LA RURALITÉ DE ‘LA VALLÉE FRANCAISE’ (48) UN PROJET DE TERRITOIRE EN DEVENIR DE TERRE D’ACCUEIL
Hélène DUCLOUX Mémoire de Fin d’Etudes - 2016/2017 Directeur d’études: Marc CLARAMUNT
MEMBRES DU JURY PRÉSIDENT DU JURY Bruno RICARD
Ingénieur chef de projet au cabinet SINBIO Enseignant en hydrologie à l’école de la nature et du paysage, INSA CVL
DIRECTEUR D’ÉTUDES Marc CLARAMUNT
Directeur et enseignant à l’école de la nature et du paysage, INSA CVL Paysagiste DPLG
SECOND ENCADRANT Christophe DEGRUELLE
Président de la communauté d’agglomération Blois-Agglopolys Professeur de politiques territoriales à l’école de la nature et du paysage, INSA CVL
< Vue vers l’ouest sur Soultages au premier plan, et la Falguière à Gabriac, septembre 2016
PRÉAMBULE Tandis que la ‘métropolisation’ est un sujet d’actualité, dans la France entière, nous assistons à l’émergence de nouvelles campagnes. Il est proposé de changer de regard sur l’espace rural. Des apriori le considèrent comme en retard dans son développement. Pourtant, il est plutôt un milieu novateur, et cela par nécessité vitale. La créativité des ruraux est mise en avant. Elle leur permet de s’adapter aux changements, mais aussi d’offrir à la société des modes de vie alternatifs, différents, d’autres valeurs ainsi que des modèles organisationnels et institutionnels inédits qui se répandent souvent dans le reste de la société. Une déprise générale des bourgs est en cours. Cette expression de ‘‘déprise’‘, à connotation dépréciative, vise leur dépeuplement. Souvent, celui-ci découle d’une double difficulté : attirer de nouveaux habitants et retenir les populations. J’ai choisi, pour mon mémoire, de m’intéresser à la revitalisation de la ruralité. Je recherchai un site qui ne fût ni du péri-urbain, ni de la campagne mais du rural profond. Un site sur lequel l’influence de la ville est limitée et donc qui soit capable de puiser ses ressources ailleurs et de vivre par luimême. Mais également un site en phase de transition, où se confrontent les pratiques anciennes, encore bien ancrées, et les besoins contemporains. Ainsi, je recherchais en quelque sorte un site en quête d’une nouvelle identité. J’ai trouvé un lieu très singulier qui répond précisément à mes critères ; la Vallée Française*. Implantée au cœur des Cévennes, il s’agit d’un désert humain, moins peuplé que le Sahel. Ce lieu se révèle pourtant d’une vitalité insoupçonnée.
* La légende explique que la dénomination de vallée ‘‘française’’ date du VIIème siècle, lorsque les troupes de Charlemagne ont arrêté les Sarazins, à Moissac Vallée Française.
Il y a peu de temps, les Cévennes m’étaient encore complètement inconnues. Ayant grandi au cœur des Volcans d’Auvergne, j’ai toujours eu une attirance pour les montagnes. Lors de ma quatrième année à l’école de la nature et du paysage, j’ai effectué un stage au sein du Parc National des Cévennes. C’est à cette occasion que j’ai pu découvrir les Cévennes et quelle ne fut pas ma surprise ! Ce territoire m’a séduite pour son authenticité. J’ai travaillé essentiellement sur la commune de Florac (également souspréfecture de la Lozère), en tant qu’assistance à Maîtrise d’Ouvrage. Néanmoins, j’ai aussi suivi d’autres projets dans lequel le Parc est impliqué. Parmi eux, j’ai assisté à la première réunion de lancement du PLUi des Hauts Gardons. C’est de là que mon sujet de TFE a émergé. Entendre le témoignage inquiet des maires pour le devenir de leur commune rurale a suscité mon intérêt. J’ai donc fait le choix de m’interroger sur le devenir de cette ruralité, si typique soit-elle.
« Tout le monde s’en va peu à peu. Tenez, il y a une église, mais il n’y a pas de curé. Vous avez vu le château, en bas ? Il va s’écrouler un jour ou l’autre, ça c’est sûr. Mais qui vient ici ? Pour quoi faire ? » Propos recueillis à Jacques LACARRIÈRE Chemin Faisant, 1977
Glux-en-Glenne, par et rapportés dans
Au vu des nombreuses contraintes, notamment géographiques, comment un tel territoire peut-il se développer ? Quelle est sa capacité d’extension ? Et dans quelle mesure son développement avec l’accueil de populations peut-il être concilié avec l’identité, l’authenticité du lieu ? En bref, comment revitaliser cette vallée face au phénomène de désertification pour en faire une nouvelle terre d’accueil ? Cette étude s’intéressera aux besoins de la population, néoruraux et locaux confondus. Elle permettra d’identifier les facteurs qui favorisent la qualité de vie d’un lieu. Elle tâchera de donner des pistes sur les capacités d’évolution des communes et indiquera comment l’accueil de population peut avoir un impact positif sur le paysage.
NB :
En l’absence de mention de sources, toute illustration, photographie ou cartographie est un document personnel.
SOMMAIRE p. 3 à 25
INTRODUCTION Mise en contexte Découverte sensible p.10 Localisation du site d’étude p.20 Témoignage d’un local de longue date p.22
p. 26 à 57
PARTIE 1: UNE VALLÉE EMPREINTE DE FORTES VALEURS IDENTITAIRES Introduction p.29 Les fondements p.30 Une terre de ‘serres’ et ‘valats’ / Hydrologie / Climatologie Un territoire de contraste et de frontalité Un patrimoine naturel exceptionnel L’héritage du passé p.40 Un paysage façonné par l’homme Comparaison photographique Une terre de résistance Fermeture du paysage, témoin de la désertification Un espace boisé encore diversifié Une implantation humaine singulière p.52 Une constellation d’entités bâties Des bâtiments sortis droit du sol Un patrimoine architectural difficile à maintenir p.57 Conclusion : Un territoire singulier menacé p.59
p. 58 à 93
PARTIE 2: LE PAYSAGE HUMAIN, UNE ADHÉSION VOLONTAIRE DE LA POPULATION Introduction p.63 Bassin de vie p.64 À l’échelle du grand territoire À l’échelle de la vallée Sainte Croix, une centralité qui rayonne Tourisme et patrimoine p.70 Approche démographique et sociologique p.72
Une population atypique Des néoruraux jeunes et dynamiques Un choix de vie Qui habite le territoire ? p. 77 Une agriculture qui maintient le paysage ouvert p.80 Profil de l’espace agricole Une agriculture locale de qualité Cas concret: focus sur la ferme du mouton noir Approche prospective p. 86 40 ans plus tard... processus de désertification enclenché Vers une nouvelle habitabilité Conclusion : Les habitants, le levier de la revitalisation p. 93
p. 94 à 127
PARTIE 3: VERS UNE NOUVELLE HABITABILITÉ DE LA VALLÉE Introduction p. 95 Concept p. 98 Stratégie d’acteurs p.100 Rôle des acteurs État des lieux Les mouvements financiers Les projets à venir et souhaits des élus p.104 Synthèse p. 106 Enjeux et orientations p. 107 Schémas directeurs p.109 Vers une nouvelle habitabilité choisie Travailler une singularité paysagère identifiable Réaffirmer une vocation agricole paysanne Le projet territorial p. 114 Intentions de projet p. 116 Maîtriser le foncier Création d’une association foncière pastorale Maîtriser le processus de production Redonner envie de vivre en centre-bourg Références p.124
p. 128 à 138
CONCLUSION : REDONNER VIE À UN FUTUR DÉSERT Annexes p. 130 Bibliographie p. 134 Remerciements p. 137
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INTRODUCTION Mise en contexte Durant le mois d’Octobre, je me suis rendue dans les Cévennes avec un double objectif : parcourir le territoire afin de mieux l’appréhender et rencontrer des acteurs locaux. Durant une semaine, j’ai parcouru, tous les sens éveillés, ce territoire afin de bien m’en imprégner. Beaucoup de kilomètres parcourus en voitures le long de routes sinueuses, des arrêts pour profiter des points de vue, de l’écoute, de l’observation, des sentiers suivis à pieds, des arrêts croquis, ont ponctués mes journées. Je suis arrivée sans jugement préconçu afin d’avoir un regard aussi ouvert que possible pour permettre une lecture la plus juste possible. En parallèle, j’ai pu m’entretenir avec les maires de chacune des quatre communes de mon site d’étude. J’avais préalablement préparé un questionnaire, que j’ai adapté selon les cas. J’ai également rencontré le président de la Communauté de communes des Hauts Gardons et son agent de développement, ainsi que des habitants. Ces rencontres m’ont permis de soulever les particularités du site et les visions de chacun à propos de ce territoire. Cela a été très enrichissant et pourra par la suite être mis au service du projet. «Devant lui, dans la lumière matinale légèrement voilée, se déployait un vaste panorama de montagnes enchevêtrées et couvertes de forêts, avec, contre les versants les plus proches, l’éclat luisant et argenté des forêts d’ardoise, semblables à des écailles de poissons.» CARRIÈRE Jean, 1972, L’épervier de Maheux, prix Goncourt < Panorama vers l’aval de la vallée depuis l’aire Ventouse, au Pompidou, octobre 2016
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Découverte du site; premier regard
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Depuis les hauteurs, j’emprunte une route qui mène à la vallée. Les virages en épingle à cheveux se succèdent, je sillonne le versant et m’engouffre peu à peu dans les profondeurs de la vallée. Pas un bruit sinon le chant des oiseaux. Il n’y a que moi, seule face à la nature. Je perçois à l’horizon des bâtiments perchés sur les flans d’un versant. Une trace de l’homme, enfin !
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Je surplombe Le Pompidou depuis la route de la Corniche des Cévennes puis traverse ce village. Il n’y a pas de centralité apparente mais plutôt un village-rue, limité à 30 km/h par des ralentisseurs, récemment installés. Un petit commerce ambulant et quelques personnes âgées animent la rue. Quelques maisons de type pavillonnaire s’échappent de la forme du villagerue et contrastent avec les bâtis traditionnels.
Plus tard, je m’engage sur une petite route étroite qui descend le versant. La pente y est raide. Vais-je pouvoir faire demi-tour au vu l’étroitesse de la route ? Je retrouve des vestiges de châtaigneraies. Au bord de la route, des tas de bois empilés, puis une châtaigneraie bien entretenue annonce un premier hameau. Je frôle les maisons. Plus bas, je me retrouve derrière une navette scolaire: les enfants se rendent probablement à la cantine. Les virages s’enchaînent et offrent des vues dégagées sur le versant opposé. Je crois distinguer des magnaneries ça et là. Nous sommes habitués au poumon vert en coeur de ville. Ici, la lecture est inversée; l’homme ponctue l’espace de tâches ouvertes qui apportent une respiration parmi la couverture végétale dense et opaque.
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J’arrive à Ste Croix Vallée Française et me gare sans difficulté. Je traverse la passerelle et découvre des petits commerces et restaurants. Des ouvriers s’y retrouvent pour déjeuner. Il y a du monde ! Je poursuis et remarque des volets fermés pour la plupart. Maisons inhabités ou résidences secondaires ? Je finis par accéder aux berges du Gardon, non sans mal car une grande partie est privatisée par les jardins potagers. Je m’étonne alors de la transparence de l’eau qui me permet d’observer des poissons. Peu de temps après, un héron passe par là. 13
Je reprends la route en direction de Barre-des-Cévennes. En chemin, je croise la magnanerie de la Roque, signalisée par des panneaux d’information et un emplacement de stationnement. Les affleurements schisteux et les fougères rousses créent de jolis contrastes. En prenant de l’altitude, le paysage s’ouvre peu à peu. Les arbres se font plus timides jusqu’à parfois disparaître complètement.
Immersion photographique
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Les châtaigneraies
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Sur le sentier de la Roquette, Molezon, novembre 2016
Immersion photographique
Des paysages et des hommes
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Entre deux habitations, Ă Trabassac haut, en zone cĹ&#x201C;ur, Molezon, octobre 2016
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Vue en direction du château du Mazel, dos à la Magnanerie de la Roque, Molezon, octobre 2016
Immersion photographique
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Des ambiances végétales variées
1
2 4 3
1. Fougères et bruyères 2. Genêt à balais et bruyères 3. Pin maritime (Pinus maritima) 4. Sentier sous les chênes verts (Quercus Ilex)
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LOCALISATION
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Situation générale
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Légende Site d’étude Aire d’adhésion du PNC Coeur de Parc Cf. Etude toponymique en annexe, p. 132 et sa carte pour localiser les lieux-dits au cours de la lecture
En limite sud de la Lozère, la Vallée Française se situe au coeur des Cévennes, à tel point que certains l’appellent même la Cévenne des Cévennes. Le site d’étude ne comprend pas la vallée dans sa totalité mais se concentre sur quatre communes, en amont de la vallée. Le périmètre d’étude découle d’une part de la situation administrative: Barre des Cévennes ne fait pas parti de la même communauté de communes et n’est pas orienté vers le même bassin de vie. Les quatre autres communes de la CC, en aval, ne sont pas considérées non plus car au-delà de Sainte Croix, l’entité paysagère n’est plus la même.
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Ensemble du site: Nombre d’habitants: 700 Superficie: 65 km²
Le Pompidou 170 habitants - 7,6 hab/km² 23 km² de superficie
Gabriac 105 habitants - 12 hab/km² 8 km² de superficie
Molezon 90 habitants - 6 hab/km² 15 km² de superficie
Sainte Croix Vallée Française 330 habitants - 18 hab/km² 19 km² de superficie
TÉMOIGNAGE D’UN LOCAL DE LONGUE DATE D’après l’entretien réalisé le 17/10/16 à Gabriac auprès de Jean-Max ANDRÉ, maire de la commune de Gabriac et également agriculteur spécialisé dans le canard gras. De qui se compose la population de votre commune ? Il y a de tout, des néoruraux, des agriculteurs, et beaucoup de gens âgés malheureusement. Dix exploitants agricoles répartis sur environ 40 ha, dont une moitié de néoruraux. Les agriculteurs à Gabriac se maintiennent bien.
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Les agriculteurs n’ont pas trop de mal à vivre de leur métier ? Tout dépend du niveau de vie que l’on veut. Je pense que le SMIC suffit à beaucoup d’agriculteurs de Gabriac. C’est un choix de vie. Ça attirait des gens il y a 30-40 ans, et ça attire toujours mais il y a le problème du foncier. Des propriétaires qui possèdent pas mal de superficie ne veulent rien en faire. Ça appartient au privé, c’est très difficile à débloquer. À Gabriac on a été, je crois, la seule commune de France où on a fait ‘ferme relais’ avec bâtiment d’exploitation, il y a 15-16 ans de ça. C’était un projet très intéressant à monter à l’époque. Il a permis d’installer une famille au moment de la désertification. La coopérative du Pélardon collecte le lait de chèvre sur toute la vallée depuis 1959. C’était la première opération où les agriculteurs se sont regroupés pour travailler ensemble. Ça a donné un élan à la vallée française. Beaucoup de gens sont restés au lieu de partir travailler vers les villes dans le secteur de Nîmes ou Montpellier. La coopérative se chargeait de transformer ce lait et ça a donné un attrait à la Vallée Française. La coopérative a été le premier moteur à la consommation fromagère. Dans les années 50, tout le monde avait des chèvres, tout le monde faisait son fromage mais personne n’avait l’idée de vendre son fromage. Beaucoup de gens ont vécu de cette façon et continue à vivre ainsi. Ils ont pris la retraite, souvent ils sont remplacés par leurs enfants ou des connaissances donc l’exploitation continue à tourner. Suite à la Coopérative, il y a eu un SIVOM*. Il a été à l’initiative d’une zone artisanale. Les agriculteurs en ont profité pour monter un atelier de transformation de viande. Ça allait du mouton, au lapin, au cochon, au chevreau. Nous avons été 12 à 14 agriculteurs qui avons travaillé dans cet atelier. On a aussi créé une distillerie pour l’utilisation des roses, la confection d’huiles essentielles,… Dernièrement, il y a 4 ans, la communauté de communes a mis en place un atelier de transformation végétale pour les jus de fruits, les châtaignes,
« Beaucoup de gens âgés malheureusement »
La coopérative: « Ça donné un élan à la Vallée Française. Beaucoup de gens sont resté au lieu de partir »
* Syndicat Intercommunal à vocation multiple
les confitures aux normes européennes. Des personnes du Gard viennent profiter de cet atelier. Ça a été une volonté politique délibérée de tout faire pour maintenir les agriculteurs et les aider à vivre. Pour en revenir au paysage, c’est vrai que cela l’a modifié. Il y avait des bancels qui étaient abandonnées qui ont été par la suite remises en culture. Comment avez-vous vu évoluer ce paysage ? Je n’ai jamais voulu vivre ailleurs qu’ici. Je fais partie d’une famille nombreuse, 11 frères et sœurs. Quand j’allais avoir 11 ans, mon père m’a demandé ‘‘qu’est-ce que tu veux faire ?’’ Moi je reste ici. Je ne me voyais pas partir. Nous avons commencé ma femme et moi avec des chèvres. Ça a été difficile. La coopérative fonctionnait mal. On a développé notre production avec des canards gras. Personne ne faisait ça ici. Bien que nous n’ayons pas été aidés par la Chambre d’agriculture, on s’est débrouillé. Où vendez-vous votre production ? On a plusieurs points de vente : la maison de pays, magasin de producteur à Mende. Là aussi, ce sont des structures qui n’existaient pas avant. Ça date des années 80. Ça a obligé beaucoup de gens, alors qu’ils étaient réfractaires, à travailler ensemble. Ça a été une véritable révolution dans la vie agricole. Sur la commune de Gabriac, y-a-t-il des commerces ? On n’a pas de commerce non. On va au marché à Ste Croix, aux commerces aussi. Il y a tout à Ste Croix ; pharmacie, épicerie, boulangerie, bistrot, etc. Dans tous les commerces, c’est la communauté de communes qui a soutenu les porteurs de projet financièrement. Cela impose beaucoup de mobilité pour les habitants de Gabriac. Oui. La marche à pied, c’est pour le plaisir avant tout. Et puis autrement quand on habite ici, on prend la voiture. Il existe des covoiturages ? La communauté de communes est en train d’y réfléchir avec l’association «Voisine». Il est très difficile de définir les besoins de structures comme ça. Actuellement, tout le monde a une voiture. Après, il reste les personnes âgées qui ne peuvent pas conduire. Les personnes âgées de plus de 60 ans doivent représenter plus de 65% de la population de la vallée. On manque de jeunes. Il y a un défi à relever, avec les artisans qui arrêtent, les agriculteurs aussi... On va se heurter d’ici 5-10 ans à un départ en retraite de nombreux agriculteurs.
« Je n’ai jamais voulu vivre ailleurs qu’ici. »
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« Quand on habite ici, on prend la voiture. »
Quelle vision avez-vous à propos de l’agriculture ? Il y a deux secteurs. Au niveau de la Coopérative, ceux qui cèdent sont souvent remplacés. Sur 10 exploitations, 8 ont été reprises. La reprise familiale reste la bonne solution. Par contre, beaucoup de moutonniers ont arrêtés. C’est une production qui va à sa perte. Le cours de l’agneau, ou de la brebis est quasiment le même qu’en 1976. J’en suis effaré. Une brebis commandée 300 francs en 76, on la vend 60 euros. Il y en a beaucoup qui se mettent à l’élevage des chèvres. Y-a-t-il des partenariats avec la production de bois ? Quelques-uns. Tout le monde fait du bois pour son chauffage tout d’abord. Ensuite, quelques-uns se spécialisent en chèvre et bois, et font des piquets, du bois de chauffage, des planches. Alors que le châtaignier est l’arbre roi de nos vallées, on l’a laissé mourir par manque d’entretien. Maintenant, il y a des producteurs de châtaignes. Moi j’ai vu des châtaignes quand j’étais gamin qui faisaient vivre les familles. Maintenant, plus personne ne ramasse les châtaignes, sauf quelques exceptions pour la consommation personnelle. Quand je me suis marié, on ramassait 4 tonnes et demie de châtaignes par an. Quand on les vendait, si on gagnait 7000 francs, c’était le bout du monde. J’ai vu mourir et renaître les châtaigniers. En agriculture, ce n’est pas souvent qu’on voit cela. 24
« Alors que le châtaignier est l’arbre roi de nos vallées, on l’a laissé mourir par manque d’entretien. »
« J’ai vu mourir et renaître les châtaigniers. »
Quelles sont vos perspectives de développement en termes de logement ? A Gabriac, on sort du lot avec 62% de résidences principales. Il y a 6 logements vétustes qui sont mal isolés et inhabitable l’hiver. Ils appartiennent à des privés qui ne veulent rien en faire. Il y a une offre importante de gîtes. Certains sont devenus des résidences principales. Il y a une école au Pont Ravagers (maternelle), une à Gabriac (CM1 et CM2) et une à Ste Croix (CP, CE1, et CE2). Comment vous positionnez-vous par rapport au Parc national des Cévennes ? J’avais 13 ans lors de la création du parc. La population avait été consultée. 100% de la population de Gabriac était pour la création du Parc. Le Parc est-il toujours aussi bien perçu aujourd’hui ? Je pense que oui. Il y a eu quelques réticences lors de la charte et après ça s’est tassé. Des projets en perspectives ? Oui, la restauration d’une ancienne magnanerie à côté de la chapelle de Saint Jean. Elle a pris feu et depuis elle reste en ruine. Volonté d’installer des logements mais la commune à elle seule n’est pas capable de financer ce projet.
