Laurent Hachouche Mémoire de fin d’étude - Première session Institut Supérieur d’Architecture Intercommunal Victor Horta
Année Académique 2008-2009 24 Avril 2009
Directeur du mémoire : Guy Adant Lecteurs : Philippe Lecocq Pierre Leclercq
Introduction: l'objet du mémoire 3 Ce mémoire a pour objet de proposer le développement d’une plateforme web d’Architecture Open Source et d’en fixer les grandes lignes d’un «cahier des charges». Il se compose de quatre parties. Compte tenu de la nouveauté du sujet, on retrouvera parfois, dans l’une de celles-ci, certains développements annoncés précédemment ou réexaminés plus en détails par la suite. La première partie vise à expliciter le concept que je propose. J’ai essayé d’y être le plus clair possible étant donné que le sujet peut porter à confusion au début. La deuxième partie recense les projets existants auxquels il est possible de songer, mais dont certains ne poursuivent pas du tout les mêmes objectifs ou n’utilisent pas les mêmes moyens. J’ai rassemblé dans la troisième partie toute une série de réflexions personnelles en relation avec le concept d’Architecture Open Source tel que je l’imagine. Ces réflexions sont parfois alimentées par des recherches sur d’autres sujets (exemple les logiciels libres, l’organisation des réseaux ou l’organisation de l’économie) dont je tire des conclusions propres au concept que je développe. Ces réflexions sont destinées à vérifier si le projet pourrait être viable et à dégager ainsi les lignes générales d’un mode de fonctionnement pour cette plateforme web. La quatrième partie reprend ensuite, en le détaillant, le mode de fonctionnement proposé. Je m’appuie pour cela sur les réflexions précédentes, ainsi que sur mon expérience personnelle en tant qu’étudiant en architecture et amateur de l’Internet.
1.Présentation 2.Que
se fait-il déjà dans le domaine
3.Réflexions 4.Une
du concept d'architecture open source
?
relatives au concept d’Architecture
Open Source
proposition d’organisation technique de la plateforme web
1.PrĂŠsentation
du concept d'architecture open source
Qu’est-ce que c’est ? Le concept d’Architecture Open Source se traduit par une plateforme web collective de recherche en architecture à but non lucratif où les professionnels de la construction (au sens très large) auraient la possibilité de travailler en commun sur des espaces de vie existants où à inventer. Les résultats de ces travaux seraient librement utilisables, analysables, distribuables et modifiables par toute personne le désirant. Ce concept n’a pas pour but de remplacer la profession actuelle de l’architecte, loin de là. J’imagine plutôt que l’activité sur le site des participants serait pour eux un hobby. Il s’agirait d’un espace informatique où chacun pourrait pratiquer son savoir sans être dans l’obligation de fournir un résultat, le résultat étant une caractéristique propre au travail professionnel. De même, le concept n’entend pas affecter ce qui est inhérent à la responsabilité propre à l’architecte. Ce point sera développé par la suite.
La plateforme web que je propose permettrait de réunir non seulement des architectes des quatre coins du monde mais également toutes les autres professions car je considère que tout le monde a son mot à dire dans la réflexion liée aux espaces de vie. Les participants pourraient travailler de façon collaborative sur des projets divers, ils pourraient tout aussi bien être question d’une analyse d’un milieu de vie que d’une création, l’un de ces aspects pouvant servir à enrichir l’autre. Le but serait de créer un environnement encourageant les échanges d’idées, une plateforme web de brainstorming en quelque sorte.
Mais la plateforme n’a bien évidemment pas comme objectif unique de servir d’espace de détente aux architectes. Je souhaiterais également que celle-ci ai un objectif éthique. Compte tenu du fait qu’il n’y aurait pas d’argent en jeu, les participants auront peut-être plus tendance à s’intéresser à des sujets moins rentables, comme le logement pour démunis ou bien la gestion des eaux usées dans un bidonville. Il existe déjà de nombreux organismes de recherche en architecture, mais ceux-ci ne sont pas ouverts tant au niveau des résultats que de leurs contributeurs. Ils ne présentent pas les caractéristiques qui sont ici développées (ce point sera repris dans la deuxième partie). Illustration générale de la plateforme web
6
Qu’est-ce que ce n’est pas? 7 La description que je propose de l’Architecture Open Source peut éventuellement faire penser à d’autres concepts. C’est pourquoi je préfère préciser ce qu’elle n’est pas. - Le but du site n’est pas de fournir une explication permettant à un utilisateur de construire sa maison de A à Z sans constructeur ni architecte. Il est vrai que l’utilisateur pourra participer à un projet en donnant son expérience personnelle, mais ce ne sera pas dans le but qu’il puisse auto-construire. Il n’est pas impossible que certains projets développés sur la plateforme web s’intéressent justement à la possibilité pour des personnes de construire facilement des logements (après une catastrophe naturelle par exemple) mais ce sera alors une caractéristique spécifique à ces projets. - Le but du site n’est pas de mettre en contact des maîtres d’ouvrage avec des professionnels de la construction grâce au réseau. Il ne s’agit pas d’un annuaire sur le web. Il y aura indéniablement des contacts entre professionnels et utilisateurs, mais dans le but d’un travail en commun. Libre aux participants qui le souhaitent de nouer des liens entre eux si leurs préoccupations liées par exemple à l’habitat convergent.
- Le but du site n’est pas de proposer à des maîtres d’ouvrages la conception des plans d’exécution de leur immeuble par des professionnels de façon gratuite (ni même payante). Comme je l’ai déjà dit, il ne s’agit pas de remplacer les méthodes de travail actuelles de l’architecte. La plateforme web a pour objectif de promouvoir la réflexion sur les espaces de vie. Les recherches ne sont pas destinées à une personne en particulier mais doivent pouvoir servir à tous. - Le concept d’Architecture Open Source est à distinguer également des réseaux visant à coordonner l’action dans la perspective d’architecture humanitaire et d’architecture d’urgence. Certaines plateformes dont le but est de pouvoir coordonner des missions de conception et de construction dans les pays du sud existent déjà. - Enfin, il ne s’agit pas non plus d’une grande bibliothèque où serait archivées des informations utiles à la conception architecturale. La plateforme aura un mode d’archivage, mais utilisé lorsque les recherches auront été menées au préalable de façon collective et concernant non pas des techniques habituelles de construction, mais bien des techniques innovantes et/ou perdues de vue.
Combler certains manques 8 Innover dans des domaines non lucratifs J’ai mentionné dans le titre précédent, que je souhaitais que la plateforme web remplisse un objectif éthique. Qu’est-ce que j’entends pas là ? Je considère qu’actuellement le fonctionnement de la société ne permet pas d’innover dans tous les domaines de façon équitable étant donné que toute innovation ne permet pas un retour monétaire. Une entreprise d’innovation dans le domaine des matériaux de construction aurait plus intérêt financièrement à développer une technique pouvant intéresser de riches futurs clients. A l’inverse, quel pourrait être son intérêt à développer un mode de construction basé sur l’utilisation de matériaux locaux dans un pays en voie de développement? La même logique existe dans la recherche de médicaments et vaccins, certaines maladies sont considérées comme négligées par l’industrie pharmaceutique et ne font donc pas l’objet d’autant d’attention que celles présentes dans les pays riches. Il est évident que la société actuelle n’encourage pas ce type d’innovation. La proposition d’Architecture Open Source, loin d’être révolutionnaire, tenterait de permettre à ceux qui le désirent de participer à une réflexion commune sur les espaces de vie et ses modes de construction sans devoir se préoccuper de la rentabilité que cette réflexion peut apporter ni des effets de ce travail collaboratif sur leur carrière. Eco-dome de Nader Khalili
Combler certains manques 9 Remettre en question nos modes de vie J’imagine que le résultat de ces recherches pourrait d’abord bénéficier aux régions pauvres où les habitants pourraient par exemple construire des habitats issus des modes de construction originaires de leur région mais qui auraient été adaptés sur la plateforme web pour mieux répondre à la vie actuelle de ses occupants. Dans un second temps, les constructeurs de nos régions pourraient peut-être venir voir ce qui se ferait sur la plateforme afin de proposer de nouveaux modes de construction moins coûteux et plus en phase avec un développement durable. Rien ne les empêcherait ensuite d’utiliser à leur profit les résultats obtenus afin de développer une entreprise spécialisée dans tel ou tel mode de construction. Je songe par exemple à des méthodes de construction utilisant des matières recyclées. A l’heure actuelle, il faut être un architecte courageux si on veut concevoir un habitat dont les techniques de construction seraient inhabituelles et pour lesquelles il n’existe que peu d’informations, surtout si on ne fait pas partie d’un bureau disposant de conseillers techniques spécialisés. Une remise en question de la place de la voiture en ville est un exemple de sujet qui pourrait être abordé. La mode actuelle du tout à la voiture est-elle une solution viable pour le futur? Bien que cette problématique soit plutôt de type urbanistique, les architectes ont aussi le droit de participer à cette réflexion ainsi que tout autre individu. Illustration issue du site web World Carfree Network
Combler certains manques 10 Favoriser le contact entre étudiants et professionnels
Lieu de réflexion sur nos habitats futurs
La plateforme pourrait également remplir d’autres fonctions comme développer un contact plus fort entre étudiants et professionnels. Des statistiques montrent que 20% des développeurs de logiciels libres sont des étudiants. C’est un bon moyen pour eux de compléter leur formation. La plateforme pourrait faciliter les contacts intergénérationnels en dehors de toute contrainte hiérarchique, ce qui pourrait être très stimulant pour les uns et les autres.
La plateforme pourrait également être un lieu où on réfléchirait collectivement à des modes d’habitat pouvant s’adapter aux changements qui surviendront dans le futur en raison des modifications liées aux changements climatiques ou tout autre bouleversement pouvant survenir sur terre.
Favoriser le contact entre cultures différentes
Du fait que les projets développés sur la plateforme ne requièrent pas d’investissement financier pour être lancés, je suppose que beaucoup de personnes ayant des idées intéressantes, mais qui n’auraient pas eu le courage de les développer dans la filière standard à cause du risque encouru en cas d’échec, oserons lancer leur idée sur la plateforme.
Vu que la plateforme se développera sur le web et sera potentiellement utilisable par tous, j’espère qu’elle pourra également contribuer, aussi faiblement soit-il, à un échange entre cultures, échange nécessaire à la paix. Bien qu’il existe déjà de nombreux types d’échanges entre les cultures, cela se passe en général dans une logique de compétition et il est rare que différents peuples travaillent dans un objectif de collaboration.
Lancer des projets sans risques financiers
Se libérer des contraintes professionnelles La profession d’architecte est, comme toutes les autres, soumise à des contraintes. Chaque acte posé par l’architecte engage sa responsabilité ce qui peut le conduire à éviter d’être «extravagant» dans ses idées. La plateforme pourrait être un lieu où il serait possible de laisser aller sa créativité en la partageant avec les autres participants. Ceci dans l’optique, non pas de remplacer le mode de vie professionnelle de l’architecte, mais bien de proposer un espace supplémentaire où il pourrait parler «archi».
