TPFE Caen la Mer Hélène Carlo

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PLONGEE en Basse vallee de l’Orne PlongEe libre TPFE - Juillet 2014

Hélène Carlo Directeur d’étude/ Claire Trapenard Ecole Nationale Supérieure de Paysage




Som mai re

PLONGEE #I

Rencontre avec lE territoire de la Basse Vallee de l’ORNE : Caen - l’Orne - Le Canal de l’Orne - La Mer Posture choix du site carte de la rencontre Octobre 2013 Nouvelle emprise du site carte de la rencontre Janvier 2014 Intuition - Premières intuitions - Travail avec l’intuition Portrait de Caen carte de la rencontre Avril 2014 Portrait de La Mer Portrait de l’Orne Portrait du Canal de l’Orne

PLONGEE #II

L’eau systeme, le dialogue entre les Entites. Magnétisme Attraction Caen / La Mer Répulsion Canal / Orne Transvasement Débit de l’Orne + coefficient de la marrée, Montée des eaux à Caen, PPRI Matière charriée en basse vallée de l’Orne, Draguage Niveau d’eau du Canal de l’Orne Formation d’un territoire d’eau: la Presqu’île de Cean à la Mer Machine Hydraulique complexe Système hydraulique au service d’une économie Géographie singulière

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PLONGEE #III

Questionner le sens du systeme. >Le fond d’estuaire, essaim d’énergies. >Un duel d’influences. >Inverser le mouvement, retrouver l’essor initial. >La ligne: tracer une géographie particulière. >Dessiner l’épaisseur entre le fleuve et son canal. >La partition d’une traversée, oscillation entre l’Orne et le Canal.

PLONGEE #III La Mer: l’elan initial.

Bibliographie Remerciements

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Pos tu re

Être étrangère face à. Nomade. Vierge de tout souvenir. Je pars vivre ce paysage présent, un bord de Mer. Un paysage familier, qui m’apparaît pourtant nouveau. C’est ainsi que je me lance à la rencontre de mon site. Ici, rien ne me tient. Tout m’échappe. J’ai tout à apprendre. Parfait pour un moment de création, afin d’imaginer, de transformer, de construire aisément. J’ai choisi un port, observer l’influence qu’il opère sur un autre territoire. Il y a à travers le Port, la notion de voyage, de départ, de retour, d’ailleurs, d’exil, de frontière, de mobilité. Que reste t-il après une errance, une dérive? Que transporte-t-on avec nous, que l’on déverse ailleurs? La notion de déplacement, de mouvement me plaît. La distance entre une chose et une autre, entre un lieu et un autre lieu. J’aimerais manipuler cette distance. Observer comme aujourd’hui les distances se distordent, évoluent, s’étirent, se compressent. Les moyens de déplacement avortent toutes longueurs. On aime le raccourci, quand tout va de plus en plus vite. Le temps lui aussi, sur une autre dimension, subit l’écrasement. Le port de Ouistreham. Le Port de Portsmouth plus loin.

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Un Homme qui dort, Georges Perec et Bernard Queysanne (1974).

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Ouis t r e ham

Portsmouth

Je me lance à la rencontre de mon site. Ouistreham. Le nom est exotique. Je suis pourtant bien en Basse Normandie, département du Calvados, la Mer, la Manche. En octobre, la ville est éteinte. 108000 hab, le double aux beaux jours. La ville s’étend jusqu’au bord. Tout au bord. Au bord de l’eau. En temps normal, le bord de mer est l’espace indéterminé. C’est ni la mer, ni la terre. Ici, on lui a même donné un nom à ce bord, Riva Bella. Le bord est occupé par de jolis petits pavillons, appartenant pour la plupart aux semi-nomades, essentiellement des Parisiens, qui gagnent la côte le temps d’un week-end. Il y a les cabanons qui veillent, gardent et regardent la mer, espérant à chaque marée, qu’une vague les emporte au large. Une zone pavillonnaire. Un vaste estuaire, celui de l’Orne. Son canal qui mène à Caen, parallèle à la rivière. Un bras de terre, la Pointe du Siège. Un port statique et clos, l’embarcadère du Brittany Ferry, une économie à part entière. Un avant-port qui scinde la ville en deux, un événement dans le trait de côte. Une avancée sur la mer. Un parking. Ils sont venus habiter le bord. Il y a avec la mer et son bord, quelque chose de saisissable. Un bord auquel on peut s’accrocher, sur lequel on peut s’asseoir. Au bord du précipice ? C’est peut-être ce que je suis venue chercher ici, le précipice. Plonger à l’eau et rejoindre les côtes Anglaises. L’ailleurs.

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Ouistreham

L a P l a g e d e O u i s t r e h a m . Le plat. Le sable et le ciel. Le Jaune et Le bleu. Jaune blond, blé, chamois, queue de vache, soufre et topaze. Mer, eau. La lumière. Vent fort. K-way. Marée basse. Promenade un dimanche après-midi. Dans mon dos. Tourisme balnéaire. Casino, centre aquatique, cabanons, mini golf, crêperies, mouleries, Saint-James, bellevilloise. Un nouveau centre ville. Grille de petits pavillons bourgeois. Rues et Ferries. Riva-Bella. L e b o u t d e l a p l a g e . Sable. Orange ventre de biche, Jaune aurore. Le ciel, nuageux. Petites dunes. Grandes dunes.Espace en évolution. Marée basse. Objet fixe, le belvédère en bois. Digue de pierres. Fin. Bout. Marée basse. La tranchée du chenal. Le parking, les camions, la marchandise, le Ferrie. Passage impossible, difficile, hostile. L’embarcadère, ces restaurants, ces cafétérias, ces hôtesses, ces panneaux publicitaires. Le portrait de Ouistréham. Le bout de la plage.

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Le canal de Caen à la mer et le Bras du siège. Un Canal parallèle à l’Orne. Anti envasement. Espace portuaire. Criée. De longs et de fins bassins. Des chalutiers, des voiliers de plaisance. Écluses. Systèmes hydrauliques monstrueux. Zone protégée. De l’autre côté d’un pont, de l’autre côté du Canal. Un bras de terre protégé (Natura 2000) Un bras isolé. Un bras du détour. La politesse. Un bras protégé des courants par un mur. 1kilomêtre de long. Protégé du vent. Étendue plate envasée. Slikke. Etendue plate sèche. Schorre. boisée. Du sable, une plage. Petites maisons toutes fines, en carton. Volets verts, bleus, fushia. jardins, portails, antennes, rideaux. Le Sable, la plage. Merville/ Franceville-Plage. L’autre côté. Bleu/gris fer, gris perle, pinchard, grège, tourdille. Sable. Le bras de mer, la langue de sable. Résidus d’une dune un peu plus stable là haut. La rencontre. Fin de l’Orne, début d’une Mer. L’Estuaire. Lagunage naturel. Marée descendante. Transvasement. Eau salée, eau douce. Lessivage. Courant. Espace instable. sable mouvant. Topographie évolutive. Calme plat. Plat. Le Ferries. Un courant. Une agriculture. Un bocage.

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La No ta tion

J ‘aime le voyage. Être dépaysée. Etrangère. J’aime écrire le voyage, le dépaysement, ce qui m’est étranger, le fait d’être étrangère. Il y a bien un paradoxe entre le voyage et l’écriture. Pour écrire, il faut s’immobiliser. C’est au retour que j’écris. Mon écriture est le dessin. Pendant le voyage, l’oeil, l’oreille captent l’extérieur. Que saisit-on des signes venant de l’extérieur jusqu’à nous, lorsque l’on évolue dans un environnement qui nous est étranger. Il faut se mettre en condition, savoir recevoir ce qui est neuf. Les émotions, les sensations, les intuitions nous frappent à une vitesse folle. L’écriture permet de fixer, de neutraliser ces informations. Pour ça, j’ai besoin d’immobilité. A chaque voyage sur mon site, j’écrirai le site sous la forme de cartographies. Je raconte le paysage par des signes, des notations, des marqueurs. Moyens de stabiliser le paysage à un instant T. Mais en réalité, il continue bien d’évoluer. Nous sommes en Basse Vallée de l’Orne, un essaim d’énergie, de matière qui progresse sans limites, ou presque. Mon écriture sera nomade. Ce type de représentation est éphémère. Jamais elle n’est deux fois la même. Elle se réinvente à chaque fois, fait naître des oublis, des blancs, des ratures. Je voyage, j’aime que mon lecteur voyage, qu’il découvre le territoire plus j’avance, pour comprendre l’évolution de ma pensée.

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Carte Mentale Caen la Mer - Octobre 2013

Manche

Franceville/ Merville

Le chenal AVANT-PORT de Ouistreham (Car-Ferry) Riva-bella Ouistreham L’immense plage de Franceville/ Merville Vieux bourg de Ouistreham

La Pointe du siège, le détour, la politesse de l’Orne.

