Greenpeace: incroyablement utile

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GREENPEACE: INCROYABLEMENT UTILE

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SOMMAIRE 1. GREENPEACE ET L’UTILITÉ PUBLIQUE: PRÉSENTATION 4 2. GREENPEACE PRÉSERVE LES BASES DE LA VIE

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2.1 Pour une solution globale à la crise climatique Énergies renouvelables Une place financière durable Justice climatique Protection des forêts Sécurité nucléaire

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2.2 Pour des systèmes de consommation responsables Surconsommation et économie circulaire Pollution plastique et zéro déchet Système alimentaire durable

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2.3 Pour la protection des océans du monde Antarctique Arctique Traité mondial sur les océans Exploitation minière en eaux profondes

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2.4 Pour une gestion responsable des produits chimiques et des déchets toxiques

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2.5 Aide en cas de catastrophe 16 Fukushima: des mesures indépendantes pour protéger la population 16 Russie: bénévoles en lutte contre les feux de forêt 17 3. POUR UN VÉRITABLE CHANGEMENT

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1. GREENPEACE ET L’UTILITÉ PUBLIQUE: PRÉSENTATION

Les premiers temps de Greenpeace. © Robert Keziere / Rex Weyler / Greenpeace

Depuis plus de 50 ans, Greenpeace change le monde. En 1971, une poignée de militant·es prend la mer, motivée par la conviction qu’un petit groupe peut faire la différence dans la quête d’un monde écologique et pacifique. Ils et elles protestent contre les essais nucléaires américains sur Amchitka, une petite île au large de la côte ouest de l’Alaska. Cette action donnera lieu à la création de la Fondation Greenpeace à Vancouver, en 1972. Depuis lors, Greenpeace est en première ligne dans la lutte contre la dégradation de l’environnement. «Bearing witness», c’est-à-dire «porter témoignage», dénoncer les problèmes et attirer l’attention sur les abus: c’est là l’une de nos principales missions dès les débuts de Greenpeace, en particulier lorsque les États, les autorités,

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les politiques ou les entreprises n’assument pas leurs responsabilités. Et c’est exactement ce que faisaient déjà les «combattant·es de l’arc-en-ciel» de 1971, en se rendant sur le lieu du crime environnemental avec leur bateau et en révélant ce scandale au public. Une vague de sympathie les accompagne depuis le Canada et les États-Unis. Les essais nucléaires sont d’abord reportés, puis annulés, et l’île sera même déclarée réserve ornithologique. Les actions menées par les bénévoles Greenpeace au cours des années suivantes pousseront la France à mettre fin à ses propres essais nucléaires en surface dans le Pacifique. Greenpeace Suisse est créée en 1984 en tant que fondation d’utilité publique dans le but d’«assurer le bien-être de la collectivité en promouvant la défense de la nature, de l’environnement et

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des animaux». L’utilité publique est un aspect essentiel de notre travail. Nous nous considérons comme une organisation de défense de la nature qui s’engage dans la préservation des bases de la vie humaine et animale ainsi que de l’environnement, servant ainsi le bien-être de la collectivité. Greenpeace aspire à un monde «écologique, équitable et pacifique». La notion d’utilité publique ne connaît pas de définition officielle en Suisse et ne constitue pas non plus une désignation protégée. En cherchant à définir le terme, on constate qu’il est lié à des valeurs, qu’il est interprété différemment selon les lieux et qu’il évolue dans le temps. Sous certaines conditions, les organisations d’utilité publique sont exonérées d’impôts en Suisse. Outre la dimension nationale, il existe 26 approches cantonales différentes pour décider de la reconnaissance de l’utilité publique d’une organisation. Il existe cependant des éléments uniformément repris dans la plupart des définitions: • le désintéressement, c’est-à-dire l’absence d’intérêt propre, et donc ... • ... la poursuite de l’intérêt général, par exemple dans le domaine caritatif, humanitaire, écologique, scientifique ou culturel; • ainsi que l’absence de but lucratif. Greenpeace répond à tous ces critères. Pour réaliser notre vision d’une planète sur laquelle la vie peut s’épanouir dans toute sa diversité, Greenpeace dénonce les abus, demande des comptes aux pollueurs, interpelle les gouvernements ainsi que les entreprises et avance des solutions. Outre leurs nombreuses autres activités, les bénévoles Greenpeace organisent des actions spectaculaires pour atteindre ces objectifs. L’une des grandes forces de Greenpeace est de savoir construire une pression publique. En dehors de nos actions, nous exerçons notre influence par des contacts directs. Que ce soit devant l’Assemblée générale des Nations Unies, à la Banque mondiale ou dans des forums et groupes d’experts nationaux et internationaux, on peut rencontrer des collaboratrices et collaborateurs Greenpeace partout. Pour construire notre expertise, nous effectuons des recherches approfondies avant de dénoncer un scandale environnemental et ses responsables. Nous relevons les faits pertinents et les soumettons à des analyses rigoureuses et indépendantes, notamment dans nos propres laboratoires scientifiques. Le cœur de notre organisation, ce sont nos 50 000 bénévoles qui s’engagent dans le monde entier. En Suisse, nous pouvons compter sur l’engagement de centaines de personnes actives. Outre les autres outils d’information du public, l’action directe non violente est un moyen important pour