Les autres interviews sont accessibles en annexe, p.130
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Ancienne magnanerie Ă Gabriac, oĂš la commune aimerait faire des logements
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UNE VALLÉE EMPREINTE DE FORTES VALEURS IDENTITAIRES Introduction p.29 Les fondements p.30 L’héritage du passé p.40 Une implantation humaine singulière p.52 Un patrimoine architectural difficile à maintenir p.57 Conclusion : Un territoire singulier menacé p.59
« L’affranchissement aux contraintes territoriales mène à une amnésie territoriale et nous contraint à vivre dans des sites indifférents » MAGNAGHI Alberto, 2003
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INTRODUCTION Après l’approche sensible du site, nous allons découvrir, au cours de cette première partie, la vallée plus en détail par le biais du paysage physique. Le diagnostic va permettre de comprendre ce qui fait la singularité de ce territoire, quelles sont les valeurs qui forgent son identité. Ce diagnostic débutera avec la présentation du socle et des unités paysagères. Une rapide approche historique permettra de comprendre comment le paysage a évolué, pourquoi il réside ainsi aujourd’hui. Les dynamiques d’évolution actuelles seront exposées, avec le détail de l’implantation humaine dispersée. Nous nous rendrons compte que la singularité est menacée et risque potentiellement de disparaitre.
< Le Mas Bonnet, commune du Pompidou, septembre 2016
LES FONDEMENTS Une terre de ‘‘serres’’ et ‘‘valats’’ La Vallée Française fait partie de la Cévenne des Hauts Gardons, située dans le sud de la Lozère. Son identité paysagère et culturelle repose sur la dominance de la roche de schiste et un climat méditerranéen de type montagnard marqué par les ‘’épisodes cévenols‘’, de fortes précipitations ponctuelles. Pays de vallées profondes, les ‘’valats‘’, séparées par des crêtes aiguës, les ‘’serres’’, le territoire présente de forts dénivelés issus d’un réseau hydrographique dense et complexe. Il s’étend de 800 m à 300 m d’altitude depuis la corniche jusqu’à Sainte Croix Vallée Française. Cette vallée schisteuse très encaissée a un profil en ‘V’, offrant un ruban alluvionnaire étroit. Le sol schisteux, argilo-limoneux et acide est relativement superficiel. Le sous-sol est surtout composé de schiste, de micaschiste mêlé d’un peu de quartz. Ces roches métamorphiques de l’ère primaire proviennent du socle ancien qu’est le Massif Central. Ces sols non-calcaires sont légèrement acides.
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Le Pompidou 780 705 500
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D Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
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Hydrologie La Vallée Française est constituée d'un réseau hydrographique complexe. Plusieurs ruisseaux prennent la dénomination de Gardons : Gardon de Saint Jean, Gardon de Saint Germain, Gardon de Sainte Croix, etc. On parle souvent des Gardons plutôt que du Gardon. Le Gardon de Sainte Croix prend sa source en contre-bas de Barre des Cévennes. Il traverse la vallée, rejoint le Gardon de Mialet, ensuite le département du Gard en passant par Anduze pour finalement rejoindre le Rhône. Le bassin versant du Gardon s'étend sur plus de 2000 km² et concerne environ 150 communes. La situation du bassin est contrastée. En amont, la zone de la Cévenne des Hauts Gardons, au niveau du bassin versant de Mialet, dispose de peu de réserves en eau. Cela s’explique par la nature géologique des sols. Les prélèvements y sont généralement assez modestes mais potentiellement impactant en lien avec le peu de ressource disponible et la fragilité des milieux.
CHIFFRES-CLÉ 1500 mm/an en Cévennes 700
Source: Météo Express, 2015
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Le Gardon de Mialet, site Natura 2000 Bassin versant du Gardon Nîmes
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
mm/an, moyenne nationale
Rhône
Climatologie Le socle géologique se trouve dans un contexte particulier. En effet, la longue dorsale montagneuse qui s’étire du nord vers le sud constitue une ligne de partage des eaux et une limite entre les climats océanique et méditerranéen. En Vallée Française, la pluviométrie est certes importante mais mal répartie sur l’année : elle se concentre en automne avec des moyennes mensuelles de 300 mm en octobre contre 60 mm en juillet. On comprend donc pourquoi on parle d’épisodes cévenols. En outre, il est parfois possible d’assister à des sécheresses estivales importantes. Cela a de nombreuses répercussions, ce climat amplifie de fortes érosions. Le schiste étant imperméable, l’eau ne s’y infiltre pas mais ruisselle vers les valats, façonnant le relief accidenté. Ce ruissellement provoque des glissements de terrain et des problèmes d’inondation en fond de vallée. L’écologie des habitats naturels est mise en danger à cause de l’érosion de la terre végétale. Elle induit une baisse de la fertilité des sols et donc un appauvrissement. Autrefois, les constructions humaines constituaient un gigantesque système de drainage des pentes. L’eau était canalisée par les béals*, la terre était retenue par les bancels. Les tancats, construits en travers des ravins, permettaient de filtrer l’eau et de retenir la terre charriée. Aujourd’hui, ces constructions se perdent faute d’entretien. La formation d’embâcles est fréquente et peut causer des problèmes en aval.
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*Canaux d’irrigation des terres et des moulins suivant les courbes de niveaux
Il paraît donc important d’agir en amont, là où se trouve l’origine de l’ampleur des impacts du ruissellement pluvial à l’aval.
Focus sur les épisodes cévenols J’avais entendu parler des épisodes cévenols. Désormais, je les ai vécus. C’était lors de ma venue sur le site en novembre. Cela commence par un rideau de pluie qui réduit la vue à quelques mètres, des cascades surgissent des bas-côtés, des torrents déferlent sur les routes, des parcelles inondées, pour ensuite finir dans le cours d’eau déchaîné qui frappe violemment les parois de schiste qui lui résistent encore. Cela est accompagné de coups de tonnerre et de coupures d’électricité, cela pouvant durer plusieurs jours d’affilée. Les épisodes cévenols ne sont pas une légende. La station météo du Mont Aigoual indiquait une pluviométrie de 120 mm/ 24h, avec un record de 19 mm/h. Une photo à l’appui depuis la route D983 entre Barres et Biasses. Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Depuis la route D983 entre Barres et Biasses
UN TERRITOIRE DE CONTRASTE ET DE FRONTALITÉ Les unités paysagères
L’ANNONCE DE LA VALLÉE
Au sein de la vallée, différentes unités se distinguent par leur fonctionnement, leur relief et leurs ambiances. L’analyse qui suit permet de les identifier et de les qualifier. Avoisinant les 1000 mètres d’altitude, la vallée Française se découvre, encadrée à l’ouest par la Can Noire et à l’est par le village de Barre des Cévennes. L’élevage bovin est présent et représentatif. Les vues sont nombreuses, ouvertes et lointaines sur la vallée. Surplombant, spectacle sur la vallée
En contre-bas, le long des pentes schisteuses et abruptes, le Gardon prend timidement sa source. Il est discret et très peu accessible. Une route d’accès difficile et dangereux relie quelques habitations, qui semblent perdues. L’espace est très contraint par la topographie, ce qui en fait un lieu intime. Ce sentiment est d’autant plus renforcé par la fermeture visuelle liée à la végétation dense et continue.
LE VALAT FERTILE
LE VALAT CONFINÉ
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Secret, caché, enclavé
À partir du hameau de Biasses, le Gardon commence à devenir plus lisible et cela va en s’accentuant en descendant jusqu’à 330m d’altitude, à Ste Croix, grâce à la route longeant le cours d’eau et à l’élargissement sensible du valat. Bien que restreinte, les terres alluvionnaires plus fertiles permettent une agriculture vivrière. L’ensemble est jalonné de petits sites bâtis.
Confiné, étroit, habité
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
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du
Sud
Vallée de Gabriac
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
1
2
3 km
N
L’ARTÈRE DE LA CORNICHE
36
LE POMPIDOU ET SES BOCAGES
LE VASTE PLATEAU PÂTURÉ
En limite ouest Au nord-ouest, la Can de l’Hospitalet marque un seuil. Traversé par la route de la corniche des Cévennes, ce plateau repose sur un socle calcaire. Là s’étendent de vastes terres d’où émergent, ça et là, quelques hêtres majestueux isolés. Le regard se promène sans réelles barrières visuelles. Ouvert, étendu, plat
En poursuivant la route de la Corniche, après des virages en épingles, on parvient, à 780 m d’altitude sur le col où s’est implanté le village-rue du Pompidou. Entouré de champs, encore délimités par des haies bocagères, une scène de campagne est évoquée. Des vues sont possibles sur la Vallée Française mais également sur la Vallée Borgne, à l’ouest.
Prairies champêtres, dominant
La route de la Corniche se prolonge au-de là du Pompidou où elle marque la limite ouest de la vallée. Relativement large, elle est une des rares routes où l’on peut atteindre une vitesse normale. Elle draine un flux de touristes, auxquels elle offre un panorama aménagé à l’aire de Ventouse à 850m d’altitude. Autrement, les vues sont restreintes à de brèves ouvertures lorsque le rideau végétal s’interrompt.
Structurante, rapide
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
La vallée de Trabassac est une entité bien à part, qui semble refermée sur elle-même. Elle offre un paysage qui semble arrêté, comme figé dans le temps. Elle est située exclusivement en zone cœur de parc. Les habitations sont rares et sont restées authentiques.
Au-delà de Sainte Croix, le territoire marque une transition avec une présence importante de pins maritimes. Cela évoque le sud. Les prochaines habitations présentent des toitures en tuile d’argile.
VALLÉE DE GABRIAC
Agricole, dynamique 37
VALLÉE DE TRABASSAC
La commune de Gabriac prend place sur des versants sensiblement moins abrupts et hostiles. Elle s’étale sur différents hameaux, entourés de parcelles cultivées et de châtaigneraies entretenues. Des prairies récemment grignotées sur la forêt traduisent l’essor de l’activité agricole.
Denses, fermées
Préservée, contemplatif, paisible
L’ÉVOCATION DU SUD
De part et d’autre de la Vallée Française, les pentes boisées illustrent la fermeture du paysage. L’homme paraît ne plus y avoir sa place. Impénétrable, et dense, on y trouve des reliquats de bancels et de châtaigneraies abandonnées.
LES PENTES BOISÉES
En limite est
Transition, pins, sec
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
UN PATRIMOINE NATUREL EXCEPTIONNEL reconnu et préservé par une forte protection règlementaire
1985
1970
Un territoire reconnu de longue date
2011
Le territoire est triplement labellisé par le Parc national des Cévennes, le patrimoine mondial de l’UNESCO et en tant que site Natura 2000. Ce cadre exceptionnel offre une nature environnante extrêmement protégée et entretenue. Ces espaces naturels font l’objet d’une approche défensive de sauvegarde. Ils sont caractérisés par des inventaires de naturalité et protégés par des interdictions. En ‘zone cœur’ de Parc par exemple, toute nouvelle construction est proscrite, ce qui fige tout développement. Les bâtiments agricoles et la rénovation d’habitations existantes sont toutefois autorisées sous réserve de l’accord d’un architecte du Parc.
Parc National des Cévennes
Réserve de Biosphère
Paysages culturels agropastoraux des Causses et Cévennes
Site Natura 2000 Le Gardon de Mialet Réserve de Biosphère 38
Source: MNHN - SPN, IGN BD Topo, Alti Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
ZNIEFF Type 1, intérêt biologique remarquable Type 2, grands ensembles naturels
ZICO Zone d’Importance Communautaire pour les Oiseaux Sauvages
39
NATURA 2000 Oiseaux Habitat
N
0
1
2
3 km
Source: Géoportail.fr Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
L’HÉRITAGE DU PASSÉ Un paysage façonné par l’homme La confrontation du paysage d’aujourd’hui avec celui d’hier permet de mettre en évidence les évolutions qui se sont opérées.
Paysage d’hier...
40
Autrefois, le paysage était construit de toute pièce par l’homme. Il résultait du travail opiniâtre de générations d’artisans et d’agriculteurs qui se sont succédées. Autour des villages, les versants étaient ordonnés par une cascade de terrasses cultivées, les bancels. Suivant les courbes de niveau, ces murs de pierres sèches retenaient des bandes étroites de terres. Plusieurs cultures s’y sont succédées : des cultures fourragères et des vignes au XIVème siècle, puis les vergers de châtaigneraies et de mûriers à partir du Moyen-Age. L’homme était l’artisan du paysage.
Sainte Croix et ses terrasses, début du XIXè siècle
Source: Archives départementales de la Lozère
Croquis de Sainte Croix en 2016 Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
1
...et d’aujourd’hui Aujourd’hui, on constate une déprise agricole généralisée. Elle se traduit par une fermeture du paysage. Les sommets s’enfrichent et ont subi par endroit un enrésinement de pins sylvestre, Pinus sylvestris et maritimes, Pinus maritima. Les bancels ont été reconquise par la forêt, les vergers sont devenus des taillis* faute d’entretien. Quelques mûriers résiduels persistent ponctuellement aux abords des habitations. Temple, cimetière, cyprès et église sont encore présents dans les villages et hameaux. Ces éléments témoignent de l’affrontement entre catholiques et protestants. Des bâtiments isolés ou dans les bourgs tombent en ruine tandis que de nouvelles constructions pavillonnaires commencent à s’étaler. L’homme n’est plus l’acteur dominant. «La beauté de cette Cévenne des Cévennes est celle d’un pays âpre auquel les hommes se sont éperdument accrochés, luttant pied à pied contre une nature hostile, violente, bâtissant ce paysage architecturé de murets, de terrasses, de canaux, aujourd’hui trop souvent enfouis dans la végétation.» COCHET Gilbert * Mode de gestion des espaces forestiers par recépage
2
3
1
Surface agropastorale
2
Verger de châtaigniers et de mûriers
3
Magnanerie et cyprès
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Bancels exploitées
5
Hameau regroupé entouré de cultures vivirères
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Culture de seigle
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Moulin
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1
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1
Fermeture des crêtes et enrésinement
2
Taillis de châtaigniers
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Ruine isolée
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Bancels en partie abandonnées
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Nouvelles constructions sur les terres alluviales
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
COMPARAISON PHOTOGRAPHIQUE
1. Au Pompidou, sur le col, la strate arbustive a évolué en strate arborée, fermant ainsi les vues. La route de la corniche n’est plus aussi dégagée. L’urbanisation a débordé de l’axe principal. Les bocages sont encore présents mais plus discrets.
42
2. La route du centre du village du Pompidou a été aménagée avec des trottoirs, des ralentisseurs et des places de stationnement. La voiture est plus présente sur l’espace public. Les platanes sont encore présents. Des essences ornementales (ici un conifère) se sont développées. L’église est toujours là, mais les travaux de restauration de l’intérieur n’ont pas pu être finalisés faute de financement suffisant.
3. À Biasses, en fond de vallée, les bancels se sont effacées. Temple et église sont toujours présents. Un saule pleureur s’est installé au bord du Gardon, complétant la ripisylve.
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
1900-1918
2016
43
Source des cartes postales anciennes: Archives dÊpartementales de la Lozère Partie 1 : Une vallÊe empreinte de fortes valeurs identitaires
L’HÉRITAGE DU PASSÉ Une terre de résistance À la fin du néolithique, les premières communautés agro-pastorales se sédentarisent. Les premiers villages se construisent avec le début de l’agriculture et de l’élevage.
3000 habitants en 1830 700
habitants aujourd’hui
27%
des habitants sont des agriculteurs en 1954
12%
d’agriculteurs en 1975 de cocon produit en 1850
25 000 t 300 t
seulement en 1865
1850
Fondation du Club Cévenol des Causses et des Cévennes
1900
AGE D’OR DES CÉVENNES
1911-1921
Plantation massive de pins maritimes et sylvestre suite à une maladie du châtaignier
1891
FORT EXODE RURAL Prime pour le relancement des vers à soie suite à la concurrence de la soie orientale
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
1914
1800
Stevenson, écrivain traverse les Cévennes
1894
Maladie de la pébrine atteint les vers à soie
1878
La frise chronologique qui suit reprend les principaux événements qui ont marqué la Vallée Française à partir de 1800.
1870
44
Durant l’époque médiévale, un grand nombre d’églises et de monastères s’érigent (les églises St-Flour-du-Pompidou, et Notre-Dame-de-Molezon en témoignent sur le site d’étude). Les activités humaines marquent alors décisivement les paysages cévenols avec les châtaigneraies cultivées, les bancels, les équipements hydrauliques et béals. Il s’en suit, au XVIème siècle, des conflits destructeurs entre protestants et catholiques. Puis, les anciennes querelles sont ravivées au début du XVIIIème siècle au cours de la guerre des Camisards. La culture et l’identité cévenoles, forgées dans la longue résistance de ce pays de tradition protestante à la persécution religieuse, sont aujourd’hui encore très vivantes. De nombreux lieux de mémoire sont attachés à ces événements. La route royale de Nîmes à St Flour est construite durant cette période. Restaurée au XXème siècle, elle deviendra la route de la Corniche des Cévennes. Le XVIIIème siècle voit le développement de l’élevage du ver à soie, entraînant souvent l’agrandissement des maisons par l’aménagement de magnaneries, comme celle de la Roque, aujourd’hui aménagée pour l’accueil des touristes. La création du Parc National des Cévennes amorce une nouvelle dynamique pour donner une nouvelle image du paysage entre conservation et innovation.
CHIFFRES-CLÉ
1ère Guerre mondiale Début du déclin des villages
BARRE DES CÉVENNES
Ancien temple de Molezon, détruit lors des guerres de religion
Ancien Temple
MOLEZON
vers St Flour Tour du Canourgue
LE POMPIDOU
STE CROIX VALLÉE FRANÇAISE
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GABRIAC ni
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Tour de guet du Canourgue, XIIèmes
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1
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45
> vers Nîmes
3 km
Magnanerie de la Roque
Source: carte d’Etat Major, 1820-1866
Création de la Coopérative laitière du Pélardon Nouvel élan pour la vallée
2000
1950 1950-1970
1959
Loi d’interdiction de cépages issus d’hybrides (vignes non greffées issues de bouturages)
Obtention de l’AOC Pélardon
DÉCLIN DE L’AGRICULTURE
Fermeture de la dernière filiature de soie cévenole
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
1970
Formation des Maquis Cévenols
1965
Fermeture du paysage
1943
1935
Monument historique
Création du Parc National des Cévennes
L’HÉRITAGE DU PASSÉ Fermeture du paysage, témoin de la désertification La déprise agricole et l’exode rural ont conduit à la fermeture progressive du territoire. Cette dernière a été tellement importante qu’aujourd’hui la majorité de la vallée est recouverte. Seuls les espaces autour des habitations et quelques prairies aux alentours demeurent ouverts et apportent une respiration au paysage. On peut dire que le paysage d’aujourd’hui n’est plus vraiment choisi ; il est devenu involontaire, échappant à tout contrôle. Il subit les conséquences du déclin des pratiques agricoles, notamment la castanéiculture et la sériculture, qui autrefois faisaient vivre les cévenols. Il peut même paraître non-désiré, comme a pu l’exprimer le président de la communauté de communes lors d’un entretien : « Le paysage emblématique, on ne le voit plus. C’est comme si on avait tiré un rideau d’arbres. » . Les ouvertures visuelles se bouchent peu à peu. L’homme semble être dépassé. Au cœur de cette vallée, il n’est plus le paramètre dominant sur la nature. Désormais, il intervient pour préserver. Cette prise de conscience s’est traduite par la création du Parc national des Cévennes.
