Magazine DIANE

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FRANCE METROPOLITAINE 4,90€. DOM BATEAU 6,95€. AVION 15€. ALLEMAGNE 11,50€. AUTRICHE 10,95€; BELGIQUE 5,50€; CANADA 10,95€. 1 GRANDE BRETAGNE 4,95€. SUISSE 10,90€. ESPAGNE 5,95€. FINLANDE 10,95€. GRECE 7,50€. ITALIE 5,70€. LUXEMBOURG 5,50€. PAYS BAS 7,20€


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SOMMEDITO / 06 Par Guillaume Vaugrante

ACTUALITÉS / 08 de Diane

DÉCOUVERTE / 12 La Vénérie, plus connue sous le nom de la chasse à cours, ce mode de chasse traditionel vu par nos reporters. / 67Par Charlotte Lindet

EQUIPEMENT / 22 Les nouvelles armes de la saisons, de véritables technologies de pointe. Par Charlotte Lindet & Guillaume Vaugrante

AIRE TENDANCES / 30 La chasse ce n’est pas seulement des armes, c’est aussi un look. Decouvrez les nouvelles tendances de l’hiver 2011 Par Charlotte Lindet

SANS ADRESSE FIXE / 38 En route vers le Grand Nord. Y découvrire un autre peuple, un style de vie, une chasse plutôt originale. Par Charlotte Lindet

UN PEU DE CULTURE / 48 Incendie Deyrolles, triste destin pour ces animaux morts une deuxième fois. Par Charlotte Lindet

COTE CUISINE / 54 Le chevreuil revisité par un grand cuisinier Yves Camdeborde. Par Charlotte Lindet


Edito Amis lecteur bienvenue, Les chasseurs savent ô combien de mépris leur porte la société moderne, celle de ceux qui se disent « amis des bêtes » et qui pourtant dans leur grande naïveté détruise les lac et les forets qui les abritent, ceux qui par le méprît total des traditions de respect et d’échange mutuel en l’homme et le monde sauvage juge et critique une activité millénaire chargée de noblesse et d’histoire. Celle qui à l’aube de l’humanité accompagna les premier pas de nos ancêtres sur la terre. On sait que la chasse porte bien au delà de l’antique combat de l’homme contre la nature, bien au delà aussi du simple divertissement, de l’usage du feu ou de la violence. Son essence est ailleurs, elle se trouve dans le souffle de l’ani mal, dans l’attente de celui ci, depuis la nuit des temps elle porte en elle une aura mystique. Le fossile d’une rencontre, d’une naissance, d’une rupture entre l’homme et la bête. Amis chasseurs, il est temps de redorer le blason millénaire de nos traditions, de décrasser la chasse de la vielle patine rustique qui lui colle à la peau. C’est la vision de ce magazine, offrir au amateur comme au passionné un regard honnête sur la chasse, telle qu’elle fut et qu’elle sera, une chasse élégante et respectueuse des cultures et de la nature. Une chasse moderne car intemporelle. Par Guillaume Vaugrante

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Actus Une corne de rhinocéros volée avec effraction en plein Paris. Le Musée de la Chasse et de la Nature ( Paris IVe )a été braqué hier après-midi par deux individus. Après avoir neutralisé les gardiens avec du gaz paralysant, ils ont volé une corne de rhinocéros qu’ils ont arraché sur un trophée exposé au 1er étage du musée avant de prendre la fuite avec leur butin. Avec 3 vols similaires en France en 2011 ( et une tentative qui a échoué ), les vols de cornes de rhinocéros se sont multipliés ces derniers mois en Europe que ce soit dans les musées, les salles de vente ou les zoos. Broyées et transformées en poudre, les cornes de rhinocéros sont revendues à des prix exhorbinants par les trafiquants. Elles sont en effet très recherchées en Asie où on leur prête des vertus médicinales…Suite à ce vol, les trois rhinocéros blancs du zoo de Thoiry ( 78 ) ont été placés sous haute surveillance.

www.seasons.com

18 nov /

30 avr Un collectif de chasseurs picard annonce qu’ils chasseront l’oie en févrie et qu’ils manifesteront en mars !

La Commission des lois a voté hier les amendements qui répondent aux attentes des chasseurs et des tireurs

Le ministère de l’Ecologie a signé le 23 décembre un arrêté autorisant la chasse de la bernache du Canada, le Conseil d’Etat a cassé le même jour l’arrêté prolongeant la chasse des oies du 31 janvier jusqu’au 10 février. La Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a donc tenu une réunion de crise jeudi 29 décembre et publié un communiqué pour exprimer son mécontentement. Dans ce communiqué, la FNC rappelle que cet arrêté fixant la date de fermeture de la chasse des oies a été attaqué par des associations (  LPO, FNE…  ) qui avaient pourtant accepté cette date du 10 février lors des tables rondes organisées en 2010. Elle menace donc le Gouvernement d’appeler les chasseurs à manifester dans la rue… Le tout nouveau Collectif des Chasseurs en Colère de Picardie ( CCCP ) vient de publier un communiqué de presse qui marque clairement le début des hostilités avec le Gouvernement. En effet, si la Fédération Nationale des Chasseurs, a surtout exprimé son mécontentement, le CCCP appelle…Le CCCP ne se contente pas de menacer le Gouvernement d’éventuelles manifestations il Amiens.