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Greenpeace afin de mettre au jour les problèmes et d’attirer l’attention sur les dysfonctionnements tout en exigeant et en impulsant des changements positifs. Les militant·es Greenpeace confrontent ceux qui causent des dommages environnementaux ou qui en sont responsables, si possible sur le lieu même du crime environnemental. Ils et elles rendent pacifiquement témoignage de la destruction de l’environnement. La particularité de Greenpeace est le caractère provocateur, énergique, parfois rebelle et confrontatif de ses activités ainsi que son mode d’action inattendu, intransigeant, courageux et systématiquement non-violent, basé sur un engagement total et une prise de risque personnelle. Nous lançons des controverses et des débats majeurs, susceptibles de faire évoluer la société, et créons la pression nécessaire au changement. Pendant de nombreuses années, des bénévoles formé·es par Greenpeace ont convaincu des milliers d’élèves de la nécessité d’agir grâce au programme de visites dans les écoles. Nous donnons une voix à la planète en nous engageant de manière désintéressée pour protéger les bases naturelles de la vie humaine et l’environnement, aujourd’hui et pour les générations futures. Greenpeace s’implique également sur les dossiers politiques, car la sphère politique opère des choix cruciaux concernant nos objectifs d’utilité publique. Nous exigeons et encourageons une législation respectueuse de l’environnement. Du point de vue de Greenpeace, l’économie du bien commun est un modèle économique viable, axé sur le bien commun et sur une bonne vie pour toutes et tous, au lieu du profit, du chiffre d’affaires ou des valeurs strictement financières. C’est pourquoi Greenpeace Suisse a établi son propre bilan de bien commun. Greenpeace est une organisation indépendante sur le plan politique et financier – nous n’acceptons aucun soutien ou don de la part d’entreprises, de collectivités, de partis politiques ou d’institutions internationales. Contrairement à la plupart des autres organisations, Greenpeace est exclusivement financée par des dons de particuliers et de fondations indépendantes. Cela nous permet de nous exprimer de manière libre et crédible, sans craintes ni préjugés, de nommer publiquement les pollueurs et de dénoncer les scandales environnementaux. Plus de trois millions de personnes dans le monde, dont plus de 130 000 donatrices et donateurs en Suisse, nous procurent le soutien financier et la force de frappe politique nécessaires. Greenpeace compte actuellement 4000 employé·es dans ses bureaux nationaux et régionaux situés dans 26 pays.

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2. GREENPEACE PRÉSERVE LES BASES DE LA VIE Les problèmes sociaux et environnementaux du monde d’aujourd’hui ne peuvent plus être gérés à l’échelle des seuls États nationaux. Les organisations non gouvernementales nationales ou internationales comme Greenpeace endossent donc une responsabilité et un rôle de plus en plus importants. Elles apportent une contribution décisive pour révéler les abus, désigner les responsables et proposer des solutions qui font passer l’intérêt général avant toute autre chose. Les campagnes réussies dans un pays donnent souvent un signal y compris dans d’autres régions du globe.

Les Aînées pour la protection du climat posent des pansements géants entre deux glaciers en train de fondre dans les Alpes suisses. © Matthias Lüscher / Greenpeace

Nous présentons ici un choix de thèmes environnementaux sur lesquels Greenpeace s’engage avec succès, en partie depuis des décennies, contribuant à préserver les bases de la vie humaine pour nous et nos enfants ainsi que notre environnement.

2.1 Pour une solution globale à la crise climatique La crise climatique est le plus grand défi auquel l’humanité doit actuellement faire face. Depuis le début de l’industrialisation, la température a augmenté en moyenne de plus de 1 °C sur Terre, et même de plus de 2 °C en Suisse. Et notre pays continue de se réchauffer: la Suisse évolue vers davantage de sécheresses et de vagues de chaleur tandis que l’enneigement diminue et que les précipitations se font plus violentes. Greenpeace se sert des instruments politiques de notre démocratie afin de soutenir la protection du climat chaque fois que cela s’avère utile. Nous avons ainsi joué un rôle déterminant dans le lancement de l’initiative pour les glaciers, qui a été largement acceptée en votation populaire en 2023

À l’occasion de la conférence de 2022 sur la reconstruction de l’Ukraine, à Lugano. © Joakim Chardonnens / Greenpeace

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Des militant·es Greenpeace mènent une action artistique à Berne pour demander des fonds de pension respectueux du climat, 2023. © Jorma Mueller / Ex-Press / Greenpeace

en tant que contre-projet indirect (loi climat). Nos expert·es fournissent aux milieux politiques et économiques des études et des scénarios scientifiques sur la viabilité économique d’un approvisionnement énergétique respectueux du climat qui exclut l’énergie fossile ou nucléaire. Énergies renouvelables Depuis des décennies, Greenpeace s’engage sur le plan international et national pour des mesures fortes de protection du climat, pour l’abandon des énergies fossiles et la promotion des énergies renouvelables. Dès 1996, Greenpeace présentait la «voiture propre» SmILE, construite par trois entreprises suisses, une initiative qui a décroché le Prix suisse de l’innovation. Le modèle SmILE ne consommait que 3 litres aux 100 kilomètres, prouvant à l’industrie automobile qu’il est possible de réduire de moitié la consommation d’essence. En collaboration avec des expert·es, Greenpeace a aussi développé le SolarChill, un système de réfrigération qui combine protection de l’environnement, aide au développement et soins de santé. Le projet «Jeunesse solaire», lancé en 1998 et plusieurs fois récompensé, a permis de sensibiliser et d’intéresser les enfants et les jeunes à l’énergie solaire. Nous avons construit des installations solaires sur des bâtiments publics, des institutions sociales, des exploitations agricoles, des sièges d’entreprises ou des maisons particulières, associant concrètement les jeunes à toutes les étapes des travaux. En deux décennies, nous avons ainsi réalisé 260 installations solaires avec plus de 13 000 élèves de toute la Suisse. De plus, Greenpeace a réussi à convaincre les responsables de l’utilité de prévoir des installations solaires sur les nouveaux stades de Saint-Jacques à Bâle et de Wankdorf à Berne. En 2007, Greenpeace a publié la première édition du rapport précurseur «Energy[R]evolution», à la fois une vision et une feuille de route pour réduire massivement les émissions