Application à l’architecture de l’Open Source et des «Creatives Commons» 11 L’expression «Open Source» est, à la base, destinée aux logiciels dont la licence permet la libre redistribution du code source, une libre analyse de celui-ci ainsi qu’une possibilité de modification. D’autres disciplines ont maintenant leur propre terme relatif à un partage de connaissances, dont la «musique libre». Le terme libre peut parfois porter à confusion car il ne mentionne pas spécifiquement la licence, c’est pourquoi je préfère utiliser le terme anglais et parler d’Architecture Open Source plutôt que d’Architecture Libre dans le sujet qui nous occupe. La logique est donc à contre-courant du système des droits d’auteur. Il s’agit ici de partager le savoir librement sans attendre une rentrée d’argent. Dans le cas de l’architecture, il n’est bien évidemment pas intéressant d’avoir la possibilité d’utiliser l’entièreté de projets mais plutôt de partager la connaissance liée par exemple à des techniques et matériaux.
Voici les différents paramètres disponibles pour la création de licences Creative Commons. Chacune des six licences correspond à un choix positif ou négatif quant à chacun de ces quatre paramètres: 1. Attribution : signature de l’auteur initial 2. Non Commercial : interdiction de tirer un profit commercial de l’œuvre sans autorisation de l’auteur 3. No derivative works : impossibilité d’intégrer tout ou partie dans une œuvre composite 4. Share alike : partage à l’identique, avec obligation de rediffuser selon la même licence
Une organisation appelée Creative Commons propose une série de licences inspirées du mouvement Open Source. En tout, six licences sont disponibles en combinant quatre paramètres restreignant ou non certains droits. Il est possible de cette façon d’interdire une commercialisation de l’œuvre sans l’autorisation de l’auteur initial. Une autre possibilité permet par exemple d’imposer une diffusion de l’œuvre selon la licence originelle. Logo de l’organisation Creative Commons
Analyser et puis proposer 12 La plateforme web est donc un moyen de permettre de travailler collectivement sur les espaces de vie. Cela se fera d’une part en analysant ce qui existe déjà à propos duquel les architectes disposent parfois de peu d’informations à l’heure actuelle et d’autre part en proposant autre chose. J’attache beaucoup d’importance à l’aspect analyse car c’est une bonne façon de pouvoir répondre à des problèmes actuels de logement dans certaines régions du monde. Les ancêtres des habitants de ces régions ont su au fil du temps développer un habitat en harmonie avec leur environnement. Trop souvent actuellement, c’est l’inverse qui se passe, on retrouve une architecture identique répandue sur toute la Terre et ne convenant que très rarement au milieu l’accueillant ainsi qu’à la culture locale. C’est notamment pour cela que j’ai inclu, dans le chapitre suivant traitant des concepts proches de celui-ci, des sites web dont l’objectif était justement d’assembler des informations sur l’architecture traditionnelle. Ces réflexions n’ont pas pour but d’interdire des solutions nouvelles faisant appel à la technologie moderne, mais elles suggèrent de perfectionner notre connaissance des habitats vernaculaires des diverses cultures, d’apprendre à mieux les respecter, d’en découvrir les qualités tout autant que les défauts, afin de pouvoir proposer une réponse bien adaptée et mûrement réfléchie à chaque situation locale. Incompréhension face aux bidonvilles fait de matériaux inadaptés
2.Que
se fait-il dĂŠjĂ dans le domaine
?
Introduction 14 Il existe une série de concepts ayant un lien avec l’Architecture Open Source. Ce lien se situe parfois au niveau des valeurs promues où d’objectifs similaires. Aucun de ces projets n’est réellement identique au concept d’Architecture Open Source, les différences se situant soit au niveau des moyens mis en œuvre soit au niveau des finalités. La principale caractéristique de la plateforme web Architecture Open Source, est d’avoir comme moyen de communication, un outil de travail collaboratif en réseau permettant la recherche en architecture.
Open Architecture Network et autres projets de Cameron Sinclair 15 Les fondateurs de ce site le décrivent comme une communauté Open Source dédiée à l’amélioration des conditions de vie à travers une conception innovante et durable. Le partage est une valeur très présente, notamment en ce qui concerne les idées, que les membres sont encouragés à envoyer. Le site web est constitué d’une multitude de projets déjà réalisés ou non. Mais il ne permet pas de travail collaboratif en ligne, il s’agit plutôt d’un recensement de ce qui se fait dans l’architecture éthique. On retrouve néanmoins, dans certains cas, une envie de travail collaboratif qui se traduit alors par l’utilisation de logiciels extérieurs au site web comme par exemple le jeu Second Life dans lequel il est possible de construire des bâtiments en 3D et qui fut utilisé lors de la conception d’un projet de façon collaborative à travers internet. Les outils disponibles sur ce type de logiciels étant assez limités et non habituels pour un architecte, je doute que ce soit le meilleur moyen de concevoir un projet.
www.openarchitecturenetwork.org
Open Architecture Network et autres projets de Cameron Sinclair 16 L’architecte à la base du site web Open Architecture Network, Cameron Sinclair, est également l’un des fondateurs de deux autres réseaux que je vais présenter brièvement. Le premier, «Architecture For Humanity» sert de plateforme permettant de connecter ceux et celles qui désireraient œuvrer dans des projets humanitaires. L’objectif est de promouvoir des innovations en veillant à ce qu’elles soient réalisées sur le terrain. Le second site web intitulé «Open Source Architecture for Africa» est basé sur une plateforme wiki où le «code source» des projets de construction comme les plans, les descriptions des immeubles ainsi que les illustrations et estimations des coûts sont mis en accès libre, sous licence ouverte, prêts à être réutilisés et adaptés sans condition, le but étant donc de développer par ce moyen des projets humanitaires pour l’Afrique. Mais il n’est toujours pas ici question de travail en ligne. Le système wiki permet effectivement d’apporter des modifications à la fiche d’un projet mais un travail doit être fait au préalable (sur quel support?) afin de pouvoir proposer ces modifications.
www.architectureforhumanity.org www.osafa.org
Archnet 17 Archnet est un projet développé par la section architecture du MIT (Massachussett Institute of Technology), son but est de créer une communauté d’architectes, d’urbanistes, de professeurs et d’étudiants. Celle-ci développerait une entraide basée sur le partage de connaissances ainsi que sur le dialogue. Le site a comme objectif de favoriser l’échange de documents se rapportant à des édifices existants. C’est en quelque sorte une bibliothèque numérique dédiée aux architectes à laquelle chacun peut contribuer. La plateforme-web Architecture Open Source que je propose permettrait également l’échange de documents illustrant des ouvrages existants, mais le but serait de les exploiter directement sur le site grâce à des outils de travail collaboratif pour en déduire des schémas de fonctionnement permettant par exemple de comprendre le mode constructif ou l’organisation sociale de certains espaces.
www.archnet.org
Meda-Corpus - COnstruction, Réhabilitation, Patrimoine et USage 18 «Corpus» est un observatoire de l’architecture traditionnelle, notamment ses arts de bâtir et ses savoir-faire. Le but est de produire trois types d’outils : - créer un large inventaire de fiches sur les différentes typologies architecturales et leurs processus de transformation. - créer un manuel d’assistance pratique à la réhabilitation et à l’entretien. - créer un livre servant à sensibiliser quiconque à l’architecture traditionnelle dans l’espace méditerranéen. Il est impossible à l’utilisateur de contribuer à cette bibliothèque numérique. Le projet est placé sous la direction de plusieurs établissements dont l’école d’Avignon qui est un centre de formation à la réhabilitation du patrimoine architectural.
www.meda-corpus.net
Appropedia 19 Appropedia est une plateforme de type wiki se définissant comme «le site web des solutions collaboratives en développement durable, réduction de la pauvreté et développement international». Il fonctionne de la même manière que Wikipédia, mais se concentre sur les méthodes alternatives permettant d’améliorer les conditions de vie des êtres humains. Il ne référence donc pas seulement des techniques de construction. On peut trouver sur ce site par exemple des informations sur les toilettes sèches ou bien encore des modes alternatifs de déplacement. Appropedia ne permet pas de travailler de façon collaborative en direct sur des projets. Il se limite à l’archivage de ce qui existe déjà, sans contribuer à favoriser un travail de recherche collective.
www.appropedia.org
Neufert 20 Neufert est un livre permettant aux concepteurs du bâtiment de se référer à des exemples et des mesures permettant d’aménager correctement des espaces. Il est surtout utile pour comprendre l’organisation spatiale généralement utilisée pour des bâtiments sur lesquels l’architecte ou l’ingénieur n’a pas l’habitude de travailler. On y trouve également des informations techniques relatives par exemple à la zone d’influence d’une semelle en béton ou bien les différentes techniques d’isolation généralement utilisées (dans l’architecture occidentale). L’objectif n’est donc ni de permettre une réflexion sur les modes d’habitat, ni de promouvoir une collaboration de contributeurs en vue de disposer d’un outil libre de droit, mais ce livre doit être considéré comme un outil d’aide à la création en vue de décharger le créateur d’un certain nombre d’obligations.
