La réinsertion d'une fabrique oubliée: Une ferme pédagogique au Domaine Arquosal de la Soukra

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE DE CARTHAGE

UNE FERME PEDAGOGIQUE AU DOMAINE ARQUOSAL DE LA SOUKRA



Je dédie cet humble travail A mes parents pour leur amour inestimable, leur confiance, leur soutien, et tous leurs sacrifices. A ma tante, pour sa douceur et sa gentillesse. A ma sœur pour sa tendresse et sa complicité. J’exprime mes sincères remerciements à mon directeur de mémoire, Monsieur Karim CHAABANE. Pour sa présence, son aide et ses judicieux conseils tout au long de l’élaboration de mon mémoire. Je tiens également à remercier ma co-directrice de mémoire Madame Cyrine BOUAGILA. Pour sa patience, sa disponibilité et surtout ses consignes fructueuses qui ont alimenté ma réflexion. Mes remerciements les plus chaleureux, A la personne qui a su me soutenir depuis le début, Aux amis qui m’ont accompagné le long de mon cursus universitaire.


INTRODUTION PROBLEMATIQUE METHODOLOGIE

4 8 10

01

PÉRIURBAIN DISPERSEE»

02

TUNIS COMME «VILLE DISPERSÉE» / LE CAS DE LA SOUKRA

ET

«VILLE

1.1. L'étalement urbain, différentes échelles 1.2. Impact sur le rapport Ville/Campagne : «la ville vulnérable» 1.2.1. Ville/Campagne: Le « mitage» 1.2.2. De la ville dispersée à la « ville vulnérable » 1.3. Impact sur l’identité : la mémoire vulnérable 1.3.1. L'identité paysagère 1.3.2. La ville comme palimpseste 1.3.3. L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture

2.1. Les fronts d’urbanisation du Grand Tunis 2.1.1. Géographie et morphologie de l’aire urbaine 2.1.2. Le mitage de l’espace agricole autour de Tunis 2.1.3. Tunis, une ville dispersée? 2.2. La Soukra, une agglomération en perte d'identité 2.2.1. Petit aperçu historique 2.2.2. La Soukra en pleine mutation 2.2.3. La Soukra, en perte de son identité agricole

15 17 18 20 24 25 26 28

36 37 37 39 41 41 42 44


L’ACTION-PALIMPSESTE SUR LE BÂTI EXISTANT 3.1. Délaissé : l’impensé de la ville 3.1.1. Différents espaces délaissés 3.1.2. Le lieu comme matrimoine d'une nouvelle vie 3.2. Repérage de lieux de mémoire à la Soukra 3.3. L'action-palimpseste 3.3.1. L'architecture comme palimpseste 3.3.2. La diversité des possibles 3.4. L'agriculture urbaine: modérateur délaissé-ville/campagne? 3.4.1. Une résurgence de l'agriculture urbaine 3.4.2. Se réconcilier avec la nature

LE

PROJET

ARCHITECTURAL

4.1. Approche macro 4.1.1. Localisation 4.1.2. Aperçu historique 4.1.3. Contexte urbain 4.2. Approche micro 4.2.1. Etat des lieux 4.2.2. Relevé de l'existant 4.3. L'intervention architecturale 4.3.1. Grille synthétique du programme 4.3.2. Les intentions 4.3.3. Le projet

CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE TABLE DES ILLUSTRATIONS

51 53 53 54 57 58 59 63 64 65

78 78 79 80 82 82 84 87 87 89 90

100 102 108

03 04


INTRODUCTION

Depuis la fin du 19ème siècle, la conjugaison des effets de la révolution industrielle et de l’exode rural s’est accompagnée d’un processus de transformation des paysages urbains à l’intérieur comme à la périphérie des villes. À partir de la seconde moitié du 20ème siècle, ce processus s’est à la fois accéléré et différé bouleversant aussi bien la morphologie que l’organisation des territoires urbains. C’est ainsi que la ville a acquis deux caractéristiques urbaines : la compacité et l’étalement. Mais bien que limité à des territoires restreints et très densément occupés, l’étalement urbain s’est fait, dans un laps de temps relativement court, par agrégation de territoires nouveaux. Depuis, les villes grignotent toujours plus loin dans les espaces environnants, sur le compte des terres agricoles. Les territoires urbains compacts denses, cèdent de ce fait progressivement la place à de nouvelles formes de villes dispersées, qui s’étalent sur des surfaces de plus en plus larges. Cet étalement par un «Le paysage est une partie de territoire telle que perçue par la population et dont le caractère résulte de la combinaison de facteurs naturels et / ou humains et de leurs interrelations » selon la Convention Européenne du Paysage, In FABUREL, G., GEISLER, E., MANOLA, T. (2014), « Le paysage multi-sensoriel dans la qualité de l’environnement urbain : rôle du bienêtre et poids des valeurs dans l’habiter des éco-quartiers », p. 109-119, consulté sur http://journals.openedition.org/ mediterranee/7446

processus de mitage rend difficile l'identification des limites entre urbain

JOUSSET, P., (1893), Un tour de Méditerranée, de Venise à Tunis par Athènes, Constantinople et Le Caire, Librairies-imprimeries réunies.

des politiques d’aménagement des territoires rend le paysage uniforme.

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2

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et rural. Le paysage1 urbain produit, se révèle à la fois hétérogène et ordinaire. Ce phénomène n’étant pas récent, Paul Jousset écrit déjà en 1893 que « La banalité, gagnant de proche en proche, a répandu sur toutes choses sa teinte grise uniforme. Plus de couleur ; le pittoresque disparaît : toute la France se ressemble […]»2 (Jousset, 1893). Ceci ne concerne bien entendu pas uniquement la France ; il touche plusieurs villes à travers plusieurs pays. D’un côté, l’application des codes de l’urbanisme et D’un autre côté, la négligence de ces codes participe à la dégradation de


l’ensemble bâti et à la coupure urbaine entre la ville et son environnement. Ce rôle paradoxal des codes a produit un ensemble urbain ou dominent uniformisation et banalité. Ce phénomène engage des processus menaçants de mimétisme3 accompagné d’une réduction narrative de l’héritage patrimonial. En effet, il est question de masquer au visiteur des morceaux entiers de la ville et de sa culture, renforçant ainsi une pauvreté dans l’image communiquée.4 Le visiteur semble alors égaré dans l’espace qu’on lui a mis en scène, et c’est aussi souvent le cas pour l’habitant. En effet, la rapidité avec laquelle l'urbain a muté, a fait de l’habitant un touriste dans sa propre ville5. Celuici ne peut s’empêcher de s’interroger sur son propre rapport à son milieu de vie, à son propre passé dans la ville.

Particularité des espèces qui, en raison de leur forme et/ou de leur couleur, peuvent se confondre avec l’environnement ou avec les individus d’une autre espèce. / Reproduction machinale, inconsciente, de gestes et d’attitudes des gens de l’entourage. Définition Larousse. 3

VLES, V. (2011), « Entre redynamisation urbaine et banalisation des espaces: tensions et enjeux de l’urbanisme touristique », Mondes du Tourisme [En ligne], N°3, p. 23 | 2011, mis en ligne le 30 septembre 2015, consulté sur : http:// tourisme.revues.org/507 5 Ibid. 4

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« Les lieux dont on se souvient, et les lieux qu’on anticipe, s’enchevêtrent dans le laps de temps du présent. Mémoire et anticipation constituent en effet la perspective réelle de l’espace et lui donnent une profondeur. »6 (VAN EYCK A.)


P R O B L E M AT I Q U E

Une citation VAN EYCK A., consultée dans : VON MEISS, P. (1993), De la forme au lieu : une introduction à l’étude de l’architecture, PPUR Presses polytechniques, p. 151, 221 p. 6

En reconnaissant l'ampleur du phénomène global de mitage et de la consommation effrénée d'espaces agricoles et naturels, nous nous intéressons aux espaces périphériques de la ville de Tunis, et plus précisément à l’agglomération de la Soukra. Ce choix a été motivé par le fait que la Soukra représente un véritable territoire recelant en son sein toutes les problématiques d’une

BOURAOUI, M., HOUMAN B. (2010), "Réflexions et actions sur l'avenir de l'agriculture urbaine: entre enjeux environnementaux et amenités sociales, l'exemple de la ville de Soukra dans le Grand Tunis". Emilie COUDEL, Hubert DEVAUTOUR, Christophe-Toussaint SOULARD, Bernard HUBERT., congrès ISDA 2010, Montpellier, France. CiradInra-SupAgro, 13 p. 7

agglomération en situation de rupture avec son identité agricole7. Aujourd’hui, de façon aussi attendue qu’inévitable, le quartier garde les stigmates d’un développement désordonné avec un tissu urbain plus ou moins lâche, des architectures et des échelles de bâti très différentes, faisant de ses quartiers un ensemble morcelé aux transitions peu lisibles. Dans ce processus de mutation du paysage urbain caractérisé à la fois par l’hétérogénéité et l’uniformisation, comment contrecarrer la tendance par une intervention architecturale?

Sui generis est un terme latin de droit, signifiant « de son propre genre » et qualifiant une situation juridique dont la singularité empêche tout classement dans une catégorie déjà répertoriée. Définition Wikipédia consultée sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sui_generis 8

A défaut d’approches sui generis8, les "villes vulnérables", comme il semble que c’est le cas pour de Tunis, instaurent une spatialité qui met en désarroi la mémoire du lieu, et par conséquent, le sort de la communauté qui y réside. L’apport de l’architecte se présente de ce fait comme une des clés majeures dans l’évolution des villes. En nous référant au propos de Van Eyck et l’idée de donner de la profondeur à l’espace, on reconnaît le lien entre lieu, mémoire et anticipation. Pour André Corboz « […] cette nécessité d’un rapport collectif vécu entre une surface topographique et la population établie dans ses plis, permet

CORBOZ, A., présenté par MAROT, S. (2001), Le territoire comme palimpseste et autres essais, Les éditions de l’Imprimeur. 9

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de conclure qu’il n’y a pas de territoire sans imaginaire du territoire.»9. Cette réflexion nous invite à inverser le rapport entre programme et site.


Ce dernier devient la matrice sur laquelle se négocierait la croissance des villes et leurs mutations, suivant l’idée que la compréhension de notre environnement nécessite de se retourner pour regarder d’où l’on vient10.

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Proverbe africain.

Cela appelle une démarche qui plaiderait l’exploration des multiples strates d'un lieu et qui considérerait l’architecture comme un instrument de mémoire et la mémoire comme matière de l’architecture11.

CORBOZ, A., présenté par MAROT, S. (2001), Le territoire comme palimpseste et autres essais, Les éditions de l’Imprimeur. 11

Nous allons essayer, à travers le cas d’une fabrique située à la Soukra, de montrer que le travail sur la mémoire vulnérable appelle la reconquête du bâti existant. Cela offre un nouveau registre fondamental à explorer dans la création architecturale pour traiter de la mémoire en péril d’un lieu délaissé dans une ville dispersée. Dans quelles mesures peut-on insérer la Soukra dans la logique de Tunis comme ville dispersée? Dans ce souci de reconnaissance de la mémoire du lieu, peut-on parler d'un problème d'identité à résoudre dans le cas de la Soukra? Quelle logique d'intervention sur le bâti existant permet de répondre aux enjeux concernant cette perte d'identité?

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METHODOLOGIE

Afin de contextualiser notre travail et mieux définir nos objectifs, nous allons en préambule, dans le premier chapitre nous pencher sur l’arrivée du phénomène d'urbanisation et de l'étalement urbain. Nous expliquerons les causes de celui-ci ses conséquences dans la ville contemporaine. Nous allons poser la question de la mémoire et de l’identité dans les paysages générés par cet étalement mais aussi de la place de l’architecture dans la fabrication de la mémoire. Le vocabulaire ainsi que la somme de néologismes acquis dans cette partie nous permettra d’aborder le deuxième chapitre. Ainsi, dans un deuxième temps, nous allons essayer d'illustrer le cas de la Soukra à travers le lexique acquis dans la première partie du travail. Une étude de l’origine ainsi que du contexte de cette agglomération, nous permettront d'aborder la question de la mémoire de ce lieu en perte d’identité. La recherche de solution posera la question des lieux délaissés en tant que lieux porteurs de mémoire dans le paysage de la ville. Ainsi le passage, dans le troisième chapitre, de la question du paysage identitaire à l’architecture de mémoire se fera par le biais des lieux délaissés en tant que foyers possibles d’intervention. Ceci nous permettra de poser des critères précis quant au choix du bâtiment sur lequel portera notre intervention. Nous pourrons ainsi présenter l’agriculture urbaine, comme intermédiaire délaissé-ville/campagne dans notre cas, ainsi que des projets de références qui seront générateurs, en partie, de notre programme pour le bâtiment choisi. La compréhension de l’environnement immédiat, ainsi que du bâti en 12


lui-même sont nécessaires dans le cadre de l’intervention sur l’existant. Ainsi une analyse à l’échelle macro et micro sera primordiale dans ce dernier volet. Additionnée à une synthèse des interventions analysées dans le précédent chapitre, cette démarche nous permettra de fixer nos intentions et l’intervention architecturale que nous présenterons dans la partie « projet ».

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PÉRIURBAIN ET VILLE DISPERSÉE

1.1. 1.2. 1.3.

01

L’étalement urbain, différentes échelles Impact sur le rapport ville/ campagne: la ville vulnérable Impact sur l’identité: mémoire vulnérable



Introduction: Distinction Ville/Agglomération

Dans le mouvement d’étalement urbain, quand est ce que ne parle plus de ville mais d'agglomération? Jean-pierre Paulet, nous explique la différence entre les deux notions. Dans son livre «Géographie urbaine»12, il indique que la ville correspond 12 PAULET, J-P. (2009), Géographie à des espaces bâtis et transformés qui s'opposent aux zones rurales qui urbaine, Armand-Colin, p.8. l’entourent. Et qu'elle se caractérise, d’une manière générale par de fortes densités de population et se fonde sur différents critères notamment les fonctions : commerciales, politiques, industrielles, etc. Elle serait donc un territoire ayant une urbanisation importante ou se concentrent un maximum d’activités diverses. Alors que l'auteur définit les zones périphériques entourant les centres, c'est-à-dire entourant les villes, comme étant des agglomérations. Selon lui, on en distingue deux types différents: Le premier serait le territoire qui se caractérise par la continuité du bâti. Tandis que le deuxième, serait une continuité de bâti à forte densité ou se joignent de grands espaces verts, des zones industrielles et des aéroports ou infrastructures portuaires; C’est l’agglomération morphologique.

1.1. L’étalement urbain, différentes échelles L’étalement urbain : Dans un contexte de puissante croissance démographique13 , au

En 1950, la population mondiale était estimée à environ 2,5 milliards de personnes ; aujourd’hui on l’estime à 7,3 milliards et d’ici 2050 à 9 milliards. Source : Données officielles proposées par l’ONU (2017). Disponibles en ligne : esa.un.org 13

premier moment de l’urbanisation ou de la transition urbaine, la ville 14

PAGE-El-KAROUI, D., 2008, Villes du

s’étend considérablement et en vient à englober sa périphérie et ses delta du Nil : Tanta, Mahalla, Mansura, environnants. C’est le processus d’étalement urbain, issu de l’anglais cités de la densité, KARTHALA Editions, p. urban sprawl et théorisé à partir de l’exemple des Etats-Unis14. Nous

23.