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de carbone dans le secteur mondial de l’énergie, et pour aligner la consommation énergétique sur les objectifs de protection du climat. Notre Energy[R]evolution suisse, publiée en 2013 (et revue en 2022), démontre qu’un approvisionnement énergétique sûr sans composante nucléaire et presque sans émissions de CO2 est possible et économiquement viable. Une place financière durable L’un des axes de travail actuels de Greenpeace Suisse concerne la place financière suisse, qui est l’une des plus grandes du monde. Des milliers de milliards de francs transitent par la Suisse avant d’être injectés dans des activités économiques à travers le monde. Les banques et les fonds de pension suisses investissent eux-mêmes des milliards dans des projets néfastes pour le climat, comme les forages pétroliers, les aciéries, les transports lourds ou le déboisement des forêts tropicales pour la production de viande. Nous faisons campagne pour que cet argent serve à une économie durable et sociale, afin de préserver les bases de la vie sur Terre. Notre travail a contribué à une prise de conscience du public et des milieux politico-économiques au sujet de ce problème et continue à porter ses fruits: en 2017, les groupes d’assurance Swiss Re et Zurich ont décidé de revoir leurs investissements dans l’industrie du charbon à la baisse. Cela réduit massivement les émissions de CO2 et constitue un premier pas vers une place financière suisse respectueuse du climat. 23 500 personnes ont signé notre plainte collective contre les autorités de surveillance de la place financière déposée en 2020. Ensemble, nous avons demandé aux politiques et aux autorités de définir des mesures régulatrices pour une économie mondiale neutre en carbone. Depuis, des institutions comme UBS, Credit Suisse, la Banque nationale suisse ou encore le Fonds de compensa-

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tion AVS ont pris des mesures concrètes en faveur de la protection du climat. Ces changements sont encore trop timides, mais ils gagnent en importance. Le travail de Greenpeace a été un facteur essentiel pour pousser les institutions financières et les autorités de surveillance à mieux tenir compte de la protection du climat.

multinationales. Un nombre croissant de personnes s’appuient sur les premiers succès en justice pour porter plainte contre les États ou les entreprises qui continuent à réchauffer dangereusement notre planète, malgré les preuves accablantes, et qui portent ainsi atteinte à nos droits fondamentaux.

Justice climatique Les processus politiques sont lents, beaucoup trop lents pour faire face à la crise climatique. C’est pourquoi Greenpeace explore systématiquement des moyens alternatifs pour faire avancer la cause. Depuis 2016, les Aînées pour la protection du climat font régulièrement les gros titres: cette association lancée et soutenue par Greenpeace est composée de plus de 2500 retraitées qui ont porté plainte contre la Suisse. Considérant que l’État ne protège pas suffisamment leur droit humain à la vie, les Aînées pour la protection du climat luttent pour la justice climatique. En 2016, elles se sont adressées à la Confédération pour demander que le climat soit mieux protégé et que leur droit fondamental à la vie et à la santé soit respecté. Mais elles n’ont pas été entendues, et le Tribunal administratif fédéral ainsi que le Tribunal fédéral ont rejeté leurs recours. Elles ont donc porté leur affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Cette action climatique suisse est l’une des premières du genre à la Cour et pourrait devenir un précédent pour l’Europe, voire le monde entier. Après des décennies de négociations échouées et de querelles politiques, les Aînées pour la protection du climat pourraient faire bouger les choses, si la Cour européenne des droits de l’homme reconnaît que les États comme la Suisse doivent préserver nos droits humains en protégeant mieux le climat.

Protection des forêts Les forêts sont, avec les océans, les habitats les plus riches en espèces, les plus productifs et les plus précieux de la planète. Elles produisent de l’oxygène, stockent le carbone et régulent le climat. D’où l’engagement de Greenpeace en faveur de la protection des forêts du monde entier. Greenpeace lutte contre la déforestation tout autour du globe. Si de nombreuses zones forestières existent encore ou sont aujourd’hui protégées, c’est aussi parce que Greenpeace a protesté, informé et négocié, notamment avec le soutien de Greenpeace Suisse. Tour d’horizon de quelques cas emblématiques. Finlande et Russie: les forêts boréales nordiques constituent le plus grand écosystème forestier de la planète. Pour sauver ces derniers paradis naturels, Greenpeace s’engage depuis l’an 2000 aux côtés des Samis, peuple autochtone du nord de la Finlande. Un engagement couronné de succès: en 2009 et 2010, le gouvernement finlandais a décidé de protéger 250 000 hectares de forêt. En Russie, les militant·es Greenpeace ont contribué à ce que la forêt primaire de Kalevalski soit déclarée parc national en 2006. Et depuis 2019, la coupe rase est interdite dans le cœur de la forêt primaire de Dvinsky, une zone de la taille du Luxembourg. De plus, une campagne de Greenpeace a eu pour effet que les forêts situées le long des zones de frai telles que les rivières sont maintenant protégées. Canada: avec ses 6,4 millions d’hectares, la forêt pluviale du Great Bear, en Colombie-Britannique, est la plus grande forêt pluviale côtière en zone tempérée de la planète. Pour la préserver, Greenpeace s’est engagée dès 1997 aux côtés de la population autochtone. En 2009, le gouvernement canadien a décidé de protéger durablement 2,1 millions d’hectares et d’interdire 700 000 hectares supplémentaires à l’exploitation minière et forestière. Après de nouvelles négociations, un accord définitif a été trouvé en 2016: la surface boisée de la forêt pluviale du Great Bear est désormais protégée à 85% contre la coupe. Indonésie: en Asie du Sud-Est, la destruction des forêts pluviales se fait principalement au profit de plantations de palmiers à huile. Un défrichage particulièrement dramatique pour le climat, étant donné que ces forêts poussent souvent sur des sols tourbeux de plusieurs mètres d’épaisseur qui stockent d’énormes quantités de carbone. Et quand la forêt disparaît, ce sont aussi des espèces animales comme l’orang-outan qui perdent leur habitat. L’huile de palme produite à peu de frais se retrouve dans les aliments, les cosmétiques et les

Et nous ne sommes pas seul·es: partout dans le monde, des citoyennes et citoyens courageux s’opposent aux politiques trop laxistes ou aux

Les Aînées pour la protection du climat portent leur recours devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, 2020. © Emanuel Büchler / Greenpeace