Couverture du livre Neufert
Auto-construction 21 Le fait de parler d’Architecture Open Source et donc en traduction non littérale française d’architecture «libre» est souvent perçu comme une architecture sans architecte où les utilisateurs auto-construiraient leur habitat. Bien que le concept de la plateforme web sur l’Architecture Open Source n’ait pas cet objectif comme je l’ai déjà expliqué, je souhaitais prendre un site dédié à l’auto-construction afin de voir quel type d’habitat y figurait. On peut remarquer que les techniques de construction proposées essayent d’être des alternatives à ce qu’on utilise habituellement dans la construction. Pas de béton ici mais des matériaux naturels comme de la terre, les isolations sont faites de pailles et le bois est partout présent... Du côté des formes, on retrouve principalement des dômes et autres dérivés. On y ressent une envie de renouer les liens avec les habitats vernaculaires d’ici et d’ailleurs et l’habitat nomade est également à l’honneur avec la yourte principalement. J’imagine que la plateforme web que je propose pourrais être un lieu où ces techniques alternatives pourraient avoir leur place et où elles seraient analysées pour en comprendre les avantages réels. Ces techniques alternatives pourraient de ce fait être de nouveau apprivoisées par l’architecte.
www.archilibre.org
Archi Open Source 22 Ce site créé par un sculpteur français a comme objectif d’encourager des professionnels de la construction à venir partager leurs connaissances dans le but de créer un projet de «maison coquillage». Ce projet étant destiné à être construit par ce webmaster par la suite. Les références l’ayant conduit à développer ce site sont à peu près les mêmes qui m’ont donné envie de développer le concept d’Architecture Open Source. Dans ce cas-ci, le webmaster a comme ambition de vouloir concevoir de façon collaborative l’ensemble des plans d’une maison destinée à un particulier. Ce qui veut dire que cette personne désire que le travail habituellement fait par un architecte contre rétribution, soit ici effectué gratuitement, le principe étant de concevoir une maison pour un particulier selon les techniques connues dans nos régions. A qui cela pourra-t-il servir à part au maître d’ouvrage ayant bénéficier de cette «promotion» ? Le site n’étant plus actif depuis 3 ans, je pense que les participants se sont finalement rendu compte que ça ne pouvait pas aboutir à un résultat profitable à tous. La plateforme web que je propose n’aura quant à elle pas comme objectif d’effectuer gratuitement un projet destiné à un maître d’ouvrage mais aura comme objectif de promouvoir la recherche en architecture de telle sorte que ses résultats puissent être exploitables notamment par un professionnel dans le cadre d’une mission d’architecture qui serait bien évidemment rétribuée.
archiopensource.free.fr
La recherche en architecture 23 La plateforme web ayant comme objectif non pas de produire des projets prêts à être construits mais plutôt de promouvoir la recherche de techniques de construction ainsi que de modes de vie différents, il était intéressant de voir ce qui existait dans le domaine de ce qu’on appelle la recherche en architecture. J’ai principalement concentré mon attention sur les centres de recherches liés ou faisant partie d’écoles d’architecture francophones. Ces centres se divisent en deux catégories. Une bonne partie se préoccupent des méthodes et outils de travail de l’architecte. On y trouve par exemple l’Ariam (Atelier de recherche en informatique, architecture et modélisation), le Lucid group (Lab for User Cognition & Innovative Design), le Cerma (Centre de recherche méthodologique d’architecture), le GRCAO (Groupe de recherche en Conception assistée par ordinateur de l’Université de Montréal) ainsi que d’autres que je ne citerai pas. La deuxième catégorie s’intéresse aux même problématiques qu’il serait possible de trouver sur la plateforme web Architecture Open Source. C’est donc l’objet de la conception architecturale qui les intéresse. Certains de ces centres s’intéressent aux constructions de terre, d’autres aux structures légères. On en trouve évidemment beaucoup s’intéressant à la ville.
J’ai une question pour la deuxième catégorie: « A qui est-ce que ces recherches sont destinées? » Je pense qu’une partie de ces centres ont intérêt à partager plus largement le résultat de leurs recherches, surtout lorsqu’elles portent sur des techniques de construction existantes donc qui ne donneront pas lieu au dépôt d’un brevet d’invention. Mais vu que les personnes travaillant dans ces centres le font en général à temps plein, la logique veut que leur travail soit rentable. Le concept d’Architecture Open Source se détache de cette logique et va dans le sens d’un partage de l’information à grande échelle diminuant la discrimination existant actuellement du fait de l’impossibilité pour certains groupes de personnes d’accéder facilement à certaines connaissances.
3.Réflexions
relatives au concept d’Architecture
Open Source
Intelligence collective et travail en réseau: l’idée doit-elle être collective ou individuelle? 25 Le principe de base de la plateforme étant le travail en réseau, il est important de se demander si un travail collaboratif sera réellement plus intéressant qu’un travail individuel, ou du moins de même qualité. Qui nous dit que la somme totale des intelligences n’aura pas un effet réducteur sur la créativité? Le résultat ne risque-t-il pas d’être le dénominateur commun ou encore le produit du consensus mou de la volonté de tous les acteurs? A titre d’exemple, je vais tout d’abord faire part de mon expérience dans les projets de groupes effectués dans le cadre scolaire.
Les participants étant sur la même longueur d’onde, ils passeront moins de temps à se mettre d’accord sur leurs envies et consacreront plus d’énergie à la production. En extrapolant cette logique à la plateforme, je propose que l’objectif de chaque projet soit défini individuellement et que les autres participants soient des personnes ayant été séduites par l’idée proposée. En choisissant ainsi un projet dont les objectifs ont été clairement énoncés et auxquels ils adhèrent, ils évitent ainsi de remettre en cause les bases du projet et se concentrent sur la suite.
Lors de la plupart de ces projets, les étudiants se sont mis en groupe avant de voir quelles étaient les envies des uns et des autres. Cette procédure conduisait généralement à une phase de médiation avant de se lancer sur une idée intéressant tous les membres du groupe. Une autre méthode fut utilisée par la suite : les étudiants ont d’abord exprimé individuellement leurs envies et objectifs généraux, pour ensuite se regrouper suivant les similitudes observées par rapport à ces envies. Cette méthode-là permet, je pense, d’avoir des projets beaucoup plus engagés. Il faut faire la différence entre le travail collaboratif visant à produire une idée et le travail collaboratif visant à produire des recherches plus techniques. Il est plus intéressant de commencer le travail collaboratif après que l’idée soit lancée dans le but d’être le plus libre dans cette première étape. Les personnes intéressées par l’idée proposée rejoignent le projet
Mondialisation et diversité culturelle: où se positionnera la plateforme? 26 Le développement d’un réseau dont la volonté est de travailler de façon collaborative sur une architecture, peut faire craindre à une certaine mondialisation de la création. Il est important d’expliquer ma position sur le sujet. Comme on le sait, la mondialisation conduit à deux effets vis-à-vis de la diversité culturelle. Il y a tout d’abord une prise de conscience accrue de cette diversité culturelle car on a accès à une multitude d’informations auxquelles on n’aurait pas eu accès sans le recours aux nouvelles technologies. Il est donc plus facile de s’intéresser aux autres cultures, y compris les cultures minoritaires car on les connaît mieux. Par contre, la mondialisation favorise l’émergence d’une culture commune du «fast food», non seulement du point de vue culinaire mais par rapport aux modes de vie et à l’habitat également. Dès lors, les différences culturelles s’appauvrissent au profit d’une culture dominante. Ce deuxième effet s’apparente à la loi du plus fort (ainsi qu’à la loi du plus facile et du plus rentable à court terme) fonctionnant principalement à cause du fait que la société de consommation dans laquelle nous vivons tend vers une maximalisation du profit.
Mondialisation et diversité culturelle: où se positionnera la plateforme? 27 Un nouveau parallèle avec la culture libre peut être fait. Le domaine de la musique libre permet à beaucoup d’artistes de faire découvrir leurs créations alors qu’en même temps les maisons de disques ne mettent en valeur que quelques superstars triées sur le volet. Au regard de ces constatations et de mon expérience personnelle, je pense et j’espère que la plateforme web favoriserait notamment l’émergence d’innovations faisant usage de thématiques très diverses au lieu d’accélérer la tendance à une uniformité.
Patchwork de photos issues du site web Meda-Corpus
Quelle type de production peut-on envisager? 28 Le «bazar» se préoccupe de ce qui intéresse ses participants L’Open Source est souvent assimilé à un bazar étant donné qu’une multitude de créateurs coopèrent les uns avec les autres selon un réseau parfois complexe. Le logiciel propriétaire est lui assimilé à une cathédrale de part son organisation élaborée. Toutefois, ce bazar a tendance à produire des projets intéressant directement les participants. En ce qui concerne les logiciels, il s’agira par exemple d’outils réseau ou d’autres logiciels régulièrement utilisés par les développeurs. C’est notamment une des raisons pour lesquelles les logiciels spécialisés dans des domaines fort éloignés du centre d’intérêt des développeurs sont quasiment inexistants dans le domaine du libre.
Vu la diversité des intervenants dont la participation serait souhaitée, on peut espérer une large diversité de projets pouvant aller de la toiture récolteuse de rosée à la clinique nomade. Je ne pense pas que la recherche s’orienterait dans un seul domaine, mais s’ouvrirait à un large éventail de thématiques. Le partage de plans d’architecture serait-il une fin en soi? Le partage du savoir est au centre du concept d’Architecture Open Source. Il convient de préciser quel type de partage est souhaité. Il est à mon sens inutile de vouloir partager des plans de bâtiments conçus par des architectes voulant bien les mettre en ligne. Est-ce que ça apporterait réellement un avantage pour le reste du monde d’en disposer?
Qu’en serait-il si on transposait cette logique de bazar à la recherche architecturale ? Quels seront les types de projets les plus présents dans la plateforme ?
Lorsque je parle de partage du savoir, il s’agit plutôt pour moi des techniques de constructions, modes de fonctionnement de certains habitats, techniques d’isolation etc...
La plateforme web Architecture Open Source envisage, comme ce sera développé plus loin, d’accueillir une multitude d’intervenants différents ayant des origines et des qualifications diverses. Soulignons au passage que ce n’est pas le cas pour les logiciels libres car ces réseaux sont surtout fréquentés par des développeurs, du fait de la complexité que représente la programmation.
Il pourrait également s’agir d’organisation spatiale mais de façon à ce que on puisse en tirer des conclusions. On pourrait dans ce principe analyser comment s’organise habituellement l’entrée du logement dans une région particulière et quelles en sont les raisons. Ce savoir n’est donc pas une fin en soi, il est intéressant de l’utiliser lors de futurs projets. J’imagine cela comme un partage d’informations génériques ne servant pas qu’à une seule personne.
Quelle type de production peut-on envisager? 29 Quel type d’architecture? Comme mentionné précédemment, l’objectif de la plateforme n’est pas de produire des projets personnalisés pour des maîtres d’ouvrages mais bien de concevoir et d’analyser des espaces de vie. Mais est-il imaginable qu’il y ait aussi bien des projets d’habitats nomades que des bureaux destinés à accueillir des chercheurs dans le domaine du nucléaire ? Y aura-t-il suffisamment de contributeurs ayant les connaissances nécessaires pour que ce type de projet fonctionne ? Du côté du libre, les logiciels développés sont potentiellement utilisables par énormément de monde. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les logiciels de CAO libres ne sont pas monnaie courante. Lorsqu’il s’agit de logiciels spécialisés, il est parfois plus intéressant de conserver une licence propriétaire car même en libérant les sources, très peu de connaisseurs pourront aider à l’amélioration des logiciels en question. J’imagine que le même principe s’appliquera à l’architecture Open Source, les espaces de vie les plus utilisés seront les plus développés et les plus aboutis.
Celui qui innove s’ouvre sur ce qui l’entoure 30 Est-il possible de créer à partir de rien? Pour réussir à innover, il faut découvrir ce qui nous entoure, lire, faire de l’échange d’idées... La plateforme jouerait aussi ce rôle en permettant un bouillonnement d’informations et de dialogues susceptible de déclencher des étincelles aux initiateurs de projets ainsi qu’aux collaborateurs pour le développement de l’idée. Ceux qui réussissent à exploiter utilement l’afflux d’informations sont en quelques sorte des managers de l’intelligence collective. L’intelligence collective est donc ici considérée comme un stimulant de la créativité mais n’en crée pas par elle-même. L’innovation viendra d’une personne en particulier mais c’est l’interaction avec son entourage qui aura permis qu’une idée émerge. Cette même personne servant ensuite à stimuler la créativité de son interlocuteur et ainsi de suite.
