Nicolas Guilbert Dossier de presse fĂŠv. 2006
“Coco” dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie Attitude Paris, 1984
“Rue des Italiens” Exposition au journal Le Monde, rue Falguière, 100 dessins à l’encre Édition La Découverte & Le Monde Paris, 1990
Sculptures en bois flottĂŠs, Espace Rochechouart, Eric Danel Paris, 1993
Sculptures en bois flottĂŠs, Espace Rochechouart, Eric Danel Paris, 1993
“À Table” dessins, collages, photographies Saint James, Bordeaux 1994 - 1995
“À Table” dessins, collages, photographies Saint James, Bordeaux 1994 - 1995
Sud-Ouest juin 1995
Le Nouveau Quotidien (Lausanne) 6 septembre 1995
“Le ruban rouge à la plage” encres et collages, La Manufacture des Œillets Ivry, 1996
“Solo” détrempes sur tuiles, encres, collages et peintures, Muriel Durand-Domange Paris, 1997
a ra l l é l e m e nt à son t ravail sur papier, to i l e e t b o i s, N i colas Guilbert dessine et p e i nt sur des t u i l e s . Depuis to u j o u r s . De ces tuiles chaulées séculaire m e nt p at i n é e s par la mer dans les parcs à huîtres du bassin d ’A rc a c h o n , il a fa i t le suppor t d ’un jeu de formes énigmatiques mais aussi d’un jeu ave c le mat éri au q ui , a b s o r b a nt i n s t a nt a n é m e nt l ’e n c re , i nt e rd i t à l’a rtiste to u t re p e nt i r. G u e r r i e r s, l a n c i e r s, a r m é e s - fa ntô m e s, nus masc u li n s e t fé m i n i n s, si l hou et tes h i éra t i q u e s, N i colas Guilbert p o u r s u i t ici son t ravail sur la f i g u re humaine, sur sa solitude, son mys t è re , son i nq uiétu de, c e d ont t é m o i g n e nt é g a l em e nt co l l a ges et d é t rempes sur papier .
P
“Tête à Tête” encres, collages et peintures, Eric Zajdermann Paris, 1996 “Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des Oeillets Ivry, 2002
Communiqué de pre s s e
Tête à Tête De Nicolas Guilbert
Une exposition Un livre Peintre et dessinateur, N i colas Guilbert p o u r s u i t depuis plusieurs années un t rava i l sur la figure humaine – son identité para d oxa l e , son mys t è re , son inquiétude. U t i l i s a nt les techniques mixtes du co l l a ge , de l’e n c re et de la détrempe sur papier, cette galerie de port raits imaginaires se sépare de la pro b l é m atique de la re s s e mb l a n ce pour mieux ex p l o rer la co m p o s a nte mythique de toute re p ré s e nt at i o n h u m a i n e. Comme le souligne Alain Jouffroy, N i colas Guilbert « p e i nt le visage de l’homme comme un lieu de re n co nt re s, un carre fo u r, une plaque to u r n a nte de toutes sort e s de choses étra n gè res à l’homme ou fabriquées par l’homme. On n’y re co n n a î t p a s, a j o u t e - t- i l , le souci de coller à une act u a l i t é , à une co nt e m p o ranéité prov i s o i re quelco n q u e. Ce sont les port ra i t s, co l l e ct i fs et a n o ny m e s, d ’une humanité en t rain de n a î t re sur les désirs, les re s t e s, les déchets, les t ra ces d’une pré cé d e nte humanité. » Ni cubistes, ni surré a l i s t e s, ni ex p ressionnistes et e n co re moins abstra i t s, ces port raits se jouent du réel avec éléga n ce et h u m o u r, re co m p o s a nt la tête humaine d’u n t ra i t p u i s s a nt e t p o é t i q u e. Décliné en de multiples fo r m at s, ce t ravail a déjà fa i t l ’o b j e t de plusieurs ex p o s itions parisiennes, n o t a m m e nt e n 1996 et 1 9 97. Au j o u rd ’ h u i , ce sont p rès de cinq u a nte têtes inédites qui sont exposées à la Manufa ct u re des Œillets à partir du 2 1 mars 2002. Cette exposition s’a ccompagne de la publication d’un livre – Tête à Tête – re g ro up a nt plus de 65 port raits effe ctués depuis 1994.
“Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des Oeillets Ivry, 2002
Une humanité clandestine par Alain Jouffroy
Rien n’est plus difficile que de décrire, en mots, un visage. Chaque visage forme un tout singulier, qui peut devenir familier, se faire immédiatement re connaître, mais demeure inabordable. Placé au-dessus du corps, il lui est supérieur dans tous les sens : il dit plus que les mains, plus que tous les gestes. Il vit et rayonne au-delà d’eux. Photographié, on ne le reconnaît pas toujours, car la photographie n’en saisit qu’un très court instant, le pétrifie dans l’arbitraire de ce seul instant. Mais quand l’écrivain tente de décrire un visage, même s’il réussit parfois à en communiquer les expressions, les mimiques les plus courantes, il n’entre pas dans l’énigme de son regard, qui ouvre sur une intériorité insaisissable. Il se place, par les mots eux-mêmes, dans ce que sa visibilité, sa « visagéité » même, rend intraduisible en d’autres formes que visuelles. Fa ce à un visage, comme l’a fa i t si souve nt G i a cometti avec celui de son frè re Diego, sa femme Annette et bien d’autres encore, le peintre éprouve face à eux un vertige comparable, en intensité, à celui de l’écrivain. Et pourtant, contrairement à l’écrivain, le peintre habite le monde de la vue. Son regard croise un autre regard, ses yeux se confrontent directement à des yeux : il vit, littéralement, une forme particulière du « corps à corps », le « tête à tête ». C’est aussi mon expérience, quand j’ai posé pour certains peint re s, comme Jean Hélion, et ce depuis mon adolescence. La confrontation qui a lieu entre le modèle et son peintre est chargée de silences, de difficultés entrecroisées, toutes plus indéfinissables les unes que les autres. Le peintre observe et voit, le modèle se sent observé et vu, mais quelque chose manque, un trou se creuse dans la distance qui sépare le pinceau, ou le crayon, du visage que l’on a, et que, soi-même, à
ce moment, on ne « voit » pas. Nous ne sommes pourtant pas, le peintre comme soi-même, plus aveugles l’un que l’autre. Mais le « pour-soi », en l’occurrence, ne coïncide pas avec le « pour autrui ». Seul Matisse, peut-être, dans les très nombreux portraits qu’il a dessinés d’Aragon, a approché, par la multiplicité même de ces portraits, ce qui bouge sans cesse, ce qui change d’une seconde à l’autre dans chaque visage d’homme éveillé. Mais chacun de ces portraits pris à part ne dit jamais, à lui seul, ce qu’était le visage, infiniment mobile, inquiet, révélateur jusque dans ses masques, d’Aragon. Quand j’ai rendu visite, rue Christine, pendant les années cinquante, à Dora Maar, elle était encore entourée d’une trentaine des portraits que Picasso a fait d’elle, et qui n’étaient pas tous composés d’une face et d’un profil contigus et convulsifs. M’interrogeant à leur sujet, je lui en ai parlé longuement, en tentant de reconstituer le drame que fut sans doute, pour Picasso, cette extraordinaire tentative de saisie totale du visage d’une femme aimée, qui pleurait facilement, mais aussi savait être sereine, sourire, et même rire. A plusieurs reprises, venant chez elle, à cette époque, plusieurs fois de suite, c’était toujours pour lui reparler de ces portraits, à peu près contemporains de Guernica. Dora, qui m’écoutait parfois avec surprise, en déduisit que j’étais capable d’écrire sur la peinture, et d’en expliquer quelques ressorts cachés : j’étais loin d’en être convaincu, et c’est en quelque sorte contraint et forcé par elle, que j’ai commencé à écrire, de plus en plus souvent, sur les peintres et leurs tableaux. Mais cela ne résolvait pas du même coup la plus grande de toutes les difficultés : celle qui consiste à rendre compte, de manière claire et convaincante, de ce que j’appelle l’aporie du portrait. Je crois n’y être jamais parvenu.