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À gauche: un projet de protection des forêts de montagne à Entlebuch. © Nicolas Fojtu / Greenpeace À droite: des militant·es Greenpeace dans une forêt russe après un incendie. © Daniel Müller / Greenpeace En bas: une forêt nordique en Finlande. © Markus Mauthe / Greenpeace

carburants. En 2010, Greenpeace lançait sa campagne de protection des forêts «Nestlé, give the orang-utan a break», contribuant à faire évoluer les mentalités. La société Nestlé a réagi en déclarant qu’elle renoncerait à l’avenir à l’huile de palme et au papier issus de la destruction des forêts tropicales. En 2011 Golden Agri Resources, grand producteur d’huile de palme et fournisseur de Nestlé, s’est lui aussi aligné sur cette décision. D’autres fabricants comme Ferrero, L’Oréal, Procter&Gamble, Unilever ou le groupe papetier indonésien Asia Pulp and Paper se sont engagés à produire sans détruire les forêts tropicales, suite notamment aux diverses campagnes menées par Greenpeace. Brésil: la forêt pluviale d’Amazonie est l’une des plus grandes zones forestières continues de la planète et constitue un important «régulateur du climat». Dans une étude publiée en 2009, Greenpeace a cartographié et documenté l’énorme impact de la consommation de viande, et donc de l’élevage bovin, sur les forêts du Brésil. Suite à notre travail de campagne entamé des années auparavant dans la forêt brésilienne et auprès du gouvernement, le Brésil a décidé de protéger 2 millions d’hectares de forêt pluviale amazonienne en 2004. Deux ans plus tard, la barre des 6,5 millions d’hectares était franchie. Aujourd’hui, après le mandat du pré-

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sident Bolsonaro qui s’est révélé désastreux pour l’environnement, la protection des forêts amazoniennes est plus urgente que jamais. Afrique: en 2018, une campagne intensive menée par Greenpeace Afrique a persuadé Halcyon Agri, un fabricant de caoutchouc, de suspendre ses activités de déforestation dans une zone du bassin du Congo, au Cameroun. Depuis 2019, deux communautés de la République démocratique du Congo gèrent leurs forêts sans destructions tout en améliorant leurs propres conditions de vie. En coopération avec Greenpeace Afrique, elles pratiquent une gestion forestière communautaire et durable, un modèle alternatif à l’exploitation forestière industrielle. En 2020, divers projets de déforestation dans le bassin du Congo ont été annulés sous la pression de Greenpeace. Suisse: en 1987, Greenpeace Suisse a lancé le projet Forêt de montagne, dans le cadre duquel des bénévoles contribuent activement à soutenir les forêts de montagne en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Ce projet longtemps soutenu par Greenpeace est aujourd’hui financièrement indépendant. Reconnu à l’échelle internationale, il tisse des liens entre la protection de l’environnement et les populations de montagne. Un franc succès.

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dures juridiques et mobilisé la population. Et les militant·es Greenpeace ont manifesté plusieurs fois sur place contre ce réacteur à risque. En 2013, la société d’exploitation BKW cède et décide de fermer sa centrale.

2.2 Pour des systèmes de consommation responsables

En 2014, une centaine de militant·es Greenpeace pénètrent sur le site de la centrale nucléaire de Beznau (canton d’Argovie) pour demander sa fermeture. © Michael Würtenberg / Ex-Press / Greenpeace

Sécurité nucléaire En 1978, les militant·es Greenpeace à bord du «Rainbow Warrior» lançaient leurs premières opérations contre le déversement des déchets nucléaires en haute mer. Été après été, l’équipage a traqué les navires qui coulaient des déchets dans les océans. Ces efforts ont été couronnés de succès, puisqu’en février 1983, les pays signataires de la Convention de Londres décidaient un moratoire de dix ans sur l’immersion des déchets nucléaires. Moratoire qui a été transformé en une interdiction définitive d’application mondiale en 1993. Greenpeace se bat depuis toujours contre l’énergie nucléaire et a contribué à un durcissement significatif des règles de sécurité pour les centrales nucléaires dans de nombreux pays, pour le bien de la population et de l’environnement. La sortie du nucléaire décidée par des États comme la Suisse ou l’Allemagne est également due notamment au travail de Greenpeace. Suite à des années de pression et à de nombreuses actions contre le transport de déchets nucléaires en Suisse, le retraitement de ceux-ci est aujourd’hui frappé d’une interdiction de longue durée. En 2019, la centrale nucléaire de Mühleberg, près de Berne, a été définitivement mise à l’arrêt. Greenpeace Suisse a lutté de diverses manières pour sa désaffectation. Nous avons dénoncé les problèmes de sécurité, soutenu les riverains dans des procé-

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Surconsommation et économie circulaire Depuis les années 1970, la consommation mondiale de ressources a plus que triplé, notamment parce que nous consommons trop et que nous remplaçons constamment nos produits par le dernier modèle disponible. Si toute la population mondiale consommait autant que les habitant·es de la Suisse, nous aurions besoin de trois planètes. Pour faire face à cette situation, Greenpeace appelle à repenser le système de consommation. Il faut une véritable économie circulaire qui inclut un droit à la réparation. Greenpeace Suisse fait partie de la coalition «Longue vie à nos objets». Nous voulons d’une part que les consommatrices et consommateurs n’aient pas à jeter les objets d’usage courant. D’autre part, il s’agit de soutenir la transition vers une véritable économie circulaire. Au printemps 2022, nous avons remis une pétition à ce sujet au Parlement. Selon une étude réalisée pour Greenpeace, prolonger la durée d’utilisation des biens de consommation de 1 à 3 ans aurait pour conséquence de réduire de 1,8 à 4 millions de tonnes d’équivalent l’empreinte carbone suisse. Pour que la population puisse consommer de manière durable, le commerce de détail a un rôle important à jouer car c’est lui qui fait le lien entre la production et les consommatrices et consommateurs. C’est pourquoi Greenpeace Suisse travaille également sur les grandes enseignes comme Migros ou Coop. Notre analyse de 2022 montre que les grands distributeurs ont encore beaucoup à faire en matière d’économie circulaire: nous demandons une meilleure transparence, des objectifs plus ambitieux et des améliorations sur le plan législatif. Pollution plastique et zéro déchet La surconsommation donne lieu à des montagnes de déchets. Avec plus de 700 kg par an et par personne, la Suisse produit beaucoup trop de déchets. Les emballages jetables représentent environ un tiers de ces déchets et sont donc un élément important de notre société de consommation et de gaspillage. Nous préconisons par conséquent le «zéro déchet». Notre vision «zéro déchet» exige un changement de mentalité et des achats plus conscients de la part de nous toutes et tous. Mais nous interpellons aussi l’État, les cantons et les communes:

