyez-vous un déménagement? Prière d’annoncer les changements par courriel à suisse@greenpeace.org ou par téléphone au 044 447 41 71. Dons: Compte postal 80-6222-8 Dons en ligne: www.greenpeace.ch/dons Dons par SMS: Envoyer GP et le montant en francs au numéro 488 (par exemple, pour donner 10 francs: «GP 10»)
Action
p. 4
Avancées
p. 6
De la parole aux actes
p. 7
Engagement
p. 9
International
p. 10
Actuel
p. 12
Faits et chiffres
p. 13
Reportage
p. 14
Face cachée
p. 25
Éclairage
p. 26
Recette
p. 30
Débat
p. 31
Investigation
p. 33
Mes volontés écologiques
p. 33
Énigme
p. 34
Le mot de la fin
p. 35
Action
Le monstre de plastique de retour à l’expéditeur Plus de soixante militants et bénévoles de Greenpeace acheminent au siège de Nestlé un monstre de vingt mètres de long composé d’emballages plastiques. Leur message est clair: «Nestlé doit cesser d’utiliser du plastique à usage unique». Vevey, Suisse, 16 avril 2019
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Photo: © Greenpeace / Miriam Künzli
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Wilmar, le plus grand négociant d’huile de palme du monde, fait un pas important pour la préservation de la forêt pluviale. Après une campagne menée par Greenpeace sur plusieurs années, l’entreprise asiatique a présenté un plan d’action qui comprend notamment la surveillance de ses fournisseurs par satellite. Cela représente un répit pour les orangs-outans. Greenpeace contrôlera étroitement la mise en œuvre de ce plan, pour savoir si Wilmar tient ses engagements.
Photo: © Markus Mauthe / Greenpeace
Répit pour les orangs-outans
La société française Total est contrainte d’abandonner ses projets de forages pétroliers à l’embouchure de l’Amazone. Les scientifiques y avaient découvert un récif corallien unique au monde. Avec plus de deux millions de personnes dans le monde, Greenpeace a fait front contre les projets de Total. Après trois ans de campagne, la lutte paie: le gouvernement brésilien a débouté les projets de la compagnie pétrolière. Greenpeace s’engage maintenant pour que cette merveille de la nature devienne une zone protégée.
Photo: © Cynthia Carvalho / Greenpeace
Total déboutée en Amazonie
L’Allemagne amorce sa sortie du charbon. Après des négociations difficiles, la commission du charbon s’est mise d’accord sur un compromis: cette énergie nocive pour le climat sera définitivement abandonnée d’ici 2038. De nombreuses centrales au charbon seront fermées dès 2022. Et la forêt de Hambach, emblématique de cette lutte, sera préservée. Affectueusement appelée «Hambi» par les militants, la forêt devait initialement disparaître pour faire place à une mine de charbon, ce qui a déclenché des protestations de masse soutenues par Greenpeace Allemagne. Martin Kaiser, directeur de Greenpeace Allemagne, parle d’une «rupture historique» tout en rappelant que la date butoir de 2038 est trop tardive. Pour respecter l’Accord de Paris sur le climat, l’Allemagne devrait arrêter toutes ses centrales au charbon dès 2030.
Photo: © Kevin McElvaney / Greenpeace
Oui à la forêt, non au charbon
Avancées
«L’important est de s’engager, quelle que soit la manière.»
De la parole aux actes
Céline Pfister, membre du comité de l’initiative pour les glaciers
Texte: Tanja Keller, Greenpeace Suisse
Pour Céline Pfister, 21 ans, la protection du climat a toujours été une évidence. Avec la famille H unkeler, son père exploite depuis quinze ans la plus grande installation de biogaz agricole du canton de Lucerne, qui couvre actuellement les besoins de mille ménages en électricité. Céline s’intéresse très tôt à la politique et commence à lire les journaux dès son plus jeune âge. Aujourd’hui étudiante en relations internationales, elle n’a pas envie de rejoindre un parti politique, préférant garder son indépendance: «Je ne veux pas avoir d’étiquette politique.» Quand elle entend parler de l’initiative pour les glaciers, elle se sent immédiatement concernée par l’idée de forcer
les milieux politiques à respecter l’Accord de Paris sur le climat. Cette initiative populaire a été lancée par l’Association suisse pour la protection du climat, une structure indépendante des partis et soutenue par un large mouvement citoyen, qui comprend aussi bien des forestiers et des glacio logues que des alpinistes professionnels. En janvier, Céline est élue au comité de l’association, dont elle est désormais le plus jeune membre. Son domaine est la co opération avec les politiciens. «La protection du climat est une urgence absolue», estime Céline. Celle-ci ne limite pas son engagement à tisser des liens avec les personnalités politiques, puisqu’elle participe également aux manifestations et aux grèves
des jeunes pour le climat. «C’est une formidable occasion d’articuler les revendications de la jeune génération.» Elle se veut un modèle, en assumant la responsabilité de ses actes. Son plus grand espoir? Que les trajets en avion cessent d’être une réalité socialement acceptée et deviennent un comportement à éviter, un peu comme le tabagisme. Quel est le mode d’engagement le plus efficace pour le climat? Céline ne veut pas trancher: «L’important est de s’engager, quelle que soit la manière.» Signez l’initiative pour les glaciers au milieu de ce numéro!
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«Le futur système économique a besoin d’une biosphère intacte, et non l’inverse.»
De la parole aux actes
Marcus Williams, bénévole à l’association Actares
Texte: Tanja Keller, Greenpeace Suisse
Enfant, Marcus Williams rêvait d’étoiles, de planètes lointaines et d’autres galaxies. Il suit l’atterrissage du vaisseau spatial Apollo 11 sur la lune et se passionne pour les astronautes qui voient le spectacle de la Terre qui se lève. L’image de cette planète bleue vulnérable le marquera profondément. Même si, après des études en biophysique, il fait d’abord carrière dans le monde des affaires, l’industrie, puis la finance. Alors que Marcus gravit les échelons professionnels, sa réflexion intérieure fait son chemin. Il découvre le concept de la Grande transition, une perspective globale pour l’avenir de l’humanité. Il lit les travaux du célèbre chercheur
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Johan Rockström sur les limites de la capacité d’absorption de la Terre. Marcus Williams prend conscience de la situation précaire de notre environnement. Plus il se penche sur la question, plus il se voit livré à un sentiment d’impuissance. Il se sent paralysé face à ses propres aspirations à un changement radical. Après un burn-out, Marcus Williams se tourne vers divers mouvements qui luttent pour un développement durable. Il séjourne dans une ferme biologique et s’intéresse au peuple autochtone des Achuars, en Amazonie. Impressionné par la vision du monde et la spiritualité de ce peuple, il rejoint Actares, une association d’actionnaires qui s’engage pour la durabilité des entreprises, comme
bénévole. Le but d’Actares est de veiller à ce que les entreprises suisses se comportent de manière écologique, durable, sociale et équitable y compris à l’étranger. Marcus Williams s’occupe plus particulièrement du géant cimentier LafargeHolcim. «Le futur système économique a besoin d’une biosphère intacte, et non l’inverse», conclut-il.