La Commission des lois de l’Assemblé Nationale a vote hier à l’unanimité ( droite-gauche ) les amendements proposés par le Comité Guillaume Tell lors de la deuxième lecture de la proposition de loi sur les armes (  voir article du 09/12/2011  ). Le texte, qui sera vraisemblablement présenté séance publique à l’Assemblée Nationale début février, répond donc aux attentes des chasseurs, des tireurs sportifs, des collectionneurs et des armuriers qui s’étaient inquiétés en lisant la première version de cette proposition de loi, notamment de l’article 1 qui change radicalement les catégories de classement des armes (voir article du 04/11/2010). Avec le texte voté, les tireurs sportifs pourront être rassurés que les armes qu’ils utilisent aujourd’hui feront bien l’objet d’un classement en catégorie B ou C et non en A, comme la rumeur le laissait croire. Avec les articles 2 et 8, les collectionneurs connaissent une avancée avec la date de 1900 et la création du statut du collectionneur. La rédaction de l’article 3 répond aux demandes des chasseurs en ce qui concerne l’acquisition et la détention, avec des procédures différenciées qui lèvent talourdir toutes les démarches…

www.chassons.com 8

METAPHORE exposition de l’artiste Joël Desbouiges au musée de gap: mues de cerfs, mêlés à des dessins, des peintures et des photos. www.desbouiges.com

27 jan / 29 jan SALON CHASSE & PECHE La première édition du Salon Chasse & Pêche «indoor» aura lieu du 27 au 29 janvier 2012 au parc des expositions de Troyes. www.troyes-expo.com

11 mar / 02 avr SALON DE LA CHASSE

Le salon de la chasse de Rambouillet 2012 aura lieu du 11 mars au 2 avril au Parc des Expositions de l’ile l’Aumône. www.salondelachasse.com

www.seasons.com

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DECOUVERTES

A Dada sur mon Bidet


La Vénerie,

La technique du courre, consistant à prendre un gibier avec une meute de chiens courants, est connue depuis deux millénaires. Les méthodes ont peu évolués à travers les âges, l’utilisation des chiens, des chevaux, de la trompe et éventuellement d’une dague existait déjà au XVIIIe siècle comme en témoinent les représentations picturales de l’époque. La vénerie s’ordonne autour du chien dont les aptitudes naturelles ne changent pas, et des espèces chassées, dont les défenses ne varient pas davantage. Elle constitue, avec la chasse au vol et la chasse sous terre, la forme de chasse la plus naturelle : elle repose sur la mise en œuvre d’animaux dont l’instinct joue le rôle décisif. L’homme encadre des chiens et les aide, il ne peut pas se substituer à eux.

Photographies de Patrice Toutée

«Un art de chasse plus vivant que jamais» 14

La vènerie est un mode de chasse très ritualisé. Elle consiste à chasser à courre des animaux sauvages dans leur milieu naturel jusqu’à leur prise éventuelle par les chiens, et eux seuls. En Vènerie, la manière compte davantage que le résultat qui ne peut être que d’un seul animal par laisser courre. La défense des animaux chassés réside dans la fuite et les multiples ruses qu’ils développent instinctivement pour échapper aux chiens. Cette défense doit pouvoir s’exprimer librement, sans intervention de l’homme qui n’est que le spectateur avisé de la partie qui se joue entre l’animal sauvage et son prédateur naturel. En France, plus de 420 équipages représentant 10.000 pratiquants répartis sur 69 départements, chassent

cerfs, chevreuils, sangliers, renards, lièvres et lapin, selon la région où ils se trouvent ou le type de chiens dont ils disposent. Les jeunes et les femmes sont en nombre dans les équipages, ce qui est une caractéristique originale de ce mode de chasse. Le veneur s’applique à respecter sur le terrain l’emploi de toutes les « règles de l’art » accumulées au cours des siècles. Elles constituent le patrimoine culturel incomparable de ce mode de chasse. Le veneur est respectueux de la loi naturelle, il prend soin de ne pas compromettre l’intégrité et la loyauté de la confrontation entre la meute et l’animal chasse Chaque équipage possède une identité particulière définie par son appellation, sa tenue, ses couleurs et sa

fanfare. Les membres de l’équipage (appelés boutons, gilets, épingles...) peuvent être amenés à intervenir durant le laisser-courre, ils le font dans le strict respect des consignes données par le maître d’équipage. Les chiens sont ensuite emmenés sur le lieu choisi pour «fouler», derrière un veneur à pied ou à cheval. Si «l’attaque» est faite avec des «rapprocheurs», les chiens de meute doivent être donnés dès que possible après le «lancer», à la voie de l’animal déhardé ou encore donnés à l’écoute. Le maître d’équipage assure la conduite de l’équipage. Il prend toute décision qui lui paraît appropriée. Il assure également dans un esprit amical et convivial la direction du groupe de veneurs que forme l’équipage.

Quelques règles à savoir : • A la chasse il se déplace à pied ou à cheval, et ne recourt pas aux moyens mécaniques, sauf exception justifiée par un motif de sécurité

• S’il y a prise à la fin de la chasse, prélèvement qui obéit à la logique de la vie et de la mort, elle doit être entourée de respect.

•Le veneur exerce son art avec les moyens hérités de la tradition, ainsi chasse t-il a cor et à cri, avec sa trompe et sa voix.

• Quelque soit l’animal chassé, une journée de chasse à courre se déroule de façon identique et s’appuie sur une éthique exigeante.

