Management des Contextes
AIDER LA BANQUE À SE LANCER DANS LA
Etude marketing, analyse concurrentielle et interopérabilité des services bancaires traditionnels Projet tuteuré : Hasnae CHAMI Responsable : Patrick BREZILLON
MONNAIE DIGITALE
Année : 2016-2017 Master Management de l’Innovation, Spécialité MC3
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REMERCIEMENTS
Tout d'abord, je souhaite remercier l’équipe du MC3 pour m'avoir soutenue et accompagnée durant ce semestre. Toute ma gratitude s'adresse à mon Responsable, Monsieur Patrick BREZILLON, pour m'avoir accordée sa confiance, sa bienveillance et disponibilité. Ses conseils furent précieux pour ma progression et mon analyse contextuelle durant cette étude. Je tiens à remercier tout particulièrement les professeurs et spécialistes en Blockchain, pour leur aide et leur écoute : -Monsieur Gilles MACCHIA, Directeur du Centre de Formation de la Profession Bancaire, pour m'avoir aidée à avoir une vue d’ensemble et à trouver un angle d’étude pour ce sujet assez complexe. -Monsieur Alain CLOT, Président de FranceFintech, pour sa réactivité et ses réponses enrichissantes. -Monsieur Cyril GRUNSPAN, Responsable département Ingénierie Financière chez ESILV, pour son implication passionnée dans le domaine de la Blockchain et du Bitcoin et pour sa disponibilité. Ce travail n’aurait pas vu le jour sans le logiciel CxG permettant de construire des graphes contextuels.
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Table des matières REMERCIEMENTS ................................................................................................................................. 2 INTRODUCTION.................................................................................................................................... 4 Partie 1 : Le profil type du client pilote de la Blockchain ...................................................................... 4 I-
Le marketing bancaire pour converger les attentes des clients et de la banque ....................... 4
II-
La segmentation de la clientèle pour adapter les offres ........................................................... 5
III-
Le type de clientèle acquis d’avance pour la Blockchain ....................................................... 6
1)
La clientèle ciblée chez les particuliers ................................................................................. 6
2)
La clientèle ciblée chez les professionnels ............................................................................ 7
3)
La clientèle ciblée chez les associations ................................................................................ 7
Partie 2 : L’approche du client vis-à-vis de la monnaie Blockchain ....................................................... 7 I-
Le client opte pour la monnaie digitale Bitcoin......................................................................... 8 1)
Le fonctionnement du Bitcoin .............................................................................................. 8
2)
La législation autour de l’utilisation du Bitcoin ..................................................................... 9
3)
La procédure du Bitcoin en pratique .................................................................................. 10
II-
Le client opte pour la monnaie digitale bancaire .................................................................... 11 1)
La création de la monnaie digitale bancaire utilisant la technologie Blockchain ................. 11
2)
Les FinTech et la concurrence vis-à-vis des banques........................................................... 12
3)
Les outils à développer pour améliorer l’expérience client ................................................. 16
Partie 3 : L’interopérabilité des services bancaires traditionnels........................................................ 20 I-
Les contrats intelligents comme réel intérêt de la monnaie Utility Settlement Coin d’UBS .... 21
II-
Transférer l’argent tout en assurant l’échange de devises ..................................................... 22
III-
Créer une monnaie digitale bancaire .................................................................................. 22
IV-
Intégrer un Système d’Information pour éviter les fraudes ................................................ 23
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 23 LES GRAPHES CONTEXTUELS .............................................................................................................. 24 I-
Cibler le client pilote intéressé par la Blockchain .................................................................... 24
II-
Quelle Blockchain choisir entre le Bitcoin et la monnaie digitale bancaire ?........................... 26
III-
L’interopérabilité des services bancaires traditionnels ....................................................... 28
PERSPECTIVES .................................................................................................................................... 30 SOURCES ............................................................................................................................................ 31 3
INTRODUCTION Le sujet de la Blockchain et des monnaies digitales m’intéresse tout particulièrement. J’ai lu quelques ouvrages tels que Understanding Bitcoin, Cryptography, Ingineering and Economics de Pedro FRANCO, et je tiens un blog sur le sujet bitcoinsystems.wordpress.com. Annoncée comme la nouvelle révolution similaire à celle d’internet, la Blockchain va perturber de nombreux secteurs durant les cinq années à venir. En particulier le secteur bancaire, l’assurance, les professions juridiques. Le consortium R3 est une start-up innovante New-Yorkaise fondée en 2014 qui réunit de nombreuses institutions financières pour collaborer autour de la technologie Blockchain et des applications financières possibles. Conscientes que les innovations financières vont attirer une nouvelle concurrence et fragiliser le système bancaire, des banques comme UBS, Société Générale, BNPPARIBAS, Deutsche Bank et HSBC étudient le potentiel de la Blockchain. Face à cette conjoncture, la banque suisse UBS1 estime que la technologie Blockchain impactera le monde durant les vingt années à venir de façon aussi importante que l’impact d’Internet durant les vingt années passées. C’est pourquoi j’ai décidé de m’intéresser à cette question dans le cadre de mon projet d’étude de l’UE Management des Contextes. La problématique est de savoir comment aider la banque à se lancer dans la monnaie digitale. Cette interrogation cache en réalité trois étapes importantes. Tout d’abord l’étude de la clientèle pour essayer de cibler le client pilote qui sera le premier attiré par cette innovation financière. Ensuite il s’agira d’étudier la concurrence, la réglementation en vigueur ainsi que la position des FinTech. Enfin il restera à analyser l’interopérabilité de la Blockchain dans le système bancaire traditionnel. C’est-àdire se demander par quels services pourra-t-on remplacer les services traditionnels en banque pour avoir une bonne efficience.