Illustration page. 7, 8: Jörn Kaspuhl travaille principalement au crayon sur papier et n’utilise l’ordinateur que pour assembler les différents éléments. Il a terminé ses études d’illustrateur à l’Université de Hambourg en 2008. Il vit et travaille aujourd’hui à Berlin.
Parler pour faire évoluer . le monde
Engagement
L’équipe du dialogue direct de Greenpeace est dans la rue par tous les temps pour entrer en contact avec les passants. Nous l’avons accompagnée pour nous rendre compte de son travail.
Photo: © Bea Eigenmann
Texte: Danielle Müller, Greenpeace Suisse
«J’ai acheté de la glace, je dois rentrer vite…», marmonne un homme, la tête baissée. Une mère accompagnée de ses deux enfants se retourne en s’excusant: «Là, je n’ai pas le temps, mais un peu plus tard, okay?» Un monsieur qui semble pressé se prend un moment pour écouter, avant de lancer: «Je donne déjà au WWF!» et de disparaître. Pour être dialogueuse ou dialogueur, il faut des nerfs solides. Tina, 32 ans, en est bien consciente. Aujourd’hui, elle aborde de potentiels adhérents Greenpeace près du centre commercial du Wankdorf, à Berne. «Au début, je pensais que ce serait difficile de supporter l’indifférence des passants, dit cette Allemande originaire de Thuringe. J’ai dû apprendre à aborder les gens avec une certaine intention.» Une fois qu’on a trouvé ses marques, «on se rend compte que ce travail est tout à fait passionnant, surtout sous l’aspect psychologique. J’ai beaucoup appris sur moi-même, sur ma manière d’être avec les gens.» Tina a commencé comme dialogueuse il y a deux ans, à côté de son activité de kinésiologue. Cela fait cinq mois qu’elle travaille pour Greenpeace. Contrairement aux pratiques d’autres ONG suisses, l’équipe du dialogue direct est directement employée par Greenpeace et travaille en étroite collaboration avec le bureau de l’organisation à Zurich. Pour Tina, c’est important: «Je savais que si je voulais travailler dans ce domaine à plus long terme, ce serait pour une organisation
dont je défends personnellement les buts.» Sa passion pour Greenpeace se manifeste dès qu’elle commence une conversation, par exemple avec cette dame d’âge moyen: comme si elle n’avait jamais rien fait d’autre, Tina est en mesure de lui détailler les campagnes de Greenpeace de A à Z. Dans ce cas, la passion ne suffit pas à convaincre la personne, qui passe son chemin sans remplir le formulaire d’adhésion. Mais pour Tina, ce n’est pas du temps perdu. «C’est toujours intéressant de parler avec des gens qui s’intéressent à l’environnement.» D’ailleurs ce ne sont pas toujours des adultes. Quelques minutes plus tard, une fille et un garçon sont curieux de savoir ce qu’on peut faire au stand. Le contact avec les enfants est p articulièrement gratifiant pour Tina. «Une fois, j’ai eu deux petites filles dont les mamans étaient en train de faire du shopping. J’ai pu leur parler de Greenpeace pendant une demi-heure!» se rappelle-t-elle en riant. Après tout, les adultes de demain sont tout aussi importants pour l’avenir de la planète.
Cinq raisons de s’arrêter un instant pour parler avec l’équipe de dialogueurs: 1
parce que les dialogueurs de Greenpeace informent volontiers, y compris les personnes qui sont déjà donatrices;
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parce que la protection de l’environnement est un sujet passionnant;
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parce que l’indépendance de Greenpeace est possible uniquement grâce à ses donatrices et donateurs;
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parce que c’est l’occasion de faire plaisir à une personne engagée;
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parce que de toute façon, vous avez un train toutes les demi-heures.
Vous avez envie d’être une source d’inspiration pour les gens dans la rue? Informations sur: www.greenpeace.ch/fr/magazine/dialoguer
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International
GRAND
ENGAGEMENT
POUR LA GRANDE BAIE
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Photos: © Greenpeace / Dale Cochrane; © Michaela Skovranova
Protestation sur l’eau: les habitants d’Apollo Bay résistent aux forages pétroliers dans la Grande Baie australienne.
Greenpeace rend compte de la fascinante vie sous-marine dans la Grande Baie australienne: un léopard de mer entre en scène.
La Grande Baie australienne est menacée par des projets de forages pétroliers. Greenpeace se mobilise aux côtés des habitants du littoral. Texte: Thomas Mäder, Greenpeace Suisse
«Quand des communautés s’unis sent pour lutter, elles peuvent faire la différence», constate Grace. Cette écolière de 16 ans a organisé une manifestation contre les forages pétroliers à Apollo Bay, sur la côte australienne. Elle est émerveillée de voir qu’une bonne partie des mille cinq cents habitants de son village natal de la côte sud de l’Australie a participé aux pro testations sur des kayaks, des planches de surf et des voiliers, malgré la pluie et le vent de cette journée de novembre. Le combat pour sauver la Grande Baie australienne a son slogan: Fight for the Bight, ce qui signifie «en lutte pour la baie».
Écosystème unique au monde Aux côtés des petits bateaux des habitants d’Apollo Bay, un grand voilier participe à la lutte: le Rain-
bow Warrior, fleuron de la flotte Greenpeace, qui est en tournée dans la Grande Baie australienne. Cette immense zone marine est un havre pour les baleines et abrite un grand récif corallien d’eau froide. Elle compte aussi divers petits écosystèmes sous-marins extraor dinaires. Or plusieurs compagnies ont des projets de forages pétroliers dans la région. Les forages menaceraient gravement la vie marine de la baie. Avec le Rainbow Warrior, Greenpeace mise sur la coopération avec des personnes engagées sur le terrain, comme Grace, mais aussi sur la puissance des images. C’est pourquoi l’équipage compte des scientifiques et une équipe de tournage pour explorer des zones encore totalement inconnues et pour illustrer la beauté fascinante de cette région marine unique. Maria, la capitaine, se montre impressionnée par la rencontre d’un dragon de mer feuillu au cours d’une plongée: «Je souhaite
qu’après moi, d’autres aient encore l’occasion d’observer cette espèce rarissime», dit-elle.
Élément vital pour les habitants de la côte Tandis que le Rainbow Warrior témoigne de la beauté de la Grande Baie australienne, Grace rédige un commentaire pour le site Internet de la commune d’Apollo Bay: «Pour nous, l’océan est bien plus qu’un panorama. Il est l’élément vital de notre communauté. Beaucoup de familles d’Apollo Bay vivent du tourisme et de la pêche.» Elle affirme sa conviction: «Si nous sommes suffisamment nombreux à réclamer la protection de la baie et l’arrêt des projets pétroliers, les politiciens seront obligés de nous écouter.»