Pour se séparer de la problématique de la ressemblance, à laquelle Pierre Klossowski a consacré tant d’attention, et tant de réflexion, les peintres choisissent souvent une autre voie : celle de la ré i nve ntion du visage. Ils peignent alors des visages, des têtes imaginaires, qui ne visent à aucune ressemblance, mais créent de nouvelles présences, fantomatiques, bizarres sinon monstrueuses, décalées en tout cas de tous les visages existants. Des visages autonomes, qui n’existent que par la grâce de la liberté du dessin, de la peinture, ou du collage. Schwitters fut l’un des premiers à choisir cette voie, en sculpture comme en peinture. Mais aussi Max Ernst, Victor Brauner et Matta. Quand les peintres inventent des visages, que cherchent-ils ? A percer le mystère de cette chose absolument inconnue qu’on appelle l’identité ? A contourner ce mystère, à le dépasser de diverses manières, plus avent u reuses les unes que les autres ? Ils refusent, pour la plupart, de confondre cette identité avec la ressemblance photographique, dont on sait combien même pour la police antiterroriste, elle peut être trompeuse. C’est ce qui se passe derrière le visage qui les intéresse, et cela depuis Giorgio de Chirico. Mais que se passe-t-il derrière les visages ? Des idées, des rêves, des inquiétudes, des sentiments obscurs et contradictoires ? Impossible de répondre à cette question. Ces peintres créent donc des sphinx, une multitude de sphinx, qui jalonnent toute l’histoire de la peinture du xxe siècle, et constituent à eux seuls une toute autre sorte de Vallée des Rois. Mais on oublie, ce faisant, que le visage du Christ, comme celui de Bouddha ou de LaoTseu, n’ont aucun modèle réel, même celui, plus que suspect, de la « Sainte Face » de Turin. L’Humanité a été gouvernée, pendant des siècles, par des visages imaginaires, dont l’identité même re l ève , partiellement, de l’imaginaire. Re co m m e n cer à en peindre, aujourd’hui, c’est aussi se lier à la t radition de ces visages mythiques, tenter d’y substituer d’autres mythes par d’autres moyens. Nicolas Guilbert, peintre et collagiste, a choisi, à son tour et à ses risques et périls, cette voie fréquentée par des peintres imaginatifs, créateurs ou non de mythes. Il a fait ce choix pour renouveler le concept même de visage, sinon pour le sauver en commençant par le détruire. Visages défigurés, ces portraits n’évoquent littéralement personne, sinon l’homme – ou l’homme-femme. Il
peint le visage de l’homme comme un lieu de rencontres, un carrefour, une plaque tournante de toutes sortes de choses étrangères à l’homme, ou fabriquées par l’homme. On n’y reconnaît pas le souci de coller à une actualité, à une contemporanéité provisoire quelconque. Ce sont les portraits, collectifs et anonymes, d’une humanité en train de naître sur les débris, les restes, les déchets, les traces d’une précédente humanité, où l’on a cru, si longtemps et si vainement, que A = A, et que, par conséquence implicite, B = B. Je les re ga rd e comme les planches anatomiques de cette nouvelle humanité, dont on ne fait que commencer à prendre conscience, et qui triomphera sans doute de l’autre. Ce qui implique une toute autre difficulté que celles dont je viens de parler. La nouvelle difficulté que suscitent les portraits sans modèles de Nicolas Guilbert, c’est celle qui consiste à deviner ou à pressentir ce que pourrait être cette nouvelle humanité, telle que Nicolas Guilbert en ressent lui-même l’avènement probable. Il aborde ce continent-là avec franchise, détermination, volonté, avec la poésie, la lucidité, l’humour néce s s a i res. Ici, un billet de banque barre les yeux, ou le nez et la bouche. Là, c’est la nuit, toute la nuit et les étoiles qui occupent le visage. A côté, ce sont des explosions, des taches de sang. Ailleurs, c’est le fa ntôme photographique du re ga rd d’un poète qui s’y cache. Ailleurs encore, c’est le visage tout entier qui se déchire, ne pré s e nte plus que des lambeaux impossibles