Partie 1 : Le profil type du client pilote de la Blockchain I- Le marketing bancaire pour converger les attentes des clients et de la banque En 1970, le président Georges Pompidou2 rendait obligatoire le salaire mensuel pour les salariés payés jusque-là à la semaine voir à la journée. La majorité des Français n’avaient encore jamais ouvert un compte en banque puisqu’ils recevaient leurs salaires en liquide dans une enveloppe. Ce fut un cadeau formidable pour les banques dont la clientèle s’est intensifié en si peu de temps. BNP dira même dans un slogan lancé en 1972 : « Votre argent m’intéresse». Le marketing nous rappelle que de nos jours la fabrication des produits et des services est un moyen de satisfaction des besoins des consommateurs. Pour autant la rentabilité et l’amélioration de l’image du groupe restent essentiels. Le marketing serait l’art de satisfaire ses clients tout en faisant plaisir à son patron3.
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La démarche marketing traditionnel consiste à placer le client au centre et à étudier ses besoins actuels et futurs sans négliger la concurrence. Une des pratiques courantes en marketing consiste à segmenter les marchés en quatre catégories :
Démographiques, géographiques, sociales et économiques Personnalités et style de vie Comportements Attitudes psychologiques à l’égard du produit ou du service
Le marketing 2.0 basé sur les données personnalisées de chaque client franchit une nouvelle étape en étudiant le client sur-mesure. Philip Kotler a introduit la notion de marketing mix avec ses 4P (Product, Price, Promotion, Place). Il intègre ainsi la tarification du produit, la vente/distribution, la qualité/développement durable et la communication/image.
II- La segmentation de la clientèle pour adapter les offres Les banques ont deux types de clientèles : les clients particuliers de type familial et les entreprises et institutions de type professionnel. L’étude quantitative de la clientèle est fournie par des études économiques, statistiques et économétriques. L’étude qualitative quant à elle sert à avoir des informations sur les attentes, les besoins et les goûts de la clientèle afin de comprendre ses comportements. Les neurosciences et le neuromarketing utilisent les techniques comme l’IRM, l’électroencéphalogrpahie, les hormones et l’eye-tracking afin de fournir des informations précieuses aux banques concernant le comportement de la clientèle. La banque a recours à la neuroscience en particulier lorsque cela touche des sujets sensibles comme la mort et l’argent. La segmentation consiste à créer des catégories de clients pour faciliter leur étude. Ainsi, la segmentation opérationnelle définie par Philippe Jaoui donne des clés en matière des offres à proposer aux clients, du ciblage des clients et de l’orientation d’actions comme le mailing et le contact guichet. La segmentation se fait ainsi en fonction du type de client : Type de clients Les particuliers Les professionnels Les entreprises Les associations
Critères de segmentation Age, revenus, habitat, profession, patrimoine, nombre d’enfants Domaine d’activité, secteur d’activité, taille de l’activité Taille, chiffre d’affaires, nombre employés, secteur d’activité, âge des dirigeants, niveau de risque, degré d’optimisme Taille, nombre d’adhérents, domaine d’activité
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Ajouté à cela la segmentation comportementale élaborée par Anne Pugnat et Jean-Claude Coutin pour classer les clients du secteur bancaire en cinq critères. On y trouve les confiants, les planificateurs, les dominateurs, les joueurs et les mal aimés. Du point de vue psychologique, Bernard Préel note dans son livre Le choc des générations qu’on peut segmenter la clientèle en fonction des évènements importants subis étant adolescents. Cette segmentation événementielle part du principe que la génération qui a vécu mai 68 aura des comportements propres et prévisibles alors que la génération née durant la décennie internet aura d’autres comportements spécifiques. Les systèmes bancaires de Gestion de la Relation Client intègrent cette composante évènementielle afin de proposer des offres spécifiques aux différentes générations. Enfin, il existe une segmentation basée sur les études en neurosciences prenant le cerveau humain comme axe d’étude pour distinguer des différences entre le cerveau masculin et féminin, des évolutions en fonction de l’âge (perte de 15% des vitesses de traitement des information à partir de 45 ans, des réactions différentes face au stress et du niveau d’intelligence émotionnelle.
III- Le type de clientèle acquis d’avance pour la Blockchain 1) La clientèle ciblée chez les particuliers A l’heure où nous écrivons ces lignes, seule la monnaie Bitcoin a été mise à l’épreuve chez le grand public en tant que monnaie digitale. Donc nous prendrons la clientèle utilisatrice du Bitcoin comme profil pilote de la clientèle qui sera la première à utiliser la monnaie digitale bancaire. Dans le cadre de l’UE RM, j’ai travaillé sur le logiciel de Datavisualisation Tableau Deskop. Puisque nous étions libres de travailler sur les données de notre choix, j’ai choisi d’approfondir le sujet de la Blockchain et du Bitcoin en cherchant des données sur les sites coindesk.com et coin.dance/stats/age pour les représenter sous forme visuelle.
J’en déduis que la clientèle à toucher en premier est majoritairement constituée d’hommes de 25 à 45 ans.
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2) La clientèle ciblée chez les professionnels A- Pour les assureurs Les contrats intelligents dont nous reparlerons dans la partie 3 de cette étude permettront de fluidifier les processus de contrats d’assurances et de déclaration de sinistres. Par exemple, lorsque les agriculteurs signent des contrats d’assurance pour être dédommagés en cas de sécheresse, la Blockchain des contrats intelligents facilitera à l’agriculteur le remplissage de la déclaration et l’état météorologique sera certifié grâce aux données Blockchain. La Blockchain pourra également être utilisée pour assurer les prêts d’objets entre particuliers en facilitant les démarches.
B- Pour les petites entreprises La Blockchain Etherneum fondée par le jeune Vitalik Buterin permet de faciliter les opérations courantes des cyberentreprises autonomes décentralisées qui ne sont pas encore compétents pour la maintenance et la main-d’œuvre. Les algorithmes proposés par Etherneum permettront à l’entreprise de gérer les apports en capital, le planning du personnel et les règles de fonctionnement.