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Crise du plastique, «made in Switzerland»
Greenpeace rend compte de la pollution plastique aux Philippines et pointe les responsables de la crise. «L’eau était quasiment noire. On ne voyait pas de coraux ni de poissons, mais des déchets plastiques partout.» Quand il découvre la baie de Manille à l’âge de 18 ans, Froilan Grate est choqué. Il vient de quitter son île natale aux Philippines pour étudier dans la capitale. À la vue de la baie submergée de détritus, il sait qu’il travaillera à protéger son pays de la crise du plastique. Aujourd’hui, il dirige l’organisation GAIA, qui lutte avec Greenpeace et beaucoup d’autres associations dans le cadre du mouvement mondial Break Free From Plastic.
Au printemps de cette année, Froilan Grate est à bord du Rainbow Warrior dans les eaux de l’archipel des Philippines. La mission du bateau est de rendre compte de la crise du plastique et d’informer la population sur ses causes. De cette expédition, l’équipage du Rainbow Warrior et GAIA rapporteront des photos frappantes, mais aussi des données collectées en route. Il apparaît ainsi qu’un quart des déchets plastiques étudiés provient de deux multinationales du secteur des biens de consommation: Unilever et la société suisse Nestlé. Froilan Grate estime que ces sociétés doivent assumer leurs responsabilités: «Les entreprises qui alimentent le monstre de plastique doivent enfin tenir leurs promesses en développant des emballages réutilisables.»
Signez ici pour soutenir la lutte contre le plastique!
La crise du plastique menace la biodiversité dans le passage de l’île Verte aux Philippines: un crabe piégé dans un gobelet en plastique.
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Photo: © Greenpeace / Noel Guevara
Actuel
Recherche urgemment: banques propres
Une équipe de nettoyage qui débarque pour faire reluire les vitres et le sol, le rêve des mères et pères de famille! C’est exactement ce qui s’est passé à la mi-février dans diverses filiales de Credit Suisse et d’UBS de cinq grandes villes suisses. Les techniciennes et techniciens de surface étaient en réalité des bénévoles des groupes régionaux Greenpeace. Leur geste sympathique attire l’attention sur le fait que les deux grandes banques suisses ont un besoin urgent de transparence. Les opérations financières d’UBS et de Credit Suisse contribuent de manière significative à la crise climatique. En 2017, les deux banques ont financé des rejets de gaz à effet de serre équivalant à 94 millions de tonnes de CO2, soit deux fois plus que les émissions totales de la Suisse sur la même période. Et ce uniquement pour les carburants particulièrement nocifs pour le climat! C’est le constat d’un récent rapport publié par Greenpeace Suisse. Greenpeace appelle les banques à déclarer, avant la fin de l’année, comment elles entendent concrètement mettre leurs flux financiers en conformité avec l’Accord de Paris sur le climat. Par ailleurs, les banques doivent cesser immédiatement de financer les entreprises actives dans le commerce du charbon et des sables bitumineux.
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Photos: © Greenpeace / Pascal Städeli
Actuel
60 espèces Autrefois, on trouvait jusqu’à soixante espèces végétales sur un mètre carré de prairie en Suisse. Sur une prairie de ray-grass actuelle, soumise à une fertilisation intensive, on n’en trouve plus que cinq.
100 % Une étude de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) montre que l’agriculture biologique est en mesure de nourrir le monde si l’humanité mange moins de viande et gaspille moins de nourriture. Il faudrait surtout une réduction radicale de la consommation de porc et de volaille, alors que les vaches jouent un rôle important dans l’utilisation des prairies riches en espèces. Un monde 100 % biologique serait extrêmement positif pour l’environnement.
10 000 ans Les sols que nous utilisons aujourd’hui se sont formés depuis la dernière période glaciaire. La formation d’un sol de 30 cm de profondeur prend 1000 à 10 000 ans. Avec une pelle mécanique et de l’asphalte, il suffit de quelques minutes pour le détruire.
1 cuillère à café Le groupe helvético-chinois Syngenta continue à produire le Paraquat, un herbicide extrêmement toxique, qui n’est plus autorisé en Suisse depuis près de trente ans. Une cuillère à café suffit pour tuer un homme. Son utilisation peut provoquer des atteintes aux poumons et aux reins ainsi que la maladie de Parkinson.
220 litres La production d’engrais azotés de synthèse est énergivore, car elle demande 220 litres de pétrole pour 100 kilos d’azote. C’est la quantité nécessaire pour un hectare uniquement fertilisé avec des engrais artificiels. L’agriculture biologique est en mesure de s’en passer.
Informations réunies par Bettina Dyttrich, rédactrice de l’hebdomadaire WOZ, spécialisée dans l’écologie et l’agriculture
Long Reportage Story
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SAUVER LES SOLS
OUI MAIS COMMENT ? Que faire pour préserver la qualité des champs? Visite chez deux agriculteurs originaux qui testent la terre noire et les vers de terre pour améliorer les sols. Texte: Christian Schmidt Photos: Andri Pol
«L’agriculture régénératrice …?» La mine sceptique, Franz Keiser dit qu’il n’aime pas les termes scientifiques. Un vent froid souffle sur sa ferme nommée Wies, dans l’arrière-pays du canton de Zoug, en ce jour de février. On entend les grincements et les gémissements d’une machine bricolée, à mi-chemin entre l’installation minière et la fusée lunaire, avec ses tapis roulants, ses gros tuyaux, ses réservoirs et ses entonnoirs. C’est cette installation que nous sommes venus visiter, car elle est précisément liée à l’agriculture régénératrice. Nous ne sommes pas les premiers. Des milliers de personnes félicitent Franz Keiser pour son travail ou viennent le voir depuis le Brésil ou l’Australie. «C’est bien joli, mais ce n’est pas ça qui me remplit le ventre …», dit-il. Pour ce constructeur et inventeur, qui se dit un peu fou, un peu prophète, la vie n’est pas facile. Sa machine pourrait rapporter gros. «Mais les bonnes affaires se font sur les problèmes, pas sur les solutions.»
L’épiderme de la planète se dissout
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Avant de nous faire visiter son installation, Franz Keiser tient à expliquer sa pensée. «Chaque année, notre planète perd 24 milliards de tonnes d’humus.» Érodé par le vent et l’eau, imperméabilisé par l’asphalte et le béton, détruit par les apports de sel et de sable, l’humus disparaît à raison de trois tonnes par habitant et par année. C’est l’épiderme de la planète qui se dissout. Franz Keiser ne le dit pas, mais la question se pose clairement: comment l’humanité se nourrira-t-elle à l’avenir si le sol fertile disparaît? Sous la pression de la Confédération, ce fils de fruiticulteur s’était reconverti dans la production laitière, qui s’est naturellement soldée par un désastre financier. Il cherche alors de nouveaux débouchés et suit un cours sur le compostage professionnel. Un cours donné par une femme. «Qu’est-ce qu’elle nous veut, cette radoteuse?» se disent les autres fermiers qui y assistent. Mais pour Franz Keiser, c’est le choc. «Pour la première fois, quelqu’un m’expliquait la nature d’une manière compréhensible. Cela m’a bouleversé.» Il entame un «énorme processus intérieur» et commence à gagner sa vie avec le compost. Sur plusieurs centaines de mètres, la petite route menant à sa ferme est bordée de tonnes de déchets végétaux en décomposition. Comme si le chasse-neige était passé par là, sauf que la neige est brune. Franz Keiser rend à la planète l’humus qu’elle a perdu. Mais l’humus en tant que tel ne lui suffit pas. Il y a l’humus de bonne qualité, l’humus de qualité excellente, et l’humus de Franz Keiser. C’est la raison d’être de son installation très spéciale, que nous allons maintenant visiter.