Jean Claude, local de longue date
Le paysage emblématique, on ne le voit plus. C’est comme si on avait tiré un rideau d’arbres.
46
De 1850 à nos jours
CHÂTAIGNIER ARBRE À SOIE DÉMOGRAPHIE 1850
Maladie de la pébrine atteint les vers à soie
1870
Plantation massive de pins maritimes et sylvestre suite à la maladie de l’encre du châtaignier
1891
Prime pour le relancement des vers à soie suite à la concurrence de la soie orientale
1900 FORT EXODE RURAL Introduction de nouvelles espèces de châtaignier
1914-18
ET 1939-45
1ère et 2nde Guerre mondiale Début du déclin des villages Déclin de la châtaigneraie stabilisé pour nourrir les populations
Situation en 1850
Situation en 2000
MOLEZON
LE POMPIDOU GABRIAC
STE CROIX
Forêt
47
Déboisement
1950 DÉCLIN AGRICOLE 1959 Fermeture du paysage
Création de la Coopérative laitière du Pélardon Nouvel élan pour la vallée
1960
Vague de nouvelles populations
1965
Fermeture de la dernière filiature de soie cévenole
1970
Création du Parc National des Cévennes
2000
Obtention de l’AOC Pélardon
‘L’arbre à pain’ et ‘l’arbre d’or’ La castanéïculture et la sériculture ont fait partie intégrante de l’histoire de la vallée et participent encore aujourd’hui à sa singularité. Châtaigniers et mûriers relictuels témoignent de ses activités. Le châtaignier et les Cévennes, ce sont mille ans d’histoire. Le cévenol a vécu par et pour le châtaignier. Appelé ‘arbre à pain’, cet arbre nourricier a été la première ressource alimentaire des Cévennes et a permis aux populations de se maintenir durant les épisodes de guerre. Même si, aujourd’hui, la présence du châtaignier s’amenuise sur le terrain, sa dimension culturelle demeure. Il est devenu un symbole auquel les locaux sont fortement attachés et s’identifient. Le Châtaignier, Castanea sativa, n’a pas était importé mais est une espèce indigène. Il doit toutefois son développement à l’homme, qui l’a fait vivre et réciproquement.
48
Cette essence silicicole*, qui ne tolère pas un taux de calcaire supérieur à 4% est bien adaptée au sol acide de la vallée. On ne la trouvera plus aux abords du Pompidou, en limite nord-ouest, où le sol devient calcaire, ainsi qu’au-delà de 850 mètres d’altitude, où le climat hivernal devient un facteur limitant. Son bois, riche en tanin, est apprécié pour les piquets et les charpentes. Les termites ne s’y aventurent jamais en profondeur. Il possède aussi la propriété d’être imputrescible. Ses feuilles peuvent servir de fourrage. Il participe également au terroir ; ses fleurs donnent un délicieux miel de châtaignier et ses fruits font l’objet d’utilisations variées en cuisine. Alors que le châtaignier a engendré une économie de subsistance, le mûrier, quant à lui, a suscité une économie de marché : vente de feuilles, de cocons, et de soie. Cela lui a valu le sobriquet de ‘l’arbre d’or’. Il a laissé moins de traces dans la vallée. En effet, le Morus alba, est aujourd’hui plus discret. On le retrouve ponctuellement sur les places de village, remplaçant le traditionnel platane, ou à proximité des magnaneries. Elle est parfois réutilisée comme arbre d’ornement.
Sujet remarquable classé situé au hameau de gîtes touristiques Le Claus, à Gabriac Il aurait besoin d’être élagé mais cela est estimé à 3000€, ce n’est pas la priorité. Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
* Plante adaptée aux sols siliceux
Les clèdes et les magnaneries Par ailleurs, la castanéiculture et la sériculture ont aussi laissé derrière elles un patrimoine bâti : les clèdes et les magnaneries. Les clèdes sont des cabanons de taille modeste, servant de séchoir à châtaignes. Toujours adossés à la pente, ils sont composés de deux niveaux. Au rez-de-chaussée, un feu était allumé durant près d’un mois. A l’étage, les châtaignes étaient disposées sur un plancher à claire-voie : la claie, que l’on nomme ‘’clède’’ en occitan, d’où son nom. Chaque châtaigneraie possédait sa clède. Aujourd’hui, on les redécouvre, recouvertes par la végétation au détour d’un chemin. Les magnaneries, quant à elles, se réfèrent au ‘’magnan’’, le vers à soie. Des étages entiers sont parfois venus rehausser les maisons, avec de nombreuses et petites ouvertures et quantité de cheminées nécessaires à l’aération et au chauffage de la pièce où grandissaient les magnans. Lorsqu’elles étaient bâties indépendamment de l’habitation, les magnaneries respectaient une orientation idéale à l’élevage des vers à soie.
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Quelques mûriers relictuels, sous la magnanerie de la Roque
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Un espace boisé encore diversifié Malgré la prédominance du châtaignier, la couverture boisée est encore diversifiée. On trouve de nombreuses essences parmi les feuillus et les résineux. On peut cependant s’interroger sur son devenir. Plusieurs constats sont inquiétants.
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Pour commencer, l’état des châtaigniers est préoccupant. Suite au manque d’entretien, et aux coupes drastiques pour récupérer le tanin notamment, ceux-ci ont été considérablement affaiblis. Un rapport d’étude sanitaire sur la châtaigneraie cévenol conclut de la manière suivante. ‘’Les données chiffrées obtenues grâce à cette étude mettent en évidence de manière précise un dépérissement généralisé de la châtaigneraie cévenole. Dans leur grande majorité, les châtaigniers à bois, issus de taillis ou d’anciens vergers à faciès forestier sont affectés par différents problèmes sanitaires. Ces symptômes se traduisent par de la mortalité ou un affaiblissement fort. Lorsque leur état sanitaire n’est pas encore remis en cause, les arbres présentent souvent des signes avantgarde inquiétants (descente de cime, présence de chancre, défoliation partielle…). ’’ De ce fait, un cumul de facteurs fait état du dépérissement des châtaigneraies : sècheresse due au changement climatique, âge avancé des peuplements et épuisement des souches, absence de sylviculture engendrant la concurrence des autres arbres ainsi que l’arrivée du cynips, ajouté au chancre et à la maladie de l’encre déjà répandues.
Si aucune mesure n’est prise, les peuplements de châtaigniers, symbole fort identitaire et ressource territoriale éventuelle, vont évoluer naturellement et perdront leur fonctionnalité. Par ailleurs, certaines essences se développent trop rapidement aux dépends des autres. Elles deviennent envahissantes. C’est le cas des chênes verts, Quercus ilex et des pins maritimes, Pinus maritima. De provenance du sud, ils remontent progressivement. Il y a quelques décennies, ils étaient encore absents en Vallée Française. Leur colonisation pose problème car ils vont conduire à une homogénéisation de la couverture boisée. Les ambiances végétales ne seront plus aussi variées. L’image de la vallée ne sera plus aussi nuancée. De plus, cette homogénéisation aura des conséquences sur la biodiversité ; la richesse écologique sera amoindrie car les milieux d’habitats ne seront plus diversifiés. De surcroît, le développement de ces deux espèces amplifiera le risque d’incendie. La fermeture du paysage présente des difficultés pour la régulation de la diversité de la population animale. La surpopulation de sangliers cause des dégâts sur les terres agricoles, malgré l’action des chasseurs, insuffisante. Ces faits mènent à un même et unique constat : la nécessité de gestion de l’espace forestier.
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
BARRE DES CÉVENNES
MOLEZON
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STE CROIX VALLÉE FRANÇAISE
LE POMPIDOU
Légende
GABRIAC
Châtaignier Chêne vert Pin maritime Hêtre Pin sylvestre Résineux indifférencié Feuillu indifférencié Essence mixte dont résineux et feuillus
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
UNE IMPLANTATION HUMAINE SINGULIÈRE Une constellation d’entités bâties L’homme occupe la vallée par une constellation de petites entités. Mas isolé, hameau, ou encore petit bourg ponctuent le paysage. Parfois très difficile d’accès, certains demeurent à l’état de ruine. Le rapport entre l’architecture et la nature est essentiel. On compte autant de maisons parce que les matériaux étaient gratuits, telles la pierre ou l’ardoise. C’est dans et par la nature que se construisaient l’habitation et les dépendances de l’homme. Economiser l’espace pour l’agriculture s’avérait la contrainte majeure, ce qui explique certaines subtilités et audaces architecturales, des encorbellements osés et des hauteurs particulières. L’homme prenait pour lui le moins de place possible. Il laissait le reste, l’essentiel, aux animaux et aux cultures. Les formes des constructions dépendaient des cultures pastorales, céréalières, fruitières, en usage. En regardant plus en détail, on peut distinguer trois catégories de typologies bâties. Bâtiment en ruine à proximité de la Magnanerie de la Roque
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Village de col
Village de pente Village de crête
Château du Mazel, Molezon
Château
Ferme isolée
Village rue
Mas et ses bancels Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Un fond de vallée, jalonné de petits sites bâtis Dans le ruban étroit de la vallée, le bâti est regroupé par petites entités linéaires construites hors des zones inondables. Discontinues, elles ponctuent la vallée. On peut identifier d’amont en aval Biasses, la Rouvière, le Pont-Ravagers, Mialet puis Sainte Croix Vallée Française, l’unique véritable village, avec plus d’épaisseur. La disposition du bâti d’origine préserve systématiquement les terrains alluvionnaires de la vallée, où jardins et prairies sont installés. Au plus près du cours d’eau, on trouve les terres cultivées puis un peu plus haut, la route parallèle au cours d’eau autour de laquelle s’organise le bâti. Des encorbellements permettent de gagner de l’espace et préservant les terres. Les constructions sont alignées et resserrées au plus près des voies ou en bas de pente, formant des petits hameaux-rue caractéristiques, comme au Pont-Ravagers. Des escaliers entre les maisons permettent d’accéder à l’arrière des constructions, d’où débutent déjà les versants. Les terres agricoles prennent l’espace que leur offre l’épaisseur du fond de vallée.
Construction en encorbellement à Ste Croix
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Axe de circulation Jardins potagers Le Gardon de Ste Croix
Front bâti continu
Front bâti, au pied du versant, Ste Croix
Troupeau de chèvre en fond de vallée
Prairies
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Une trame de hameaux dispersés sur les versants Sur les versants s’ancrent les hameaux de pente et de crête. Les bâtiments doivent s’adapter à de forts dénivelés. Ils s’orientent en respectant les courbes de niveaux avec une ligne de faîtage soit parallèle, soit orthogonale. Souvent construits sur trois niveaux, les étages sont intégrés dans la pente. Ainsi, depuis le haut de la pente, le bâtiment paraît n’avoir qu’un étage. Tout autour, les bancels (également appelées faïsses) façonnent le paysage. Ces terrasses maintenues par des murs de pierres sèches offrent des surfaces cultivables. A proximité se trouvent les châtaigneraies. Hameau de pente
C’est également sur les versants que s’implantent des bâtiments seuls, isolés. Parmi eux, on compte les clèdes et les magnaneries.
Bancels Route étroite et sinueuse
Châtaigneraie
Prairie
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Hameau de crête
Bâti intégré dans la pente
Hameau et ses bancels
Potagers et vergers
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Implantation d’un bâti à trois étages dans la pente
Des ‘villages-rues’ implantés sur les cols Ces villages sont souvent les plus développés car situés sur des voies de circulations anciennes. La commune du Pompidou en est une parfaite illustration: elle est située sur l’ancien itinéraire qui reliait Nîmes à St Flour, devenue depuis le XIXè siècle la corniche des Cévennes. Perchée sur les hauteurs, elle est la plus facile d’accès. Elle se construit de façon linéaire, le long de la route principale de manière à composer un front bâti continu. Parfois, une seconde rue parallèle donne plus d’épaisseur au village. Eglise et temple sont présents. Les maisons hautes, étroites et mitoyennes constituent l’image classique des bourgs cévenols. Les maisons de village ont des formes très simples avec des travées de fenêtres et de portes alignées.
Le Pompidou, sur son col
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Axe principal Temple Eglise Parcelles agricoles
Rue secondaire, Le Pompidou
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
Des bâtiments sortis tout droit du sol, détail des matériaux. Il apparaît évident que le bâti traditionnel cévenol est construit à base de matériaux trouvés sur place. On peut même dire qu’ils sortent tout droit du sol. Les toitures en lauze de schiste, reposent sur des charpentes en châtaignier. Les murs sont constitués de pierres de schistes. Portes et fenêtres du bâtiment sont orientées en fonction de l’ensoleillement, surmontées par des linteaux de châtaignier ou de pierre. Des blocs de quartz ou des galets colorés viennent éclairer les murs de schiste sombre. Ces constructions traditionnelles sont particulièrement intégrées à leur environnement. Elles contribuent fortement à l’identité de la vallée. Parmi ces missions, le Parc National des Cévennes contribue à la sauvegarde de ce patrimoine architectural. Les maisons situées en ‘zone cœur’ peuvent être rénovées selon des critères bien précis et sous conseil d’architectes du Parc. Habitation avec une toiture en Lauze de schiste, dans la vallée de Trabassac
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Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
UN PATRIMOINE ARCHITECTURAL DIFFICILE À MAINTENIR Quelques écarts... Certaines constructions, plus récentes, ne respectent pas ces caractéristiques d’implantation traditionnelle. Au Pompidou, les bâtiments type pavillonnaire dénotent fortement de l’organisation linéaire du village. L’orientation des lignes de faitage, les matériaux utilisés et les terrassements ne respectent pas le site naturel. De même, la construction plus récente de bâtiments agricoles est parfois très visible ! Il n’existe pas de zone tampon entre l’aire d’adhésion du Parc et la ‘zone cœur’. Cela mène parfois à des vis-à-vis qui créent des tensions. La construction de nouvelles habitations est, hélas, toujours moins coûteuse que la rénovation. Cependant, il convient donc d’être très vigilant sur les installations à venir si l’on souhaite conserver l’identité cévenole.
1 2
1. Ecarts pavillonaires non intégrés dans la pente, Le Pompidou 2. Pavillon avec toit en brique, Gabriac
3 4
3. Logement pavillonaire, Le Pompidou 4. Bâtiments d’exploitation très visibles implantés en ligne de crête, Le Pompidou
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
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UN TERRITOIRE SINGULIER MENACÉ Conclusion partielle Cette partie s’achève. Désormais, la ‘personnalité’ du site est plus évidente. Les éléments uniques qui en font sa singularité ont été dévoilés. Ce territoire révèle ainsi toute son originialité. Pour commencer, il repose sur un socle capricieux avec un relief fortement accidenté, un sol pauvre et un climat hostile non maîtrisable. Cela peut sembler bien contraignant. Pourtant, l’homme s’y est installé. Il s’est confronté à ce milieu durant des siècles. À la force d’un travail opiniâtre, il a su façonner le territoire pour qu’il devienne habitable. L’édification des bancels a permis une utilisation rationnelle de la pente. Les pierres étaient posées en respectant des règles précises assurant une grande stabilité de la construction. Cependant, les pratiques ayant évolué, ce savoir-faire se perd. Les bancels ne sont plus autant entretenues, et ne peuvent plus l’être comme autrefois. Cela conduit à un appauvrissement généralisé du milieu, tant écologique qu’esthétique. Le déficit actuel d’artisans en rénovation et construction traditionnelle n’arrange cela en rien. Aussi, les constructions récentes ne respectent plus les mêmes valeurs. Par ailleurs, les peuplements de châtaigniers, qui ont fait vivre les cévenols depuis le Moyen-Age et constituent un fort symbole identitaire, se retrouvent face à un avenir incertain. La fermeture du paysage progresse et la couverture boisée commence à s’homogénéiser avec la colonisation du chêne vert et du pin maritime. De ce fait, le cumul de ces dynamiques aboutit à un même constat : la singularité de la vallée Française est aujourd’hui menacée. L’objectif n’est pas de porter un regard nostalgique en considérant que le territoire était mieux avant, et de renforcer ainsi la réglementation en figeant le territoire et en le contraignant encore plus. Cela découragerait toute nouvelle initiative. L’objectif pourrait être plutôt d’accepter ces évolutions, de comprendre les besoins contemporains afin de les concilier avec ce socle, en harmonie avec le territoire. Cela mènerait à une croissance respectueuse des lieux et à la recherche d’une nouvelle ruralité. Cette transition donnerait un nouveau souffle au territoire. Il s’agit alors de considérer cet espace comme un ‘laboratoire du présent’* dans lequel un nouveau modèle de vie s’invente. Il est temps maintenant d’analyser plus en détail comment l’homme habite ce territoire. Qu’est-ce qu’il y fait, comment il se déplace, se nourrit, comment il vit. C’est l’objet de la prochaine partie de ce mémoire.
Partie 1 : Une vallée empreinte de fortes valeurs identitaires
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* Voir la campagne ‘‘Non plus un reliquaire, théâtre de la mémoire et espace de conservation :[…] mais bien comme un laboratoire du présent : espace d’innovation, signe des temps et symptôme d’une société en mutation, où s’invente un autre modèle de vie.’’ URBAIN Jean-Didier, 2002
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LE PAYSAGE HUMAIN: UNE ADHÉSION VOLONTAIRE DE LA POPULATION Introduction p.63 Bassin de vie p.64 Tourisme et patrimoine p.70 Approche démographique et sociologique p.72 Qui habite le territoire ? p. 77 Une agriculture qui maintient le paysage ouvert p.80 Approche prospective p. 86 Conclusion : Les habitants, le levier de la revitalisation p. 93
INTRODUCTION Bien qu’il puisse paraître désert, le territoire de la vallée Française est encore habité. Ce sont sept cent habitants qui s’y trouvent et se répartissent sur ces quatre communes dans une constellation de fragments habités. Locaux de longue date ou néoruraux, ils sont tous très attachés à leur territoire. Il en découle une ‘’adhésion volontaire à la ruralité’’, (BONINI Nathalie, 2005). La forte participation à la vie associative permet de porter des valeurs de solidarité, d’échange, de créativité et d’action participative. De manière générale, les territoires ruraux deviennent plus attractifs que la ville pour les meilleures conditions d’existence qu’ils offrent. La Vallée Française peut ainsi s’inscrire en tant que terre d’accueil pour un exode urbain qui émerge peu à peu. Ici, le développement s’appuie sur les savoirs d’expérience et les savoirfaire locaux. Ainsi, on peut comprendre que les ruraux sont tout à fait capables, eux-mêmes, de s’inscrire dans des processus d’apprentissage sociaux qui vont soutenir leur propre démarche de développement. Cette partie va chercher à comprendre pourquoi la population fait le choix de venir vivre ici malgré les contraintes que cela représente, en d’autre terme, de quoi résulte cette adhésion volontaire. Nous nous demanderons qui sont les habitants, comment ils vivent, qu’est-ce qui contribue à la qualité du cadre de vie et quels sont leurs désirs. Une approche sociologique et le détail de l’économie agricole sur laquelle la vallée repose permettront d’apporter des réponses et de soulever les obstacles au développement territorial. < Baret, en contre-bas de la Can noire, octobre 2016
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BASSIN DE VIE À l’échelle du grand territoire
Bien qu’elle soit enclavée, la Vallée Française ne fonctionne pas en vase clos. Voyons quelles relations elle entretient avec le territoire à plus grande échelle.