C- Pour les professions juridiques (avocats, notaires, experts-comptables) Les algorithmes de la Blockchain assureront la transparence, l’intégrité et l’indépendance. De plus, les juges pourront remonter les faits de façon authentifiée en cas de crimes, de fraudes, de blanchiment d’argent…
3) La clientèle ciblée chez les associations La plupart des associations récoltent des dons pour venir en aide à des pays en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud. Les transferts d’argents nécessitent des frais et des conversions de devises. D’où l’intérêt de l’utilisation de Bitcoin ou d’autres monnaies digitales. Sans oublier les contrats entre pays qui doivent tenir compte des différentes législations et se révéler longs et coûteux. Les contrats intelligents pourraient régler ce problème.
Partie 2 : L’approche du client vis-à-vis de la monnaie Blockchain En 1972, la technologie TCP/IP4 (Transmission Control Protocol/Internet Protocol) a été développée pour permettre aux chercheurs du département américain de la défense d’échanger des mails. Cette technologie TCP/IP venait de faire naître le réseau décentralisé et ouvert au public. Au début personne n’imaginait que l’architecture du TCP/IP allait pouvoir être utilisée pour des communications vocales et vidéo tout en étant sécurisée. Il faudra pour cela attendre les années 80 et 90 pour que des compagnies privées utilisent le réseau TCP/IP pour créer des outils qui augmentent leur productivité. Ce qui apportera le World Wide Web dans les années 90 avec ses logiciels, ses pilotes et ses services comme les moteurs de recherche. La technologie Blockchain qui a été présentée pour la première fois en octobre 2008 à l’apparition du Bitcoin utilise le réseau peerto-peer pour transporter les données sous protocole TCP/IP.
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I- Le client opte pour la monnaie digitale Bitcoin 1) Le fonctionnement du Bitcoin Le pseudonyme Satoshi Nakamoto a servi à l’inventeur du Bitcoin qui a utilisé un code open source pour présenter une monnaie décentralisée passant par le résau peer-to-peer entre les ordinateurs connectés servant de nœuds. La technologie Blockchain se présente sous forme d’une base de données unique comme un Grand Livre. Chaque utilisateur gère ses fonds bitcoins par des clés privées protégées par cryptographie. Lorsqu’un propriétaire5 de bitcoins souhaite envoyer une somme de bitcoins, il utilise sa clé privée pour désigner à qui il souhaite envoyer ces bitcoins. Une fois le transfert réalisé, chaque nœud peut vérifier la validité de ce transfert, puis mettre à jour sa base de données.
La mise à jour de la base de données Blockchain est un processus d’ajout de chaines de blocs. Cette opération est réalisée grâce à la puissance des ordinateurs participants. C’est ce qu’on appelle le minage (mining en anglais). Les propriétaires de ces ordinateurs, qui sont des mineurs, sont rémunérés pour enregistrer ces Blockchain. Cette rémunération provient en partie des honoraires générés par les Outputs excédentaires
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Si l’on étudie l’évolution du prix du Bitcoin6 et le nombre de transactions et de Mining, nous observons que ces paramètres sont en augmentation constante durant les deux dernières années. En particulier depuis novembre 2015. Les monnaies complémentaires se distinguent par plusieurs caractéristiques. Il s’agit d’une monnaie crée en dehors du système bancaire traditionnel avec une référence à la monnaie officielle ou au temps ou à la matière première. L’objectif de ces monnaies et la circulation et l’échange donc elles ne servent pas à spéculer ou à bénéficier des intérêts. Les transactions par monnaie complémentaire sont possibles uniquement si les deux parties sont d’accord. Un commerçant a tout à fait le droit de refuser une monnaie complémentaire. Enfin, contrairement aux banques centrales qui créent de la monnaie ex nihilo, une transaction avec la monnaie complémentaire n’est possible que s’il y a monnaie réelle. La monnaie complémentaire n’inclue pas la possibilité de faire des crédits en se basant sur des recettes à venir. Mais attention, le transfert bitcoin n’est pas si anonyme que ce que l’on croit. En effet, contrairement à un paiement traditionnel, l’émetteur du transfert peut connaitre l’utilisation des bitcoins envoyés. Par exemple si votre patron vous verse un salaire sous forme de bitcoins, il saura comment vous utilisez ces bitcoins en suivant les transactions émises depuis votre adresse.
2) La législation autour de l’utilisation du Bitcoin
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Nous pouvons dire que la plupart des pays de l’Europe de l’Ouest autorisent la monnaie Bitcoin. De même que l’Amérique du Nord et certains pays de l’Amérique du Sud. L’Asie autorise la monnaie Bitcoin en Chine, en Inde, en Corée du Sud et en Australie. La législation française considère dans l’article L.111-1 du Code monétaire que l’euro est la monnaie en France mais n’interdit pas pour autant l’usage du Bitcoin. Mais l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Un amendement qui concerne en particulier le Bitcoin et la lutte contre le blanchiment d’argent7 pourrait à l’avenir obliger les plateformes de Bitcoin à signaler au ministère de l’économie et des finances tout mouvement suspect de bitcoins.
3) La procédure du Bitcoin en pratique Prenons un cas pratique de paiement en bitcoins pour mieux analyser le contexte. Imaginons que Jean doit de l’argent à Marie. Pour rembourser Marie, Jean a besoin de sa propre clé privée et de la clé publique de Marie. Marie montre à Jean sa clé publique sous forme QR code depuis son téléphone. Jean scanne ce QR code pour obtenir la clé publique de Marie composée de chiffres et de lettres. En effet, n’importe qui peut envoyer de l’argent s’il connaît la clé publique du destinataire. Mais Jean doit signer de sa clé privée pour valider le transfert d’argent. L’application de transfert de bitcoin sur laquelle Jean s’est inscrit alerte les mineurs du monde entier pour qu’ils valident la transaction par des calculs mathématiques nommés hash. Les mineurs 10
vérifient notamment que Jean possède assez de bitcoins sur son compte. Lorsqu’un mineur trouve le hash correct, il l’annonce aux autres mineurs qui valident. Ils créent alors un nouveau bloc collé à l’ancien et le publient sur le grand livre (mur public nommé « public ledger »). D’où l’appellation Block-Chain. L’algorithme récompense le mineur qui a trouvé le hash. Jean et Marie reçoivent au bout de 10 minutes la confirmation du transfert de bitcoins.