Franz Keiser se dit bouleversé par la «radoteuse» qui donne le cours sur le compostage. Du charbon végétal prêt à l’emploi: la durabilité, c’est bien; la régénération, c’est mieux …
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Une machine à digérer le bois Un tapis roulant transporte des copeaux de bois à l’intérieur de l’installation. Après quelques allers-retours dans le gros ventre de la machine, les copeaux se décomposent en gaz, en résidus et en fibres de lignine et de cellulose. Accessoirement, la chaleur générée chauffe l’habitation de Franz Keiser. Ce processus s’appelle la pyrolyse. Son résultat est en quelque sorte ce qui reste de la digestion du bois: au sortir de la machine, un long tube fait jaillir du charbon végétal. Les morceaux de couleur noire ont à peu près la taille d’une allumette ou d’une pièce de cinq centimes. C’est l’ingrédient miracle qui donne à l’humus de Franz Keiser sa qualité particulière: grâce à sa structure poreuse, le charbon végétal crée un habitat pour les m illiards de microorganismes du sol, leur permettant de stocker des nutriments. L’humus se transforme ainsi en une véritable éponge, qui retient une quantité d’eau extraordinaire. Le charbon végétal, également appelé biochar, peut aussi être ajouté aux fourrages pour réguler la digestion du bétail. Autre avantage, le biochar améliore durablement la structure du sol, augmentant les ren dements. Même si Franz Keiser rejette le terme scientifique, son produit régénère véritablement l’agriculture. Franz Keiser produit environ deux mètres cubes de charbon végétal par jour, si tout fonctionne bien. Ce qui n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi il est sur ses gardes 24 heures sur 24, se relève la nuit pour contrôler que tout se passe bien. Quand il revient au lit, sa femme lui demande: «Comment va le bébé?»
Quand la régénération génère des revenus
Le «bébé» de Franz Keiser, une machine à mi-chemin entre l’installation minière et la fusée lunaire.
Il n’y a pas (encore) beaucoup d’agriculteurs comme Franz Keiser. Dans les fermes voisines, ce dernier a trouvé quelques alliés avec lesquels il a fondé la société Verora. Dans la vallée de Flaach, 26 agriculteurs ont créé une autre structure nommée AgroCO2ncept. Le but est d’améliorer la capacité naturelle de stockage de CO2 dans les sols en faisant appel à des pratiques agricoles respectueuses et à des cultures ciblées. Et il y a des pionniers individuels, au nombre d’une centaine en Suisse et plus encore à l’étranger, qui travaillent dans le même esprit. Une étude européenne montre que ces agriculteurs sont sur la bonne voie, y compris sur le plan financier: cinq ans après le passage à l’agriculture régénératrice, pas une seule ferme n’est déficitaire. Un peu plus de la moitié des exploitations agricoles sont restées au même niveau de rentabilité, tandis que les rendements des autres ont connu une augmentation située dans une fourchette de 1 à 10 %.
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Les mauvaises herbes? Un super-aliment! Autre visite, cette fois à Mönchaltorf, près du lac de Greifen, un matin du mois de mars. Nous voulons rencontrer l’un de ces pionniers solitaires. Matthias Hollenstein est de haute taille. Il porte un bonnet et deux capuchons par-dessus, la barbe et une boucle d’oreille. Il a pris à bail la ferme Eichhof: «Mon rêve», dit-il. L’exploitation se situe au bord d’un sentier bordé par une jungle qu’il qualifie de «forêt comestible». Il fait le tour de son domaine. Avec la pluie verglaçante qui tombe quasiment à l’horizontale, il n’y a pas grand- chose d’autre à faire. Matthias Hollenstein apporte quand même une bêche pour enlever le rumex. Même s’il n’y a pas vraiment de mauvaises herbes dans son univers. L’agriculteur plante même du souchet, qui est «l’ennemi numéro 1 sur l’échelle de la peur» en agriculture conventionnelle: «En fait, c’est un super-aliment.» La vue sur le paysage hivernal indique immédiatement comment travaille Matthias Hollenstein et comment font ses v oisins qui se conforment à la doctrine courante en agriculture. Pour eux, le sol est un substrat nutritif subventionné par l’État, qu’on a le droit d’empoisonner sans sanction aucune. Tout est rectangulaire. Les monocultures dominent. Tout est parfaitement rangé. Ce qui peut paraître typiquement suisse est en réalité absurde: le labourage bouleverse la structure du sol et représente l’une des principales causes d’érosion. Rappelons-nous les 24 milliards de tonnes d’humus perdues chaque année …
Chaos multiculturel
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Au contraire, chez Matthias Hollenstein, c’est un chaos bien organisé qui prospère. Ses champs sont véritablement multiculturels. La verdure pousse aussi dru qu’une forêt pluvieuse vue à vol d’avion. Même en hiver. Les cultures de cime di rapa sont parsemées de trèfles et d’épeautre. Le persil et la ciboulette s’entremêlent au brocoli violet. L’orge nue jaillit accompagnée de cameline, de trèfle et de gazon pour green de golf. Matthias Hollenstein mise lui aussi sur le compost, mais avec une démarche un peu différente: pour permettre au sol de se régénérer, il combine toujours ses cultures avec des engrais verts (comestibles): épinards, radis, laitue, tournesol, trèfle incarnat, maïs, phacélie, féverole, coriandre, pois, herbes diverses. «Je ne fertilise pas mon sol, je le nourris», explique-t-il. Quand ces engrais verts ont rempli leur tâche, il les intègre à la couche supérieure du sol. C’est ce qu’on appelle le compostage de surface, un principe fondamental de l’agriculture régénératrice. La terre ne reste jamais découverte. L’agriculteur veille à préserver les racines, les galeries creusées par les vers de terre, les biocénoses de mycéliums fongiques, de bactéries et de
Avec le principe slow grow, la qualité du sol est encore meilleure après les récoltes. La terre ne reste jamais découverte, même en hiver: Matthias Hollenstein (à droite) sur un champ de cultures mixtes.
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Long Story
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icroorganismes. Son objectif est qu’après la récolte, la qualité m du sol soit encore meilleure qu’avant. Mais comment vérifier l’état de santé du sol? Hormis les analyses chimiques, Matthias Hollenstein utilise une méthode toute simple: il examine les vers de terre. S’ils sont de couleur verte et non rouge, tout va bien. C’est que les processus digestifs naturels sont en pleine action: les vers transforment la chlorophylle absorbée en humus.