Le phare de la Pointe du siège PORT de plaisance de Ouistreham

Sallenelle Le Bocage de Sallenelle et de France-Ville

Ranville Benouville Le Pont de Pegasus Bridge (Passage de l’autre côté de l’estuaire)

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3102 erbotcO - reM al neaC elatneM etraC

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L a

M e r

Le Canal

C a e n

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L’Orne


Portsmouth La Mer Caen

La mer me fascine sur la plage de Merville/Franceville. La côte de nacre. Si différente de la Côte Emeraude de mon enfance. Ouistreham est comme une balafre sur le trait de côte. Tout est recouvert, tartiné de petits pavillons, la balieue bleue comme on l’appelle. Ici, plus de place à l’incertitude. Mon regard se tourne vers les Terres. Je suis happée par une énergie. Un magnétisme m’aspire vers elles. Plus je glisse vers le sud, plus je sens l’emprise de mon site d’étude s’élargir. Il faut alors remonter la Vallée de l’Orne, par le conduit du Canal ou celui de la rivière. La basse vallée est humide, aqueuse. Je suis comme saisie par une énergie qui m’avale sur une distance de 14 kilomètres. Le magnétisme s’arrête brutalement après avoir franchi la ville de Caen. Caen, le point de basculement entre la Haute Vallée et la Basse vallée de l’Orne. Le lit de l’Orne ici s’évase, la topographie s’ouvre doucement. Le ciel est entier. La rivière Armoricaine finit sa course. Cette épaisseur de territoire entre Caen et La Mer, est l’expérience de la maîtrise des eaux et de la mise en oeuvre d’un système hydraulique autoritaire. Paysage de l’ingénieur. Paysage de la mesure. Paysage quantifiable, qui tend à maîtriser, à figer, à stabiliser le fond de la vallée. Tellement contrainte, l’Orne trépigne à l’idée de reprendre ces droits, pour renaître capricieuse. Pour redevenir paysage aléatoire, incertain. Je m’intéresse donc à cette portion de territoire séparant Caen de La Mer, avant que l’Orne ne se jette à la mer, suivie de près par son Canal, Caen à la mer, poser un regard paysagé sur cette Machine hydraulique. Peut-on inverser le sens du courant, le manipuler.

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Caen - La Mer La Mer - Caen (C么t茅 Canal)

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Caen - La Mer La Mer - Caen (C么t茅 Orne)

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Carte Mentale Caen la Mer - Décembre 2013

La Manche

L’estuaire de l’Orne

Vieux bourg de Ouistreham RN

Le Canal de Caen à la Mer

Ranville

Le Canal de Caen à la Mer Blainvillesur-Orne et son Port Chaîne d’industries de la Presqu’île Hérouvillest-Clair Les coteaux de Caen Site de revalorisation de déchet, surface de stockage impressionnante, socle artificiel Viaduc de Calix Caen

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Cafés, bars et commerces, place du marché

Bassin Saint-Pierre, Caen Confluence Orne/ Canal Confluence Orne/ Canal


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N

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Porthmous

Paris Caen

Portsmouth

CA E N P a r i s

Porthmous

Aujourd’hui, selon l’itinéraire Michelin, la ville de Caen est à 3h30 de Paris en voiture lorsque l’on emprunte la Départementale 613, et seulement à 2h38 si l’on emprunte l’autoroute A 13. Mais le plus rapide reste le train, 2h17 pour rejoindre Caen via la ligne de TGV, depuis la gare Saint-Lazare, par le train de 19h59. C’est aussi un site qui se trouve à 5h45 de Porthmous en Angleterre, si l’on prend le ferry le jour, et à 7h00, si l’on emprunte le ferry de nuit. C’est la compagnie Brittany Ferries, une autre idée du voyage, qui assure la liaison, une liaison directe, un trajet linéaire qui n’autorise aucun détour. Londres n’est alors plus qu’à 1h30 du port de Porthmous, Glasgow à 7h18. Caen est situé à 14 km de la mer, 16 minutes en voiture, 1h03 en vélo, 3h38 à pied.

Paris Caen

Porthmous

Caen

Emprise du site d’étude.

Paris

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In tui tion

INTUITION, subst. fém. PHILOS. Connaissance directe et immédiate d’une vérité qui se présente à la pensée avec la clarté d’une évidence, qui servira de principe et de fondement au raisonnement discursif. Intuition directe, fondamentale, première, pure; intuition de l’espace, du temps; connaître une vérité par intuition. Capter l’essence du site. Identifier ces premières envies, idées, pensées, émotions. Travail avec les premières intuitions. Elles sont le point de départ. Ces intuitions premières seront là, en filigrane durant toute la recherche. Elles sont fortes, puissantes, porteuses de projet à mon sens. Que fait-on de nos premières intuitions? Comment justifier que l’on fasse projet à partir des intuitions de l’espace? Comment prendre confiance en elles?

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Pre mi ères in tui tions

Découpage et pliage carte de la Région Caennaise. Bristol.

A Caen on est déjà à l’eau. Caen est dans les Terres. Caen est située à 14 kilomètres du trait de côte. Caen possède un port, ville ‘‘quasi-maritime’’. Je sens ce lien qui unit cette ville à la mer. je sens la tension qui soude Caen à la mer. Il y a pourtant bien un territoire qui sépare Caen de la Mer. Je ne voudrais pas faire de raccourcis, faire l’impasse sur une épaisseur de littoral qui existe, qui est bien là. J’utilise le pliage volontairement car le pliage implique le dépliage, le déploiement. Le pli abrite, dissimule. Tout se niche dans le creux d’un pli. Mais que sont en réalité ces plis? Où sont-ils?

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Pre mi ères in tui tions

Découpage et pliage carte de la Région Caennaise. Bristol.

Caen L’île. Caen la ‘‘Métropole’’. Il y a , à travers le terme d’‘‘île’’ une force d’isolement, de repli, d’autonomie. Caen, la future-nouvelle Métropole est l’unique, la puissance qui régit la région. L’île n’existe que par ce qui l’entoure, ce qui la borde. Il est aussi important de traiter son contour que son intérieur. La négation de l’île, c’est l’archipel. Dans l’archipel, on perd la notion d’unicité, au contraire c’est l’éloge de la variété. Chaque île qui compose l’archipel possède sa singularité. Cette notion d’archipel, peut aller à l’encontre de cette société de globalisation, de Métropolisation. L’épaisseur qui constitue l’’’île Caen’’ tend à s’homogénéiser. Ce sont toutes ces localités qui s’effacent, pour devenir, un tissu urbain lâche, tenu par aucun noyau, un tissu uniforme jusqu’à la mer.

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Por trait de la ville de Caen La ville s’installe à l’abri, dans les Terres. Elle se protège pendant longtemps de la Mer, des pirates et de ces vagues. La ville lacustre est serpentée de canaux, qu’elle a depuis longtemps étouffé. Elle développe une culture de l’innondation. A Caen on vit avec l’eau, l’eau douce. Caen est une éponge. Les Caennais n’ont pas consciencent de la "maritimité" de leur ville, d’habiter un port. Ils n’ont qu’une vision partielle du complexe portuaire installé en bord de Canal. Ils pratique le bassin Saint-Pierre, comme un aimable plan d’eau, comme une respiration dans le tissu urbain. Il est bien en réalité le port de plaisance de la ville.

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Dessins évolutifs représentant l’évolution des limites de la ville de Caen et du tracé de son réseau hydrographique. Repère, l’hyppodrome de Caen, la Grande Prairie, qui devient un lac lors des innondations.

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Aujourd’hui, la ville à cette volonté se «re»tourner sur la Mer. Son aire urbaine ne cesse de croître pour gagner le littoral. Le concept de Caen la Mer prend ici tout son sens. Caen est une des agglomérations françaises dont le périurbain est le plus dilaté. La moitié de sa population habite hors dela ville. L’activité portuaire décroît, la mutation de l’espace maritime caennais s’opère progressivement, repoussé définitivement hors de la zone urbaine. La qualité de Caen, est la lisibilité de ses frontières physiques. On lis nettement, le passage de l’espace urbain à l’espace agricole.

XVIIIème siècle

(Carte de Cassini)

Aire urbaine et réseau hydrogra- XIXème siècle phique de Caen. La ville de Caen cité malsaine.

L’Eglise Saint-Pierre et la Grande Odon.


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XIXème siècle

(Carte Etat Major) Aire urbaine et réseau hydrographique de Caen.

XXIème siècle

1931-1933

Travaux d’assainissement 6 juin 1944 à Caen. Caen perd environ 68 % de son volume bâti.

Aire urbaine et réseau hydrogra1947 à1963 phique de Caen. Reconstruction de la ville. Surélévation du La Presqu’île, le futur coeur de Quartier St Jean (+2m). nouveau ville de Caen, projet lauréat l’équipe de Michel Desvigne.

Chantier comblement des canaux à Caen.

Le nouveau quartier St Jean.