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dans une étude comparative, nous avons examiné dans quelle mesure les municipalités soutiennent les systèmes réutilisables, et nous demandons aux villes et aux communes de se donner des règles dans ce domaine. Des enquêtes Greenpeace montrent que la population suisse est ouverte aux produits réutilisables, mais que le commerce de détail suisse ne l’est malheureusement pas. Nous nous engageons auprès des détaillants pour qu’ils repensent entièrement leurs offres. Au niveau international, Greenpeace lutte depuis des années contre la crise du plastique. Le plastique menace le climat, nuit à la santé humaine et pollue les rivières, les lacs, les mers et des régions entières. L’industrie du plastique entend doubler sa production ces prochaines années et même la tripler d’ici 2050. Cela aurait des conséquences catastrophiques pour notre planète et ses habitant·es. Les négociations des Nations Unies pour un traité international sur les plastique montrent surtout une chose: les pays producteurs de pétrole et l’industrie des énergies fossiles font tout pour affaiblir un tel traité. Greenpeace mène de nombreuses activités dans ce domaine et a lancé une pétition pour un traité mondial sur les plastique, signée par près d’un million de personnes jusqu’à présent. En Suisse, nous interpellons la multinationale Nestlé pour qu’elle se penche sérieusement sur la question sans opter pour les fausses solutions comme le bioplastique. Nestlé se classe depuis des années dans les premiers rangs des pollueurs de plastique au niveau mondial, comme le montrent les études que nous avons soutenues. En 2019, le Conseil national et le Conseil des États

En 2019, Greenpeace proteste contre le plastique jetable avec une œuvre d’art géante faite de déchets plastiques ramassés aux Philippines. © Greenpeace / Nicolas Righetti

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ont adopté la motion «Réduire la pollution plastique dans les eaux et les sols». Le Conseil fédéral doit maintenant prendre des mesures, en coopération avec les secteurs concernés, pour lutter contre tous les aspects de la pollution environnementale par les matières plastiques. Greenpeace Suisse s’est fortement mobilisée pour imposer les produits réutilisables dans la restauration. Nous avons notamment organisé le Refill Day à l’échelle suisse. Depuis 2020, la ville de Genève interdit le plastique jetable pour toutes les offres de restauration et les événements autorisés sur le domaine public. Les articles à usage unique fabriqués à partir de matériaux alternatifs restent autorisés, mais Greenpeace Suisse s’engage pour empêcher que la culture du jetable se reporte sur d’autres matériaux. En 2018, l’Union européenne a décidé d’interdire les produits en plastique jetable comme la vaisselle et les couverts. De plus, l’UE met les entreprises face à leurs responsabilités: elles devront payer pour le nettoyage et le recyclage de certains produits en plastique à usage unique. La politique suisse est à la traîne, mais le Conseil national a tout de même approuvé une motion qui charge le Conseil fédéral de prendre des mesures contre la marée de plastique en collaboration avec les secteurs concernés. Les microplastiques sont un danger pour les humains et l’environnement, c’est pourquoi nous demandons depuis des années leur interdiction dans les produits cosmétiques. Avec succès: en 2017, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande ont interdit les particules de plastique dans les produits cosmétiques.

Des militant·es marquent le début de la «Refill Diet Week» sous un pont de la ville Berne, en 2021. © Joël Hunn / Greenpeace

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Système alimentaire durable Si nous voulons sauver le climat et la biodiversité, nous devons radicalement repenser nos systèmes alimentaires. Notre production et notre alimentation axées sur les produits d’origine animale doivent faire place à une agriculture basée sur les plantes. En collaboration avec l’association «energiewende-ja», Greenpeace Suisse a élaboré des solutions pour une reconstruction de l’économie respectueuse du climat. Nous avons présenté notre plan de transition agricole à un large public (y compris de professionnel·les). Année après année, l’Amazonie est ravagée par des feux de forêts, allumés en partie pour permettre la culture de fourrages sur les surfaces déboisées. En 2019, Greenpeace Suisse a donc lancé une péti-

© Greenpeace / Ex-Press / Miriam Künzli © Severin Nowacki / Greenpeace © Greenpeace / Ex-Press / David Adair

tion sur les fourrages. Plus de 33 000 personnes soutiennent l’objectif d’interdire les importations de fourrages en Suisse. Avec l’Alliance-Environnement, qui regroupe les principales organisations environnementales suisses, nous avons lancé en 2020 la campagne «Stop à l’agrobusiness!» pour mettre en lumière le pouvoir des grands lobbies agricoles comme l’Union suisse des paysans. Nous nous opposons également au projet de Migros pour la construction d’un gigantesque abattoir de volailles en Suisse romande. Concernant l’utilisation excessive de pesticides, Greenpeace a mené de longues campagnes et obtenu divers succès dans le monde et en Suisse. En 2019-2020, l’Office fédéral de l’agriculture a ainsi interdit douze pesticides contenant la substance active chlorpyriphos ainsi que le produit phytosanitaire chlorothalonil. Au niveau européen et en Suisse, un grand nombre de pesticides nocifs avaient déjà été retirés du marché au cours des années précédentes suite à la pression de Greenpeace. Dans certains cas, les grands distributeurs ont volontairement exclu des produits de leur assortiment, comme par exemple Migros et Coop en 2015 pour les formulations contenant du glyphosate. Depuis 2015 également, ALDI Suisse oblige ses producteurs suisses de fruits et de légumes à renoncer aux pesticides dangereux pour les abeilles. La question de l’alimentation s’avère primordiale. La surconsommation de produits d’origine animale provoque des dégâts importants. Greenpeace s’intéresse donc à ce que nous mangeons, en particulier au rôle des géants du commerce de détail dans la commercialisation des produits d’origine animale. Dans une étude, nous avons analysé les techniques manipulatrices utilisées par les publicitaires pour justifier et stimuler la consommation de produits animaux. Nous demandons une interdiction de la publicité pour les aliments d’origine animale. Et nous avons aussi révélé à quel point l’agriculture suisse est dépendante des importations de fourrages.