Faire confiance aux plantes Après le tour de la ferme, nous nous retirons à l’intérieur de la grange, où une sécheuse fait gonfler les gants de travail comme des tétines de vaches. L’agriculteur nous parle de sa collaboration avec des cuisiniers de restaurants étoilés ou de brasseries de quartier. Il leur montre sa récolte, et les menus sont élaborés à partir de cette offre. Actuellement, il propose du maïs fourrager biologique, qui donne une polenta fantastique. Les cuisiniers servent alors leurs clients en disant: «Voici votre polenta à base de maïs de fourrage!» «Tout n’est qu’une question de définition», dit Matthias Hollenstein avec un sourire amusé. La nature ne juge pas, contrairement à l’être humain … Il lui a fallu «un millier d’essais» pour en arriver là, dit cet ingénieur mécanicien de formation. Après ses études, il tourne le dos au travail de bureau pour faire un apprentissage en agriculture biodynamique. Sept ans plus tard, il reste totalement convaincu de son approche. Il sait qu’il est en rupture par rapport aux pratiques courantes. De temps en temps, il constate que les agriculteurs conventionnels du voisinage font un détour, avec leur tonne à lisier, pour jeter un coup d’œil sur ses champs. «Ils ne peuvent pas croire que c’est une bonne chose de faire confiance aux plantes.»
Le principe slow grow
Lavage de la cima di rapa: les restaurants adaptent leur menu à ce que Matthias Hollenstein peut livrer, et non à la demande des clients. À la ferme Eichhof, le sol n’est pas fertilisé, il est nourri: récolte de choux de Bruxelles. Pour protéger le sol, Matthias Hollenstein lubrifie ses machines avec de la graisse de cuisson.
Les cultures de Matthias Hollenstein sont saines et vigoureuses, même si les produits peuvent être légèrement plus petits. Au lieu d’être gonflés d’eau, ils sont pleins de vitamines, d’arômes et de nutriments, régénérant la nature mais aussi l’être humain. Tandis que les carottes biologiques courantes ont un indice de Brix 6 pour la densité relative des liquides, celles de Matthias Hollenstein atteignent la valeur sensationnelle de 10 degrés Brix. «Ça fait du bien d’avoir ce constat noir sur blanc», dit-il. Il appelle cela le principe slow grow.
Cure de désintoxication pour la terre Revenons à Franz Keiser. La tempête devient trop forte et nous nous réfugions au bureau de la ferme, juste assez grand pour une table et une chaise recouverte d’une peau de mouton défraîchie. Au
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mur, un portrait de Jésus sur la croix et un autre de Christoph Blocher, avec une bulle qui dit: «L’essentiel, c’est le motif.» C’est là que l’agriculteur s’anime, fustigeant la politique agricole de la Confédération. Il raconte comment un conseiller lui a recommandé des engrais synthétiques, qui ruinent son sol. Quand il prend conscience de la situation catastrophique, il doit d’abord faire «une cure de désintoxication; le sol était comme un toxicomane». La terre se remettra à produire, mais seulement après avoir été inoculée avec des microorganismes et fertilisée avec l’humus spécial de Franz Keiser. Le charbon végétal, c’est comme une richesse sous-terraine, un phénomène invisible, mais qui était connu des anciens. Les civilisations amérindiennes du bassin amazonien l’utilisaient déjà il y a des siècles. Leurs sols contenaient jusqu’à 20 % d’humus. «Sur mes terres, j’ai réussi à passer de 3 à 5 % d’humus. Mon fils atteindra peut-être les 8 %.»
Bilan climat positif Franz Keiser souhaite que d’autres suivent son exemple. Quelques centaines d’installations de ce genre, réparties sur le territoire suisse pour éviter les transports longue distance, ce serait bien. Les installations de pyrolyse ont un bilan climat positif, ce qui signifie qu’elles absorbent plus de carbone qu’elles n’en rejettent. «Ma machine séquestre un volume de carbone équivalant aux rejets de 65 familles», précise-t-il. Le calcul a été fait par des experts. Franz Keiser, le grand penseur qui rejette le terme d’agriculture régénératrice, n’hésite pourtant pas à parler de «molécules à chaîne courte», de «réacteur à double vis» ou de «gazéification à haute température». Cependant, il a ses doutes à propos du charbon végétal: «Nous devons changer de système, au lieu de simplement lutter contre les symptômes.» Il demande un changement de cap, que les gens fassent comme lui, qu’ils arrêtent de prendre l’avion, de gaspiller les ressources … Une telle perspective a-t-elle des chances d’aboutir? Difficile de répondre. Caressant son bouvier bernois nommé Ben, Franz Keiser tend l’oreille, pour capter un éventuel problème de sa machine. Sa conclusion: «Il faut avoir le courage d’être différent.»
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Auteur: Christian Schmidt est journaliste et rédacteur pour des associations. Auteur de plusieurs livres, il travaille en indépendant par conviction. Il a remporté divers prix, notamment le Prix de journalisme de Zurich.
Photographe: Andri Pol est photographe indépendant. Ancien rédacteur photo de GEO Suisse, il a aussi travaillé pour Das Magazin et comme enseignant au Centre de formation médiatique MAZ à Lucerne.
Un kilo de viande de bœuf suisse
Face cachée
60 mg d’antibiotiques
27 kg de CO2
39 m2 de surface 21 m2 de sols surfertilisés 110 g d’éléments eutrophisants CO2
Surface
Sols
Les vaches produisent de grandes quantités de gaz à effet de serre, dont le méthane. Un kilogramme de viande de bœuf représente des rejets de CO2 équivalant à un trajet en voiture de Zurich à Berne.
L’élevage bovin utilise beaucoup de surface pour les cultures fourragères. Pour produire un kilo de pommes de terre destinées à la consommation humaine, il faut une surface de 0,3 m2, environ cent fois moins que pour un kilo de viande de bœuf.
La Suisse présente un trop grand nombre d’animaux de rente produisant des quantités excessives de lisier qui aboutissent dans les champs. Avec pour conséquence une perte de biodiversité et une augmentation des poussières fines dans l’air.
Eutrophisation des eaux Un kilo de viande de bœuf constitue un apport de 105 grammes d’azote et de près de 5 grammes de phosphore dans les lacs, les rivières et les ruisseaux. Cette eutrophisation des eaux crée un environnement hostile pour les organismes vivants.
Sources: Agroscope (analyse du cycle de vie de la viande de bœuf), myclimate (émissions de CO2 par trajet en voiture), OSAV (chiffres pour l’extrapolation des antibiotiques)
Antibiotiques Le volume d’anti biotiques utilisés dans l’agriculture suisse n’est pas connu. La Confédération commence cette année à collecter les données correspondantes. Les 60 milligrammes indiqués se basent sur une extrapolation approximative par Greenpeace.
Recettes sans viande sur YouTube
Texte: Thomas Mäder. Photo: Anja Wille Schori
L’AGRI CULTURE
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DE L’AVENIR
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Engrais chimiques, pesticides, gaz à effet de serre, souffrance animale: l’agriculture suisse doit se réinventer. La vision de Greenpeace donne des pistes pour un nouveau cap.