II- Le client opte pour la monnaie digitale bancaire 1) La création de la monnaie digitale bancaire utilisant la technologie Blockchain A- L’exemple de l’Utility Settlement Coin développée par UBS En 1976, le prix Nobel Friedrich Hayek défend la monnaie privée dans son livre La Dénationalisation de la monnaie. Il propose ainsi de mettre fin au monopole de la banque centrale pour permettre à toute banque privée d’avoir sa propre monnaie. Il affirme que la concurrence monétaire permettra d’améliorer les transactions et de lutter contre l’inflation dont l’Etat est le principal acteur. En 2002, le spécialiste des questions monétaire Bernard Lietaer publie le livre The Future of Money où il rappelle la nécessité d’un équilibre entre efficacité et stabilité. Selon lui, trop d’efficacité mènerait à la fragilité et trop de stabilité mènerait à la stagnation. Il compare le système économique à la sélection naturelle pour inciter à la redondance monétaire. Il faudrait selon lui encourager la circulation de plusieurs monnaies complémentaires différentes des monnaies étatiques par l’absence de création monétaire ex nihilo et l’absence de crédit. Ainsi, on évitera les bulles, les inflations, les taux d’intérêt et les faillites bancaires. Une monnaie est reconnue comme tel si elle répond à trois critères8 :
C’est un moyen d’échange utilisé comme intermédiaire dans les transactions C’est une unité de compte utilisée comme standard numérique pour mesurer une valeur et des coûts de biens et services C’est un stock de valeur car la monnaie peut être économisée et utilisée dans le futur
La banque suisse UBS a lancé en 2015 une plateforme locale de Blockchain nommée « Crypto 2.0 Pathfinder » en décidant de placer cette innovation en externe sous forme de startup dans l’incubateur d’innovation Level39 fintech à Londres. UBS a pu mener plusieurs expériences pour prouver différentes possibilités d’utilisations de la Blockchain. Par exemple la faisabilité de contrats intelligents (Smart Contracts), l’émission d’obligations, les coupons de paiement et les transactions sans intermédiaires. Sans oublier la création d’une première monnaie digitale nommée BondCoin suivie de la monnaie « Utility Settlement Coin » ayant une vraie valeur monétaire.
B- La technologie Blockchain pour créer l’Utility Settlement Coin La banque est née du besoin d’avoir un intermédiaire de confiance pour aider à protéger les transactions monétaires. Elle se doit d’être discrète et fiable tout en assurant des transactions de plus en plus complexes, répétitives et coûteuses. Le Bitcoin est une technologie de rupture par le fait qu’elle permet des paiements directs sans intermédiaire tout en gardant la transaction secrète. Le protocole Bitcoin est innovant par son utilisation de cryptographie digitale, de réseau peer-to-peer et surtout de Blockchain. 11
En temps normal, la banque assure la sécurité des transactions en conservant des listes des noms des personnes, des organisations et des comptes associés ainsi que les milliards de transactions entre comptes. Grâce à la Blockchain, au lieu d’avoir une liste pour chaque membre, il y aura un seul Grand Livre partagé par tous et vérifié en permanence. Ce qui réduit énormément les coûts de maintien. De plus, ce Grand Livre cryptographié et sécurisé sera indestructible car il sera partagé en même temps par un grand nombre d’ordinateurs. Le système financier actuel est basé sur la création monétaire9 par les banques centrales et par les banques commerciales créant des crédits. Donc, la monnaie n’est pas vraiment une valeur matérielle mais seulement une promesse de payer. Ce qui n’est pas sans rappeler le principe de la Blockchain qui crée une monnaie dans le Grand Livre sous forme de crypto-monnaie à identité unique. Les avantages étant l’impossibilité de falsifier la monnaie cryptographique ainsi que la possibilité de la tracer. La Blockchain fournira une identité unique, cryptographique et inoubliable sous forme de pseudonyme associée à une clé afin d’authentifier les identités privées. Ce qui permettra à long terme de créer des contrats intelligents pour enregistrer les accords financiers de façon autonome. Mais il ne faut pas oublier les enjeux associés à l’utilisation de la Blockchain tels que la gestion de la base de données des utilisateurs et la coordination des lois dans les différents pays. Cette innovation disruptive pourrait même faire disparaître la banque. Les gouvernements ont déjà commencé à s’intéresser de façon positive à la Blockchain. De plus, il existe une plateforme nommée consortium Blockchain R3 regroupant 70 institutions financières cherchant à utiliser la technologie Blockchain.
2) Les FinTech et la concurrence vis-à-vis des banques A- Les FinTech pour disrupter ou stimuler l’innovation financière ? D’après Wikipedia, le terme FinTech formé de « finance » et « technologie » désigne un domaine d’activité dans lequel les entreprises utilisent les technologies de l’information et de la communication pour livrer des services financiers de façon efficace et faiblement coûteuse. On y trouve notamment les services de paiement en ligne, de banque en ligne et de financement participatif.