Diverses actions de Greenpeace contre le glyphosate, les importations de fourrage et les aliments transgéniques. © David Adair / Severin Nowacki / Miriam Künzli / Ex-Press / Greenpeace

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Depuis 1996, Greenpeace s’engage tout autour du globe contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) et pour la transparence dans ce domaine. Suite à la pression que nous avons construite, Novartis, McDonald’s et les détaillants Coop et Migros ont annoncé dès 1996 renoncer à vendre des produits transgéniques. En 2005, la population suisse a accepté une initiative pour des plantes et des fourrages sans OGM, après des campagnes de sensibilisation et des actions de Greenpeace. Avec l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique (ASGG), nous avons obtenu un moratoire sur la culture d’OGM qui a été accepté en votation populaire en 2005 et qui est toujours en vigueur à l’heure actuelle. En 2021, le Parlement a décidé une nouvelle prolongation de ce moratoire jusqu’à fin 2025.

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Un iceberg en Antarctique. © Marizilda Cruppe / Greenpeace

2.3 P our la protection des océans du monde Dans les eaux de la planète, à des centaines de kilomètres de la terre ferme, se trouve un monde que nous connaissons à peine. Des créatures impressionnantes se promènent dans les océans et la vie prospère même dans les profondeurs sans lumière. Il faut à tout prix protéger la biodiversité des mers. L’enjeu n’est rien de moins que la survie de l’humanité. Car les océans ont aussi une fonction de refroidissent de la planète. Mais leur équilibre est aujourd’hui perturbé. La surconsommation mondiale a de multiples conséquences sur les océans, en particulier la surpêche, l’acidification des eaux et les de déchets en mer. Et une nouvelle menace vient s’ajouter sous la forme des multinationales qui veulent exploiter les fonds marins. Elles entendent pénétrer le plus rapidement possible dans cet habitat presque intact et en extraire les matières premières comme le manganèse, le cobalt et le nickel. Depuis sa création, Greenpeace s’engage pour la protection des océans. Notre histoire a commencé avec un bateau et notre lutte contre la chasse baleinière commerciale était marquée par le courage de s’interposer et de dénoncer les abus. À partir de 1973, Greenpeace a littéralement barré la route aux navires baleiniers pour documenter leurs agissements. Pour la première fois, des images de la chasse à la baleine ont été

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accessibles au grand public. Après de vives protestations, la Commission baleinière internationale (CBI) a fini par interdire la chasse commerciale à la baleine en 1982: un énorme succès. En 1995, après une campagne spectaculaire de Greenpeace, la société Shell a renoncé à couler sa plateforme pétrolière désaffectée Brent Spar dans l’Atlantique. Encore aujourd’hui, les bateaux sont au cœur de nos campagnes environnementales et de nos travaux de recherche. Le «Rainbow Warrior III» et l’«Arctic Sunrise» parcourent les océans du monde: leur rôle est de faire connaître les problèmes écologiques (surpêche, plateformes pétrolières, etc.), de lutter sur place contre la destruction, d’informer et d’activer la population ainsi que de lancer le débat sur les problèmes les plus urgents. Antarctique En 1991, notre travail de longue haleine a permis de placer l’Antarctique sous protection pour une durée de 50 ans. C’est la première fois qu’un continent tout entier est protégé. Notre documentation sur l’exploitation imminente des matières premières par les 42 pays à l’époque signataires du traité sur l’Antarctique avait provoqué un tollé

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et une indignation internationale. Un accord a ensuite été signé à Madrid pour interdire l’exploitation industrielle des ressources minérales du continent pour les 50 années suivantes. Cet écosystème unique reste toutefois menacé, et Greenpeace continue à se battre pour sa protection dans le cadre de la campagne «Protect the Antarctic». Le succès est au rendez-vous: en 2016, la plus grande réserve marine du monde est créée en Antarctique, couvrant une surface aussi grande que l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. En 2018, la fédération de l’industrie du krill s’engage à renoncer à la pêche dans une grande partie du périmètre de la péninsule antarctique. Arctique L’Arctique, la région du pôle Nord, est l’un des derniers systèmes naturels intacts. Mais pour combien de temps encore? Le réchauffement climatique menace cet écosystème fascinant. Ses glaciers millénaires fondent de plus en plus rapidement. En raison de la fonte de la banquise, les ours polaires ne sont plus en mesure de chasser les phoques et peinent à élever leurs petits. Le recul frappant des glaces de mer ouvre un accès aux gisements de pétrole et de gaz de l’Arctique ainsi qu’à ses zones de pêche riches en espèces. Des millions de sympathisant·es se joignent à nous pour réclamer des réserves marines. Avec succès, puisque face à la pression publique, les compagnies pétrolières comme Shell abandonnent leurs projets de forages pétroliers et les États comme les États-Unis et le Canada interdisent les forages pour de vastes zones de l’Arctique et une partie de l’Atlantique. Shell a également perdu sur le plan juridique face à Greenpeace: en 2015, un tribunal d’Amsterdam a reconnu le bien-fondé de nos allégations et de nos arguments, rejetant une plainte déposée par Shell contre Greenpeace pour un montant d’un million de dollars. La compagnie pétrolière voulait faire interdire toute action de protestation sur ou à proximité des propriétés de Shell. Traité mondial sur les océans Avec ses alliés, Greenpeace a été parmi les premières organisations à demander qu’au moins 30% des océans du monde soient protégés d’ici 2030. Nous avons joué un rôle clé dans les négociations autour du traité de l’ONU, qui ont duré près de 20 ans. En 2005, nous avons publié notre tout premier article à ce sujet. Nous demandions un nouveau traité dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui protégerait la biodiversité et fournirait les outils nécessaires pour créer des réserves marines en haute mer. Greenpeace montrait alors qu’un réseau de zones protégées pouvait renforcer la résilience des écosystèmes marins afin de leur permettre de mieux résister aux changements rapides et de contribuer à atténuer le réchauffement clima-