Éclairage
Production alimentaire La plus grande partie des terres arables suisses est aujourd’hui oc cupée par les cultures fourragères, en particulier le maïs et les céréales à fourrage. Ce n’est pas efficace, car les produits animaliers néces sitent beaucoup plus de surface que les produits végétaux. En 2050, ce gaspillage du sol sera révolu. Les champs suisses serviront unique ment à produire des aliments pour les êtres humains, et non plus pour les animaux. Le nombre d’ani maux d’élevage sera nettement moindre. Les cheptels de poulets de chair et de porcs diminueront massivement.
Réduction des cheptels Texte: Thomas Mäder, Greenpeace Suisse Illustration: Benjamin Güdel
Greenpeace réclame depuis longtemps un changement de cap pour l’agriculture suisse. Il faut dépasser l’illusion du rendement maximal et adopter un système écologique et durable. Mais comment réussir un tel revirement et quel sera son impact? Des scientifiques de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) ont étudié ces questions. Grâce à leurs modélisations détaillées, Greenpeace est en mesure de présenter une vision claire, appelée PERA, qui montre à quoi devrait ressembler l’agriculture suisse en 2050.
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En 2050, la Suisse ne comptera plus qu’un tiers du nombre actuel d’animaux d’élevage. L’espèce la plus commune sera la vache, qui n’a pas besoin de cultures fourra gères pour se nourrir et qui peut paître sur des surfaces non adap tées à la production alimentaire, en particulier en région de montagne. Conséquence pour les consom mateurs: la viande redeviendra un plat fin. Celles et ceux qui le sou haitent s’offriront un steak ou une saucisse une ou deux fois par se maine. L’essentiel de l’alimenta tion sera de nature végétale, par souci du bien-être animal, de la protection de l’environnement et de la santé humaine.
Élevage respectueux des animaux
L’élevage industriel est aujourd’hui la norme en Suisse, surtout pour les poules et les porcs. Avec des impacts négatifs multiples: prai ries et eaux surfertilisées, nui sances massives pour le climat et souffrance animale indicible. Dans trente ans, il n’y aura plus d’élevages industriels en Suisse. Tous les animaux auront assez d’espace pour vivre et accès à des pâturages. La durée de vie des vaches laitières sera de dix ans, deux fois plus qu’aujourd’hui. Les veaux resteront plusieurs mois au près de leur mère, qui les nourrira tout en se faisant traire. Les émis sions annuelles de gaz à effet de serre en provenance de l’agricultu re baisseront d’un tiers par rapport à l’état actuel.
Cultures adaptées aux conditions locales
les sols. Ce mode de production n’est pas viable à long terme. Selon la vision de Green peace, les pratiques actuelles de l’agriculture biologique devien draient la norme: une agriculture sans engrais minéraux et sans pesticides chimiques de synthèse, avec des cycles d’éléments fertili sants fermés et des cultures adap tées aux conditions locales, donc ne nécessitant pas de produits chimiques pour pousser en Suisse. La biodiversité augmentera et la Suisse sera indépendante des importations de pesticides et d’en grais. La sécurité de l’approvision nement sera donc plus grande, même avec une baisse de la pro duction interne de calories. Et la fertilité des sols sera préservée à long terme.
est possible. Mais elle exige que toutes les parties prenantes re voient leur attitude: agricultrices et agriculteurs, consommatrices et consommateurs, politiciennes et politiciens. En fin de compte, tout le monde sera gagnant: la population suisse bénéficiera d’une alimen tation saine produite en Suisse, et l’agriculture suisse se donnera un caractère unique et attractif par rapport à d’autres pays. Voir le débat sur la vision pour l’agriculture en pages 31 et 32.
Davantage d’espace pour la nature Les pratiques agricoles respec tueuses de la nature, sans engrais minéraux et sans pesticides de syn thèse, sont très bénéfiques pour la biodiversité. Les surfaces laissées à la nature sont encore plus pré cieuses. D’ici 2050, 400 000 hec tares, soit deux fois la superficie du canton de Saint-Gall, ne seront plus cultivés. Cela permettra le rétablissement de nombreuses es pèces en voie de disparition.
Sur la plupart des champs suisses, la culture est aujourd’hui axée sur Conclusion: un rendement maximal. Or cette un changement de cap approche est fondée sur une illu sion. Le coût de l’agriculture inten est nécessaire sive est très élevé: la production d’engrais chimiques est énergivore, La vision de Greenpeace dé les pesticides détruisent la biodi montre qu’une agriculture écolo versité et les monocultures lessivent gique et respectueuse des animaux
Informations sur la vision de Greenpeace pour l’agriculture
Illustration: Benjamin Güdel a commencé à dessiner au jardin d’enfants et travaille dans l’illustration depuis l’âge de 30 ans. Né à Berne, il vit aujourd’hui à Zurich. Il s’est notamment distingué par ses bandes dessinées underground.
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300 g de fromage de chèvre frais
La passion de Laura Schälchli, c’est la cuisine savoureuse, simple et saine. Avec son local Sobre Mesa, cette adepte de la mouvance slow food domiciliée à Zurich veut favoriser les rencontres autour de la culture gastronomique. Car manger, ce n’est pas seulement un besoin vital. Il faut aussi s’intéresser à la provenance de nos aliments, aux producteurs qui consacrent leur temps et leur énergie à nous fournir de quoi manger. L’alimentation soulève en effet des questions politiques et morales qui sont au cœur du travail de Laura Schälchli, comme
1 dl de vin blanc
la lutte contre le gaspillage alimentaire et les déchets. Dans ses cours, ses dégustations et ses ateliers, Laura Schälchli transmet ses connaissances sur la confection de plats simples et authentiques, toujours conçus pour le plaisir gustatif. Si vous avez des questions sur l’alimentation, n’hésitez pas à contacter Laura Schälchli: info@sobre-mesa.com. Sur www.greenpeace.ch/fr/magazine/ recette-betterave-rouge, vous trouverez la recette du risotto aux betteraves rouges et un long entretien sur le travail de Laura Schälchli. Photo: Isabel Truniger est photographe à Zurich. Elle exerce son deuxième métier de jardinière avec la même passion et la même précision.
40 g d’éclats de cacao
200 g de betteraves rouges cuites 80 g de beurre
300 g de riz pour risotto
1 litre de bouillon de légumes
1 oignon haché
Recette
Débat
Transition nécessaire ou autogoal écologique?
La vision Greenpeace pour l’agriculture de 2050 appelle à un changement systémique dans la production agricole. L’Union suisse des paysans évoque des désavantages pour les agriculteurs et l’environnement. Texte: Pieter Poldervaart
Philippe Schenkel, expert Greenpeace en agriculture durable
Martin Rufer, responsable du département production, marché et écologie de l’Union suisse des paysans
Votre vision dit que l’agriculture suisse est axée sur une production maximale. Mais l’agriculture biologique est en plein essor et les normes suisses en matière de protection des animaux sont à la pointe mondiale. Le changement radical proposé par Greenpeace n’est-il pas un peu exagéré?
Greenpeace demande que l’ensemble de l’agriculture renonce aux pesticides de synthèse et aux engrais minéraux d’ici 2050. Est-ce bien réaliste?