17


l’entendons ici au sens strict de processus d’extension du tissu urbain qui conduit à la formation de l’agglomération en annexant les localités voisines, villes ou villages. De l’étalement urbain, deux phénomènes peuvent être distingués : on parle de phénomène de périurbanisation (années 60) et plus récemment celui de la rurbanisation (années 70, 80).

Fig 1: Schéma d'une aire urbaine et de ses dynamiques.

La périurbanisation : Ce phénomène désigne l’étalement depuis le centre de la ville vers la périphérie en couronnes dites périurbaines, aux dépens de l’espace rural, naturel ou agricole environnant. Autrement dit c’est « la densification de la dernière couronne des villes » mais aussi comme « l’étalement de DUBOIS MAURY, J., RODRIGUEZ, A., R.M., SOMIÓ la ciudad jardín de Gijon,. In: Annales de Géographie, t. 110, n°618, 2001. 15

la ville à ses franges » . Le phénomène urbain s’est donc développé en terme de surface mais aussi en terme de mode de vie puisque l’on observe «l’implantation des familles dans l’espace périurbain et à la campagne»15. Cette implantation laisse apparaître des territoires ruraux interpénétrés par l’urbain. On parle alors de rurbanisation.

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La rurbanisation : Sous-produit ou effet en retour de l’urbanisation massive des deux dernières décennies, la rurbanisation de l’anglais rurban désigne le retour des citadins à la campagne. L’analyse de H. Mendras et G.Bauer dans le livre intitulé « la rurbanisation ou la ville éparpillée » témoigne bien de ce phénomène, qui, par définition, correspond à la diffusion dans l’espace rural de formes d’habitations, d’infrastructures et d’activités en rapports

MENDRAS, H., BAUER, G., ROUX, J. M. (1976)., La rurbanisation ou la ville éparpillée, Paris, Editions du Seuil. In: Revue française de sociologie, 1977, 18-1. pp. 147-149. Disponible en ligne : https://www.persee.fr/ docAsPDF/rfsoc_0035-2969_1977_ num_18_1_5678.pdf 16

avec le mode de vie urbain.16

1.2. Impact sur le rapport Ville/Campagne : «la ville vulnérable» Selon Chiara Berratucci dans son ouvrage «Du périurbain aux urbanisations dispersées Interprétations/ Action», l’image de la ville se restreint souvent à son centre. Cela se relie à ses traits « formels, fonctionnels et sociaux» et au fait que par le passé, les acteurs de l’aménagement du territoire (architectes, urbanistes, géographes, etc...) utilisaient des expressions partant toujours du pôle urbain: «extension périphérique», «étalement urbain» pour évoquer le développement des villes depuis leurs centres. Or, ce phénomène d’étalement urbain implique de nouveaux déplacements et modes de vie entre l’espace urbain et l’espace rural. Se mettant en place selon une certaine stratégie ces nouveaux mécanismes ont des conséquences autant sur la ville que sur la campagne.

Fig 2: La face cachée du renouveau urbain.

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1.2.1. Ville/Campagne: Le «mitage17»

La rurbanisation entraîne de nombreux mouvements oscillants entre ville et campagne. Le paysage urbain change et mélange lotissements, C’est un processus d’urbanisation clairsemée de l’espace rural. Il résulte d’une urbanisation établie sans continuité visuelle avec les noyaux de l’habitat rural et sans créer un nouveau tissu continu. L’espace rural reste dominant en surface mais il est mité souvent par des bâtiments d’architecture sans rapport avec le cadre rural préexistant. Définition du glossaire pédagogique: comprendre la consommation des espaces agricoles et naturels, Juin 2016. Disponible sur : https://www.iau-idf. fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1287/ GlossaireCONSOMMATION_ESPACES_ AGRICOLES_ET_NATURELS.pdf 17

immeubles et axes routiers, le tout étant entouré par les champs. Le territoire rural subit lui aussi des changements, devenant donc victime de mitage. "Si l’on accepte, d’un point de vue sémantique, que l’étalement signifie le déversement et l’extension d’un corps sur une surface, alors le qualificatif « urbain » pour sa part, concernerait la substance de ce corps en extension. Et donc par opposition à ce corps « urbain », la surface serait, par défaut, « rurale ». Ainsi, le concept d’ « étalement urbain » signifierait de prime abord que l’urbain en tant que corps, c’est-à-dire en tant que forme matérielle localisée, dessine une tache qui s’agrandit sur un substrat rural18." Cette hybridation du territoire entre rural et urbain, à partir des zones interstitielles et des écarts urbains conséquents, aboutit à une relecture

RITCHOT, G., MERCIER, G., MASCOLO, S., 1994, « Cahiers de géographie du Québec : L’étalement urbain comme phénomène géographique : l’exemple de Québec », L’étalement urbain, Volume 38, Numéro 105. 18

du rapport urbain/rural. On parle alors de « mitage ». Essai de définition du mitage: Le mitage, ou le grignotage, désigne l’implantation graduelle de bâtiments dans un paysage non urbain. Ainsi, pour marquer le fait que ce phénomène est sournois, on parle de « mitage » : une construction apparaît puis une autre, s’ensuit un lotissement et ainsi de suite, s’installent d’autres constructions. Graduellement, le paysage perd son caractère agricole au profit d’un mélange de zones vertes et de zones bâties. Ce phénomène est un des traits de l’étalement urbain et de la périurbanisation.

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Fig 3: Les paysages liés à l'urbanisation.

Pourquoi ? Plusieurs causes sont à l’origine de ce phénomène, notamment ; La faiblesse des prix des terrains dans les zones agricoles, le désir d’accéder à un cadre agréable et donc une fuite de l’image négative de la grande ville (densité, stress, bruit) ainsi qu’une aspiration à diminuer les distances en se rapprochant des zones d’activité économique (lieu de travail). Quels effets ? Le mitage a un impact de plusieurs ordres : l’augmentation des déplacements et donc de la consommation énergétique liée au transport, la multiplication des embouteillages, la pollution (effet de serre), l’artificialisation des sols et donc la perte de naturalité, la fragmentation et la dégradation des paysages qui perdent leur spécificité. Malheureusement, les espaces naturels et les terres agricoles sont aujourd’hui considérés, de facto, en tant que terres inutilisées et par conséquent en tant que réserves foncières à exploiter et urbaniser. Dans son livre blanc, «La fin des paysages», la FNSAFER notait : «Il faut cesser de considérer la terre agricole comme une terre inutile ou inutilisée et affirmer que l’attractivité touristique de la France (paysage, gastronomie, tradition) ne pouvait perdurer si la campagne disparaissait par urbanisation excessive. » 19

Ce regret de l’usage des espaces agricoles en tant que réservoir de

DE BOISMENU, A., (2004), La fin des paysages? Livre blanc pour une gestion ménagère de nos espaces ruraux, FNSAFER, p. 25. 19

21


BARAHUCCI, C., Du périurbain aux urbanisations dispersées France/Italie 1950-2000, Action, Interprétation, Presse Universitaire de Rennes, Edition originale. 20

l’extension urbaine qui ne concerne pas exclusivement la France mais qui touche tous les pays, notamment la Tunisie. Ainsi il serait important de s’interroger sur les morphologies qui constitueraient les agglomérations et les aires urbaines vu qu’il est de plus en plus difficile de qualifier ces territoires. C’est à ce niveau qu’il semble opportun d'évoquer le phénomène de ville dispersée20.

1.2.2. De la ville dispersée à la « ville vulnérable » Les origines de la ville dispersée Il serait une erreur de penser que la ville dispersée est un phénomène récent car sa formation s’est effectuée sur une longue échelle temporelle, résultant d’une superposition urbaine dans le temps dont l’origine daterait du début du XXème siècle et qui s’est développée dans les années 60-70 lors de la rurbanisation des campagnes. Fig 4: Caricature "La ville grignote la campagne". GROSJEAN, B. (2010), Urbanisation sans urbanisme, une histoire de la ville diffuse, Editions Mardaga, 350p. 21

Une ville dispersée, mais comment? La ville dispersée se définirait à l’échelle du grand territoire. C’est un espace très répandu sur un territoire ou la proximité/densité qui caractérise les pôles urbains laisse place à la diffusion21. Ses principales caractéristiques sont l’éloignement géographique des différents lieux de vie urbains quotidiens, rendus plus proche entre eux par la rapidité des déplacements en automobile incluant des situations extrêmement diverses et hétérogènes. Elle fait principalement référence à une diffusion des pratiques urbaines composée d’une architecture hétérogène clairsemée sur une grande partie du territoire au milieu des espaces ruraux. Sur le plan physique, les spécialistes en concluent que "la ville dispersée" est le passage d’une modalité spatiale de forme radio-centrique vers d’autres morphologies variantes selon les situations «c’est une

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urbanisation diffuse qui a transformé physiquement la ville concentrée en une ville territoriale ouverte, aux confins indéfinis, diverse dans toutes ses parties, traversée de réseaux de mobilité multiples.»22

Paradoxe de la ville dispersée: Uniformisation/ Hétérogénéité Dans la ville dispersée, les limites claires entre rural et urbain n’existent plus. De plus en plus d’espaces sont apparus et par conséquent leur multiplication et leur dispersion ont un réel impact sur le paysage produit.

BARAHUCCI, C., Du périurbain aux urbanisations dispersées France/Italie 1950-2000, Action, Interprétation, Presse Universitaire de Rennes, Edition originale, p.89, In RODRIGUEZ, D., Le paysage des aires urbaines architecture hétérogène dispersée et uniformisation, Une réflexion dans la région toulousaine, Mémoire de fin d’études soutenu à l’ENSAB 20162017. 22

La perte de dialogue entre le paysage, la forme urbaine et l’architecture conduit à une dépersonnalisation du paysage, à sa banalisation23. En 23

Action de rendre banal, commun,

effet, la prépondérance de maisons diffusées sur le territoire ainsi que courant quelque chose, de lui ôter son la construction toujours plus importante de zones d’activités et centre caractère rare ou original. (Larousse). La banalisation est le fait d’avoir le

commerciaux généralement présents dans les entrées de villes et de même aspect partout. On parle souvent de la banalisation des paysages, qui villages, uniformisent l’ensemble des paysages urbains. Dans son article «France périphérique : l’insupportable uniformisation des paysages », Julien Suaudeau dit : «Voici ce qui se dressera devant vous: le déjà-vu glauque d’un centre commercial, d’un concessionnaire de voitures, d’une zone d’activités. Ce paysage-là (…) est de partout, et de nulle part. C’est l’anti-paysage des pays qui ont renié la géographie au nom de l’espace efficient, leur singularité au nom d’un anonymat où nul ne se sentira étranger, mais où personne, hélas, ne peut avoir envie se sentir chez soi. »24 L’uniformisation du paysage de la ville dispersée se traduit donc par une généralisation de l’architecture multipliée et dispersée sur une grande superficie du territoire. De par sa dispersion, le paysage uniforme affaiblit certains territoires. Ceux-ci deviennent hétérogènes dans leur ensemble avec un manque d’harmonie stylistique et une absence de dominance

signifie la standardisation des objets routiers, la prolifération périurbaine de constructions identiques, l’uniformisation des matériaux de construction et des végétaux d’ornement, et la diminution des formations végétales d’accompagnement des cultures en milieu rural. La banalisation entraine un appauvrissement de l’espace, du à une perte de diversité. Définition du Glossaire pédagogique Consommation des espaces agricoles et naturels, p.11.

SUAUDEAU, J., POLONY, N. (2014), « France périphérique : l’insupportable uniformisation des paysages », le-figaro. fr, Consulté sur http://www.lefigaro. fr/vox/societe/2014/08/11/3100320140811ARTFIG00132-franceperipherique-l-insupportableuniformisation-des-paysages.php 24

claire. En effet, au Congrès International d’Architecture Moderne de 1953 établi à Dubrovnick, on affirme que l’hétérogénéité du paysage urbain serait le résultat de ses particularités : fonctionnelles, spatiales et aussi 23


d’autres caractéristiques démographiques, psychologiques, sociologiques et esthétiques.25 Congrès International d’Architecture Moderne – CIAM, Dubrovnik, 1953. 25

Ce caractère à la fois mixte et complexe serait le résultat d’un processus historique. Du point de vue de la société, ce palimpseste est un mélange d’éléments et de représentations faits dans le passé avec ceux du présent soulignant ainsi le caractère hétérogène du paysage urbain. Celui-ci est en fait dans l’opposition de l’homogénéité imposée par le système administratif territorial tant à l’autoreprésentation, à l’organisation et au

VIJULIE, I., MANEA, G., MARICA, M., DOROBANTU, H., "Méthodes d'identification de l'hétérogénéité des paysages urbains. Etude de cas: Périmètres du quartier Berceni, Bucarest", p.64, disponible sur : http://www.academia.edu/20618974/ M%C3%89THODES_DIDENTIFICATION_ DE_9ROG%C3%89N%C3%89IT%C3%89_ D E S _ P A Y S A G E S _ URBAINS._%C3%89TUDE_DE_ CAS_P%C3%89RIM%C3%88TRES_DU_ QUARTIER_BERCENI_BUCAREST 26

fonctionnement.26 (Tudora, 2003). Cette idée implique de porter l'intérêt à des échelles spatiales et temporelles différentes. Elle appelle ainsi la superposition des interventions urbaines réalisées, jusqu’à ce jour, sur une large partie du territoire.

Ville « vulnérable » De la dispersion, il est possible de constater un état de vulnérabilité. La vulnérabilité territoriale renvoie à l’idée qu’il existe, au sein de tout territoire, des éléments localisables susceptibles d’engendrer et de diffuser leur vulnérabilité à l’ensemble d’un territoire, provoquant des effets qui peuvent perturber, compromettre, voire interrompre son

D’ERCOLE, R., METZGER, P., «La vulnérabilité territoriale : une nouvelle approche des risques en milieu urbain», Cybergeo : European Journal of Geography, Dossiers, document 447, mis en ligne le 31 mars 2009, disponible sur : http://journals.openedition. org/cybergeo/22022 ; DOI : 10.4000/ cybergeo.22022 27

fonctionnement et son développement27. Ainsi, on peut designer des lieux particulièrement sensibles qui entraînent une vulnérabilité pour l’ensemble d’un territoire, et ce pour deux raisons: D’une part parce qu’ils comportent des enjeux majeurs, indispensables au fonctionnement de l’ensemble du territoire et d’autre part parce que ces enjeux majeurs présentent des formes de vulnérabilité . C’est à la lumière de ce constat qu’apparaît la nécessité de se pencher sur la vulnérabilité urbaine et la considérer comme un élément majeur dans notre conception de la ville vivante, sensible et identitaire.

24


Fig 5: Urban Reneweal ou Le renouveau urbain.

25


1.3. Impact sur l’identité : la mémoire vulnérable Le paysage et le bien être (selon Benoit Browaeys28) BROWAEYS, B. (2014-2015), Le paysage peut-il avoir une influence sur le non paysage ? Les enjeux du paysage : son incidence, son impact, ses effets, Bretagne Nord. 28

Le paysage de la ville dispersée est longuement critiqué par les acteurs de l’aménagement du territoire. Il est alors nécessaire de se pencher sur l’importance de l’impact, non seulement d’ordre environnemental mais aussi psychologique, que peut avoir ce paysage. Ce sont les fortes relations qui s’établissent entre l’homme et son environnement (paysage identitaire, culturel, naturel, etc…) qui nous poussent à nous questionner sur cette identité paysagère et le ressenti qu’elle peut générer chez l'usager. Selon Benoit Browayes, un paysage peut avoir trois impacts sur l’homme: -Des impacts psycho-sociaux. -Des impacts sur la qualité de vie. -Des impacts comportementaux. Et si un paysage agit sur le comportement humain alors une multitude de paysages peut provoquer une multitude de comportements. Une idée qu’on peut suivre, dans une autre échelle, en architecture. Le bâti est en étroite relation avec le ressenti psychologique de l’être humain.

