POMEROLS - Gilbert Grossmann : "Le jour de l'évaluation" produit par "les quatre voûtes"

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JOUR DE L ' ÉVALUATION de Mathias Lair

Représentations du 6 au 20 juillet 2018 au Théâtre du Castelet, 113, rue de la Carreterie, Avignon

LA PIÈCE Louis a rendez vous avec Robert pour son entretien annuel de performance, sa prime en dépend. C'est un ancien chauffeur devenu " dispatcher ", Robert, son supérieur, est récemment monté en grade chez Brother's France. Dans le bureau du manager, scène de théâtre improvisée, résonne la voix off du big boss. Flexibilité et mobilité forcées, violence des rapports au travail, les deux personnages s'affrontent. Mais quand l'intime fait irruption, la mécanique de l'entretien se dérègle et le réel s'estompe. La résistance confuse de Louis – « moi, j'veux pas bouger, j'ai pas de clause de mobilité » dit-il – peut-elle faire vaciller Robert ? À la fin de l'épreuve y aura t-il un vainqueur ?

POUR TOUT CONTACT : Gilbert Grossmann

06 68 43 19 21/ gilbert.grossmann@gmail.com Affiche : Roberto Lanterio

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Mathias Lair (Robert) et Gilbert Grossmann (Louis)

L’HOMME RÉSISTE, TOUJOURS, UN PEU

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Robert et Louis n’ont pas le même rapport au langage. Sous le regard impitoyable du boss, le vrai maître du jeu, Robert récite sa leçon, exhibe son art de l’entretien, se repaît de mots techniques tandis que Louis est presque toujours en panne de mots, en manque de langue. S’il a « comme un manque à respirer » comme il le dit lui même, c’est qu’il cherche les mots et que sa parole se dérobe. A l’arrogance du discours de Robert, plein à ras bord, Louis n’a comme réponse qu’une parole fragmentée, constituée de creux et de bosses, ou l’intime domine toujours, dont le rêve est la vraie clé. C’est ce qui donne à la pièce sa densité poétique et son aspect tragique. Sa dimension universelle aussi : cette incapacité des

personnages à parler le même langage, à se rejoindre sur un terrain commun malgré leur ancien compagnonnag e. C’est ce qui la fait décoller du réel, de sa signification politique, évidente mais qui ne la résume pas. C’est en tout cas cette alternance de réel et de décrochage du réel qui m’a donné l’envie de la mettre en scène. La violence surgit, réelle où fantasmée, peu importe au théâtre. Quand le spectacle commence, Robert est seul, un peu hagard, dans son bureau dévasté. À la fin de la pièce, Louis est seul aussi, sur le plateau débarrassé de ses accessoires de bureau et il mime « la correction qu’il administre à Robert ». La première image de la pièce s’éclaire ainsi par la dernière. Et le jour de l’évaluation est comme un

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serpent qui se mord la queue, car à ce jour là succèdera d’autres jours et à ce Louis, d’autres Louis. Ce début et cette fin, le ressaisissement de Robert après le dérapage qui l’a dévasté, le soudain envol de Louis, ces deux scènes nous disent que finalement l’homme résiste, toujours, un peu. Christine Garin, Metteuse en scène


UN MICROSCOPE BRAQUÉ SUR L'ENTREPRISE FRANÇOIS MOURELET : Pourriez-vous me résumer l'argument de la pièce ? MATHIAS LAIR : La société Brother's France fabrique et commercialise des produits surgelés pour la restauration. Elle vient d'être revendue au groupe anglais Riffany. Edward, son nouveau boss tout juste débarqué d'Angleterre, veut imprimer une nouvelle stratégie résumée dans la nouvelle devise : « Brother's, le maître queux du surgelé » C'est dans ce contexte que Robert conduit l'entretien de performance de Louis, un ancien chauffeur devenu depuis peu répartiteur des trajets d'une équipe de chauffeurs-livreurs. Robert était lui aussi répartiteur, il est devenu chef d'exploitation. Pour continuer à évoluer, il sait qu'il doit s'adapter à n'importe quel changement : c'est ce qu'il serine à Louis tout au long de l'entretien. Il imite autant qu'il le peut les manières anglo-saxonnes de son nouveau boss, notamment en parlant le globish. Au cours du spectacle, on entend parfois planer la voix d'Edward, qui est devenue la voix de la conscience de Robert. FRANÇOIS MOURELET : Ce que vous décrivez là c'est une entreprise comme il en existe tant aujourd'hui ? MATHIAS LAIR : Oui, cette entreprise n'a rien d'inhabituel, je l'ai voulue emblématique des entreprises mondialisées d'aujourd'hui, bien qu'il s'agisse ici d'une PME. Cette pièce n'expose rien de spécialement dramatique ou d'exceptionnel. Ce que j'ai voulu, c'est tendre un miroir au spectateur afin qu'il se dise à la fin du spectacle : « Oui, c'est bien ce que je vis dans ma vie professionnelle, pour quelles raisons je l'accepte ? » Car cet entretien de performance ici mis en scène, qu'on appelle aussi annuel, ou d'évaluation, tous les salariés le vivent, et l'endurent. Pour moi, il permet de voir comme dans un microscope les relations sociales dans l'entreprise. FRANÇOIS MOURELET : Que se passe-t-il dans votre pièce ? Quels en sont les ressorts dramatiques ? MATHIAS LAIR : Robert est investi d'une mission par son boss : il doit évaluer Louis négativement afin de ne pas lui attribuer de prime, budget oblige ! Par ailleurs, il doit l'amener à devenir un commercial assis, la stratégie l'exige. C'est sur ce résultat que Robert sera évalué par le boss. Bien sûr, les choses ne se passent pas exactement comme prévu… FRANÇOIS MOURELET : Doiton voir dans cette pièce une leçon de management ?