à identifier en « regard », « nez », « bouche », etc. Une sorte de magma en fusion, habité par le feu, la poussière, ou je ne sais quelle partie inconnue du cosmos. Des préfigurations, plutôt que des figurations. Des avant-portraits, plutôt que des portraits. Des élans, des sauts dans un autre portrait, collectif, d’une humanité possible, qui naît ici et là, au hasard de quelques situations, de quelques événements imprévus. Drôle de nouvelle humanité ! Elle est pourtant là, partout sous-jacente, nous pouvons en vérifier chaque jour, depuis quelques t re nte années, l’émergence souterraine continue. Pas forcément diabolique, pas forcément cruelle, pas forcément indifférente, pas forcément « inhumaine ». Non. Une humanité simplement atypique, héritière de l’autre, ou des autres, mais désagencée, décentrée par rapport à elles, et comme en porte-à-faux sur toute leur immense histoire, depuis mademoiselle Lucy et quelques autres humanoïdes. Une humanité clandestine, en ré s e rve , potentielle
mais déjà toute puissante, puisqu’elle échappe à toute prévision, à tout calcul, et ne sera pas exclusivement dépendante de la science, qui n’est pas, en soi, une forme de pensée. Une humanité anarchique, polymorphe, plus que jamais contradictoire, tragique et clownesque, apocalyptique et pacifique, au-delà de tout ce que nous appelons encore, avec nos vieux concepts, « raison » et « folie », « intelligence » et « bêtise », « être » et « existence ». Il faudra bien les interpréter, un jour ou l’autre, ces énigmatiques portraits d’une humanité qui ne relève pas uniquement de l’imaginaire et ne se situent ni dans la perspective cubiste, ni dans la perspective surréaliste, ni dans la perspective expressionniste, ni dans la perspective « abstraite », mais déjà, au-delà d’elles. Et cela, sans jamais tomber dans le piège de la parodie et de la citation postmodernes. En toute indépendance par rapport aux modes et aux goûts du jours. Comme ça, avec une sorte de naturel, d’évidence spontanée, en at t e n d a nt c a l m e m e nt l’int e r p ré t at i o n juste qui pourra, qui devra en être faite un jour. Un tel face-à-face, un tel tête-à-tête avec une humanité en train d’apparaître, en train de surgir à travers les mailles, les grilles et les codes du présent de ce début, catastrophique, de millénaire, suscitera, on peut le parier, l’interrogation de nouveaux chercheurs, plus indépendants que ceux qui, aujourd’hui, ne cherchent que ce qu’ils veulent à l’avance trouver et ne découvrent donc pas grand chose dans ce que les créateurs accomplissent, aujourd’hui, la plupart du temps à leur insu. Nicolas Guilbert n’en a cure. Energique et bien vivant, il fait comme s’il était mort. Mais ce mort est rieur. Ce mort est beaucoup plus vivant, beaucoup plus alerte que d’innombrables vivants, immergés comme ils le sont dans leur nihilisme, leur découragement, leur « à quoi bon » permanent. Et pourquoi est-il plus alerte, plus vivant ? Parce qu’il est libre. Une exception, une rareté : un individu librement libre. Il ne s’insurge pas contre la beauté. Il l’aime. Il ne s’insurge pas contre la laideur. Il y découvre des chemins pour passer outre. Il ne s’insurge pas contre la peinture. Il la traverse comme on traverse la mer, ou le ciel : en naviguant ou en volant par-dessus. Il ne s’insurge pas co nt re l’art, ni contre l’anti-art. Il les concilie. Mais il se révolte co nt re le manque des grandes int e nt i o n s, le manque de visions, le manque général de voyan-
ce dont les hommes, et pas seulement les artistes, font preuve tous les jours. M a î t re de sa révolte co ntre tous les poncifs, auteur d’une œuvre déjà considérable, dont cette série de portraits n’est qu’une petite partie, un jardin, secret parmi tout un pays presque inconnu, Nicolas Guilbert at t e n d , calmement, son propre temps. Celui des prévoyants. Celui où l’on ne s’étonnera plus jamais devant la nouveauté et où on saura la reconnaître, immédiatement et sans détours, quand elle commence à apparaître, d’où qu’elle vienne. Généreux, Nicolas Guilbert sera, dans ce temps-là – s’il arrive de son vivant – le premier à re co n n a î t re la nouvelle beauté, inventée par d’autres. Alain Jouffroy Septembre 2001