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«Depuis toujours, la vénerie a fourni un thème de prédilection à l’art» En effet, dès la préhistoire, on retrouve sur les parois des cavernes, des dessins représentant des scènes de chasse, mettant en avant des animaux pour certains disparus aujourd’hui en France comme l’auroch ou l’ours, mais également des animaux encore bien présents sur notre territoire tels que le loup, le chevreuil, le cerf, le sanglier, le lièvre, le renard... Au Moyen Age, la chasse le cerf est l’animal le plus fréquemment représenté car il est considéré comme un gibier noble. Le sujet de la chasse est traité de différentes manières et est utilisé sur de nombreux supports. A la renaissance la chasse joue un rôle prépondérant dans l’implantation des châteaux, et l’on trouve de nombreuses scènes de vènerie sur les sculptures ornementales. Elle est présente dans la musique, notamment avec la trompe de chasse, mais elle a aussi inspiré de nombreux musiciens classiques et légué un patrimoine musical sans équivalent. De nos jours le dynamisme de la Fédération Internationale des Trompes de chasse perpétue cette culture musicale plus vivante que jamais. Dès le XVIIe siècle, la tapisserie élément de décoration de l’époque, met la France au premier plan avec les Gobelins et Le Brun. la chasse montre alors la grandeur du roi. 16

Le XIXe siècle sera riche d’artistes dont le thème principal sera la vènerie remise au goût du jour par Napoléon 1er. On ne peut citer ici tous les artistes de ce siècle, mais citons parmi les plus grands peintres Carle Vernet, Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Alfred de Dreux, Eugène Lamy, René Princeteau, Olivier de Penne, et dans la sculpture Alfred Barye (1795-1815) et Jules Mène qui réalisa en bronze un bestiaire de nos forêts d’Europe. Au XXe siècle, Jules Finot, Karl Reille, Xavier de Poret et bien d’autres encore furent les témoins de leur temps avec toujours comme sujet de prédilection la chasse et la vènerie. En 1952, Henri de Linarès créa à Gien dans le premier château dit «de la Loire», édifié sur l’emplacement d’un rendez-vous de chasse royal construit en 1484 par Anne de Beaujeu, fille aînée de Louis XI. Mais elle est présente aussi dans le langage courant avec des expressions telles que ‘’ marcher sur ses brisées, être aux abois, courrir deux lièvres à la fois’’, et bien d’autres. Aussi il n’est pas étonnant qu’elle ait toujours inspiré les romanciers, et l’on citera alors Vialard, avec la grande meute, ou Genevoix avec la dernière harde, ou encore Maurice Druon et Pierre Moinot. Tout cela forme un patrimoine culturel incomparable dont peut s’enorgueillir la vènerie Française. Des Musées perpétuent cet héritage

teau. Dans ce même esprit, le comte Amaury de Louvencourt (actuel propriétaire) réalisa en 1995 une extension considérable des aménagements, orientée sur la vie du veneur et présentant des collections augmentées en proportion. Aujourd’hui le Musée du Veneur, c’est 25 salles à découvrir. L’intérêt que présente le Musée du Veneur tient à l’exactitude, au caractère intimiste du rassemblement des objets qui forment la vie quotidienne d’un veneur. Le Musée de la Vènerie à Senlis De tout temps, la chasse à courre fut un privilège ; ce qui s’y rapporte est souvent empreint d’un esthétisme raffiné. Consacré à l’histoire de la vènerie, du XVe siècle à nos jours, le musée déploie sur quatre niveaux des collections d’une grande richesse. Dans l’atmosphère chaleureuse d’une demeure privée, armes, tenues, trompes et trophées, objets souvent rares et précieux, attachés à la chasse à courre et aux différents équipages qui la pratiquent, évoquent une tradition ancrée dans la région depuis plusieurs siècles. Cette discipline est présentée à travers des tableaux de Van Der Meulen, Desportes et Oudry, des dessins signés de la main de Desportes, Rosa Bonheur, Baron Finot ou encore Hallo, et des gravures de Dürer, Callot et Carle Vernet.

LE MUSÉE DE LA CHASSE À GIEN Situé en lisière de la forêt d’Orléans et de

la giboyeuse Sologne, Gien ne pouvait être mieux placée pour accueillir un tel musée. Bien que spécifique, le musée intéresse les chasseurs et non-chasseurs. Les collections permanentes qu’abritent 14 salles permettent une découverte chronologique et thématique: des techniques cynégétiques: armes, dessins, gravures... des divers types de chasses et de gibiers: chasse à tir, vénerie, fauconnerie... et des nombreux objets d’art inspirés par la chasse: les peintures de François Desportes (1661 - 1743) et de J.B. Oudry (1686 - 1755), les tapisseries, les céramiques, les bronzes animaliers, les pendules et divers accessoires du chasseur.Le musée, c’est égautons de vénerie (environ 4000), de trompes de chasse, les 500 trophéesceux de M. François de Grossouvre.

LE MUSÉE DE LA VÈNERIE À SENLIS De tout temps, la chasse à courre fut un privilège ; ce qui s’y rapporte est souvent empreint d’un esthétisme raffiné. Consacré à l’histoire de la vènerie, du XVe siècle à nos jours, le musée de Senlis déploie sur quatre niveaux des collections d’une grande richesse. armes, tenues, trompes et trophées de chasse à courre tenues, trompes et trophées de chasse à courre

LE MUSÉE DE LA FONDATION Le Musée de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature avec pour but entre autre d’œuvrer pour une pratique de la chasse soucieuse du respect de la nature et créent un Musée qui ouvre ses portes au public en 1967 en l’hôtel de Guénégaud à Paris dans le Marais. Des expositions temporaires y ont lieu fréquemment et portent, v sculptures et objection d’armes de chllection Pauillac). Peintures, tapisseries, objets, armes, sculptures sur la chasse sont présentés ici avec raffinement et montrent aux visiteurs

La vènerie, une chasse à cor et à cri La trompe de chasse est indissociable de notre mode de chasse. Sans elle, le laissercourre perdrait assurément une partie de son âme ; Véritable instrument de musique, elle est aussi pendant la chasse le moyen utilisé par les veneurs pour communiquer entre eux et appuyer les chiens. Dès l’Antiquité, on a vu apparaitre les premières trompes ordinairement en airain. Ces instruments accompagnaient plutôt les cérémonies religieuses. La Trompe métallique formée d’un long tube enroulé sur lui-même et muni d’un pavillon s’est développée grâce à la musique d’orchestre; elle n’est apparue à la chasse que vers 1680. Ses caractéristiques, bien riche que celui du cor.