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Des militant·es Greenpeace protestent contre l’extraction minière en eaux profondes lors d’une réunion d’investisseurs à Zurich en 2023. © Greenpeace

tique. Dans son rapport «30×30 – In hot water», Greenpeace présentait aux milieux dirigeants une proposition de solution concrète et scientifiquement fondée en vue de protéger les océans. Notre persévérance et notre expertise ont porté leurs fruits! En 2023, les Nations Unies se sont accordées sur un traité international pour la protection des océans, un fantastique succès. Exploitation minière en eaux profondes Les besoins en matières premières augmentent dans le monde entier. Les États et les multinationales veulent donc étendre leurs activités extractrices aux zones difficiles d’accès comme les eaux profondes. Des pays industrialisés comme l’Allemagne, la Chine, la Russie et la GrandeBretagne se sont assuré des licences de prospection. Pour l’instant, il ne s’agit que d’évaluer le potentiel en présence. L’exploitation industrielle des matières premières en eaux profondes n’a pas encore commencé, mais les travaux préparatoires sont en cours. Pour écarter cette grave menace, nous devons utiliser tous les leviers possibles. Car l’exploitation de l’un des derniers habitats quasiment intacts entraînerait de graves dommages environnementaux et porterait atteinte à la biodiversité. Nous sensibilisons la population à ce sujet et confrontons les décideurs politiques et économiques aux faits. En 2023, nous avons déposé une pétition munie de plus de 25 000 signatures pour protéger les océans contre l’exploitation minière en eaux profondes. Et nos efforts ont un réel effet! En juin 2023, la Suisse se prononçait officiellement en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.

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2.4 P our une gestion responsable des produits chimiques et des déchets toxiques En Suisse et dans de nombreux autres pays, Greenpeace s’engage pour une gestion responsable et un usage réduit des substances chimiques. Greenpeace a participé au développement du premier frigo sans CFC et sans HFC, qui sort d’une usine allemande dès 1993 et deviendra le standard mondial. En 2010, les 400 membres internationaux du «Consumer Goods Forum», un réseau indépendant dans le secteur des biens de consommation, se sont engagés à utiliser des fluides frigorigènes respectueux du climat. En 1994, les signataires de la convention de Bâle décident une interdiction totale d’exporter les déchets toxiques des pays de l’OCDE vers l’Europe de l’Est et les pays du Sud. C’est là le résultat d’une campagne internationale menée par Greenpeace sur des années. En 2004, après un long travail de lobbying de Greenpeace, la convention de Stockholm est adoptée. Ce texte interdit la production, l’utilisation et l’élimination de substances toxiques comme le pesticide DDT dans le monde entier. Et en 2007, des sympa-

thisant·es Greenpeace et des fans d’Apple participent à la campagne en ligne «Green My Apple». Leur engagement aura pour effet de bannir les pires produits chimiques de la fabrication des ordinateurs. La campagne demandait à Apple de devenir un «leader vert» et de se responsabiliser sur le problème des déchets électroniques. Un succès durable du travail de Greenpeace dans le domaine des substances chimiques concerne la directive européenne REACH. Celle-ci a permis de mettre en place des réglementations contraignantes en Europe, avec un impact dans de nombreux autres pays. En Suisse, Greenpeace a arraché une série de victoires au fil des ans. En 1996, la décharge de déchets toxiques de Saint-Ursanne, dans le canton du Jura, est fermée après avoir été occupée par des militant·es Greenpeace. Elle sera entièrement assainie lors de travaux qui dureront jusque dans les années 2000. En 2009, Greenpeace et des forces locales comme le Collectif Bonfol parviennent à imposer le principe que les décharges de déchets chimiques en Alsace et à Bonfol, dans le Jura, doivent être totalement et correctement assainies aux frais de l’industrie chimique bâloise. En 2023, les derniers travaux sont toujours en cours et Greenpeace maintient son travail d’observation et d’expertise.

En 1995, Greenpeace occupe une décharge de déchets toxiques à Saint-Ursanne, dans le canton du Jura. © Dominik Labhardt / Greenpeace

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Les substances chimiques sont également présentes dans nos vêtements. Que ce soient des produits bon marché ou de luxe, nos habits sont presque toujours fabriqués à l’aide d’un cocktail de substances chimiques dangereuses qui polluent l’environnement dans les pays producteurs. Chaque année, environ 80 milliards de vêtements sont produits dans le monde. Un marché énorme qui pirate les ressources de la planète, souvent au mépris des droits des travailleuses et travailleurs ainsi que de la protection de l’environnement. En fabriquant nos jeans, chemises et autres t-shirts, l’industrie textile utilise de grandes quantités de substances chimiques qui nuisent à la santé et à l’environnement. Les eaux usées des usines empoisonnent les rivières et l’eau potable des pays producteurs en Asie ou en Amérique centrale. C’est pour lutter contre ces abus que nous avons lancé notre «campagne Detox», soutenue par des millions de personnes à travers le monde. Un engagement efficace puisqu’à l’heure actuelle, 15% des fabricants textiles du marché mondial ont signé l’engagement Detox de Greenpeace. Parmi les signataires, on trouve 79 labels de mode mondiaux comme H&M, Adidas et Aldi, qui ont décidé de remplacer les substances nocives par des pro-

En 2012, lors d’une journée d’action mondiale, 700 militant·es Greenpeace manifestent dans plus de 80 villes pour inciter le label Zara à renoncer aux produits toxiques pour ses vêtements. © Christian Åslund / Greenpeace

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duits inoffensifs d’ici 2020. En Suisse, Coop est partie prenante de cette initiative. Dans le domaine des vêtements d’extérieur, Gore Fabrics, leader de la branche et fabricant des produits GORE-TEX®, renonce depuis 2021 à l’utilisation des produits chimiques dangereux que sont les PFC.