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a- Si les start-up FinTech concurrencent les banques Le cabinet d’audit et de conseil PwC10 a réalisé en mars 2016 une étude sur l’essor des nouvelles technologies au sein des services financiers. Cette étude confirme le fait que tous les secteurs financiers seront touchés par la FinTech durant les cinq années à venir. La banque devra améliorer l’expérience client, aller vers le virtuel, trouver des solutions innovantes pour attirer de nouveaux clients et encourager les outils simples d’utilisation. Toujours selon la même étude, les quatre principaux risques pour les banques vis-à-vis de la FinTech sont la pression sur les marges, la perte de marché, la sécurité de l’information et la volatilité de la clientèle. Les solutions seraient la réduction des coûts, la différentiation, la rétention de la clientèle et les revenus additionnels.
b- Si les start-up FinTech collaborent avec les banques Philippe Gelis, dirigeant de Kantox (société de gestion de devises pour les entreprises) rappelle que les start-up FinTech ont besoin des comptes et des services bancaires11. Selon lui la FinTech ne fait qu’apporter à la banque une meilleure connaissance des clients, du marketing et une expérience utilisateur. L’ébullition actuelle des FinTech pourrait apporter de l’innovation à la banque sans pour autant éloigner la clientèle. Comme le révèle une enquête menée par un groupe canadien (CGI services IT) auprès de 1 670 clients dans huit pays différents, 78% des clients se préoccupent avant tout de la sécurité et veulent des solutions contre la cybercriminalité et la fraude.
B- Les concurrents directs de la banque La théorie des coûts de transaction est née en 1930 aux Etats-Unis par constat que les coûts exorbitants (2 à 3% de commission pour les transactions par carte bancaire) favorisent les organisations hiérarchisées (entreprises) pour minimiser les charges. Donc plus ces coûts sont élevés, plus on voit apparaître des entreprises de taille importante. En appliquant cette théorie à notre cas 13
d’étude, on voit que lorsque les transactions sont coûteuses, seules les banques gèrent les services financiers. En revanche, lorsque les coûts baissent grâce à internet et à la technologie, les petites structures voient le jour. De plus, la baisse des commissions sur les transactions favorisera le micropaiement.
a- Facebook La filiale irlandaise Facebook a récemment obtenue plusieurs autorisations officielles pour offrir des services financiers comme le paiement mobile. Facebook a comme objectif à long terme de proposer à ses utilisateurs les paiements, le stockage d’argent sur ses serveurs ainsi que les transferts.
b- Paypal Le système de paiement Paypal fut l’un des premiers à émerger en 1998. Paypal permet les paiements entre internautes et commerçants pour les achats sur internet ou l’envoi d’argent. La banque reste présente dans ce système pour alimenter ou recevoir le paiement mais son rôle est minimisé. Par exemple, un commerçant recevant l’argent d’une transaction pourra directement réutiliser cet argent pour effectuer une nouvelle transaction sans pour autant passer par la banque. La banque est perdante au niveau des transactions en ligne réalisées par Paypal. D’autant plus que Paypal est utilisé par 15% des sites en ligne en France et 25% au Royaume-Uni. La clientèle mondiale de Paypal est de 220 millions. Un chiffre qu’aucune banque n’a pu réaliser.
c- ApplePay Le service Apple Pay permet de régler les achats grâce l’iPhone dans de nombreuses enseignes telles que McDonald’s, Disney Store, Subway, Sephora. Les transactions sont basées sur le paiement sans contact utilisant la technologie NFC (Near Field Communication, Communication en champ proche) pour transférer des données entre deux appareils situés à moins de dix centimètres. La NFC est déjà utilisée par exemple pour les cartes Navigo en Ile-de-France. Mais l’apport réalisé par Apple à la technologie NFC est celui de certifier les transactions grâce à la reconnaissance des empreintes digitales du propriétaire de l’Iphone (TouchID). Au niveau de la mise en place de Apple Pay, Apple a choisi d’imposer à l’utilisateur de prendre en photo sa carte bancaire ou d’entrer le numéro de sa carte bancaire, sa date d’expiration et son code de sécurité. Pourquoi Apple Pay n’a pas tout simplement utilisé les données bancaires depuis iTunes qui contient déjà nos données bancaires afin de réaliser les transactions entre propriétaires d’iphone ? Il se pourrait bien que Apple ait refusé de suivre le modèle de Paypal car elle vise aussi bien les sites marchands que les commerçants physiques. Le choix fait par Apple de privilégier la puce NFC serait une vision à long terme avec comme objectif non pas de concurrencer la banque sur le moyen de paiement mais d’imposer ses propres solutions propriétaires et indépendantes des banques.
d- Orange Money Un très faible pourcentage des Africains possèdent un compte bancaire pourtant la majorité ont un téléphone portable. En 2008, Orange a lancé en Côte d’Ivoire un service nommé « Orange Money » permettant les paiements et transferts d’argent sur téléphone portable. Une fois l’argent déposé en espèce en point de vente agrée, les transactions se font par SMS entre le vendeur et l’acheteur et le système permet de régler les factures d’électricité, d’eau et d’assurance. Orange Money a gagné 12 millions de clients en Afrique de l’Ouest dont 3 millions en Côte d’Ivoire et 90% des adultes au Kenya. Orange Money a choisi de suivre la même politique vis-à-vis des banques comme l’a fait Apple Pay. C’est-à-dire s’allier dans un premier temps aux services bancaires pour que les clients s’habituent à payer avec leurs téléphones portables. Ainsi, Orange Cash est née en 2014 en France par alliance avec la carte bancaire Visa sous forme d’une application permettant de régler les achats en ligne et dans les boutiques. Orange Cash a suivi le modèle Apple Pay en ce qui concerne la technologie NFC. 14
Ayant racheté 65% de Groupama Banque12, Orange s’apprête à lancer Orange Bank dès 2017. C’est un concurrent solide car il possède déjà une clientèle fidèle et un bon service client. Sans oublier son expérience en Afrique dans le domaine du paiement mobile. Ajouté à cela le fait que cette initiative lancée par Orange ne tardera pas à donner des idées aux autres opérateurs téléphoniques tels que Free (FreeBank), SFR (Let’s Pay by SFR) et Bouygues Telecom.
e- CurrentC Contrairement à ApplePay et Orange Money qui utilisent la technologie NFC et incluent encore le système bancaire dans leurs transactions, CurrentC est une technologie encouragée par les géants Walmart et Best Buy, Shell et Exxon pour avoir leur propre système de paiement par le QR code. CurrentC est né du regroupement de plusieurs grandes chaînes commerciales sous le nom « Merchant Customer Exchange ». Cela permet au client de payer avec n’importe quel type de portable sans forcément avoir un smartphone et au vendeur de garder une trace des transactions contrairement à Apple Pay qui cache le nom du client. L’intérêt majeur pour les commerçants est de se passer de la carte bancaire du client, donc d’éviter les 2 à 3% des commissions bancaires de Visa et Mastercard. Le système Flash&Pay développé par Auchan en France est assez proche de CurrentC car il utilise le flash QR code depuis l’appli MyAuchan pour garder les traces des transactions. Mais cela relève la contrainte de la multiplicité future des moyens de paiement qui pourraient bien devenir spécifiques à chaque commerçant.