CARLE, C. (2004), Du risque de fin du monde et de sa dénégation, Les Editions de la Passion, 82p, In RODRIGUEZ, D., « Le paysage des aires urbaine, architecture hétérogène dispersée et uniformisation, une réflexion dans la région toulousaine » (mémoire de fin d’étude, soutenu à l’ENSAB 2016-2017), p.35. 30 DE BOTTON, A. (2009), L’architecture du bonheur, Mercure de France, 336p, In RODRIGUEZ, D., « Le paysage des aires urbaine, architecture hétérogène dispersée et uniformisation, une réflexion dans la région toulousaine » (mémoire de fin d’étude, soutenu à l’ENSAB 20162017), p.35 29

26

Ainsi la forme, l’esthétique, la proportion et la couleur d’un bâtiment ont des répercussions directes sur la psychologie humaine : Donc l’homme serait, de nature, plus sensible au paysage qu’on ne le pense. « Les hommes sont beaucoup plus sensibles aux valeurs esthétiques qu’ils ne le croient, et l’expérience de la beauté et de la laideur joue sur la formation de leur sensibilité et par le biais des jugements de gout, sur l’expression de leur personnalité entière. »30 . Ainsi pour assurer son bien-être, l'homme chercherait spontanément un cadre de vie cohérent, équilibré et harmonieux. Une « belle architecture rend heureux » et inversement.28


1.3.1. L’identité paysagère Tout groupe social construit un ensemble de relations avec son espace, relations à la fois matérielles (constructions, appropriations, aménagements…) et idéelles voire symboliques : dénomination des lieux, itinéraires ou types d’espaces, évaluation des lieux à partir de critères esthétiques, affectifs, attribution de caractères sacrés, festifs ou encore conflictuels. Ces deux dimensions, matérielle et idéelle, sont évidemment en constante interaction et ce tissu d’interactions fonde une configuration spécifique de l’espace. C’est par cette configuration commune de l’espace que le groupe social se définit et se met en place progressivement dans le temps. Ceci aboutit à la formation d’espaces d’échelles extrêmement diverses, appropriés par des hommes et que les géographes désignent comme territoires. Penchons-nous sur le point qui nous intéresse ici : la forte association entre ces deux thématiques, paysagère et identitaire. Pourquoi le paysage est-il considéré comme lié à l’identité? Pour A. SGARD, accorder une valeur identitaire à un paysage signifie que « ce paysage-là » désigne « ce territoire-là » et donc ce « groupe sociallà » et pas un autre ; cela signifie que le paysage fonde l’unicité et la spécificité du groupe et que celui-ci se reconnait dans ce paysage31. Cela signifie qu’il y a une concordance entre cette forme de représentation du territoire et la configuration que le groupe a construite.32 Blaise Galland décrit l’identité comme «un élément invisible, qui traverse l’ensemble d’une population tout en s’attachant à elle autant que les individus s’y attachent pour se reconnaitre tout en se différenciant. Elle est invisible et pourtant c’est elle qui guide le tracé des routes, inspire en partie la main de l’architecte et suggère les descriptions politiques touchant à l’aménagement du territoire et de l’urbanisme.33»

SGARD, A, « Qu’est-ce qu’un paysage identitaire? », Communication présentée au Colloque de Valence « Paysage et identité régionale. De pays rhônalpins en paysages » octobre 1997, publiée en 2008, Actes du colloque. 32 RODRIGUEZ, D., Le paysage des aires urbaines architecture hétérogène dispersée et uniformisation, Une réflexion dans la région toulousaine, Mémoire de fin d’études soutenu à l’ENSAB 20162017, p. 37. 31

GALLAND, B. (1993), Les identités urbaines, In Cultures, sous cultures et déviances, p2. 33

27


L’identité est donc essentiellement une construction sociale largement constituée du passé mais qui se construit également sur le présent. Elle est aussi liée à un sentiment d'attachement et une mémoire commune qui ne peut exister que si la sphère collective qui forme cette identité se régénère pour façonner le territoire. 1.3.2. La ville comme palimpseste Selon Chesneaux, la ville est un processus à la fois ouvert sur le passé et sur le futur, dont le présent, symbolisant une temporalité vivante, sert de charnière importante entre les deux autres dimensions temporelles. Ainsi, le présent assure une certaine fluidité dans le temps, en jouant le CHESNEAUX, J. (2001), Mémoire urbaine et projet urbain. In : PAQUOT, T., Le quotidien urbain : essais sur les temps des villes, Paris : Édition la Découverte/ Institut des villes, p. 107 -127. 35 Ibid. 36 MONGIN, O. (2005), La condition urbaine : la ville à l’heure de la mondialisation, Paris, Éd. du Seuil, 325 p. 37 RONCAYOLO, M. (2002), Lectures de villes : formes et temps, Marseille: Éd. Parenthèses, 386 p. 38 DEVILLIERS, C. (1998), « Temps et nature du projet urbain », Urbanisme, n°303, pp. 55 – 56. 39 MASBOUNGI, A. (2001), Du bon usage de la chronotopie, In : PAQUOT, T., Le quotidien urbain : essais sur les temps des villes, Paris, Éditions la Découverte/ Institut des villes, pp. 167 – 179. 34

Fig 6: Schéma expliquant la construction de la ville sur la ville.

28

rôle de lien entre passé et futur.34 En effet, "la ville est "un être dans le temps": elle est faite de la relation entre la fonction mémorielle et la fonction projective. Ces deux lignées urbaines sont cependant nécessaires l’une à l’autre. Une mémoire urbaine sans projet entraîne la ville-musée, figée dans le temps. A l’inverse, un projet entièrement indifférent à la mémoire aboutit à une logique de fonctionnalisme pur.35 " Cette idée vient dans le déni de la considération du palimpseste urbain (Mongin, 2005), c’est-à-dire de la non-considération stratigraphique de la ville; une stratification à la fois temporelle, spatiale, mais aussi sociale36. Elle implique des logiques duales entre reproduction et anticipation37, entre permanence et substitution38 ou encore entre sédimentation et modernité.39


La ville ou le palimpseste urbain, traduit la résistance de l’habiter face à l’acte de projeter et de construire40. Cette persévérance est celle de la mémoire, de la sédimentation ancienne de la ville, alors que la substitution

YOUNES, C. (2001), « Le temps désorienté », Urbanisme, 2001, n° 320, p. 44. 40

concerne le changement et le renouvellement de la ville. Donc pour ne pas aboutir à des impasses, ces deux logiques doivent être présentes au moment où l’on pense la ville. Par exemple, la considération seule de la substitution, nous amène à une logique de table rase en éliminant toute sauvegarde de la valeur historique du tissu urbain.

29


1.3.4. L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture La sédimentation des territoires, ou ce que Mongin a désigné précédemment comme palimpseste urbain, ne concerne pas uniquement le noyau d'une ville mais aussi ses périphéries. Malheureusement cellesci prennent une autre forme, celle du rural transparaissant sous l’urbain. Comme le dit S. Marot «L’urbanisation des territoires de transition entre la ville et la campagne, ceux de la suburbia, est oublieuse de l’épaisseur du passé, des transformations complexes des sites et des représentations Fig 7: Couverture de l'ouvrage "L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture".

que l’on s’en fait »41. Ceci est souvent causé par la tentation spéculative de l’immédiat et du court terme du marché immobilier. Les territoires impliquent une dimension temporelle riche dans sa

MAROT, S. (2010), L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, Editions de la Villette, Collection Penser l’espace. 41

considération de la logique duale mémoire-pratique projective ; une logique qui se raccorde par l’intermédiaire du présent. Ainsi, dans son manifeste du sub-urbanisme, S. Marot tente d’illustrer la poétique opposée du sub-urbanisme (le site invente le programme) au sururbanisme contemporain (le programme invente le site) de la théorie de

KOOLHAAS, R. (1997), Delirious New-York: A Retroactive Manifesto for Manhattan, The Monacelli Press, est une interprétation du développement de Manhattan ; c’est le récit des intrigues d’un urbanisme qui, des origines à Coney Island jusqu’aux théoriciens du gratteciel, a fait exploser la grille d’origine. Ce livre, polémique et prémonitoire (publié en 1978), illustre les relations entre un univers métropolitain mutant et la seule architecture qu’il puisse produire. Il dit aussi que, souvent, l’architecture génère la culture. 43 La mnémotechnique décrit l’ensemble des applications pratiques de la recherche en psychologie sur la mémoire, et des techniques, parfois très anciennes, augmentant la mémorisation de l’information. Définition Wikipédia, disponible sur : https://fr.wikipedia.org/ wiki/Mn%C3%A9motechnique 42

30

Rem Koolhaas dans « Delirious New York »42 . Sa répartie critique du sururbanisme met le site au cœur des démarches architecturales, urbaines et paysagères : une approche qui annonce le site comme matrice du projet, à une échelle urbaine mais aussi architecturale. L’auteur se base sur 4 réflexions : la mnémotechnie, l'espace et la psychanalyse, l'amnésie territoriale ainsi que le passé dans la matérialité même du terrain. •

La mnémotechnie43

Dans « L’art de la mémoire » (1966), Francis Yates pose la question : Un édifice pouvait-il devenir trop étroit et se saturer à force d’avoir servi ? •

L’espace et la psychanalyse

La mémoire est considérée comme l’image mentale conservée de faits passés ou un ensemble des faits passés qui reste dans le souvenir des


hommes, d’un groupe social. En urbanisme et en architecture, la mémoire d’un site passe par les traces existantes c’est-à-dire les bâtiments existants mais aussi par les accès, les différents cheminements à l’intérieur du site et son fonctionnement. De plus comme l’explique Maurice Halbwachs44, la mémoire du lieu est ce qui nous permet de nous replacer dans le temps et nos souvenirs. Ceci montre l’importance de conserver le

HALBWACHS, M. (2004), Espaces, mémoires et psychologie collective, Editions de la Sorbonne, Collection Science politique, 203p. 44

passé et de continuer à créer de nouvelles couches. Ainsi le travail de mémoire ne se fait pas seulement par les traces présentes sur le site. Cela fait appel à l’imaginaire. «Le lien entre la mémoire et l’imagination se nourrit de cette incongruité des prélèvements invisibles, telles des preuves

45

MAROT, S. (2010), L’art de la mémoire,

fonctionnelles de ce qui fut vécu en ces lieux» . Cela permet à l’usager le territoire et l’architecture, Editions de 45

de comprendre et de s’intégrer au site comme le démontre Henri-Pierre Jeudy dans « La machine patrimoniale »46: il existe une opposition entre la

la Villette, Collection Penser l’espace. 46 JEUDY, H-P. (2001), La machine patrimoniale, Editions Circé.

mémoire littérale et la mémoire phénoménale. La première se compose de l’existant, alors que la deuxième va mettre en scène les éléments sélectionnés et jouer avec les allusions et l’imagination du voyageur. Sigmund Freud fait l’analogie entre le fonctionnement de la mémoire et le palimpseste urbain de la ville de Rome. Il a cherché à traiter l’espace urbain à la manière d’une démarche psychanalytique, c’est-à-dire en relation avec le passé. Comme le dit Marot, il a cherché à penser et

Fig 8: Plan de la ville de Rome (1748) sur

ménager l’épaisseur des lieux: « Notre capacité à nous représenter lequel s'est basée l'étude de S. Freud. localement l’épaisseur mémorielle des villes et du territoire, in-situ, mais aussi et d’abord in-visu. » Marot termine cette partie par poser un questionnement: de nouvelles cartes permettront-elles un jour de s’orienter dans l’épaisseur des situations construites, et non plus seulement dans l’inframince47 de leur surface? •

L’amnésie territoriale

La réflexion de l’artiste Robert Smithson dans « Non-sites », sur la réinvention du paysage comme art de la représentation et de l’anamnèse48.

Concept esthétique crée par Marcel Duchamp désignant une différence ou un intervalle imperceptible, parfois seulement imaginable entre deux phénomènes. Définition Wikipédia disponible sur : https://fr.wiktionary.org/ wiki/inframince. 48 L’anamnèse ou le récit des antécédents, est une pratique utilisée en médecine pour retracer les antécédents médicaux et l’historique, la douleur actuelle et le résultat des explorations déjà faites. Définition Wikipédia disponible sur : https://fr.wikipedia.org/ wiki/Anamn%C3%A8se 47

31


C’est à travers l’œuvre de Smithson remettant en perspective les lieux les plus désolés des suburbs américains, que Marot explique comment une balade sur le fleuve Passaic dans une banlieue « sans passé rationnel » ou aucun élément n’est historiquement signifiant devient le fondement du travail de Smithson. •

4. Le passé dans la matérialité même du terrain

Le parc de Lancy est un des projets de l’architecte paysagiste Genevois, Georges Descombes. Ce qui est intéressant c’est que Lancy était jadis rurale et est devenue aujourd’hui résidentielle. Descombes s’est appuyé sur ses sensations, ses souvenirs, pour proposer son intervention lisible du passé. Les arguments de Descombes sont « comme des fragments d’une carte en trois dimensions du substrat territorial du site » (Marot).

Fig 9: Photo du parc de Lancy de Georges Descombes.

32

Fig 10: Le plan du parc de Lancy.

Fig 11: Le pont, lieu de souvenir et de mémoire sur lequel s'est basé G. Descombes


Conclusion Nous avons pu voir à travers notre réflexion dans ce chapitre, comment l'urbanisation rapide des villes a affecté l'identité de ces dernières, produisant ainsi ce qu'on a qualifié de "ville dispersée". Cette "ville dispersée" se veut vulnérable de par sa dispersion mais aussi de par les paysages qu'elle a produit dans son périurbain: des paysages uniformes et hétérogènes à la fois. Ces deux caractères font que les lieux ne possèdent plus de caractère. Ils sont en perte de mémoire, et ceci surtout pour les paysages de l'espace périurbain. Cette partie du travail nous a permis de définir la somme de néologismes que nous pourrons utiliser par la suite dans le deuxième chapitre pour illustrer ce problème de ville dispersée dans le cas du Grand Tunis et montrer comment la Soukra est en perte de son identité agricole, pour pouvoir passer par la suite à notre intervention dans le troisième chapitre.

33



TUNIS COMME VILLE DISPERSÉE VUE A TRAVERS LE CAS DE LA SOUKRA

02

2.1. 2.2.

Les fronts d’urbanisation du Grand Tunis La Soukra, une agglomération en perte d'identité



Au cours des trente dernières années, d’importantes transformations ont touché Tunis qui représente le pôle économique le plus urbanisé du pays. Le la

"Grand

Tunis"

première

tunisienne

représente

agglomération le

processus

de périurbanisation a fait son apparition. Il est partout visible : implantation d’un habitat nouveau à l’extérieur de la ville ancienne, relocalisation

périphérique

d’équipements publics, extension de

l’habitat

anarchique

et

réglementé, etc. Ce processus s’est enclenché à partir des années 1960. Depuis 1975, il s’est à la fois accéléré et diversifié, de sorte qu’il ait modifié aussi bien la morphologie et l’organisation spatiale du territoire urbain tunisois que celui de la campagne qui l’entoure. Jusqu’à aujourd’hui, l’enveloppe urbaine du Grand Tunis ne cesse de s’étendre aux dépens des terres fertiles de la campagne tunisoise49 lui faisant ainsi subir une mutation irréversible.