Future laison Caen / La Mer, Porjet lauréat François Leclercq associé à JDS architects

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Carte Mentale Caen la Mer - Janvier 2014

RN/ ligne de bus Caen / Cabourg

Le Port d’Hérouville La viaduc de Calix Le Parc/ station d’épuration

Caen L’Université de Caen

L’ancien réseau ferrovier de la Presqu’île Le futur nouveau coeur de ville de Caen Sentier des berges de l’Orne et de la zone d’activités La Gare SNCF de Caen Mondeville L’Hippodrome de Caen, réservoir d’eau en cas de forte crue

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Photographies Avril 2014. La Presqu’île de Caen à la Mer.

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Photographies Avril 2014. La Presqu’île de Caen à la Mer.

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Por trait de la Mer Alessandro Baricco, extraits d’Océan mer.

mer Sable à perte de vue, entre les dernières collines et la mer - la mer - dans le froid d’un après-midi presque terminé, et béni par le vent qui souffle toujours du nord. Il continu de fixer la mer. Il les regarde, les trempe à peine dans l’eau, et relève les yeux vers la mer. «de l’eau de mer, cet homme peint avec l’eau de mer» On pourrait rester des heures à regarder cette mer, et ce ciel, et tout ce qui est là, mais on ne trouverait rien de cette couleur. Ben, il y à la mer, d’accord, mais le mer c’est la mer, c’est toujours pareil, la mer jusqu’à l’horizon, à la rigueur il passera un bateau mais ce sera bien le bout du monde. Je suis arrivé au bord de mer. -La mer? -C’est là que fini la mer. La mer immense, l’océan mer, qui court à l’infini plus loin que tous les regards, la mer énorme et toute-puissante- il y a un endroit, il y a un instant ou elle finit - la mer immense, un tout petit endroit, et un instant de rien. Posée sur la corniche ultime du monde, à un pas de la fin de la mer Je suis là, à quelques pas de la mer, et je n’arrive pas à comprendre où elle est, elle. La mer. La mer. La mer, il n’y en avait pas. on pourrait imaginer - une femme - aimée, respectée, mère, femme. Ils buvaient l’eau de la mer il n’y avait pas d’églises, il n’y avait pas de croix, il n’y avait pas de sentiers, la mer est sans routes, la mer est sans explication. La mer vous rendra votre fille. -La mer... -La mer... Sa quille pendant des années avait épié le ventre de la mer. Une route d’ici jusqu’à la mer. Et c’est après de longues et longues minutes - une éternité - qu’elle, finalement , sans détacher ses yeux de la mer dit - Mais après, quelque part, ça se finit? Dans la mer - que fait-il dans la mer? - un peintre. Il restait visible quelques heures, puis sombrait à nouveau dans la mer. De toutes les mers du globe, des centaines de personnes et de voix arrivaient en procession sur ce bureau Les hyperboles qui, de toutes les mers du globe, arrivaient jusqu’à lui s’appaisaient devant la digue méticuleuse érigée par ces menues certitudes dans le lac de Kabalaki, qui est grand comme la mer, Un endroit au bord de la mer, près de Quartel. - On n’entend plus la mer. Faire le portrait de la mer. - La Mer, c’est difficile. Le problème, c’est : où diable peuvent-ils bien être, les yeux de la mer? La mer continuait, imperturbable, à réciter ses psaumes. voyez j’ai la chambre au-dessus, à létage au-dessus, mais elle donne sur les collines, on ne voit pas la mer : je l’ai choisie par prudence. La mer efface la nuit. La marrée recouvre. La mer. La mer ensorcelle, la mer tue, émeut, terrifie, fait rire aussi, parfois, disparaît, par moments, se déguise en lac ou alors bâtit des tempêtes, dévore des bateaux, elle offre des richesses, elle ne donne pas de réponses, elle est sage, elle est douce, elle est puissante, elle est imprévisible. - Où ils sont les yeux de la mer? - Les bateaux sont les yeux de la mer. Il resta là, le petit garçon, les yeux fixés sur la mer. Ils étaient tous dans la grande salle qui donnait sur la mer

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Por trait de la Mer

Parfois un rien suffit pour oublier la grande mer de lait qui, elle, pendant ce temps-là, te coince. -Pour l’article mer, je laisserais peut-être tomber l’illustration... Posés à un pas de la mer, ils deviennent en s’effaçant, et, dans les interstices d’un élégant néant, reçoivent la consolation d’une inexistence provisoire. Dort la pension Almayer, bercée par l’océan mer. La peau blanche comme une brume de mer. - C’est le bord de la mer, père pluche. Ni la terre ni la mer, un endroit qui n’existe pas. Ils affleurent dans la mer, et on ne les voit pas toujours. - Si je pouvais revenir en arrière, voilà ce que je choisirais : vivre devant la mer. En ce moment même, il est peut-être déjà en route pour cette mer et cette plage. LE VENTRE DE LA VENDRE L’eau arrive jusqu’à nos genoux, le radeau glisse sous la surface de la mer, écrasé par le trop grand poid des hommes - l’odeur, odeur de peur, odeur de mer, odeur de corps, le bois qui grince sous les pieds, les appels, les cordes où s’accrocher, mes vêtements, mes armes, le visage de l’homme qui et la mer qui se lève et commence à briser de tous côtés, cet enchevêtrement de corps oscillant sur la danse de la mer, dans la lumière du jour découvrant les morts que la mer a tués dans l’obscurité, l’un après l’autre on les descend de leur gibet pour les rendre à la mer qui déjà les avait pris, la mer de tous côtés, pas de terre, pas de bateaux à l’horizon, rien Avant de se donner à la mer ils s’étraignent - larmes innatendues sur le visage de certains hommes - puis se laissent tomber dans la mer et respirent à fond l’eau salée jusque dans leurs poumons pour que tout brûle, tout c’est peut être la lumière, ou la mer qui roule paresseusement, c’est peut être cette lumière silencieuse ou la mer qui roule paresseusement, un autre encore qui parle à la mer, à voix basse, assis à bord du radeau, il lui parle, comme s’il voulait la séduire, presque, et il l’entend répondre, la mer répond, c’est un dialogue, le dernier, moi - je la vois : la mer. je sais enfin que ce n’est la défaite d’aucun homme, mais seulement le triomphe de la mer, et sa gloire, tout ceci, et alors, alors, HOSANNAH, HOSANNAH, HOSANNAH POUR ELLE, la mer immense, océan mer, plus puissante que tous les puissants, maîtresse et esclave, victime et bourreau, la terre s’incline si la mer doit finir, Elle la sainte, la seule et l’unique, l’Océan Mer, et pour Elle on chante HOSANNAH ET GLOIRE jusqu’à la fin des siècles. AMEN. La mer danse, mais doucement, on dirait un adieu. Tourne ton regard vers la mer. La mer danse mais doucement. La mer était calmée. Une guerre commençait, complètement absurde, sur ce radeau perdu au milieu de la mer. Et puisqu’il n’y avait pas un seul pied de terre, là, pour qu’elle repose en paix, alors, que la profonde mer la prenne avec elle. Et puis la mer, la mer, la mer. la mer qui vient y pourrir les blessures. C’est un miroir cette mer. Ici dans son ventre. Mais ici dans le ventre de la mer, j’ai vu la vérité faire son nid C’est ça, ce que m’a enseigné le ventre de la mer. En équilibre sur le bord de la terre, à un pas de la mer déchainée, La furie de la mer, dehors, inquiétait les coeurs et brouillait les idées. Ils criaient pour vaincre ce tumulte de mer et de vent. La mer, invisible, faisait un remue-ménage incroyable. Merveilleux vent. Océan mer. Merveilleux vent. Océan mer. Il n’y avait plus de vent, plus de nuit, plus de mer pour elle. le bruit, les rafales sonores, furieuses de sons et de vitesse, lancées sur la croupe de la mer, dans les nerfs du monde, océan mer, colosse ruisselant Les collines, elles se reposent. Comme si elles n’avaient pas la mer devant. Nous sommes venus ici parce que tu dois te soigner, et pour te soigner tu dois aller dans la mer, et pour aller dans la mer tu dois aller à... - Je suis déjà entrée dans la mer. La mer c’est comment? La voiture filait sur la route le long de la mer.