Il est vrai qu’il y a des évolutions positives, mais il est impossible d’atteindre les «ob jectifs environnementaux pour l’agricul ture» de la Confédération dans le cadre de la politique agricole actuelle. Les pro blèmes sont réels. Il n’y a qu’à voir le déclin des insectes ou les résidus de pesticides dans l’eau potable. Les petites améliora tions ne suffisent pas. Un vrai changement de cap est nécessaire.
Les petites améliorations ne suffisent pas. Philippe Schenkel
Beaucoup de choses ont déjà changé. Ces dix dernières années, l’utilisation de pesticides non biologiques a diminué d’un quart en Suisse. C’est aussi grâce à des avancées technologiques comme les robots désherbeurs, qui viennent remplacer les herbicides. Et la sélection de plantes résistantes réduit les besoins en fongicides. D’ailleurs, les consommateurs ont déjà le choix et peuvent contribuer au changement. Dans son texte «Agriculture 2050», l’Union suisse des paysans évoque
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l’objectif des «surfaces agricoles maximales». Pourquoi continuez-vous à miser sur la superficie?
Votre vision demande la protection du paysage rural, des eaux souterraines, du climat et des animaux de rente. Est-ce vraiment à l’agriculture de garantir tout cela?
Le problème n’est pas seulement l’agri culture, c’est notre alimentation. La pro duction alimentaire est responsable d’une grande partie de notre empreinte écolo gique. Greenpeace entend simplement faire respecter l’art. 104a de la Consti tution fédérale, qui demande «une pro duction de denrées alimentaires adaptée aux conditions locales et utilisant les res sources de manière efficiente». Il n’est pas exagéré de demander que notre agricul ture produise des aliments sains tout en protégeant l’environnement et le bien-être animal.
Il n’est pas logique d’exiger une adaptation de la production suisse si le comportement des consommateurs ne change pas.
Cette citation n’est pas correcte. Nous ne voulons pas un maximum de surfaces agricoles, mais simplement préserver les terres cultivées existantes. La Suisse continue de bétonner près d’un mètre carré de sol par seconde. L’Union suisse des paysans s’engage pour une protection stricte de la zone agricole, qui est notre base de production. C’est là un point commun que nous avons avec les associations environnementales. Mails il faut aussi admettre que sur l’ensemble de la pollution environnementale dont la Suisse est responsable, trois quarts sont occasionnés à l’étranger, à travers les marchandises importées.
Martin Rufer
Que voulez-vous dire?
Un élément central de votre vision est la réduction massive de la production de viande en Suisse. Mais cela ne favorise-til pas les importations de volaille et de viande de porc? Les normes d’élevage sont encore pires dans les autres pays … N’est-ce pas là un autogoal?
Il ne s’agit évidemment pas d’augmenter les importations de viande. Notre vision est ambitieuse: la consommation de viande devrait passer de 50 à moins de 15 kilogrammes par an et par habitant. La tendance générale va déjà dans le bon sens. Nous ne demandons pas un monde végane. Et de nombreuses personnes se remettent actuellement en question et changent leurs habitudes alimentaires.
Qu’il n’est pas logique d’exiger une adaptation de la production suisse si le comportement des consommateurs ne change pas. Sinon les agriculteurs suisses seront évincés du marché et les impacts environnementaux de la consommation seront encore plus importants à l’extérieur du pays.
Nous ne demandons pas un monde végane. Philippe Schenkel
Les agriculteurs suisses sont-ils prêts à passer à des produits de niche comme le quinoa?
Je me réjouis de chaque agriculteur qui trouve un créneau de marché. Le moteur, c’est le marché. Si la demande existe, l’agriculture suivra volontiers. Le quinoa est un bon exemple: les céréales qui viennent d’ailleurs peuvent très bien être cultivées de manière écologique en Suisse et leur production pourrait même être socialement plus acceptable que dans la région d’origine.
Pour en savoir plus Accédez au débat intégral entre Philippe Schenkel et Martin Rufer sur la vision agricole: www.greenpeace.ch/fr/magazine/debat-agriculture
Illustration: Alina Günter, graphiste et illustratrice, vit et travaille à Zurich. www.alinaguenter.ch
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Pieter Poldervaart est journaliste indépendant au bureau Kohlenberg, à Bâle. Il est spécialisé dans les questions d’environnement et de consommation.
OÙ FINISSENT NOS DÉCHETS PLASTIQUES? Début 2017, la Chine a décidé de ne plus importer de déchets plastiques. D’autres pays asiatiques, comme la Malaisie, prennent actuellement la relève. Une enquête de Greenpeace révèle les dimensions du problème: au cours des sept premiers mois 2018, la Malaisie a importé 754 000 tonnes de déchets plastiques, un poids équivalant à 100 000 éléphants ou à 19 000 tramways. La plus grande partie de cette montagne de plastique a été livrée par les ÉtatsUnis, suivis du Japon et de la Grande-Bretagne. Une petite partie des déchets vient de Suisse. En Malaisie, ce plastique en principe destiné au recyclage est souvent déposé dans des décharges illégales ou brûlé à ciel ouvert.
ntés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écolo
Investigation
«Tout le monde n’a pas ce courage»
Gioia Theler, 83 ans, maman et grand-maman engagée dans la protection de l’environnement et des animaux, a décidé il y a de nombreuses années de faire un legs à Greenpeace.
«Je suis inquiète, car les êtres humains semblent incapables de tirer les leçons de leurs erreurs, avec des conséquences dramatiques pour la planète. Greenpeace est l’organisation la plus engagée pour préserver l’environnement. Elle est claire dans ses déclarations, ses objectifs et sa façon de procéder. Greenpeace ne se laissera jamais acheter par des groupes d’intérêts. Elle mène des campagnes énergiques et n’a pas peur de s’exposer à la critique. Tout le monde n’a pas ce courage. Je soutiens Greenpeace depuis longtemps, et je n’ai pas hésité à inclure l’organisation dans mon testament.»
S’engager tout au long de la vie pour un avenir écologique, et même au-delà, c’est possible en pensant à Greenpeace lorsque l’on rédige son testament. Pour commander le guide gratuit sur les testaments: anouk.vanasperen@greenpeace. org, tél. 022 907 72 75. Vous trouverez la version complète de l’entretien avec Gioia à l’adresse: www.greenpeace.ch/fr/ magazine/interview-gioia
Énigme
Énigme sur Greenpeace et ses campagnes
Greenpeace, c’est l’aspiration à la paix, la protection de l’environnement, les actions en haute mer, les escalades en rappel sur des tours de refroidissement, des militants tenaces enchaînés à des arbres ou b loquant des transports de substances toxiques. Mais Greenpeace, ce sont aussi les personnes comme vous, qui s’engagent pour l’avenir de la planète. Testez vos connaissances avec cette énigme! Découvrez à quel point votre soutien est important et l’usage qui est fait de vos dons dans les campagnes. Bonne chance!