Fig 12: Vue aérienne de la ville de Tunis, ville dispersée sur sa périphérie.


2.1. Les fronts d’urbanisation du Grand Tunis

Fig 13: Carte de localisation du Disctrict de Tunis/ le Grand Tunis.

- EL HAMROUNI, SARSON, (1975), Exploitation de parcours forestiers en Tunisie Centrale I, Georgofili vol. XXXI, Academia economico Agraria Frienza. 49

Depuis des dizaines d’années tous les noyaux péri-urbains ont connu des extensions démesurées constituant un véritable front d’urbanisation.

Plusieurs

établissements

industriels

ont

été

implantés et sont devenus des pôles d’attraction de la main d’œuvre. Les fronts de l’urbanisation spontanée ont concerné toutes les régions du Grand Tunis. En effet, on a noté un développement des pôles d’urbanisation légale au Nord (El Menzah - Manar), au Sud (El Mourouj) ainsi que la continuation du mitage de l’espace agricole sous la pression de l’habitat spontané à l’Ouest de l’Agglomération de Tunis.

38


La répartition des superficies consommées par l’urbanisation durant la période allant de 1985 à 1997 se présente comme suit:

Fig 14: Tableau des superficies urbanisées, par ville, de 1985 à 1997.

2.1.1. Géographie et morphologie de l’aire urbaine L’aire urbaine est aujourd’hui marquée par une dispersion urbaine des constructions sur l’ensemble du territoire. Cela s’explique principalement par un dynamisme économique et une croissance démographie importante, qui implique une extension rapide de l’urbanisation. Sa morphologie spatiale se caractérise par une concentration urbaine plus importante dans le centre mais beaucoup plus dispersée, sur le reste du territoire. Cela est lié principalement à l’habitat individuel le long des réseaux viaires ayant pour conséquence, un territoire rapidement morcelé. 2.1.2. Le mitage de l’espace agricole autour de Tunis Dans le mouvement effréné de l'urbanisation, le maintien d’espaces ouverts, non bâtis, ne s'est jamais imposé comme un souci majeur ; le développement industriel concentré dans le Sud du Grand Tunis, a largement contribué au changement du mode d’occupation de l’espace péri-urbain. Le mitage des terres agricoles s’est déclenché à vrai dire depuis les années 40 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Fig 15: Evolution de la tâche urbaine du Grand Tunis de 1957 jusqu'à 2009.

Ce processus s'est fait de manière préférentielle le long des voies de communication et autour des cités urbaines. En effet, toutes les zones 39


MIZOURI, M., MTIMET, A. (2001), «Pression urbaine sur les terres agricoles péri-urbaines du Grand Tunis», In: CAMARDA, D. (ed.), GRASSINI, L. (ed.), Interdependency between agriculture and urbanization: Conflicts on sustainable use of soil and water, Bari : CIHEAM, 2001, p.277-285, (Options Méditerranéennes : Série A. Séminaires Méditerranéens; n.44). 50

Fig 16: Carte d'occupation du sol de la délégation de La Soukra.

40

péri-urbaines ont connu des pertes énormes de terres agricoles fertiles. Les agglomérations périphériques ont connu une croissance soutenue; on peut citer les localités de Sidi Thabet, Borj El Amri, Jedeida, Mornaguia. Le même phénomène s’observe dans les plaines alluviales de Mornag, Naassène et Chbidda, au Sud-Ouest du Canal Medjerda - Cap-Bon dans la zone de Birine et Attar situées à l’Ouest de Mohamedia.50


2.1.3. Tunis, une ville dispersée? Réputé jadis pour ses grands domaines agricoles, le Grand Tunis est le fruit aujourd’hui de l’étalement non-maîtrisé de la ville de Tunis. De ce fait, de nombreux territoires agricoles subissent un mitage sans précédent et se transforment progressivement en lieux d’accueil pour de nouveaux noyaux urbains, non planifiés dans la majorité des cas. Cette croissance a été qualifiée par certains géographes de « croissance pathologique » (Attia, 1972). Pathologique parce qu’elle se produit, aussi bien à l’intérieur qu’en dehors des périmètres réglementés par les législations urbaines, de manière rapide, diffuse, déstructurée et

51

BOURAOUI, M., «L’agriculture

difficilement contrôlable51, mais aussi parce qu'elle rend la ville de Tunis urbaine en Tunisie : espace relictuel ou nouvelle composante territoriale ? Le et son périurbain vulnérables. Même si les multiples ramifications de l’urbanisation favorisent la compénétration des espaces cultivés et bâtis, cela ne semble pas induire pour autant de rapports particuliers entre ces formes d’occupation. D’ailleurs, le premier plan directeur de la région de Tunis (1962) ne se préoccupait pas des espaces périphériques de la ville52, de fait considérés comme vides, et se consacrait surtout aux infrastructures urbaines

cas du Grand Tunis/ Urban agriculture in Tunisia: residual space or a new territorial component? The case of Greater Tunis.», Revue de géographie alpine, tome 91, n°4, 2003. Les agriculteurs dans la cité. pp. 43-54. 52 HAJ AHMED, A., «La dynamique urbaine du Grand Tunis», Actes du séminaire Agriculture urbaine : réalités et défis, 1999.

habituelles.

Fig 17: Caricature sur l'hétérogénéité de Tunis 1

41


Ni complètement urbaines ni complètement agricoles, certaines communes connaissent ainsi une nouvelle organisation spatiale, porteuse de diverses tensions, mais aussi de dynamiques spécifiques, quand les activités de la ville et celles de l’agriculture se croisent et parfois se superposent sur un même territoire. C’est le cas de la plaine de La Soukra, à 6 km du centre de Tunis, dont le mitage a fini par rendre la zone particulièrement hétérogène.

42


2.2. La Soukra : une agglomération en perte d'identité La Soukra est une agglomération de la banlieue Nord de Tunis située à 6 kilomètres de la capitale. Rattachée administrativement au Gouvernorat de l’Ariana, elle donne son nom à une délégation ainsi qu’à une jeune municipalité créée en 2002. Elle est composée de plusieurs quartiers, en majeure partie de classe moyenne et abritant près de 100.000 habitants. La Soukra est considérée parmi les communes les plus peuplées de la région du Grand Tunis.

Fig 18: Carte de localisation l'agglomération La Soukra.

de

2.2.1. Petit aperçu historique « Brume. - Retourné à l'Ariana : charmante délicieuse, enivrante chose. Les terrasses blanches des maisons à volets verts saillissent au milieu de la verdure, le tout est dominé, en échappées, par des montagnes bleues ; champs d'oliviers, caroubiers énormes, des haies de nopals (figuier de Barbarie) où les feuilles, vieillissant, sont devenues des branches. »53

La Plaine de La Soukra est représentative de l’agriculture urbaine du Grand

FLAUBERT, G. (1910), Notes de voyages II : Asie Mineure - Constantinople. Grèce - Italie – Carthage, Louis Conard Libraire-Éditeur, Paris, p. 309. 53

Tunis, ce qui n’est pas vraiment nouveau dans son histoire. Dès l’époque beylicale, en effet, la proximité de Tunis a stimulé le développement agricole de la Plaine par les débouchés qu’elle offrait à ses productions, fruits, légumes et lait, tandis que, dans le même temps, la Plaine s’affirmait comme lieu d’agrément pour l’aristocratie tunisoise et les citadins aisés, proliférant ainsi les grandes demeures avec "sénia". 43


2.2.2. La soukra en pleine mutation

Fig 19: Carte de localisation l'agglomération La Soukra.

de

Comme le montre la figure 3 établie en 1962, la plaine est entièrement agricole avec des cultures diversifiées, maraîchage, cultures fourragères et arboriculture fruitière. L’agrumiculture est dominante à Sidi Fraj et Dar Fadhal (en rose). Le centre urbain le plus proche est celui de l’Ariana (en noir). En continuité avec l’aire urbaine de Tunis, et bien qu’elle soit de plus en plus urbanisée (en noir), la commune de La Soukra maintient encore près de la moitié de son territoire en agriculture (en vert). Aujourd’hui statutairement urbaine, la Soukra est connue comme une zone résidentielle, commerciale, et industrielle. Pourtant, elle conserve encore près de 50 % de son territoire en agriculture, avec un mode de relation avec la ville qui a évolué au fil du temps. Comme le montrent les cartes de l’évolution de l'occupation des sols entre 1922, 1982 et 2015, l’apparition de nouveaux noyaux urbains (qui s’accéléra à partir des années 1980), a fait que la plaine commença à 44


perdre son identité agricole au profit d’une identité urbaine. En effet, le dernier diagnostic sur l’occupation des sols a révélé ainsi que le territoire de la commune de la Soukra compte près de 530 ha de terres en friches54. Le territoire agricole, de moins en moins important, subit un mitage, qui donne naissance à des noyaux urbains de tous genres (habitat

Fig 20: Morphogenèse et occupation du sol dans le bassin versant de l'Ariana, Soukra. 54

VIDAL, R., TOUMI, S. (2012), « Concilier alimentation de proximité et cadre de vie : l’expérience francilienne peut-elle être utile pour le Grand Tunis? », Environnement Urbain / Urban Environment, disponible sur : http:// eue.revues.org/525

individuel, habitat collectif, industrie) et qui accueille des classes sociales différentes (populaires, aisées, moyennes). Du fait du non-respect de la loi de protection des terres agricoles et des plans d’aménagement urbain, l’apparition et l’évolution de ces entités urbaines, entretenues par un marché clandestin des terres agricoles, a fait que le morcellement et l’enclavement des exploitations agricoles soient de plus en plus marqués.55

55

VIDAL, R., TOUMI, S. (2012), « Concilier alimentation de proximité et cadre de vie : l’expérience francilienne peut-elle être utile pour le Grand Tunis? », Environnement Urbain / Urban Environment, disponible sur : http:// eue.revues.org/525

Fig 21: Morcellement d’un ancien verger entourant une villa luxueuse.

Fig 22: Morcellement d’une ancienne ferme d’agriculteur modeste.

45


La figure 21 montre le morcellement d’un ancien verger entourant une villa luxueuse. En effet même les grands domaines n'ont pas pu échapper au morcellement du fait que les terres qui restent inexploitées ne survivent pas économiquement. Un sort dont n'échappent pas bien entendu les demeures modestes d'agriculteurs comme le montre la figure 22 du morcellement d’une ancienne ferme d’agriculteur modeste. Pour se maintenir, les agriculteurs vendent une partie des terrains pour la construction ou les louent à des entrepreneurs. 2.2.3. La Soukra, en perte de son identité agricole Morphologie Pour procéder à une analyse rapide de la morphologie de la Soukra, on peut se fier aux photos satellite (2006, et 2016). Cela permet de révéler la complexité de la nouvelle organisation spatiale du territoire agricole, dans un contexte où les limites entre la ville et l’agriculture sont de moins en moins nettes.

Fig 23: Vue aérienne de l'évolution de la tache urbaine (en blanc) aux dépens de l'agricole à La Soukra de 2006 à 2017.

Paysage La soukra souffre aujourd'hui de par sa qualité paysagère faible en identité. En effet, pour la plupart des personnes interrogées (habitants et visiteurs de la commune), la Soukra renvoie l'image d'un quartier commercial sans qualité.

46


Afin de rendre compte de la transformation du paysage de cette agglomération, nous avons choisi de parcourir l'artère principale de Fattouma Bourguiba qui traverse tous les quartiers de la Soukra.

Fig 24: Carte montrant le parcours choisi pour la prise de photos séquentielles.

On commencera notre parcours séquentiel à partir du rond point de Carrefour, jusqu'au croisement menant à l'Ariana.

La succession des photos dans notre parcours séquentiel, montre un paysage complètement hétérogène de par son architecture

Fig 25: La succession des paysages remarqués dans le chemin parcouru sur l'artère principale.

47


prépondérante aux dépens du territoire agricole. Voici ce qui se dresse devant vous: le déjà-vu d'un centre commercial, d'une zone d'activités. Ainsi, on voit l'identité agricole s'affaiblir pour laisser place à l'uniformisation paysagère. Ainsi, avec la mauvaise insertion dans les sites et la rupture totale avec l’architecture narrative de l'héritage patrimonial agricole, la banalité a répandu sur toutes choses, sa teinte grise uniforme. Le territoire est touché perte identitaire et patrimoniale. En effet, ce paysage-là est de partout et de nulle part: C'est l'anti-paysage d'une commune qui a renié sa singularité au nom de l'espace efficient et d'un anonymat ou nul ne peut se sentir chez soi. Même l'habitant semble égaré dans l'univers qu'on lui a mis en scène et celui-ci ne peut que s'interroger sur son rapport au passé de la Soukra.

48


Conclusion : De plus en plus croissant, le besoin d'accès à la propriété foncière sur le Grand Tunis, est souvent accompagné d’autres phénomènes qui contribuent à l’amplification du processus de marginalisation de l’espace périurbain et de la vulnérabilité du paysage. Alors que le paysage est supposé être lié à l'identité, la Soukra semble, de par son paysage, avoir perdu son identité agricole. Pourtant, au sein de cette commune, les paysages autour de cette agglomération sont porteurs d’entités en friches qui possèdent une mémoire, une spécificité qui pourrait constituer un support de réflexion sur la mémoire vulnérable de la Soukra. Alors comment ces entités pourraient-elles participer à revaloriser la mémoire agricole de ce lieu en perte d'identité?

49



L’ACTION-PALIMPSESTE SUR LE BÂTI EXISTANT

3.1. 3.2. 3.3. 3.4.

03

Délaissé: l’impensé de la ville

Repérage de lieux de mémoire à la Soukra L'action palimpseste L'agriculture modérateur campagne

urbaine: délaissé-ville/



Interroger les espaces délaissés de la ville dispersée pose la question du constat de leur formation, de la prise de conscience de leur place et de l'absence de leur reconnaissance dans la ville contemporaine. Un constat, mais surtout une prise de conscience : constater que la ville si dense, toujours à la recherche de nouvelles parcelles pour construire, nie ces espaces, s’en détourne, refuse de leur donner une possible nouvelle vie. Dans cette partie du chapitre, on va s’intéresser aux espaces délaissés, de la ville contemporaine et son périurbain, et le potentiel architectural qui en découle, en se basant essentiellement sur l’ouvrage « Construire autrement »56 de Patrick Bouchain : Un travail collectif de recherche qu’il a réalisé avec la participation d’architectes, artistes, paysagistes, cinéastes et même de philosophes.

BOUCHAIN, P. (2006), Construire autrement, France, Edition l’impensé Acte Sud, 192p.. 56

Notre recherche nous permettra par la suite d'identifier des lieux potentiels d'intervention à la Soukra et de définir le programme qui pourrait en découler.