Quels intervenants ? 31 L’architecte n’est, selon moi, pas le seul à pouvoir réfléchir «architecture». Il a une vue d’ensemble des problématiques liées à la conception d’espaces de vie, mais ne doit pas avoir un monopole. Il doit pouvoir être à l’écoute des autres disciplines ainsi que des utilisateurs. Il doit être capable de s’en détacher si le besoin s’en ressent afin de proposer une solution n’étant pas la somme des diverses demandes de tous les intervenants mais une solution auquel personne n’aurait pensé et qui grâce à son ingéniosité peut réunir toutes les parties. N’étant plus à l’époque de Leonard de Vinci qui pouvait embrasser toutes les disciplines de son époque, l’architecte d’aujourd’hui a besoin de l’expertise de divers professionnels. Je souhaiterais donc que la plateforme permette à l’architecte de pouvoir confronter sa position aux autres corps de métier. Dans le cadre d’une mission normale d’architecte, celui-ci va lui-même chercher les spécialistes dont il a besoin. Toutefois, il est possible qu’il ne se rende pas compte de l’intérêt qu’il y aurait à interroger tel ou tel spécialiste d’une discipline dont il ne percevrait pas le possible rapport à l’architecture. Dans le cadre de la plateforme web, les professionnels d’autres disciplines pourront eux-mêmes parcourir les projets, signaler leur intérêt pour l’un ou l’autre de ceux-ci et attirer l’attention des architectes sur certains problèmes qu’ils perçoivent mieux qu’eux. Ces derniers auront également la possibilité de demander expressément l’aide de représentants de certaines disciplines, s’ils estiment en avoir besoin.
J’ai étudié quelques exemples de professions pour lesquelles il n’y avait pas toujours de lien évident, pour moi en tout cas, entre elles et la conception architecturale.
Quels intervenants ? 32 Anthropologue La plateforme-web ayant en partie pour ambition d’encourager la recherche sur l’habitat de cultures diverses, l’anthropologue y a entièrement sa place. Celui-ci a notamment comme rôle d’étudier les aspects culturels de l’être humain et aura donc la possibilité de rapporter des informations pouvant être utiles à l’architecte mais auquel celui-ci n’aurait peut-être pas pensé. Plusieurs exemples ont été donné par le professeur de Maret pendant son cours «d’Anthropologie sociale et culturelle». Dans deux des cas qu’il avait cité, il n’y avait pas eu suffisamment de dialogue entre les deux disciplines concernées dont l’une était l’anthropologie. Un nouvel hôpital construit en Afrique n’avait pas été utilisé par les habitants car l’entrée de celui-ci se situait à l’ouest, symbolisant la mort dans la culture locale. Personne n’osait donc y rentrer et préférait être soigné dehors. Un deuxième exemple concernait l’échec également de fours solaires dans une région où les femmes avaient l’habitude de cuisiner lorsque le soleil était couché. Ces exemples montrent bien que les concepteurs n’ont pas toujours la possibilité de tout connaître surtout lorsqu’ils s’intéressent à des populations n’ayant pas le même style de vie qu’eux. Dans le cas où ces projets auraient été débattus sur la plateforme, peut-être que certaines personnes auraient pu anticiper le problème et en parler.
Quels intervenants ? 33 Ingénieur agronome et herboriste Je suis de l’avis que l’architecte n’a pas seulement comme but de concevoir du bâti mais doit également réfléchir au rôle que peut avoir la végétation dans l’amélioration des conditions de vie. Il n’a malheureusement que peu de connaissance sur le sujet ce qui l’entraîne à trop souvent se désintéresser de la question. C’est là que les professions au contact de la terre peuvent intervenir en contribuant à une réflexion globale où architecture et nature s’harmoniseraient. J’ai comme exemple les bassins filtrants qui sont une composante qu’il est intéressant de prendre en compte dans des projets actuels voulant être respectueux de l’environnement, mais dont l’architecte se serait peut-être passé s’il n’y avait pas eu de dialogue entre lui et l’ingénieur agronome. Ceux-ci ont encore un rôle à jouer dans la conception de toitures vertes, ils auront une plus grande connaissance des plantes adaptées à une faible épaisseur de terre et pourront prévenir les risques de percement de toiture dues à certaines racines.
Toitures végétales
Quels intervenants ? 34 Psychologue et sociologue Les espaces de vie influencent en partie le comportement des êtres humains qui les occupent. Nous rentrons dans une société où la densité de l’habitat a de plus en plus d’importance. Une discipline dédiée aux échanges interdisciplinaires entre architectes et psychologues est née dans les années soixante sous l’impulsion notamment d’architectes qui souhaitaient questionner les psychologues sur l’impact que pouvait avoir certains aménagements sur les individus. Ils s’intéressaient notamment à la stabilité de l’équilibre psychologique en fonction d’un certain niveau de bruit ou encore quels pouvaient être les dispositifs spatiaux susceptibles de favoriser la vie sociale dans les parties communes des immeubles. Ce type de recherche est encore tout à fait d’actualité aujourd’hui étant donné que la densité de population ne cesse d’augmenter. Les difficultés des banlieues démontrent qu’une interaction systématique entre professionnels de différentes disciplines est bénéfique.
Quels intervenants ? 35 Sculpteur et plasticien
Photographe et peintre
Le travail de la matière fait partie du quotidien de ces professions. Ils travaillent tantôt avec une texture épurée, tantôt avec une texture rugueuse afin de renforcer telle ou telle impression suscitée par leur travail.
La lumière, fil conducteur de ces professions est aussi un élément capital pour l’architecte. De préférence naturelle, elle crée les ambiances indispensables à l’appréhension des espaces. La perception des volumes est possible grâce à la lumière, l’environnement se transforme dès qu’on la modifie. Par ailleurs, un apport suffisant de lumière naturelle dans l’habitat est indispensable au bien-être des individus mais n’est pas toujours bien respecté.
Les formes produites ont évidemment une grande importance mais la matière utilisée pour leur façonnage joue un rôle dans la perception qu’on en a. Certaines matières demandent à être touchées alors que d’autres ne donne envie que d’être regardées. L’architecte également joue avec la matière car un environnement peut changer du tout au tout en fonction du revêtement utilisé. L’architecte peut donc avoir intérêt à dialoguer avec des personnes dont le métier est le travail de la matière afin d’enrichir sa réflexion. Cela peut être d’autant plus intéressant dans le cas où les matériaux utilisés dans un projet ne sont pas de la catégorie utilisée habituellement dans la construction et pouvant donc être déroutante pour l’architecte ne les ayant jamais utilisés.
Beaucoup d’architectes exercent d’ailleurs comme hobby la peinture, la photographie ou les deux à la fois comme James Turrell qui s’amuse à duper l’œil grâce à la lumière, ce qui montre que ces disciplines sont intimement liées.
Quels intervenants ? 36 Politologue et autres spécialistes des relations inter-étatiques
L’utilisateur
Ces métiers auront plutôt une utilité dans l’élaboration d’un projet dans la plateforme «Open Architecture Network» que j’ai présentée dans la deuxième partie traitant des concepts proches de l’Architecture Open Source que je propose. Ils pourront grâce à leur métier, donner leur avis sur la possibilité de réaliser un projet à tel endroit en fonction du pouvoir en place et des lois et règlements communément admis.
On a trop souvent tendance à l’oublier, mais l’utilisateur a aussi sa place dans l’élaboration d’un projet. Il apporte souvent un regard neuf qui peut remettre en question certaines idées préconçues de l’architecte. Et puis en définitive, c’est lui qui sera amené à vivre ou à fréquenter les espaces réalisés par l’architecte. C’est l’utilisateur qui peut au mieux expliciter ses besoins, du moins ceux qu’il ressent par tradition.
Ils travaillent avec des informations qui peuvent parfois s’apparenter à celles des anthropologues bien qu’il y ait des différences comme la manière dont elles ont été récoltées. Les informations tirées des ambassades sont plus systématiques et ont une finalité distincte des informations qu’un anthropologue recueille au cours de plusieurs mois passés dans un village. L’anthropologue a, lui, l’avantage d’être au plus proche des populations et donc de leurs besoins de tous les jours, l’information officielle a quant à elle une vision plus large et visant le politiquement possible. Certains de ces professionnels pourraient au préalable faire une synthèse de la situation d’un pays ou d’une région du monde utile pour la recherche architecturale. On pourrait imaginer un partage d’informations relatif au statut des femmes d’une région et quelle évolution on peut attendre pour le futur. Soulignons que les équipements à proposer sont susceptibles d’avoir un rôle préventif non négligeable visant à l’amélioration de ce statut par exemple.
Sa participation est intéressante lorsque l’architecte n’est pas lui même utilisateur des espaces semblables à ceux qu’il conçoit. Il se documente dans ce cas en consultant des ouvrages détaillant des modes possibles de fonctionnement mais l’avis de l’utilisateur, s’il est bien interprété par l’architecte, peut apporter un avantage au projet. La participation de l’utilisateur permet grâce aux échanges d’aboutir à un habitat qu’il pourra facilement s’approprier parce qu’il aura le sentiment que son avis a été pris en compte.
Quels intervenants ? 37 Le genre Ceci n’est bien évidemment pas une profession. Le «genre» se réfère aux différences culturellement et socialement construites entre hommes et femmes, ce qu’il ne faut pas confondre avec le «sexe» qui se rapporte aux différences biologiques entre ceux-ci. On ne tient pas toujours compte de ces différences culturelles et sociales alors qu’elles peuvent avoir une importance non négligeable dans certains cas. Un homme n’aura pas toujours accès aux mêmes informations qu’une femme et vice versa. Imaginons le cas d’un anthropologue travaillant, sans femme, dans un pays où la culture différencie clairement les rôles des membres masculins et féminins de la communauté. Pouvons-nous croire qu’il aura accès à toutes les informations relatives à la vie sociale des femmes de la région? On peut aussi constater que les hommes et les femmes n’ont pas toujours les mêmes priorités, les hommes n’attachant par exemple pas autant d’importance que les femmes à certaines choses. La plateforme devrait tenir compte de cet aspect et encourager la mixité des intervenants afin d’enrichir les projets un maximum.
