SERIGNAN - Exposition "Le Bruit" du 5 Mai au 2 Juin 2018

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LE BRUIT Il y avait ce trait horizontal tracé sur le papier dès que j’avais un crayon. J’en percevais de plus en plus la vibration, la charge de sa présence… J’ai toujours ressenti le dessin comme un horizon, inaccessible certes mais sans angoisse. Petit à petit cette vibration est devenue sculpture en rapport avec cet horizon, à l’échelle du paysage. Cet horizon je l’ai cherché aussi avec passion à moto, une trentaine de motos et cet horizon est toujours là intact. Il y a peu, j’ai pris conscience que je ressentais les mêmes sensations quand je m’enfermai dans un de mes ateliers (un pour la sculpture un pour les motos). Une autre temporalité et une forme de silence que ne troublera pas le bruit de la meuleuse sur le métal des sculptures ou le vrombissement de la moto en plein réglage. Dans ce temps long de l’atelier la matière prend forme, aiguise la réflexion et m’en dit autant sur ce que je cherche que les écrits et dessins qui m’ont permis de démarrer le processus. Mes sculptures comme souvent vont retrouver l’espace public et s’insérer dans le paysage et créer (je l’espère) les conditions d’un dialogue. La moto modifiée, personnalisée et réglée à ma main me permettra d’aller vers de nouveaux horizons, de nouvelles rencontres. Il y a dans l’espace temps de l’atelier ni solitude ni individualisme mais un rapport au monde, au paysage, hors du filtre de nos écrans et du dictat de l’immédiateté qui découpe nos vies en instants. La création permet encore je crois cette liberté de voir un travail se réaliser dans toutes ses composantes de la démarche intellectuelle jusqu'à sa finition. Alors que de plus en plus le travail des hommes est segmenté, atomisé par la révolution numérique au point de ne plus avoir une vision d’ensemble : l’étape ultime du taylorisme et celle du temps de cerveau disponible en lieu et place d’une possibilité donnée de plus de liberté. On oppose souvent l’œuvre et la démarche intellectuelle à la nécessité du travail. Pour moi il s’agit d’un tout et les divers savoirs et compétences demandés offrent une ouverture encore plus large et plus vraie au monde. « Retour aux fondamentaux, donc. Le carter du moteur est fêlé, on voit le carburateur. Il est temps de tout démonter et de mettre les mains dans le cambouis... »* De ces réflexions sur la création dans l’espace et le temps des ateliers semblaient se dessiner une forme de cohérence (un seul et même atelier). La décision d’en faire une exposition fut longue car l’articulation entre ma création et la moto ne me paraissait pas si évidente. C’est quand j’ai compris qu’il y avait là une forme d’autoportrait que je me suis lancé. Cette exposition s’appelle le bruit, bruit qui peut être une forme de silence en rapport à l’hystérie ambiante à laquelle nous avons de plus en plus de mal à échapper. Sculptures, motos mais aussi un retour à la peinture au travers de simples ciels sur toile unie qui dessinent ce trait qui est à l’origine. Elle parle aussi de liberté comme horizon, liberté que la moto a toujours incarné mais aussi celle d’un choix être sculpteur. « La liberté n'est peut-­être, en fin de compte, pour chacun, que la simple possession du silence » * J’aime l’idée de faire cette exposition en 2018 cinquante ans après mai 68. Lionel Laussedat 1 /Matthew Crawford « Eloge du carburateur » 2/François Mitterrand



Ma moto, toujours, est un corps vif. Elle est mon corps, je suis le sien. Nous communiquons, nous nous comprenons. Nous endurons ensemble et devenons solidaires, amis, amants. Les liens entre motard et moto ne sont pas seulement affaire de regard ou d’étreinte physique. Ils excèdent tant le moment de la contemplation que la phase du pilotage. La moto me tient. Me colle-­‐t-­‐ elle aux yeux, optiquement, quand je pose sur elle mon regard, me colle-­‐t-­‐elle au corps, physiquement, quand je la pilote, elle me vole aussi mes pensées, les confisque à son profit si j’en descends. Arrêtée, roulante, peu importe, elle sollicite mon désir, suggère entre elle et moi une liaison qui relève de l’érotisme pur et simple – l’aimer, elle, la posséder, elle, la rêver, vigile ou endormi, elle et nulle autre figure à sa place. Paul Ardenne « Moto notre amour » Écrivain, historien d’art, commissaire d’exposition