3.1. Délaissé : l’impensé de la ville Il paraît intéressant, de considérer l’apport de l’esprit du lieu dans le projet de réutilisation d’un lieu en suspens, de prendre ce lieu comme matrimoine, d’avoir une compréhension avertie du contexte et du palimpseste dont il résulte, mais également d’en faire une matrice pour le projet d’avenir. Pourtant, les espaces délaissés de la ville contemporaine sont souvent oubliés, laissés de côté et deviennent indéfinissables. Ceci a des conséquences plus graves sur la pensée de la ville. On refuse de les intégrer à l’urbain alors qu’ils peuvent avoir un potentiel que l’on ne Fig 26: Couverture du livre de P. Bouchain, "Construire autrement". retrouve pas dans d’autres terrains. 53


Des rides de la ville (Wrinkles of the City) C’est dans ce même esprit de vécu de l’habitant qu’on retrouve le travail de l’artiste français JR. Celui a pu grâce à sa technique de collage exposer les portraits de personnes âgées sur les murs des villes du monde entier. En effet dans des villes parfois en pleine mutation, l’artiste s’adresse Fig 27: Une oeuvre de JR située à Cartegena.

à ceux qui sont nés, qui ont grandi, puis vieilli en voyant leur propre ville se transformer. JR explique : «J’ai arpenté les rues de six villes projetées dans le futur et dont je cherche simplement à comprendre le présent. J’ai rencontré les seules personnes témoins de ces bouleversements survenus au siècle dernier et j’imagine que leurs rides (en anglais, Wrinkles), ces sillons creusés par la vie sur leur visage, se confondent avec les empreintes laissées par l’histoire sur la ville ; qu’ils sont les derniers témoignages d’une ville qui change plus vite qu’ils vieillissent, d’une ville dont ils sont aujourd’hui les seules figures historiques, dont ils sont une part de la mémoire encore vivante. Chacune de leurs rides et chacun de leurs jours

Fig 28: Une série des visages dont s'est inspiré l'artiste pour ses graffitis. Présentation de l’ouvrage « Wrinkles of the city » parue aux éditions Alternatives sur le site en ligne. Disponible sur : http://www.editionsalternatives. com/site.php?type=P&id=1420 57

RANIERI, M., « La menace comme source d’inspiration, le cas de JR », Revue Proteus n°11-De la menace en art, p. 50. Disponible sur http://www.revueproteus.com/articles/Proteus11-5.pdf 58

passés ici sont inscrits sur les bâtiments, dans les rues et sur les visages de chaque habitant de ces cités dont l’architecture et l’urbanisme m’offrent désormais un espace d’exposition singulier.»57 Dans cette série de Street art réalisée par l’artiste, apparaissent deux composantes primordiales : le lieu et l’histoire qui l’a façonné, ainsi que le support tout autant que les marques que le temps y a laissées, apparaissent comme deux composantes primordiales. Elles permettent à l’artiste de mettre de superposer des récits individuels sur un fond de mémoire collective et de les relier grâce à des portraits et des façades écorchées ; ce qui renforce le rapport visuel entre les creux de la peau des personnes photographiées et les irrégularités des murs.58

Fig 29: Logo de la théorie de la vitre brisée. Fig 30 et 31: Deux œuvres de JR situées à la Havane.

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Ainsi, un lieu considéré pour certains comme menace, devient un support pour l’art et une source d’inspiration. 3.1.1. Différents espaces délaissés Comme le constate Romain Paris dans un texte extrait de « Construire autrement » : « La diversité des cas et des situations est grande entre friches économiques, bases militaires abandonnées, délaissés aux abords d’infrastructures, franges des grands ensembles, confins de zones commerciales et lotissements pavillonnaires aux limites floues. » C’est de ces grandes différences que naît l’incapacité évoquée à classer et qualifier ces espaces. En effet, ces lieux créent une multitude de zones désinvesties aussi bien physiquement que mentalement. Les espaces délaissés souffrent donc d’une absence de statut dans le vécu des habitants d’une ville : leur absence de dénomination et de considération les empêche d’avoir la place qu’ils devraient occuper dans l’image de la ville. 3.1.2. Le lieu comme matrimoine d’une nouvelle vie La notion de matrimoine théorisée sous ce terme par Nicholas Michelin, renferme les deux mots : matrice et patrimoine. Selon l’auteur, le déjàlà, est la matrice du nouveau projet. La trace et l’esprit du lieu forment la matrimoine : « Il s’agit d’éléments beaucoup plus ordinaires, presque insignifiants à priori... Il s’agit par exemple du parcours de l’eau autrefois, du remblai d’anciens marais, d’empreintes d‘une ferme disparue, du passage d’un chemin oublié, d’une fontaine démolie, d’un bois amputé, mais aussi d’une légende accolée à un lieu-dit, de l’usage intempestif d’un espace public ou encore l’occupation insolite d’un bâtiment quelconque. Pas d’édifices remarquables du patrimoine donc, mais au contraire des éléments de mémoire sensibles et ordinaires qui constituent une sorte de matrice intime du territoire. C’est ce que j’appellerai la matrimoine.»59 Ce terme laisse transparaitre une actualisation de l’idée du Genius Loci de Norberrg-Schulz60 , qui considère que l’esprit du lieu est originel, pour dire qu’elle est plutôt palimpseste de ses traces successives. Patrick Degeorges et Antoine Nochy notent dans « Construire autrement»

MICHELIN, N. (2012), « La Matrimoine : une méthode douce qui replace la matrice intime du territoire au cœur des pratiques. » Architecture d’Aujourd’hui, n°397, pp70-73, In https://issuu.com/ yanrab/docs/mep_m__moire_janvier_ finale 60 Genius Loci est une locution latine traduisible en français par « esprit du lieu » dont l’utilisation renvoie à l’atmosphère distinctive d’un lieu. Cette notion a été développée par Christian Norberg-Schulz dans son livre Genius Loci paru en 1979. 59

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que les délaissés « sont les restes d’une division qui ne tombe pas juste, les chutes du découpage fonctionnel de l’espace ». Ainsi, ces espaces ne s’inscrivent plus dans un contexte, puisque celui de leur origine a disparu et on peine à les lier à quelque chose à les identifier clairement. Ils ne sont reliés à rien, non lus d’appartenance et ainsi on ne les comprend plus. On voit donc combien est ambivalente la position du délaissé dans l’espace de la représentation mentale du territoire. En effet, ces espaces blancs peuvent apparaître comme des réserves ne demandant qu’à être finalement révélées par l’action et la pensée humaines. Ce sont donc des occasions de projet qui fournissent une nouvelle manière de penser la ville. Plus que construire sur ces parcelles, il s’agit de les réinvestir, régénérer leur mémoire et leur redonner une vraie valeur.

3.2. Repérage de lieux de mémoire à La Soukra C'est à la lumière de ce constat de la place qu'occupe les lieux délaissés dans la constitution de l'image identitaire de la ville qu'il nous semble opportun de nous intéresser à un lieu qui pourraient être porteur de mémoire et de potentiels dans un territoire souffrant d'une coupure identitaire. C'est le cas de la Soukra comme nous avons pu le constater dans le deuxième chapitre de notre travail. Ainsi nous avons opté pour l'élaboration d'une carte de repérage de foyers potentiels de régénération. Les lieux repérés sur notre carte devraient tout d'abord répondre aux critères suivants: - L'emplacement sur la voie principale "Fattouma Bourguiba": C'est l'artère principale de la Soukra et notre parcours de traversée pour la caractérisation du paysage de la commune (dans le deuxième chapitre). Nous pensons que ce tronçon de part son importance en tant que colonne vertébrale de la Soukra devrait être le premier réflecteur de l'identité de 56


celle-ci, mais aussi le meilleur emplacement pour intégrer le projet dans le contexte actuel de la ville. - Le lien avec l'identité agricole perdue: C'est-à-dire que le lieu devrait être porteur de mémoire dans l'imaginaire collectif ou avoir des spécificités en relation avec son passé agricole.

Fig 32: Carte de localisation de lieux potentiels d'intervention.

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Dans notre carte, nous avons pu repérer trois lieux qui répondent aux critères cités précédemment. - La Centrale de l’électroménager: Ancienne ferme aujourd’hui abritant une usine de distribution de l’électroménager. La Boukha est une eau de vie. Son nom signifie "vapeur d'alcool" en dialecte judéo-tunisien. Elle est obtenue par distillation naturelle de figues. Définition Wikipédia disponible sur: https:// fr.wikipedia.org/wiki/Boukha 61

- Le Domaine Arquosal : L'usine de production de la Boukha.61 - Le restaurant le Boeuf sur le toit.

Nous avons parlé précédemment de la place des lieux délaissés en tant que réserves pour des occasions de projet. Ces lieux fournissent en effet une nouvelle manière de penser la ville qui est celle de les réinvestir régénérer leur mémoire et leur redonner une nouvelle vie. Ainsi, nous rajoutons un dernier critère dans le choix de notre lieu d'intervention: - Le Délaissé: Puisque l'objectif ici c'est de restituer une identité mais aussi de réinvestir un espace délaissé qui pourrait occuper une nouvelle place dans l'image de la ville et de la communauté. Ce dernier critère nous a permit de renforcer mais aussi de limiter au final notre choix, à un seul lieu. Puisque la centrale de l'électomenager ainsi que le boeuf sur le toit ne constituent pas des lieux délaissés en soi, alors notre choix se repose sur: Le Domaine Arquosal. Ce lieu est en effet, aujourd'hui, en partie abandonné, délaissé.

Fig 33: Façade principale du bâtiment "Domaine Arquosal" donnant sur Fattouma Bourguiba.

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3.3. L’action-palimpseste Les villes et leurs strates successives, de l’échelle urbaine à celle du bâtiment, témoignent de toutes les époques. En effet la régénération des anciens édifices a depuis longtemps attiré les plus grands architectes. Prenons l’exemple de Gaudi qui a recréé la casa Battlô62 en 1906, initialement construite par Emilio Sala Cortes, à laquelle se joignit l’ensemble des maisons rénovées par d’autres architectes en Barcelone. La succession de maisons formée fut appelée la « pomme de Discorde »63

Fig 34: Façade et coupe de la casa Battlo, dessinées par Gaudi.

Fig 36: Paseo de Gracia 1877.

Fig 35: L'intérieur de la Casa Battlo.

Fig 37: La Pomme de Discorde.

Au-delà du fait de sauver un bâtiment ayant un intérêt patrimonial,

A l’origine, le bâtiment avait été construit en 1877, par Emilio Sala Cortes (l’un des professeurs d’architecture de Gaudi). Apres que la maison fut acquise par de nouveaux propriétaires, elle fit l’objet de rénovation de la part de Gaudi qui était contre sa démolition. L’architecte changea complètement la façade, en redistribuant les cloisons intérieures et en faisant de son intérieur une véritable œuvre d’art. Source : https://www.casabatllo.es/fr/antoni-gaudi/ casa-batllo/histoire/ 63 A côté de la Casa Batlló et à la même époque, d’autres architectes rénovèrent d’autres maisons, en étant alors en compétition pour les prix d’urbanisme, lancés par la Mairie de Barcelone, de là que ce tronçon soit connu comme « La Pomme de Discorde ». Ces maisons étaient également de style moderniste et, conjointement à la Casa Batlló, elles forment actuellement un ensemble unique composé de : Casa Amatller (de l’architecte Josep Puig i Cadafalch) / Casa Lleó Morera (de Lluís Domènech i Montaner) / Casa Mulleras (Enric Sagnier) / Casa Josefina Bonet (Marcel-li Coquillat). Source : https:// www.casabatllo.es/fr/antoni-gaudi/casabatllo/histoire/ 62

la réutilisation de l’existant joue un rôle important dans la création architecturale. En effet, intervenir sur l’existant, c’est jouer avec de nouvelles contraintes qui s’ajoutent à celle du programme. Celles-ci constituent un support à l’imaginaire et permettent de développer des réponses architecturales qui n’auraient pas été inventées ex-nihilo.64

Ex nihilo est une expression latine signifiant « à partir de rien ». Elle est souvent utilisée en conjonction avec un terme exprimant une idée de création, comme dans «création ex nihilo», signifiant littéralement «création à partir de rien», par opposition à une «création ex-materia», création à partir d’un matériau ou d’un substrat préexistant. Définition Wikipédia disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ex_nihilo 64

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3.3.1. L’architecture comme palimpseste En se référant à toute surface écrite qui a été grattée pour pouvoir recevoir un nouveau texte (à l’exemple des parchemins du Moyen-Age), le terme de palimpseste peut s’appliquer, par métaphore, à l’architecture ROBERT, P. (1989), Reconversions= adaptations, New uses for old buildings, Ed. du Moniteur, 119p. 65

du recyclage.65 Il existe diverses formes de palimpsestes: en littérature, en musique et même en peinture : les œuvres de Bach inspirées de celles de Vivaldi

«Le Paysage de la France» de Man Ray (Musée d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou), peint sur une copie d’un tableau de Cabanel, la Naissance de Vénus (Musée d’Orsay). 66

et les « tableaux repeints » sont autant de formes de palimpsestes.66 Que cela soit un Velázquez, Gamelin, Van Gogh, Picasso et même De Vinci, on trouve des fois une œuvre mineure qui en cache une autre majeure, sous des couches de vernis ou de repeints. En effet, aujourd’hui le passage de plusieurs œuvres connues sous les rayons X permit de faire des découvertes étonnantes sous la peinture déjà existante.

Fig 38: Vincent van Gogh, Nature morte avec fleurs des champs et roses et l’image sous-jacente de deux lutteurs, 1886-1887

« Les lieux dont on se souvient, et les lieux qu’on anticipe, s’enchevêtrent dans les laps de temps du présent. Mémoire et anticipation constituent en effet la perspective, réelle de l’espace et lui donnent une VON MEISS, P. (1993), De la forme au lieu: une introduction à l'étude de l'architecture, PPUR presses polytechniques, p.151. 67

profondeur»67. Cette citation d’Aldo Van Eyck évoque bien la relation du temps et de l’espace des architectures reconverties. Il faut aussi ajouter ceux qui furent simplement réutilisés sans modifications fondamentales. L’important ici, est de rappeler comment la reconversion met en scène, simultanément et dans un même espace, la mémoire d’un lieu et le futur

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d’un usage.