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À l’échelle macro, la vallée Française s’intègre dans la région Languedoc Roussillon Midi Pyrénées. Elle est tournée vers le littoral avec la métropole de Montpellier, équipée d’un hôpital et d’un aéroport. Egalement accessible par l’autoroute A75, la ville de Clermont Ferrand exerce une influence plus minime. Dans un périmètre intermédiaire, les villes d’Alès, de Mende et de Nîmes ont une forte influence. On y trouve des commerces sous forme de grandes zones commerciales, des services variés ainsi que les gares ferroviaires pour Mende et Alès. C’est aussi dans ces villes que se trouve une partie des emplois, particulièrement à Nîmes. Un mouvement pendulaire en résulte. Quoiqu’il en soit, le recours à la voiture individuelle reste indispensable. Un projet de covoiturage est en réflexion avec l’association VOISINE. Les transports en commun restent très limités. De plus, en dépit des distances courtes à vol d’oiseau, les temps de trajets sont toujours augmentés par la sinuosité du réseau viaire. À l’échelle du département, Mende est qualifié de pôle supérieur pour les équipements et les services, Florac de pôle intermédiaire et Sainte Croix fait partie des trente pôles de proximité du département.
Emploi et évolution en Languedoc Roussillon, en 2007 Source: INSEE, IGN 2011
D’autres vallées sont similaires à celles de la vallée Française, et particulièrement les vallées attenantes ; la vallée Borgne et la vallée de Saint Germain. Elles entretiennent les mêmes relations au grand territoire. La vallée Borgne, avec la commune de St Jean du Gard se distingue par un développement plus important du télétravail. Entre elles, les vallées interagissent par le biais d’animations culturelles et récréatives, par des services plus informels de solidarité.
30 Pôles de proximité 4 Pôles intermédiaires 1 Pôle supérieur
Pôle d’équipements et de services en Lozère, en 2011 Source: INSEE, IGN 2013
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
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Carte des mobilitĂŠs
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhĂŠsion volontaire de la population
BASSIN DE VIE À l’échelle de la vallée
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À l’échelle micro-territoriale, la vallée fonctionne sur la base d’une économie présentielle. Les activités présentielles sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes (source INSEE). Le marché de Ste Croix propose tous les dimanches de l’année, été comme hiver, des produits provenant des fermes environnantes. On y trouve le nécessaire : fruit et légumes, pain, œufs, viande et cela à petit prix. Couplé à la vente directe que pratiquent les paysans, cela favorise le circuit court. Tout comme le marché, l’essentiel des services et commerces est basé sur la commune de Ste Croix. On y trouve un bureau de Poste, un médecin, un garagiste, une station essence, des petits commerces, une boulangerie, une friperie, etc. La commune bénéficie également d’un foyer rural, d’une crèche, de la maison de la communauté de communes et d’une zone artisanale. Quelques services complémentaires sont basés sur la commune de Barredes-Cévennes. Là-bas, se sont installés le vétérinaire, les pompiers et la gendarmerie. Le tissu associatif est très dynamique. Les valeurs d’entraide et de solidarité sont bien réelles. Il en découle un fort dynamisme local. Dès que les Gabriaciens ou les Molézoniens ont besoin de quelque chose, ils descendent au village ; à Sainte Croix. De même, sur ces trois communes ; Ste Croix, Gabriac et Molezon, les écoles se sont rassemblées via un RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal). Un transport scolaire assure les trajets quotidiennement. Les enfants se réunissent pour manger à la cantine… de Ste Croix. S’il y a besoin de faire des courses importantes dans une grande surface, les habitants de la vallée se déplaceront à Florac, ou encore à Saint Jean du Gard. La commune du Pompidou présente un statut plus nuancé. Par sa situation géographie, sur le col de la Corniche, elle est partagée entre l’attractivité de Ste Croix et celle de Florac. Si les parents travaillent du côté de Mende, ils mettront leurs enfants plus volontiers à l’école de Florac et y feront leurs courses sur le trajet du retour par exemple. Cette commune possède quelques services et commerces mais rencontre des difficultés à les maintenir. L’école a dû fermer faute d’effectif suffisant. L’épicerie ainsi que le service de la Poste ont dû être ratachés à la communauté de commune pour pouvoir tenir. Quelques restaurants et un marché ouvrent en période estivale et bénéficient aux touristes, puis ferment le reste de l’année. Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
FLORAC Barre des Cévennes
Le Pompidou Molezon Gabriac
SAINTE CROIX Schéma d’influence des centralités simplifié
école Marché ouvert toute l’année Commerces et restaurants Crèche et Foyer Rural Salle polyvalente (activités dont cirque) Station essence Garagiste Médecin Vétérinaire Pompier et Gendarmerie
BARRE DES CÉVENNES
BIASSES
PONT-RAVAGERS
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LE POMPIDOU SAINTE CROIX
GABRIAC
Aire d’influence directe exercée par Florac Aire d’influence directe exercée par Sainte Croix L’aire d’influence de Florac dépend de la facilité d’accès par le réseau viaire. Il peut paraître plus simple de se rendre à Florac qu’à Ste Croix depuis les communes du Pompidou et de Barre-des-Cévennes.
N
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
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3 km
BASSIN DE VIE Sainte Croix, une centralité qui rayonne
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La commune de Sainte Croix se définit comme la centralité de la vallée autour de laquelle des hameaux gravitent. Elle répond à plusieurs critères. Tout d’abord, elle représente une population significative avec un nombre suffisant de résidents principaux à l’échelle de la vallée (47% des habitants des quatre communes). Ensuite, elle constitue une offre en commerces, services et activités. Enfin, elle connait une certaine fréquentation. La fréquence des liens à un bourg dépende de sa proximité, de sa facilité d’accès. Plus la centralité est fréquentée, plus elle développe l’identification à l’image culturelle du lieu. Il en découle un sentiment d’appartenance partagé. Par exemple, la population locale dit ‘descendre au village’ en se rendant à Sainte Croix. Les hameaux environnants sont qualifiés de hameaux satellites. Ils ne fonctionnent qu’avec cette centralité et en sont complètement dépendants. C’est particulièrement le cas des vingt lieux-dits de la commune de Molezon. Ceux-ci ne possèdent aucun commerce. Ils représentent 47% de résidences secondaires et ne possèdent aucun espace public de rencontre. Tout se base sur Sainte Croix. Les espaces publics de Sainte Croix sont hétérogènes. L’espace le plus important est la passerelle piétonne. Aménagée récemment, et après quelques réticences, elle est maintenant pleinement appropriée par la population. Tous les dimanches, le marché l’investit. Les étales prennent place sur le pont et débordent dans les deux rues contiguës. La commune est également dotée d’un espace allouée à une aire de jeu. Peu aménagée, elle offre libre court à différents usages. Rappelons que l’espace public est un espace de rencontre avant d’être un espace physique. Il est d’une importance majeure pour le dynamisme de la vie locale.
Rendre un territoire attractif :
L’accueil de nouvelle population dépend de l’attractivité du bourg. Cette dernière dépend de plusieurs éléments. Voici ceux qui peuvent faire entrave à l’attractivité du bourg: l’inadapatation des logements du bourg, le taux élevé de logements vacants, des espaces publics dégradés et ou vieillissants, et enfin des commerces et services fermés. Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
Échanges exogènes (vers Florac)
LE POMPIDOU
Échanges internes
GABRIAC
SAINTE CROIX
Schéma d’influence des centralités restreint au périmètre du site d’étude.
Le front bâti de part et d’autre du Gardon, à Sainte Croix
LE MAZELDAN
BIASSES
LA ROUVIÈRE
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Un jour de marché sur la passerelle, en novembre
Bourg-centre Hameau satellite Route principale Route secondaire
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
TOURISME ET PATRIMOINE
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Le tourisme est plutôt un tourisme vert de proximité, familial, qui se fait par connaissance. En effet, l’offre touristique de la vallée Française n’est pas suffisamment renommée pour que des touristes fassent le détour et s’aventurent au fond de la vallée. Communément, ils circulent sur la Corniche en traversant Le Pompidou et passant par l’aire de Ventouse, où un panorama surplombe la vallée. Depuis cette route stratégique, quelques panneaux donnent plus de visibilité à la vallée : le restaurant ‘La Baraka’ de Ste Croix et diverses ventes directes à la ferme sont signalisés. Il n’est pas pertinent pour le territoire de chercher à attirer plus de touristes dans un premier temps. Cela représente un risque d’accroissement du phénomène de saisonnalité et ainsi d’amenuiser la vie locale.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
ECONOMIE TOURISTIQUE PASSIF
Le tourisme en Cévennes est un tourisme vert. Il s’oriente principalement vers la randonnée, avec le réputé chemin de Stevenson. Celui-ci ne profite pas directement à la vallée Française car il passe plus à l’Est, par le col du Plan de Fontmort. De même, le Gardon attire beaucoup de touristes en période estivale, à tel point qu’il donne lieu à un stationnement sauvage au bord des routes non contrôlé. Cela vient du sud mais ne remonte pas jusqu’à Sainte Croix. Au sein de la vallée, les offres touristiques sont moins renommées mais ne sont pas pour autant inexistantes. Le Parc national des Cévennes assure une certaine notoriété avec des sentiers d’interprétation. Parmi eux, le sentier de La Roquette, et celui de la Magnanerie de la Roque et de la tour du Canourgue. Des sentiers sont aussi propres à chaque commune comme le chemin de la mémoire à Ste Croix ou encore le sentier de Gabriac, créé en concertation avec une artiste et les enfants de l’école.
CONSOMMATION D’IMAGE Sentiers d’interprétation Corniche des Cévennes Animations culturelles, baignade Pas de bénéfice pour la vallée mais des coûts d’entretien
CONSOMMATION DU TERROIR Marché de Ste Croix et du Pompidou Point de vente directe Restaurant et commerces Bénéfice direct aux commerçants et aux producteurs locaux
HÉBERGEMENT Nombreux gîtes, Couchsurfing et AirBNB Camping, Village vacances
ACTIF
Le tourisme peut s’avérer être un levier économique pour certaines zones rurales. Qu’en est-il en vallée Française ?
Revenu complémentaire aux particuliers, et aux communes
La Corniche à VTT
Plan de Fontmort
BARRE DES CÉVENNES
Domaine du Mazel
Menhir
L’Hospitalet
Sentier de la Roquette
Magnanerie de la Roque
Sentier du Mas Breton
Sentier du Pompidou
Eglise de St Flour
Tour du Canourgue
BIASSES
LE POMPIDOU
PONT-RAVAGERS
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SAINTE CROIX
Sentier de Gabriac Aire de Ventouse
Chemin de la mémoire
GABRIAC Marché Commerces et restaurants Aire de pique nique et panorama Offre de logement Point d’intérêt patrimonial N
Monument Historique
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
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3 km
APROCHE DÉMOGRAPHIQUE ET SOCIOLOGIQUE Une population atypique Evolution de la démographie En raison de l’exode rural, la population cévenole a connu une forte baisse au cours de son histoire. Alors qu’en 1830, les quatre communes étudiées représentaient 3000 habitants, on n’en compte aujourd’hui plus que 700. Par ailleurs, cette population se fait vieillissante. Notons que d’après des études prospectives menées par l’INSEE, en 2060, 1/3 de la population nationale aura plus de 60 ans. Le vieillissement démographique est donc un fait généralisé et non spécifique à l’espace rural. Il convient de le relativiser. La solution n’est pas de combattre à tout prix le vieillissement de la population en concentrant tous les efforts pour attirer des jeunes actifs. Il s’agit également d’anticiper cette évolution. La prise en charge de la population âgée semble plus appropriée et peut être facilement mise en oeuvre en lui réservant les maisons de plein pied en centre-bourg proche des services et commerces par exemple. 72
D’autre part, le tableau n’est pas si noir qu’il puisse paraître. L’indice de fécondité nationalen 2016 est encore de 1,93 (source : wikipédia), ce qui signifie que la démographie continue de se maintenir. De plus en plus de personnes attachent beaucoup d’importance à la qualité de vie. Le cadre de vie devient un critère d’installation. Plus précisément en Lozère, une étude réalisée en 2013, intitulée La ‘Lozère se revitalise’, témoigne du phénomène d’exode urbain. Longtemps en baisse puis en stagnation, la population lozérienne augmente de nouveau et est accompagnée d’une croissance de l’emploi. À son échelle, la vallée Française s’inscrit, de facto, dans un enjeu important d’accueil de la population.
Locaux et néoruraux : qui compose la population ? Avant d’aller plus avant , un petit point de précision ; le terme de ‘néoruraux’ découle de l’exode urbain. Il est relatif aux personnes venues des villes ayant décidé de s’installer en milieu rural. On considèrera ici que les néoruraux sont les nouveaux venus alors que les locaux sont les personnes qui ont une attache avec les Cévennes et ont vécu là depuis leur enfance. Un entretien avec Nathalie BONINI, anthropologue et écrivain, m’a permis de mieux cerner comment s’est constituée la gentilité de la vallée Française. A partir des années 60, différentes vagues de population sont venues repeupler la vallée. Pour commencer, entre 1967 et 1975, se sont installés les ‘immigrés de l’utopie’ ou encore les ‘soixanthuitards’ . Il s’agit d’étudiants ou de jeunes récemment entrés dans la vie active, pour la plupart célibataires. Ils appartiennent à des catégories socioprofessionnelles assez précises à savoir des enseignants, des professionnels de la santé, des travailleurs sociaux ou encore des artistes.
Quelle que soit leur profession, ils se regroupent tous autour d’un même désir : le désir de fuite face aux dérives de la société dite ‘de consommation’. Leur installation dans la vallée naît d’une volonté d’expérimentation d’un mode de vie alternatif. Cela est suivi d’un mouvement de ‘Retour à la Terre’ qui attire une nouvelle vague de population. Ils forment entre eux des communautés. À partir des années 80, le profil des néoruraux évolue. Cette fois, ce sont plutôt des familles déjà constituées qui s’installent. Leur motivation résulte souvent d’un projet de vie plus concret au long terme. Ils ont un mode de résidence plus individuel. Parmi eux, des cadres font le choix de se reconvertir professionnellement, ils se créent une nouvelle activité, rachètent une ruine, la restaurent puis l’habitent accompagnés de leur partenaire et de leurs enfants. Les locaux, surnommés les ‘archéos’ ne sont plus si nombreux, ou plutôt, les néoruraux deviennent locaux par adoption.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
De
3000
habitants en 1830 à
700
aujourd’hui
1831: 3029 hab 1962: 610 hab
1800
1850
1900
1950
2013: 700 hab
2000
Données INSEE sur les 4 communes
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DIFFÉRENTES VAGUES DE POPULATION Années 1960-70
«Immigrés de l’Utopie» Etudiants et jeunes célibataires Expérimentation d’un nouveau mode de vie
Années 1970-80 Mouvement de «Retour à la Terre»
Années 1980-90
Familles, projet au long terme Mode de résidence plus individuel
D’après entretien avec Nathalie BONINI, anthropologue
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
ETUDE DÉMOGRAPHIQUE Des néoruraux jeunes et dynamiques
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43% 40-80 ans
21% >25 ans
5%
{
Le maintien des jeunes actifs est un enjeu majeur. Ils contribuent fortement à la vie locale par le biais de leurs activités, de leur implication dans la vie associative, de leur consommation de services et commerces, de leurs enfants, etc. Il faut chercher à pérenniser leur installation. Pour cela, il s’agit d’analyser ce qui les a motivés à venir ainsi que ce qui peut représenter un obstacle à leur installation au long terme.
31% de 25-39 ans
{
Parmi les néoruraux, il y a une majorité de moins de 40 ans. Les 25 à 39 ans sont les plus représentés. On pourrait penser que cet afflux de populations nouvelles initie un rajeunissement de la population. Cependant, il faut garder en tête que les nouveaux arrivants pris en compte ne vont pas tous s’installer durablement.
0-14
15-24
<80 ans
25-39
40-54
55-79
<80 ans
Âge des néoruraux D’après l’ATCC, Les nouveaux arrivants: Comment favoriser leurs installations dans la durée ? Mars 2010
Si la motivation est basée essentiellement sur la notion de territoire, leur rapport à ce territoire et leur ressenti seront différents. Le degré d’implication des néoruraux envers le territoire va en dépendre. L’image que la plupart des nouveaux arrivants ont sur le territoire tient en quelques mots : ‘‘un territoire sauvage, isolé, très peu peuplé et où la vie peut être rude mais en même temps très accueillant’’.
Typologie des Néoruraux Territoire choisi
Territoire non choisi
{ {
Actif Inactif
{ {
Créateur d’activités Salarié
Retraités
Alternatifs
Passif Arrivés par hasard
Schéma réalisé d’après l’ATCC, Mars 2010
Photo : En direction du col de Fontmort - 13/11/16
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
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Partie 2 : Le paysage humain ; une adhĂŠsion volontaire de la population
UN CHOIX DE VIE Une adhésion volontaire à cette ruralité En dépit des contraintes que peut représenter la vie dans cette vallée rurale et enclavée, on assiste à une véritable adhésion volontaire de la population. Les nouveaux arrivants viennent ici par choix avant tout. Il est difficile de déceler quelles sont leurs motivations exactes car elles sont propres à chacun. Néanmoins, de manière générale, la qualité du cadre de vie est ce qui attire en premier lieu. On fuit l’espace urbain pour ses nuisances, que ce soient la pollution atmosphérique, sonore, ou le manque de nature. La vallée répond aux besoins de personnes en recherche d’un mieux-être. Ensuite apparaît le critère de l’école à la campagne. De plus en plus de parents sont soucieux d’offrir une éducation proche de la nature à leurs enfants et de les voir grandir dans un environnement sain capable de les éveiller.
Un isolement désiré et non subi
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L’implantation humaine est très dispersée. Parfois, il faut suivre une petite route sinueuse avant d’atteindre une habitation ou dans le meilleur des cas un hameau résidentiel fréquenté deux mois à l’année. Aussi on trouve des hameaux qui sont uniquement consacrés aux résidents secondaires. Tous ces kilomètres parcourus et ces routes à entretenir paraissent difficiles à légitimer. Se pose alors la question, au plus long terme, de rassembler ou de conserver l’éparpillement. Ce bâti dispersé répond pourtant à une attente. L’habitat d’agrément reflète un comportement de protection vis-à-vis du collectif. Les habitants, mais spécifiquement les résidents secondaires, veulent avoir la liberté d’éviter ou non les lieux animés par la vie locale (ferme, commerces, exploitation agricole). Ainsi le choix de l’isolement est fait pour échapper à un certain environnement social ; il y a un enclavement parce que la société s’est retirée. La solitude, au contraire, est l’acte volontaire et délibéré, de vivre seul, de ne plus avoir de contact ou trop peu avec d’autres. Même si les deux concepts s’entrecoupent, il semble que la solitude se ressente plus au sein des grands ensembles et que l’isolement soit plutôt caractéristique de l’espace vide. L’espace rural permet de retrouver une façon de ‘vivre ensemble’ dans une convivialité tant recherchée et devenue rare. Le hameau, le village, la commune, apparaissent comme un univers repérable et délimitable. Les visages ont des noms. On sent y appartenir.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
‘‘S’il est des solitudes que notre société craint, il en est d’autres qu’au contraire elle désire’’ Jean-Didier URBAIN, 2002
QUI HABITE LE TERRITOIRE ? Un mode de vie alternatif La vallée Française révèle d’ores et déjà un mode de vie particulier. Il s’explique par un héritage des valeurs du passé. Nathalie Bonini écrit ‘‘les néoruraux ont créé une véritable société dans la société.’’. Elle révèle par-là la surprenante vitalité du milieu rural. La forte participation à la vie associative permet de porter des valeurs de solidarité, d’échanges, de créativité et d’action participative.
‘‘La simplicité apparaît comme le mode de vie privilégié pour parvenir à l’autonomie. Elle ne nie pas l’argent mais le relativise.’’ Bernard FARINELLI, 2009
Le rapport à l’argent est différent. Un choix est fait d’avoir un niveau de vie plus bas, un revenu moindre mais une existence meilleure. De même des circuits autonomes sont déjà mis en place. Nombreuses sont les personnes qui vont couper dans la forêt leur propre bois pour se chauffer l’hiver, cultivent leurs propres légumes pour se nourrir. Certains tendent aussi à être autonomes au niveau des énergies : panneaux solaires, éoliennes repérés à plusieurs reprises alimentant un habitat. La ressource en eau est, elle, quelque peu oubliée pour la consommation personnelle. Cet état d’esprit est ancré à la population locale. Les ressources territoriales font partie de leur quotidien.
L’intégration
Charles Hambourg, néoagriculteur
Bien que des tensions existent, l’intégration ne pose pas de problème majeur. Il n’y a pas de conflit significatif entre les locaux de longue date et les néoruraux. L’intégration peut parfois même paraître plus facile qu’en milieu urbain. En revanche, certaines personnes peuvent souffrir du manque d’anonymat.