Expérience du forum de la classe 38 Je souhaite apporter mon expérience grâce à un forum de discussion que j’ai créé dans le cadre de mon année, forum destiné à partager des informations entre élèves de la classe. Voici l’observation que j’ai pu faire pendant trois années d’activité. Sur plus de 100 membres inscrits au total, environ 10% seulement ont participé activement à l’échange d’informations. 20% ont participé de façon occasionnelle, le reste des membres n’utilisaient pas le forum ou ne l’utilisaient que pour en retirer un avantage, sans jamais y contribuer. Seul un petit pourcentage y contribuait donc activement mais c’était suffisant. Si on extrapole cette proportion à l’échelle de la Terre, le nombre de participants serait déjà très élevé. Je tiens à souligner une différence entre ces deux communautés de personnes. Dans le premier cas, il existe entre les élèves faisant partie d’une même année d’étude, une possible rivalité susceptible d’influencer certaines personnes, les dissuadant ainsi de participer au forum. Je ne pense pas qu’il existerait ce genre de problème de concurence dans la plateforme web étant donné que la communauté serait beaucoup plus vaste, parfois séparée par de grandes distances, et du fait que les participants ne se connaîtraient pas personnellement pour la plupart. Forum Master 1 & Master 2
Quid de la qualité? 39 Lorsqu’il s’agit de logiciels libres, plus la communauté l’entourant est grande, plus il est probable que le logiciel soit ou sera exempt de vices. On peut espérer une même logique dans le cadre de l’Architecture Open Source à condition que les intervenants aient les qualifications nécessaires pour déceler les problèmes et y remédier. On peut également remarquer que les logiciels libres respectent en général plus les normes à l’inverse de certains logiciels propriétaires. Le duo Firefox - Internet Explorer illustre bien ce cas de figure. La qualité des recherches ne sera pas jugée sur la qualité des intervenants, mais bien sur la qualité propre des informations et raisonnements tenus sur la plateforme, le système permettant de contester à tout moment une affirmation jugée absurde par un visiteur. Ce principe n’est pas envisageable lorsqu’on centralise les pouvoirs de diffusion de l’information comme les médias dominants et les éditeurs qui peuvent empêcher un auteur de s’exprimer s’il ne fait pas partie de la pensée générale.
Quid de la responsabilité? 40 La responsabilité de l’architecte est un élément essentiel de la profession. Il est évident que je ne souhaite pas, en proposant ce genre de concept, décharger l’architecte de sa responsabilité. Il faut comprendre que l’objectif de la plateforme web n’est pas de réaliser les plans d’exécution adaptés à un maître d’ouvrage qui en aurait fait la commande. L’architecte aurait dit (c’est évidemment une métaphore, il ne fait pas que le dire) dans le cas où il travail pour un maître d’ouvrage : «j’assure que ce que je vous ai dessiné ne se dégradera pas à cause d’une erreur de ma part». C’est le principe de la responsabilité professionnelle. Les participants d’un projet sur la plateforme web diront par contre eux: «nous avons conçu un certain nombre d’innovations qui pourraient être utilisées dans le cadre d’un projet d’architecture. Toutefois, c’est à la personne qui s’en servira à en assumer les conséquences». Ce principe devrait être clairement indiqué dans la plateforme afin d’éviter toute équivoque. Cette logique est également adoptée par les communautés de logiciels libres, l’utilisateur n’a aucun droit de recours en garantie contre les développeurs. Si par contre, une tierce personne utilise la totalité ou une partie du code source du logiciel pour le commercialiser ou développer un service l’utilisant (désinfection de PC à domicile par exemple), il assurera au client une garantie.
Pourquoi voudrait-on participer à la plateforme? 41 Qu’est-ce qui motiverait les possibles contributeurs à participer à la conception de projets sur la plateforme web? La plateforme a beau être un lieu de travail altruiste dans une optique de partage du savoir, les participants ne seront pas tous motivés uniquement par cela. Du côté des communautés de logiciels libres, appellées «forge», on identifie plusieurs motivations amenant les développeurs à vouloir participer: - Un tiers des programmeurs le font par convictions personnelles relatives à la diffusion des connaissances. - Un quart le font à des fins de stimulation intellectuelle. - Un cinquième sont des professionnels qui travaillent sur du code source qui pourra leur être utile dans leur profession. - Un autre cinquième désire apprendre et s’améliorer en travaillant sur les projets. Des étudiants sont par exemples intéressés par ce genre de démarche.
Il n’y a qu’une petit partie qui espère en tirer un avantage financier par la suite, les autres y participent plutôt dans une optique de passetemps en dehors des heures de travail. Qu’en serait-il pour les architectes? Est-ce que le fait que l’architecte travaille principalement en tant qu’indépendant influencera sa possible participation à ce type de démarche? Je ne peux y donner de réponse. Je remarque néanmoins que beaucoup d’architectes ne peuvent s’empêcher d’avoir un passe-temps à côté de leurs professions. Celui-ci ne consiste pas toujours en une relaxation mais également en un apprentissage personnel. La plateforme pourrait tout à fait remplir ce rôle.
Quel modèle économique pour la plateforme? 42 Différence entre «service» et «savoir»
Evolution de la notion de richesse
Cette question est toujours présente lorsqu’on s’intéresse à l’Open Source.
La notion de richesse a évolué. Précédemment, c’est la matière qui était la richesse principale. Nous rentrons maintenant dans une société où c’est le savoir qui devient la richesse principale. Le savoir étant duplicable à volonté, il est peut-être intéressant de fonctionner selon un comportement de partage et d’entraide plutôt que de concurrence. Une logique gagnant-gagnant est donc à promouvoir en partageant le savoir.
Je vais commencer par le modèle économique de l’architecte. Celuici ne vend pas un savoir mais bien un service. Ce service consiste à répondre à la demande spécifique d’un maître d’ouvrage, le travail effectué par l’architecte est normalement destiné à être construit à un seul endroit (certes, ce n’est pas le cas pour certains promoteurs). Dans le cas de l’Architecture Open Source, le but n’étant pas de fournir un service gratuitement mais bien de partager un savoir, cela n’enlève en rien le gagne-pain de l’architecte. A la question «à qui ce travail rapporte de l’argent», je réponds que tous les participants ayant collaboré à la plateforme ainsi que les personnes extérieures à celle-ci y gagneront. Le savoir accumulé pourra être utilisé par toute personne le désirant comme par exemple l’architecte qui pourra utiliser, lors d’un projet de construction, des techniques y ayant été développées.
Cette notion est importante quand on parle de modèle économique, les nouvelles technologies, comme l’Internet, permettent facilement l’échange d’informations à bas coûts. Le bénéfice d’un partage des connaissances reviendrait donc à tous. Cela permettrait également une meilleure répartition des richesses entre les pays riches et les pays pauvres.
Travail inédit: le problème des sources 43 Sur internet, un travail est considéré comme inédit lorsqu’il n’est pas possible d’indiquer une source relative à une information donnée. Le règlement de l’encyclopédie Wikipédia interdit le travail inédit dans les articles afin d’éviter que ce site ne se transforme en tribune libre ou chacun viendrait exposer ses idées personnelles. La plateforme web de l’Architecture Open Source ne fonctionnera pas de la même façon car il sera possible de faire des déductions en fonction de recherches personnelles, c’est même son but principal. Libre ensuite aux autres intervenants de contester certaines affirmations en débattant selon les règles communément admises. A part dans les domaines scientifiques où il est parfois possible de parler de vérité absolue (ce n’est pas toujours le cas), il est rare qu’on puisse affirmer quelque chose de façon irréfutable. La plateforme web permettra de composer avec cela en donnant la possibilité à chacun de s’exprimer, le débat permettant un certain respect de la position de son interlocuteur.
Capitaliser le travail: progresser par un archivage en étapes 44 Il est important dans un projet, de pouvoir capitaliser le travail. Il s’agit ici de capitaliser au sens «d’accumuler des connaissances en vue de les exploiter par la suite». Cela consiste donc à archiver le travail effectué pendant un certain temps, en considérant qu’on est arrivé à une étape clé. Cette logique se retrouve dans l’architecture lorsqu’il y a une remise de projet. Chacune de ces étapes est essentielle au développement du projet. Celui-ci ne serait pas possible sans ces étapes successives. Elles permettent de se rendre compte de ce qui est acquis et des améliorations générales restant à adopter. La notion de «versions» qu’on connaît dans le domaine des logiciels est l’équivalent des étapes successives d’une remise de projet pour l’architecte. La façon de procéder sera utilisée dans le cadre de la plateforme web Architecture Open Source. La mise sous archive permet également d’accueillir de nouveaux participants qui peuvent dès lors s’imprégner du projet grâce à une explication claire de l’étape archivée. Ces archives une fois créées ne peuvent plus être modifiées, il faut participer au développement d’une nouvelle version pour pouvoir proposer des modifications qui seront oui ou non appliquées en fonction de l’avis général de la communauté entourant le projet.
Un chaos désorganisé ou un ensemble structuré: quelle organisation des participants? 45 A la différence des logiciels libres qui nécessitent une structuration efficace de part leur complexité, les projets de la plateforme web seront compréhensibles par un grand nombre d’individus. Il ne sera donc pas nécessaire de donner un rôle bien déterminé à chacun des participants pendant la phase de recherche. Une distribution automatique se fera de toute façon étant donné que les intervenants s’occuperont des problèmes liés à leurs qualifications spécifiques. L’organisation des projets peut donc être assez souple. Le passage à l’archivage que je détaillerai plus tard pourra par contre être segmenté en tâches bien spécifiques. Une personne pourra s’occuper de la mise au net de détails techniques tandis qu’une autre pourra modéliser des éléments du projet.
Comment valoriser le travail individuel? 46 Comme je l’ai dit précédemment, une bonne partie des contributeurs seront motivés par une certaine reconnaissance du travail qu’ils effectueront sur le site. Ça implique donc qu’on puisse facilement voir quel a été leur apport sur la plateforme. Certains désireront même pouvoir exporter les dessins, croquis, textes de réflexion qu’ils ont créés afin de les incorporer dans un portfolio en ligne ou dans un carnet recensant leur évolution personnelle. Ce type de document permet, dans le domaine de l’architecture notamment ainsi que dans d’autres domaines artistiques et/ou techniques, de jouer le rôle de curriculum vitae. Il faudra donc que la plateforme puisse répondre à ce type de besoin.
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 47 L’architecte d’aujourd’hui a de plus en plus recours à l’informatique pour travailler et les logiciels qu’il utilise sont principalement les logiciels propriétaires fournis par la grande distribution. Qu’en est-il des logiciels libres alternatifs? Est-il envisageable de proposer une suite de logiciels libres destinés à l’architecte qui viendra contribuer à la plateforme web? Dans la logique de la plateforme web, je propose, comme on le verra plus en détails par la suite, qu’il n’y ait que la phase de «brouillon» des projets qui soit effectuée de façon réellement collaborative en ligne. La mise au net se fera de façon individuelle, la plateforme web ayant alors un rôle d’aide à la coordination. La partie brouillon devrait contenir normalement suffisamment d’informations afin que les contributeurs puissent effectuer les mises au net en question. Dans cette logique, les participants sont libres d’utiliser les logiciels qu’ils désirent, en fonction de leurs habitudes. Etant donné que le concept que je propose s’inspire en partie de la «culture libre» issue des logiciels open source, il semble évident de regarder ce qui existe du côté des logiciels libres pouvant être des alternatives aux logiciels propriétaires utilisés quotidiennement par les architectes. Je ne m’intéresserai donc qu’aux logiciels «de mise au net» et non aux logiciels «de brouillon».