Selon l’expression de Sullivan, la fonction crée la forme68 , mais que faire de la forme créée lorsque la fonction a disparu ? La reconversion inverse le rapport à l’existant, elle inverse aussi la pratique de l’architecte par rapport à la démarche de conception. De ce fait, tout le travail sur les édifices existants tourne autour de cette dialectique forme/fonction, car, à la manière d’un sculpteur, une reconversion ne peut être réussie que lorsqu’il existe une bonne adéquation entre la fonction nouvelle et la forme existante. C’est donc la nature du bâti existant qu’il convient

Au début du xxe siècle, l’architecte de Chicago Louis Sullivan résuma en une expression le principe du fonctionnalisme, form follows function (la forme suit la fonction). Cette expression résume sa pensée suivant laquelle la taille d’un bâtiment, sa masse, sa grammaire spatiale et toutes les autres caractéristiques de son apparence doivent dériver uniquement de sa fonction. Source : Wikipédia, disponible sur : https://fr.wikipedia.org/ wiki/Fonctionnalisme_(architecture) 68

d’analyser avant de pouvoir suggérer une utilisation nouvelle, car «de la rencontre entre une enveloppe ancienne et des besoins et des moyens nouveaux, va naître un objet singulier, qui n’est pas simple juxtaposition mais synthèse, à la fois constructive et architecturale»69 comme le déclare Claude Soucy. 3.3.2. La diversité des possibles

Citée par Claude Soucy, In ROBERT, P. (1989), Reconversions= adaptations, New uses for old buildings, Ed. du Moniteur, 119p. 69

C’est parce que ces délaissés ne représentent un enjeu majeur pour personne au départ qu’ils peuvent être porteurs de projets différents : ils laissent le champ libre à l’expérimentation, pas tant dans la forme que dans la manière de produire le projet. Dans son livre « Construire autrement » Bouchain cherche à faire quelque chose qui s’accorde avec son site et les habitants qui jouxtent l’espace qu’il va venir occuper : «mais transformer, faire le moins possible pour donner le plus possible, entrainer tout le monde, interpréter, donner du temps, transmettre, ne jamais faire pareil » Il n’y a pas de formule magique chez lui, si ce n’est cette obligation de comprendre le contexte et de s’y intégrer, pour créer un projet qui produira de l’inattendu. Pour lui, la mission c’est de « produire de l’architecture chargée de sens et non de normes »70 . Il a la conscience de cette dimension participative et du devoir d’offrir un bâtiment non seulement au destinataire et à la ville, mais aussi aux hommes qui le regarderont, passeront près de lui

BOUCHAIN, P. (2006), Construire autrement, France, Edition l’impensé Acte Sud, 192p.. 70

tous les jours, et éventuellement le pratiqueront. Une diversité de possibles que montrera le tableau ci-dessous suivant des exemples de requalification. 61


Projet: Cinéma Lumière de Maastricht Architectes: JHK Architecten + Verlaan & Bouwstra architecten Lieu: Pays-Bas (2016)

Projet: Paddington Reservoir Gardens Architecte: Tonkin Zulaikha Greer Architects Lieu: Sydney, Australie (2009)

Fig 39: Photo générale du bâtiment.

Fig 44: Photo générale du projet.

Fig 40: Photo e l'intérieur du bâtiment.

Fig 45: Plan et coupe du projet montrant le parti

Fig 41: Coupe perspective montrant le principe

Aujourd'hui abritants le cinéma lumière de Maastricht, les bâtiments faisaient autrefois office de centrale électrique et de chaufferies d'une usine. Le défi de l'architecte était principalement de conserver l'apparence extérieure du bâtiment le maximum possible et donc de travailler le bâtiment de l'intérieur. Vu la qualité spatiale des bâtiments qui le permit, le concepteur a pu intégrer les six nouvelles salles de cinéma qui furent empilées selon le principe de la boite dans la boite.

Fig 43: Schéma de synthèse du principe retenu.

62

Il s'agit de la transformation d'un réservoir désaffecté du 19ème siècle en un jardin public dans une banlieue de Sydney. Ce projet nous montre comment l'architecte a pu adapter une nouvelle fonction à une typologie de base qui n’était pas à la base destinée à l'échelle humaine. Ainsi le travail de l'espace couvertnon couvert de l’échelle micro (calepinage) jusqu'à l’échelle macro ( la nouvelle structure de la toiture comme signalétique depuis la rue) permet une nouvelle perception de l'espace.

Fig 46: Schéma de synthèse du principe retenu.


Projet: Eglise Santa Maria De Vilanova Architecte: Alea Olea Lieu: Espagne (2016)

Projet: Can Ribas Architecte: Jaime J. Ferrer Forés Lieu: Espagne (2011)

Fig 50: Photo générale du projet.

Fig 47: Photo générale du projet.

Fig 51: Plan du projet avant et après.

Fig 48: Façade du projet montrant la paroi rajoutée.

L'église de Vilanova (Espagne) est un bâtiment gothique du 13ème siècle qui a été partiellement démoli en 1936. Depuis lors, l'église était dans un état général de ruine en conservant juste son abside, quelques fragments des nefs et la façade occidentale. L'objectif principal du projet était la restauration de l'aspect original de l'église et sa transformation dans une nouvelle salle polyvalente. La partie la plus importante de cette intervention s'est concentrée sur les éléments de couverture: une nouvelle façade de brique basée sur une texture de treillis et un nouveau toit de tuiles arabes à pignon.

Fig 52: Photo du projet après l'intervention depuis la rue. Située dans un quartier rural, cette ancienne usine abandonnée, fut par son grand mur d'enceinte, un grand obstacle à la continuité du tissu urbain. Elle fut transformée pour accueillir des logements et un nouvel espace public. Aujourd'hui, grâce à une lecture complexe et dynamique de la situation, l'intervention a fait de Can Ribas le centre du quartier, un noyau articulé qui donne de l'ordre et du sens à l'environnement.

Fig 49: Schéma de synthèse du principe retenu.

Fig 53: Schéma de synthèse du principe retenu.

63


Ces exemples nous montrent comment l’architecte doit en premier lieu porter un regard sensible sur le lieu pour pouvoir nourrir le projet qui s'y inscrit de cette perception différente et peu conventionnelle. Nous partons de l’idée qu’une architecture ne peut jamais être appréhendée isolément ; elle est toujours située dans un contexte avec lequel elle interagit. C’est donc à partir des éléments propres au contexte que nous pouvons déterminer les différents aspects de l’intervention architecturale envisagée. Parmi ces aspects, la question de la programmation. Nous tenons à mutualiser les besoins et les potentiels des lieux et de traduire cette conjugaison d’éléments en un programme spécifique issu de l’approche d’analyse et de diagnostic des problèmes liés à la Soukra précédemment.

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3.4.

L’agriculture urbaine: modérateur délaissé-ville/

campagne? « Le paysage n’est pas seulement un face à face avec la ville, un panorama quand on est en ville, une silhouette quand on la regarde, mais la réincorporation de la nature et du sol comme composants de la façon de faire la ville.»71

THIBERGE, C. (2002), La ville en creux, Condé-sur-Noireau, Éd. du Linteau, 356 p. 71

Nous avons évoqué dans ce qui précède, que l’espace délaissé s’affirme avec l’éclatement de la ville moderne et contemporaine; dans le sens ou, plus l’urbanisation est diffuse et fragmentée, plus les espaces délaissés prolifèrent en milieu urbain mais aussi périurbain. Ce qui veut dire que ce mouvement d’étalement et de prolifération ne doit pas être considéré indépendamment du processus d’urbanisation. Aujourd’hui, la requalification des friches en milieu périurbain, doit s’inscrire dans un mouvement d’affirmation de la place de la nature dans la ville. En effet, qu’il vive dans une petite ville ou dans une grande, l’homme en appelle aujourd’hui à la nature pour mieux vivre son urbanité. Cela revient tout d’abord, à la prise de conscience, sous la pression des préoccupations environnementales, de vivre dans un monde où les espaces de nature de grande valeur sont rares et menacés par les activités humaines, mais aussi au rejet des pressions de la ville et le retour à la valorisation de l’agricole et de la nature comme forme de compensation et de référence identitaire. Cette idéalisation de l’Ailleurs est au final responsable du mouvement de périurbanisation mais aussi de l’investissement des espaces naturels pour des fins sociales, culturelles et récréatives. Ceci s’inscrit dans une prise en compte de l’interdépendance de la ville dispersée et de la nature qu’elle consomme. La nature entre ainsi dans les différents liens qui structurent le processus d’urbanisation. «Ville et nature ne sont plus vues comme des objets inertes mais comme des processus interactifs»72.

KAIKA, M. (2005), City of Flows: Modernity, Nature, and the City, Psychology Press, 200 p. 72

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Il est nécessaire de prendre en compte le délaissé dans cette relation ville-nature, car le délaissé est à la base le produit de cette interaction mais il serait aussi «capable de construire un horizon de sens pour une ville inévitablement dispersée, fragmentaire et hétérogène. [...] et engendre des situations dans lesquelles on peut reconnaître une nouvelle esthétique urbaine ; des rythmes spatio-temporels et des séquences dans lesquelles peuvent se lire les pratiques sociales de notre temps»73 SECCHI, B., (2006) Première leçon d’urbanisme, Marseille, Éditions Parenthèse, pp. 128-129. 73

Fig 54: Photo collage de l'homme-agriculteur face à l'urbanisation.

L'agriculture urbaine est une forme de réappropriation urbaine qui est de plus en plus présente sous des formes de plus en plus variées. Elle tend à se complexifier, suivant ainsi l’évolution de la ville. 3.4.1. Une résurgence de l’agriculture urbaine «L’agriculture a toujours fait partie de l’histoire des villes. Ce qui varie, c’est plutôt la manière pour les différents acteurs que sont les habitants, les gestionnaires et l’État, de lui assigner un rôle».74 REICHEN, B. (2005), Réflexions pour un urbanisme territorial , In BANZO, M. (2009), «L’espace ouvert pour une nouvelle urbanité», Géographie., Université Michel de Montaigne ,Bordeaux III, p. 81. 74

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Ainsi, l’architecture et l’agriculture ont toujours entretenu une relation forte. Commençant par les jardins suspendus de Babylone (600 av. J.-C.) , les villes du Moyen âges avec les jardins potagers associés à chaque habitation passant par le fameux plan d’extension de la ville de


Barcelone conçu par Cerda (1859) et qui comptait des espaces de nature et d’agriculture, jusqu’à Le Corbusier et son projet de Ferme Radieuse (1930). Le mot agriculture urbaine peut sembler paradoxal car il fait appel à deux univers sensiblement opposés: la ville et la campagne. En effet l’idée a toujours été liée dans la pensée humaine à la campagne et très rarement à la ville. Pourtant celle-ci a été la principale cause qui a conduit les hommes à résider dans des logements permanents, ce qui en fait l’un des facteurs importants de la civilisation humaine. Et donc l’agriculture n’est pas un phénomène récent, ce qui l’est ce sont plutôt les raisons de sa résurgence. 3.4.2. Se réconcilier avec la nature «Le rapport à la nature est devenu une question centrale du débat urbain. D’abord parce que l’écologie reste la seule idéologie supportable autour de laquelle puisse se fédérer un mouvement collectif, une raison de dépasser les intérêts personnels. Mais aussi parce que la nature, qui englobe à la fois le monde végétal, l’espace public ou un nouvel imaginaire de la ville, est l’un des rares thèmes qui permette d’aborder la question de la continuité urbaine »75 (B. Reichen cité par Younès). Il y a une nécessité de prise de conscience politique sur l’importance de l’agriculture urbaine tant à l’échelle environnementale qu’économique et sociale. Cette prise de conscience doit se traduire par l’insertion de l’agriculture dans les programmes d’innovation urbaine, et ce, en sa qualité d’instrument d’organisation du tissu urbain et périurbain des grandes agglomérations en perpétuelle mutation, et dans notre cas, celui de la Soukra. Projet VALEAS76 S’intéresser à l’agriculture urbaine en tant que composante de projet est aujourd’hui nécessaire. Surtout que cet intérêt n’a pas été souvent soulevé dans le cas de la Soukra. On peut citer dans ce cadre, le projet VALEAS, introduit dans la commune de la Soukra, qui s’inscrit dans le

Fig 55: Schéma, repères: cités idéales et utopies. REICHEN, B. (2005), Réflexions pour un urbanisme territorial , In BANZO, M. (2009), «L’espace ouvert pour une nouvelle urbanité», Géographie., Université Michel de Montaigne ,Bordeaux III, p. 81. 76 Ce projet fait partie de l'initiative de recherche visant des villes ciblées de PURE. Le projet a pour objectif général l’amélioration des conditions socioéconomiques de la population défavorisée de la ville de Soukra, dans le gouvernorat d'Ariana, par la valorisation des eaux pluviales et des eaux grises aux fins de l'agriculture urbaine et périurbaine. Présentation du projet disponible sur: http://www.rolandvidal.fr/recherche/ projet-valeas/ 75

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cadre d’un projet de recherche-action participatif. Un projet qui a tenté de contribuer à la résorption de certaines pressions que rencontre la commune, mais surtout d’initier une dynamique agri-urbaine à l’échelle du territoire de la ville. Ce projet d’expérimentation pilote a été conduit sur une friche située au cœur d’un quartier assez représentatif des petites exploitations agricoles de la commune. Le modèle en question s'est articulé autour de trois composantes fondamentales77: BOURAOUI, M., HOUMAN, B. (2010), "Réflexions et actions sur l'avenir de l'agriculture urbaine : entre enjeux environnementaux et amenités sociales, l'exemple de la ville de Soukra dans le Grand Tunis", ISDA 2010, Montpellier, France. Cirad-Inra-SupAgro, 13p., 2010. , p.11. disponible sur <hal-00520184> 77

- La mobilisation des ressources en eaux. - La reconnaissance de la dimension multifonctionnelle de l'agriculture urbaine. - L'amélioration des conditions de vie de la communauté des petits agriculteurs.

Fig 56: Photos montrant le modèle d'agriculture urbaine VALEAS en application avec les différents intervenants du projet.

Fonctionnel depuis quelques années, le modèle expérimental a été validé par les différents partenaires de la recherche ainsi que par les évaluateurs extérieurs tant sur le plan scientifique et technique que social 68


et économique. Suite à cette validation, le processus d'élargissement de l’expérience à l'échelle du territoire a été ainsi engagé. "Le lancement de l'intervention à l'échelle du territoire communale semble entraîner une dynamique collective rassemblant agriculteurs, décideurs et organisations locales agissant dans le secteur agricole, celui de l'aménagement urbain et architectural. La matérialisation de cette dynamique se traduit par l'accès des agriculteurs à la sphère décisionnelle locale, notamment par la tenue de forums de discussion au siège de la municipalité, et inversement par l'intérêt de plus en plus affichés des acteurs locaux à la reconquête de l'identité agricole de La Soukra." 78 Cette locution de M. Bouraoui, l'acteur à l'intiative du projet VALEAS, démontre une reconnaissance du concept d'agriculture urbaine en tant qu'activité socio-économique améliorant les conditions de vie des petits "fellahs" et composante spatiale valorisant l'environnement urbain et le cadre de vie de la population locale.

BOURAOUI, M., HOUMAN, B. (2010), "Réflexions et actions sur l'avenir de l'agriculture urbaine : entre enjeux environnementaux et amenités sociales, l'exemple de la ville de Soukra dans le Grand Tunis", ISDA 2010, Montpellier, France. Cirad-Inra-SupAgro, 13p., 2010. , p.12. disponible sur <hal-00520184> 78

3.4.3. Agriculture urbaine et architecture Bien qu’à ses prémices, l'intérêt quant à l'insertion de l'agriculture par mes décideurs, reste limité et devrait, à notre sens, se traduire un peu plus dans les faits par l’insertion de l’agriculture dans les programmes d’innovation urbaine en tant que projet architectural ; et ce, pour sa capacité de revalorisation de l'identité des paysages inscrits dans les tissus urbains et périurbains des agglomérations en rupture avec leur identité agricole. Nous verrons dans ce qui suit deux exemples différents d'intégration de l'agriculture urbaine en architecture.