Je le salue d’un geste de la main. Une main sur la manette des gaz et une autre sur l’embrayage, je sais qu’il ne peut pas me rendre mon salut. Mais je déchiffre un message de gratitude dans la joyeuse pétarade du moteur qu’il fait s’emballer pour le plaisir. J’aime cette sonorité exubérante, et je sais que lui aussi. Ce qui passe entre nous, c’est une conversation de ventriloques au timbre mécanique, et le message en est tout simple : «Ouaaaaaaaaais!» La sensation de cette liasse de billets dans ma poche n’a rien à voir avec les chèques que je recevais dans mon précédent boulot. Parallèlement à mes études de doctorat en philosophie politique à l’université de Chicago, je travaillais comme directeur d’une fondation à Washington, un think tank, comme on dit. J’étais constamment fatigué et, sincèrement, je ne voyais pas très bien pourquoi j’étais payé : quels bien tangibles, quels services utiles mon travail fournissait-il à qui que ce soit? Ce sentiment d’inutilité était passablement déprimant. J’étais bien payé, mais c’était pratiquement comme recevoir une indemnité et, au bout de cinq mois, j’ai laissé tomber pour ouvrir mon atelier de réparation de motos. Matthew B Crawford « Eloge du carburateur » Philosophe et écrivain américain Enseigne à l'université de Virginie. Artisan il a un atelier de réparation de moto


“Paysage“ Acrylique sur toile 1800 X 900


On apprend aux enfants à ne pas faire ce qui leur plaît -­‐ mais ce qui plaît aux autres. Et qui sont les autres ? Les parents, les professeurs, les censeurs, les policiers, les juges, les officiels, les rois, les dictateurs. Bref, les autorités. Quand on vous a appris à n'avoir que du mépris pour ce qui vous plaît, vous devenez un serviteur docile des autres, un bon esclave. Quand vous acceptez de ne pas faire ce que vous aimez, le Système vous aime. Mais si vous vous mettez a faire ce qui vous plait, est ce que vous allez automatiquement, mal vous comporter à moto par exemple ? Non, car vous avez évalué les conséquences et cette idée ne vous plait pas ! Le système ne semble pas se rendre compte que les gens sont capables de se retenir par eux même… Robert M Pirsig « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » Philosophe et écrivain américain 1928/2017


“Paysage“ Acrylique sur toile 1800 X 800


“Paysage avec moto“ Acrylique sur toile 1800 X 1200


Exposition du 5 mai au 2 juin 2018 Château Vargoz 1 rue du pont 34410 Sérignan Tel : 06 76 65 67 72 Mail : Laussedat.sculpteur@orange.fr Site : http://lionel.laussedat.pagesperso-orange.fr/ Galerie : Dupré & Dupré

LAUSSEDAT LIONEL NE LE 25/03/57 A MONTMIRAIL 13 rue des Douches 34440 Colombiers Après avoir parcouru le monde pour le compte de grands groupes industriels Lionel Laussedat s’installe en 1990 à Nissan village ou il a passé une partie de son enfance. Il se consacre alors à sa passion de toujours la sculpture. En 1992 sa première sculpture monumentale est achetée par la ville de Béziers. Un encouragement à continuer dans la voie de la sculpture dans l’espace public. Viendront ensuite des commandes et acquisitions de villes, collectivités, institutions, ministères, musées et entreprises en France et à l’étranger : Laboratoires Pierre Fabre, villes de Sète, Valras, Béziers, Assilah (Maroc) Rolle (Suisse) Ordino (Andorre) Shanghai pavillon de la France à l’exposition universelle 2010, ambassade de France Pékin… De nombreuses expositions jalonne son parcours mais l’espace public reste son domaine de prédilection. « Pour le sculpteur la véritable confrontation et l’espace public car il sous entend la compréhension par le plus grand nombre, et ou les conditions d’un dialogue sans perdre de vue sa démarche artistique. La création et l’installation d’une sculpture monumentale dans l’espace public de par le dialogue, les moyens humains et matériels quelle demande reste une aventure artistique et humaine inédite » Commissaire de nombreuses expositions il a été en nommé en 2010 directeur artistique du pavillon de la France l’exposition universelle de Shanghai. Les sculptures en acier de Lionel Laussedat sont autant de témoins de la transformation permanente de la société contemporaine. Société, aujourd’hui essentiellement industrielle, de production et de consommation de masse. Le premier intérêt de cet art dépouillé réside d’ailleurs dans le paradoxe intrinsèque de chaque pièce. Reflet d’une civilisation automatisée modelé dans un matériau issu de cette production à la chaîne, chacune de ces sculptures est cependant un objet unique, une œuvre d’art dont le propos est de mettre en évidence la singularité de l’artiste et l’originalité de sa démarche dans une société de standardisation. Elles sont aussi le lien entre la vie, les préoccupations matérielles quotidiennes et l’art, le travail de création. Enfin, elles jouent un rôle de critique constructive et de remise en question de la modernité technologique et des changements qu’elle induit dans les comportements et les modes de vie. Anne Bousquet Peu de sculpteurs ont l’audace ou la folie de créer des œuvres véritablement monumentales, capables d’habiter l’espace urbain et de s’intégrer harmonieusement dans un ensemble architectural. Lionel Laussedat et de ceux-­‐là. Son œuvre utilise volontiers la métaphore de la technique et emprunte à l’industrie certains de ses éléments plastiques. Sa sculpture devient une phrase, propose une idée. Fait réfléchir, mais aussi, rêver. C’est parce que les monuments de Laussedat nous racontent notre propre histoire qu’ils sont fascinants... José Frèches



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