Nous n’avons pas senti de clivage néoruraux/ locaux. On s’intègre par le travail et par l’intermédiaire de l’école avec les enfants. On ne nous a pas mis de bâton dans les roues.
Christine, au GIE (Groupement d’Intérêt Economique) « Plante Infuse »
Jean-Max André, maire de Gabriac
Je ne suis pas associée au GIE depuis longtemps mais ca me suffit pour vivre, avec mes deux enfants. Celles qui sont là depuis longtemps en vivent bien, elles gagnent presque un smic !
Je n’ai jamais voulu vivre ailleurs qu’ici.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
Annie Goiset, maire de Molezon
On a un standard de confort qui a augmenté. Ici c’est différent.
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Une offre de logement inappropriée Le mode de vie alternatif conduit la population à avoir des attentes différentes, et notamment en terme d’habitat. Aujourd’hui, l’offre et la demande ne sont pas en adéquation. Les jeunes ménages ont du mal à trouver un logement correspondant à leur budget. A fortiori, une partie de la population s’investit dans une démarche d’auto-construction. Ces personnes vivent dans des yourtes, installées en zone cœur de parc. Cela n’est pas règlementaire. En vu du PLUi en cours d’élaboration, les élus sont confrontés à un réel dilemme: faut-il légaliser les yourtes ? Il est en effet possible d’identifier des parcelles ‘pastilles’ sur lesquelles l’habitat léger serait autorisé.* L’impact visuel et l’identité du territoire n’en resteraient pas indemnes.
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Les offres sont très limitées. Le principal bailleur social de la Lozère, la SA HLM Lozère Habitations, ne propose rien à vendre sur un rayon de 30km autour de Florac. Concernant les locations, elles se concentrent sur Florac et Barre-des-Cévennes. À Sainte Croix, il y a deux offres d’appartement. Le prix est très bas mais le logement est vétuste (par exemple: 4 chambres, 99m² pour seulement 300€/mois mais classement énergétique G). Sur le bon coin, l’offre est aussi réduite; on trouve deux appartements en location au Pompidou, en classe énergie E. Par ailleurs, il n’est pas rare de trouver des bâtiments vacants. La logique voudrait réinvestir les logements existants avant d’en construire de nouveaux. On trouve un bon nombre de maisons anciennes, construites avec les matériaux de son territoire, bien inscrite dans son lieu ; mais cela n’en fait pas pour autant une solution pérenne. Les besoins d’habiter ont évolué. Pour habiter un lieu, on a besoin d’un espace lumineux, mais aussi d’un jardin à proximité. Le durable ne correspond pas au retour aux maisons à l’ancienne. L’espace habité reste donc à reconstruire sur lui-même en répondant le plus justement possible aux besoins actuels.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
* Depuis la loi ALUR, les documents d’urbanisme peuvent définir les terrains où les résidences mobiles ou démontables, constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs, peuvent être installées. Les zones agricoles et naturelles sont autorisées. Ces terrains sont soumis à un cahier des charges, dont le contenu est précisé par décret. La réversibilité de l’habitat, et les conditions de raccordement sont des formalités requises.
? Rénovation de bâti ancien, nouvelle construction ou autorisation des yourtes ?
QUI HABITE LE TERRITOIRE ?
Les résidences secondaires, vers un embourgeoisement de la vallée ? Par son cadre naturel exceptionnel, la vallée Française est un territoire attractif pour les résidences secondaires. En Lozère, on en dénombre 32% alors qu’elles atteignent 49% sur la communauté de commune des Hauts Gardons. Plus particulièrement, la commune du Pompidou dépasse la moitié avec une valeur de 56%. En revanche, on n’en trouve que 38 et 39% sur les communes de Gabriac et de Ste Croix. Le taux de résidences secondaires n’a pas intérêt à progresser. Bien que cela dépende de la fréquence de leur venue, les résidents secondaires ne s’impliquent pas dans la vie de la même façon que les habitants à l’année. De plus, ils contribuent à la hausse des prix, qui pourrait conduire au long terme à un embourgeoisement de la vallée.
Répartition des différents types de résidence
58%
32%
9%
en Lozère
44%
49%
7%
à la CC des Hauts Gardons
Dans certains cas, des résidences secondaires sont devenues des résidences principales. Il est dans l’intérêt du territoire de favoriser ces changements. 79
MOLEZON
STE CROIX LE POMPIDOU
Résidences principales
GABRIAC
Résidences secondaires Logements vacants
D’après les données INSEE, 2012. Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
UNE AGRICULTURE QUI MAINTIENT LE PAYSAGE OUVERT Profil de l’espace agricole
L’activité agricole en Vallée Française permet de garder ce territoire ‘en vie’. Elle se définit par de petites exploitations diversifiées, essentiellement en polyculture-élevage. Plus précisément, en vallée Française, l’élevage bovin est peu représentatif. Il est surtout présent sur l’unité paysagère du vaste plateau pâturé et autour de la commune de Barre des Cévennes où les prairies sont suffisamment vastes et le relief doux. Les versants, plus accidentés, se prêtent mieux à l’élevage ovin et caprin. C’est également là que s’installent les ruches, à proximité des châtaigneraies. Quelques vergers prennent place autour des hameaux. Les vignes sont présentes plus au nord, sur la commune d’Ispagnac. Le maraîchage quant à lui, se concentre principalement en fond de vallée, mais aussi parfois autour des habitations. En outre, l’agriculture vivrière est répandue. Quelques autres activités se distinguent comme la culture de plantes aromatiques et médicinales, à savoir la culture du safran entre autres.
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Nonobstant la pression qu’exerce la forêt, l’agriculture permet le maintien des paysages ouverts et parfois même la réouverture. C’est le cas sur la commune de Gabriac, qui présente une bonne dynamique agricole ; plusieurs hectares de prairies ont été ouverts récemment sur l’emprise de la forêt. Ici, les terres agricoles sont plus menacées par la fermeture du paysage que par l’urbanisation. L’extension résidentielle n’est pas la première menace. En revanche, il existe un facteur très limitant au développement agricole, celui de la maîtrise foncière. De manière généralisée, les propriétaires des terres sont des locaux de longue date. Ils sont attachés à leur terre, tout comme à leur territoire. Ils refusent ainsi de les louer à des néoruraux par crainte de pratiques jugées inadéquates et de défiguration du paysage. Il s’agit donc d’un problème sociologique entre les anciennes générations et les nouvelles, venues d’ailleurs, et amenant des pratiques différentes. A fortiori, les agriculteurs, pour la plupart, ne sont pas propriétaires de leurs terres mais ils les louent. Les fermages ne leurs donnent pas la possibilité de se projeter au long terme et les limitent dans le développement de leur activité.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
Nature et répartition des activités agricoles
D’après enquêtes COPAGE, 2014, CG48,2008
CHIFFRES-CLÉ surface agricole 262 ha de utile en 1955
151 ha en 1970
Jean-Max ANDRÉ, élu et agriculteur
Il y a un défi à relever, avec les artisans qui arrêtent, les agriculteurs aussi... On va se heurter d’ici 5-10 ans à un départ en retraite de nombreux agriculteurs.
Répartition spatiale des activités agricoles
Elevage bovin Elevage ovin et caprin Châtaigneraie, apiculture Forêt Maraîchage
Verger
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Plateau
Prairie ouverte sur un versant
Versant
Elevage caprin châtaigniers
dans
Valat
un
sous-bois
Versant
de Rucher traditionnel cévenol: un rondin Parcelles maraichères en fond de vallée, de châtaignier évidé couvert d’une en zone inondable. lauze de schiste
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
UNE AGRICULTURE LOCALE DE QUALITÉ Vivre de l’agriculture
Pour vivre de son activité, un agriculteur doit être polyvalent, astucieux et persévérant. Il est courant qu’il loue un gîte en parallèle de son activité pour lui conférer un revenu complémentaire. Les bancels ne permettent pas la mécanisation de la culture , l’exploitant réalise une majeure partie de son travail à la main ou à l’aide d’outils manuels. Les terres sont difficiles à acquérir en raison du sérieux problème de rétention foncière. Le climat se dégrade et les châtaigniers sont atteints.
82
Les politiques locales sont conscientes de ces difficultés. Dès les années 60, elles se sont battues pour la création de la coopérative du Pélardon, ce petit fromage de chèvre frais Apellation d’Origine Contrôlée. Par la suite, la communauté de communes a porté le projet de création d’ateliers de transformation dans la zone artisanale de Sainte Croix. Ils sont désormais équipés pour la transformation de la viande, la transformation végétale (fruit, jus, confiture) et plus récemment pour le séchage de plantes aromatiques et médicinales avec la distillerie du GIE (Groupement d’Intérêt Economique) ‘Plante Infuse’. Ce dernier représente une équipe de huit associés et d’une salariée. Grâce à cette mutualisation, les exploitations peuvent bénéfier de ces locaux et équipements sans devoir en être propriétaire. Il manque cependant un abattoir. Les plus proches se trouvent au Vigan et à Alès soit à plus de 50km de là, sur des routes sinueuses... Le coût du transport, le bien-être de l’animal et la qualité de la viande sont des facteurs limitants. La CC est aussi porteuse de l’outil d’OCAGER*. Il a pour objectif l’installation agricole et la consolidation des exploitations existantes par la reconquête et la réhabilitation de terrasses à des fins agricoles. Aussi, il apparaît incontestable que l’économie agricole a intérêt à se spécialiser pour se démarquer par des produits locaux de qualité. Pélardon, miel de châtaignier, châtaignes, sont des produits qu’on ne trouvera nullement ailleurs. Des spécialisations telles que le foie gras, les huiles essentielles, et herbes médicinales contribuent à valoriser la qualité du terroir. Le circuit-court et la maîtrise du processus de production par les éleveurs restent les actions stratégiques à favoriser. Le soutien de la CC est nécessaire.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
Les agriculteurs sont des fournisseurs de biens et de services publics. Ils ‘‘reconstruisent un rapport de soin à la terre, à la qualité alimentaire, au milieu ambiant, au paysage’’. MAGNAGHI Alberto
Jean-Max ANDRÉ, élu et agriculteur
Ca a été une volonté politique délibérée de tout faire pour maintenir les agriculteurs et les aider à vivre.
* Opération Concertée d’Aménagement et de Gestion de l’Espace Rural.
80%
Surface pastorale
13%
Châtaigneraie exploitée et pâturée
9%
Surface de productions variées
prairie temporaire et permanente, maraîchage, plante aromatique et médicinale, verger et vigne
BARRE DES CÉVENNES
BIASSES
PONT-RAVAGERS
83
SAINTE CROIX LE POMPIDOU
GABRIAC
N
d’après enquêtes COPAGE, 2014, CG48,2008 Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
0
1
2
3 km
UNE AGRICULTURE LOCALE DE QUALITÉ Cas concret: focus sur la ferme du mouton noir Entretien avec Charles HAMBOURG, 18 janvier 2017 Comment avez-vous atterri dans les Cévennes ? Nous sommes arrivés en octobre 2015. On a beaucoup cherché via les offres de la SAFER. Il y avait des terres où tout était à refaire ; des bâtiments en ruine, des sols dégradés… On a choisi de s’installer au Mas Roger car il était rapidement fonctionnel, et pour un prix abordable. Nous connaissions les Cévennes pour y être déjà passés. Combien de terres possédez-vous ? Nous avons 3 ha autour de la ferme, dont 2 ha exploitables en terrasse, ainsi que 5 ha de forêt au niveau de la Corniche et 8 ha en fermage. Sont-elles attenantes ou dispersées ? Les 8 ha sont à 5 min à pied de la ferme, on peut s’y rendre facilement avec la brouette quand on fait les récoltes. 84
Quels sont vos outils de travail ? Les mains et les outils manuels: la quasi totalité du travail se fait à la main, sans mécanisation. Ensuite, le motoculteur. Mais aussi une débroussailleuse forestière pour défricher les terres. On aimerait se lancer dans un projet de culture de seigle. Ça améliore le sol et la paille pourrait servir à nos poules. Mais sans tracteur on ne sait encore trop comment faire. Comment le foin est-il fauché, mis en botte ? On n’a pas de surface de prairies. On achète le foin. Il sert à nourrir nos brebis. Elles étaient déjà sur la ferme, elles gardent les espaces ouverts mais nous pensons nous en séparer. Elles permettent aussi de toucher des subventions et il faudra donc équilibrer avec de nouvelles productions (pain, oeufs....). Percevez-vous des aides financières, des subventions ? Oui, on touche les aides de la PAC et la dotation jeune agriculteur. Beaucoup d’exploitations vivent d’aides. Ceux qui arrivent à s’en sortir sont ceux qui transforment
la matière première ; ceux qui font du Pélardon avec leur chèvres. Beaucoup d’alternatives se développent (phénomène de vente directe) et recueillent une grande faveur du public. Le marché de Sainte Croix est un marché très dynamique où les personnes viennent très volontiers. Votre activité est-t-elle importante pour le territoire ? Elle est importante dans le sens qu’elle maintient le territoire ouvert. Depuis 50 ans, il y a eu un matraquage à propos de ce qu’est l’agriculture ; un gros tracteur, des grosses surfaces. Maintenant qu’on a détraqué toutes les terres, les gens pensent toujours ça. Il y a beaucoup d’initiatives isolées. Si jamais les agriculteurs de 30-40 ans n’arrivent pas à s’installer ici, la vallée va se transformer en zone touristique et résidentielle. La région va installer la fibre optique. C’est un très gros budget qui aurait pu permettre de préempter des terres, faire des installations, des formations de jeunes. C’est un peu décalé. Internet est indispensable mais le très haut-débit ne fera pas vivre le territoire. Qu’est-ce que l’agriculture en Vallée Française? On trouve des terres de qualité, préservées. Elle se définit comme une agriculture de petite taille et pas mécanisable. La vallée est propice à une agriculture familiale. Que pensez-vous de la castanéiculture ? C’est une très forte valeur identitaire. Les coupes des années 70 ont fait de gros dégâts. Les politiques ont tendance à vouloir laisser tomber le châtaignier fruitier. Pour nous, la castanéiculture représente 40% de notre revenu ! On préfère rénover une châtaigneraie que de laisser tomber. Tous les outils inventés par les anciens pour travailler la châtaigne, pour sécher en clède, pour les piquets sont des outils encore opérationnels et toujours adaptés aujourd’hui et cela accessible à bon prix. La châtaigne a encore de l’avenir.
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
Quelles difficultés rencontrez-vous pour exercer votre profession ? Des idées pour y remédier ? Le foncier demeure un problème pour tout le monde. Je trouve scandaleux qu’on laisse des terres s’enfricher, qu’on laisse des murs non reconstruits, non entretenus, voire détruits même par certains. Une agriculture sans terrasse ici, ce n’est pas possible. Or, on n’a aucune subvention pour les maintenir. On a laissé filer un patrimoine extraordinaire. Les terres sont quand même des bonnes terres, on aurait pu y installer des gens. Sur des petits espaces on peut avoir des gros rendements maintenant, notamment en maraîchage. Très peu des néos des années 70 sont restés agriculteurs. Ils travaillaient en ville, ou étaient instituteurs. Beaucoup de choses se sont perdues. La création d’un abattoir vous semble-t-elle une bonne idée ? C’est une très bonne idée. Cependant il faut que ce soit réaliste économiquement. Peut-être qu’un abattoir ambulant serait plus intéressant ? Ce n’est pas possible légalement pour le moment. C’est intéressant de se regrouper ensemble autour d’un projet, voir ce qui peut marcher économiquement et qu’est-ce qui peut nous donner envie de faire
les choses. Ce n’est pas parce qu’on est des petits agriculteurs qu’on ne peut pas être très dynamiques économiquement. Le recours à la traction animal vous semble-t-elle envisageable ? Je manque de données personnellement mais tout le monde dit qu’il serait intéressant sur des terrains comme les nôtres. S’il y avait un outil extrêmement performant en traction animale ; quelqu’un de compétant, qui soit prestataire, qui donne des formations, ça pourrait peut-être marcher. On serait même prêt à revendre le motoculteur ! A l’époque actuelle, il y a une forte demande de produits locaux de qualité. On sait rentabiliser les petits espaces. Avec une forte volonté politique, ce territoire est encore tout à fait propice. Il n’a pas encore été mangé, comme c’est le cas pour la Drôme où les gens ont acheté des résidences secondaires partout et où les prix ont augmenté. Ici il y a encore beaucoup de choses, il y a vraiment matière à des réalisations intéressantes. Il y aurait de quoi sortir des jeunes et des quarantenaires des villes ou d’ailleurs pour qu’ils viennent bosser. Peut-être une vague de migrants ?
La ferme du Mouton Noir - Source: http://moutonnoir.org/ Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
85
APPROCHE PROSPECTIVE, SITUATION ACTUELLE En 2017...
Cette étude prospective fait suite au diagnostic. Elle est basée sur les faits observés et des tendances analysées dans les diverses études. Elle vise à s’interroger sur le devenir du territoire dans 40 ans. Elle prendra la forme de scénarii exploratoires. Afin d’avoir un élément de comparaison, voici une première représentation du territoire tel qu’il est aujourd’hui.
86
La fermeture du paysage fait pression sur les surfaces agricoles. Le devenir des châtaigneraies est plus qu’incertain à la vue de son état sanitaire dégradé. On observe une disparité des dynamiques avec un essor agricole sur la commune de Gabriac alors qu’à Molezon, la proportion de résidents secondaires dépasse les 60% et le paysage se referme. Deux contradictions bloquent le développement local de la vallée. D’une part, l’offre de logement inappropriée ne favorise pas l’accueil de néoruraux. D’autre-part la rétention foncière des terres agricoles est telle qu’elle ne permet pas de nouvelles installations. Des extensions résidentielles de types pavillonnaires et des hangars agricoles imposants commencent à voir le jour, faisant un contraste important avec le bâti traditionnel existant. Le maintien des commerces et services est rude mais encore présent et concentré majoritairement sur la commune de Sainte Croix.
BARRE DES CÉVENNES
5 2
3 6
1
LE POMPIDOU
1
Bourg délaissé, léger débordement résidentiel
2
Avancée du chêne vert
3
Surface agricole grignotée par la forêt
4
Ouverture de nouvelles parcelles agricoles
5
Châtaigneraies en mauvais état sanitaire
6
Châtaigneraies entretenues
7
Maintien de quelques commerces et services
8
Bancels en déprise
7
Cours d’eau légèrement contraint
CHIFFRES-CLÉ 700 50%
habitants de résidents secondaires
5
87
3
MOLEZON
2
8
3
8
2
7 6
1
STE CROIX GABRIAC 6
4
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
APPROCHE PROSPECTIVE, 40 ANS PLUS TARD... Processus de désertification enclenché
Ce scénario vise à représenter le territoire dans 40 ans, en suivant les tendances actuelles observées. Poussés à l’extrême, les impacts possibles sur le paysage pourraient être les suivants.
88
En 2050, la population aura fortement diminué du fait de son vieillissement et de son non renouvellement. De nombreux agriculteurs étant partis à la retraite, leurs terres auront été rachetées pour la construction de résidences secondaires, ou évoluées à l’état de friches. Le chêne vert et les pins maritimes auront fortement progressé. La biodiversité sera bien moins riche. Aucune solution n’aura été trouvée pour l’état des châtaigneraies, qui ne seront plus que des troncs résiduels défoliés. La couverture végétale sera devenue homogène avec la perte de contrôle totale de la surpopulation de sangliers et cervidés. Ces derniers causeront bien des torts aux derniers agriculteurs persévérants autour de Gabriac. Le risque incendie sera devenu une menace récurrente en période estivale, auquel les habitants auront dû s’habituer. De même, l’abandon des bancels, ainsi que l’artificialisation des cours d’eau en zone urbaine conduiront à de gros problèmes d’érosion lors des épisodes cévenols. Cela aura des répercussions sur l’ensemble du bassin versant en aval. La baisse de la population aura des conséquences graves sur la vie locale. Les commerces et services n’auront pas pu être maintenus, ainsi que le regroupement pédagogique intercommunal. Il en découlera une forte dépendance à Florac avec un recours systématique à la voiture individuelle et au é-commerce. Avec l’installation de la fibre, le centre-bourg du Pompidou connaîtra une nouvelle attractivité avec le développement du télétravail. Les terres fertiles du Valat seront urbanisées et des yourtes se seront développées de manière non contrôlées. L’incompréhension entre les résidents secondaires et les locaux mènera à des conflits. L’image de la vallée aura fortement évolué vers un paysage déserté; l’héritage du passé ne sera plus une référence vivante et actuelle.