On peut classer les logiciels utiles à l’architecte en plusieurs groupes. Il y a d’abord les incontournables: - Logiciels de Dessin Assisté par Ordinateur (on parle ici de dessin technique permettant de produire des plans). Ces logiciels utilisent principalement le tracé vectoriel. L’architecte n’est pas le seul a utiliser ce type de logiciel. On les utilise aussi dans des domaines tels que la mécanique et l’électronique. Le logiciel le plus utilisé par les architectes dans ce domaine est AutoCAD en raison de son ancienneté et de ses possibilités générales. En plus d’être hors de prix pour un architecte voulant lancer son propre bureau, la société Autodesk a basé son logiciel sur l’extension de fichier .DWG en essayant d’en faire un standard tout en le cryptant afin d’exercer un monopole sur le marché. Les éditeurs de ce logiciel ont également développé une autre extension .DXF étant quant à elle un format ouvert. Celle-ci a été adoptée par les autres logiciels de DAO, afin de disposer d’un standard utilisable par tous.
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 48 - Logiciels de modélisation 3D et moteurs de rendu. On peut retrouver AutoCAD ayant également des dispositions pour la modélisation ainsi que d’autres logiciels spécialisés dans ce domaine comme 3D Studio Max (également édité par AutoDesk) et Sketchup. Ce dernier a la particularité d’être disponible en une version gratuite et en version payante. La version payante se différenciait peu au départ, mais l’écart entre les deux commence à se creuser. La politique de Google (éditeur de ce logiciel), sembable à celle de Microsoft, est de rendre «accroc» ses utilisateurs en proposant au départ des versions gratuites ou «éducatives» afin de développer par la suite un monopole sur le marché.
- Logiciels de Dessin Vectoriel, à distinguer des logiciels de Dessin Assisté par Ordinateur. Il s’agit ici de logiciels destinés à la création de visuels comme des logos. Ils ne présentent pas d’intérêt pour la réalisation de plans d’architecture. Il est parfois préférable de concevoir les présentations grand format avec ceux-ci afin d’éviter de devoir manipuler des fichiers trop volumineux en matriciel mais les logiciels de Traitement d’Images sont en général préférés, car ils sont mieux maîtrisés par les architectes. Le logiciel le plus connu dans ce domaine, Illustrator, fait partie de la même société d’édition que Photoshop, à savoir Adobe Systems.
- Logiciels de Traitement d’Images: ceux-ci sont utilisés par les architectes pour toute une série de tâches. Ils servent en général pour la post-production (embellir des rendus 3D) ainsi que pour la création d’affichages. Les deux logiciels phares dans ce domain sont Paint Shop Pro et Photoshop, ce dernier a beau être très cher comparé à Paint Shop Pro, il a un net avantage étant donné qu’il dispose sur Internet d’une immense communauté d’utilisateurs d’où émerge une quantité incroyable de sites web proposant des didacticiels autant amateurs que professionnels. Il est donc toujours possible de trouver une solution à un problème rencontré dans Photoshop.
- Logiciels de Publication Assistée par Ordinateur, permettant la création de documents comme des magazines. Ils sont spécialisés dans la réalisation de documents prêts à être imprimés. Egalement édité par la société Adobe, le logiciel incontournable dans ce domaine est InDesign. Les logiciels édités par cette société ont un point commun: il est facile d’en trouver des «contrefaçons». Je ne pense pas que ce soit un hasard, cela me parait plutôt être une stratégie délibérée d’Adobe visant à rendre les jeunes «accrocs» à ces logiciels, afin qu’ils n’aient d’expérience qu’avec ceux-ci, les obligeant donc lorsqu’ils rentrent dans le domaine professionnel à les acquérir au prix fort plutôt que de se tourner vers des alternatives libres ou meilleur marché.
Il existe également trois autres groupes secondaires pouvant occasionnellement être utiles aux architectes mais dont une bonne partie se passent. Je ne développerai donc pas les alternatives à ceuxci et ne ferai que les citer:
- Logiciels de création de sites webs: la publicité d’un architecte passant notamment par la création d’un portfolio, ce type de logiciel est important, mais il y a tellement d’outils disponibles dans ce domaine et notamment des offres en ligne que je ne m’y étendrai pas.
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 49 Quelles sont les alternatives open source aux logiciels propriétaires les plus utilisés par les architectes présentés ci-dessus? Je n’en présenterai qu’un par groupe. QCAD - Logiciel libre de DAO alternatif à AutoCAD Bien que ce type de logiciel, assez spécialisé, soit plutôt éloigné du domaine d’interêt des développeurs, il existe néanmoins quelques logiciels libres pouvant être des alternatives intéressantes aux géants comme AutoCAD. QCAD est l’un des plus connus. Il permet le dessin industriel en 2D, il dispose de tous les outils nécessaires à la création de plans comme les cotations, hachures etc... Le format de fichier utilisé est le .DXF dont j’ai déjà parlé précédemment et qui est compatible avec tout autre logiciel de ce type. Dans le cadre de la plateforme web Architecture Open Source, il est indispensable d’avoir recourt à des formats de fichier open source afin de pouvoir envoyer des fichiers à des participants ne possédant pas tous nécessairement les mêmes logiciels.
Interface de QCAD
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 50 Blender - Logiciel libre de Modélisation 3D alternatif à 3dsMax Blender offre des outils de modélisation, d’animation et de rendu à l’instar des logiciels comme 3dsMax. Le principal problème est que la logique du programme ainsi que son interface sont nettement différentes des logiciels propriétaires de modélisation 3D. Il faut un certain temps pour comprendre le fonctionnement de celui-ci. Ce logiciel concurence sans problème les logiciels comme 3dsMax. Des animations 3D de qualité ont d’ailleurs déjà été faites avec celui-ci.
Image de synthèse réalisée sous Blender par Michael Otto
Interface de Blender
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 51 GIMP - Logiciel libre de Traitement d’Images alternatif à Photoshop
GIMP, tout comme Blender, nécessite un certain temps d’adaptation à cause de son interface inhabituelle pour un adepte de Photoshop. Il est néanmoins presqu’aussi complet que ce dernier, je dis presque car il ne gère pas encore très bien le mode colorimétrique CMJN nécessaire à l’impression professionnelle. La communauté entourant le logiciel commence tout doucement à devenir importante. C’est un atout non négligeable pour un logiciel. On trouve facilement sur internet des formations générales ainsi que des didacticiels spécialisés. Au niveau de ces fonctionnalités, il répond tout à fait aux types d’exigences demandées par l’architecte.
Interface de GIMP
Revoir les outils de travail de l’architecte moderne 52 Inkscape - Logiciel libre de Dessin Vectoriel alternatif à Illustrator
Interface d’Inkscape
Scribus - Logiciel libre de PAO alternatif à InDesign
Interface de Scribus
4.Une
proposition d’organisation technique de la plateforme web
Introduction 54 Plutôt que d’essayer avec mes moyens de développer la plateforme web, ce qui aurait été impossible vu le niveau de connaissances requis pour une telle tâche et l’insuffisance du temps nécessaire permettant de vérifier son intérêt face au public, j’ai préféré faire un cahier des charges, ou plutôt, un carnet de bord composé de tous les éléments relatif à la création de cette plateforme. Je vais, dans cette partie, expliquer à quoi devrait ressembler la plateforme web «Architecture Open Source», en fonction des réflexions du chapitre précédent, ainsi que de mon expérience personnelle en tant qu’étudiant en architecture et en tant qu’amateur de l’informatique en général et d’internet en particulier. J’essaye de voir ce dont les participants auraient besoin pour pouvoir travailler en prenant en compte le fait qu’il n’y aura pas seulement des architectes mais aussi d’autres professionnels ainsi que des utilisateurs. Bien que l’objectif de la plateforme n’est pas de réaliser des projets prêts à être construits comme le ferait un architecte dans une mission, je me base tout de même sur les méthodes de travail de celui-ci afin de voir comment elles pourraient être transposées dans des outils de travail collaboratif. Le but de ce chapitre vise donc à fournir des lignes directrices au développement des outils nécessaires à son fonctionnement.
La page d’accueil de la plateforme 55 La page d’accueil servira principalement à recenser les projets présents sur la plateforme de façon à ce que certains projets ne soient pas inaccessibles à ceux qui auraient été tentés d’y contribuer, s’ils les avaient vus. Le plus facile serait alors de créer des catégories bien définies se subdivisant si besoin. Mais cela voudrait dire qu’on restreigne les propositions originales de projets car les auteurs essayeraient de se conformer à tel ou tel type de projets. Le système de catégories impose également une hiérarchie de caractéristiques. Est-ce que le fait que les projets soient de type habitat sédentaire ou nomade est plus important que le fait qu’ils soient localisés dans tel ou tel type de région? Je propose alors un système de mots clés appelés «tags» sur internet. L’auteur de chaque projet associe un maximum de tags. Il peut pour cela se baser sur une liste créée par les projets précédents, mais il peut également en ajouter de nouveaux afin de les différencier des autres projets. Je rajoute ici un petit détail supplémentaire concernant la création de nouveaux projets: pour éviter qu’il n’y ait une trop grande quantité de projets non développés, il sera nécessaire d’avoir participer à un certain nombre de projets existants avant de pouvoir en créer un nouveau. Retournons à la page d’accueil, celle-ci sera constituée d’une liste de tags et d’une série de mots clé sur lesquels le visiteur pourra cliquer afin de faire apparaître les projets ayant été «tagués» de ces mots clés. Il peut répéter l’opération plusieurs fois afin de cibler plus précisément son choix.
Design de la page d’accueil de la plateforme web dont l’objectif est de permettre une recherche efficace des projets
Brouillon et archivage 57 Les projets feront plusieurs aller-retour entre une phase de brouillon (plateforme de conception) suivie d’une autre de mise au net (plateforme d’archivage) permettant de clarifier les recherches afin qu’elles soient facilement exploitables par d’autres. Le travail de collaboration se développera autour du brouillon, c’est là que les recherches s’effectueront. La marmite bouillira jusqu’à ce que les contributeurs décident de mettre «au net» le travail effectué jusqu’à une certaine étape. Comme je le détaillerai par la suite, la phase de recherche nécessitera un support adapté au travail collaboratif, en temps réel si besoin. La phase de mise au net se fera de façon autonome, la plateforme jouera ici un rôle d’aide à la distribution des tâches.