MUSÉE DU VENEUR Le Musée créé en 1971 par Solange de la Motte Saint Pierre, rassemblait alors des souvenirs de l’Equipage de Montpoupon. Les pièces exposées avaient trouvé naturellement leur place dans les vastes dépendances du châ-

combien la chasse avait d’importance dans les arts. Il ne faut pas manquer aussi le Musée Hermès qui présente une collection importante de matériels, d’objets et de peintures sur le cheval qui, très souvent, a comme sujet la vènerie où le cheval a tant d’importance.

Photographies de Patrice Toutée

www.venerie.org 17


«La vénerie, c’est avant tout l’art de chasser avec des chiens, et rien qu’avec des chiens» Peu importe l’animal chassé, le territoire, le climat, le nombre de participants ; Au final il y a une meute qui chasse par atavisme et dressage, et des hommes qui assistent et encadrent un spectacle qui n’existe que pour et par les chiens.

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Nos chiens courants sont un patrimoine vivant pour la France C’est pourquoi le veneur leur voue un amour infini et entretient avec eux des relations aussi fortes que subtiles. Nous cherchons sans cesse à mieux les comprendre, à créer avec eux plus d’intimité, à apprendre d’eux aussi beaucoup, tant leurs aptitudes à chasser sont sans communes mesures avec celle de l’homme. Avec environ 17.000 chiens, les meutes de chiens de vènerie n’ont jamais été aussi nombreuses en France. et nous sont enviées dans le monde entier. On appelle chien d’ordre le chien de vènerie, car seul celui-ci chasse en meute, un seul animal, et que la meute tout entière est attentive et aux ordres de celui qui la dirige pendant la chasse. Un équipage n’aurait aucune chance de prendre si les chiens n’étaient pas créan-

Photographies de Patrice Toutée

cés sur un animal donné, s’ils chassaient plusieurs animaux au cours d’un même laisser-courre et encore moins s’ils ne chassaient pas en meute en utilisant les talents et les personnalités de chacun des composants du groupe.. Cette mise aux ordres des chiens résulte autant de leur origine que du dressage effectué par l’homme, quotidiennement au chenil et régulièrement à la chasse. C’est ce qui explique que les chiens, en dépit de leur instinct naturel de forcer un animal sauvage ne soient nullement agressifs. La France est le pays du monde où il existe le plus grand nombre de races de chiens courants. Le standard des chiens courants édité sous l’égide de la Société Centrale Canine en dénombre 38, dont 6 sont utilisées en grande vènerie : le Français tricolore, le Francais blanc et noir, l’Anglo Francais tricolore, l’Anglo Français blanc et noir, le Poitevin et le Fox Hound. En petite vènerie ( lièvre, renard et lapin) on trouve aussi l’Anglo -français de petite vènerie et parfois certaines races de bassets. Ces races, travaillées avec amour par les équipages depuis plusieurs siècles, font partie du patrimoine de ce pays. Utilisés pour forcer un animal sauvage après plusieurs heures de poursuite, les chiens de nos équipages doivent être de véritables athlètes, possédant toutes les aptitudes physiques pour pouvoir galoper, par tous les temps.

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Que chasse t-on ? Les animaux de vènerie au nombre de 6 (cerf, chevreuil, sanglier, renard, lièvre et lapin) forment une galerie à la fois riche et diverse. On ne chasse plus d’animaux surprenants avec des chiens courants comme au temps de Gaston Phébus, l’ours ou le renne. On ne courre plus le loup, comme il y a un siècle encore. Mais les animaux de vènerie ont tous en commun qu’ils sont totalement sauvages, jamais issus de l’élevage ou de lâchers et chassés exclusivement dans leur milieu naturel. Chacun à sa façon règne sur la création qui l’entoure. Expression sauvage de la majesté, le cerf coupe le souffle par sa beauté. Sorti du fond des fourrés comme du fond des âges, le sanglier fascine par sa force noire. La silhouette déliée et les allures aériennes du chevreuil en font l’une des créatures les plus élégantes qui soient. Le renard exprime la ruse par son faciès et la fuite par son corps qui s’allonge d’une queue à peine moins épaisse. La fantastique machine à courir qu’est le lièvre déconcerte à l’arrière par des postérieurs démesurés. Quant au lapin, il ne possède aucune de ces singularités, mais il sait faire valoir avec vigueur et modestie une personnalité débonnaire et généreuse. Chasser, c’est d’abord aimer passionnément ces merveilles de la nature. Entrer dans leur intimité, percer le secret de leurs remises, s’enthousiasmer au plaisir de les voir, déjouer les pièges dont ils émaillent leurs parcours... Quand la chasse a été belle et qu’on a pris, l’homme et l’animal sortent grandis d’une confrontation rude mais respectueuse. L’animal a donné le meilleur de lui-même, les chiens ont su prendre le dessus et le garder.