2.5 Aide en cas de catastrophe En cas de sinistre environnemental, Greenpeace s’engage régulièrement en apportant une aide directe et rapide. Lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, nous avons été parmi les premières organisations à se rendre au Japon pour effectuer des mesures. Et nous avons notamment demandé l’évacuation immédiate du village irradié d’Iitate afin de protéger la population. Fukushima: des mesures indépendantes pour protéger la population Lors de la catastrophe de mars 2011 dans plusieurs réacteurs du complexe nucléaire japonais de Fukushima, Greenpeace a immédiatement compris qu’il fallait soutenir les personnes sur

Après la catastrophe nucléaire de 2011 à Fukushima, une équipe Greenpeace surveille les niveaux de radiation au Japon. © Christian Åslund / Greenpeace

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place. Les expert·es de notre organisation ont commencé à mesurer la radioactivité sur le terrain quelques jours après le début de la catastrophe nucléaire. Les résultats de nos mesures ont contribué à l’extension de la zone d’évacuation autour des réacteurs avariés. Depuis les premiers jours, une équipe internationale travaille dans la région, soutenue également par des employé·es de Greenpeace Suisse. Nous avons effectué de nombreuses mesures indépendantes de la radioactivité et évalué le degré d’irradiation des écosystèmes. Les collaboratrices et collaborateurs Greenpeace ont ainsi été parmi les premiers à visiter le village fortement irradié d’Iitate, à environ 40 kilomètres de Fukushima. Les mesures approfondies que nous avons effectuées ont montré que les radiations restent très élevées dans de nombreux endroits prévus pour la réinstallation des personnes déplacées. Greenpeace a contribué à ce que le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies se penche sur le problème. Et nous continuons de lutter contre la minimisation de la situation par les exploitants de la centrale nucléaire ou par le gouvernement japonais. Russie: bénévoles en lutte

contre les feux de forêt Chaque année, la Russie est confrontée à de graves feux de forêt. En 2010, un incendie a même fait rage pendant des semaines près de Moscou. D’énormes surfaces de forêts et de champs sont parties en fumée. Des villages ont brûlé, des personnes ont perdu leur maison. L’État n’apporte pratiquement aucune aide aux personnes concernées dans de tels cas. Greenpeace Russie a donc décidé de prendre les choses en main. Des spécialistes des forêts et des militant·es Greenpeace ont effectué des contrôles dans les zones à risque pendant les mois d’été. L’objectif était de mesurer l’humidité du sol pour pouvoir lancer des alarmes incendie. Greenpeace a longtemps été la seule source d’information indépendante dans le pays. Pour pouvoir réagir à temps, si possible avant les feux de forêt, Greenpeace a formé des bénévoles à la lutte contre les incendies, assurant même une permanence dans certaines zones.

En 2020, Greenpeace a soutenu les pompiers dans la lutte contre les incendies de forêt dans l’Oural. © Maria Vasilieva / Greenpeace

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3. POUR UN VÉRITABLE CHANGEMENT Greenpeace fournit un travail primordial dans tous les domaines environnementaux présentés dans cette brochure et nos nombreux succès sont encourageants. Néanmoins, une chose est claire: notre système économique et social actuel n’est pas viable. Nous sommes pris dans un système de croissance «infinie» qui nous oblige à travailler contre nous-mêmes et notre descendance. Par exemple en cotisant à des caisses de pension qui investissent parfois dans des activités nuisibles au climat, détruisant les bases de notre existence. Il est urgent d’assurer que la planète reste viable pour les êtres humains. La transition vers un monde de résilience et de justice sociale est une grande tâche intergénérationnelle. Dans ce processus, nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour faire évoluer et influencer les choses. Nous sommes directement concerné·es, impliqué·es et appelé·es à dépasser les idées reçues pour penser différemment et agir en conséquence. Nous avons besoin d’un système de société POUR les êtres humains et la planète. L’un des axes de travail de Greenpeace Suisse est donc désormais la transformation de l’ensemble de la société vers un avenir mondial équitable respectant les limites planétaires. Nous stimulons et encourageons le débat dans toute la société et élaborons les étapes nécessaires à un véritable changement de système. Dans un premier temps, une étude de Greenpeace Suisse démontre que dans différents domaines, la Suisse dépasse de plus en plus massivement les limites planétaires. Et nous proposons des solutions pour nous rapprocher de l’objectif d’une société socialement équitable qui respecte les limites de la planète.

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Le 15 mai 2023, jour du dépassement («Overshoot Day») en Suisse, les militant·es Greenpeace déploient une grande bannière sur une grue, près du Palais fédéral et de la Banque nationale à Berne. © Greenpeace

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Impressum Greenpeace – Incroyablement utile Greenpeace Suisse, 2023 Rédaction: Urs Wittwer Sources: avec nos remerciements à Greenpeace Allemagne pour la mise à disposition de divers documents et en particulier des textes et contenus de la brochure «Greenpeace – ungemein nützlich. Einsatz und Verantwortung für Umwelt und Gesellschaft», 2019. Diverses sources propres à Greenpeace, principalement www.greenpeace.ch. Traduction en français: Karin Vogt Graphisme: Melanie Cadisch Photos: Couverture: © Marizilda Cruppe / Greenpeace; en haut: © Tomás Munita / Greenpeace Greenpeace Suisse, Badenerstrasse 171, case postale, CH-8036 Zurich suisse@greenpeace.org Le travail de défense de l’environnement de Greenpeace est financé exclusivement grâce aux dons de particuliers et de fondations. www.greenpeace.ch/fr/agir/dons Compte pour les dons: IBAN CH07 0900 0000 8000 6222 8

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