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Por trait de la Mer

Il resta silencieux jusqu’au moment où il vit la route tourner et la mer s’éloigner. - Regarde la mer, elle s’en va. Et elle savait qu’aucune terre ne recouvrirait, en elle, la trace de la mer. de la mer. La mer fait divaguer les vagues et les pensées Mais ce n’est pas facile d’expliquer qu’on finit par ne plus avoir de réponse à force de regarder la mer. la proximité périlleuse de la mer, dans la mer elle n’est pas morte, dans la mer elle a guéri. Il y a un homme dans cette pension, qui a un nom amusant et qui étudie où finit la mer. 1. Océan mer, huile sur toile, 15x21,6cm / Collection Bartleboom/ Description. Entièrement blanc. - La mer, disait-il doucement. Ils étaient juste sur le bord de la mer. la mer, c’est différent... j’avais l’impression d’être là-bas sur ce radeau, au milieu de la mer, j’en avais des frissons... - Vous en aviez après la mer. Un pas après l’autre, dans le sable, jusqu’au bord de la mer. C’est le bruit de la mer. Cloué au seuil de la mer, avec les vagues qui écumaient entre ses jambes, immobile, incapable d’aucun geste. L’après-midi, tous, au bord de la mer, à lancer des pierres plates pour les faire ricocher, à lancer des pierres rondes pour entendre le plouf. Il part sur la mer, pour un long voyage. La mer. Maintenant, il a presque l’air encore plus seul, le vieil homme, et il met un pied devant l’autre, lentement, comme ça, et il entre dans la mer, tout seul, il va dans la mer. Les yeux droit dans ceux de la mer. Lentement. Il bénit la mer. La mer tout entière, jusqu’à son horizon ultime, elle tremble, elle bouge, elle fond, et dans ses veines se diffuse le miel d’une bénédiction qui ensorcelle chacune de ses vagues Tu regardes la mer, et elle ne te fait plus peur. C’est fini. - Parce qu’on arrive plus, à bénir la mer. - Toi tu es ici pour bénir la mer, n’est-ce pas? - Si on ne peut plus la bénir, la mer, peut être on peut la dire. Dire la mer. Dire la mer.. Dire la mer. Dire la mer. - Dire la mer? -Et tu es resté là-dedans pendant tout ce temps pour dire la mer? Et tu le dis, tu dis la mer. - On ne peut pas prendre le mot mer? Le ventre de la mer mer

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e rn l’O e d e rn ée ’O l all V e e e d ss llé Ba a V ute Ha

14 Km

O ui s t re h am Le

Por trait de l’Orne

169,6 km Bassin 2 932 km2 Débit moyen 27,5 m3/s (Ouistreham (exutoire)) Régime pluvial océanique COURT: Source: Aunou Altitudes: 190m Coordonnées: 48° 36’ 38’’ Nord 0° 13’ 40’’ Est

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Au nou - su rO rne

L’Orne, est une rivière Armoricaine. C’est une rivière capricieuse. Son débit varie du simple au double. Je m’intéresse aux 14 derniers kilomètres du fleuve. Le moment où l’Orne sculpte la basse vallée, avant de se jetter à la Mer. Ici, la vallée s’ouvre, le ciel et le lointain s’imposent, le vent s’amplifie. Caen est le point de basculment entre haute et basse vallée. Avant ces derniers kilomètres, la rivière parcoure plus de 150 kilomêtres, participe au façonnage des paysages Normands. Lorsque l’on s’attarde à une portion d’une rivière, on ne peut pas nier l’intégralité de son court. Je parle bien ici de tout son long. Résumé ici, en basse vallée. C‘est en quelque sorte le point d’orgue de la rivière, les derniers moments d’un courant, cristallisé là, entre Caen et la Mer.

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Canal de Suez

193,3 km Gabarit: large de 280 m à 345 m et profond de 22,5 m, qui relie, via trois lacs naturels. Raccourci : Permet d’éviter de contourne le continent Africain. 19800 km / 11600 km pour rejoindre Londres depuis Mombaï en Inde.

Canal Saint-Martin 4,55 km Raccourci :

Canal de Kiel

Canal Saint-Denis

98 km Gabarit: Raccourci : 280 milles nautiques (519 km)

6,6 km Raccourci : afin d’éviter la navigation par le centre de Paris, qui était très encombrée, et donc très lente. De plus, le canal permet d’éviter les 29 km de méandre de la Seine.

Canal du Panama

Canal de l’ourcq

77 km Raccourci : les navires n’ont plus eu besoin de faire route par le cap Horn et le passage de Drake, à la pointe australe de l’Amérique du Sud. Un navire allant de New York à San Francisco par le canal parcourt 9 500 kilomètres, moins de la moitié des 22 500 kilomètres du voyage par le cap Horn1.

96,6 km Raccourci :

N

Exemples de canaux. Pas d’échelle.

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Por trait du Canal de Caen à la Mer

Pays: France Début: Bassin Saint-Pierre, Caen Fin: Ouistreham, Manche Traverse: Calvados 14 km Gabarit: 10m de profondeur>200m (Bassin de Calix) Ecluse: 2 Année début des travaux: 1844 Ouverture:1857 Raccourci : +/- 2 km.

La création de l’infrastructures CANAL, est propice à un développement industriel au début du XXe siècle, boulverse en profondeur la physionomie de l’agglomération. A partir de maintenant, l’accès à la Mer depuis Caen se fait plus facilement. On évite les méandres, l’ensablement de l’Orne. Le canal est un «raccourci». Le canal de Caen la Mer, est un canal maritime, un cours d’eau artificiel. Le Canal Caen la Mer sert à porter des engins de transport de marchandises. Il est canal maritime, faisant la jonction entre le port de la ville proche de la mer avec celle-ci. Il est construit en paralèlle de l’Orne. L’Orne alimente son lit. Aujourd’hui, le commerce maritime décroît (disparition de la sidérurgie et la fin du trafic commercial entre Caen et l’ex URSS, principales sources du trafic portuaire avant les années 80). Il faut penser la mutation de l’espace portuaire qui s’installe sur les rives du canal. Cette période d’incertitude a fait prendre conscience aux Caennais, la puissant caractère maritime de la ville. Les rives du Canal deviennent lieux de promenade et de loisirs sportifs, d’activités touristiques, un premier pas vers une appropriation de ces espaces aux échelles démesurées.

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Je plonge et m’immisce à travers ce territoire. Je tente de lire ce qui unis ces quatre entités en tension, Caen, la Mer, le Canal et l’Orne. Les choses sont là. La Mer est aujourd’hui l’entité la plus convoitée. L’attraction est si forte. Alors depuis Caen on fonce, on se jette à l’eau, à la Mer. L’Orne et le Canal, on un magnétisme contraire, celui de la répulsion. A aucun moment, on a conscience d’être entre deux eaux, d’habiter près d’un fleuve et de son Canal. L’eau porte se territoire, le façonne. Je met à plat cette machine hydraulique. Le système hydraulique conduit l’eau, modifie la nature hydrographique du territoire, bouleversant la relation entre les entités, ébranle un paysage. J’observe l’interdépendance entre les rouages du système. Ce système hydraulique (écluses, chenaux, ponts...) est stable, il permet de maîtriser une portion de territoire. Des années de travail, d’observation, d’affinage du système, ont été nécessaire pour aboutir à un tel résultat: Caen n’a plus les pieds dans l’eau, le canal maintient son niveau d’eau constant pour assurer l’acheminement de marchandise par voie d’eau. Les objectifs sont atteints.


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MAGNETISME subst. masc. (Physique), Étude des aimants et des champs magnétiques; ensemble des propriétés (attraction, répulsion notamment) des aimants et des champs magnétiques.

ATTRACTION L a

REPULSION

M e r

L e

N

C a n a l

L’ O r n e

N

C a e n

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ATTRACTION Caen / La Mer

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57


N

RĂŠsaux routier principal Caen- La Mer

N

Tissu urbain Caen- La Mer

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AT TRAC TION Caen / La Mer

Il est difficile de se représenter le territoire de Caen à la mer comme un tout. L’expérience de la carte mentale le prouve. Je n’ai de représenté sur le papier, par les gens rencontrée, que des bouts. Des morceaux. Un territoire en lambeaux, à recomposer. Un estuaire, la Mer (le pôle +), un port dans les terres, un futur coeur de ville sur le bout de la Presqu’île, Caen (le pôle -). Jamais la Presqu’île n’apparaît dans son intégralité. L’attraction entre les pôle Caen et la Mer crée des raccourcis. Cette notion m’intéresse. Le raccourci. Pour Caen, la volonté d’être une ville en bord de mer est tellement grande, qu’elle fait l’impasse sur les 14 kilomêtres qui la séparent de la première vague. Tout est mis en oeuvre pour souder les deux entités. Caen a développé un réseau routier large et dense. La D515 (2x2 voies), la D514, la D513 permettent d’avorter le

trajet pour rejoindre la Mer. A travers le nom de la Communauté d’Agglomération, Caen la mer, un second raccourci est fait. Le trait d’union est tiré, un rien relie la ville de Caen à la Manche. Où sont passées les 29 communes qui composent la Communauté? Là, elles sont là. Elles se déploient sur les plateaux, s’urbanisent à tout va. Elles sont les villes dortoirs d’un Caen devenu trop cher. D’un Caen inaccessible. Elles ne forment plus qu’une masse urbaine uniforme de Caen à la Mer. Comment chaque coeur de bourg, de ville peut-il garder sa singularité aux côtés de la puissance Caennaise. Comment vit-on sous l’influence d’une ‘‘Métropole’’. Caen absorbe ce territoire. Caen est une Île. Caen absorbe ce territoire. Caen est une Île.