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C’est, pour toujours, la célébration d’un "mystère" comme on disait au moyen-âge. Les veneurs sont, le plus souvent sans le savoir, des naturalistes éclairés. Instruits par une longue expérience, ils connaissent l’animal qu’ils chassent aussi bien que des hommes de science. Et ils lui sont viscéralement attachés. Parce que, à force de chasser un animal, ils finissent par former avec lui un couple, étrange mais vrai. Oui, nous aimons nos animaux de chasse.

Il s’adapte à tous les territoires Seule, l’amélioration des qualités des chiens courants vers les années 1800, basée sur le croisement entre les races françaises et anglaises, a permis la création de meutes aptes à prendre le chevreuil à courre. Le chevreuil est un animal rapide, rusé et dont l’odeur est légère. C’est pourquoi sa chasse plus que tout autre, nécessite des chiens rapides, ayant une finesse de nez exceptionnelle, de la voix, un grand amour de la chasse et des aptitudes héréditaires de sagesse les amenant à ne pas changer d’animal. Pour ces raisons, les veneurs de chevreuil, 93 équipages doivent avoir une passion et une connaissance extrême de leurs chiens. Cette chasse est difficile, subtile et très tributaire des conditions atmosphériques. Photos d’Olivier Alix

www.vénérie.org 21


EQUIPEMENT

T'en as un beau fusil...


Personnalisez votre fusil L’armurerie Richard est à votre écoute pour assurer tous sortes de travaux de personnalisation et mise à conformité de votre arme. Au sein de l’atelier, nous assurons la personnalisation dans les délais les plus courts, y compris en période de chasse, tout en gardant la qualité qui fait notre réputation.

LA GRAVURE Numérotation pour votre paire de fusils Gravure d'initiales sur écusson or Incrustation de vos initiales en or directement dans la crosse ou le devant Gravure sur fond de magasin de carabine Installation d'une calotte métallique sur la poignée de crosse

TRAITEMENTS DE SURFACE Jaspage de bascule Placage or des détentes et des pièces intérieures Bronzage fin des canons et de la mécanique Bronzage damas des canons Téflonage de l'extérieur

TRAITEMENTS DES BOIS Pose d'un busc amovible ou non Pose d'une rallonge gainée cuir Pose d'une calotte de poignée pour graver des initiales Équilibrage de votre arme avec masse plombée ou installation d'un amortisseur de recul Suppression des anneaux de grenadière Reprise de la finition : ponçage et huilage vernis au tampon Réfection des bois dans une essence choisie par vous

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Soucieux de parfaire ses présentations et ses connaissances, Maurice va acquérir à Paris, auprès du Musée de l'Armée, une solide formation muséographique. Initié à l'approche de la gravure par le grand maître ornementaliste stéphanois Roger Picot, graveur-ciseleur Meilleur Ouvrier de France, il sera rapidement le témoin vivant de cet art par le biais de ses photographies consacrées à l'armurerie régionale. Invité plusieurs fois par la chaîne SEASONS et régulièrement sollicité par les collectionneurs et experts du monde entier, ce passionné d'histoire, Membre de la Commission Consultative Professionnelle des Arts Appliqués, s'implique dès 1991, à la mise en place d'un Brevet des Métiers d'Art et participe à la création d'un atelier de gravure-sculpture à la section d'armurerie du Lycée Benoît Fourneyron de Saint-Etienne où il sera chargé du cours d'histoire de l'Arme Ancienne et Moderne. En 1990, il met la gravure à la portée des scolaires en s'impliquant dans la mise en place d'un atelier à leur intention, au Musée d'Art et d'Industne, en 1997, pour animer des Classes Patrimoine Régional, il prit un égal plaisir à collaborer à ce projet, tout en conseillant et orientant les jeunes universitaires qui intégrèrent l'armurerie stéphanoise à leur discipline de recherche. Maurice Forrissier

www.armurerie-richard.com 25


C'est de la balle !

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TENDANCES

T'as la classe quand tu chasses


Du coté des garçons ... LES INDISPENSABLES

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SANS ADRESSES FIXES

A la découverte des hommes de glace


Les Inuits, qui sont-ils ?

PEUPLE DES RIVES DE L’ARCTIQUE Longtemps chasseurs pêcheurs nomades, les Inuit sont aujourd’hui sédentarisés. Ils sont plus de 125 000, répartis en une quarantaine d’ethnies sur un immense territoire recoupant l’Alaska, le Canada, le Groenland et la Russie. Bien que séparés par de grandes distances, ils ont conservé une homogénéité.

INUIT OU ESQUIMAUX ?

TRES BIEN ADAPTÉS AU CLIMAT

Le mot «Esquimaux» - «mangeurs de viande crue» dans la langue des Indiens Algonkins a été rapporté par les colons français, au XVIIe siècle. Aujourd’hui, on utilise les noms locaux (Yupik, Inupiat...) ou l’appellation générale d’Inuit, comme l’a décidé la première Conférence inter Inuit (CCI, Alaska,1977).