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Projet: Youth Farm Village Lab Architectes: MOA Architecture Lieu: Milan, Italie (2006)

Fig 57: Perspective intérieure du bâtiment

de

Ici, les architectes se sont basés sur la réinterprétation de la ferme traditionnelle italienne dans un contexte actuel urbain. Selon les architectes "Tout en rappelant le symbole emblématique de ces fermes dans la mémoire collective, ce projet innovant repose sur une approche d'agriculture durable, d'efficacité économique, de vitalité sociale locale, et le respect de l'environnement. Le tout se joue dans une organisation spatiale rendue efficace grâce à une trame s'adaptant à chaque fois à la fonction qu'elle accueille dans le projet". Le projet permet de faire intervenir plusieurs acteurs qui participent dans l'économie circulaire du projet. Il ne s'agit plus de l'agriculteur en face du consommateur, mais les deux se confondent. C'est un lieu d'apprentissage mutuel

l'ambiance

Fig 59: Axonométrie arrachée du projet

Fig 58: Axonométrie générale du projet

70

Fig 60: Système structurel adopté dans le projet


Projet: Le Grand Réservoir des Groues Architectes: O Architecture Lieu: Nanterre, France

Pour un concours de régénération d'un quartier situé à Nanterre, les architectes ont répondu sur deux sites existants: Les Halles et une friche. Les deux ont été traités différemment pour accueillir diverses activités répondant aux aspirations d'un ensemble de quartier accueillant un modèle de ferme pédagogique.

La halle fut transformé en lieu de rencontres qui dessert plusieurs autres espaces grâce à une rue intérieure. Nous pouvons voir les différentes activités de rencontre, découverte, de loisirs mais aussi de l'apprentissage autour d'un savoir-faire d'antan.

Sur le site de la friche, dans un quartier en renouveau, prendra place un lieu de culture en sol et hors-sol: une serre, des jardins potagers, un espace agricole urbain et un pavillon accueillant les lieux de restauration et de vente de produits issus directement des jardins potagers.

Fig 61: Maquette du projet de la Halle.

Fig 64: Maquette du projet de la friche.

Fig 62: Perspective d'ambiance extérieure de la Halle.

Fig 65: Agencement de l'espace intérieur de la friche.

Fig 63: Schéma fonctionnel de la Halle.

Fig 66: Plan fonctionnel de la friche.

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Conclusion: Aujourd'hui, dans cette perspective d'intégration de l'agriculture urbaine dans la création architecturale, les architectes proposent des concepts novateurs de formes d’agriculture et de production alimentaire en ville. L’agriculture urbaine JUNQUERA, R., L'architecte et l'agriculture urbaine, de quelles façons les architectes interviennentils dans l'apparition, la recherche et le développement de pratiques agricoles urbaines?, (Mémoire de fin d'études soutenu à l'ENSA Marseille 2016-2017), p.33. 79

se diversifie en une multitude de formes, techniques et localisations. Elle démontre ainsi une capacité d'adaptation aux lieux dans lesquels elle s’installe que ce soit sur de nouvelles parcelles ou

dans

les

délaissés

urbains.

Mais surtout, celle-ci s'adapte aux aspirations actuelles des sociétés79

Fig 67: Schéma de l'intégration de en couplant un lieu de production l'agriculture urbaine par rapport à une agricole à un lieu d'apprentissage. Il construction existante

s'agit de la ferme pédagogique. Grâce aux exemples analysés dans ce chapitre, nous avons pu voir que l'agriculture urbaine touche plusieurs autres disciplines. Ces exemples constitueront par la suite, en addition de l'approche analytique du contexte immédiat du Domaine Arquosal, la base sur laquelle s’appuiera le programme qui sera inséré dans notre projet.

Fig 68: Schéma de synthèse de l'agriculture urbaine et ses différents intervenants/ enjeux.

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“We always consider vacancies in architecture as generic facts. In same time it has drama and beauty. It’s the time masterpiece. What’s the after architecture? The next step or the new age? Could it be an archeological masterpiece in a museum or should we accept that architecture evolves on time and it has changing aesthetic: Architecture is a process.” (MOA)



LE PROJET ARCHITECTURAL

4.1. 4.2. 4.3.

04

Approche macro

Approche micro L'intervention architecturale



La réécriture architecturale nécessite la connaissance du contexte spécifique au cadre bâti d’intervention. A cela s'ajoute la connaissance de la construction elle-même. Cette connaissance nous permettra non seulement de définir notre intervention architecturale mais aussi d'aboutir à un programme qui relie le bâtiment à son contexte immédiat. Nous procéderons, dans un premier temps, à contextualiser le bâti dans son environnement immédiat. Ceci présente une étape essentielle de plus qui assurera une meilleure réponse quand au programme que nous allons définir. Par la suite, nous essaierons de faire un relevé de l’état des lieux de l’existant ainsi que son analyse. Ceci représente une étape importante pour reconnaitre les différentes particularités architecturales afin d'en tirer les potentiels et contraintes, auxquels il faut trouver des solutions cohérentes et subtiles pour que l’intervention soit significative et harmonieuse avec l’existant. Nous terminerons le chapitre par présenter nos intentions par rapport au projet présenté.

79


4.1. Approche macro Pour requalifier un espace délaissé, nous devons replacer l'édifice dans son contexte historique pour en connaitre l'origine. Nous devons aussi re-contextualiser ce délaissé à l’échelle de la ville d’aujourd’hui et de son territoire afin de permettre par la suite de situer l’ensemble des usages et usagers à faire figurer en cas de réappropriation. Ceci nous permettra d'établir un vrai rapport avec son contexte environnant et d’envisager de recréer une continuité cohérente avec ce dernier. 4.1.1. Localisation Fig 69: La carte de la Soukra montrant l'axe principal "Fattouma Bourguiba" et la localisation de notre site, support de travail.

80

Le bâtiment se situe sur l'avenue principale "Fattouma Bourguiba" qui longe toute l'agglomération de la Soukra, venant de Carthage jusqu'à l'Ariana.


4.1.2. Aperçu historique Le Domaine Arquosal fut instauré en 1880 à la Soukra et était (et est encore partiellement) dédié à la culture et à la production de l’eau de vie appelée Boukha. En 1870, Abraham Boukhobsa met au point la méthode distillation de la figue en utilisant un alambic en cuivre. La Boukha était née. Boukha à l’origine veut dire en dialecte tunisien "Vapeur d’alcool.80 La photo ci-dessus nous montre comment dans les années 70, l'usine était Fig 70: Photo de la fameuse Boukha encore entourée des champs de culture de figues et autres implantations

arrivée jusqu'aux ruelles de Paris, 1989.

dans un paysage complètement rural. Selon les propos de Mr. JeanJacques Boukhobsa dans l'entretien qu'il a pu nous accorder lors d'une rencontre au sein de l'usine. 80

Fig 71: Une photo d'ensemble du Domaine Arquosal dans les années 70.

Témoignages recueillis depuis le forum d'échange "Harissa". Disponible sur : https://harissa.com/news/article/laboukha-bokobsa 81

Quelques témoignages/ Anecdotes81 "Pour la petite histoire , on dit que ce serait des Russes vivants en Tunisie à la fin du 19ème siècle, qui ne trouvant pas d'alcool à boire ont fait macérer et distiller des figues pour obtenir une espèce de vodka. D'ailleurs le mot BOUKHA en alphabet Russe (Cyrillique ) se lit VODKA et je ne crois pas que ce soit un hasard." Par Anonyme | jeu, 13/11/2014 - 10:39

"Un petit détail sympathique: Sur les bouteilles de Boukha Bokobza, il y a le nom rutilant d'un domaine ( Le Domaine d'Arquosal); c'est très pompeux pour nous les tunes (adra); nous avons un domaine, vous vous rendez compte, quelle classe nous avons ! Eh bien ARQUOSAL, c'est en faite l'anagramme de LA SOUKRA...on est très fort les tunes!?" Par Anonyme | lun, 03/12/2012 - 11:00

81


4.1.3. Contexte Urbain Accessibilité et points de repères Le bâtiment donne depuis sa façade principale sur l'avenue principale, "Fattouma Bourguiba". Il se situe près d'un nœud important: le croisement qui mène de Chotrana 2 vers Dar Fadhal. Ceci rend la situation stratégique. On remarque que le bâtiment si situe près de plusieurs points de repères dont notamment: Le Golfe de la Soukra à son Nord, le club de garde nationale du côté Est, ainsi que le lycée et la maison de Jeunes du côté Ouest. Selon l'Atlas de l'Ariana publié en 2011, la Soukra est la seule délégation Atlas du gouvernorat l'Ariana (2011), p.34. 82

qui est dépourvue d’une bibliothèque publique.82 Cette information est toujours d'actualité. Densité La zone est caractérisée par une forte densité urbaine. Les activités principales recensées sont: l'habitat (individuel/ collectif), le commerce, et d'autres services. Ceci n'empêche pas le bâtiment, comme on peut le constater sur la figure, de faire partie d'un poumon vert important de cette zone.

Fig 71: Coupe urbaine montrant l'emplacement du Domaine Arquosal par rapprt à un poumon vert de la commune de Soukra.

Flux humain et véhiculaire On remarque un flux humain et véhiculaire très importants sur l'avenue du fait de sa proximité d'un nœud important. Il y a une multitudes d'usagers qui fréquentent cette zone, d’où la nécessité d'un projet multidisciplinaire.

Le bâti La succession des paysages montre une morphologie très hétérogène du bâti comme nous avons pu le constater dans le deuxième chapitre. 82


4.3. L'intervention architecturale Le bâti existant, comme on vient d'en faire la constatation, possède un intérêt de création architecturale. Il offre la possibilité d’évolution en termes d’intervention sur l’existant. Ceci permet, tout en respectant le caractère patrimonial du lieu, d’y apporter des modifications et des améliorations pour qu’il soit adapté à recevoir une fonction future. La friche industrielle, même si elle se trouve actuellement dans un état de délabrement, nous confronte, avec la configuration de ses espaces et ses volumes disponibles, à des potentiels et à des contraintes révélant toute une valeur architecturale à mettre en lumière. 4.1.4. Grille synthétique: Nous partons de l’idée que la création architecturale dans le délaissé ne peut jamais être appréhendée isolément.

Ainsi,

le

regarde

de

l'architecte se doit d'êre posé sur le lieu du bâti, en tant que porteur de mémoire littérale, mais aussi sur le contexte avec lequel cette architecture intéragit pour générer la mémoire phénoménale. C’est donc à partir des éléments propres au contexte que nous pouvons déterminer les différents aspects de l’intervention architecturale envisagée. Parmi ces aspects, la question du programme projeté. Nous devons trouver le moyen de conjuger les besoins et les potentiels des lieux. L'aboutissement à un programme spécifique a été rendu possible grâce à la combinaison de l'analyse des projets de référence dans le deuxième chapitre ainsi que l'analyse portée sur le contexte dans lequel s'inscrit notre bâtiment. Fig 72: Les différentes strates de notre analyse urbaine: Formes urbaines/ Formes architecturales/ Profils d'utilisateurs.

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4.2. Approche micro 4.2.1 Etat des lieux L'usine est composée de deux lots: - Une partie qui fonctionne encore comme usine. - Une partie délaissée. La partie délaissée se compose de 3 bâtiments principaux, deux sous espaces et une maison. Dates de construction respectives:

Fig 73: Vue aérienne de l'implantation des trois bâtiments dans le terrain.

-Bâtiment A: 1935 -Bâtiment B: 1936 -Bâtiment C: 1956 Photos de l'existant: Les photos extérieures et intérieures de l'existant, montrent un état de bâti délabré mais qui présente des potentialités architecturales. 84


Construits à quelques années d'intervalle, les trois bâtiments ne semblent pas connectés entre eux. Ils s'articulent aléatoirement autour d'une sorte de placette qui relie leurs trois entrées respectives.

Fig 74: Photos de l'état des trois bâtiments [Bâtiment A / Bâtiment B/ Bâtiment C]

Fig 75: Photo panoramique de l'ensemble du bâti depuis la "placette intérieure".

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4.2.2 Relevé de l'existant

Fig 76: Plan de l'existant.

Fig 77: Relevé de la façade Nord-Est.

Fig 78: Relevé de la façade Sud-Ouest.

Fig 79: Coupe façade.

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Diagnostic par bâtiment

- Bâtiment A:

Fig 80: Photo montrant l'état du bâtiment A.

Fig 81: La toiture effondrée (bât A).

Fig 82: Coupe schématique montrant la charpente en bois supportant l'ex-toiture.

La toiture du bâtiment A est effondrée, cependant la charpente en bois qui la supportait est dans son état originel. Le bâtiment offre une qualité spatiale intéressante. - Bâtiment B:

Fig 83: Coupe schématique montrant les citernes.

Fig 84: Façade du bât B.

La coupe schématique sur le bâtiment B laisse apparaître l'état originel des lieux: présence de citernes en bétons. Ces citernes étaient utilisés autrefois pour le stockage de l'eau de vie avant sa vente. Ceci est un témoignage du passé agricole du lieu.

Fig 85: Photo intérieure du bât. B.

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- Bâtiment C:

C'est le bâtiment le plus récent des trois, ce qui ne l'empêche pas d'avoir du cachet. C'est un bâtiment à trois voûtes en berceau, qui suit une trame de poteaux dans son plan. Le lieu possède les qualités spatiales d'un ancien espace de stockage vu ses dimensions mais aussi son organisation spatiale en plan libre pouvant s'adapter à différentes configurations. Fig 86: Trame structurelle du bâtiment C.

Matériaux constructif et recouvrement

Fig 87: Axonométrie arrachée montrant les matériaux constructifs.

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4.3. L'intervention architecturale Le bâti existant, comme on vient d'en faire la constatation, possède un intérêt de création architecturale. Il offre la possibilité d’évolution en termes d’intervention sur l’existant. Ceci permet, tout en respectant le caractère patrimonial du lieu, d’y apporter des modifications et des améliorations pour qu’il soit adapté à recevoir une fonction future. Le lieu délaissé, même si elle se trouve actuellement dans un état de délabrement, nous confronte, avec la configuration de ses espaces et ses volumes disponibles, à des potentiels et à des contraintes révélant toute une valeur architecturale à mettre en lumière.

4.3.1. Grille synthétique du programme Nous partons de l’idée que la création architecturale dans le délaissé ne peut jamais être appréhendée isolément. Ainsi, le regarde de l'architecte se doit d’être posé sur le lieu du bâti, en tant que porteur de mémoire littérale, mais aussi sur le contexte avec lequel cette architecture interagit pour générer la mémoire phénoménale.

Fig 88: Schéma expliquant le rapport et le passage du délaissé au projet, selon la mémoire phénoménale et projetée.

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- La ferme pédagogique sera une forme de réinterprétation de la ferme traditionnelle que nous avons dans la mémoire collective à propos de la Soukra en tant que lieu porteur d'une identité agricole. Le lieu sera un réservoir d’idées et d’initiatives qui rassemblera divers intervenants dans une dynamique de découverte et d’apprentissage. Il accueillera ainsi:

Espace Accueil et Galerie Accueil Billetterie Galerie marchande Exposition permanente Salle de projection 1 Salle de projection 2 Salle de projection 3 Salle de projection 4 Espace de repos Boutique Bibliothèque Accueil et point info Rayonnage et espace de lecture Ferme pédagogique 1- Espace culture hors-sol Jardin aromatique/botanique Agriculture hors-sol Local entretien Local matériel Local stockage Stockage terre Stockage eau Monte-charges 2- Espace vente/promotion Vente et promotion des produits Buvette 3- Espace pédagogique Espace d’initiation à l’agriculture Serre pédagogique Atelier d’expérimentation Sanitaires Local poubelle Administration Local de gestion climatique Parking Parking visiteurs Parking de service Total +30% Surface de circulation Surface totale

90

Surface (m²) 80 20 180 15 15 15 15 15 15 90 340

210 670 5 10 10 20 20 10 220 50 80 50 110 20 5 30 10 630 150 3110 933 4043


4.3.2. Les intentions Comme nous avons pu le constater précédemment, les trois bâtiments qui se confrontent, ne partagent pas de similitudes en termes de spatialité, de structure ou de façades. Leur confrontation est néanmoins intéressante. Le travail architectural va alors s'attacher à créer des liens et articuler les bâtiments par des dispositifs contemporains. Cette démarche va créer un projet qui forme un tout, dont la mixité de programmes et de formes fonctionnent ensemble. A la question: comment relier des bâtiments ensemble? Trois solutions se posent: -Par un volume unificateur. -Par un dispositif de circulation. -Par un aménagement unifiant l'environnement. La connexion entre les trois bâtiment permettra de créer une séquence cohérente et continue d'espaces qui interagissent entre eux.