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RE PUL SION L’Orne / Le Canal

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L e C a n a l

L’ O r n e


L e C a n a l

L’ O r n e

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TRANSVASEMENT « verser (un liquide) d’un récipient dans un autre », « transférer, faire passer d’un endroit à un autre ».

De l’eau. Un territoire où se rencontrent des masses d’eau. Des quantités d’eau douce, d’eau salée, donnant naissance à des poches d’eau saumâtre. Paysage de Transvasement. Les masses liquides se rencontrent, s’affrontent, se superposent. L’estuaire devient le terrain d’un affrontement entre les différentes entités liquides. La Mer toute puissante qui répond à la lune, monte et descend, remonte ensuite, pour redescendre inlassablement. Le fleuve, qui naît des terres. Le Canal, impassible, survit grâce à l’apport nécessaire en eaux du fleuve. Caen, qui a su faire taire les caprices de l’eau pour se protéger, se dotant de système actifs et passifs contre la montée des eaux.

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Légende Mer Canal Orne Caen


Etiage

de l’Orne , du Canal, de la Manche, à Caen

Tps 0

Marée basse

Crue

0 (m) 8, 60 m à 8, 95m -5m 0 (m)

Tps +6h12 Marée haute

Grande marée +20 m 8, 60 m à 8, 95m +5 m 0 (m)

Tps +12h24 Marée basse

0 (m) 8,95m < 10 +10 m 0<2m

+120 m 8,60 m à 8,95 m +10 m 0 (m)

Crue et grande marée 0 (m) 8, 60 m à 8, 95m -5 m 0 (m)

+120 m 8,60 m à 8,95 m +10 m < 2m< i

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Volume de matière charié par l’Orne et la Mer

L’estuaire, c’est le lieu d’un spectacle. Un espace spectaculaire. Celui de la rencontre d’une eau douce, d’une eau salé, d’un courant ascendant, d’un courant descendant, qui sculpte le sol mou, par un lagunage, un lessivage naturel. C’est le lieu d’une rencontre. L’embouchure d’un cours d’eau dans la mer. C’est un domaine où s’affrontent les influences marines et fluviatiles/fluviales ?. L’Orne apporte des matériaux qui s’accumulent et gagnent sur la mer. La mer va ensuite remanier les matériaux déposés. Le résultat dépend du rapport de force existant entre le fleuve et la mer. L’Orne est trop faible. La mer domine le fleuve, à eux deux ils ont créé un estuaire. Si le rapport de force était inversé, l’embouchure serait un Delta. L’Orne est trop faible. Elle apporte peu de matériaux grossiers, surtout des matériaux en suspensions fines et des matières en solution, qui sédimentent; les argiles s’agglomèrent et forment un «bouchon vaseux». Ces espaces, le SLIKKE et le SCHLORRE sont délimités par les courants marins, ce sont des territoires vastes, insaisissables, totalement mouvants. L’hydrodynamisme marin est fort dans la Manche. La Mer refoule les eaux douces, jusque dans les Terres. L’eau salée est aujourd’hui stoppée aux portes de Caen, par une écluse.

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Profondeur du Canal, Evolution du tonnage des bateaux.

> 1857

Bateau à vapeur

> Nouveau lit de l’Orne / 1838 à 1850 > 3m (profondeur de l’Orne) > 3m à 6m / 1873

1857 à 1900 Création du Canal Caen La Mer

> 4,50m (profondeur du Canal)/ 1860 (3425 bateaux) > 4,70m / 1870 (3013 bateaux) 267 870 tonneaux > 5,22m / 1871 > 5,70m / 1900

Péniche à moteur 50 t

Péniche Freycinet 38,5m/5,05m, 300 à 350 t

Le canal de Caen à la Mer s’est construit en plusieurs temps. Il voit le jour en 1857. Après maintes et maintes tentatives d’ouvrir Caen à la Mer. Il doit permettre de relancer le commerce de la ville de Caen et favoriser la liaison, le transport de marchandises entre Caen, le Havre, et plus loin. On l’installe dans le lit originel de l’Orne. Il ne cessera de s’élargir. Il ne sera ouvert à la navigation qu’à partir de 1910. Support économique, voir l’évolution de son gabarit, de ceux des bateaux qui l’ont emprunté, c’est parler de Paysage. Le Paysage du Canal. Un Paysage du flux, du reflux, de cargaisons déposées sur les quais, de chargements... Une infrastructure paysagère au service de toute une économie.

1900 à aujourd’hui > 6,10m / 1910 (bateaux de 2000 tonnes et 3000 tonnes)

Péniche gabarit européen - 3000 t

> 7,40m / 1918 à 1930 (bateaux de 20000 tonnes) > 7,40m / >1930 (bateaux de 30000 tonnes max) > 10m 2013

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Carte Mentale Caen la Mer - Mai 2014

La Manche

L’estuaire de l’Orne Le pouloir Le musoir Système de dunes fixes Arrière des dunes, espace souvent maraicageux Horst de Ranville

Bavent, système de collines

Le Dan Canal souterrain, couduit l’eau du Dan à l’Orne

Les coteaux de Caen Viaduc de Calix infrastructure qui enjambe les deux versants

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4102 iaM - reM al neaC elatneM etraC

N

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Cons truc tion d’un territoire d’eau 1# L’Orne paisiblement capricieuse, 2# L’Orne contrainte, 3# L’orne déplacée + création du Canal 4# L’Orne+ Canal = cohabitation à ajuster.

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L’Orne libre. Son estuaire est large, ouvert, rizhomatique.

L’Orne libre. L’estuaire devient de plus en plus étroit, conduit. On draine les plaines et les plateaux. Le lit de l’Orne est contraint, épais et large. L’Orne conserve ces nombreux méandres, casse-tête des marins, qui ont de plus en plus de mal à remonter son cours.

Fin XVIIIème siècle.

L’Orne est déplacée, l’homme lui offre un nouveau lit. Ses méandres sont supprimés, son tracé redressé. Elle gardera ce profil jusqu’à aujourd’hui. Le canal est construit, parallèle à la rivière. Il emprunte le lit originel de l’Orne. La constante et la variable.

1880.

Cette grande Machine hydraulique bouleverse le territoire, complexifie son fonctionnement. Le jeu entre chaque pièce est à ajuster. Les infrastructures donnent l’illusion de maîtriser cette portion de vallée. Elle ne cesse de se construire. Artificielles, certaines choses ne sont en l’occurrence pas maîtrisables, concurrence/ affrontement Orne/ Canal.

XXIème siècle.

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Sys tème hydrau lique com plexe Infrastructures de franchissement -Ponts -Ponts amovibles Systèmes hydrauliques actifs -Ecluses -Vannes -Digues -Fossés drainants Système hydrauliques passifs -Barrages amovibles 70

N


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Système hydraulique au service d’une économie Système hydraulique complexe au service d’une économie. Lorsque l’infrastructure guide notre regard sur l’espace, on peut parler de «paysage de la technique». Les paysages ont été en partie façonnés par l’action des ingénieurs. Leurs actions perturbent la relation entre le milieu naturel et les hommes. Ici, le Canal de Caen à la Mer, offre une nouvelle manière de rejoindre la Mer depuis Caen, Caen depuis la mer. Un mode de transport impose au voyageur des façons de faire, de sentir, de se repérer dans l’espace. Chaque technique de transport recèle un «paysage». Celui du Canal est particulier. On est

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sur l’eau, mais accompagné quasiment d’aucun courant. Il y a le vent. Le vent qui s’engouffre depuis l’estuaire, prend de la vitesse en remontant le conduit du Canal, pour souffler sur Caen. Le Canal a été conçu avant tout comme un support économique. Point. Penser à sa réversibilité, c’est imaginer sa mutation. L’économie qu’il porte s’affaibli. Comment basculer progressivement d’un usage industriel à autre usage? Basculer d’un territoire porteur d’une économie qui inscrit ce site à une échelle internationale, à un territoire qui s’inscrit à une échelle plus locale ?


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Géo gra phie singulière

La Presqu’île de Caen à la Mer n’est en réalité pas une Presqu’île. C’est un abus de langage. On ne peut pas tout à fait considérer comme une Presqu’île, ni comme une île. Aucun isthme ne relie ce morceau à la terre ferme et n’est pas non plus entourée de mer, ni d’aucune vaste étendue d’eau. L’utilisation du vocabulaire maritime pour qualifier ce territoire, permet une fois de plus d’écraser la distance séparant Caen de la Mer. C’est une langue de terre artificielle, étirée, qui possède un contour, dont le rapport à la Mer n’est que partiel. Un tiers de son périmètre est une façade est «maritime». Si l’on se réfère aux différentes définitions qui définissent l’île, la Presqu’île, la Péninsule, j’essaie de trouver le terme géographique qui soit le plus juste pour ce territoire. Ce terme évoluera peut être au fil du projet, ou devrai-je en inventer un, pour ce territoire singulier. Pour le moment j’utiliserai le terme Presqu’île, avec «P» majuscule.