Les Inuit ont appris à utiliser ce que leur offre leur environnement : animaux polaires, glace, pierres. Leur alimentation faite de graisses et de viande de phoques riches en fer et vitamine A, les aide à résister au froid. Mais leur véritable adaptation est culturelle : vêtements, raquettes, traîneaux, kayaks, chasee etc.

fragile, sans le déséquilibrer. L’hiver, les Inuit chassaient les mammifères marins (phoques, morse, cétacés). Pendant l’été, ils se déplaçaient vers l’intérieur des terres pour abattre le caribou, pêcher les poissons d’eau douce, attraper des oiseaux, ramasser des œufs,

algues, etc. Le jeu faisait aussi largement partie de la vie (osselets, bilboquet, contes, danses...). Les activités de pêche et de chasse font partie intégrante de la vie à Holman. De nos jours, d’autres aliments importés du Sud par avion et vendus au Magasin du Nord sont

cueillir baies et herbes. Les hommes chassaient, fabriquaient les outils, construisaient les kayaks; les femmes, elles, préparaient les peaux, confectionnaient les vêtements, faisaient sécher la viande, s’occupaient des enfants, pêchaient, ramassaient lichens et

venus s’ajouter au régime alimentaire traditionnel de gibier et de poisson, mais la chasse et la pêche demeurent tout de même des éléments importants à la survie et au mode de vie. Les changements dans les marchés du sud ont entraîné des effets significatifs sur

Photos de Ragnar Axelsson

ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ Chasse et pêche demeurent la base de la civilisation Inuit. Ils considèrent, en retour, la nature avec respect. Mais aujourd’hui, la confrontation avec le monde moderne est difficile. Cependant, certains nouveaux moyens techniques (motoneiges, avions, internet...) les aident à bâtir leur avenir. Au Canada, les Inuit gèrent un territoire autonome, le Nunavut, depuis 1999. Jusqu’à il y a une trentaine d’années, les Inuit tiraient de la chasse, non seulement leur nourriture, mais aussi les matériaux pour fabriquer leurs outils, construire leurs logements, confectionner leurs vêtements. Leur mode de vie leur permettait de tirer leur subsistance du milieu naturel, suffisant mais

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«Chasse et pêche demeurent la base de la civilisation Inuit».

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«Les températures en hiver peuvent atteindre -60»

EQUIPEMENTS

Photos de Ragnar Axelsson

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Avant que la nourriture n’ait pu être obtenue de sources à l’extérieur de la communauté, la survie dépendait d’expéditions de chasse bien réussies, lesquelles nécessitaient des compétences aiguisées et la capacité de s’approcher furtivement de sa proie. Dans un tel milieu agressif, il était essentiel d’avoir des outils et des vêtements fiables et bien construits. Les armes traditionnelles comprenaient le harpon à pointe articulée, employé lors de la chasse au phoque, le bola pour la chasse aux oiseaux, le kakivak pour la pêche, la lance pour la chasse à l’ours blanc et les flèches pour chasser le bœuf musqué, le caribou et l’ours. Les outils les plus importants étaient employés lors de la chasse à la cheminée de respiration, soit l’activité de chasse principale de la région. Outre le harpon, on employait

des sondes à neige, des poinçons à glace et des avertisseurs de plume pour indiquer l’approche d’un phoque. La carabine pouvait être obtenue contre des échanges vers 1930, mais on ne l’employait pas couramment jusqu’à plus tard. Des vêtements chauds, confortables et imperméables ont été également essentiels lors des expéditions de chasse, et les femmes sont devenues des couturières expertes. Elles fabriquaient chaque vêtement sur mesure à partir de peaux de caribou et de phoque, à l’aide de babiche et d’alènes de cuivre. Les kamiks (bottes) portées au printemps et en été étaient fabriquées des peaux du phoque barbu en raison de sa nature imperméable, alors que celles portées en hiver étaient en peaux de caribou.

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Plutôt viande ou poisson ? Comme les plantes comestibles sont rares dans l'Arctique, Les Inuit mangeaient surtout de la viande provenant de leur chasse : du caribou, du phoque, du morse, de l'ours polaire, du lièvre arctique, du bœuf musqué, des oiseaux comme les lagopèdes, et des poissons comme l'omble arctique, le saumon et le cisco. Pendant l'été, ils se nourrissaient aussi de baies et d'autres plantes. LA CHASSE AU PHOQUE Les activités de chasse dépendent du cycle des saisons et la présence des différents types d’animaux. L’exercice de chasse le plus important était sans doute la chasse à la cheminée de respiration, pratiquée en hiver. Il s’agissait d’une période où le gibier était peu abondant et le phoque fournissait des produits de première nécessité autre que la nourriture, tels que des peaux pour faire des vêtements et de l’huile pour les lampes. Des communautés entières se déplaçaient sur les glaces vers le début décembre et construisaient des abris près des endroits où les phoques abondaient. Les phoques et les autres mammifères marins doivent refaire surface pour respirer. À l’aide des chiens, les chasseurs inuits repéraient les trous et attendaient l’occasion d’harponner un phoque. Cette pratique nécessitait une grande patience et un effort concerté de la part des chasseurs, qui se dispersaient sur un grand territoire afin de surveiller un plus grand nombre de trous d’air. Ils partageaient par la suite le gibier. L’hiver était la période la plus froide et la plus sombre de l’année et la chasse au phoque par les trous d’air mettait à l’épreuve l’endurance des chasseurs et symbolisait le travail d’équipe

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nécessaire à la survie dans cet environnement difficile. Cette activité nécessitait un véritable travail d’équipe pour le repérage, la traque, le dépouillage... L’hiver, les chiens, à l’odeur, localisaient les trous de respiration dans la banquise, que les chasseurs surveillaient. Dès qu’un phoque se montrait, il était harponné. Au printemps, les animaux étaient abattus lorsqu’ils se prélassaient au soleil. En été, ils étaient chassés en eau libre avec les kayaks. Le phoque étaient très recherché car sa viande est très nourrissante. Mais aussi pour sa peau, imperméable et ses os. De la même façon, lorsque les Inuit abattaient une baleine, pratiquement tout l’animal était utilisé pour se nourrir, se chauffer, s’éclairer (graisse). Même les fanons étaient transformés en arcs et les os utilisés dans la fabrication des traîneaux.