“Tête à Tête” encres, collages et peintures, La Manufacture des Oeillets Ivry, 2002
Melancolia par Suzan F. Urier
Peu d’ye u x. De vagues oreilles à la Jarry, ce rt e s . Quelques croix. Vagues nez . Autant de barrages sur la figure. Du moi sans visage. Poursuite de soi ? Testarossa de Maranella, y voyait un cheval cabré, bien qu’apode. La fin du Déluge — pierres humaines. Ô babelisme. Mélancolie. Croyons-nous régner au moyen de telles images ? Ou plutôt, croyons-nous nous cacher quelque chose ? De quel sceau croyons-nous nous délivrer alors ? Nos figures, empreintes qu’on pose sur les murs pour défier nos propres regards. Ô Byzance, ô Coptes, ô retours, ô vieux siècles, Clouet, Quarton, ô têtes, vous qui tombez depuis si longtemps. Fils de l’homme. Crépuscule infini du temps. Question désertée par les mots. Qui pose, et pour qui ? Méandres sans fin de la représentation humaine. Ô Graal. Des mots sur des mots pour gravir l’échelle du temps. Comme toujours. Lutte perdue. Lettre éperdue du temps. Indevinable figuration. Y a-t-il une loi de ressemblance ? Y a-t-il un dieu — même petit — derrière chacun de ces portraits ? Et pourquoi donnerait-il figure à nos incertaines pensées ? Est-ce affaire personnelle que l’Imitation ? Est-ce jamais soi ? Cette espèce de science qu’ont les peintres : imiter. Doux Jésus ! que d’images. Que cherchent-elles ? Nous rappeler sans cesse à notre destin d’homme : qui jamais ne sera dieu. Aporie cruelle. Songeons à l’extraordinaire précession des portraits de l’humanité. Ils sont le Fils de l’Homme. Comme l’homme se croit Fils de Dieu ?
S’agit-il simplement d’une sauvegarde ? N’est-ce que l’impérieux désir de maintenir le dialogue avec le temps ? Les portraits sont nos souvenirs, nos songes. Ils font battre nos cœurs au rythme des ailes du jour qui meurt chaque jour. Et nous croyons être partie de l’image. Souvenirs. Rien que le temps perdu. Proust parle d’un écrivain unique au monde, fait de tous les écrivains du monde écrivant le même livre. Un seul portrait : le nôtre. Un seul instant. La même lutte contre tous les anges. Un même langage, quoiqu’on dise. Tout ce que nous constituons, tout ce qui nous constitue depuis la nuit du temps jusqu’à Francis Bacon. Ô Baal. Nous ne rapportons rien de nous qui ne soit la ruine du temps. Haut mal. Nos corps — têtes — représentés sont les pierres de nos existences. Il n’y a pas d’au-delà qui ne soit une image de nous. Têtes rondes. Marques de l’homme. Têtes aux gestes sans noms, sans gestes, peintes du seul geste du pinceau rond de Chine qui jamais ne s’abaisse ni ne tremble. Insatiable présence de la martre encrée, oreiller funèbre dessous la tête. Nos lointains sont si proches, comme au fond de l’âme, prunelles noires effacées sous ces faces immobiles. G randes espéra n ces ou tribut du malheur ? Qu’importe mon pauvre nom, concède Pouchkine. Ne dit-on pas : parfaire le tableau ? Mortels nous sommes, et ce mot de mort nous est talisman. Silence. Derrière l’étroite porte, s’ouvre un visage noir. Notre étendue s’est rétrécie jusqu’à l’infime, et l’infime nous effraie. Que sert-il d’abhorrer la désolation ? Il suffit de la peindre. D’en faire une fin heureuse ? S’arracher à la gangue de notre être au monde,
l’infléchir de toutes forces. Fuir. Oublier. Pourquoi ? Jusqu’à la lie vidée, le parjure de nos consciences nous requiert. Que sert-il de revivre ? Qui juge ? Les pans de la nuit ? Il n’est pas inconcevable — aussi — qu’en ces moments nous aimions mourir enfin : plus rien que l’instant perdu, à jamais perdu. Frapper contre un mur à la tête de la nuit. Vide du temps. Noêsis absent e. Têtes abutées les unes aux autres. Invisible rotation. Toutes les Lunes et la Terre. Têtes séparées de même. Nettement tranchées.