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Presqu’une île

Presqu’île

l’île

ÎLE, subst. fém. Étendue de terre entièrement entourée d’eau, émergeant dans un océan, une mer, un lac ou un cours d’eau. Terre entourée d’eau de toute part, entre «îlot» et le «continent», «rien est malin comme une île» H. Michaux. Force symbolique: l’isolement. L’horizon marin de partout, allées et venues des bateaux qui la relient au monde.

Péninsule

PRESQU’ÎLE, subst. fém. Terre entourée d’eau de tous côtés, excepté un seul qui la relie au continent par un isthme.

PÉNINSULE, subst. fém. Pays ou région assez vaste entouré(e) par la mer sur tous ses côtés sauf un; grande presqu’île.

Morceau de terre cernée par la mer, «presque» de toutes parts comme il se doit, mais rattachée a la terre ferme par un pédoncule plus ou moins large. La definition est floue en ce qui concerne la taille de l’île, ni a la largeur du pédoncule. La construction d’un lieu artificiel, pont ou tunnel, ne disqualifie pas une île, ni Ré, ni Oléron ou la Grande Bretagne ne sont ou ne seront ainsi reclassées «presqu’île». Demi-île en allemand et en russe.

Etymologie: presque une île. Péninsule et presqu’île sont souvent prise pour l’autre. Le mot est plutôt réservé à des configurations topographiques d’assez grande ampleur. (Bretagne, Espagne et Portugal ou Péninsule Ibérique). La péninsule, grande ou petite, à les mêmes effets que le finistère: refuge de population, un tremplin pour s’élancer vers le large et parfois une tête de pont pour l’attaque du continent.

PRESQUE une île, QUASIMENT une île, PAS ENTIÈREMENT une île, COMME une île, PAS VRAIMENT une île, adv. + subst. fém. Étendue de terre entièrement entourée d’eau, Terre entourée d’eau de toute part. La construction d’un lieu artificiel, pont ou tunnel, ne disqualifie pas une île, une Demi-île, un refuge, un tremplin pour s’élancer vers le large et parfois une tête de pont pour l’attaque du continent.

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Caen s’est construit dans les Terres, se protégeant de la Mer et ses dangers. La création du Canal est une première tentative pour la ville, de (RE)gagner la Mer. J’ai tenté de lire ce territoire Caen la Mer. J’ai posé un regard paysagé sur ce «paysage de l’ingénieur». J’ai décortiqué le mécanisme, compris l’intérêt de chaque rouage du système hydraulique. J’ai mis à plat cette Machine qui régie la basse vallée de l’Orne, iddentifier les impacts d’un tel système sur le paysage. La suite de mon travail consiste a iddentifier les fragilités du système; des fragilités qui mettent en péril le territoire de la Presqu’île, le territoire entre Caen et la Mer. Le corps du système est défaillant dès l’instant où une entité peine à fonctionner, lorsque qu’un rouage prend le pas sur un autre. Se sont autant de faiblesses qui bouleversent le socle qui accueille ce système. Ce système nécessite d’être re questionner, pour non pas retrouver un état initial, mais au contraire l’actualiser. Je fait ici une contre lecture de ce système. Il est nécessaire d’interroger le sens de lecture de la basse vallée de l’Orne, un sens qui va aujourd’hui de Caen à la Mer. L’inversion du mouvement du système, s’aider d’un autre courant, permettrait d’initialiser l’élan; celui de la mer par exemple, de ses marées, de son courant. La Presqu’île est le lieu de l’incertitude, dont l’hyperrichesse en fait un lieu convoité. Il y a ici un paradoxe, l’entre deux Mer/Caen est à la fois un espace que l’on tente de gommé pour rejoindre la Mer au plus vite, et à la fois, c’est un lieu de tout les possibles, une réserve immense qui a le potentiel de devenir l’ossature physique de tout un territoire. Venir Habiter, traverser, osciller, chuter, s’arrêter entre le fleuve et son canal, porté par les vagues lancinantes de la Mer, permettrait à ce territoire d’exister.

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Le fond d’Estuaire Ici comme ailleurs, le paysage s’enfonce en nous, on s’enfonce en lui. Le tout est d’identifier ce qui fait paysage, pour définir ce qui nous atteint. Notre regard sur le paysage ne doit plus être à la poursuite d’informations, mais se laisser absorber. Ecouter les flux, lire les directions, absorber dans les plis glissants ou l’on aime se perdre. Le paysage s’immisce en nous. Ce territoire coule. Il possède quelque chose de léger en surface. De l’eau, de l’air, beaucoup d’air, de la lumière, du souffle; Des énergies en tension avec lesquelles on cohabite. C’est un territoire sous l’influence de courants, de fluxs. On a le socle, comme une montagne. Le sol. Ce qui est vertical qui s’oppose à l’horizontalité, l’eau. Les deux s’opposent et se répondent. L’un immobile, demeure impassible, massif, statique, hiératique, confortable et rassurant, l’autre mouvant, ne cesse d’ondoyer, de s’écouler, de s’infiltrer. La permanence et la variance, qui se confrontent et s’associent. L’un possède une forme, un relief, l’autre, par la nature des choses est sans forme et épouse la forme de l’autre. L’opaque, le massif, le stable confronté au transparent, à l’épars, le fluide. L’un que l’on capte avec les yeux, l’autre avec l’oreille.

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Entraîné, on survole, aspiré, propulsé, accompagné par cet essaim de matières, de courants, de tensions qui oscillent. En sous-sol, quelque chose de plus lourd. Quelque chose de bien plus colossal, de stable qui maîtrise, conduit ce qui se passe en surface tout en regardant le ciel. Entre le socle et l’eau, il y a l’infrastructures qui transforment le socle et maîtrisent les flux en surface, pour rendre le milieu habitable par l’homme. Un système hydraulique qui s’infiltre dans cette relation et brouille la logique naturelle. Il y a ce paradoxe-là, entre ce paysage de l’ingénieur et cet essaim de matière incertain, en proie à des modifications morphologiques. Une dualité puissante difficile à saisir, à représenter.


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Le duel d’influences Canal VS Orne Vs Mer Les entités liquides sont en confrontation. Le Canal, l’Orne, la Mer. La constante (le Canal) et la variable (l’Orne) qui évoluent dans une même direction, dans une même géographie. Deux parallèles. On dit de deux parallèles, qu’elles se rencontrent à l’infini. Ici, on aurait deux infinis: la Mer, la Ville de Caen. Sur cette portion de territoire entre ces deux infinis, l’Orne et le Canal s’ignorent, comme deux réelles parallèles. Pourtant, l’Orne et le Canal font partie d’un même système. La relation entre chaque entité (Caen, l’Orne, le Canal, la Mer) est contrôlé par le système hydraulique. L’Orne alimente le Canal. Le Canal est donc dépendant de l’eau de l’Orne. L’Orne déborde, innonde Caen si la Canal n’existait pas. La Canal est le déversoire de l’Orne (...). Si l’une de ces entités disparaît, la Machine hydraulique ne fonctionne plus.

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C’est ce que j’illustre ici. L’Orne s’épuise. Le Canal épuise l’Orne. La Mer intervient en dernier lieu, elle insuffle a l’Orne la vitalité qui lui manque. La Mer atteint Caen. Active le lit de l’Orne. Ce territoire d’eau vibre. Tout s’alimente. La fiction va m’aider à inventer le site, à anticiper, pour intervenir de manière plus juste. «La fiction se nourrit de son environnement pour s’élaborer. Le monde réel puise dans la fiction pour construire un monde en devenir.» Imaginer quel est l’avenir de ce territoire? Comment le Paysage Caen la Mer va t-il muter? Quel avenir pour ce système hydraulique? si l’un de ces élément prend le pas sur l’autre, que se passe t-il?


Canal +++ Le Canal gonfle, ne déborde pas. Puise dans la rivière, épuise la rivière, l’Orne disparaît, le système hydraulique est défaillant, il tend à disparaître.

Rivière +++ L’estuaire devient delta, la rivière est plus forte que la Mer. Le paysage du littoral entier est transformé. La rivière retrouve les méandres qu’on lui avait supprimés.

Mer +++ Estuaire est lessivé. Le lit de l’Orne, s’évase, les limites de la Slikke et du Schlorre sont déplacées, le système dunaire bouleversé.

Canal + Rivière + Mer +

Canal + Rivière + Mer +

Canal + Rivière + Mer +

Canal ++ Rivière Mer +

Canal +++ Rivière Mer +

Canal Rivière ++ Mer +

Canal Rivière +++ Mer -

Canal + Rivière + Mer ++

Canal + Rivière Mer +++

Canal Rivière ++++ Mer --

Canal + Rivière -83 ++++ Mer


Barrage amovible, boulevard Général De Gaule.

Ecluses de l’Hippodrome de Caen (15m).