LA CHASSE AUX CARIBOUS Dans le caribou, tout est utilisé : la viande bien sûr, mais aussi la peau (vêtements, couvertures, tentes, kayaks) ; celle du front, résistante et dure, sert pour les semelles, celle nécessitait quatre peaux et les pantalons deux autres). Avec les bois on fabriquait des outils, avec les tendons, du fil à coudre, avec la graisse, le combustible des lampes.

AUTRES ANIMAUX ET POISSONS La chasse à l’ours blanc se pratiquait également en hiver. Au printemps, on pratiquait la chasse au phoque à partir du bord des couches de glace, la chasse au canard, la pêche et la cueillette d’œufs. L’été est la saison où le gibier est peu abondant. Le début de l’automne est la meilleure saison pour la chasse, puisque les caribous sont des plus gros et leurs fourrures épaisses sont idéales pour la fabrication de vêtements. Les bœufs musqués sont également plus abondants à l’automne. Les ombles de l’Arctique qui se nourrissent dans la mer tout au long de l’été reviennent dans les lacs et les ruisseaux à l’automne, période où la pêche à la lance peut porter fruit. On séchait la viande et les poissons pris au cours de la saison abondante et on les entreposait pour consommer plus tard. À mesure que les groupes de chasseurs se déplaçaient, on entreposait la nourriture dans des abris de pierre pour empêcher les animaux sauvages d’y entrer et pour pouvoir repérer les provisions plus tard. Le respect pour les animaux La survie des Inuits dépendait exclusivement des animaux, et ils les accordaient le plus grand respect et la plus grande révérence. On pratiquait des rites et on observaient des tabous afin de rendre hommage aux esprits des animaux. Par exemple, un grand nombre de rites concernaient la séparation des animaux aquatiques des animaux terrestres. On prenait la vie des animaux au sérieux et toutes les parties du cadavre étaient employées aux fins de nourriture, d’habillement et de fabrication d’outils. Par conséquent, il n’y avait aucun gaspillage.

Les habitudes alimentaires Il y a tout un système de règles, d'étiquettes, d'interdictions et de tabous concernant les animaux dont on se nourrit. Il faut d'abord savoir qu'on ne doit jamais mélanger les produits de la terre et ceux de la mer. Pour préparer la viande de phoque, les Inuits font cuire seu-

lement la chair de phoque. Cependant, la femme prend dans sa bouche les morceaux de graisse et les mâche pour créer une forme de jus graisseux qu'elle recrache dans le récipient pour que la cuisson se fasse mieux. La viande est cuite dans un pot de stéatite de forme allongée et elle est consommée dans des bols de bois.

AUTRES ALIMENTS Bien que la chasse et la pêche constituent toujours des activités essentielles pour les résidents de Holman, l’accès à des aliments importés est également important. Les fruits et légumes frais sont livrés par avion, ce qui les rendent très chers. Les aliments secs arrivent par navire, méthode de livraison commune dans les communautés éloignées du Nord.

Un inuit attendant la prise. Photos de Ragnar Axelsson

A savoir  :  Les Inuits sont les mieux lotis au monde sur le plan de la santé cardiaque. 45


Une passion qui perdure « Même si plusieurs changements ont lieu pour les peuples des premières nations du Canada, la culture inuit de notre communauté reste encore bien vivante grâce à la ténacité de certains habitants » Tivi Etok

GNGL : Comment est né le film « Le voyage d’Inuk » ? Jean-Michel Huctin: Le film est né d’une expérience exceptionnelle à laquelle j’ai participé au Groenland, en étant souvent le seul occidental, durant de nombreuses années : de longues expéditions en traîneau sur la banquise, où des chasseurs emmènent avec eux des jeunes Inuit et leurs éducateurs. Une doyenne du village avec un de ses chiens. Photos de Ragnar Axelsson

GNGL : Comment avez-vous écrit le scénario du film ? Jean-Michel Huctin: Au tout début, JeanMichel et moi avions envie d’aller plus loin que les deux documentaires télé tournés ensemble : nous voulions garder leur authenticité mais en y ajoutant l’émotion de

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la fiction. Cette fiction devait permettre de raconter toute l’histoire vraie de ces enfants blessés : leur voyage du béton à la banquise, depuis le Sud moderne du Groenland où ils vivent, jusqu’au Grand Nord de leur pays où ils sont envoyés par les services sociaux pour tenter de se reconstruire au contact de chasseurs inuit. GNGL : Le film existe, alors pourq uoi lancer une opération de soutien ?

voulions pas « trahir » l’histoire d’un peuple qui a déjà tant souffert de sa rencontre brutale avec l’Occident. Alors, nous avons décidé de faire avec les moyens du bord et surtout avec la grande générosité des amis et de ceux qui croient dans le film. Et nous avons toujours besoin d’aide… nous rentrons dans la phase la plus critique du film, la promotion et la distribution. Face à de grosses machines du cinéma, c’est toujours un énorme défi de sortir un petit film venant « d’ailleurs ».

Jean-Michel Huctin: Quand nous avions commencé à rêver de ce film, nous nous étions promis de ne jamais nous éloigner de l’histoire authentique de nos amis groenlandais. Il est toujours tentant en effet de tordre un récit pour rassurer certaines grandes sociétés à vocation commerciale. Mais nous ne

Interview des auteurs du film «  Le voyage d’Inuk  », Mike Magidson et Jean-Michel Huctin. 47


UN PEU DE CULTURE

Tu te coucheras moins bête ce soir


Deyrolles,

touché par le feu

Un zoo suspendu ; dans l’étrange éden de Deyrolle s’exposaient des milliers de papillons bleus, des félins bondissants et des rampants reptiles, un fonds sous-marin déversé, des massacres. Aujourd’hui la plupart des pièces, noires, éclatées, éparses, sont méconnaissables.