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MATHIAS LAIR : Robert se doit de pratiquer une douce persuasion afin de convaincre Louis d'adhérer aux décisions qui ont été prises pour lui. Car pour qu'il soit productif, il doit être motivé. FRANÇOIS MOURELET : Ce serait donc une leçon de manipulation ? MATHIAS LAIR : Oui et non, c'est plus complexe que cela. Louis, l'évalué, le formule clairement à un moment donné : « Ce que Robert raconte c’est pipo, il le sait aussi bien que moi, et il sait que je le sais... Pourtant il a l’air sincère quand il parle. Tellement que parfois je finis par le croire, après je ne sais plus où j’en suis… » Plutôt que de manipulation, je parlerais d'une déréalisation obtenue à force de faux langage. Il n'y a pas un manipulateur lucide qui tirerait les ficelles, tout ce monde pense faux, dans une manière de délire à froid. François Mourelet a récemment publié deux pièces de théâtre, Les Cynophiles et Zoé et la fumée aux éditions L'échappée belle. –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

LANCEUR D'ALERTE PRESQUE MALGRÉ LUI Les nombreux apartés de Louis, « l'évalué », qui nous sont apparues au début du travail comme une difficulté, sont devenues, par la mise en scène, un des éléments clés de l'action. Louis est convoqué dans le bureau de son supérieur pour son évaluation annuelle de performance. Dès sa première réplique, il prend à témoin le public « il a l'air content de me voir ... » – jusqu'à faire, au fil de la pièce, son confident de ce public qu’il embarque dans le rapport de force qu’il impose, presque malgré lui, à Robert. Le lieu clos, unique, où se déroule l'entretien va rapidement éclater, s'élar-gir, devenir transparent, audible, lorsque Louis va aller à la rencontre de ces spectateurs témoins. Il leur confie ses émotions, ce qu'il n'ose pas encore dire à Robert : « J'lui dit ce que j'ai trouvé sur internet ?.... ». Les allers-retours de Louis entre le bureau de Robert et le public cassent, à dessein, et à tout moment, le cadre et la confidentialité institutionnels de l'entretien quotidiennement utilisés pour les jeux de pouvoir pervers de Robert et de sa hiérarchie. Louis devient ainsi une sorte de lanceur d'alerte. Étonné par sa propre audace, il est renvoyé à son rêve : tout quitter, partir, comme son père avant lui, à la découverte d’autre terres, « vastes comme des océans ». Gilbert Grossmann, Acteur et directeur artistique du Théâtre des quatre voûtes à Pomérols.