Fig 89: Schéma récapitulant les trois manières de relier des bâtiments.

91


4.3.3. Le projet

Fig 90: Plan masse selon l'esquisse, montrant le jardin potager.

Fig 91: Esquisse du projet avec les différentes intentions.

Il est important de réintégrer le bâti dans son nouveau contexte et de créer ainsi une nouvelle perception du projet depuis la rue. Nous allons travailler notre dispositif de liaison comme une nouvelle signalétique

PLANCHE DE SYNTHESE

du projet à trois échelles différentes: -Un regard sur l'ancien en tant que bâti. -Un regard sur la végétation en tant que mémoire du passé agricole. -Un regard sur le nouveau et ce que va devenir l'espace.

Fig 92: Axonométrie montrant la mise en valeur du parcours vers le jardin potager.

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Fig 93: Grandes lignes d'intervention.

Fig 94: Coupe de principe sur le dispositif de passage de l'urbain à l'agricole.

Fig 95: Schéma thermique et de ventilation de l'espace ferme pédagogique.

93


Fig 96: Epannelage fonctionnel.

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Fig 97: Plan masse.

Fig 98: Les faรงades.

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Fig 99: Les plans.

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Fig 100: Les coupes

Fig 101: Coupe en perspective.

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Fig 102: Vue en perspective depuis le jardin potager.

Fig 103: Vue en perspective depuis l'Êtage de la bibliothèque.

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Fig 104: Vue en perspective depuis l'accueil.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

C’est la question du lien entre architecture et paysage que pose ce mémoire. Il tente plus précisément de prêter attention à l’identité d’un paysage à travers son architecture afin de rendre compte de l’image que celui-ci communique et son rapport avec la mémoire collective. Ainsi face à la ville dispersée qui tend à uniformiser le paysage de l’espace périurbain, il est nécessaire de se retourner pour regarder d’où l’on vient. Il est nécessaire de considérer les multiples strates sur lesquelles se construit cette ville, strates qui génèrent très souvent des délaissés. Ces délaissés occupent une place importante dans la mémoire collective et sont très souvent témoins des origines de cette ville. Pourtant on s’en détourne. Notre travail a ainsi pour objectif de réconcilier un lieu de mémoire avec une commune en perte de qualité paysagère identitaire. Le retour à l’agriculture sous la forme d'une ferme pédagogique ainsi que la recontextualisation de ce lieu délaissé, nous ont été nécessaires dans notre réécriture architecturale.

102



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TABLE

DES

ILLUSTRATIONS

Fig 1: Schéma d'une aire urbaine et de ses dynamiques. https://osauvage.wordpress.com/2015/12/ Fig 2: La face cachée du renouveau urbain. https://www.dailysabah.com/economy/2014/03/07/urban-renewal-to-keep-economy-dynamic Fig 3: Les paysages liés à l'urbanisation. http://www.paysages.alsace.developpement-durable.gouv.fr/spip. php?article155 Fig 4: Caricature "La ville grignote la campagne". http://villemutation.canalblog.com/archives/2014/06/10/30051187. html Fig 5: Urban Reneweal ou Le renouveau urbain. http://www.albionmich.com/history/histor_notebook/111023.shtml Fig 6: Schéma expliquant la construction de la ville sur la ville. Source personnelle Fig 7: Couverture de l'ouvrage "L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture". https://www.amazon.fr/m%C3%A9moire-territoire-larchitecture-Sebastien-Marot/dp/2915456585 Fig 8: Plan de la ville de Rome (1748) sur lequel s'est basée l'étude de S. Freud. http://strabic.fr/Memoire-s-des-territoires Fig 9: Photo du parc de Lancy de Georges Descombes. https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/georges-descombes-faconneur-aire/story/26550840?track Fig 10: Le plan du parc de Lancy. http://www.projetsdepaysage.fr/la_participation_du_public_au_pro110


jet_de_paysage Fig 11: Le pont, lieu de souvenir et de mémoire sur lequel s'est basé G. Descombes https://i.pinimg.com/originals/f0/4a/2e/f04a2ebd7a41db2c80561e73884bb2a5.jpg Fig 12: Vue aérienne de la ville de Tunis, ville dispersée sur sa périphérie. Source Google map. Fig 13: Carte de localisation du Disctrict de Tunis/ le Grand Tunis. Source personnelle. Fig 14: Tableau des superficies urbanisées, par ville, de 1985 à 1997. http://ressources.ciheam.org/om/pdf/a44/02001601.pdf Fig 15: Evolution de la tâche urbaine du Grand Tunis de 1957 jusqu'à 2009. https://marges.hypotheses.org/valorisation/profils-de-villes/tunis Fig 16: Carte d'occupation du sol de la délégation de La Soukra. Source Atlas de l’Ariana Fr V2. Fig 17: Caricature sur l'hétérogénéité de Tunis 1 Source : Tunis hebdo 27 avril 1989 . Fig 18: Carte de localisation de l'agglomération La Soukra. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00520184/document Fig 19: Carte de localisation de l'agglomération La Soukra. https://journals.openedition.org/eue/525 Fig 20: Morphogenèse et occupation du sol dans le bassin versant de l'Ariana, Soukra. https://journals.openedition.org/confins/10269?lang=pt Fig 21: Morcellement d’un ancien verger entourant une villa luxueuse. https://journals.openedition.org/eue/525 Fig 22: Morcellement d’une ancienne ferme d’agriculteur modeste. 111


https://journals.openedition.org/eue/525 Fig 23: Vue aérienne de l'évolution de la tache urbaine (en blanc) aux dépens de l'agricole à La Soukra de 2006 à 2017. Source Google Earth. Fig 24: Carte montrant le parcours choisi pour la prise de photos séquentielles. Source personnelle. Fig 25: La succession des paysages remarqués dans le chemin parcouru sur l'artère principale. Source personnelle. Fig 26: Couverture du livre de P. Bouchain, "Construire autrement". https://www.amazon.fr/Construire-autrement-Comment-Patrick-Bouchain/dp/2742763880 Fig 27: Une oeuvre de JR située à Cartegena. http://www.editionsalternatives.com/site.php?type=P&id=1420 Fig 28: Une série des visages dont s'est inspiré l'artiste pour ses graffitis. http://www.editionsalternatives.com/site.php?type=P&id=1420 Fig 29: Logo de la théorie de la vitre brisée. http://www.quentinmawsondesigns.com/works/the-broken-windowtheory/ Fig 30 et 31: Deux œuvres de JR situées à la Havane. http://www.editionsalternatives.com/site.php?type=P&id=1420 Fig 32: Carte de localisation de lieux potentiels d'intervention. Source personnelle. Fig 33: Façade principale du bâtiment "Domaine Arquosal" donnant sur Fattouma Bourguiba. Source personnelle. Fig 34: Façade et coupe de la casa Battlo, dessinées par Gaudi. https://www.pinterest.co.uk/somniumnox/piatra/ 112


Fig 35: L'intérieur de la Casa Battlo. https://www.casabatllo.es/fr/antoni-gaudi/casa-batllo/histoire/ Fig 36: Paseo de Gracia 1877. https://www.casabatllo.es/fr/antoni-gaudi/casa-batllo/histoire/ Fig 37: La Pomme de Discorde. https://www.casabatllo.es/fr/antoni-gaudi/casa-batllo/histoire/ Fig 38: Vincent van Gogh, Nature morte avec fleurs des champs et roses et l’image sous-jacente de deux lutteurs, 1886-1887 https://www.beauxarts.com/grand-format/ce-coin-dherbe-de-van-goghqui-cachait-un-visage/#&gid=1&pid=3 Fig 39: Photo générale du bâtiment. https://www.archdaily.com/881397/lumiere-cinema-maastricht-jhk-architecten-plus-verlaan-and-bouwstra-architecten Fig 40: Photo e l'intérieur du bâtiment. https://www.archdaily.com/881397/lumiere-cinema-maastricht-jhk-architecten-plus-verlaan-and-bouwstra-architecten Fig 41: Coupe perspective montrant le principe https://www.archdaily.com/881397/lumiere-cinema-maastricht-jhk-architecten-plus-verlaan-and-bouwstra-architecten Fig 43: Schéma de synthèse du principe retenu. Source personnelle. Fig 44: Photo générale du projet. http://www.tzg.com.au/project/paddington-reservoir/ Fig 45: Plan et coupe du projet montrant le parti http://www.tzg.com.au/project/paddington-reservoir/ Fig 46: Schéma de synthèse du principe retenu. Source personnelle. Fig 47: Photo générale du projet. 113


http://hicarquitectura.com/2017/01/aleaolea-santa-maria-de-vilanovade-la-barca/ Fig 48: Façade du projet montrant la paroi rajoutée. http://hicarquitectura.com/2017/01/aleaolea-santa-maria-de-vilanovade-la-barca/ Fig 49: Schéma de synthèse du principe retenu. Source personnelle. Fig 50: Photo générale du projet. https://www.archdaily.com/386089/can-ribas-jaime-j-ferrer-fores Fig 51: Plan du projet avant et après. https://www.archdaily.com/386089/can-ribas-jaime-j-ferrer-fores Fig 53: Schéma de synthèse du principe retenu. Source personnelle. Fig 54: Photo collage de l'homme-agriculteur face à l'urbanisation. Source personnelle. Fig 55: Schéma, repères: cités idéales et utopies. https://le1hebdo.fr/journal/numero/54/repres-cits-idales-et-utopies-902.html Fig 56: Modèle VALEAS en application avec les différents intervenants du projet https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00520184/document Fig 57: Perspective de l'ambiance intérieure du bâtiment http://aasarchitecture.com/2016/06/youth-village-farm-labmilan-expo-horizontal-farm-competition-dds-parteners.html Fig 58: Axonométrie générale du projet http://aasarchitecture.com/2016/06/youth-village-farm-labmilan-expo-horizontal-farm-competition-dds-parteners.html Fig 59: Axonométrie arrachée du projet http://aasarchitecture.com/2016/06/youth-village-farm-labmilan-ex114


po-horizontal-farm-competition-dds-parteners.html Fig 60: Système structurel adopté dans le projet http://aasarchitecture.com/2016/06/youth-village-farm-labmilan-expo-horizontal-farm-competition-dds-parteners.html Fig 61: Maquette du projet de la Halle. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 62: Perspective d'ambiance extérieure de la Halle. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 63: Schéma fonctionnel de la Halle. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 64: Maquette du projet de la friche. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 65: Agencement de l'espace intérieur de la friche. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 66: Plan fonctionnel de la friche. https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1015472295781 2244&id=100724267243 Fig 67: Schéma de l'intégration de l'agriculture urbaine par rapport à une construction existante. Source personnelle. Fig 68: Schéma de synthèse de l'agriculture urbaine et ses différents intervenants/ enjeux. Source personnelle. Fig 69: La carte de la Soukra montrant l'axe principal "Fattouma Bourguiba" et la localisation de notre site, support de travail. 115


Source personnelle. Fig 70: Photo de la fameuse Boukha arrivée jusqu'aux ruelles de Paris, 1989. http://cultpatr.blogspot.com/search/label/GASTRONOMIE%2F%20 LES%20BOISSONS Fig 71: Coupe urbaine montrant l'emplacement du Domaine Arquosal par rapprt à un poumon vert de la commune de Soukra. Source personnelle. Fig 72: Les différentes strates de notre analyse urbaine: Formes urbaines/ Formes architecturales/ Profils d'utilisateurs. Source personnelle. Fig 73: Vue aérienne de l'implantation des trois bâtiments dans le terrain. Source personnelle. Fig 74: Photos de l'état des trois bâtiments [Bâtiment A / Bâtiment B/ Bâtiment C] Source personnelle. Fig 75: Photo panoramique de l'ensemble du bâti depuis la "placette intérieure". Source personnelle. Fig 76: Plan de l'existant. Source personnelle. Fig 77: Relevé de la façade Nord-Est. Source personnelle. Fig 78: Relevé de la façade Sud-Ouest. Source personnelle. Fig 79: Coupe façade. Source personnelle. Fig 80: Photo montrant l‘état du bâtiment A. 116


Source personnelle. Fig 81: La toiture effondrée (bât A). Source personnelle. Fig 82: Coupe schématique montrant la charpente en bois supportant l'ex-toiture. Source personnelle. Fig 83: Coupe schématique montrant les citernes. Source personnelle. Fig 84: Façade du bât B. Source personnelle. Fig 85: Photo intérieure du bât. B. Source personnelle. Fig 86: Trame structurelle du bâtiment C. Source personnelle. Fig 87: Axonométrie arrachée montrant les matériaux constructifs. Source personnelle. Fig 88: Schéma expliquant le rapport et le passage du délaissé au projet, selon la mémoire phénoménale et projetée. Source personnelle. Fig 89: Schéma récapitulant les trois manières de relier des bâtiments. Source personnelle. Fig 90: Plan masse selon l'esquisse, montrant le jardin potager. Source personnelle. Fig 91: Esquisse du projet avec les différentes intentions. Source personnelle. Fig 92: Axonométrie montrant la mise en valeur du parcours vers le jardin potager. Source personnelle. 117


Fig 93: Grandes lignes d'intervention. Source personnelle. Fig 94: Coupe de principe sur le dispositif de passage de l'urbain à l'agricole. Source personnelle. Fig 95: Schéma thermique et de ventilation de l'espace ferme pédagogique. Source personnelle.

Fig 96: Epannelage fonctionnel. Source personnelle. Fig 97: Plan masse. Source personnelle. Fig 98: Les façades du projet. Source personnelle. Fig 99: Les plans. Source personnelle. Fig 100: Les coupes. Source personnelle. Fig 101: Coupe en perspective. Source personnelle. Fig 102: Vue en perspective depuis le jardin potager Source personnelle. Fig 103: Vue en perspective depuis l'étage de la bibliothèque. Source personnelle. Fig 104: Vue en perspective depuis l'acceuil. Source personnelle. 118



RESUMÉ En reconnaissant l’ampleur du phénomène global de mitage et de la consomma�on effrénée des espaces agricoles et naturels, nous nous intéressons à La Soukra, espace périphérique au Grand Tunis. La Soukra est aujourd’hui en rupture avec son iden�té agricole. Nous allons essayer à travers le cas d’une fabrique, lieu chargé de mémoire, de montrer que le travail sur la mémoire vulnérable appelle la reconquête du bâ� existant. La reconversion du bâ�ment en une ferme pédagogique offre un nouveau registre fondamental à explorer dans la créa�on architecturale pour traiter de la mémoire en péril d’un lieu délaissé dans une ville dispersée.


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