C- La législation à propos des Fintech et de la concurrence bancaire a- Les Etats-Unis accordent des licences bancaires aux FinTech Depuis la crise de 2008, les Etats-Unis accordent peu à peu de l’importance aux FinTech. Ainsi, les plateformes FinTech ont désormais le droit à une licence bancaire si elles offrent des activités de dépôts, de chéquiers et de prêts13.
b- La réglementation européenne Une nouvelle directive sur les Services de Paiement (DSP2) a été adoptée en octobre 2015 par le Parlement Européen en faveur des FinTechs. En effet, elle donne légitimité aux tiers de paiement et aux agrégateurs de données bancaires. L’Europe cherche à inciter les banques et les FinTech à innover ensembles.
c- La loi Macron Dès 2017, la loi Macron facilitera aux clients le changement de banque. Ainsi, ce sera aux banques de prendre en charge les démarches de changement d’opérateur bancaire pour leurs clients dans un délai limité. En pratique, le client qui souhaite changer de banque devra se munir d’un RIB et d’un mandat à adresser à la nouvelle banque. Ensuite celle–ci aura deux jours pour demander à l’ancienne banque les informations sur le client (prélèvements, virements) sur une durée de cinq jours. Une fois que la nouvelle banque a reçu les informations client de la part de l’ancienne banque il ne restera plus qu’à faire les démarches de demande de changement de domiciliation durant cinq jours et enfin le client est prévenu du changement de banque sous une dizaine de jours.
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3) Les outils à développer pour améliorer l’expérience client A- La GRC (Gestion de la Relation Client) ou CRM (Customer Relationship Management) Chaque banque possède une base importante de clients qu’il faut fidéliser en permanence. La Gestion de la Relation Client permet de mieux connaître les clients et de cibler les 20% qui réalisent 80% du chiffre d’affaire. On peut ainsi avoir une relation personnelle avec le client pour lui proposer des solutions adaptées. Le datamining permet de transférer les données brutes en idées et réflexions. La GRC inclue un back-office (Système d’information marketing) avec trois catégories : Les besoins actuels et anticipés des clients Répertoire, segmentation, analyse des données
La rentabilité du client
Le risque client
Espérance mathématiques de Probabilités d’impayés, scores marges (Life Time Value) : de crédits, analyse de risque évaluation du coût de la perte client
La banque Société Générale fut précurseur en France grâce à un dispositif GRC très performant. A noter également que la banque gère son réseau de distribution par le système GRD (Gestion de la Relation Distribution) de l’anglais DRM (Distribution Relationship Management) pour être au courant des besoins et des attentes des responsables d’agence et du personnel en face de la clientèle.
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B- S’inspirer des FinTech pour répondre aux nouvelles exigences de la clientèle
L’étude que j’ai menée durant le projet de datavisualisation en RM m’a permis de cibler les domaines intéressés par la Blockchain.
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Nous retiendrons que les services financiers et la banque occupent une place importante parmi les domaines intéressés par la Blockchain. Pour approfondir la question des supports bancaires innovants, nous allons faire appel au sondage réalisé par PWC en mars 2016 dans 46 pays intitulé Blurred Lines : How FinTech is shaping Financial Services. La population sondée par PWC est constituée à 30% de personnes travaillant dans la banque.
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A la question de savoir en quels contextes la FinTech est importante pour vous, 75% des sondés estiment que c’est répondre aux nouveaux besoins des clients. 51% estiment que c’est l’analyse des données, 42% optent pour l’augmentation des interactions et l’amélioration de la relation clientèle et 42% pour améliorer le business avec des possibilités opérationnelles intéressantes. Ce sondage de PWC permet de relever plusieurs éléments contextuels envisagés par la banque :
Simplifier les opérations bancaires Passer sur les réseaux virtuels Améliorer l’expérience client Mieux retenir le client Digitaliser la monnaie Démocratiser la banque et les services financiers Améliorer les outils de protection de l’identité du consommateur contre les vols et les fraudes lors des transactions Rendre les paiements plus rapides Augmenter la valeur marchande des services Vis-à-vis des FinTech, la banque pense que la disruption lui permettra de réduire les coûts, de se différencier, de mieux retenir la clientèle et de réaliser des revenus additionnels.
C- La technologie « BOT » pour interagir virtuellement avec les clients Alan Turing et Joseph Weisenbaum imaginaient déjà en 1950 des ordinateurs capables de communiquer avec les humains. Le premier programme Chatbot14 nommé Eliza utilise un comportement intelligent pour échanger avec l’humain. L’année 2017 est annoncée comme l’année du « BOT », c’est-à-dire que l’on verra se développer des applications utilisant l’intelligence artificielle pour améliorer l’expérience client. Dans le domaine bancaire, les Chatbot pourraient être utilisés pour aider le client à prendre des décisions financières, recueillir les plaintes personnelles, proposer des services et des produits adaptés, répondre aux questions. De plus, les Chatbot répondent au besoin vu précédemment d’analyser les données clients.
