Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de Sète et du bassin de Thau NOTE ARCHITECTURALE Le programme s'inscrit dans un vaste projet culturel de réhabilitation des chais des Moulins situés le long du canal de la Peyrade à l'entrée Nord de la ville de Sète. A l'issue d'un concours d'architecture, la maîtrise d'œuvre de l'opération été confiée à l'architecte Rudy Ricciotti, grand prix national de l'architecture, qui a notamment réalisé le Mucem de Marseille et le Mémorial de Rivesaltes. Cet ensemble, divisé en deux parties accolées, constitue un enjeu primordial pour l'agglomération de Thau et la ville puisque sur une surface bâtie d'emprise au sol de 8000m2, il accueillera le Musée International des Arts Modestes, des ateliers d'artistes et le Conservatoire avec son auditorium. Le présent programme porte sur la partie dévolue au Conservatoire, édifiée dans cinq trames de chai quasiment identiques et sur le traitement des abords pour une surface totale de terrain de 6 273.90 m2.
Le parti Architectural On pénètre à l'intérieur de l'enceinte du pôle culturel par la façade nord, un choix qui découle naturellement du schéma directeur général de l'agglomération du bassin de Thau et du projet d’aménagement urbain de l’Entrée Est de Sète.
Le maillage structurant de la pointe du secteur Est met l'accent sur la voie Nord à créer qui deviendra un nouveau boulevard urbain ordonnancé, encadré d'espaces "de respiration", d'allées piétonnières et de "support de déplacements doux" comme la piste cyclable. C'est l'écrin idéal, parce qu'entièrement vierge, pour positionner l'entrée d'un bâtiment, à la fois mémorial et doté des dernières technologies. C'est donc une vision nouvelle, inédite qui est proposée. Elle trouve d'autant plus sa rationalité par la convergence de tous les flux d'entrée de ville. Ainsi les liaisons viaires directes vers Balaruc, La Peyrade, Frontignan et la gare de Sète, appuyée par un réseau de transport en commun, font du conservatoire un centre et un point de repère dans la vie culturelle de Sète mais aussi au sein de l'agglomération. Le programme est découpé en trois entités réunies mais distinctes : le pôle administratif, le conservatoire et son auditorium qui constitue le troisième pôle puisque la situation de ce dernier lui permet d'avoir un fonctionnement totalement autonome. Le nœud d'accès est l'atrium qui, selon la conception antique, est le lieu de toutes les entrées sous les bons auspices du ciel à découvert. Il est tout de même protégé des vents du nord par un sas et de la pluie par un préau.
Le pôle administratif, comprenant les parties mutualisées, constitue une entité en relation directe avec le préau. Le positionnement de l'espace de sécurité et surtout des bureaux en
RDC permettent la surveillance des entrées et sorties. A l'étage ce pôle est en relation avec la régie et les espaces techniques de l'auditorium. Dans la continuation de la façade Nord se trouve l'auditorium, une salle dont la vocation est l'écoute d'œuvres musicales, de l'interprète soliste à la formation chorale ou orchestrale et de certaines musiques amplifiées assistées ou non par ordinateur. Une salle construite de manière à optimiser la qualité du son qui est censé la parcourir. De manière annexe, elle doit permettre aussi les auditions théâtrales et la projection. L'auditorium accueille 400 places et il est conçu avec ses gradins. Les trois premières rangées de spectateurs sont situées "en fosse". Ainsi, un plan horizontal salle/scène sans rampe handicapée est réalisé de telle sorte que les sons directs ne soient pas absorbés par le public. Le même principe permet aussi d’assurer la bonne visibilité.