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CHRISTINE GARIN, METTEUSE EN SCÈNE Elle a été membre de la troupe parisienne du Gros Caillou entre 1971 et 1980. Elle a joué dans Le dragon d'Evgueny Schwartz (1971) puis dans La leçon de Ionesco (1972) et enfin dans Les mariés de la Tour Eiffel de Jean Cocteau (1973). Elle a ensuite participé à l’écriture collective et joué dans un spectacle adapté d’un Conte des milles et une nuits, donné sur la scène de théâtre de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, à Paris, en juin 1974. Elle a joué dans Le Baron perché, adapté du roman d’Italo Calvino, représenté par la Troupe du Gros Caillou en 1978 au théâtre Firmin Gémier d’Antony, puis dans Un jeu d’enfant de Martin Walser et enfin dans Haute Autriche de Franz Xaver Kroetz. GILBERT GROSSMANN, COMÉDIEN Il a débuté à la compagnie du Gros Caillou, à Paris, au sein de laquelle il a joué dans Le dragon d'Evgueni Schwartz (1971) ; a participé à l'adaptation et a joué dans un conte des Mille et une nuits (1974), dans Les mariés de la tour Eiffel de Jean Cocteau (1973) et dans une adaptation du Baron perché d'Italo Calvino (1978). Il a animé, comme responsable, l'Atelier-théâtre de l'office municipal de la jeunesse d'Ivry sur Seine (OMJ), de 1981 à 1993. Pendant cette période il s'est consacré à l’écriture et à la mise en scène de HLM ou Hercule Le Magnifique (1983). Il a mis en scène un opéra lyrique et rock pour la Compagnie des entremets sucrés : Métropéra, créé au théâtre d'Ivry sur Seine en 1986. Il a créé, mis en scène et joué une pièce policière : Faute de frappe (1989), Il a participé comme acteur, pour le Théâtre des quartiers d'Ivry, au montage de Woyzeck de Georg Büchner où il tenait le rôle du médecin (2000). Avec les ateliers d'Oscar Castro, toujours à Ivry sur Seine, en 2002, il a joué dans Pablo Neruda, la poésie n’aura pas été chanté en vain. Depuis 2016, il fait partie comme comédien de la Compagnie du Théâtre illustré à Bessan (Hérault) avec laquelle il a joué une création de la compagnie : Tamalou. Il a participé à la création et joué dans une lecture théâtralisée de trois Contes du chat perché de Marcel Aymé lors du off du festival d'Avignon de juillet 2016. En 2017 il joue dans une pièce de Mathias Lair : Le jour de l'évaluation, créée au théâtre El Clan Destino, à Paris. En 2018 il inaugure et devient le directeur artistique du Théâtre des quatre voûtes de Pomérols (Hérault).

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MATHIAS LAIR LIAUDET, L'AUTEUR – ET COMÉDIEN DANS CETTE PIÈCE Écrivain, Mathias Lair a publié des récits et romans, notamment L'amour Hors sol, éd. Serge Safran, 2016 ; La chambre morte, éd. Lanskine, 2014 ; Aïeux de misère, éd. Henry, 2014. Des poèmes, notamment Ainsi soit je, éd. La Rumeur libre, 2015 ; Pas de mot pour, éd. Éclats d’encre, 2011. Des essais, notamment Il y a poésie, éd. Isabelle Sauvage, 2016 ; À la fortune du pot, anthologie d'expressions populaires d'origine culinaire, rééd. L'Opportun, 2013. Il a également publié sous le nom de Liaudet une approche psychanalytique du politique dans Le complexe d'Ubu ou la névrose libérale, éd. Fayard, 2004 ; L'impasse narcissique du libéralisme, éd. Flammarion/Climats, 2007 ; La névrose française, éd. Odile Jacob, 2012. Il a écrit quelques textes pour le théâtre, dont L'amour sur un plateau, où neuroscientistes, psychanalystes, politiques et artistes discutent de la nature de l'amour, sur un plateau de téléréalité. Dont Duos, où dans un lit dressé à la verticale un homme et une femme se cherchent et s'esquivent. Le jour de l'évaluation est sa première pièce à être mise en scène. On peut se procurer le texte sous forme de livre papier ou de eBook à l'adresse suivante : https://www.edilivre.com/librairie/

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JOUR DE L ' ÉVALUATION de Mathias Lair

Une co-production du Théâtre illustré et du Théâtre des quatre voûtes

LE THÉÂTRE DES QUATRE VOÛTES Ce nom vient des quatre voûtes d'une maison "vigneronne" située au centre du village de Pomérols. On est à 10 km d'Agde et de Pézenas à 25 km de Sète au cœur du cépage de Picpoul. Cette salle accueille théâtre, cinéma, musique, expositions. L'entrée est libre."Les quatre voûtes" mutualise ses activités, son administration et son matériel avec " Le théâtre illustré " de Bessan. Contact : Gilbert Grossmann (directeur artistique), tél. 0668431921, courriel : gilbert.grossmann@gmail.com LE THÉÂTRE ILLUSTRÉ Compagnie située à Bessan (34550), près de Pézenas, où L'Illustre théâtre de Molière fut créé, le Théâtre illustré joue ses créations dans la salle des fêtes municipale avec les participants des ateliers pour adultes et enfants. Il ne s'agit pas seulement de se produire sur scène mais surtout de partager, d'échanger, de s'ouvrir culturellement aux autres associations, à la communauté Bessanaise et aussi environnante. Contact : le.theatre.illustre@gmail.com.

POUR TOUT CONTACT :

GILBERT GROSSMANN Tél. 06 68 43 19 21/ Courriel : gilbert.grossmann@gmail.com

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