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Qui sont les personnes qui sont dans la rue pour Greenpeace par tous les temps? F B E
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les militants les dialogueurs les bénévoles
Quel pourcentage des gaz à effet de serre est dû à l’agriculture en Suisse? T 10 % M 8 % U 13 %
Quel est le pays qui produit le plus de déchets de plastique au monde? R W E
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la Grande-Bretagne la Chine les États-Unis
Quel bateau de Greenpeace est mobilisé contre la pollution plastique aux Philippines? A Beluga G Rainbow Warrior U Arctic Sunrise
Quelle est l’association qui veut mettre en œuvre rapidement l’Accord de Paris sur le climat et qui a lancé l’initiative pour les glaciers? L l’Association suisse pour la p rotection du climat N Greenpeace G l’Association suisse pour les glaciers
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Quelle est la surface de culture fourragère nécessaire à la production d’un kilogramme de viande de bœuf suisse? S L A
50 m2 25 m2 39 m2
Solution: Dix heureux gagnants choisis par tirage au sort se verront offrir un paquet de semences pour des prairies à papillons, avec des graines d’herbes, de plantes aromatiques et de fleurs. Pour soutenir les papillons qui ne trouvent plus assez de nourriture dans nos espaces verts, sur nos balcons et nos terrasses. Envoyez la solution par courriel à redaction@greenpeace.ch ou par courrier à Greenpeace Suisse, rédaction magazine, énigme écologique, case postale 9320, 8036 Zurich. Délai: 15 juillet 2019. Le recours à la voie juridique est exclu. Aucun échange de courrier n’aura lieu concernant le tirage au sort.
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La solution de l’énigme du magazine 04/18 était: Peoplepower. Découvrez d’autres produits de la boutique de Greenpeace sur: www.greenpeace-magazin.de/warenhaus.
Le mot de la fin
Les vecteurs du changement
Ils ne sont pas encore très nombreux, mais ils existent, ces vecteurs du changement comme Franz Keiser et Matthias Hollenstein, qui s’engagent pour un changement dans l’agriculture. Ils agissent concrètement, sans pérorer, sans tergiverser, juste en créant des solutions. Ils font des essais, efficaces ou pas, et persévèrent. Courageux et endurants, ils nagent à contre-courant. Je les admire. Ils me donnent force et espoir. Je voudrais vous inviter, chère lectrice, cher lecteur, à vous intéresser à ces vecteurs du changement et à vous laisser gagner par leur courage. L’Union suisse des paysans se cache derrière des faux-semblants, déclarant: «Le moteur, c’est le marché. Si la demande existe, l’agriculture suivra volontiers.» Elle n’assume pas ses responsabilités. C’est déplorable! Une association aussi puissante devrait être à la pointe du nécessaire changement de système. D’où l’importance de précurseurs comme Franz Keiser et Matthias Hollenstein ou de la vision de Greenpeace pour l’agriculture, qui donne des pistes pour une solution. Vous aussi, vous pouvez faire preuve de courage et être un vecteur de changement, avec la contribution qui vous convient. En participant aux élections, en vous mobilisant lors de la prochaine grève pour le climat, en cuisinant végane à la maison … Laissez-vous inspirer par des personnes qui vont à l’encontre des idées reçues et quittez de temps en temps votre zone de confort. Vous rencontrerez des personnes qui explorent la nouveauté, avec des découvertes passionnantes et novatrices à la clé. Ensemble, construisons l’avenir que nous souhaitons pour nos enfants et nos petits-enfants!
Iris Menn Directrice de Greenpeace Suisse
Petit lexique de l’agriculture biologique
Agriculture biologique Il existe essentiellement deux formes d’agriculture biologique: l’agriculture biologique organique (par ex. label Bourgeon) et l’agriculture biodynamique (label Demeter). Les deux partagent les principes suivants: pas de pesticides chimiques, pas d’engrais minéraux, pas de génie génétique, élevage respectueux des animaux. L’agriculture biodynamique utilise en plus des préparations spéciales basées sur les enseignements anthroposophiques de Rudolf Steiner.
Charbon végétal Le charbon végétal est produit avec des végétaux transformés par pyrolyse (un procédé apparenté à la combustion). Le charbon végétal, ou biochar, est utilisé pour améliorer le sol et constitue la base de la terra preta, la terre noire déjà utilisée par les a nciennes cultures indiennes d’Amazonie. C’est une terre très fertile, qui séquestre le CO2 de l’atmosphère. ( Agriculture régénératrice)
Humus L’humus est la partie du sol constituée de matière organique décomposée. Autrement dit, c’est tout ce qui a vécu et s’est ensuite transformé en terre. L’entretien et la régénération d’une couche d’humus saine sont des éléments essentiels d’une agric ul ture durable ou régénératrice. S’il est riche en humus, le sol sera fertile.
Culture mixte Dans la nature, il n’existe pratiquement pas d’espèce végétale qui pousse de manière isolée. La culture mixte se conforme à ce principe et combine diverses cultures plantées ensemble ou côte à côte. Cette méthode proche de la nature présente de grands avantages: certaines plantes se débarrassent mutuellement des ravageurs. Un bon exemple est la culture mixte des carottes et des oignons qui, plantés ensemble, éloignent à la fois la mouche mineuse de l’oignon et la mouche de la carotte.
Paillis Le principe du paillage, c’est de recouvrir les cultures pour les protéger. Une fine couche de matière organique, comme de l’herbe coupée, empêche la pluie de lessiver les éléments nutritifs du sol, préserve l’humidité du sol en cas de canicule, entrave la croissance des mauvaises herbes sans aucun produit chimique, et stimule la vie du sol et donc la formation de l’humus. ( Agriculture régénératrice)
Agriculture régénératrice L’agriculture régénératrice vise à reconstituer les sols. La formation de l’humus est activement stimulée, ce qui rend le sol fertile. De plus, le sol ainsi assaini stocke davantage de CO2, contribuant à la lutte contre la crise climatique. L’agriculture régénératrice utilise du compost, du charbon végétal ou du paillis.
Soutenez Greenpeace de l’Arctique à l’Antarctique pour un voyage unique en faveur d’un traité mondial sur la protection des eaux internationales.
Informations sur le Pole to Pole Tour: www.greenpeace.ch/fr/ magazine/oceans
Devenez parrain ou marraine: www.greenpeace.ch/fr/ dons/greenpeace-parrainages 80-6222-8
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Die Annahmestelle L’office de dépôt L’ufficio d’accettazione
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Motif de paiement (merci de l’indiquer en cas de versement en ligne): Mag192
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Versement Virement
Oui, j’offre à Greenpeace un don de:
Einzahlung Giro
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800062228>
Madame et Monsieur
04.2019
Versamento Girata
330 jours en mer avec l’Esperanza
Einzahlung für / Versement pour / Versamento per
24 000 milles marins
Empfangsschein / Récépissé / Ricevuta
Expédition Greenpeace pour la protection des océans 441.02
AZB CH-8036 Zürich PP/Journal Post CH AG
Illustration: Ruedi Widmer publie régulièrement des dessins satiriques et des tribunes, notamment dans la WOZ, le Tages-Anzeiger, le journal satirique allemand Titanic et Spiegel Online.