Illustration de la chronologie d’un projet
Plateforme de conception 58 Comment travaille l’architecte pendant la phase de réflexion et de recherche? De quels outils a-t-il besoin pour cela? Comment peut-il échanger des idées avec d’autres personnes sans y passer trop de temps? La nécessité de pouvoir conserver la suite des recherches grâce à un carnet me semble le premier élément fondamental permettant aux concepteurs de ne pas perdre le fil de leurs processus de création et de facilement revenir à une étape antérieure si besoin. Ce carnet de croquis doit pouvoir accueillir plusieurs moyens d’expression comme le dessin, le texte, les photos, les collages... Tout est bon à y être inséré dès que cela contribue à enrichir la réflexion. Le carnet de croquis est déchiffrable par ceux qui travaillent dessus. Un non-initié aura besoin d’un peu plus de temps afin de s’en imprégner. Le deuxième élément important est la possibilité de se baser sur un élément existant comme un dessin ou une photo afin de le couvrir d’un calque et de le perfectionner sans l’endommager et permettant ainsi une comparaison des deux étapes. La technique des calques offre à l’architecte la possibilité de se libérer dans sa création en sachant qu’il pourra toujours analyser la progression du projet et revenir en arrière si besoin.
Ces deux observations m’amènent à proposer, pour la plateforme, une interface dans laquelle le participant rencontrerait les mêmes outils. Il s’agirait donc de disposer pour chaque projet, d’un carnet de croquis virtuel collaboratif auquel chacun pourrait contribuer. Celui-ci serait relativement simple visuellement et facile à utiliser afin de ne pas entraver la créativité des contributeurs. Il ne sert à rien, à cette étape, de disposer de logiciels spécialisés sur lesquels il serait possible de travailler en collaboration. La phase de conception d’un projet n’a pas d’interêt à être faite sur des logiciels de mise au net utilisés par l’architecte pour réaliser des plans ou d’autres documents de présentation. Un simple bout de papier suffit en général à faire passer une idée. Il conviendrait dès lors d’essayer de développer un logiciel plus simple qui ait les mêmes fonctions qu’un carnet de croquis, mais qui permette le travail collaboratif à distance. Une fois le projet démarré, la première page servirait à une présentation automatique de celui-ci. Cette page serait remplie grâce aux caractéristiques générales du projet ainsi qu’aux informations relatives à l’évolution de celui-ci (le nombres d’étapes déjà effectuées). L’identifiant des contributeurs y figurerait également.
Plateforme de conception 59 La seconde page serait consacrée à une description libre du projet par l’auteur. C’est là qu’il expliquerait l’idée initiale l’ayant amené à proposer un tel projet sur la plateforme web. Il donnerait aussi les objectifs qu’il souhaiterait poursuivre en collaboration avec les futurs participants. Le but vise à intéresser le visiteur pour que le plus de personnes possibles contribuent à l’élaboration du projet. Si l’auteur initial du projet a encore des éléments à ajouter, il peut utiliser la suite du carnet, là où participeront les autres contributeurs. Mais cela ne devrait pas concerner les explications indispensables à la compréhension du projet de base. Au fur et à mesure que le projet avance, les contributeurs ont le choix de rajouter des éléments sur une page existante ou, s’il n’y a plus de place sur celle-ci ou que leur intervention est trop différente de la matière existante, ils peuvent rajouter une page à la suite du carnet. Mais il est impossible de laisser des pages vides entre les anciennes interventions et la nouvelle. Les interventions sont successivement archivées grâce à un système de calques. Ceux-ci étant associés à la page en question. A chaque fois qu’un intervenant édite une des pages du carnets, un calque portant son pseudo ainsi que des chiffres relatant la date et l’heure est créé et se place au dessus des autres calques existants.
Il n’est pas possible de modifier la contribution d’un intervenant. Mais si les autres contributeurs décident démocratiquement qu’une intervention est trop hors sujet, ils peuvent décider de la rendre invisible. Il n’est donc pas envisageable de transformer les propos de quelqu’un. Lorsque plusieurs personnes décident de travailler en temps réel sur une page du projet, ils ont le choix entre dessiner chacun sur son calque sans pouvoir modifier le calque de l’autre contributeur ou il est possible de rejoindre un calque déjà créé. Celui-ci porte alors le nom du créateur du calque suivi de celui des personnes l’ayant rejoint. Le créateur du calque a bien évidemment le choix de refuser ou d’accepter l’entrée dans l’espace de travail. Dans ce cas, les contributeurs peuvent effacer ou modifier les éléments des autres contributeurs. Le système fonctionne donc un peu comme une discussion, le but étant d’apporter sa pierre à l’édifice en fonction du travail déjà effectué. Il est possible de décider collectivement d’une impossibilité de continuer à rajouter des éléments sur certaines pages considérées comme abouties en vue, comme on le verra par la suite dans la partie concernant l’archivage, d’en produire un document pouvant être consultable aisément par quiconque le désirerait.
Plateforme de conception 60 Le carnet de croquis ne permettra pas de joindre des fichiers ne pouvant pas être consultables directement en ligne afin d’éviter que des personnes n’ayant pas un logiciel nécessaire, soit dans l’impossibilité de participer à la suite du projet. Les outils disponibles pour le carnet de croquis virtuel sont les mêmes que dans les logiciels de traitement d’images comme Photoshop ou Gimp. il est donc possible de dessiner, écrire du texte, coller des photos, dupliquer une zone de la page, en redimensionner une autre, tracer des lignes droites ou des courbes bézier... Les calques créés peuvent être constitués de plusieurs sous-calques. Ce sera le cas lorsqu’un contributeur incorporera une image ou une zone de texte. Il pourra ainsi déplacer aisément l’un ou l’autre élément. Tout cela se fait en bitmap ce qui veut dire qu’il se pose le problème de la résolution d’écran. Vu que le concept d’Architecture Open Source est destiné à être utilisé par toute personne possédant un ordinateur connecté à internet, il faut tenir compte du fait que tous n’auront pas la même résolution.
La dimension réelle des pages du carnet sera toujours la même. Lorsque l’utilisateur arrivera sur le carnet de croquis d’un projet, la dimension de celle-ci s’adaptera à son écran en offrant une vue complète tout en essayant de rester dans un ratio favorable évitant le crénelage. Libre à l’utilisateur ensuite d’effectuer un zoom afin de mieux visualiser les pages en question. Les pages suivantes illustrent ma proposition: - La première fait référence à la première page d’un projet fictif. Celleci, comme expliqué précédemment, serait automatiquement mise à jour et contiendrait, en autre, la liste des étapes archivées. - La seconde est utilisée par l’auteur du projet afin qu’il y explique au mieux sa proposition de départ. - C’est à partir de la troisième que commence le travail collaboratif. Elle est pour l’instant vide, en attendant les première contributions...
Design de la première page d’un projet fictif sur la plateforme de conception
Design de la deuxième page d’un projet fictif sur la plateforme de conception
Design de la troisième page d’un projet fictif sur la plateforme de conception projet en cours de conception...
Plateforme d’archivage 64 Comme expliqué précédemment, la phase d’archivage où on capitalise les connaissances sert à figer une étape considérée comme déterminante, cela permettant à une personne extérieure au projet d’en exploiter les recherches ou de s’y intégrer en participant également. Le but n’est pas ici de disposer d’un outil permettant de faire cet archivage directement en ligne, mais de permettre une distribution des tâches. Cette phase nécessitant des logiciels parfois spécialisés comme des outils de modélisation 3D, de tracé vectoriel ou de présentation pour impression... il est impossible de vouloir tout regrouper sur un même outil en ligne. D’autant plus que chaque contributeur aura une affinité avec l’un ou l’autre logiciel. La plateforme d’archivage sera donc assez légère, elle comportera un outil permettant de créer des tâches auxquels les contributeurs du projet en question peuvent s’inscrire. Les documents produits pourront être plusieurs fois mis en ligne pour une consultation avant la compilation finale. La compilation consiste par exemple en un affichage grand format, un livret récapitulatif A4, un document pdf, une page web html ou plusieurs de ces supports à la fois permettant une plus grande distribution du travail accompli.
Design de la plateforme d’archivage permettant une distribution efficace des tâches
65
Dessiner dans un navigateur web? 66 J’ai parlé précédemment d’un outil de dessin collaboratif pouvant être utilisé dans un navigateur web. Cet outil, comme je l’ai décrit, n’existe pas tel quel, mais il est néanmoins possible à l’heure actuelle de dessiner convenablement à partir d’une page web. Il existe par exemple dans ce domaine, un logiciel appelé Shi-Painter qui se compose d’un espace prédéfini où il est possible de se regrouper à plusieurs pour dessiner en même temps. Les outils de dessin sont suffisamment évolués pour être utilisés par des dessinateurs. Il en existe un autre assez connu et plus évolué dans les outils de dessins, appelé Chibipaint, mais qui ne permet pas de travailler à plusieurs sur un même dessin en direct. Il offre néanmoins la possibilité d’enregistrer l’image directement sur un serveur afin qu’elle soit continuée plus tard par une autre personne. Il en existe d’autres comme Scriblink, Sketcher, Skrbl, Imagination Cubed, Groupboard (permettant également l’import de fichier AutoCAD), Polypaint, Twiddla, RMD drawing, Paint BBS, Aviary... Certains des logiciels cités sont open source et pourraient donc être utilisés comme base pour un développement de la partie conception de la plateforme Architecture Open Source. La plupart utilisent la technologie Java. L’élaboration d’un carnet de croquis virtuel où chaque intervention est associée à un calque et où il est possible de travailler à plusieurs en temps réel sur une même vue est réalisable, mais n’existe pas encore. Dessin réalisé sous l’applet Chibipaint par un contributeur du site e-kaki.net
Comment fonctionne l’historique dans la partie conception? 67 L’historique est un élément important lorsqu’il s’agit de plateforme collaborative. Il permet d’éviter les problèmes liés aux erreurs de manipulation de la part des contributeurs ainsi que du vandalisme qui peut survenir. L’historique consiste en une sauvegarde des différentes versions existantes d’un document. Le site le plus célèbre utilisant un système d’historique est Wikipédia, mais il a comme différence par rapport au carnet digital qu’il permet une modification des éléments incorporés par d’autres contributeurs. Alors que dans le cas du carnet digital, les interventions ne peuvent pas être modifiées, il est juste possible d’ajouter quelque chose. Il est évidemment possible de masquer un dessin par exemple en le couvrant d’une couleur uniforme, mais ce recouvrement sera visible et ne modifiera pas l’intervention précédente.
Illustration de la succession des calques
Comment fonctionne l’historique dans la partie conception? 68 A chaque fois qu’un contributeur édite une des pages du carnet, un nouveau calque est créé, celui-ci étant uniquement modifiable au moment de sa création. En cas de problème, les contributeurs peuvent donc voter une suppression du ou des calques en question. Lorsqu’on visionne une page, il est possible d’afficher l’historique dans le menu, celui-ci ressemblant à une liste comportant à chaque fois un nom (celui de l’auteur du calque) et des informations relatives à la date et à l’heure. En survolant cette liste à la souris, les calques postérieurs à la position de la souris seront masqués ce qui permet de se rendre rapidement compte des étapes effectuées. Il devrait être possible également de visionner uniquement le calque survolé en double-cliquant dessus.