Il y a ces choses qui s’immiscent entre la constance et la variance. Tenter de les identifier, d’observer le comportement de ces phénomènes physiques qui s’opposent à la force naturelle. Le cours de l’eau rencontre des obstacles, des contraintes, qui dessinent le paysage que l’on observe aujourd’hui. Ces phénomènes sont de natures différentes. Ils ont tous une capacité variable de résister, d’annuler ou de diminuer l’effet d’une force, ici l’hydrodynamisme de l’Orne, de Canal, de la Mer. Je m’intéresse à ces forces qui conduisent la course de l’eau. Je tente d’indentifier ces forces. Elles sont autant d’outils qui vont m’aider à faire du projet. Je dessine l’Orne, le Canal, la Mer «libres». Certains éléments opèrent une ou plusieurs résistances. Comment se comporte le Canal, le rivière, la Mer?

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Topographie vallonée de Caen. Système de défense naturel.


Vent dominant (Nord-Ouest). Sens du courant.

Enrochement. Digue et chenal.

Accident topographique, le Horst de Ranville. Topographie creusé par des cours d’eau, alimentant l’Orne.

Mur/ digue de 1,5 km qui dévie le courant de l’Orne.

Cordon dunaire (bati à ouistreham).

Cordon dunaire.

Cordon dunaire.

Ecluses de Caen. (56m) Stop la marée montante aux portes de Caen.

N

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Quais du port de Ouistréham.

3écluses.

Bassin d’Hérouville.

Bassin de Calix et le nouveau bassin.

Bassin d’Hérouville.

Bassin Saint-Pierre.

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Système de 4 écluses.


Cordon dunaire (bati Ă ouistreham).

Cordon dunaire.

N Système de Quais, de berges. 87


La Mer est grande et puissante. Peu de choses la contraignent. Elle est une valeur sûr, jamais son courant ne s’affaiblira, jamais son va et vient ne cessera. Elle épouse le socle et le sculpte. Elle pénètre les Terres pour rappeler sa présence, son étendue à perte de vue, son lointain n’est qu’à quelques kilomètres.

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N

89


Inverser le mouvement, Retrouver l’essor initial Rejoindre un point A depuis un point B, Caen depuis la Mer, la Mer depuis Caen. Retrouver cet élan initial, l’impulsion qui nous embarque, nous propulse sur, à travers, à l’intérieur, au milieu de la Presqu’île. La mer possède cette force. Le courant maritime sera l’essor pour remonter jusqu’à Caen. La Mer pénètre les terres, elle est là. La présence de son eau salé, son rythme cyclique (1 marée 2 fois par jour), offrent les premières conditions d’un bord de mer à l’intérieur des Terres. Inverser le mouvement, Ce n’est plus Caen qui rejoint le Mer, mais la Mer qui pénètre les terres. Le mouvement est inversé, il étire le territoire entre Caen et la Mer. La Mer part à la rencontre de Caen, en longeant la Presqu’île. La Presqu’île devient le lieu de confluence. On observe par le griffonnage, la nécessite d’inverser le mouvement, de reoutrouver l’élan maritime. Comme des hiéroglyphes, au fil d’une discussion l’amorce, la prise de vitesse, les points de rupture, les moments de basculement entre Mer et Terre, apparaissent nettement.

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91


Dessiner une géographie pour la Presqu’île Schémas conceptuels, qui illustrent la volonté de construire la Presqu’île (le dedans) et d’étirer les lignes de construction au-delà de la Presqu’île, pour construire les côteaux et les plateaux, les bourgs et leurs limites (le dehors). La Presqu’île active et construit le large territoire, elle est l’ossature sur laquelle le territoire Caen la Mer peut s’appuyer. Le territoire de la Presqu’île en fond de vallée de l’Orne, elle possède un contour. Ce morceau ‘‘île’’ a été détaché artificiellement du territoire, lors de la construction du Canal. L’écho entre la morphologie de la «pièce» et de son «emporte-pièce» est donc évident. Ces liens vont donc

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m’aider à construire la presqu’île. La ligne est le projet, la transformation. Elle construit l’espace, installe une mesure. Une distance entre les choses, le recul, définit la relation entre un proche et un lointain. Tracer une ligne, c’est déjà Habiter l’espace, inventer une géographie. Ces lignes sont fictives. Pourtant elles s’installent sur des points de rupture entre deux espaces, des basculements physiques, des changements de rythme observés lors des traversées. Elles construisent petit à petit un séquençage, partitionnant la traversée de Caen à la Mer, de la Mer à Caen.


(1).

(2).

(3).

(4).

(5).

(1) Les quatres entités, Caen, l’Orne, le Canal, La Mer. (2) les lignes directrices lient les entités entre elles. (3) Le réseau de lignes isolé formant des surfaces. (4) Prolongement des lignes hors-cadre. (5) Figure de projet.

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La partition de la traversée J’ai commencé par repérer des séquences paysagères, les diviser, les mesurer, les diviser de nouveau et les mesurer. Isoler des surfaces, les regrouper. Ces divisions s’appuient sur des éléments paysagers de différentes natures repérés sur la Presqu’île et plus loin, sur le grand territoire. Certaines se juxtaposent, se frôlent, se superposent. L’écart entre elles reste à définir. L’écart devient l’espace qui permet de lire la traversée. Ce jeu devient l’espace où l’on s’arrête, où l’on s’installe, que l’on habite. Ces occasions d’arrêt, de chute, sont autant de lieux qui propoque l’oscilation, déployant le temps de la traversée.

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Espace industriel, espace portuaire

101 KM2. 831 KM2.

Espace agricole

1980 KM2. 1000 KM2. 2380 KM2.

Espace naturel 640 KM2 à protégé 1279 KM2. (Futures limites du site +Parcelles acquises)

Dialogue entre les 2 versants 1

par l’objet «infrastructure» (le dessus)

2

par le sous-terrain, conduit de l’affluent (le dessous)

3

par l’animation du socle

4

par l’emboitement du pouloir et du musoir


Dialogue entre les 2 rives

N

ugo H r to Vic l a Can

forme Platte- . es de grav

Fossé du Dan Fossé Vannes des Maresquiers N

N

1

Le Viaduc de Calix

2

Les vallons du Dan

3

HORST de Ranville

4

L’Estuaire de L’Orne 95


Dessiner l’épaisseur entre l’Orne et le Canal

Le territoire de Caen à la Mer est un territoire de contrastes. Caen/ La Mer, le Canal / rivière, l’Orne, la Mer/ les Terres. Ces entitées dialoguent, se répondent, construisent un même paysage. J’utilise le dessin, la peinture. Je dessine, je peint cette relation. Quelle relation entretiennent deux lignes, deux entités en parallèle, l’Orne et le Canal? Quel boulversement la mer opère dans leur relation? Je prends de longs et grands formats. 1# J’utilise deux lignes, dont l’espacement entre les deux varie. 2# Les points de résistances accidentent le cours de ces deux lignes. 3# Une troisième entité, masse blanche, s’immisce dans cette relation entre ces deux lignes. 4# Une énergie se déploie entre ces entités. C’est elle qui permet l’imbrication, le dialogue entre chaque élément.

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1# Format 650x50cm, papier 75g, Encre noire, 2 pinceaux. 2# Format 650x50cm, papier 75g, Encre noire, 2 pinceaux, scotch. 3# Format 650x50cm, papier 75g, Encre noire, 3 pinceaux, scotch, acrylique blanche. 4# Format 650x50cm, papier 75g, Encre noire, 3 pinceaux, 1 plume, scotch, acrylique blanche.

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Il s’agit d’inverser le sens de la Traversé. Caen fuit, dérive à l’eau, vers le large. L’agglomération s’étend et tapisse les flancs des versants de la vallée de l’Orne. Insuffler un nouveau sens de lecture au territoire. Proposer un temps permettant de déployer un déroulé de La Mer jusqu’à Caen. La Mer devient l’évènement qui active le territoire «Presqu’île». La Mer gonfle et dans son élan, elle nous emporte pour atteindre Caen. La Mer pénètre les Terres. La Presqu’île et Caen deviennent de véritable territoires Maritimes. Il ne faut pas pour autant écraser ce territoire hyper-riche et renforcer l’attraction Caen et la Mer, mais bien déployer le déroulé, l’évènement de l’entrée de la Mer dans les terres. La Presqu’île, est le lieu depuis lequel on observe ce véritable spectacle. Il faut dessiner l’amorce, l’espace sur lequel on prend appui pour s’élancer depuis le bord de Mer vers Caen. Il faut qualifier le conduit par lequel on remonte la Vallée, dessiner la trajectoire qui oscille dans l’épaisseur de la presqu’île, entre le Canal et l’Orne, entre une façade industrielle, une façade maritimo-fluviale. Une oscillation qui déploie, décuple le temps de la traversée, qui vient chercher les rives et les versants, témoignant d’une relation entre un Canal et sa Rivière. Il faut penser à la réception, dessiner l’entrée, le nouveau seuil, le moment où l’on pénètre en ville. L’eau sera un vecteur d’urbanité. Je développe ici deux temps, l’AMORCE et la RECEPTION.