BARRE DES CÉVENNES
3
4
6
2
LE POMPIDOU
1
1
Bourg déserté Fermeture des derniers commerces et services
2
Important débordement résidentiel dont yourtes
3
Homogénéïsation de la couverture boisée et fermeture des surfaces agricoles
4
Maintien difficile de parcelles agricoles
5
Châtaigneraies moribondes
6
Bancels disparues, terres plus retenues
7
Cours d’eau artificialisé
CHIFFRES-CLÉ 550 70%
habitants de résidents secondaires
89
2 3
MOLEZON
3
6 2
4
2
6
7 4
3
1
STE CROIX GABRIAC 4 5
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
APPROCHE PROSPECTIVE, 40 ANS PLUS TARD... Vers une nouvelle habitabilité Ce scénario exploratoire propose l’évolution souhaitable de la vallée.
90
Des mesures auraient été prises pour permettre une croissance respectueuse des lieux. Les ressources du territoire auraient été identifiées et revalorisées. Elles seraient mises en commun et profiteraient à l’ensemble de la vallée par une nouvelle économie locale. Par exemple, un troupeau collectif permettrait le recul de la forêt sur les terres agricoles et l’ouverture du paysage. La forêt ne représenterait plus une menace pour l’agriculture mais serait en harmonie avec elle. Un abattoir complèterait les équipements de la ZA de Sainte Croix et les châtaigneraies feraient l’objet d’expérimentation en vue de leur revalorisation en filière bois. Le fond de vallée serait exclusivement réservé au maraîchage et préservé de toute urbanisation. Il n’y aura pas d’obstacle à l’écoulement des eaux. En plus de souligner la singularité du terroir (culture du safran, miel de châtaignier, Pélardon), cette nouvelle économie agricole créerait de nouveaux emplois. L’accueil de jeunes actifs serait possible. L’offre de logement serait repensée avec la réhabilitation de bâtiments en cœur de bourgs ou sous forme d’habitats groupés intégrés dans la continuité des hameaux existants. Autour de ceux-ci, les bancels seraient restaurées et cultivées. Avec les ateliers participatifs encadrés, le recours à la yourte ne sera plus nécessaire et le savoir-faire local serait transmis aux habitants. Le cadre de vie aura gagné en attractivité. Sur la base de la solidarité et de l’entraide, d’autres services ambulants auront vu le jour tel que le projet de transport en commun adapté avec l’association Voisine. Malgré l’isolement géographique, les personnes âgées ne seront pas laissées seules. Le centrebourg de Sainte Croix rayonnera sur un bassin de vie étendu jusqu’à la commune de St Martin de Lanuscule. Il sera complémentaire au bourg du Pompidou, qui lui, se spécialisera dans l’accueil touristique. Les circulations entre les hameaux seront facilitées par les drailles réinvesties. Le recours au vélo électrique prendra tout son sens. Enfin, la mise en réseau des acteurs et les circuitscourts augmenteront considérablement l’autonomie de la vallée. Ainsi, la Vallée Française aura trouvé un nouveau souffle et sera reconnue pour sa personnalité unique.
BARRE DES CÉVENNES 9 5
3
9
LE POMPIDOU
2
1
Bourg revitalisé Nouveaux commerces de proximités
2
Pôle d’accueil touristique
3
Equilibre harmonieux entre les surfaces agricoles et la forêt
4
Hameau densifié, Bancels restaurées
5
Châtaigneraies en expérimentation
6
Nouveaux vergers expérimentaux
7
Création d’un abattoir et d’une scierie dans la ZA
8
Cours d’eau libre et au service de l’irrigation
9
Ouverture par pâturage du troupeau collectif
CHIFFRES-CLÉ 900 35%
habitants de résidents secondaires
5
91
3 6
MOLEZON 9
4 6 6
3 8
4 1
STE CROIX GABRIAC 4
Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
7
LES HABITANTS, LE LEVIER DE LA REVITALISATION 93
Conclusion partielle In fine, le maintien de la population est vital pour la vallée. Son dynamisme en dépend. Il permet le maintien des équipements, services et commerces confondus. Les habitants sont le terreau fertile de la vallée de demain. La présence des agriculteurs parmi-eux est une condition sine qua non de la vitalité territoriale. Il est indispensable de la considérer comme élément central du projet de territoire. La rétention foncière des terres agricoles et l’inadaptation de l’offre de logement figent le territoire. Il convient de régler ces incohérences qui limitent de manière conséquente l’installation de nouvelles populations. Il est du ressort de la communauté de commune de porter ces responsabilités. Elle a le pouvoir de mener un projet territorial politique. Le projet devra s’adapter à de petits moyens. Ainsi, il convient d’être stratégique en mobilisant au mieux les richesses que la vallée possède déjà. A savoir la singularité du paysage, ses châtaigneraies et bancels toujours exploitées et son terroir de qualité qui rayonne au-delà de la vallée, mais aussi des habitants créatifs et impliqués, et le bourg de Ste Croix, identifié comme centralité et pourvu de commerces et services relativement nombreux. Partie 2 : Le paysage humain ; une adhésion volontaire de la population
3
VERS UNE NOUVELLE HABITABILITÉ DE LA VALLÉE Introduction p. 95 Concept p. 98 Stratégie d’acteurs p.100 Les projets à venir et souhaits des élus p.104 Synthèse p. 106 Enjeux et orientations p. 107 Schémas directeurs p.109 Le projet territorial p. 114 Intentions de projet p. 116 Références p.124
97
INTRODUCTION Dans la partie qui va suivre, il va s’agir d’apporter des réponses aux besoins identifiés et aux problèmes soulevés. Les outils auxquels la Communauté de communes peut avoir recours vont être détaillés afin de rendre le territoire plus attractif. LA solution unique n’existe pas et toutes les difficultés ne pourront être résolues. Néanmoins, ce diagnostic va conduire à y répondre le plus justement possible. Le concept du projet sera présenté, ainsi que la présentation de la stratégie des acteurs. Cela sera suivi de la synthèse des enjeux et des orientations de projet, du schéma directeur puis des intentions de projets illustrés de quelques références. < Commune du Pompidou en ligne de crêtes, octobre 2016
CONCEPT Maintenant que le territoire est mieux cerné, que faut-il lui souhaiter à l’avenir ? Vers quelle direction la vallée Française aurait-elle intérêt à évoluer ? Il est proposé de se nourrir du concept de territoire commun décrit par Alberto MAGNAGHI, un architecte urbaniste et professeur à l’Université de Florence. ‘Le ‘retour au territoire bien commun’ demande de faire grandir la ‘conscience des lieux’, pour reconstruire les relations de co-évolution entre les établissements humains et le milieu ambiant; pour valoriser les formes conviviales d’habiter, de produire et d’autogérer le patrimoine-territoire capables de fabriquer de la richesse durable. Le projet [...] pour ce ‘retour à la terre’ est fondé sur les éléments constructifs de la biorégion urbaine: les cultures et les savoirs locaux; les équilibres hydrogéomorphologiques et la qualité des réseaux écologiques; les centralités urbaines et polycentriques et leurs espaces publics; les systèmes économiques locaux; les ressources énergétiques locales; les espaces agro-forestiers multifonctionnels; et enfin les institutions de démocratie participative. [Cette vision conduit à la mise en réseau de biorégion] pour une ‘mondialisation par le bas’, fondée en chaque lieu sur la gestion sociale du territoire.’ 98
Voilà une vision possible de territoire commun : un territoire d’accueil pour le contre-exode, où les systèmes productifs locaux, basés sur les ressources du territoire valorisent le patrimoine et contribuent à l’autoproduction. Les biens privatisés, à usage sectorisé n’ont plus raison d’être. ‘Par essence le bien commun couvre tout l’existant une fois qu’on en a soustrait les entités privatives. Avec une limitation sélective instituée (la propriété privée) mais sans ‘plafond’, il est proprement illimité : c’est notamment les milieux et leurs ressources, l’air pur, l’eau des sources et des rivières, la culture, le savoirfaire, etc.’ VERNAY Nicolas, 2015.
‘Construire l’avenir signifie [...] relier les différences dans un espace public durable et accueillant.’ Alberto MAGNAGHI, 2003
Développement local auto-soutenable Considérer le territoire comme
un bien commun
L’individualisation de différents ‘styles de développement’ conduit à créer des espaces identifiables capables d’échanger des biens uniques sur les marchés et évite ainsi ‘l’amnésie territoriale’. Le lieu n’appartient pas de droits aux locaux de longue date ou aux puissances économiques locales, mais il appartient à qui en prend soin. Cela contribue à la refondation d’un point de vue identitaire local.
Reterritorialisation
Il convient de préciser que la ‘reterritorialisation’ ou encore le ‘retour au territoire’ ne doit pas être confondu avec le retour au passé, mais au retour à la construction des futures conditions de vie sur terres. Un nouvel espace rural innovant peut alors s’exprimer ad libitum, par la ‘revitalisation des sagesses antiques avec des technologies innovantes appropriées’.
Auto-gouvernance
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Fi gure de l ’ habi tant/ producteur/consommateur
Conscience des lieux
Dans une certaine mesure, le ‘retour au territoire bien commun’ pourrait s’appliquer à la vallée Française. Elle possède des critères qui lui permettrait d’adopter ce régime. À son échelle, la vallée Française pourrait engager une gouvernance locale durable se concrétisant de la manière suivante : - Identifier la CC en tant que chef d’orchestre - Coordonner les acteurs, se nourrir de leur expérience et compétence - Impliquer les habitants
Esquisse suivant le schéma de réflexion du projet
99
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
STRATÉGIE D’ACTEURS
Rôle des acteurs locaux Il est primordiale de laisser de la place aux initiatives locales. Elles sont favorables au développement par la particularité et la richesse de chaque territoire. C’est un moyen de contrer l’uniformisation et la production de masse. Afin de trouver un équilibre dans les projets de transformation, il faut donc donner la parole aux ‘sans voix’, ces petits acteurs locaux.
100
Un exemple concret sur la commune du Pompidou met en évidence le rôle insoupçonné que peut jouer un petit acteur. Il s’agit d’une famille belge qui est venue s’installer en 2000 et a mis en place sa production d’huiles essentielles. Cela a permis d’une part de renouveler la démographie de la commune, et d’amoindrir son vieillissement. D’autre part, cela a eu un impact positif sur le cadre de vie. Les nombreux colis d’huiles essentielles expédiés favorisent le maintien du service de La Poste. Aussi, elle joue le rôle de substitution du médecin. Les habitants du Pompidou s’adressent à eux pour leur problème de santé. Cela alimente un circuit court complètement autonome. De plus, l’organisation de stages autour des huiles essentielles fait venir des clients et des touristes. Ceux-ci vont consommer sur place (camping, gîte, restaurant, épicerie). Cela génère une économie touristique aux retombées locales. Enfin, pour s’installer, cette famille a acheté une ancienne maison d’enfants en mauvais état. D’une superficie de 2000m², ce bâtiment a un impact visuel important sur la commune. Ils l’ont restauré, ce qui participe à la conservation du patrimoine. De plus, ils cultivent des plantes aromatiques, ce qui maintien le paysage ouvert. Au vu de la ruralité du site et de sa faible densité de population, cette famille de néoruraux se distingue comme un acteur qui singularise le territoire.
Situation de la maison d’enfant, au Pompidou
Cela impose de reconsidérer la politique territoriale. À ce propos, MAGNAGHI décrit la notion de développement local auto-soutenable. Selon lui, ‘‘La définition d’un tel ‘développement local auto-soutenable’ [...] suppose et renvoie à une culture d’auto-gouvernement : une culture soucieuse du territoire, qui ne confie la soutenabilité du développement ni à des machines ni à une économie promue par des centres de décisions hétéronomes, mais qui, dans un monde habité par une multiplicité de ‘styles de développement’, se fonde sur une sagesse environnementale retrouvée et sur des habitants capables de produire à nouveau du territoire.’’ Source des photos: http://www.cevenat.fr/ Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Etat des lieux Un travail d’identification des acteurs territoriaux de la vallée permet de mieux comprendre le fonctionnement de la gouvernance appliquée à ce territoire. En premier lieu, on peut identifier la Communauté de communes des Hauts Gardons comme l’acteur principal de l’avenir de la vallée Française. C’est lui qui représente la voix des communes, et indirectement, des habitants. C’est également lui qui interagit avec de nombreux acteurs extérieurs. Il a un rôle d’intermédiaire et de médiateur. Aussi, on peut même aller jusqu’à l’identifier comme le maître d’ouvrage. En effet, la CC est commanditaire du PLUi en cours d’élaboration à l’échelle de huit communes (dont 4 du site d’étude). C’est par le biais de cet outil que le visage de la vallée de demain dépend en partie.
Organisation Politique des Acteurs
101
Acteurs Institutionnels
Acteurs de la vie locale
Europe Etat : ONF, SAFER, DREAL Conseil Régional Conseil Départemental : DDT ATCC, GAL
PNC CAUE Coopérative du Pélardon Associations Ecole de la Pierre Sèche
Maître d’Ouvrage
CC des Hauts Gardons Communes membres Habitants, Citoyens électeurs
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
STRATÉGIE D’ACTEURS Les Mouvements Financiers On se rend rapidement compte que de nombreux acteurs locaux sont dépendants des subventions ou autre aide financière venant ‘d’en haut’. Cela est caractéristique du milieu rural et la vallée Française n’est pas une exception. Un programme l’illustre; le programme LEADER. Ce dernier est géré par le GAL, porté par l’ATCC. Il soutient l’innovation locale, le tourisme, la qualité de vie et les services à la population ainsi que les aires de jeux. L’ATCC, auparavant syndicat mixte du Pays Cévennes, est également responsable de la mission Accueil. Elle travaille actuellement en concertation avec la commune de Ste Croix pour un appel à projet d’aire de jeux. Ces aides s’appliquent à échelle locale mais sont financées à 80% par les fonds européens (cf. graphique). On se situe plutôt dans un système de Top Down. Si on retire le financement par le global, l’impact local est très important.
102
Financement du Programme LEADER 10 %
Conseil Départemental
10 %
Conseil Régional
80 %
Europe (Feader)
Ce constat amène à distinguer les acteurs locaux capables de s’autofinancer. On les identifiera de terreau fertile. Ce sont sur ces acteurs qu’il faudrait davantage se reposer au plus long terme afin de gagner en autonomie et en pérennité. Parmi eux, on trouve notamment l’Ecole de Pierre Sèche. Elle n’a actuellement aucun lien avec la vallée Française. Pourtant, elle pourrait être un acteur clé de conservation du patrimoine (magnanerie, clèdes et bancels qui se dégradent) et de revitalisation des centre-bourgs (maisons vacantes en ruine).
GLOSSAIRE
Légende
ATCC : Association Territoriale Causses Cévennes CAUE: Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement CC : Communauté de Communes (ici des Hauts Gardons) Cinéco : Association de cinéma ambulant DDT : Direction Départementale du Territoire FEADER : Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural GAL : Groupe d’Acteurs Locaux Voisine : Association, projet Totem’Mobile : solution pour de nouvelles mobilités
Demain Sans Faute : Association, réseau de télétravailleurs PNC : Parc National des Cévennes SAFER : Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Projet en cours Dépendance financière Indépendance financière Nature des relations : Apport financier Apport connaissances et de compétences Engagement par convention Les noms de personnes qui apparaissent sont ceux que je suis allée rencontrer.
Etat
Etat
SAFER
ONF
Région
Conseil Régional
Terra Rural
François KONIECZNY, Animateur
ATCC
PNC
Conseil Départemental
Leader
Eric DESSOLIERS, Chargé de Mission Paysage et Urbanisme
DDT
CAUE Lozère
Département
GAL
Sandrine MARMEYS, Animatrice
Europe
GLOBAL
Europe
Maîtrise d’Oeuvre
Agence d’urbanisme ROBIN & CARBONNEAU B.E. FPLG
103
B.E. Environnement & Paysage
PLUi Associations
Totem’Mobil
Ecole de la Pierre Sèche
CC des Hauts Gardons
Coopérative du Pélardon
Jean Claude PIGACHE, Président Floriane ROUGE, Agent de Développement
Communes
Voisine Cinéco Demain Sans Faute Verger de Lozère
Communes
Les maires des 4 communes Le Pompidou, Gabriac, Molezon, Ste Croix
Habitants
Agriculteurs Forestiers
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Particuliers
Néoruraux
LOCAL
Artisants Résidents secondaires, Commerçants Retraités
LES PROJETS À VENIR ET SOUHAITS DES ÉLUS Quelques projets sont en lancés et d’autres sont à venir. Le PLUi des Hauts Gardons, sur les huit communes est en cours d’élaboration. La Maîtrise d’Ouvrage, la Communauté de communes, a formulé des objectifs dans sa commande. Voici ceux qui paraîssent particulièrement pertinents: - Maintenir et consolider l’économie actuelle - Affirmer les grandes entités fondatrices de ce territoire rural - S’appuyer sur les ressources locales pour l’auto-développement - Hiérarchiser les capacités de développement en protégeant les terres agricoles et les ressources. Ces recommandations sont cohérentes avec les enjeux soulevés jusqu’ici. D’autre part, la CC est aussi porteuse de Terra Rural et de l’OCAGER*. Terra Rural est un programme de développement financé par la Région. Actuellement, la CC est sur le point d’embaucher un animateur pour mener un projet agricole dans ce cadre.
SIGLE ATCC : Association Territoriale Causses et Cévennes CC : Communauté de communes FEADER: Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural GAL : Groupe d’Acteurs Locaux OCAGER: Opération Concertée d’Aménagement et de Gestion de l’Espace Rural * Cf. page 82, Outil expliqué dans Une agriculture locale de qualité
104
PLUi en cours (8 communes) Aire de jeu avec financement Leader Rénovation d’une magnanerie pour créer des logements Appel d’offre à la Roquette avec Terre de Lien Installation de la fibre optique Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Par ailleurs, chaque commune possède des ambitions à leur échelle.
Hameau de la Roquette, Molezon Sur le site de la Roquette, en cœur de parc, la commune de Molezon recherche les futurs habitants et gestionnaires. Elle souhaite qu’y soit créée une combinaison d’activités qui contribueront à faire vivre ce lieu, en relation avec le sentier d’interprétation du Parc : activité d’accueil et projet agropastoral à développer, en lien avec la commune, la communauté de communes, Natura 2000 et le Parc national.
Aire de jeux existante, Ste Croix À Sainte Croix, la commune est candidate auprès du GAL de l’ATCC pour un financement Leader d’aire de jeux. Le projet a fait l’objet de discussions mais n’est pour le moment pas encore définitif.
Magnanerie à restaurer à Gabriac Sur la commune de Gabriac, il serait envisagé de restaurer cette ancienne magnanerie déterriorée lors d’un incendie. Sa réhabilitation pourrait permettre d’accueillir des logements sociaux à l’étage et pourquoi pas également une salle intercommunale.
Fibre optique au Pompidou Au Pompidou, le département de la Lozère finance l’installation de la fibre optique avec l’aide financière FEADER et de la région. Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
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SYNTHÈSE Le système territorial tel qu’il est actuellement est déséquilibré: l’espace naturel, particulièrement représenté par les boisements et la ‘zone cœur’, domine au détriment de l’espace agricole et de l’espace habité. Cet espace naturel présente des risques d’éboulement, d’inondation en fond de vallée, et d’incendie dûs à la fermeture du paysage. Une homogénéisation est à venir. D’autre part, il produit un conflit avec l’activité agricole. Il exerce une pression sur les surfaces agricoles et la surpopulation de sangliers cause des dommages. L’espace urbain demeure en quête d’identité. Il empiète doucement sur les terres agricoles et ne connaît pas vraiment d’encadrement vers la direction à suivre.