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Partie 3 : L’interopérabilité des services bancaires traditionnels D’après Wikipedia, l’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, dont les interfaces sont intégralement connues, à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs et ce sans restriction d’accès ou de mise en œuvre. Appliquée à notre cas d’étude, l’interopérabilité des services bancaires actuels pour fonctionner sous Blockchain est possible mais nous n’avons pas pu étudier plus en avant le risque de restrictions d’accès. En effet, nous avons vu précédemment que le système financier actuel est basé sur la création monétaire par les banques centrales et par les banques commerciales créant des crédits. Donc la monnaie est une promesse de payer. Ce qui est valable pour le principe de la Blockchain qui crée une monnaie dans le Grand Livre sous forme de crypto-monnaie à identité unique. Les avantages étant l’impossibilité de falsifier la monnaie cryptographique ainsi que la possibilité de la tracer. Mais cela pose une question difficile à savoir comment la Blockchain peut être interopérable à la réalité bancaire sachant que la monnaie déposée ne pourra pas être utilisée par la banque en bourse ou pour des investissements. Comment la banque va pouvoir gérer l’épargne retraite, les crédits à long terme et l’inflation ? Faudra-t-il créer une Blockchain spéciale qui intègre les mouvements de liquidité ? Nos recherches nous ont menées à quelques éléments de réponses concernant cette question délicate en particulier les contrats intelligents (smart contracts).
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I- Les contrats intelligents comme réel intérêt de la monnaie Utility Settlement Coin d’UBS La banque suisse UBS s’intéresse tout particulièrement aux contrats intelligents qu’elle teste actuellement en partenariat avec le groupe Clearmatics. L’idée est de programmer des transactions futures. Par exemple, grâce à la Blockchain on pourra prévoir qu’un versement de monnaie digitale sera effectué dans une date future précise et à une personne précise. Cela sera également très utile dans les assurances pour prévoir des compensations conditionnées à des évènements futurs. Sans oublier l’authentification documentaire par empreinte cryptographique pour servir les métiers de notariat. Les contrats intelligents sont des accords juridiques entre les parties pour s’engager sans passer par une autorité centrale. Ils ont comme avantages d’être programmables, d’avoir une authentification indépendante et d’avoir la capacité de faire appel à un tiers pour conserver les fonds (une banque).
Appliqués chez les particuliers souhaitant contracter un prêt, les contrats intelligents baisseront les délais d’attente à 6 ou 10 jours contre 20 jours actuellement. Ce qui permettra de stimuler la 21
demande des crédits pour particulier avec une augmentation de 5% de demande et des revenus conséquents pour les banques grâce à la réduction du coût de traitement. Selon un rapport de Capgemini, les revenus générés par les contrats intelligents permettront aux banques de baisser le coût des prêts pour les clients allant jusqu’à des économies de 500 à 1000 dollars par prêt pour le client.
II- Transférer l’argent tout en assurant l’échange de devises La banque Barclays15 teste actuellement un modèle d’échange de devises sans passer par les systèmes de compensation traditionnels pour diminuer les coûts et la durée des transactions. Pour cela, elle s’est associée à une start-up américaine nommée Circle en vue d’accélérer le développement des usages de la Blockchain.
III- Créer une monnaie digitale bancaire Pour créer sa monnaie digitale, il faut faire appel au code open source. La banque UBS a sollicité les services de Clearmatics pour développer la monnaie Utility Settlement Coin. N’ayant pas les compétences informatiques nécessaires en programmation Python et C++, nous nous limiterons à la partie contextuelle. A noter tout de même que certaines plateformes permettent à tout un chacun de pouvoir lancer sa propre monnaie sans besoins en programmation. Pour personnaliser la monnaie, il faut définir le nom de la monnaie (Utility Settlment Coin), l’abbréviation (USC), une description, l’icône. De même qu’il faut décider quel algorithme de vérification (proof of work) utiliser pour sécuriser les transactions. Quelle rémunération donner 22
aux mineurs. La taille des blocs. Le niveau de difficulté du mining. Sans oublier la valeur de la monnaie équivalente à 1USD. L’alternative à Clearmatics est le recours à un autre service16 comme CryptoLife ou CoinCreator.net
IV- Intégrer un Système d’Information pour éviter les fraudes L’enjeu né de l’essor des services bancaires en ligne est de pouvoir contourner les impératifs de contrôle d’identité (documents officiels et justificatifs demandés au client) tout en minimisant les risques de fraudes. La Blockchain pourrait résoudre cela car l’identité du client sera inscrite dans le grand livre et certifiée par les mineurs une fois pour toutes. Le Crédit Mutuel17 Arkéa s'est associé à IBM pour tester ce principe. Ainsi, ils ont intégré sur une Blockchain privée les justificatifs de domicile et d’identité de nombreux clients. De cette façon, lorsqu’un client déjà renseigné sur la Blockchain privée souhaite souscrire un crédit, une assurance vie ou un service dans la même banque, il n’a pas besoin de fournir une nouvelle fois ses justificatifs d’identité et de domicile. En cas de succès, il est prévu d’intégrer cette Blockchain privée au Système d’Information de la banque.
CONCLUSION Nous avons vu que malgré sa complexité, la question de l’intégration de la Blockchain au milieu bancaire reste envisageable. Dans la première partie, nous avons ciblé pour les particuliers une clientèle à majorité d’hommes entre 25 et 45 ans. Pour les professionnels, il s’agit d’entreprises PME, d’assurances et de métiers juridiques. Enfin pour l’associatif nous avons relevé une demande pour les associations qui réalisent des transferts d’argent à l’étranger ou signent des contrats entre pays différents. La deuxième partie nous a permis de comprendre que les FinTech ne sont pas forcément une menace pour les banques. La banque peut collaborer avec les FinTech et en apprendre les innovations financières même si les FinTech semblent venir disrupter la banque. Sans oublier que la loi Macron risque de perturber la stabilité de la clientèle bancaire car elle permet aux clients de changer de banque dans des délais rapides. De plus, elle ouvre le champ à d’autres concurrents tels que Orange Money pour les paiements en ligne. Pour finir, la troisième partie nous a laissé entrevoir les nombreuses possibilités d’interopérabilité dans les services bancaires traditionnels pour y intégrer la Blockchain. Nous avons vu par exemple l’énorme potentiel des contrats intelligents (smart contracts) ainsi que les possibilités pour lutter contre les fraudes. Pourtant il ne faut pas négliger certaines limites de l’intégration de la Blockchain comme par exemple le fait que le système de données risque saturation à mesure de l’augmentation des données du grand livre. A noter que le cadre juridique de chaque pays est différent à propos de la légalité de la Blockchain. Et enfin la vulnérabilité du système Blockchain en ce qui concerne les vols comme nous le rappelle la Faille dans The DAO, ainsi que les enjeux de la lutte contre le blanchiment d’argent et de la confidentialité des clients.