Illustration de l’utilisation de la palette des calques sur la plateforme web
Quid de la langue? 69 Le but étant d’être accessible au plus grand nombre de personnes, cela implique également un grand nombre de langues présentes. Bien que les projets d’architecture puissent être compris visuellement, certaines choses ne se transmettent que par des mots. La plateforme évoluant sur le web, je pense qu’il serait intéressant de bénéficier des dernières techniques de traduction automatique. Il n’est pas toujours aisé de s’exprimer dans une langue commune comme l’anglais lorsqu’il s’agit d’utiliser des termes sortant de l’ordinaire. C’est pourquoi je propose qu’à côté des zones de texte figurant dans le carnet de croquis digital, figure une option permettant de montrer sa traduction automatiquement dans la langue de l’utilisateur. Il faut néanmoins tenir compte des personnes pouvant aider à la traduction manuelle qui offrirait une traduction plus exacte qu’une traduction automatique. Les zones de texte pour lesquelles il y a le plus souvent des demandes de traduction automatique pourraient être soumises à une équipe de traducteurs travaillant également pour leur plaisir sur le site. Leur traduction remplacerait alors la traduction automatique, la zone de texte porterait un signe distinctif montrant que celle-ci a été traduite par un humain.
Lorsqu’un texte a été traduit manuellement, l’icone cliquable change de couleur
Possibilité d’utiliser la plateforme pour d’autres projets 70 La programmation d’un logiciel répondant plus ou moins aux critères demandés afin d’être adaptable pour réaliser la plateforme web devrait prendre assez bien de temps étant donné qu’il s’agit d’un outil relativement complexe à mettre en œuvre. Il serait intéressant que le développement de ce logiciel se fasse à travers une forge (plateforme collaborative de développement de logiciels libres). Mais comme on l’a vu précédemment, plus le logiciel est spécialisé dans un domaine, moins il y aura de développeurs susceptibles de participer à sa programmation. Qu’en est-il du logiciel le plus conséquent de la plateforme web, à savoir le carnet de croquis digital? Je pense qu’il ne répond pas spécifiquement et uniquement à la demande que j’en fais, au contraire, il pourrait également servir à d’autres projets de travail collaboratif à travers le web ou même à des projets individuels. Pour s’en convaincre, il suffit de voir quels peuvent être les différentes utilisations possibles d’un réel carnet de croquis. Voici quelques exemples de projets auxquels pourrait répondre la partie de la plateforme web dédiée à la conception.
- Communauté artistique donnant la possibilité à ses membres de faire des dessins à plusieurs en temps réel ou en plusieurs étapes. - Carnet digital personnel en ligne pouvant être consultable à tout moment depuis internet. - Sites dédiés à la conception comme le mobilier, les moyens de transports, les nouvelles technologies... Il est évident que ces plateformes-là ne seront pas identiques au concept d’Architecture Open Source, certains éléments pourront être repris et modifiés, tandis que d’autres ne seront même pas inclus dedans. Le format Open Source permet justement ce type d’adaptation. Dans le cas de la plateforme web que je propose, un développeur sera payé pour assembler les différents modules qui auront été développés de façon Open Source. Celui-ci n’aura pas conçu l’entièreté des programmes utilisés dans la plateforme, mais aura les connaissances suffisantes pour les modifier et les relier les uns aux autres.
En guise de conclusion 71 Après avoir présenté le concept d’Architecture Open Source, expliqué ce qu’il était et ce qu’il n’était pas, examiné les sites, réseaux et autres outils auxquels il pourrait être assimilé, tout en indiquant en quoi il s’en différenciait, je me suis efforcé, tout au long du présent mémoire, de vérifier si ce concept d’Architecture Open Source pourrait avoir une chance d’être un jour mis en oeuvre et de se mettre à exister vraiment. Avant d’entreprendre ce mémoire, lorsque j’en discutais avec d’autres personnes du monde de l’architecture, je me suis rendu compte qu’une partie adoptait une attitude dubitative et même défensive, craignant particulièrement que je veuille transformer la profession d’architecte. Quant à la position des maîtres d’ouvrage potentiels, ils craignaient pour leur part que je limite par là les règles de la profession qui les prémunissent contre les erreurs commises par les professionnels de la construction. J’espère avoir pu démontrer que les craintes des uns et des autres n’avaient pas lieu d’être, compte tenu du fait que la plateforme proposée n’avait aucunement pour but de transformer le statut actuel de la profession. En ce qui concerne le développement technique de la plateforme web, ce qu’il faut retenir de ma proposition se situe au niveau du type d’outil à développer pour la partie conception. L’objectif est selon moi de concevoir un logiciel n’ayant pas trop de spécificités propres aux logiciels d’architectes. Ceci afin de ne pas brider la créativité, mais également de pouvoir utiliser le logiciel pour d’autres applications et enfin de faciliter la programmation de celui-ci.
Je voudrais souligner que la rédaction de ce mémoire a pour moi été intéressante car j’ai pu y aborder plusieurs sujets qui me tiennent à coeur en les situant dans un contexte global, en examinant certains aspects plus en détail lorsque c’était nécessaire, tout en me limitant aux informations utiles pour la création de la plateforme web telle que je l’imaginais. Dans la suite logique du concept d’Architecture Open Source, je compte rendre disponible le travail réalisé en le mettant en ligne sur un wiki (logiciel utilisé notamment par l’encyclopédie Wikipédia) afin que toute personne intéressée par le sujet et souhaitant apporter des améliorations au concept, puisse le faire. Il pourrait par la suite être intéressant que des développeurs de logiciels libres découvrent également le wiki Architecture Open Source et s’en inspirent pour développer des outils dont les principes seraient plus ou moins semblables à ce que j’ai proposé dans le mémoire. Comme je l’ai indiqué précédemment, la création finale de la plateforme web devrait évidemment être faite dans le cadre d’une mission rémunérée d’un développeur mais il serait préférable que celui-ci ne doive pas coder le logiciel de A à Z mais qu’il puisse piocher à droite et à gauche des outils libres de droit qu’il compilerait ensuite pour en faire un logiciel répondant aux contraintes spécifiques de la plateforme.
Bibliographie www.twiddla.com
www.rosanbo.com
www.habiter-autrement.org
www.imaginationcubed.com
www.libroscope.org
berthoalain.wordpress.com
www. 2draw.net
www.framablog.org
www.meda-corpus.net
social.societal.free.fr arch.ulg.ac.be/Lucid
meta.libera.cc www.framasoft.net www.agora-project.net
www.wikipedia.org
tweekers.free.fr/blog
ecolib.free.fr archiopensource.free.fr
intelligencecollective.blogspirit.com www.wired.com www.archi.fr
www.ted.com www.inkscape.org www.autodesk.fr
www.openarchitecturenetwork.org
www.appropedia.org www.aroots.org
www.scribus.net
www.architectureforhumanity.org
www.internetactu.net
www.inhabitat.com www.gnu.org
www.maretmanu.org
www.ecosens.org
www.worldcarfree.net
www.thetransitioner.org
www.laa.archi.fr www. archnet.org
www.vecam.org www.linuxfr.org
www.ecosur.org
www.uhb.fr
www.archilinux.org www.skrbl.com
www.simondale.net/house
www.formats-ouverts.org
www.opur.u-bordeaux.fr
www. aviary.com
www.chibipaint.com
www.blender.org
hal.archives-ouvertes.fr
www.monde-diplomatique.fr creativecommons.org www.archilibre.org
www.calearth.org
www.gimp.org www.ribbonsoft.com studiowikitecture.wordpress.com
72
Table des matières 73 Introduction: l’objet du mémoire
3
Partie I - Présentation du concept d’architecture open source
5
• Qu’est-ce que c’est ? • Qu’est-ce que ce n’est pas? • Combler certains manques - Innover dans des domaines non lucratifs - Remettre en question nos modes de vie - Favoriser le contact entre étudiants et professionnels - Favoriser le contact entre cultures différentes - Lieu de réflexion pour nos habitats futurs - Lancer des projets sans risques financiers - Se libérer des contraintes professionnelles • Application à l’architecture de l’Open Source et des «Creatives Commons» • Analyser et puis proposer
6 7 8 8 9 10 10 10 10 10 11 12
Partie II - Que se fait-il déjà dans le domaine ?
13
14 15 17 18 19 20 21 22 23
• Introduction • Open Architecture Network et autres projets de Cameron Sinclair • Archnet • Meda-Corpus - COnstruction, Réhabilitation, Patrimoine et USage • Appropedia • Neufert • Auto-construction • Archi Open Source • La recherche en architecture
Partie III - Réflexions relatives au concept d’Architecture Open Source
24
• Intelligence collective et travail en réseau: l’idée doit-elle être collective ou individuelle? • Mondialisation et diversité culturelle: où se positionnera la plateforme? • Quelle type de production peut-on envisager? - Le «bazar» se préoccupe de ce qui intéresse ses participants - Le partage de plans d’architecture serait-il une fin en soi? - Quel type d’architecture? • Celui qui innove s’ouvre sur ce qui l’entoure • Quels intervenants ? - Anthropologue - Ingénieur agronome et herboriste - Psychologue et sociologue - Sculpteur et plasticien - Photographe et peintre - Politologue et autres spécialistes des relations inter-étatiques - L’utilisateur - Le genre • Expérience du forum de la classe • Quid de la qualité? • Quid de la responsabilité? • Pourquoi voudrait-on participer à la plateforme? • Quel modèle économique pour la plateforme? - Différence entre «service» et «savoir» - Evolution de la notion de richesse • Travail inédit: le problème des sources • Capitaliser le travail: progresser par un archivage en étapes • Un chaos désorganisé ou un ensemble structuré: quelle organisation des participants? • Comment valoriser le travail individuel? • Revoir les outils de travail de l’architecte moderne - QCAD - Logiciel libre de DAO alternatif à AutoCAD - Blender - Logiciel libre de Modélisation 3D alternatif à 3dsMax - GIMP - Logiciel libre de Traitement d’Images alternatif à Photoshop - Inkscape - Logiciel libre de Dessin Vectoriel alternatif à Illustrator - Scribus - Logiciel libre de PAO alternatif à InDesign
25 26 28 28 28 29 30 31 32 33 34 35 35 36 36 37 38 39 40 41 42 42 42 43 44 45 46 47 49 50 51 52 52
74
75 Partie IV - Une proposition d’organisation technique de la plateforme web
• Introduction • La page d’accueil de la plateforme • Brouillon et archivage • Plateforme de conception • Plateforme d’archivage • Dessiner dans un navigateur web? • Comment fonctionne l’historique dans la partie conception? • Quid de la langue? • Possibilité d’utiliser la plateforme pour d’autres projets
53 54 55 57 58 64 66 67 69 70
En guise de conclusion
71
Bibliographie
72
Table des matières
73