Le volume de la salle est de 4000m3, ce qui permet d'atteindre un temps de réverbération de 2s après correction acoustique. La surface du plateau est variable. Dans des cas très particuliers, si l'on recouvre la fosse du public elle peut atteindre 225m2. En partition orchestrale classique, elle est de 155m2. Ces dimensions peuvent être réduites dans le cas de formations chambristes ou l'écoute d'instrument solo par des moyens très simples comme la mise en place de rideaux et de paravents acoustiques déployables. Les mêmes paravents peuvent permettre de gérer des systèmes de coulisses sans avoir recours à des techniciens hautement qualifiés. L'idée maîtresse est de proposer des systèmes performants qui puissent être gérés sans grande difficulté sur la base de conduites préprogrammées en fonction de la puissance et du type d'émission sonore. La régie est immergée dans la salle au plus près du son. Elle est aussi prévue pour être "volante" dans certains cas comme, par exemple, pour réaliser des enregistrements. L'auditorium est posé sur un écrin de bois : gradin, circulation, scène, plancher. Les murs diffuseurs longitudinaux et de fond de salle se déplient, pour réverbérer le son, les réflecteurs, taches impressionnistes, ponctuent plafond et le fond de scène est composé d'éléments à absorption variables.
Une salle donc à l'acoustique irréprochable et à la technologie de son temps où l'on pourra lire sa partition sur son Ipad. Le Conservatoire quant à lui s'élève de l'autre côté de la rue intérieure. Outre par les façades, la lumière est captée par deux patios de forme carrée de 105m2 chacun. Ils s'élèvent sur deux niveaux desservis par escaliers et ascenseurs. A l'étage, les volumes sont libérés jusqu'en sous-face des toitures.
La salle d'exposition est en position ouverte, accessible directement depuis l'Atrium via la rue intérieure et aux portes de la liaison potentielle avec le Miam. Les fonctionnalités premières des salles du Conservatoire sont l’isolation phonique, l'acoustique et la luminosité. Murs et plafonds sont travaillés par deux systèmes, l'isolation phonique et les correcteurs de son à adapter en fonction des pupitres et des pratiques. La qualité et quantité de lumière est donnée par les façades vitrées toute hauteur. L'incidence à l'est et au sud est tempérée par des brise-soleil.
Le point sur les étapes du chantier… La déconstruction des anciens bâtiments est aujourd’hui terminée. Il ne s’agissait pas de démolir aveuglément mais de récupérer tout ce qui est modénatures (moulures et reliefs de surface), chaînages verticaux, chaînes d’encoignure, qui servaient de structure aux bâtiments, ainsi que les tuiles de couverture. Le confortement des sols est également achevé. Les chais des Moulins, comme la totalité de ce qui a été construit sur cet espace de terrain, ont été édifiés sur un remblai instable. Il a donc fallu consolider l’ensemble de la surface par des inclusions rigides, avant de poser par-dessus un «matelas» de 30cm d’épaisseur. Cette couche est composée de matériaux de démolition concassés. Les fouilles en tranchées ont ensuite réalisées avant le lancement des fondations. Les murs d’enceinte viendront s’appuyer sur des semelles coulées dans ces tranchées. Actuellement (mai 2017), se déroule la pose des réseaux d’arrivée d’eau potable et d’eaux usées, d’électricité et de ventilation qui seront recouverts par le dallage. L’élévation du rez-dechaussée devrait être terminée fin juillet 2017. En août, l’élévation du 1 er étage, son plancher, et les chaînages de pierre seront réalisés. Le brise-soleil (lames de pierres prévues sur l’arrière du bâtiment pour protéger de la lumière et de la chaleur) sera mis en place ensuite. En résumé, le gros oeuvre avec modénatures de façade, fenêtres et brise-soleil sera terminé à l’automne. Resteront la charpente métallique et la toiture à finaliser avant la fin de l’année et fin décembre, le clos et le couvert seront achevés afin de laisser la place au second oeuvre. L’objectif est de terminer au début de l’été 2018 pour une livraison du Conservatoire en septembre 2018.
Un chantier pas comme les autres « On a commencé par la déconstruction des bâtiments. Je dis “déconstruction” et pas “démolition” parce que s’attaquer à un édifice comme celui-là n’a rien à voir avec ce que nous avons l’habitude de faire » précise Pierre Di Tucci, l’un des architectes du projet. « Nous sommes dans une démarche de développement durable. Ce que cette déconstruction nous apprend, c’est que les bâtiments d’origine génèrent très peu de déchets et permettent de recycler facilement. Ce qui veut dire moins de gaspillage, moins de déchets et donc moins de transport. »