La collection Deyrolle est d’abord une affaire de famille. Fondée en 1831 par Jean-Baptiste Deyrolle, un passionné d’entomologie, la maison est ensuite reprise par son fils, Achille. Mais c’est Emile Deyrolle, le petit-fils, qui installe définitivement la société rue du Bac. Il s’agit d’abord pour eux de monter un commerce d’insectes et de matériel de chasse à l’usage des collectionneurs, mais aussi de développer la pratique de la taxidermie.

Curieux paradis

Deyrolle a présenté les clichés du photographe Martin d’Orgeval prises après l’incendie de la maison en février 2008. A cette occasion, la salle dite du "cabinet de curiosités" a été rouverte le 1er avril 2009.Cette exposition a coïncidé avec la sortie du livre de Martin d’Orgeval "Touché par le Feu" paru aux éditions Steidl.

www.deyrolle.com/laboutique/ http://www.martindorgeval.com/ 50

Avec ses murs rouges patinés et ses bruyants parquets, Deyrolle était un véritable cabinet de curiosités. Temple du bizarre, il abritait des objets aussi éclectiques que têtes de cerf, oeufs d’autruches, collages d’ailes de papillons, ou encore systèmes nerveux d’araignées ou d’étoiles de mer. Les animaux empaillés, tels le grizzli de 2m10 ou le zèbre, côtoyaient les roches délicates et les minéraux colorés : quartz, géodes d’améthyste, plaques de lapis-lazuli, opales. Avant l’incendie, les oiseaux bariolés, les lions à la déambulation arrêtée, les ours aux griffes dressées, les cervidés surgissant des murs, les bisons à la puissance fragile étaient régulièrement loués pour les besoins d’un film, d’une séance photo ou d’une vitrine. Ils venaient pour la plupart des collections anciennes de Deyrolle ; mais certains avaient été naturalisés plus récemment à partir d’animaux provenant de réserves zoologiques, de cirques ou d’élevages. La convention de Washington, qui veille à la protection et à la survie des espèces, a toujours été respectée. La collection entomologique comptait quant à elle des milliers d’insectes,

conservés dans les meubles d’origine, aux multiples tiroirs vitrés. Des correspondants du monde entier approvisionnaient la collection, quelquefois d’espèces très rares. Le feu s’étant déclaré dans cette pièce, la collection est aujourd’hui totalement détruite.

Pavane pour une infante Le 1er février dernier, à cinq heures du matin, un incendie a ravagé plusieurs salles du premier étage. Le feu n’a été maîtrisé que deux heures plus tard, mobilisant une cinquantaine de pompiers. Au petit jour, on voyait un lama et un élan passer la tête par la fenêtre, comme s’ils voulaient échapper au désastre. Louis Albert de Broglie, qui a repris la maison en 2001, affirme sa volonté de rouvrir l’établissement dans quelques mois. Pour ce faire il appelle le public à la contribution. Pour l’heure, ce paradis bigarré est donc bien perdu. Espérons que la magie opère pour que les reflets des vitrines abritent de nouveau les coquillages courbes et les flamands roses, que les bois anciens retrouvent les lignes de perroquets exotiques, et que les murs vert amande voient encore la pavane de paons silencieux.

La boutique Deyrolles après l'incendie. Photos de Martin D'orgevak

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Photographies de Martin d’Orgeval tirées de son livre « Touché par le feu»

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LA RECETTE DU MOIS

On mange quoi ce soir ?


Chevreuil, aux cerises et à l'orange

Une recette d'Yves Camdeborde.

Recette

Ingrédients 1.5 kg de selle de chevreuil 100 g de lard 500 g de griottes 1 orange 1 c. à café de thym en poudre 3 baies de genièvre 40 g de beurre 1 c. à soupe de fécule de pommes de terre 37.5 cl de fond de viande 25 cl de liqueur de kirsch sel, poivre du moulin

Piquez la viande avec les baies de genièvre. Saupoudrez-la de thym, puis laissez-la reposer 10 minutes.Retirez les baies de genièvre et le thym. Salez et poivrez la viande. Faites dorer la viande dans le beurre, dans un grand plat allant au four. Recouvrez-la ensuite avec les tranches de lard et faites-la cuire dans le four préchauffé à 220°C (th. 7) pendant 35 à 45 minutes. Au bout de 10 minutes, puis toutes les 8 minutes, arrosez la viande avec le bouillon.Au bout de 30 minutes, retirez le lard et vérifiez la cuisson : la chair doit être souple, mais un peu rose. Égouttez les cerises. Délayez la fécule dans leur jus et portez à ébullition, de façon à obtenir une sauce bien lisse. Mettez les cerises dans la sauce. Ajoutez le kirsch. Incorporez le tout au jus de cuisson de la viande. Lorsque la viande est cuite, laissez-la reposer 15 minutes dans le four, feu éteint et porte entre-ouverte. Émincez la viande en tranches et dressez-la dans un plat de service chaud. Garnissez-la avec des tranches d’orange. Servez la sauce aux cerises à part.

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Diane Est édité par INTUIT.LAB 90 rue de javel - 75015 Paris

Directeur de la publication et de la rédaction Charlotte Lindet & Guillaume Vaugrante Impression Otrad sarl 56 av Gén michel bizot - 75012 paris

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