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LES GRAPHES CONTEXTUELS I- Cibler le client pilote intéressé par la Blockchain
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II- Quelle Blockchain choisir entre le Bitcoin et la monnaie digitale bancaire ?
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III- L’interopérabilité des services bancaires traditionnels
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PERSPECTIVES Malgré l’abondance de littérature universitaire et journalistique sur le sujet de la Blockchain, j’ai été limitée par le manque d’informations sur l’état d’avancement des tests réalisés par les banques du Consortium R3 en matière d’innovation financière. Ce qui est tout à fait compréhensible étant donné la concurrence importante entre les banques et entre les nouveaux entrants. Par ailleurs il ne faut pas surestimer trop vite les apports de la technologie blockchain pour milieu bancaire. En effet, la Blockchain souffre encore d’une faible vitesse des transactions. De plus, le Grand Livre sécurisé contiendra de plus en plus d’écritures et risquera de surcharger le système. Voici les questions restées en suspens suite à ce projet d’étude :
Comment gérer la monnaie digitale déposée par la clientèle pour la faire fructifier sans pour autant perturber le système de mining et d’inscription sur le grand livre ? Comment contrôler le niveau d’accès et de confidentialité de chaque client à son propre compte ? Comment régler les problèmes de sécurités et les questions juridiques ?
Il est à noter que mes recherches sur l’histoire de la monnaie alternative m’ont menée à découvrir que des monnaies complémentaires existent bien avant la monnaie d’UBS : 1) Le WIR en Suisse Lorsque la crise économique frappe l’Europe en 1929, les banques suisses fragilisent les entreprises en restreignant leur accès aux crédits. Seize entreprises se réunissent alors pour discuter et remarquent que leurs entreprises sont interdépendantes. En effet, une entreprise a besoin d’argent pour l’achat de marchandise à une deuxième entreprise alors que celle-ci a besoin d’argent pour payer son fournisseur. Donc ils créent un système de crédit nommé WIR (de l’Allemand « Nous »). 1 WIR équivaut à 1 franc suisse. La monnaie WIR existe encore aujourd’hui et elle est utilisée par 60 000 entreprises en suisse, soit une PME sur cinq. Il a été démontré que le volume d’activité du WIR est en hausse lors des récessions économiques. 2) Le SEL en France LE SEL est l’abréviation de « Système d’Echange Local » apparu en France en 1994. Les membres du SEL font échange de services et de savoir-faire en ayant l’heure comme unité de compte. Les 300 SEL existant aujourd’hui en France se localisent en particulier dans les régions isolées et à revenu faible. 3) La monnaie par fidélisation commerciale L’économiste anglais Nicholas Kaldor s’interroge sur la place des cartes de fidélités offertes par les compagnies aériennes et sur les tickets restaurant. Peut-on considérer comme une monnaie le fait de recevoir un vol gratuit en récompense de sa fidélité à une compagnie aérienne ? Peut-on parler de quasi-monnaie lorsqu’on échange son ticket restaurant contre un repas ?
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SOURCES
1- Building the trust engine. How the blockchain could transform finance (and the world). A UBS Group Technology White Paper. Alex Batlin, Hyder Jaffrey, Christopher Murphy, Andreas Przewloka, Shane Williams. (19 mai 2016) 2- Herlin, Philippe. « Apple, Bitcoin, Paypal, Google : La Fin des banques ?: Comment la technologie va changer votre argent (French Edition). » Eyrolles 3- Le marketing bancaire et de l’assurance, Nouvelles tendances 3 ème édition. Michel Badoc et Elodie Trouillaud. Edition RB. Juillet 2013 4- hbr.org/2017/01/the-truth-about-blockchain?utm_medium=social&utm_source=linkedin 5- bitcoinsystems.wordpress.com/2016/08/02/bitcoins-linnovation/ 6- data.bitcoinity.org 7- www.numerama.com/politique/155922-le-senat-debattra-de-la-regulation-des-bitcoins.html 8- Virtual Currency Schemes. European Central Bank. Octobre 2012 9- Identity Is the New Money (Perspectives) Paperback. www.ted.com/talks/david_birch_identity_without_a_name.
David Birch– 5 May 2014.
10- Blurred lines : How Fintech is shaping Financial Services. Global FinTech Report. Mars 2016 PWC 11- www.lopinion.fr/edition/economie/pourquoi-banques-n-ont-plus-peur-fintech-l-instant95619 Consulté le 29/12/16 12- cdn.ampproject.org/c/www.lesechos.fr/amp/2051377.php Consulté le 28/12/2016 13- www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/les-etats-unis-vont-accorder-deslicences-bancaires-aux-fintech-622068.html Consulté le 29/12/16 14- www.linkedin.com/pulse/top-5-banking-trends-2017-david-horton 15- www.lesechos.fr/05/07/2016/lesechos.fr/0211100640578_quatre-cas-d-usage-de-lablockchain-en-finance.htm#X4MZZuiPzCkliOzo.99 16- cryptorials.io/how-anyone-can-make-their-own-digital-currency/ Consulté le 29/12/16 17- www.lesechos.fr/05/07/2016/lesechos.fr/0211100640578_quatre-cas-d-usage-de-lablockchain-en-finance.htm#X4MZZuiPzCkliOzo.99
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