Peintes pour ne pas parler. Le réel se tait au jardin d’Éden. Car imprononçable est le bruit du pinceau. Les paroles meurent sur les lèvres absentes. Passe la vie. Nos têtes, débarrassées de nos corps — verbes refusés à la chair. Paroles défigurées. Sans langue, vous parlez le muet que nous sommes. Baudelaire. Au plus près de soi, malentendu tu hantes.
Suzan F. Urier Traduit de l’anglais (États-Unis) par Paul Herlaut
“One Shot” encres, collages et peintures, Le Garage / Valerie Abécassis Paris, 2003
Les bonnes choses de la vie, un livre d’Isabelle Giordano 2004
Peintures Galerie Teissèdre 2004
Peintures Galerie Teissèdre 2004
Nicolas Guilbert peintre, dessinateur & photographe Expositions personnelles 1984 “Coco” dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie Attitude, Paris 1990 “Rue des Italiens” dessins, Le Monde, Paris 1993 Sculptures en bois flottés, Espace Rochechouart (Eric Danel), Paris 1994/95 - “À Table” Collages, encres et dessins, Saint-James (J.M. Amat), Bouliac-Bordeaux 1996 “Tête à Tête” Encres, collages et peintures (Eric Zajdermann), Paris 1997 “Solo” Détrempes sur tuiles, encres, collages et peintures (38, rue Sedaine), Paris 2002 “Tête à Tête” Encres, collages et peintures, (La Manufacture des Oeillets) Ivry 2003 “One Shot” Encres, collages et peintures, (Le Garage, Valerie Abécassis) Paris 2004 “Peintures” Peintures & mélanges photographiques, (Galerie Teissèdre) Paris 2005 Affordable Art Fair, (Galleria del Leone Venezia), Londres 2005 “Photoile” Peintures & photographiques, (Galerie Teissèdre) Paris collectives 1978 1982 1985 1996 -
Salon de la Jeune Peinture, Paris Dessins chez Cato Johnson, Boulogne Billancourt Dessins aux Aéroports de Paris, Orly Le ruban rouge, encres et collages (La Manufacture des Œillets), Ivry
catalogues 1982 1984 1993 1994 2001 -
Dessins Cato Johnson Dessins et peintures en hommage à Robert Doisneau, Galerie Attitude, Paris Ego Zoo n° 1 Edition Tatou textes de J.-D. Vincent, Marc Guilbert , Alain Prochiantz, Pierre Lepape EgoZoo n° 2 & 3 Edition Tatou textes de Cécile Guilbert, J.-D. Vincent, Marc Guilbert “Tête à Tête” textes d’Alain Jouffroy et de Suzan Urier
Livres 1980 1982 1990 1993 1998 2005 -
Dessins in Alice au pays des merveilles de L. Caroll (Les Presses de la Cité) Des Histoires Ordinaires, en collab. avec Michèle Enouf (Luneau Ascot) Rue des Italiens/Album-souvenir,en collab.avec B.Poirot-Delpech (Le Monde - La Découverte) Dessins in Celui qui parlait presque de J.-D. Vincent (Ed. Odile Jacob) Dessins in Parlez-nous de lui. Bibendum vu par… David Lodge, Agnès B, Terence Conran, Ben, etc. (Ed. Textuel) Photographies in Singuliers d’Alix Brijatoff et Richard Caillat, portraits de 35 personnalités (Ed. Denoël)
en projet 2005 2005 -
À Table (dessins) PariStory (photographies) Humanimals (photographies) avec des textes de Cécile Guilbert