Système territorial actuel Recul de l’agropastoralisme
Effacement du patrimoine rural agricole et artisanal
TEN
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SIO
N
Châtaigneraie menacée Pression sur les surfaces agricoles
Fermeture du paysage
Rétention foncière
Paysage
Des espèces colonisatrices
Faible débordement de l’urbanisation résidentielle Forte protection réglementaire Offre de logement inappropriée Risque d’incendie, d’éboulement et d’inondation
Dynamique sociale, espaces de rencontres vivants et récents Bourg délaissés, vacance, ruine Equipements difficile à maintenir
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
ENJEUX ET ORIENTATIONS Le projet territorial s’oriente vers une relation vertueuse entre l’espace naturel et l’espace agricole. Ces deux espaces ne seraient alors plus en tension mais en synergie. Pour se faire, il convient de donner plus de poids à l’agriculture et de faire de l’espace naturel une ressource, produisant des biens et des services communs. Des mesures doivent être prises afin de rendre l’espace habité plus attractif et accueillant. Deux grandes intentions se distinguent alors : 1- Redynamiser l’économie territoriale par un projet agricole commun 2- Faire de la vallée une terre d’accueil
Projet territorial
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par un projet agric SYN E
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Promouvoir le terroir par une économie locale
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Création de ressources
Paysage
Redonner à lire les traces des pratiques anciennes
Un cadre de vie attractif
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Nouveau mode d’habiter
Gestion du territoire pour un paysage diversifié
Rééquilibre du rapport de force entre nature et agriculture
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Contrôle de l’extension résidentielle et maîtrise des mutations
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Réaffirmer une vocation agricole
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Encourager les nouvelles installations
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terre d’accueil
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VERS UNE NOUVELLE HABITABILITÉ CHOISIE REDYNAMISER LA VIE LOCALE / VIVRE ET HABITER Conforter la centralité de Sainte Croix Redonner envie de vivre en centre-bourg
Encourager les futures constructions et les rénovations en cœur de bourg Fragments habités à mettre en réseau Favoriser la circulation douce en fond de vallée Maîtriser les mutations commerciales, résidentielles et industrielles du tissu bâti existant ANTICIPER L’EXTENSION BÂTIE Permettre l’extension habitée au long terme, dans la continuité des hameaux existants bien desservis INNOVER POUR SOUTENIR L’ÉCONOMIE TERRITORIALE Développer un pôle d’accueil destiné aux touristes et au télétravail Nouveau hameau expérimental conciliant habitat et atelier d’artisans.
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STE CROIX VALLÉE FRANÇAISE
TRAVAILLER UNE SINGULARITÉ PAYSAGÈRE IDENTIFIABLE RENVOYER UNE IMAGE DE QUALITÉ Marquer les seuils d’entrée dans la vallée Soigner les entrées de villages
Point de vue à valoriser
Route touristique à mettre en scène 111
Point d’intérêt et sentiers d’interprétation à conserver
Contrôler les espèces colonisatrices (chênes verts et pins maritimes), prévenir l’homogénéisation et le risque incendie METTRE EN VALEUR LE PATRIMOINE RURAL Bâti intégré et respectueux de l’architecture traditionnelle Valoriser les mûriers relictuels
Conserver l’utilisation des bancels et des châtaigneraies vergers
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RÉAFFIRMER UNE VOCATION AGRICOLE PAYSANNE UNE HARMONIE RETROUVÉE ENTRE L’ESPACE AGRICOLE ET L’ESPACE NATUREL Gestion appropriée des franges forestières 113
Retrouver un paysage pastoral le long des cours d’eau Mettre les surfaces pastorales en réseau, inviter à la promenade via les drailles, restaurer quelques bergeries Créer une économie dans la ‘zone cœur’
CRÉER DE LA RICHESSE TERRITORIALE COMMUNE Valoriser les ressources de la forêt (bois, gibier de sanglier) Expérimenter l’agroforesterie Équiper la Zone Artisannale d’un abattoir et d’une scierie
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
LE PROJET TERRITORIAL
Reconsidérer les potentiels territorriaux
Création de ressources Production de ressources en bois, gibier et expérimentation du sylvopastoralisme
Maintien de l’agriculture en terrasse existante et reconquête des terrasses enfrichées
Ouvrir le fond de vallée par le pastoralisme, le rendre accessible à la promenade
À proximité des espaces habités, mise en place de parcelles maraîchères collectives
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Maîtriser le processus de transformation Équiper la Zone Artisannale
Mise en réseau des acteurs locaux Locaux et parcelles à disposition de tous
Nouveaux emplois Implication des habitants Berger
Scierie
Artisan
Abattoir
Consommer localement Vente directe et sur le marché
Consommation à la cantine scolaire et dans les restaurants locaux
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Commercialisation dans les magasins de paysans
Agriculteur
INTENTION DE PROJET Maîtriser le foncier La reconsidération des potentiels territoriaux conduit à la construction de modèles de développement locaux auto-soutenables. L’espace naturel, et particulièrement la zone cœur, n’est plus abordé avec une approche défensive et de sauvegarde mais en association avec l’espace agroforestier. De cette association naissent des lieux-laboratoires promouvant de nouvelles relations productives environnementales.
Ces lieux-laboratoires permettent d’expérimenter de nouvelles relations synergétiques entre espace naturel et espace agricole, comme par exemple: le sylvopastoralisme et l’agroforesterie, le recours à la traction animale, etc. Les forêts peuvent être sources de bois (chauffage, copeaux paillage, charpente, nouvelle architecture et piquets), de gibier, de champignons. La gestion publique du fond de vallée contribue à améliorer le cadre de vie en favorisant l’appropriation habitante via la promenade et le maraîchage. Ces activités productives sont susceptibles de mettre en valeur les qualités spécifiques du patrimoine territorial propre à la vallée : patrimoine matériel (cours d’eau, sol fertiles, forêt, agriculture en terrasse) et immatériel (culture productive, style de vie, savoir et conscience environnementale).
Les ressources produites participent à promouvoir un terroir singulier et de qualité. Il est indispensable de maîtriser le processus de transformation par les acteurs locaux. Ainsi dans la logique d’autonomie et de circuit court, la zone artisannale de Ste Croix a intérêt à être équipée d’un abattoir ainsi que d’une scierie. Ces filières créeraient des emplois et permettraient d’innover en utilisant les ressources territoriales. Cela peut être complété avec la disposition de locaux grâce au rassemblement des acteurs autour du bien commun. Il convient de contrôler la commercialisation des ressources afin d’en faire bénéficier la population locale en premier lieu. Cela n’exclue pas les échanges externes (la vallée aurait du mal à être auto-suffisante en fourrage par exemple) assurant une complémentarité dans un réseau polycentrique à plus grande échelle.
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
LES OUTILS POTENTIELS La politique locale du foncier peine à s’installer; les collectivités agissent mais se heurtent très souvent à la difficulté d’inscrire leurs interventions dans une stratégie d’ensemble cordonnée et prospective. La maîtrise foncière est pourtant la priorité dans les actions à mener. Elle est la condition sine qua non du projet. De nombreux intervenants extérieurs peuvent aider à la maîtrise du foncier, tels que la SAFER. Cependant, c’est à la collectivité de mettre en place un outil durable pour prendre en main la maîtrise foncière, en suivant le concept de l’autogouvernance. Cela peut décourager car la mise en place de cet outil réclame beaucoup de temps et de volonté constante. Aussi, le plan d’actions suivant est proposé.
Plan d’actions
‘‘Les activités productives permettent [...] le développement des particularités du territoire’’ Alberto MAGNAGHI
1 : Partir de l’existant, impulser le projet 2: Mobiliser par la force de l’exemple: séduire la population locale 3 : Etendre peu à peu grâce à l’acquition foncière 115
L’installation d’une nouvelle
exploitation crée 7 emplois en amont et en aval en moyenne.
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L’étude du site a permis de déterminer des potentialités sur le bourg de Ste Croix vallée Française et à Gabriac. Elles sont détaillées dans les focus, à l’intérieur du dépliant. Des surfaces importantes sous le village de Barre des Cévennes pourraient se prêter à de nouvelles expérimentations sur les boisements (sylvopastoralimse en particulier). Située sur la commune de Barre, cette opportunité ne sera pas plus précisée par la suite. ‘Dans ces laboratoires expérimentaux, pour les formes collectives de repeuplement rural, l’expérience de la propriété collective des usages civiques pourrait se réaliser à travers les formes d’associations et de contractualisation entre les pouvoirs publics et les producteurs/habitants pour la gestion des terres.’ MAGNAGHI, p.70
- PLUi : les emplacements réservés et les droits de préemption urbain - AFP : Association Foncière Pastorale développée plus en détail par la suite. Le Code Rural impose aux propriétaires de valoriser ses terres et aux locataires de bien les exploiter Plusieurs contrats pour les parcelles agricoles en Cévennes : - Bail à ferme: durée de 9 ans, renouvelable, prix fixé par l’indice national du fermage, ajout possible de clauses environnenementales en zones coeur de Parc et Natura 2000 - Bail de petites parcelles: concerne parcelles < 0,57ha et prairies < 2,85ha, très libre dans le prix, le renouvellement ou la résiliation - Convention pluriannuelle d’exploitation ou de pâturage : 6 ans, s’adapte aux zones de montagne délimitées par arrêtés de zonage, prix fixé à 70% max du barème d’un fermage classique
FOCUS 1 : GABRIAC
FOCUS 2 : LE BOURG DE SAINTE CROIX Cet espace se dinstingue comme une opportunité pour expérimenter un nouveau type d’habitat en se basant sur la rénovation de la magnanerie existante et s’appuyer sur la ceinture boisée en possession de la commune.
La Toureille
Les parcelles au bord du Gardon pourraient faire devenir des jardins partagés attitrés aux habitants des nouveaux logements en cœur de bourg. Cela contribuerait à rendre le cadre de vie et l’offre de logements plus attractifs.
Magnanerie
Résidence secondaire Hameau de Gabriac Bâtiment de la CC Le Gardon
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Propriété communale Acquisition foncière à planifier pour logement
GABRIAC
Gestion foncière (pastoralisme)
Jardin partagé
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BOURG DE STE CROIX ou
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Redonner l’image des bancels cultivées N
N 1/5000
1/5000 Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
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Légende Propriété communale Propriété de l’Etat Opportunité foncière
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INTENTIONS DE PROJET Création d’une Association Foncière Pastorale L’AFP (Association Foncière Pastorale) est un outil de gestion du foncier. La collectivité réfléchit déjà à la mise en place d’un troupeau collectif dans le cadre du projet Terra Rural. L’AFP pourrait le concrétiser. Elle consiste, par le biais d’une convention, à mettre en relation les propriétaires des terres avec les éleveurs. Chacun y trouverait son intérêt: les propriétaires bénéficieraient de parcelles entretenues tandis que les éleveurs auraient à disposition des terres pour nourrir leur cheptel. Cela nécessite l’emploi d’un berger et offre la possibilité de remise en état de bergeries. Ce type de groupement ne vise pas à acquérir les terres mais plutôt à en assurer la bonne gestion au sein de l’association qui regroupe des propriétaires publics ou privés. L’AFP peut prendre la forme d’un établissement public.
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L’objectif principal de la mise en place d’une telle gestion foncière est la réouverture du paysage avec le contrôle de la pression forestière sur l’agriculture. Les actions peuvent être nombreuses: - ouverture des points de vues - lutte contre le risque incendie autour des hameaux et apport d’une respiration dans l’espace - lutte également contre l’homogénéisation (hausse de la biodiversité) - donner une image d’un territoire animé et entretenu - entretien et remise en état de draille
Plan d’actions Lors de la 1ère année, les parcelles enfrichées par du ligneux important feraient l’objet d’un nettoyage. La gestion porterait sur une base d’un pâturage par an, éventuellement associées à des fauches différenciées tardives.
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Ratio de 11 chèvres/ha Source: Article réalisé par le Réseau d´élevage caprin des régions Poitou-Charentes et Pays de Loire ainsi que l´Institut de l´Elevage.
EN LOZÈRE: 12 AFP dont 9 AFP autorisée regroupant 268 propriétaires 1240 ha exploités par 24 éleveurs Données DDT Lozère
Ouvrir les cours d’eau par le pastoralisme Fermé, inaccessible, sans usage
La réouverture des fonds de vallée pourrait être le support de nouveaux usages (promenade, baignade). Elle permettrait de redonner accès à des lieux oubliés tels que ceux photographiés ci-dessous. Favoriser les chèvres plutôt que les moutons: - autonomie en fourrage élevée (>85%) - affirmer l’image d’un terroir de qualité (Pélardon) - consommation des bourgeons de ligneux bas - consommation des genêts pour le maintien de l’ouverture du milieu - fertilise le sol et possibilité de retarder la fauche
Promenade, contact avec l’eau, avec le cheptel
Lieu de détente
Jardin partagé proche des habitations
Support d’activité pédagogique
Des lieux magnifiques qui pourraient devenir des espaces de promenade et de baignade
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Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
INTENTIONS DE PROJET Les richesses territoriales sources d’une économie responsable Espaces homogènes
En construisant des modèles de développement locaux sur des lieuxlaboratoires, de nouvelles relations productives environnementales sont possibles. Il convient de favoriser les circuits courts. Ils permettent d’éviter les dépenses inutiles, de conforter l’image du terroir et de répondre à une demande de la clientèle, à savoir la population locale majoritairement. Leur mise en place nécessite une mise en relation des acteurs producteurs vendeurs consommateurs. Une chaîne de valeur est une connexion acteur par acteur à partir de l’attente client. C’est une stratégie coopérative plutôt que collaborative. Chacun travaille sur une phase de la chaîne de valeur, dans une même stratégie globale, avec des ressources communes. C’est la mise au point, la régulation qui est commune et mutuelle mais non nécessairement la production. L’effet de complémentarité en synergie est très supérieur à l’effet de concurrence.
Maîtriser le processus de production par les éleveurs 120
Mise en place d’un abattoir Coût de transport stress animal qualité de la viande
ZA de Sainte Croix
Lieu laboratoire
Espace productif diversifié
L’installation d’un abattoir dans la zone artisannale de Sainte Croix permettrait une meilleure maîtrise du proscessus de transformation par les éleveurs. L’idée d’un abattoir ambulant n’est pas à exclure ! Ce service serait plus souple vis-à-vis de la demande, éviterait le transport des animaux et renforcerait le côté humain.
Flux existants Flux projetés Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
L’abattoir pourrait répondre également au projet agropastorale, à la consommation du gibier et au recours à la traction animale.
La zone artisannale en image
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Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilitĂŠ de la vallĂŠe
Redonner envie de vivre en centre-bourg Les leviers de revitalisation: rendre Ste Croix plus attractif Il convient d’agir sur l’espace commun: - relier les espaces attractifs (salle polyvalente du Piboulio, communication des hameaux entre-eux) en s’appuyant sur les circuits de randonnées déjà existants - Structurer/anticiper l’extension urbaine (lieu cohérent pour de nouvelles implantations humaines en respect des coulées vertes, des espaces à protéger) - Se reposer sur les initiatives habitantes déjà existantes et les associations
L’accueil de nouvelle population dépend de l’attractivité du bourg. Cette dernière dépend de plusieurs éléments. Voici ceux qui peuvent faire entrave à l’attractivité du bourg: l’inadapatation des logements du bourg, le taux élevé de logements vacants, des espaces publics dégradés et ou vieillissants, et enfin des commerces et services fermés.
4 dimensions dont l’attractivité dépend: Présence
Habitat
Communauté de commune
Bien commun
Services, commerces et activités
Répondre à la demande de logement : 122
Différentes actions sont à envisager concernant l’habitat : - rénover l’habitat en centre-bourg: proposer une offre de logements qui réponde aux besoins contemporains de lumière, d’espace, de performance énergétique et donner un accès prioritaires aux personnes âgées pour les logements de plain-pied - remplir les dents creuses, pour compléter la continuité du front bâti (localisées sur le focus de Ste Croix, p. 116) - mettre à disposition des parcelles à cultiver - mener une politique foncière de rachat des résidences secondaires - expérimenter un nouveau type de hameau ( cf. focus de Gabriac) 1
2
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1. Les rues s’animent le dimanche à Sainte croix 2. Sculpture-jeux en bois sur l’espace de récréation de Sainte Croix, créée à l’initiative d’un habitant/artiste 3. Station essence en lauze de schiste à Sainte Croix, encore une initiative habitante. Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
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Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilitĂŠ de la vallĂŠe
RÉFÉRENCE: MAÎTRISE FONCIÈRE Domaine de Gabalie, Ispagnac (48)
Les terres du Domaine de Gabalie reposent sur une AFP. Cette association est née de l’impulsion de la mairie d’Ispagnac et de plusieurs propriétaires. Désormais, cette initiative profite à la qualité du terroir avec un vignoble renommé.
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Sources: http://www.terredevins.com/
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Chèvrerie-fromagerie, Lamelouze (30)
Dans les cévennes gardoises, à moins de 50 km de Sainte Croix, s’est mise en place une ‘ferme de reconquête’. ‘La création d’une chèvrerie-fromagerie a été impulsée par la réflexion autour du risque d’ incendie. La création de ‘ceinture aménagée’ a été conçue pour protéger les hameaux isolés. Pour cela, les propriétaires ont été regroupés en association afin de mettre leurs parcelles à disposition des éleveurs et permettre ainsi l’entretien des espaces par le troupeau.’ Source: Dépliant Foncier Agricole en Cévennes, conception Nathalie TAILLANDIER
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Sources des photos: http://chevrerie-du-bois-de-rame.e-monsite.com/
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
Au bord d’un chemin, le genêt, essence envahissante et pyrophile, fait le bonheur des chèvres.
RÉFÉRENCE: REVITALISATION Un contre-exemple de la disparition des services en milieu hyper-rural, Faux-la-Montagne (23) ‘‘Faux-la-Montagne, village du plateau de Millevaches, au fin fond de la Creuse, est à une heure quinze de route de la première ‘‘grande’’ ville, Limoges. Le territoire est classé ‘‘hyperrural’’ par les rapports officiels, mais est un contre-exemple de la disparition des services dans ces lieux reculés. Paradoxalement, pour la maire du village, Catherine Moulin, « être loin de tout est une chance. On a toujours su se prendre en charge, se retrousser les manches ».’’ La création d’une scierie ‘Ambiance Bois’ permet d’employer maintenant 25 personnes. Dans une démarche politique d’accueil, la commune s’est regroupée avec 6 villages voisins dans une ComCom. Un bâtiment ancien a été rénové pour en faire une maison médicale. Les locaux de La Poste regroupent une médiathèque et l’accueil touristique avec des plages d’ouverture du lundi au samedi. Le collectif TAF (Travailler à Faux-la-Montagne) est un espace de travail partagé pour télétravailleurs, intermittents et entrepreneurs. La commune attire de nombreux jeunes actifs. 126
‘‘Ce qui nous a attiré ici, c’est cette logique collective avec tous les réseaux d’entraide, par exemple l’organisation pour l’approvisionnement en produits locaux’’
Village de Faux-La-Montagne - Source: Marie Astier/Reporterre Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
CHIFFRES-CLÉ 400
habitants
30
associations environ
46%
des agriculteurs ont plus de 50 ans
D’après l’article Faire revivre les campagnes : en Creuse comme ailleurs, c’est possible, 15 septembre 2016 / Marie Astier (Reporterre)
RÉFÉRENCE: HABITER Rénovation et extension avec du bois (48)
Eco-hameaux de Bertignat, parc du Livradois forez (63) La commune de Bertignat, de moins de 500 habitants, a décidé de créer des logements neufs pour accueillir de nouveaux habitants, en adéquation avec la charte du Parc du Livradois Forez. Afin de permettre la greffe entre les futurs habitants du quartier et ceux déjà présents dans le bourg, plusieurs actions et rencontres ont été menées : journées de formation de construction de murets en pierre sèches, visites dans les nouveaux logements sociaux, etc. Au printemps, les habitants du village ont été invités à plusieurs journées de plantations Cette méthode, économiquement avantageuse, permet d’installer l’espace public comme le premier lieu de rencontre et garantie le respect et l’entretien des plantes par les habitants euxmêmes.
La filière bois peut être mobilisée pour une nouvelle architecture. Elle répondrait ainsi à la demande d’auto-construction d’une partie de la population: restaurer un bâtiment vacant traditionnel et l’adapter aux besoins contemporrains avec le recours au bois local.