Les vallons du Dan

Le Viaduc de Calix

Canal Victor Hugo

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L’Embouchure de L’Orne

Vannes des Maresquiers

HORST de Ranville

Fossé de l’Aiguillon

Fossé du Dan

SMC, Platte-forme de valorisation de gravats

Inverser le mouvement La Mer - Caen 0

1 km

2 km

N 3 km

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Portraits d’escaliers.

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10 m

Le Canal

L’Orne

Comportement du sol sous influence maritime.

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50 m

100 m

150 m

N

0


2, 7 Km m 300

L’amorce d’une traversée descendre a l’eau 0

N

500 m

1 km

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Lyon, Lyon Confluence. population: 491 268 h Superficie: 47, 87 KM2 Densité: 10 263 h/ KM2

Nantes, l’Île de Nantes. population: 287 845 h Superficie: 65, 19 KM2 Densité: 4415 h/ KM2

Caen, la Presqu’île de Caen. population: 108 795 h Superficie: 25, 70 KM2 Densité: 4233 h/ KM2

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Le Canal

Le quai.

Friche portuaire. Réseau de rues secondaires. Plein: nouveau socle du quartier. Creux: espace de l’eau. Les quais contruits. Réseau de rues principales. Les berges naturelles.

L’Orne

1. Etat initial. Côté Canal, l’espace portuaire, les quais. Côté fleuve, un espace indéterminé, les berges. Un système de larges rues lient les deux rives.

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2. Travail sur la friche portuaire. Le linéaire végétal est le filtre entre l’espace du Canal et l’espace du fleuve.

4. Un réseau de rues vient renforcer le réseau existant. Des ruptures dans les berges créent des occasions d’habiter l’épaisseur de la Presqu’île.

3. Les berges de l’Orne restent des berges, des quais viennent ponctuer le linéaire.

5. L’excavation de canaux invite la marée à s’engoufrer dans l’épaisseur de la Presqu’île. Ils insufflent le sens à l’urbanisation. Les déblais, créent le nouveau socle du quartier (+ 1m).


La réception à Caen S’installer entre deux eaux 0

N

250 m

500 m

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1. Vidéo, trois images évolutives, Caen et son aire urbaine.

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2. Vidéo, Transvasement.

2 bis. Vidéo, Magnétisme.


Transmettre une recherche, un cheminement de pensée, un projet. Mon oral se déroulera en deux temps. Un temps de déambulation dans l’immense salle Edouard André. Celle-ci sera divisée en deux, afin de marquer les deux temps. Un temps d’exposition, invite à la déambulation, toutes mes recherches seront exposées sur un long déroulé, deux vidéos se feront face, La Mer et Caen. Un temps d’oral permet d’expliquer ma démarche, mon projet. L’exposition ne permet pas de saisir toutes clés pour comprendre le projet, seulement de plongée en Basse Vallée de l’Orne, Le son sourd de la Mer ampli l’espace, ainsi que ces vagues lancinantes projetées en format 6mx3,5m. L’oral est essentiel pour saisir l’ensemble du projet, de recomposer chaque phase qui composent mon travail. 3. Vidéo et son. Portrait de la Mer.

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Présentation, le 10 juillet à 10h, Salle Edouard André, ENSP Versailles.

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Ré fé ren ces

EXPOSITIONS # Donation Florence et Daniel Guerlain, dessins, Centre Pompidou, 2013. # Pierre Huyghe «Untilled (Liegender Frauenakt)», Centre Pompidou, 2014. # Maison de la Nature et du littoral, exposition permanente : l’Estuaire de l’Orne, 2014. # Musée de l’histoire de Caen, exposition : L’histoire industrielle de la Presqu’île de Caen, 2013. # Bernard TSCHUMI, Concept & Notation, Centre Pompidou, Paris, Mai 2014. # Vies en Transit, Adrian Paci, Jeu de Paume 2013. # La Traversée, Mathieu Pernot, Jeu de Paume, Janvier 2014. # Anywhere, Anywhere, Out of the Wolrd, Philippe Parreno, Palais de Tokyo, 2014. # Plus loin que l’horizon, Bruno Ulmer, Musée de la Méditerranée, Marseille-2014 # Exposition de dessins de Merce Cunningham et john Cage, New-York. FILMS # Bande à part, de Jean-Luc Godard avec Anna Karina, Claude Brasseur, Sami Frey. # L’amour existe, Pialat, 1960. # La femme des sables, Hiroshi Teshigahara, 1964. # L’homme qui dort, georges Perrec et Bernard Queysanne, 1974. # The CLOCK, installation vidéo de Christian Marclay, ‘‘24, 00, 00’’, 2010. # La Région Centrale, Michael Snow, 4’25, 1971. # Swamp, Nancy old et robert smithson, 6’06, 1971. # Francis Alÿs DOCUMENTAIRES # Estamira de Marcos Prado. # La Borde ou le droit à la folie, Igor Barrère. # Montpellier, place de la com’ - Lucie Lecherbonnier et Simon Robert, 2014. # La ligne de partage des eaux - Dominique marchais - 1h48, 2014. SPECTACLES # Sun, HOFESH SHECHTER, Théâtre de la ville, Décembre 2013. # Tauber Bach, les ballets C de la B et Alain Platel, Chaillot, 2013.

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ROMANS # Océan mer - Alexandro Baricco - ed. Folio, 1993 Ocano mare # Novecento : pianiste - Alexandro Baricco # Mobi dick de Herman Melville - adaptation théâtral par Fabrice Melquiot, ed. L’Arche. # Les étrangers - Sandor MaraÏ. # La petite Borde, Emmanuelle Guattari, ed. Folio. #Marcher, créer, Thierry Davila, Regard, 2010. ESSAIS # Les lieux et la poussière, sur la beauté de l’imperfection # Habiter - Jean-Marc Besse # Cartographie - Les carnets du Paysage N° - ed. Acte sud # Les villes invisibles - Italo Calvino # Eloge des frontières - Régis Debray - ed. Gallimard, coll. Folio, 2010. # Butor aux quatre vents suivi de L’Ecriture nomade par Michel Butor - chap. Ecrire sur la Terre - sous la direction de Lucien Dällenbach - ed. José Corti, 1997. # Le Livre des îles, Athlas et récits insulaires de la Genèse à Jules Vernes - Franck Lestringant - ed. Droz. #Voix dans le bruit de la pluie, l’heure présente et autres textes, Yves Bonnefoy, ed. Gallimard, 2014. # Une brève histoire des lignes, Tim Ingold - ed. Zones sensibles, 2011. ARTICLES # Un avenir sur le modèle Hollandais - Traits urbains, n°61, p. 56 à 59 # Vers le grand Caen - Traits urbains, n°38 # Caen Presqu’île choisit son projet urbain - Traits urbains, n°67 # Changement d’état, Kiss kiss my frog, de Francis Frog, Le Tigre n° 35, nov 2013. # La nuit n°8, Man and Dog, Photographies de Hajime Kimura, Mai 2014. # La fiction comme outil de projet de paysage, Claire Guezengar, Les Carnet du Paysage n°17, p. 104-113, Nov 2008. # Le mouvement brownien, J-P Kahane et Martin Andler, Emission radiophonique France Culture, Février 2014. # Les signaux 2014 – Une année en infographies, Dossier sur la DATAvisualisation, Courrier International n°1209, Déc 2013. TRAVAUX d’ETUDE # Résultat d’une campagne de sondages Faculté I - Ville de Caen - Léon Mornod -Dept. Fonds Normands - BU Caen, 1948. #DEA, Nature, environnement, société, géologie de surface et méthodes d’investigation de la mécanique des sols - Application ville de Caen - Moumem Ghayor, Nov 1993.

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Merci à Claire Trapenard, à Bruno Tanant pour l’investissement avec lequel ils m’ont encadré. Merci aux membres de mon jury, Laura Brunelière, Guillaume Leuregans, Yves Petit-Berghem pour leurs conseils, leur attention, leur écoute. Merci à Caroline Bigot, Alain Richert, Jean-Marc Lenton, Esther Salmona de m’avoir suivi d’un peu plus loin. Merci à Jean Michel Cador, géographe, directeur du département géographie de l’Université de Caen de m’avoir fait découvrir ce territoire par la géographie. Merci à Louise Sagot de m’avoir acceuilli dans sa ville de résidence étudiante, tout près de sa ferme aux projets participatifs. Merci à Jérôme Blanchard, de m’avoir transmis sa passion pour le Paysage. Merci à Nadia, Robert, Frédérique, et Pablo. Merci à Julien, Eunice et Ivanne pour leurs lectures, relectures et corrections. Merci à Alexis, Hortense, Thibaut, Glenn, Caroline, Manon A, Julien l’architecte, Manon H, Alex M et Alex M, Lucie P et Lucie L, Ambre, Chloé R et Chloé V, Agathe, Léo, Wieland et tous les autres. Ma Famille, mes Amis.




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