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Sources: Agence Boris BOUCHET, architectes
Sources: Nathalie Crépin, Architecte en Lozère Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
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Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilitĂŠ de la vallĂŠe
REDONNER VIE À UN FUTUR DÉSERT RURAL Conclusion Redonner vie à un futur désert rural, telle est l’ambition du projet de territoire sur lequel s’achêve ce mémoire. La réflexion menée lors de ce travail de fin d’étude m’a conduite à affirmer que la vallée Française est dans l’attente de la naissance de SA nouvelle ruralité. Le vide appelant de nouveaux usages, la vallée doit s’orienter vers une nouvelle habitabilité choisie afin de devenir une terre d’accueil singulière. L’installation de nouvelles populations seule ne peut pas être une réponse suffisante si elle n’est pas réfléchie en corrélation avec d’autres dynamiques territoriales. Les systèmes de développement auto-soutenables restent à réinventer. Le projet de territoire prend alors tout son sens puisqu’il permet d’établir des relations synergiques entre les différents espaces. Le paysagiste, par son regard transversal et pluridisciplinaire, doit enrichir cette réflexion. Il est de son ressort de ressaisir la ‘personnalité vraie’ du site pour augmenter la valeur du patrimoine territorial. Les moyens humains et financiers sont limités. Aussi, le projet se voudra modeste, mais, malgré tout ambitieux. Il s’agit de ‘faire le plus possible avec, le moins possible contre’ comme l’écrit Gilles CLÉMENT. Grâce à l’intelligence communautaire, il devient possible de concevoir un projet réfléchi. Il faut agir aux endroits qui fonctionnent déjà et accepter les évolutions en cours, en particulier la perte d’une partie des châtaigneraies et le vieillissement de la population. L’identité de la vallée doit évoluer. Les efforts doivent contribuer à la reconstruction des savoir-faire diffus et traditionnels vers des systèmes innovants appropriés capables de favoriser la réunification des habitants contribuant à la fabrique du territoire de demain. Habiter prendra une nouvelle signification : habiter non pas comme un résident ou un simple consommateur mais comme un acteur ancré au territoire. Les politiques locales seront-elles suffisamment déterminées pour faire éclore ce projet de territoire ?
Partie 3 : Vers une nouvelle habitabilité de la vallée
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ANNEXES Entretien, d’après enregistrement
Françoise SAINT PIERRE, maire de la commune du Pompidou, le 17/10/16. Pouvez-vous vous présenter ? J’étais au conseil municipal depuis 1995 et devenue maire depuis 2001. Ma mère habitait le Pompidou. J’y suis installée aussi, au Masbonnet. Je travaille à Nîmes en semaine.
130
Qui sont vos habitants ? Beaucoup de personnes âgées, c’est vrai que c’est une population vieillissante. Et aussi beaucoup de résidences secondaires. En activité, ce sont essentiellement des agriculteurs, en polyactivité (élevage caprin). Certains ont des gîtes pour les compléments de revenus. Et d’un point de vue touristique ? Notre atout et notre difficulté c’est la Corniche des Cévennes. C’est une belle route mais nous éprouvons des difficultés à faire arrêter les touristes au Pompidou. On a aussi un petit camping, à l’échelle du village. L’été on essaye d’avoir des activités touristiques. Il y a la journée de l’écrivain, les randonnées pédestres, les concerts. On a la chance d’avoir l’Eglise de St Flour, qui est une église romane. Une association y fait des concerts magnifiques et des enregistrements. Comment avez-vous vu évoluer la commune lors des 30 dernières années et comment la voyez-vous évoluer dans les 30 prochaines ? Je serais un peu pessimiste. Je la vois en déclin, surtout pour sa population. Il y a une dizaine d’année la population semblait repartir mais là la population vieillit. Ce n’est pas que le Pompidou, s’est général à la vallée. Il n’y a plus suffisamment d’enfants sur la commune. Cela a entrainé la fermeture de l’école. On s’est battu il y a 8 ans pour le maintien de notre épicerie. Le propriétaire vendait, ça a été difficile mais la commune a racheté, nous y sommes arrivés. Au début de mon premier mandat, c’était la fermeture de la Poste. On a pris le parti d’employer un agent communal. Ce maintien de service n’a pas été négatif.
Pour les activités agricoles, il y a beaucoup d’agriculteurs célibataires. Les terres vont se faire racheter par d’autres exploitations déjà existantes. Il n’y aura pas d’installation de nouveaux agriculteurs. Difficulté de pouvoir installer des jeunes parce que dans les Cévennes, les terres sont très morcelées. Et avec le PLUi ? Les jeunes qui s’installent et qui disent on va faire du petit maraichage, ce n’est pas viable. En revanche, parmi le conseil municipal, on a un jeune agriculteur. Il fait de l’élevage de chèvres, fabrique et vend son fromage à la ferme et fait aussi de la viande de mouton. Il a installé dans sa ferme de quoi transformer la viande de mouton. Lui-même dit que pour vivre, il lui faut toutes ses activités. Certains ne vivent qu’à travers les aides européennes. Y-a-t-il un marché au Pompidou ? Non. On a décidé de mettre en place un petit marché l’été mais on n’a très peu de monde. Par contre il y a le marché de Sainte Croix. Nos producteurs ne s’y déplacent pas. Ils vendent directement sur place. Au Pompidou, dans l’innovation, une famille venue de Belgique produit des huiles essentielles. Elle vend sur place mais exporte aussi beaucoup. Elle est arrivée il y a 16 ans, s’est bien intégrée et vit de son activité. Avez-vous déjà eu le cas de néoruraux qui se sont mal intégré, ne sont pas restés ? Sur le Pompidou, non. On n’a pas connu de conflit. Cependant, on a eu des néoruraux qui ont voulu s’installer et qui n’y sont pas arrivés. Leur activité n’a pas été viable donc ils sont partis. Un couple a voulu s’installer en apiculture. Ils venaient du nord de la France. Ils se sont installés ici en voulant développer surtout de l’apiculture mais avec des habitudes citadines. Ils avaient quatre enfants. Ils demandaient à la commune d’offrir les mêmes infrastructures de scolarité qu’en ville : terrain
de sport, piscine, ce qui n’est pas possible. Ils ont donc enlevés les enfants de l’école, ce qui a conduit à la fermeture de l’école. Pour l’avenir vous dites donc que vous êtes pessimiste ? Avec le PLUi, on espère que les zones d’activités ne vont pas être concentrées sur une seule commune mais bien réparties sur tout le territoire. Avez-vous des projets en cours ? Il y a deux ans, des travaux d’assainissement ont permis de refaire l’aménagement du village, avec un filtre planté de roseau. On essaye d’avoir une démarche plus respectueuse de l’environnement. Autrement, on a eu de la rénovation de logement, de la réfection de voiries… On est plus dans l’entretien. Des idées de projets à venir ? On aimerait. Ce qui nous freine ce sont les restrictions budgétaires. Qu’est-ce qui est le plus couteux pour votre commune ? Les frais de fonctionnement, avec le personnel. Le secrétaire est nécessaire, l’agence postale... On essaye de faire le maximum d’économie de fonctionnement. On ne voit plus trop sur quoi on pourra économiser. Cependant, avec la baisse des dotations, c’est compliqué. Avez-vous déjà travaillé en partenariat avec le PNC ? On est partenaire pour le Festival Nature. On fait parfois appel aux architectes du Parc. En tirez-vous une expérience positive ? Oui. Le personnel est compétant et sait bien conseiller. On les associe pour les aménagements du village. Les habitants ont-ils une bonne perception du PNC ? Ça s’est amélioré. Au départ c’était beaucoup de craintes qu’il y ait trop de contraintes. On a des agriculteurs qui ont des terrains en zone cœur. Finalement, la réglementation du parc a évoluée. Elle a pris en compte
qu’on est un territoire vivant, avec des gens qui y travaillent. Je pense que la perception est meilleure, depuis la concertation qui s’est faite autour de la charte. La meilleure preuve, c’est qu’on y a adhéré. On a plus d’avantage à adhérer à la charte que d’inconvénients. Ça apporte notamment en termes d’image pour le tourisme. Il faut essayer de tirer parti de tout ce qu’il propose. Avez-vous une planification de création de logements sur la commune ? On a créé de deux logements sociaux en 2003 au-dessus de la mairie, en rachetant le bâtiment et en le rénovant. On a également deux logements au Masbonnet, dans l’ancienne école. Qu’est-ce qui selon-vous attire les gens à venir s’installer ici ? La qualité de vie ! D’ailleurs, si il y a beaucoup de maisons secondaires, ce ne sont pas simplement des gens qui achètent pour les weekends, ce sont des gens qui à la retraite reviennent définitivement. Par contre, ce qu’on n’a pas abordé, c’est le problème des soins médicaux. C’est parfois un très gros problème. L’éloignement et l’absence de médecins font que des jeunes couples ont un peu de réticence à s’installer, surtout s’ils ont des enfants en bas âge. C’est un point négatif aussi pour les personnes âgées. On a l’ambition de développer à échelle supra communale de l’aide à domicile. C’est le prix à payer pour que les gens restent. Je pense qu’il n’y a pas d’autres moyens que d’aller vers la mutualisation. Il est décevant qu’il n’y ait pas eu plus de concertation sur la découpe du territoire. Le préfet ne veut rien entendre bien qu’on continue de se battre.
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ANNEXES
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Entretien, d’après prise de note
Etude toponymique
Entretien avec la mairie de Molezon avec la maire Annie Goiset et ses deux adjoints, à Biasses, le 21/10/2016.
D’après le Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes, FABRE Paul Barre des Cévennes : chef-lieu de canton (Florac), la Barre, écart : occitan barra ‘‘barrière’’ au sens topographique, à moins qu’il ne s’agisse de l’ancien occitan barra, qui a signifié ‘‘droit d’entrée, péage’’. On peut aussi penser au gaulois barro ‘‘montagne’’
Nous avons pensé à un projet de troupeau intercommunal. Cela permettrait de conserver et de rouvrir le Paysage. On a un standard de confort qui a augmenté. Ici c’est différent. Il y a 40 ans, ça allait, maintenant, on est bloqué par le foncier. L’élan associatif n’est plus aussi dynamique qu’auparavant. Les années 70 ont été marquées du mouvement du retour à la terre. Il y a eu une hausse de la démographie par différentes vagues. Maintenant la population est vieillissante. Les prix ont augmenté en raison des résidences secondaires. Environ la moitié des résidences sont secondaires à Molezon. Nous sommes confrontés à la difficulté de conserver des habitants sur toute l’année. Il y a une possibilité d’habitat alternatif. En y dédiant des parcelles, cela pourrait permettre une installation plus facile pour les jeunes. Sur le site de La Roquette, nous faisons un appel à candidature pour trouver un gestionnaire et installer un agriculteur ainsi que relancer l’activité touristique. On a des kilomètres de chemins qui se perdent. Ici, il y a un esprit anticonstitutionnel cévenol. Pour les gens qui se sont installés dans les années 60, c’était pareil. Il y avait deux écoles. Elles sont devenues des logements. Il y a des problèmes de chasse. Les gens s’enferment chez eux. Les modes de vie des néoruraux sont différents. Maintenant, c’est plus individualiste. Les gens sont consommateurs mais pas acteurs. Avant, il y avait deux bistrots et une épicerie à Molezon.
Biasses, hameau de Molezon : nom de famille Biasses tiré de l’ancien occitan biaça, du latin bisaccia ‘‘besace, provision de bouche’’, ‘‘panetière, repas qu’on porte au champ ou au chantier, provisions de voyage’’ Le Crouzet : diminutif de cros ‘‘creux’’ Gabriac : nom de domaine/d’homme gallo-romain, du gaulois gabros ‘‘chèvre’’ L’Hospitalet : diminutif de l’occitan espital (du latin hospitalis) ‘‘hôpital, asile’’ Mas : du latin mansum ‘‘terme féodal désignant une exploitation rurale occupée par un seul tenancier’’ Le Masbonnet, désigné par un nom de personne. Molezon : molesa ‘‘petite prairie humide’’ ou du nom d’homme gaulois Mullus et duno ‘‘hauteur, forteresse’’ Pompidou : de l’occitan pompidor ‘‘palier’’ pris au sens topographique Pont-Ravagers : renvoie à l’occitan ravatges ‘‘ravages, dégâts, inondation’’ La Rouvière : nom porté par de nombreux lieux-dits et écarts : occitan rovièra ‘‘rouvraie, bois planté de chêne’’ 0
0,5
1km
Sources : Géoportail, données cartographiques IGN
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BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : BASSET Karine-Larissa, Aux origines du Parc national des Cévennes. Des précurseurs à la réalisation, 2010 FABRE Paul, Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes, Editions, 2000 FARINELLI Bernard, L’avenir est à la campagne, Editions Sang de la Terre, 2009 FERNANDEZ Agnès, MARGUERIT Alain, TRESVAUX DU FRAVAL Arnaud, La montagne en projet, Editions Parenthèses, 2013 COCHET Gilbert, DEVOIS Marie-Josèphe, LAMY Gérard, TANNEAU Jacques, TRAVIER Daniel, Les Cévennes, Vallées et Hauts Gardons, Chamina Edition, 2012 MAGNAGHI Alberto, Le projet local, Pierre Mardaga éditeur, 2003 MAGNAGHI Alberto, La biorégion urbaine : petit traité sur le territoire bien commun, Eterotopia France, 2014 URBAIN Jean Didier, Paradis verts. Désirs de campagne et passions résidentielles, Paris Payot, 2002 SABATIER Michelle (dir.), LADRANGE B., BOUTITIE A., Cévennes, les cahiers pratique, votre châtaigneraie, 1995 VERDIER Philippe, Le projet urbain participatif, apprendre à faire la ville avec ses habitants, Editions Adels et Yves Michel, 2009 134
ARTICLES : BARTHE Laurence et MILIAN Johan, Les TIC et la prospective sur les espaces ruraux : retour sur le programme « territoires 2040 » , Netcom [En ligne], mis en ligne le 09 avril 2013, consulté le 04 mars 2016 BONINI Nathalie, Les représentations de la « petite école rurale » des familles venues s’installer en Cévennes, et sa place dans leur rapport au territoire, 2009 BONINI Nathalie et CLAVAIROLLE Françoise, Changer d’espace pour vivre mieux : ethnologie des “nouveaux” habitants des Cévennes, 2005 GAUVRIT Lisa, MORA Olivier, Les (nouvelles) ruralités en débat : une étude prospective de l’INRA, Courrier de l’environnement de l’INRA n° 57, juillet 2009 et quelques controverses GUIMOND Laurie, SIMARD Myriam, Néo-ruralité et embourgeoisement des campagnes québécoises : un regard nuancé, 2015 INTERCOMMUNALITÉS, Agir sur le foncier, dossier spécial, N° 212, mensuel édité par l’AdCF FILMS : MONFERRAN Jean-Christophe, Traces, film documentaire cinématographique, CNRS Images, 2012, 59’ RUSPOLI Mario, Les Inconnus de la terre, film documentaire cinématographique, Argos Films, 1961, 41’
ÉTUDES : CBE Cévennes (Comité Bassin d’Emploi), Pays Gorges Causses Cévennes, Les nouveaux arrivants : Comment favoriser leurs installations dans la durée ?, Mars 2010 COPAGE (Comité pour la mise en oeuvre du plan agri-environnemental et de gestion de l’espace du département de la Lozère), Etude sur l’activité agricoles préalable à l’élaboration du PLUi, Mars 2015 INSEE, Pays Gorges Causses Cévennes, Portrait de territoire, 20/01/2015 SupAgro, Institut d’éducation à l’agro-environnement de Florac, Diagnostic agroenvironnemental du GAEC « La Falguière », Gabriac, 2015-2016 VERNAY Nicolas, Étude revitalisation des bourgs de Montagne, 2015 - DDT MSP/EP SITES INTERNET : Atlas des Paysages du Languedoc Roussillon, consulté le 25/11/16, http://paysages. languedoc-roussillon.developpement-durable.gouv.fr/Lozere/fondements15.html Archives départementales de la Lozère, consulté en octobre 2016, http://archives. lozere.fr/ Communauté de commune de la Cévenne des Hauts Gardons, consulté en septembre 2016, http://www.sainte-croix-vallee-francaise.fr/mairie/ComCom/ Sainte Croix Vallée Française, consulté en septembre 2016, http://www.sainte-croixvallee-francaise.fr/ La Ferme du Mouton noir, consulté en décembre 2016, http://moutonnoir.org/ ENTRETIENS, PERSONNES RENCONTRÉES: Françoise SAINT-PIERRE, maire du Pompidou, 17/10/16 Jean Max ANDRÉ, maire de Gabriac, 17/10/16 Annie GOISET, maire de Molezon, 21/10/16 Jean HANNART, maire de Sainte Croix Vallée Française, 18/10/16 Sandrine MARMEYS, membre de l’ATCC, 18/10/16 Jean Claude PIGACHE, président de la CC des Hauts Gardons, 19/10/16 Hilde VANHOVE, fabricante et vendeuse d’Huiles Essentielle au Pompidou, 20/10/16 Floriane ROUGE, chargé de développement à la CC, à plusieurs reprises Eric DESSOLIERS, chargé de mission Paysage et Urbanisme, PNC, à plusieurs reprises Charles HAMBOURG, néo agriculteur, 18/01/17 Nathalie BONINI, anthropologue et écrivain, 17/11/16
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REMERCIEMENTS
Merci !
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin lors de cette aventure. Tout d’abord, un grand merci à Floriane ROUGE de la communauté de communes pour son aide précieuse et les nombreuses informations fournies. À Eric DESSOLIERS également, du Parc national des Cévennes, sans qui je n’aurai pu connaître les Cévennes aussi bien. Merci à toutes les personnes ayant répondues favorablement à mes demandes d’entretien, en particuliers les maires des communes et élus, qui se sont montrés ouverts et attentifs : Jean Claude PIGACHE, Françoise SAINT PIERRE, Annie GOISET, Jean HANNART et Jean Max ANDRÉ. Aussi, je remercie toute les personnes rencontrées sur le site, par hasard ou non, et qui m’ont fait part de leur connaissance du site et de leur ressenti ; le couple de woofers qui m’a hébergé à Thémélac, le facteur retraité croisé sur un sentier, Christine de plante Infuse rencontrée sur le marché, Charles HAMBOURG de la ferme du mouton noir. Je remercie également mes deux professeurs encadrants, Marc CLARAMUNT et Christophe DEGRUELLE mais aussi Lolita VOISIN, pour ses conseils aguerris. Merci à mon grand-père et à Cyrille pour leur relecture attentive. Enfin, merci aux personnes de la promo de l’atelier, aux deux Belottes du haut ainsi qu’à mon Cradoc pour avoir été présent en toute circonstance.
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LA RURALITÉ DE ‘LA VALLÉE FRANCAISE’ (48) UN PROJET DE TERRITOIRE EN DEVENIR DE TERRE D’ACCUEIL Au cours du temps, les Cévennes ont connues des périodes de grande prospérité (âge d’or de la soie et des châtaigneraies) mais aussi de grandes difficultés liées aux guerres et aux différents exodes. La vie se révélait très rude, voir misérable. La campagne s’est vidée peu à peu en raison des conditions de vie extrêmes. Aujourd’hui, ce passé peu prospère fait des Cévennes une terre recherchée. Il en résulte un territoire resté authentique, sans subir de banalisation et où l’économie domestique rurale est encore fortement ancrée. En vallée Française, une agriculture traditionnelle est encore présente mais menacée par la fermeture du paysage. Le bâti, fort en caractère, s’implante de façon très dispersée sur le territoire. Des hameaux et mas isolés se succèdent dans un cadre naturel exceptionnel sous la protection du Parc national. En parallèle, des centre-bourgs se vident et de nombreux bâtiments vacants se dégradent progressivement. La réglementation, ainsi que les forts dénivelés, limitent les perspectives d’évolution du tissu d’habitats. Or, on assiste à un exode urbain avec un solde migratoire positif. Deux catégories de population se distinguent alors : les cévenols enracinés à leurs terres et les néoruraux. Il semble donc pertinent de s’interroger sur le devenir de cette ruralité. Comment un tel territoire peut se développer ? Quelle est sa capacité d’extension ? Dans quelle mesure son développement peut-il être concilié avec l’identité, l’authenticité du lieu ? En bref, comment revitaliser cette vallée face au phénomène de désertification pour en faire une nouvelle terre d’accueil ? Hélène DUCLOUX
helene.ducloux@laposte.net Ecole de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie, BLOIS